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LES
TRANSFORMATIONS DU LITTORAL FRANÇAIS.
LE GOLFE DE BROUAGE
ET LE PAYS MARENNAIS
À TRAVERS LES ÂGES,
D'APRÈS LA GÉOLOGIE, LA CARTOGRAPHIE ET L'HISTOIRE (,\
1>AUM. AUGUSTE PAWLOWSKl, I. i:
Licencié es lettres, ancien élève de l'Ecole des Chartes,membre de la Société de géographie de Hocbefort.
Après avoir étudié, avec le golfe du Poitou (-\ le régime des atler-rissements dans l'immense baie où la Sèvre, la Vendée et lé Laydessinent leur capricieux thalweg, j'avais cru devoir, èh retraçantl'histoire mouvementée du sol aryertois^), montrer comment la
nature, par le jeu des érosions et la puissance désorganisatrice des
dunes, modifie les rivages à travers les siècles.
Mes recherches sur les transformations de la péninsule me'do- .caine C*' exposaient à quels résultats il faut s'attendre quand lesdeux éléments : apports fluviaux ou marins, et désagrégations océa-
(1) Voir, au sujet de la transformation de rAunis-Sainlonjjc, une curieuse lettre
signée Delonne, et datée de A'alognes, le 1" juillet 1783 (Mémoire relatil auxenvirons de la Rochelle, ms. papier, 8 feuillets et 4 feuillets blancs, Bibl. des pontset chaussées, ms. 3990).
<2' Le Golfe du Poitou à travers les âges; Paris, Imp. Nat., 1909, in-8°, extr.du Bull, de géogr. kist. et deteript., 1901, n° 3.
<3' Les Pays d'Arvert et de Vaux; Paris, Imp. Nat., 1go3, in-8°, extr. du même
Bulletin, 190a , n° 3.M Les Villes disparues et la côte du pays de Médoc; Paris, linp. Nat,, 1903,
in-8% extr. du môme Bulletin, 1903,0° a.
— aâô —
niques, s'associent, témoignant de l'éternelle vitalité de i'écorce
terrestre.
Nous voulons, aujourd'hui, vous entretenir du jjoll'e de Brouagccl vous faire connaître les révolutions opérées de la Seudre à la
Cliarente, révolutions douloureuses, qui ont causé la ruine d'un
de nos ports les plus considérables. Et voici qu'un nouveau facteur
s'offrira à nous : l'incurie des hommes, comme si la terre, toujoursen gestation, ne suffisait pas pour prouver que rien n'est immuable
ou définitif. '
Cette étude est entièrement nouvelle. Disons cependant qu'il ya vingt-cinq ans, M. Louis Delavaud publiait à Rochefort W un tra-
vail consciencieux et documenté sur les Modifications des cotes de la
Charente-Inférieure.-La valeur de l'ouvrage lui valut d'être couronné
par l'Académie des sciences. Toutefois, comme ses prédécesseurs,MM. Fleury '2> et Lacurie '*), et comme son successeur, M. Jules
Girard'4', M. Delavaud n'avait pu pousser très avant ses conclusions.
Aucun des savants que les changements littoraux préoccupaient,
pour cette région, n'avaient eu à leur disposition les riches trésors
des archives, enfouis encore dans la poussière, et qui nous furent
révélés grâce à l'initiative de la Société archéologique de Saintes.
Ainsi que dans les mémoires que j'ai publiés antérieurement,
j'ai complété les renseignements puisés dans les cartulaires parl'examen des pièces cartographiques du passé, et surtout au moyendes documents des Ministères de la guerre, de la marine et des
travaux publics, des Archives nationales et de notre Bibliothèquede la rue Richelieu.
Ainsi, pouvons-nous voir comment, pas à pas, méthodiquementet normalement, ce qui fut jadis la merde Broue a pu devenir au
vingtième siècle un territoire de marais salants, de marais-gàts et
de pâturages '5'.
(l) Bulletin de la Société de géographie, i" nnnée, 1879-80. L. DELAVAUD, Les
Côtes de la Charente-Inférieure et leurs modification* anciennes et actuelles,
p. »G5 à 206.
*2' P.-.I. FiRonr, Mémoire sur le gisement probable du Port des Santons, dans
Mém. de la Société des Antiquaires de l'Ouest, 18/10 (1 8/11), t. VII, in-8".
'•''' Notice sur le pays des Santons, dans Bull, monumental, t. X, 18W.(/l) Les Rivages de la France, autrefois et aujourd'hui; Paris, i888,in-8°.{h> LE TKIIMB a pu dire : «Cet arrondissement, sillonné de toutes parts par
Ml
I
Le golfe de Brouage est essentiellement limité, au Nord, parl'Océan; à l'Ouest, par la Seudre; au Sud et à l'Est, par les col-
lines et les falaises du canton de Saint-Pofchaire.
Gomme l'échancrure poitevine, cette baie était, au début, encom-
brée d'Iles et de bancs, auxquels les Humanistes de la Renaissance
donnèrent le nom significatif de «Colloque des îles ri.
Alors que sur la rive gauche de la Seudre et en Oléron, les sables
forment l'étendue des côtes (1', rochers et alluvions occupent l'an-
cien et le nouveau rivage <2>.
Au Sud, ou dans les îles, dressant leurs promontoires affouillés,des lits superposés de calcaires et d'argiles dominent la plainemonotone '3'. Ces collines ne sont d'ailleurs que le prolongement
régulier des falaises insulaires d'Oléron (îles de Marennes et Saint-
Just), d'Aix et Madame (lMoëze, Beaugeay)'*) et font partie de la
zone du crétacé inférieur'5). Leur direction est parallèle, du
l'Océan et ses nombreux embranchements, offre, peut-être plus que l'Aunis cl. la
Saintonge, des traces do l'action que la mer a jadis exercée et exerce encore jour-nellement sur les côtes». (Règlement général et notice sur les marais de l'arrondis-
sement de Marennes; Rocliefort, 1826, in-8", p. l33.)111 Dans le delta de la Seudre, l'analyse du sable donne : silice, 84.8; alu-
mine et peroxyde de fer, a.7; carbonate de chaux, ia.5; matières non dosées,o.o5. — A la pointe du Chapus, au contraire : vase marno-sableuse gris jaune,
argile gris brunâtre, mica argenté et verdâtre, fer oxydulé, chaux, 7. —Ai kilo-
mètre Ouest du Moulin de la Côte, vase marno-sableuse brunâtre; résidu de
la levigation, 5a p. 100; fragments de coquillages; chaux, 8.4. -— Ai kilomètre
Est, idem. — A a kilomètres Est, vase marno-sableuse brun grisâtre; chaux, 7.9.
(I)BLKSSE. Lithologie du fond des mers de France, Paris, 1872, in-8°, tableaux,
'-' Don, Modification» subies par les côtes de la Charente-Inférieure, dans
Ami. de la section des sciences naturelles de l'Académie de La Rochelle, 1876,n0 11, p. 55.
W DUFRKNOÏ et EUE nu BEAUBONT, Explicat. de la.carte géol., t. Il, p. 6a3-
(iaft,(4> L'île de Marennes appartient au crétacé d'Oléron. (FLKUHUU DE BELLEVUE,
Mém. sur l'étal physique du territoire de la Charente-Inférieure; La Rochelle, i838,
in-ft", p. ()2.)— À Marennes, le sol renferme du calcaire à Caprinclles, avec des
parties spalhiques, du fer hydraté, de l'argile et des sables siliceux. (MAIIUND , Mém.
sur les défiais littoraux de Nantes à Bordeaux, dans Soc. Linnéenne; Bordeaux,
1858, t. XXII, p. 83.)(6) Carte géol. de DUMKNOY et EUE DK BEAUMONT. — «A Soubisc, le coteau
GKOGUAPIIIK , N" 3. —190/1. 99
— 442 —
N. 0. au S. E., et se prolonge jusqu'à Jonzac, suivant un plan anti-
clynal (1>.
Entre les éléments rocheux et l'Océan le rivage s'est empâté par
les atterrissements(2'. Les matières, décomposées par les vagues, se
sont déposées dans ce bassin plus calme» par le phénomène de lévi-
gation dont M. Bouquet de la Grye a si bien expliqué le méca-
nisme'3'. Je ne crois pas qu'il faille déclarer, comme M. M a nés (*), que
les matériaux sont des résidus de falaises bretonnes, mais plus
simplement des vases girondines, aspirées dans le Çourrau par la
mer charentaise ^b\ En tous les cas il est bien certain que la Cha-
rente aussi bien que la Seudre charrient trop peu de limon pour
avoir pu seules combler la baie de Broue (6).
Ces dépôts, de composition variable, et qu'on désigne sous le
vocable de terre de W', ont constitué les laisses et les marais du
trpaïs de Brouage».
est formé de calcaire compact et terreux;; (DUFRENOÏ et ÉLIE DU BEAUMONT,Mé-
moire, t. II, p. 17).— À Saint-Froult, gypse en rognons et petites veines d'argile
(idem, p. 18).— Au Sud de Rochefort, vers Royan, calcaires légèrement cristallins,
avec cavités d'hippùrites, fréquents vers Saujon et le Gua. (Idem, p. i8<)"' BoisSELlfB, Plissement dit sol dans le massif vendéen, h détroit du Poitou et le
bassin de la Charente, dans Anû. de la Soc. franc, pour l'avancement des sciences,
Congrès de Toulouse, 1887, a* partie, p. 5â5.'*' C'est ce que Lesson (Aperçu statistique sur les marais de Hrouago, dans ./oui-
110/ des voyages;; i8s5, t. XXVIII) appelle si antiscientifiquement «un littoral
fontfé par le retrait de la mer».'•!*> Pdote des côtes de France, 1873, in-8°, t. Il, de Loire à Bidasitoa, p. 280
a31: '— "A. PAWLOWSKI,Le Pays d'Arvm't, p. il.<*>Description physique, 'géologique et minéralogique de la Charente-Inférieure)
Bordeaux, i 853, iil-8", p. 3ô. C'était aussi l'idée de PIJMMIAM DISBIXMÏVUE, ouvr.
cité, p. g|5.(5' BODQIIET DE LA GlU'E, Pilote, p. s3l.
,;,<i' FtBBniACDE BELLEVUK,ouvr. cité, p. g5. «Leur apport n'est cependant pasniable. Go»il;int dans des failles crétacées et jurassiques ; elles entraînent des car-
bonates de chaux. L'argile du brï vient du lias, de l'oxfordien, du kimnicridgien,du Waldieû». (DKLMSK, p. 191.)
(7) Fleuriau donne comme composition du Ijri charentais 44 p. 100 de silice,
35 d'alumine, 18 de chaux carbonatée (ouvr. citéj p. g5, note). — L'analyse du
bri de marais fournit des résultats variables avec la profondeur du dépôl. Alors
qu'à la surface FleuriaU a trouvé 12 parties 6 de carbonate de chaux, .HO de si-
lice , 67 d'alumino et fer; à 1 niètré, il obtint 44.16 de silice, 33.3 d'alumino
et fer, i8 de carbonate de chaux, 4.54 d'eau et perle. (Notice météore, pourservir àla statistique de la Charente-Inférieure, La Rochelle, i838 , in-'/i", p. 18.) —
M. DE LAI-PABENT(Traité de Géologie; Paris, 1898, in-8°, 1.1, p. 553) dit que le
— AU —
Certains géologues ont assuré que le sol du golfe de Brouage,comme celui, d'ailleurs, des golfes de Poitou et d'Auuis,. subissait
un mouvement d'affaisBement f1'. Victorieusement, M. Dor leur à
répondu' 2' que jamais la mer n'avait envahi les terrains conquissur le Ilot, et que, par Conséquent, cette théorie ne saurait être
maintenue, car il suffirait, dans celte zone basse, d?une faihle; dé-
nivellation pour produire d'importantes transformations topogra-
phiques (3'* '•'••;-,•.-;;,:, :
De môme, il ne saurait être question d'admettre un soulèvement
de la croûte globale (''>, ..'-:: >.; t
bri comprend de ta vase grise Verdâtre, de rafgile/du'qilâfliV'dëa'oëbWs'âfe'riibl-lusquos, des forarainifères et to p. 100 dé Calcaire.'•<-*- Voici le tableau de•JlVli'Maî-rand (ouvr. cité, p. g&) pour Marenne8 de la va6e recueillie : : •>•.,,
Résidu argilo-siliceux, 86.7!); alumine et peroxyde de fer, 2.70; carbonate do
chaux, i2.5o. Les ibraminifères ont joué un rôle important dans la formation desterrains ebarentais, et M. Parât a pu écrire :
ttCo sont les cadavres de foiaminifères qui, tombant sans cesse et comme en
pluie serrée au fond de nos océans, ont contribué pour beaucoup à former, depuisl'origine du monde, ces couches énormes qui composent nos .terrain» crétacés et
surtout dans le tertiaire nos bassins de la Gironde. (PABAT, Les Infiniment? Petitsdans les vases de la Charente et les plages du département, dans Soc. de Géoffr. de
Rochefort, 1879, p. i45.). .;
Les vases d'alterrissément ont ufle''végétation spéciale: (PertSoiïNÀT; Bull, de h
Société botanique, 1861, t. VIII, p. 680, et LLOTD, Flore de l'Ouest, t. I, p. 7et A8.) •'"• i;f :' •'••- -'
<' wLefond des marais de Brouagë n'a du 1res probablement son comblement,d'abord très rapide, puis graduellement de plus en plu* lentj qu'à «m léger abais-
sement du sol, peut-être a cette oscillation séculaire que nous cherchons à con-
stater,)) (Potjom, Des ChangciHtttl»du tiiveàu diiiùl eh Aunittt SàinloHjrèî dans
liull. de la Soc. de ftéogr, de Rochefort, 1884-1885, p. 8a/) ' ••
<2' Ouvr. cité, p. 56-57- "Les terrains protégés par les digues continuent de
s'exhausser à l'Ouest des digues, et ceux à l'Est ne subissent aucun changementd'altitude par rapport aux eaux de la Hier. Dans des circonstances 1res rares, les
digues onl été coupées par de violentes tempêtes, irtais on n'a jamais eu à redouter
l'envahissement dé la tner par-dessus les digues, ce qui serait le résultat de
l'affaissement du littoral s'il existait.?) -- L'affaissement n'existe ni pour les ter-
rains d'alluvions, ni pour les autres, (/dem, p. 57^58.)m Jules Gnunn, Soulèvements et dépression» du soi sur lés 6ôtès dé France, dans
1MU de la Société de géographie, 1875, p. 936."> «La profondeur de la Charente semble diminuer entre la mer et Rochefort»
(.1. GIHAIID, Soc. d« géogr., 1875, 'pi a36). «Le sol du Hocheforl s'est exhaussé
d'un mètre depuis Louis XIV». (Du LAr-PAïusa*, Traité de géologie, t, 1, p. 855.)M. Mairand (onv. cité; p. 08) s'élève vigoureusement contre Babincl qui sou-
tient cette théorie. La 'rectification de M. Mairttnd porte sur le texte suivant : «La
»9-
— hhh —
L'erreur commise dans les deux hypothèses-me semble provenirde ce fait qu'un tel sol manque forcément de solidité; qu'il y ait de
légers tassements, on peut le supposer; que des matériaux orga-
niques déterminent des vacillations peu sensibles de l'écorce, parsuite de leur décomposition ^ la chose est possible O. Il convient de
ne pas aller plus loin, et je n'accorde aucune créance aux conclu-
sions de M. Biteau qui fonde, sur la multiplicité des tremblements
de terre dans la Charente-Inférieure, une argumentation spécieuseet hasardée (?'.
Le bri décèle la présence ancienne de l'Océan sur les terres ac-
tuellement émergées. Mais cette présence est encore confirmée parles traces reconnues de cordons littoraux à Pont-1'Abbé, Saint-Jean-
d'Angle, sur les deux rives de l'Amollit, qui fut un bras de mer
pendant l'antiquité'3'. Mieux encore, ces cordons sont jalonnés de
débris d'habitations (''>.
II
Aussi bien pour le golfe de Broue que pour les autres anfractuo-
sités du littoral français, l'extrême zone de la mer devient manifeste
lorsqu'on considère la carte de l'état-major et les courbes d'alti-
tude î5l A l'extrémité du promontoire de Charente, vers la Passe-
cote de France qui borde l'Atlantique s'élève de siècle en siècle d'une quantitésensible. Les cales des vaisseaux établies à Rocheforl du temps de Louis XIV sont
aujourd'hui à plus d'un mètre au-dessus des cales modernes. Les marais snlanls
passent à l'état de marais gâts non pas que la mer se retire, mais bien parce
que le sol se soulève réellement» (De la Constitution intérieure du globe, dans
Revue des Deux-Mondes, sept. i855, p. 3ao).— Le Chapu», par POLONÏ-SAIGKES
(Ports de France, t. VI, p. 173).(1! Des sondages à une profondeur de 35 mètres à Brouage confirment la pre-
mière idée. Dans le golfe du Poitou, d'autre part, au lieu dit le» Bouillons;, prèsdu confluent de la Vendée, et au Pont-qui-bout, sous Marans, on a observé des
émanations d'antiques végétations. (FLEUIUAU, ouv. cilé, p. 96.)(2) a5 en trois siècles. <rLa Charente-Inférieure n'est pas volcanique, mais re-
pose sur un feu souterrain.» BITEAU, Les Tremblements de terre dan» la Charente-
Inférieure, dans Soc. de géogr. de Rocheforl, i88/i-i885, p. 61-62. — LE ÏKKMK,
Règlement général et notice sur les marais de l'arrondissement de Marennes (Roche-
forl, 1836, in-8°), ne croit pas à un mouvement sismique (p. 134). « La retraite
de la mer provient uniquement des allerrissements. n(Idcm, p. )35.)(;,l AncÈiiE, Histoire de La Rochelle ; La Rochelle, î^ia, !! vol. in 4°, 1.1, p. 17.(4) MASSIOU, Histoire d'Aunis, SainUmge et Poitou ; Paris, i845, t. 1, p. 1 h.M Carte de l'Etat-Major : Saintes N.O. et N. K.; La Rochelle, S. 0. et S. E
— M5 —
aux-Boeufs, qui relie la côte du Port-des-Rarques à l'ex-île
Citoyenne (aujourd'hui Madame), le rivage s'incurvait'vers l'Ouest
pour former, de toute antiquité, la pointe couronnée de nos jourspar l'observatoire militaire de Piédemonl. Nous ne croyons pasdevoir, en ce moment, engager le problème de savoir si les platinsde la Longée et les hauts-fonds des Ormeaux et de TEspée, ainsi quel'île Madame, se rattachaient aux coteaux de Saint-Froult. Cette
question nous semble devoir être jointe à l'étude du golfe d'Auniset Charente, qui fera l'objet d'un travail ultérieur.
En principe, selon nous, le pédoncule d'union se présenteraitplus à l'Est, vers la flèche actuelle de sable de la Passe-aux-Boeul's.
De Piédemont, le littoral suivait le liane occidental des hauteurs,
baignait le pied de la Laujardière, la Pichonnerie, le Vert, Chas-
sefer, Grojard, la Rouillasse, le Grand-Parc, et se dirigeait vers
l'emplacement actuel de la station de Saint-Aignant, en dessinantune péninsule vers les Caffoudières (à la hauteur de Beaugeay).
A l'Ouest, des îles, de forme allongée, formaient au continentun rempart contre les atteintes de l'Océan : l'île de Saint-Froult,limitée aux Roux, à Moëze, le Breuil, et la Choisière, le banc du
Breuil, l'îlot de Thionnet (Thionnet, la Touche, les Granges, le
Collant), flanquée du banc émergé qui perpétue la dénomination
d'île Bourdeau (le bourg tic l'eau) et de Loubresse. L'île Beaugeay,
prolongeant vers le Sud les falaises calcaires de l'île Madame, com-
prenait Beauregard, la Loubarlière, le Grand-Jart, qui rappellele souvenir des marais disparus, le Cloine, Poineuf, Borréau, la
Combe, la presqu'île de la Tour, l'anse de Beaugeay, les deux Mou-
lins, et la croupe de Beaumont, éloignée de la Touche d'un demi-
kilomètre.
De la station actuelle de Saint-Agnant'1', la côte esquissait un
coude vers l'Ouest, sur le lieu de la petite ville de Saint-Aignant,
Carie du Ministère do l'intérieur, fouille X-a5 : Hochefort. — Cf. LACUNE-, ouvr.
cité, p. 5o5. — P.-J. FiiKunï, ouvr. cité, carte. — LA SAUVAGIHB, ouvr. cilé,carte. — MASSE, Mém. do la carte générale de partie de Bas-Poitou, Aunis,
SaiiUonga el iks adjacentes, 1701, p. 6 et 7.ll) Nous ne croyons pas nécessaire d'admettre avec Lesson l'existence d'un canal
entre Ee.liillais et Montlicrault, qui eût l'ail d'Kchillais-Soubise une tic (LESSOK,Uistoire, archéologie el lèfjeitdes des Marches de Saintoiifte; Saintes, 1H/1S, iii-8",
p. 89.)
— 446 —
laissait sur la grève les Fontaines, Villeneuve, projetait le promon-toire de la Gourmandière, le Roseau et Saint-Port; sur le bord de
l'eau, se trouvaient le Chevreau,le port de Saint-Jean d'Angle (portde'ebu et oublié), la Bernetiere, les moulins de Beaulieu, Saint-
Symphprien (D, Lornut, la Gliâtaignerie, Penicaud. La légère col-
line qui porte les Coudres pouvait être reliée par un gua avec
FilB'të) qui de la Mauvinière s'élève en pente raide et dresse le pro-montoire de Broue (27 mètres) @\ Vers la côte i5, une éebanerure
(" ttLa mer devait toucher l'église, selon LÏSSON [Fastes, I, p. 116), «Chàlcau
de Bleiiac, oij remontaient jadis, les vaisseaux.» (MASSE, 33" carré d'Aunis et
Samtorige, aux Archives dé la Guerre, dépôt que nous désignerons par les ini-
tiales, A. G.).— «La mer battait contre les coteaux de Saint-Symphorién et
on trouve;des qùajvLités de vestiges de bourgs, chape!les, églises et puils. Il y avait
un bon port dans le vallon entre la Chataigneray et la Massonne, et au sud du
moulin de la Massonnen. (MASSE, in-4°, ms. i3G, p. 3aa-3a3, A. G.)(*'' LÉésoM'(H'*'0"'e et wcliëologie, p. 90) dit que le banc do sable qui faisait la
joiictibïi est encore visible de nos jours. H est vrai qu'ailleurs il déclare que Brouo
était île ou;-presqu'île. {Faties, I, p. aag.)
..",',.8HT,le flanc-est, traces nombreuses du brisement de la mer sur les rochers
(P.-J. FLEUIIV, Gisement du pi-omontaire des Santons, dans Mém. des Antiq, de l'Ouest,i84o (i84i), t. Vit, p. 6g).
— Non loin de là, près de Blénnc, tron voit les
Vestiges d'une forteresse, où l'on assure qu'il y avait un port considérable, ce quisnconfirtne quand on a creusé des fossés dans les quartiers, par les débris de
biVUnients destrier qu'on y trouver (MASSE, Mém. du 11e carré, p. li, A. G.)
,«.Lp château dejBlénac.Qtflit le port du pays, »( MASSE., in-A", i36, p. 320, A. G.)«L'île était entourée^ de la mer et les bonnes gens disent qu'au-dessus de la tour il
y avait un fanal pour éclairer les vaisseaux. 1 {Idem, p. 320.)
«Oft'assurèque lés bâtiments remontaient jusqu'au château de Blériàc, où sontles
vestiges d'une sforteresse qui défendait son port. On a trouvé, récemment, proche
dola/briquelorie delà grande lande, des débris de vaisseaux." (MASSE, in-A", ms.
i^,,',p. 98,.A.G.) ; ,«Le bon sens veut que la tour de Broue ait été construite pour servir de fanal
et de point de marque pour les habitants qui voulaient entrer de nuit dans ce
port. La Iradilion et un bruit général m'avaient persuadé à tenir qu'on voyait en-
core dan* .les ; mur» de cette vieille bâtisse des organeaux ou gros anneaux de for
scellés exprès, dit-on, pour servir de corps-morts à amarrer les vaisseaux qui yallaient pour charger les sels des marais. Quelques traditions ont voulu mettre en
avant que tous ces marais salans de Moeze à Maronnes étaient jadis en pleinenier, sans êtrc.assujettie aux flux ot reflux de l'Océan, oxcepté le Courrau qu'onne peut réfuter et qui sûrement à été très profond, puisqu'il's'est trouvé depuis
peu, par un particulier en faisant un fossé au pied de ladite hauteur, une barqueenvasée qui a été estimée à ses membres par les connaisseurs étro un bâtiment de
5o tonneaux. ...» L'auteur pense que ce marais a pu être un lac qui s'est envasé.
( PRETTESKILLF., Mém. sur la ville de Hrotiajre, ms., ?.5 avril 1797, p. 386-988,A. G.)
— m —
s'enfonçait dans la direction du château de Blénac. Le rivageremontait vers lo Nord, laissait sur une hauteur de ty mètres
Saint-Nadeau, Saint-Sornin, Château-Gaillard l-l\ la Prée, où undétroit peu profond permettait à des canots d'atterrir dans l'île' deSaint-Just W. Le littoral était ensuite marqué, à l'Ouest, par Bien^-
Assis, la Catheline, Leusé, le Gua, où l'on passait vraisemblable-ment la mer de Seudre &\ ':... !i ;
Peut-être Saint-Sornin formail-il une île, et la coupure:eût'étéau pied du Grand-Bois (4).La côte ouvrait la baie de Faveau?, k l'Est M,et gagnait Toulon! 6)par la Maison-Neuve, Berthegile, les Musses, etGué-Chailloux.
L'île de Saint-Just<7', fragment de Saint-Sornin, abandonnait à
l'Océan, sur son versant oriental, les Pibles et Redon, Après Saint-
.lust, la côte, bordée d'un satellite, était jalonnée aux Auneauxi,,àla Seigneurie, à Bourhet, où une faille avait détaché l'Ile de celle
de Marennes, fléchissait vers l'Ouest, puis vers le Sud,<vers Maiizac;Luzac était sur la mer de Seudre, ainsi que Rocheboune, au nom
caractéristique, lieu d'atterrissage des pêcheurs d'autrefois; Bois~
rond, les Touches, la Puisade et Ghauteloup. i ., h : .
L'île de Marennes (8),plus massive, avait pour limités : le Maine,Pont d'un Denier, Node, Pessefierj la Pimpelière, lalGarde, Ghai+
(,) «Ancien port.» (MASSE, a3° carré d'Aunis et Saintonge, À. G.) rM «Le coteau de Saint-Just est coupé par un vallon profond"qui indique que
In mer en baignait les bords et formait une Ile». (P.J-. FLEDUT,1GitomanV du pro-monloirc des SantotiSi dans Mém. des Anlitj. d» ViOimt, i84o (»8/u);, UiVII* p. 69.)
(3> Pour aller, selon LESSON,à Saint-Sornin. (//i»K>ire et arclwlogie, p, ,89).'(4) sAu pied de Plantis, on amisau jour des coquilles marines.» (P.-Jr FLEUHÏ,
Gisement du promontoire dos Santons, cité ci-dessus, t. Vil, p. 70.)('' trLa tradition assure que Faveanx fut jadis un port'dei mer fameux 01Yabon-
daient quantité de marchands, que l'on dit être Saint-Pierre de Nazei. Ii est vrai-
semblable qu'il y ait eu un port fameux, car l'église est très belle» (MA,9BE,111-/4°,x 36,
p. 3i5, A.G.). itFavos avait été, selon la tradition, ville et port do mer;)(MASSE,Mém. du 11e carré, p. i5). «La tradition veut qu'à Faveaux il y eut jadis un
riche port de mer.» (GAUTIER, Statistique, p. 307.)M tfOn assure quo Toulon fut, une ville considérable et un port de; mer»
(MASSE, Mém. du i3c carré, p. \U). — Cf. MASSE, \\\-h°, t3G, p. 3og et 3ia.<7' (cOn tirait jadis de bonnes huîtres vertes de Saint-Just, » (MASSE, in-4", |36,
p. 399, A. G.)(8) ttL'ile de Marennes était jadis séparée de la terre ferme par un vallon où
la mer remontait, entre Lindron et la Noblesse de la Chasse.» (MASSJ, Mém. du
11' carré, p. i5.)
— 448 —
nade, Lombaze, Larseau, le Lindron. Au largo, le rocher d'Erré
devait affleurer de basse mer et nourrir les premiers autochtones
des îlots sauvages.Dans le golfe de Broue, l'îlot d'Hiers formait la sentinelle avancée
de ces régions solitaires. Dans la mer de Santonie ou de Seudre, desbancs s'exhaussaient sous l'influence des dépôts limoneux, Arlouau,Nieulles (Petit-Nieulle et la Corderie, Grand-Nieulle, les Toucheset Montauban), Saint-Martin et Ghâlons, Souhe, Monsanson ('',
l'Hâte, là Figeasse, le Mortier et la Bernauderie.
III
Aux heures de la prime antiquité, tout le littoral méridional du
golfe ne présentait sans doute d'autre aspect que celui dune im-
mense futaie, où le chêne noir se mariait à l'ormeau ; des rives dela Charente aux berges de la Gironde, était tressé un impénétrablerideau de verdure, barrière qui, plus tard, séparera le pays d'oïldu royaume des troubadours. Si la forêt de Rochefort s'est effacée
sous la hache des bûcherons, si les yeuses de Royan ont fait placeaux sapins dùnaires, les collines de Saink-Nazaire et les bords de
l'ÀrhouIt gardent jalousement leurs bois séculaires, qui joignaient,
jadis, leurs rameaux à ceux de la forêt d'Aulnay(2).Ces rivages n'étaient pourtant point ignorés des hommes des âges
préhistoriques; ils ont laissé de ci, delà, de nombreuses traces do
leur passage et les monuments explorés viennent témoigner de la
présence de la mer dans les régions par nous indiquées.La péninsule de Soubise renferme encore trois dolmens (;i) à la
Sausaie, une grotte à Saint-Nazaire W.
Dans le golfe même, l'île Bourdeau offre une tombelle'5'. Fré-
(1> «Jadis cap élevé.» (P.-J. FLIORY, Gisement du promontoire des Santons, dans
Mém. des Anliq. de l'Ouest, 18A0 [18A1], I. VII, p. 69.)(2) Cf. Alfred MAURY, Histoire des (frondes forets de la Gaule et de l'ancienne France ;
Paris, i85o, in-8°vp. 287-288.<3> CHAIJDBUG DE GRAZAMRES, Notice sur les monuments celtiques du département
delà Charente-Inférieure, dans Bull, monumental, i83/i, 1.1; p. 57. — LE TKHMK,ouvr. cité, p. 296.
(4) Commit», des arts et mon. hist. de la Clmrente-Inf., t. I, p. 8Cg. — MIISSKT,
Char.-Inf. prè'hitt., p. 88.<5) CHAUUKOC DE GRAÏAKNES, p. 61. Lossoii déclare que l'île n'ont qu'on mlicf du
sol. (Fastes, 1, p. 110.)
— M9 —
mailloux, au pied d'Hiers, est dans le même cas'1'. Beaùgeay pos-sédait un dolmen M, Loubresse en conserve un dans le marais (3).
Sur les falaises du. Sud, l'activité humaine se manifestait àSaint'
Aignant (*'; à la Glisse, près de Champagne, où l'on a retrouvé des
souterrains'5*; à Saint-Symphorien'6); à Pirelonge, commune de
Saint-Romain de Benêt, qui possède une curieuse grotte'7'; à Sa-
blonceaux '*', dans l'île de Marennes,0', entre Saint-Sornin et
Brouef10).
N'étaient les tombelles de Frémailloux. et de la Mauvinièré, on
pourrait estimer qu'à l'époque de la pierre polie et des premiershabitants du pays, le golfe de Broue s'étendait jusqu'aux rivagesdont nous avons tracé les limites. Mais il est logique de supposer
que les limons girondins affluant par la coupure du Bréjat,(11:) se
'' CIIAUDMJC DE CIUZANNES, p. 6i. — BooiuGNOiV, Recherches topographiqnes,
historiques, militaires et. critiques, sur les antiquités gauloises et romaines de la
province de Sainlonge; Saintes, an ix, in-&°, p. ,153 et 180. — MUSSET, Char.-Inf.
préhist., p. 4(>.(2> Recueil de la Commission îles arts et mon. hist. île la Charenle-lnf., 1885,
t. V (1" de la a' série), p. 180.-— M.VSSIOIJ, ouvr. cité, t.I,p. 106,parie de deux
dolmens. — LESSON, Fastes, I. I, p. io5.W BouBir.îiON, ouvr. cité, p. 180. — Lesson y voit une butte celtique. (Fastes,
I, p. 110.)W Cf. Bull. Archives de Saintonge, t. 111, p. 33i. — A la Jeuno-Grolière et à
la Motte-Leu, lumuli (MUSSET, Char.-Inf. préhist., p. 77). A Villeneuve-Pineaudard
et Saint-Martin, haches polies. (Idem, p. 77.) -.;'
(5) Il s'agirait, il est vrai, selon un archéologue, d'une excavation creusée il ya plusieurs siècles par les eaux de l'Arnaise, dérivant de l'Arnoult, qui baignaitPont-1'Abbé (dans Recueil de la Commission des arts et mon. hist. de la Char.-Inf. ,
i885, l. V (1" de la s" série), p. 178, signé B. G. —Sépultures gauloises (?),
d'après MUSSET, Charente-Inf. préhist., p. 36.
<6> Tumulus près de la Griperie (MDSSET, Char.-Inf. préhist., p. 96). Tumu-
lus, près la Morandière. (Idem.)''> Rec.de la Commiss.des arts et mon. hist. de la Char.-Inf., t. VI, 188a. Comm.
do M. de Saint-Arnaud, p. hS-h-j.— MUSSET, Char.-Inf. préhist., p. 92.
(«'Dolmen de Iîcrthegilc. (MOREAU, Bull, des Antiquaires de l'Ouest, 1838,
p. i5i. — MUSSET, Char.-Inf. préhist., p. 77.)(,J> A la Chainadc,' ou a mis à jour des grattoirs, une hache de pierre polie.
(Rec. de la Commis», des arts et mon. hist. de la Char.-Inf., t. VII, 18S/1,
P-«75.)(10) Tumulns hémisphérique au milieu de la bruyère et de la plaine arénacéu.
Il est séparé du hameau par le bras qui couvrait les marais de la Mauvinièré.
(MUSSKT, Char.-Inf. préhist., p. o,,r>.)<"> CI'. Le Pausd'Arverl.
— 450 —
déposaient déjà, prolongeant les promontoires et reliant les îles au
continent. Ainsi s'expliquerait l'existence du monument de Frémail-
loux, au pied de la pointe méridionale d'Hiers, et celui delà Mau-
vinière dans le détroit des Chauves.
L'Océan baignait-il, à l'heure où Rome imposait son joug à la
Gaule asservie, les conforts extrêmes de Saint-Romain de Benêt?
On n'en saurait -douter* affirment les uns, puisqu'ù Pirelonge O se
trouve; un remarquable monument, romain, qui dut être une ba-
lise^).; Toutefois -, l'objet de la pyramide de Pirelonge n'a pas été
nettement défini, et les controverses à son sujet n'ont pas inaur-
que (3).
Cette balise, si la tour est telle, aurait guidé les navigateursdésireux d'aborder Toulon. Le Terrier de Toulon aura fait couler
autant d'encre peut-être qu'Antros et Noviomagus. S'il est certain
que le village de Toulon est voisin d'un camp de César'4', est-il
vraisemblable de placer à Toulon le port des Santons( 5) ou le No-
W «De Pyra longa, bûcher élevé.» BOURIGNON, ouvr. cité, p. an.
«La tour de Pirelonge fut, selon quelques-uns, une balise pour guider les vais-
Beaux qui remontaient de la mer à Toulon. Les prairies jusqu'au-dessus de Suujouétaient jadis baignées par la mer.». (MASSE, Mém. du 13e carré.) ;
<2) MASSIOU, I, p. no.— Lièvre estime que c'est un fanum. (A.-F. LIÈVRE,
Les Chemins gaulois et romains entre la Loire et la Gironde;Poitiers, 189a, 111-8°,
p;85.);—Balise, d'après P.-J. FiEUBïy ouvr. cité, p. 60.
W C'est un monument commémoratif,d'après LA SAUVAGÈRK, ouvr. cité, p. 80;un mausolée, selon BOCHIGNON, p. ai. Cf. Bull, de la Soc. des Archiv. d'Aunis et
Saintonge, t. III, 1880-1882. — L. La Tour de Pirelonge et le signal d'Ebéon, p. 167et 37/î; IV, i883-1884, p. 3a-4o et ZÏ02-&08; V, i885, p. 48-«o. Borne
limite ou un ornement» (Bull, monum., t. 1, i834, p. aia).—
«Pirelonge est
un trophée militaire, tin mausolée on un point d'observation». GAUTIER, Statis-
tique, p. 4o. :-.-..
W rcTurris Longini ou Camp de César, aune demi-lieue au Sud de Sablonceaux ;
forteresse destinée à protéger le port de Toulon; On y voit des restes d'aqueducet des ruines de chaussée que l'on reconnaît par delà jusqu'à Saujon,à une demi-
lieue i par une multitude de pierrailles qui y sont répandues.» LA SADVAGÈRR, ouvr.
cité, p. 87.— BOURIGKOI», p. aia-2s5. — H. DE TII.LY, Sur la Découverte d'une
enceinte à SainlrRotnain de Benêt, dans Bull, de la Soc. des Archives d'Aunis et
Saintonge, t. III, 1880-1882, p. 33i-333."' ttLe port était exactement à Laujardière, où débutait la voie romaine. Ce
port était figuré il y a deux cents ans sur une carte du pays, appartenant h la
— 451 —
vioregum des Itinéraires W, ou plus follement lo Noverus d'Ausone t2)?Ainsi que je l'ai de'ciaré dans le Pays d'Arvert^, M. Muller a re-
connu' 4' que le port des Santons ne figurait pas dans les premièreséditions manuscrites du grand géographe grec. On est donc obligéde croire que ce nom a été ajouté- après coup, et j'estime inutilede gloser topographiquement sur une interpolation.
J'établirai dans mon étude sur le pays de Didonne et Royan
Camille du Puroir. Lernoine, de Sablonceaiu, a vu cette cartes, (LjissoN„ Lettres,
p. 79.)— LKSSOK, Fastes, I, p. 60. — MASSIOU, ouvr. cité, I, p. 48. — LACU-
KIC,'ouvr. cité, p. 610. -— BOUIUIIGAUD dît qu'on s'y rendait par deux voies : soit
par le bassin de Brouage, entre'Hièrs et Béaùgeay, en longeant Sairit-Just et
Saint-Sornin, en côtoyant la presqu'île de Brouo; en passant entre Saint-Soririn
ol la cote de Cadeuil (Saint-Nadeau) et devant le Gua; soit par la Seudre. ( BOUR-;
MCAUD, Marennes et son arrondissement; Marennes, 1866, il)-8", p. II.)-T- P--J.
FI.KURÏ, ouvr. cité, p. 60-61.(1' De Aquitannia in Gallias : Btavio (Blaya) Blaye, XIX, 19; Tamnurh (Tal-
monl), XVI, 16, 29; Novioregum (Saujon), XII, la. (Itinéraire d'Antonin,c. xxu, dans Recueil des Itinéraires anciens de FOHTIA D'URUAS»; Paris, Imp. royale,
i8a5, in-4°, p. i38.) — LA SAUVAGKRE, pi 88; — MASSIOU, I, p. io6 : «r-NoviO-
regum-, près du Portus-Santonum.» — BOUMOKON, p. 393. —'-ttNovioregum se
dressait sur le coteau de Saint-Bomain» , au dire de MASSIOU,- ouvr. cité, t. I, p. I7.— P.-J. Fi.Kunv, ouvr. cité, p. 61. —
«Auprès de Toulon devait être Noviore-
gum, de regus, à côté.» (LKSSOK, Lettre» Itist. et archéol. sur toi Saintonge et
l'Aunis; La Rochelle, 18/10, in-8°, p. 76.)(2' MOREAU, Rapport sur Ion fouilles à faire dans l'arrondissement de Saintes;
dans BulLmonum., t. IV, 1838, p. 337.— LA SAUVAOÈRS, ouvr. cité, p. g5; i
M P. aa. .,..*...W l'TOLÉMKn,éd. Didol. Préface. —
Bourignon le place à Broue (p. 934). —?
Ansard, vers Marennes (Félix \KSART>, Essai de géog. hist. ancienne; Paris, 1887,iu-8", p. 3ç)2).
— «Santonum promontorium et Portus3 cap de Saintonge, ad
Maienias oppidum.» (MOKKT, Nomenclatura geographica Galliarum;Paris,il643,
pet. in-ia, p. a3;) —Adrien Valois a commis une lourde méprise en le plaçant
àBrouage, alors sous les Ilots. (Notitia Galliarum,p. 5o3.)— L'erreur, a été suivie
par Dom Jacques MARTIN (Histoire des Gaules; Paris 1754, 9 vol. in-49, t. II :
Dkt. topog. des Gaules, voc. Portus Santonum).— «La Seudre ; sur l'Océan, en
Saintonge, au Sud do Brouago.» (Esp.-Jos. CIIADDON, Dictionnaire inlei'prète ma-
nuel dos noms latins de la géogr. anc. et moderne; Paris, 1777, in-8°.) ^— C'est
avec, raison que l'abbé de Longuerue fait observer que Brouage est moderne.
Voyez P.-J. Fi.KiiRY, Port des Santons, p. 58. — A l'einb. de la Seudre, selon
d'ANviLLB, Notice de l'ancienne Gaule; Paris, 1760, in-49, p, 198 et 177-178.—«Doit ôtre sur l'Océan», proclame La Martinicre ( Dic(.goog. et critique des Gaules
et de la France, voc. Santonum Portus).— DESJAIIDINS le croit à Brouage (p. atJG).
— itProbablement Marennes sur la Seudre.» (DKSCIIAMIIS, Dict. de géog. anc. et
moderne; Paris, Ditiot, 188!) ; in-8°, voc. Santonum Portus».) <— En Seudre, selon
Lu TKIIMK, ouvr. c.ilé, p. i3ç).
— 452 —
l'emplacement probable de Novioregum. Je me refuse à le voir à
Toulon.
La vérité est que Toulon se trouve sur ou près d'une voie ro-
maine O qui de Mediolanum se dirigeait sur Saujon par Ghaugrelon ,les bois de Chatenet, Puineuf, Feusse, la Chapelle, Pirelonge, le
Terrier et Grilïarin.
Cette voie est jalonnée de débris dont on ne saurait nier l'ori-
gine <2>.
Au N. E. de la baie, les Romains s'étaient établis à la Sauzaie <;î>,
peut-être à Loubresse, si l'on admet avec Gautier que les conqué-rants y élevèrent un monument aux morts <''>.
Le golfe de Broue offrant, aux poissons les fonds gras de ses
limons devait être parcouru des pêcheurs romains. Cependant, jeme refuse à accepter l'hypothèse de Lesson qui en fait un séjour
préféré des baleines (5'.
('' LA SAUVACKIIK, p. 87.— Voie de Mediolanum au Porlus Santonum, n" a.
«Passant à Ghaugrelon (briques à rebords), les bois de Ghalenct (commune de llr-
taud), Puineuf, Mouroux, Brochants, laissant. Varzay à droite, traversant Feusse
(commune de Thézac), se confondant à la Cliapelle avec la route de Saintes à
Royan, décrivant un angle vers Pirelonge, Griffarin, longeant le Terrier (à gau-
che).et s'engageant dans la plaine de Saujon.» (LAGUNE, ouvr. cité, p. Gi 0.) —
«Un embranchement de Toulon se dirigeait sur Pompicrro et la Grange, fran-
chissait la Soudre et s'engageait dans les champs de Médis.» [Idem, p. 611.) —
linuRiGNOX, ouvr. cité, p. 293.<2' «Au Champ de la Cavalerie, près Toulon, on a trouvé des sépultures de !a
fin de l'ère romaine.n (Acte* de la Commis», des monum. Iti.it. tin la Chàr.-Iiif.,t. VIII, i885-i886, p. 337.)
—«Après Novioregum, la voie passe à gauche du
Terrier,à une demi-lieue de Pirelonge, près de Villeneuve; va à travers champs,laisse Pisany à gauche et passe à Varzay, Fief-Galet, les Guillots (inscription
sépulcrale).» BOUBIGHON, p. 209.— trA Novioregum (Toulon), débris de pierres,
ciment, briques, marbres, médailles.» (MOIIEAU, Notice sur les découvertes faites dans
la Charente-Inférieure en l83j, dans Bull, monumental, t. IV, i838, p. 33i-
33a.)— «Débris de maçonnerie antique, fourneaux à chauffe-bains, etc.» (Lu
MÊME, Rapport sur les fouilles à faire dans l'arrondissement de Saintes, mémo
Bulletin, p. 337.)— «Il y a quinze ans, entre Toulon et la Bernauderie, ou a
découvert une villa gallo-romaine, un pavé en mosaïque à compartiments, des
médailles, des fragments de marbres.» (GAUTIER, Statistique, p. 69-50.)(3) «Constructions gallo-romaines.» Actes de la Commiss. des monum. hist. de la
Cltar.-ln/., I. VIII, i885-i886,p. 336.
, 4) L. GAUTIER, Statistique, p. 3i8.
f) C'est sur un des points du golfe santon que lurent jetées, sous Tibère, les
3oo baleines de grande taille que Pline (ix, 5) mentionne; LKSSON, Fastes,
p. 111.
— 453 —
Je me refuse encore davantage à reconnaître à Broué le promon-toire des Santons, malgré les éloquentes explications de M. Fleury O.
En effet, si quelque pointe avait dû frapper l'attention des naviga-teurs côtiers, ce n'est assurément pas l'éperon de cet îlot ou pénin-sule perdu dans l'archipel séodrien, mais de préférence le relief de
File de Marennes ou la double corne des collines de Saint-Nazaire.
Deux raisons péremptoires s'opposent à l'identification proposée
par M. Fleury : les chiffres donnés par Ptolémée (2) et Marcien
d'Héraclée (3i et la présence de la voie romaine de Saintes à Saujon.Les recherches érudites de M. Muller <4>permettent d'affirmer
que le Promontorium Sanlonum se trouvait en dehors de la mer de
Sanlonie, alors que le tracé de la route Saintes-Saujon nous obligeh considérer les environs de ce bourg comme n'étant plus, sous
le règne des empereurs, un fragment de l'Océan, mais déjà un
estuaire empâté et assez étroit pour autoriser les communications
terrestres.
S'il n'est pas douteux que la mer léchait encore les falaises du
rivage oriental du golfe, il est non moins certain que des dépôts se
formaient à la base des îlots calcaires, toujours plus étendus, et quela haie de Broue était assurée d'une disparition rapide.
La cartographie des commentateurs de Ptolémée ne vient pointinfirmer ces observations, mais leur donne plus particulièrementune confirmation (5).
(,) Gisement du promontoire des Santons, ouvr. cilé, surtout les conclusions (p. 78).— lioiiimic.Min, ouvr. cité, p. ia-)3. -— Ports de France, t. VI, p. 88.
(2> tcEoti/TovMu anpov iç' *£", fiç' Z." S''.n PTOLÉMÉE, liv. II, chap.vii; édit. Didot,
p. aoo. — CODGSÏ, Extraits des auteurs grecs concernant Vhisloire des Gaules;
Paris, 5 vol. in-8°, 1.1, p. s5i.
'' s Alto Se Tapoàvv* •aotay.oii ixëoXSv êni y^otmôraiv&xpov aldS.voE1,alâS.txs'.
A710 <5è Sa»Tc!ii(i)i» âxpov èrtï KauevTeAAou ntorap.ov èxêoAsSs alàS. pS', o7ot<5.Çv'. n
Périple, II, ai, édit. Didot, t. II, p. 55a. — COUGNÏ, ouvr. cité, t. I, p. 319.'''' Les mesures données varient avec les manuscrits de Ptoldméc :
i6°,3o — SG°,45
i6°,i5 — A5°,45
471,1!»'
47°,45
M. Muller adopte i(i°,3o et AC0,A5, édit. Didot.
Cl Pas de (jolie dans l'édition d'Ulin, Léon. Hol, 1/182; Bibl. Nat., G. 3/», rés.
— Idem dans l'édition de Home, 1A90 (reprod. de l'édit. de 1A78 de.Rome);
Bibl. Nat,, G., 406, rés. — L'édition de Rome, t5it, Bernard Silvain (Bibl.
— 454 —
Le comblement progressif du golfe de Broue se perpétue à travers le
moyen âge. Déjà commencé à l'heure où domina sur noire littoral la
civilisation romaine*1', il s'accentua sans nul doute ù mesure quela baie diminuait en étendue. Mais il faut remarquer que l'élut,
actuel est le résultat d'une agglutination. Les îles voyaient se pro-
longer- leurs platins, les détroits se transformaient en chenaux. Sur
les laisses, apparurent les premières salines. On peut les faire
remonter au vme siècle (2).
; Leurs richesses devaient attirer les convoitises des Normands, et
Gharlemagne se trouve dans la. nécessité d'installer des postes de
défenses sur les hauteurs(3).
Pourtant on n'avait point encore déboisé le pays, et le golfe de
Broue conservait sa parure de chênes qui couronnaient les flancs
des îles de Moëze et Marenhes et les rives continentales.
Na't.', G. ixitt) indique deux golfes à la suite du Promontoire des Sanlons, sans
doute ceux de Broue et d'Aunis. — Rien à tirer pour ce rivage de l'édition de
i5i3, B:\le, J. Schott, n°* 3o4g et 3o6o du Dépôt de ta Marine, — L'édition
de 1561,, Venise, V. Valgrisi (édit, Ruscelli), et celle de 167/1, Venise, Zilclli
(n°* 3o66 et 3067 du même dépôt) transposent l'ordre du Portas et du Promon-
tofium. Le Portus est figuré à l'embouchure de la Gironde, le Proinontorium à
l'issue du Caneiitcllus. — Même transposition chez Mercator, Jod. Kenipens,
Cologne, 157/1 et 1578 (n™ 3o54 et 3o57 du môme dépôt).— M. Mercotor,
Francfort et Amsterdam, typ. Hondius et Gorn. Nicolas, i58ù et i6o5 (n°"3o55,même dépôt).
— Le golfe de Broue est dessiné dans l'édition de P. Bért, Amster-
dam, Hondius, 1619 (n° 3o56 du même dépôt). —L'édit. de Séb. Munster,
1639, rétablit l'ordre interverti par les Vénitiens, mais le Promontoire est gravétrès au S. 0. du Ganentellus, dont il est séparé par une vaste anfracluosilé
(11° 3o5a du même dépôt).W >C'e»t «ans motif que M. Bourricaud estime que le comblement débuta à
l'époque des Wisigoths (ouvr. cité, p. ai ). 11a dû s'inspirer de Lessoti, qui assure
que les Wisigoths ont livré une bataille sur ces rives (Fastes, I, p. 130). N'écril-il pas que la Tour de Pirelonge e8t le tombeau d'un chef goth? (Lettrés hisl. etarchiol. sur la Saintonge; La Rochelle, i84o, in-8°, p. 16.)
'*) *tS'il fallait s'en rapporter à Belleforcst, il y avait déjà des marais salantsà Marennes au vu* siècle, puisque le roi Dagoberl fit don de quelques salines à
l'abbaye de Saint-Denis, quand il confisqua les biens des enfants de Sadregilile,duc d'Aquitaine. Ce» domaines consistaient, selon lui, <ren terres assises tant en
Anjou qu'en Poitou, et aux Martmucs pour le fait des Salines.» (Arcère, ouvr.cité I, p. ai.) — MARKS, ouvr. cité, p. ao3. —
Chroniques de Saint-Denis,liv. V, ch. xv (LE TERME, ouvr. cité, p. 178).
(3> «Redcunle verna temporc, medio 1ère marlis, rex Aquisgrani digrossus litlusOceani Gallici perlustravit, et in ipso mari, quod'tunc piratis ÎN'orllimnnnicis infos-
lumerat, classent instituit, prajsidia disposuitn. (EcmnAm), 'Vita Caroli Màgni,an 800, t.'l, p. 945 de l'édil. Tculci, Soc. de l'hist. de France.)
ÛB5 —
V
Tel était du.moins l'aspect de cette région à l'aurore du xié siècle,Un réseau de verdure, des salines à. la base des falaises,; des
pêcheries, et des moulins à l'estuaire des ruisseaux d, tandis que jelimon redressant les fonds marins livrait à l'activité humaine de
nouveaux territoires [marina).A cette époque, où les documents ne sont pas encore légion,
l'expression de terre neuve et de sol ancien appliquée à Marennes
est on ne peut plus caractéristique ,-2).Et la Charte dé fondation de
Notre-Dame de Saintes montre éloquemment que côtes et îles se
développaient en population t3'. D'ailleurs, le double avantage de
la Seudre et de la merde Broue aidait les transactions'4'.
Au milieu du xf siècle, les salines de Saint-Aignant sont en
faveur, et l'acte qui en assure la proprie'té à la Trinité de Vendôme
témoigne par là que la mer abandonnait le rivage oriental du
golfe (5).
'" Gartul. de la Trinité de Vendôme, publié par Métais, dans Archive! d'Auniset SaiMongOy t. XXII : io4o, «foresta que nominalur Marilima» (p. 34).— ttBos-
cum Sancti Aniani et boseum de Columbariis, cum omnibus, ulilitatibus suis, sali-
nis, aquis molendinum, piscalionibusu (p. 34-35). — ioia-io58, Guillaume
d'Aquitaine donne à la Trinité de Vendôme «medietatem de foresta que nominalur
Maritima» (p. 66-45). Gartul. de Saintongc, publiés par l'abbé Th. Grasilior
(Niort, Clouzot, 1871, 3 vol. in-4°), t. 11, cartul. de N:-D.' de, Saintes. :..10/17,Charte dé fondation de N.-D. de Saintes, par Geoffroy et Agnès :<t.ecclesiam Sancti
.loliiinnis de Anjjlis... item in ipso hoc pago Santonico locum qui clicilui- Maritimus,ecclcsiam Sancti Saturnini Maremne, et Sancti Jusfi,. et Sancti Pelri de Salis, et
Sancti Martini de Senzilacli (Saint-Martin), et Sancti Laurentii de Gado .. insu-
per etiam dedimus... ecclesiain Sancti Pétri et Sancti Eutropi de Broa, cum
décima tocius terre Maremnie, tani agrorum quam vinearum, nemorum- et mari-
iwvum, a Monte Aquilino (Monlielin) usque ad Chapusium... etc.» (p. 3). «Sîlva
Baconei (ibid.)».(s) Cartulaires de Saintongc, t. II. Cartul. do N.-D. de Saintes : Geoffroy et
Agnès font abandon à N.-D. de Saintes de la moitié «terre de Maremnia et de
Veleri et de Novan (p. 156).(3) Voir note 4. Charte confirmée en 1095 par le pape Urbain (cartul, de N.-D.
de Saintes, p. 10).(4) Cartul. de N.-D. de Saintes: «Ma omnis terra (Maremnie) clauditur ex duo-
bus maris ialeribus, canali videlicet Seudra et Broatgau, (p. 3).ty En 1068, Geoffroy signe un acte par lequel Guillaume VII de Guyenne con-
lirme à la Trinité de Vendôme la donation des dîmes sur le sel de la terre de
— 456 —
Toutefois la navigation était encore praticable jusqu'à Broucdans la seconde moitié du siècle M.
Le propres des alterrissements est souligné, au xn° siècle, parl'apparition de nouvelles salines à Maronnes'2', à Saint-Aignant !;,);
par la formation de marais gàts à Saint-Sornin ('', à Nieulle <r'), àMarennes <6i.
A la pêche, à l'industrie du sel, les populations joignent les
pâturages des bestiaux, la glandée dans les bois littoraux, la con-'
i
Saint-Aiguant (THOMAS, Mémoires pour servir à l'histoire de la ville et du port de
liochefort; Paris, 1828, in-8°, p. /1). — C'est aux environs do Saint-Aiguantque se trouvait le moulin «do Roiallatu», possession de ia Trinité, et objet d'un
litige (Acte de io45-io8a dans le Carlul. de la Trinité, p. 63). —=-De môme,vers 1080, Fredelandus donnera à l'abbaye de N.-D. de Saintes «in villa Campa-nia (Champagne), totam decimam terre nove de Ajolhis» (Cartul. de N.-D. deSaintes, p. 88).
— Sur celte terre des Ajolhs, conquise sur la forêt, voir aussiCartul. de SS.-D. de Saintes, p. 88 (1079-1096). — J'ignore s'il faut considérercomme acquise la terre de Roguoirach dont parle une charte de io83 à 1099(Carlul. de N.-D. de Saintes, p. 86).
(1) Cartul. de la Trinité : 1078, Guy de Poitiers abandonne les droits qu'il vou-lait percevoir sur les Trinitaires : etDe Aias (Aix) in insulam Olarionis navigavit clindc ad castellum quod Broà vocatur venitr) (p. 61-62).
<3' Cartul. de N.-D. de Sainles, 1100-1107 : «Moulin et jars Putei Salneri»
(p. 161). — 1162 : «Conquerilur priorissa de Maremnia de Junio qui aufert eiasneriam de terra Alescrivana, et de terra Sosda et cordatam et charroi de terra
Raymùndi Charet et de terra Tindencium. . . et duas gallinas censualcs de terraPétri Vitalis qui est juita landam Alangevinam; insuper aufert ei terram de La-baudonsonera, lerram Pétri Helie, prata Sancti Nicholaï et decimam de Monte
Àiglino, et medietatem décime de satina Berno, et de salina de Dalo, cl desatina Templariorum, et peathgium de Gado. . . et domum de Maurellia. . . ettereinm partem décime de Pictavineria, et ecclesiam de Monte-Aiglino quam hedi-iiravît in parrochia de Gado» (p. 175).
f-1' Cartul. de N.-D. de Saintes, avant 1119 : un privilège du pape Calixte II con-tirme le don de la terre de Beurlay «cum augmenlis saline Sancti Aniani» (p. 1a).—
Après 1 i5o, titre de la saline Vinochia, «que est in parrochia Sancti Aniani»
(p. 45).(4> Cartul. de N.-D. de Saintes, 1119 : «Palus Aubars» (p. 17a).<51 Cartul. de N.-D. de Sainles, s. d. (vers 1i5o), Dans cette charte figure un
Joiibcrl ffde Toscbà Rolunda» (p. 167).<6>Carlul. de N.-D. de Saintes, 1119-1 l'Ak : irDécima. Maremnic, et silva, et
mari&cum» (p. i5<j). -- En 1186 on voil citer près de Marennes le moulin dePabeirach (p. 15g). — Avant 1171, Ymberge de Périgueux, prieure de Marennes,achète «prata in palude Daubars, décimas Ciosdicii de Saurespina et de Scailer,pra;ler hoc cliam molendinum de Palart (Pélart dans l'île de Nieullc). . . domumde Maureleira.. . decimam de Bazo (La Boise))) (p. 168).
— 457 —
struction des navires à Saint-Aignant et Broue t1),grâce au maintiendes forêts*2).
Au centre du golfe, Hiers commençait à s'animer <3). Mais le
l'ait capital de ce siècle, c'est la conquête de l'île de Marennes surle courrau d'Oléron, et la formation des terres basses du Chapus <4>.
Les textes qui nous sont parvenus des trente premières années
du xni" siècle ne nous laissent aucun doute sur le rapide envase-ment de la côte occidentale des îles de Marennes, Saint-Just etSaint-Sornin (5), et sur le rétrécissement du lit dé la Seudre, qui
f1' Charles de la Trinité de Vendôme, concernant le Poitou et là Saintohge,
par GII\Y, dans Arcliives d'Âunis et Sainlonge, t. XII: Diplôme de Louis VII»bos-
cus de Sancti Aniani et boscus de Columbariis, cura salinis, aquis, molendinis,
piscationibus, etc.)) (p. 379).— Cartul. de N.-D. de Saintes, 1 i46 : privilège du
pape Eugène III tede silva que vocatur Baconeis. . . ad îiaves, ad furnos calefa-
ciendos, etc. Item salinas quas possidetis apud Sanctum Anianum» (p. i5).<!' Cartul. deN.-D.de Saintes, n48 :«boscusde Gado (leGua), Encombrath»
(p. 61).<3) Cartul. de N.-D. de Saintes. Une charte d'Agnès de Barbezieux mentionne
le nom de Gauviang, chapelain «de Broa et de Herion (ch. de 1168-1 i5a).(4) Cartul. de N.-D. de Saintes, après 1119 : le comte de Poitou aceordg à
l'abbaye la dime «tocins terre Maremnie, tam de terra plana et vinearum quaiiidebosco et maresco à Sancto Salurnino ad Capusium» (p. 171).
— Cartul. de N.-D.
de Saintes, Ch. de Bernard, évêque de Saintes, 1169 : «In décima videlicet tam
terre sahe qiiam dulcis que est a Capusio usque ad niontem Aiglinùra, et inclu-
ditur duobus cnnalibus, scilicet Broatgia et Seodra» (p. 157);(5> Cnrlul. de N.-D. de Saintes, 1220 : le blé «maresioriim a molendinp de
Chalon usque ad Capusium» (p. 178).— Cartul. de Saintonge,'t. I. Cartul. de la
Garde, 121g (décembre) : charte touchant un litige causé par le marais amari$-
cum de Soloera» (p. 115), confirmée en juin 1221 (p. 118) (Soloira, Soler, si
l'on en rapproche plusieurs documents de 1196-1216, 1196 (p. 96) et 1196-îatG (p. 98) mentionnant un certain Mainard de Soler, peut-être aussi proprié-laire de salines «quicquid juris habebant in salinario Mainardi, presbyteri», s. d.).— Carlul. de N.-D. de Saintes, v. 1220 : charte de Sibille de Dohe, prieure de
Marennes: «Sibylla de Dohe, claudente mariscum de Transmare (vers Bonrcefranc)
super lerragio dicti marisci questio mota fuit)) (p. 175).•— Carlul. de la Garde,
1230 : <TVsolidos censuales quos habebam in pratis marisci de Soloira» (p. 116);— s. d. (v. 1220) : «de pratis de Soloira» (p. g5);
—-juin îaai, idem (p. 118);
—- 1228, charle de Robert de Sahleuil : «terra salsa de l'ester (l'élier) de Soloira»
(p. 125);— 1228, donation faite parle même de: «terrasalsa ad saepias (poissons
qu'on faisait, sécher) capiendas, que terra vocatur terra de Mulsa, et communicat
se in piscatione cum terra que vocatur Lo Tajath, que etiom terra est prope et
juxla est'-rium vcl canalem de Recolena et est eliam juncta terre saisi Pétri Bovin
(p. 126);— 1 328 (p. 127) ,1229 (p. 138), 1933 (p. i3o): «terra deu Tajath,
terra deu Ram».
GKOGIIAI'IIIK, N" 3. —îyoa. 3o
— 458 —
livre aux indigènes marais salants et palus; car il faut nettement
distinguer les territoires industrialisés de ceux que le retrait du Ilot
transformait en marécages inutiles, avant que la volonté et le labeur
des habitants n'en constituât des terres arables et productives.Les atterrissements de Hiers M ne sont pas moins manifestes, et
la vague s'éloigne des murs de Saint-Aignant <2'.
L'Océan a définitivement abandonné les coteaux de Cadeuil
et des Goutres, et l'antique mer de Broue cède la place à de vastes
marais pourris (3V
A cette date, les hauteurs n'étaient pas encore complètement
dépouillées de.leurs bois, et dans les clairières des vignobles éta-
laient leurs pampres joyeux <4'.
Vers ia5o, une série de chartes nous confirme ralluvionnement
rapide de tout le bassin : du chenal du Lindron à celui de Dercie,en passant par Artouan, dans le canal de Seudre <5', à Sainl-Sym-
phorien <6>,à Saint-Jean-d'Angle (?J,à Saint-Fort W, à Saint-Aignant,
W Cartul. de N.-D. de Saintes, v. iaso : André, prévôt ttde Herio» parle do
trsalis et animalium que sunt in maresiïs de ballia sua» (p. 178).
t(2> Cartul. de la Trinité, v. 1300 : confirmation d'un accord en faveur de
l'abbaye de Montierneuf qui acquiert la:saline de Bercherunt (p. 119); — lettres
de Henri, évéque de Saintes, et du sénéchal sur le même sujet; — lettru de
l'abbesse dé Saintes sur les marais de Corbet, irjuxta Magnum Cainpum» (p. lao).'3) En ia36, Hugues de Doe (Broue) donne «ses marais» devant le château de
Ghesson, joignant aux autres marais (DENTS D'AUSST, la Tour de Broue, 1 JI5-
1789, dans Archives d'Annii et Sainlonge, t, XIX, p. 363).(" Cartul; de la Garde, 1228 : Robert de Sableuil abandonne ses droits sur
renemus et landas et terras... cl quasdam vineas... in feodo de Chapulo»
(p. ia5).<5' En 1 alio, Geoffroy de Doe donne au prieuré de Sainte-Gemme le moulin de
Galat (vers Saint-Martin). La même année il autorise l'abbaye de Saintes à bâtir
un nouveau moulin à PélarL En 12 48, il fait abandon au prieuré de Saintc-
Gcmmo des fiefs de Maurevaud et Maynard iten Maronnes» (vers le Maine, sur
le chenal du Lindron). En ia&8, il concède au même trois de ses fiefs en «iislc
de Marennes, proche Rurale». (DENTS D'AUSST, La Tour de Broue, p. 363.) En
1357, il donne le Brandaux (à Saint-Jusl) (idem., p. 36A). — Cartul. de lu
Garde, mai i«46 : charte touchant les dîmes sur les marais, terres et prés trquedicti fratres possidènt et eiplectant in Marempnia in territorio de Artoen» (p. 135).
M En ia56, Geoffroy de Doe livre à Sainte-Gemme des.terres douces et salées
sur SaintrSympboiïefi (DEKYS D'AUSSV, p. 364).W. En iai-i, Geoffroy de Doe concède à Sainte-Gemme Je marais «dit les
Maroys» à Saint-Jean d'Angle (DBNYS u'Arssv, ibid).W Gartul. de la Trinité, «a5g : accord entre la Trinité et N.-D. do Saintes sur
les marais de Saint-Fort, «prope maresium quod vocatur llona Filianet cralie in
— 459 —
dont le port est encore prospère, mais est éloigne de la mer. Leterritoire entre Saint-Just, Broue, Saint-Aignant, Beaugeay secouvre de canaux, sans cesse parcourus par des navires qui empor-tent les produits des riches salines(1). ;
Les transactions sont telles dans le havre de Saint-Aignant qu'onvoit Alphonse de Poitiers s'y intéresser <2' et les favoriser.
L'atterrissement ne subit aucun arrêt pendant la seconde moitiédu XHI" siècle (?'. .
Au xivp siècle, il est aussi marqué, tant à Saint-Aignant; Ville-neuve et Saint-Fort'*), Malaigre &\ dans ; la baie de SainfciJean-
d'Angle, que,sur la rive droite de la Seudre H
capite riyuli desçendentis dp esteria de Petra, et tendunt versus Podium Hosselliet a/i aree sunt, site in saliija abbatis et conventus. de Valeqcia, quodam bpcioinlermedion; plus loin, on parle du cours d'eau du Jars (Jasi) (p. 187).
f't Cartul. de la Trinité, 126/1 : Geoffroy de Doe fait cadeau à i'abbaye de Aton-tierneuf de ses droits sur les canaux de Burgong, de Saint-Aignant, sur le port decette ville, sur le canal de Golias, tcusque ad Maiaygram et usqiie ad caitalomde Petra, et si n«»is aliqua applicaretur vel deveniret ad canaiem dû' Petra ita
quod plancha esset n parte Malaygren (p. i3a). On lit dans cette charte ces motscurieux : «Broagia (Broue) usque ad terrain dulcem» (p. t33). — Malaigreestappelée «locus de Marisagro» dans une charte de la Trjnité de i3a4 (pk ao5).<
(2> Cartul. de la Trinité, ia55 : Alfonse de Poitiers exempte de maltôte lesvaisseaux abordant à Saint-Aignant (p. i33-i35). -n- Cf. une donation de ia58d'Arnaud Alexandre de Saint-Jean d'Angle (p. 136-i 36).
W Cartul. de la Trinité, 1a8j : Amcdéc du Bois offre à l'abbaye de Montiefneufttniaresium suum apud La Consoudère» (p. 158) (entre Saint-Aignant et Malaigre).— En 138», Gérard de Rocliefort abandonne lès marais salant* qu'il possédaitsur le canaj de l'Épine, Arlhouan et seBmarais (DÉBITSD'AUSSY,ouvri cité, p. 36A).->—Le même, en 1396, confirme le don du port de l'Épine et des salines deConstantin à Naiicreais. (Idem.,y>, 364.)
W) Cartul, de la Trinité, i3a» : Phil. Pahanelli achète le sixième d'un marais«in riparia de Borgont)? (p. 191). En i3a4, venté de trois boisusaup de rente
«super maresio vocalola grant Baroneira,continentiLr areas maresii, cum.vittibussuis, quod maresium est juxta la Petite Baronera et l'Echange, et juxta Ardoyne»(p. aog).
!5! 1339 : dans : un procès-verbal entre l'abbaye de Montierneuf et celle deSablonceaui il est parlé dé l'ile de Malaigre, et dans son voisinage « d'une sartière
qui est près d'un jas qui est appelé le jas Levesque». (DENTS B'AUSST,ouvr. cité,p. a3i.)
(fi) Cartul. delà Garde, i3n : «Una pecia vinee sita in Langdron (le Lindron)n(p, 145). —• Cartul. de la Trinité, i3io : Arribet de Saint^Sornin vend 3a Riresde marais «cum jàzis, conclus, vittabus et pertinenciis suis que vocanturLn Fre-
saye, site juxta seu contigue capiti ilincris per quod ilur apud Borneyuni ex una
parle, et contigue capiti du jns de Rocbny et xxiv areas maresiorum juxta
3o.
— A60 —
Mais il semble que l'aspect général de la contrée tende à se
modifier. Les chartes de i3oo à i35o ne sont plus remplies de
détails sur les 'bosquets de la crête maronnai se. La populationdé friche à outrance pour planter des vignes. Celte pratique n'est
pas suivie par les indigènes de Beaugeay, de Villeneuve et du
Saint-Aignant, et le cartulaire vendômois recèle de nombreuses
donations de chênaies et de fragne'es M.
Il faut croire que les îles de Marennes, Sainl-Just et Saint-Sornih
s étaient soudées à la fin du xive siècle, ou bien quelles détroits quiles séparaient ainsi que le Gua de Sablonceaux étaient réduits à des
canaux minuscules, car une routé facile avait été établie du Ghapusà Sablonceaux, et il n'est point question de ponts ou de gués sur
son parcours dans de précieux hommages adressés à Renaud VI de
Pôns,et conservés en nos Archives nationales'2'. Après le chenal
maresium capellani Sancti Saluraini» (p. 185).— i3ao : Guy de Rocheforl aban-
donne le marais de Germain (près l'Espine) (DENYS D'ABSSÏ, ouvr. cité, p. 3S5).— J335 : Bail à renie de marais et sartières en la rivière de Seudre, au ÏNouverat
(DENIS D'AUSSY, ouvr. cité, p. 87^). — J'ai reculé devant l'identification de
nombreux noms : «Gorallo (i345), Appleton (1367), Acbeneau (1367), La
Bernardière, Frissé (i3gi), La Iloueliardière (i3y5)» (DENYS D'AUSSY, p. 308-
36g). Où faudrait-il les placer?W Cartul. de la Trinité : i3ift. L'abbaye de Montierneuf fait l'acquisition des
bois du Plessis, rtde Plesseio juxla Villanovanui (p. 178).— 1317. rtNemus dou
Gliatelièr» (p. 178). Cf., i33i. KVinéa juxta nemus de Chaslelleiro» (p. 2s3).— i345i «Nemus vocatuin Parvum Cliastellerium». —
1819. Acte de vente d'un
bois, ttin feodo de Chatelecio» (Le Gaslot), au N. E. de Saint-Aignant (p. 188).— i3a3. Acte de vente d'un bois (tjuxta nemus aus Picliat ex una parte, et nemus
ans Vicliercis de janua Sancti Aniani ex altéra, et iter per quod itur de Villanova
versus seu erga Talnorum Charantonum» (p. soi).—
»3ig. Acquit de as de-
niers de cens d'une vigne sise trjuxta fontem Pomariorum» (fin feodo de Nemoren
(Fontaine près les Vignauderics) (p. j86).— i3aâ. Le fief de Tausserât, à
Beaugeay, «de Bogayon, est un vigne et bois (p. an ).<2)
139a. Hommage de Jean Thomas à Henaud VI « Dominus de Sancta Notnnyc,de Broda, de Monte-Aiglino et do Cbaissoux in Marempnia». 11 y est parlé de
mothés et de bois (tsita prope Pousse (au N. de Luzac) prout se extendit inter
viam puplicam per qùam itur de la Beurcour de Feusso(auj. La Borderie) usquead quadrivium per quod itur ad herbergamentum de Peussc... et exindc ad
poiratum de Salis (Marennes) et usque ad prioratuin de Sabloncellis... item unam
parvam peciam palude sitam inter vinm puplicam per quam itur ad vivarium de
Pousse.,. les ; Alastaz de Brollio in loco vnlgariter appellato Le Vivier...
vinec ef terre que fueriint à la Bousille in feodo aus Rigucns». (Arcb. Nat.,
J. îoaC31).— Cf. J. CIIAVANON, Renaud VI de Pons, dans ArMvei d'Aunit et
Sainlniijrc, ,1. XXI, p. ia/i-ia5).— Une seconde ebarte complète la précédente
— 461 —
de Pelart, celui de Recoulaine^ celui de l'Epine, nous voyons ap-
paraître le chenal de Marennes ou rivière de Marennes. Entre
Marennes et Hiers, les salines sont déjà florissantes, et Charles le
Bouvier, hérault de Charles V, proclame que le commerce du sel
«enrichit moult fort le paysn ('v
Hiers et Marennes, en 1/100, ne sont plus séparées que par le
déversoir des eaux stagnantes de l'intérieur(2).
A rO. N. 0., le Chapus projette son promontoire effilé, quiatlire l'attention des premiers cartographes'3'. Les apports du flot
pour la lopographie de Marennes : i3g5, aveu et dénombrement de Thomas
Stuer : « C'est assavoir les harbergèmens de la Raymondière et de la maison Jehanne
Morcllo, des arbergemens do la rivière et des arbergemens aux Brachez et ai Dà-
valon des Blanchars et delà Blancharde et de Hervé Malemprt. Le lieu de, la
Raymondière lequel s'estand dès la chappa Myre-Raube, sieur de la Gastaudière,d'une part, et de l'autre part tenant au chemin public par où l'on vait de Feusse
au Gliapus et d'autre part aux liabergèmens de la Rayinondièro rotoiirnâht la vo'ye
publicquë tenant boys d'une part et lés vergiers de mondict herbergènierit. i; On
voit dans celte charte qu?une voie publique allait du Bruilh (le Brouilla:laRivière, une autre du Bruilh à la Bouchardière; une autre «que l'on appelle le
courant jusques auz rivières souhz la Blimchardière». «Une voie publicquë venant
devers Feusse vers les maroys salans. — Item tous les maroys qui sont encloux des
le chef de la douhe tenant à mon' boys 1, sëguans le tour de l'ayve jusques à mon
moulin fondu dé ISantras (Nancras) ensemblement ob mes maroys blàyons retour-
nant vers la chanon de Nantras jusques à la Mouliasse pastaù'coustantle maroydevers mon pré jusques à la l'outainede la Raymondière.» (J. CUATAHÔN,Renaud VI
de Pans, pages i3i-i33.)'•"''''
l') LK TKBMK, p. 1^7....,,..:,
("-> 14o8; Hommage d'H. de. Bcaumont. H y est mentionné un' 'quartier de
vigne sis à Vacheresse, deux quartiers de landes et terrés «assiz à la cbsle où rive
de la mer» ; «le chemin par où l'on vait de ladicte costo vers Saliz éri Marempne»;le lieu des grous, h Sentier d'Hier* A Fonlmalhou (Fraumailloux) Puy de Grom, le
Puy Baudoin, «le Grand puy d'Ayrabletii (à l'Ei S: E. de Fraumailloux; dans
le marais), «une maison assise devant le port d'Iers,Tarbergement de Chatèl-Gal-
hart, le Puy apellé «le Puyficiei'», le lief de Mairebenl', «le lieu de Siiiches, assiz
prez la rive de la mer» (Archiv. nat. i. io26S5','r). Cf. J. 'CIIÀVAKON, ouvr. cilé,
p. 179-174).— îé 11. Aveu et dénombrement du fief de Puy d'Amon. (DENTS
D'AUSSÏ, ouvr. cité, p. 3(5o.); •
WCapuzo, dans ia Charta Navigatoria de i35i (Portolano Laurenz. Gadd.!,
sou Atlante medicoo (NonDENBKJOLi>,fferi/>/tiï; Stockholm, 1897, in-fol.). —Zaj>i«o,
anonyme du xiv" siècle [id., Pcriplus, p. /11 ). Ce portulan est celui de Tammar
Luxoro de Gènes. —Zapmo, dans la Carte catalane de i375; conservée à la
Bibl,Nat. —Zapnto, dans Chartaurivigatoria,Portulan Pinelli Walckenaer.de 138ft
(Periplus, pi. XV).—
Caputo, dans G. Soleri, i385 (Periplus, pi. XVIII).—
Caputo, Giroldis, Venise, iti-\() (idem):^-
Comparez Capuço dans Frerluci
d'Ancône, 1/197 (Hibliotlièqùc de Woll'enhiiltel).
— 462 —
ont transformé le cap massif de l'île de Marenhes en une flèche
pointée vers Oléron W.
Au S. E. de l'ancien golfe, à mesure que la mer reculait, les
salines se gâtaient, et la culture imposait au sol conquis de nou-
velles productions. On plantait des fèves où jadis le pêcheurrecueillait le sel W.
VI
Les pièces d'archives de la seconde moitié du xv" siècle devien-
nent encore plus précises, et je ne sache pas qu'aucun rivage fran-
çais ait pu être tracé avec plus d'assurance que le pays de Marennes
et Broue à cette date pourtant lointaine dans fart de la topogra-
phie. Sur le versant de la Seudre, on pourrait déclarer que la zone
littorale dessinait une ligne presque droite du Chapus à Saujon,
englobant les iles de Nieulle, Souhe et l'Hâte. Tous les terrains à
l'Est et l'E. N. E. de cette ligne conventionnelle étaient agglomérésau continent, mais morcelés de sartières et de chenaux, dédale de
salines, de palus, de terres arables et de landes'3'.
,,.}}} 1/119 et <4ao. Aveu et dénombrement des frères llardillon touchant les
droite de prévôté «du groin du Chapus à SaintJVadeau, en terres doulees el
salées?). (DïRïstt'Aussï, ouvr. cité, p. 36g.)W Gartul. de. la Trinité, 1497 : Autorisation donnée aux moines de Monlierneuf
de faucher des fèves <tde tonnella Sancti Fortis usque ad canale Sançti. A.niuni et
usque ad terram dulcein» (p. 389).W Un.arrenteroent de fonds par Jeanne de Villars pour ses biens de Luzac
s'exprime ainsi.: ttUne certaine place de bois ou buissons vacante el enrayai;
nommée.lesiQuyneau, près la barrière de Foussac, tenant d'un côté au Ion;; du
grnnt boys de les Quyneau.,. et à ung sentier qui vait de ladite barrière de Fous-
sac en Arthouan.. \ d'un bout à ung veil chemin ancien qui descend de Foussac
en lu rivière, d'autre bout au sentier dessusdict... une veille jonchère qui se
tient d'un bout au chemin public qui vait de nostre troihl dudicl lieu, uu port des
Lilleaux, d'autre bout aux clouzaus du jax de Jehan Fabien. . . d'un couslé à
noslre,péage de Braguygiïac, d'autre cousté aux landes.. ., etc. (Chartes suinton-
geaises de l'abbaye de Saint-Florent de Saumur, publiées par Paul MjkncHKGAv,
Archives d'Aunit et SaitUon/>e, t. IV, p. ^73). —Cette charte est complétée et
fixée par un aveu de la même abbesse de Saintes de îffjs. ttAinsy comme l'ayve
départ la terre de nosl.redil seigneur et la noustre, el ainsy s'en dévale le long de
la rivière (la Seudre n'(ml plu» qualifiée mer) au chat du peyré de Nyeul (à rappro-cher de l'île de Noie,:devant Bourcefranc) et du peyral de Nyeul jusques au rival
(ruisseau),de Cogony, cl du rival de Cogony jusques au Pont de Peylarl.» (Idem.,
p.,48i,) «Hem un lieu qui est tenant d'un chief en droicl Je Sauf, où fut jadisle moulin des Ardeillons de Sninl-Jusl (vers In Touche ou la l'uisade). .. Item
— 463 —
L'extension d'Hiers est attestée par un aveu de ik'jk M. La plainede Saint^Sornin à Saint-Symphorien est en grande partie dessér-
cliée l2). Un réseau de chenaux y a été creusé <3>.
Un réseau identique relie Saint-Fort à Beaugeay W.
C'est donc bien à tort, et par le seul fait de la tradition que
nostre fieu du Port de Salles (Salis ou Marennes) qui se tient d'une part auboûrgveil de Salles et à un sentier qui départ la terre du seigneur de Pons et la noustre;
laquelle terre est appelée les Grois, et la rivière Salant en alant tout le long ,de la
rivière de Seudre, jusques au chemin de bord de Saule» (p. 483). Cette charte cite
le Poyx dolaRobine, le fieu de Lomme, le fieu de Marnieu (p. 483), ceux du
liât, des Landes, du Petit et Grand Breuii (à Marennes), le fieu Vieilhy lé Plan-
lior, Ombaze (auj. Lombaze), Tirepeu, la Couture, la Chainède (auj. Chainade),la Morlière, le fief aux Ogiers, et «le rival dé- la Môrrelière»:(p,.484-485).L'atterrissemont est encore plus manifeste si l'on observe que cette charte capitale
ajoute : «le tiers que nous avons el prenons en l'ayve assise à Saint-Iust, appelé du
Port-Neuf» (p. 485). — Plus au Sud, elle parle de «la terre doulce qui s'appelle
Soùhe, et la terre salée qui meut de Sainte-Gemme, et dudit moulin de Châlon
en venant tout le Rin de l'ayve jusqu'au Moulin-Neuf» (p. 4go). Plus loin, on lit:;«la moitié de la coustume qui se lève au Port de Châlon» (p. 491).. Enfin nous
sommes édifiés sur l'atterrissemont du pays de Dercie à Toulon par le texte d'une
haillelte de Sablonceau qui nomme comme fermes, Beaulieu, le Mortier et'Sàù-
inier. (Abbaijes, dans Archive! tTAunit et Saintonge, t. X, p. 397.)' :';
(1' Aveu et dénombrement do la Morlière et la Blancbardièro. (DBNÏS D'AUSSÏ,
ouvr; cité, p. 371.)(2)
1475. Fief des Bonnes Filles (chartes de Saint-Florent de Saumur, p. 48i-:
48a.) ...... ,.;(3>
1473. Aveu de Jean de Saint-Gclais touchant ses marais : «lesquels territoires,
maroys, caves et chenaulx sont et mouvent du moulin du Talus (auj. le Talu,
près Broue) de la paroisse de Saint-Symphorien... Si comme la chenau descend
jusqu'à mon moulin de Malaigre (chenal de Broue), et dudit moulin si comme;
l'exstier descend jucques au Pont de Saint-Fort, et d'iceluy pont si comme l'exstier
descend jucques à la rivière de Puy Rousseau (Podium Roselli, le Roseau), et
d'icelle rivière commence et départ la terre doulce et les maroys; jucques à la
Grange aux Chelroux (le Cheltreau) et d'ilecque entre lesdictes. terres jucquesaux rivières des Combes de Salles.n -.(.Aveux et dénombrements, dans Archive»
d'Aunis et Saintonge, t. XXIII, p. 388.)C'1 Cartul. de la Trinité. Délimitation du prieuré de Montierneuf, i484-i4'95;.
« Du-Port de la Tonnelle, lequel port est au dedans de ladite terre de Montier-
neuf, rendant tout le long :de ladite terre doulce de Saint-Fort jusqu'au chemin
pur lequel on va et vient de Saint-Fort à Mallaigre, et d'iceluy chemin passantentre les marays salans de ladite seigneurie de Mallaigre et les marays de ladite
seigneurie de Montierneuf, descendant en ladite chenal de la Tonnelle, lequelchenal descend en la grau t. chenal de Goullias, et d'icelle descendant en la granlchenal doSaint-Aigues cl d'icelle montant jusques auprès de la fontaine Charles... »
(p. 3oo et 3OJ ).
— 464 —
Guy de Pons s'intitule, et que des successeurs s'intituleront plusde deux siècles après lui, « Seigneurs des isles d'Ol leron, Mnrempnes,
Arverl, Brouhe et Cheussoux»'1'.
H ne faut demander rien de plus aux rares spécimens de la
science cartographique du xv° siècle. Us sont, évidemment moins
bien renseignés que les chanceliers préposés aux cadastres des
baronnies et des monastères. Mais j'estime qu'il faut remarquer la
forme onomastique donnée par Juan de la Cosa à cette contrée W :
Brouaie, qu'un portulan hollandais modifie peu après en Brouage <3'.
Le «Champ de Broue« n'est encore qu'un marais. Nous allons le
voir, cent ans. plus tard, naître, briller et disparaître.
Par un hasard inexplicable, les documents se raréfient, au
xvic siècle. Un affranchissement de François'dc Pons, de i5ig,
pourtant, a l'avantage de nous fixer sur le retrait de la mer de
Nantras au Ghapus, vers Node et Châtain, encore baignés parl'Océan (*>.
D'un autre côté, un arrêt du Parlement de Paris, de i5so,
témoigne que les ports de Marennes, de Broue, de Chessou et de
Montélin (Dercie ou le Gua) sont encore accessibles aux navires (5\
<>> Cb. de i4g3. (Chartes sainlongeaises de la Couronne, publiées par Paul DE
FLEDRT, dans Archives d'Aunis et Saintonge, t. VH, ]). 45i). — On n'avait pu
jusqu'ici identifier Cliessous. M. Denys d'Aussy avait estimé que c'était une bulle
auprès de Montélin (ouvr. cité, p. 335). 11 s'était mépris. Chessou se trouvait
dans l'île de Saint-Just, au Nord de Luzac et Mosac, vers Feusse, ainsi qu'ilrésulte d'une intéressante carte- sans date, manuscrite (fin du xvn' siècle), intitu-
lée : «Carte de l'Àunis, Saintonge et îlesn. (Bîbl. Nat., Caries, vol. C, gotç).)(*> Juan de la Cosa, i5oo (dans NOBDENSKJOLI», Periplus, pi. 43).W Bibl. Nat., Manuscrits, fonds franc. 36,909, aux armes de Richelieu.
(*> «519. François de Pons affranchit vingt-cinq livres de marais salants «assis
en Dardaine. . . lesquels tiennent d'un costé aux marois de la daine de Cormes,
d'autre coslé aux jats desdits marois, lesquels jats s'estant jusques à la coste (lirela laisse de mer), d'un bout, à la chenal de Dardaine, et d'autre bout au ruisseau
de l'acoyement desdits marois, en ce compris un autre jais frappant au chemin
comme l'on va de Nodes au Chapus» (Marennes, Oiéron, Arverl, dans Archives
d'Aunis et Saintonge, t. VI, p. 255).— En 1Ï179, La Popelinière écrit : «Près do
Brouage, y a une petite bourgade au bord de la mer qu'on nomme le Chalin.n
(Edit. de i58i, a vol. in -fol., liv. o3, 191, t. I.)W Du 37 août i5ao (DENVS D'AUSSY, ouvr. cité, p. 37G).—-Le port de Broue
lie devait pas tarder à être comblé, car, cinquante ans plus tard, Bernard Palissy
écrivait : «Estant en liste de Broue, les hubitans du païs m'ont .attesté que autre-
fois ils avaient veu le canal du havre de Brouage venir au pied de ladite tour,
— 465 —
Force est donc de s'en tenir aux pièces cartographiques et aux
premiers routiers des Flandres(J).
De leur étude trois faits se dégagent explicitement : i° le havre
de Broue est encore assez large pour être figuré comme une anfrac-luosilé de la côte'2'; a° .lacopolis, la ville de Jacques de Pons,fondée en 1555, occupe, pendant toute la seconde moitié du
laquelle tour s'appelle tour de Broue à cause de lisle où elle est assise. . . Il est
aujourd'huy impossible d'aller le long du canal pour approcher de ladite tour.»
(OEuvres complètes; Paris, i844, in-18, pages 276-277.)— «En 1C20, cepen-
dant, on construisait des bâtiments de quarante tonneaux au pied de cette hauteur
sur laquelle était élevée la Tour de Broue, à l'extrémité du canal. En creusant un
lossé au pied de cette hauteur, on découvrit en 1727 la quille d'un bâtimenL
qu'on jugea avoir été de cinquante tonneaux. Au-dessus de la Tour de Broue, les
ouvriers trouvèrent aussi, en creusant, des coquillages, une ancre et des débris
de bAtimenls de mer.» (Arcère, p. 77.)(1' Il n'y a rien à tirer, pour cette région, de la carte d'Oronce Fine. (Totins
Gulliw desa-iptio, Venise, Dominique Zcnoi, i50i; Bibl. de Bàle.)(i) En 1^95, Charles VIII avait voulu y entretenir quelques vaisseaux, on rai-
son de sa profondeur (Grande Encyclopédie, art. lirouage, t. VIII, pages iG5-166).— PoniiANi, Méditerranée, 1069 (Bibl. Nat., B 1707), et Diego Homem, 1669
(dans NonDENSKJOLD, Pei-iplus, n° a8). — Ant. LAFIUSKE, La Vera Descriltione
délia navigation!! di tulta VEuropa, 1672 (Bibl. Nat., Cartes, Ge DD, vol. 11 60).— OIITELUUS, Orbis Tkeatrum; Anvers, 1570 : Galliee nova descriptio, par Jean
JOMVET; Bibl. Nat., Cartes Ge DD, aoo5).— G. POSTEL, La vraye et entière
Description du royaume de France (Bibl. Nat., Cartes, Exp. n° a33).— A. THEVET,
Cosmographie universelle; Paris, 1675; a vol. in-fol., t. Il, f. 5i5, V°;— Pierre
HOOIER, Pictonum vicinarumque regiomim pdissima descriptio, 1675 (Bibl. Nat.,
Cartes, B 1707), indique trois anfractuosités : i° entre Saint-Nazaire et Saint-
Froult; a° entre Sainl-Froult et Jacopolis; 3° entre Jacopolis ctMarehues. —
WAGBNAE», Spéculum; Leydc, Plantin, i586. — N. BOUGUKNAULT, Le Dauphiné,
Languedoc, Gascoigne, Provence et Xaintongs, l5g6 (Bibl. Nat., Cartes, B
1707), imite P. ROGIEK. — J. HONDIUS, Gallia, 1600 (Bibl. Nat., Cartes, B
1707).— J. HONDIUS, Carte du Pais de Xainlange, s. d., vers 1601 (Bibl. Nat.,
Cartes, B J707) dessine un grand marais salant de Snint-Froult au large de
Montiernoul' et Saint-Jean d'Angle, et prolonge le havre de Brouage au S. K.
de Saint-Just. Un déversoir est marqué entre Hiers et Maraynes.— Même carte,
Poicloii, Piclavietuis comitatus, du même, s. d. (Bibl. Nat., Estampes, Vx 90).—- Mémo carte, dans MKIUILA, Cosmographxa generalis, liv. III; Amsterdam,
Hondius, i(5ai, p. 897 (carte de très petites dimensions).— Même carte,
.1. JAXSONN, ICÛÛ, Hondius (Bibl. Nat., Cartes, Go DD 1197).— M. JANSONK,
cinquième partie du Grand Atlas ou hydrographie générale de toute la terre;
Amsterdam, i65o : «Pâscaart van de cuslen Van Andalusia, etc.» (Bibl. Nat.,
Caries, Ge D D 1199). — Lucas, lils de Jean CIIUITIKU (comp. par Guill. Ber-
nard; Anvers, Jean Bellère, »(ioo). Le Nouveau Miroir des voiages marins (carteceDie zoo custc vantlandt van Poictou en de Bordeaux, etc.n; Bibl. Nat., Cartes,
— 466 —
xvi° siècle, la tête de l'estuaire du havre, sur la mer W ; 30i'île d'Aire,
qui n'était, à l'origine, qu'un banc de sable, à l'est du Ghapus,s'est accrue des apports limoneux du courrau et se rapproche du
continent W. Entre Hiers et le Breuil, le canal de Mérignac se jetaitdans la nier à la hauteur de Nantras <3>.
D'autre part, Saint-Froult était encore au bord du (lot et séparéde Saint-Nazaire par un bas-fond de marécages (*>,et, sur le littoral
delaSeudre, une baie se dessinait entre Artouan et Nieullel5). Là,les alluvions ne s'étaient pas déposées également.
'
Ge D D, voL 3l4) donne de ce havre tes profondeurs suivantes : au confluent du
chenal de la Graie, 3 br.; devant Brouage, 4; au Sud de Piédemont, 6. Platin du
Glinpus à l>ilo Madame, Sud. —Idem dans Lucas Janz. WAGENAKU, Thrétorerie
ou cabinet de la routte marinesque, édit. par Bonaventure d'Aseville, Calais ,
1601 (BibL Nat., Cartes, Ge FF 34ao). A l'O. N. 0. du havre, au Nord de Ma-
rennes, est déjà marqué un banc. — CI. LA POPELINIÈRE : crLe canal qui venant
de la grand mer s'embouche dans ce lieu (Brouage) est grand, large, et si net qu'ilsuffit pour recevoir «toutes sortes de navires si grands qu'ils soient. En outre; ce
brns de mer reçoit les vaisseaux de toutes mers, c'est-à-dire de tou6 flots.s (édit.de ifi8i i, a vol. in-fol., liv. a3, ï'89 , t. I).
— Voir aussi sur Brouage : Mémoires
du la Ligue; Discours du siège de Brouage par le prince de Condé, t.11, p. 1. —
AncÈnEi, ouvr; cité, I, 120. — Archives des Affaires étrangères, Mém. et doc,
France-,-Vol. 886 et suiv., 8oi-8a8, Ç)o3 , ()o5, 1675-1 ^77, i5o8.— D'AUIUGNÉ,Hintoire universelle (pasaim)t
-— De Tnou,pnssHn.C OnTKLLius, Orbis Tlwàtrum. — G. Postel la met en arrière du havre, mais
sa carte né saurait avoir; une valeur absolue:— Pierre Bogier.— Bouguenault.—
Appelé déjà Brouage par Hondius. 1600. —Brouage n'est pas marqué sur mer
dans J. Hondius, s. d., vers 1601; —Reporté en arrière par Lucas, (ils
1du Jean
Gharlier, 1600. — Cf. La Popelinière :w Brouage étant le lieu presque toul d'eau
de mer, le reste ne sont que lieux marécageux»: (édit;: de 1081 , a vol. in^fol.,liv. 3-i j i59, t. I).— Les salines de Brouage couvraient encore 8,000 hectares.
(Brouage, par CIUHAÏ DE FiusciiiuotiT, dans Ports de France, t. VI, p. i5/i.)(-' A. THEVET, Cosrii'jifraphie.
-- La première mention de cette île se trouve
dans un arrentement de 1170 de -Richard d'Angleterre à Jean Errïory de la Pim-
pelière qui accepte le bail del'ile d'Arie, pour <J5 livres tournois. En 1611, cette
ile échut à Isaac Martel (LACUIIIE, ouvr. cité, p. 597). LE TERME (ouvr. cité,
p. 17g) dit qu'Aire a dtï être plus considérable-, qu'au N. 0. la prise de Potenc
a élé ruinée par le flot (p. 170).-•' <
*> A. THEVET, Cotmographie.— Pierre Rogier et Bouguenault. — J. Hondius,
s. di-, v. i(ioi, et Gallia, 1600: — Lucas, fils de Jean Char-fier, 1600, marquedeux brasses dans cette échancrure.—Lucas Janz. Wagenaer, 1601.
W Pierre RoBiÈn.—WxGRs-itftySpecnlHm; 1086. — J. HONDIUS, S. d., vers 1601.*' Lucas, fils- de Jean -Ghiuiier', 1600.—-Lu Popelinière laisse supposer que
ie canal de Lindron ne franchissait guèrele détroit compris entre Marennes 1et'
Saint-Just, car il parle seulement du «Pas de Maronnes» (édit. de 1 581 >,3 vol.
in-fol., liv. ai ,'109, t.-'I).— (tEn i 585 on fortifia \OR pas de Saint-Sorniii,
— 467 —
VII
Avec le xvn 0 siècle nous entrons dans la période des détails minu-
tieux. Dans la première moitié du grand siècle, le flanc occidental
de .file de Marennes ne cesse point d'être bordé de salines, dont le
rapport est assez considérable pour que l'abbesse de Saintes fasse
Yacquisition de cinq cents aires de marais nouveaux M.
De Marennes, le littoral se dirigeait vers lé N. 0., contournait
les terres conquises de Gagouillac' 2) et constituait un port à iBour-
cefranc'3), et un autre au Chapus W. '-:
Du Ckapus, le rivage s'inclinait vers le S. E., passant à Gliàtin
et à Sainte-Soudière'5', au nord de Node (°), et se dirigeait en des-
sinant une anse (7V et laissant au large file d'Aire*8'.
Saint-Just et Marennes, qui:sont trois îles dans le marais' qu'ils appellent.les pis»
(D'ABIUGNH, Mémoires,.liv. V, ;ch. ix). —^ LK TEBME , p. 1721! ' < '"'s
'' i6i5.i—> tt5oo ayres dé marbis ;sallaiis, scis et situez au lieu appelle Gcaci'CIL la prise de Noulac, vers la rivière de Seudre.» Le même texte parle de la prisede Burgios..{Marennes, Ole'ron, Arvert, déjà cité, p.•û'jd.)' v '<•''
<2>Cagouillàt, acte de îS-ig reproduit dans un arrêt du'Grand Conseil du iRbi
de i(533 (Archives de 1M. Denys d'Aussy. Gf. ouvr. cité, p. SGo^'SANSotov'LfliSVim^
longe ver» le Midy avec le liroaagéais, terre d'Arvert, eta {6iiL Gérard Volck et
Petius Schenck, Amsterdam, s; d. (Bibli Nat., Est.; VxaôietArch.'Nat.yN'N 206<;
Sainlonge).— Le même, La Saiiitunge vers le septentrion avécq le pays d'Aulnix
(s. d.,v.i65o) [iriême dépôts même cote].>'' ••• ' ' i! '• ;!>•;
.'?', Au Petit--Port {Ports,de France, t. VI, Le Cliapiis, par Poiotsi'-et'SAIGHES;
p. 17a)..--- SANSON,cartes citées, v. i65o.—Carte des Permis Breton etdMntioclié
ut de la passe deMaumusson, ms;* s. d. (xvin's.) [Bibl. Nat., Ësl.j Va. Char.Inl'i].W Restes d?unc ancienne jetée au Landièr {Ports de'"France,t. VI; bc'Gh'apns
pur PoLosï, et SAIGNES, p. 172). Carte des Pertuis Breton et d'Anlioche, a. tL ' '
<5) Carie du Pais d'Aulnit, ville et gouvernement de La Bochelle; Paris,' M.- Ta-
vernier, 1637 (Arch. Nat. ; N Nf 5Saintongo).—- Nouvelle carte marine croissante en
degrés d'une partie dos côtes de Poitou, Aunis et Saintonge, par N. m VRIÊS;
Amsterdam, by Ant. de Wintcf en Glaes de Vries, s. d. (Bibl. Mal., GartoSj;rec;
factice Go D D 103).— Carte du Pais d'Aunis, ville et gouvernement de ÏJà'lin-
c.helte, par Jean LE CLERC; Paris, i6ai (Bibl. Nat., Est. 1, Vx 30). —SANSON,cartes citées, v. i65q.—^ CartedesPertuis Breton et d'Anlioche. — Carte généralede Poictou, Xainlonge et pays d'Autnivy s. d. (Dépôt de la Marine, Rivières; n° 57).
(''' SANSOS, cartes citées, v; i()5o; : ;; • ^ '
(7' J. Lu CLEIIC, Paris, iliai. — W. Janz HIAKU , Zcaspiegel; Amsterdam, 163 r,
(Bibl. Nat., Cartes, Go 11. 899). Les observations de cette carte sont; reportée? dans
.1. Acrlx COI.OM, Spiegal der Zee (Amsterdam, i63a) : «De Gusten vanPoictou en
Xniiloignn, van den Gavdinaél de rivier van Bourdeanx» (Bibl. Nat., 1"Cartes,(ie. I) D 3i3).
(") Costa d'Aunix, s. d. (Bibl. Nat.,Est., Va. Gliur. Inl'.). •—Dy CARLO, Carie de
— 468 —
Brouage n'élait sans doute pas absolument sur mer, bien qu'onmontre encore, sur la face nord des remparts, les anneaux où
s'accrochaient les navires, mais le havre baignait une partie de celle
façade et le lieu encore dénommé le Port W.
En dépit de l'exploit maritime de 1687 (2>,comme si les alterris-
sements ne suffisaient pas pour dépouiller ce pays des avantagesque lui concédait la présence de l'Océan, malgré Fobslruction du
chenal, le havre de Brouage était encore assez large et profond,assez pratique pour que Richelieu ait fait de l'ancienne Jacopolis le
rendez-vous de ses escadres du Ponant, et pour que le cardinal de
Sourdis y ail expédié ses meilleurs vaisseaux (3).
Ville Dolleron et de la coste de Brouage, 1697, ms. (Bibl. Natr, Caries, G,
951g). — Mauvaise carte de Melchior TATEIUTIEII, 1697 (Bibl. Nat., Carlos, 60t) D 6a7 et B 2389) intitulée «Carte de la coste de La Rochelle à Brouaige et de
l'isle d'Oléron, observée par le S' de Chatilloii». —SAKSON, cartes citées, v. iG5o
(île Dayre ou Aire). — «Aire», Carie des Peiluis Breton et d'Anlioche. — Carte
générale de Poictou, Xainlonge, etc., s. d.t1' Carie du Pais de Xainlonge ttJ. le Clerc excudil», v. lfiai (Arch. Nat., N N
906, Sainlonge). —Melchior Tavernier, 1697.-—- teLe plan do Brouage, ainsi
qu'il se peut fortifier», s. d. (v. )6a6) marque la mer sous les murs de la ville cl
des marais salants autour des remparts (Bibl. Nnl., Cartes, G t)5ig).— Dans lo
même recueil : Carte de l'isle Dolleron et de la coste de Brouage» , par Du Carlo,
1637, ms.; carie hydrogr. des tecostes de Bretaigne, Guiennc et de partie d'Es-
paigne», 1625, d'un trop petit cadre; plan de Brouage.— Plan de Brouage, par
Provençal, s. d. (Bibl. JNat., Est., Vf. ù). — Cf. deux plans de Brouage (Bibl.
Nat., Est., .Va. Marennes), s. d. (v. if535). — Cf. Mém. ms. par Jean Sellier,« marchand juré en sel et entrepreneur en les salines, exécuté sur l'ordre du duc
de Richelieu» (Archiv. Nat., Gbar.-Inf., cartes, n" aa).—
Brouage sur mer,dans (tCarte générale de Poictou, Xaintongc, etc.»,s. d.— Masse écrit en 170(5 :
«Les anciens du pays assurent qu'au milieu du xvn" siècle les plus gros vaisseaux
éleient.à flot de basse mer devant Brouage et les beauprés touchaient aux murs»
(MASSE, Mém. du 11e carré, p. 1). — «En 1629 le comte de Duignon retire à
Brouage quinze ou seize vaisseaux de guerre et sept, galères» (MASSE, Mém.
relatif à Brouage, p. 1 a h ).'2' trLouis de Condé, en i586, se proposa de gâter le havre do Brouage»,
d'après un historien protestant ( PBETTESEIILE , ouvr. cité, p. ag3).(s> «Le vaisseau nommé le Saint-Jean, le Cheval-Marin, l'Espérance-on-Dieii,
la Salamandre, lè"Don-de-Dieu, la Notre-Dame, la Marguerite.— Audit Brouage,
il a été amené par le sieur Pallot deux grands vaisseaux et deux palaches venus de
Saint-Jean-de-Luz. Audit lieu restent deux galioles, deux briganlins, g pinasses, la
grande galère et quelques chaloupes» (Voyage et. inspection maritime de M. d'In-
freville dans les porls et havres, dans Coirexp. de Henri d'KscotiLleau de Suurdm,
i839,3 vol. iii-/i°, l. III, p. 2o5). — l'ourlant, déjà d'Infreville pousse ce cri d'a-
larme :»A Brouage il n'y a aucuns deniers destinés pour le port, auquel il ne se l'ail
— 469 —
En arrière de Brouage, au pied de l'îlot d'Hiers, le chenal de
Me'rignac départissait les salines et déversait dans l'Océan les eaux
stagnantes des environs d'Hérablet W. A Test de Brouage, les eauxvenues de Saint-Symphorien etBroue se concentraient en un grandcanal,.qui allluait dans le havre au centre de marais salants*2'.
Le canal de Sainl-Aignant persiste, mais vraisemblablement à
peine praticable(3), comme celui de Broue vers i64o.Au delà du havre, la côte se dirigeait à peu près parallèlement
à la route actuelle de Moèze à Brouage, non loin de Loubresse
perdue dans les marais <à), contournait le promontoire de Saint-
aucun travail, quoiqu'il se remplisse et bouche de vasen (Idem, p. 182).— Coite
d'Aunix, s. d. (Bib. Nat., Est., Va. Chareutc-Inf.). — Les citations de cette carte
s'appliqueraient à celle de J. Loots : De Boch van Vrankryk en't Jnltomen van'tGanaal (Bibl. Nat., Cartes, Ge DD 117a, rec. i(53) qui lui est postérieure.
-—
Large havre dans Zeespiegel; W. Janz Blueu. Amsterdam, i63i : De Kusten van
VniHclirijck Ivischen Olone en de Iiivier van Bourdeaux (Bibl. Nat., Cartes, Ge IT.
8B()).— Carta parlieolare délia costa. di Guasconnia, dans Dell 'Arcano del mare,
di I). Rubeilo DUDLEO, duca di Nortumbria, conte di Warwick; Firenze, Fran-cesco Oiiofïi, 16/17 (Bibh Nat., Imprimés, V. 4g6).
— SANSON, cartes citées, v.1G5o. — Voyez aussi Antoine UE FKII, Carte générale de France, 1668 (Dépôtde la Marine, Rivières, n° 32).
— «Ab ipso Carantonis ostio se ingens maris operitsinus qui, ab occidente, terram subintrans portum facil tota Europa eclebrem,
cujus oeque est tranquillus accessus quam excipiendis navibus tutus; 300 naves
interdam una die videas expcllere quoe ex Broagio et Santonicis salinis in Hispa-niatn exportant» (Georges FOUHNIEH , Geographica orbis noticia per lilora maris et
ripas jluviorum ; Paris, Hcnault, i648, in-i 2, p. 3i 1 ).— ttll est. très sûr qu'en
i(ia6 le havre de Brouage était très beau, large et profond» (MASSE, in-4°, I36,
p.98, A.G.).<" En iG48 un acte parle des marais de la Roche (Les Saintes-Claires de
Saintes, par Louis AUMAT, dans Arch. d'Aluns et Saintonge, t. XIX, p. i58,
note).<2) En 1615 il est créé au profit d'Abraham de Guip un fief de marais salants
«en la prime vulgairement appelée de Penadaud, près l'achenal d'Auron, lequeldit lief sera dorénavant appelle le fief de Bellevue» (Maronnes, Oléran, Arvert,
déjà cité, p. 269).(3) N. de Vriès, déjà cité. — Celui de Brouc était mieux servi : «En t6ao,
les bâtiments de quarante tonneaux remontaient à Brouen (MASSE, Mém. du
1 ic carré, p. 2).— «Les navires remontaient jadis jusqu'à Broue, et, en 1620,
on bâtissait encore des barques au pied de la tour. A présent (1719) on ne peut
pas toujours remonter le lit du chenal» (MASSE, Mém. relatif aux plans de Brouage,
p. 113).— tfll y a quatre-vingts ans les barques venaient à Broue; il est à sec»
(MASSE, in-/i°, i36, A. G.).'*' i6a/i. Dans une requéle en saisie de fief, on mentionne «l'hébergement de
Loubresse et ce qu'il prenoit en le marais de la Buschc et on le marois de Moezc»
(Chartes de Saint-Florent, citées, p. \ho).
— 470 —
Froult'1), s'enfonçait dans l'anse de Chacefter '-! et gagnait Pié-
demont.
Déjà des (lèches de sable se forment devant Brouagc'a) et devant
Moëze<â-\.
La seconde moitié du \viic siècle voil. Fane'antissemenl'de Brouaguet le transfert de la station navale sur les bords de la Shudrc: Les
flottes du duc de Beaufort se concentrent entre Marenhes et La
Treniblade(5). Le bras, de mer n'avait donc pas trop perdu de son
importance, malgré, la formation de bancs de sable, dont témoi-
gnent îes documents cartographiques antérieurs i°).
Marennes a dû faire construire un nouveau port au Sud de l'an-
cien sur le chenal du Lindron M.
Bourcefranc et Chatin continuent à recevoir des bateaux de faible
tonnage 's'; le fort de Chapus se dresse a plus de Aoo mètres de lu
pointe de ce nom '9'; l'île d'Aire n'est point encore partie intégrante
(1) Snint-Frotill sur Mer, dans MÏECATOB , Paietou sive Piclavioe descriptia, 1606
(Dép. de la Mar., tiivières, 11°;')6).— Idem dans Pan de Am'ntoiig°«;LuGIorc,v.i6ai.,W Gosle d'Aniiix, s. d. (Bibl. Na»., Est., Va. Ghar.-Ini';).(»' GosUd'Auni.v,*. cl. (Bibl. Nat-, Est., Va. Ghar.-Inf.).
— W.JINZ Blaeu, i63i.— COLOM, 1,63s. :—R; DOBLKÏ, 16^7.
. W,.W. JANZ Blaeu, i63i.>-^- GÔLOM, i63a. — R. DUDLKÏ, 16^7.
f5'-Lo-duc de Beaufort fait armer en Seudre : YEcureuil, 39 mai 1660; le
Saint-Nicola» et le César, 16 novembre 1660; le -Dragon, 18 novembre 1660;la Reine, idem; le Brézé, idem; le Mazarin et YAnna, 26 février 1661 ; la Victoire,
îojuin 1661 ; la Renommée, 2s» avril 1662; le Jardin de Hollande, so jimvier
1663; la Flûte royale, 9 février i663; le Triomphe, 26 août i663 (Le P. Théo-
dore DE: BLOIS', Hùtoire de Rochefort; Paris, 1733, in-/i°, p. 5-0)..— En
1698, Bégon pouvait encore déclarer « que les vaisseaux de vingt et trente tonneaux
y montent aisément» (Mém., publics par MDSSET, dans Arcli. d'Aunis et Sain longe,t. XI, p. a). Mais, en 1706, «elle ne portait plus les gros vaisseaux du Hop
(MASSE, 10* carré d'Aunis et Sainlongt, A. G.).'6' Carte générale de Poictou, Xaintonge, etc., s. d."' Le Port-Neuf, vers le lieu dit aujourd'hui l'Elier, dans Plan de l'cmbouckurc
de la Seudre, mi., s. d. (v. 1695) (Bibl, Nat., Est., Vn. Maronnes).Cf. Pertuis de
Maummton et rivière de Seudre, carte ras. 0 m. 17 6ur 0 m. a3 (Affaires étran-
gères, n° i33g, t. VII, n° 87).(8' If en est Jait mention dans une lettre de Fénelon du 3 mars 1686 «Bour-
cefranc cl Chastin» (LBTELIK, Fénelon on Sainlonge, 1685-1688, dans Arch.
d'Aums et Sainlonge, t. XIII, p. 382).— Châtain sur mer, dans Parties des
capitaineries garde contes de La Rochelle et de Brouage; Paris, Nicolas de For,s. ilt (1698) (Arch. Nat., N N i5; Saintonge). •— PAACIIIK, le Royaume d'Aqui-
taine, carte de Pierre Duval, revue, 17Ç/4,'*' En 169a, il était à 4/io mètres do terre (Porii de France, l, VI, \i. 17/*).
— 471 —
du continent'1); les salines et les marais de Mar-ignac-na cessent de
former une sorte d'estuaire à l'est de Node'2'. >
Brouage est fui par le Ilot' 3' et son havre atterrit,-ne-sollicitant
plus que des bâtiments de moyen tonnage (l'î.
''> Oire dans Xaintonge et Angoumois : «Peyrounin fecitn; Paris, Pierre Ma-
riette (Arcli. Nat., NR 206, Saintonge).— LA FAVOMÈRE, Carte de Poitou i:l
d'Aunis, de Tàlmont à là Seudre (Dépôt de la Marine, reci n°'<)57V inà. i'hî-fol.,
relié auxurmesde Colbert). Gettecarte est durement appréciée par Sainte-Colombe,« Remarques sur la carte de La F. de la rivière de Charente jusqu'à l'île d'Oléi'oiiB
(167/4, ii feuillets, À. G.).Plan .de ,1'iile d'Oléron sur les cosles de Xaintonge, ms., s. di (vers-167.0)
(Bibl. Nat.-, Cartes, C 1257/1),— Recueil des cuites marit. du .royaume, rédi^-
sur les cartes du Ghev. de Clairville, v. 1670 : «Carte topog. des costes; maritimes
d'Aunis et pays abonnés du: gouvernement de Brouage» (Bibl. Nat.,-G IS&232).— «Carlo des cosles du Poitou,d'Aunis et de Saintonge , depuis l'islç dé "Noirmous-
tier jusqu'à l'embouchure de la rivière dé Bordeaux», dans Neptunefrançais i 1690
(Bibl. Nat., Cartes, Gcc 1128, ou 17600, ou C 12820). — BoniainDB HOOGK,
Carie marine des environ* de l'iule d'Oléron, à l'usage'des armées du Roy.de la
Grande-Bretagne; Amsterdam, Pierre Mortier, i6g3 (Bibl. Nat*-,;Cartes, Pf 77
(ai).— J.-B. NOLIN, La généralité de La Rochelle, comprenant le pays d'Aunis.,
etc., s. d. (v. 1700) (Arch. Nat., N Nlr', kvmis). Idem, Bibl. Nat/,.Cartes-,,-B 3089)— G. DE LISLE, Carte du Bourdelois, du Périgord et des- provinces voisines, 171/1
(Bibl. Nat., Cartes, vol. G 86-22).— Carte ins; du diocèse de!Saintes divisé en
archiprètrés (Arch. Nat., N N Char.-Inf.,,n° 25). ;
.(s)Parfaete pascaert van de rivier van Bourdeauoe et Pertinente Verlo-
minghe van het inl.ommen der rivier van Bourdeaux; Amsterdam, Hendrick Doulcar,
s. d. (v 1680) (Bibl. Nat., Cartes, Pf ig3, 5C53 et 56f>5).— IDEM ,Paskaart
van de Garomne of rivier van Bordeaux; Amsterdam, J. van Keulen, s.id., et du
même : Paskaart van Bretaigne, Poictou. en Xaintonge (Bibl. Nat.,:Gartes,,Gè D-D
1:497).— Romain BB HOOGB, 1693.
—• PLACIDE; le Royaume d'Aquitaine, carte
de Pierre du-Val, revue.-—-LA FAVOLIÈM!. • ;i
(') La Rivière de Bourdeaux avec les castes de Saintonge et Aunis, les isles de
lié cl Olé-on, ms., par P. DUVAI., s. d. (Bibl. Nat., Cartes, Pf 85, AB -a5). —*-
DONKKK et VAN KEULF.N cités (i68o-iGg5).— B. DE HOOGE, i6g3.— En 1698,
Bégon proclame que «son liavre a été très bon, et qu'il est à présent tout comble
par la vase que la mer y apporte» (édit. Musset, p. 6a). — Généralité de La
Rochelle, par CAPITAINE, ingénieur géographe de l'Observatoire royal, 1681 (Arch.
Nat., Gironde).(,,) «En i64o, le liavre commençait à se combler» (MASSE, Mém. du 11' carré,
p. 10).— «Les fagnes n'ont commencé à s'atterrir qu'en i65o. Les vaisseaux
remuent les boues qui, par le reflux, s'amènent dans le cul de sac de Brouage, è
là côte qu'elles perdirent. C'était le plus grand port au xvi° eljnoitié du xvn' siècle.
Le fond de Brouage n'est que boues rapportées par la mern (MASSE, Méni. relatif
aux plans de Brouage, 'p. 117 et îaa). ~ «En 1680, les (lûtes de: 400 ton-
neau* y venaient décharger leurs sels, mais les plus gros ne venaient pas devant
la ville. Ils se tenaient plus loin. Il y avait dans son havre beaucoup de grands
— 472 —
Les ailuvions ont perdu le chenal de Saint-Aignant'1', pendant
qu'au large du littoral brouageois, le sable, venu de Maumusson,relève le plateau des sondes du Ghapus au rocher de l'Ëstrée (2).
VIII
Au début du xviuc siècle, les marais du Brouageais n'étaient pas
desséchés, alors que ceux du Poitou étaient dès longtemps devenus
de riches terrains de culture (3). Mais il se faisait toujours grand
bâtiments et les balelets remontaient fort avant dans les divers chenaux?) (Idem,
p. 138).— Paul YVOWNET, Le grand et nouveau Miroir ou flambeau de la mer,
traduit-du flamand en François; Amsterdam, H. Donker, 1684 (Bibl. Nat., Cartes,
Gc DD i83).— ttColbert du Terron a fait valoir que le havre était comblé de
sables» (Th. DE BLOIS, ouvr. cité, p. 9). Ce sable provenait surtout des délestages<tdes navires du Nord qui venaient y charger du sel» [Idem, p. 7).
— C'est à
tort que Rossi indique un golfe jusqu'à Saint-Symphoricn (Il Goveriw di Guienna-
di Guascogna,]>ar D. DE Rossi; Roma, j 690 (Bibl. Nat., Cartes, Pf 917 (1) 3845).— En 1727, PRETTESBILLE écrit : (t II y avait (dans le havre), il y a 5o ou 60 ans,trois brasses d'eau proche les murs de cette ville où il se voit encore un quai et
des organeaux attachés aux pierres de taille, pour amarrer les vaisseaux, et on yen a vu de 800 tonneaux» (ouvr. cité, p. a88).
"' Cartul. de la Trinité, 1688. Dans un accord du prieur de Montierneuf avec
un entrepreneur, il est question du moulin du Pont (à Saint-Aignanl) abandonné
«car les eaux ne peuvent s'écouler dans le havre de Brouage, par manque de
pente» (p. 544).— Cf. môme cartul., 1710 : <rle havre est comble de vases»
(p. 357). ^ _ _w LA FATOLIKBK : le Danias (Agnas), le Grossable, les Faigncs du Grand-Gar-
çon,les Jumeaux, les Longères (Longées).Profondeur entre Aire et l'EsIrée, de 3 à 6 br. Au Nord de l'Estréc, 3 br.
Entre l'Estréc et Bellevue, 2. (Itec. des costes mark, dn royaume, v. 1670.)—
DONKER et KKBLEN, cités (1680-1695) donnent 6 br. du Chapus à l'Eslrée, 4 br.
à l'embouchure du havre, 2 br. dans le havre. — 4 br. à l'embouchure, dans II. DE
llooet, 1693.ROUGARD parle même d'un banc d'huîtres au largo du havre trLouster banc» :
le Petit Flambeau de la mer ou le véritable guide des pilotes côtiert; Au Havre
de Grâce, chez Jacques Cruchet, 168a, in-4" (Bibl. de l'Arsenal, 4° Histoire 4o3);Le Havre de Grâce, P. J. Faure, 1689, petit in-4° (Bibl. Nat., Cartes, Gefl"784).—- Dans le Neptunefrançois, 1693 et suiv., est indiqué le rocher des Traits, au
N. 0. de Sainl-Froull, et trois bancs, au milieu des l'agnes, à l'issue du havre de
Brouage. A la limite des fagnes, 1 br. et demie à 3 br. d'eau.
<3> Marais de Moëze à Marennes et Broue, dans Carte de Xainlonge, partie de
haut et bas Poitou, pays d'Aunix, isle de Ré et d'Oléron, ms., 1701 (Bibl. Nat.,
Cartes, Pf aG [»36]).— G. DBLISI.E, «714.— Un double canal d'alimentation,
détaché du havre, aboutissait toujours vers Saint-Sorniu ; «il avait dix à douze piedsde large» (MASSE, in-4", i30, p. io3, A. G.).
— 473 —
trafic de sel sur les marais voisins du havre, dont le rôle consistait
désormais à assurer la production des jars M.
La difficulté n1est pas, au cours du xviu" siècle, de ne pouvoirsuivre les évolutions du rivage marennais par absence de docu-
ments, mais bien de débrouiller les grandes lignes de la transfor-
mation littorale au milieu des innombrables documents que nous
fournissent les archives, inexplorées à cet égard avant moi, du
Ministère de la Guerre et du Génie. Cette période est entièrement
dominée par la personnalité de Claude Masse, le créateur de la
topographie française avant Cassini (2>.
(l' 17/ii. «On vend 5 livres lx acres de salines situées en la prinse du Grand
Mahon» (auj. Matton) [ Arch. d'Aunis et Saintonge, t. XXUI, p. 65];—^ Cf.
BKAUPIKD-DUMÉRIL, Mém. sur les nuirait salants des provinces d'Aunis et Sainlonge;La Rochelle, 1760, in-12, — Cf. la belle carte ms. intitulée «Carte dé partie des
provinces de Saintonge, pays d'Aunis et Poictou, de haute mer», en couleur,o m. 5i sur o m. Ai (Affaires étrangères, Dépôt géogr. i3aA) : «enceinte des
marais quisaunentn, «enceinte des marais qui saunerontn, etc.(2> Je réunis ici l'indication bibliographique de tous les documents de Masse et
ses fils dont je me suis servi pour le présent mémoire. Ils sont conservés pour la
plupart aux Archives de la Guerre; des copies existent à La Rochelle, à la biblio-
thèque municipale. Nous désignerons les pièces de la guerre par les initiales A. G.,
celles de La Rochelle par les lettres B. R. Toutes les pièces sont manuscrites.
/. CARTES.— Carte générale de partie descostes du Bas-Poitou, pays d'Aunis,
Sainlonge, départie de celles de Médoc avec les isles adjacentes, etc. (1696-1731 )A. G. o m. 90 sur o m. 78. Réduction de la précédente, A. G.
Tableau d'assemblage de Noirmoutier à Arcachon, par les frères Masse, 1721
(carte départie de Bas-Poitou, Aunis et de partie de Saintonge et Guyenne) avec
lc6 chiffres de la carie générale envoyée le 35 novembre 1716, A. G. o m. Ao
sur o m. 3o.
Carte générale des costes du Bas-Poitou, pays d'Aunis, Saintonge, fies adja-
centes, Médoc et partie de la basse Guienne. — La même sur papier pelure,A. G., o m. 90 sur o m. 65 et o m. 88 sur o m. Ao, après 1716.
Carte du pays d'Aunis et de partie de Saintonge, Bas-Poitou et Médoc, 1717
(27 septembre) [carted'assemblage, archives de la Marine, n° 9]. Cf A. PAWLOWSKI,
Nouvelles Caries de Masse; Paris, 1901, in-8°.
Carie générale qui comprend les isles de Bouin, Noirmoutier, le Bas-Poitou,
l'Aunis, la Saintonge, partie de la Guienne, etc. (copie de Masse par Ricard,
1759) (Bibl. Nat., Cartes, C i35ao n° 6).Carie du 13e carré d'Aunis et Saintonge (Seudre et partie de Gironde) 1706,
A. G., o m. 87 sur 0 m. 65. — i5° carré de Poitou, Aunis et Saintonge (Le
Chapus et Bourcefranc) 1706, A. G., 0 m. 90 sur o m. 86. — 18* carré de
Poitou, Aunis et Saintonge : «Carte de parlyc de lisle d'Oléron, de Marennes et
d'Alvert»; 10° carré d'Aunis et Saintonge (pays de Marennes ), 1706, A. G , o m. 65
sur 0 in. 65. — 18e carré de Poitou, Aunis et Saintonge (Saint-Nazaire à Saint-
GâonniPiiiK, N° 3. —190A. 3i
— 474 —
La Seudre s'ensable de plus en plus W. Elle reçoit de nombreux
éliers navigables et commandés à l'intérieur par des ports : Dercie,
Châlon, Pélard, Beaugé, Recoulaine, le Lindron.
Jean d'Angle et Luzac) 1706, A. G., o m. G5 sur 0 m. f>5. — a a" carré de Poi-
tou,Àunis et Saintonge : « Embouchure de la Charente JJ (Moëze, Echillais), 170H,A. G^, 0 ni. 77 sur o m; 65. — a3* carré, idem (Brouage, Pont l'Abbé, Mau-
sac, fliei's), 170a, A. G., o m. 70 sur o ni. 65. —Cartes d'une partie du gou-vernement; de Brouage, A- G. —Carte des environs de Brouage, A'. G. — Carte
d'une partie du gouvernement de Brouage (à l'Est du havre).
II. MEMOIRES.— Mémoire géographique sur partie du Bas-Poitou, pays d'Aunis
et Saintonge (avec la carte de La Favolière, corrigée par Masse), 6 feuillets, plus
8o4,pages et table de 8 feuillets plu6 a blancs, A. G. — Mém. dos lieux les plus
remarquables qui sout dans la province de Saintonge, B. R., n° 3926, in-lol.
Renvois pour les lettres et chiffres de la carte générale du Bas-Poitou; Aunis, Sain-
tonge et partie de Guyenne. La Rochelle, 3o janvier 1719, 56 feuillets, A. G. —
Mém. de la carte générale de Bas-Poitou, Aunis, Saintonge et iles adjacentes. La
Rochelle, ai octobre 1701, i4 feuillets, A. G. — Mém. ou description sur la
carte générale de la Saintonge, Aunis, partie de Bas-Poitou et pays de Médoc et
les îles adjacentes. La Rochelle, 10 décembre 1731, 176 pages, A. G. —Mém.
sur le 1" carré d'Aunis et Saintonge. La Rochelle, a3 janvier 1706, 10 feuillets,
A. G. — Mém. sur le i3° carré d'Aunis et Saintonge. La Rochelle, 5 mai 1706,8 feuillets, A. G. -r— Mém. du pays qui est entre la rivière de Charente et la
Garonne (pour la carte générale de 1693-1700. B. R., n° 2937, p. i38 et suiv.,
et A. G., Génie, in-4°> i36. — Mém. relatif aux plans de Brouage, feuilles 33
et 34. — Mém..sur le fort du Chapus, relatif aux feuilles 07, 38, 3g et 4i, A. G.
— Mém. relatif à divers plans (in-fol.), A. G. — Mém. sur le plan de Brouage,en l'état qu'il était en 1709 (copie de Jaillot), B. R., n" 3i44, t. IV.
III. PLANS. Marennes, Brouage, Toulon, quatre schémas du fort du Cbapus
(carte de 1696-1791), A. G. —Vestiges de l'ancienne forteresse de Toulon,
Dercie, plan et élévation de la Tour de Pirelonge (avec mémoires relatifs), A. G.
— Environs de Sainl-Just. — Fort du Chapus en 1692.— Plan du fort de la
pu in te du Cbapus en 1712. -r— Coupes, profils et élévation du fort du Chapus.—
Plan de Brouage en 1698.— Plan de la ville et forteresse do Brouage, plan et
élévation du hosannaire de Moëze. — Plans de Saint-Jean d'Angles, Broue,
Marennes, Champagne,!'' «La .Seudre aussi se perd» (Masse, in-4°, i36, p. a8o, A. G.).
— trElle
était au XYII' siècle plus large et plus profonde qu'en 17181) (id«m, p. 307).—
ttSon lit se resserre par les bancs» [idem, p. 33i[).— Buache, Capitaineries de
Saintonge, 173û. ms. A. G. —Elle a néanmoins encore 7 brasses de fond, devant
la Tremblade, en 17^6. « Des frégates de trente canons peuvent y mouiller», (DE
CUAIIANNÏ3, Mém. sur la côte de Saintonge, 4 feuillets ms. A. G.). — irLa Seudre
avait jadis 4o embranchements navigables, il n'y en a plus que a5 ou 3o où l'on
puisse chargerle sel» (LE TknwE, ouvr. cité, p. 44o).
«Les chenaux de la Seudre sont tous navigables et ont des portsn (MASSH, Mém.
du 11" carré, p. 6).— Chenal de Chalon et Dercie navigables pour les navires
— -575 —
A l'embouchure de laSeudrc, les'salines de Marennes bordentle fleuve (D.
Dans le courrau, face au banc de Barat, le banc de la Beu-relle (2>est prolongé vers le Nord par le banc du Pointau.
Le Chapus, relié, à mer basse, par un platin, au fort récem-ment construit, projette vers Oléron le rocher des Écluses '?!..,
Chalin et Sainte-Soudière tentent à s'agglomérer avec l'île d'Aire,mais la coupure est encore bien marquée-'4'.-
De Node au chenal de Mérignac, le rivage a conquis dé nou-veaux territoires'5^.
Cette portion de la côte jusqu'au havre de Brouage est, d'ailleurs »le résultat d'atterrissements rapides, coupés dé chenaux et d'écours (0'
perdus.
qui portent de la chaux (MASSE, Mém. du i3e carré, p. 9). — tfRocoulaihé n'a
plus que '1 ou 5 pieds de large à son extrémité» (MASSE, Mém. du" il* carré,
p. 16). — ttUn bras de Recoulaine, de h pieds de large, conduit, en maline', lamarée dans les fossés de Foucault, larges de 4 à 5 toises, qui faisait jadis commu-
niquer la Seudro avec les marais de Broue» (MASSE, in-4°; i36, p. 101-109,A. G.). —
Beaugé a pour port la Puisade'(trfém, p*. io5). — ((Le chenal deFou était navigable sur i,3oo toises, le Lindron sur i960; celui-ci se diviseen deux : le chenal de Lussac, navigable très avant dans les marais; celui deRccolaine navigable sur 2«,aoo toises. Les batelèls remontent encore près de
1,900 toises de plus. Celui de Bizet sur 600 toises, celui de Pélartsùr 2,aob est
navigable aux gros bâtiments; le port de Nieule ou dé Paradis est à 1,900-toises
de l'embouchure. Le chenal de Nieule est navigable pour les petits7trôis-mâts,
Pelart, Margot, La Vénerie, disions sur 1,800 toises, reçoit des grosses barques,Dercie a 800 ou 900 toises de long» (MASSE, in-4°, i36, p. 337-3'4oï A. Gi).
<' Jas des Loges, du Lindron, Port au Lindron, Jas du Grand, dés Miches^des Hommes, du Maine, du Fou, de l'Islc (Carte de l'Aunis-, ms'., parles ingé^nieurs des camps et armées du Roy, au zh'hoo, A. G.).
'
(2> Carte de l'Aunis. —MASSE, pa»tim.'•'' Carte de l'Aunis.(i) Le canal entre tfErre» et la cèle est bien marqué. «La mer est à 3ob toises
de la Mesnardière» (MASSE, Carte des environs de Brouage).— Le chenal entre
Erre et la cote est assez large, et. il y coule un ruisseau où il y a toujours1de l'eau
(Carte des côles et lies de l'embouchure de la Charente, 170/1, au 1/31600% A. G.).— L'Ile d'Erré est détachée du rivage dans la «Carte des Pertuis Breton, d'An-
tioche et Maumusson» du marquis DE IA GALISSONNIÈRE, 1716, A. G. — Coursdo la Charente, en deux feuilles au 1/57600, A. G., 171 G. —; Plan de Brouage,s. d., v. 17A0, A. G., Génie, allas i54. — relie d'Aire 1,000 toises sur 300; le
canal a îao toises de large» (MASSE, in-/i°, i36, p. 397, A. G.).(r,) Prises de Chessou, Fort-Durand, le Petit Gombondar, Petite et Grande
Merzelle, le Vignon (auj. le Vigneau) [Carte de l'Aunis].— MASSE, pamim.
(" ffLc chenal d'un Denier (Mcrignac) est navigable sur plus de A,000 toises
3i.
— 476 —
Brouage esta distance du Ilot (" et de son havre, jadis fameux;il ne reste qu'un souvenir'2'.
de long» (MASSE, Mém. sur le 11e carré, p. G). — «L'ancien chenal de Bouin
lui détourné en 1689. Il était si profond que le comte Doignon y fit entrer sept
gros vaisseaux de guerre en i65o. On y retirait les galères et autres petits bâti-
ments pour les protéger des vents d'ouest. «Les barques remontaient le chenal de
Bouin jusqu'au pied de la hauteur d'Hiersdans le sommet et à près de 1000 toises»
(MASSK, Mém. relatif aux plansdeBrouage,p. 1 i3-i i/().-^-«Le chenal du Passage,très navigable jadis, entrait de plus de i,5oo toises dans |lcs marais» (idem.,
p. 113).— De Mérignac au havre on trouve : les Jas de Thenard, de la Lampe,
de la Petite Épée, de Jumen, des Dames, de Foussieu, de Sauvagetle, du Petit
Malata, de Sauvage, de la Bretelle, delà Tenaille, de l'Épée, de Jallan, de Tiran-
son, de la Petite Craie, de Pas-des-Chevaux, la Layette, de Kcrtaux, de la Sour-
bière» (Carte de l'Aunis). — «Le Grand Garçon avait 2,600 toises de cours, le
Forand 1,600, Basses-Varennes 700, Hautes-Varennes 900, Saint-Aignan 2,3oo,Saint-Jean d'Angle a,5oo, celui de 'fourneau était navigable jusqu'auprès de Saint-
Symphorien (2,000 loises), celui de Bouin, profond, portant des vaisseaux de
Go pièces de canon, il avait 1,000 loises; celui de Samson, i,5oo, les Jumeaut,
1,500., les Reux i,Goo, considérable, formait le port de Saint-Jusl. Les barques
pouvaient charger le sel dans les marais memen (MASSE, in-â°, i3G, p. 99 et 277,A. G.), -T— «Le chenal de Boisvin était large et profond. On y relirait les vaisseaux
de guerre quand ils étaient désarmés et les galères y étaient toujours à Ilot;. . Le
chenal d'un denier, jadis large et profond. 11 est presque tout comblée (idem,
p. 396).-—«En 1698, grandes malines; au mois d'août, il n'y avait pas une
go.utte d'eau dans le chenal de Broue à 5oo toises de la tour, où cent ans aupa-ravant était un bon port» (MASSE, idem, p. a8a).
(|) «La mer est à 100 toises de Brouage» à la hauteur du fort des Coquilles,c'est-à-dire à l'Ouest de Brouage (MASSE, Carie des environs de Brouage).
— «Le
platin s'éloigne insensiblement de ses anciennes rives» (MASSK, Mém. relatif,aux
plans de Brouage, p. 111 ).— «La ville est à 5oo loises de la mern (PIIETTESEILLE,
ouyr. cité, 1727, p. a$5).<2> En 1700, Le Pelelier écrit au Roi, de Bordeaux : « Comme le port de Brouage
est présentement comblé, il n'y a pas d'apparence de corriger et. parachever les
défauts de la places (Visite des Places, de LE PELETIEH, in-fol., 3/1, t.Il, A. G.).— «En 1718, de grosses barques le remontant difficilement (le havre) [MASSE,Mém. sur les renvois de 1719]-
— Il y a un quart de brasse d'eau, en 170/1
(Carte des côtes et îles de l'emb. de la Charente, A. G.).— ttLe commerce a
beaucoup perdu par la perte du havre et son comblement, dont la profondeur est
aujourd'hui trop faible pour recevoir de gros bateaux qui mouillent au large»
(DAIIZILLV, Mém. concernant la ville de Brouage», 1717, p. 973-28/1, A. G.). —
Le havre se.perd depuis que les Rochelais en 1695 ont coulé cinq vaisseaux. Les
vases comblent le chenal qui avait 3oo à 4oo toises de large» (MASSE, Mém. du
1 ie carre, p. 1 ). :— «En 1721, il n'entra plus dans le havre que des barques de
haute mer» (MASSE, plans).,— «Son port autrefois très bon est aujourd'hui com-
blé. Ses fossés sont presque tout comblés du côté de la mer» (MASSE, Mém. relatif
aux plans de Brouage, p. 109). — «Le chenal de .Brouage était jadis profond, le
— 477 —
Projetant au nord des fagnes siliceuses, le rivage passe à distance
de Moëze C), plus près de Saint-Froult*2', coupée de sartières, de jaset de chenaux.
Des alluvions se déposent du Ghapus à la Charente <s) réduisant
chaque jour de quelques acres le domaine de l'océan/ et tendant à
unir au littoral nouveau les hauts fonds calcaires et les bancs du
courrauC1'.
IX
Après Cassini, il semble bien inutile de poursuivre une étude
qui, pour cette région, ne saurait porter que sur des détails mé-
diocres.
meilleur de la côte aquitannique; jadis les flottes, et les plus gros vaisseaux s'y
retiraient. Il- s'est comblé et n'y remontent .que de petits bateaux et,quelqucsflûtes qui no dépassent pas le chenal du Grand-Garçon. Celui-ci était jadis très
navigable surtout sur a,5oo toises de long. Il n'y remonte plus que.de petites
barques. Le port recevait les plus grands navires et leur beaupré touchait les murs
de la.place; n'y remontent que de petites barques. La Sarlière, autrefois nier,
couvre seulement en malines. Les anciennes rives du chenal et digues sont à plus
de 9oo toises des murs de la .place» {idem, p. 1 n-iia). — «Les .fossés au,pieddes glacis avaient 'i pieds. Ils n'en ont plus que 1 î/a ou a, les vases les ayant
comblés?) (PnETTKSEiLiE, ouvr. cité, 1737, p. 3oa)..— «Le havre devait être;jadis
profond et large comme la Charente. Il avait plus de 3o rameaux avant 1720»
(LE TERME, ouvr. cité, p. i43-i'i5).-— «On y a vu de mémoire d'homme des
vaisseaux de 800 à 900 tonneaux, mais il s'est tellement comblé, depuis ce temps
par les vases, qu'à peine aujourd'hui il y en entre de 5o à .60 tonneaux (MASSE
fils, Mém. pour servir à l'histoire de La Rochelle, 1727, B. FL, n° ,1.13). —-En
17^16, De Cliabannes (Mém. cité, A. G.) s'écrie : itLe port est si comblé que les
bateaux de 3o tonneaux y entreraient avec peine. Le courrau du canal de Brouage
n'a que 9 toises de large à haute marée et a5 pieds de profondeur» (p., 1 )•(l) «La mer est à 1/100 toises de Moezc» (Carte des côtes et.îles dejl'emb. de
la Charente, 170/1, A. G.).(i) .«.La mer est à. 5oo toises de Saint-Froult. Les laisses de,mer suivent une
ligne droite directe du havre à Nauras et aux Boiteaux ( MASSE , Carte des environs
de Brouage). Cf. ms., n° i35,A. G., Génie.
w «La zone de vase va du Chauuis au large du rocher d'Erre, endroit de l'Ouest
à l'Est. Jusqu'à l'embouchure du havre, où il y a 7 pieds d'eau» (MASSE, Carte,des
cnvirons.de Brouage).— Le Chapus est entouré de vases dans le «Plan particu-
lier du Chapus, s.d. (v. 1750), A. G., Génie, atlas i5/i).(l) Au delà dss laisses, se trouvent la Languette et le Petit Sable; entre les
deux, il y a 8 à 12 brasses d'eau, 9 pieds au delà de la Languette et du Petit
Sable, et le Gros Sable. Entre ce dernier et le banc du milieu, 3 pieds (MASSE.
Carte des environs de Brouage).
— 478 —
Contentons-nous donc de dégager les laits caractéristiques dumouvement.
Si l'océan semble vouloir reprendre au Ghapus les territoiresabandonnés M, il réunit progressivement l'ile d'Aire à la côte (2).L'ancien banc sera absorbé avant la fin du xvni" siècle <3'.
Les fagnes s'étendent de plus en plus, fermant l'estuaire desétiers brouageais, reportant vers le nord l'embouchure du havre etunissant Piédemont à Aire'").
(1> «Lés retranchements entre Bourcefranc et le Chapus ont été emportés parla mer. Pourtant entre l'île.de Noie et la côte on ne constate que to pieds d'eau
de vives eaux» (DE RICAKD, Etal actuel des batteries, forts, redoutes et corps do
garde, le long des cottes des isles de Bouin, Noirnioutier, cottes du Ras-Poilou,
Aunis, isle de Ré, isle d'Aix, colles de Sain longe, isle d'Oléron et celles des deux
rives de la' Gironde, 17S5, 2^ ff. ms., p. 37-38, A. G.).—• «La mer gagne
à la pointe du Chapus qu'elle a déjà coupée (rois ou quatre fois» (LE TEIIMK, OUVT.
cité, p. 175).(s> L'île est presque rattachée dans la carte de l'île d'Oléron relative aux ou-
vragés faits pour sa défense, 17^7, ms., A. G. — Elle est également figurée dans
les fagnes par LB RODCE, Recueil des côtes maritimes de France, 1757 (Bibl. Nal.,
Caries, Ge ff. 9O35-QO36). — Châtain et Saint-Soudière sont séparés de la mer
par des salines ( Carte particulière de iisle d'Olléron avec les nouveaux retranche-
ments exécutés en 1761, sur les dessins de M. le marquis de MOKTAIEMDKIIT, ms.
(Bibl; Nat., Cartes, Ge D D 687).— Carte de Jaillot, la province de Poitou et le
pays d'Aunis, 178s (même dépôt Ge C. 96);(:,) GAUNIEÏI, Carie des côtes de Ré, Oléron, etc. La Rochelle, 3o frimaire an m,
calque sur papier huilé, A. G.'4' Li-ROUGE, 1757.
— MOKTALEMBKIIT, 1761.— trDu chenal de Brouagé jus-
qu'au chenal de Monporteau, la distance est de 1,800 à 3,000 toises. Y abordent
seuls les bateaux tirant a ou 3 pieds, à haute mer. Ce sont les fagnes-du Grand-
Garçon. La mer, en se retirant, y découvre un lbnd de vase de grande étendue.
De Monporteau aux maisons de Fontenaud, à 5oo ou 600 toises, côte de sable
uni. Les'traits de Benche sont à 3oo ou 600 toises de la côte. Entre les deux se
trouve un fond de hanche qui, par succession des temps, s'est couvert de vase et
s'en couvre tous les jours. Il y a quelques années on y passait à cheval. Le chenal
de Monportau, très étroit, monte de 6 pieds dans la plus haute marée. L'entrée
en est difficile. Les pêcheurs eux-mêmes y échouent souvent... A mer basse, le
flot laisse à sec, du canal de Brouage à Saint-Nazaire, un fond de vase de
5oo toises de largexet un autre fond de sable de même largeur. Le fond de vase,où l'on enfonce de s pieds, est le Nouvàs» (PINSSDK fils, Observations sur la côle,à la suite du Mém. concernant les forts, redoutes et batteries qui sont sur la côte
depuis le fort Lupin jusques et au delà du fort Chapus. Brouage, 10 août 1755,ms., p. 3/1 ! -245 , A. G.).
— Cf. Carte des côtes d'Aunis et Saintonge, de la Seudrc
à la Sèvre, parur. LA ROZIEKK, 1767 (ms. au i/55555", A. G.).— ttLc plan des
laisses de mer ou allerrissements de la rivière de Brouage, appartenant a M. L.
— 479 —
Les salines, qui firent la fortune du «pais de Brouaige», sont
délaissées et se gâtent f1'.
Pour les chenaux de la Seudre ils sont voués à l'envasement et
à la perte prochaine <2>.L'arrondissement va devenir et devient le
centre de tous les germes paludéens. Après la ruine, la maladie
guette les populations.Il faudra le génie d'un Le Terme pour enrayer .les catastrophes,
et toute la science moderne des ingénieurs pour rendre au golfe de
Broue un peu de vie et d'activité. Mais tous les efforts sont vains.
L'océan n'a pas désarmé, et le jour est prochain où le rivage courra
en ligne droite du Chapus aux Pâlies. Il ne restera plus alors de.
l'antique baie santone qu'un pâle souvenir.
Fr., duc de Richelieu», 1786, évalue les prises à ghô arpents, 63 perches, à rai-
son de 100 perches de 22 pieds par arpents, soit environ 6 h. 91 ares. Ce n'est
pas un gain méprisable (Bibl. Nat., Cartes, ms. Ge C I/J6I).C Voici un tableau édifiant de la déperdition des salines :"
i63o .., . . 10,000 hectares
1766 6,000
179) ...... 5,ooo
1812 /i,6oo
{Porta de, France, t. VI, La Seudre, par M... VEAUX, p. a5i). .
(2> Au début du xix° siècle, LE TBBME écrivait : «Le chenal de Marennes reçoitdes navires de 200 tonneaux dans les deux.tiers de son cours. Au, port du Lindron
il est déjà tellement envasé que les bâtiments tirant h ou 5 pieds doivent attendre
les grandes marées. Les Seines jadis navigables jusqu'au port du même nom, à
i,5oo mètres de Marennes, ne sont plus navigables que jusqu'à la charge de
Soubs à 200 mètres. Le chenal de Luzac est navigable pour lès"b'Aliméhts de
300 tonneaux jusqu'à la branche do Féron. Le chenal de Recolaine' est navigable
pour les grands bâtiments jusqu'à l'etîcr des Barres, mais, aux basses mers, les
chevaux le traversent sur des amas de pierre,, etc.» (p.:i4i-i/ia).