projet de thèse de doctorat ph d
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Dédicace
A la mémoire de ma mère Catherine Mbele, au moment de
décéder en 1994, elle souhaitât de toute son âme que je
devienne docteur en médecine, mais les voies de la providence
m’ont orienté dans le cinéma.
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Remerciements
Plusieurs personnes ont partagé et échangé avec moi de part
le monde et spécifiquement dans plusieurs régions du Cameroun.
Cependant, je ne pourrais citer ici que quelques uns, les non-
cités demeurent dans mes pensées.
Je tiens à m’acquitter d’une dette morale à l’égard du
Professeur BOLE BUTAKE qui, malgré ce champ de recherche encore
en friche qu’est l’esthétique du cinéma camerounais, a accepté
de me diriger depuis le Master II jusqu’en Doctorat, a dirigé
d’un bout à l’autre ce travail, je lui exprime ma
reconnaissance.
Je suis aussi très reconnaissant envers le Professeur
Richard Laurent Omgba, Doyen de la Faculté des Arts, Lettres et
Sciences Humaines de l’Université de Yaoundé I, mon père
spirituel qui m’a toujours soutenu dans mes efforts et mes
ambitions.
Je remercie également très vivement Messieurs les
Professeurs Louis Martin Onguene Essono, Vice Doyen Chargé de
la Scolarité de la Faculté des Arts, Lettres et Sciences
Humaines, Mbondji Edjenguele, Dassi et Alphonse Joseph Tonye de
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l’Université de Yaoundé I, qui ont bien voulu accepter de
relire mes manuscrits.
Je suis également extrêmement redevable aux Docteurs
Charles Soh du Master Professionnel en Production
Cinématographique et Audiovisuelle, Jacques Raymond Fofié de la
Section des Arts du Spectacle et Cinématographie, Annette
Angoua de l’Institut des Beaux Arts de l’Université de Douala
pour leur encadrement scientifique, ainsi qu’au Docteurs
Atangana Kouna et Evoung qui m’ont inculqué la rigueur
méthodologique dans l’approche esthétique. Sans toutefois
oublié la traductrice principale Stéphanie Engola pour son
expertise.
Enfin, je remercie chaleureusement mes collègues Longin
Colbert Eloundou et Tafor Ateh, collaborateurs de chaque jour,
ainsi que tous mes étudiants et amis qui se sont impliqués
d’une manière ou d’une autre à l’élaboration de ce travail.
Pour terminer, je ne peux oublier ma très chère fiancée
Marie Nina Ngombi Mboutou et mes enfants dont l’apport est
immatériel, et à qui je tiens sincèrement à exprimer ma
profonde gratitude.
Résumé
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Cette thèse est un travail de théorisation qui évoque le
cinéma camerounais sous l’angle de l’esthétique de la
réalisation avec une perspective postmoderne, dans le but de
l’établissement d’un manifeste, ce qui serait utile sur le plan
fondamental de la production du cinéma au Cameroun.
Il est question de partir d’une étude de plusieurs œuvres
filmiques camerounaises dites classiques, qui ont reçu un franc
succès dans les prestigieux festivals internationaux et sur le
territoire national et de faire une analyse sémiologique qui
permet de mettre en lumière le design visuel, le design sonore,
le design rythmique, les motifs et le style, afin non plus de
questionner comme dans le mémoire de Master, mais d’établir les
caractéristiques propres à l’esthétique du cinéma camerounais.
A partir d’une argumentation basée sur plusieurs approches
théoriques, il question d’étudier les films dans leur dimension
langagière en tant que système producteur de sens, et d’établir
l’essai d’une théorie esthétique du cinéma camerounais, à
partir d’une dizaine d’auteurs et de films.
La problématique du travail demeure comme par le passé.
Etant donné qu’il n’avait été définit qu’une esthétique
particulière du cinéma camerounais à partir de deux œuvres dans
le travail de master, et que deux œuvres seules ne peuvent
constituer l’ensemble de toute une esthétique, il est question
de redéfinir si l’on peut systématiser l’esthétique des films
au Cameroun, pour concevoir un style propre à la réalisation,
dans le but d’analyser les spécificités du cinéma camerounais.
L’hypothèse de base est d’affirmer qu’il n’y a pas de
théorie esthétique qui englobe tout le cinéma camerounais.
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Toutefois, il faut bien un code spécifique malgré la liberté
accordée aux auteurs. Le corpus présente bien une bonne dizaine
d’auteurs, se qui pourrait constituer justement un essai de
théorisation du cinéma camerounais avec des règles établies.
Abstract
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INTRODUCTION GENERALE
Présentation du sujet
L’originalité d’une esthétique cinématographique
camerounaise n’est pas évidente, mais un certain nombre de
signes incite à croire en son avenir.
Le langage cinématographique a ses ruses, mais dans un
premier temps, pour toute la génération du cinquantenaire au
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Cameroun, il est nécessaire de produire les films, juste pour
pouvoir exister dans ce monde universel du cinéma.
A présent, il est question d’avancer coûte que coûte, tout
en cernant les particularités esthétiques du cinéma
camerounais.
Prenons l’exemple de Les Saignantes, Bekolo rappelait que
lorsqu’il parle de forme, il parle de tous les éléments qui
entrent en jeu dans la constitution de toute l’histoire. Le
style hybride, genre authentiquement camerounais a réussi à
exprimer ce dont il ne fallait pas parler, de même le mythe et
le conte camerounais ont réussi à parler de la sociopolitique
et de la socio-culture camerounaise, ainsi que le présente
Dikongue-Pipa dans Muna Moto. En plus de ces deux films riches
où l’expression correspond à une pensée qui correspond à une
réalité dans sa complexité, il y a d’autres films où cependant
les signes de l’originalité ne manquent pas.
On constate que les grandes industries cinématographiques
ont naturellement développé ce que certains appellent le cinéma
de genres. Ce genre de cinéma a des lois économiques et
esthétiques fortes. Au Cameroun, le cinéma est resté artisanal,
bien qu’il y ait eu émergence de quelques films courageux et
originaux.
Il est important d’insister sur l’esthétique du cinéma
camerounais, non seulement parce qu’elle peut donner des
garanties pour une identité camerounaise réelle, mais aussi
parce qu’elle s’oppose à l’invasion d’une idéologie extérieure
et surtout parce qu’elle peut conditionner les autres cinémas.
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Il faudrait bien ce cinéma camerounais que parfois l’on
regrette encore de ne pas trouver…
Supposons qu’à travers la réactualisation de la production
cinématographique au Cameroun, il y ait une absolue nouveauté,
à travers les formes, mais surtout à travers le rôle et la
fonction du cinéma. Le cinéma camerounais ne serait peut-être
plus simplement un spectacle et pourrait, de plus, exercer une
influence comparable à celle de l’art traditionnel camerounais
sur les plasticiens de l’art au Cameroun.
Le Cameroun a des cultures très originales qui sont
capables de bouleverser les normes existantes, à condition de
ne pas se laisser dévorer par le cinéma dit conventionnel, tel
que l’Occident l’a unanimement développé et adopté.
Le cinéma est adapté au temps, lorsqu’on fait allusion à
l’émotion, à la créativité.
A cet égard, le Cameroun a une chance à saisir. S’il tarde
à reconnaitre et à identifier son cinéma, le cinéma dit
conventionnel continuera à le coloniser et cette fois-ci de
façon entière et directe par l’intermédiaire de ses propres
cinéastes.
La question de l’esthétique est à la fois importante sur le
plan du langage et sur le plan de l’indépendance, donc sur le
plan de la viabilité.
Il faut donc systématiser l’esthétique du cinéma
camerounais, par la définition du style propre aux films
camerounais. Tout ceci est possible à travers l’analyse
sémiologique de plusieurs films camerounais qui ont eu une
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certaine aura nationale et internationale. Malgré l’abondance
des auteurs, il faut une unité dans la diversité.
Car il est clair que c’est à travers un code auquel les
cinéastes vont obéir qu’il faut s’en tenir, sinon, on sait que
les individualités, même les plus géniaux ne peuvent rien,
surtout sur le plan de l’identité nationale.
Intérêt et motivation du choix du sujet
A partir des années 1910 dans le monde, le langage
cinématographique se cherche pragmatiquement et les éléments du
récit filmique s’élaborent quasiment en même temps. Le critique
tel que Riciotto Canudo (1911), dans son Manifeste des sept arts
classe le cinéma comme étant le septième art et tente de
dégager la spécificité d’un art cinématographique (CinémAction,
1994).
L’Italie par exemple trouve son originalité dans les
péplums (1905-1915) et les divas à travers la grande mise en
scène de sujets antiques aux décors charpentés et staffés, aux
nombreux mouvements d’appareil et au scénario complexe. Ensuite
vient l’époque du drame mondain avec des décors naturels. Dans
d’autres pays se développent des esthétiques nouvelles et des
genres nouveaux, ce qui crée une spécificité dans la définition
des tendances artistiques du langage cinématographique. Par
exemple, le cinéma passe des formes primitives au cinéma
classique en 1915 avec The birth of a nation (Naissance d’une nation) de
David Wark Griffith. Ce dernier met au point un langage
cinématographique narratif qui contient les éléments suivants :
montage parallèle, gros plan et plan général, ouverture et
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fermeture à l’iris ou au noir, les filtres devant la caméra,
direction d’acteur et jeu devant la caméra pour ne citer que
ces éléments. L’esthétique cinématographique devient dynamique
en fonction des cultures des uns et des autres. C’est donc à
travers les courants esthétiques de chaque région du globe que
va se développer les différents formes et styles dans le
cinéma.
Nwachukwu Frank Ukadike (1994) affirme que le cinéma noir
africain ne s’est pas développé selon les mêmes circonstances
que le cinéma européen ou américain. Le passé colonial et le
présent néocolonial ont joué en défaveur des africains pour
l’émergence d’un réel cinéma national capable de parler pour et
avec les africains. Dans la plupart des pays africains, à cause
de la dictature, les nouveaux médias au continent ont plutôt
servi à la consolidation du pouvoir. Notamment avec les films
de propagande qui ont aidé à perpétuer le leadership des
pouvoirs en place. L’on citera par exemple Une nation est née,
1970, de Jean-Paul Ngassa.
Néanmoins, bien que le Nigéria ait subit l’influence des
productions de série B hollywoodiennes et les films musicaux
indiens, une certaine esthétique du cinéma née du théâtre
Yoruba se développe dans le pays. Toutefois, cette esthétique
n’est pas encore traduite scientifiquement. C’est ainsi que
deux tendances sont émergentes au Nigéria : les films
folkloriques et les films mythologiques dans la tradition du
théâtre Yoruba. Les films nigérians se basent sur la cruauté,
la magie, la religion, la comédie. Ils ont un décor bien relevé
et toujours un fond sonore qui permet de facilement les
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reconnaître surtout par la mélodie très mélancolique qui fait
de ces films la plupart des mélodrames.
Dans une de ses définitions qu’il donne au mot cinéma, Guy
Jérémie Ngansop (1987) le définit comme étant l’un des
principaux moyens d’expression et de diffusion de la culture
d’un peuple. Il continue en justifiant le fait que le cinéma
soit le reflet de la personnalité et du génie créateur du dit
peuple, car c’est un élément de son identité culturelle dans le
concert des nations. Pourtant, lorsqu’on étudie l’histoire du
cinéma camerounais, surtout en ce qui concerne l’esthétique il
devient quasi impossible de classer un mouvement artistique
précis surtout sur le plan national. Toutefois, les œuvres
camerounaises sont des films d’auteur défendant des valeurs et
des idées. Seuls quelques auteurs se sont démarqués tout comme
dans la plupart des pays africains par leur style propre.
A la vue de ces réflexions, cette étude se propose de faire
un essai sur les fondements expressifs du cinéma camerounais,
dans l’optique de dégager une théorie esthétique appropriée au
cinéma camerounais. Toutefois, il faut noter qu’une esthétique
cinématographique rencontre les problèmes de design visuel, de
design sonore, de design rythmique et de motifs, de composantes
gestuelles, de composantes culturelles, des composantes socio-
anthropologiques et plastiques.
Une approche postmoderne du cinéma camerounais est suggérée
dans les travaux antérieurs de l’auteur de cette recherche.
Elle est basée sur le cinéma hybride entre le traditionnel et
le moderne.
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Cette thèse a aussi pour motivation d’accorder plus
d’importance à l’éthique du spectateur camerounais, notamment à
travers l’attitude du public, la perception du film par ce
public, la recherche des exemples de spectacle que le public
adore et le rôle du cinéma dans la société camerounaise
actuelle. Mais aussi de mettre l’accent sur l’art oratoire
camerounais, le conte camerounais et les sujets.
Jean-Pierre Bekolo établie un style basée sur
l’imagination, l’innovation et la méditation sur les
contradictions du film, il pense que l’imagination est la clé
du cinéma, et souhaite que la nouvelle génération questionne le
langage dans les films pour aboutir à une forme d’art plus
autonome. Ce qui importe donc pour les camerounais, c’est le
style. Et la même question reste d’actualité, car pour le
fondement d’un style dans la réalisation des films camerounais,
quels sont les enjeux liés entre l’éthique du spectateur et
l’esthétique du cinéma camerounais. Le but de la thèse est de
proposer qu’il existe un style propre à la réalisation des
films camerounais, une esthétique propre avec des
caractéristiques bien précises.
Définition des concepts
Essai, théorie, esthétique
Essai : Dans un sens premier, il s’agit d’une opération par
laquelle on s’assure des qualités, des propriétés de la
réalisation et du style dans les films camerounais, ou de la
manière particulière de créer à partir du contexte culturel
dans les films camerounais. Dans un deuxième sens, il est
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question d’expérimenter scientifiquement la possibilité de la
création du style propre la réalisation dans le cinéma
camerounais.
Théorie : Il s’agit d’un système d’hypothèses, de
connaissances vérifiées et de règles logiques. une théorie a la
caractéristique principale à se poser comme un savoir
institutionnalisé, social, historique. D’après Francesco
Cassetti (1993 : 343) dans Les Théories du cinéma depuis 1945,
Une théorie est un dispositif qui à la fois fixe et privilégie des contenus depensée, des procédures d’observation, des attitudes envers le monde : elle lesfixe en leur donnant une forme plus ou moins contraignante ; elle lesprivilégie en se les appropriant par le travail des chercheurs. De ce point devue, elle « institutionnalise » une connaissance : c’est quelque chose qui endéfinit les contours et les possibilités d’utilisation. De plus, une théorie est unsavoir qui circule parmi les spécialistes, et à travers eux dans des contexteshumains plus large, et qui provoque des discussions, des adhésions, desoppositions. En ce sens, c’est un dispositif social : quelque chose de diffus etpartagé au sein d’une communauté. Esthétique : ce terme résulte du jugement porté su la qualité
d’un bien. Selon Kant, le qualificatif de beau est lié à la
reconnaissance d’une caractéristique non fonctionnelle. Ce
jugement est un jugement pur, par opposition au jugement
pratique, lequel distingue ce qui est utile de ce qui ne l’est
pas. Le jugement esthétique intervient à la fois du côté du
créateur et de celui qui regarde, mais il est incertain.
D’après Marie-Anne Lescourret (2002), l’esthétique s’occupe
donc du sensible, de l’imaginaire, du goût, d’une sorte
particulière de jugement, de diverses catégories comme le beau,
le sublime.
Présentation du corpus et délimitation du sujet
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Faire une étude sur l’ « essai d’une théorie esthétique du cinéma
camerounais » est un concept ambitieux, d’autant plus que les
études actuelles n’osent pas toucher du doigt la question du
langage cinématographique camerounais, peut être parce que les
auteurs n’ont pas suivi une ligne établie au départ par les
organismes chargés de gérer la cinématographie nationale. Mais
à partir du moment où les camerounais se sont mis à produire
des films, ils se sont basés sur leurs êtres profond, qui sont
enracinés dans leurs cultures, leurs us et coutumes. Ce
recadrage permet de définir les codes cinématographiques
spécifiques au cinéma camerounais, il est aussi synonyme de
l’étude de la réactualisation de la production
cinématographique dans une perspective nationale.
Le corpus qui sous-tend cette thèse est constitué des films
cinématographiques camerounais qui ont eu une certaine aura
nationale et internationale en remportant des grands prix dans
les meilleurs festivals de par le monde et en convergeant une
certaine adhésion du public. Il s’agit de Muna Moto (1975),
Badyaga (1987) de Jean-Pierre Dikongue Pipa, pousse-pousse (1975)
de Daniel Kamwa, Les Coopérants (1983) d’Arthur Si Bita, Sango
Malo (1990) de Ba Kobhio Bassek, Quartier Mozart (1992), Les
Saignantes (2005) de Jean-Pierre Bekolo, Confidences (2006) de
Cyrille Masso, Les Blessures Inguérissables de Hélène Ebah, Paris à Tout
Prix de Joséphine Ndagnou, Waralutshehi (2008) de Bernard Auguste
Kouemou Yanghu et La métaphore du Manioc (2010) de Lionel Meta. A
travers l’analyse de ces films, il sera question de déterminer
les invariants communs à tous ces films afin de déterminer le
style propre à la réalisation des films camerounais, et voir
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donc en quoi le langage de cette dizaine d’auteur constitue une
théorie pour l’esthétisation systhématique du cinéma
camerounais.
Problématique
Peut-on institutionnaliser de façon systématique
l’esthétique des films camerounais, à partir d’une dizaine
d’auteurs, dans le but de concevoir un style propre à la
réalisation des films camerounais ? En d’autres termes, est-il
possible d’élaborer l’essai d’une théorie esthétique du cinéma
camerounais ?
A partir de l’approche définitoire d’une esthétique
particulière du cinéma camerounais, Simon Ateba (2011) dans son
mémoire de master propose plusieurs résultats d’ensemble qui
permettent entre autre de penser à un nouveau cadrage en
fonction du regard dans notre contexte culturel, d’utiliser la
structure narrative des films selon le modèle des formes
répertoriés dans les contes camerounais, mais aussi d’adapter
la littérature orale dans l’esthétique et d’aborder le cinéma
dans une perspective postmoderne pour ne citer que ces quelques
résultat de sa recherche.
Actuellement, il s’agit donc en fait de théoriser
l’esthétique à base de plusieurs films camerounais à succès. Le
cheminement pour répondre à cette problématique se doit donc
d’être pluridisciplinaire. Il faut baser l’argumentaire sur des
concepts scientifiques mais aussi sociaux et même
méthodologiques. Tout est donc fondé à partir de la synthèse
des analyses de plusieurs œuvres mais aussi de l’étude de
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l’éthique du spectateur camerounais, dans le but d’établir un
manifeste, ce qui serait utile sur le plan fondamental de la
production du cinéma au Cameroun, avec pour corolaire
l’établissement d’une marque nationale et le développement de
l’industrie cinématographique camerounaise.
Questions de la recherche
Il y a cinq questions majeures qui permettent d’aborder les
grands axes de réflexion de la thèse. Ainsi il y a :
1. Pourquoi n’y a-t-il pas de style propre à la réalisation
des films camerounais sur le plan national?
2. Peut-on expérimenter scientifiquement la possibilité
d’établissement d’un code uniforme dans la création
cinématographique camerounaise ?
3. Peut-on réactualiser l’étude de la production
cinématographique dans une perspective nationale ?
4. Le langage cinématographique dans cette dizaine d’œuvres
choisies peut-il constituer la théorie esthétique du
cinéma camerounais ?
5. Quels sont les enjeux liés entre l’éthique du spectateur
camerounais et l’esthétique du cinéma camerounais ?
Hypothèses
Dans l’hypothèse principale, il convient de reprendre la
problématique en affirmant que, bien qu’il existe une approche
définitoire d’une esthétique particulière du cinéma camerounais
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qui donne un statut exceptionnel aux deux œuvres de Dikongue-
Pipa (1975) et Bekolo Obama (2005), il n’y a toujours pas une
esthétique nationale. Car deux œuvres ne peuvent pas constituer
l’ensemble de toute l’esthétique. Les recherches de Simon Ateba
(2010) et de Pierre Haffner (1978) constituent un modèle
partiel d’observation, d’analyse et d’interprétation afin
d’aboutir à l’essai d’une théorie esthétique du cinéma
camerounais, caractéristique du style dans la réalisation des
films camerounais.
Avec tous les films camerounais qui ont eu un impact
important tant local qu’à l’international, la question serait
de savoir si l’on peut les découvrir sur le plan de la forme et
du style. D’où l’établissement de la première hypothèse
secondaire, qui permet de faire une étude esthétique et une
analyse sémiologique des films du corpus, dans le but de
définir des caractéristiques propres au style camerounais et
constituer une théorie esthétique du cinéma camerounais.
Toutefois, une approche esthétique ne peut pas se baser
uniquement sur l’analyse, car cela comportera un point de vue
trop élitiste, par conséquent réducteur pour
l’institutionnalisation. Voilà pourquoi il existe la deuxième
hypothèse secondaire qui est basée sur l’analyse de la
psychologie sociale, afin de percevoir l’éthique du spectateur
camerounais. Tout ceci dans l’optique de comprendre l’attitude
des spectateurs, leur perception du film.
Pourtant, malgré cet apport à la fois de la science et du
social, il faut toujours considérer l’horizon d’attentes, ce
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qui justifie donc la troisième hypothèse secondaire. Celle-ci
est basée sur le structuralisme et l’esthétique postmoderne
comme propositions. Il faut préciser que la structure des
comptes camerounais représente une source d’inspiration pour
les films camerounais liés à leurs cultures. Mais aussi, le
postmodernisme permet un mélange du traditionnel et du moderne
et extrait une certaine richesse qui en profite au cinéma.
Cadre théorique
Faire l’étude sur l’essai de la théorie esthétique
nécessite une démarche syncrétique basé sur plusieurs approches
théoriques à savoir : l’esthétique selon Kant, la stylistique
selon Charles Bally, la sémiologie de la signification selon
Roland Barthes et Christian Metz, la kinésique selon, la sémio-
linguistique selon, la sémio-culture selon Melville J.
Herkovitz, et la psycho-sociologie selon.
Méthodologie
La technique adaptée pour cette thèse est quantitative
avec la recherche bibliothécaire, l’observation directe, les
entretiens, le sondage.
Plan de travail
Cette recherche se subdivise en quatre grands axes :
1. Esthétique comparée de la forme dans le corpus
a. Le disign visuel
b. Le design sonore
c. Le design rythmique
d. Les motifs
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2. Esthétique comparée du style dans le corpus
a. Le contenu
b. La structure narrative
c. L’espace
d. Le temps
3. Ethique du spectateur camerounais
a. L’attitude des spectateurs
b. La perception du film
c. Les exemples de spectacle
d. Le rôle du cinéma au Cameroun
4. Le cinéma transvergent camerounais
a. La tradition orale
b. L’esthétique moderne
c. Intermédialité et la remédialisation
d. Le contexte culturel camerounais
Bibliographie
Corpus
Muna Moto, 1975, Jean-Pierre Dikongue-Pipa
Pousse-pousse, 1975, Daniel Kamwa
La brûlure, 1982, Urbain Dia Mokouri
Les coopérants, 1983, Arthur Si Bita
Badyaga, 1987, Jean-Pierre Dikongue-Pipa
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Sango Malo, 1990, Ba Kobhio Bassek
Quartier Mozart, 1992, Jean-Pierre Bekolo
Les Saignantes, 2005, Jean-Pierre Bekolo
Confidences, 2006, Cyrille Masso
Paris à Tout Prix, 2007, Joséphine Ndagnou
Les Blessures Inguérissables, 2008, Hélène Ebah
Waralutsehi, 2008, Bernard Auguste Kouemou Yanghu
La métaphore du manioc, 2010, Lionel Meta
Autres films
Le grand blanc de Lambaréné, co-réalisé par Ba Kobhio Bassek
Le silence de la forêt, co-réalisé par Ba Kobhio Bassek
Œuvres principales sur le cinéma
AKONO NKODO, Alexandre. Initiation à la production audiovisuelle, Eléments dethéorie, esthétique, langage, techniques de réalisation, métiers. Yaoundé :Imprimerie Africa Multi Média, 2007.ARMES, Roy. African Filmmaking: North and South of the Sahara.Edinburgh: Edinburgh University Press, 2006.ARMES, Roy. Dictionary of African Filmmakers. Bloomington andIndianapolis: Indiana University Press, 2008.L’ASSOCIATION DES TROIS MONDES. Dictionnaire du cinema africai. Tome 1.Paris : Editions Karthala, 1991, pp. 79-96. BARLET, Olivier. Les Cinémas d’Afrique noire : Le regard en question.Paris : L’Harmattan, 1996, pp. 20-236.BELLOUR, Raymond. L’analyse du film. Collection ÇA Cinéma. Paris :Albatros, 1980.BINET, Jacques, Ferid BOUGHEDIR, et Victor BACHY. CinémAction,Cinémas noirs d’Afrique. Paris : L’Harmattan, 1983.
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