Download - ISRAEL ET LA DEMOCRATIE
1
L’Election Directe du Présidente de l’Israël entre 1990 et 1994
Le phénomène politique et, en particulier, sa manifestation en chaque communauté
constitue un processus complexe. Pour comprendre la réalité politique d’un peuple il est
donc précis de connaître son système politique, c’est-à-dire la base sur lequel ce peuple
s’organise et repose.
L’actuel Etat d’Israël c’est le résultat de siècles d’histoire et d’héritage juif, ce qui fait de lui
un Etat-nation soutenu par un groupe ethnique et religieux unique et par le sionisme, qui
marque tous les aspects de la vie nationale. Au même temps, l’Israël est le résultat des
forces et des événements transcendantaux du XIXème et XXème siècle, qui incluent deux
guerres mondiales et l’holocauste.
Quand on parle de démocratie on fait référence aux pays organisés sous un régime constitutionnel
démocratique. Ainsi, le constitutionalisme c’est le produit politique et juridique du triomphe de la
pensée libérale face à l’absolutisme et aux autoritarismes. Dans ce sens, le constitutionalisme a
comme raison d’être et comme but la limite du pouvoir publique et la garantie des droits
fondamentaux des personnes, par la subordination à la loi. D’ici, que ses principes les plus
importantes soient la division du pouvoir politique, afin de créer un système de control et
d’équilibre entre les différents organes de l’Etat, et le control sur la constitutionnalité des actes de
l’autorité, afin de garantir les droits fondamentaux, établis dans la Constitution, des citoyens face
au pouvoir publique.
Le constitutionalisme démocratique est, en conséquence, un régime politique et juridique dans
lequel , en plus d’établir des limites au pouvoir publique et garantir les droits des gens, les
organes du gouvernement doivent être populaires, c’est à dire, doivent exprimer le principe de
gouvernement du pueblo conforme au sens étymologique de la démocratie. Donc, dans la mesure
que les sociétés modernes, par leur dimension y complexité, ne permettent pas l’idéal classique du
gouvernement direct du peuple, la démocratie moderne a été représentative, c’est à dire , le
gouvernement du peuple par ses représentants. Ainsi, en résumé, le constitutionalisme
démocratique peut se définir aujourd’hui comme un système politique avec la division des
pouvoirs, des garanties individuelles et des organes de gouvernement de représentation populaire.
Un régime constitutionnel démocratique peut adopter différents façons ou systèmes de
gouvernement. Les deux plus importants sont le présidentiel et le parlementaire, et si bien à
l’intérieur d’eux existent diverses modalités voir même un système hybride ou mixte qui prend des
2
éléments de l’un et de l’autre –c’est le cas du semi-présidentialisme français-, ce qui est certain c’est
que chacun a des éléments caractéristiques, lesquels peuvent se résumer ainsi :
Dans le système Présidentiel
Le président est, à la fois, chef d’Etat et chef de gouvernement
L’élection du Président est direct ou semi direct (c’est le cas des Etas Unis).
Le chef du gouvernement et son cabinet ne sont pas désignés ou ne sont pas remués par l’organe
parlementaire sinon par le Président même.
Le pouvoir Exécutive et Législatif sont clairement séparés.
Dans le système parlementaire :
Le chef d’Etat et le chef de gouvernement ce sont des personnes différentes (dans les monarchies
parlementaires, comme la Grand Bretagne, le roi c’est le chef d’Etat)
Les membres du Parlement sont élus par soufrage populaire.
Le chef de gouvernement et le cabinet sont désignés et peuvent être remués par le Parlement
Les pouvoirs Exécutive et Législative ne sont pas séparés; bien au contraire se partagent.
L’État d’Israël, c’est une démocratie de type parlementaire. En effet, l’Israël c’est une république
parlementaire multipartite et une démocratie libérale qui a adopté le suffrage universel, principe
d'expression de la volonté populaire, qui est le vote de l'ensemble des citoyens. Il fonde la
souveraineté du peuple dans un régime démocratique.
D’après l’historien Shlomo Ben-Ami il y a une nuance entre Etat juif et Etat des citoyens. « Cette
expression a été utilisée pour la première fois par Itzhak Rabin, en 1996, dans un discours prononcé à
Nazareth. Il parlait d’un Etat juif et d’un Etat des citoyens. Azmi Bechara ne parle pas d’un Etat juif, il
parle seulement d’un Etat des citoyens, c’est-à-dire qu’il élimine toute spécificité juive de l’Etat
d’Israël. C’est une différence très importante. Pour lui, l’Etat juif est en lui-même illégitime. Il ne veut
qu’un Etat des citoyens. Il refuse au judaïsme tout rôle politique. Il soutient un Etat laïque. Itzhak
Rabin a fait beaucoup pour améliorer la situation économique des Arabes. C’est le Premier ministre
qui a commencé à changer cet aspect des choses. Il a augmenté les investissements et les budgets
nationaux destiné aux Arabes parce qu’il fallait réconcilier la judaïté de l’Etat et les citoyens arabes.
C’est lui qui a inventé la corrélation entre Etat juif et Etat des citoyens. C’est lui qui a créé les
allocations familiales pour tous les habitants arabes du pays. Auparavant, ces allocations étaient
3
allouées uniquement à ceux qui faisaient l’armée. Il a ainsi tente d’établir l’Etat des citoyens. Il a
étendu ce système. C’était un pas important.
L’Etat de tous les citoyens s’exprime à travers l’ouverture la plus large des possibilités publiques, en
particulier l’égalité des chances dans la formation, l’éducation, mais également dans l’économie,
dans les emplois, dans les moyens accordés pour la mise en place d’infrastructures. »
Israël n’a pas de constitution écrite mais s’appuie sur les principes énoncés dans la
Déclaration d’indépendance de 1948 et sur les 14 lois fondamentales adoptées par la
Knesset. L’unique chambre de son Parlement est la Knesset (Assemblée) dont les 120
membres ou députés siègent à Jérusalem et sont élus pour un mandat de quatre ans. Le
Knesset c’est le parlement monocaméral de l'État d'Israël. Le président de la Knesset préside
les séances, contrôle les dépenses parlementaires et contresigne les lois déjà signées par le
Président de l'État et le Premier ministre. Par ailleurs, il est le deuxième personnage de
l'État, dans la mesure où il remplace le Président de l'État en cas de démission ou de décès.
Le mode d'élection de la Knesset est un scrutin proportionnel plurinominal, se déroulant en
une seule circonscription constituée par le territoire israélien. Cette dernière particularité
fait que certains grands partis politiques peuvent présenter jusqu'à 120 candidats sur une
liste. Pour qu'un parti obtienne au moins un siège, il faut qu'il ait atteint une proportion
minimum de voix.
En tant que parlement, la Knesset est la détentrice du pouvoir législatif, mais aussi d'un
pouvoir de contrôle sur le pouvoir exécutif. Ainsi elle : vote les lois, le budget, contrôle le
gouvernement, élit le président de l'État et son contrôleur et peut censurer le
gouvernement. Le président est élu par la Knesset. Ses pouvoirs sont à caractère
représentatif. Il se concentre principalement sur les questions de politique étrangère: la
signature des traités ratifiés par la Knesset, la nomination des diplomates et des consuls,
reçoit des diplomates étrangers et des subventions exequatur des consuls étrangers. Le
président a le pouvoir d'accorder le pardon et de commuer des peines des prisonniers dans
des cas particuliers. Nomme également les juges, appelés dayanim, qui président les
tribunaux religieux juifs et Kadis, par des tribunaux religieux musulmans et le gouverneur de
la banque centrale, la Banque d'Israël.
4
Le président signe les lois adoptées par la Knesset, à l'exception de ceux qui sont liés à leurs
propres facultés et pouvoirs. Tout document signé par lui doit également être signé par le
Premier ministre. En ce qui concerne la formation des gouvernements, l'intervention du
Président est la clé. Après l'élection, ou dans des cas extrêmes dans lesquels le premier
ministre décède ou démissionne-Israël et a vécu les deux cas, le président consulte les
représentants des différents partis de la Knesset et est élu membre de se former un nouveau
gouvernement. En règle générale, le membre désigné est le chef du plus grand Parti à la
Knesset. Le président reçoit également la démission du gouvernement, à une position
publique de prestige, fait des visites d'Etat à d'autres pays et ouvre la première session
parlementaire. En tant que parlement, la Knesset est la détentrice du pouvoir législatif, mais
aussi d'un pouvoir de contrôle sur le pouvoir exécutif. Ainsi elle : Vote les lois, le budget,
contrôle le gouvernement, élit le président de l'État et son contrôleur et peut censurer le
gouvernement. Le chef d’État est le Président d’Israël qui n’a essentiellement qu’une
fonction honorifique. Il désigne le Premier ministre dans le parti ou la coalition majoritaire à
la Knesset afin que celui-ci compose son gouvernement.
Le président, une fois élu par la Knesset, a des pouvoirs à caractère représentatif. Il se
concentre principalement sur les questions de politique étrangère: la signature des traités
ratifiés par la Knesset, la nomination des diplomates et des consuls, reçoit des diplomates
étrangers et des subventions exequatur des consuls étrangers. Le président a le pouvoir
d'accorder le pardon et de commuer des peines des prisonniers dans des cas particuliers.
Nomme également les juges, appelés dayanim, qui président les tribunaux religieux juifs et
Kadis, par des tribunaux religieux musulmans et le gouverneur de la banque centrale, la
Banque d'Israël. Le président signe les lois adoptées par la Knesset, à l'exception de ceux qui
sont liés à leurs propres facultés et pouvoirs. Tout document signé par lui doit également
être signé par le Premier ministre. En ce qui concerne la formation des gouvernements,
l'intervention du Président est la clé.
Le chef d’État est le président d’Israël a essentiellement une fonction honorifique. Il désigne
le Premier ministre dans le Parti ou la coalition majoritaire à la Knesset afin que celui-ci
compose son gouvernement ou dans des cas extrêmes dans lesquels le premier ministre
décède ou démissionne. En règle générale, le membre désigné est le chef du plus grand
Parti. Le président reçoit également la démission du gouvernement, il a une position
5
publique de prestige, fait des visites d'Etat à d'autres pays et ouvre la première session
parlementaire.
D’autre part, c’est important de connaître les Partis politiques qui ont une grande influence
dans de l’Etat d’Israël afin de mieux comprendre leur rôle :
Le Parti travailliste, israélien est un parti politique de centre-gauche. C'est un Parti
sioniste social-démocrate, membre de l'Internationale socialiste et membre observateur du
Parti socialiste européen. Le Parti travailliste israélien est fondé en 1968. Jusqu'en 1977, tous
les Premiers ministres d'Israël étaient membres du mouvement travailliste.
Le Likoud, est un parti politique sioniste israélien de tendance nationaliste, avec des
éléments à la fois de la droite conservatrice et de la droite libérale. Il fut créé en 1973. Il
remporte les élections en 1977 et met ainsi fin à un demi-siècle de domination de la gauche
sioniste sur le Yichouv ; terme utilisé par les Juifs, pour désigner l'ensemble des Juifs
présents en Palestine avant la création de l'État d'Israël ; puis sur l'État d'Israël. Le Likoud
participe au gouvernement israélien de 1977 à la fin 2005, sauf entre 1992 et 1996, puis
entre 1999 et 2001. Au début des années ’90 le Likoud était principalement composé par
trois groupes : celui de Yitzhak Shamir et Moshé Arens, membres fondateurs du parti, le
parti de David Levy et celui d’Ariel Sharon. Cette année –là, le Parti Likoud reçoit un coup
fort car il ne gagne rien que 32 sièges. Shamir y Arens, annoncent leur retraite de la vie
politique. La vision révisionniste du Likoud du "Grand Israël" fut très critiqué, puisque ce
n’était pas la réponse pour finir avec le conflit avec les palestiniens. Comme une mesure
de réforme , le Likoud décide alors faire de même que les travaillistes et d’employer le
système de présélection pour élire le nouveau leader du Parti puisque les candidats au
Knesset: les membres du Parti pourraient voter par les délégués à la Convention National,
ensuite au successeur du leader du Parti et finalement voter pour la liste de candidat au
Knesset. Dans les années quatre-vingt et les années quatre-vingt-dix le Parti Likoud
devient fort avec les alliances faites avec de petits groupes séculaires de centre droit
Tzomet, Tehiya et Moledet, lesquels considèrent que las frontières internationales du
pays sont celles de l’Israël Historique et ils sont en désaccord avec la position des
travaillistes de négocier avec les territoires.
6
Kadima, « En avant » en français, est un Parti politique israélien créé par Ariel Sharon le 21
novembre 2005. Son orientation est centriste sur les critères de l’échiquier politique
israélien, et son slogan est « On continue de l’avant ! ». Il est membre observateur de
l’Alliance mondiale des Démocrates.
Entre 1986 et 1992, la position dominante du Likoud au sein du gouvernement de coalition
ne permet jamais au ministre des Affaires étrangères Peres – en 1986 Itzhak Shamir
redevient Premier ministre-de saisir la dernière chance de régler le problème palestinien par
la solution jordanienne. Celle-ci implique de rétrocéder la plus grande partie des territoires
occupés au royaume de Jordanie.
Le manque de réalisme des dirigeants du Likoud, qui n’envisagent pas de solution au
problème palestinien en dehors du Grand Israël, amène le soulèvement de la jeunesse
nationaliste palestinienne- l’intifada (le rejet)-dans les territoires occupés(1988). Devant
donner un projet réaliste aux combattants de l’antérieur, OLP, réunie à Alger, vote en faveur
de la création d’un Etat arabe palestinien sur une partie du territoire de l’ancien Mandat
britannique, à cote d’Israël (novembre 1988).
Pour solutionner le problème palestinien dans le cadre du Grand Israël, le Likoud de Shamir
et ses alliés présentent un projet impliquant une forme d’apartheid (1989). Il est prévu que
les Palestiniens dans les territoires « libérés » formeront de petites entités autonomes
coupées les unes des autres par les terres rattachées aux implantations juives. L’autonomie
sera de type municipal. Leurs habitants seront considérés comme des étrangers de
nationalité jordanienne et n’auront donc, dans le Grand Israël, aucun des droits politiques
rattaches a la citoyenneté israélienne. En fait ce que propose le Likoud c’est de créer des
bantoustans-territoires autonomes pour les indigènes de l’Afrique du sud au temps de
l’apartheid-en donnant à leur habitants un statut un peu semblable à celui des dhimmis,
c’est-à-dire des étrangers protégés. Notons que l’interdiction faite par les autorités
israéliennes a ses citoyens de rencontrer, dans un but politique, des membres de l’OLP ou de
se trouver avec eux dans une même salle, rappelle étrangement l’attitude arabe a la
conférence de Londres en 1939.
Pour contrer l’impact qu’a produit sur l’opinion publique mondiale l’acceptation par l’OLP du
partage de la Palestine en deux Etats (Alger, novembre 1988), le gouvernement du Likoud
7
décide de sortir de son immobilisme. Il propose ce que l’on a appelé le « plan Shamir ».
Celui-ci implique, entre autre, l’élection par les habitants des territoires occupes, à
l’exception de Jérusalem, d’une délégation palestinienne pour discuter de l’introduction
d’une certaine forme d’autonomie dont il ne divulgue pas la nature.
A l’initiative du gouvernement américain, appuyé par le gouvernement égyptien, une
conférence internationale présidée par les Etas Unis et l’Union Soviétique, est envisagée
avec la participation des pays arabes en guerre avec Israël.
Le gouvernement américain, persuadé du refus du gouvernement Shamir de participer en
toute bonne foi à tout processus de paix sérieux, commence à prendre des mesures
économiques contre Israël dans le but de bloquer la colonisation des territoires occupés. Le
Secrétaire d’Etat James Baker en vient à conclure qu’il faut créer les conditions entrainant la
chute de Shamir pour permettre un règlement pacifique du conflit israélo-palestinien.
L’occupation du Koweït (1990-1991) par l’Irak retarde la Conférence, qui finalement s’ouvre
à Madrid le 30 novembre 1991.L’OLP, fortement affaibli à la suite de son alliance avec
Saddam Hussein, est représenté par des palestiniens inclus dans la délégation jordanienne
La délégation israélienne ne sait pas saisir l’occasion d’engager des conversations franches et
loyales en faisant des propositions raisonnables en ce qui concerne les territoires occupés.
Comme devait le dire plus tard Itzhak Shamir, son but à Madrid était simplement de gagner
du temps pour renforcer la présence juive les territoires occupés et ainsi rendre leur
rétrocession impossible. C’est bien ce que ressent la majorité des israéliens qui aux élections
de juin de 1992, élisent une coalition formée par le parti travailliste d’Itzhak Rabin et le
MERETZ de Shulamit Aloni. Son programme politique, approuve par les partis représentant
la minorité arabe, tient compte de la présence et des revendications du peuple palestinien à
l’ouest du Jourdain.
Les accords d’Oslo (30 aout 1993), préparés sous le contrôle du président Arafat, du ministre
des Affaires étrangères Shimon Peres et du nouveau Premier ministre Itzhak Rabin, sont
signes à Washington. Ils mettent un terme au rêve du Grand Israël en reprenant en fait les
accords de Camp David acceptés, en leur temps, par le gouvernement Begin et refusés par
l’OLP. Prévoyant, dans l’attente d’une solution définitive d’ici 1999, une autonomie
territorial pour les palestiniennes en Cisjordanie et dans la bande de Gaza – et
8
immédiatement à Jéricho et dans la bande de Gaza-, ces accords préfigurent l’émergence
d’un Etat palestinien à côté d’Israël.
L’opposition absolue du Likoud et des partis religieux aux accords d’Oslo et la campagne de
haine menée par le Likoud : Le nouveau Gouvernement préside par Benjamin Netanyahu
prend immédiatement des mesures pour remettre en cause les accords d’Oslo.
Fondamentalement, c’est l’idéologie du Grand Israël qui guide la politique des autorités
israéliennes. Jamais un gouvernement dirigé par le Likoud n’acceptera de créer les
conditions territoriales permettant l’émergence d’un Etat palestinien viable.
Le but de Rabin, de permettre aux peuples israéliens et palestiniens de vivre en bonne
entente dans deux entités politiques indépendantes, est abandonné.
En 2001 Shalomo Ben-Ami, ancien ministre des Affaires étrangères d’Israël considérait que
puisque ayant changé le système électoral a de nouveau, il soutenait ce changement, car il
pensait qu’il était important de revenir au système parlementaire ; peut-être doit-on
cependant le modifier pour l’améliorer – disait-il- D’après lui, Il n’y avait qu’un seul
élément qui justifiait l’ancien système d’élection directe, mais il était très important pour
lui : « c’était le seul système par lequel un candidat de la gauche pouvait gagner les
élections et accéder à la fonction de Premier ministre. Avec le système actuel, il est
presque impossible pour un candidat du parti travailliste de devenir Premier ministre. «
En effet, -disait-il- la structure socio-ethnique de la société est telle que l’on aura toujours, si
les choses ne changent pas de façon dramatique, une majorité naturelle de droite. Mais ici,
la droite maintenant n’est pas seulement celle qui se définit en fonction de sa position par
rapport aux territoires. Ainsi, le Parti religieux des orthodoxes ashkénazes n’est pas très
extrémiste sur les territoires, mais il est de droite parce qu’il a un programme religieux que
le Parti travailliste n’a jamais su intégrer. Lors des prochaines élections, le bloc de la gauche
ne peut pas avoir une majorité à la Knesset. C’est impossible –disait l’ancien ministre- «
C’est pour cela que l’on doit refonder le Parti travailliste avec le concept d’une coalition de
minorités. » Si le Parti travailliste veut être un grand Parti à la Knesset et permettre à son
leader d’être le prochain Premier ministre, il doit s’éloigner de sa base traditionnelle. Le Parti
travailliste est le dernier souffle de l’ancien israélisme, celui des kibboutzim, des mochavim,
du nord de Tel-Aviv et de la société embourgeoisée. La société israélienne aujourd’hui est
9
tout à fait autre chose. On a connu ici ce que Ortega y Gasset appelait une rébellion ou une
révolte des masses. Or le Parti travailliste est une enclave de l’ancien israélisme. S’il veut
demeurer un grand Parti dans la Constitution naturelle que nous avons maintenant, qui est
celle du multiculturalisme, le parti doit être un reflet de cette réalité kaléidoscopique de la
société. Il doit être construit comme une alliance de minorités. Il doit comporter un élément
russe important, un élément oriental traditionaliste, etc. Pour parvenir à un
renouvellement du Parti travailliste, on doit réunir à travers une nouvelle éthique tous les
groupes sociaux.
En effet, avant de parler de cette étique, on doit développer une nouvelle attitude à l’égard
des Partis traditionalistes et de la religion. Les Pères fondateurs n’ont jamais compris que la
laïcité n’a jamais existé chez les Orientaux. La laïcité est une idée occidentale. Elle vient de la
Révolution française, de l’émancipation, de toute l’histoire moderne de l’Europe. Chez les
Juifs orientaux, le concept de laïcité n’a jamais existé. Même ceux qui n’étaient pas
religieux d’une façon orthodoxe avaient une sensibilité orientée vers la tradition, la religion,
l’héritage de leur famille, etc. La laïcité des Peres fondateurs, puis du Parti travailliste qui a
suivi, avait aliéné totalement les juifs orientaux. Donc, on doit admettre qu’il n’existe pas de
contradiction entre un travaillisme moderne et le judaïsme light- non orthodoxe-qui est
cependant un judaïsme de la synagogue, non pas seulement de la réflexion philosophique,
mais un judaïsme réel pratiquant. Chez nous, - disait l’ancien ministre Shlomo Ben-Ami-on
n’a jamais réfléchi à la question de savoir comment on pourrait concilier le socialisme et les
aspirations ou les rêves religieux, qui ont animé un nombre très important d’immigrants.
D’ailleurs, la social-démocratie n’a jamais existé ici. Il faut bien préciser, que c’est une
nuance très importante. Oscar Wilde disait : « la différence entre la civilisation et la
barbarie, c’est la nuance » La force qui a inspiré le socialisme israélien était le rêve de créer
un Etat moderne et l’utopie –le kibboutz, le mochav, la Histadrout – d’une société modèle.
L’éthique d’un travaillisme renouvelé doit être une éthique d’égalité des chances. Celle-ci est
au principe de ce qu’on appelle « une révolution de possibilités. » Avoir une éthique de
l’égalité des chances pour les Israéliens de différentes cultures, c’est développer des
faisceaux de possibilités dans l’emploi, l’éducation, les services sociaux. Il n’existe pas
aujourd’hui une claire vision des possibilités que les Israéliens pourraient avoir dans cette
société en vue de développer leurs qualités et leurs potentialités pour prendre une place
10
dans le rêve israélien. La seule façon possible de concilier l’état juif, la judaïté de l’Etat, et
l’Etat des citoyens est l’accès libre et égal aux institutions de l’Etat, aux droits et aux
possibilités publics. C’est sorte de patriotisme qu’il faut développer. Aujourd’hui, il faut
avouer que les citoyens arabes d’Israël n’ont aucune raison d’accepter le patriotisme
israélien, parce qu’il n’existe pour l’instant qu’un patriotisme juif. On comprend le sérieux
dilemme des Arabes. Il faut donc développer une nouvelle forme de patriotisme, celui de la
Constitution, sans abandonner pour autant le caractère juif de l’Etat. Des personnes de droit
ont émis l’idée de changer l’hymne national ou, plus exactement, de lui ajouter une strophe
qui exprimerait cet élément de participation égale des Juifs et des Arabes dans un Etat de
droit constitutionnel. C’est une bonne proposition, c’est là qu’il faut chercher le point
d’équilibre.
La réconciliation ne pourra se faire que quand la guerre de leur Etat contre leur peuple
sera finie. Ce n’est pas seulement que l’Etat d’Israël qui ne leur permet pas de faire le
service militaire, mais les citoyens arabes qui ne veulent pas non plus. Un membre arabe de
la Knesset ne pouvait pas participer à la Commission de défense nationale et de politique
étrangère. Il convient d’éviter de mettre les citoyens arabes dans une situation impossible,
celle de devoir lutter contre leur peuple, on doit faire une distinction entre un Etat juif, c’est-
à-dire un Etat qui a été créé pour les Juifs, un Etat qui est le résultat de l’histoire juive
comme un retour des Juifs dans leur patrie historique, et un Etat religieux. Le premier
exprime les droits des Juifs, non pas comme religion, mais comme nation. Il y a là une
différence fondamentale. C’est Itzhak Rabin qui a créé les allocations familiales pour tous les
habitants arabes du pays. Auparavant, ces allocations étaient allouées uniquement à ceux
qui faisaient l’armée. Il a ainsi tenté d’établir l’Etat des citoyens. Il a étendu ce système.
C’était un pas important. On doit créer de même un patrimoine commun à tous les citoyens
de ce pays, de sorte que les Arabes puissent être amenés à se considérer véritablement
comme citoyens de l’Etats d’Israël, qu’ils considèrent celui-ci come exprimant leur
citoyenneté, que leur citoyenneté comme Israéliens fasse sens pour eux. Rabin a sans doute
été l’un des meilleurs chefs de gouvernement qu’Israël n’ait jamais eu. Il a été un véritable
révolutionnaire dans le domaine de l’éducation, dans le développement des infrastructures,
de l’économie aussi bien que dans la mise en œuvre du processus de paix. Mais le processus
de paix est si impitoyable qu’il a détruit tous ceux qui s’y sont impliqués. Avant qu’il ne soit
11
assassiné, Rabin devançait Nétanyahou dans les sondages. Ce n’est pourtant pas son
assassinat qui a fait perdre le pouvoir aux travaillistes, mais la situation de crise avec les
Palestiniens : les attentats. Ceux-ci continuaient, y compris pendant le déroulement des
négociations où les Palestiniens obtenaient des concessions importantes. C’est un film que
l’on a déjà vu. Peut-être Rabin aurait –il lui-même perdu les élections en 1996, s’il n’avait pas
été assassiné. La question des Arabes israéliens est centrale pour l’avenir de cet Etat. Lors
des événements récents, les Arabes israéliens n’ont pas donné l’impression de considérer
Israël comme étant leur Etat. De même, leur représentation à la Knesset n’est pas le reflet
de la réalité sociale : dix ou douze Arabes israéliens y siègent, mais ce nombre ne signifie pas
pour autant une véritable intégration de la minorité arabe à la société israélienne. En Israël,
les socialistes ont créé l’Etat, créé les infrastructures économiques, créé un système
corporatiste qui prétendait représenter à la fois le système économique en général et
l’intérêt des syndicats. Ils contrôlaient trente-cinq pour cent de l’économie israélienne, et
prétendaient en même temps représenter les travailleurs. C’est la bourgeoisie qui a donné ici
son sens à la gauche, et cela signifiait vouloir abandonner les territoires. Le gauchisme, par
exemple, ne s’est encore jamais exprimé à travers les questions sociales, mais uniquement
par l’attitude à l’égard des territoires palestiniens.
En résumé on peut dire que dans le système politique israélien, il y a quelque défaillance
qui détermine le fonctionnement problématique et instable de sa vie politique. Il s'agit d'une
série de facteurs tels que la fragmentation de la société, la naissance de Partis représentant
les intérêts sectoriels, la division des grands jeux en groupes et sous-exigence minimale pour
entrer au Parlement, qui permet l’élection de très petits Partis politiques. Et surtout il faut
considérer qu’un vote de no confiance peut conduire à la crise politique soit interne soit sur
la politique international. Tel était le cas lorsque le pays n’était pas prêt aux élections
directes ce qui a provoqué plusieurs problèmes surtout le ralentissement du processus de
paix qui avaient déjà commencé à Oslo.
Pour conclure il faudrait intégrer les Arabes à l’idée de l’Etat, il faut une éthique
communautaire par laquelle la participation à l’Etat ne s’exprime seulement par le service
militaire (p.ex. la posture des Etats- Unis face au service militaire et les étrangers) mais aussi
à travers des engagements idéologiquement neutres comme le service communautaire.
Généralement l’idée du patriotisme traditionnelle est liée à la transformation du citoyen en
12
soldat. Or, l’état d’Israël ne permet pas non seulement aux israéliens arabes l’accès au
service militaire mais encore les citoyens arabes ne le veulent pas non plus. La décision de
l’état de ne pas obliger les jeunes Arabes à servir dans l’armée repose sur deux raisons. La
première tient à ce qu’il fallait éviter de mettre les citoyens arabes dans une contradiction
tragique. Je vous l’ai dit tout à l’heure, la guerre entre nous et les Palestiniens est une guerre
qui met les israéliens arabes dans une situation ou leur état est en conflit avec leur peuple.
La seconde raison tient à ce que l’engagement militaire suppose le secret et qu’il ne serait
pas raisonnable de se mettre dans une position ou ces secrets seraient communiques aux
adversaires. C’est la raison pour laquelle, jusqu’à très récemment, un membre arabe de la
Knesset ne pouvait pas participer à la Commission de défense nationale et de politique
étrangère. Cela veut dire que, dans cette situation très complexe, l’Etat éprouve une
certaine méfiance à l’égard de ses citoyens arabes. Mais si la situation change, la méfiance
disparaitra, du moins peut-on l’espérer. En autre, il convient d’éviter de mettre les citoyens
arabes dans une situation impossible, celle de devoir lutter contre leur peuple. Il serait tout à
fait néfaste de créer une crise d’identité chez eux. À l’inverse : un Etat arabe, avec un grand
nombre de citoyens juifs, qui serait en guerre avec un Etat juif. Cet Etat arabe prendrait
inévitablement les mêmes mesures.
Le dilemme des Juifs est que leur religion c’est la religion d’une nation et qu’il faut
néanmoins éviter l’apparition d’un nationalisme religieux. Il faut trouver un équilibre entre
une nation dont la religion a défini l’identité historique et le nationalisme religieux. Quand
on parle de l’Etat juif on ne parle pas d’un Etat religieux ni confessionnel. C’est l’Etat des Juifs
et ainsi doit organiser la coexistence des différentes identités, tout en maintenant la
prédominance des Juifs. Les autres peuples vivant sur ce territoire doivent avoir les mêmes
droits que le peuple juif. Peut-être il faudrait créer un patrimoine commun à tous les
citoyens de ce pays, de sorte que les Arabes puissent être amenés à se considérer
véritablement comme citoyens de l’État d’Israël, qu’ils considèrent celui-ci comme
exprimant leur citoyenneté, que leur citoyenneté comme Israéliens fasse sens pour eux. Il
faut peut-être créer un nationalisme israélien, comme corrélat du patriotisme
constitutionnel. Il faut certes admettre que ces autres peuples ne peuvent pas assimiler la
mémoire juive. La solution doit donc se trouver du côté de la création du nouveau
patriotisme constitutionnel évoqué auparavant. La Constitution sera le lien central entre les
13
citoyens non juifs et l’Etat. C’est là qu’ils trouveront l’expression définitive de leur
appartenance à l’Etat. Pour le développement de l’égalité entre citoyens juifs et arabes, il
faut une réconciliation entre la judaïté de l’Etat et le fait que l’une de deux nations qui
forment cet Etat n’accepte pas la mémoire et la mythologie de l’israélisme juif, mais veut y
vivre, selon sa mémoire et sa mythologie propres, et y avoir des droits.
.