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julie c. fortier dossier
biographie
Julie C. Fortier mène depuis plusieurs années une réflexion sur le passage du temps, sur la présence du vide et sur la mise en évidence de l’effacement. Les expériences et les recherches qu’elle entreprend avec la réalité, soulèvent la question de la déperdition, (perte de temps, perte d’énergie, improductivité, boucle, effacement etc.) et des espaces lacunaires (écran blanc, espace vide, trou de mémoire).Son travail privilégie des formes simples en performance, vidéo, photo et installation. Depuis peu, elle a ajouté à son répertoire un travail avec les odeurs et la nourriture. Leur puissance mnésique et affective convoque de nouvelles questions sur cette mise en présence d’une absence, sur la mémoire, la projection d’une représentation et la transmission.Plusieurs motifs sont récurrents dans son travail. Le premier : la route pour le déplacement qui procure un état d’attention flottante lui permettant de déceler et de capter des détails insolites dans la réalité. Le second : la maison qu’elle considère comme un objet frontière entre réalité et fiction, entre décor et espace quotidien entre moment présent et souvenirs.Le dernier : l’écran qui devient le lieu même de la mémoire, espace de projection, réceptacle. Ce qui l’intéresse c’est d’opérer des décadrages entre réalité et fiction, entre le quotidien, le rêve et les souvenirs pour provoquer un état de dislocation, ne sachant plus de quel côté de l’écran nous nous situons.
Julie C. Fortier est née en 1973 à Sherbrooke (Québec, Canada). Elle est titulaire d’une maîtrise de l’École des arts visuels et médiatiques de l’Université du Québec à Montréal et vit à Rennes depuis 2001. Son travail a fait l’objet d’expositions personnelles notamment chez Florence Loewy by artists à Paris, à La base d’appui d’Entre-Deux à Nantes, à La Criée, Centre d’art contemporain de Rennes, à la VF galerie à Marseille, au Centre Clark à Montréal, à la galerie Art & Essai à Rennes et à la galerie La Box à Bourges. Depuis 1999, son travail a été présenté dans de nombreux festivals, événements et expositions collectives tels que Chrématistique au CNEAI à Chatou (FR), Vertiges au Centre d’art Micro-Onde à Vélizy-Villacoublay, Art by Telephone au Emily Harvey Foundation à New York (US), Heureux comme Sisyphe au centre d’art de La Garenne Lemot à Clissons (FR), Interfaces au Quartier à Quimper, Experimenta Playground au Arts Centre de Melbourne, Face LIFT à la Kitchener-Waterloo Art Gallery à Kitchener au Canada, MAK Nite au Musée d’arts appliqués et d’art contemporain de Vienne, Future_Feed_Forward à la Forest City Gallery de London au Canada, Single Channel à la galerie Blaffer à Houston et Trames horizontales / défilement vertical au Musée du Québec à Québec.
Julie C. Fortier 44 rue Alphonse Guérin, 35000 Fance +33 (0)6 11 41 73 15 [email protected] www.juliecfortier.net
La chasse2014, installation olfactive in situ, 80 000 touches à parfum, 3 parfums 500 x 600 cm
Cette installation propose de recouvrir l’intégralité d’un mur avec des touches à parfum de manière à recréer une prairie ou une fourrure. Trois zones très denses à hauteur de nez sont ménagées pour recevoir trois odeurs différentes. La première est la reconstitution d’une odeur d’herbe fraîchement coupée, la seconde est une odeur qui rappelle le pelage chaud d’un animal et la dernière est la reconstitution de l’odeur du sang. Les trois odeurs font basculer la perception et l’interprétation du paysage abstrait créé par les touches.
Vue de La chasse lors de l’exposition Vertiges, Centre d’art Micro-onde, Vélizy-Villacoublay (FR) 28 avril au 28 juin 2014
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Wildscreens2014, L’érable rouge2014, Le tilleul2014 Le cèdre brûlé
dessin olfactif sur papier à parfum 300 gr, encadré dans une boîte en
plexi-glass sérigraphiée, 55 x 75 cm
Wildscreens est une série de dessins olfactifs. Ils se présentent comme une feuille de papier blanc imbibé de plusieurs parfums encadrée dans une boîte en plexi-glass dont la porte est coulissante. L’ouverture de la porte permet de sentir les parfums . Un court texte autobiographique relatant un souvenir olfactif précis d’un arbre est sérigraphié sur la porte.
Vue de Wildscreens, L’érable rouge, lors de l’exposition Wildscreens, Florence Loewy by artists, Paris (FR) 19 avril au 7 juin 2014
Wildscreens, La sève et le sang2014, marque-page, impression laser N&B sur carte à parfum 300 gr
parfumé avec 2 parfums, 4,5 x 14,25 cm, éditions 100 exemplaires
La sève et le sang est une édition de marque-page relatant un souvenir et parfumé avec une odeur de sève et une odeur de sang. Les 100 marque-page sont disséminés dans les livres de la librairie.
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Vue de Wildscreens, La sève et le sang, lors de l’exposition Wildscreens, Florence Loewy by artists, Paris (FR) 19 avril au 7 juin 2014
Snow White2014, confettis papier de soie, ventilateursVue de Snow White lors de la soirée Vanilla Sky, Nuit des 4 Jeudis, FRAC Bretagne, Rennes (FR) 30 janvier 2014photo Nyima Leray
Il a neigé pendant toute la soirée du 30 janvier au FRAC Bretagne à Rennes.
Neige éternelle2014, crème cosmétique saturée d’actifs antiâges, sur pièce montée
d’agar agar, spatules cosmétiques, 40 cm de diamètre x 40 cm de haut
Neige éternelle est une montagne de crème cosmétique saturée d’actifs anti-âge. A l’image d’une vanité, la matière qui devrait lutter contre l’affaissement cutané, s’affaisse d’elle même tout au long de la soirée.
Vue de Neige éternelle lors de la soirée Vanilla Sky, Nuit des 4 Jeudis, FRAC Bretagne, Rennes (FR) 30 janvier 2014
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Vanitas malus pumila2013, performance, robe imprimée, ceinture, cartes impressions laser couleur sur satimat 300 gr, 5 parfums : La promesse, L’empressement, Le contentement, La gourmandise et L’avarie. remerciement MargauxGermain Edition parfum 5 x 1,5 ml, impression laser 297 x 90 mm sur papier 250g. 30 exemplairesremerciements Dominique Favier et Gaël-François Jeannel, IFF France
L’édition Vanitas malus pumila (Vanité au pommier commun) décline en cinq parfums les états successifs de la pomme de la fleur à sa déliquescence.
Lors de la performance, le spectateur pige une carte. Selon la carte pigée, il est parfumé avec l’un des cinq parfums : La promesse, L’empressement, Le contentement, La gourmandise ou L’avarie.
Vue de la performance Vanitas Malus Pumila lors de la soirée Vanilla Sky, Nuit des 4 Jeudis, FRAC Bretagne, Rennes (FR) 30 janvier 2014
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Corporate2013, performance culinaireEdition parfum, échantillons 1 ml encartés, impression laser 110 x 85 mm sur papier vieil hollande 300g/m2. 30 exemplairesRestaurant CDD, Paris, 24 août 2013remerciements Tiphaine Calmettes, Baptiste Brévart, Aurélie Ferruel et Laéticia Bély
Le projet Corporate reprend une tradition arabo-musulmane qui consiste à asperger de l’eau parfumée sur la tête, le visage et les mains de ses invités avant qu’ils n’entrent dans la maison. Ceci vise à abolir la différence
Vue de la performance Corporate, restaurant CDD, Paris 24 août 2013
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olfactive véhiculée par l‘étranger, l’eau parfumée neutralise son odeur et le fait accéder au sein de la famille. Corporate, l’eau parfumée créée par Julie C. Fortier est aussi le menu du repas qui servi au restaurant éphémère CDD. Les quarante ingrédients qui composent sa formule constituent les arômes dégustés pendant la soirée. L’intégration devient incorporation.
Petrichor2013, parfum + Revue Nature 1er trimestre 1964, signet impégné de parfum petrichor. exemplaire unique.Echantillons 1,5ml encartés, impression offset 110 x 80 mm sur papier vieil hollande 250g/m2. 300 exemplairesédition entre-deux, Nantes, 2013 dans le cadre de la résidence : l’espace public sous l’emprise de la mobilité.remerciements Dominique Favier et Gaël-François Jeannel, IFF France
Petrichor désigne l’odeur particulière de la terre sèche humidifiée. Conçu comme une œuvre intime et publique, ce parfum dématérialise une terre sous la forme d’une odeur. Son porteur est invité à le diffuser discrètement dans les lieux publics et à rendre volatile ce qui était situé.
Vue de l’exposition Petrichor, La base d’appui d’Entre-deux, Nantes (FR) 24 mai – 29 juin. 2013.
Gradiva2012, affiche parfumée, impression offset N&B 100 x 70 cm, fragrance collaboration avec Yann Sérandour
L’affiche, réalisée par Yann Sérandour, est un grand écran blanc qui comporte un extrait de la nouvelle Gradiva publiée en 1903 par l’écrivain allemand Wilhelm Jensen. Cette affiche a été aspergé d’un parfum réalisée pour l’occasion. Le parfum est à l’image de la Gradiva, celle qui avance, laissant derrière elle son sillage qui s’estompe au fur à mesure que le temps passe pour ne laisser qu’un souvenir, une tache presque imperceptible sur le papier.
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Eclipse2012, performance culinaire réalisée le 27 nov. 2012 lors de la soirée de performances culinaires Table d’hôte présentée au Centre d’art contemporain de Pontmain (FR)
Les breuvages proposés durant la soirée sont présentés en cercle et servis du plus pâle au plus foncé jusqu’à l’obtention d’un cercle entièrement noir. Après cette éclipse totale, les brevages sont servis du plus foncé au plus pâle pour revenir à à cercle entièrement transparent.
Dans la forêt20012, performance olfactive réalisée le 27 nov. 2012 lors de la soirée de performances culinaires Table d’hôte présentée au Centre d’art contemporain de Pontmain (FR)
Cette performance venait clore une soirée de performances culinaires. Un dessert ou un digestif est proposé aux personnes présentes. Suivant le choix, une goutte de parfum est déposée sur le dos de la main. Le dessert est une reconstitution olfactive d’un Tiramisu et le digestif une reconstitution de Whisky. Petit à petit les odeurs se propagent, les gens essaient de nommer ce qu’ils sentent, partagent leurs impressions. La présence olfactive du parfum une fois la soirée terminée, est un rappel de toute la nourriture incorporée tout au long de la soirée.
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Sentinelle2012, installation olfactive, pistolet à colle posé au sol, dimensions variables Proposition pour l’exposition Art By Telephone Recalled, CNEAI (FR), CAPC de Bordeaux (FR) ESBA TALM Angers (FR), San Francisco Art Institute (US) Emily Harvez Foundation New York (US) commissaires : Sébastien Pluot et Fabien Vallos, 15 nov.- 15 déc. 2012
Brancher un pistolet à colle et le poser au sol. (Si nécessaire, protéger le sol avec un carton ou une planche.) Laisser chauffer le pistolet pendant toute la durée de l’exposition et veillez à ce que le pistolet soit toujours chargé d’un tube de colle. Il diffusera une odeur de surchauffé voire de brûlé dans l’espace d’exposition.
Vue de l’exposition Art By Telephone Recalled, Emily Harvey Foundation, New York (US) 15 nov.. – 15 dec. 2012.
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L’argent n’a pas d’odeur2012, contribution pour la publication Chrématistique , commissaire Fabien Vallos, www.chrematistique.frremerciements Dominique Favier et Gaël-François Jeannel,IFF France
L’odeur de l’argent2013, contribution pour l’exposition Chrématistique ,commissaire Fabien Vallos, www.chrematistique.fr CNEAI, Chatou remerciements Dominique Favier et Gaël-François Jeannel,IFF France
Après une nouvelle analyse chromatographique, une formule a été extraite et l’odeur de l’argent a pu être reconstituée. La fragrance proposée est destinée à être pulvérisée sur un support papier buvard et ainsi donner une plue-value olfactive.
Mémoire durable 2006 - 2015, 10 photographies couleur, sérigraphie numérique sur contreplaqué de bouleau photo dimensions variables sur planche de 70 x 50 cm collection 1% artistique de la médiathèque départementale d’Ille-et-Vilaine pour l’antenne de Pipriac
Lors d’un tournage en forêt au Québec en juin 2006, j’ai eu la surprise de voir le sentier, que j’avais l’habitude d’emprunter, complètement éventré par une entreprise de coupe de bois. Depuis, je documente l’évolution de la forêt en tentant de refaire le même cadrage photographique de mémoire année après année lors de
chacun de mes séjours au Québec. Cette série donne à voir l’évolution du travail de l’homme sur la forêt et, depuis l’été 2010, la lente reprise de la végétation sur les lieux exploités. Plus qu’un regard sur le développement durable de la forêt dans ses fonctions économiques et environnementales, l’évolution du cadrage photographique donne à voir les effets du temps sur la mémoire. En effet, je m’appuie sur le souvenir de détails du paysage pour tenter de recadrer à chauqe fois la même photo : la montagne, la caravane, l’arbre fourchu. Mais à chaque fois, des éléments m’empêchent de retrouver la totalité de ces détails. La composition de l’image, tributaire de ma mémoire, évolue au même titre que la forêt.
décembre 2008
août 2010 janvier 2012
mai 2007juin 2006
septembre 2009
Fondu enchaîné 2011, performance éclairage Le 11 mars 2011 dans l’exposition Plutôt que rien : démontges, Maison Populaire de Montreuil (FR) commissaire : Raphaële Jeune, 19 janv. – 26 mars 2011
L’exposition Plutôt que rien : démontages est constituée d’une succession quotidienne de propositions faites par les artistes invités. Elle s’écrit dans le temps plutôt que dans l’espace.
Mon intervention, consiste à réaliser un fondu enchaîné dans l’espace d’exposition pendant la journée qui m’est allouée, entre la proposition de la veille : une projection vidéo d’Emilie Pitoiset, et celle du lendemain: une case laissée blanche dans la programmation. Pour réaliser ce fondu enchaîné, j’ai mis en place un éclairage avec les projecteurs disponibles sur place et j’ai augmenté graduellement l’intensité lumineuse de manière à effacer progressivement la projection vidéo.
Vue de la performance Fondu enchaîné, présentée le 11 mars 2011 lors de l’exposition Plutôt que rien : démontage, Maison Populaire, Montreuil (France), 19 janv. – 26 mars 2011.
La Tribune, Sherbrooke, samedi 25 mai 1985 2009, stock de papier journal Impression N&B sur presse rotative sur papier offset 82 x 58 cm, 10 000 exemplaires Produit avec l’appui de La Criée, Centre d’art contemporain de Rennes
Reproduction du souvenir d’un fait divers paru dans le journal La Tribune de la ville de Sherbrooke (Québec, CA), datant du samedi 25 mai 1985. « La voiture a été criblée de plombs de fusil principalement sur l’aile avant. Quelques plombs ont également atteint le rétroviseur du véhicule pendant que le conducteur satisfaisait des besoins personnels; il s’était arrêté près du repaire des Hells Angels dans la nuit. »
Vue de l’exposition Julie C. Fortier, Cinéma-Maison, La Criée, Centre d’art contemporain, Rennes (France), 19 fév. – 3 avril 2010.
Cinéparc2006, Film 35 mm muet couleur, 3 min. 50 s., projecteur 35 mm, écran de projection. Produit avec l’appui de la ville de Sherbrooke et du Conseil des arts du Canada Installation produite par La Criée centre d’art contemporain, avec le soutien de La Fonderie / Théâtre du Radeau, Le Mans
Cinéparc montre un dispositif de projection cinématographique dans une salle d’exposition. Le film 35 mm projeté sur grand écran est accompagné par le son de la mécanique du projecteur. L’image présente un plan fixe sur un écran de cinéparc filmé de jour. L’écran se détache sur fond de paysage et semble fonctionner comme un cache dans l’espace de l’image. Il perd ainsi sa dimension d’objet et son échelle, mais pas sa fonction d’écran. Car c’est sur ce rectangle blanc, qu’apparaissent les poussières et les rayures provoquées par l’usure de la pellicule projetée en boucle, engendrant un film dans le film.
Vue de l’exposition Julie C. Fortier, Cinéma-Maison, La Criée Centre d’art contemporain, Rennes (France), 19 fév. – 3 avril 2010.
90.1 FM2007, installation sonore, radio d’automobile, 4 hauts-parleurs, 122 x 100 cm Produit avec l’appui du Conseil des arts du Canada
Cette installation présente une radio d’automobile encastrée dans le mur. La radio est réglée sur la fréquence 90.1 FM. Le son diffusé à chaque présentation change en fonction de la localisation et de la capacité ou non à capter quelque chose.
Vue de l’exposition Julie C. Fortier, Go West Young Man ! , Centre Clark, Montréal (Québec, Canada), 10 janv. – 16 fév. 2008.
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Pêche blanche2005, projection vidéo miniDV stéréo couleur, format 4:3, boucle 15 min.Produit avec l’appui du Conseil des arts du Canada
Cette vidéo présente un paysage d’hiver immobile avec au premier plan, une brimbale servant pour la pêche blanche. La vidéo montre l’attente d’une éventuelle prise qui sera signalée par le mouvement de la brimbale et le tintement de la clochette qui y est fixée.
Sans titre2005, photographie couleur, tirage lambda sur aluminium 80 x 60 cm
Photographie d’une éolienne à l’arrêt et dont les pales commençaient tout juste à disparaître dans une brume épaisse, depuis une voiture roulant à grande vitesse. Ici, un objet, dont la caractéristique remarquable est le mouvement, est rendu irrémédiablement statique par la photographie. Paradoxalement, le déplacement de la voiture semble imprimer un mouvement au paysage qui englobe l’éolienne.
Révolution2007, vidéo HDV sur miniDV stéréo couleur, format 16:9, 5 min. Produit avec l’appui du Conseil des arts du Canada
Plan fixe sur un groupe de cinq éoliennes dont l’une d’entre elles tourne à contre-sens.
Vues de l’exposition Julie C. Fortier, The End, Galerie Art & Essai, Université Rennes 2 (France), 16 nov. – 16 déc. 2005.
The End2005, installation in situ, 5 véhicules, 6 éclairages secours BAES, bandes adhésivesProduit avec l’appui de la Galerie Art & Essai et Prospektus
Cette installation transforme l’espace de la galerie en parking souterrain. L’expérience inquiétante de l’absence est le déclencheur d’une intrigue qui vire à la mélancolie.
éléments du projetBicyclette 2005, moteur électrique miniaturefaisant tourner la roue arrière constamment, produit avec l’appui du Ministère de la culture et de la communication – DRAC BretagneCarton à dessin 2005, 7 dessins à la mine de plomb préfigurant l’exposition sous la forme d’un story-board, réunis dans un carton à dessin, 36 x 42 cm, story-boarder : Jean-Claude Rozec, dessins : Jean-pierre MarquetParking ( The End) 2005, vidéo de surveillance, miniDV stéréo couleur, format 4:3, boucle 59 s., moniteur 14 po., support mural TVBloc secours, 2007, bloc d’éclairage secours BAES, autocollant The End, 23 x 11,5 x 7,7 cm, édité par Astérides (Marseille) en 8 exemplaires + 2 E.A.Flipbook, 2005, reproduisant la bicyclette, impression offset N&B, 14,8 x 10,2 cm, 124 pages , dessins : Marc Lizano, tiré à 500 exemplaires, produit avec l’appui du Ministère de la culture et de la communication – DRAC Bretagne
Vous avez juste pas pu trop profiter de l’été, quoi.2003, projet réalisé avec la participation de Camille Barré, Matthieu Jauniau, Christophe Pichon et Yann Sérandour
De la carrière à la station essence en passant par la plage, ce projet relate la dérive d’un rocher lors d’une journée d’été.
éléments du projet
Voiture citroën AX Image, barres de toit, sangles, rocher factice : polystyrène peint,170 x 140 x 100 cmMaquette de la voiture à échelle 1/43e, 2010, techniques mixtes, 3,5 x 8 x 7,5 cmVidéo miniDV stéréo couleur, format 4:3, 8 min. 47 s. Photographie couleur, tirage lambda sur aluminium, 30 x 40 cmRetranscription des dialogues du film, affiche, dimensions variablesPoster recto/verso, zédélé éditions, oct. 2003, 30 x 40 cmCarte postale couleur multi-vues, 10,5 x 15 cm
Vue de l’exposition, Isabelle Arthuis, Francesco Finizio, Julie C. Fortier, Sébastien Vonier, Interfaces, Le Quartier, Quimper (France), 5 déc. 2008 – 5 mars 2009
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L’avenir 2007, vidéo HDV sur miniDV muet couleur, format 16:9, 4 min. Produit avec l’appui du Conseil des arts du Canada
Plan fixe sur un panneau routier indiquant l’avenir, improbable frontière temporelle au milieu de nulle part.
Vacant / Non Vacant2005, projections vidéo miniDV stéréo couleur, format 4:3 boucle Vacant 10 min. 01 s. boucle Non Vacant 9 min. 54 s.Produit avec l’appui du Ministère de la culture et de la communication – DRAC Bretagne
Deux vidéos sont projetées simultanément, mais dans des espaces différents. Elles sont presque identiques : même cadrage sur une enseigne de motel, presque le même moment, lors de la tombée du jour. Dans la première vidéo, l’enseigne affiche VACANT et dans la seconde, NON VACANT.
Blow-Up ( Vacant / Non vacant )2006, photographie couleur, tirage lambda 125 x 166 cm, pinces à dessin
Blow Up est un agrandissement d’un petit détail d’une photographie de repérage effectuée pour le tournage de Vacant / Non Vacant. Elle donne à voir un détail qui diffère des vidéos (une chaise a été déplacée). Cette agrandissement confère à ce déplacement une importance, voire une présence inquiétante condensant récits policiers et une mise en présence d’une absence quasi fantomatique.
Vue de l’exposition, Isabelle Arthuis, Francesco Finizio, Julie C. Fortier, Sébastien Vonier, Interfaces, Le Quartier, Quimper (France), 5 déc. 2008 – 5 mars 2009
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Sunrise (from solstice to solstice) 2013, vidéo HD stéréo couleur, format 16:9, 26 min.
Produit avec l’appui d’Entre-deux, dans le cadre de la résidence : l’espace public sous l’emprise de la mobilité.
Le lever du soleil, du solsctice d’hiver au solstice d’été, filmé depuis le train.
Sunset 2009, vidéo HDV muet couleur, format 16:9, 2 min. 23 s.images : Sébastien Pesot Produit avec l’appui de La Criée, Centre d’art contemporain de Rennes
Plan fixe sur un paysage de campagne, dans lequel une maison glisse pour disparaître derrière l’horizon.
Maison Desjardins 2009, installation vidéo HDV sur deux écrans, stéréo couleur, format 16:9, boucle 6 min.images : Julie C. Fortier et Shawn Bédard Montage étalonnage : Aël Dallier Produit avec l’appui de La Criée, Centre d’art contemporain de Rennes
Documentation sur deux écrans de l’assemblage et du démantèlement d’une maison préfabriquée sur un parking de centre commercial.
Vue de l’exposition Julie C. Fortier, Cinéma-Maison, La Criée, Centre d’art contemporain, Rennes (France), 19 fév. – 3 avril 2010.
House2008, bois, 455 x 640 x 650 cmCoproduit avec l’appui du Frac Bretagne et Les Ateliers de Rennes – Biennale d’art contemporain, édition 2008 Collection FRAC Bretagne
Ce projet consiste à appliquer le protocole de travail proposé par Les Levine dans son livre House (1971) au sein duquel il présente différentes photographies d’une même maison de bois en ruine. « Chaque photo montrée dans ce livre est un plan d’une sculpture ou d’un monument. Celui qui entre en possession de ce livre devrait tenter de réaliser un des monuments sur une échelle qui serait en rapport avec l’espace dont il dispose à cet effet. Il peut exécuter cet œuvre à lui seul ou bien en collaboration avec un groupe. Lorsqu’il a terminé son travail au monument, ou qu’il en a assez, il est prié d’en faire parvenir les photos à Les Levine, 181 Mott Street, New York, New York 10012, U.S.A. » © Les Levine 1971, New York/Steendrukkerij de Jong & Co., Hilversum, The
Netherland 1971.
Vue de l’exposition Valeurs croisées, Biennale d’art contemporain, Rennes (France), 16 mai – 20 juil. 2008
Domaine quatre saisons2006, photographie couleur, tirage lambda sur aluminium 73 x 57 cm
Photographie d’une caravane trouvée dans la forêt, complètement renversée et éventrée, la végétation a repris graduellement le dessus. Ruine mélancolique au milieu d’un paysage bucolique, la photographie donne à voir la prochaine disparition de la caravane.
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Vue de l’exposition Julie C. Fortier, Go West Young Man ! , Centre Clark, Montréal (Québec, Canada), 10 janv. – 16 fév. 2008.
Home2005, vidéo miniDV stéréo couleur, format 4:3, 5 min. 44 s. Produit avec l’appui du Conseil des arts du Canada
Le déneigement de la cour d’une maison après une tempête de neige produit par un effet de féerie hivernale la disparition intermittente du déneigeur.
There’s No Place Like Home2004, bois peint, 30 x 40 x 45 cmProduit avec l’appui de La Box_Ensa BourgesCollection du Fond départemental d’art contemporain d’Ille-et-Vilaine
Cette sculpture est la reconstruction tridimensionnelle d’un arrêt sur image extrait du film The Wizard of Oz (Victor Fleming, 1939). La séquence originale, filmée en studio à l’aide d’une maquette, présente l’envolée puis la chute de la maison en bois de l’héroïne, aspirée par une tornade.
Vue de l’exposition Julie C. Fortier, There’s No Place Like Home, Galerie La Box, Ensa Bourges (France), 16 déc. 2004 – 19 janv. 2005
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There’s No Place Like Home2004, technique mixte, 60 x 60 x 105 cmProduit avec l’appui de La Box_Ensa Bourges
Cette pièce montre une petite fille qui se cache sous un carton d’emballage de réfrigérateur, les pieds baignant dans une flaque d’urine. « On ne sait s’il faut verser dans l’humour ou bien y voir quelque révélation d’angoisse et de culpabilité » (Jacinto Lageira).
Vue de l’exposition Julie C. Fortier, There’s No Place Like Home, Galerie La Box, Ensa Bourges (France), 16 déc. 2004 – 19 janv. 2005
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There’s No Place Like Home2004, impression numérique sur Tyvek, convoyeur, bois peint, 115 x 220 x 50 cm Produit avec l’appui de La Box_Ensa Bourges
« Ouvrir une porte donnant sur le vide est l’exemple d’un comique de répétition de l’univers des cartoons (notamment chez Tex Avery) où quelque architecte fou ou tel pourchasseur a mis au point le piège inusable dans lequel tombera toujours le pourchassé. Lieu commun du rire, la chute dans le vide est une sorte de version accomplie par son ratage même du vieux rêve de ceux qui voudraient voler, s’imaginent évoluant dans les airs, libérés du poids de la gravitation. » (Jacinto Lageira)
Vue de l’exposition Julie C. Fortier, There’s No Place Like Home, Galerie La Box, Ensa Bourges (France), 16 déc. 2004 – 19 janv. 2005
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Pile ou Face2007, pièce d’un euro (côté face), certificat Collection Marc et Josée Gensollen (Marseille, France)
Dans le cadre du projet « Quatorze jours avec » programmé par la VF Galerie (Marseille), Yann Sérandour et moi-même avons mis en jeu notre intervention en faisant tirer à pile ou face la tenue de notre exposition. La veille de l’ouverture une pièce d’un euro a été lancée devant témoins par le directeur de la galerie, après avoir convenu avec lui que les œuvres produites ne seraient exposées que si la pièce tombait sur « pile ». La pièce étant tombée sur « face », rien ne fut exposé, hormis la pièce de monnaie laissée sur le sol de la galerie après le tirage. La pièce fut acquise par deux des témoins, en tant que trace d’une « non exposition ».Vues de l’exposition Quatorze jours avec Julie C. Fortier et Yann Sérandour, Pile ou Face, VF Galerie, Marseille, 26 mai – 9 juin 2007
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Gold Mining River2006, 2 fioles de verre contenant de l’eau de la rivière et de l’or 23 carats présentées dans une boîte à bijoux sous une vitrine en chêne et verre, 36 x 36 x 111 cm.Produit avec l’appui du Conseil des arts du Canada
Au cours d’un après-midi de l’été 2006, Yann Sérandour et moi-même avons cherché de l’or dans la Gold Mining River, ancienne rivière aurifère exploitée jusque dans les années 1950, située à la frontière du New Hampshire et du Québec.Les deux fioles contiennent les paillettes d’or trouvées par chacun d’entre nous.
Vue de l’exposition Heureux comme Sisyphe, Villa Lemot, Domaine départementale de la Garenne Lemot, Gétigné (France), 12 mai - 10 octobre 2011
Vanishing Point2004, vidéo miniDV stéréo couleur, format 4:3, 56 min. 52 s.Produit avec l’appui du Western Front (Vancouver) et du Conseil des arts du Canada.
Cette vidéo cadre un terrain vague de Vancouver derrière lequel on peut voir les montagnes côtières. Ce tableau paysager étiré dans le temps est rythmé par mon travail. Je creuse un trou dans le sol à l’aide d’une pelle et d’un pic. Paradoxalement, ma capacité à être productive et efficace a pour but de produire graduellement une perte, un manque à l’image, ma disparition de celle-ci.
Vue de l’exposition Cyrille Mariën, Hervé Coqueret, Julie C. Fortier, 2 Temps, 3 Mouvements, Galerie du TNB, FRAC Bretagne, Rennes (France) 6 oct. – 1er nov. 2001
Julie Underground2001, installation, vidéo miniDV stéréo couleur, format 4:3, boucle 3 min. 25 s. 48 m de rails de PVC, chariot de bois (80 x 115 x 80 cm), 2 tonnes de charbon, pelle, pioche, sacs à charbon
Transformée en mine de charbon pendant la nuit, la galerie retrouve sa fonction d’exposition durant le jour et présente une vidéo dans laquelle je pousse sans relâche un chariot rempli de sacs de charbon.
Nicolas, dépêche-toi !2002, projection vidéo verticale miniDV stéréo couleur format 3:4, boucle 45 min. 33 s, 160 x 200 cm Produit avec l’appui du Conseil des arts et des lettres du QuébecCollection Marc et Josée Gensollen (Marseille, France)
Cette vidéo projette grandeur nature l’image de mon corps accroché au mur. Elle expose sur 45 minutes un jeu mimant l’immobilité d’une image fixe puis l’angoisse que ce jeu provoque quand il dure trop longtemps. « Nicolas » n’arrivant jamais et la vidéo étant diffusée en boucle, elle montre d’une manière tragicomique l’impossibilité de mettre fin à une situation aussi cruelle qu’absurde.
julie c. fortier articles (par ordre d’apparition dans le CV)
Français | Anglais
L’avant-garde est-elle (toujours) bretonne ?AAtteelliieerr dd’’EEssttiieennnnee,, PPoonntt--SSccoorrffff, 10 janvier – 21 février 2014
Avec Virginie Barré, Jocelyn Cottencin, Antoine Dorotte, Julie C. Fortier, Benoît-Marie Moriceau, SamirMougas, Bruno Peinado.
Derrière l’allure provocatrice de ce titre se cache un questionnement à double détente : dans un premier temps,l’existence d’une avant-garde peut-elle être contenue dans les limites d’une région ? Dans un deuxième, c’estl’hypothèse de la Bretagne qui est interrogée ici, sa capacité à se singulariser et à se maintenir dans cettesituation très hypothétique qui la distinguerait de ses semblables… L’idée de débattre de la définition del’avant-garde est du reste bien tentante mais il est à craindre qu’une telle entreprise ne déborde les limites decette chronique, même si a priori une critique digne de ce nom ne saurait s’arrêter à de telles considérationsmesquines et devrait s’obliger à réinterroger ces concepts qui semblent aller de soi. Car, dans l’avant-garde, rienne va de soi, si ce n’est de s’en tenir à une définition usuelle de ce terme pour en faire un synonyme de ce quiest nouveau, surprenant, inouï, etc. Bref, de confiner la définition de l’avant-garde à son acception courante.Même en s’en tenant à cette définition minimale, on rencontre déjà des difficultés : pour pouvoir édicter ce quiest radicalement nouveau, il faudrait concentrer des qualités d’observateur ubiquitaire, être doté d’uneconscience critique maximale et d’une objectivité hypertrophiée, ce qui est rarement le cas même si beaucoupde critiques d’art passent leur temps à courir les expos et ne sont pas si partisans que cela. Et ce serait accordertrop de pouvoir aux critiques d’art qui, au final, ne représentent qu’une modeste partie de la décision quant àsavoir ce qui relève de l’avant-garde : les critiques ont certes du poids mais pas plus que les collectionneurs, lesdirecteurs d’institutions, la foule des bloggeurs. Et les critiques d’art sont parisiens pour la plupart. Ce quin’arrange guère les affaires de la Bretagne dans cette histoire…
Julie. C Fortier, Petrichor, 2013. Edition entre-deux, Nantes, courtesy de l’artiste. Photos © Atelier d’Estienne.
Laurent Duthion, Transsubstantiation etc., 2012, courtesy de l’artiste. Photos © Atelier d’Estienne.
Donc, plus on avance sur la question et plus l’affaire bretonne se corse. Nous avons tendance à penser que laquestion de l’avant-garde est désormais une chasse gardée des critiques d’art influents et des galeries « qui fontBâle » et la Bretagne n’est pas forcément la mieux dotée dans ce domaine : peu d’organes de presse spécialisée,peu de critiques attitrés et vivant au pays (depuis la disparition de Bernard Lamarche-Vadel qui a pu en sontemps avoir une réelle influence dans la région, certains artistes bretons s’en souviennent ), peu decollectionneurs patrons (Pinaud peut-il être considéré comme un collectionneur breton ?), peu de galeriesinfluentes (aucune ne fait la Fiac), peu de curateurs de renom, etc.
Par Patrice Joly
Spécial web
Légende bandeau :Virginie Barré, Gorilla-man, 2010,courtesy de l’artiste. Photos © Atelierd’Estienne.
Du même auteurHans-Ulrich Obrist conversationsA la surface de l’infini à La Galerie à NoisyAlice AndersonAli Kazma à RoubaixItv Keren Detton
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L’avant-garde est-elle (toujours) bretonne ? | Zérodeux | Revue d... http://www.zerodeux.fr/specialweb/lavant-garde-est-elle-toujou...
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Antoine Dorotte, Suite d,O, 2010, courtesy galerie ACDC et l’artisteLaurent Duthion, Transsubstantiation etc., 2012, courtesy del’artisteSamir Mougas, Fumeur noir, 2013, courtesy de l’artisteBruno Peinado, Big Bang, 2006, courtesy de l’artiste. Photos © Atelierd’Estienne.
Poser le problème de l’avant-garde c’est poser le problème du centralisme français, du déséquilibre entre uneprovince démunie et une capitale où se retrouvent l’essentiel des décideurs : cette prédominance ne suffitcependant pas à accorder à Paris toute latitude prescriptrice, dépendante qu’elle est d’un système mondialisé oùcela fait belle lurette que ce ne sont plus les galeries françaises, ni les curateurs français, ni la critique d’artfrançaise qui donnent le la. Reposer le problème de l’avant-garde bretonne, au-delà de l’ironie légère qui sourdde l’intitulé, c’est aussi réinterroger les termes de l’accession à la visibilité de ces avant-gardes qui se sontsuccédé tout au long de la première moitié du XX siècle et qui, d’une certaine manière, étaient le fait de petitsgroupes au fonctionnement « artisanal ». Aussi, pour en revenir à la problématique du début, sans vouloirrentrer dans des profondeurs définitionnelles, il est flagrant de constater que les conditions nécessaires àl’établissement d’une avant-garde de nos jours renvoient à la formation de regroupements d’artistes dontl’émergence tient beaucoup plus à la mise en place d’un éventail promotionnel et médiatique qu’à la défense depositions révolutionnaires, positions qui pourtant sont indissociables du concept d’avant-garde. Sans vouloirnon plus approfondir les liens de toutes sortes entre avant-garde et révolution (au sens d’un bouleversement del’establishment), il paraît pour le moins difficile de reparler d’avant-garde sans faire référence aux interrelationstrès fortes entre production artistique et marché de l’art. Le temps des avant-gardes était justement celui despostures radicales, en lutte avec les productions dominantes de l’époque – l’académisme – qu’elles sechargeaient de bousculer, de rendre obsolètes (même si les marchands avisés étaient depuis le début des avant-gardes des observateurs avisés des artistes de l’avant-garde), alors que désormais on peut craindre qu’il y aitconcomitance ou même influence du marché sur les formes soi-disant avant-gardistes. Au-delà de la volonté,certes stimulante, de dépoussiérer un concept qui semble chaque jour un peu plus inadapté, cette réutilisation del’appellation de l’avant-garde permet une fois de plus de constater l’impuissance des scènes périphériques àpouvoir faire entendre des voix singulières en dehors des connivences en tous genres qui désormais façonnent lefonctionnement du marché de l’art international et décident de la pertinence des formes sensibles à tous lesétages.
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Antoine Dorotte, Suite d,O, 2010, courtesy galerie ACDC et l’artiste. Photos © Atelier d’Estienne.
Dans cet impitoyable plaidoyer pour dire l’impossibilité de l’avant-garde à être bretonne brillent quelqueslueurs d’espoir. Déjà, il existe une véritable « tradition de l’avant-garde » en Bretagne : André Breton aimaitséjourner à Nantes — alors pleinement bretonne — où il disait retrouver cette capacité d’étonnement etd’émerveillement qu’il ne pouvait trouver ailleurs qu’à Paris ; Michel Leiris, dans sa correspondance avecJacques Baron, parle de la péninsule bretonne comme d’un endroit propice à la création qui ne se résume pas àl’adoration d’un Monet pour les rochers de Port Coton : pour lui, la dimension océanique de cette terre brasséepar les tempêtes serait absolument salutaire pour échapper au climat délétère de la grande ville, même si, dans lecommentaire de leur correspondance, il est dit que l’avant-garde est une affaire parisienne . Quand bienmême ces références sont désormais lointaines, force est de constater que la Bretagne conserve un attrait certainauprès de nombreux artistes qui ont décidé eux aussi de s’installer dans la région, au risque de renoncer auxopportunités de carrière : dans les années trente, la Bretagne apparaît déjà non pas comme un recours possiblepour l’établissement d’avant-gardes concurrentes mais plutôt comme une hypothèse de repli, un contrepointefficace au maelström de la grande ville où se pratique davantage l’art des mondanités que se prennent devéritables décisions artistiques; on voit bien qu’ici s’opposent deux conceptions de l’élan créatif, le vortexstimulant de la métropole ou bien le calme et le détachement de la province, loin des vicissitudes du monde. Àcondition toutefois que la décision soit prise en ces termes. Car c’est ici que nous touchons au cœur duproblème : la Bretagne, pour ces artistes qui ont choisi d’y rester ou pour ceux qui ont décidé de s’y installer,relève-t-elle d’un choix par défaut ou au contraire du sentiment assumé de pouvoir y développer pleinement leurpratique ? Si ces artistes ont pensé qu’ils pouvaient se passer de la capitale en misant sur les qualités climatiquesde la région, c’est aussi qu’ils jugent que la situation artistique de la Bretagne est porteuse et que l’hypothèsed’une alternative aux puissances prescriptrices dominantes est possible ; si c’est uniquement parce que lesloyers parisiens les rebutent qu’ils s’y installent, alors la messe est dite.
Laurent Duthion, masques de la série Occurrences, 2013, courtesy de l’artisteJocelyn Cottencin, œuvre de la série Litanies, conseils etautres idioties, 2010, courtesy de l’artiste. Photos © Atelier d’Estienne.
Dans la liste des artistes présentés à l’atelier d’Estienne à Pont-Scorff, les positions sont loin d’être homogènesentre des Barré-Peinado venus s’installer il y a une dizaine d’années à Douarnenez pour profiter de la quiétudede la baie tout en conservant une attache parisienne avec leur marchand parisien, un Antoine Dorotte quipossède son atelier en banlieue parisienne ou encore un Jocelyn Cottencin véritablement installé à Rennes aprèsses études aux beaux-arts tout comme Samir Mougas et Laurent Duthion. Le cas de Loïc Raguénès semble bienconfirmer l’hypothèse d’une « retraite » provinciale rendue possible grâce au relais de sa galerie étrangère pource qui concerne la gestion de sa carrière. Quant à Benoît-Marie Moriceau, il représente un cas à part, celui d’unartiste partagé entre sa galerie nantaise, son appartement rennais et son atelier à Savenay : sorte de fantasme demétropole élargie englobant les deux capitales régionales et ses satellites, dont seule l’offre cumulée permettraitd’atteindre un stade acceptable de propositions. Julie C. Fortier reste inclassable dans la mesure où elle s’estinstallée à Rennes pour suivre son ami, Yann Sérandour, autre artiste majeur de la scène rennaise, dontl’absence au sein de cette exposition peut étonner. Si cette réunion d’artistes ne fait pas une avant-garde, elle aau moins le mérite de pointer les difficultés d’existence d’une scène régionale tiraillée entre la nécessitéd’exister à la capitale et le désir de s’investir auprès de son aire de prédilection : l’autre lueur d’espoir quiatténue ce constat de l’impossibilité d’une avant-garde bretonne et qui, à terme, pourrait le contredire, c’estl’existence en Bretagne d’un réseau de centres d’art et d’associations de tout premier plan qui, de Rennes auDourven, de Quimper à Brest et désormais à Pont-Scorff procure à cette scène bretonne une incomparablecaisse de résonance.
↑ Il faut cependant rendre hommage à la figure de Jean-Marc Huitorel, infatigable chroniqueur et auteurd’innombrables textes de catalogues, défenseur s’il en est de la scène bretonne.
1.
↑ Bernard-Lamarche Vadel fut enseignant à l’école des beaux-arts de Quimper de 1979 à 1980 qui lui consacra uncolloque il y a deux ans. Sa ligne critique « incarnée » et sans concessions, son magnétisme et son rayonnement dansl’Hexagone et hors des frontières contribuèrent à faire mieux connaître la scène bretonne (ou plutôt celle de l’Ouest)et à la désenclaver, quand bien même il n’essaya pas de constituer une quelconque défense de la créationcontemporaine bretonne.
2.
↑ Relire Nadja de Breton…3.
↑ Correspondance Michel Leiris / Jacques Baron, édition établie, annotée et préfacée par Patrice Allain & GabrielParnet, éd. Joseph K, Nantes, 2013. Les deux amis séjournent régulièrement en Bretagne, pays qu’ils aiment àretrouver pour ses vertus de ressourcement des idées et de raffermissement du corps (voir notamment la lettre numéro50, p. 126 qui évoque leur séjour à Tréboul). Pour autant, les auteurs ne contestent à aucun moment le leadershipparisien en matière d’avant-garde (voir p. 25 et 27 : « cependant par-delà les chemins escarpés de la lande bretonnequi ont mené Jacques et Michel à la dissidence du mouvement surréaliste, c’est bien à Paris, espace consacré àl’avant-garde… ») ; si Paris est le centre de la vie artistique et culturelle, la Bretagne est l’endroit où Leiris et Baronpuisent les forces nécessaires pour s’opposer à des personnalités telles que celle de Breton. Par ailleurs, on saitsuffisamment le respect qu’accorde Breton à l’endroit de Jacques Vaché qu’il découvre à Nantes et qu’il estime être lemodèle absolu de l’artiste surréaliste. On connaît aussi l’importance de la frange nantaise dans le mouvementsurréaliste (voir Nantes : le rêve d’une ville, Musée des beaux-arts de Nantes-RMN, 1995).
4.
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autre architecture, une pratique très spécifique au travail de Matta-Clark. D’autre part, la maquette multiplie, par les reflets, l’image d’un espace de telle manière que, au lieu de retrouver le paysage du Frac sur les surfaces réfléchissantes, c’est l’intérieur du Musée d’art et d’histoire de Saint-Brieuc qui se diffracte. Cette œuvre ouvre un champ d’interrogation sur le caractère essentiellement instable de toute œuvre nécessairement transformée par les contextes institutionnels, architecturaux, spatiaux et temporels qu’elle rencontre. Des trajectoires nécessitant d’interroger sans cesse leurs significations infiniment renouvelées. Ainsi, la grille géométrique que Martin Boyce a prélevée et interprétée à partir de motifs schématiques d’une façade de l’architecte Robert Mallet-Stevens fait-elle irruption dans l’espace contemporain. La sculpture, faisant office de prisme, structure alors le lieu d’exposition. En 2008, Julie C. Fortier suit le protocole suggéré par Les Levine dans son livre House de 1971 dans lequel il convie le lecteur à réaliser une maison en bois effondrée qu’il documente par une série de photographies. Près de quarante ans plus tard, Julie C. Fortier n’a retenu qu’un seul cliché dont le cadrage a rogné la partie supérieure de la façade. Cette partie manque aussi à la sculpture qui reproduit ainsi fidèlement l’image.
Autonomie et fragmentation. Etats de Nature ?
Ttrioreau, GmTT-ck/edge on a ledge n°1, 2005
Gordon Matta-Clark Day’s End, 1975
Le collectif d’artistes A Constructed World, qui a notamment co-réalisé l’exposition From Walden To Vegas, portant sur les modes de représentation du paysage américain, propose la vidéo d’une performance musicale, ainsi qu’une installation prolongeant leur projet Hobbes Opera, 7 Nation Army. Ce travail repose sur une interprétation des théories du philosophe anglais Thomas Hobbes concernant la notion d’état de nature. Selon lui, l’homme serait, à l’origine, essentiellement mauvais et la société aurait pour fonction de le civiliser en s’appuyant notamment sur le pouvoir exercé par le souverain et la peur de la sanction. En 2008, au CAPC, Musée d’art contemporain de Bordeaux, le groupe A Constructed World organise une performance au cours de laquelle une guitare à six manches est découpée sur scène à la scie mécanique. La notion de musique en tant que forme sonore domestiquée, contrôlée et civilisée est ainsi violemment déconstruite. Lors du vernissage de l’exposition Fragmentations, trajectoires contre-nature à la Garenne-Lemot, ce collectif a invité six musiciens, installés dans les six pièces de la villa, pour jouer sur des morceaux de l’instrument. Depuis, certaines guitares sont reparties dans d’autres expositions et ce sont des fragments de cette performance qui sont installés à Saint-Brieuc. Ce processus transitif est significatif d’une conception des œuvres d’art comme essentiellement fragmentaires. Des œuvres pour lesquelles chaque occurrence de leur présentation dans un nouveau contexte recompose leurs formes signifiantes et permet d’accueillir d’autres éléments de significations possibles.
Sébastien Pluot, « Fragmentations, trajectoires contre-nature », journal de l’exposition, Frac Bretagne, juin 2011, p.10
Anne-Marie Charbonneaux, « L’or dans l’art contemporain » ed. Flammarion, Paris 2010 p. 105
Julie Portier, « Extérieur jour », Zéro-deux, n°54, été 2010
« Cinéma-Maison », FAR, n°4, février 2010
Béatrice Méline, « Delenda Carthago », HY ! no1, revue Hypertexte, juin 2008
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Nicole Gingras, « Des formes de mobilité »Perte de signal 10 : dix ans de création numérique, Montréal, éd. Perte de Signal, 2008, pp. 50 - 57
Pedro Morais, « Coups de cœur »Newsletter no 23, Mécène du sud; juillet 2008
Si les vidéos comme « Julie underground » et « Nicolas dépêche-toi » inscrivaient jusqu'ici letravail de Julie C. Fortier dans le genre de la performance filmée, ses récentes œuvres et dispositifs,affranchis du caractère performatif au sens de l'exploit, ont vu peu à peu disparaître l'artiste et son corol-laire de prouesses pour laisser apparaître souvent en creux des formes substitutives de temps suspendu.« Go West Young Man ! » résonne autant comme le titre d'un film sur le Gold Rush, qu'un possible RoadMovie ou encore renvoi à « Go West ! » de l'anthropologue Daniel Royot et inscrivent de facto l'ensem-ble de l'exposition dans une trame narrative chargée, supposons-le, de nombreux rebondissements etautres aventures. « Gold Mining River », pièce centrale, présente des pépites d'or dans deux fioles etsous vitrine. Avec la complicité de l'artiste Yann Sérandour, Julie C. Fortier a donc cherché de l'or dansla Gold Mining River, ancienne rivière aurifère située à la frontière du New Hampshire et du Québec etexploitée jusque dans les années 1950. Le résultat de ce temps de recherche et de labeur renvoie auxattendus de la conquête de l'Ouest, entre excitation liée à l'appât du gain et résultat forcément décevant.Les oeuvres présentées pour l'exposition comportent toutes ce caractère déceptif puisque que si l'on nepeut s'arrêter de se « faire des films » ici, nous voilà suspendus à l'avènement d'un climax que l'on attendet qui n'arrive jamais. Les œuvres de Julie nous convient à un spectacle dont nous aurions manqué l'épi-sode central, le nœud de l'intrigue ou aussi bien sa fin, son achèvement, immanquablement ponctué ducélèbre « The End ». Le temps dès lors s'égrène, inexorablement, incertain, vidé de tout dénouement,plus proche comme le dit Julie C. Fortier d'une certaine vacuité mélancolique.
Julie C. Fortier est née en 1973 à Sherbrooke (Québec, Canada). Elle est titulaire d'une maîtrisede l'École des arts visuels et médiatiques de l'Université du Québec à Montréal et vit en France depuis2001. Son travail est présenté à l’occasion de Valeurs Croisées : la première édition de la biennale d'artcontemporain à Rennes. Il a fait dernièrement l'objet d'expositions personnelles au Centre Clark àMontréal, à la VF galerie à Marseille et à la galerie Art & Essai à Rennes. Depuis 1999, ses vidéos ontété diffusées dans de nombreux festivals, événements et expositions tels que la Biennale de l'image deLuang Prabang (Laos, Thaïlande), Le Livre et l'Art au Lieu Unique à Nantes et Face LIFT à laKitchener-Waterloo Art Gallery (Ontario, Canada).
Julie C. Fortier et la VF galerie remercient le Conseil des arts du Canada.
15 Boulevard Montricher_13001_Marseille_+33 6 08 52 94 17_ + 33 4 91 50 87 62_www.vfgalerie.com/email: [email protected]
Go West Young Man !
Véronique Collard-Bovy, « Go West Young Man ! »Communiqué de presse de l’exposition « Go West Young Man! », VF Galerie, Marseille (FR)
...........................................................................................................................................................................< 18H | 18H30 | 19H | 19H30
A tout seigneur tout honneur. Ma première visite de la journée est
pour le Frac Bretagne, premier Frac créé en France en 1981. Au fil
des ans, la collection s'est enrichie de près de 3 000 pièces. De la
peinture abstraite à la sculpture minimaliste en passant par la photo
et la vidéo, la politique d'acquisition se caractérise par une totale
ouverture à toutes les formes de création contemporaine. Depuis son
ouverture, le Frac a pu diffuser sa collection en organisant près
de 350 expositions dans les quatre départements de la région. Mais 2008
marque un tournant dans son histoire. C'est en effet cette année qu'il
s'installera à Rennes dans un nouveau bâtiment construit à sa mesure.
L'immeuble de quatre étages, dessiné par l'architecte Odile Decq, permettra de redéployer
la collection dans un espace d'exposition de 1 000 m2. Hasard heureux ou volonté délibérée,
le nouveau Frac Bretagne fera face à l'œuvre d'Aurélie Nemours, L'Alignement du XXIe siècle.> 3, rue de Noyal 35410 Châteaugiron. Tél. : 02 99 37 37 93 et www.fracbretagne.fr
9H | 9H30 | 10H | 10H30>...............................................................................................................................................
Châteaugiron/FRAC Bretagne
A Fougères, l'art contemporain se niche derrière les hauts murs d'un ancien couvent du XVIIe siècle. Dans ce lieu majestueux,
la galerie des Urbanistes organise, depuis 1995, quatre à six expositions par an. La programmation distingue, en alternance,
de jeunes artistes et des talents plus confirmés. Par ailleurs, la Galerie assume une mission de sensibilisation et d'éducation
à l'art contemporain. Chaque année, elle accueille des artistes français ou étrangers en résidence.
Après un temps de recherche et de rencontre avec les habitants, l'artiste est invité à produire une œuvre
in situ rattachée au pays de Fougères.> 25 rue de la Caserne 35000 Fougères Tél. : 02 99 94 30 05 et www.galeriedesurbanistes.com
.......................................................................< 11H | 11H30 | 12H | 12H30 > .............................................................................................
Fougères/Galerie d’art contemporain des urbanistes
≤ Ci-dessus : Opération quimpéroise, rond-point Chaptal de Jacques Villeglé. Photo Adagp, collection Frac Bretagne/DR.Ci-dessous : Exposure#23, Munich, Nederlingerstrasse, 09.07.03, 3:03 p.m. de Barbara Probst. Photo Adagp, collection Frac Bretagne/Galerie Guy Murray.Ci-dessous, à droite : le nouveau bâtiment du Frac. Photo Odile Decq.
De gauche à droite : vue de l’exposition l’Œil électrique & Temps machine : au lycée et une installation d’Aleksandra Ruszkiewicz. ≥
Sans quitter ce cher pays de Fougères, je prends le chemin d'une commune au nom peu
banal, Bazouges-la-Pérouse. Tout a commencé dans les années 90 par le Village des arts
visuels, une manifestation estivale où artistes amateurs et professionnels venaient
présenter leurs œuvres. En 2000, Bazouges-la-Pérouse a voulu pérenniser l'événement
et a pris le pari audacieux d'acclimater l'art contemporain en milieu rural. L'association
le Village, site d'expérimentation artistique, était née. Elle organise tout au long de l'année
une douzaine de manifestations dans trois lieux qui lui ont été
confiés par l'office du tourisme. Au cœur du dispositif, le Centre
de création est à la fois un lieu d'exposition et un atelier
multimédia spécialisé dans la création numérique. Mélanie
Plasse, chargée des actions culturelles, me guide dans les
ruelles du village jusqu'aux deux
galeries respectivement dédiées
aux arts du feu et aux petits formats.
Le village accueille également tous
les ans trois artistes en résidence.
> Centre de Création, 10, ruede l'Eglise, 35560 Bazouges-la-Pérouse.Tél. : 02 99 97 43 60et www.levillage-bazouges.com
................................................................................................................................................................< 13H30 | 14H | 14H30 | 15H
Julie-Christine Fortier est-elle fan
de films noirs ? J'avoue ne pas lui avoir
posé la question. En tout cas, son travail
évoque irrésistiblement cet instant
précis du suspense où tout bascule.
Dans ses installations et ses vidéos,
l'artiste joue avec ce moment de tension
extrême et le dilate selon son bon plaisir.
Le spectateur anticipe le dénouement et,
dans ce temps suspendu, construit une intrigue. Que s'est-il
passé avant ? Comment l'histoire va-t-elle se conclure ?
La construction de ce suspense personnel et l'expérience
d'une sorte de « vacuité mélancolique » sont les fruits
à recueillir de la confrontation avec les œuvres de l'artiste.
Car au bout du compte, il ne se passe rien. Peut-être
sommes-nous arrivés trop tard… Julie-Christine Fortier
nous confie l'amorce d'un récit. Son intervention minimale
dans l'espace permet ensuite de basculer dans un autre univers.> www.juliecfortier.net
≤ De haut en bas : L’Avenir et The End.
≤ De haut en bas : le Collier de Julie Aquilina,le Sud du Sud de Laurent Duthionet Brouillard de Gaël Grivet.A droite : Peintures à réseaux lenticulairesde Yann Lestrat. ≥
MARDI
Julie-Christine Fortier
Catherine Elkar,directrice du Frac.Photo Emmanuel Pain.
Bazouges-la-Pérouse/Le Village
Armelle Bajard, « cahier Art et région : En résidence à Rennes» Cimaise, no289, Paris, (FR), mars - avril 2008
La Galerie Clark est ouverte du mardi au samedi, de midi à 17h
5455, avenue de Gaspé, #114, Montréal (QC) H2T 3B3 514 288 4972 - www.clarkplaza.org - Atelier Clark : 514 276-2679
Le Centre CLARK fonctionne grâce aux efforts soutenus de ses membres et de son personnel. CLARK est membre RCAAQ (rcaaq.org) et remercie le Conseil des arts et des lettres du Québec, le Conseil des Arts du Canada, le Conseil des arts de Montréal, Service du développement culturel de la Ville de Montréal et la Brasserie McAusland.
VERNISSAGE JEUDI LE 10 JANVIER À 20H 10 JANVIER AU 16 FEVRIER 2008 SALLE 1 JULIE-CHRISTINE FORTIER Go West Young Man! Le travail de Julie-Christine Fortier flirte avec l'absence, avec la disparition, mais évoque aussi leur attente. Dans son travail, les temps convoqués sont incertains, suspendus. Fortier laisse dans ses œuvres des traces de ces temps, elles sont parfois dérisoires, parfois marquées par l'histoire du cinéma ou du moins, par le souvenir qu'on peut en avoir. La bande vidéo Vanishing Point (2004) par exemple nous montre l'artiste creusant un trou au pic et à la pelle, près d'une heure durant. Tunnel, fuite, scène de film, chasse au trésor, cette action presque mécanique participe à sa fictionnalisation en obligeant à l'attente, à la contemplation et surtout à l'anticipation de tout rebondissement que l'on devine pourtant absent. Dans l'espoir d'un climax qui n'arrivera pas, Fortier s'enfonce graduellement dans le trou qu'elle creuse jusqu'à disparaître. Comme l'écrit l'artiste : « en énonçant leur caractère volontairement suspendu et déceptif, les œuvres articulées deviennent la mesure d'un temps qui s'égrène inexorablement, donnant forme à une sorte de vacuité mélancolique ». Si l'action engage l'artiste dans sa propre disparition dans Vanishing Point, dans Domaine quatre saisons (2006), le temps, pourtant figé par la photographie, implique la mort probable du sujet dans l'image, du moins, un changement de sujet dans celle-ci. Les possibilités sont nombreuses, cette suspension du temps activant suppositions et images éventuelles, la trame narrative ne s'en fait que plus excitée. 90,1 FM (2007), pièce constituée d’une radio d'automobile dont la fréquence est fixée à 90,1 FM, fonctionne aussi de cette façon. Inextricablement liée à sa situation géographique, cette œuvre syntonise ou non un poste. Son déplacement change ainsi toute la lecture de l'œuvre, mais aussi de l'ensemble, une piste embrouillant le décodage de l'addition des traces d'un récit possible, Go West Young Man! Peut-être un film sur le Gold Rush, peut-être le récit tragique d'un accident de roulotte, une chasse poursuite, un road trip vers l'Ouest, autant d'idées que de temps sont réunis dans ce travail. Ici l'histoire nous a sûrement échappé, nous ne sommes peut-être qu'arrivés trop tard. YP. L’artiste tient à remercier le Conseil des Arts du Canada. www.juliecfortier.net
OPENING JANUARY 10TH AT 8PM JANUARY 10TH TO FEBUARY 16TH 2008 SALLE 1 JULIE-CHRISTINE FORTIER Go West Young Man! Julie-Christine Fortier’s work flirts with absence, with disappearance, but equally evokes the expectation of them. In her work, time is summoned up as uncertain, suspended. Fortier leaves the traces of such time in the pieces; sometimes derisory and sometimes marked by the history of cinema, or at least by the memory we might have of it. The video track Vanishing Point (2004), for example, shows us the artist digging a hole with a pick and shovel for almost an hour. This almost mechanical action — tunnel, escape, film scene, treasure hunter — takes part in its own fictionalization by obliging us to linger, to contemplate, and above all to await the response we suspect is absent. In the hope for a climax that never shows, Fortier gradually sinks into the hole she is digging and vanishes. As the artist writes: “in announcing their deliberately suspended and misleading character, the works become the measure of a time inexorably dissolving, giving form to a kind of melancholy emptiness.” If the action implicates the artist in her own disappearance in Vanishing Point, in Domaine quatre saisons (2006), time, nonetheless frozen in its photographing, implies the subject of the image’s death, or at least its change. The possibilities are numerous, this suspension of time activates speculation and other possible images; it is only more agitated by the narrative soundtrack. 90.1 FM (2007), a piece comprised of a car radio locked on 90.1 FM, works in this way too. Inextricably tied to a geographical location it either picks up a signal or doesn’t. Its relocation thus changes the way the work is read, and at the same time, clouds the road to decoding it through the addition of possible narratives. Go West Young Man! may be a film about the Gold Rush, may be a tragic account of an RV accident, a chase follows, a road trip West, as many ideas as moments of time are brought together in the work. Here, history surely escapes us; we may have arrived too late. YP. Translated by PduB The artist wishes to thank the Canada Council for the Arts www.juliecfortier.net
Yann Pocreau, « Go West Young Man! » Communiqué de presse de l’exposition « Go West Young Man ! », Centre Clark, Montréal (Québec, CA) 2008
Jean-Max Colard, « Pile ou Face »Les Inrockuptibles, Paris, numéro 602, 12 juin 2007, p. 77
Frédéric Emprou, « Permanent Vacation »Publication de l’exposition Julie C. Fortier / Sébastien Vonier, Centre d’art contemporain de Pontmain, 13 mai – 18 juin 2006
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Charlotte BLIN et Elise JOLIVET, « The wrong way to get to the right place »Livret de l’exposition The End, ed. Galerie A&E 2005
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6
Jacinto LAGEIRA, « Une soudaire envie »Catalogue de l’exposition There’s No Place Like Home, ed. La Box_Ensa Bourges 2005
Jacinto Lageira, « Une soudaine envie »Catalogue de l’exposition There’s No Place Like Home, éd. La Box_Ensa Bourges 2005
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Julie-C. FortierThere's No Place Like Home
exposition du 17 décembre 2004 au 19 janvier 2005
Une maison qui s'envole, un enfant sous une boîte en carton, un ciel qui défile derrière la porte. Autant d'images qui se seraient matérialisées en glissant hors du film comme un personnage de Tex Avery franchissant à l'écran la bordure perforée de la pellicule dans l'élan d'une fuite effrénée. Autant d'objets hybrides, mi-décors mi-sculptures, qui attendent dans l'espace d'exposi-tion une chute narrative qui n'arrive jamais. Julie-C. Fortier aime évoquer le souvenir de ses jeux d'enfance lorsque ses frères expérimentaient avec elle quelque cascade remarquée dans un cartoon vu à la télévision. Elle a souvent fait la preuve qu'il ne vous arrive rien lorsqu'un rocher inventé vous écrase de son poids fictif ou lorsque la mèche d'une bombe imaginaire vous passe entre les deux oreilles. De là sans doute son goût pour les désastres préparés et pour les dérapages contrôlés. Chez Keaton, qu'elle a beaucoup regardé, comme la plupart des burlesques du cinéma muet, le tragique n'est jamais très loin du comique. Dans l'installation There's No Place Like Home l'humour convoque aussi l'angoisse. La cascade jouée en boucle devient vite terrifiante plutôt que récréative. Faute de se résoudre dans le gag, le récit suspendu installe une forme de gravité inédite. Avec cette exposition à La Box Julie-C. Fortier marque une nouvelle étape dans son travail. Ce qu'elle recher-chait dans ses performances et ses vidéos à travers une exploration méthodique des limites de la retenue et de la pose se trouve ici incarné dans des objets qui convo-quent un scénario énigmatique. L'anecdote qui aurait pu expliquer l'avant, ou annoncer l'après, garde le mystère d'une aventure secrète. Julie-C. Fortier parle de disque rayé ou d'image gelée (frozen frame) pour décrire ce qui se trame quand l'exposition semble dans le suspens d'une explosion. Et sans doute sommes-nous aujourd'hui dans cette attente.
Maria Wutz
Merci à Wilfried Augé, Mathilde Gautier, Nicolas Hérubel, Clément Jautrou, Jenny Mary, Flavien Sabassier et Yann Sérandour.
| : : : : : : : : | la box_bourges
école nationale supérieure d’art
de bourges
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_www.ensa-bourges.fr Communiqué de presse
Maria Wutz, « There’s No Place Like Home »Communiqué de presse de l’exposition There’s No Place Like Home, Galerie La Box_Ensa Bourges 2004
Roald Nasgaard, « The Portrait and the facelift » Catalogue en ligne www.kwag.on.ca, Kitchener ( Ontario, CA) 2004, page 4
Journal de voyage (extraits)par Danielle Robert-Guédon
Erlangen. Le nom est beau, il résonne entre langue et ange. Sa consonance est évidemment plus douce que celle de Nuremberg, à quelques kilomètres. David m’avait parlé d’un projet d’exposition là-bas. J’avais répondu impulsivement que je les accompagnerais volontiers.
Erlangen fait partie de ces destinations auxquelles je n’aurais jamais songé mais je n’ai guère d’imagination en la matière. En toute occasion, le pourquoi pas l’emporte, il suffit. Avec, bien sûr, l’argument facile qu’une occasion ne se refuse pas et que tout est bon pour ne pas mourir idiot. Ne pas mourir encore.
Juillet 2004.
Nous sommes neuf, nous partons pour l’Allemagne. C’est, pour ma part, la première fois que je m’y rends et je repousse de toutes mes forces les préjugés qui m’ont fait contourner ce pays jusqu’à aujourd’hui. En outre, la crainte perpétuelle d’un accident transforme mon pourquoi pas antérieur et léger en un pourquoi auquel je n’oppose même plus l’idiotie qui me guette.
Pour ne pas être accablés de chaleur, ils ont décidé de voyager de nuit, les deux voitures se suivant, chacune équipée d’un talkie-walkie qui les enchante. Denis prend le volant en habitué des nuits blanches. Il vient d’en passer deux, une troisième ne lui fait pas peur. Je prends place à ses côtés, il me parle de bleu indigo, de marins pêcheurs s’adonnant au crochet, de la belle et intelligente Hildegarde de Bingen dont il voudrait visiter le monastère. La nuit tombe, un peu de chauffage est nécessaire dans la voiture. Nous filons sous un ciel renfrogné, nous évoquons Dürer, un dodécaèdre et quelques outils, je sais presque tout de lui.
Pause sous les néons d’un bar, tous les neufs en cercle. J’observe ceux que je ne connais pas encore, ils vont contribuer au hasard heureux.
Nous reprenons la route, David a remplacé Denis au volant. Moi toujours devant, fouillant l’obscurité, les arbres noirs à droite, le profil concentré du conducteur à gauche. Je lui dis apprécier l’aisance qu’il manifeste, la constance avec laquelle il suit l’autre voiture. Il sourit, il n’a son permis que depuis trois mois, d’une main attrape le talkie-walkie :
Vous êtes sûrs qu’on est sur la bonne route ?
Non, mais c’est tout droit.
Je m’assoupis, curieusement rassurée : oui, c’est tout droit, d’une frontière l’autre, sous le même quartier de lune, les mêmes nuages menaçants, sur le même bitume. La ligne de partage est invisible, seulement un ralentissement pour passer devant le bâtiment de douane désert mais vingt mètres suffisent pour que le jour devienne tag. Mystère pour moi jamais élucidé que celui des langues étrangères.
Le jour ici se lève une bonne heure plus tôt qu’en Bretagne. Je vois défiler pins, boulots et chênes. Peu de cultures, pas de pâturages mais nous avons eu dans la nuit la vision d’un immense complexe sidérurgique, mille lumières dessinant des arrêtes vives.
C’est un dimanche à Erlangen et il pleut. Rues correctement bordées de trottoirs au carré, maisons ensommeillées. Le seul café ouvert s’appelle La Brasserie, en écriture anglaise sur fond bleu, blanc, rouge. Derrière les vitres, la poste est jaune, de ce jaune attendu et rassurant, plus emblématique que celle de Rennes photographiée par David. Nous commandons cafés et croissants. Dans les toilettes, parmi les graffiti, cette phrase : die wahrheit steckt in meinem bett. Traduction approximative, la vérité est dans mon lit. Hâte de la trouver, cette fichue vérité, d’autant que la chambre est claire, le lit fait de blanc. Murs pâles et large fenêtre donnant sur de hauts arbres, mobilier de bois massif. De bonnes proportions faites à leur carrure, du moins à celle des quelques habitants aperçus, marchant le long des rues piétonnes, s’arrêtant docilement aux feux rouges pour attendre le passage d’invisibles voitures avant de reprendre leur déambulation sous la pluie. Regardant avec étonnement notre groupe désordonné traverser la chaussée sans souci du signal érubescent. Plus d’une fois, durant le séjour, j’ai eu le sentiment que nous devions leur apparaître comme des Méditerranéens avec force gestes et volubilité. On est sans doute toujours du sud pour quelqu’un d’autre. Mais les Inuits ?
En ce dimanche, Erlangen somnole comme toutes les villes de province, l’ennui y suinte comme partout. Dans le jardin public, des familles tournent autour de la Fontaine des Huguenots érigée par les Français en 1706 pour remercier le margrave de Bayreuth, leur protecteur. Remerciement tout d’arrogance et de laideur, un empilement de figures à peine dégrossies que la ville a bien du mérite à supporter.
Quoiqu’il en soit, la femme qui nous reçoit dans le restaurant où nous entrons ne semble pas nous en tenir rigueur. Elle sourit, nous dresse une table. Etrangeté et familiarité mêlées. Sur le menu, nous tentons de repérer quelques mots allemands. J’entends Denis expliquer que sa seule préoccupation en peinture est l’apprêt, donc l’avant. Jérôme et David (j’ai dû perdre le fil de la conversation) se demandent ce
qu’est véritablement un demi-frère et dans quel sens, longitudinal ou transversal, faut-il envisager la coupe. Comme s’ils parlaient d’une frontière floue imputable à des accidents de terrain. Sébastien s’interroge sur l’opportunité d’un mur blanc ou d’un mur peint pour accrocher des œuvres. Depuis combien de temps Julie est-elle en France ? un mois, sans doute, puisque Jérôme énonce, songeur, qu’il aimerait disparaître durant ce laps de temps. On le rassure, pour un artiste, ce n’est pas difficile de disparaître, et souvent pour plus de temps qu’on ne l’aurait imaginé. Nous adoptons le rythme dominical, reprenons un café. Ils parlent encore de leurs ateliers à Rennes, rue Poterie. Qu’ils y vivent ou qu’ils y soient passés, ils s’y raccrochent comme pour vérifier la solidité d’un harnais de sécurité avant de poursuivre l’escalade. S’en défendraient si je le faisais remarquer. Je veux bien ne retenir que l’anecdote du voyeur rôdant dans le voisinage, vêtu d’un short vert brillant, torse nu, se cachant dans les buissons sous prétexte de retrouver son chat. J’aime assez l’idée de devoir se dissimuler pour observer les artistes à l’œuvre. Et d’arborer un vert brillant ou toute autre couleur à défaut de les hisser.
Ici, dominante rouge du cœur de la ville. Tuiles des toits, géraniums aux fenêtres et, les jours de marché, bannes rouges et blanches couvrant les étals. Toutefois, faibles pulsations dues peut-être à l’encombrement des artères : murs épaissis par des dizaines de poubelles, de solides réceptacles bien clos d’où rien ne suinte. Rappel d’un tri incessant et subtil.
L’objet du voyage se précise le soir-même dans un restaurant italien où nous sommes invités par les organisateurs de l’exposition. Longue tablée à laquelle on boit du vin blanc de Bavière et du vin rouge de Bordeaux. On partage avec les voisins l’inévitable bavardage commun qui ricoche telle une petite boule de flipper malmenée.. Plusieurs de nos hôtes parlent très bien le français. Quant à nous, un peu de charabia germano-anglais parsemé de grazie, voire de mille grazie à l’adresse du restaurateur. Julie, notre Canadienne française, s’exprime à merveille. Elle a un rire polyglotte. A mes côtés, Julika, parfaitement bilingue, me donne l’impression de très bien comprendre l’allemand.
Juillet 1887. Le premier livre en espéranto est publié. Louis-Lazare Zamenhof a inventé cette langue qu’il veut universelle : mots communs aux principales langues européennes, seize règles grammaticales de base, jamais d’exceptions. Zamenhof… Je m’aperçois aujourd’hui seulement que Bernard Lamarche-Vadel a donné ce nom à la ville de son roman Tout casse. Voilà à quoi me servent les voyages, à procéder par allers-retours, à mêler temps et lieux. Après tout, Voyageur universel est le titre de l’exposition.
Lundi matin.
Nous pénétrons dans le Palais Stutterheim situé sur la place du marché. En haut des marches, porte épaisse à double battants ouvrant sur une salle circulaire où alternent niches et pilastres aux motifs de biscuit. Sur la gauche, longue enfilade de petites salles qu’ils vont se répartir. Nous les arpentons lentement. Seule certitude, la salle réservée à Emmanuelle qui n’a pu nous accompagner à Erlangen. Pour le reste, il faut tenir compte de tant d’aléas qu’une réflexion s’impose, soutenue par du café. A midi, une salle est attribuée à Jérôme mais c’est déjà l’heure du déjeuner.
Déballage des œuvres et déploiement.
Tu choisis quelle salle ?
J’attends que tout le monde soit installé.
Personne ne veut aller dans la salle du fond ? C’est pourtant la seule où l’on respire.
La circulation est compliquée
Il faut pouvoir lire dans les deux sens.
Tu penses qu’un socle serait mieux ?
La valise au sol, c’est bien : on pose les valises…
Bon, alors, je commence ?
Vous croyez que je pourrai faire le noir complet ?
Ce qu’il faut éviter, c’est la scénographie.
Ya, naturlich…
L’étagère est vraiment une mise en volume du mur mais à condition qu’elle ne soit pas seule.
Je pourrais mettre une tête là, une autre ici…
Pourquoi tes lacets se défont-ils toujours ?
Parce que j’ai pris des 16 trous, j’avais peur que les 12 trous soient insuffisants. Maintenant, si je les coupe, ça va s’effilocher.
On fait le point ou on continue ?
Moi, je prendrais bien un café.
La première salle n’est pas mal…Un peu vide, non ?
Si tu regardes bien, guns and roses, c’est rock n’ roll.
… ce mec, c’est le seul qui possède des bécanes pour broyer le porphyre…
Danielle Robert-Guédon, « Journal de voyage », Semaine 45-04, n° 28, Arles : Analogues, oct. 2004.Danielle Robert-Guedon, « Journal de voyage »Semaine, N° 28 45-04, Voyageur Universel, oct. 2004
Tu vois, si t’allais par là… ça ramènerait… un peu de…
Non, il y aurait redondance.
Tu n’exagères pas un peu ?
Avez-vous besoin de matériel ?
Oui ; des flacons.
Comment dit-on flacon en allemand ?
Vous en êtes où ? ça fait un quart d’heure que je cherche un marteau.
Tu l’alignes ou tu centres ?
C’est idiot de mettre des chevilles dans un panneau de bois, ça ne sert à rien.
Aligner sur le gun ?
L’alignement, ça me plait.
Je m’échappe.
Les rues sont un peu plus animées, ça tintinnabule à tous les croisements. Les Allemands de tous âges sont des cyclistes acharnés. L’usage d’une petite remorque bâchée est courant pour transporter légumes, chiens ou enfants. Ils sont tous calmes et sérieux : mais comment s’esclaffer tout en pédalant ?
Je flâne.
Dans le magasin Müller, j’achète un crayon/baguette magique, unique de son espèce, d’évidence destiné à Emmanuelle qui sait si délicatement broder des injures sur des rubans.
Je reviens au Palais Stutterheim. La disposition de plusieurs œuvres a été modifiée, ça les réjouit beaucoup et n’empêche pas leur questionnement sur l’inter relation des œuvres
Et l’opportunité de socles qu’ils sont prêts à fabriquer et peindre, simplement pour juger de l’effet. Quant à la vitrine, elle n’a toujours pas de place définitive. Denis semble avoir une idée bien arrêtée sur le mobilier en tant que conception de l’immobilité…
Appel au secours déchirant : Nicolaaaas ! Ce n’est que Julie faisant des essais pour le son de sa vidéo.
Les photos d’Yves sont accrochées, c’est encourageant. Non. Un des Allemands vient voir où nous en sommes. A l’aide d’un doigt posé à l’horizontale sur son ventre proéminent qu’il avance contre le mur, il vérifie la hauteur de chaque photographie : c’est trop haut, c’est trop bas. C’est sans doute ce qu’on appelle avoir le compas dans l’œil et le sens de la mesure dans les tripes.
Mardi.
Gros titre des journaux allemands : La France est antisémite.
Seule chose que je comprenne. Que s’est-il passé ? Je ne cherche pas à obtenir de traduction. A notre retour, nous apprendrons le récit mythique de Marie L., sa supposée agression dans le métro. Par ailleurs, rien sur le Tour de France et les fameux paysages. Ah ! ces vues d’hélicoptère sur nos belles régions.
Mais faut-il ou non poser du papier blanc sur les étagères de la vitrine ?
Jérôme est invisible depuis des heures ; la tête dans le sous plafond, il effectue des branchements électriques.
Au milieu d’un monceau de papier adhésif, Jean-Marie transforme le couloir du fond, incluant dans son travail la lumière verte de l’issue de secours et le rouge de l’extincteur.
Julie continue d’appeler Nicolas à grands cris. (Elle nous gonfle, Julie, dit quelqu’un).
Yann a déjà peint deux schwartzkopf au pochoir. David met une dernière couche de blanc sur le socle destiné aux bracelets d’Emmanuelle.
Denis extirpe délicatement de ses boîtes des boutons de nacre. Bretons, précise-t-il. Puis un broyeur à lapis-lazuli et une sorte de cube rouge en pâte molle : La croûte de Babybel, m’explique-t-il, c’est nickel pour les tirages bronze.
C’est fou ce que j’apprends avec eux. Et en premier lieu, à garder son calme. Force est de constater que rien n’est prêt mais je comprends qu’ils aiment à se mouvoir dans une apparente vacuité. Il faut que le temps les talonne. J’admire leur sens du détail, leur refus de la précipitation, leur goût pour la fébrilité. Le dandysme avec lequel ils considèrent le déroulement des heures, le sérieux de leurs facéties. Bref, l’esprit de corps dont ils font preuve : ils tiennent à la concordance autant qu’à la simultanéité, se plaisent à partager l’enfermement dans l’enfilade des salles. Et, chaque soir, dans le restaurant italien, chinois ou espagnol, dans cette auberge dont on n’est pas sorti, ils sont prêts à recommencer l’accrochage, à tout chambouler, avec une humilité remarquable.
Mercredi.
Dernier jour à Erlangen, dernières heures avant le vernissage. Il est urgent de se rendre à Nuremberg. Urgent de nous arrêter devant un Cranach, un Dürer, un Rembrandt. De ne pas manquer l’exposition consacrée à
Suttnar. Urgent de confronter en terrasse quelques émotions.
A notre retour, Jérôme décide de rapprocher ses photographies, Yann de gonfler la coiffure d’un schwartzkopf. Il faut encore photographier l’installation, scotcher les fils sur le sol, prendre une douche, imprimer le plan de l’exposition. Déjà le traiteur arrive et tout se met en place. Si nous n’avions pas voulu accorder une importance excessive à la date, les Allemands le font pour nous : une jeune femme accroche sur les rampes de l’entrée des bouquets en crépon, dispose des serviettes sur les tables et pique de petits drapeaux tricolores sur les toasts. Bleu, blanc, rouge en notre honneur. C’est le 14 juillet en France et, ce soir, à Erlangen. Soit, nous allons fêter ensemble la prise de la Bastille et l’occupation du Palais Stutterheim.
Il faut, pour les discours, couper le son de La raison de l’âge, la vidéo d’Yves installée dans la rotonde mais c’est elle, ensuite, qui ouvre le bal. Grinçante, loin des flonflons. Violente comme la révolution qu’elle décrit, celle des âges.
Yann a investi la salle d’accueil. Rigueur et clin d’œil mêlés, indissociables sur les écrans. Celui de l’ordinateur où des couleurs organisent l’ordre d’une bibliothèque et celui de la vidéo-surveillance pointée sur la porte extérieure, près des toilettes. L’effigie de la marque capillaire (en fait, le profil de Yann) veille au-dessus du lavabo. La même s’est imposée dans la salle suivante, seule sur un mur face aux végétaux acérés d’Yves, et en contrepoint du revolver. Cactus, arme et profil noir. Oui, la révolution aussi est universelle, on reconnaît ses attributs.
Pour calmer le jeu, en apparence, Jean-Marie nous berce d’illusions, celles des couleurs géométriquement distribuées, imposées tout autant que les verticales noires du code barre peint par Yann, que les lignes de la façade postale photographiée par David.
On pourrait croire, en avançant, qu’un léger zéphyr tropical saurait adoucir les angles. De fait, les rubans pendus frémissent et les bracelets emperlés parlent de membres déliés. Bien sûr, mais à condition de fermer les yeux sur les mots créoles et définitifs dont les noirs martiniquais affublent les blancs. Ils les traitent, beau renversement. L’étoile en néon de la baguette magique, sa lumière rose ne parviennent pas à nous endormir : Emmanuelle, photographiée en métisse parvenue, impose le respect. Elle peut bien être absente d’Erlangen, elle nous rappelle à l’ordre (au désordre) de l’esclavage. Un autre schwartzkopf discret confirme l’éternel balancement entre soumission et rébellion.
Ce qu’Emmanuelle murmure, Julie le crie en boucle, ligotée et suspendue à une patère. Elle attend la délivrance, appelle Nicolas qui ne vient pas. Au début, c’est assez comique : projetée grandeur nature sur le mur, comme épinglée, les pieds à dix centimètres du sol, on se dit qu’il suffirait d’un rien pour qu’elle se libère. Mais ça dure, autant que la servitude consentie et Julie ne fait plus rire.
On est presque soulagé d’accéder à un ailleurs solide, tout inventaire et répertoire, à priori sans état d’âme. Si ce n’est que chez Denis, grand dessin ou croquis compulsifs, flacons précieux et matières nobles parlent de rareté, de techniques oubliées, de création du monde et de disparition. Là aussi, le schwartzkopf pointe son nez, tel le diable, toujours où on l’attend le moins.
Qu’à cela ne tienne, il y aura toujours des roses. Mais celles du Thabor, photographiées par David, sont en plein soleil, visées par un « gun » appartenant à Yves, sous un ciel implacable : scène de film noir.
Jean-Marie parvient à établir une transition stridente, forte et pointue, entre le jardin menacé de David et le parcours urbain de Jérôme. Ce n’est pas le moindre de ses mérites. Ses lignes et ses aplats transfigurent le lieu et maintiennent en alerte.
Suivre Jérôme, c’est marcher sur la tête et tourner en rond. L’espace obscur qu’il nous concède ne sert qu’à nous faire rebondir contre les parois quand le sol ne se dérobe pas sous nos pieds. Il n’y a plus de doute, le fil conducteur entre eux tous est une histoire d’équilibre et d’aplomb. Jérôme s’obstine, photographies à l’appui. Si épouser l’obstacle plutôt que le contourner est une posture inconfortable, c’est aussi une manière d’avancer.
Jusqu’à un autre écran, dans le fond du couloir. David a placé là une collision de formes et de couleurs mouvantes, juste avant la dernière salle, la seule à être pourvue d’une fenêtre, mais opaque et fermée. Lumière blanche sous laquelle Sébastien a installé ses constructions. Au mur, une sorte d’étagère prétexte à l’eurythmie, juste répartition des lignes, des pleins et des vides que la présence de livres, plus exactement de l’idée de livres, ne dénature en rien : Yann y a posé des tranches de bois colorées, hommage aux écrits de Donald Judd. Au sol, une valise ouverte contenant un labyrinthe blanc, comme un résumé de l’exposition.
Et je songe à la phrase de Wagner : La musique commence là où s’arrête le pouvoir des mots.
Kurt Jauslin, « Die Vergänglichkeit der künstlerischen Erscheinung »Erlanger Nachrichten, Erlangen (DE), samedi le 17 juill. 2004
« Akut Kuratiert, Mak Nite » (entretiens avec Christine Baernthaler, Podrom)St/A/R Magazine, Vienne (AT), 2004
Jason Arsenault, « Déphasage : le corps comme matière dans l’œuvre d’autofiction »Musée régional de Rimouski (Québec, CA), 2004
Paul Couillard, « May 24, day two »Latitude 53 News, Edmonton, 24 mai 2003, http://www.latitude53.org/main/news/daytwo.html, page 3
Bernard Lamarche, « Arrêt par l’image »Le Devoir, Montréal, samedi 11 mai 2002
Ingrid Mueller, « Julie_on_line » Arts Atlantic, no71 celebrating 25 years, Halifax, (Nouvelle-Écosse, CA), Spring 2002, p.85
Claudine Hellweg, « Julie in the Box »2001 Stichting World Wide Video Festival, n°19, Amsterdam 2001, pp.130 à 133
Monique Langlois, « Etre vidéaste de la relève à l’ère des nouvelles technologies »Cinébulles : revue de cinéma, vol. 19 no 1, Montréal, automne 2000, pp.58-59
Nicolas Thély, « À bout de souffle »Turbulences vidéo art actuel, no 26, Clermont-Ferrand, Vidéoformes, janv. 2000, pp.12-13