pisciculture en eau douce

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Pisciculture en eau douce: le Tilapia par Jacques ARRIGNON de l'Académie des Sciences d'Outre Mer Ingénieur en Chef (h) du Génie rural, des Eaux et des Forêts Agence de Coopération Centre technique de Coopération Culturelle et Technique agricole et rurale (C.T.A.) 13, quai André- Citröen Postbus 380 F 75015 PARIS NL 6700 AJ WAGENINGEN Editions Maisonneuve et Larose 15, rue Victor-Cousin F 75005 PARIS Les opinions exprimées ainsi que les orthographes des noms propres et les limites territoriales figurant dans le présent document n'engagent que l'auteur et nullement la position officielle et la responsabilité de l'Agence de Coopération Culturelle et Technique et le Centre Technique de Coopération Agricole et Rurale. © G.-P. Maisonneuve et Larose et A.C.C.T., 1993 ISBN: 27068-1089-0 et 92-9028-210-X ISSN: 0298.3540 La loi du 11 mars 1957 n'autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l'article 41, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale, ou partielle, faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite » (alinéa 1 ér de l'article 40). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal.

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Pisciculture en eau douce: le Tilapia

par

Jacques ARRIGNON de l'Académie des Sciences d'Outre Mer Ingénieur en Chef (h) du Génie rural, des Eaux et des Forêts

Agence deCoopération

Centre technique deCoopération

Culturelle etTechnique

agricole et rurale(C.T.A.)

13, quai André-Citröen

Postbus 380

F 75015 PARIS NL 6700 AJ WAGENINGEN

Editions Maisonneuve et Larose 15, rue Victor-Cousin F 75005 PARIS

Les opinions exprimées ainsi que les orthographes des noms propres et les limites territoriales figurant dans le présent document n'engagent que l'auteur et nullement la position officielle et la responsabilité de l'Agence de Coopération Culturelle et Technique et le Centre Technique de Coopération Agricole et Rurale.

© G.-P. Maisonneuve et Larose et A.C.C.T., 1993 ISBN: 27068-1089-0 et 92-9028-210-X ISSN: 0298.3540

La loi du 11 mars 1957 n'autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l'article 41, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale, ou partielle, faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite » (alinéa 1 ér de l'article 40).

Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par lesarticles 425 et suivants du Code pénal.

AVANT-PROPOS

De nombreux éleveurs, biologistes, techniciens et spécialistes ont apporté leur collaboration à l'élaboration de ce travail. Leur contribution à tous les niveaux est venue s'ajouter aux observations réunies au cours de quarante années d'expériences dans les pays tropicaux les plus divers tant par leur géographie et leur hydrographie que par les problèmes piscicoles rencontrés.

Que toutes les personnes et personnalités qui nous ont aidé d'une manière ou d'une autre soient assurées de notre sincère reconnaissance.

Introduction

Que sont la pêche et la pisciculture?

Malgré les combinaisons et interférences qui, dans les lacs parexemple, lient la pisciculture en cages à la pêche de proximité, des différences fondamentales dans l'attitude et le comportement de l'Homme vis-à-vis du poisson en tant que nourriture et en tant que rente conduisent à de nécessaires définitions

La Pêche constitue un prélèvement dans le milieu aquatique d'animaux aquatiques comestibles: poissons, crevettes, camarons, grenouilles... Elle doit être en harmonie avec la capacité de production de ce milieu. Actuellement, le nombre des pêcheurs, le perfectionnement des engins, des méthodes et des pratiques de pêche, conduisent non plus à une simple cueillette mais à des prélèvements excessifs dans des marigots,rivières et lacs de plus en plus sollicités pour d'autres usages et de plus en plus gâtés par l'érosion, l'assèchement, la pollution et bien d'autres nuisances.

La Pisciculture est l'élevage, l'élaboration, d'un animal appelé « poisson ». Comme tout élevage, elle est plus ou moins difficile suivant l'espèce de poisson qu'on élève, suivant la quantité et la qualité de l'eau dont on dispose et suivant le sol dans lequel on creuse des bassins ou sur lequel on édifie la digue de l'étang de production. L'élevage de poissons d'eau douce s'élevait à 6 millions de tonnes en 1987, dont plus de 84

% en Asie et moins de 0,5 % en Afrique. Celui de la carpe (considérée vernaculairement (1) (*) au sens large), qui demande une technologie assez avancée, atteint près de 3,5 millions de tonnes, essentiellement en Asie. Le Tilapia, originaire d'Afrique occupe la troisième place (près de 250 000tonnes) en termes de production par groupes d'espèces: il s'agit là du poisson le plus facile à élever [3, 17].

1. Les mots suivis de (*) figurent au glossaire.

La demande en poisson dépend de la proximité des sources d'approvisionnement et des marchés. Peu coûteux près des lieux de pêche, le poisson l'est davantage quand on s'en éloigne, d'où l'intérêt de son élevage là où la pêche n'existe pas. La demande en poisson d'élevage est fonction du niveau de vie des consommateurs et surtout de leur capacité monétaire d'acheter, qui souvent est faible. La pisciculture artisanale est celle des paysans , à l'échelle de leurs moyens techniques et physiques, dans le but d'augmenter la qualité et la diversité de leur alimentation et, au-delà, de tirer profit de leur élevage par la vente ou l'échange des produits en excédent. Elle doit donc porter sur un animal rustique, de croissance rapide, bien apprécié par le consommateur: tel est le tilapia, et elle doit s'appliquer à des situations financières et foncières modestes.

« Pisciculture en eau douce: le Tilapia » s'adresse donc à ces paysans et à leurs formateurs, encadreurs et conseillers, avec l'ambition de leur donner quelques règles simples, illustrées par des croquis, dessins et photos qui leur parleront mieux quede longs discours. « Pisciculture en eau douce: le Tilapia » seveut, en quelque sorte, un aide-mémoire, un vade mecum à leur intention.

I. Pourquoi élever du poisson?

Le poisson n'est pas très compliqué à élever, le Tilapia moins que tout autre. Le poisson grossit vite et peut être vendu au bout de six mois d'élevage, souvent moins; il constitue alors une portion individuelle (200 à 400 g.) et est facile à vendre à l'unité. On peut toutefois le vendre au tas sur les marchés si sa taille est inférieure à la portion. Il rapporte donc assez vite un revenu à l'éleveur.

Le poisson peut être élevé de diverses façons, extensive, sans que l'on ne s'en occupe beaucoup, ou intensive, en y passant beaucoup de temps. On peut l'élever dans une petite mare d'eau pour les besoins de la famille mais aussi dans des étangs plus grands pour en vendre une partie: son élevage devient alors uneactivité accessoire productrice de revenus. On peut enfin en faire sa source principale, voire exclusive de revenus en y consacrant beaucoup d'espace et d'eau, beaucoup de moyens et beaucoup de temps.

Le poisson est un bon aliment. On le classe dans le groupe 1, celui des aliments qui, à l'état brut, sont les plus riches en protéines (*), donc les aliments de croissance, de réparation, de stimulation dans les états de fatigue. Grillé, braisé, cuisiné, il acquiert une odeur et un goût qui stimulent les sécrétions digestives. Sa présence dans l'estomac provoque, parréflexe, la sécrétion rapide et abondante du suc gastrique. Sonabsorption est rapide et complète. Par sa digestibilité excellente, il provoque des sensations agréables: son ingestionréchauffe et donne une impression de vigueur et de vitalité accrue.

Le poisson accompagne bien le riz, les légumes, les préparations à base de manioc, d'igname, de patate douce, de banane plantain, de taro, de sagou. C'est donc un aliment populaire bon et sain dont on a intérêt à développer l'élevage partout où pêche en mer et pêche en eau douce ne peuvent assurer un approvisionnement bon marché.

II. Le milieu d'élevage

2.1 Le site

Le choix du site conditionne le succès d'un élevage artisanal de poissons

2.1.1. L'environnement terrestre

L'environnement terrestre est important par rapport à l'éleveur: il faut que l'élevage soit à proximité d'une piste carrossable pour que les poissons puissent être transportés aisément et rapidement. Il est également important par rapport au poisson: il ne faut pas que des crues subites emportent

digues ou cages. Les bassins versants boisés sont a préférer aux versants nus et ravinés: les eaux d'orage y circulent moinsvite et moins puissamment.

2.1.2. Le sol

Un sol de latérite est impropre à la pisciculture. La carapace latéritique, dure à casser, donne des blocs inutilisables pour des digues de faible importance. L'humus noir et la tourbe ne sont pas plus intéressants en raison de leur porosité, sauf si on y creuse des bassins non vidables. Les terres intéressantes sont celles qui sont argilo-sableuses, faciles à creuser à compacter et à taluter, suffisamment imperméables une fois mouillées.

Une poignée de bon sol de digue, une fois pressée dans la main,doit conserver son homogénéité et | la trace du creux de la main.

2.2 L'eau

Bien que le Tilapia ne soit pas très exigeant quant à la qualité de l'eau, il faut réfléchir à l'origine de cette eau avant de se lancer dans la construction des bassins. Le Tilapianilotica n'aime pas l'eau salée, qu'il s'agisse de chlorures oude sulfates de magnésium et de sodium. Il faut donc abandonner tout espoir d'élevage à partir de résurgences, de sources chargées de ces sels.

Certaines eaux laissent des dépôts rougeâtres, une sorte de rouille irisée: elles contiennent des hydrates de fer qui peuvent colmater les branchies des poissons. D'autres, après degrandes pluies, sont fort chargées en boue qui entraîne le mêmedommage: elles ne sont donc pas recommandées mais on peut les utiliser si, avant les bassins d'élevage, on les fait passer dans un bassin de décantation.

Si l'eau est prise dans une rivière, sa vitesse doit être freinée soit dans le canal d'amenée, soit dans un bassin-tampon, pour être quasiment nulle dans le bassin d'élevage. Dans le cas contraire, le poisson dépense de l'énergie pour lutter contre le courant et grossit moins pour une même ration alimentaire donnée.

Généralement, l'oxygène contenue dans l'eau est en quantité suffisante pour couvrir les besoins du Tilapia, toutefois, en élevage, on fait en sorte que l'eau contienne beaucoup de phytoplancton (*), ces algues monocellulaires dont se nourrit le poisson. Le phytoplancton produit de l'oxygène le jour et dugaz carbonique la nuit d'autant plus qu'il est abondant. Le risque est donc d'avoir trop d'oxygène en fin de journée et trop peu en fin de nuit. Ce déséquilibre peut entraîner une mortalité chez les poissons si leur densité est grande. Le risque est encore plus grand en période d'orage.

La production de gaz carbonique s'accompagne en fin de nuit d'une production d'acide carbonique. Un bon moyen de prévenir le risque est de mesurer le degré d'acidité de l'eau en tout début de matinée en trempant un bout de papier indicateur de pH(*). La coloration du papier indique le degré d'acidité. La solution consiste à mélanger à l'eau de l'étang de l'eau de l'extérieur moins riche en phytoplancton. pour ramener le pH à un degré convenable (voisin de 7)

2.3 Végétation

2.3.1. Végétaux immergés

On distingue la végétation qui vit dans l'eau de celle qui vit en surface ou sur les bords. On a vu que la végétation microscopique, monocellulaire, verte, ayant une apparence de soupe, est le phytoplancton dont se nourrit le Tilapia. On peutvoir également, à l'œil nu, des végétaux plus grands, fixés au fond par leur racines et qui vivent également au sein de l'eau.Ces végétaux ne doivent pas être trop abondants car ils mobilisent des fertilisants au détriment du poisson et sont gênants lors des pêches au filet. Normalement, si la densité depoissons est convenable, ces grands végétaux disparaissent.

2.3.2. Végétaux du bord

Les végétaux du bord sont le plus souvent des roseaux, des typha, des phragmites. Ils ont leur utilité en tant qu'abris mais il faut en contenir l'expansion qui pourrait diminuer la surface productive de l'étang, notamment quand il s'agit d'un étang de barrage.

2.4 Petits animaux invertébrés

Dans le milieu aquatique, on trouve des vers, des mollusques, des crustacés; certains sont utiles, d'autres sont de simples commensaux (*) inoffensifs quelques uns sont nuisibles; ces derniers sont indiqués dans le Chapitre 4 « Problèmes sanitaires ».

Il convient d'y ajouter quelques mollusques à coquille pointue,ressemblant à des petits escargots qui hébergent des parasites assez dangereux transmissibles à l'Homme, tels: Billharzia, Fasciola hepatica (la douve du foie), Schizostoma... Il est prudent de cultiver sur les bordures de l'étang une plante molluscide efficace comme Ambrosia maritima (Composées, Asteracées, Synanthérées), dont on coupe des bouquets que l'on jette dans l'eau une fois séchés.

On trouve également quantité d'insectes consommés par les poissons. Certaines larves, comme les Nèpes, attaquent les alevins (*) et piquent douloureusement à la récolte lors des manipulations.

Les crustacés sont surtout représentés par des Macrobrachium locaux (appelées crevettes, chevrettes, camarons, z'habitants, crevices..., suivant les endroits) et des crabes d'eau douce, fouisseurs, qui suivant les régions, peuvent causer des dommages aux digues.

2.5 Grands animaux aquatiques

Les poissons ont des concurrents et des ennemis.

2.5.1. Reptiles et batraciens

Parmi les reptiles il faut compter un certain nombre de serpents attirés par la fraîcheur et l'humidité, dont certains sont dangereux. Le grand python ( Python sebae ) fréquente les étangs et leurs abords mais ne se nourrit pas de poissons. La grande couleuvre aquatique Natrix anoscopus consomme des batraciens et des poissons; elle est abondante mais inoffensive. On peut trouver aussi un Naja, Naja melanoleuca , grand serpent pouvant atteindre 3 mètres qui, lui, est venimeux.

Le crocodile ( Crocodilus niloticus ) est redouté mais ne se trouve que rarement dans des étangs de barrage de dimensions modestes.Plus fréquent et plus nuisible est le varan qui peut être un prédateur redoutable des élevages en cages.

Les batraciens, particulièrement les grenouilles-bœufs, sont parfois prédateurs des alevins surtout à l'état de têtards avant leur métamorphose finale.

2.5.2. Oiseaux

Les oiseaux d'eau sont représentés par le pélican ( Pelecanus sp.), l'aigrette ( Egretta sp .), l'ibis, le flamant ( Phoenicopterus roseus ), la mouette ( Larus sp .)" le cormoran ( Phalacrocorax sp .),le plongeon ( Podiceps), le héron ( Ardea sp .). Seuls les trois derniers peuvent, avec l'aigle-pêcheur ( Haliaetus vocifer ) constituer un danger pour un élevage piscicole plus particulièrement en grand étang de barrage.

Les étangs sont parfois fréquentés par des Anatidés migrateurs qui se posent mais ne séjournent guère s'ils sont dérangés par une présence humaine. Il s'agit généralement de canards, sarcelles, oies, cygnes parfois. Ils n'occasionnent guère de dommages à l'élevage.

2.5.3. Mammifères

Les mammifères aquatiques communs dans la zone intertropicale ne constituent pas un danger pour les élevages piscicoles, saufpar accident: divagation d'hippopotames par exemple à laquelle il faut ajouter celle des phacochères, potamochères, sangliers,même si les étangs sont proches des habitations.

III. Le poisson

3.1 Classification des Tilapias

3.1.1. Survol des espèces

Les Tilapias appartiennent à la famille des Cichlidés.

Ils forment désormais, à partir de quelques espèces endémiques (*) africaines, la base de la pisciculture d'eau douce de la ceinture intertropicale du globe.

Des quelques 3 300 références répertoriées [6, 23], dix espècesjouent un rôle primordial en pisciculture. Six pratiquent l'incubation buccale (voir Ch.3D), sont microphytophages (*) etdétritivores (*) dans la nature: ils apparaissent désormais sous le nom générique (*) d'Oreochromis (précédemment Sarotherodon). Quatre ne pratiquent pas ce type d'incubation, pondent sur substrats (*), sont plutôt macrophytophages (*), dugenre Tilapia. Ce sont tous des animaux rustiques, dont certainesespèces sont capables de vivre et de se reproduire en eau de mer ( O. mossambicus ) ou d'être élevés en eau saumâtre ( T. heudelotii ).

L'espèce piscicole la plus intéressante, le Tilapia nilotica (Oreochromis nilotica ), microphage omnivore (*), parfois macrophytophage, est rencontrée dans tout l'ouest africain ainsi qu'en zone équatoriale. Elle a été introduite dans l'ensemble de la zone intertropicale du globe, voire au-delà (fig. 1).

Sont encore présentes, dans les stations expérimentales ou dansdes élevages privés, d'autres espèces moins intéressantes: O. andersonii, O. galileus, O. macrochir, O. mossambicus, recommandées là où le Tilapia nilotica n'a pas sa place ou n'a pas encore été diffusé[3].

Fig. 1. - Carte mondiale de répartition des Tilapias (enhachures, l'Afrique et le Proche-Orient, berceaux originels).

En Afrique orientale, on élève T. esculenta en Tanzanie, ainsi queT. nigra, O. mossambicus et le Tilapia nilotica.

A Madagascar, la pisciculture des Cichlidés s'est surtout portée sur O. rendalli , puis sur O. mossambicus et T. macrochir , plus récemment et avec succès sur le Tilapia nilotica.

Le Tilapia nilotica et quelques autres espèces sont également élevés en Asie, dans des régions de grandes traditions

piscicoles comme Israël, les Philippines, le Sri Lanka et Taïwan [14], parfois associés à la riziculture comme en Thaïlande et en Indonésie [8].

O. aureus et le Tilapia nilotica sont élevés en Amérique du Nord et du Sud, notamment dans cette dernière, en Amazonie centrale.

Enfin, en Europe, le Tilapia nilotica entre dans l'élevage de poissons tropicaux pratiqué dans les eaux chaudes provenant du refroidissement des centrales nucléaires

3.1.2. Position systématique

Il est facile, a première vue, de classer le Tilapia dans le grand ordre des Percomorphi [1].

Les poissons percomorphes ( Percomorphi), dont la perche est le type, groupent un nombre considérable de familles. Le corps despoissons appartenant à cet ordre est plus ou moins allongé et plus ou moins comprimé latéralement. Il est toujours recouvert d'écailles. La forme de la tête est variable, la bouche est terminale, à ouverture presque horizontale ou fortement oblique.

La nageoire dorsale est simple ou double, à rayons antérieurs toujours épineux. La forme de la nageoire caudale est variable,les nageoires pectorales sont moyennes, les ventrales sont thoraciques avec un premier rayon épineux et cinq rayons mous.

La famille des Cichlidés ( Cichlidae), d'origine éthiopienne, estconstituée de poissons à corps ramassé, trapu, à bouche petite.La nageoire dorsale est continue; sa partie antérieure, épineuse, n'est pas séparée de la partie postérieure, molle.

Les poissons du genre Tilapia pondent sur un substrat où évolue l'incubation puis se manifeste l'éclosion.

Les poissons du genre Oreochromis (ou Sarotherodon) procèdent à l'incubation buccale des œufs puis des nouveaunés.

3.2 Morphologie générale du Tilapia

Le Tilapia a une forme trapue, qui peut être facilement stylisée pour représenter schématiquement et rapidement le poisson lors de causeries ou de démonstrations (fig. 2).

La nageoire dorsale comprend 15 à 16 rayons épineux, suivis de 9 à 13 rayons mous; la nageoire anale est formée de 3 rayons épineux précédant 7 à 11 rayons mous; les nageoires ventrales portent un rayon dur suivi de 5 rayons mous.

La ligne latérale, sur les deux côtés du poisson est interrompue et compte 18 à 19 écailles, puis, décrochée vers lebas, une seconde ligne d'une douzaine d'écailles. La peau est recouverte d'écailles plus ou moins grandes suivant les espèces.

La coloration générale est gris argenté, susceptible de changerde teintes suivant le milieu et certaines circonstances. Chez le Tilapia nilotica, des bandes gris plus foncé zèbrent l'animal. Chez certaines espèces, la coloration générale est plus riche, gris-rosâtre, voire franchement rouge. La frange vermillon de la nageoire dorsale, des macules (*) noirs entre les rayons, sur le corps ou sur l'opercule (*) sont des signes caractéristiques chez l'adulte mais également, et de façon temporaire chez le jeune.

Fig. 2. - Le Tilapia:

a) représentation stylisée; b) représentation du Tilapia nilotica ( Oreochromis niloticus ).

Le dimorphisme (*) sexuel est périodiquement complété par un changement de robe aussi bien chez le mâle que chez la femelle.Le dimorphisme est particulièrement marqué chez les espèces pratiquant l'incubation buccale. Outres les caractères propres au sexe: un oviducte (*) entre l'anus et l'urètre (*), soit trois orifices, la femelle présente un goitre (*), une sorte depoche sous la bouche.

La bouche est petite, pourvue de lèvres. Le Tilapia est équipé de dents sur les mâchoires ainsi que dans la gorge: les dents

pharyngiennes. Cet équipement est variable suivant les espèces et leur régime alimentaire.

3.3 Anatomie, physiologie et fonctions

3.3.1. Squelette

Charpente du corps, le squelette du Tilapia est osseux. Le squelette de la tête comprend les os du crâne qui protègent lescentres nerveux et les os de la face, essentiellement les mâchoires qui soutiennent les branchies.

Les os du tronc comprennent la colonne vertébrale et des petitsos, supports des nageoires, elles-mêmes constituées de rayons osseux ou cartilagineux (*).

3.3.2. Muscles

Lorsque l'on examine un Tilapia cuit, on distingue une masse musculaire composée de deux « filets » dorsaux, épais, et de deux flancs moins épais, en étroite relation avec les arêtes. Ces masses musculaires assurent la propulsion du poisson: ce sont celles qui sont intéressantes pour le consommateur. D'autres muscles, plus petits, font fonctionner les mâchoires, le pharynx, les opercules, les nageoires.

3.3.3. Appareil digestif

De l'avant vers l'arrière, l'appareil digestif, qui permet au Tilapia de se nourrir, comprend:

- la bouche et les dents; - le pharynx et l'oesophage; - l'estomac; - l'intestin et l'anus.

La bouche est plus ou moins proéminente suivant que les Tilapias sont ou non des suceurs; les dents sont fonctionnelles: fines dents pharyngiennes en forme de crochets chez les poissons planctonophages (*) tels que le Tilapia nilotica, fortes dents râpeuses chez les Tilapias herbivores.

Fig. 3. - Schéma de l'organisation interne d'un poissonomnivore.

Le pharynx est une sorte de carrefour où s'ouvrent les branchies

L'œsophage est un conduit vers l'estomac dont les parois sont plus ou moins épaisses suivant l'alimentation des espèces. La digestion est favorisée par l'émission par la paroi de sucs gastriques chimiques, ce qui explique le mauvais goût de certains Tilapias herbivores quand on ne les vide pas avant cuisson.

L'intestin est plus long chez les Tilapias herbivores que chez les autres. Son rôle essentiel est le passage dans le sang des éléments nutritifs résultant de la digestion.

Le foie est une grosse glande brune placée en arrière du cœur.

L'anus débouche en avant de l'orifice génito-urinaire et du premier rayon de la nageoire anale.

3.3.4. Appareil respiratoire

C'est par les branchies que respire le poisson. Chacune est composée d'une armature osseuse: l'arc branchial qui supporte les lamelles au niveau desquelles se fait le transfert de l'oxygène de l'eau vers l'organisme du poisson.

Le Tilapia est équipé d'une paire de quatre branchies situées de part et d'autre du corps. Elles sont protégées par une sortede couvercle articulé: l'opercule ou encore l'ouïe. Chacun peutobserver que le Tilapia avale et déglutit sans cesse; le courant d'eau, passant par la bouche, irrigue les branchies quifixent l'oxygène et rendent le gaz carbonique: l'opercule joue le rôle de soupape battante.

3.3.5. Appareil circulatoire

L'appareil circulatoire, qui irrigue de sang le corps du Tilapia, est un circuit fermé comprenant les artères, puis des

vaisseaux très fins, les capillaires, ensuite les veines et unepompe qui anime le tout: le cœur, situé en arrière des branchies.

Le cœur est très simple; il comprend quatre cavités:

- le sinus veineux, qui est le collecteur des veines ramenant le sang au cœur; - l'atrium, qui correspond aux deux oreillettes du cœur de l'homme; - le ventricule; - le bulbe, qui est l'antichambre de l'aorte ventrale. Cette aorte distribue le sang aux branchies, à droite et à gauche.

Des branchies, le sang ne revient pas au coeur mais converge vers l'artère situé sous la colonne vertébrale, d'où partent symétriquement les multiples artères secondaires qui vont irriguer les organes et les muscles.

Le sang chargé de gaz carbonique et de déchets revient au cœur par les veines qui avec les capillaires forment des systèmes ence qui concerne le foie (système porte hépatique ) et les reins(système porte rénal).

3.3.6. Appareil excréteur

L'appareil excréteur est essentiellement constitué par les reins, sortes de glandes brunes, très allongées et ramifiées, tapissant la partie dorsale de la cavité viscérale avec laquelle ils sont en relation.

Les urines sont drainées vers l'orifice urinaire par deux canaux: les uretères.

3.4 Reproduction

3.4.1. Tilapias

L'extraordinaire rendement de la reproduction chez le Tilapia (Tilapia sp et Oreochromis sp .) a des conséquences paradoxales. Cette aptitude permet en effet sa rapide et facile propagation dans des milieux tropicaux et subtropicaux variés: elle explique partiellement l'intérêt de ces espèces pour la pisciculture. Ce

même rendement peut être, a contrario, une source de problèmes en raison d'une multiplication incontrôlée à l'intérieur d'un milieu limité, avec des situations de compétition alimentaire entraînant une production de poissons nains, de faible valeur.

a) Caractéristiques communes [19]

L'efficacité de cette reproduction résulte directement de plusieurs caractéristiques biologiques ou comportementales qui sont une constante quelles que soient les espèces:

- une nidification associée à un comportement de défense du nid;

- une ponte fractionnée suivie immédiatement de la fécondation de chaque groupe d'ovules (*) émis;

- l'existence de soins parentaux visant à protéger les œufs dèsleur fécondation;

- des soins parentaux persistant après l'éclosion au moins jusqu'à la résorption de la vésicule (*);

- une maturité sexuelle pouvant être acquise très tôt chez des animaux de petite taille (4 cm);

- des cycles de reproduction successifs permettant à une même femelle de produire toutes les 4 à 6 semaines une nouvelle cohorte (*) d'alevins. Dans des conditions d'environnement optimales, l'absence relative de synchronisme dans les cycles reproducteurs des géniteurs femelles d'une même population se traduit par une production continue d'alevins.

b) Types de reproducteurs [19]

On distingue toutefois deux types de reproducteurs chez les Tilapias:

- les reproducteurs sur substrats (*) (Tilapia sp.); - les incubateurs buccaux ( Oreochromis sp., dont le Tilapia nilotica)

Les reproducteurs sur substrat assurent la ventilation de leurs œufs déposés ou collés sur un substrat de ponte lors de la fraie.

Cette ventilation est provoquée par un brassage constant de l'eau par des mouvements de nageoires Au contraire des suivants, les reproducteurs sur substrats sécrètent une substance collante qui permettent aux œufs d'adhérer et de ne point être dispersés par les courants d'eau et lors du brassage. Le substrat est nettoyé au préalable par le couple, parfois creusé en galerie, en cuvette ou en étoile.

Les incubateurs buccaux femelles avalent les œufs fécondés et les placent dans une sorte de goître, la cavité buccopharyngienne. Ce comportement est généralement associé à une migration du géniteur dans une zone riche en végétation aquatique et protégée. Les incubateurs buccaux pondent généralement des œufsbien moins nombreux (plusieurs centaines par fécondation) que dans la situation précédente (plusieurs milliers par fécondation).

c) Conclusions

L'ensemble de ces particularités biologiques peut conduire, en milieu confiné et en situation de compétition alimentaire, à une rapide surpopulation, avec une tendance au nanisme évoquéesci-avant.

C'est pourquoi le contrôle strict de la reproduction doit permettre d'améliorer la rentabilité des élevages. Eh dehors detechniques assez élaborées, on peut profiter du dimorphisme (*)sexuel assez précoce chez le tilapia (celle de la papille uro-génitale dès les 2 à 3 mois post-fécondation, voir Ch.6A3) pourisoler les mâles des femelles peu avant les toutes premières reproductions. D'autre part, l'hybridation entre certaines espèces peut aussi conduire à l'obtention de descendances monosexes (*) mâles.

3.4.2. Espèces d'accompagnement

Les espèces d'accompagnement dans l'élevage principal du Tilapia sont Hemichromis fasciatus et Clarias gariepinus (anciennement Clarias lazera).

Hemichromis fasciatus est un Cichlidé qui a des caractéristiques dereproduction analogues à celles du Tilapia: pontes échelonnées pratiquement de mois en mois pendant toute l'année, à ceci près

que l'animal, carnassier, autorégule sa population comme celle du Tilapia d'ailleurs.

Clarias gariepinus est un Siluridé, un poisson-chat. Il a de grandescapacités de maturation et de reproduction en captivité pendanttoute l'année et on peut se passer des techniques de reproduction provoquée artificiellement par injection de désoxycorticostérone (*).

IV. Les problèmes sanitaires

4.1 Influence du type d'élevage

Le tilapia est un animal rustique peu sensible aux variations de certains facteurs de l'environnement et assez résistant aux maladies pisciaires habituelles. Ses facultés ont toutefois deslimites auxquelles il convient de porter attention. Cette attention doit concerner toute rupture d'équilibre survenant entre:

- le poisson; - un agent pathogène (virus, bactérie, champignon...); - l'environnement dans lequel vit le poisson: l'eau.

Il convient de veiller particulièrement à la qualité de l'environnement aquatique: pH, oxygène, température, turbidité..., variable suivant le type d'élevage et d'autant plus fragile que l'élevage est intensif.

L'intensification des méthodes de production favorise en effet l'action de certains éléments du milieu sur la santé du cheptel. Par rapport aux conditions naturelles des élevages extensifs, l'intensification implique une forte concentration des animaux et un certain confinement. Un volume d'eau limité devra donc assurer des apports en oxygène et en aliments très supérieurs aux normes habituelles. De plus, la consommation desaliments engendrera des déchets dont le principal est l'ammoniaque, nocif.

La densité des poissons est également un facteur favorable à laprolifération des parasites et des microbes naturellement présents dans l'eau. Les premiers se multiplieront en fonction du nombre de leurs hôtes et les seconds trouveront en outre un

milieu favorable à leur multiplication en raison de la présencede déchets et de reliefs de nourriture.

La densité des poissons est enfin un risque pour les animaux eux-mêmes qui, confinés, deviennent agressifs et se mettent de ce fait en état de stress (*) et de moindre résistance.

Toutes les conditions sont ainsi réunies pour que le cheptel depoissons entre dans une situation de grand risque pathologique si l'on n'y prend pas garde.

4.2 Principaux agents pathogènes rencontrés chez le Tilapia

Tableau I

PRINCIPAUX AGENTS PATHOGÈNES AFFECTANT LE TILAPIA

Agent Localisation ManifestationsVIRUSIridovirus Lymphocystis

conjonctif du derme Néoplasies (*) cutanéesbénignes

BACTÉRIES Cytophagacées Flexibacter columnaris

peau et branchies Infections nécrotiques locales

PseudomonadacéesPseudomonas fluorescens

infection systémique Septicémies hémorragiques

Entérobactéries Edwardsiella tarda

infection systémique (h)

-"- ou granulomatoses

Vibrions Aeromonas hydrophile Streptocoques Streptococcus sp

infection systémique infection systémique

Septicémies hémorragiques Septicémies

Mycobactéries Mycobacterium fortuitum

infection systémique (h)

Granulomatose chronique

RICKETTSIESAgent de l'Epitheliocystis

peau et branchies Hyperplasie épithéliale

CHAMPIGNONS Saprolégniales Saprolegnia spp . Aspergillus flavus A. niger

peau et branchies mycoses profondes (h)

Destruction de la peau Granulomatoses

(h) Risques de transmission à l'homme.

4.3 Principaux parasites reconnus dans les élevages de Tilapias

Tableau II

PARASITES AFFECTANT LE TILAPIA

Groupe et espèce LocalisationPROTOZOAIRESFlagellés Ichtyobodo

(Costia) (m) ExterneCiliés Trichodina (m) Externe

Tripartiella (m) Chilodonella ExterneIchtyophtirius (m)

Sous-épidermique

Sporozoaires Eimeria vanasi Muqueuse intestinale

MYXOZOAIRES MyxobolusMyxosoma Kyste interne Henneguya

MONOGÈNES Dactylogyrus (m )Cichlidogyrus (m))

Externe

Gyrodactylus (m))

TRÉMATODESHeterophyides

Heterophyes

HaplorchisClinostomatides

Clinostomum Kyste interne

EuclinostomumDiplostomati Diplostomum

desNÉMATODESAnisakides Contracaecum In terne CRUSTACÉSBrachioures ArgulusCopepodes Lernaea (m) Externe

Ergasilus (m) Isopodes Nerocila(m) mortalités importantes.

Le parasitisme interne ne se manifeste de façon notable que s'il y a un bouleversement écologique dans le milieu d'élevage ou une trop grande densité de poissons.

Les virus n'affectent pas particulièrement les élevages artisanaux.

Les bactéries se multiplient assez souvent chez des Tilapias affaiblis par d'autres causes ( Pseudomonas). Certaines ont un caractère pathologique assez marqué comme Mycobacterium fortuitum qui donne une sorte de tuberculose dans des élevages alimentés en produits frais issus de rebuts de pêcheries. La maladie évolue lentement et ne se manifeste que sur des animaux âgés, adultes. Il convient de recourir à des aliments de qualité sanitaire strictement contrôlée (granulés).

Les bactérioses se produisent surtout quand les poissons sont affaiblis ou souffrent de divers stress: chute brutale de température, par exemple. Elles se manifestent par des nécroses(*) assez spectaculaires de la peau et des branchies. [1, 7, 22, 23].

C'est le fait par exemple d' Aeromonas hydrophile , cause de nombreuses affections dans les eaux chaudes (septicémies nécro-hémorragiques). Edwardsiella tarda peut lui être associée et accroître une infection qui peut provoquer chez le consommateurdes entérotoxémies (*) assez graves.

Le traitement consiste tout d'abord à respecter une hygiène générale dans les pratiques d'élevage et les manipulations. Peuvent éventuellement être employés des moyens curatifs à base

d'antibiotiques (chloramphénicol) Les vaccinations ne sont pratiquées présentement qu'à titre expérimental.

Les mycoses sont des affections secondaires se portant sur des blessures ou se manifestant à l'occasion de stress (malnutrition, manipulations, coups de froid...): tel est le cas de la saprolégniose qui se présente sous la forme de filaments, de duvet blanchâtre sur certaines parties du corps du poisson, blessées ou traumatisées.

Eimeria vanasi peut entraîner des retards de croissance et des mortalités chez les jeunes alevins. Deux douves, Heterophyes heterophyes et Haplorchis pumilio à l'état de larves peuvent pénétrer au travers de la peau des jeunes tilapias et les infester. Elles sont plus redoutables pour l'homme-consommateur (infarctus) que pour le poisson [17, 22, 23].

Les larves de Diplostomulum s'implantent dans le cristallin des poissons les rendant aveugles mais les cas sont rares. Par contre, Contracaecum de la famille des anisakidés, ingéré par lepoisson en même temps que le crustacé qui l'héberge, se développe dans les viscères: l'homme-consommateur peut en souffrir s'il mange du poisson cru.

Les parasites externes affectent çà et là les tilapias, principalement les sujets affaiblis. Il s'agit principalement d'Ichtyophtirius, agent de la « maladie des points blancs » et de Cichlidogyrus sclerosus (fig. 4).

Les crustacés peuvent causer des mortalités en étangs, tel est le cas d'Ergasilus en polyculture, d' Argulus indices et de Nerocila orbignyi .

Fig. 4. - Poisson parasité par des sangsues.

Ne pas donner n'importe quelle drogue n'importe comment. Le médicament coûte cher; le tilapia peut s'en passer.

Il n'est pas possible d'éviter la présence d'ectoparasites (*) dans les milieux naturels. Pour en contrôler la prolifération, il convient de respecter des conditions hygiéniques et des pratiques zootechniques rigoureuses. Les traitements pharmaceutiques sont aléatoires en eau chaude. L'emploi du formol dans le cas des protozoaires et des monogènes et du metrifonate (Néguvon) dans celui des crustacés est le seul qui puisse faire l'objet de recommandations générales.

4.4 Troubles dus au milieu

Les sursaturations gazeuses donnent de l'emphysème (*) aux poissons. Les dégagements gazeux au niveau du fond de l'œil peuvent les rendre borgnes ou aveugles avec une exophthalmie (*) prononcée. Ces sursaturations sont associées à des sites alimentés par des forages ou des eaux de résurgence, ce qui estrare dans les élevages de tilapias.

Les effets de la salinité sont plus préoccupants en raison des essais d'élevage de tilapias en eau saumâtre, voire salée [16].Certains problèmes se sont manifestés chez les tilapias rouges,issus du croisement Oreochromis niloticus (Tilapia nilotica) x O. mossambicus transférés en eau de mer. On constate une plus grande hétérogénéité, une sensibilité accrue aux manipulations,une repigmentation partielle de certains sujets et des lésions oculaires.

La sélection d'espèces, de souches ou d'hybrides tolérants, assortie de pratiques d'acclimatation bien codifiées est nécessaire pour surmonter les difficultés de la mise en valeur des eaux saumâtres.

Les blooms (*) algaux à partir d'algues telles que Microcystis, Anabaena, Oscillatoria, Spirulina sont dramatiques parce que rarement prévisibles. Ils entraînent la mort massive des poissons plus par asphyxie que par empoisonnement (dû aux toxines libérées). La prévention consiste à examiner régulièrement la couleur de l'eau de l'étang et à gérer à la fois l'admission d'eau, l'apport d'aliments et la fertilisation en conséquence:

Une eau épaisse vert-émeraude est une bonne eau d'élevage. Une eau épaisse tirant sur le brun est

dangereuse.

4.5 Troubles liés à l'élevage

Ce sont les cataractes (*), dues à certaines carences (zinc), la déformation du squelette, due également à des carences alimentaires, les blessures entraînées par des manipulations brutales.

Tous ces risques peuvent être évités en suivant les prescriptions alimentaires des techniciens et encadreurs et en bannissant toute négligence dans la conduite de l'élevage.

V. La construction des milieux d'élevage

Les milieux d'élevage sont des endroits où l'on confine les poissons pour les élever. Dans le cas du tilapia, ces milieux sont des étangs, des bassins, des cages et des enclos.

5.1 Etangs

5.1.1. Types d'étangs

La première chose à faire quand on pense à la construction d'étangs pour élever des tilapias, c'est de considérer les différentes sortes d'étangs et de voir celle qui conviendra le mieux au site et à l'eau dont on dispose (fig. 5 et 6).

Tableau III

CLASSIFICATION DES ÉTANGS Selon l'origine

Étangs naturels Etangs artificiels (qui existent déjà): résultant de l'accumulation de l'eau dans des creux et des dépressions de terrain

(que l'on va créer):

- Trous et excavations qui ne se vident pas. - Bassins que l'on peut vider - Etangs de barrage que l'on peut vider

Selon l'alimentation

- par des sources (venant du fond ou des berges) - par ruissellement de la pluie (étangs collinaires, retenues de pluies d'orage) - par courant d'eau (une dérivation du marigot ou de la rivière)

Selon la disposition

- Etang résultant du barrage d'une vallée - Succession d'étangs établis - en série (alimentés par écoulement des uns dans les autres: ils dépendent les uns des autres) - en parallèle (alimentés individuellement par une dérivation du marigot, du cours d'eau: ils sont indépendants les uns des autres)

Selon la destination

- Etangs de pêche à la ligne Etangs de production commerciale

- Etangs de pêche et de production commerciale - Etangs de mise en charge Etangs-gardoirs- Etangs-frayères Etangs de grossissementPour l'élevage du tilapia, on a coutume de barrer des marigots avec une digue et de creuser des bassins. Comment fait-on?

5.1.2. Etangs creusés

Il s'agit généralement de pièces d'eau de petite taille en raison de l'important travail de terrassement qu'elles requièrent. On peut en choisir la taille et le nombre suivant le terrain, la quantité d'eau dont on dispose, suivant aussi laproximité d'une piste, d'un jardin, d'un poulailler qui aideront dans l'exploitation et la gestion. a) Repérage

L'élément le plus important est l'eau. Il convient donc de situer le terrain à creuser par rapport à la source ou au marigot qui vont alimenter l'étang. L'alimentation devra être la plus proche possible et, pour éviter de coûteux pompages, être gravitaire (*). La vidange, pour la même raison, devra

pouvoir se faire naturellement vers un fossé ou un ruisseau plus bas que le fond du futur étang.

Fig. 5. - Bassin creusé.

Fig. 6. - Etang de retenue.

Le repérage portera également sur la nature, la structure et laconfiguration du terrain: pas de terrain trop sableux ni trop rocailleux mais un bon sol argilo-sableux.; pas de surface forestière haut-plantée mais plutôt une savane; pas de terrain en trop forte pente.

Besoins en eau d'un étang piscicole = 1) Le volume d'eau pour le remplir + 2) Le volume pour compenser l'évaporation + 3) Le volume pour compenser les infiltrations

b) Piquetage

Le repérage demande parfois une étude topographique des niveauxpour être bien assuré dès écoulements gravitaires. Quand le terrain est définitivement choisi, sa transformation en étang va requérir un véritable quadrillage topographique qui va fixerson implantation, son contour, l'emplacement de l'arrivée d'eau, du canal d'alimentation, du point de vidange et de l'épaisseur de sol qu'il faudra enlever ou apporter, en un mot du volume des terrassements à prévoir. Le piquetage est opéré àl'aide d'un niveau et d'une mire (*), parfois d'une planchette topographique à alidade (*) et d'une mire.

c) Construction

La construction commence par l'enlèvement sur la superficie totale du futur étang du sol superficiel végétal qui sera mis

en réserve. On procède ensuite aux travaux de terrassement manuellement ou avec des engins mécaniques, par tranches successives. Les parties en déblai (*) seront compactées à la dame ou au rouleau par couches de 30 cm.

Dès que le réservoir est grossièrement achevé, on procède à l'installation du dispositif de vidange au point le plus bas età la construction de la pêcherie. On donne ensuite le profil définitif du fond avec les rigoles d'écoulement, ce que l'on appelle l'assiette (*). On talute les bords à 45° et on réutilise sur les berges le sol superficiel pour qu'une végétation s'y installe au plus vite, les consolide et amortisse l'effet des pluies.

On procède généralement aux travaux de construction en début desaison sèche pour manipuler plus aisément des terres encore assez meubles. Pour réduire les infiltrations, on brise la structure du fond de l'étang avant de le remplir: c'est ce que l'on fait pour préparer le sol des rizières irriguées et que l'on appelle la mise en boue. Il faut saturer (*) d'eau le sol du fond de l'étang. La quantité d'eau nécessaire varie légèrement suivant le type de sol (entre 20 et 30 cm). Quand l'eau a suffisamment imprégné le fond de l'étang, on met en boue à la houe, à la charrue, par piétinement ou par tout autremoyen.

Un débit d'eau c'est la quantité d'eau qui est amenée dans un étang pendant une durée donnée: dix litres en une minute (10 litres/minute) un mètre cube en une heure (1 m 3/heure) d) Dimensions

Les étangs de pisciculture ont généralement une forme rectangulaire, parfois carrée et une surface permettant de calculer facilement les mises en charge, les rendements, la fertilisation et les rations alimentaires à apporter. Ce n'est toutefois pas une règle générale, certaines situations topographiques exigeant le creusement d'étangs plus ou moins contournés.

On n'a pas intérêt à construire des étangs très profonds: deux mètres suffisent, avec une revanche (*) de 0,50 m, ce qui donneune épaisseur d'eau, maximale, de 1,50 m. Les figures 7 et 12

donnent les pentes et la configuration de l'assiette ainsi que le profil des berges.

L'alimentation en eau devra prendre en compte l'évaporation particulièrement forte en saison sèche et par période de grand vent (50 à 100 mm/j) ainsi que les infiltrations (10 à 250 mm suivant la nature du sol).

5.1.3. Etangs de barrage

Si les étangs creusés ont un objectif strictement piscicole, iln'en est pas de même des étangs de barrage: il peut s'agir de retenues d'orage, de réservoirs d'irrigation, de réserves d'eauen vue de l'alimentation des agglomérations, des sources d'énergie hydraulique...

a) Repérage

Il s'agit de repérer une portion de vallée assez plate, verrouillée en aval par un étranglement au niveau duquel on va prévoir une digue barrant la vallée. L'eau s'accumulera en amont de cette digue et constituera un étang.

Il conviendra de se préoccuper de la pérennité (*) de l'alimentation en eau et de son débit à l'étiage (*) et aussi de la configuration et de la nature du sol en place (fig. 7).

b) Piquetage

L'examen des caractères topographiques doit commencer par celuides profils en travers de la vallée à barrer. On effectue toujours un nivellement préalable, suivi d'un quadrillage permettant de calculer les pentes des canaux d'alimentation et de vidange, la profondeur admissible de l'étang et l'équilibre des terres qui intervient fortement dans le coût.

Fig. 7. - Phases successive

L'emprise de la digue doit être convenablement repérée entre les épaulements les plus proches, compte tenu d'une superficie noyée maximale.

c) Construction de la digue et des annexes [4]

La digue doit être assise sur un sol imperméable bien décapé aupréalable. Les matériaux qui la composent doivent être homogènes: pas de blocs de latérite, pas de pierres, pas de morceaux de bois ou autres débris organiques. Ils doivent être régalés par couches successives d'environ 30 cm d'épaisseur suivies chacune d'un compactage (fig. 8 et 9).

La terre nécessaire au terrassement est généralement prélevée en amont, à proximité, dans l'assiette du futur étang ce qui entraîne l'agrandissement de sa superficie et la régularisationde sa profondeur utile.

Le fond de l'étang doit être drainé par un réseau de rigoles oufossés de vidange disposés en arêtes de poisson et convergeant vers un drain central qui permettra une mise à sec complète et facile. Les talus sont inclinés à 2/3, la pente du fossé principal est de 1%, celle des fossés secondaires de 5 %. Ces derniers sont espacés de 10 m en terrain compact, de 50 m en sols légers (fig. 10 et 11).

Au cours de la construction de la digue, l'emplacement de l'ouvrage de vidange peut être laissé ouvert à moins que l'on ne préfère poser au préalable la conduite d'évacuation. Dans cedernier cas, il convient de charger la conduite de 2,5 fois sondiamètre de terre avant de faire passer les engins de terrassement.

Un angle de la digue peut être terrassé de façon telle que la pente soit adoucie en rampe d'accès à la rive. Cette rampe utile lors de la remontée des filets de pêche vers la terre ferme.

Fig. 8. - Implantation d'une digue d'étang de retenue.

Fig. 9. - Implantation générale d'un étang de retenue et de sesannexes.

Fig. 10. - Terrassement d'une digue.

Fig. 11. - Terrassement d'un bassin (noter la préparation dansla digue du noyau d'argile d'étanchéité).

En amont, il est parfois nécessaire de protéger la digue contrele battement du ressac (*). On juxtapose des blocs de latérite ou des pierres sur lesquelles viennent s'écraser les vagues: ceparement est appelé perré. On peut éventuellement le remplacer par une plantation d'herbes aquatiques, roseaux et joncs si l'étang n'est pas situé dans le sens des vents dominants (fig. 12).

En aval on creuse un contre-canal au pied de la digue. Le contre-canal a pour objet de recueillir et d'évacuer les eaux de suintement vers le canal de vidange; stagnantes, elles pourriraient le pied de digue, constituant ainsi une zone de moindre résistance aux pressions et mettant la digue en danger.(fig. n°13)

A l'extrémité la plus propice de la digue, il est indispensabled'aménager un déversoir de sécurité qui servira à évacuer les eaux d'orage et d'inondation. Vu son rôle exceptionnel, il ne doit jamais être creusé dans le corps de la digue mais dans le sol naturel. On peut régler son niveau par des hausses mobiles.Une grille en V, à forte surface d'écoulement, est placée en amont pour éviter la fuite des poissons.

d) Dimensions

Les caractéristiques de la digue varient suivant son importanceet suivant la nature des matériaux qui la composent. Pour les retenues modestes en superficie et en hauteur (5 ha et 5 m) on admet que la largeur de la digue au sommet doit être égale à sahauteur, que la hauteur doit dépasser le niveau maximal des eaux de l'étang de 0,50 m et que la pente du talus aval doit mesurer 45°, celle du talus amont 60°; le plafond de la digue doit être incliné vers l'étang pour que le ruissellement et le

ravinement n'aient pas tendance à s'exercer sur le talus aval et il doit être recouvert de gazon.

Fig. 12 Travaux de finition: talutage

Fig. 12 Travaux de finition: engazonnement

5.1.4. Ouvrages

Par ouvrage on entend des dispositifs en béton, en matière plastique ou en bois que l'on fabrique sur place ou que l'on achète préfabriqués. Il s'agit essentiellement des canalisations en buses ou en tuyaux PVC (*), des vannes à main,des moines (*) de vidange ou des surverses inclinables, des prises d'eau et des pêcheries.

a) Canalisations

Les canalisations sont préférables aux canaux à ciel ouvert pour diminuer les pertes d'eau par évaporation. Elles ont pour inconvénient de poser davantage de problèmes si elles se bouchent. Les sections sont calculées en fonction du débit de l'eau.

b) Vidanges

Le moine [2] permet de régler finement le niveau d'eau et d'évacuer si besoin les eaux du fond. Il a pour inconvénients d'être coûteux, délicat à construire sur place, lourd à transporter s'il est préfabriqué. Mieux vaut utiliser une ou plusieurs surverses mobiles en PVC, montées sur une articulation les reliant au conduit d'évacuation traversant la digue vers la pêcherie. Un étang de faible superficie peut également être vidé grâce à des siphons enjambant la digue. On se sert à cet effet de tuyaux souples en polyéthylène habituellement utilisés pour l'arrosage. Les poissons sont alors récupérés en amont de la digue, dans une légère excavation empierrée dénommée poële (fig. 14, 15, 16, 17, 18 et19).

Fig. 13. - Le problème de l'alimentation en eau.

Fig. 14. - Principe et caractéristiques du moine depisciculture.

Fig. 15. - Moine préfabriqué et son conduit (buse)d'évacuation:

a) transport;

Fig. 15. - Moine préfabriqué et son conduit (buse)d'évacuation:

b) enlèvement pour pose (noter l'emplacement des rainures destinées à recevoir les hausses).

Fig. 16. - Pose d'un moine de pisciculture:

a) double colonne;

Fig. 16. - Pose d'un moine de pisciculture:

b) simple colonne.

c) Pêcherie

En aval de la digue, la pêcherie est un bassin cimenté ou bétonné dans lequel aboutit le conduit de vidange. Lors de l'ouverture du moine ou de l'enlèvement de la surverse, l'eau et les poissons arrivent dans la pêcherie conçue afin que ces derniers y soient capturés et manipulés aisément. Un étang de

un à cinq hectares est généralement équipé d'une pêcherie de 6 a 12 mètres carrés, d'une profondeur de un mètre.

d) Dimensions

Les caractéristiques et dimensions des ouvrages sont données dans la figure 14.

Fig. 17. - Moine en fonctionnement:

a) grille verticale;

Fig. 17. - Moine en fonctionnement:

b) grille reposant sur la face arrière (submersion possible sans fuite des poissons).

Fig. 18. - Arrivée d'eau:

a) canal d'amenée à ciel ouvert;

Fig. 18. - Arrivée d'eau:

b) conduite souterraine, arrivée et grille rustique.

Fig. 19. - Alimentation par siphon (tuyau d'arrosage).

Tableau IV

PERTES DUES AUX INFILTRATIONS [11]

Type de solnaturel

Pertes par infiltration(mm/jour)

Sable 25,00-250Limon sableux 13,00-76

Limon 8,00-20Limon argileux

2,50-15

Argile limoneuse

0,25-5

Argile 1,25- 10

Tableau V NOMBRE DE JOURS NÉCESSAIRES POUR REMPLIR DES ÉTANGS DE DIFFÉRENTES TAILLES ET DÉBIT D'EAU REQUIS [11].

Délaisapproximatifs

Volume del'étang

Débitd'eau

de remplissage(jours)

(m3) (1/s)

8 400 0, 5 1000 1,52500 3,510 000 14,0

4 400 1,01 000 3,02500 7,05 000 14,010 000 28

2 400 2,01000 6,02 500 14,010 000 56,0

5.1.5. Entretien et amélioration

a) Interventions sur le fond

En fait, il faut parler du fond, des berges et des digues . Un étang est soumis à l'action de l'eau et du vent contre les berges et la digue: c'est l'effet des vagues, le batillage (*). Elles érodent les talus et il convient donc d'apporter de la terre, de remplacer le gazon toutes les fois qu'un ravinement est visible, notamment lors de la saison des pluies. Chaque apport doit être fait avec un sol de même composition et bien damé (fig. 24).

En saison sèche, ce sont plutôt des crevasses qui apparaissent.De la même manière, on les comble de terre humide après les avoir arrosées et on dame la réparation.

Tableau VI

QUANTITÉ D'EAU FOURNIE JOURNELLEMENT SELON DIFFÉRENTS DEBITS [11]

1/s

1/min

1/h 1/jour m3/jour

1 60 3600 86400 86,42 120 7 200 172 800172,83 180 10 800 259 200259,24 240 14 400 345 600345,65 300 18 000 432 000432,06 360 21600 518 400518,47 420 25 200 604 800604,88 480 28 800 69:1

200 691,2

9 540 32 400 777 600777,610 600 36 000 864 000864,014 840 50 400 1 209

600 1 209,6

15 900 54 000 1 296 000

1 296,0

20 1 200

72 000 1 728 000

1 728,0

Z Z x 60

Z x 3600

Z x 86400

Z x 86,4

La dernière ligne du tableau montre comment convertir les valeurs (Z) du débit en (1/s), (1/min), (1/h), (1/jour) et (m 3/jour).

b) Fertilisation

Le phytoplancton, base de l'alimentation du Tilapia, a besoin d'éléments nutritifs pour prospérer. Il lui faut de l'eau, du soleil, des engrais. Les poissons apportent leurs excréments, mais ce n'est pas suffisant. En dehors de l'apport d'engrais agricoles, qui coûtent cher, il existe des moyens économiques

de donner au phytoplancton la fertilisation qui lui manque: le compost et le fumier.

Le pisciculteur peut aménager une compostière dans un angle de l'étang en le fermant avec un clayonnage. Dans cet enclos, il va amasser les déchets des repas de la famille, des légumes et des fruits avariés, du feuillage, en couches alternées. Le toutva se décomposer et libérer des matières organiques assimilables par le phytoplancton. Il conviendra d'alimenter régulièrement la compostière pour qu'elle assure sa fonction (fig. 20 et 21).

Fig. 24. - Réparation d'une digue.

Si la surface de l'étang est grande et la compostière insuffisante, il faut recourir à un apport d'engrais. Le fumierest particulièrement intéressant parce qu'il libère lui aussi des matières assimilables. Pour éviter de souiller la surface de l'étang et d'obstruer la grille du moine, on immerge des paniers remplis de fumier et lestés d'une pierre. On renouvellele contenu tous les quinze jours environ par rotation. Il faut savoir que le fumier de porc et de volailles est plus riche quele fumier de boeuf, de chèvre et de mouton.

La dose généralement employée est de 10 tonnes par hectare en eau et par an mais on doit ajuster en fonction de la couleur del'eau: un excès de fumure pourrait entraîner une pollution et une mortalité de poissons (Ch. n° 4).

5.2 Cages [3-10]

L'élevage en cages suppose que l'éleveur ait la libre disposition d'une partie d'un lac, artificiel ou non. Il peut alors y installer ses cages et élever des poissons à l'intérieur de ces cages (fig. 32, 33, 34, 35).

5.2.1. Structure

Chaque cage se compose d'une structure flottante supportant unepoche en grillage ou en filet, immergée, contenant les

poissons. La construction de la cage peut être peu coûteuse si on emploie des matériaux locaux.

La structure flottante est composée d'un ponton en bois soutenupar des bidons de récupération en plastique de 30 l qui assurent la flottabilité du système. Le ponton permet d'effectuer les manipulations autour de la cage.

Fig. 20. - Compostière extérieure.

Fig. 21. - Compostière noyée (dans l'angle du bassin).

Fig. 32. Localisation des cages d'élevage.

La poche immergée est réalisée en grillage plastique (importé) ou en filet (fabriqué localement). 2 types de mailles sont prévues selon la taille des poissons:

- 7 mm de côté pour les alevins de poids moyen supérieur à 4 g;

- 14 mm de côté pour les fingerlings de poids moyen supérieur à20 g.

Si la poche est confectionnée en filet, on assure son volume etson architecture en lestant les 4 angles du fond.

La structure relativement légère des cages permet d'en effectuer le relevage aisément pour les manipulations d'élevageet la récolte du poisson.

Fig. 33. - Caractéristiques d'une cage d'élevage.

5.2.2.- Dimensions

Deux types de cages sont utilisés en pisciculture artisanale, ayant toutes une poche de 1,5 de chute (hauteur).

- cages de 5 m 3 (3,5 m 3 productifs) pour le prégrossissement d'alevins de 4 g jusqu'au stade du fingerling (30 g);

- cages de 20 m 3 (16 m 3 productifs) pour le grossissement de fingerlings jusqu'à la taille marchande (environ 250 g).

Les cages peuvent être reliées entre elles de façon à former unsystème modulable dont l'unité de base est constituée par un ponton.

Fig. 34. - Cages d'élevage:

a) train de cages;

Fig. 34. - Cages d'élevage:

b) cadre-support et flotteurs.

Fig. 35. - Stock d'une cage d'élevage.

5.3 Enclos

L'élevage en enclos suppose que l'éleveur ait la libre disposition d'un espace de lagune ayant une profondeur uniformeappropriée, c'est-à-dire de un mètre. Ce type d'élevage demandedes investissements assez lourds en raison du coût des enceintes en filet. Il se situe à la limite de la pisciculture artisanale; on n'en donnera donc qu'un bref aperçu (fig. 36, 37, 38).

Fig. 36. - Localisation des enclos.

Les enclos sont généralement constitués de filets de pêche résistants fixés à des poteaux verticaux enfoncés dans le fond de la lagune.

Par mesure de sécurité, l'enclos est constitué d'une double enceinte pour pallier d'éventuelles déchirures et éviter la fuite de poissons. Le fond doit être sableux ou argilo-sableux;la vase est un obstacle à l'implantation d'enclos.

La superficie individuelle est de 500 m2 (14m x 36m, par exemple). Les enclos sont séparés les uns des autres par un espace de 3 m. On peut y accéder soit avec une embarcation, soit par un ponton.

Les filets utilisés pour les enceintes sont constitués de nappes lourdes (210/48, mailles de 14 mm montées à 71%).

Les piquets de soutien en béton ou en bambou sont espacés de 2 m; la ralingue (*) supérieure est fixée à 0,80 m au dessus du niveau maximum de la lagune à des rachis (*) de palmier fixés horizontalement aux piquets, la ralingue inférieure est enterrée à 0,50 m de profondeur dans un sillon creusé dans le sédiment à l'aide d'une motopompe.

Fig. 37. - Caractéristiques d'un enclos:

A) plan; disposition générale, côté terre; B) plan; disposition générale, côté lagune C) détail d'enfouissement du bas du filet dé l'enceinte; D) coupe longitudinale de l'enceinte.

Fig. 38. - Enclos: a) vue générale à partir du ponton dedesserte;

Fig. 38. - Enclos: b) détail de la double enceinte.

L'enclos est couvert par un filet léger. On implante parfois des branchages à l'intérieur de l'enceinte pour favoriser le développement du phytoplancton et du périphyton (*), pour réduire les vols (le lancement de l'épervier devient impossible) et pour combattre la prédation des oiseaux.

VI. La production

6.1 Le Tilapia, base de production

6.1.1. Mise en charge

La mise en charge consiste à mettre une certaine quantité de poissons dans un bassin ou dans un étang. Dans les étangs d'alevinage on va charger avec des tilapias reproducteurs qui vont pondre et donner naissance à des jeunes. Dans les étangs de grossissement on chargera avec des jeunes poissons, des alevins que l'on nourrira jusqu'à la taille commerciale. Dans les cages, on chargera avec des jeunes un peu plus grands, de la longueur d'un doigt, que l'on appelle communément « fingerlings ».

a) Production d'alevins [16, 17, 18]

Selon la méthode traditionnelle on produit des alevins de Tilapia nilotica en une seule fois à partir de 70 mâles pesant de 190 à 250 g et de 200 femelles pesant de 90 à 120 g dans un étang de 400 m2. La production, en 5 mois lors de la vidange del'étang est de 20 000 à 35 000 alevins pesant entre 0,2 et 30 g.

Selon la méthode améliorée on charge de la même façon mais on effectue des pêches intermédiaires à l'aide d'une senne en filet de mailles tricotées de 6 mm de côté. La senne comprend une poche centrale de 7 m, haute de 2 m encadrée de deux ailes de 8 m de long et de 1,7 m de haut.

Cette senne permet de capturer tous les alevins ayant un poids moyen supérieur à 0,5 g.

La première pêche a lieu 30 jours après la mise en charge des reproducteurs et les suivantes à intervalle de 15 jours. La

production cumulée sur 4 mois d'élevage est de 85 000 alevins et le QN (*) est de 2.

On alimente avec un mélange en quantité égale de son de riz et de tourteau d'arachide ou de graines de coton à raison de 4k g/jour/étang. L'aliment est distribué deux fois par jour sous forme pulvérulente dans deux cadres flottant à la surface de l'étang.

Tableau VII

PRODUCTION D'ALEVINS

- Surface de l'étang: 400 m 2

- Mise en charge: 70 mâles - 200 femelles - 1 re pêche au bout de 1 mois, les suivantes tous les 15jours - Aliment: mélange son de riz (50 %) + tourteau arachideou graines de coton (50 %) - Ration: 15 g/j par reproducteur (4 kg/j) en deux fois - Durée d'élevage: 3 à 4 mois - Production probable: 60 000 à 80 000 alevins de 0,5 g

b) Production de fingerlings [16, 17, 18]

L'élevage doit conduire à produire des fingerlings de 30 g dansle minimum de temps et en grande densité: la qualité de l'alimentation est donc importante.

Plus l'aliment utilisé est bien dosé dans ses composants, plus les densités de mise en charge peuvent être élevées et les rendements obtenus importants.

On a le choix entre les aliments simples (un seul sous-produit)et les aliments composés.

Avec un aliment simple tel que le son de riz, le rendement est de 7 tonnes/ha/an et les poissons pèsent entre 5 et 30 g au bout de 35 jours d'élevage. Le son est distribué en une seule fois dans deux cadres flottants à raison de 2 kg/jour pour la même surface (400 m2) et le QN est de S.

Avec un aliment composé le rendement est de 30 tonnes/ha/an avec une densité de mise en charge de 25 alevins/m2. La durée de l'élevage est de 2 mois. L'aliment doit comporter 40 % de protéines dont 1/3 de protéines animales, par exemple:

25 % de son de riz + 55 % de tourteau de graines de coton + 20 % de farine de poisson (ou 20 % de farine de sang séché d'abattoir).

La ration journalière doit être ajustée en fonction du poids moyen des poissons. Pour des individus de moins de 5 g. on donne 10 % du poids total, entre 5 et 10 g. 7,5 %, au-dessus de10 g on donne 5 % du poids total. Le QN est inférieur à 2.

Le poids moyen des poissons est calculé en pesant un échantillon pêché tous les 8 jours à l'épuisette ou à l'épervier.

Tableau VIII

PRODUCTION DE FINGERLINGS

- Surface de l'étang: 400 m2 - Mise en charge: 50 à 60 alevins/m 2

- Durée d'élevage: 60 jours - Pêche au bout des 60 jours - Aliment: 25 % de son de riz + 55 % de tourteau de graines de coton + 20 % de farine de poisson - Ration: de 5 à 10 % du poids des poissons en élevage - Production probable: 30 tonnes/ha/an

c) Production de poissons marchands

La production de poissons consommables demande que l'on introduise dans l'étang de production un poisson prédateur pourréguler la taille des tilapias. Le prédateur le plus intéressant est un Cichlidé voisin des Tilapias: Hemichromis fasciatus. Le poisson-chat, Clarias gariepinus , est un autre des prédateurs utilisés.

Elle dépend en outre de deux facteurs principaux:

- la densité de la mise en charge; - l'aliment ou la fertilisation.

Tableau IX

RENDEMENTS

Quelques rendements [19] 5 tonnes/ha/an

- élevage de tilapias non sexés à la densité de 1,2 poisson/m 2. Alimentation au son de riz brut. QN = 7,5; croissance individuelle = 1,3 /jour.

7 tonnes/ha/an

- élevage de tilapias sexés mâles à la densité de 2,2 poissons/m 2. Alimentation avec des sous-produits végétaux dosant 20 % de protéines. QN = 3,5; croissance individuelle = 1g/jour.

11 tonnes/ha/an

- élevage de tilapias sexés mâles à la densité de 2,2 poissons/m 2. Alimentation avec des sous-produits végétaux dosant 23 % de protéines. QN = 2,8; croissance individuelle = 1,5 g/jour.

15 tonnes/ha/an

- élevage de tilapias sexés mâles à la densité de 2.2 poissons/m 2. Alimentation avec un mélange dosant 25 % de protéines dont 5 % d'origine animale. QN = 2; croissance individuelle = 1,9 g/jour.

16 tonnes/ha/ah

- mêmes éléments que ci-dessus mais: densité de 3.2 poissons/m 2.

6.1.2. Nourrissage

Le nourrissage consiste à préparer la nourriture et à la distribuer. La nourriture peut être naturelle ou artificielle (fig. 22 et 23).

Fig. 22. - Nourrissage à la volée: a) vue générale;

Fig. 22. - Nourrissage à la volée: b) aliments nappés ensurface.

Fig. 23. - Nourrissage dans un cadre.

a) Aliments

La nourriture naturelle comprend des aliments de base: manioc, fruits avariés (banane-plantain, par exemple). Elle comprend aussi des produits et sous-produits locaux: déchets de cuisine et de repas, remoulage de maïs, de sorgho, farine basse de riz,son de riz brut, des déchets industriels: tourteaux d'arachide,tourteaux de graines de coton. On utilise aussi des sous-produits parfois plus lointains, tel la farine de poisson.

La nourriture artificielle concerne des produits qui sont achetés tout préparés, étudiés et fabriqués en usine pour des bovidés, des porcs, de la volaille, des poissons. Ils se présentent sous la forme de poudres, de granulettes, de granulés dont le conditionnement donne généralement la formule et la ration à distribuer suivant le nombre et la taille des poissons à nourrir. Ce sont des produits généralement coûteux s'ils sont importés et que l'on emploie plutôt dans les élevages en cages.

b) Stockage

La manière dont on entrepose les aliments est importante. Il s'agit en effet de denrées périssables et consommables. Il est donc nécessaire d'aménager un endroit de stockage aéré pour

éviter la moisissure voire la pourriture des aliments. Il faut concevoir le rayonnage de façon à les mettre à l'abri des prédateurs: insectes et rongeurs.

On n'a pas intérêt à stocker trop à l'avance: une réserve portant sur quinze jours est suffisante à condition de prévoir le réapprovisionnement.

c) Distribution

Les aliments doivent être convenablement dosés, pesés ou mesurés avant chaque distribution. Les distributions doivent être régulières.

On doit éviter le gaspillage lors du transport et de la distribution: verser les farines dans des cadres évitant la dispersion, distribuer dans le sens du vent....

6.1.3. Sexage

Le sexage consiste à déterminer le sexe des poissons et à les trier en fonction du sexe. Cette opération est indispensable dans un élevage commercial parce que le tilapia est un reproducteur précoce qui se reproduit souvent (Ch. 3D). Dans unétang où on introduit des fingerlings non triés sexuellement, non « sexés », on a toutes les chances de trouver au bout de quatre mois des quantités importantes d'alevins, des petites femelles qui ne grossissent pas parce qu'elles pondent et incubent sans cesse et des gros mâles commercialisables pour laconsommation de bouche, mais relativement peu nombreux.

Si on empoissonne avec des fingerlings sexés, on élimine le risque d'accouplement et de reproduction. Le peuplement grossitde façon assez uniforme, exploite seul la nourriture qu'on lui donne, sans la compétition de nouveaux venus que sont les alevins: on peut ainsi prévoir la production et les revenus quien découleront.

S'il s'agit de femelles sexées, on sait qu'elles grossiront moins vite que les mâles parce qu'elles transforment une partiede la nourriture en gonades (*) et non en muscles. A l'issue dusexage on choisira les mâles si on souhaite avoir une production rapidement commercialisable.

On peut toutefois élever les deux sexes simultanément et séparément pour mieux exploiter la production initiale d'alevins: les mâles donneront une production rapide, les femelles une production un peu plus tardive, ce qui conduit à un cycle de production étalé dans le temps, intéressant pour latrésorerie de l'éleveur.

L'opération de sexage est pratiquée en faisant passer sur la table de tri les alevins lors de leur pêche. L'opérateur examine rapidement les orifices génitaux, fait glisser les mâles dans un trou de la table, les femelles dans un autre trou. Chaque trou correspond à un vivier situé en dessous ou à une glissière en plastique conduisant aux viviers, les femelleset les mâles ayant chacun le leur.

Le sexage manuel est généralement pratiqué sur des tilapias d'une taille suffisante pour qu'il n'y ait pas d'erreur (30 g).Il va de soi que l'on compte les alevins au fur et à mesure qu'on les sexe.

6.1.4. Exploitation

L'exploitation consiste à établir un calendrier des interventions nécessaires à la production que l'on s'est fixée.Le calendrier est matérialisé par un cahier sur lequel on porteles échéances des interventions: une sorte de cahier de bord dans lequel figure: « tel jour j'effectue une pêche de contrôle», « tel autre j'approvisionne en son de riz »...

L'exploitation varie suivant l'importance et la nature de l'élevage: élevage de poisson de consommation, production d'alevins, élevage autonome produisant alevins et poisson de consommation, élevages intégrés associant production de volaille et de poisson... La répartition des étangs, leur taille et leur organisation doivent être étudiées en conséquence. On va considérer schématiquement deux types d'exploitation.

a) Exploitation intensive

Production de poisson marchand - durée de l'élevage: 150 j; - densité de mise en charge: 3,2 tilapias mâles/m 2;

- poids moyen à l'introduction: 30 g; aliments (voir ci-avant);

- rendement escompté: 16 tonnes/ha/an.

La quantité de fingerlings de 30 g nécessaire pour l'obtention de ce rendement sur un hectare d'étangs sera de:

3,2 x 2 x 10 000 x (365/150) = 160 000 fingerlings.

Production de fingerlings - durée d'élevage: 90 j; - densité de la mise en charge: 50 alevins/m 2:- taux de survie: 90 %.

La production de 45 fingerlings/m 2 est réalisée en 90 jours; la production de 160 000 fingerlings exige donc:

(160 000/45) x (90/360) = 890 m2, soit environ 9 ares.

Si on admet une perte de 10 % lors du transfert des fingerlingsdans les étangs de production, c'est une superficie de 10 ares qu'il faudra consacrer à la production de fingerlings.

Production d'alevins : un étang de 1 are produit 40 000 alevins. 4 ares seront nécessaires à la production des 160 000 fingerlingsrequis.1 hectare d'étangs de production intensive de Tilapia nilotica de taille marchande exige 1400 m2 d'étangs de service pour une production intensive de fingerlings.

b) Exploitation extensive

Production de poisson marchand - durée d'élevage:145 j; - densité de mise en charge: 1,2 mâle et femelle par m2; - poids moyen à l'introduction: 30 g; - aliments: son de riz; - rendement escompté: 5,2 tonnes/ha/an.

La quantité annuelle de fingerlings nécessaire pour l'obtentionde ce rendement sur un hectare d'étangs sera de:

1,2 x 10 000 x (365/145) = 30 000 fingerlings de 30 g

Production de fingerlings - densité: 3,25 alevins/m 2:- taux de survie de 90 %; - alimentation au son de riz.

La production extensive de 30 000 fingerlings exige une superficie d'étangs de:

(30 000/2,9) x (35/360) = 1 000 m2

Si on admet une perte de 10 % lors des transferts, c'est une superficie d'environ 11 ares qu'il faudra consacrer à la production de fingerlings.

Production d'alevins : un étang de 1 are produit 40 000 alevins, stock suffisant dans le cas présent.1 hectare d'étangs de production extensive de Tilapia nilotica de taille marchande exige 1200 m2 d'étangs de service pour une production extensive de fingerlings.

c) Exploitation mixte

Production de poisson marchand

Ce sont les données de (a) concernant un élevage intensif:

Production de fingerlings

Ce sont les données de (b) concernant un élevage extensif:

- densité: 3,25 alevins/m 2;- taux de survie de 90 %; - alimentation au son de riz.

La production extensive de 160 000 fingerlings exige une superficie d'étangs de:

(160 000/2,9) x (35/360) = 5 300 m2

Si on admet une perte de 10 % lors des transferts, c'est une superficie d'environ 58 ares qu'il faudra consacrer à la production de fingerlings.

1 hectare d'étangs de production intensive de Tilapia nilotica

de taille marchande exige 5 800 m2 d'étangs de service pour uneproduction extensive de fingerlings. On a intérêt a intensifier les deux premières phases de l'élevage: production d'alevins et production de fingerlings, afin de réduire au minimum les surfaces d'étangs non directement productives.

d) Production en cages

La mise en charge des cages de production est généralement de l'ordre de 120 Tilapias de 20 à 30 g par mètre cube de cage immergée.

Le cycle de production est de 5 mois, donnant un rendement de 25 à 30 kg/m 3 de poissons de 250 g. Le QN est de 2,5.

6.1.5. Récolte

La récolte du poisson doit toujours être effectuée à la fraîcheur, tôt le matin avant que le soleil soit haut dans le ciel. On procède différemment suivant que l'on vide l'étang ou non (fig. 25, 26, 27, 28, 29, 30).

a) Récolte Intermédiaire

Si on ne vide pas l'étang, on pêche à l'épuisette ou au filet senne ou épervier) généralement pour assurer la vente d'une quantité de poisson bien déterminée que l'on n'a pas besoin de stocker en attente. Les poissons sont immédiatement triés; ceuxqui ne répondent pas à la commande sont remis à l'eau.

Fig. 25. Vidange d'étang.

Fig. 26. Pêche:

a) tri des poissons sur table,

Pêche:

b) pesée.

Fig. 27. Récupération des subsistants (noter le réseau dedrainage de l'assiette de l'étang).

Fig. 28. Pêche d'alevins au filet.

Fig. 29. Conditionnement des alevins pour le transport:

a) caisses de transport isothermes et sac en plastique;

Conditionnement des alevins pour le transport:

b) comptage des alevins et mise en sac.

Fig. 30. Mise en charge d'un bassin de grossissement.

Après la pêche, les filets sont mis à sécher à l'ombre.

b) Récolte totale

La récolte totale est opérée lors de la vidange totale du bassin ou de l'étang. S'il s'agit de surfaces en eau inférieures à un hectare, on commence à baisser le niveau d'eaula veille pour mettre à sec et pêcher le lendemain matin. Si lasuperficie est supérieure, pour ne pas affoler le poisson, on abaisse progressivement par paliers d'une demi-journée par hectare jusqu'à 5 hectares.

Lors de la vidange du bassin ou de l'étang, le poisson se concentre au pied du moine ou de la vanne ou bien en aval dans la pêcherie si on en a construit une. Il ne faut donc pas attendre qu'il y ait une forte concentration pour commencer à récolter sinon le poisson en souffrirait.

Tout doit donc être préparé à l'avance sur la digue ou sur les abords de l'étang pour entreposer le poisson, le trier, le peser, le mettre en attente ou l'expédier Chaque opérateur doitavoir une tâche bien déterminée et ses outils appropriés. Le pêcheur au bas du moine ou dans la pêcherie doit avoir son épuisette, le transporteur son seau ou sa bassine, le trieur satable de tri et ses bacs de stockage sous la table, le poseur sa bascule ou son peson.

Le propriétaire doit noter tous les apports pesés et tous les enlèvements pesés. L'acheteur doit être là avec son matériel detransport sinon le propriétaire de l'étang doit disposer d'un bassin d'attente où seront entreposés les poissons.

Quelques recommandations

- Un ou plusieurs récolteurs doivent prospecter le fond de l'étang, seau à la main, pour récupérer les poissons qui sont prisonniers de flaques d'eau.

- On doit toujours avoir la possibilité d'envoyer de l'eau propre en fin de vidange vers la concentration de poissons pouréviter le risque d'asphyxie. Penser à renouveler pour la même raison l'eau des seaux de récolte et de transport ainsi que lesbassines de stockage.

- On doit éviter de brutaliser le poisson en le pourchassant eten le heurtant avec l'épuisette. Un poisson écaillé meurt dans la journée. Au besoin, entourer de ficelle la partie basse de l'armature métallique de l'épuisette.

- On ne manipule pas les poissons à sec: arroser de temps à autre la table de tri.

6.2 Les élevages intégrés et associés

Il y a lieu d'envisager aussi souvent que possible l'intégration de la pisciculture dans le développement rural. Les infrastructures pour l'irrigation peuvent être conçues pourpermettre la production de poissons non seulement dans les étangs de stockage, ce qui est désormais fréquent, mais aussi dans les grands canaux d'irrigation. La riziculture est compatible avec la pisciculture qui lui apporte un complément de revenus. Le simple rouissage du manioc dans des étangs de pisciculture peut conduire à une production de 4 tonnes de Tilapia par hectare et par an. On verra que les élevages mixtespermettent un accroissement important de la production de poissons sans autre coût que l'infrastructure de départ. Ils demandent toutefois un sérieux travail de formation pour acquérir la compétence nécessaire au succès.

6.2.1. Agro-pisciculture

a) Rizipisciculture ( fig. 31 )

La rizipisciculture consiste à introduire des poissons dans lesrizières en eau, modifiées par la création d'un canal latéral, de quelques fosses-refuges, d'une entrée et d'une sortie d'eau étanches aux poissons. Ces derniers, carpes communes et tilapias, mis à 20-40 g. sont récoltés en fin de cycle rizicoleà 200 g de poids unitaire ou plus tardivement si le site permetune prolongation de la période d'inondation de la rizière.

Les rendements varient de 300 à 660 kg/ha/an suivant le nombre (une ou deux) des récoltes de riz dans l'année. Ils atteignent parfois 1000 kg si la fertilisation de la rizière a été correcte (100 à 150 unités d'azote (*)/ha). L'effet favorable sur la production du riz se traduit par une augmentation de la récolte de 5 à 15 %.

Fig. 31. Aménagement d'un casier rizipiscicole: plan et coupes.

b) Hortillonnage piscicole [20]

L'hortillonnage (*) piscicole peut être réalisé dans des fonds marécageux où la pente, inférieure à 0,5 %, ne permet pas la riziculture. Le principe est donc d'aménager des bilions de

culture maraîchère, surélevés au-dessus du maximum des eaux, alternant avec des canaux fermés.

On obtient ainsi des terres cultivables tout au long de l'annéeet des étangs piscicoles avec l'avantage du drainage en saison des pluies et de l'irrigation par infiltration en saison sèche.

Suivant les sols et les conditions climatiques, on peut effectuer 2 à 3 récoltes de produits agricoles dans l'année et une récolte complémentaire de poisson sans engrais ou presque.

Tableau X

PRODUCTIONS AGRO-PISCICOLES COMBINÉES [20]

Types decultures

Durée

Récolte Production

(mois)

(kg/100m 2)

(kg/100 m2/an)

Soja ±4 5 - 20 15 - 60 Maïs ±4 32 - 150 72 - 340 Haricot noir ±3 ±100 ±400Tomates 3 -

4 40 - 150 150 - 330

Tilapia + divers

10 -12

10 - 30 10 - 30

6.2.2. Elevages mixtes

a) Association poisson + porc (fig. 39)

Trois types d'installations: en bordure de l'étang, dans l'étang sur une berge en pente, au-dessus de l'étang, sur parquet (*).

La mise en charge ordinairement employée est de un porcelet, de25 carpillons de 8 à 109 et de 200 Tilapias nilotica de 4 à 5 g. par are d'étang en eau.

Fig. 39. Porcherie piscicole: a) localisation de la porcherie;

Porcherie piscicole: b) boxe avec parquet et baignade.

Il est possible, suivant l'altitude et la latitude du site, de faire deux cycles d'élevage par an, donnant un rendement moyen de 8 tonnes/ha/an de porcs sur pied (70 kg) et de 8 tonnes/ha/an de poissons marchands.

b) Association poisson + canard

Deux types d'installations: en bordure de l'étang, sur la digue, ou bien au-dessus de l'étang, sur parquet, cette dernière installation étant la moins onéreuse et la plus rationnelle.

La mise en charge ordinairement employée est de 10 à 25 canetons de 3 mois (de Pékin, de préférence), 200 Tilapias nilotica de 4 à 5 g et 25 carpillons de 8 à 10 g par are d'étang en eau.

Il est possible de faire trois récoltes par an si les canards atteignent le poids marchand de 1,5 kg en 4 mois. Le rendement moyen s'établit entre 4 et 6 tonnes de canards/ha/an et 4 à 4,5tonnes de poissons/ha/an.

c) Association poisson + oie (fig. 40)

Mêmes types d'installations que ci-dessus. La mise en charge enpoissons est identique. Pour les oies, on s'adresse à des raceslocales et l'on charge à raison de 5 à 8 oies de 1 kg/are d'étang en eau.

Les oies sont récoltées au poids de 4 kg au bout de 4 à 5 mois.Le rendement en poissons est de l'ordre de 2,5 tonnes/ha /an.

d) Association poisson + poule (fig. 41, 42)

On utilise uniquement l'installation en parquet, au-dessus de l'étang. Les poules, contrairement aux oies et aux canards, n'ont pas accès à l'étang.

La mise en charge en poissons est identique aux précédentes. Pour les poules, on choisit les races les plus rentables

suivant que l'on désire une production de chair ou une production d'œufs. On parque ordinairement à raison de 10 à 30 poulets/are.

Fig. 40. Elevage oies/poissons.

Fig. 41. Poulailler piscicole.

Fig. 42. Elevage pintades/poissons.

Au bout de 4 à 5 mois d'élevage, on récolte les poissons avec un rendement d'environ 3,5 tonnes/ha et 100 000 à 125 000 œufs,ou bien 2,5 tonnes de poulets de chair. Il est possible de faire 3 récoltes par an (fig. 43, 44).

Fig. 43. Séchage du poisson: a) vue générale des claies deséchage;

Fig. 43. Séchage du poisson: b) Tilapias séchés sur claie engrillage.

Fig. 44. Fumage du poisson: a) fumoir élaboré;

Fig. 44. Fumage du poisson: b) fumaison artisanale et vente àl'étal.

VII. Approche économique

7.1 Temps de travail

Il est nécessaire d'avoir une bonne appréciation du temps de travail pour recruter en suffisance mais sans excès et gérer l'agenda de la main d'œuvre employée.

L'exemple choisi concerne un élevage de Tilapias comprenant 7 étangs de 450 m2 chacun, soit près de 1/3 d'hectare.

Tableau XI

REPARTITION DES TACHES DANS L'ANNEE

Tâche Hommes/jour/an

% Fréquence

Alimentation (transport etdistribution)

120 33 quotidienne

Entretien 60 16 hebdomadaire

Manipulation du poisson 127,5 35 40 fois/anCommercialisation 60 16 120

matinées/an Total 367,5

7.2 Elevage familial réduit

Caractéristiques

Espèces: Tilapia nilotica et Clarias, non sexés, en mélange. Site: bas-fond dans une zone suburbaine à vocation maraîchère.

Type: élevage en bassins creusés.

Superficie: 3 bassins de 40 m2 = 1 are 20.

Nature des travaux: terrassement manuel et divers (compostière...).

Rendement technique:75,26 kg/are/an, soit 7 526 kg/ha/an.

Investissements

Terrassement: 100 000

z 1.Coût à l'hectare productif:

8 300 000 z

Fonctionnement

Compostière 0 z Aliment (QN = 3) à 42 z le kg: 11 340 zCoût à l'hectare productif 945 000

z Débours total sur la 1 re année 9 245

000 z Rendement financier par hectare productif

3 763 000 z

Les installations ne sont pas amorties après la 1 re année.

1. La monnaie n'est pas précisée; on raisonnera à partir du nombre.

7.3 Elevage familial moyen

Caractéristiques

Espèces: Tilapia nilotica sexés; alevins achetés à l'extérieur.

Site: bas-fond dans une zone suburbaine à vocation maraîchère.

Type: élevage en bassins creusés, vidangeables

Superficie: 2 bassins de 250 m2 = 5 ares.

Nature des travaux: terrassement manuel et divers (moines, compostière...). Rendement technique: 85 kg/are/an, soit 8 500 kg/ha/an.

Investissements

Terrassement et ouvrages

200 000 z

Coût à l'hectare productif

4 000 000 z

Fonctionnement

M.O. (surveillance et nourrissage)

360 000 z

Compostière 0 z Fumier de volailles 0 z Aliment (QN = 2) à 42 z le kg 35 700 zCoût à l'hectare productif 395 700

z Débours total sur la 1 re année 4 395

700 z Rendement financier par hectare productif

6 375 000 z

Les installations sont amorties aubout d'un an.

7.4 Elevage en cages

Caractéristiques

Espèce: Tilapia nilotica sexé; alevins produits. Site: lac de barrage à vocation agricole. Type: élevage de grossissement en cages flottantes de 30 m 3

élevage des alevins en bassins creusés vidangeables = 5 ares.

Nature des travaux: construction des cages terrassement manuel et divers (moines).

Rendement technique: 2 productions/an (67 kg/m 3/an) =16 000 kg. Amortissement: cages:4 ans; bassins: 20 ans.

Investissements

Construction des cages 300 000 z

Construction des bassins 2 000 000 z

Coût total (1 150 z au m3 productif)

2 300 000 z

Fonctionnement

M. O. (surveillance et nourrissage)

540 000 z

Aliment (QN = 2) à 116 z le kg:

3 712 000 z

Coût total: 4 252 000 z

Débours total sur la 1 re année

6 552 000 z

Rendement financier (40 000 z/m 3/an)

9 600 000 z

Installations amorties au bout d'un cycle annuel de production.

7.5 Elevage en enclos

Intérêt : l'enclos ne peut être établi que sur un plan d'eau à niveau d'eau constant (lagunes) mais dans ce cas, pour un même poids de poissons produits, sa construction coûte la moitié de celle d'une cage.

Caractéristiques

Espèce: Tilapia nilotica sexé; alevins produits sur place. Site: lagune. Type: élevage de grossissement en enclos double et en cages.

objectif: production visée: 24 tonnes/an recette visée: 7 900 000z/an.

7.6 Etude technico-économique préalable

1) Phase de premier établissement

- durée: 1,5 mois; - formation du personnel; - construction d'un bâtiment de 30 m2 x 30 m2 = 900 m2.

Tableau XII BILAN PRÉVISIONNEL - PHASE 1.

Rubriques Montant Investiss.

Fonctionmt

Véhicule 1 500 1 500

000 000 Bâtiment 720 000 720 000 Droits coutumiers

25 000 25 000

Débroussaillage

25 000 25 000

Déplacements 120 000 120 000 Salaires 105 000 105 000 Gardiennage 40 000 40 000 Divers 30 000 30 000 Sous-total 2 565

000 z 2 270 000 z

295 000 z

2) Phase de construction des structures

Tableau XIII BILAN PREVISIONNEL - PHASE 2.

Rubriques Montant Investiss.

Fonctionmt

Enclos 1 295 000

1 295 000

M.O. permanente

145 000 145 000

M.O.: journalière

40 000 40 000

Déplacements120 000 120 000 Embarcation 175 000 175 000 Sous-total 1 775

000 z 1 470 000 z

305 000 z

- durée: 1,5 mois; - construction de 3 enclos.

3) Phase d'exploitation

- Travaux: durée 3 mois (mise en place des 3 derniers enclos etdouble enclos; achat de matériel de pêche et de stockage);

- Exploitation des 3 premiers enclos: durée: 6 mois;

- Alevinage: 15 unités/m 2, pesant 40 g/u et valant 35 z/u survie de 90 %: sur 6 enclos = 1 890 000 z et sur 3 -945 000 z;

- Alimentation: QN = 2; 116 z/kg.

Tableau XIV BILAN PREVISIONNEL - PHASE 3

Rubriques Montant Investiss.

Fonctionmt

Enclos et double enclos

1 295 000

1 295 000

Senne 205 000 205 000 Alevinage 945 000 945 000 Aliment 1 160

000 1 160 000

M.O. permanente 295 000 295 000 M.O. occasionnelle 30 000 30 000 Réparations 40 000 40 000 Transports 245 000 245 000 Entretien 55 000 55 000 Frais de commercialisation

50 000 50 000

Sous-total 4 320 000 z

1 500 000 z

2 820 000 z

Total général 8 660 000 z

5 240 000 z

3 420 000 z

4) Production sur les 6 premiers mois:

3 enclos = 12 tonnes/2, soit 6 tonnes Produit: 6 000 kg x 650 z/kg = 3 900 000 z 3 900 000 z.

Le fonctionnement de la première année est couvert.

Exemple de plan de financement

Besoin global de financement

8 660 000 z

Autofinancement 33 %

2 858 000 z

Subventions 13 %

1 126 000 z

Emprunt à 12,5 ù avec 54 4 676

différé de un an % 000 z 8 660 000 z

8 660 000 z

7.7 Compte d'exploitation

Le compte d'exploitation est le tableau de bord de l'élevage une fois qu'il fonctionne en routine.

Tableau XV COMPTE D'EXPLOITATION

Charges ProduitsAlimentsSon de riz: 40 kg/j à 1 z/kg

15 000 Tilapia de 200g:

Fertilisant 0 1 300 kg à 500 z/kg

650 000

Frais de commercialisation

45 000 Tilapias femelles de 30 g

Entretien du matériel

10 000 250 kg à 200 z/kg 50 000

Renouvellement du mat.

40 000 Tilapias « cadeau »: 260 kg

0

Amortissement des étangs

40 000 Géniteurs réformés 6 000

Alevins de consommation 180 kg à 100 z/kg 18 000Espèces associées:Silures: 70 kg à 700 z/kg

49 000

Hétérotis, alevins100 z/unité 35 000

150 000 z

808 000 z

Caractéristiques de l'exemple

- Pisciculture artisanale de Tilapia nilotica en mélange avec des Heterotis et des Silures. - Superficie: 7 étangs de 450 m2, soit 32 ares.

Résultat net bénéficiaire: 658 000 z. Revenu moyen mensuel: 54 833 z.

Glossaire

Alevin: poisson nouveau-né, morphologiquement différent de l'adulte.

Alidade: règle de topographe, mobile autour d'un point fixe, portant une lunette qui sert à déterminer une direction ou à mesurer un angle.

Assiette: fond d'un étang, nivelé et terrassé de façon que l'eau puisse s'écouler naturellement vers la vanne de vidange. Un réseau de canaux aboutissant à un fossé central assure le drainage intégral.

Batillage: succession de vagues contre les berges d'un cours d'eau, généralement produite par le passage d'un bateau.

Bloom: floraison, apparition massive et subite (- algal).

Cartilagineux: composé de cartilage, tissu résistant, élastiqueet translucide.

Cataracte: opacité totale ou partielle du cristallin de l'œil.

Cohorte: groupe d'animaux homogènes nés en même temps.

Commensal: qui vit en association avec un animal différent, avec profit pour l'un et sans danger pour l'autre.

Déblai: action d'enlever de la terre.

Désoxycorticostérone: après injection à des animaux reproducteurs, hormone provoquant leur reproduction.

Détritivore: qui se nourrit de déchets, de détritus.

Dimorphisme: aspect différent de deux animaux (- sexuel: aspectsdifférents du mâle et de la femelle)

Ectoparasite: parasite se fixant à l'extérieur de l'animal. Emphysème: dilatation anormale des tissus.

Endémique: se dit d'un organisme, d'une espèce propre à une contrée bien définie.

Endoparasite: parasite agissant à l'intérieur de l'animal.

Entérotoxémie: empoisonnement intestinal.

Etiage: débit le plus faible d'un cours d'eau; par extension: niveau moyen des basses eaux pendant plusieurs années et par confusion: époque des basses eaux.

Exophtalmie: saillie anormale de l'œil hors de l'orbite

Générique: relatif au genre d'un animal, d'une plante.

Goître: déformation du dessous du cou.

Gonade: organe qui produit des gamètes. La gonade mâle est le testicule, la gonade femelle est l'ovaire.

Gravitaire (écoulement - ): écoulement naturel, par l'effet de la pesanteur.

Hortillonnage: marais utilisé pour la culture des légumes.

Macrophytophage: mangeant de gros aliments.

Macule: tache plane, sur la peau.

Microphytophage: mangeant des aliments fins.

Mire: signal topographique fixe servant à déterminer une direction par une visée (jalon, fiche).

Monosexe (élevage - ): élevage portant sur des animaux d'un seul sexe, mâle ou femelle, préalablement triés.

Nécrose: altération de la peau suite à la mort des cellules.

Néoplasie: prolifération pathologique de cellules, de tissus seprésentant généralement sous la forme d'une tumeur.

Omnivore: qui mange de tout.

Opercule: pièces osseuses qui protègent les branchies des poissons.

Oviducte: conduit par lequel l'ovule quitte l'ovaire.

Ovule: gamète, œuf non encore fécondé.

P.V.C.: chlorure de polyvinyle (matière plastique dure).

Papille: petite éminence à la surface d'une muqueuse, autour d'un orifice (- génitale).

Parquet: enclos d'élevage de volailles ou de porcs, dont le solpeut être à claire-voie pour l'évacuation des fientes.

Pérennité: constance, permanence.

Périphyton: ensemble des organismes vivant sur un support forméprincipalement par les plantes aquatiques supérieures.

pH: symbole exprimant, par le chiffre dont il est accompagné, l'acidité ou l'alcalinité d'une eau.

- la plage située entre 0 et 7 correspond aux valeurs décroissantes de l'acidité; - la plage située de 7 à 14 correspond aux valeurs croissantes de l'alcalinité.

Phytoplancton: plancton végétal.

Plancton: ensemble des organismes microscopiques vivant et flottant dans l'eau passivement ou non, sans pouvoir opposer derésistance effective aux courants.

Planctonophage: se nourrissant de plancton.

Protéines: matières azotées naturelles entrant dans la constitution des êtres vivants.

QN: quotient nutritif donnant le nombre de kilogrammes d'un aliment, nécessaire pour produire 1 kilogramme de poisson

Rachis: tige, tronc de palmier.

Ralingue: cordage sur lequel sont cousues les parties supérieure et inférieure d'un filet. La ralingue supérieure estgénéralement équipée de flotteurs; la ralingue inférieure est plombée.

Fig. 45. - Planche de quelques végétaux aquatiques. Plantesaquatiques supérieures

A) Plantes émergées 1) Myriophylle ( Myriophylla)2) Potamot pectiné ( Potamogeton pectinatus )3) Potamot crispé ( Potamogeton crispus )4) Potamot luisant ( Potamogeton lucens )5) Vallisneria6) Hydrilla

B) Plantes flottantes

1) Châtaigne d'eau ( Trapa)2) Nymphoïdes 3) Nelumbo4) Jacinthe d'eau ( Eichhornia crassipes )5) Pistia stratiotes 6) Lentille d'eau ( Lemna)7) Salvinia

C) Plantes émergées

1) Roseau ( Phragmites)2) Massette ( Typha)3) Laîche ( Carex)4) Scirpus5) Sagittaire ( Sagittaria)6) Sparganium

Ressac: retour violent des vagues sur elles-mêmes lorsqu'elles se brisent contre un obstacle.

Revanche: hauteur de digue séparant le niveau d'eau du sommet de la digue.

Saturer: imbiber ou imprégner à l'excès.

Stress: ensemble de réactions non spécifiques de l'organisme déclenchées par l'action d'un agent nocif dit « agent stressant».

Substrat: ce sur quoi s'exerce une action. Par extension: sol, fond, supports naturels ou artificiels.

Systématique: science des classifications des êtres vivants.

Unité (-fourragère): quantité d'énergie utilisable par un animal contenue dans un kilogramme d'orge. La valeur fourragère d'un aliment est le nombre d'U.F. que renferme un kilogramme de cet aliment; la part de l'azote est variable suivant les aliments.

Fig. 46. Planche de quelques animaux aquatiques.

Insectes, larves d'insectes et autres prédateurs des jeunes poissons

1) Belostoma2) Ditique ( Disticus, Coléoptère )3) Larve de ditique 4) Larve de moustique ( Culex)5) Nymphe de moustique 6) Larve de moustique ( Anopheles, vecteur du paludisme) 7) Ver annelé ( Tubifex, Oligochète )8-10) Escargots aquatiques (Gastéropodes pouvant héberger des parasites dangereux pour l'homme) 11) Ponte de grenouilles ( Rana)12) Oeuf de grenouille 13) Métamorphose du têtard dans l'eau 14) Jeune grenouille sortant de l'eau

Urètre: canal excréteur de l'urine.

Vernaculaire: se dit d'une appellation locale.

Vésicule: petit sac. (- vitelline: petit sac situé sous l'alevin, contenant des produits nutritifs dont il se nourrit

jusqu'à ce qu'il puisse absorber par la bouche la nourriture ambiante).

Zooplancton: plancton animal.

Liste des auteurs cités

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ILLUSTRATIONS

Crédit

ARRIGNON: 2a, 4, 5, 6, 8, 9, 10, 11, 12a, 12b, 14, 15a, 15b, 16a, 16b, 17a, 17b, 18a, 18b, 19, 20, 21, 22a, 22b, 23, 24, 25,26a, 26b, 27, 28, 29a, 29b, 30, 31, 32, 33, 34a, 34b, 35, 36, 37, 38a, 38b, 39a, 39b, 40, 41, 42, 43a, 43b, 44a, 44b.

BALLARIN J.D. et HALLER: 1.

COCHE A. et VAN DER WAL: 7, 13.

KIENER A.: 2b.

WOYNAROVITCH E.: 45, 46.

AGENCE DE COOPERATION CULTURELLE ET TECHNIQUE

L'Agence de Coopération Culturelle et Technique, organisation intergouvernementale, créée par le Traité de Niamey en mars

1970, rassemble des pays liés par l'usage commun de la langue française, à des fins de coopération dans les domaines de l'éducation, de la culture, de la communication, des sciences et des techniques, et plus généralement, dans tout ce qui concourt au développement de ses pays membres et au rapprochement des peuples.

Les activités de l'Agence dans les domaines de la coopération scientifique et technique pour le développement se groupent en cinq programmes:

- agriculture - environnement énergie - prospection et concertation en sciences et techniques pour ledéveloppement - information scientifique et technique

La vocation de l'Agence de favoriser les échanges, la circulation des hommes et des idées et la coopération au sein de la francophonie, fait que la constitution de réseaux et la diffusion de l'information ont toujours été des actions privilégiées.

Etats membres: Belgique, Bénin, Burkina Faso, Burundi, Cameroun Canada, République Centrafricaine, Comores, Congo, Côte d'Ivoire, Djibouti, Dominique, France, Gabon, Guinée, Guinée Equatoriale, Haïti, Laos, Liban, Luxembourg, Madagascar, Mali, Ile Maurice, Monaco, Niger Rwanda, Sénégal, Seychelles, Tchad, Togo, Tunisie, Vanuatu, Vietnam, Zaïre.

Etats associés: Egypte, Guinée-Bissau, Maroc, Mauritanie, Sainte-Lucie.

Gouvernements participants: Nouveau-Brunswick, Québec.

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