Apport de l’imagerie dans le diagnostic de
l’aspergillome intracavitaire pulmonairel’aspergillome intracavitaire pulmonaire
A propos de 24 cas
I. Mimouni, S. Lezar, K. Miyara, F. Essodegui, W. Zamiati, A. AdilI. Mimouni, S. Lezar, K. Miyara, F. Essodegui, W. Zamiati, A. AdilService Central de Radiologie- CHU Ibn Rochd-Casablanca- Maroc
Introduction
• L’aspergillose se situe au premier rang des mycoses pulmonaires
opportunistes. opportunistes.
• L’aspergillome intra-cavitaire est de loin sa forme la plus fréquente.
• Il se développe dans des cavités broncho-pulmonaires ou pleurales
détergées, surtout post-tuberculeuses.
• L’hémoptysie récidivante est le principal symptôme.
• La TDM thoracique est l’examen de choix pour le diagnostic positif,
topographique, la recherche d’autres localisations et le suivi évolutif
des lésions.
Matériel et méthodes
• Etude rétrospective de 24 cas de greffes aspergillaires pulmonaires,
colligés au Service Central de Radiologie durant 15 ans (de 1994 à
2009).
• Tous nos malades ont été explorés par des radiographies standards
et des tomodensitométries thoraciques.
• Les sérologies aspergillaires ont été réalisées chez 20 malades.
Résultats
• L’âge moyen des patients était de 42 ans avec des extrêmes allant
Résultats
de 23 à 65 ans.
• Il existait une discrète prédominance masculine sex-ratio: 1,4
• Signes cliniques:
• Hémoptysie récidivante: 20cas (83,3%)
• Dyspnée d’effort : 5cas (20,8%)
• Altération de l’état général: 3cas (12,5%)
• Radiographie thoracique
Résultats
Imagerie
- Image en « grelot »: 6cas (25 %)
- Croisant gazeux surmontant une opacité intracavitaire: 5cas (20,8%)
- Opacité de type alvéolaire : 7cas (29,1%)
- Destruction du parenchyme: 6cas (25 %)
• TDM thoracique
• Une image en grelot mobile: 15cas (62,5)
Résultats
• Immobile: 1cas (4,1%)
• Une image de touffe mycélienne occupant la majeure partie d’une
cavité: 5cas (20,8%)
• Un aspect pseudotumoral: 1cas (4,1%)• Un aspect pseudotumoral: 1cas (4,1%)
• Un épaississement irrégulier des parois cavitaires: 2cas (8,3%)
• Topographie lésionnelle:
- Unilatérale: 23cas (95,8%)
Résultats
- Unilatérale: 23cas (95,8%)
- Bilatérale : 1cas (4,1%)
- Multiple : 3cas (12,5%)
- Lobes supérieurs : 19cas (79,1)
- Fowler : 3cas (12,5%)- Fowler : 3cas (12,5%)
- Pyramide basale : 2cas (8,3%)
• Le terrain: L’aspergillome pulmonaire est survenu sur:
- Séquelles de tuberculose pulmonaire: 18cas (75%)
Résultats
- Séquelles de tuberculose pulmonaire: 18cas (75%)
- Bulles d’emphysème: 2cas (8,3%)
- Séquelles d’infections pulmonaires à répétition: 1cas (4,1%)
- Destruction pulmonaire de cause inconnue: 3cas (12,5%)- Destruction pulmonaire de cause inconnue: 3cas (12,5%)
• Le diagnostic positif était retenu devant:
Résultats
- Des sérologies aspergillaires positives dans 20 cas
- Dans les quatre cas restants le diagnostic a été retenu
devant les antécédents, l’aspect TDM et l’évolution des
lésions
Fig. 1A: Rx standard du thorax de
face chez un ancien tuberculeux
présentant des hémoptysies
récidivantes: Rétraction du
poumon avec bulle d'emphysème
apicale gauche associée à des
images nodulaires au niveau du images nodulaires au niveau du
reste du parenchyme pulmonaire
Fig. 1B: TDM thoracique en décubitus et procubitus: Présence de plusieurs bulles d'emphysème cicatriciel post-tuberculeux, dont une est habitée par un nodule dense
mobile déterminant une image en grelot
Fig. 2A: Rx pulmonaire de face chez un ancien tuberculeux: Thorax distendu emphysémateux. On note une destruction parenchymateuse biapicale et une volumineuse bulle du sommet droit
Fig. 2B: TDM thoracique en décubitus et procubitus: Multiples images bulleusesparenchymateuses et sous pleurales avec une volumineuse bulle apicale droite contenant un matériel de densité tissulaire, mobile
Fig. 3: TDM thoracique en décubitus et en procubitus: poumon emphysémateux avec présence en paratrachéal droit d’une formation tissulaire ovalaire de contour mamelonné,
située dans une grosse bulle, immobile aux changements de position
Fig. 4: TDM thoracique en décubitus et en procubitus: Croisant gazeux surmontant le
matériel tissulaire occupant la cavité pulmonaire
Fig.5: TDM thoracique en décubitus et en procubitus: présence de deux cavités lobaires
supérieures droites siège de matériel dense et mobile, entourés de remaniements
cicatriciels, faisant évoquer le diagnostic d’aspergillome complexe
Fig. 6: TDM thoracique chez un ancien tuberculeux en coupes axiale et
coronale: Aspergillose apicale droite
Fig.7B: TDM thoracique en décubitus et en procubitus: destruction parenchymateuse pulmonaire gauche qui est siège d’une cavité lobaire inférieure avec en son sein une truffe mycélienne mobile aux changements de position
Fig. 7A: Rx pulmonaire de face chez
un ancien tuberculeux: destruction très
étendue du poumon gauche.
Fig. 8: TDM thoracique en décubitus et en procubitus: image en grelot apicale
gauche
Fig.9: TDM thoracique en décubitus et
en procubitus: cavité apicale droite à
paroi épaisse, avec en son sein une
masse dense arrondie et excavée,
mobile et occupant la majeure partie de
la cavité, surmontée d’un croissant
gazeux , associée à un épaississement
pleural en regard
Fig.10: TDM thoracique en décubitus et en procubitus montrant une cavité apicale
gauche avec un épaississement irrégulier isolé des parois cavitaires
Fig.11: TDM thoracique en décubitus et en procubitus: aspergillome simple
Fig. 12: TDM thoracique en décubitus et en procubitus:
aspergillome complexe
Discussion
• La pathologie aspergillaire respiratoire est la plus fréquente des
mycoses pulmonairesmycoses pulmonaires
• L’agent responsable est le champignon Aspergillus qui est constitué
de plus de 300 espèces, dont environ 30 sont pathogènes pour
l’homme, avec A. fumigatus en cause dans 80 à 90% des atteintes
respiratoires.respiratoires.
• Ces champignons sont très répandus dans le sol.
• L’exposition au germe est donc très fréquente, quasi quotidienne, par
Discussion
Généralités
inhalation de spores en suspension dans l’air.
• Le germe ne devient pathogène que dans certaines circonstances
favorisantes qui dépendent de l’état immunitaire du patient, de l’état
antérieur du poumon et de l’exposition aspergillaire (quantité et antérieur du poumon et de l’exposition aspergillaire (quantité et
virulence des particules inhalées).
• L’aspergillome intra cavitaire est de loin la forme la plus fréquente
de l’aspergillose pulmonaire.
• Il correspond au développement du champignon presque toujours
Discussion
• Il correspond au développement du champignon presque toujours
dans une cavité pulmonaire préexistante, communiquant le plus
souvent avec les bronches, ce qui permet l’arrivée des spores et
l’aération de la cavité.
• L’absence de défense locale, liée au caractère pathologique du
revêtement interne de la cavité permet le développement de la revêtement interne de la cavité permet le développement de la
« truffe aspergillaire », disposée en couches concentriques formant
un « mycétome ».
• Il est souvent libre dans la cavité, mais peut être parfois relié à la paroi
par un tissu inflammatoire richement vascularisé à type de bourgeon
charnu.
Discussion
charnu.
• L'aspergillome entraîne aussi une réaction des tissus avoisinants avec
parfois une réaction pleurale ou une fibrose pulmonaire.
• La cavité préexistante en cause peut être:
– Séquelle tuberculeuse (17%-92%) ce qui explique la localisation
plus fréquente des aspergillomes dans les segments apicaux et plus fréquente des aspergillomes dans les segments apicaux et
dorsaux des lobes supérieurs et dans le Fowler.
– DDB (0,5-56%), BPCO (6-19%) et sarcoïdose (1-36%)
– Autres: séquelle post opératoire d’un kyste hydatique rompu, d’un
abcès à pyogène, d’une silicose,…
Clinique
• L’hémoptysie retrouvée dans 50 à 80% des cas. Elle est sévère
Discussion
dans environ 33% des cas et mortelle dans 5% des cas.
• Autres: toux, expectorations, altération de l’état général, dyspnée…
• L’aspergillome peut être longtemps asymptomatique. Dans 25% des
cas il est découvert lors d’une radiographie thoracique
systématique.
Imagerie
• La radiographie thoracique:
• Elle permet d’évoquer le diagnostic
Discussion
• Elle peut être normale quand l’aspergillome est de petite taille
• La TDM thoracique:
• Elle est réalisée en décubitus dorsal et en procubitus sans injection
du produit de contraste.
• Elle permet d’évoquer le diagnostic d’aspergillome même quand il
est de petite taille et non visible sur les clichés standards, d’évoquer est de petite taille et non visible sur les clichés standards, d’évoquer
la possibilité d’autres diagnostiques, d’analyser le parenchyme
pulmonaire homo et contro latéral dans la perspective d’un
traitement chirurgical.
• Le mycétome apparaît comme une masse arrondie ou ovalaire,
parfois lobulée, bien limitée, dense et homogène, ne prenant pas le
contraste, occupant la partie déclive d’une cavité pulmonaire.
Discussion
• Des clichés positionnels montrent souvent le caractère mobile de
cette masse.
• Si la masse mycélienne est petite taille par rapport à la cavité, on
retrouve « l’image en grelot » caractéristique de l’aspergillome.
• Si la masse occupe la presque totalité de la cavité, la lésion est en
général surmontée d’un croissant.
• On observe souvent un épaississement pleural en regard de
l’aspergillome. Il peut constituer le signe le plus précoce de celui-ci.
• L’aspergillome est souvent unique. Il peut être multifocal et bilatéral
• On peut avoir des aspects atypiques:
• Un aspect da cavité vide à paroi régulière en cas d’aspergillome occulte.
• Un épaississement irrégulier isolé des parois cavitaires au début du
Discussion
développement mycélien.
• un aspect irrégulier, spongieux ou lamellaire du nodule qui reste attaché à
la paroi
• Des calcifications au sein du nodule.
• Un aspect pseudo tumoral lorsque l’opacité occupe la totalité de la cavité
pulmonaire ou lorsque les parois de la cavité sont épaissies émettant des
spicules dans le parenchyme adjacent.
• un niveau hydro-aérique, devant faire évoquer un saignement récent ou
une surinfection.
•• L’aspergillome simpleL’aspergillome simple correspond à une lésion unique dont la
Discussion
cavité présente une paroi fine.
•• L’aspergillome complexeL’aspergillome complexe correspond à une lésion faite d’une ou
de plusieurs cavités à parois épaisses, souvent mal circonscrites
au sein d’un parenchyme pulmonaire remanié et associées à au sein d’un parenchyme pulmonaire remanié et associées à
une pachypleurite
Diagnostic positif
• La confirmation du diagnostic d’aspergillome pulmonaire se fait par:
• La sérologie aspergillaire: quasiment toujours positive, sauf lorsqu’il
Discussion
• La sérologie aspergillaire: quasiment toujours positive, sauf lorsqu’il
s’agit d’une espèce autre que A Fumigatus ou lorsque le malade est
sous corticothérapie.
• La mise en évidence du champignon dans des prélèvements
répétés:
– Dans le liquide du lavage bronchiolo alvéolaire – Dans le liquide du lavage bronchiolo alvéolaire
– Par ponction biopsie trans-pariétale à l’aiguille fine dirigée
– Autres: examen cytobactériologique des crachats, aspiration bronchique, prélèvement distal protégé per-endoscopique,…
Diagnostics différentiels
Le diagnostic peut se poser avec:
Discussion
• Un cancer bronchique
• Un tuberculome
• Un abcès, une bulle d’emphysème infectée, un kyste hydatique
rompu, …
Traitements
• La chirurgie d’exérèse est le seul traitement qui permet la guérison,
mais elle est émaillée d’une lourde morbidité et mortalité per et post
opératoire, particulièrement pour les aspergillomes complexes.
Discussion
opératoire, particulièrement pour les aspergillomes complexes.
• Lorsque la chirurgie n’est pas possible l’embolisation artérielle
systémique devient le seul moyen pour assurer l’hémostase en cas
d’hémoptysies menaçantes.
• Le traitement médical est une alternative lorsque la chirurgie est
contre indiquée. Il consiste en des lavages cavitaires ou en une
instillation dans la cavité aspergillaire ou dans sa branche de
drainage d’agents antifongiques guidés par la scopie ou la TDM.
Evolution
• La disparition spontanée du mycétome peut survenir dans 7 à 10%
des cas, soit par lyse spontanée, soit par surinfection bactérienne.
Discussion
• Une stabilisation clinique et radiologique est observée dans 25% des
cas.
• Des complications locorégionales peuvent survenir dans 65 à 75%
des cas :
• Hémoptysies répétées, parfois mortelles • Hémoptysies répétées, parfois mortelles
• Suppurations bronchiques
• Passages vers d’autres maladies aspergillaires plus graves
(aspergillose broncho-pulmonaire allergique, aspergillose pulmonaire
chronique nécrosante, aspergillose invasive).
Conclusion
• La radiographie thoracique permet d’évoquer le diagnostic d’aspergillome
pulmonaire devant les aspects typiques d’image en grelot ou de croissant
gazeux.
• La TDM thoracique permet de reconnaître d’autres aspects atypiques, de
faire le diagnostic topographique des aspergillomes, d’étudier le
parenchyme pulmonaire homo et contro latéral dans la perspective d’un
traitement chirurgical, et de faire le suivi évolutif des lésions.
• Le rôle thérapeutique de la TDM est à souligner puisque l'instillation
d’antifongiques dans la cavité par voie transpariétale sous contrôle
tomodensitométrique constitue une alternative chez les malades qui ont
une contre-indication opératoire.