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BAAL 15, 2011 291 Qal‘at Doubiyé, une forteresse-garnison de l’arrière- pays de Tyr. Cyril YOVITCHITCH La mission archéologique de Qalaat Doubiyé s’inscrit dans le programme de recherche de castellologie de l’Institut Fançais du Proche-Orient. Il s’agit d’une mission conjointe franco-libanaise, dirigée par Cyril Yovitchitch (chercheur-Ifpo) et Patricia Antaki-Masson (archéologue-médieviste). Cet article vise à poser le cadre de l’étude du château de Doubiyé et les principales problématiques qui lui sont associées. Il s’appuie sur deux missions qui se sont déroulées en 2012. L’étude archéologique des élévations, ainsi que celle des programmes défensifs et résidentiels, a permis l’identification des espaces présentés ici; elle a en outre guidé l’implantation des sondages archéologiques réalisés lors de la seconde mission. Cette dernière avait pour but principal la détermination de la puissance stratigraphique du château et la documentation des sols liés à sa construction afin de resserrer les datations de ce monument. Introduction Le projet archéologique de Qal‘at Doubiyé (mouhafazat de Nabatiyé, casa de Bint Jbeil) s’inscrit dans un programme de recherches de castellologie de l’Institut français du Proche-Orient, qui porte sur l’histoire des fortifications du Proche-Orient médiéval 1 . L’intérêt de ce château réside à la fois dans son bon état de conservation, et dans la nature de son programme de construction qui reflète des pratiques architecturales pouvant être attribuées tant aux belligérants islamiques et croisés qui se disputaient le contrôle de la région, qu’aux Mamelouks ou plus tard à l’autorité ottomane (Fig. 1). On ignore aujourd’hui le nom médiéval de Qal‘at Doubiyé comme on ignore l’identité de son commanditaire, et, à ce stade de nos recherches, il est impossible de rattacher avec certitude le château à un l’un ou l’autre des grands moments qui jalonnent l’histoire de la région au Moyen Âge et à l’époque moderne. L’objectif de la mission archéologique est donc de déterminer la maîtrise d’ouvrage du château, notamment par la caractérisation de son architecture, par l’étude typologique de ses composantes et par celle des techniques de construction qui y sont mises en œuvre. Qal‘at Doubiyé a fait l’objet d’un premier relevé architectural à la fin du XIX e siècle par deux Britanniques, Conder et Kitchner, publié dans leur ouvrage intitulé The Survey of Western Palestine (Conder et Kitchner, 1881, 1: 122-123). Le plan qu’ils en ont dressé est aujourd’hui fort utile en raison des dégradations subies par le château dans son histoire récente (Fig. 2). Cependant, étant incomplet, il était indispensable de procéder à un nouveau relevé afin d’engager l’étude des phases de construction du Pp. 291-308

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Qal‘at Doubiyé, une forteresse-garnison de l’arrière-pays de Tyr.

Cyril YOVITCHITCH

La mission archéologique de Qalaat Doubiyé s’inscrit dans le programme de recherche de castellologie de l’Institut Fançais du Proche-Orient. Il s’agit d’une mission conjointe franco-libanaise, dirigée par Cyril Yovitchitch (chercheur-Ifpo) et Patricia Antaki-Masson (archéologue-médieviste). Cet article vise à poser le cadre de l’étude du château de Doubiyé et les principales problématiques qui lui sont associées. Il s’appuie sur deux missions qui se sont déroulées en 2012. L’étude archéologique des élévations, ainsi que celle des programmes défensifs et résidentiels, a permis l’identification des espaces présentés ici; elle a en outre guidé l’implantation des sondages archéologiques réalisés lors de la seconde mission. Cette dernière avait pour but principal la détermination de la puissance stratigraphique du château et la documentation des sols liés à sa construction afin de resserrer les datations de ce monument.

Introduction

Le projet archéologique de Qal‘at Doubiyé (mouhafazat de Nabatiyé, casa de Bint Jbeil) s’inscrit dans un programme de recherches de castellologie de l’Institut français du Proche-Orient, qui porte sur l’histoire des fortifications du Proche-Orient médiéval1. L’intérêt de ce château réside à la fois dans son bon état de conservation, et dans la nature de son programme de construction qui reflète des pratiques architecturales pouvant être attribuées tant aux belligérants islamiques et croisés qui se disputaient le contrôle de la région, qu’aux Mamelouks ou plus tard à l’autorité ottomane (Fig. 1). On ignore aujourd’hui le nom médiéval de Qal‘at Doubiyé comme on ignore l’identité de son commanditaire, et, à ce stade de nos recherches, il est impossible de rattacher avec certitude le château à

un l’un ou l’autre des grands moments qui jalonnent l’histoire de la région au Moyen Âge et à l’époque moderne. L’objectif de la mission archéologique est donc de déterminer la maîtrise d’ouvrage du château, notamment par la caractérisation de son architecture, par l’étude typologique de ses composantes et par celle des techniques de construction qui y sont mises en œuvre. Qal‘at Doubiyé a fait l’objet d’un premier relevé architectural à la fin du XIXe siècle par deux Britanniques, Conder et Kitchner, publié dans leur ouvrage intitulé The Survey of Western Palestine (Conder et Kitchner, 1881, 1: 122-123). Le plan qu’ils en ont dressé est aujourd’hui fort utile en raison des dégradations subies par le château dans son histoire récente (Fig. 2). Cependant, étant incomplet, il était indispensable de procéder à un nouveau relevé afin d’engager l’étude des phases de construction du

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Situation topographique

Localisé au sud du Liban (Fig. 3), en plein cœur du Djebel ‘Amel, le château Doubiyé s’élève près de la ville de Chaqra. Il est assis au sommet d’une colline calcaire qui culmine à 499m, et dont les pentes sont encadrées par le ouâdi al-Jamal, à l’est, et par le ouâdi al-Shaykiyé à l’ouest (Fig. 4). Au sud, une langue rocheuse relie la colline au reste de la montagne qui la domine d’une trentaine de mètres. Le château n’occupe donc pas le point le plus haut du secteur, en revanche c’est depuis cette position que l’on contrôlait le mieux le ouâdi al-Shaykiyé qui rejoignait au nord la route principale reliant Damas à Tyr. Non loin de là, plusieurs points hauts étaient occupés, selon toute vraisemblance, par des fortins

château, et ainsi de mieux cerner sa place dans l’histoire de la fortification libanaise et plus généralement dans celle de la fortification proche-orientale. L’article qui suit présente les résultats de la première mission archéologique, qui s’est déroulée durant un peu plus de quinze jours entre le 11 avril et le 20 mai 2012, et qui avait pour principal objectif de réaliser le relevé topographique du château et d’entamer l’étude de ses maçonneries2. L’équipe se composait d’Emmanuelle Devaux (architecte-Ifpo), de Philippe Sablayrolles (topographe) et de Cyril Yovitchitch (chercheur-Ifpo) directeur de la mission3.Cette mission est financée par l’Institut français du Proche-Orient, par le ministère des Affaires étrangères et européennes et la municipalité de Chaqra. Elle bénéficie en outre d’un appui logistique gracieusement offert par le contingent népalais basé sur place (UNIFIL).

Fig. 1- Qal‘at Doubiyé: vue générale du château depuis le nord-est.

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rocheuse ont été creusées de nombreuses citernes qui témoignent d’une occupation de cette zone. Il n’est pas possible actuellement de proposer une datation pour ces citernes, mais d’autres aménagements, tels que des tombes (Fig. 6) ainsi qu’un hypogée creusés dans le conglomérat, attestent, comme l’avaient remarqué Conder et Kitchener, de l’ancienneté de l’occupation des lieux (fin de l’Antiquité, début de la période byzantine). La description archéologique qui suit a pour finalité de présenter les principales composantes architecturales du château et leurs fonctions lorsque celles-ci sont identifiées. Le choix a été fait de se limiter à la description des espaces du rez-de-chaussée du château, car ils suffisent à rendre compte du programme architectural général qui régit l’ensemble4.

ou des tours de garde fonctionnant en réseaux avec le château. Leur existence est suggérée par la toponymie (al-Qal‘at) ainsi que par quelques vestiges archéologiques. C’est notamment le cas de Qal‘at Zounâr qui surplombe Qal‘at Doubiyé au sud-ouest et conserve quelques vestiges ayant pu appartenir à un fortin médiéval: des alignements de murs dessinant des espaces résidentiels, une grande citerne taillée dans le rocher qui était couverte par une voûte appareillée, ainsi que les restes qui appartiennent à une structure circulaire (Fig. 5). Compte tenu de son orientation sud-nord, l’accès principal du château de Doubiyé est tout naturellement situé au sud, du côté de la langue rocheuse. Cette dernière était semble-t-il barrée par un ouvrage avancé (une barbacane ?) dont on peine à identifier les contours avec précision. Sur cette langue

Fig. 2- Qal‘at Doubiyé: plan du château au XIXe siècle, dessin Conder & Kitchener 1881. Le secteur sud-est est aujourd’hui effondré et recouvert de gravats. La tour sud-est est en partie effondrée.

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Fig. 3- Carte du Liban, d’après H. David 2003.

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La structure avancée:la barbacane ? (no 1)

Au niveau du pincement de la langue rocheuse, on observe plusieurs arases de murs qui dessinent une petite enceinte avancée percée d’une entrée (Fig. 8). Cette structure formait peut-être une barbacane, dont le tracé n’est pas partout clairement établi, mais dont on peut suivre le mur à l’est jusqu’au contact du fossé où il venait s’ancrer dans le large mur de contrescarpe. On reconnaît également un seuil encadré par deux pièces (une porte entre deux tours ?) à moins qu’il ne s’agisse plus simplement de vestiges d’habitats implantés à ce niveau à une époque qui reste à déterminer.

Description archéologique

Les composantes architecturales

Le château se déploie selon un axe sud-nord. Il se présente sous la forme d’un plan irrégulier flanqué de quatre tours quadrangulaires aux angles ainsi que de trois tours qui occupent le milieu des faces sud, nord et ouest. L’ensemble est entouré d’un fossé. Pour les besoins de l’étude, le château a été découpé en secteurs ou zones, numérotés de 1 à 26, répartis entre les tours, les salles défensives, résidentielles et les abords immédiats (Fig. 7).

Fig. 4 - Extrait de la carte du Liban au 1/20 000e, Tibnîne, feuille C-3, Armée Libanaise, 1964, © carthothèque Ifpo.

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Le fossé (no 2)

Le château est protégé par un fossé en partie taillé dans le rocher, en partie maçonné. Ce fossé est de taille moyenne; il mesure environ 7 à 8m de large (Fig. 9).Enfoui en grande partie sous les remblais, il est impossible d’estimer pour le moment sa profondeur. De gros blocs sommairement équarris (leur hauteur moyenne est de 50cm) dessinent une contrescarpe maçonnée. Elle palliait vraisemblablement l’absence de rocher dans les zones de forte pente. Il n’est cependant pas exclu qu’elle ait appartenu à une enceinte basse (braie).

La tour-porte (no 3)

L’entrée principale du château se fait à l’ouest par l’intermédiaire d’une tour-porte (Fig. 10). Les conditions de franchissement du fossé (ou de l’enceinte) ne sont pas restituables actuellement en raison de l’épaisseur des remblais et de la difficulté d’analyse des maçonneries qui en résulte. Dans l’hypothèse d’un fossé, un pont dormant ou une rampe d’accès devait relier la porte à l’extérieur qui s’ouvre dans le flanc gauche de la tour, dessinant ainsi une entrée coudée. Elle était commandée à la fois par les archères percées dans la courtine adjacente et dans la tour nord-ouest, ainsi que par une bretèche maçonnée et un assommoir. Cette tour de plan barlong présentait trois à quatre niveaux de tir répartis entre le rez-de-chaussée, l’étage et le couronnement. Au rez-de-chaussée plusieurs archères à niche

contrôlaient les abords de la porte: une sur le flanc droit; deux sur le flanc gauche et une sur la face de la tour. Sur la face de la tour, une archère à niche occupe également un niveau intermédiaire, accessible grâce à une plateforme en bois dont les trous de poutres sont encore visibles. À l’étage, chacune des faces était percée par une archère à niche. La porte d’accès à la bretèche étant située à l’angle nord de la tour. Deux portes, disposées face à face sont percées à l’arrière de la tour au niveau de l’ancrage des courtines. Elles permettaient une circulation continue sur ce front très sensible du château. La partie sommitale de la tour est en grande partie détruite, et la végétation ainsi que les dépôts organiques ne permettent pas d’en comprendre l’organisation. Sans doute était-elle couverte par une terrasse avec des archères à niche supportant un chemin de ronde

Fig. 6- Qal‘at Doubiyé: tombeaux jumeaux taillés dans le conglomérat (fin de l’Antiquité).

Fig. 5- Qal‘at Zunâr: vestiges de construction.

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Fig. 7- Qal‘at Doubiyé: plan général du rez-de-chaussée. Relevé et dessin E. Devaux, P. Sablayrolles, C. Yovitchitch 2014.

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Fig. 8- Qal‘at Doubiyé: restes de structures bâties en travers de la langue rocheuse (barbacane ?).

Fig. 9- Qal‘at Doubiyé: fossé.

crénelé, mais aucun indice n’a pu en être observé. L’accès à ce niveau, qui devait nécessairement se faire depuis l’extérieur de la tour, n’est pas encore identifié; aucune communication interne entre les étages n’était prévue, les deux niveaux étant voûtés. Depuis l’intérieur de la porte, on pouvait monter sur la courtine nord-ouest par l’intermédiaire d’un escalier étroit, ou bien pénétrer dans la cour sous un grand arc brisé qui ne possède aucune trace de fermeture

Cour intérieure (no 4)

La cour est un espace délimité au sud par une salle, aujourd’hui entièrement effondrée, qui était vraisemblablement fermée par une porte (Fig. 11).

Fig. 10- Qal‘at Doubiyé: tour-porte dessinant une entrée coudée. Plusieurs niveaux d’archères contrôlent les abords de l’entrée du château.

Fig. 11- Qal‘at Doubiyé: cour, vue depuis le sud. Au premier plan à droite, le couloir no24; à gauche, la salle no23.

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En effet, des archères percées dans la salle de tir sud-est (no 22) étaient tournées vers l’intérieur de la cour en direction de l’entrée de la salle. À l’est, la cour intérieure était délimitée par le grand mur derrière lequel se trouvent les espaces résidentiels; au nord, enfin, par les grandes salles qui supportent à l’étage un espace pour une garnison, un vaste arsenal ou une salle de stockage.

Sallettes à archères (no 5, 26, 6)

Ce sont trois sallettes ouvertes à la gorge, percées chacune par une archère dans l’axe (Fig. 12). Elles contribuaient à la défense des abords de la porte d’entrée principale.

La tour nord-ouest (no 7)

Cette tour est accessible depuis l’intérieur de la cour (Fig. 13). Sa porte ouvre sur un petit couloir percé d’une archère à niche, qui donne sur une pièce rectangulaire comprenant trois archères, une sur chaque face. Le flanc gauche de la tour est unifié avec la face de la salle no8 et celle de l’étage de l’arsenal.

L’ensemble nord (no 8, 9, 10, 11)

Il est composé de trois salles parallèles (8, 9, 11) qui devaient principalement remplir des fonctions de stockage et permettaient de supporter une grande salle à l’étage qui se déployait sur la totalité de la superficie de ces salles basses (Fig. 14). Une tourelle à archère est située dans le prolongement de la salle 9. Son accès au rez-de-chaussée se faisait uniquement depuis cette salle. La salle 11 avait une vocation plus défensive (avec ses trois archères) ainsi que de commodités, puisqu’elle accueillait à son extrémité nord des latrines.

La tour nord-est (no 13)

Il s’agit d’une tour quadrangulaire percée de quatre archères en sifflet: une sur les faces nord et est, et deux sur la face sud (Fig. 15). Elle est percée dans l’angle nord-ouest par une poterne.

Les espaces domestiques (no 14 et 15)

Ce sont deux pièces qui appartiennent au complexe résidentiel, puisqu’elles faisaient respectivement office d’arrière-cuisine et de cuisine (Fig. 16). Elles étaient accessibles depuis la cour, soit en passant par la porte nord-est de l’arrière-cuisine (no 14) soit en empruntant par la porte sud-ouest de la cuisine (no 15).Il est à noter que le rôle domestique dévolu à ces pièces n’affaiblissait pas l’aspect défensif de la place, puisque toutes deux étaient percées de deux archères sur leur mur est. La fonction de cuisine de la salle no 15se devine par la présence d’une large cheminée adossée au mur ouest. Son linteau est effondré, mais le manteau est en partie conservé ainsi que le conduit d’évacuation des fumées.

Fig. 12- Qal‘at Doubiyé: courtine nord-ouest. Sallettes de tir superposées (no5).

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La citerne (no 16)

La pièce no 16 renferme la plus importante citerne du château. Elle est en partie bâtie et en partie creusée dans le rocher, ce qui explique qu’elle soit inaccessible depuis le rez-de-chaussée.

Le rez-de-chaussée de la grande salle (no 17)

Vaste salle rectangulaire voûtée à l’origine, la grande salle est accessible grâce à deux portes ouvertes aux deux extrémités du mur ouest. Elle est percée de trois archères en sifflet et possède un aménagement dans son angle nord-est qui s’apparente à des latrines. Aucune communication n’était prévue avec l’étage.

Fig. 13- Qal‘at Doubiyé: intérieur de la tour nord-ouest.

Fig. 14- Qal‘at Doubiyé: salles nord. Au centre, l’entrée du rez-de-chaussée de la tour 10. À l’étage, la grande salle à piliers.

Fig. 15- Qal‘at Doubiyé: tour nord-est, vue depuis le sud-est.

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La tour sud-est (no 18)

Cette tour quadrangulaire éventrée occupe l’angle sud-est du château. Elle se développait sur au moins deux niveaux défensifs composés d’une salle à archères.

La turris (no 19)

Il s’agit de la tour principale du château (Fig. 17).Implantée au sud, elle faisait face à l’attaque et commandait les bâtiments qui se déployaient à ses pieds au nord. De plan quadrangulaire, elle est percée d’une porte dans sa face nord, et de deux paires d’archères à niche sur ses flancs droit et gauche tandis qu’une seule archère à niche est percée sur sa face. Un escalier infra-mural situé juste après la porte d’entrée conduit à un étage en grande partie ruiné, où l’on distingue encore plusieurs niches à archère.

Le secteur (no 20)

Zone entièrement effondrée, elle n’est pas descriptible actuellement. Un plan ancien laisse entrevoir l’existence d’une salle (tour d’angle) dotée

Fig. 17- Qal‘at Doubiyé: la turris, vue sud.

Fig. 16- Qal‘at Doubiyé: cuisines. Grande cheminée à hotte.

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d’une poterne au sud. Elle possédait vraisemblablement des archères ouvertes au sud et à l’ouest, mais seuls un dégagement des pierres et une fouille du secteur lui rendraient sa lisibilité. Au nord, une porte ouvrait sur un couloir qui desservait d’un côté un escalier montant à l’étage, de l’autre une salle (no 25).

Le secteur (no 21)

Il se présente sous la forme d’une petite salle quadrangulaire percée d’une archère (Fig. 18). Elle était également dotée d’une porte au sud qui donnait accès au couloir précédemment évoqué. Une autre porte, au nord, communiquait avec la salle de tir ouest.

La salle de tir ouest (no 22)

Attenante à la tour-porte, la salle 22 est une salle qui était dévolue à la défense de l’approche (Fig. 19).

Percée de trois archères en sifflet, son accès se faisait semble-t-il par une petite porte au nord (comme en témoigne le dessin réalisé par Conder et Kitchener), mais son écroulement dans l’angle nord-est rend aujourd’hui illisible cet aménagement, qui ne pourra être identifié qu’après le dégagement des blocs écroulés.

Le secteur (no 23)

L’étude de ce secteur est particulièrement difficile, car il est entièrement effondré. Le plan dressé par Conder et Kitchener le présente comme une grande salle voûtée ouverte par un grand arc. Y avait-il une porte pour fermer cet espace qui aurait pu faire office d’écurie?Fig. 18- Qal‘at Doubiyé: sallette de tir ouest.

Fig. 19- Qal‘at Doubiyé: salle à archères ouest. Elle possède deux niveaux d’archères. Deux archères au niveau supérieur étaient tournées vers l’intérieur de la cour pour commander l’entrée de la salle no23.

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Le couloir (no24)

Ce petit couloir longe le rez-de-chaussée de la grande salle (Fig. 20). Il s’ouvrait sur la cour centrale (no 4) par l’intermédiaire d’une petite porte aujourd’hui en partie ruinée. Il desservait donc à la fois le rez-de-chaussée de la grande salle, la turris et la salle de stockage (no 25).

La salle de stockage (no 25)

Elle se situe dans le prolongement de la salle précédente. Elle forme un espace circonscrit par la turris au sud, la tour d’angle no 18 à l’est et les pièces no 20 et no 21 à l’ouest. Elle était voûtée d’arêtes.

Bilan et perspectives de recherches

Un site mentionné tardivement dans les chroniques

Qal‘at Doubiyé contrôlait le chemin de crête qui, partant de Safed, remontait vers le nord et interceptait la route reliant Tyr à Damas entre Abil et Jisr Ġaǧar/Ghajar. Lors du parcours qui le mena de la haute vallée du Jourdain (Banias) à Tibnîne, le voyageur andalou Ibn Jubayr, en visite dans la région à la fin du XIIe siècle, passa non loin de là par Hunîn/Chastel Neuf (Pringle, 1997: 79) avant de faire halte dans le village de Meiss (Dussaud, 1927: 23) à quelques kilomètres au sud du château. À aucun moment dans son récit il ne fait allusion à Qal‘at Doubiyé (Ibn Jubayr, 1995). La Qal‘at Doubiyé relevait sans doute dès sa fondation (dont la date est pour l’heure indéterminée) de la puissante baronnie du Toron. Cette dernière fut remise par Honfroi IV de Toron au roi de Jérusalem en 1179 et passa, huit années plus tard, aux mains de Joscelin III de Courtenay détenteur du Maron et de Hunîn. On peut donc raisonnablement penser qu’il contrôlait également Qal‘at Doubiyé. Or le château ne figure pas non plus dans les récits de la reconquête de Saladin en 1187 (‘Imâd al-Dîn al-Isfahânî, 1972). Plusieurs hypothèses sont alors envisageables: soit le château n’existait pas encore à cette époque, soit seule s’élevait une turris qui, aux yeux des chroniqueurs, n’était pas digne d’être mentionnée. Enfin, on peut envisager que le chemin emprunté par Ibn Jubayr l’ait conduit à bifurquer dans la vallée bien avant de pouvoir apercevoir le site, avec sa tour ou sa forteresse. On sait qu’il est passé à moins d’un kilomètre au nord du château par le wadi Istable dont le toponyme est toujours en usage aujourd’hui. Au début de la période moderne, les conflits qui régnaient dans la région poussèrent l’émir Fakhr al-Dîn II (1590-1635) à entreprendre la restauration de plusieurs forteresses pour mater les révoltes des populations druzes et shiites de la région. Qal‘at Doubiyé aurait abrité son frère en 1634 (Soueid, 1985, 1: 214). La tradition orale raconte que le château fut restauré en 1163H./1749 par le cheikh Ẓāher b. Naṣar al-Naṣar de la famille d’al-‘Ali al-Ṣaġīr, Fig. 20- Qal‘at Doubiyé: petit couloir sud-est no24.

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qui était en lutte contre l’autorité ottomane. Une anecdote rapporte qu’à la fin des travaux il monta au sommet du château pour admirer le paysage et fit une chute mortelle. Le cheikh serait également à l’origine de la restauration des forteresses de Tibnîne, Hunîn, et Sham‘a (Ḥoṭayṭ, 1997: 34)5. Qal‘at Doubiyé fut sommairement décrite à la fin du XIXe siècle par Conder et Kitchner. Le plan qu’ils dressèrent à cette occasion, bien qu’incomplet, est très précieux, car il offre une vision très satisfaisante du monument tel qu’il se présentait à leur époque. Selon ces auteurs, le dernier état du château serait l’œuvre des musulmans, car il ressemble à plusieurs khans de la route de Damas (Minia, Jubb Yousef), et possède une porte coudée, un modèle cher aux fortifications islamiques. Ils identifièrent cependant des éléments plus anciens construits en grand appareil (la turris, une portion de courtine) dont ils datèrent la construction par les croisés au tout début de leur implantation dans le secteur au XIIe siècle. (Pringle, 1997: 79) Plus récemment, dans une note sur les fortifications du Sud-Liban, Jean-Claude Voisin livre au travers des longues légendes qui accompagnent ses photographies du château son sentiment sur la chronologie des lieux (Voisin, 1997-1998). Il ne propose pas de datation précise, sinon pour la turris qu’il pense pouvoir faire remonter à la période romano-byzantine. Sans doute a-t-il été induit en erreur par une lecture un peu trop rapide du monument qu’il décrit comme étant dépourvu d’ouvertures de tir, alors que le rez-de-chaussée ne compte pas moins de six archères à niche, et que l’étage en était doté au moins d’autant. À la suite de Conder et Kitchener, il propose d’attribuer la tour-porte à la maîtrise d’ouvrage musulmane. Ce point est très vraisemblable, car, même si les croisés ont parfois fait usage de ce type d’entrée au Proche-Orient (Yovitchitch, 2011: 221-224), d’autres indices, tels que les latrines aménagées à l’étage, plaident en faveur d’une construction islamique.

Phases de construction multiples et datations incertaines

Depuis la visite des deux Britanniques, le château n’a pas beaucoup changé. Qal‘at Doubiyé est dans un

excellent état de conservation, ce qui rend son étude d’autant plus passionnante. La première lecture de ses maçonneries a permis de confirmer la présence de plusieurs phases de construction que les prochaines campagnes de sondages archéologiques devraient nous aider à préciser. L’une remonte au XIIe siècle: elle correspond à la construction du la turris, qui peut-être datée par comparaison avec des tours similaires érigées dans la région au milieu ou dans la seconde moitié du XIIe siècle (Pringle, 1994) plutôt que dans les années 1104 comme le suggéraient Conder et Kitchener (Conder et Kitchner, 1881, 1: 123). Cette phase de construction est caractérisée par un grand appareil de blocs de calcaire, présentant de rares bossages, et par l’arc brisé de la porte d’entrée doté de longs claveaux sur lesquels subsistent des traces de bretture (Fig. 21).

Fig. 21- Qal‘at Doubiyé: porte d’entrée de la turris. Les claveaux présentent des traces de bretture.

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Fig. 22- Qal‘at Doubiyé: pierre ornée d’une croix pattée réemployée dans la tour nord-ouest.

Les phases de construction qui ont suivi ont consisté à la fois en l’érection de nouveaux bâtiments et en la surélévation et en la reconstruction de portions qui avaient été partiellement détruites. Elles témoignent d’une volonté marquée de renforcement et mise en défense du site. Le château est alors doté de plusieurs bâtiments reliés par des courtines rythmées par des saillants quadrangulaires. Le déploiement considérable du nombre de postes de tir sur deux à trois niveaux n’est pas anodin pour un site de cette dimension. Il dénote d’un véritable désir de développement du potentiel défensif de la place. Était-ce en lien avec un besoin de contrôle accru de la route qui passait à proximité, ou tout simplement du contrôle militaire de la zone ? Le potentiel défensif de Qal‘at Doubiyé n’est pas celui d’un château traditionnel, mais plutôt celui d’une forteresse-garnison. Ces nouveaux bâtiments semblent relever de trois ou de quatre campagnes de construction différentes qu’il est actuellement difficile de caler dans le temps en raison de l’absence de données stratigraphiques. La tour sud-est englobe un angle de la turris en condamnant l’une de ses baies, ce qui indique sa

postériorité, et l’arc qui surmonte sa porte rappelle à la fois celui de la porte d’entrée de la turris ainsi que celui de la poterne ouverte dans le flanc gauche de la tour nord-ouest. Peut-être, sommes-nous en présence de vestiges croisés appartenant à l’extension du château primitif; quant à la croix pattée gravée sur une pierre réemployée dans la tour nord-ouest, elle témoigne des remaniements que connut le château (Fig. 22). Des secteurs entiers semblent contemporains en raison de leur intégration dans le plan général et de l’homogénéité de leurs élévations ou de leur programme (par exemple le pôle arrière-cuisine, cuisine, citerne de la zone est). La tour-porte et ses courtines attenantes pourraient appartenir à une autre campagne de construction. Mais là encore, il faut être prudent, car de nombreux traits de construction communs se retrouvent à l’étage du château. C’est le cas par exemple des crapaudines taillées dans des quarts-de-rond, mais aussi des trous barriers destinés aux poutres qui barraient les portes ou encore des techniques de voûtement. Dans la plupart de ces bâtiments, on observe des reprises en partie haute qui

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du XIIe siècle et bien au-delà du XIVe siècle dans le Bilâd al-Shâm (Fig. 24); elles sont néanmoins dépourvues des caractéristiques souvent présentes dans la fortification ayyoubide et mamelouke du XIIIe siècle, telles que les motifs en accolade taillés en creux sur les linteaux, ou les quarts-de-rond inversés qui supportent ces mêmes linteaux. (Yovitchitch, 2011: 160-169). L’un des points les plus remarquables du programme résidentiel de Qal‘at Doubiyé tient en la présence de grandes cheminées à hotte: celles de la cuisine du rez-de-chaussée et de la pièce située au-dessus, et celle de la grande salle à l’étage du bâtiment sud-est. C’est un fait assez rare pour être souligné. De tels dispositifs ne sont pas légion dans la fortification proche-orientale6. En Occident médiéval, des cheminées de ce type se rencontrent assez fréquemment et connaissent un véritable essor

témoignent de restaurations plus récentes attribuables vraisemblablement de la période moderne. Parmi les éléments qui peuvent nous aider à différencier les campagnes de construction et les reprises figurent l’étude des maçonneries (dont les appareils et les modules varient distinctement) ainsi que celles des programmes résidentiels et défensifs et des techniques de construction. La caractérisation des campagnes de construction par la seule étude des techniques n’est cependant pas toujours opérante, car comme il a été noté plus haut, certains procédés, tels que les voûtements, sont identiques dans les parties les plus anciennes du château comme dans les plus récentes. L’étude typologique montre aussi ses limites: les nombreuses archères qui commandent remarquablement les abords du château (Fig. 23) appartiennent à des types que l’on rencontre dès la fin

Fig. 23- Qal‘at Doubiyé, galerie de circulation ouest: archère à simple ébrasement et linteau intermédiaire.

Fig. 24- Citadelle de Damas, porte orientale, archère mamelouke de la barbacane (XIVe s.)

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à partir du XIVe siècle (Sirot, 2011). Là réside le point d’achoppement, car la région de Qal‘at Doubiyé est définitivement perdue pour les croisés au moment de la reconquête mamelouke à la fin du XIIIe siècle. Les cheminées sont absentes des fortifications ayyoubides et mameloukes, tout comme les cuisines ou les grandes salles. Faute de données stratigraphiques, ce trait de modernité pourrait bien nous inciter à situer ces aménagements à la période ottomane, mais, une fois de plus, il faut attendre les résultats des fouilles archéologiques pour le confirmer ou l’infirmer. En général, les travaux de l’époque ottomane sont caractérisés par l’usage d’un petit appareil réglé de blocs cubiques, bien équarris, possédant parfois un bossage légèrement concave. C’est le cas des dernières phases de construction de Tibnîne (Fig. 25), de Sham‘a (Fig. 26), ou encore de Qal‘at Maroun (Deir Kifa) (Fig. 27), identifiables sur de grandes portions et où les blocs utilisés sont presque standardisés. Il n’y a rien de vraiment comparable à Qal‘at Doubiyé, même si les secteurs reconstruits tardivement usent d’un moellon de petite taille (tourelle semi-circulaire nord) (Fig. 28).

Fig. 26- Sham‘a- Cliché Armée françcaise du Levant (1938)- © Ifpo Pothothèque.

Fig. 25- Tibnîne, détail de l’appareil de la tour ottomane nord-ouest.

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Qal‘at Shama‘ - Cliché Armée française du Levant (1938) - © Ifpo Photothèque

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Fig. 27- Qal‘at Maroun / Deir Kifa. Vue depuis l’angle nord-ouest.

Il n’est pas impossible que le château ait été moins endommagé que les grandes forteresses précédemment citées, ce qui aurait eu pour conséquence que les restaurations n’auraient pas nécessité le recours à des matériaux standardisés extérieurs au site. Quoi qu’il en soit, l’interprétation est conditionnée à l’étude stratigraphique qui seule peut véritablement fournir les indices chronologiques pour attribuer avec plus d’assurance les principales phases de construction7. Enfin, il convient de noter deux absences de taille: celles de la chapelle ou de la mosquée/mihrâb, qui auraient pu nous renseigner sur l’origine de la commande architecturale. Si les chapelles ne sont évidemment pas systématiquement associées aux fortifications croisées, en revanche les fortifications ayyoubides et mameloukes sont souvent dotées d’une

petite mosquée ou bien un mihrâb construit dans la tour-porte ou à proximité (Yovitchitch, 2011: 257-259). Qal‘at Doubiyé est un site particulièrement riche pour la connaissance de la fortification du Proche-Orient médiéval et moderne. Son état de conservation est exceptionnel, et ses multiples campagnes de construction offrent une occasion rare d’étudier l’évolution d’un site fortifié durant une période clé du développement de l’architecture militaire proche-orientale. L’absence de données archéologiques, de stratigraphies de référence, est pour l’instant un frein pour la datation de secteurs importants du château. Aussi, le spectre chronologique relatif à chacun d’entre eux ne peut-il pas être réduit actuellement; il s’étend par conséquent du Moyen-Age à la période moderne, ce qui n’est évidemment pas satisfaisant

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scientifiquement. Une telle complexité d’analyse architecturale et d’attribution entre curieusement en résonance avec le constat dressé par Hassân Salâmé-Sarkis en 1986 dans son article sur le château de Musayliha (Salâmé-Sarkis, 1986), et par Max van Berchem avant lui (Van Berchem et Fatio, 1914:113-116). La difficulté d’identifier avec certitude les parties médiévales du château de Musayliha (Fig. 29) se rencontre également à Qal‘at Doubiyé. Il existe cependant une différence de taille, Musayliha présente à l’étage dans sa partie nord-ouest des ouvertures de tir conçues pour les armes à feu(Fig. 30), ce qui offre un terminus ante quem et permet de situer la construction ou la reconstruction de cet étage à l’époque de Fakhr al-Dîn au début du XVIIe siècle, comme le suggère Hassân Salâmé-Sarkis (Salâmé-Sarkis, 1986: 54). La connaissance approfondie de ce château pourra servir de base de réflexion et de point de comparaison pour l’étude du phénomène fortifié de la région, nous renseigner sur la vie à l’intérieur de ce genre de forteresse-garnison, et, plus généralement, éclairer le contexte militaire très changeant du Sud-Liban aux époques médiévale et moderne.

Fig. 28- Qal‘at Doubiyé: tourelle circulaire nord reconstruite sur une base trapézoïdale plus ancienne.

Fig. 29- Musayliha: vue depuis le nord.

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Fig. 30- Musayliha: détail des ouvertures de tir pour armes à feu, localisées dans l’angle sud-ouest de l’étage du complexe nord

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Notes

1- Je tiens à remercier le ministère de la culture et la Direction

générale des Antiquités qui ont accordé leur confiance

à ce projet. Le bon déroulement de la mission a résulté

principalement de l’excellent accueil que nous a réservé le

Raïs baladiyé Reda Aachour et la population de Chaqra,

ainsi que les soldats du contingent népalais (UNIFIL), que

le colonel Lila Chetri a gracieusement déployés sur le site

pour le dégager de sa végétation, sous les ordres des majors

Ragesm Katawal (CIMIC) et Anil Budhathoki (PIO).

2- En raison du peu de temps passé sur le terrain, cet

article n’a d’autre prétention que de présenter les premiers

résultats, qui bien que très partiels, nous semblent utiles, à

la fois parce que le site est très peu connu, et parce qu’ils

permettent de mieux comprendre les enjeux scientifiques

qui sous-tendent son étude archéologique.

3- Depuis, la mission est devenue une mission conjointe

franco-libanaise, codirigée par Patricia Antaki-Masson

(DGAL).

4- Les parties supérieures ne sont pas présentées ici, car

toutes les données les concernant n’ont pu être collectées.

Elles seront complétées lors de la prochaine mission.

5- Je remercie Patricia Antaki-Masson de m’avoir signalé

ces deux références.

6- Une cheminée est identifiée dans la galerie du château

de Smar Jbeil (Liban). Je remercie Anis Chaaya de m’avoir

communiqué cette information.

7- Cinq sondages archéologiques ont été effectués dans

le château: un sur la périphérie du fossé, un devant la

porte d’entrée principale, deux dans la cour et un devant

la poterne de sortie nord-est. Bien que les données soient

en cours d’étude, on peut d’ores et déjà indiquer que les

renseignements fournis par ces sondages sont moins d’ordre

chronologique qu’architectural ; ils ont en outre montré

l’épaisseur que les remblais qui recouvrent le site sur plus de

1m de haut et atteignent parfois le substrat rocheux, datent

de l’époque moderne.

jean-pierreyovitchicth
Barrer
jean-pierreyovitchicth
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(historienne et archéologue médiéviste).

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