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7/26/2019 3 Sur l'Identification Des Units Phonologiques Du Castillan [Linguistics 111 43-50] 1973
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S U R
L ' I D E N T I F I C A T I O N
D E S
U N I T E S
P H O N O L O G I Q U E S D U CASTILLAN
F. H. H.
KORTLANDT
l LANOTIONDE
P H ONE M E
Le probleme fundamental de la phonologie est
la
reduction
d'un
com-
plexe
phonique
continu
une
chamed'unites discretes successives, fonc-
tionnellement
relevantes
et non
divisibles
en de
telles un ites plus petites.
Leresultatdechaqueanalysephonologiquedoitetreconsidere comme la
consequence immediate de la
signification
attribuee
explicitement
ou
implicitement la notion de phoneme. On peutchoisirun e d efinition de
phoneme
et
l'accepter
en
tant
que
base axiomatique
de
l'analyse
ou
bien
tenter de trouver une
procedure
pour l'inferer de principes linguistiques
plus generaux. La premiere possibilite est plus simple et permet d'eviter
desconsiderations extra-phonologiques.
Ainsi,
il
faut
choisirune
defini-
tion
qui
determine
un
critere
sffisant
et inequivoque
pour
la d elimitation
des
unites phonologiques.
IIy a deuxpointsde vue plus oumoins
opposes
que rencontre
partout
dans
la litterature linguistique contemporaine: la conception
de D . Jones, q ui accentue l'aspect
physique
("a phoneme is a family of
soundsin a
given
language which are related in character and are used in
such a way
that
no one member
ever
occurs in a
wo rd
in the sam e phone
tic contexts anyothermember"),
1
et celle de N. S.
Troubetzkoy,
qui
attache plus d'importance aux relations dansleSysteme de la langue("le
phoneme est la somme des particularites phonologiquement pertinentes
que comporteuneimagephonique").
2
La definition deJones de termineun critere double. EnpremierHeu eile
contient une condition relative la natu re physique du son. Mais le fonc-
tionnement des
sons dans
la
langue
ne
depend
pas de leurs qualites
physiques: au contraire, la realisation physique d'un phoneme est la
D. Jones, ThePhoneme,Its Natureand Use(Cam bridge, 1950),10.
2
N. S. Troubetzkoy,
Principes
de phonologie,tradu its par J. Ca ntineau (Paris,
1957),
40.
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44 F H H
KORTLANDT
consequence de sesproprietes fonctionnelles et du contexte
p honologique
(s i fait abstraction de l'influence d'elements stylistiques et psycholo
giques
q ui se
superposent
la chaine des unites relevantes du point de vue
phonologique).
En
outre, l'attribut
related incharacter" ne specifie pas
un critere inequivoque pour
l'identification
des phonemes. Les sons
[p]> M, [k], ou
[a],
[r], [], ou [j], [1], [w] seront consideres par les pa rleu rs
de langues dans
lesquelles
la difference entre eux n'a pas de valeurdis
tinctive comme des sons voisins,
mais
par ceux qui se
servent
de la
dis
tinction
pour
discerner des signes l inguistiques comme d es
sons tout
fait
differents, surtout si les phonemes correspondants ont des proprietes
distributives dissemblables. Pour eux, /a/ est une 'voyelle' et /r/ une
'consonne'.
H est possible de preciser le critere de
relatedness
en re-
courant
la
fonction distinctive, mais il
parait
que cette
solution
n'est
pas
conforme
l'intention de Jones.
L'autre
condition
de la
definition
de
Jones
serapporteaux
proprietes
distributives du
son.
Le
critere me semble
inadequat. Le
phoneme hol-
landais
/r/a
u neV arianteroulee
et unegrasseyeeq ui
sont interchangeables
dans toute
position:
elles
ont la
meme distribution
et le
choix entre elles
ne
depend
pas du
contexte phonologique.
Ce
sont tout
de
meme
desva-
riantes d'un seul phoneme
/r/
puisque
la
distinction entre elles n'est
pas
utilisee pour discerner
des
signes lingu istiques.
Ainsionarrive lacaracteristique
essentielle
du phoneme: s fonction
distinctive. Definissons le
phoneme comme
le
faisait Troubetzkoy
et
essayons d'inferer de cette definition un critere sffisant et inequivoque
pour
la
delimitation
des
unites phonologiques. A ppelons 'trait pertine nt'
toute caracteristique phonique susceptible de differencier toute
seule
deux unites
significatives;
3
donc,
les
traits pertinents P R M T T N T
de
dis-
cerner
des
signes
qui
s'opposent pa radigm atiquem ent. C ette
susceptibilite
peut etre soumise
une
verification
experimentale
etdoit
etre
distinguee
de l'emploi effectif de
Popposition dans
la chaine parlee, le rendement
fonctionnel,
qui peut etre negligeable. En hollandais, par
exemple,
la
combinaison
de
voyelle lache
+ /z/ ne se
rencontre
que
dans
les
mots
puzzel
/pAzal/etmazzel
/mazal/,empruntes
recemmen t d'autres langues.
Le
fait meme que le mot anglais/>wzz/e
n'ait
pa s
eteidentifie
avec la
chaine
/p/el /ou/pAsel/ dem ontre que la combinaison de phonem esrealiseedans
ce
mot
etait
une
chaine
admissible dans la langue au
moment
de
l'em-
prunt .
Le
nouveau
mot
introdu isit
u ne
n ouvelle combinaison
de
phonemes
dans le
discours, mais
presupposait la presence de cette
combinaison
3
Cf. E.
Alarcos
Llorach,
Fonologia espanola (Madrid, 1965),
42.
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UNITESPHONOLOGIQUESDU CASTILLAN 45
dans
ia langue;
il
est
le resultat d'une experience naturelle
qui
nous
a
donne la preuve que
l'opposition phonologique
existait dans la langue
si le rendement fonctionnel de l'opposition etait zero. II es t possible que
la
S imulation
de
telles
experiences
nous
offre
un
critere
suisant
et inequi-
voque
pour
la
delimitation
deschampsde
dispersion
des phonemes.
4
Lecritere
unique
pour
l'identiflcation
des phonem es est dans cette
con-
ception
leur
fonctionnement
POTENTIEL,
dont la
signification
est illustree
par A. Martinet de la
maniere
suivante: Le langage a pour
Fhomme
un
but qui estd'agirsur ses
semblables.
C'estun outil,d'une grande com-
plexite
certes, mais un outil tout de mem e, et si nou s en vou lons saisir la
nature proprement linguistique,
il
nous faut l 'examiner, comme nous
le
ferionsdetoutautreoutil,enconsiderant
leselements
qui enassurent le
fonctionnement.
C'estdu point de vue de la fonction, et de
celui-l
seule-
ment, que nous pouvons nous prononcer sur
l'identite
ou la n on-identite
des elements linguistiques.
Soit
un outil, au senscourantet vulgaire du
terme, comme
la
cle.
S a
fonction
est defermeret
d'ouvrir une porte.
[... ] Le
serrurier pourra,
s'il
le juge bon, don ner l 'anneau une form e particu-
liere ou
employer
un metal ou un
alliage autre
que celui del'exemplaire
qui
a servi aux mesures. Cela n'empechera pas l'usager d'accrocher les
deux
cles, l'ancienne
et la
nouvelle,
au
meme clou
et de
considerer qu'en
pratiqu e les deu x cles sont
interchangeables
et
identiques."
5
Donc, si
a un
complexe
phonique fixe (la
cle),
il est
possible
de
concevoir
une
pro
cedure experimentale qui revele son
fonctionnement dans
un
contexte
phonetique
fixe (le trou de serrure), et le resultatde
cette
experience est
decisif
pour l'identification phonologique
du
son.
2. L'IDENTIFICATIONDES PHONEMES
CASTILLANS
L'identification
des
consonnes
/p/,/b/, /f/,
/ t /
/ /
/ /
/s/,
/ k / ,
/g/,
/x/,/m/,
/ n / / n / / /,
/ } /
/ r / et des
voyelles / i /
/e/, / a / /o/, / u /
n'offre
pas de difficul
tes
particulieres,
6
mais
l'existence
des
phonemes / c / / f / / j / ,
/w/ est dis
cutable.
2.1. Dans
son
article classique
sur l'interpretation
monophonematique
ou
biphonematique
de
com plexes phoniques
A .
Martinet ecrit
au
sujet
de
Paffriquee [ts] du castillan: [s]n'existe que dans ce cas, tandis que [t] se
4
Cf. C. L.Ebeling,
SomePremisses
ofPhonemic Analysis ,
Word
23 (1967),12237.
5
A.
Martinet,
La
linguistique synchronique
(Paris,
1968), 6061.
Cf.Alarcos Llorach,
1965: 14550
et
16162.
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46 F. H. H. KORTLANDT
rencontrefrequemmentdans bien d'autrespositions;dans unm otcomme
chato
[tsato], [s] est
commutable
puisqu'en le remplagant par
[r]
on
obtient le mot trato,et en le comm utan t avec zero on
obtient
le mot tato.
Mais, tandis qu'on peut commuter le [a] qui
suit
[s] et obtenir le mot
choto,
on ne
peut
nisupprimer le [t] qui le
precede,
ni leremplacer par
rien sans obtenir desformes [sato],
[ksato], [Isato],
etc., qui sont impos-
sibles
en castillan. Le [t] du
groupe
[ts]n'a, en
lui-meme,
aucune valeur
distinctive
particuliere,
son apparition dans ce cas
etant
automatiquement
determineeparcellede
[s];
[ts]est
donc
encastillan
la
realisation d'un
phoneme
/c/.
On pourrait etre
tente
de
considerer
le [ s] du groupe [ts]
comme uneVariante
com binatoire
de /s /
dont l'articulation castillane
est
assezvoisine. Mais
il
faudrait pour cela que le voisinage de [t]Justinele
caractere proprement chuintant de [s],caractere qui le distinguede [s],
ce
qu i
n'est
pas le
cas."
7
On peut remarquer que: (1)
l 'argument
est mal
fonde, puisque le caractere phonetique des sons est irrelevant pour
l'identincationdesphonemesdupointde vue de leurfonctionnem ent dans
la langue; (2) l 'argument est
inadequat:
si Martinets'etait
servid'une
transcription phonetique plus precise, il n'aurait pas observe que "[s]
n'existe que dans ce cas, tandis que [t] se rencontre frequemment dans
bien d'autrespositions",
puisque
la
Variante
predorsoalveolaire du son [t]
qu'on trouve dans le mot [tsato] est nettement distincte de la Variante
apicodentale dans
les
mots [trato] et
[tato]. II
semble que la distinction
entre[s]alveolaireet [s]palatalet la
parite
de [t]
dental
et [t]alveolaire
soientsuggerees par leSysteme phonologique d'autres langueseuropeen-
nes.
En
outre,
le
critere
que le
voisinage
de[t]Justinele
caractere propre-
ment chuintant de[s]"est inapplicable, com me le mo ntren t les exemples
suivants.
(a) Enjaponais la realisation phonetiquede
/n/
la fin du mot est [],
par exemple
rjin
[rj],
emprunte
au
chinois
loren
'vieillard'.
Le
meme
phenomene peut etre observe dans quelques parlers asturiens. Le carac-
terevelaire de la consonne nasale nepeutpastre
explique
par lecarac-
tere du phoneme suivant.
(Selon
latheoriede R.
Jakobson,
8
l'existence de
[ r j ]
presu ppose m eme l'existence
de [n]
et[m] ,
ce qui est
clairemen terrone.)
(b) M. V. Panov
donne
lesregles
suivantes
pourlaprononciation litte-
raire
durusse contem porain :
9
7
A. Martinet, "Un ou
deuxphonemes?",Acta Linguistica l,
97;
aussi
dans
1968:
112-13.
8
R.
Jakobson,
Child
Language Aphasia
and
Phonological
Universals
(The
Hague,
1968),
53:
The existence ofback consonantsin thelanguages of theworld
presupposes
accordingly the existence offront
consonants."
8
M. V.
Panov,
Russkaja
fonetlka
(Moskva,
1967), 92-96.
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U NITES
PHONOLOGIQUES
DU CASTILLAN 47
lesconsonnes
apicales
sontmouilleessi elles
precedent
une
consonne
labiale mouillee,par ex.
zmeja [zmii]'serpent';
les consonnes labiales sont dures sielles precedent une consonne
apicale mouillee,
par ex.
ptica
[ptitsa]
Oiseau'.
Larealisation mouillee (dure)de Parchiphonemepeut etre
'expliquee'
par l'influence
assimilatrice
(dissimilatrice)duphoneme
suivant:
1'origine
de l assimilation se trouve dans la tendanceeconomique du Systeme et
1 originede ladissimilation dansla
necessite
demaintenirles contrastes
qui
permettent
de
distinguer
les
elements
successifs du
discours. Mais
ces
explications secontredisent nettementet pour
cela
nepeuventpas etre
sffisantes. II
s ensuit
que lecaractere
ambigu
de
l'influence
de
phonemes
voisins
sur les caracteristiques phonetiques de la
realisation d un phoneme
ne
permet
pas
d utiliser
de
maniere
inequivoque
l argument
du
voisinage
syntagmatique. En
outre,il
y a uneobjection plus
fundamen ta le:
le
terme
' influence'n'a pas de
valeur bien
definie
dans
la
linguistique
synchronique.
La
notion
d'influencepresupposela
succession
decauseetdeconsequence,
qui ne peut s'effectuer quedans un Systeme
dynamique,
c est--dire dans
un Systeme dont l'etat est dependant du temps,
comme,
par exemple,
l'evolution
d une langue. Mais dans
leSysteme
synchronique
d'une
langue
les
proprietes d un element
ne
peuvent
pas
etre
considerees
comme
la
consequence
des
proprietes
d'autres
elements parce
que
toutes
ces
carac-
teristiques sont determineesconjointementpar l evolution anterieuredu
Systeme. O n
peut
decrire le
Systeme
ou considerer ce qui influence so n
evolution ou s realisation danslaparole, mais leSystemesynchronique
ne
s explique
pas parsoi-meme.
On
peut
resoudre le probleme del'interpretationmonophonematique
ou biphonematique au
moyen
d'une procedure de verification experi-
mentale. Quand
ils'agit du
groupe
[ts]en
castillan, l exemple suivant,
resultat
d une
experience
naturelle, montre
qu'il
est
phonologiquement
distinct
du
groupe [ts],
qui
peut etre
considere
comme
la
realisation
de la
combinaison
de
phonemes
/Ts/:
cheque
[tseke]'cheque',
tsetse
[tsetse]'tse-tse',
queche [ketse]'galiote'.
L emprunt
temoignede
l existence
de Fopposition
phonologique
au mo-
ment
o lemot fut emprunte et la
distinction dans
la
langue actuelle
prouvequel opposition semaintient.De la mememaniereonprouvela
distinction
de
[ts]
et
[ks]
sexo hech),
etc.
Cen'estque
pour
cette
raison
qu'il
y a un
phoneme/c/
en
castillan.
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48 F. H. H.K O R T L A N D T
Au
m oyen-ge
les cond itions etaien t differentes. IIexistait
u n
phoneme
/s/,
etpour
celale
groupe [ts] doit etre considere dans
le Systeme
medieval
comme
la
realisation de
/Ts/,
moins
qu'on
ne
puisse prouv er l'existence
d'une
Opposition /c/:/Ts/ dans ce cas. Cette Opposition existe dans
quelques
langues, en russe par exemple:
lucsij
[lutssi]
/MTsIj/ 'meilleur',
letucij [htuisu] /Jltuclj/Volant'.
Cependant, beaucoup de russes ne distinguent pas les membres de cette
Opposition et
prononcent
[lu^sti]:
ils ont,
par
consequent,
un Systeme
phonologique
sans
/c/, que n e doit pas
confondre avec
le
S ysteme
de
la
langue litteraire.
D e
meme,
les
espagnols
qui
prononcent
[s]
dans
des
noms
etrangers
disposent clairement d 'un phoneme / s /
et
n 'ont donc
pas
besoin d 'un phoneme / c / dans leur
S ysteme
phonologique. L a Situation es t
assez compliquee
en
polonais,
o
l'existence d'une consonne
affriquee
/c/
ne peut
etre.etablie
que par une procedure experimentale. Si les mo ts
patrzy [ptsi]
/paTsi/'(il)
regarde' et
paczy
[ptsi]/paci/
'(il) dejette'
ne seconfondent pas, l'affriquee existe,tandisqu'ellen'existepass'ilsse
confondent. La verification
experimentale
est necessaire
parce
que la
difference
phonique
peut etre suggeree par l'orthographe.
Ces
observations
eclaircissent que le Systeme
phonologique
que
decrit est le
Systeme d 'un
individu (l'informant) et que des
personnes
qui
'parlent
la meme langue' peuvent
malgre cela
disposer de systemes
phonologiques differentes.
La coexistence de tels systemes se
rencontre
meme
toujours
quand
une
langue
evolue. (II ne faut pas
confondre
la
diversite de system es phono logiqu es avec la dissemb lance de
realisations
phonetiques du
meme Systeme:
le
premier
est un
trait
fonctionnel
tandis
que
le
second
se rapporte la parole.)
2.2. Quant
l'opposition /i/
: /j/ en
castillan
E.
Alarcos Llorach ecrit:
"Solo
es vlida la d istincion enposicion intervoc lica:raia/
raya,
y entre
consonante
y
vocal
nuclear:
desierto
/deshielo. En
todos
los
dems casos
la svariantes
d e
/i/
y
/y/
se
com plementan.
10
L'argument
est
irrelevant
mon
avis.
Les
mots
raiaet
raya
ne se
distinguent
que par leprosodeme,
qui est un trait
configuratif
en castillan.
11
Le contraste syntagmatique
ainsi
etabli permet d'opposer paradigm atiquem ent
des
signes
structures
10
Alarcos
Llorach, 1965:
183.
11
Cf. C. L.
Ebeling,
"On
A ccent
in
Dutch
and the Phoneme
/a/",
Lingua21 (1968),
135.
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7/8
UNITES PHONOLOGIQUESDU
CASTILLAN
49
prosodematiques difierentes. Dans cette conception la relation entre
/raia/ et/ria/est la
meme
qu'entre/sabna/ et/sbana/. L'opposition /i/:
/j/ n'existepas encastillan parceque *raiaet rayanesedistinguent pas.
(Lasyllabe n'estpas uneentite
phonologique
encastillan.)
Lesmots desierto et
deshielo
ou
abierto
et abyecto se
distinguent
au
moyen
d'une jointure suturd) de morphemes, signal
demarcatif
qui n'a
pas de fonction distinctive (comme on peut le demontrer experimen-
talement). Si fai t u sa ge de tels phenomenes
sans
la
verification
ex
perimentale
de
leur
nature
phonologique,
on
peut 'prouver' presque
tout,
cf. le f ameux
exemple
russe:
pogoreli
[pagarejl] / pAgAre} / '(ils)brlaient',
po gre H
[p3garE}t] /pA
gAre
} /
'par
la
montagne?'.
H n'y a aucun doute que
l'opposition
/e/ : / /
n'existe pas en russe.
Dans quelques cas A larcos
Llorach
interprete le son [j] 'morphone
matiquement' comme la realisation de
/ j i /
par
exemple
dans
le s
mots
huyo
et
huyeron.
12
L'argument n'est
pas seulement m al
fonde
du
point
de vue theorique
13
ma i s aussi
inadequat, comme
la
difference
entre
dirigieron
/dirixieroN/ et dijeron /dixeroN/ le m ontre. En effet, /eroN/ es t
la
forme
du morpheme
/ieroN/
apres
une consonne historiquement
palatal isee:
on dit salieron et
vinieron
mais
bulleron et
bruneron.
Le son [w]doitegalement etre considere
comme
une
Variante
dupho
neme
/u/ . S i de
huellas
et degellas ne sedistinguent pas, la transcription
phonologique sera respectivement /de uejas/ et
/deuejas/,
quoique la
realisationphonetique
puisse etre [deywejas]dans les deux cas.L'element
[] n'a apparemm entpas de fonction
distinctive dans cette combinaison.
14
On
pourrait
aussi
citer:
son nuevos [sonweos] /soN nuebos/,
son
huevos
[sonweos]
/soN
uebos/,
la
suela
[laswela]
/lasuela/,
lashuela
[lazwela]/las
uela/.
2.3. Pour
etablir
l'existence duphoneme/f/ en castillanilfaut demon-
trer qu'il
ne
peut
pas
etre interprete comme
une
combinaison
depho-
nemes,
en
particulier
qu'il se
distingue
de la
combinaison /rr/. Alarcos
Llorachnevouepasplus d'une notecettepossibilite:"Algunosautores
12
Alarcos Llorach, 1965: 163.
13
Cf.Martinet,
1968:95.
14
Cf. Alarcos Llorach, 1965:164.
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7/26/2019 3 Sur l'Identification Des Units Phonologiques Du Castillan [Linguistics 111 43-50] 1973
8/8
50 F H H KORTLANDT
[...] consideran
/ f /
como/r/
+
/ r / lo cual parece inadecuado, pues
[f]
aparece en
inicial, donde nunca
hay
consonantesdobles.
15
L ' a rg umen t
ne
tient pas puisque l 'assertion qu'il n'y a pas de consonnes doubles en
Position initiale doit etre prouvee par l ' analyse phonologique et ne peut
pas
etre consideree c o mme u ne condition axiomatique imposeea
priori
Cela n'empeche pas que l 'assertion est vraie, parce que [f] en position
initiale
n'estpas
la
realisation
de
/ r r / m a i s
de / r / . L e caractere
phonetique
de
/ r/
initial est un signal demarcatif qui n'a pas de fonction distinctive,
comme on peut
le verifier
experimentalement. La combinaison de
pho
nemes /rr/
ne se rencontre qu'en position intervocalique.
Je conclus ces remarques par un tableau du Systeme consonantique du
castil lan
actuel.
16
p b f m
t n l r
c
s n l
k g
Universite
^Amsterdam
5
A larcos L lorach, 1965: 163.
Cf.
les
tableaux dansB.Po ttier,
Phonetique et
phonologie espagnoles (Paris,
1965),
86,
et Alarcos
Llorach,
1965: 170.