Download - Et si on essayait le non-jugement ?
Et si on essayait le non-jugement ?
Cécile Bolly, 6 février 2010
Apprendre à dire seulement ce qui est
Jugement spontanéPéjoratifCul-de-sac
Jugement réfléchi, éclairé
Emotions
Recherche de sens, priorités
Accueil des émotions Conscience de soi Perception de ses états intérieurs Fondement de la confiance en soi Fluidité (capacité de remettre à plus
tard) Empathie (capacité à se mettre en
phase) Capacité à faire des choix éclairés
Pour comprendre et pour établir un changement :
distinguer le temps de l’accueil et le temps de l’analyse
Ce qui « nous joue des tours » … : les interprétations les projections les préjugés …
« Oh, avec ce médecin-là, c’est toujours la même chose … »
« Si tu pleures comme ça chaque fois qu’un patient va mal, tu ferais mieux de changer de métier … »
« Ah, c’est toi qui viens de la p’tite réa ! …
Vous avez quand même des cas ?… »
« Si on le laisse rentrer à domicile, il ne sera sûrement pas si bien soigné… »
« Je n’oserais jamais retéléphoner au médecin, il va sûrement me prendre pour une folle … »
« Il faudrait aller parler avec Madame M., mais je vous plains, parce que le service social est déjà sur l’affaire … »
Rester dans le jugement, c’est prendre un grand risque de cul-de-sac !
de fuite …
d’encombrement, de lourdeur
Un outil : Tiens !
Un jugement peut être un obstacle …
…mais on peut en faire une occasion (Kairos) !
Ce qui importe,
- c’est de prendre conscience de ces moments de jugement
- de chercher à aller au-delà
Et de le faire sans se juger !
Ne pas rester dans le « il » ou « elle »
Oser aller dans le « je » !
Ce qui donne envie d’écouter
Je sais SAVOIR Je sais que NON-SAVOIR je ne sais pas (ou je crois que sais) J’ai envie de savoir Je prends POUVOIR Je donne ECOUTEle pouvoir la parole
ECOUTER POUR ENTENDRE - paroles- silences- non-verbal
POUR COMPRENDRE MONTRER QU’ON ECOUTE - attitude - regard - parole
l’empathie prolonge l’écoute POUR QUE L’AUTRE PUISSE SE COMPRENDRE, SE SENTIR EXISTER POUR QUELQU’UN, ET CONTINUER A CHEMINER.
La finalité de l’écoute
FEED-BACK EMETTEUR -------------------- RECEPTEUR MESSAGE
CODE ECHO
Qu’est-ce qu’il vit ?Que ressent-il ?
Qu’est-ce que je vis ?
- L’accueillir- L’exprimer- Le travailler
- L’aider à l’accueillir- Lui permettre de l’exprimer- Proposer une suite
- TJRS ici et maintenant- PARFOIS ici et
maintenant- JAMAIS ici et maintenant
« Il » ou « Elle »
« Je »
Jugement spontané
Emotions
Cul-de-sac
Mouvement
Echo !
Lien avec ma propre histoire !
Et si c’était moi ? …
« On ne peut quand même pas la laisser seul pour mourir … »
« De qui parlez-vous ? »
Exemple
« Sa fille devrait venir plus souvent …j’en ai rien à faire, moi, de son boulot … »
« Quand mon père est mort … »
« … on n’a pas fait tout ça pour le soigner … »
Autre espace-temps nécessaire !
Les émotions sont autant de portes ouvertes !
Que viennent-elles me dire ?
Un jugement émerge
Je lui prête attention, je le regarde, je le considère
Je m’ouvre à ce que je vis
Je me retire de lui pour aller dans mes sensations, mes émotions
Je reviens à l’apaisement
Oser partager
Nécessité d’un cadre
A la fois
Oser déposer
Nécessité d’un lieu
Savoir mettre de côté
S’en occuper « tout à l’heure »
Cela nécessite un accueil
une acceptation
une autorisation qu’on se donne
C’est une attitude profondément éthique !
Enthousiasme
Ecoute
De l’autre De soi
Ethique
L’écoute comme préalable à l’éthique
RECIT Ecoute de l’autre, de son histoire, de son vécu, recherche de compréhension
ECHOEcoute de soi, de son vécu, de ses émotions, espace d’intériorité
DISCERNEMENTMise en contexte des principes, des valeurs, des repères théoriques
Mise en commun
Créativité éthique
Le non –jugement et l’accueil des émotions sont en lien
1. Avec l’idée du choix
Pas le choix de la situation, mais le choix de la réaction
Et donc de la responsabilité partagée
Johanne…
… et le Y
2. Avec l’idée du lâcher-prise
On s’accroche au jugement
On prend le pouvoir
On sait ce qui est bon pour l’autre
C’est difficile ! Expérience de l’e-learning
Contexte 3ème Master en médecine Cours d’éthique distribué sur 3 années :
› 1ère Master : 12 cours magistraux = concepts
› 2ème Master : 8 séances de séminaires, travaux en sous-groupes
› 3ème Master : travail individuel avec un professeur « répondant »
Intérêt pour la pédagogie de l’éthique
Processus de réalisation du travail personnel (3ème master)
1. Séance d’information2. Choix par l’étudiant de son sujet de travail3. Rédaction de son projet4. Soumission de son projet
1. Situation clinique (5 lignes)2. Ebauche des questions qui se posent
5. Attribution d’un professeur accompagnateur
6. Contact avec celui-ci
Pourquoi en e-learning ?Diffi
cultésNécessités
Lieux de stage Temps des rencontres Répétition des mêmes informations Insatisfaction par manque de prise en
compte de dimensions fondamentales
Autonomie Accompagnement dans la durée Structuration de la réflexion Ecriture
Crainte est-ce que ce n’est pas complètement fou,
de l’éthique en e-learning ?
Originalités du dispositif Nouvelle structuration du cours Accompagnement individualisé Plaisir Etonnement devant l’évaluation : +
grande proximité !
Démarche d’aide à la décision en 4 temps
1er travail posté Un homme âgé de 58 ans, très sportif, se présente aux
urgences car il présente une gène mal délimitée et inconstante au niveau des jambes, qu’il décrit comme une raideur. Il est en bon état général et il se dit, être en excellente forme. Une fois l’anamnèse effectuée, il demande à une des stagiaires s’il pourra aller au sport d’hiver avec sa famille la semaine suivante. La stagiaire répond que les plaintes du patient n’ont pas l’air bien grave et qu’en effet, il pourra aller au sport d’hiver avec ses proches. Suite aux examens complémentaires effectués, les médecins ont trouvé que le patient souffrait d’un cancer du pancréas de stade très avancé, avec de nombreuses métastases au niveau du foie. A ce stade de la maladie, on ne connaît encore aucun traitement curable et le pronostic est donc malheureusement très sévère.
1ère « correction » du travail 1
Bonjour Alexandra.J'ai bien lu ton 1er travail, qui contient la première partie du plan. Pourrais-tu lui ajouter la partie 2, qui concerne ton ressenti ?Dès que tu l'auras complété, envoie-moi ce document et je le corrigerai pour que tu puisses faire le travail n°2.
Je trouve que ce cas illustre bien le fait qu’un soignant doit peser ses mots, car toutes nos paroles sont écoutées attentivement par le patient qui nous fait confiance et qui est en attente de réponses face à ses inquiétudes. Toute la difficulté est donc je pense de trouver un équilibre afin de ne pas banaliser une plainte, ni d’alarmer inutilement le patient avant d’avoir des preuves plus concrètes concernant le diagnostic. On se trouve désormais dans ce cas-ci face à deux difficultés : la première, celle d’annoncer un diagnostic péjoratif et la deuxième, celle d’annoncer un diagnostic péjoratif, alors que le patient a été maladroitement rassurer pendant l’anamnèse.
2ème « correction » du travail 1
Merci, Alexandra.Tu fais une première analyse, très intéressante de la difficulté. Mais avant cela, j'aimerais que tu relises la partie 2 du plan et que tu répondes à cette consigne. Tu pourras approfondir l'analyse ensuite.A bientôt !
RESSENTI FACE A CETTE SITUATION Je vois encore la stagiaire répondant avec une sûreté
intouchable et faisant oui de la tête pour accentuer son affirmation. Je m’étais même étonnée de son assurance, comment faisait-elle pour avoir une telle confiance en elle si tôt dans sa carrière en tant que professionnelle de santé. Cela dit, il est vrai que ce patient avait l’air d’avoir une santé de fer.
Ensuite, quand j’ai vu sur le scanner les nombreuses métastases, j’étais décomposée, ce patient avait un cancer non curable. Allait-il être hospitalisé ou allait-on le laisser partir avec sa famille au sport d’hiver et profiter des derniers moments qui lui restent à vivre ?
3ème « correction » du travail 1
OK, Alexandra, cette fois tu as réellement parlé de ton ressenti.Je pense qu'il est important d'ajouter une phrase pour expliquer ce qui t'a donné envie d'approfondir cette situation, puis tu peux passer au travail n°2.
C’est un travail d’humanité !
Démarche d’aide à la décision « GIRAFE »
Enquête auprès des participants
Groupe GIRAFE Courrier électronique envoyé aux
vingt-cinq participants réguliers : dix-neuf réponses, soit 76 %.
Nombre d’ateliers par an
Nombre d'ate-liers par an
4 ateliers 3 ateliers 2 ateliers 1 atelier0
1
2
3
4
5
6
7
8
Series1Series2
Ancienneté de participation
Ancienneté de participa-
tion
Dix ans Six ans Cinq ans Quatre ans Trois ans Deux ans Un an0
0.5
1
1.5
2
2.5
3
3.5
4
Motivation à s’inscrire
13 (29%)
12 (27%)9 (20%)
6 (13%)5 (11%)
désir d'une réflexion interdisciplinaire
désir d'une formation pratique en éthique
désir d'une remise en question de sa pratique
nécessité de parler de ses propres difficultés professionnelles
constatation d'une insatisfaction professionnelle
Motivation à s'inscrire
Participation dans la durée
15 (33%)
9 (20%)8 (18%)
8 (18%)
5 (11%)
Participation dans la durée
Apprentissages possibles
prise en compte du vécu et/ou de la souf -france des soignants
ambiance et dynamique des ateliers
ressourcement que les ateliers permettent
changements de pratique que les ateliers provoquent
Principaux bénéfices
13 (40%)
7 (22%)
7 (22%)
5 (16%)
Principaux bénéfices de la participation aux ateliers
Dimension éthique
+ grande satisfaction dans le travail
+ grande motivation à réagir aux dif -ficultés
+ grande confiance en soi
Importance du 2ème temps Moment difficile mais essentiel Chemin qui s’ouvre progressivement
Importance du 2ème temps nommer ses propres émotions et
jugements permet de relâcher la pression, de décharger son sac à dos, de libérer la tension intérieure, de ne plus se sentir englué, de ne pas rester dans « du brut et du souffrant »
Importance du 2ème temps (2)
apprendre à abandonner un jugement et à se mettre à l’écoute de ses propres émotions constitue une manière « d’être en soi », de s’occuper de soi, de revenir à soi sans chercher la cause de son mal-être à l’extérieur de soi-même
Importance du 2ème temps (3)
amener ses émotions à un niveau conscient facilité la dissociation entre ce qui se joue pour le patient et pour le soignant et permet de réajuster la distance soignant-soigné
Importance du 2ème temps (4)
prendre conscience de son implication subjective permet de moins se projeter dans une situation en étant encombré de ses propres affects, et ainsi d’entamer une réflexion plus objective, avec un certain détachement, une neutralité bienveillante par rapport à la situation complexe et à ses acteurs.
Importance du 4ème temps Fréquence du mot « ouverture » dans
les réponses
Importance du 4ème temps (2)
la possibilité de sortir de la dichotomie de départ, de découvrir de nouvelles perspectives, de s’entrevoir dans une autre situation, d’envisager de « l’autre », du « possible ailleurs » et donc de sortir d’une éventuelle confusion provoquée par un horizon qui semblait bouché
Importance du 4ème temps (3)
la perception de quelque chose qui aide à grandir, d’un mouvement, d’un changement, donc de la vie
la capacité à se laisser toucher par ce que vivent les autres soignants, à se sentir relié à ses semblables,
Importance du 4ème temps (4)
possibilité d’entendre le changement vécu par l’autre comme ce qui aide à comprendre la complexité du changement vécu en soi
la découverte de chemins insoupçonnés en soi, créés grâce à la prise de conscience, au lâcher-prise, à la volonté de quitter une vision étriquée de la situation
la mise en application du proverbe zen « Si tu es pressé, fais un détour »
Conclusions de l’enquête Ouverture aux autres et à soi-même Double mouvement – vers l’autre et
vers soi – Ethique relationnelle
Invitation :
Prochain Printemps de l’éthiqueVendredi 4 mai 2011 à Libramont : « La solidarité : une évidence ou un combat ? »
Renseignements et inscriptions : www.herslibramont.be à partir du 15 mars