le piémont sud du djebel amour (atlas saharien, algérie), apport de la télédétection...
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UNIVERSITE DENIS DIDEROT – PARIS VII
THESE
Présentée par :
TAÏBI Aude Nuscia
Spécialité :
Géographie physique et télédétection
Sujet de thèse :
Le piémont sud du djebel Amour (Atlas saharien, Algérie), apport de la télédétection satellitaire à l’étude d’un milieu
en dégradation.
Pour obtenir le grade de :
Docteur de l’université Denis Diderot – Paris VII
Soutenue le 12 décembre 1997 devant le jury composé de : Mme DEWOLF Y. Directrice de thèse Professeur, Paris VII Mme COQUE B. Co-directrice de thèse Professeur, Paris VII Mme COUREL M.F. Rapporteur Directeur de recherche CNRS Mr CALLOT Y. Rapporteur Professeur, Tours Mme MERING C. Examinatrice Maître de conférences, Paris VII Mr ROGON P. Président du jury Professeur, Paris VI
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AVANT-PROPOS
Cette étude résultat de 5 années de travail a été menée à son terme grâce à de nombreux soutiens.
Ma reconnaissance va avant tout à Melle le professeur Y. DEWOLF dont les encouragements et les conseils m’ont été d’un précieux concours durant toute cette période. Qu’elle trouve ici l’hommage de ma profonde gratitude.
Je prie également Mme le professeur B. COQUE, qui a accepté de co-diriger mes recherches, d’accepter l’expression de mon hommage reconnaissant.
Je suis en outre très redevable à M. J.P. GILG qui m’a permis d’assister à ses enseignements à l’EHESS me donnant ainsi les bases techniques et conceptuelles de la télédétection, et donné accès au laboratoire de traitement d’images du CAMS (EHESS) puis PASTEL (Laboratoire de biogéographie, ENS St Cloud) qu’il dirige, pour le traitement de mes images.
I m’est également agréable de remercier Mr A. SIMONIN qui n’a pas ménagé son temps pour mettre à ma disposition les images satellites nécessaires.
Le concours de Mme H. GEROYANNIS et Mr B. JULIEN DE LA FERRIERE au CAMS puis au laboratoire PASTEL m’a souvent été essentiel dans le traitement de ces images.
Je tiens à exprimer ma reconnaissance particulière à Melle A. KEMMOUCHE et Mr J-F. PARROT pour leur collaboration dans le développement consacré à la chronologie des dayas.
Je ne saurais oublier, en Algérie, l’accueil chaleureux et l’aide des membres du laboratoire d’électronique de l’USTHB, spécialement Mr Y. SMARA et Mme A. BELHADJ-AÏSSA qui ont réalisé la réduction du speckle des images radar et le géocodage des images TM, et grâce à la bienveillance de Mr le professeur B. SENSAL.
Je suis par ailleurs très redevable à Mr le capitaine A. KESRAOUI de l’INC qui a mis à ma disposition les photographies aériennes du piémont.
Je tiens à remercier Mustapha pour son soutien de tous les jours et ses conseils et Marithé qui n’a, entre autre, jamais rechignée à endosser le rôle de chauffeur.
A Laghouat même, je tiens à remercier M. LAKHDARI et M. SOUDAKI pour leur aide lors de mes séjours, ainsi que Mr l’ingénieur B. BOUSSADIA de Brézina.
Que les membres du laboratoire de géographie physique de Meudon et du laboratoire de géographie physique de PARIS VII trouvent ici l’expression de ma gratitude pour leur soutien et attentions.
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Introduction
1. Le cadre spatial de l'étude.
Le piémont sud de l'Atlas saharien marque la limite entre l'Atlas proprement dit, au nord,
et le Sahara au sud. Le contact plus ou moins net entre ces deux domaines très différents, se fait
par l'intermédiaire d'un accident majeur; le grand accident sud-atlasique.
Figure A : Croquis de localisation de la zone d'étude.
Ce piémont constitue donc une zone de transition par excellence, du point de vue physique
et humain :
– zone de transition entre les structures plissées des chaînes atlasiques et les étendues
"monotones" des hamadas et le socle saharien,
– zone de transition climatique entre les hautes steppes arides et fraîches, l'Atlas semi-
aride froid et les espaces "saharien" arides du Grand Erg Occidental et la chebka du
M'zab,
– zone de transition humaine entre une zone nord fortement peuplée et une zone sud à
faible densité de population. Le piémont, originellement zone de transit des populations,
est devenu une zone de forte attractivité en liaison avec de nouvelles activités, …
Ce piémont est un espace inégalement connu et étudié. Les travaux relativement nombreux
sur le piémont des Aurès, à l'est, ou le piémont nord de l'Atlas, contrastent avec la rareté de ceux
réalisés sur le piémont sud du djebel Amour. Les recherches de Callot Y. (1987) se sont
attachées à la partie méridionale de ce piémont et essentiellement des monts des Ksours. Les
seules études spécifiquement attachées à cet espace sont celles de Estorges P. (1965), mais
restées incomplètes, et de Capot-Rey et Ville déjà fort anciennes (1937, 1939, 1941 et 1872).
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Ce milieu est pourtant intéressant à plus d'un titre. Non seulement pour ses caractéristiques
physiques, mais également en raison de la particularité de son occupation humaine et l'évolution
récente de son aménagement.
2. Le cadre conceptuel de l'étude
Cette étude qui s'intègre dans le cadre d'un accord programme franco-algérien1, a pour but
principal de mettre en évidence les processus de désertification sur ce piémont sud du djebel
Amour.
2.1. La désertification, un problème de définition.
Le terme désertification crée en 1949 par Aubreville, n'a été réellement conceptualisé que
dans les années 70.
Il a été définit par la Conférence des Nations Unies sur la Désertification (UNCOD) en 1977 :
"Desertification is the diminution or destruction of the biological potential of land, and can lead
ultimately to desert-like conditions."
Il a été redéfini plusieurs fois au cours du temps, et notamment par l'UNEP en relation avec
l'évolution de certaines techniques et du domaine scientifique en général, et car il s'est avéré que
cette définition était très insuffisante.
Selon la convention des Nations Unies de 1992, "le terme "désertification" désigne la
dégradation des terres dans les zones arides, semi-arides et subhumides sèches par suite de
divers facteurs, parmi lesquels les variations climatiques et les activités humaines".
Le principal élément nouveau correspond alors à l'accent mis sur l'impact humain, l'Homme en
tant que facteur de dégradation et non plus seulement comme "victime". Selon M. Mainguet
(1991), la désertification est "révélée" par la sécheresse mais causée par l'Homme.
La notion de désertification semble être devenue une notion simple aujourd'hui, pourtant,
elle reste très complexe, et cette apparence d'évidence entraîne parfois, lors d'études ou
recherches, des raccourcis dangereux.
Par ailleurs, ce terme de désertification, largement médiatisé lors des sécheresses des
dernières décennies, notamment au Sahel dans les années 70, a intégré beaucoup de
considérations catastrophistes.
En fait, la notion de désertification recouvre différentes réalités selon les auteurs, les lieux,
les époques. En général définie comme un processus, elle est parfois également utilisée pour
décrire le stade final d'un processus ou d'un ensemble de processus, l'ultime stade de la
1 Accord programme de coopération interuniversitaire algéro-française entre le laboratoire de traitement d'images de l'Institut d'électronique de l'USTHB (Alger) et le Laboratoire de géographie physique de l'Université Paris 7 (Paris) et en partenariat avec l'Institut National de Cartographie (Alger). L'accord programme est intitulé "Observatoire des changements du milieu naturel sur le piémont sud de l'Atlas saharien, en relation avec l'activité humaine et avec le support des données satellitaires".
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dégradation d'un milieu. Il s'agit alors d'un état irréversible. Or, nous verrons que sur ce piémont
cette irréversibilité n'est pas encore atteinte.
C'est donc la subjectivité du terme et sa relative imprécision, car souvent employé dans un
sens très général, qui nous a fait préférer la notion de "dégradation" du milieu.
Lorsque j'ai entrepris cette étude en 1992, elle devait porter sur les processus de
dégradation sur ce piémont à partir de travaux de terrain appuyés par des données satellitaires.
Il s'est rapidement avéré impossible d'assurer les campagnes de terrain. Le travail a donc été
réorienté vers une utilisation plus importante de la télédétection satellitaire pour mettre en place
un inventaire du milieu et définir les processus d'évolution du piémont.
On présentera dans une première partie la méthodologie générale établie pour ces
inventaires et suivis diachroniques et les types de traitements d'image utilisés pour en extraire
l'information désirée. Cet inventaire du milieu et de ces processus d'évolution est nécessaire pour
appréhender la spécificité des processus de dégradation de ce piémont et éviter l'application de
modèles d'aménagement généraux inadaptés.
La deuxième partie sera consacrée à la description des processus de dégradation visibles à l'aide
d'un suivi diachronique des images multidates et multicapteurs du piémont sur les 16 ans de la
dernière sécheresse de 1970 à 1986. Mais on y examinera également les processus de
dégradation plus anciens, marquant une évolution plus longue et sans lien avec les activités
humaines.
A échelle temporelle courte, la population est étroitement associée aux processus de dégradation
du milieu, comme "cause", comme victime mais également dans toutes les "étapes" de
développement de cette dégradation, et nécessairement comme acteur principal des "remèdes".
On a par conséquent tenté de montrer dans la troisième partie le rôle de l'homme et ses modes de
gestion du milieu dans le développement de ces processus de dégradation, en tentant de dégager
les variations locales entre l'est et l'ouest et selon le statut des "institutions" prenant en charge la
gestion du milieu.
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1. Les données terrain - Leur insuffisance
Les travaux de terrain qui devaient initialement constituer la base de cette étude ont dû
être annulés en raison de la situation actuelle en l'Algérie depuis 1993. Nous n'avons pu réaliser
que deux campagnes de terrain en décembre 1991 et juin 1993, où nous avons pu recueillir des
indications sur les états de surface notamment.
Ce manque d'informations terrain a été pallié par l'utilisation d'images satellites et de
photographies aériennes.
Toutes ces données, complétées par la bibliographie et les cartes, topographiques, géologiques
et du couvert végétal, nous ont permis de définir différentes unités géographiques.
1.1. Détermination des grandes unités régionales
1.1.1. Une unité : le piémont
Le piémont sud de l'Atlas Saharien constitue un vaste plateau culminant à plus de 1000
mètres en certains points au nord et s'infléchissant lentement vers la chebka du M'zab ou le
Grand Erg Occidental au sud. Ce plateau disséqué se décompose en une série de hamadas
encroûtées, déconnectées de l'Atlas en certains points, et s'appuyant encore sur ses derniers
chevrons ailleurs (cf. figure n° 1 et n°2).
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Il s'agit d'un piémont d'accumulation d'origine orogénique soumis à la présence d'une charnière
tectonique, le grand accident sud atlasique. L'Atlas à été soulevé, la zone sud-atlasique affaissée
autour de cet accident tectonique profond de première grandeur qui se décompose en surface en
accidents d'importance moindre. Ce bassin subsident, la fosse atlasique, à été comblé par des
matériaux détritiques continentaux tertiaires et quaternaires provenant du démantèlement de
l'Atlas. De la masse de ces sédiments tertiaires émergent des crêts culminants à 1206 m
d'altitude.
Les matériaux détritiques atteignant jusqu'à 1000m de puissance, se sont mis en place en
plusieurs séquences de sédimentation séparées de phases d'érosion (cf. figure n°3).
Trois séries se distinguent dans le Tertiaire, séparées par des surfaces de discordance plus ou
moins importantes.
Figure n° 3 : Coupe stratigraphique synthétique du Tertiaire
D'après Notice carte géologique de Brézina
Le comblement débute par le dépôt de matériaux détritiques argilo-sableux avec quelques lits
de calcaire lacustre et du gypse du Tertiaire continental I selon la terminologie de P. Estorges
(formation d'El Kohol de M. Mahboubi) par des écoulements provenant du nord.
M. Mahboubi (1983) a daté la base de cette série de l'Eocène inférieur à El Kohol (localisation
à proximité de Brézina), où il décrit dans cette formation un membre de transition gypso-
marneux (5 à 60 mètres), surmonté par un membre détritique inférieur (45 mètres), un membre
calcareux intermédiaire (65 mètres) et un membre détritique supérieur (0 à 300 mètres).
Suit un vaste aplanissement qui a tronqué ces formations ainsi que le Crétacé, mais qui est resté
très imparfait comme l'attestent les nombreux crêts qui interrompent cette surface.
C'est après le dépôt de cette première formation que se localisent les premières déformations de
l'Atlas, déterminant le dépôt des formations du Tertiaire continental II plus grossièrement
détritiques (Terrain des gours de M. Mahboubi) qui ont recouvert la surface d'aplanissement.
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Cette phase débute par le dépôt de formations détritiques secondairement cimentées, formant
une dalle de conglomérat démantelée dans un deuxième temps (ceci expliquant peut être sa
discontinuité dans l'espace). Elle est suivie par la mise en place d'argiles sableuses rouges
auxquelles P. Estorges proposait un âge Eocène supérieur - Oligocène sans certitude étant
donné la faible représentation en faune ou flore (uniquement des Gastéropodes d'eau douce et
des Characées).
M. Mahboubi à El Kohol attribue à cette formation de 70 à 80 mètres une possibilité d'âge
Miocène.
Corrélativement, une topographie de vallée et glacis est façonnée, fossilisée par la suite par la
formation fortement discordante (discordance angulaire et ravinante) des hamadas de M.
Mahboubi ou dalle hamadienne de P. Estorges, très vivement colorée en rouge.
P. Estorges attribue deux types de terrain à cette dernière formation : des terrains sédimentaires
détritiques à la base, conglomératiques le plus souvent, d'une vingtaine de mètres d'épaisseur en
moyenne en amont, augmentant progressivement d'épaisseur vers le sud-sud-est, mais qui ne
sont pas toujours présents, et des niveaux plus fins, de plus en plus carbonatés vers le haut,
finissant par une croûte calcaire.
L'évolution postérieure a vu le développement de différents niveaux de glacis et terrasses avec
encroûtement et croûtes calcaires en trois séquences successives.
La région a évolué en conditions arides après la mise en place des hamadas (Conrad 1969),
déterminant la formation du "premier Grand Erg Occidental". Une phase plus humide a suivi
déterminant une érosion fluviatile au sud des hamadas, entraînant l'encaissement des oueds.
C'est à ce moment que l'encroûtement a moulé les surfaces, fossilisant la topographie.
1.1.1.1. Les glacis et terrasses
P. Estorges a distingué quatre niveaux de glacis sur ce piémont. Leur datation, définie
selon la chronologie marocaine, est basée sur différents indicateurs altimétriques,
morphologiques et sédimentologiques.
Ces glacis d'ablation couverts par des formations caillouteuses peu épaisses encroûtées passent
en général à des terrasses.
Le glacis le plus ancien, "Moulouyen" (Quaternaire ancien) à dépôts caillouteux
rares est couvert d'une croûte calcaire de 3 m d'épaisseur en amont, dont le faciès permet
d'attribuer ce glacis à l'étage moulouyen de la chronologie marocaine. Elle est composée
d'horizons noduleux et pulvérulents contenant des poches de sables rouges et des granules
ferrugineuses à la base, et de dalles (carapace) résistantes dans la partie supérieure,
enrobées par une croûte zonaire épaisse.
Ces glacis aboutissent à une terrasse d'altitude relative atteignant jusqu'à 60 à 80 m, dont
les galets sont emballés dans une matrice calcaire pulvérulente.
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Le Quaternaire moyen est marqué par deux glacis passant à deux niveaux de
terrasses.
Le premier glacis (récent) du Quaternaire moyen est couvert d'une formation caillouteuse
fortement encroûtée passant à une terrasse à galets bien roulés d'altitude relative de l'ordre
de 25 m.
Au pied des crêtes calcaires, les débris de couverture sont des plaquettes de calcaires en
lits discontinus alternant avec des passées sablo-argileuses. Les débris s'amenuisent et
s'émoussent vers l'aval.
Ce glacis présente une véritable croûte lorsque le démantèlement n'a pas été trop intense.
Le deuxième glacis du Quaternaire moyen, moins étendu, se raccorde à une terrasse très
érodée dont certains fragments peuvent atteindre 40 m d'altitude relative.
Les débris de couverture ne présentent pas de plaquettes, mais sont moins façonnés et
arrondis. On retrouve les mêmes caractères d'encroûtement ou de croûte, quand elle
existe, que sur le niveau précédent.
Le glacis le plus récent (Quaternaire récent), "Soltanien", est taillé en général dans
la roche en place, ou s'est développé parfois, au voisinage des grands oueds, sur un
remblaiement fin à cailloutis épars.
A proximité des oueds, la couverture du glacis (1 m) essentiellement caillouteuse, passe à
une terrasse de galets bien roulés, d'une hauteur relative de 5 à 10 m.
En contrebas des crêts turoniens, la couverture de ces glacis est composée de débris sous
forme de plaquettes calcaires anguleuses.
Au pied des chaînons importants, ces glacis passent à des cônes rocheux couverts de gros
débris anguleux.
La couverture de débris et la terrasse sont encroûtés par un ciment calcaire dont la
cohésion diminue aux approches des reliefs.
Quand la couverture devient plus fine et sableuse, l'encroûtement devient une véritable
croûte avec calcaire pulvérulent blanc et petite dalle de croûte zonaire sommitale.
Il existe également un niveau de terrasse plus récent, la basse terrasse "Rharbienne",
le long de tous les talwegs. Elle débute parfois par une sédimentation sableuse, et elle se
termine toujours par une nappe de galets. On la trouve surtout au débouché des grands
oueds, notamment à Et Tai en amont de la dayet El Anz (au sud de Brézina).
Une datation sur charbon d'un foyer néolithique de ce niveau de terrasse a donné 2400
±105 B.P.. (Alger 54, Estorges P. et Guillemot, notice carte géologique de Brézina))
Ces quatre niveaux de glacis attestent de plusieurs phases climatiques déterminant le
façonnement de ces topographies étagées. La taille des galets et l'extension des épandages des
deux premiers niveaux indiquent deux périodes à écoulements et humidité plus accentuée que
la dernière plus froide semble-t-il. Une phase aride se situe semble-t-il à la fin de la période
soltanienne.
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1.1.1.2. Les croûtes calcaires et encroûtements
Les croûtes calcaires présentées précédemment de manière générique, se présentent sous
trois faciès principaux sur ce piémont; tuffeux, en dalle, zonaire, souvent associés dans des
séquences verticales qui se présentent en surface sous la forme d'une dalle crevassée en
plaques.
Ces croûtes calcaires sont un élément incontournable de ce piémont, elles fossilisent la presque
totalité des reliefs, en dehors des zones alluviales récentes et des affleurements rocheux.
Rapportées au Villafranchien, elles se sont formées en trois séquences correspondant à trois
phases distinctes séparées par des périodes d'érosion.
P. Estorges (1959) décrit une coupe qui, selon lui, a l'avantage de résumer tous les aspects
des différentes croûtes observables sur ce piémont.
Observée à proximité de la route Laghouat - Tilrhemt, la coupe d'à peu près trois mètres de
hauteur montrait les niveaux suivants (cf. figure n°4):
Figure n° 4 : Coupe type dans une croûte calcaire d'environ 3m d'épaisseur (Bou Trekfine)
3 m
ètre
s
Croûte à dragées avec conduit de percolation bouché
Nodules calcaires et boulettes d'argile
Argile sableuse rouge + concrétions calcaires
Croûte zonaire grise
Dalle de calcaire gris
Horizon pulvérulent + horizon noduleux
Croûte zonaire blanche
Horizon pulvérulent contenant des débris de croûtes plus anciennes
D'après P. Estorges 1959
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- "Au sommet de la falaise, le sol de sable et d'argile contient des éclats de la
grandeur de la main, épais de 2 à 3 cm environ dont la cassure gris foncé révèle une
structure rubanée.
- Des plaques de structure analogue adhèrent encore, et souvent largement, à une couche
de même couleur, mais zonée, plus massive et plus dure (10 à 20 cm). Cette dalle
crevassée en surface, peu épaisse est le premier horizon continu que nous rencontrons.
C'est la croûte zonaire.
- Au dessous apparaît sur une trentaine de centimètres de profondeur, une couche
blanche, friable et poudreuse (calcaire lacustre pulvérulent). croûte tuffeuse.
- On passe ensuite à un horizon noduleux de cinquante centimètres d'épaisseur. Il s'agit de
nodules blancs, de la grosseur d'une bille, plus ou moins ronds, assez durs et mêlés à une
poudre blanchâtre qui ressemble beaucoup à celle du niveau supérieur.
- Puis se présente un élément beaucoup plus important: une dalle d'un mètre d'épaisseur.
L'aspect extérieur est scoriacé, la couleur brun foncé passe parfois au violet. La cassure
montre que cette roche est en réalité plus claire, et qu'elle est formée de nodules beige
foncé pris dans un ciment moins sombre. C'est la croûte à dragées (calcaire lacustre).
- Elle repose sur un nouvel horizon noduleux où nous trouvons des nodules blanchâtres
un peu plus gros et de forme plus allongée que ceux du premier niveau noduleux
(dolomie bien cristallisée). Entre les nodules, des boulettes d'argile rouge aux formes
irrégulières qui, lorsqu'on les détache de la paroi, entraînent avec elles les nodules
blanchâtres ou conservent leur empreinte en creux. Ce dernier niveau à plus d'un mètre
d'épaisseur mais sa limite inférieure est assez difficile à fixer. Sur une assez grande
profondeur, le faciès normal de la couche d'argile qu'il surmonte semble avoir été modifié
à son contact. En effet des traînées blanchâtres qui s'enfoncent comme des racines et des
concrétions de la grosseur d'un poing, tranchent sur la couleur rouge de l'horizon argileux;
et si l'on examine attentivement une motte d'argile, on constate la présence dans sa masse
d'un réseau très dense de petites veinules blanches".
Ailleurs, cette succession n'existe plus, détruite par l'érosion. On observe alors sur le
soubassement argileux, un niveau blanc et poudreux d'une cinquantaine de centimètres
d'épaisseur contenant pêle-mêle des débris des différents niveaux observés dans la coupe
précédente. Le tout est recouvert par des plaques de 1 à 2 centimètres d'épaisseur, assez
résistantes, blanches à structure zonée.
Y. Callot (1987) décrit, de haut en bas, les formations de surface de ces hamadas d'après
une coupe levée à proximité d'El Abiod Sidi Cheikh (à l'ouest de la zone d'étude),
représentative des hamadas septentrionales :
- "Un niveau de blocs durs épars, épais de quelques cm,
- Une dalle épaisse de 5 à 6 cm, très dure, disjointe, parfois zonée, formant la couche
protectrice des surfaces hamadiennes,
- Un niveau crayeux (épaisseur. 25 cm), moyennement dur,
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- Un niveau lamellaire (épaisseur. 20 à 25 cm),
- Un niveau peu résistant, d'aspect scoriacé, à nodules carbonatés, qui peuvent faire partie
de la roche mère (Formations des Hamadas ?). Son épaisseur est d'au moins 1m."
Dans la région de Laghouat, nous avons observé deux coupes sur le bord d'une daya où à
la faveur d'une "carrière" la croûte calcaire apparaît, présentant plus ou moins la succession de
niveaux décrits par P. Estorges (cf. photo n° 1 et 2).
D'une épaisseur de 3 m et plus, elles présentent de manière générale de haut en bas;
une croûte zonaire grise dure de quelques cm d'épaisseur, un niveau tuffeux (20 à 40 cm)
plus ou moins dur et pollué par de l'argile ocre, un niveau plus épais (70 cm) tuffeux vient
ensuite, soit mélangé à de l'argile auquel cas le niveau suivant (70 cm) voit la proportion
d'argile augmenter par rapport à la formation tuffeuse, soit emballant de petits galets,
auquel cas il est sous tendu par une formation tuffeuse (1m) très claire non polluée par les
boulettes d'argiles observées sur d'autres coupes.
Ces trois formations principales observées dans la première coupe ne sont pas présentes
sur tout le piémont. La première formation calcaire pulvérulente et la croûte zonaire blanche se
localisent sur les versants des vallées et dans les dayas.
On retrouve ce "niveau" de croûte calcaire le plus récent au fond des dayas, masqué par
un colmatage sablo-limoneux. Une coupe de 5m de hauteur a pu être observée dans une daya
peu profonde à bords doux, cultivée et sans arbre à l'est de Tadjerouna (cf. figure n°5).
Figure n° 5 : Coupe dans les formations colmatant une daya peu profonde
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Elle révèle sous le "sol" limoneux colmatant le fond de la daya, une succession de formations
de plus en plus sableuses vers le bas et limoneuses vers le haut, et surmontées par une croûte
tuffeuse de près d'un mètre d'épaisseur (première croûte calcaire).
La deuxième formation noduleuse occupe la plus grande superficie, elle affleure de la
bordure nord jusqu'à la bordure sud du piémont, à l'exception semble-t-il du fond des dayas.
La troisième formation, la dalle marron (croûte à dragées) très démantelée, a dû recouvrir
toute la surface du piémont.
1.1.2. Deux unités nord et sud
Le piémont sud de l'Atlas Saharien présente une nette organisation nord-sud, déterminée
par l'existence du grand accident sud atlasique au pied de l'Atlas. Cet accident sud atlasique, qui
s'étend d'Agadir au Maroc jusqu'au golfe de Gabès en Tunisie, est un accident profond se
décomposant en surface en accidents d'importance moindre.
Cette différentiation permet de distinguer la partie septentrionale dite "piémont proche" à
structure définie par le grand accident sud atlasique, et le piémont méridional, domaine des
hamadas, mais individualise également deux unités situées grossièrement de part et d'autre de
l'oued Méhaïguène.
1.1.2.1. Le piémont septentrional dit "piémont proche"
L'accident sud atlasique détermine une large bande tectonisée formée d'une série de
flexures et de failles se relayant d'ouest en est, dont le rejet peut être supérieur à 2000 mètres, et
dont la résultante est un abaissement général du Sahara par rapport à l'Atlas Saharien.
Le grand accident sud atlasique, n'est pas un accident unique : dans la zone étudiée, trois failles
se succèdent d'ouest en est déterminant deux compartiments affaissés au sud-ouest et se
relevant au nord-est, faisant ainsi affleurer les terrains crétacés sur le piémont, avec les
formations tertiaires et quaternaires. Ces failles correspondent d'ouest en est à la faille du djebel
Messied, interrompue à l'extrémité de ce djebel, celle d'El Maïa, s'interrompant à la hauteur d'El
Haouita, et plus au sud, une troisième faille masquée dans la région de la hamada de Ras ech
Ch'aab et marquant la limite sud de l'Atlas au niveau de Laghouat (cf figure n°6).
Selon Menchikoff (1930) qui a étudié cet accident dans le sud marocain, il existerait en tant que
limite sédimentaire depuis le Primaire.
En certains secteurs, ce grand accident tectonique marque le passage de l'Atlas Saharien à
son piémont méridional, mais il disparaît en d'autres points, remplacé par un contact étendu
entre l'Atlas et son piémont.
Cet accident détermine une grande complexité morphologique et le réaménagement d'une partie
des écoulements de cette zone septentrionale.
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L'oued M'zi (et l'oued Messaad un de ses affluent) a modifié son cours vers l'est, après un
parcours atlasique nord-ouest/sud-est, en adaptation à la fosse sud-aurasienne niveau de base
lointain.
Il existe également une zone d'effondrement dans la région de Brezina, plus marquée mais
moins complexe que celle des chotts Sud - aurasiens. L'oued Seggueur conserve au sud de
Brézina ses écoulements nord-ouest/sud-est.
L'inscription de l'oued Messaad, à l'ouest, a dégagé une vaste dépression allongée de l'ouest-
sud-ouest à l'est-nord-est, déconnectant les hamadas sud de l'Atlas. Elles ne subsistent plus que
sous forme de lambeaux et buttes témoins.
L'oued Seggueur a, lui, défini une dépression grossièrement triangulaire, pointe au sud, où les
hamadas correspondent à une surface d'érosion dérivant d'un niveau plus élevé, "la haute
surface". Là encore, elles ne sont plus en contact avec l'Atlas.
Entre ces deux dépressions, les hamadas semblent encore directement appuyées sur les
derniers contreforts de l'Atlas Saharien. Une surface à topographie plane de 15 à 20 km de
largeur, s'étire sur environ 70 km à l'est de Brézina, du sud-ouest vers l'oued Melah -
Méhaïguène au nord-est. Ce vaste synclinal crétacé remblayé par des formations continentales
tertiaires, est limité au nord par les crêts Msakna, El Alia Messied et Zeg, et au sud par les crêts
Oumm el Meradjem, El Ouessa. La limite ouest est définie par un talus abrupt d'une dénivelée
de 40 à 50 m. Par contre, à l'est, la limite est plus progressive, entre l'oued Oglat Trifa et l'oued
Melah - Méhaïguène (cf. figure n°7).
Ce synclinal marqué par un réseau hydrographique moribond correspond à un "bloc"
apparemment soulevé par rapport aux hamadas sud, mais également par rapport à l'Atlas, le
long d'une charnière définie par les djebels Msakna, El Alia Messied et Zeg.
Cette première unité qui s'étend sur 20 à 40 km à partir de l'Atlas qui la limite au nord,
dite "piémont-proche" par Y. Callot, est marquée par des glacis d'ablation étagés (ou emboîtés
?), le plus spectaculaire par sa taille étant celui de Foum Redad au sud-ouest de Aïn Madhi.
1.1.2.2. Le piémont stricto-sensu, domaine des hamadas
La deuxième unité, au sud de la première, s'étend sous forme de plateaux à très faibles
pentes (en moyenne 0,25%) sur 100 km jusqu'au Grand Erg Occidental à l'ouest de l'oued
Méhaïguène, et limités par la chebka du M'zab à l'est. Ces plateaux culminant à 949 m au nord,
atteignent 700-750 m au sud, et 550-600 m au niveau de l'Erg Occidental. Ils sont découpés par
le réseau hydrographique sous forme de hamadas plus ou moins massives.
C'est le domaine des hamadas fossilisées par des croûtes calcaires.
On peut, de même que dans le piémont septentrional, définir globalement deux unités
distinctes.
20
A l'est de l'oued Méhaïguène, les hamadas, limitées au nord par la dépression de l'oued
Messaad par l'intermédiaire d'un kreb abrupt, s'abaissent jusqu'à la Chebka du M'zab au sud-est
(elles atteignent 730m à l'ouest de Tilhremt).
C'est le réseau hydrographique qui en définit l'originalité. La hamada est piquetée
d'innombrables petites dépressions qui ont donné à cette région son nom de "région des dayas".
Par ailleurs, les oueds peu nombreux à bassin versant exclusivement hamadien, de direction
générale nord-nord-ouest/sud-sud-est sans modification d'orientation notable, sont étroits, peu
encaissés, à l'exception de quelques tronçons, et souvent discontinus. Ils se perdent au milieu de
petites dayas après un parcours d'une cinquantaine de kilomètres, sans atteindre le talus de la
chebka du M'zab.
Certains de ces cours d'eau correspondent aux chenaux abandonnés de l'oued Mehaïguène qui
coule aujourd'hui plus à l'est.
La zone située à l'ouest de l'oued Méhaïguène, à l'aplomb du synclinal soulevé à l'est de
Brézina, porte relativement peu de dayas (mais lorsqu'elles existent, elles sont de taille assez
importante), mais comprend un réseau hydrographique beaucoup plus important et mieux
organisé. Ces oueds sub-parallèles de direction générale nord-ouest/sud-est à l'amont,
s'incurvent progressivement nord-nord-ouest/sud-sud-est vers l'aval, convergeant vers la
digitation la plus septentrionale du Grand Erg Occidental (erg El Annagueur). Assez fortement
encaissés dans leur section moyenne et aval, ils le sont relativement peu à l'amont. Ils prennent
leur source exclusivement sur la hamada — à l'exception de l'oued Oglat Trifa— comme dans
l'unité est.
C'est donc, à l'amont, dans les différentes unités de ce piémont méridional, la
déconnexion du réseau hydrographique des apports atlasiques qui détermine son évolution ainsi
que celle des hamadas sur lesquelles ils coulent.
La plus grande désorganisation du réseau à l'est de l'oued Méhaïguène est due à une
déconnexion plus ancienne qu'à l'ouest où le soulèvement du compartiment nord peut être daté
du Quaternaire récent au regard de l'extension importante des formations du Quaternaire moyen
et ancien, et au contraire extrêmement réduite du Quaternaire récent. Après le Quaternaire
moyen, la plupart des écoulements détournés vers l'est et l'ouest n'ont plus affecté ce synclinal,
d'où la très bonne conservation des surfaces anciennes.
L'oued Méhaïguène marque une limite très grossière entre les deux espaces ainsi
différenciés. La partie sud-est de l'unité occidentale, région très plane, est, par contre peu
disséquée par des oueds très étroits et peu encaissés qui se perdent dans une multitude de
petites dayas, s'apparentant à la zone est.
Cette zone ouest est également caractérisée par des formes éoliennes attestant d'une dynamique
ancienne, alors que l'est en est quasiment dépourvu, même si cette dynamique y a joué un rôle
non négligeable comme nous le verrons dans la deuxième partie.
21
2. Méthodologie d'étude de la dégradation du milieu basée sur l'utilisation d'images satellite
L'outil de télédétection a été utilisé selon deux modalités : l'inventaire du milieu à une
date (1-1-1989) avec réalisation de cartes thématiques, et le suivi sur plusieurs dates de
l'évolution du milieu, l'analyse diachronique de certains thèmes plus particulièrement.
2.1. Choix de fenêtres-images
2.1.1. Des fenêtres-images représentatives des différents "géosystèmes" du
piémont
La diversité des unités géographiques de ce piémont justifie l'inutilité d'un traitement des
scènes image totales, car la diversité du piémont entraînerait des confusions spectrales
importantes.
De plus, le nombre important d'images (de dates) impliquerait une masse de données à traiter
très importante, nécessitant des temps de traitement relativement lourds. C'est pourquoi nous
n'avons travaillé que sur des fenêtres représentatives des différents géosystèmes de ce milieu.
Elles ont été choisies à partir des caractéristiques morphodynamiques décrites ci-dessus.
Chacune est représentative des dynamiques, des formes et des différentes unités du terrain.
Cinq fenêtres ont été retenues (cf. figure n°8); trois localisées dans le piémont proche (les n° 3,
4 et 5), une au contact piémont proche - hamadas (n° 2), et celle de la dayet El Anz qui reste
spécifique (n°1).
Aucune n'a été retenue sur la zone atlasique proprement dite, car elle introduirait une
"hétérogénéité topographique" qui compliquerait l'analyse des résultats des traitements des
images.
Les fenêtres ne couvrent pas non plus les zones sud des hamadas, mais essentiellement la partie
septentrionale du piémont car les zones méridionales sont relativement peu intéressantes dans
le cadre de notre problématique. En effet, peu peuplée ou seulement par une population en
transit, elle est également trop sèche (précipitations moyennes annuelles de 100 mm et moins)
pour offrir un tapis végétal suffisant. On n'y observera donc pas de phénomènes de dégradation
anthropiques développés comme dans la zone nord.
Ces fenêtres-images ont été choisies de taille moyenne inférieure à 2000 x 2000 pixels, soit des
surfaces de l'ordre de 3600 km2 pour les plus grandes.
Chacune des fenêtre a été traitée selon un schéma méthodologique identique dans ses grandes
lignes, mais variable dans le détail, en fonction des caractéristiques locales de chacune.
23
2.1.1.1. La fenêtre de Brezina (n°1)
La zone de la dayet El Anz (au sud de Brézina) à été choisie comme site test (cf. figure
n°9 et 10), car correspondant à un milieu très particulier où interagissent les dynamiques
fluviale et éolienne, elle est l'objet d'un vaste projet de mise en valeur agricole qui risque de
détruire son équilibre naturel de fonctionnement.
Cette fenêtre est centrée sur la dayet El Anz, vaste dépression très allongée – environ 17 km de
longueur et 2 à 5 km de largeur – qui s'étire du nord-ouest au sud-est. Elle est limitée par des
pentes douces relativement peu marquées qui rendent difficiles parfois sa délimitation stricte.
L'oued Seggueur, nommé oued El Mouilah à l'amont de Brezina, qui prend sa source dans
l'Atlas, vient se perdre dans la dayet en multiples chenaux peu profonds. Oued atlasique, il est
marqué par une vingtaine de crues par an qui n'atteignent pas régulièrement la dayet El Anz. La
dayet, remblayée d'une forte épaisseur (jusqu'à 30 - 35 m) d'alluvions constitue un milieu riche,
mis en culture chaque année en irrigué à partir de puits.
En aval de la dayet, tous les chenaux se regroupent en un seul talweg qui s'encaisse de 50 à 80
m dans les hamadas après la "jonction" avec l'oued Zebboudj, petit affluent de rive droite.
La hamada, sous-tendue par des sables argileux rouges, localement chargés en conglomérats
rapportés au Mio-Pliocène, se dédouble en deux (voire plusieurs) niveaux. Le niveau le plus
élevé correspond à la surface même du Tertiaire continental. Cette surface structurale dont on
trouve la racine sur les versants de l'Atlas, ne subsiste plus au sud de l'Atlas que sous forme de
buttes (gour Khounifer).
Cette surface à été très fortement démantelée dans cette zone, donnant naissance à plusieurs
niveaux d'érosion étagés. Quelques lambeaux de la première surface d'érosion du Quaternaire
ancien subsistent encore sous forme de buttes également ; gour Dahrania et Bent Krass
culminant à 926m.
Les gour Sidi el Hadj, et Haouss témoignent d'un deuxième replat d'érosion inférieur en
contrebas du précédent, daté du Quaternaire moyen.
Le niveau le plus étendu correspond au deuxième niveau de hamada, d'altitude moyenne de 850
à 900 m, en contrebas des buttes. Surface d'érosion récente, elle est fossilisée par une croûte
calcaire souvent démantelée en un reg d'éclatement.
Cette surface d'érosion est dominée par des crêts inscrits dans les formations éocènes et
tertiaires culminant à 1015 m au djebel Kohol.
Au débouché dans la dayet el Anz, l'oued Seggueur a édifié deux séries de terrasses à Et Taï. La
basse terrasse, "Rharbienne" (Quaternaire récent), est constituée de nappes de galets libres dans
sa partie supérieure. Elle s'emboîte dans un niveau ancien, "Soltanien", encroûté.
La dynamique éolienne a fortement marqué le paysage, déterminant une importante diversité
des formes et formations sableuses.
26
On distingue des dunes longitudinales plus ou moins végétalisées au nord-ouest et sud-est de la
dayet El Anz, des aklés, des surfaces sableuses épaisses fixées par la végétation, des dunes
vives et des voiles sableux plus ou moins épais.
La région est relativement peuplée avec, au nord, la localité de Brézina, chef lieu de daïra et la
zaouïa de Si Hadj Eddine habitée en permanence. C'est une zone de cultures, pâturages et
transit important.
Cette fenêtre-test est couverte par la scène Landsat 5 Thematic Mapper du 1-1-1989.
2.1.1.2. La fenêtre de Ras ech Ch'aab dite "des dayas" (n°2)
Cette zone, dite de Ras ech Ch'aab, située au sud-sud-ouest du village d'El Haouita, est
caractérisée par deux unités différenciées par un réseau hydrographique spécifique (cf figure
n°11):
Une première unité, nord, centrée sur l'oued Messaad d'orientation ouest-sud-ouest/est-
nord-est, drainant tout un chevelu d'oueds secondaires qui ont complètement démantelé la
hamada dans cette zone, provoquant ainsi son recul, et ne laissant subsister que quelques
lambeaux et buttes résiduelles.
Ces buttes résiduelles présentent une inclinaison marquée vers le sud-est, elles semblent se
redresser au nord-ouest.
La deuxième unité, sud, composée du plateau de Ras ech Ch'aab, est séparée de la
première par une falaise abrupte, d'une dizaine de mètres de dénivelée en certains points,
d'orientation générale nord-ouest/sud-est. Très marqué et massif dans cette zone, ce kreb
limitant le plateau, disparaît progressivement vers le nord-ouest, et présente un tracé beaucoup
plus complexe vers le sud-est.
Il s'agit en fait d'une ligne de hauteurs (culminant à 949 m) et de partage des eaux, avec un pan
nord court incliné vers le nord, drainant de petits oueds très courts vers l'oued Messaad et M'zi,
et un pan plus important s'abaissant vers le sud-est (de 987 m au nord-ouest à 900 m au sud-
est), légèrement incisé par quelques oueds discontinus peu encaissés qui vont se perdre dans les
dayas. La hamada est interrompue au sud-sud-ouest par l'inscription d'une série de vastes dayas
plus ou moins alignées selon une orientation nord-ouest/sud-est.
La terminaison nord de la hamada est sous tendue par les formations continentales pliocènes et
quaternaires du "terrain des gours" constituées d'alternance de grès, sables et conglomérats mal
cimentés, traversés de bancs dolomitiques ou gypseux et fossilisées par une croûte calcaire
généralisée (démantelée, cette croûte se rencontre beaucoup plus rarement dans l'unité nord).
Ce plateau est piqueté d'innombrables petites dayas où se concentre une végétation arborée et
arbustive caractéristique, composée de l'association Pistachier atlantique et Jujubier.
L'activité éolienne s'exprime ici par des accumulations sableuses plus ou moins diffuses que
l'on rencontre au sud et à l'est de cette zone, piégées dans les dépressions de l'oued Messaad et
des dayas.
28
De nombreux nomades et semi-nomades s'installent périodiquement dans cette zone
(notamment au nord) relativement fournie en points d'eau plus ou moins permanents, et riche
en dayas fournissant un fourrage apprécié.
Cette fenêtre est couverte par la scène Landsat Thematic Mapper du 1-1-1989, l'image Landsat
2 MSS du 07-05-1977, et une partie des scènes radar ERS 1.
2.1.1.3. La fenêtre de Laghouat (n°3)
Cette fenêtre coïncide avec une zone de contact large entre l'Atlas saharien et son piémont
sud, qui est à relier au dédoublement de l'accident sud atlasique (cf figure n°12). Ce contact
complexe est interrompu par les crêts plus ou moins démantelés (djebel Ahmar au sud-est
culminant à 883m d'altitude et djebel Oum Deloua au nord-ouest s'élevant jusqu'à 1023m
d'altitude) d'un synclinal perché émergeant des formations détritiques quaternaires et tertiaires
des hamadas largement encroûtées par une dalle calcaire dite "Moulouyenne" au sud-est. Ces
crêtes turoniennes à corniche calcaire massive, s'élèvent au dessus de versants "raides" inscrits
dans les formations à dominante marneuse du Cénomanien plus ou moins chargées en gypse, et
marneuse (vertes ou jaunes) à intercalations calcaires ou dolomitiques minces de l'Albien
supérieur pour le djebel Kheneg, et dans le Sénonien pour le djebel Oum Deloua.
A la base des revers de ces crêts (versant Nord-Ouest du djebel Oum Deloua notamment)
s'étalent des glacis d'ablation (couverts ?) jusqu'aux barres calcaires subverticales du
Portlandien -Berriasien longeant l'oued.
Ces crêts sont recoupés transversalement par l'oued M'zi d'orientation générale nord-ouest/sud-
est, qui prend sa source dans l'Atlas saharien à 1594m d'altitude, et draine des oueds à bassin
versant local hamadien : l'oued Bel Harroug et l'oued Messaad. La plaine alluviale de cet oued,
très large au niveau de Laghouat, est couverte d'un matériel sablo-limoneux.
Dans ce cadre général s'insère la ville de Laghouat et ses jardins au sud-est, ainsi qu'un champ
de dunes (Bled el Hirane) circonscrit par l'oued M'zi et le djebel Ahmar. La ville de Laghouat
chef lieu de wilaya, ramassée en deux lobes de part et d'autre du kef Tizegrarim (rocher des
chiens) sur la rive droite de l'oued M'zi, en cours de densification "intra-muros", développe
jardins et cultures irriguées vers le sud-est dans les dayas Gueblia, Beïda et Gharbia.
Le coin nord-ouest, atlasique, est spectralement très différencié, marqué par des barres et
"ressauts" inscrits dans les formations calcaréo-gréseuses du Kimméridgien.
La fenêtre de Laghouat est couverte par les images Landsat 5 Thematic Mapper du 1-1-1989,
Landsat 2 MSS du 07-05-1977 et SAR ERS-1 (12-10-92, 28-10-92, 01-11-93, et 17-11-93).
30
2.1.1.4. La fenêtre de Ain Madhi - El Haouita (n°4)
Cette fenêtre-image correspond à une zone de transition entre l'Atlas saharien et le
piémont stricto-sensu (cf. figure n°13). Elle présente deux unités, nord-ouest et sud-est
(respectivement zone de transition et piémont), très différenciées spectralement.
Le coin nord-ouest est dominé par des formes structurales atlasiques (barres rocheuses, ...),
mais s'y développe également la partie aval d'un vaste glacis d'ablation conique, le glacis du
Foum Redad du Quaternaire moyen, couvert d'une nappe de galets hétérométriques cimentés
peu épaisse , et surmontée d'une croûte calcaire.
La zone sud-est est dominée par les formations tertiaires des hamadas, d'où émerge le synclinal
perché crétacé d'El Haouita, dernier synclinal de l'Atlas. Il est bordé par des crêts (d'altitude
moyenne supérieure à 1000m, et culminant à 1182m à l'extrémité est du crêt nord) inscrits dans
les marnes-calcaires du Cénomano-Turonien, la combe s'inscrivant dans les grès de l'Albien-
Barrémien, et laissant apparaître les formations sablo-argileuses rougeâtres du Tertiaire
continental déblayées par les oueds, et des pointements diapiriques rapportés au Trias. Les
versants externes du synclinal, raides et concaves, sont couverts d'éboulis récents provenant de
la corniche turonienne, et interrompus par des ressauts inscrits dans le Cenomanien. Ils se
prolongent par de petits glacis de revers couverts de débris s'amenuisant et s'émoussant vers
l'aval.
Une source émerge dans le lit de l'oued El Haouita au niveau de la cluse, permettant un
écoulement pérenne sur à peu près 1 km. On trouve alors une végétation assez dense de lauriers
et joncs contre lesquels s'accumule une nappe de sable de plus de 1 km de long. Il existe
également une deuxième résurgence à proximité du village.
Le village de Aïn Madhi, dans le coin nord-ouest, dispose également de ressources
hydrauliques relativement importantes qui permettent l'irrigation de jardins assez étendus
autour du ksar, siège de la puissante zaouïa Tidjania.
Le réseau hydrographique principal s'organise selon deux orientations principales. Le chebket
el Guernina coule d'ouest en est et rejoint l'oued Mekhabets d'orientation sud-ouest / nord-est,
conforme en cela aux directions générales de la structure plissée.
L'oued El Haouita au bassin versant circonscrit à la dakhlet el Haouita, coule par contre vers le
sud-est, dans le sens de la plus grande pente.
Cette fenêtre est couverte par les images Landsat 5 Thematic Mapper du 1-1-1989, SPOT du
23-2-1986, Landsat 2 MSS du 07-05-1977 et SAR ERS-1 (12-10-92, 28-10-92, 01-11-93, et
17-11-93).
2.1.1.5. La fenêtre de Bir Mouilah (n°5)
Cette fenêtre se localise à l'extrémité sud-ouest du djebel Oum Deloua (917m d'altitude) à
l'ouest de Laghouat (cf. figure n°14).
34
La zone fortement disséquée par un chevelu d'oueds qui alimentent l'oued Mouilah plus en
aval, abrite une source (Bir Mouilah) doublée récemment d'un forage profond. Ce point d'eau
permanent attire les troupeaux quotidiennement en période de sécheresse et tous les deux ou
trois jours en périodes plus clémentes.
Cette fenêtre est couverte par les images Landsat 5 Thematic Mapper du 1-1-1989, SPOT du
23-2-1986, Landsat 2 MSS du 07-05-1977.
2.2. Inventaires thématiques
Dans le cadre de cette étude, nous disposions de plusieurs images satellites multidates,
multicapteurs et de traces différentes : une image MSS du 07-05-1977, une image SPOT XS du
23-02-1986, une image Thematic Mapper du 1-1-1989 ainsi que de petites scènes SAR
ERS1.
Nous avons dans un premier temps travaillé exclusivement sur la scène Thematic Mapper de
1989 (scène 196/37), car, première à notre disposition, c'est également la seule à couvrir la
totalité du piémont étudié. Par ailleurs, elle se place après la période de sécheresse (3 ans) dont
nous nous proposons d’étudier les effets sur ce piémont.
Cette première étape à permis de développer des méthodologies de trvail réutilisées par la suite
sur les autres dates, en limitant les temps de calcul.
De plus, ne disposant que de relativement peu de données terrain, nous avons voulu extraire
une information thématique la plus complète possible de ces images, qui servirait « d’étalon » à
un suivi du milieu.
2.2.1. Méthodologie générale de traitement de l'image référence Thematic Mapper
de 1989
Sur les cinq fenêtres présentées ci-dessus et extraites de cette scène, nous avons appliqué
différents traitements de manière à déterminer une procédure générale, des règles d'analyses,
réutilisables à d'autres dates sur ce milieu.
2.2.1.1. Transformation des données de Luminance Apparente en
Réflectance en pourcentage
La reconnaissance d'objets en télédétection nécessite la transformation des données de
luminance apparente (données brutes) en réflectance en pourcentage. Cette transformation sert
à pallier des problèmes liés aux capteurs mêmes. Entre deux dates, le vieillissement des
appareils de mesure, la modification de l'éclairement solaire, et des caractéristiques de
l'atmosphère empêchant les rayonnements d'atteindre la surface de la terre, entraînent des
modifications des mesures. Des changements de réponse spectrale d'un objet entre deux dates
35
sur des images en luminance apparente pourrait correspondre à des variations dans l'atmosphère
(humidité, poussières, …) et pas de l'objet même. Il faut corriger ces effets atmosphériques sur
les images pour être sûr qu'il s'agit bien d'une variation au niveau de l'objet.
Le but est de transformer les données initialement numériques (luminance apparente) en
valeurs physiques en réflectance en pourcentage pour chaque canal des capteurs Thematic
Mapper selon la formule (document logiciel TRIAS, labo. PASTEL):
R = (aX + b) x c
où a =
L maxλ − L minλ
QcalMax b = Lminλ et c =
Πd2
Esunλ × cos(ϑS )
- Qcal max = échelle de calibration utilisée pour quantifier les mesures (255 pour
Thematic Mapper, 127 pour MSS sauf pour le quatrième canal où il est de
63.)
- Lmax et Lmin = valeurs de luminance
- d = distance terre - soleil le jour de l'acquisition des données.
- Esun = irradiance exo-atmosphérique moyenne en mW.cm-2.µm-1 de chaque
canal - cos(ϑ S ) = Cosinus de l'angle zénithal solaire en degrés.
2.2.1.2. Classification et transformation spectrale des données.
Si la transformation des données en réflectance en pourcentage permet la reconnaissance
d'objets, elle fait perdre de l'information, les nouvelles images présentant des dynamiques
beaucoup plus réduites qu'en luminance apparente. C'est pourquoi, pour cette première étape
d'inventaire thématique à une date, nous avons conservé tous les canaux (à l'exclusion du canal
thermique) des images Thematic Mapper, de manière à optimiser les résultats.
2.2.1.2.1. Les classifications non supervisées et supervisées.
La première méthode utilisée, la plus commune, est la mise en oeuvre de classifications.
Le but est d'affecter chaque pixel d'une image à une classe (qui correspond théoriquement à un
objet thématique) sur la base de leurs propriétés spectrales.
Il existe deux types de méthode de classification : une démarche supervisée où l'on dispose d'un
échantillon de référence pour lequel on extrait les valeurs des classes (paramètres statistiques),
et une démarche non supervisée où l'on classe d'abord les pixels et où l'on interprète les
résultats ensuite.
36
C'est cette deuxième démarche que nous avons appliquée, car nos connaissances terrain étaient
trop fragmentaires pour pouvoir mettre en oeuvre des classifications supervisées qui nécessitent
des informations précises et localisées.
Ce n'est que dans une deuxième étape d'amélioration des classifications que nous avons
appliqué des classification supervisées contextuelles (semi-supervisées) sur certaines classes
recouvrant plusieurs thèmes différents (écart-type fort).
2.2.1.2.1.1. Mise en oeuvre.
Pour chaque fenêtre, nous avons mis en oeuvre une classification non supervisée utilisant
les 6 canaux Thematic Mapper (1 à 5 et 7, le canal thermique TM6 n'ayant pas été utilisé ici) en
réflectance en pourcentage.
Ces classifications non dirigées correspondent à une subdivision des images en K classes
fondée sur les paramètres statistiques de ces classes.
La détermination du nombre de classes nécessaires, représentatif des unités thématiques, se fait
après plusieurs essais.
Deux algorithmes ont été choisis : les moyennes mobiles et les nuées dynamiques.
La méthode des moyennes mobiles a été appliquée systématiquement sur les données, car
c'est un algorithme rapide. Elle correspond à l'affectation des pixels au centre de gravité le
plus proche. On tire au hasard k individus (pixels) sur les images. Toute la population est
ensuite agrégée à ces k individus, déterminant K classes. Puis on réagrège tout autour des
moyennes de ces classes. On réitère cette opération jusqu'à ce qu'aucun (ou un nombre
maximum défini auparavant) individu ne bouge de classe. On obtient alors une somme de
variance minimum dans les classes et maximum entre les classes.
La deuxième méthode dite des nuées dynamiques, plus longue mais plus "fine", a été
utilisée notamment pour les reclassifications de certaines classes. La dynamique étroite des
images en réflectance en pourcentage (de 10 à 30 valeurs sur 255) ne permettait en effet
souvent pas de définir un nombre suffisant de classes avec la méthode des moyennes
mobiles.
Cet algorithme procède en plusieurs étapes : après le tirage au hasard des k individus, on
affecte chaque pixel "à la classe dont le noyau est le plus proche au sens de la distance
euclidienne". Puis on associe à chaque classe son noyau qui le représente (son centre de
gravité). L'algorithme, itératif, s'interrompt quand "l'inertie inter-classe ne croit plus à 1
epsilon près".
Par la suite, on met en oeuvre, quelle que soit la méthode utilisée dans la phase
précédente, un algorithme (donparti) qui correspond à une "interface entre un fichier de classes
d'une partition et le fichier individus x variables dont est issue la partition, pour former un
nouveau fichier dans lequel chaque individu sera libellé par le numéro de sa classe dans la
partition". Ce fichier va servir dans l'étape suivante de l'analyse discriminante.
37
Cette analyse discriminante linéaire pour k groupes à priori (k quelconque) est la phase
décisionnelle de la discrimination.
Le fichier de la fonction linéaire discriminante obtenu va servir à classer ensuite les pixels des
images multicanal lors de la dernière étape dite de "classification" proprement dite.
C'est l'interprétation thématique de ces classifications qui permet la réalisation de "cartes
thématiques".
2.2.1.2.1.2. Interprétation thématique des classifications.
L'interprétation thématique - relativement limitée - de ces images et néo-images créées est
possible, grâce aux caractéristiques spatiales et spectrales des classes obtenues.
Chaque classe correspond à une unité de paysage et un état de surface particulier qui peut avoir
des significations thématiques diverses.
Un objet thématique peut correspondre à plusieurs classes de télédétection. Statistiquement, ces
classes présentent en général un fort écart-type qui les désigne pour des traitements
supplémentaires.
2.2.1.2.1.2.1. Les paramètres spectraux.
Les paramètres spectraux correspondent à la valeur radiométrique connue par analogie
avec les signatures spectrales typiques d'objets représentées dans la littérature, développés sur
d'autres milieux proches (cf. figure n°15).
Figure n°15 : Signatures spectrales "classiques" d'objets en réflectance en pourcentage sur Landsat Thematic Mapper
0
10
20
30
40
50
60
70
TM1 TM2 TM3 TM4 TM5 TM7
Végétation
chlorophyllienne
Végétation sèche
Calcite
Quartz
Kaolinite
Montmorillonite
Eau pure
38
Elles sont transcrites par des tons et des couleurs sur les compositions colorées combinant trois
canaux ou néo-canaux, ou sur les classifications.
Deux thèmes majeurs peuvent être défini : le végétal et le minéral - ainsi que l'eau libre, mais
celle-ci étant absente de notre zone d'étude nous n'en tenons pas compte -.
Chacun de ces thème englobe différents sous-thèmes.
Le thème végétal recouvre la végétation dense définie essentiellement par ses taux de
recouvrement et le stade phénologique.
La végétation dense chlorophyllienne présente une courbe théorique très classique. Les
pigments des végétaux absorbent dans les longueurs d'ondes de 0,4 - 0,72 µm en raison de la
forte densité de chlorophylle notamment. Les végétaux présentent par contre de fortes
réflectances entre 0,72 et 1,3 µm liées à la structure des cellules. De 1,35 et 2,6 µm, l'eau des
tissus absorbent les rayonnements solaires.
Le thème minéral est représenté par les sols alluviaux, lithosols, sables et roches à nu.
Les sols nus, sables, argiles, limons, présentent également des signatures bien connues,
croissantes du visible au PIR pour SPOT. Le sable vif (quartz) nu présente sur Thematic
Mapper de très fortes valeurs radiométriques (autour de 50) dans tous les canaux, avec une
croissance de celles ci avec la longueur d'onde.
La réponse spécifique de la calcite est très proche de celle du quartz. TM7 est le meilleur canal
pour les discriminer, notamment un rapport entre TM7 et TM5, car la calcite présente des
valeurs supérieures au quartz sur TM5, et l'inverse sur TM7.
Les canaux TM1, TM2 et TM7 sont intéressants selon Escadafal et Pouget (19) pour
discriminer la nature minéralogique des surfaces : les surfaces à dominante gypseuse sont
caractérisées par des luminances moyennes à fortes dans le visible et faible dans TM7, les
surfaces à dominante calcaire présentent des luminances faibles à moyennes dans le visible et
moyennes dans TM7, et les surfaces à dominante quartzeuses (sables vifs) ont des luminances
moyennes à fortes dans le visible et fortes dans TM7.
Mais ces courbes "canoniques" restent très schématiques et sont relativement peu
représentatives de la réalité du terrain. Ces mesures de laboratoire concernent des "objets"
relativement homogènes. Or, sur le terrain, on a rarement des thèmes "purs". Le comportement
radiométrique est hétérogène, la réponse radiométrique est déterminée par la combinaison de
plusieurs "objets". Les seuls objets purs ne s'étendront que sur des surfaces inférieures à la taille
au sol des pixels (20 m pour SPOT, 30 m pour Thematic Mapper).
Il faut rester très prudent lorsqu'on veut utiliser ces courbes, résultant de mesures en laboratoire,
dans une interprétation d'images.
Dans la réalité, la signature spécifique de la végétation dense (réponse spécifique de la feuille)
se mélange à celle de la surface sous-jacente dès que le taux de recouvrement du sol est
inférieur à 100%.
De même, les réponses spectrales des roches et minéraux sont la plupart du temps perturbées
par une humidité variable, la couleur, et la présence de végétation ou d'un voile sableux.
39
Ainsi, les croûtes calcaires recouvrant hamadas, glacis et terrasses sont toujours associées à une
végétation plus ou moins couvrante (steppique), elle sont souvent démantelées en reg et
couvertes d'un voile sableux (pellicule rousse) plus ou moins épais et continu.
La présence de végétation fait baisser les valeurs de la réponse spécifique de la calcite et du
quartz. Les réponses spectrales observées sur les images correspondent donc à des
combinaisons calcaire / végétation, calcaire / sable / végétation, calcite / quartz, ou sable /
végétation, ….
La rugosité des surfaces influence les réponses spectrales. La réflectance des sols diminue
quand le diamètre des particules augmente. Par contre, la réflectance augmente (15 à 20 %)
avec la déstructuration des sols. Elle diminue également dans le proche infra-rouge quand
l'humidité augmente. La couleur et la nature minéralogique des matériaux de surface influent
aussi sur la radiométrie de ces surfaces.
On observe souvent des variations spatiales du rapport signal-objet qui entraînent des
confusions entre objets. Ainsi un même niveau de hamada apparaîtra dans une classe
radiométrique différente en fonction de son taux de recouvrement par la végétation, la présence
ou non d'un voile sableux, l'organisation et l'épaisseur de celui-ci.
Il est également fréquent de constater la confusion de la radiométrie d'objets différents en
raison de leur état de surface identique. Il est par exemple très difficile de discriminer les
différents niveaux de hamadas et glacis car ils sont tous indifféremment recouverts d'une croûte
calcaire à caractères de surface identiques.
De même les formations géologiques de l'Atlas se confondent car elles sont toutes en général
couvertes de la même patine sombre.
Les seules classifications et leur interprétation thématique basées sur les seules réponses
spectrales des classes sont donc en général insuffisantes pour réaliser des cartes thématiques
fiables et représentatives de la réalité. Le résultat de ces classifications n'est jamais parfait. Il est
difficile d'estimer le nombre de classes à demander notamment et, nous l'avons vu, certaines
classes différenciées correspondent à un même objet thématique.
Nous avons donc été amené à retravailler ces classifications en mettant en oeuvre des
classifications supervisées sur les classes présentant des confusions entre objets, ou en
regroupant certaines classes redondantes. Cette partition de classes initiales était parfois
nécessaire, car les itérations de classification sur l'ensemble de l'image ne permettent pas
souvent d'affiner la discrimination de certaines classes recouvrant plusieurs thèmes. Leur
extraction puis subdivision par classification semi-supervisée permettent d'atteindre de
meilleurs résultats rapidement.
Ces classes à retravailler sont choisies visuellement sur les résultats de la classification non
supervisée initiale, et statistiquement, d'après leur écart-type (un écart-type fort laisse supposer
que la classe recouvre plusieurs thèmes différents).
La procédure de classification semi-supervisée est simple. On réalise un masque de la classe à
subdiviser (par seuillage), il est ensuite appliqué sur les images brutes, mettant à 0 tous les
40
espaces qui n'appartiennent pas à ce masque, puis on lance une classification supervisée sur les
zones qui ne sont pas à 0. L'algorithme utilisé dans ce cas est toujours les nuées dynamiques,
car sur de petits nombre de pixels les moyennes mobiles sont souvent inefficaces. Le résultat
est ensuite réinjecté dans la première classification non supervisée.
Mais d'autres type de traitements, utilisés de manière visuelle ou statistiquement intégrés
aux données précédentes ont encore été nécessaires pour affiner les classifications réalisées
dans un premier temps.
La réponse spectrale dans certains canaux est parfois significative de thèmes particuliers. On
utilise alors couramment des indices pour extraire cette information spécifique. Ces indices
plus ou moins courants insistent notamment sur la végétation, la brillance ou la couleur des
objets.
2.2.1.2.1.2.1.1. Les indices.
Ce sont des néo-canaux résultant d'opérations arithmétiques entre deux ou trois canaux
choisis en fonction de leurs caractères particuliers. On peut en extraire par seuillage des
masques que l'on réinjecte dans les classifications pour les améliorer, ou les utiliser
visuellement pour guider l'interprétation de ces classifications. On utilise alors les informations
visuelles sur les degrés de "verdurisation", minéralisation, ….
Ces indices peuvent également être utilisés pour quantifier des propriétés qualitatives, par
exemple la biomasse, le degré d'humidité, le taux d'argile, ….
2.2.1.2.1.2.1.1.1. Les indices de végétation.
Il s'agit d'établir une différence linéaire entre deux bandes spectrales pour évaluer la
biomasse végétale.
Il existe de nombreux types d'indices de végétation développés pour des milieux à conditions
particulières. Nous en avons testé plusieurs, plus ou moins adaptés aux conditions arides et
semi-arides, de manière à discriminer de manière la plus fiable possible la végétation dense et
steppique et ses variations dans le temps et l'espace.
Les plus communs se basent sur le rapport entre le canal rouge d'absorption du rayonnement
solaire par les végétaux (TM3, SPOT2 et MSS5), et le canal proche infra-rouge où les végétaux
réfléchissent beaucoup le rayonnement solaire (TM4, SPOT3 et MSS7).
Nous avons utilisé d'autres indices plus adaptés à notre milieu d'étude :
L'indice normalisé de végétation verte (NDVI) prend en compte deux variables : le taux
de couverture dans le Proche Infra-Rouge et le degré d'activité chlorophyllienne dans le canal
Rouge. Il se présente sous la forme :
41
PIR − R
PIR + R soit
TM 4− TM 3
TM 4+ TM 3 ,
XS3− XS2
XS3+ XS2
Cet indice est utilisé généralement pour les zones à taux de couverture du sol par la végétation
supérieur à 40%, car en deçà de ces taux, les sols ont une influence trop importante sur les
réponses spectrales. Mais si on obtient des estimations de biomasse partiellement satisfaisantes,
cet indice nous est apparu intéressant pour la mise en évidence d'une échelle des taux de
recouvrement par la végétation.
Il a donc été utilisé essentiellement pour saisir et quantifier la végétation dense.
De nombreuses études ont montré que cet indice fournissait de bonnes mesures de la biomasse
active photosynthétiquement.
Les résultats de cet indice varient entre -1 et 1, de part et d'autre de la droite des sols qui
correspond à la bissectrice où PIR = R, le minéral étant en négatif, le végétal en positif. Ils sont
multipliés par 1000 pour avoir une précision sur trois décimales dans l'image sortie. Ce résultat
est recodé par la suite sur 256 niveaux pour les besoins de la visualisation.
Le deuxième indice testé est l'indice perpendiculaire de végétation :
PIR− R
PIR+ R soit
TM4− TM3
TM 4+ TM3 ,
XS3− XS2
XS3+ XS2
Cet indice travaille perpendiculairement à la droite des sols où se regroupent les pixels
correspondant aux sols nus. Cette droite des sols correspond à la base du "triangle" plus ou
moins régulier formé par l'ensemble des pixels sur le diagramme bidimensionnel PIR/R. Plus
les pixels sont proches du sommet du triangle (fortes valeurs du PIR), plus la végétation est
importante.
Cet indice permet donc, théoriquement, de limiter l'effet des sols sur la réflectance spécifique
de la végétation.
Les résultats de cet indice qui varient entre 0 et 1 (les valeurs inférieures à 0 sont mises à 0)
sont également multipliés par 1000 pour avoir une précision sur trois décimales dans l'image
sortie puis recodés sur 256 niveaux pour les besoins de la visualisation (document PASTEL des
commandes)
Cet indice devrait permettre de discriminer relativement la végétation steppique qui présente
des taux de recouvrement du sol inférieurs à 40 %, et notamment lorsque le sol est sableux.
Pour certains auteurs (Williamson), il n'est intéressant que s'il est utilisé avec des droites des
sols calculées pour chaque unité de terrain, car il n'existe pas une seule courbe des sols
standard. Or, c'est relativement difficile à calculer.
Mais ces deux indices, même le perpendiculaire, fournissent des réponse qui peuvent être
perturbées par les propriétés spectrales des sols lorsque les taux de recouvrement au sol sont
faibles. Notamment lorsque l'on veut évaluer des taux de recouvrement et ses variations, la
42
variation de la réponse d'un espace à l'autre ou d'une date à l'autre pourrait correspondre à des
variations des propriétés spectrales des sols.
Huete (1988) a proposé un indice SAVI (Soil Adjusted Vegetation index) qui atténuerait
cette influence des sols, en utilisant les canaux TM3 et TM5 :
IR − R
IR + R+ L(1+ L )
L est un facteur d'ajustement indépendant du type de sol. Huete propose 0,5 pour le meilleur
ajustement en milieu semi-aride.
En fait, il s'est avéré peu intéressant, ce facteur étant insuffisant pour faire varier la réponse par
rapport au NDVI. On n'observe pas de variation significative entre ces deux images-indices.
En définitive, en raison de l'impossibilité d'effectuer les vérifications terrain, on n'a pas pu
estimer lequel de l'indice de végétation normalisé ou du perpendiculaire était le plus pertinent
dans ce milieu pour discriminer la végétation.
On a donc décidé de n'utiliser que le NDVI pour la végétation dense, la végétation steppique
n'étant de toute manière pas discriminée ni par l'un ni par l'autre de ces indices.
2.2.1.2.1.2.1.1.2. L'indice de brillance.
Cet indice combine les canaux rouge et proche infra-rouge :
PIR2 + R2 soit TM 42 + TM 32 , XS22 + XS32
Il correspond au calcul de la distance euclidienne du pixel à l'origine.
Les résultats de cet indice entre -1 et 1, sont comme les indices de végétation recodés sur 256
niveaux. Les espaces abiotiques apparaissent alors dans les valeurs les plus basses, le biotique
dans les valeurs les plus fortes proches de 255, l'eau dans des valeurs moyennes autour de
128.
Cet indice facilite l'interprétation des classifications en apportant une information
supplémentaire sur les sols nus. Il permet par exemple la différenciation des sables vifs et ceux
couverts de végétation.
Il existe également un indice de minéralisation MIR2 + PI R2 soit TM 72 + TM 42
qui mesure le degré de minéralisation d'un espace. L'abiotique présentera des valeurs autour de
0, l'eau des valeurs moyennes autour de 128 et le biotique autour de 255.
43
2.2.1.2.1.2.1.1.3. L'indice de rougeur et
l'indice de couleur normalisé.
L'indice de rougeur se présente sous la forme :
R2
V 2 soit
TM32
TM 22, et
MSS52
MSS42 pour les sols.
L'indice de couleur R −V
R + V soit
TM 3− TM 2
TM 3+ TM 2, capte plus de nuance que l'oeil pour la couleur
des sols.
Difficile à interpréter en terme de "couleur", ces indices donnent des indications relatives de
différence de couleur entre objets.
2.2.1.2.1.2.1.2. Les Analyses en Composantes
Principales.
L'Analyse en Composante Principale (ACP) est une technique statistique classique qui
permet de réduire l'information "multi-dimensionnelle" en dimensions moins nombreuses, et
d'analyser la variance de toutes les données.
On crée des néo-canaux totalement décorrélés, alors que les canaux bruts présentent toujours
des corrélations plus ou moins fortes, des redondances. Il s'agit d'axes factoriels des images
calculés à partir d'un fichier vecteurs propres défini à partir de la matrice des variances -
covariances.
L'axe 1 concentre en général la quasi totalité de l'information totale, les autres axes une
information souvent très particulière qui peut être totalement inédite.
2.2.1.2.1.2.2. L'analyse contextuelle ou les paramètres
spatiaux.
La recherche d'une relation biunivoque entre objet recherché et réponse spectrale est
illusoire. La discrimination d'un objet "pur" ne peut être réalisé seulement à partir de ses
caractéristiques spectrales. Une classe correspond souvent à plusieurs objets thématiques. Il est
nécessaire d'introduire de nouvelles variables, paramètres spatiaux, dont le contexte spatial.
D'autres paramètres, combinés ou non aux précédents, ont donc été utilisés pour affiner
thématiquement les cartographies réalisées précédemment.
On travaille alors sur des notions de position géographique des objets, ainsi que sur leur forme,
leur taille et leur "agencement". C'est à dire que l'on analyse la distribution spatiale des tons
mise en évidence dans l'étape précédente.
2.2.1.2.1.2.2.1. L'analyse contextuelle.
44
La signification d'un thème peut être différente en fonction de sa localisation. Des objets,
apparaissant dans une même classe radiométrique, peuvent être différenciés en fonction de leur
appartenance à des unités physionomiques différentes. Il est alors possible de changer
l'affectation d'une classe en fonction de son contexte spatial. L'exemple le plus simple est le
contexte Atlas - piémont qui permet de différencier des thèmes apparaissant dans les mêmes
classes.
La position géographique dans les oueds (végétation), sous le vent d'une zone à matériel
mobilisable par le vent (dunes, voiles et placages sous le vent de dayas et oueds), par rapport
aux crêts, sont des indicateurs thématiques précieux.
Cette analyse contextuelle peut également être mise en oeuvre à l'aide d'écart-type locaux sur
les images brutes et les images-indices. Un thème pourra être précisé en fonction de son
contexte spatial, de son environnement.
2.2.1.2.1.2.2.2. La texture et structure.
On peut utiliser des notions de texture et structure des "objets" pour les discriminer.
La texture peut être définie comme un "arrangement local produit sur une image par la
juxtaposition d'un grand nombre d'objets de même nature, trop petits pour être identifiés
individuellement" (manual of remote sensing).
La notion de structure utilisée s'apparente à la fréquence, "les éléments structuraux sont définis
par les relations répétées qui existent entre les éléments texturaux".
L'analyse de la texture travaille donc sur la forme et la disposition d'un groupe de pixels de
valeurs radiométriques différentes, sur la composition élémentaire du paysage, le nombre, la
taille et la fréquence des éléments.
Ces méthodes permettent notamment de discriminer des objets hétérogènes qui apparaissaient
dans plusieurs classes avec l'utilisation des méthodes sur la radiométrie.
On utilise pour cela des moyennes et écart-type locaux ainsi que des méthodes de segmentation
d'image.
L'écart-type local correspond au calcul de l'écart-type dans une fenêtre mobile carrée de
taille impaire (3 x 3 en général). Il s'agit d'un indicateur d'homogénéité - hétérogénéité
locale.
La moyenne locale calculée dans une fenêtre mobile carrée de taille impaire également,
correspond à un lissage de l'image.
La segmentation d'une image se réalise selon la procédure suivante : "on balaie toute l'image
avec une fenêtre 3 x 3 (un voisinage) en calculant les moyennes et les variances dans chaque
voisinage 3 x 3 des pixels de la fenêtre. On affecte au pixel courant la valeur moyenne du
voisinage ayant la plus petite variance. L'image résultante est formée par des zones
45
homogènes. On peut réitérer l'algorithme autant de fois qu'il est jugé nécessaire." Pastel
Trias.
Cet algorithme mis en oeuvre sur l'image résultant de l'application d'une moyenne locale sur
une image brute, permet d'accentuer encore ce regroupement en zones homogènes et facilite
la lecture du résultat final.
Ces algorithmes appliqués sur des images brutes ou néo-images permettent donc de définir,
lorsqu'on combine les images résultantes, des zones à structure homogène ou hétérogène.
Ils ont été utilisés plus particulièrement sur les images indices. La combinaison des résultats
des moyennes locales, écart-type locaux et segmentations permet d'obtenir des images résultats
beaucoup plus lisibles, photo-interprétables, où les zones homogènes définies par la moyenne
locale doublée d'une segmentation à deux itérations, sont bien limitées par un liseré issu de
l'écart-type local du même indice.
Nous verrons dans le chapitre suivant comment intégrer les informations cartes géologiques,
topographiques et d'occupation du sol pour améliorer les interprétations des classifications.
2.2.1.2.1.2.2.3. La morphologie mathématique et
les méthodes de reconnaissance de
formes.
La morphologie mathématique est une méthode d'analyse quantitative des images de
télédétection, elle se base sur la détermination des relations structurales et le mode
d'organisation des différentes classes contenues dans ces images.
L'extraction sélective de certaines formes particulières grâce à des opérateurs de forme, permet
de travailler sur cette notion de forme des objets qui nous est utile pour les dayas (forme
circulaire), les oueds (forme linéaire), … et les rapports entre taille, régularité de la forme, ...
On pourra utiliser dans les paramètres de forme des notions comme la convexité, le périmètre,
la longueur des axes des structures,… et différents rapports entre ces paramètres.
En définitive, on peut résumer les différents paramètres utilisés dans le tableau suivant :
Tableau n°1 : Les paramètres spectraux et spatiaux utilisés pour les interprétations des résultats des traitements des images satellites. Caractéristiques spectrales Caractéristiques spatiales Classe Valeur
radiométrique Valeur NDVI
Valeur brillance
Valeur couleur
Texture Structure Forme Taille Contexte
homogène hétérogène
46
2.2.2. Les cartographies obtenues
La télédétection est un outil à finalités multiples, fonctions des caractéristiques des zones
d'étude et de la problématique. A l'échelle d'une scène Thematic Mapper, il est possible de
mettre en place différentes méthodologies de traitement des données tendant vers des buts
différents, la réalisation de cartographies variées.
A partir des résultats des classifications, des indices et axes d'ACP, on peut raisonner en terme
"d'objets", établir un inventaire exhaustif, raisonner en terme d'état de surface ou enfin, en
terme d'occupation du sol.
La réalisation d'une cartographie thématique correspond au passage d'un état de surface
(minéral, végétal, mixte), défini par une certaine valeur radiométrique, à une notion
sémantique. On définit l'objet sémantiquement, on lui donne une signification thématique, à
partir des différents paramètres spectraux ou spatiaux vus précédemment.
Ces différentes approches permettent de réaliser différentes cartographies thématiques.
A partir de la classification, on va donc donner une signification thématique à chaque classe.
En fonction du thème général de la cartographie, il a été nécessaire de regrouper ou de
subdiviser, d'éclater certaines classes.
On raisonne en terme de classes fortes subdivisées en classes ou formes faibles.
2.2.2.1. La cartographie "géomorphologique"
Nous avons réalisé sur les différentes fenêtres-images une cartographie
géomorphologique basée sur les classifications non supervisées sur les 6 canaux Thematic
Mapper en réflectance en pourcentage.
On à définit dans un premier temps, quatre thèmes géomorphologiques principaux sur ces
classifications non supervisées :
– les formes et formations sableuses
– les formations alluviales
– les hamadas et glacis
– les crêts et barres rocheuses.
Ces thèmes "forts", plus ou moins importants selon les sites, ont été ensuite subdivisés en sous-
thèmes eux-mêmes divisés encore à l'aide de classifications semi-supervisées sur les classes
initiales, ou de néo-images (indices, axes d'ACP,…).
Les formes et formations sableuses des quatre fenêtres-images présentent sensiblement le
même profil de réponses spectrales. Deux ou trois formations présentent une signature spectrale
un peu spécifique dans les canaux 5 et 7, dont la signification est difficile à déterminer.
Thématiquement, d'après leur disposition et forme, ces classes ne présentent pas de particularité
marquée.
47
Par contre, on peut établir une première distinction, sur les classifications, entre les
formations sableuses vives et vêtues : les dunes vives présentent des valeurs de réflectance très
fortes, alors que la végétation qui couvre les dunes vêtues fait baisser la signature propre du
sable (cf. figure n°16).
La comparaison des courbes radiométriques des formes et formations sableuses des
différentes fenêtres-images permet de donner des significations thématiques encore plus
précises à certaines classes de zones où nos informations terrain sont limitées (cf. figure n°17).
On distingue notamment deux types de placages sableux : les placages de Brézina et de Ras ech
Ch'aab présentent des courbes de forme proche très différente de celle des placages de
Laghouat et El Haouita. La pente des courbes de Brézina et de Ras ech Ch'aab est beaucoup
plus atténuée que celle des courbes de Laghouat et El Haouita entre le proche infra-rouge et le
moyen infra-rouge.
Ces variations sont liées à la nature du matériel : les placages de Ras ech Ch'aab et Brézina
semblent être composés de matériaux prélevés dans les oueds à proximité (Seggueur et
Messaad). Ceux de Laghouat et El Haouita semble plutôt constitués de matériel quartzeux
d'origine différente (formations tertiaires?).
En associant la forme à ces signatures spectrales particulières, on peut encore affiner la
discrimination.
On distingue ainsi dans les dunes vives les barkhanes par leur forme en croissant,
concavité sous le vent, que l'on devine sur les images Thematic Mapper malgré la
résolution à 30m.
Les traînées sableuses développées sur les hamadas, sont, elles, caractérisées par des
formes linéaires s'élargissant à l'aval vent et pointe à l'amont vent. Ces traînées sableuses,
sifs, se distinguent des dunes longitudinales à forme "linéaire" également, par une
signature spectrale vive et des fréquences et longueurs moins importantes. Les dunes
longitudinales à signatures plus basses s'organisent en champs sur des surfaces
importantes. Dans les dunes vêtues, on distingue également les dunes paraboliques en
forme de croissant comme les barkhanes, mais à concavité au vent.
48
Figure n°16 : Signatures spectrales de deux formations sableuses, vives et couvertes de végétation de la région de Brézina (TM, 1-1-1989, réflectance en pourcentage)
Placages de sables vifs
Dunes longitudinales du
NO et autres formations
sableuses végétalisées
10
15
20
25
30
35
40
45
50
TM1 TM2 TM3 TM4 TM5 TM7
Figure n°17 : Courbes radiométriques des formes et formations sableuses des 4 principales fenêtres-images (TM 1989, R%)
10
15
20
25
30
35
40
45
50
TM1 TM2 TM3 TM4 TM5 TM7
Périphérie des hamadas ensablées (Laghouat)
Hamada ensablée (Laghouat)
Placages sableux et grande dune (Laghouat)
Formations sableuses (Laghouat)
Placages de sables vifs (Ras ech Ch'aab)
Sable vif (Ras ech Ch'aab)
Placages de sable vif (El Haouita)
Hamada ensablée ? (El Haouita)
Formations alluviales soufflées vives (Brézina)
Trainées sableuses (Brézina)
Sables vifs des dunes longitudinales du SE etdunes linéaires des hamadas (Brézina)
Voile sableux et formations sableusesvégétalisées (Brézina)
Trainées sableuses vives (Brézina)
Voile sableux épais, aklé et dunes linéairevégétalisées (Brézina)
Placages de sables vifs (Brézina)
Hamada ensablée (Laghouat)
49
Les placages sableux soulignant un versant, donc plus ou moins linéaires, sont plus massifs, et
sont en général constitués de sables vifs, de même que les aklés. Ceux ci sont par contre
caractérisés par une structure hétérogène.
Le deuxième thème "formations alluviales récentes" à pu être subdivisé en deux sous-
thèmes différenciés par la forme essentiellement; il s'agit des dayas et des oueds.
Les dayas sont caractérisées par une forme circulaire plus ou moins étirée, oblongue, les oueds
par une forme plus ou moins linéaire et beaucoup plus étroite que les dayas.
Le matériel alluvial colmatant fonds d'oueds et de dayas est sensiblement de même nature (plus
grossier pour les oueds), donc les réponses spectrales également, marquées par de faibles
valeurs liées à l'humidité plus ou moins importante et une végétation plus ou moins dense.
Les limites sont parfois difficiles à mettre en place entre ces deux "objets", car ils sont en
liaison étroite, notamment lorsque les dayas se développent en chapelets le long d'anciens
talwegs, ou que les oueds se jettent dans des dayas.
Les formations alluviales des oueds ne permettent pas toujours de les discriminer dans leur
totalité. Les oueds ne présentent pas une signature spectrale identique continue le long du
talweg. La signature variera en fonction de la nature du matériel colmatant le talweg (plus ou
moins fin ou grossier), son humidité, et de la nature et importance de la ripisylve. Les oueds
correspondent, en général, à une succession plus ou moins linéaire d'alluvions nues plus ou
moins grossières et humides, de végétation dense, de zones plus ou moins ensablées ou
d'affleurement rocheux,...
Les formations alluviales anciennes (Quaternaire, ...) se confondent avec les formations de
couverture des glacis et hamadas. En effet, terrasses, glacis et hamadas sont souvent couverts
des mêmes croûtes calcaires plus ou moins démantelées en surface, et couverts de la même
végétation steppique peu dense.
Il devrait être possible de les distinguer à l'aide des formations sableuses. En effet, les hamadas
ne sont en général pas ensablées, seulement couvertes d'un voile sableux peu épais peu visible
sur les images, sauf dans les zones bordant les oueds et dayas. Par contre, les terrasses sont
caractérisées par des signatures beaucoup plus marquées par des formations sableuses, des
alluvions soufflées, en raison de la proximité des talwegs.
Le troisième thème "hamadas et glacis" apparaît malgré tout rarement pur dans les
classifications non supervisées de base, mais en confusion avec les terrasses.
On différencie les hamadas nues, c'est à dire des surfaces de reg d'éclatement de la croûte
calcaire non couverte de sable (ou d'un voile sableux peu épais), et à couverture steppique peu
dense.
Certaines hamadas septentrionales disparaissent sous un manteau sableux plus ou moins épais,
notamment dans la région de Brézina.
Les glacis peu importants dans la zone méridionale, se développent essentiellement au contact
Atlas - hamadas, notamment dans la région de Ain Madhi.
50
Le dernier thème "crêts et barres rocheuses" n'apparaît pas sur la fenêtre de Brezina, mais
sur celle de Laghouat et El Haouita (et Ras ech Ch'aab).
De forme plus ou moins linéaire, ces crêts et barres rocheuses sont en général soulignés par une
ombre portée proportionnelle à la hauteur des barres. Certains versants nus des crêts calcaires
sont discriminés sur la classification de Laghouat sans le recours à l'ombre portée.
On obtient en définitive 11 postes à signification géomorphologique générale, par
subdivision successive des thèmes principaux (cf. tableau n°2).
Tableau n°2 : Principes de la cartographie géomorphologique à partir d'images satellites Thème principal
1er sous-thème
2ème sous-thème
Forme
Contexte
Signature spectrale (valeurs)
Texture et structure
Taille
Variation dans le temps (sur 10 ans)
Formation sableuse
Vive Dune linéaire (sif)
Linéaire Fortes Mètre Faible
Barkhane Croissant Fortes Mètre Oui, déplacement
Traînée sableuse
+- linéaire Fortes Décamètre
Oui ?
Vêtue Dune longitudinale
linéaire Moyennes Décamètre à km
Possible
Placage Sur un versant
Moyennes Non
Aklé Moyennes Hétérogène Possible Dune
parabolique Croissant Moyennes Mètre Possible
Formation alluviale
Daya +- circulaire
Faibles Mètre à km
Oui, phénologie, humidité
Oued linéaire +- continu
Faibles Oui, phénologie, humidité
Hamada et glacis
Moyennes variable
Faible
Crêts et barres rocheuses
+- linéaire Ombre portée
Moyennes variable
Non
Cette classification thématique reste très générale, dans chaque site-test on retrouve les quatre
grands thèmes, mais les sous thèmes ne sont pas toujours présents, ou plus ou moins
importants.
Les caractéristiques de chacun des site-test ont déterminé une méthodologie spécifique de
réalisation des cartographies.
2.2.2.1.1. Cartographie géomorphologique de la région de Brezina.
Sur la fenêtre de Brézina où la dynamique éolienne s'exprime de manière importante à
travers formes et formations sableuses, on a procédé en plusieurs étapes en séparant le
traitement des zones "ensablées" des autres zones thématiques.
On a individualisé les formes et formations sableuses grâce à un indice de brillance
(brzbrir). En seuillant les valeurs les plus fortes (206 - 255) sur l'histogramme de cette néo-
51
image indice, on crée un masque; les formes et formations sableuses sont mises à 1, le reste à 0.
Elles couvrent 19% de la surface totale de la fenêtre.
En multipliant cette image binaire aux six canaux Thematic Mapper, on obtient six néo-images
sur lesquelles on lance une classification semi-supervisée à 10 classes, donc sur les seuls
espaces "sable". Le choix de 10 classes est basé sur la connaissance terrain, c'est de manière
générale le nombre de type de formes et formations sableuses présentes dans cette zone. (figure
n°18 brzrs.c10)
Cette classification nous fournit une information en terme de "formations" et non pas de
"formes". On discrimine des formations sableuses plus ou moins vives, plus ou moins
couvertes de végétation, plus ou moins sombres ou claires, plus ou moins humides, et à
granulométrie variable, même si ce dernier paramètre est difficile à appréhender sans travail de
terrain.
Les sables vifs ont les signatures spectrales les plus fortes, car ils sont très réflectant (cf. figure
n°19). Ils se discriminent alors aisément. Les sables couverts de végétation ont des signatures
spectrales beaucoup plus basses car la couverture végétale absorbe une partie des
rayonnements, ainsi que l'humidité relativement importante qui lui est associée en général.
Les formations sableuses vêtues présentent des valeurs spectrales plus basses dans tous les
canaux.
Mais en dehors des sables les plus vifs qui correspondent strictement à des placages sur les
versants sud-est (sous le vent), les différentes classes radiométriques définies dans la
classification ne coïncident pas avec des types de formes éoliennes. Un même type de
formation caractérisera plusieurs formes éoliennes. La plupart de ces formes éoliennes
n'apparaissent pas dans une seule classe, mais correspondent à une mosaïque de pixels de
classes différentes.
Ce sont alors des paramètres visuels définit par le thématicien qui permettent de désigner tel
regroupement comme telle forme éolienne.
Ces paramètres, présentés dans le chapitre précédent, sont la forme, la texture et structure, le
contexte, combinés à la valeur spectrale, la brillance, le taux de couverture végétale et la
couleur.
Les formations les plus vives correspondent donc à des placages de versants exposés au
sud-est (sous le vent). Cette classe en regroupait deux originellement, spectralement très
différenciées (placages de sables vifs et formations sableuses vives), mais elles ont été
regroupées car elles couvraient des superficies très réduites et proches thématiquement.
Elles présentent des valeurs nettement plus fortes que les autres classes dans tous les
canaux, sauf les formations sableuses vives à valeurs moyennes similaires à celles des autres
classes dans les canaux bleu et vert.
Les autres formations sableuses, qui présentent des réponses spectrales comprises dans la
même fourchette de valeurs dans les canaux du visible et du PIR, se discriminent dans les
canaux 5 et 7.
53
Figure n°19 : Signatures spectrales des formes et formations sableuses de la région de Brézina (Thematic Mapper, réflectance en pourcentage) brzrs.c10
TM7TM1 TM2 TM3 TM4 TM5
10
15
20
25
30
35
40
45
50
Placages de sables vifs
Formations sableuses vives Formations alluviales soufflées
vivesDunes longitudinales du NO et
autres formations sableuses
végétalisées
54
Les dunes longitudinales (sand-ridges) se distinguent nettement des autres types de formes
dunaires. On y différencie également deux types; celles du nord-est et du sud-est de la dayet
el Anz :
Elles sont de forme générale identique — elles présentent normalement "un profil
transversal émoussé convexe" et sont séparées par des couloirs d'érosion — mais se
distinguent nettement spectralement et spatialement (par leur fréquence, leur épaisseur et
longueur).
Les dunes de Zoua, au sud-est de la dayet El Anz, partie septentrionale de l'erg El
Annagueur, lui même digitation nord du Grand Erg Occidental, très allongées et légèrement
sinueuses, apparaissent très brillantes sur l'indice de brillance, et comme sable vif sur la
classification non supervisée. Elles sont en effet seulement partiellement fixées par la
végétation (très faible réponse sur le NDVI), et sont séparées par des zones de déflation où la
surface de la hamada est mise à nue. Elles marquent la transition avec les dunes de l'erg
proprement dit à dunes plus importantes et abondantes.
Les dunes longitudinales du nord-ouest de la dayet El Anz (Khounifer), sont nettement
plus couvertes de végétation selon l'indice de végétation (réalisé sur le masque des zones
ensablées) et sur la classification non supervisée et semi-supervisée, ainsi que nettement
moins brillantes (selon l'indice de brillance) que celles du sud-est de la dayet el Anz.
Elles apparaissent également de couleur différente selon l'indice de couleur normalisé
(valeurs les plus fortes de l'indice brzcoulr — plus rouge? —, valeurs moyennes pour les
dunes longitudinales du sud-est), indiquant une provenance du matériel différent de celles du
sud-est. Elles sont plutôt composées de sables prélevés dans les formations rouges du
Tertiaire continental, alors que celles du sud-est sont plutôt formées de sables alluviaux
remobilisés plus blancs.
Elles sont aussi beaucoup plus courtes, circonscrites par les garet Bent Krass au nord-ouest
et la dayet el Anz au sud-est, dans laquelle elles débordent légèrement. Elles sont par ailleurs
beaucoup plus étroites et "serrées" par rapport à celles qui se développent au sud-est de la
dayet (couloirs interdunaires étroits). Fortement vêtues dans le prolongement sud-est des
garet bent Krass qui les abritent des vents dominants, elles sont beaucoup plus vives sur les
bords du "massif" où elles sont exposées au vent dominant. Elles présentent alors les mêmes
caractéristiques spectrales que celles du sud-est (dunes à sable plus ou moins vif).
Les couloirs interdunaires sont toujours couverts d'une végétation plus abondante que les
"crêtes" des dunes, car plus humides. Ils apparaissent plus sombres sur l'indice de brillance
et avec des valeurs plus basses.
Il existe d'autres formes de dunes plus ou moins linéaires beaucoup moins bien organisées
que les précédentes.
Développées sur la hamada de Si Hadj Eddine, ces dunes linéaires ou sif s'étirent du nord-
ouest au sud-est à partir du petit erg de la zaouïa Si Hadj Eddine. Composées de sables vifs,
55
elles sont très brillantes sur l'indice de brillance et présentent des valeurs radiométriques
fortes.
Confondues avec les dunes longitudinales du sud-est dans la cartographie géomorphologique,
on peut les différencier à l'aide de leur fréquence et leur taille. Les dunes longitudinales du
sud-est sont beaucoup plus fines et serrées que les dunes linéaires de la hamada de la zaouïa.
Une binarisation, squelettisation, puis travail des fréquences à partir d'un indice de brillance
combiné au résultat de la classification (brzrs.c10) permettrait d'établir une typologie de ces
dunes. Cette discrimination peut être également réalisée, nous l'avons vu dans la première
partie, avec une classification supervisée sur les zones les plus brillantes de l'indice de
brillance (brzrs.c10).
D'autres traînées de sables vifs s'étirent de la bordure sous le vent des talwegs des oueds
secondaires du nord de la dayet el Anz, vers le sud-est, perpendiculairement à ces oueds
orientés nord-nord-est / sud-sud-ouest, du djebel Kohol vers la dayet el Anz .
Il s'agit de formations sableuses remaniant des sables alluviaux
La hamada, au nord-ouest de la dayet el Anz, est marquée également par des formes
linéaires. Elle est couverte de champs de nebkas. Petites dunes vives qui s'étirent sous le
vent de touffe de végétation, elle doivent se confondre sur les images avec les dunes
longitudinales à leur périphérie.
Les aklés sont des formes dunaires compactes, quadrillage très serré de bras dunaires,
"accidenté par des dunes peu élevées à prédominance d'éléments transversaux" R. Coque
(1962). C'est cette structure très particulière qui leur confère une signature spectrale très
hétérogène, correspondant à la combinaison de réflectances de plusieurs objets différents
juxtaposés.
Les aklés représentés sous le même vocable sur le croquis morphologique de Y. Callot
(1987), apparaissent distincts sur la classification non supervisée (brzrs.c10).
D'après les indices de brillance et de végétation (NDVI), l'aklé El Ariga et ceux couvrant la
terrasse d'Et Taï semblent composés de sable peu vif, mais également peu couvert de
végétation. Peut être est-il encroûté, ou pédogénéisé. Il présente également une structuration
centre - périphérie. Il est composé de sable de plus en plus pollué par des alluvions couvertes
de végétation vers l'extérieur, lui conférant une brillance moyenne de plus en plus forte vers
l'intérieur.
Par contre, l'aklé el Anz développé au sud des garet el Anz et ceux qui se développent sur la
rive gauche de l'oued Seggueur associés aux dunes longitudinales du sud-est de la dayet el
Anz, apparaissent beaucoup plus vifs. La structure hétérogène apparaît beaucoup plus
nettement, montrant la juxtaposition de petites dunes vives sur une masse plus stable.
Une formation se distingue nettement des autres par des valeurs moyennes dans les
canaux du visible, mais nettement inférieures aux autres dans le proche et moyen infra-rouge
(canaux 5 et 7). Elle se localise exclusivement en auréole autour de la dayet de Si Hadj
Eddine.
56
Il existe également des regroupements, assemblages de formations sableuses qui ne
correspondent pas à des formes bien définies. Il peut s'agir de voile sableux ou de formations
plus épaisses sans forme caractéristique. Y. Callot (1987) en a présenté certaines comme des
formations sableuses épaisses fixées par de la végétation dans son croquis morphologique.
La classification permet d'y distinguer des "formes" différentes. Celles qui se localisent au
nord de la dayet el Anz entre les parties aval de deux oueds secondaires drainés par la dayet
apparaissent particulièrement vives sur l'indice de brillance.
La bordure sud-est de la dayet el Anz est soulignée par des placages sableux relativement
vifs dont le matériel est prélevé dans les alluvions de la dayet.
On a ensuite mis en oeuvre une classification non supervisée sur les néo-images inverses
des précédentes, c'est à dire où les formations sableuses sont à 0 (cf. figure n°20). On y
discrimine deux grands thèmes (cf. figure n°21): les formations alluviales récentes et anciennes,
et les hamadas et glacis.
Figure n°21 : Signatures spectrales des formations alluviales, des hamadas et des glacis de la région de Brézina (Thematic Mapper, réflectance en pourcentage) brzrs0.c15
TM1 TM2 TM3 TM4 TM5 TM75
10
15
20
25
30
35
40
HamadaFormation alluviale
Alluvions soufflées
Hamada
Ombre, végétation et sols très humides
Formation alluviale périphérique
Formation sableuse fortement végétalisée
Hamada ensablée
Formation alluviale sableuse
Végétation et parcelles de cultures nues
Formation alluviale
Formation alluviale sableuse
Formation alluviale périphérique
Formation alluviale
Formation alluviale
58
Les formations alluviales des oueds et dayas se différencient entre elles, dans une même
fourchette de valeurs, par leur granulométrie et minéralogie, leur taux d'humidité et la présence
ou non d'une couverture végétale plus ou moins dense.
Il semble que l'on puisse notamment discriminer formations alluviales grossières et fines.
L'oued Seggueur amont à épandages sableux (jusqu'à ce que les écoulements se divisent) se
différencie nettement de l'aval. Il se jette dans la dayet El Anz, et la traverse par plusieurs
chenaux fluctuants qui se rejoignent au sud-est de la dayet pour reformer un lit unique étroit
et encaissé dans la hamada. La taille des alluvions s'amenuise au fur et à mesure du dépôt.
Dans la dayet el Anz, la sédimentation argileuse s'effectue dans des chenaux peu profonds.
Les alluvions sableuses sont plus réflectantes que les alluvions plus fines, argileuses ou
limono-argileuses, car relativement plus perméables elles sont moins humides en surface et
moins couvertes de végétation.
On peut établir une chronologie relative du dépôt des alluvions récentes à partir de leur
valeur spectrale et de leur position vis à vis des chenaux actuels. Les dépôts les plus récents,
les plus humides sont par conséquent caractérisés par les valeurs spectrales les plus basses.
Les alluvions les plus récentes devraient correspondre, à priori, à celles qui sont cultivées,
couvertes ou non de végétation à cette date, c'est à dire les classes 2 (alluvions nues
labourées) et 3 (alluvions couvertes de végétation dense naturelle ou cultivée). En utilisant
ensuite la structuration centre - périphérie des alluvions dans les dayas, en partant du
principe que les formations les plus anciennes sont à la périphérie, on peut placer
chronologiquement vers les moins récentes les alluvions couvertes de végétation de la classe
5 qui cernent les zones de culture, puis la classe 4 (alluvions nues) localisée également dans
les bas fonds de la dayet Oum el Maï (plus ou moins au centre), et au débouché des chenaux
actifs de l'oued Seggueur dans la dayet el Anz. Enfin la classe 7 s'étale dans toute la dayet
Oum el Maï et en périphérie de la dayet el Anz (alluvions nues). On peut ajouter ensuite les
classes 8 puis 10, alluvions de débordement ou déjà soufflées, et redéposées à la périphérie
proche des dayas (la classe 8 cerne l'aklé el Ariga et marque le pourtour de la dayet Oum el
Maï, la classe 10 se localise principalement sur le bord est de la dayet el Anz))
Les autres oueds secondaires de la région de Brezina présentent des signatures spectrales
très différentes des formations alluviales vues précédemment. Les valeurs radiométriques
beaucoup plus fortes indiquent l'ensablement des chenaux et des taux d'humidité et de
végétation peu importants. Ce sont des chenaux fonctionnant de manière très épisodique car
à bassin versant local très réduit.
La discrimination des terrasses rharbiennes récentes (Q5-6) de Et Taï notamment qui s'étire
sur plus de 8 km, est peu évidente.
59
Figure n°23 : Principe de réalisation de la cartographie géomorphologique de la région de Brézina
Application du masque sur les images brutes
Classification à 10 classes de ces néo-images
Application du masque sur les images brutes
Classification à 15 classes de ces néo-images
Indice de brillance
Seuillage des formations sableuses
Création d'un masque des formations sableuses Création d'un masque inverse
Combinaison des deux classifications
Recodage des classes thématiques
Légendage
Discrimination des zones d'ombre par seuillage du NDVI
Regroupement de classes
Ces deux classifications ont été ensuite additionnées de manière à reconstituer la totalité
de l'image. On obtient une classification à 24 classes où subsistent encore des confusions dans
les classes, notamment entre les zones d'ombre et les sols ou la végétation très humides (cf.
figure n°22).
61
On a individualisé les ombres portées des gour, crêts et barres rocheuses en seuillant l'indice de
végétation verte normalisé où elles se discriminaient dans les plus basses valeurs. Ce masque à
été appliqué sur la classification précédente, créant une vingt cinquième classe.
On obtient donc après une étape de recodage thématique de toutes les classes et leur légendage,
une cartographie à vingt cinq postes thématiques géomorphologiques.
2.2.2.1.2. Cartographie géomorphologique de la région de Laghouat.
Nous avons procédé selon le même schéma général pour la cartographie
géomorphologique de la fenêtre de Laghouat, en séparant l'étude des formations sableuses des
autres formes et formations (cf. figure n°24 lagec.c17bkr).
Les formes et formations sableuses recensées ici ne sont pas exhaustives. Il existe de
nombreuses formes sableuses trop petites pour pouvoir être saisies sur ces images de résolution
de 30m. Elles ont, par contre, été individualisées sur les photographies aériennes et décrites
dans la deuxième partie.
On distingue sur la classification quatre types de formations sableuses, des plus vives aux plus
couvertes de végétation auxquelles nous avons ajouté les surfaces de hamadas couvertes d'un
voile sableux peu épais.
Les formations les plus vives correspondent comme dans la région de Brézina à des
placages exclusivement sur les versants de crêts exposés au sud-est. Elles caractérisent plus
particulièrement une grande dune qui se développe du plus haut sommet du djebel Oum
Deloua (1035 m d'altitude) jusqu'à la base du versant, mais également une série de placages
de plus petite taille exclusivement sur la partie haute du versant sud-est du djebel Ahmar.
D'autres placages composés de sables moins vifs couvrent le bas de ces versants sud-est
de manière beaucoup plus généralisée.
Avec des valeurs spectrales moins fortes, on observe des dunes en croissant, concavité au
nord-ouest, développées en champs sur la rive droite de l'oued M'zi entre les crêts des djebel
Oum Deloua et Ahmar. Elles apparaissent un peu couvertes de végétation sur l'indice de
végétation. La colonisation des sables par la végétation a pour conséquence de diminuer les
valeurs de réflectance, la signature spécifique de la végétation modifie celle des sables. Ces
zones, ainsi que les pixels sable vif - végétation, présentent des courbes beaucoup plus
"écrasées".
Mais ces formes se confondent avec d'autres plus massives, "bloquées" à quelque distance
au nord-ouest du djebel Ahmar, et sud-est du champs de dunes en croissant.
La confusion se fait aussi avec les formations composant la partie axiale de traînées
sableuses s'étirant nord-ouest / sud-est au sud-est de cols ou cluse interrompant les djebels
Ahmar et Kheneg. Elles se discriminent par contre sur les indices, et notamment sur l'indice
de couleur (de rougeur).
63
Figure n°25 : Signatures spectrales des formes et formations sableuses de la région de Laghouat
lagec.c17bkr (Thematic Mapper, réflectance en pourcentage)
10
15
20
25
30
35
40
45
50
55
lagec1.bkr lagec2.bkr lagec3.bkr lagec4.bkr lagec5.bkr lagec7.bkr
Hamada couverte d'un voile sableux
peu épais
Grande dune vive et placages vifs de
hauts de versants sud-est
Voile sableux relativement épais
Placages sableux de bas de versants
SE et versants
Placages sableux de bas de versants
SE
Dunes en croissant et voile sableux
épais
Versant calcaire nu
La périphérie de ces formes est couverte de formations sableuses qui forment un voile de
plus en plus fin vers l'extérieur, dont la réponse spectrale est progressivement dominée par
celle des hamadas qu'il recouvre et de la végétation steppique.
La surface de ces hamadas nues ainsi que les formations alluviales et les versants nus des
faces "éclairées" des crêts, ont été traités à part. Ces derniers apparaissent paradoxalement très
"brillants" alors que nos observations terrain et la bibliographie les présentaient plutôt patinés.
64
Figure n°26 : Signatures spectrales des formations alluviales, des hamadas et versants de la région de Laghouat lagec.c17bkr (Thematic Mapper, réflectance en pourcentage)
Formations alluviales en partie
couvertes de végétation
Formations alluviales couvertes
de végétation
Hamada
Formations alluviales de l'o. M'zi
(sableuse ?)
Végétation dense Formations alluviales soufflées
Formations alluviales
Formations alluviales
Hamada en périphérie d'oueds
0
5
10
15
20
25
30
35
lagec1.bkr lagec2.bkr lagec3.bkr lagec4.bkr lagec5.bkr lagec7.bkr
Ombre
Les alluvions sablonneuses humides de l'oued M'zi à l'amont et à l'aval de la cluse de
Laghouat se discriminent nettement des alluvions argileuses ou limono-argileuses des autres
oueds et dayas. Les plaines d'épandage de l'oued M'zi en amont et aval de la cluse de
Laghouat présentent une signature bien définie.
Les autres formations alluviales distinguées se différencient par une végétation plus ou
moins dense, une humidité plus ou moins importante et une granulométrie spécifique.
2.2.2.2. La cartographie de la végétation.
La végétation est le deuxième thème sur lequel nous avons plus particulièrement travaillé.
Sa cartographie nous a semblé nécessaire dans cette région dominée par l'élevage ovin. Il est
65
indispensable d'identifier les zones végétalisées, estimer les taux de couverture et la
composition floristique.
La couverture végétale naturelle dans son aspect physionomique et dans sa structure,
traduit assez bien les conditions climatiques de ce piémont (cf. figure n°27).
Le piémont est dominé par une steppe, type de végétation caractérisée par une
prédominance de Graminées xeromorphes et de Chamaephytes, espèces vivaces,
"permanentes", qui ne couvrent pas le sol complètement (G. Lemée 1978) -.
Le remeth (Haloxylon scoparium ou Arthrophytum scoparium selon les auteurs) est la plante
type de la steppe de ce piémont. Chénopodiacée arbustive couverte de fruits roses ou pourpres
innombrables en automne, c'est une plante qui est souvent dégradée par l'homme car elle est
pâturée par les troupeaux, et elle fournit un bon bois de chauffage.
Dans la partie septentrionale du piémont, la steppe à Haloxylon scoparium, Artemisia herba
alba et Helianthemum lippii, s'intrique avec les restes de groupements des steppes à alpha
(Stipa tenacissima), armoise (Artemisia herba alba), et sparte (Lygeum spartum), plus
caractéristiques de l'Atlas Saharien et des hautes steppes du piémont nord.
L'armoise blanche est une plante fourragère très appréciée des troupeaux. Elle reste verte très
longtemps en été et en automne après un printemps humide. On la rencontre à peu près
exclusivement dans les milieux relativement humides, dayas et fonds d'oueds; ailleurs elle
pousse mal. C'est une plante qui se développe bien lorsqu'elle est bien broutée, sauf s'il y a
surpâturage; non broutée elle perd ses qualités fourragères.
L'alfa est une plante à faible valeur fourragère. Elle est pâturée en années de disette et à
proximité des points d'eau permanents. Elle est peu digeste pour les ovins.
Mais l'optimum climatique de l'alfa se situe entre 250 et 400 mm. Sur le piémont, il se réfugie
dans les dépressions ou se développe en nappes peu étendues. On observe ainsi des nappes
jusqu'à Tilrhemt au sud de Laghouat, qui sont de plus en plus raréfiées vers le sud (cf. figure
n°28).
Figure n°28 : Limite d'extension méridionale de l'alfa sur le piémont sud de l'Atlas saharien
El abiodh sidi cheikh
Laghouat
M'sila
Ghardaïa
Messaad
Tilhremt
Crêtes principales de l'AtlasLimite méridionale des nappes d'alf a
Stations de l'alf a très au sud de sa limite continueSelon Ozenda 1977
Saharien
Source : Ozenda 1977
67
Les taux de couverture des steppes à armoise blanche et de l'alfa sont faibles, de 15 à 50 %.
Au sud de Laghouat, la steppe est relativement monospécifique à Arthrophytum scoparium,
conférant au paysage un aspect très monotone. Selon Barry et coll. (1973), cette
monospécificité est révélatrice d'une dégradation anthropozoïque d'une autre formation. Il
semblerait que les nappes d'alfa se soient étendues plus au sud. "La limite septentrionale
actuelle d'Arthrophytum scoparium procède d'une dégradation de la steppe à alfa". Il s'agit d'un
disclimax.
A l'ouest, la steppe à Arthrophytum scoparium s'enrichit de Farsetia occidentalis. Toujours
selon Barry et coll. (1973), il semblerait que le développement de Farsetia occidentalis
corresponde à une dégradation de la steppe à Arthrophytum scoparium, mais ayant entraîné
seulement son ouverture, pas son éradication.
Selon Djebaili, cette steppe ne serait pas non plus le climax de la région, mais résulterait de la
dégradation d'une forêt claire par l'homme (incendies, surpâturage, parcours incessants et
érosion excessive). Monjauze et al (1955) ont observé sur le djebel Milok (nord-ouest de
Laghouat) des traces forestières - un Phillyrea angustifulia L. et un Juniperus phoenicea L.
encore vivant, et de nombreuses racines de genévriers dans les fissures des rochers - prouvant
que ce massif a porté des boisements clairs de Juniperus à une période récente, eux mêmes
fruits d'une dégradation prolongée comme l'atteste la présence de Globularia alypum L.
associée d'ordinaire au pin d'Alep.
On observe, par contre, une dégradation naturelle de cette végétation vers le sud, liée à la
diminution des apports en eau autochtones (diminution des précipitations du nord au sud) et
allochtones (infiltration des eaux des oueds), et passage progressif à un peuplement de plus en
plus lâche et rabougri d'Arthrophytum scoparium, et une steppe pauvre composée d'Anabasis
aretioides. Vers le sud, la steppe à Rhanterium suaveolens ssp. intermedium replace
progressivement Arthrophytum scoparium. La steppe s'éclaircit. Au delà du puits d'Oum El
Debdeb (à l'extrême sud de la zone d'étude, à environ 2,4° de latitude est, et 32,8° de longitude
nord), la hamada est presque sans végétation (taux de recouvrement inférieurs à 5%).
Quand le reg est ensablé superficiellement, les Stipagrostis (graminées) apparaissent et
peuvent constituer un tapis dense formé surtout de S. plumosa accompagné de S. obtusa. Les
zones couvertes d'un voile sableux favorisent, elles, les Psammophiles telles que Thymelaea
microphylla (arbrisseau de 30 cm à 1m) et Arthrophytum schmittianum.
Le système dunaire composé de dunes longitudinales au sud-est de la dayet el Anz (et celles du
nord-ouest) est couvert d'une steppe buissonneuse claire à végétation spammophile constituée
d'Arthrophytum schmittianum, Stipagrostis pungens (drinn) et Stipagrostis acutiflora.
Arthrophytum schmittianum traduit, dans la plupart des cas, une certaine teneur en gypse, et
l'existence d'un substratum solide sous la dune. Stipagrostis pungens fixent des dunes
profondes, leurs racines sont souvent mises à nu par l'érosion éolienne. Stipagrostis acutiflora
colonise plutôt les petites accumulations de sable.
Ces plantes ne présentent pas de variations saisonnières marquantes.
68
Plus au sud, cette formation végétale s'enrichit de Rhanterium suaveolens ssp. intermedium. On
passe ensuite au système dunaire de l'erg avec dunes vives et dunes fixées par Stipagrostis
pungens.
A la périphérie de cette digitation de l'erg el Annagueur, le rmet (Arthrophytum scoparium)
reprend progressivement le terrain.
Sur les sables des oueds Zergoun et Méhaïguène, on trouve le baguel qui se joint au rtem
(genêt: Rétama retam).
Les talus, kreb des hamadas et buttes, sont caractérisés par une végétation particulière
relativement dense.
Ce piémont semi-aride est également caractérisé par un deuxième type de végétaux défini
par de plus forts taux de recouvrement du sol.
Peu développée, cette végétation dense est très concentrée, et se cantonne dans les espaces où
les conditions édaphiques et d'humidité sont favorables, c'est à dire dans les zones inondables,
dayas, oueds, et autour des sources.
Souvent, on n'observe pas de variation marquée de la végétation dans les oueds par rapport aux
hamadas environnantes, seulement une végétation un peu plus dense. Seul le lit mineur des
grands oueds présente une végétation particulière réellement plus dense.
Les dayas à bords doux dont le fond est d'ordinaire argilo-sableux présentent, elles, une
végétation particulière du fait de l'eau qui s'y accumule, et de sols relativement épais et
humifères. Le groupement caractéristique de ces fonds est l'association à Pistacia atlantica
(betoum) - arbre à feuilles caduques qui peut atteindre des proportions imposantes et pousse ses
racines jusqu'à 40m de profondeur (parait-il) - et Zizyphus lotus (jujubier; buisson épineux).
C'est la forêt-parc. L'apparition de cette association végétale est corrélative du développement
d'une humidité persistante dans les dayas, qui élimine Arthrophytum scoparium, espèce
dominante à l'origine.
La strate arborescente tend également à diminuer vers le sud.
Les dayas plus petites ou à végétation plus dégradée, notamment vers le sud, sont dominées par
l'association arbustive à Zilla macroptera où se distinguent plus particulièrement deux
composées : Anvillea radiata et Bubonium graveolens, plantes vivaces en touffes serrées
denses.
Sous le Betoum, lorsque le sol le permet, ou seule, se développe au printemps une
végétation herbacée très dense relativement riche en espèces. Il s'agit de l'acheb qui forme des
pâturages occasionnels plus ou moins denses dont la productivité est liée aux précipitations.
L'acheb est un nom générique qui recouvre différentes familles de plantes à base de thérophytes
à cycle végétatif très court de mars à mai. Le cycle vital jusqu'à la floraison et la fructification
se déroule avant que le sol ne soit desséché, sur une période de 1 à 4 mois, et parfois moins. Il
apparaît brusquement après des précipitations sur les zones d'accumulation des eaux de
ruissellement, interfluves et pentes douces, et forme un tapis souvent continu recouvrant le sol.
69
Ces espèces annuelles temporaires sont constituées de Graminées caractéristiques des milieux
semi-arides telles que Stipa retorta, S. Parviflora, Bromus hordaceus, des Légumineuses
comme Medicago littoralis, Astragalus hamosus var. Ancistron ainsi que quelques espèces de
milieux plus humides (pissenlit, plantain, orge des rats, fenouil, mauve et chien-dent).
Il est très apprécié des troupeaux, et leurs déplacements sont aujourd'hui liés à la recherche de
ces pâturages occasionnels.
Ces végétaux steppiques de milieu semi-aride présentent une signature spectrale très
particulière, différente de la réflectance classique faible dans le visible et forte dans le proche
infra-rouge, sauf dans certains cas très particuliers. Elle est liée au caractère lignifié de ces
végétaux, partiel comme pour les Armoises notamment, ou total pour les Jujubiers.
2.2.2.2.1. Cartographie globale de la végétation selon les NDVI.
Nous avons testé plusieurs méthodologies de cartographie de la végétation à partir des
images satellites, toutes basées sur les indices de végétation.
La première méthode utilise des écart-types locaux, moyennes locales et segmentations
sur le NDVI. La combinaison dans une composition colorée de l'écart-type local, la
segmentation de la moyenne locale du NDVI, et de l'indice de végétation normalisé de
végétation verte, permet une assez bonne représentation des unités paysagères de végétation. La
moyenne locale, renforcée par une segmentation à deux itérations sur le NDVI, permet d'en
extraire des zones homogènes correspondant à différents taux de recouvrement par la
végétation. L'écart-type local du NDVI rehausse les limites de ces zones homogènes. Les zones
à végétation dense homogène apparaissent en blanc, les sols nus en noir. Entre ces deux
extrêmes du jaune au bleu, on peut distinguer la végétation steppique plus ou moins diffuse.
Mais ces images restent relativement difficiles à lire, à interpréter, notamment pour les zones à
végétation steppique. Nous en présentons un exemple sur la région de Brézina, la zone nord de
la fenêtre-image (cf. figure n°29).
D'autres méthodologies basées également sur le NDVI ont été testées.
Sur la fenêtre de Brezina, la combinaison de masques réalisés à partir des classes de végétation
extraites des indices perpendiculaire de végétation, à abouti à la réalisation d'une cartographie
de la végétation en 11 classes (cf. figure n°30), par type de végétation et taux de recouvrement
différent (incluant les zones sans végétation). Le type de végétation est connu par la position
dans les oueds et dayas, ou sur les hamadas et glacis.
Dans les oueds et dayas on rencontre une végétation naturelle ou cultivée.
Sur les hamadas, on individualise quatre classes de végétation steppique composé
essentiellement de Haloxylon scoparium avec des taux de recouvrement variables mais
toujours inférieurs à 40%.
72
La classe 1 correspond aux espaces sans végétation des hamadas, la classe 2 à une
végétation très dégradée des hamadas, notamment sur la hamada de la zaouïa, zone de
pâturage intense. La classe 3 recouvre plus particulièrement la végétation des dunes
longitudinales du nord-ouest. Les classes 4 à 10 correspondent à des zones à végétation de
moins en moins dense des dayas et oueds. Enfin, la classe 11 correspond à l'ombre.
Mais la validité de toutes ces cartographies non validées sur le terrain restent relatives,
car basée sur le NDVI dont seules les valeurs extrêmes sont significatives, c'est à dire
végétation dense et nulle. Les valeurs moyennes correspondent à la végétation steppique, mais
il n'existe pas forcément de relation linéaire entre l'indice et la variation des taux de
recouvrement de cette végétation.
La végétation steppique étant maigre et peu couvrante et caractérisée par des taux de
recouvrement faible, notamment le remeth en groupement très diffus, elle est très difficilement
discriminable ; sa signature spectrale est largement dominée par les réflectances des sols dans
toutes les bandes spectrales.
Les cartographies de la végétation steppique réalisées à partir des indices sont par conséquent
plus qu'incertaines.
2.2.2.2.2. Cartographie séparée de la végétation steppique et dense.
La deuxième méthodologie utilisée a donc consisté à séparer l'analyse des espaces à
végétation dense et à végétation steppique beaucoup plus diffuse.
En effet, distinctes par les taux de recouvrement et les espèces, elles présentent une évolution
temporelle différenciée. Les traitements utilisés pour les discriminer sont très différents,
adaptés à leurs spécificités.
On a utilisé des classifications supervisées sur les masques de la végétation dense extraits des
indices de végétation pour la végétation dense, et les indices de végétation ainsi que les
classifications pour la végétation steppique.
Cette cartographie de la végétation dense et steppique réalisée sur chaque fenêtre ne discrimine
pas les types de végétation, mais uniquement des variations dans les taux de recouvrement de
celle ci.
On procède dans une première étape en dissociant végétation steppique et dense en extrayant
cette dernière à partir des indices de végétation. On réalise ensuite des classifications
supervisées, ou d'autres traitements adaptés, sur les seuls espaces de végétation dense ou
steppique individualisés à l'aide de masques.
Une cartographie en terme d'espèces végétales aurait nécessité des campagnes de terrain
beaucoup plus importantes que les deux réalisées, pour pouvoir localiser précisément les
nappes de végétation différentes.
73
Ce n'est qu'indirectement qu'on pourra individualiser différents types d'espèces, notamment
grâce à la phénologie des végétaux.
Par contre, il sera très difficile d'établir des hypothèses sur le comportement spectral des
différentes associations végétales.
2.2.2.2.2.1. La végétation dense des dayas, des oueds et jardins
On peut relativement aisément discriminer la végétation dense avec un indice de
végétation, car elle tranche nettement dans un environnement steppique. Ces indices montrent
particulièrement en blanc la végétation dense (fortes valeurs de l'indice).
En 1989, période humide, elle couvrait 0,408% de la surface totale de la fenêtre de
Brézina (d'après un seuillage assez large (157 - 255) de l'indice normalisé de végétation
verte), dont la majeure partie dans la dayet el Anz (cf. figure n°31). Le même indice sur la
même fenêtre de taille plus importante a montré que cette végétation dense stricte (extraite à
l'aide d'un seuil moins large) se répartissait inégalement entre les zones inondables et les
hamadas; la végétation de la partie daya de Brezina représentait 0,0068% de la fenêtre totale,
contre 0,00013% seulement pour les zones de hamada ou ensablées.
On peut y ajouter une végétation de même nature mais à taux de recouvrement plus faible,
qui se localise autour des zones à végétation dense, dans un des chenaux de l'oued Seggueur
(milieu) et le cône d'épandage à l'aval de ce chenal et sur les talus.
La même année, ce type de végétation couvrait un espace beaucoup plus restreint sur la
fenêtre de Ain Madhi-El Haouita étant donné l'exiguïté des zones humides; 0,36% de la
surface totale de la fenêtre avec un seuil strict 157 - 255 du NDVI (cf. figure n°32
mahdi43rp).
Sur la fenêtre de Ras Ech Ch'aab, la végétation dense stricte (dayabr43) correspondait, en
1989, à 1,027% de la surface (seuil 153-255) et 1,664% en incluant la végétation moins
dense des bordures de la classe précédente (seuil 140 - 255). Cette couverture végétale
relativement plus dense par rapport aux autres fenêtres est liée à l'importance des dayas dans
cette zone.
Dans la région de Bir Mouilah, la végétation dense stricte (seuil strict 167-255 de l'indice
de végétation verte normalisé) couvrait 0,094% de la surface totale couverte par la fenêtre.
Avec un seuil plus large (149-255) cette végétation dense couvre 0,712% de la surface (958
pixels) concentrée dans les oueds.
Les cartographies obtenues se basent donc exclusivement sur la notion de taux de
recouvrement du sol.
On peut ajouter à cette classification en terme de taux de recouvrement, une subdivision
basée sur la nature de la végétation dense. Mais cette distinction reste limitée, et déterminée
essentiellement par la localisation et la forme géométrique des "taches" de la végétation.
Dans les oueds et dayas, on distinguera la végétation dense naturelle ou cultivée.
75
La végétation dense de culture (palmeraie et zones de cultures d'orge et blé semés à
l'automne et moissonnés vers mars) présentera, la plupart du temps, des formes
géométriques régulières marquées qui la distingue nettement des espaces de végétation
naturelle. Pour Brezina, peu de parcelles étaient cultivées en janvier sauf quelques unes en
céréales d'hiver.
La végétation dense naturelle arborée, arbustive, et herbacée se localisera dans les dayas, les
oueds (où elle est interrompue par de nombreux espaces de sols nus ) et à proximité des
sources.
Dans les oueds et à proximité des sources où l'humidité est permanente, on observera des
lauriers rose et typha essentiellement. Ainsi une source émerge dans le lit de l'oued El
Haouita au niveau de la cluse, permettant un écoulement pérenne sur à peu près 1 km. On
trouve alors une végétation assez dense de lauriers et joncs derrière lesquels s'accumule une
nappe de sable de plus de 1 km de long. Il existe également une deuxième résurgence à
proximité du village.
On peut affiner cette première discrimination de la végétation dense en mettant en oeuvre
des classifications supervisées sur ces zones.
Après avoir extrait cette végétation dense de l'indice de végétation (dayabr43) en la seuillant
sur l'histogramme de l'indice (seuil 140-255), on applique le masque ainsi réalisé sur les canaux
bruts, mettant à 0 tous les espaces non couverts de végétation dense. Une classification
supervisée sur les espaces non masqués permet ensuite de subdiviser la classe "végétation
dense" en catégories plus fines.
Cette méthodologie n'a été appliquée que sur les fenêtres de Ras ech Ch'aab et de Brezina car
cette végétation dense trop négligeable sur les autres fenêtres ne présentait pas non plus
d'intérêt à être subdivisée en différents types.
Procédure de classification de la végétation dense
Indice de végétation (NDVI)
Seuillage de la végétation dense sur l'indice
Extraction de cette végétation (masque)
Masquage des images brutes avec ce masque
Classification semi-supervisée des espaces masqués
Nous avons défini, après plusieurs essais, une classification en 5 classes pour la fenêtre
des dayas (cf. figure n°33 dayabrs.c5).
L'interprétation de cette classification a été réalisée sur la base de la disposition des classes
dans l'espace et la réponse radiométrique spécifique de chacune.
77
Les courbes radiométriques (cf. figure n°34) permettent de distinguer deux type de réponse :
trois classes de végétation dense et deux de transition vers le steppique.
Figure n°34 : Signatures spectrales moyennes en réflectance en pourcentage des dayas de la
hamada de Ras ech Ch'aab sur Landsat Thematic Mapper (d'après la classification supervisée dayabrs.c5)
5
10
15
20
25
30
35
dayabr1s dayabr2s dayabr3s dayabr4s dayabr5s dayabr7s
Végétationmoins dense du
centre des dayas
moyennes et
périphérie desgrandes
Végétation peudense des dayas
moyennes et
pixels mixtes
Végétationdense de la
périphérie des
grandes et du
centre desmoyennes dayas
Végétation detransition vers
le steppique
Végétation trèsdense du centre
des petites dayas
Les deux classes à signatures les plus fortes sont caractérisées par des valeurs de
réflectance croissantes du visible au moyen infra-rouge (canal 5) et décroissante dans le
moyen infra-rouge (du canal 5 au canal 7). Cette signature est caractéristique des sols nus,
attestant d'une végétation peu dense proche de celle steppique qui couvre les hamadas.
Les trois autres classes présentent une structure croissante du visible au proche
infra-rouge (canal 4) et décroissante dans les canaux 5 et 7 (moyen infra-rouge), attestant
d'une végétation dense à très dense (signature d'une végétation chlorophyllienne en bonne
santé).
78
Ces 5 classes ayant été extraites à partir des plus fortes valeurs du NDVI, et
correspondant donc à des espaces couverts d'une végétation plutôt dense, c'est donc
l'importance plus ou moins importante des sols sous-jacent qui a été saisie ici.
La littérature permet de préciser que les sols qui dominent la réponse des deux classes de
végétation de transition vers le steppique, sont riches en matière organique et à texture
fine.
Selon la littérature, on devrait pouvoir différencier la végétation basse de la végétation
ligneuse dans le PIR (TM4, XX2). La végétation basse présente une signature spectrale à plus
fortes valeurs que la végétation ligneuse.
Mais le NDVI n'a pu être utilisé ici que comme indicateur général de la couverture végétale et
de sa vigueur. Il n'est pas suffisant à extraire la totalité des espaces susceptibles d'accueillir de
la végétation dense, en fonction de la date d'acquisition des données et les conditions
climatiques de cette période. L'image de janvier 1989 correspond à une période humide, mais la
période végétative n'est pas commencée. Par conséquent, les taux de surface couverts par de la
végétation dense définis sont inférieurs aux potentialités du milieu.
Une image de mars à mai aurait été plus intéressante de ce point de vue, car elle permettrait
d'utiliser les caractéristiques phénologiques des végétaux.
La même méthode sera donc appliquée sur l'image MSS du 07-05-1977 dans la deuxième
partie.
2.2.2.2.2.2. La végétation steppique des glacis et hamadas.
Il n'a jamais été possible, sans informations précises sur l'état de la végétation steppique
au sol à la date d'enregistrement des données, d'extraire cette végétation, d'en établir une
cartographie qui exprimerait des variations de taux de recouvrement ou d'espèces.
A une date, on ne peut faire un inventaire exhaustif et observer les variations spatiale de la
steppe, car cette végétation steppique se comporte comme une végétation sèche. En effet,
fortement lignifiée (totalement pour le Jujubier), elle est de plus en janvier (date
d'enregistrement des données Thematic Mapper) en période de latence (la période végétative
débute en mars) en raison de températures hivernales très rigoureuses, inférieures à 0° à
Laghouat, et jusqu'à -7°.
On verra, par contre, qu'il est possible d'observer des phénomènes de dégradation de cette
végétation dans le cadre d'une analyse diachronique.
2.2.2.3. La cartographie d'occupation du sol.
Il s'agit d'une cartographie qui met en évidence des unités d'occupation du sol, basée
également sur une certaine interprétation des classifications non supervisées et les indices de
végétation et de brillance.
79
On a différencié quatre thèmes majeurs: les zones de culture, les zones de parcours et de
pâturages, les zones urbaines et les zones incultes.
Chacun de ces thèmes majeurs à été subdivisé au maximum.
Tableau n°3 : Principe de la cartographie de l'occupation du sol
Thème principal
1er sous-thème
2ème sous-thème
Forme Contexte Signature spectrale
Variation dans le temps (sur 10 ans)
Zones de cultures
Episodiques Dayas Géométrique
Dayas Faibles valeurs Oui, forte
Zones d'épandages
Géométrique
Oueds Faibles valeurs Oui, forte
Permanentes Jardins Faibles valeurs Oui, phénologie Oasis Associé aux
zones urbaines Faibles valeurs Non
Pâturages Valeurs moyennes
Oui, zones de dégradation
Zones urbaines
Géométrique
Faibles valeurs (mélange avec jardins)
Extension possible
Zones incultes
Valeurs fortes ou faibles
Parfois
Les zones de culture et potentiellement cultivables se localisent dans les dayas, et les
zones d'épandages d'oueds, là où l'on trouve des sols relativement évolués, à teneur en matière
organique proche de 1% et capacité d'échange suffisante. Ces sols sont le plus souvent sableux
à sablo-limoneux. Ailleurs, la faiblesse relative de l'altération et le maigre développement de la
végétation correspondent à des zones à niveau de fertilité extrêmement bas, tels les sols bruts
d'apport éolien, les lithosols sur croûtes calcaires ou les regs de croûtes calcaires démantelées.
Beaucoup d'étendues sableuses ou caillouteuses n'en portent même pratiquement pas.
Les parcours et pâturages correspondent aux espaces les plus importants, couverts d'une
steppe plus ou moins ouverte, plus ou moins dégradée, sur les hamadas, glacis, formations
sableuses vêtues et zones alluviales également. Ce sont tous les terrains de parcours utilisés
plus ou moins extensivement, et de plus en plus intensivement autour des centres urbains,
zones de cultures et points d'eau.
Ces pâturages recouvrent donc des espaces à signatures spectrales variables, fonction du
substrat plus ou moins brillant ou sombre, et de l'importance de la végétation. On peut, de
manière générale, affecter des signatures spectrales moyennes à ces espaces, mais ils peuvent
présenter des valeurs fortes si la végétation est très dégradée notamment, ou au contraire faible
en cas d'humidité du sol ou de zones d'ombre.
Les zones urbaines, souvent de taille réduite, sont en général caractérisées par des valeurs
radiométriques faibles à moyennes, car les habitations sont associées aux jardins irrigués. Avec
l'arrachage des palmiers et l'urbanisation de la palmeraie, les signatures spectrales ont tendance
80
à être plus fortes. De taille réduite, à part la ville de Laghouat, ces centres urbains sont
caractérisés par des formes géométriques marquées, plus ou moins anguleuses.
Les zones incultes correspondent à tous les espaces restants, c'est à dire les versants des
crêts où affleurent la roche en place, les sables vifs,.... Classe regroupant différents objets, les
valeurs radiométriques caractérisant ce thème sont donc variées ; forte pour les sables vifs et
roches calcaires nues, faible pour les roches nues patinées,....
Sur la fenêtre de Brézina, la cartographie de l'occupation du sol, réalisée à partir de la
classification utilisée pour la cartographie géomorphologique, couvre huit postes thématiques
au total (cf. figure n°35 brzr.c8r).
Le premier thème des zones de cultures à été subdivisé en deux : les zones cultivées à la
date d'acquisition des images et les zones potentiellement cultivables.
Ces deux classes correspondent aux zones alluvionnaires des dayas et des oueds de la
cartographie géomorphologique.
Les zones potentiellement cultivables étaient originellement confondues avec les talus des
buttes et crêts. Elles ont été individualisées à l'aide d'un masque extrait de l'écart-type local
de l'indice de brillance (zones à la plus forte hétérogénéité). On a crée ainsi une huitième
classe regroupant les talus. Cette méthode intéressante reste insuffisante pour éliminer toutes
les confusions. Mais il n'a pas été possible d'améliorer encore cette classe des zones
potentiellement cultivables, où l'on retrouve encore des bas de versants notamment. Cette
confusion est liée à la présence de végétation naturelle et d'une humidité relativement
importante sur ces bas de versants qui récoltent les eaux de ruissellement des talus. Ils
correspondent donc plutôt à des zones de parcours.
Ces zones de cultures potentielles incluent des zones de cultures permanentes à nu en janvier
1989 et des zones de cultures occasionnelles d'oueds ou de dayas. Les parcelles à nu
présentent une signature très particulière, car elles ont été labourées ce qui a déstructuré la
"croûte" superficielle claire sèche qui couvre la surface de la daya ailleurs, et laissé
apparaître ainsi une humidité plus importante, et augmentant la rugosité de surface.
Nettement discriminées dans la classification et sur l'indice de brillance (très faible brillance,
intervalle 0-1), elles ont été agrégées à cette classe, car thématiquement proches.
Les zones cultivées couvertes de végétation en 1989 ont, par contre, été classées à part.
Elles apparaissent en confusion avec des espaces couverts de végétation dense naturelle.
Les deux se distinguent visuellement relativement aisément ce qui nous a convaincu de ne
pas chercher un autre moyen permettant de les distinguer spectralement. Les zones cultivées
présentent des formes géométriques marquées qui ont été, par ailleurs, rehaussées à l'aide de
l'écart-type de l'indice de brillance. Elles sont détourées d'un liseré (qui appartient
spectralement à la classe 8).
82
L'oasis de la zaouïa de Si Hadj Eddine apparaît en partie dans cette classe. Elle se confond
avec la classe des talus en raison de l'ombre portée des palmiers et de la forte humidité des
sols (irrigation permanente).
La différenciation entre les zones de cultures occasionnelles et l'oasis se fait par la variation
dans le temps. Les parcelles cultivées épisodiquement dans les oueds et dayas présentent,
par définition, une signature spectrale variable dans le temps en fonction de la phénologie
des plantes et des choix de mise en culture. La signature spectrale des oasis par contre,
dominée par celle des palmiers, ne variera pas ou peu dans le temps.
Les parcours et pâturages de la région de Brézina couvrent non seulement les hamadas,
glacis et terrasses anciennes, mais également certaines zones ensablées, auquel cas nous
avons précisé qu'il s'agissait de "zones de parcours fragiles" car un surpâturage entraînerait
la remobilisation des sables et l'impossibilité de régénération de la couverture végétale. C'est
le cas des dunes longitudinales du nord-ouest de la dayet el Anz et une partie de celle du
sud-est, et des formations sableuses des dépressions des oueds Zebboudj et El Abiod.
Certaines zones posent problème quant à leur affectation à ce thème "pâturages", car
occasionnellement (ou de manière plus continue) utilisées pour des cultures. Les dayas et les
oueds ont été, pour cette raison, affectés au thème "zones de culture " permanentes ou
épisodiques en fonction de la proximité de zones d'occupation humaine permanentes.
Il n'existe pas de centre urbain suffisamment important sur la fenêtre de la dayet el Anz
pour apparaître comme thème individualisé.
Les zones incultes regroupent différentes zones ; les sables vifs des dunes longitudinales
du sud-est de la dayet el Anz, les sifs des hamadas, les traînées sableuses de la dayet si Hadj
Eddine, les placages des talus et les formations vives épaisses associées aux oueds du nord
de la dayet el Anz, et les talus abrupts.
Cette cartographie reste incomplète et nous avons dû définir deux classes rejet, soit que
leur signification thématique n'ait pas pu être déterminé, soit qu'elles présentaient des
confusions impossibles à éliminer.
La classe 7 correspond à un objet thématique très particulier, déjà individualisé dans la
cartographie géomorphologique. Il s'agit d'une auréole autour de la petite dayet Si hadj Eddine
énigmatique.
La classe 6 correspond à des espaces mixtes, parcours et cultures que l'on n'a pu différencier.
2.3. L'analyse diachronique des images satellites.
L'étape précédente de cartographie thématique à partir des images de 1989 correspond à
un état relatif du milieu, directement lié aux conditions climatiques notamment.
Nous avons noté que certains thèmes ne pouvaient être différenciés à une date, l'évolution
temporelle de certains objets est nécessaire pour les discriminer, notamment l'évolution
phénologique des cultures et de certaines associations végétales.
83
De même, l'appréhension de la dégradation ne peut être réalisée que dans le temps, à
travers un suivi diachronique de ce milieu.
Le raisonnement n'est pas le même qu'à une date. On travaille sur l'évolution des
différents thèmes dans le temps à travers plusieurs images multidates et multicapteurs en se
basant sur les cartographies réalisées à une date, 1989 servant, en l'occurrence, "d'étalon".
2.3.1. Les images traitées.
Nous avons disposé en plus de l'image Landsat 5 Thematic Mapper du 01-01-1989, de
plusieurs autres images multicapteurs et multidates s'étendant sur la dernière période de
sécheresse; Landsat 2 MSS du 07-05-1977, SPOT XS du 23-02-1986 (Scène K - J 50-282),
Landsat 5 Thematic Mapper du 31-1-1994, et images radar ERS-1 SAR du 17-11-1993 (Scène
12234/2925).
Elles nous ont permis un suivi diachronique du piémont sur douze ans.
Tableau n°4 : Caractéristiques des différents capteurs Satellite Bandes spectrales en µm Résolution linéaire en
mètres Année de lancement
Landsat 2 Multi Spectral Scanner (MSS)
bande 4 : 0,5 - 0,6 bande 5 : 0,6 - 0,7 bande 6 : 0,7 - 0,8 bande 7 : 0,8 - 1,1
56 x 79
1975
Landsat 5 Thematic Mapper (TM)
bande 1 : 0,45 - 0,52 bande 2 : 0,52 - 0,60 bande 3 : 0,63 - 0,69 bande 4 : 0,76 - 0,90 bande 5 : 1,55 - 1,75 bande 6 : 10,4 - 12,5 bande 7 : 2,08 - 2,35
30 x 30
pour les bandes 1 à 5 et 7
120 x 120 pour la bande 6
1984
Spot 1 Satellite Pour Observation de la Terre
bande 1 : 0,50 - 0,59 bande 2 : 0,61 - 0,68 bande 3 : 0,79 - 0,89 bande P : 0,51 - 0,73
20 x 20 pour les bandes 1 à 3
10 x 10 pour la bande P
janvier 1986
ERS-1 fréquence = 5,3 GHz 25 x 25 juillet 1991
Les images multi-capteurs et multidates disponibles ont été utilisées en tenant compte de leurs
spécificités propres, limitant ou apportant des informations nouvelles.
Les images MSS, malgré une résolution "grossière", permettent de remonter
relativement loin dans le temps (années 70), et ainsi, des suivis du milieu intéressants.
Les images Landsat Thematic Mapper sont certainement les plus intéressantes avec
une résolution moyenne de 30 x 30m, mais des canaux dans des longueurs d'onde
intéressantes. Les canaux de l'Infra-rouge moyen (TM5 et TM7) notamment sont utiles
pour la détection des changements d'humidité dans la végétation. L'Infra-rouge thermique
également, bien que nous ne l'ayons pas utilisé. Elle sont par ailleurs les seules à notre
disposition couvrant la totalité du piémont.
84
L'image SPOT HRV1 en mode XS présente la résolution la plus fine, mais les
bandes spectrales sont relativement peu intéressantes, notamment pour l'étude de la
végétation. De plus, elle ne couvre qu'un espace réduit de ce piémont.
2.3.2. Une méthodologie de traitements adaptée à chaque fenêtre, sur une trame
identique aux cinq.
2.3.2.1. Corrections radiométriques.
Les données de toutes les images ont été transformées en réflectance en pourcentage, car
le suivi et la quantification sur plusieurs dates nécessitent des données en valeurs physiques.
La formule présentée dans le chapitre précédent pour les images Thematic Mapper est identique
à celle utilisée pour les images MSS.
Par contre elle est différente pour les images SPOT pour lesquelles nous avons utilisé un
programme crée par H. Geroyannis (PASTEL, ENS St Cloud) à partir de "paramètres" fournit
par le CNES. Les paramètres sont différents des corrections pour les images MSS et TM, en
plus de l'angle d'élévation solaire et l'éclairement solaire défini en fonction du mois et de
l'année de la prise de vue, on utilise des données plus techniques de valeur du numéro de gain
de prise de vue et de coefficient d'étalonnage absolu.
2.3.2.2. Recalages et réechantillonnages.
Le travail diachronique nécessite la mise en conformité des différentes images
disponibles. Chaque capteur fournit des images de résolution et à géométrie spécifiques. Ainsi,
comme présenté dans le tableau n°4, les images Landsat MSS ont une résolution de 56 x 79m,
Landsat Thematic Mapper de 30m, et SPOT XS de 20m.
Il est nécessaire pour traiter deux images de date et/ou capteur différent, de pouvoir les
superposer, il convient donc de les corriger géométriquement.
Les corrections des images se font deux à deux par rapport à une image choisie comme
référence, dans notre cas l'image Landsat Thematic Mapper de 1989.
La première étape est le réechantillonnage, c'est à dire la mise en conformité de la résolution
des images, nécessaire pour pouvoir recaler les images les unes par rapport aux autres. On crée
artificiellement de nouveaux pixels (pour SPOT) ou en subdivise (pour MSS) sur les images
réechantillonnées pour obtenir des résolutions identiques.
Toutes les images ont été réechantillonnées à 30m, résolution de Thematic Mapper. On perd de
la finesse pour les images SPOT, mais le réechantillonnage des images MSS donne de
meilleurs résultats visuels qu'un réechantillonnage à 20m.
Dans la deuxième étape, on détermine un certain nombre d'amers sur les deux images de même
résolution qui serviront de points d'appui pour le recalage géométrique. Ces amers, qui
85
correspondent si possible à des objets singuliers à fort contraste de voisinage et invariants dans
le temps, sont répartis de manière homogène sur toute l'image. On modélise les déformations
géométriques entre les images à partir de ces points d'appui par approximation polynomiale. On
réaffecte de la radiométrie aux nouveaux pixels (interpolation) selon des méthodes du plus
proche voisin, bilinéaire ou cubique.
La précision du recalage sera fonction du nombre d'amers retenus. Ce degré de précision est
d'autant plus élevé que la région est accidentée.
Le recalage, aisé pour SPOT, s'est avéré plus difficile pour les images MSS, car après leur
réechantillonnage à 30m, on obtient une image "grossière" où on ne peut retrouver finement les
amers choisis sur l'image Thematic Mapper. La difficulté est accrue par le manque de repères
précis (agglomération, route,…) dans ce milieu semi-aride. Les résidus sont alors
systématiquement trop forts pour arriver à recaler l'image.
Les recalages ont été réalisé à l'aide du logiciel IDRISI.
Pour les fenêtres image d'El Haouita et de Ras ech Ch'aab, le recalage à été effectué avec la
polynomiale de degré 2 quadratique et le plus proche voisin (avec respectivement 7 amers et 10
amers). Les autres degrés ont donné de mauvais résultats. On obtient un résidu de 0,237899
pour El Haouita et 0,461 pour Ras ech Ch'aab.
On a utilisé la polynomiale de degré 2 linéaire et le plus proche voisin (6 amers) pour le
recalage des images de la fenêtre de Laghouat (résidu de 0,58).
2.3.2.3. Choix des canaux pertinents.
Nous avons pensé, dans un premier temps ne travailler que sur les canaux les plus
pertinents des images, les moins corrélés, déterminés à l'aide des matrices de corrélation.
Tableau n°5 : Matrice de corrélation des 6 canaux TM R% de la fenêtre de Brezina TM1 TM2 TM3 TM4 TM5 TM7 TM1 1 0,785 0,597 0,53 0,497 0,491 TM2 1 0,899 0,861 0,817 0,823 TM3 1 0,969 0,934 0,939 TM4 1 0,948 0,942 TM5 1 0,973 TM7 1
Tableau n°6 : Matrice de corrélation des 6 canaux TM R% de la fenêtre des dayas TM1 TM2 TM3 TM4 TM5 TM7 TM1 1 0,782 0,711 0,644 0,668 0,633 TM2 1 0,889 0,834 0,831 0,834 TM3 1 0,906 0,902 0,918 TM4 1 0,898 0,879 TM5 1 0,928 TM7 1
86
Tableau n°7 : Matrice de corrélation des 6 canaux TM R% de la fenêtre d’El Haouita TM1 TM2 TM3 TM4 TM5 TM7 TM1 1 0,879 0,819 0,787 0,771 0,765 TM2 1 0,951 0,928 0,884 0,893 TM3 1 0,973 0,913 0,924 TM4 1 0,929 0,915 TM5 1 0,948 TM7 1
Ces matrices nous indiquent que pour toutes les fenêtres, ce sont les canaux 1, 4 et 7 de
Thematic Mapper qui sont les moins corrélés, qui contiennent les informations les moins
redondantes.
Mais il s'est avéré que la perte d'information lors de la conversion des données en
réflectance en pourcentage était telle, qu'il valait mieux conserver tous les canaux pour les
traitements de manière à optimiser les résultats.
2.3.2.4. Cartographies diachroniques utilisant des traitements identiques à
ceux de l'image référence.
Le suivi diachronique du milieu à partir de plusieurs images de dates différentes permet
une quantification des variations quantitatives (diminution ou augmentation de la surface
couverte par un thème) et qualitatives (modification de la signature spectrale d'une zone ou
thème).
Il existe de nombreux "objets" invariants dans le temps, essentiellement tout ce qui a trait à la
structure, mais de nombreux autres présentent des modifications de leur réponse spectrale, qui
correspondent à des variations saisonnières "normales", ou des variations à plus long terme
correspondant à une dégradation du milieu.
Les méthodologies de traitements utilisées pour ces suivis diachroniques ne diffèrent pas
de celles utilisées à une date, elles correspondent à la combinaison d'images-résultat de dates
différentes : classifications, composition colorées d'images indices ou d'axes d'ACP.
Les interprétations des résultats sont basées sur les mêmes critères que pour les données
Thematic mapper de 1989. Nous avons ainsi notamment utilisé des courbes "canoniques"
d'objets pour les données Landsat MSS (cf. figure n°36).
La combinaison de ces images par addition ou dans des compositions colorées, fournit par
contre des néo-images où l'information nouvelle créée est parfois difficile à lire, car trop
importante. Nous avons par conséquent travaillé en général sur les seuls espaces "thématiques"
intéressant notre problématique, c'est à dire les zones ensablées et la végétation, les autres
unités thématiques étant masquées.
Figure n°36 : Signatures spectrales "classiques" d'objets sur Landsat MSS (Luminance apparente).
87
0
10
20
30
40
50
60
MSS4 MSS5 MSS6 MSS7
Végétationchlorophyllienne
végétation sèche
Calcite
Quartz
Kaolinite
Montmorillonite
Eau pure
2.3.2.4.1. Les classifications semi-supervisées.
Il est possible de réaliser des classifications non supervisées diachroniques combinant les
canaux d'images de dates différentes. Lorsque l'on dispose d'images de capteurs identiques, on
peut réaliser une seule classification avec tous les canaux des deux dates différentes. Mais dans
notre cas, disposant de données de capteurs variés, nous avons réalisé des classifications
diachroniques par addition de classifications séparées. A chaque date, on réalise une
classification non supervisée selon les mêmes modalités que dans l'étape précédente, elles sont
ensuite additionnées après recodage (par des dizaines) d'une des deux classifications pour
faciliter la lecture de l'image résultante.
On peut également faire des intersections d'images avec matrice de passage qui
permettent de voir l'évolution des classes d'une date à l'autre. Par exemple classe 1 est devenue
classe x à 10 %, 20 % classe z, ...
Il est alors nécessaire de disposer de deux images classées avec la même typologie de
classification.
2.3.2.4.2. Les indices diachroniques.
Les indices diachroniques combinés dans des compositions colorées fournissent une
information visuelle sur l'évolution de certains thèmes.
Inintéressant pour l'appréhension de la végétation steppique à une date, les indices de
végétation diachroniques ne peuvent pas non plus servir au suivi diachronique de cette
végétation peu couvrante.
88
Par contre, en extrayant les seuls espaces de végétation dense par seuillage des indices, on peut
suivre et quantifier son évolution spatiale. On combine ces images-seuils dans des
compositions colorées, ou par addition après recodage de l'une des deux image.
2.4. Apport spécifique de l'imagerie radar.
Nous disposions, en plus des images de capteurs "passifs", d'une série de données radar
du satellite ERS-1 lancé en 1991-92, avec une bande C à pénétration moyenne (6 cm), une
polarisation VV.
L'utilisation et l'interprétation des images Radar sont beaucoup plus complexes que les
images optiques précédemment vues. La radiométrie des pixels est fonction de la rugosité au
sol, de la topographie et de l'humidité. L'interprétation se base en général sur la notion de
"rugosité" de surface.
Les secteurs rugueux ont une rétrodiffusion plus forte que les zones lisses. Ainsi, des zones
couvertes d'une végétation arbustive ou buissonnante apparaîtront en grisé clair, et l'eau ou
des sols nus apparaîtront en noir.
Les images radar brutes sont très bruitées et difficiles à travailler. Ce speckle à été réduit
(par Smara Y.) avec des méthodes de filtrage, en appliquant un lissage par FROST, filtre local
utilisant la moyenne et la variance locale (élimination totale difficile).
Sur la fenêtre d'El Haouita, l'image radar souligne la diminution de la granulométrie des
formations de l'amont vers l'aval des glacis de revers des crêts du synclinal d'El Haouita,
traduisant la diminution de leur rugosité de surface.
Utilisées en combinaison avec les classifications sur la fenêtre de Laghouat, elles
apportent une information particulière sur les traînées sableuses, notamment sur leur très faible
épaisseur puisqu'elles n'apparaissent pas sur l'image radar.
Les traitements de ces images radar se sont bornés à ces observations, car un
approfondissement aurait nécessité des informations de terrain plus fines.
2.5. Vérification des "cartographies" réalisées.
Les résultats obtenus par les méthodes présentées ci-dessus n'ont pas pu être validés par
des campagnes systématiques de terrain.
Quelques vérifications terrain plus systématiques des classifications et néo-images ont été
réalisées sur les zones pilotes, avec observations géomorphologiques et prélèvements
d'échantillons, mais elles sont restées très aléatoires en raison des problèmes de localisation
précise.
La validité des classifications à été estimée également à partir de paramètres statistiques,
notamment des pourcentages de classement des classes.
89
Chaque fois que possible, nous avons utilisé les photographies aériennes et les informations
terrain fournies par la bibliographie.
Les limites des cartographies diachroniques sont encore plus nombreuses.
Le premier problème est lié aux différences de résolution des capteurs. Le passage d'une
résolution de 80 m pour MSS à 30 m de Thematic Mapper, pose le problème des bordures des
pixels. Un objet au sol d'une taille approximative de 80 m par exemple, présentera donc une
signature "pure" sur MSS (en partant du principe que le pixel est centré sur l'objet). Sur
Thematic Mapper, la signature spectrale correspondra à un mélange entre celle de l'objet et
celle de ses voisins.
On obtient des confusions, par exemple entre les zones à végétation steppique pure, et les zones
de bordure de daya où la signature correspond à une combinaison de végétation dense et de
végétation steppique. Ceci étant, dans ce cas précis, on obtient alors une signature de végétation
de transition qui est intéressante thématiquement. Mais on a perdu des zones à végétation
dense. Le suivi diachronique de la surface couverte par la végétation dense sera par conséquent
biaisé.
La quantification multidate par pixels des surfaces couvertes par la végétation dense
n'intègre pas non plus l'hétérogénéité à l'intérieur des pixels, et les pixels de bordure ne sont à
priori pas pris en compte.
Par ailleurs, ces suivis diachroniques réalisés resteront relatifs, car ils se basent sur des
données enregistrées dans des longueurs d'ondes spécifiques à chaque capteur. Or, les "objets"
n'ayant pas les mêmes réponses dans les différentes longueurs d'ondes, les comparaisons et le
suivi de leur évolution resteront donc essentiellement qualitatifs.
Il faut ajouter à ces restrictions le fait qu'il n'y a pas de point de référence précis d'un état
non dégradé du milieu.
Par ailleurs, les limites de ce type de cartographie diachronique sont liées, dans notre
étude, aux périodes d'enregistrement variables des données ; janvier pour Landsat Thematic
Mapper de 1989, mai pour l'image MSS de 1977, et février pour l'image SPOT de 1986.
Les résultats seront donc biaisés notamment pour la végétation en raison des variations
phénologiques sur l'année.
Ceci étant, il apparaît que c'est essentiellement la végétation dense ou steppique qui a
subit des variations significatives sur les 12 ans de suivi diachronique. Formes et formations
sableuses et les autres thèmes définit, n'ont pas subit de variations remarquables. Mais nous
analyserons ces phénomènes plus en détail dans la deuxième partie.
2.6. Intégration de données exogènes à l'aide d'un SIG.
90
L'intégration de données exogènes aux images aurait permis d'améliorer les cartographies
thématiques présentées précédemment. En effet, nous avons vu qu'il était illusoire de
rechercher une relation biunivoque entre objet recherché et réponse spectrale. Malgré toutes les
améliorations et les traitements annexes aux classifications non supervisées, il restera toujours
des pixels mixtes, pixels non purs regroupant différents thèmes et en général analysés dans une
classe rejet.
L'intégration d'information supplémentaire est donc le seul moyen d'obtenir des cartes
réellement représentatives de la réalité et pallier les problèmes de confusion radiométrique.
Il eût été alors été également possible de réaliser une carte de sensibilité à la dégradation,
en distinguant des périmètres sensibles à la dégradation de la végétation, essentiellement autour
des puits permanents, des sources et des centres urbains, après détermination d'une distance
critique.
Il y apparaîtrait également des périmètres sensibles à l'ensablement ou la déflation et les zones
de transit à traiter de manière différenciée.
Ce travail à été amorcé à l'aide du logiciel IDRISI, mais il s'est rapidement avéré que les
lacunes d'informations limiterait les résultats. La démarche à donc été abandonnée.
Conclusion de la première partie.
Les divers traitements réalisés indiquent que la combinaison d'images multicapteurs et
multidates permettaient d'obtenir des résultats intéressants et fiables, lorsque l'on prenait en
compte les limites inhérentes à cette variété des données.
L'utilisation des images satellites présente l'immense avantage de permettre des études sur de
vastes espaces à relativement moindre coût. Dans notre cas, elle a rendu possible, malgré
l'impossibilité de campagnes de terrain, et en utilisant des méthodologies adaptées, la
réalisation de cartographies thématiques sur des sites-tests représentatifs. Au delà de ce simple
inventaire, les images de dates différentes ont permis des suivis de l'évolution du milieu très
satisfaisants et de mettre en évidence les processus de dégradation en action sur ce piémont.
92
1 - La dégradation du milieu à travers la série d'images diachroniques de 1977 à 1994, impact
de la sécheresse de 1970-1986.
La série d'images satellites multidates et multicapteurs disponibles présentées dans la
partie précédente, couvre une période de douze années, de 1977 à 1989, correspondant à une
période de neuf années de sécheresse sévère (1977-1986) débutée en 1970, et trois années à
conditions pluviométriques plus favorables.
A travers ces images, nous avons tenté d'évaluer l'impact des dégradations climatiques courtes
sur l'évolution du milieu.
1.1. Les différentes approches de la notion de sécheresse.
Il existe différentes définitions de la sécheresse: on parlera de sécheresse météorologique,
hydrologique, édaphique ou agricole.
Nous avons dans le cadre de ce travail, utilisé plus particulièrement les concepts de sécheresse
météorologique et agricole ou "efficace".
1.1.1. La sécheresse météorologique ou climatologique.
On parle de sécheresse météorologique "lorsque des précipitations sont inférieures à la
moyenne durant une année ou plusieurs années successives" M. Mainguet 1995.
Elle se définit donc par rapport à une moyenne des précipitations.
En intégrant la notion de sécheresse hydrologique, on définit la sécheresse comme "un déficit
des disponibilités naturelles en eau (précipitations, écoulements de surface, eaux souterraines)"
sur une période assez longue de quelques mois ou années, "et sur une superficie notable
(plusieurs dizaines de milliers de km2 au moins)" J. Sircoulon 1989.
Ces considérations hydrologiques d'écoulement dans les cours d'eau et les nappes souterraines
ne seront approchées que de manière indirecte à travers notamment la variation de la végétation
des zones humides, en raison du manque d'informations terrain.
Pour définir la période 1970-1986, classiquement perçue comme période de sécheresse dans la
littérature, nous avons, dans un premier temps travaillé, à partir des moyennes annuelles de
précipitations. On a décrit cette période en se référant à la moyenne des précipitations du
piémont calculée sur plusieurs années, on l'a présentée par rapport à cette moyenne.
Il a pour cela été nécessaire de d'établir dans un premier temps les caractéristiques climatiques
moyennes de ce piémont.
1.1.1.1. Les caractéristiques climatiques moyennes du piémont et la notion
d'aridité.
93
Le piémont sud de l'Atlas Saharien est caractérisé par une aridité croissante du nord au
sud. L'aridité, phénomène spatial de "déficit plus ou moins permanent des pluies par rapport à
l'évaporation" (P. Rognon 1996), est une constante de ce piémont, déterminée par des
précipitations faibles et des températures élevées favorisant l'évaporation.
1.1.1.1.1. Les précipitations.
Les précipitations moyennes annuelles du piémont sud de l'Atlas saharien oscillent entre
100 et 200 mm, marquant la transition vers la zone désertique franche au sud où les moyennes
annuelles des précipitations sont inférieures à 100 mm, et l'Atlas saharien avec des
précipitations de l'ordre de 300 mm. Ce sont ces précipitations atlasiques qui, parvenant sur le
piémont, atténuent l'aridité de celui-ci.
Le piémont est est relativement plus arrosé que celui de l'ouest avec 171,5 mm de
moyenne annuelle à Laghouat (calculée de 1926 à 1950), et 173,6 mm pour 1926-1950 à
Tadjemout, contre 117,2 mm à El Abiodh Sidi Cheikh plus à l'ouest, de 1934 à 1950, Laghouat
et El Abiodh Sidi Cheikh étant séparés par 2° de longitude.
Pourtant, cette dernière station localisée à 904 m d'altitude, est plus élevée que Laghouat (767
m d'altitude). Mais l'orientation générale nord-est/sud-ouest de l'Atlas saharien soumet les
zones orientales à un nombre de perturbations méditerranéennes beaucoup plus élevé que les
espaces plus occidentaux, et donc plus méridionaux.
Ces moyennes, très artificielles, sont très variables d'une année sur l'autre.
Ainsi, à Laghouat, sur une moyenne de 170 mm par an calculée sur 54 années (1914 à 1968),
42,5 % des années présentaient des moyennes annuelles de précipitations supérieures à 170
mm, et 30 % inférieures à cette moyenne (l'écart maximum est de 17 mm).
Sur la période 1934-50 à El Abiodh Sidi Cheikh, l'amplitude entre la hauteur maximum (217,9
mm) et minimum (52,6 mm) de précipitations est de 165,3 mm.
Cette amplitude était de 245,9 mm à Laghouat pour la période 1926-50, et de 347,6 mm pour
une période plus longue de 74 ans (série incomplète de 1875-96, 98, 1900-04, 1906-60).
A Tadjemout, l'amplitude entre l'année la plus pluvieuse (306,9 mm) et la plus sèche (42,7
mm) de 1926 à 1950, était de 264,2 mm.
Cette variabilité se retrouve également dans les stations de l'Atlas (Aflou, El Bayadh).
Le régime annuel des précipitations s'organise en saisons très contrastées de type hiver -
automne - printemps - été. Mais si l'hiver est la saison des pluies par le volume, le nombre de
jours de pluie est par contre beaucoup plus élevé en automne et au printemps.
94
Figure n°37 : Moyennes des précipitations mensuelles des stations de Laghouat (1926-50), Tadjemout (1926-50) et El Abiodh Sidi Cheikh (1934-50). En mm.
0
5
10
15
20
25
Janv. Fév. Mars Avril Mai Juin Juillet Août Sept. Oct. Nov. Dec.
Laghouat1926-50 El abiodh1934-50 Tadjemout 1926-50
Source : Dubief J. 1963
On note là encore une différenciation entre l'est et l'ouest du piémont. Les saisons pluvieuses
sont nettement plus tranchées à El Abiodh Sidi Cheikh avec un été très sec (juin, juillet, août
inférieurs à 5 mm par mois) et des maxima d'avril puis octobre, novembre, décembre
supérieurs à 15 mm par mois. Les autres mois assurant la transition.
A Laghouat et Tadjemout, les précipitations sont bien mieux réparties au printemps; le pic
d'avril disparaît au profit d'une saison plus homogène, avec des précipitations moyennes de 15
mm de mars à mai - juin. Le déficit estival est très marqué, mais un peu moins accentué qu'à El
Abiodh Sidi Cheikh avec des moyennes de 4-5 mm en juillet (contre 1-2 à El Abiodh Sidi
Cheikh). La saison d'automne est également plus étalée sur septembre et octobre avec des
moyennes nettement plus élevées qu'à El Abiodh. Après une forte diminution des précipitations
en novembre (inférieures à 15 mm), celles de décembre sont relativement importantes, autour
de 20 mm. Mais la fin de l'hiver est beaucoup moins pluvieuse avec des moyennes de l'ordre de
10 - 13 mm.
Mais là encore, il peut y avoir de notables variations interannuelles, la saison sèche estivale
pouvant se prolonger sur plusieurs mois ou années consécutives.
Les précipitations solides sont beaucoup plus rares, essentiellement localisées sur l'Atlas
où on observe des moyennes de 15 à 20 jours de neige par an pour les sommets moyens. Elles
ne dépassent guère 5 jours par an sur le piémont sud.
A la variation méridienne des précipitations s'ajoute une variation latitudinale déjà notée
à travers le contraste Atlas - piémont.
95
Les précipitations traduisent la variation d'altitude et de latitude, elles diminuent nettement
entre les piémonts septentrional et méridional.
La zone de piémont nord est d'autant privilégiée (relativement, avec 100 à 200 mm de
précipitations) que les précipitations atlasiques à régime de type printemps - hiver - automne -
été, compensent relativement les déficits de ce piémont nord par ruissellement.
1.1.1.1.2. Les températures.
L'aridité du climat s'exprime également par des moyennes de températures élevées qui
s'accompagnent d'une forte évaporation, diminuant encore l'effet des précipitations.
S'il est difficile d'avoir une idée exacte du facteur évaporation en raison du manque de stations
d'étude, Dubief (1950) en a donné une estimation à 0,9 mètre par an sur le piémont atlasique
(évaporation théorique).
De même que les précipitations, les températures moyennes annuelles montrent
l'opposition entre l'Atlas et le piémont, ainsi que la variation entre l'ouest et l'est (Laghouat
17,2°, El Abiodh Sidi Cheikh 17,8°), la zone orientale étant la plus fraîche.
Les maxima et minima moyens ainsi que les amplitudes moyennes sous abri sont également
beaucoup plus contrastés à El Abiodh Sidi Cheikh qu'à Laghouat. Pour la période 1913-1938,
les minima de El Abiodh Sidi Cheikh sont systématiquement inférieurs à ceux de Laghouat, les
maxima supérieurs à ceux de Laghouat.
Les températures journalières maxima sont enregistrées en juillet et août, les minima en
décembre, janvier et février. L'amplitude journalière varie avec les saisons.
Le gel est limité aux mois d'hiver et au début du printemps, mais il est rare que les
températures descendent à -5° (le minimum absolu observé à Laghouat est de -6° le
27.12.1926, et de -7,2° à El Abiodh Sidi Cheikh le 30.1.1935).
L'amplitude thermique mensuelle est de l'ordre de 13° à 15°, l'amplitude annuelle est de
l'ordre de 41,4°, et de 33,7° à Laghouat.
1.1.1.1.3. Indices de classification climatiques.
Le manque de stations de mesure et la relative imprécision des données fournies ne
permettent qu'une approche relativement limitée du climat de ce piémont. Mais son aridité est
confirmée par les nombreux indices climatiques développés par les climatologues pour pallier
ces manques.
Selon le climagramme pluviothermique du quotient d'Emberger (Q= 1000 P/M + m/2 (M
- m) et P/10), le piémont sud du djebel Amour est inclus dans le domaine saharien, mais avec
une variation d'ouest en est, Laghouat à l'extrémité est de la zone d'étude se localisant à la
limite aride - saharien (Q=17, P/10=17), la partie ouest étant plus franchement saharienne (El
Abiodh Sidi Cheikh: Q=11, P/10=12).
97
Selon le modèle de la carte bioclimatique de P. Stewart (cité par Djebaili 1979), le
piémont se localise dans les étages sahariens frais et aride frais (cf. figure n°38). On retrouve la
même accentuation de l'aridité vers l'ouest. Laghouat se trouve de même à la limite entre ces
deux étages.
Malgré le caractère artificiel de ces classifications et leur imprécision, elles restent
intéressantes pour montrer de manière synthétique les variations climatiques à l'échelle même
de ce piémont, et par conséquent les réponses potentiellement différentes du milieu face aux
sécheresses.
Il est tout de même important de les nuancer, notamment en raison du manque de stations de
mesures des paramètres climatiques. Le manque de données et plus particulièrement sur la
partie aval du piémont (les centres de Laghouat, El Abiodh, Brézina se localisant au pied de
l'Atlas), rend d'autant plus dangereux l'extrapolation de moyennes à toute cette région.
Mais de manière générale, on peut caractériser ce milieu de subdésertique.
Cette aridité est plus ou moins atténuée par des apports hydriques externes par les oueds.
L'aridité est donc une "constante" climatique, un phénomène spatial. La sécheresse
correspond par contre à un phénomène temporel, c'est une crise climatique par rapport à la
moyenne.
1.1.1.2. Les cycles secs des dernières décennies.
En comparant des séries climatiques longues aux moyennes pluviométriques des
différentes stations du piémont définies précédemment, on peut localiser les cycles secs des
dernières décennies.
Nous pouvons suivre l'évolution des précipitations annuelles sur une série incomplète de
totaux annuels des précipitations de 1909 à 1962 pour El Abiodh Sidi Cheikh, et 1878 à 1969
pour Laghouat.
La série la plus longue, de Laghouat, indique 5 à 6 périodes de sécheresse de 1878 à 1969 (cf.
figure n°39).
Ces années sèches ont été déterminées par rapport à la moyenne des précipitations de cette
station (170 mm).
Une moyenne annuelle inférieure à 170 mm est déclarée année sèche, une moyenne supérieure
année "humide".
La série débute par une année sèche avec une moyenne de 150 mm. Ce cycle sec s'étend
jusqu'en 1883 malgré une année relativement humide (181,1 mm) en 1881. 1884 interrompt ce
cycle avec une moyenne exceptionnelle de 379 mm. Suivent dix années plus ou moins
humides, dont 1885 et 1889 inférieures à la moyenne, avec respectivement 150,6 et 92,5 mm
de précipitations. En 1895 semble débuter une série d'années sèches, mais les lacunes des
données de 1897 à 1899 rendent cette affirmation très hypothétique.
99
A partir de 1903 débute une série de trois années déficitaires interrompues en 1906 par une
année à forte pluviosité (297 mm). Suit une série de huit années alternativement "sèches" ou
"humides", avec un maximum en 1912 (215 mm) et un minimum en 1913 (76 mm).
Les six années suivantes (1915 à 1920) seront très rigoureuses, avec des précipitations toujours
inférieures à 150 mm, et jusqu'à 83 mm en 1915. C'est la deuxième grande période sèche de la
série, et la première du XX ème siècle.
Il faut attendre 1944 pour retrouver une phase aussi longue et rude. Elle s'achèvera en 1949,
année à 239 mm de précipitations moyennes, après cinq années inférieures à 160 mm, dont
deux à moins de 100 mm (1944 avec 99 mm et 1947 avec 80 mm)
De 1926 à 1939, la région a connu quelques séries d'années sèches, intercalées d'années plus
humides. Notamment 1926 avec 53 mm et 1937, record des faibles précipitations, avec 31 mm.
Enfin, de 1953 à 1969 alternent des séries d'années humides ou plus ou moins sèches, avec de
1958 à 1962 une série sèche plus longue.
Sur la série d'El Abiodh Sidi Cheikh beaucoup plus courte (1909 à 1960) et lacunaire
(pas de relevés de 1919 à 1933, 1910-1911 et 1959), on retrouve la période sèche de 1944-1948
interrompue par les 217 mm de précipitations de 1949 (cf. figure n°40).
L'année 1945-46 a également été très déficitaire à Tadjemout avec 84 mm de précipitations
(pour une moyenne de 172 mm calculée sur 24 ans).
Figure n°40 : Série pluviométrique de la station d'El Abiodh Sidi Cheikh (1909 - 1961), rapport à la moyenne.
0
50
100
150
200
250
19
09
19
11
19
13
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15
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17
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19
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25
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27
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19
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19
41
19
43
19
45
19
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51
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19
55
19
57
19
59
19
61
Moy. 117,2mm
Pas de relevésPas
de
rele
vés
Pas
de
rele
vés
On observe par contre parfois des inversions totales de tendance par rapport à Laghouat. Ainsi
les années 1934-35 largement déficitaires à El Abiodh Sidi Cheikh avec respectivement 62 mm
(mais lacunes importantes cette année là), et 52 mm, sont positives à Laghouat avec 243 et 200
mm.
100
Mais de manière générale, avec des différences d'intensité ou des décalages, on retrouve plus
ou moins les mêmes périodes de sécheresse. La correspondance de la sécheresse 1944-48, la
plus sévère du siècle, entre l'est et l'ouest du piémont, nous permet de penser que la plus
récente, de 1970-86 connue à travers une série d'El Abiodh Sidi Cheikh et que nous étudions
plus loin, a connu la même extension.
Ces données moyennes annuelles rapportées à la moyenne pluviométrique concernée,
définissent donc des périodes de sécheresses météorologiques.
1.1.1.3. Problème de représentativité des moyennes climatiques.
Mais cette méthode de détermination des périodes de sécheresse ne prend en compte
qu'une moyenne de précipitations qui ne représente qu'une période de mesures. Cette moyenne
varie en fonction de la longueur de la période de mesures et de l'occurrence d'épisodes plus ou
moins exceptionnels. Elle correspond à cette période, mais peut être faussée par une série
d'années exceptionnelles.
Figure n°41 : Variations des moyennes annuelles des stations de Laghouat et Tadjemout selon
la durée des mesures (1926-50 et 1926-60)
0
5
10
15
20
25
Janv. Fév. Mars Avril Mai Juin Juillet Août Sept. Oct. Nov. Dec.
Laghouat1926-50
Laghouat1926-60
Tadjemout 1926-50
Tadjemout 1926-60
Source : Dubief 1963
101
La valeur moyenne de 170 mm (calculée sur une période de 54 ans de 1914 à 1968) de
précipitations de Laghouat, utilisée pour repérer les périodes de sécheresse, est toute relative.
Calculée sur d'autres périodes, la moyenne de précipitations de cette station varie de 166 mm
de 1926 à 1960, 169,4 mm de 1878-1969, à 171,5 mm de 1966 à 1950. Cette moyenne reste
malgré tout le seul point de repère à notre disposition, permettant de donner une appréciation
quantitative du phénomène (cf. figure n°41).
La variation est encore plus nette pour la station de Tadjemout, de 173,6 mm pour la période
1926-1950 à 180,1 mm pour la période 1926-1960.
Le seuil critique minimum délimitant sécheresse - période humide varie donc de la même
manière, et une année définie comme sèche peut "passer" en période humide.
Cette relativité peut poser problème pour définir des sécheresses annuelles, mais à l'échelle des
périodes de sécheresse pluriannuelles, on retrouve toujours, quelle que soit la moyenne choisie,
les mêmes périodes sèches.
Par contre, le seuil "critique" en dessous duquel le déficit de précipitation aura un impact sera
variable en fonction des caractéristiques du milieu.
1.1.2. Les sécheresses agricoles ou efficaces.
A cette notion de sécheresse "météorologique", définie comme une absence, un déficit
prolongé de précipitations par rapport à une moyenne, il faut ajouter selon J. Dubief (1963) la
sécheresse "efficace", c'est à dire le déficit de précipitations qui a un impact sur l'activité
économique (agricole, pastorale, ...). Elle est "définie alors par rapport aux besoins" en eau (M.
Mainguet 1995) des cultures notamment, mais également des pâturages.
Elle s'étend plus ou moins longtemps entre deux pluies utiles.
La diminution des quantités moyennes de précipitations et l'accroissement des pertes en eau
(par l'augmentation de l'évaporation notamment déterminée par les températures et le vent)
dans un contexte de ponction d'eau inchangée par l'homme, ses troupeaux et les végétaux,
provoque une situation de crise.
C'est donc un déficit hydrique, "la diminution des réserves en eau disponibles en surface ... au
dessous d'un seuil critique" (J. F. Royer 1989) qui induit des conséquences plus ou moins
catastrophiques à une crise climatique plus ou moins longue.
La sécheresse agit de manière négative sur le milieu et l'économie d'une région. Elle
entraîne la réduction, voir l'arrêt total des activités agricoles et pastorales, ainsi que de manière
générale l'activité économique d'une région.
Elle implique donc une catastrophe naturelle entraînant des crises dans la production agricole
(et industrielle ?) plus ou moins marquées, entraînant des perturbations sociales et politiques.
Mais c'est une notion plus ou moins complexe très relative à l'homme et à sa perception du
phénomène et de son milieu.
102
En effet, un même processus climatique sera perçu différemment par les populations en
fonction de son impact sur le milieu, lui même déterminé par la période de l'occurrence de la
sécheresse, sa durée et autres facteurs socio-économiques voire politiques.
Il est difficile de déterminer le seuil pour la hauteur de pluie utile, il est variable en fonction des
activités concernées.
J. Dubief (1963) a tenté de mesurer la durée des périodes des sécheresses météorologiques
selon différents seuils définis plus ou moins empiriquement.
Il a montré que sur 69 périodes sèches "météorologiques", c'est à dire sans pluie mesurables,
dénombrées sur la période 1926-1950, 78% n'avaient pas dépassé un mois. Seuls 17% de ces
sécheresses atteignaient deux mois consécutifs, 3% trois mois, et 2% quatre mois.
Ces sécheresses météorologiques ont donc relativement peu d'impact sur ce piémont car elles
ne durent pas très longtemps.
Par contre, si on augmente le seuil minimum de précipitations nécessaire à la végétation, la
fréquence des périodes sèches augmente. En plaçant le seuil à 5 mm, en dessous duquel la pluie
n'a pas d'effet utile sur les végétaux et les sols (il s'agit d'une approximation), il comptabilise
154 périodes sèches, de un à dix mois consécutifs sur la période 1926-1950. Là encore, ces
périodes sèches ont été en général très courtes, avec 58% d'un mois, 28% de deux mois, 9% de
trois mois, et 1% de cinq, six, neuf et dix mois (soit entre une et deux fois seulement sur ces 24
ans).
Il est a noter qu'il est excessivement rare de voir une année entière sans goutte d'eau sur ce
piémont.
Ce seuil de 5 mm, nous l'avons dit, est très approximatif, et certainement peu représentatif de la
réalité.
J. Dubief a comptabilisé, toujours sur la même période, les sécheresses exceptionnelles par leur
longueur et leur rudesse, en dénombrant les mois pendant lesquels aucune précipitation en 24
heures n'a atteint des hauteurs déterminées variables.
Pour une hauteur de 0,1 mm, le nombre de mois maximum consécutifs observés est de quatre.
Il est de dix mois pour des pluies inférieures ou égales à 0,5 mm, de quatorze mois pour des
précipitations inférieures ou égales à 10 mm, et de cinquante et un mois pour des pluies
inférieures ou égales à 20 mm.
A El Abiodh Sidi Cheikh, sur une période plus courte, 1934-1950, il a observé quatre mois au
maximum à précipitations inférieures ou égales à 0,1 mm en 24 heures, quatorze mois pour le
seuil de 0,5 mm, seize mois pour le seuil de 10 mm, et trente cinq mois au maximum pour des
précipitations inférieures ou égales à 20 mm en 24 heures.
Cette différence entre Laghouat et El Abiodh Sidi Cheikh pour le seuil de 20 mm doit être liée
à la durée de ces mesures de 10 ans plus importante pour Laghouat.
En augmentant le seuil minimal des précipitations, on atteint donc des durées qui sont
très largement traumatisantes pour le milieu. Ces précipitations de 20 mm sont déjà largement
103
insuffisantes pour la végétation même steppique et adaptée à la sécheresse. La situation est
d'autant plus catastrophique lorsqu'elles se produisent en dehors des périodes utiles.
Des précipitations, même importantes, peuvent être très insuffisantes si elles sont mal réparties
par rapport aux besoins de la végétation.
C'est ainsi que les conséquences sur le milieu des différentes périodes sèches ne sont pas
toujours identiques.
Leur impact sera fonction de la répartition des précipitations sur l'année; des précipitations
même faibles mais bien réparties par rapport aux besoins agricoles et de la végétation en
général, pourront être suffisantes. Par contre, des précipitations même importantes mais ayant
lieu à des périodes défavorables ou en quelques jours seulement, n'empêcheront pas une année
déficitaire.
Toutes les données annuelles des séries longues présentées ci-dessus ne permettent pas
d'apprécier la répartition des précipitations sur l'année, elles masquent la répartition mensuelle
des précipitations.
Une pluviosité annuelle normale, voisine de la moyenne, peut masquer une répartition
déséquilibrée sur l'année, avec une période anormalement sèche et une anormalement humide.
1.1.2.1. La sécheresse de 1945-46, comparaison par rapport à 1952-53 très
humide.
On a pu travailler plus en détail cette répartition mensuelle des précipitations, sur les
stations de Tadjemout et El Abiodh Sidi Cheikh.
A Tadjemout, l'année agricole 1945-46 à été très déficitaire avec 84 mm pour une moyenne de
172 mm (calculée de 1913 à 1937). Nous présentons pour comparaison les données
pluviométriques mensuelles de l'année 1951-52 qui avec ses 335 mm de pluie (moyenne
annuelle approximative car les données du mois de mars sont manquantes pour cette année là)
bien réparties sur l'année, a été à Tadjemout une année exceptionnelle (cf. figure n°42).
Mais plus que le total relativement faible de 84 mm, c'est la répartition des précipitations
sur l'année qui détermine le déficit pour la végétation. Ce total pluviométrique de 84 mm
pourrait largement suffire à assurer une année agricole d'assez bonne qualité si les
précipitations avaient été bien réparties sur l'année. Cette année là, les deux mois utiles pour la
végétation: février et mars (période de croissance de la végétation) ont été quasiment secs. Les
précipitations se sont concentrées en janvier (26 mm), mois peu utile pour les végétaux, et en
avril, mai et juin (respectivement 11, 7 et 8 mm) ce qui est trop tardif (cf. figure n°43).
Les précipitations de l'automne 1946 intéressent l'année agricole 1946-47, donc non analysées
ici, et nous ne disposons pas des données de l'automne 1945, mais elles ne devaient pas être
brillantes au regard du total pluviométrique de l'année agricole 1945-46.
104
Figure n°42 : Comparaison des précipitations mensuelles (en mm) de l'année sèche 1945-46 et l'année pluvieuse 1951-52 pour la station de Tadjemout
0
10
20
30
40
50
60
70
80
Janv.Fev.
MarsAvrilMai
JuinJuil.
AoûtSept.
Oct.Nov.
Dec.
1945-46
1951-52
mm
Source : Despois 1957 Les données du mois de mars 1951-52 sont inconnues.
Figure n°43 : Totaux pluviométriques mensuels de la station de Laghouat pour 1945, 46 et 47.
1945
1947
1946
0
10
20
30
40
50
60
70
80
janvierfévrier
marsavril
maijuin
juilletaout
septembreoctobre
novembredécembre
1947
1946
1945
mm
105
Cette sécheresse faisait suite immédiatement à une période froide et à la neige. Les bêtes
étaient donc fragilisées au sortir de ce rude hiver. L'agnelage à été compromis cette année là, et
la mortalité par maladie à été élevée chez les adultes. Dès fin avril, les pâturages des steppes
étaient épuisés, les troupeaux sont alors remontés vers le Tell où les récoltes de céréales ayant
été médiocres, il y avait peu de chaumes. Les animaux sont donc repartis vers le sud et se sont
rabattus sur l'armoise ligneuse et desséchée et l'alfa, pâturages de secours en cas de disette.
Les maladies, les parasites ont entraîné des pertes énormes sur le troupeau affaibli par la faim.
En novembre, les premières pluies arrivèrent, mais insuffisantes, ne permettant pas le
développement de l'acheb.
Ce n'est qu'au printemps 1947 que la situation a fini par s'améliorer.
Cette sécheresse de 1945-47 a durement touché l'élevage, les troupeaux affaiblis par les
conditions climatiques hivernales, combiné aux réquisitions de la deuxième guerre mondiale,
entraînant des réductions de 75 à 80% du cheptel. Les troupeaux ont mis 10 ans et plus à se
reconstituer.
1.1.2.2. La dernière sécheresse de 1970-1986.
J. Bisson et Y. Callot (1990) ont présenté une série de données de 1970 à 1986 pour la
station d'El Abiodh Sidi Cheikh, détaillant les totaux pluviométriques annuels et la répartition
mensuelle déterminant le bilan global pour l'activité agricole. Cette période de sécheresse assez
marquée, coïncide avec les dates des images satellites disponibles.
Cette sécheresse de 1970 à 1985 (soit que les précipitations aient été trop faibles, soit qu'elles
aient eu lieu au mauvais moment pour l'agriculture et le pastoralisme, c'est à dire pendant
l'hiver) à été bien plus dure semble-t-il que la précédente de 1959-1961 et même 1944-48.
Débutée en 1970 avec des précipitations très faibles (76,5 mm cette année là pour une moyenne
de 117,2 mm à El Abiodh Sidi Cheikh), elle s'est accentuée en 1977, début d'une série de 8
années à déficit hydrique important, soit que les précipitations aient été trop faibles, soit
qu'elles aient eu lieu en dehors de la saison utile agricolement.
Les précipitations de mars 1986 ont marqué la fin de cette sécheresse.
La sécheresse a donc débuté en 1970 avec une première année agricole à total pluviométrique
relativement faible (76,5 mm), mais surtout constitué de précipitations arrivées un peu en
retard, seulement en mars avec 38,9 mm.
Cette année de sécheresse de 1970-71 a été moins meurtrière que celle de 1945-46 plus ou
moins de même ampleur, car le sauvetage des animaux a été organisé. L'Etat a fournit des
fourrages de substitution à des prix soutenus donc relativement abordables.
Les pertes se sont tout de même élevées à un montant de l'ordre de 145 millions de dinars et
environ 25 % du troupeau dans la wilaya de Saïda.
106
Fig n°44 : Variation des précipitations de la station d'El Abiodh Sidi Cheikh par rapport à la moyenne (0 = 117,2 mm) par année agricole, 1970-1986
Bilan pluviométrique et global postif Bilan pluviométrique et global négatif
Bilan pluviométrique négatif et global postifBilan pluviométrique positif et global négatif
-100
-80
-60
-40
-20
0
20
40
60
80
100
1970-71
1971-72
1972-73
1973-74
1974-75
1975-76
1976-77
1977-78
1978-79
1979-80
1980-81
1981-82
1982-83
1983-84
1984-85
1985-mars86
Source : J. Bisson, Y. Callot 1990
Suivent 6 années d'alternance de précipitations à bilan global positif et négatif. L'année agricole
1971-72 est particulièrement arrosée avec 206,6 mm de précipitations bien réparties sur
l'année. Suit une année (1972-73) très déficitaire (84,2 mm) malgré un bon automne. 1973-74
présente un total pluviométrique supérieur à la moyenne (136,1 mm) assurant un bon automne
et printemps. Les deux années suivantes, de 1974 à 1976 sont mauvaises, avec 81,1 mm de
précipitations en 1974-75, de surcroît en retard (avril et mai), et 82,6 mm en 1975-76.
1976-77 est la dernière année à total pluviométrique supérieur à la moyenne (135,5 mm)
relativement bien réparti sur l'année avec un bon automne et un printemps correct, avant une
série de 8 années déficitaires.
La série débute par 4 années à totaux pluviométriques relativement proches de la moyenne,
avec 82,9 mm en 1977-78, 97,9 mm en 1978-79, 108 mm en 1979-80 et 109,5 mm en 1980-81.
Mais les précipitations sont alors souvent mal réparties sur l'année, avec un printemps très
mauvais en 1977-78 et 1979-80, des précipitations concentrées sur deux mois seulement en
1978-79 (février avec 51,4 mm et 35,9 mm en janvier), et sur les mois de novembre (64,4 mm)
et avril (25,9 mm) en 1980-81.
Les deux années 1979-80 et 1980-81 malgré des totaux pluviométriques non négligeables
présentent donc des bilans négatifs en raison de cette mauvaise répartition des précipitations
sur l'année. L'année suivante, 1981-82, est encore plus représentative de ce phénomène ; malgré
un total pluviométrique nettement supérieur à la moyenne avec 168,5 mm, cette année reste
négative car les précipitations ont eut lieu en dehors des saisons utiles pour la végétation.
107
Notamment, les précipitations de janvier (35,8 mm) et de février (30,1 mm) sont restées
insuffisantes, et l'automne à été très déficitaire.
Suivent trois années catastrophiques, dont 1983-84 avec seulement 33,5 mm de pluie. En 1982-
83, le total pluviométrique relativement faible (87,8 mm) se compose de plus de précipitations
trop tardives en automne (novembre) et au printemps (mai). L'année 1984-85, à total
pluviométrique de 73,7 mm, se compose d'un automne relativement bien arrosé, mais de
précipitations en janvier (18,4 mm) peu utiles, et un printemps à précipitations en retard (17,5
mm en mai).
Ce n'est qu'en 1986 que l'on sort de cette série d'années déficitaires. Les pluies d'un total de 86
mm ont été suffisantes, et surtout bien réparties sur l'année avec notamment 36,8 mm en
septembre et octobre, et 20 mm en mars.
Cette année 1986 marque donc la fin de la période de sécheresse qui aura duré, en tout, plus de
10 ans.
D'après la relative concordance des séries sèches antérieures entre l'est et l'ouest du
piémont, notée dans le chapitre précédent, nous pouvons partir du principe que la région de
Laghouat a subit des conditions climatiques sensiblement similaires durant cette période.
C'est cette série de données pluviométriques qui a servi de base au suivi du milieu à
travers les images satellites.
1.2. Suivi de l'impact de cette sécheresse sur le milieu à travers les images satellites.
Ne disposant que de peu de données terrain concernant l'impact de la sécheresse sur les
activités agricoles et plus généralement économiques de la région, nous avons développé une
méthodologie permettant de saisir cet impact à partir des images satellites.
Le suivi diachronique des images sur les dix années les plus dures de cette sécheresse (1977 -
1986) a permis de déceler des phénomènes de dégradation plus ou moins marqués sur ce
piémont. Il s'est avéré, à cette échelle temporelle, que c'était essentiellement la végétation dense
et steppique qui avait subit l'impact le plus marqué de cette sécheresse.
Par contre, cette sécheresse ne semble pas avoir exacerbé l'impact de la dynamique
éolienne. Formes et formations sableuses apparaissent nettement sur les images, mais ne
semblent pas avoir subi de modifications marquées durant cette période.
1.2.1. La réponse du tapis végétal.
La végétation est le "thème" qui présente les variations les plus importantes sur nos
images de 1977 à 1989. Ces modifications de réponses spectrales peuvent correspondre à des
variations "normales" liées à la phénologie des plantes, aux variations de l'humidité des sols
des oueds et des dayas, ..., ou à des dégradations anthropiques du couvert végétal.
108
1.2.1.1. La végétation steppique.
Cette végétation steppique est l'objet le plus important à saisir sur les images satellites,
car pâturée, elle est significative de l'évolution du milieu.
Quand il y a de l'eau, les pâturages du piémont sont de bonne qualité, ils sont constitués
de remeth, de baguel, d'el adjeram (Anabasis articulata), de hamran (Traganum nudatum), de
guetaf (Atriplex halimus), de reguig (Helianthemum pilosum), et de rtem.
Les végétaux les plus appréciés des troupeaux sont la sparte, l'armoise blanche, l'hélianthème et
les jeunes pousses d'alfa. Par contre, l'armoise champêtre est inutile.
Nous avons indiqué précédemment dans la cartographie de la végétation, que les indices
de végétation, malgré leur qualité, restaient insuffisants à discriminer la végétation steppique.
La réponse spectrale de cette végétation steppique est dominée par celle des sols sous-jacents
en raison de ses faibles taux de couverture du sol, et très lignifiée, elle n'est pas saisie par cet
indice qui répond à la végétation chlorophyllienne.
A une date, les classifications non supervisées n'ont pas permis non plus d'extraire cet objet
thématique. Par contre, les classifications non supervisées diachroniques sont beaucoup plus
intéressantes, permettant de détecter des phénomènes de dégradation de la couverture végétale
steppique entre plusieurs dates.
Sur la fenêtre d'El Haouita - Aïn Madhi, la comparaison des classifications non supervisées à
13 classes des trois images de 1977, 1986 et 1989, nous permet d'observer certains phénomènes
de dégradation du couvert végétal steppique.
Sur l'image MSS du mois de mai 1977, période de plein développement de la
végétation, mais sept ans après le début de la sécheresse plus ou moins interrompue de
périodes pluvieuses, on observe une zone plus ou moins concentrique à forte albédo
autour du village d'El Haouita et ses sources correspondant à une auréole de sols nus. (cf.
figure n°45 mssexrt.c13rc)
En 1986, sur la classification non supervisée des 3 canaux SPOT de février (à la fin
de la sécheresse débutée dans les années 70, mais avant le retour des précipitations), cette
auréole s'est étendue, notamment vers le sud. (cf. figure n°46 spr.c13rc)
En 1989 (période plus humide), sur la classification des 6 canaux Thematic Mapper
de janvier, l'auréole à disparu. (cf. figure n°47 mahdirp.c13r)
Pour quantifier cette évolution, nous avons utilisé différentes méthodes permettant de
pallier plus ou moins la différence de longueur d'onde entre les canaux MSS, SPOT et
Thematic Mapper, qui déterminent des variations de réponse spectrale indépendantes de
l'évolution des objets même.
Nous avons extrait à partir, des classifications non supervisées, les zones dégradées en
1977 et 1986. La multiplication de ces deux masques permet d'obtenir les surfaces
fortement dégradées aux deux dates. Pour y ajouter les surfaces fortement dégradées
respectivement en 1977 et 1986, on additionne successivement les deux masques
112
initiaux à la néo-image crée précédemment (après recodage des classes). On obtient une
néo-image à trois classes : la première correspond aux zones fortement dégradées en
1977, la deuxième exclusivement à celles de 1986 et la troisième classe aux espaces
dégradés aux deux dates. (figure n°48 degradf7786.3)
On visualise mieux l'extension de l'auréole de sols dégradés autour des jardins et puits
d'El Haouita et du lieu dit bled Oum Debdab, de 1977 à 1986. Par contre, il est important
de noter qu'on n'observe pas d'espace dégradé autour de Aïn Madhi.
Nous l'avons vu, ces espaces fortement individualisés en 77 et 86 se confondent aux
hamadas environnantes en 1989, indiquant une régénération de la végétation. Il n'existe
pas à cette dernière date de classe de "sols dégradés" équivalente à celle des deux autres
dates. C'est pourquoi nous n'avons pas appliqué la méthode d'addition des masques à
cette dernière image.
Mais, cette quantification de l'extension de ces surfaces dégradées reste peu
intéressante sur cette néo-image, car elles s'y confondent en 1977 avec des zones ensablées et
les versants sud-est calcaires nus très réflectants des crêts. Les surfaces dégradées sont donc
surévaluées en 1977 (0,957 % de la surface totale) par rapport à 1986 (0,715 %). On ne peut
améliorer ce résultat avec cette méthode, car ces confusions sont liées aux longueurs d'ondes
spécifiques du capteur MSS.
Nous avons donc testé une autre méthodologie basée sur les indices de brillance, qui
permet, de surcroît, d'introduire les données de 1989.
A chaque date, l'indice de brillance ( PIR2 + R2 ) montre, dans les valeurs les plus
fortes, les espaces les plus brillants correspondant au sable vif et aux sols nus très
réflectants (versants calcaires nus et zones de dégradation). En seuillant ces valeurs à
chaque date, on obtient des masques, qui, additionnés (après recodage), permettent de
suivre l'évolution des zones dégradées dans le temps.
On obtient une image à 7 classes, qui ne sont pas toutes significatives, après la
combinaison des seuils des trois dates. Les seuils choisis sur les indices de brillance sont
relativement larges (MSS 241-255, SPOT 244-255, TM 244-255), et englobent des
informations ne concernant pas directement notre thème, notamment pour l'image la plus
ancienne de 1977. Les zones dégradées de cette première date sont, par conséquent,
encore surestimées avec 4,65 % de la surface totale contre 3,36 % en 86 et 2,13 % en 89.
En seuillant plus strictement les trois indices (seuil 255-255 pour les 3,
correspondant aux objets les plus brillants), et en procédant selon le même principe de
combinaison des masques, on obtient une image plus proche de la réalité.
On a affiné encore le résultat en éliminant les confusions avec les sables vifs. Ceux ci
apparaissent en effet comme les sols dégradés dans cet intervalle 255-255 des indices de
brillance.
114
On a donc masqué ces images seuillées à l'aide d'une image-masque des formations
sableuses extraite de la classification non supervisée de tous les canaux Thematic
Mapper de 1989 ( figure n°47 mahdirp.c13r) — on part donc du principe que ces formes
et formations sableuses n'ont pas subi de variation entre les trois dates — où elles étaient
parfaitement discriminées. On obtient donc 7 classes, où les zones dégradées en 1977
couvrent 5,2 % de la surface totale, 5,56 % en 1986 et 3,03 % en 1989 (cf. figure n°49
bri255mssptm). Cette dernière valeur de 1989 représente, en fait, les versants calcaires
nus très réflectants des crêts qui se confondent avec les zones dégradées.
Les zones dégradées stables de 1977 à 1986 couvrent 2,9 % de la surface totale de
l'image et correspondent à la première auréole autour des sources. Elles se sont étendues
de 0,36 points entre ces deux dates (figure n°50)
Cette auréole de dégradation de la végétation steppique est liée au surpâturage par les
troupeaux d'ovins et caprins concentrés, durant cette période de sécheresse, à proximité du
village et de ses deux sources pérennes. En 1986, année de retour à des conditions
hydrologiques favorables, le développement de la végétation à été retardé par les troupeaux
broutant les jeunes pousses.
La régénération du couvert végétal entre 1986 et 1989 indique que la dernière sécheresse n'a
pas laissé de traces indélébiles autour d'El Haouita, que la dégradation observée en 1977 et
1986 n'était pas irréversible.
Des processus naturels peuvent produire des effets similaires à des dégradations
anthropiques, il y a toujours diminution de la végétation lors de sécheresses mineures ou non,
mais la localisation des variations significatives autour des centres urbains indique qu'il s'agit
bien d'un phénomène lié au surpâturage.
Par contre, on ne retrouve pas ce type de phénomène autour de tous les centres urbains.
La périphérie de Ain Madhi au nord-nord-ouest d'El Haouita ne présente pas de variations
notables sur ces trois dates. Cela peut être lié au statut particulier de ce village, siège d'une
puissante zaouïa (confrérie religieuse). L'évolution économique et sociale y a peut être été
différente de celle d'El Haouita (village socialiste voué à la mise en valeur du milieu) plus
marqué par des processus de sédentarisation des nomades.
On observe les mêmes types de phénomènes autour d'autres points d'eau et puits du
piémont.
En 1977, on observe nettement autour du point d'eau récemment aménagé de Bir Mouilah
(forage profond et construction d'un abreuvoir en dur) à l'est d'El Haouita, un espace plus ou
moins concentrique et s'étirant le long des pistes principales, fortement réflectant.
Sur la classification non supervisée des quatre canaux MSS de la fenêtre de Bir Mouilah (cf.
figure n°51a pmssr.c13), la zone centrale la plus proche de l'abreuvoir est très fortement
réflectante, indiquant un espace de sols nus piétinés par les troupeaux qui y ont éradiqué toute
végétation.
118
Autour se développe une première auréole caractérisée par des valeurs radiométriques un peu
moins fortes, mais indicatrices d'un sol nu quasiment sans végétation. Le tassement du sol doit
être un peu moins prononcé.
Progressivement vers la périphérie, le sol se couvre d'une maigre végétation steppique et le
tassement du sol s'amenuise, déterminant des réponses spectrales moins fortes.
Cette dernière classe de sol dégradé se retrouve sous forme plus ou moins linéaire, du puits
vers les centres urbains (El Kheneg) ou campements. Il doit s'agir des pistes empruntées par le
bétail quotidiennement, où le sol, fortement tassé, est couvert d'une végétation très dégradée.
En 1989, sur la classification non supervisée des six canaux Thematic Mapper (cf. figure n°51b
puitr.c10), l'auréole dégradée à disparu comme dans la région d'El Haouita.
Par contre, la composition colorée diachronique des indices de brillance (puitrbri et pmssrbri)
montre la permanence d'une zone dégradée à proximité du puits, même en 1989 (cf. figure
n°52a). La zone de compaction du sol et d'éradication de la végétation apparaissant en blanc et
jaune (correspondant également aux espaces couverts de sables vifs) est contractée strictement
autour du puits, elle ne s'étend plus au delà de 200 m.
Elle apparaît également nettement sur la composition colorée combinant les indices de
brillance et de végétation et le troisième axe de l'Analyse en Composante Principale des 6
canaux Thematic Mapper de 1989 (cf. figure n°52b).
En juin 1993, une visite à ce puits a montré un sol piétiné très compacté, nu, mais seulement à
proximité immédiate de l'abreuvoir. Les espaces alentours étaient couverts d'une végétation
steppique très ouverte.
Cette auréole s'étend de manière concentrique en période de sécheresse, suivant l'augmentation
de la fréquence de fréquentation par les bêtes.
La même auréole à forte albédo s'observe autour du puits de Sidi Abdallah localisé à 10
kilomètres au sud-sud-ouest d'El Haouita (hors de la fenêtre-image).
Dans la région de Laghouat, ne disposant que de deux images de 1977 (MSS) et 1989
(Thematic Mapper), la quantification n'a pas de sens, car comme dans la région d'El Haouita,
les zones dégradées en 1977 disparaissent en 1989.
La classification non supervisée de 1977 laisse apparaître autour du village d'El Kheneg,
ses puits et jardins constituant un pôle d'attraction fort durant la période de sécheresse,
une tache de dégradation de la végétation steppique et de compaction des sols par
piétinement. L'auréole se déforme le long des pistes, des routes principales et du relief.
La dégradation est particulièrement développée autour du village et à l'est du djebel
Kheneg. Mais ces espaces sont confondus sur la classification avec la hamada couverte
d'un voile sableux (cf. figure n°53 zoom lgmssrc.sabl6).
121
Si les processus de dégradation sont les mêmes à El Haouita, Laghouat et Bir Mouilah
lorsque les modes d'occupation du sol sont de même type, par contre les réponses spectrales de
ces zones dégradées varient d'une fenêtre à l'autre (cf. figure n°54).
Figure n°54 : Courbes de réflectance en % (MSS) des zones dégradées en 1977 des régions de Laghouat, El Haouita et Bir Mouilah.
Périphérie large des zones de
dégradation (Bir Mouilah)
Hamada dégradée (Bir Mouilah)
Zone fortement dégradée (Bir
Mouilah)
Périphérie proche des zones
fortement dégradées (Bir Mouilah)
Zones dégradées ? (Bir Mouilah)
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
mss4 mss5 mss6 mss7
Sols fortement dégradés (El Haouita)
Sols dégradés (El Haouita)
Périphérie des zones dégradées
(Laghouat)
Zones dégradées et périphérie sable
(Laghouat)
Sable et qq zones de dégradation (Bir
Mouilah)
La nette différenciation de la réponse spectrale de ces espaces pour la région d'El Haouita dans
le canal MSS4 doit correspondre à la nature particulière du substrat. On est en présence d'un
remblaiement éolien, non couvert de croûte calcaire, qui n'existe pas dans les 2 autres sites.
122
Dans la région de Brézina, ne disposant que d'une seule date, nous n'avons pas réalisé de
suivi diachronique. Mais, on observe en 1989, des zones à végétation très dégradée (nette
absence de végétation sur le NDVI) sur la hamada de la zaouïa Si Hadj Eddine, en raison de la
proximité de ce centre, et car il s'agit d'une zone de parcours préférentiel des O. Aïssa (cf.
figure n°115, 3ème partie). La composition colorée de l'indice de végétation (NDVI) et des
résultats de traitements sur cet indice y montre nettement la faiblesse de la couverture végétale
en comparaison d'autres espaces de hamada (cf A figure n°29b, zone vert sombre).
Si on a pu saisir les variations quantitatives de la végétation steppique, il n'est par contre
pas possible d'appréhender les variations qualitatives, c'est à dire la diminution de la qualité
nutritive des pâturages avec la disparition de certaines espèces.
En effet, le surpâturage entraîne non seulement la rétractation spatiale et en volume de cette
végétation, mais également l'éradication des espèces les plus prisées par les bêtes. Il y a donc
une diminution de la qualité des pâturages. La quantité de protéines fournit par ces pâturages
étant de plus en plus basse au m2, le broutage s'intensifie pour atteindre le minimum
alimentaire. On observe donc dans un deuxième temps une diminution du volume de la
biomasse végétale.
Tous ces phénomènes de dégradation observés en 1977 et 1986 et le retour à des
conditions "normales" en 1989 restent relatifs. En effet, on ne dispose pas d'un repère non
dégradé du milieu. L'année 1989 correspond elle réellement à un état "normal" du milieu.
N'est-on pas dans un stade de dégradation également par rapport à un état non dégradé antérieur
aux années 1970, au début de la sécheresse ?.
Nous n'avons saisi à travers les images satellites qu'une partie des processus de
dégradation, les plus fortes, définissant une éradication vraisemblablement totale de la
végétation, qui reste épisodique, la végétation se régénérant après le retour à des conditions
pluviométriques plus favorables.
Les agences nationales d'aménagement du territoire et différents auteurs ont depuis longtemps
démontré que la couverture végétale de ce piémont était fortement atteinte, même en dehors de
ces zones localisées, et pas seulement durant les périodes de sécheresse.
Cette végétation steppique recouvre, nous l'avons vu, deux types d'espèces; des espèces
pérennes et des annuelles qui forment des pâturages respectivement plus ou moins permanents
ou occasionnels, et plus ou moins denses. Les pâturages à espèces pérennes présentent des taux
de couverture faibles, de 15 à 50 %. Selon l'ANAT, il n'y a probablement aucun parcours qui
dépasse les 40% de taux de couverture.
D'ailleurs, la nature du couvert végétal donne des indications de dégradations anciennes
anthropogènes de cette couverture steppique. Barry et Faurel (1973) indiquent que la steppe à
Stipa tenacissima de la frange septentrionale du piémont sud, présente un aspect appauvri
similaire à celui des zones surpâturées et surexploitées du piémont nord. Ceci étant, ils
123
concluent leur étude de la végétation de la feuille de Ghardaïa en avançant que "les
groupements végétaux cartographiés représentent bien des climax".
1.2.1.2. La végétation dense.
Nous avons utilisé différentes méthodologies sur les fenêtres d'El Haouita et Ras ech
Ch'aab pour le suivi diachronique qualitatif et quantitatif de la végétation dense.
Cette végétation dense d'oueds et de dayas de ce milieu semi-aride, y est affectée de manière
provisoire par la sécheresse, il y a régénération après le retour à des conditions de pluviométrie
"normale".
Sur la fenêtre de Aïn Madhi - El Haouita, la végétation dense cultivée et naturelle était
encore très développée en 1977, proche de l'état de 1989 (Thematic Mapper), année humide, où
la végétation dense des oueds et dayas était relativement abondante, et les zones de cultures
plus développées qu'en 1986 période de fin de sécheresse.
Nous avons vu dans le premier chapitre, que la végétation dense était aisément discriminée à
l'aide des indices de végétation.
L'addition des indices de végétation seuillés (156-255 pour MSS 1977 mssex75rt, seuil 183-
255 pour SPOT 1986, et seuil 157-255 pour TM 1989 mahdi43rp, figures n°55 a, b et c) de
chaque date permet d'obtenir une classification à 7 classes, améliorée en éliminant l'ombre des
crêts qui se confond avec la végétation dense. Cette ombre a été éliminée en appliquant sur les
indices un masque extrait de la classification sur les données SPOT, où elle se discrimine
nettement des autres thèmes (cf figure n°56).
On peut à partir de cette image quantifier les variations de cette végétation dense :
La végétation dense, naturelle et de culture, stable entre les trois dates, couvre 0,045 % de la
surface totale de l'image. La végétation de cette classe, et celle apparaissant en 1977 et 1989
mais pas en 1986 (C5), correspond aux jardins et zones de cultures irriguées, à proximité
d'El Haouita et de Aïn Madhi, où la diminution des apports hydriques a été compensée par
l'irrigation à partir de puits et sources pérennes. Par contre, les zones de cultures bour (en
sec), et la végétation naturelle des oueds, tributaires des précipitations, subissent des
modifications beaucoup plus importantes sur ces trois dates. Ces espaces sont à nu en
général en 1986 par manque d'eau. A cette date, les espaces à végétation dense (en commun
avec les autres dates ou non) couvrent seulement 0,1965 % de la surface totale (mais ce
pourcentage est surestimé, il inclut encore des zones d'ombre), contre 0,819 % en 1977 et
0,42 % en 1989. L'extension moindre de ce type de végétation en 1989, année humide, par
rapport à 1977, plus sèche, est directement liée à la phénologie des plantes. Les mesures de
1977 correspondent au mois de mai, période de plein développement de la végétation, celles
de 1989 au mois de janvier, période de "dormance" de cette même végétation.
126
La relative importance de cette végétation en 1977 indique que, malgré la série d'années
sèches depuis 1970, les nappes phréatiques n'étaient pas encore asséchées. Par contre en
1986, la diminution des précipitations et la baisse des niveaux phréatiques conjoints ont
entraîné le très fort repli de la végétation naturelle des oueds et l'impossibilité de cultures en
sec.
Dans la région de Ras ech Ch'aab nous avons suivi l'évolution de la végétation dense des
dayas à partir des NDVI et des classifications non supervisées diachroniques sur les images
Thematic Mapper de 1989 et MSS de 1977.
La même méthode d'addition des indices de végétation seuillés à été utilisée. On
extrait la végétation dense de chaque NDVI (seuil 160-255 pour MSS 1977, et 140-255
pour Thematic Mapper 1989). Les zones à végétation dense de TM sont codées 2, celles
de MSS, 1. Les zones à végétation steppique ou nues sont codées 0 aux deux dates.
L'addition des 2 images-masques permet d'obtenir une néo-image où les zones sans
végétation ou steppique aux deux dates sont à 0 (noir), les zones à végétation dense en
1977 et steppique ou nues en 1989 apparaissent dans la classe 1 (bleu, peu visible sur le
tirage), les zones à végétation dense uniquement en 1989, donc nues ou steppiques en
1977, dans la classe 2 (vert), et les zones à végétation dense aux deux dates dans la classe
3 (rouge) (cf. figure n°57 drs4375bp).
Mais en combinant indices de végétation et classifications diachroniques, on peut
améliorer la typologie de cette végétation.
Déjà appliquée sur les données Thematic Mapper de 1989, la méthode combinant l'indice de
végétation verte et classifications semi-supervisées a été utilisée pour les données MSS de
1977.
Dans une première étape, on extrait la végétation dense des indices de végétation de
chaque date en les seuillant (valeurs les plus élevées). Nous avons choisi un seuil très
large pour MSS (140-255) de manière à perdre le moins d'information possible. Il inclut
donc des espaces de végétation steppique qui seront éliminés par la suite si ils ne
recoupent pas des espaces de végétation plus ou moins dense en 1989. Ce masque est
réappliqué sur les images brutes de manière à masquer (mettre à 0) tous les espaces qui
ne correspondent pas à ce thème. A chaque date, on lance alors une classification semi-
supervisée sur les zones non masquées. Ces classifications permettent d'affiner la
discrimination de cette végétation dense.
On a défini 6 classes en 1977 (cf figure n°58 dymsrec140.c6) correspondant aux zones à
végétation très dense de dayas et d'oueds (C2), à végétation dense de dayas et d'oueds
(C5), à végétation moins dense de dayas et d'oueds (C1), à végétation de transition vers le
steppique (C4 et 3) et végétation steppique (C6). Ces trois dernières classes ont été
éliminées dans l'étape suivante, car trop steppique, on ne pouvait trouver leur équivalent
sur la classification des données de 1989, beaucoup plus stricte (cf. figure n°59
dymsrec.c03).
130
La classification à 5 classes, sur les données Thematic Mapper de 1989, présentée dans la
première partie (cf. figure n°33 dayabrs.c5), permet de distinguer une végétation très
dense du centre des dayas de taille moyenne et des oueds (C3), une végétation moins
dense de la périphérie de la classe précédente, et du centre des dayas de taille moyenne
(les plus petites) et petite (C5), une végétation spécifique au centre des petites dayas et
oueds du sud-est de la hamada de Ras ech Ch'aab (C2), une végétation d'oueds, de la
périphérie de quelques dayas, du centre de quelques grandes et moyennes dayas (C1), et
enfin une végétation de transition vers le steppique (C4).
Ces deux classifications (après élimination des classes 3, 4 et 6 de la classification
de 1977), après recodage, sont additionnées de manière à obtenir une classification
diachronique à 23 classes (cf. figure n°60 d7789.c23).
Table n°8 : Tableau croisé de la classification multidate d7789.c23 (1977 et 1989) MSS 1977 V. très dense (2) V. dense
(5) V. transition vers steppique (1)
Inexistant 1977 (0)
V. très dense (3) 14 15 13 12 TM V. dense (5) 22 23 21 20 1989 V. dense herbacée (2) 10 11 9 8 V. steppique dense
(1) 6 7 5 4
V. steppique (4) 18 19 17 16 Inexistant 1989 (0) 2 3 1 0
Il ressort de tous ces essais de suivi et quantification de la végétation dense de la région
de Ras Ech Ch'aab, que 1977, année relativement humide, était également caractérisée par des
nappes phréatiques encore "pleines". Les oueds de la hamada (oued Faïd el Adjerem et ceux du
sud-est) sont couverts de végétation. Les hamadas périphériques sont également couvertes
d'une végétation relativement dense en piquetis. Certaines dayas apparaissent végétalisées
exclusivement en 1977, la zone centrale étant parfois le seul espace couvert aux deux dates.
Cela ne veut pas dire pour autant que les nappes étaient sèches en 1989, il faut rappeler là
encore l'importance de la phénologie. En janvier 1989, la plupart des végétaux n'avaient pas
développé leur feuillage, notamment les betoums. En 1977 ce sont les betoums et les
éphémères qui donnent cette réponse particulière aux dayas et oueds.
A cette date les seuls espaces bien végétalisés se localisent dans les oueds et quelques petites
dayas. Il s'agit d'une végétation herbacée "pérenne". Il est certain qu'une image de mai 1989
aurait montré un développement de la végétation beaucoup plus important que mai 1977.
Ce suivi restera malgré tout très relatif, car les périodes d'enregistrement des données des
deux images ne coïncident pas. L'image MSS a été enregistrée au début du printemps, l'image
Thematic Mapper en hiver. Phénologiquement, les végétaux ne sont donc pas au même stade.
Nous l'avons vu, l'image MSS a saisi la végétation arborée essentiellement (le printemps 1977
ayant été seulement correct, la végétation herbacée ne devait pas être très développée).
132
C'est par contre essentiellement la végétation herbacée qui a été saisie sur l'image Thematic
Mapper, car les arbres (Pistachier atlantique) à feuilles caduques, étaient à nu à cette époque.
Dans ces conditions, la quantification des variations est inutile, elle ne représenterait pas grand
chose, même si on peut observer certaines dayas apparemment très peu végétalisées en 1977 se
couvrir d'une végétation dense en 1989, d'autres ne pas présenter de variations notables entre
les deux périodes, restant à forte couverture végétale, ou au contraire à nu.
Ce suivi ne pourrait de toute évidence pas permettre de suivre l'abattage possible de certains
arbres. La destruction de la couverture de pistachiers est un phénomène ancien, les graines sont
comestibles, ils fournissent un fourrage d'appoint par émondage, et il fournit "l'encre rouge des
tolbas" suintant du tronc, ainsi qu'un tanin utilisé en peausserie.
Cette quantification multidate des surfaces couvertes par la végétation dense resterait,
quoi qu'il en soit, toute relative, car c'est une quantification par pixels qui ne prend pas en
compte l'hétérogénéité à l'intérieur de ces pixels, et les pixels de bordure ne sont, à priori, pas
pris en compte non plus.
1.3 - Déflation et ensablement, l'impact de la sécheresse.
Les images ont montré que la sécheresse avait affecté essentiellement le couvert végétal
de ce piémont. Mais la diminution des taux de couverture du sol, corrélative à cet impact, et la
dessiccation des formations superficielles ont favorisé dans un deuxième temps des processus
de déflation et d'ensablement.
Cette dynamique éolienne est un élément classiquement invoqué dans les études sur la
désertification. Dans l'imaginaire populaire, c'est même l'aspect majeur de ces processus.
Elle s'exprime largement sur ce piémont, mais ne traduit pas forcément des processus de
dégradation actuels du milieu.
Elle représente par contre un facteur potentiel de perte de productivité lors de l'ensablement des
zones de cultures ou de déflation des sols notamment.
Nous avons, comme pour la végétation, tenté de suivre ces processus sur les 12 années de la
sécheresse.
S'il est difficile de discriminer des espaces en cours de dégradation lors de la période 1977 -
1986, il est par contre possible, en utilisant les données anémométriques et la disposition des
reliefs, de définir des zones potentiellement soumises à la déflation et/ou l'ensablement.
1.3.1. Les vents, et les déplacements de sable : fréquence, direction, force.
Nous avons déjà noté le manque de stations météorologiques dans cette région. Cette
lacune s'accentue encore en ce qui concerne les données anémométriques, notamment pour la
capacité de transport des vents.
Deux stations fournissent des données maigres et souvent peu représentatives :
133
- à l'est de la zone d'étude, la station de Laghouat avec des relevés antérieurs aux années
80 en raison de l'installation d'un aéroport militaire de premier ordre interdisant l'accès à
ces données postérieurement à cette date.
- à l'ouest, en dehors de la zone de piémont étudiée, la station d'El Abiodh Sidi Cheikh.
Ces données sont utilisées à titre de comparaison.
On a tenté en établissant une "moyenne" empirique des données de Laghouat et d'El Abiodh
Sidi Cheikh, d'avoir une idée des régimes des vents de la région de Brézina.
Nous n'avons par contre pas utilisé les données des stations de Djelfa (Hautes plaines) au nord
et Ghardaïa (M'zab) au sud, trop différentes du piémont sud de l'Atlas saharien.
Les informations anémométriques pour ces stations (ainsi que pour la station de Tadjemout),
ont été extraites des travaux de Seltzer (1946), J. Dubief (1947, 1951-52 et 1963) et Y. Callot
(1987).
1.3.1.1. Fréquence des directions du vent au sol (station de Laghouat).
Sur l'année, quelle que soit l'heure (7h, 13h, 18h), les vents les plus fréquents au sol
soufflent essentiellement du nord-ouest (autour de 30% de fréquence) (cf. figure n°61).
Secondairement, on observe des vents du nord (approximativement 15%), de l'ouest
(approximativement 15%), du sud-ouest (entre 10 et 12%) et nord-est (approximativement
10%).
Les fréquences du sud (3 à 8%), du sud-est (autour de 5%) et est (inférieures à 5%) sont
relativement négligeables sur l'année.
Figure n°61 - Moyenne annuelle de la fréquence des vents au sol de la station de Laghouat à
7h, 13h et 18h. 7 h
N
NE
E
SE
S
SW
W
NW
0
10
20
30
40
50
13 h N
NE
E
SE
S
SW
W
NW
0
10
20
30
40
50
18 h N
NE
E
SE
S
SW
W
NW
0
10
20
30
40
50
Source : Seltzer (1946)
Mais ces fréquences des directions du vent au sol subissent des variations saisonnières
relativement nettes ; deux modes se distinguent nettement avec des mois intermédiaires de
transition (cf. figure n°62) :
134
Figure n°62 - Moyenne des fréquences des vents au sol à 13h, station de Laghouat
W
N
NE
E
SE
S
SW
NW
0
10
20
30
40
50
DécembreNovembreOctobre N
NE
E
SE
S
SW
W
NW
0
10
20
30
40
50
N
NE
E
SE
S
SW
W
NW
0
10
20
30
40
50
Septembre
E
S
N
NE
SESW
W
NW
0
10
20
30
40
50
Août
S
N
NE
E
SESW
W
NW
0
10
20
30
40
50
Juillet
W
N
NE
E
SE
S
SW
NW
0
10
20
30
40
50
Avril N
S
W
NE
E
SESW
NW
0
10
20
30
40
50
W
N
SW
NW
Mai
NE
E
SE
S
0
10
20
30
40
50
Juin N
E
S
NE
SESW
W
NW
0
10
20
30
40
50
Mars N
NE
E
SE
S
SW
W
NW
0
10
20
30
40
50
Février
E
N
NE
SE
S
SW
W
NW
0
10
20
30
40
50Janvier
W
N
NE
E
SE
S
SW
NW
0
10
20
30
40
50
Source : Seltzer (1946)
135
- de la fin de l'automne au début du printemps (novembre à avril), les fréquences sont
largement nord-ouest, de 29% en mars jusqu'à 42-43% en décembre.
- au printemps et en été (mai à octobre), les fréquences sont moins monodirectionnelles.
Les fréquences nord-ouest diminuent au profit de celles du nord-est, du sud-ouest et du
nord essentiellement.
Les fréquences est et sud-est bien que plus importantes que dans la période précédente
(entre 2 et 4%) restent toujours respectivement inférieures à 5% et 10%.
La fréquence sud-ouest atteint son maximum en juillet avec 20%. Elle est comprise entre
10 et 20% les autres mois.
Ces fréquences de direction au sol ont été relevées à 13h, l'heure où le vent est
morphologiquement le plus actif, les alluvions et autres formations superficielles étant
sèches et par conséquent mobilisables (à 7h, la présence de rosée peut ralentir la
déflation).
En additionnant en sens inverse les 7 vecteurs de la rose des fréquences des vents
annuels, on peut calculer la résultante de ces vents au sol pour la station de Laghouat.
A 13 heure, cette résultante était de 302° N, soit approximativement nord-ouest/sud-est.
Figure n°63 : Résultante des vents au sol à 13 heure pour la station de
Laghouat
N
NE
E
SE
S
SW
W
NW
N
NEE
SE
S
SWW
NW
1.3.1.2. Fréquence des vents à 1000m.
La fréquence des vents au sol proposée ici peut être perturbée par une organisation
topographique locale particulière. Notamment dans la région de Laghouat où le relief s'organise
en crêts d'orientation générale sud-ouest/nord-est, d'altitude maximale de 1035m pour le djebel
Oum Deloua, et 883m pour le djebel Ahmar, interrompus par quelques cluses et cols canalisant
le vent.
136
Figure n°64 : Fréquence des vents à 1000 m d'altitude, station de Laghouat
E
S
Mars N
NE
SESW
W
NW
0
10
20
30
40
50
Février
N
NE
E
SE
S
SW
W
NW
0
10
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30
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50
S
Janvier N
NE
E
SESW
W
NW
0
10
20
30
40
50
juin
N
E
S
NE
SESW
W
NW
0
10
20
30
40
50
mai N
E
NE
SE
S
SW
W
NW
0
10
20
30
40
50
avril
E
S
N
NE
SESW
W
NW
0
10
20
30
40
50
septembre N
NE
E
SE
S
SW
W
NW
0
10
20
30
40
50
aout N
E
S
NE
SESW
W
NW
0
10
20
30
40
50
juillet N
E
S
NE
SESW
W
NW
0
10
20
30
40
50
decembre N
E
NE
SE
S
SW
W
NW
0
10
20
30
40
50
novembre N
E
NE
SE
S
SW
W
NW
0
10
20
30
40
50
octobre N
E
NE
SE
S
SW
W
NW
0
10
20
30
40
50
Source : Seltzer (1946)
137
Ne connaissant pas la localisation précise de la station de mesure de Laghouat (à priori dans
l'aéroport), nous avons comparé les données au sol avec celles à 1000m d'altitude censées
s'affranchir des contraintes topographiques (cf. figure n°64).
La composante nord-ouest est beaucoup moins marquée à 1000m. Elle apparaît bien
marquée de novembre à mai (de 29% en février à 15% en avril), mais le caractère
monodirectionnel disparaît.
Les fréquences d'ouest et du nord sont beaucoup plus importantes qu'au sol durant cette période
(même fréquence en janvier, février, mai et décembre).
De juin à octobre, la fréquence nord-ouest reste inférieure à 15%. Elle se réduit à 3-4% en août.
En résumé, les fréquences nord-ouest, ouest et nord restent dominantes sept mois sur douze à
1000m d'altitude.
Par contre, la composante d'est qui n'existait quasiment pas au sol, "explose" littéralement de
mars à novembre, supérieure à 10% de mars à novembre, elle est nettement dominante en juin,
juillet et août (où elle atteint 25%).
Les fréquences du sud-est restent modérées, atteignant 16% en août.
Il semble donc bien que la station de Laghouat présente des données au sol faussées par
une topographie particulière.
Notamment, on perd au sol, toute la composante ouest pour tous les mois.
La composante est disparaît également de mars à septembre alors qu'elle est dominante à
1000m de juin à août et très forte les autres mois.
La composante nord disparaît ou est très atténuée également.
1.3.1.3. La force du vent.
Les données de fréquence des vents présentées ci-dessus, concernent les vents faibles à
fort, or, la mise en mouvement des sables nécessite une vitesse minimum de vent, supérieure
ou égale à 6m/s.
Il n'y a donc pas forcément corrélation entre les directions de vents définies précédemment et
les vents actifs morphologiquement, c'est à dire suffisamment puissants pour devenir des
agents d'érosion, de transport et de dépôt efficaces.
Par ailleurs, les travaux de J. Dubief (1952) montrent que les fréquences de vents au moins
modérés - c'est à dire supérieurs ou égal à 3° Beaufort, soit 4 à 5 m/s - étaient faibles dans cette
région (cf. figure n°65).
138
Figure n°65 : Fréquence des vents ayant une vitesse ≥ 3° Beaufort (vents au moins modérés)
pour les stations de Laghouat et El Abiodh Sidi Cheikh (1931-1940) Exprimé en ‰
Janv. Fev. Mars Avril Mai Juin Juil. Août Sept. Oct. Nov. Dec.
0
50
100
150
200
250
300
Laghouat
El Abiodh Sidi Cheikh
‰
Source : J. Dubief (1952)
Mesurés sur une période approximativement de 10 ans, ces vents au moins modérés restent très
faibles ; ils sont en moyenne de 152‰ par an à Laghouat, et 165‰ à El Abiodh Sidi Cheikh.
La fréquence de ces vents "efficaces" présente également une variation saisonnière :
A Laghouat, c'est la circulation d'hiver et de printemps qui semble être la plus efficace
morphologiquement, de décembre à mai, avec des fréquences de vents au moins modérés
supérieurs ou égal à 155‰, et un maximum en décembre avec 217‰.
A El Abiodh Sidi Cheikh, cette saison efficace est légèrement décalée et raccourcie; elle s'étale
de février à août avec des fréquences supérieures à 160‰, et un maximum de 254‰ en avril.
Ces données de force de vent ne sont pas corrélées avec les fréquences par direction, et
on ne peut pas préjuger d'une correspondance entre ces deux types d'information - les
fréquences les plus marquées ne correspondent pas forcément aux vents les plus forts -.
Ces résultats sont à pondérer également car ils sont basés, comme indiqué, sur les vents
supérieurs ou égaux à 4-5m/s. Or, nous sommes partis du postulat que les vents efficaces
morphologiquement étaient ceux supérieurs ou égaux à 6m/s.
En définitive, on n'obtient qu'un aperçu de la force du vent et de son rôle morphologique,
sachant notamment que les vents les plus forts sont aussi les plus rares.
1.3.1.4. Volumes de sables transportés.
En dépit de toutes ces restrictions, on peut grâce aux travaux de J. Dubief (1952), avoir
une idée des déplacements potentiels de sable dans cette région.
139
Cet auteur, utilisant la formule de Bagnolds, a calculé le volume de sable transporté
annuellement à travers une ligne de 1m de longueur tracée normalement à une direction
quelconque de la rose des vents (S).
S = 3,25 x 10-3
N
P
v −Vt
log.z / k '
3
où
N = fréquence des vents soufflant dans la direction considérée.
v = vitesse du vent en miles/heure.
P = nombre d'observations régulièrement faites par jour.
z = hauteur des mesures au dessus d'un sol supposé entièrement dégagé.
k' = l'équivalent de 1 cm exprimé dans la même unité que z.
Vt = vitesse constante moyenne de 10 miles/heure au dessous de la hauteur k', quelle que
soit la vitesse de l'air dans les couches supérieures.
S reste un résultat théorique, sachant qu'il faut une source de sable pour qu'il y ait transport de
ce dernier, et en raison de toutes les réserves présentées auparavant.
Il obtient en définitive un ordre de grandeur de transport possible de sable dans les différentes
directions.
Figure n°66 : Volumes de sables transportés par le vent en un an à travers une ligne de
1m de long dans les 8 directions du compas (en m3) 1931-1940. N
NE
E
SE
S
SO
O
NO
0
1
2
3
4
5
6
7
Laghouat
El Abiodh Sidi Cheikh
Source : J. Dubief (1952)
On a calculé les résultantes de ces volumes de sables transportés selon la même méthode
que précédemment.
140
Figure n°67 : Résultantes des volumes de sables transportés par le vent en un an à travers une ligne de 1m de long 1931-1940
Laghouat
N
El Abiodh Sidi Cheikh
N
NEE
SE
S
SOO
NNO
O E
S
NEE
SE
S
SOO
NNO
O E
S Source Dubief J. (1952)
On retrouve les résultantes déjà signalées dans les fréquences des vents, c'est à dire nord-ouest
pour Laghouat (314°) et El Abiodh Sidi Cheikh (319°).
Mais ces volumes de sables restent très peu important : 20,7 m3 pour la station de
Laghouat et 16,9 m3 à El Abiodh Sidi Cheikh.
Paradoxalement, les volumes transportés sont moins importants à El Abiodh Sidi Cheikh qu'à
Laghouat, alors que la force des vents et le nombre de vents de sable (comme on le verra plus
loin) plus importants à El Abiodh Sidi Cheikh, laissaient penser le contraire.
Les données anémométriques plus complètes de la station d'El Abiodh Sidi Cheikh ont
permis à Y. Callot (1987) d'obtenir des résultats relativement plus fiables pour cette station,
bien que là encore, il note que cet essai de quantification des déplacements éoliens reste
lacunaire et insuffisant.
Il a calculé pour cette station la résultante des vents efficaces annuels "qui donne une image
approximative des déplacements potentiels de sable autour de la station" (cf Figure n°68).
Trois types de données dans les 16 directions du compas - les vents de 4 à 8m/s, 8 à 12 m/s et
supérieurs à 12 m/s à 7h, 13h, et 18h - permettent de construire une rose des vents efficaces
dont on dérive la résultante des vents d'un intervalle de force donnée, selon la méthode citée
plus haut.
Pour cette station, la résultante des vents supérieurs à 12 m/s est nord-ouest/sud-est.
Il propose d'améliorer ces résultats qui ne prennent pas en compte "la variation de la quantité
[de sable] déplacée en fonction de la vitesse du vent, une fois franchi le seuil de mise en
mouvement", en appliquant une formule simplifiée de Fryberger utilisant la vitesse du vent à
10m de hauteur.
142
Il calcule ensuite une rose de migration des sables dans les 16 directions du compas en
sommant "les coefficients de transport des différentes classes de vitesse" et " les proportions
annuelles de durée où le vent a soufflé dans la direction donnée et dans la classe donnée".
Il obtient une direction résultante de transport annuel de sable de 321°, soit nord-ouest/sud-est,
"vecteur résultant de la combinaison de la totalité des vecteurs de la rose de migration des
sables".
Cette résultante reste très proche de celle calculée par J. Dubief (319°) et vue ci-dessus.
1.3.1.5. Les vents de sable.
Le constat de la faiblesse des volumes de sables transportés par les vents "simples", c'est
à dire à priori non chargés en sable, nous amène à penser que le transport de sable s'effectue - et
c'était la conclusion de J. Dubief pour l'ensemble du Sahara - essentiellement lors des vents de
sable.
Les vents de sable sont également, selon M. Mainguet (1984), les "vents efficaces"
morphologiquement.
Un vent de sable est selon J. Dubief (1952) "un vent turbulent, de force quelconque,
transportant une quantité importante de particules d'un diamètre moyen supérieur à 1/16e de
mm au dessus d'une surface de plusieurs kilomètres carrés".
Malgré l'imprécision des données, J. Dubief a mesuré des vents de sable d'une durée
moyenne de 5,6 heures à El Abiodh Sidi Cheikh (moyenne calculée sur 126 observations), et
de 4,7 heures à Laghouat (moyenne sur 94 observations).
Ce sont les vents de sable de sud-ouest et sud-est qui sont les plus longs à Laghouat -
respectivement moyenne de 6,1 et 6 heures - et d'ouest et nord-ouest à El Abiodh Sidi Cheikh
(6,8 et 6,4 heures).
Dans les autres directions, la durée moyenne s'échelonne de 3 à 5 heures à Laghouat, les vents
de sable de directions sud et nord présentant les vents de sable les plus courts en moyenne. A
El Abiodh Sidi Cheikh, les durées moyennes les plus faibles sont de 4,3 et 4,4 heures dans les
directions est et sud-est.
143
Figure n°69 : Durée moyenne des vents de sable en heures dans les 8 directions. N
NE
E
SE
S
SO
O
NO
0
2
4
6
8
El Abiodh
Sidi Cheikh
Laghouat
Source : Dubief (1943)
La durée moyenne annuelle des vents de sable à Laghouat est de 37,1 heures, et de 42,5 heures
à El Abiodh Sidi Cheikh.
C'est de novembre à janvier que le nombre de jours de vents de sable est le plus faible dans la
région. Ces vents accusent des maximums d'occurrence marqués pour El Abiodh Sidi Cheikh,
beaucoup plus atténués pour Laghouat, au printemps et en automne (cf. figure n°70).
Figure n°70 : Nombre de jours de vents de sable.
0
1
2
3
4
5
6
7
8
9
El Abiodh Sidi Cheikh
Laghouat
Janv. Fev. Juin Juil. Août Sept. Oct.Nov. Dec. Source : J. Dubief (1943)
Mais ce nombre de jours de vents de sable reste très faible, notamment pour Laghouat
avec 6,7 jours en moyenne par an, contre 45,9 à El Abiodh Sidi Cheikh.
Il faut encore nuancer ces résultats, car ces moyennes ont été calculées sur 15 ans
seulement (1934-1939 à El Abiodh Sidi Cheikh, 1925-1939 à Laghouat). Ce laps de temps est
trop court pour rendre compte de la très forte variation du nombre de vents de sable d'une
année à l'autre. Ceci étant, G. Coudé-Gaussen cite 42,6 vents de sable à El Abiodh Sidi Cheikh
sur la période 1934-50, ce qui est peu différent des données précédentes. Par contre, il apparaît
144
que la saison venteuse s'étend, dans l'ensemble, de février - mars à septembre, avec un
maximum en mai - juin, donc décalé d'un ou deux mois par rapport aux séries 1934-39.
Pour la période 1925-50, elle indique 23,2 vents de sable à Tadjemout où la saison venteuse se
localise globalement de février à août avec des maximums variés en mai, juin et mars.
Ces valeurs indiquent qu'il semble qu'il y ait effectivement décroissance du nombre de jours de
vents de sable de l'ouest vers l'est. Mais peut on, sans données terrain, en déduire que la région
de Brézina est plus venteuse que Laghouat ?. L'importance des formes et formations sableuses
de cette zone pourrait être un élément de confirmation.
Comme les vents dominants, les directions des vents de sable présentent des variations
inter-annuelles sur ce piémont : de sud-ouest à nord en hiver, ils tournent au nord-est et sud en
été.
Mais là encore, la direction de la plus grande fréquence des vents de sable doit varier de
manière importante d'une année à l'autre, comme le nombre de jours de vents de sable. La
période de mesure (approximativement 15 ans) est trop courte pour donner une bonne image de
cette variabilité interannuelle.
J. Dubief (1943) a tenté, à partir des données citées ci-dessus, de déterminer les
résultantes annuelles de ces vents de sable, en se basant sur l'hypothèse que "tous les vents de
sable quelles que soient leurs directions, possèdent une charge moyenne sensiblement
constante" induisant par là que "la quantité de matière transportée selon une direction
déterminée, en un an, sera, dans cette hypothèse, proportionnelle au nombre d'heures de vents
de sable observés dans cette direction".
Cette résultante est ouest (pour 13,3 heures de vents de sable totales) pour Laghouat, et ouest-
nord-ouest à El Abiodh Sidi Cheikh (pour 87,2 heures de vents de sable totales).
En 1952, le même auteur a proposé pour ces mêmes stations des résultantes annuelles des vents
de sables différentes : elles sont en moyenne, sur l'année, de sud-ouest (239°N) pour Laghouat,
ouest (274°N) pour El Abiodh Sidi Cheikh, et ouest-sud-ouest (259°N) à Tadjemout (Dubief
1952).
Il semblerait qu'il faille se fier à ces dernières valeurs de résultantes, car elles ont été calculées
à partir de données mesurées sur une période plus longue, donc à priori plus représentatives de
la réalité.
On peut noter que les moyennes annuelles d'heures de vents de sable si elles sont sensiblement
similaires pour la station d'El Abiodh Sidi Cheikh (87,2 heures dans l'article de 1943 contre 89
heures dans celui de 1952), ont très fortement varié pour la station de Laghouat (13,3 heures
dans l'article de 1943 contre 33 heures dans celui de 1952)
Ces vents de sable restent donc relativement peu fréquents, notamment à Laghouat avec
33 heures par an en moyenne. Les stations de Tadjemout et El Abiodh Sidi Cheikh y sont plus
exposées avec respectivement 90 et 89 heures par an (Dubief 1952).
145
Il apparaît donc bien que ces vents de sable doivent être les plus actifs
morphologiquement, car les seuls, par leur nature turbulente, aptes à transporter des matériaux
(sables).
Mais étant donné leur très faible fréquence, peut-on effectivement leur attribuer la pérennité
des migrations de sable dans la région ?
Et comment évaluer alors leur rôle morphologique après tous les bémols émis quant aux
directions de ces vents efficaces, sachant qu'à Laghouat (sur la zone couverte par l'image), on
n'observe pas de formes éoliennes attestant de cette direction de quadrant sud-ouest, mais
plutôt des déplacements du nord-ouest ou du sud-est.
La disposition des formes et formations sableuses en corrélation avec les données
anémométriques précédentes, peut permettre de définir les sens de migrations éoliennes sur ce
piémont.
1.3.2. La disposition géométrique des formes et formations éoliennes comme
indicateur des directions de migration éolienne.
Ce piémont, vaste espace de transit éolien, est marqué par différentes formes et
formations sableuses dont la disposition est définie par les relations entre les grands ensembles
orographiques, la topographie de détail, et les directions dominantes de transport des sables par
le vent.
1.3.2.1. Le piémont, un espace de transit éolien important.
Les hamadas sont couvertes à peu près partout d'une "pellicule rousse" quasiment
continue, plus ou moins épaisse qui progresse du nord-ouest vers le sud-est, chassée par les
vents dominants sur ces surfaces sans obstacles.
Ce voile sableux étudié par G. Coude-Gaussen, montre une granulométrie à médiane de
123µm, moyenne de 2,88 phi, écart-type de 1,10 phi, et des indices skewness de -0,34 phi et
kurtosis de 1,03 phi. La médiane moyenne de ce matériel favorise relativement sa déflation par
le vent. Cette "pellicule rousse" est composée, dans la partie septentrionale du piémont, de
populations granulométriques dominantes de 85 à 95 µm, et d'une population granulométrique
secondaire de 5-10 µm. Au sud, les populations dominantes sont de 105 à 115 µm et 50 - 55
µm.
Un échantillon prélevé dans la région de la dayet el Anz (G. Coude-Gaussen) a montré que
cette pellicule rousse avait une forte teneur en quartz (66% en moyenne) et halite, mais une très
faible teneur en calcite (8 % en moyenne) et gypse. Dans sa fraction fine, c'est l'illite qui
domine (33% en moyenne), la palygorskite (20% en moyenne) et la smectite (16 % en
moyenne) y étant aussi importantes.
146
Ce voile sableux est essentiellement allochtone, il présente une très faible dépendance vis à vis
du substrat tant pour les fractions fines que pour les plus grossières. Il s'enrichit en quartz vers
le sud alimenté par les dunes ou les dépressions hydro-éoliennes du sud, et sa fraction fine
inférieure à 40µm diminue par vannage au fur et à mesure de la comminution des grains de la
population principale de 85 à 95 µm. Dans son transport, il prélève des particules aux substrats,
par arrachement (déflation) quand le matériel est directement mobilisable, ou par érosion grâce
aux quartz qu'elle contient. G. Coude-Gaussen conclut, d'après la composition minéralogique et
chimique de la pellicule rousse, qu'elle dérive plus des roches tertiaires continentales (grès
siliceux, calcaires et argileux) que des formations alluviales des grands oueds. Ces matériaux
alluviaux à granulométrie fine sont plutôt mobilisés sous forme de poussières qu'intégrés aux
pellicules rousses.
Ce voile sableux, peu épais, se discerne très mal sur les images satellites. Seuls les
espaces où la masse sableuse prend une certaine ampleur et épaisseur peuvent être "extraits".
Le moindre obstacle, topographique ou artificiel, bloque la progression de ces sables
provoquant ainsi la formation de formes dunaires variées.
1.3.2.2. Typologie des formes et formations éoliennes et détermination des
sens de migrations éoliennes.
Formes et formations sableuses se discriminent toujours relativement aisément quel que
soit le capteur, MSS ou Thematic Mapper. Elles présentent des signatures spectrales
caractéristiques toujours supérieures à celles des autres "objets" dans tous les canaux. Elles
apparaissent toutes très "brillantes" sur l'indice de brillance –valeurs les plus fortes de l'indice–,
mais cette brillance est plus ou moins atténuée par la présence de végétation.
Les différents types de formes et formations sableuses présentent les même profils de courbes
radiométriques (avec quelques exceptions), croissants du visible au moyen infra-rouge (TM5)
et décroissants du canal 5 au canal 7. Cette "régularité" n'exclut pas des confusions entre
thèmes, les zones ensablées étant parfois confondues avec certains espaces dégradés et versants
nus à forte albédo.
1.3.2.2.1. Typologie des formes et formations éoliennes de la région
de Laghouat.
La typologie des formes et formations sableuses définie dans la première partie à partir de
la classification non supervisée sur les six canaux Thematic Mapper de janvier 1989 (cf. figures
n°24 et 25), peut être affinée à l'aide des données images MSS de 1977 (classifications
diachroniques 1977-1989), radar de 1992, et des photographies aériennes n° 123 et 125 (NI 31
IX, R534) de 1982 au 1:60 000e. La résolution plus fine de ces dernières par rapport aux
147
images satellites apporte également des détails sur la localisation, la forme, l'organisation et la
disposition géométrique précise de ces formes.
Cette précision spatiale ajoutée aux signatures spectrales dans tous les canaux et aux réponses
spécifiques sur les images-indice, qui donnent des indications sur la nature du matériel, permet
de déterminer les sens de migrations éoliennes majeures et de détail de cette région, et de
valider ainsi, ou non, les résultantes de transport de sable et des vents efficaces (vents de sable)
indiquées par les données anémométriques.
La comparaison indique une certaine inadéquation.
1.3.2.2.1.1. Le champ de dunes et les traînées sableuses.
Nous avons décrit dans la première partie, un champ de dunes au nord-ouest de la ville de
Laghouat et de ses jardins, circonscrit entre l'oued M'zi et le djebel Ahmar (figure n°71).
Organisé en "vol de canard", pointe au nord-ouest et s'élargissant vers le sud-est, ce champ de
dunes s'étire sur la rive droite de l'oued M'zi. Il est composé de différents type d'édifices
sableux associés parfois à une végétation de type buissonnante.
Ville (1872), décrivant cette zone, indique deux types de "dunes plus ou moins
élevées, dont les unes ont leur surface légèrement mobile sous l'action des vents et dont
les autres sont fixées par une végétation ...".
Le premier type de formes, les mieux définies, sont des dunes plus ou moins vives
en croissant , à concavité ouverte vers le nord-ouest ou le nord-nord-ouest, développées
le long de l'oued M'zi dans une bande de 1,5 à 2 km de large à l'ouest, et réduite à 1 km
vers l'est. Ces dunes sont relativement couvertes de végétation selon l'indice de
végétation. La forte rugosité qu'elles définissent par rapport à la surface subplane,
couverte d'un voile sableux, sur laquelle elles reposent, permet leur nette discrimination
sur l'image radar (crêtes soulignées en blanc).
Ces dunes en croissant du champ de dunes ont été signalées comme barkhanes sur
les cartes topographiques. Les barkhanes sont indicatrices d'un vent monodirectionnel, et
progressent dans le sens de ce vent dominant par transit de sable sur leur dos et leurs ailes
qui s'allongent sous le vent. Leurs ailes étant tournées vers le nord-ouest, la région devrait
donc être soumise à un vent plus ou moins monodirectionnel de sud-est.
Or, la disposition du champ de dunes, développé dans le prolongement sud-est d'une série
de cols interrompant l'Atlas saharien, débutant exactement après l'interruption du djebel
Oum Deloua (première cluse de l'oued M'zi) et s'allongeant tout le long de l'oued M'zi,
est un puissant argument de transit du matériel sableux du nord-ouest vers le sud-est. Le
lit fluvial de l'oued M'zi, à l'amont de la cluse de Laghouat, est un important fournisseur
de matériel sableux qui s'accumule rapidement sur la rive droite, bloqué par la végétation
ou les obstacles topographiques.
149
On est donc amené à ne pas classer ces dunes dans la catégorie des barkhanes, mais
plutôt dans celle des dunes paraboliques, dunes d'érosion, également en raison de la
couverture végétale plus ou moins dense qui semble les couvrir.
Y. Callot (1987) a décrit au nord de l'oued El Abiodh - à l'ouest de notre zone
d'étude - des formes dunaires "intermédiaires entre les barkhanes et les dunes
paraboliques, avec une forte concavité au vent face au nord-nord-ouest, mais un
déplacement vers le sud-sud-est attesté par une bande de végétation au nord des dunes".
Peut être sommes nous dans le même cas ici, mais seule une vérification terrain
permettrait de le confirmer.
Les dunes paraboliques ont en général une face au vent concave de sable vif et un versant
sous le vent fixé par des formations végétales. Elles apparaissent ainsi relativement vives
sur les indices de brillance, cette signature correspondant à la combinaison des deux
versants vif et couvert. Associées en champs de dunes, elles se rejoignent parfois formant
des alignements perpendiculaires au vent du nord-ouest, notamment dans la partie
extérieure nord du champ de dunes.
Ce champ de dunes est constitué également de dunes allongées qui se mêlent
aux dunes en croissant. Elle correspondent au stade suivant de l'évolution des dunes
paraboliques. Ces petites dunes longitudinales résultent du défonçage de la partie en U
des dunes paraboliques et de l'allongement de leurs ailes. Elles sont par ailleurs fortement
végétalisées selon le NDVI. Il s'agit du deuxième type d'édifice sableux décrit par Ville
(1872). Ces dunes plus ou moins linéaires couvertes de végétation, orientées nord-
ouest/sud-est se développent essentiellement dans la zone centrale du champ de dune,
jusqu'à 2,5 km de la rive de l'oued M'zi. Elles se distinguent mal sur les images satellites,
mais bien sur les photographies aériennes.
Les photographies aériennes permettent d'associer à ces deux types de dunes, des
dunes organisées en "alvéoles", séparées par des bas-fonds humides couverts de
végétation, localisées dans la partie est du champ de dunes, zone très étroite, entre le lit
de l'oued et le djebel Ahmar.
Enfin, tout cet espace compris entre l'oued M'zi et le djebel Ahmar à l'amont de la
cluse de Laghouat, est, de manière générale, recouvert d'un voile sableux nu plus ou
moins épais (visible uniquement sur les images satellites) entre l'extrémité est de la bande
de dunes en croissant et le versant est du djebel Ahmar. Ce voile sableux est associé à
une végétation de type steppique buissonnante relativement dense dans la zone centrale, à
l'ouest des formes en alvéole.
Ce champ de dunes se prolonge à l'est du djebel Ahmar par des formations
sableuses qui le débordent largement à proximité de la cluse de Laghouat, au sud-est de la
zone buissonnante. Ces "débordements" sont beaucoup moins importants sur le djebel
Kheneg. Ces dépôts présentent des caractéristiques spectrales de même nature que le
voile sableux épais nu décrit précédemment.
151
L'indice de couleur (cf. figure n°72a lagecoul.bkr) ainsi que les axes d'ACP sur les
6 canaux Thematic Mapper (cf. figure 72b), permettent d'ajouter à cet inventaire deux
"traînées" sableuses, se développant au sud-est des cols et cluses importants qui
interrompent les djebels Ahmar et Kheneg et qui constituent des passages préférentiels du
matériel sableux. Il s'agit de petites "flèches" courtes (400 à 500 m), étroites, plus ou
moins coniques, pointe au nord-ouest en contact avec les crêts et s'élargissant vers le sud-
est (cf. A figure n°72). La plus septentrionale se prolonge vers le sud-est, après une
interruption de 1,5 à 2 km au delà des djebels Ahmar et Kheneg, par une traînée sableuse
de forme et orientation identique, mais de taille plus conséquente (beaucoup plus
massive) (cf. B figure n°72). On décèle par ailleurs sur les indices de couleur et de
brillance ainsi que sur les axes d'ACP que cette flèche se prolonge également vers le
nord-ouest, jusqu'à l'extrémité est du djebel Oum Deloua (cf. C figure n°72).
La classification diachronique des données Thematic Mapper de 1989 et MSS de
1977 (cf. figure n°73 lag7789.sabl20), par addition des classifications de chaque date,
permet de discriminer ces traînées et flèches sableuses, bien qu'elles se confondent à
chaque date avec d'autres objets ; sur la classification des 6 canaux Thematic Mapper, ces
flèches sableuses apparaissent dans les mêmes classes que les voiles sableux, car elles
correspondent à des formations sableuses épaisses au centre et s'amincissant vers la
périphérie (cf. figure n°74).
Figure n°74 : Signatures spectrales des dunes en croissant et voiles sableux en 1989, Thematic Mapper R% (lagbkr.c17)
10
15
20
25
30
35
40
lagec1.bkr lagec2.bkr lagec3.bkr lagec4.bkr lagec5.bkr lagec7.bkr
Hamada couverte d'un
voile sableux peu épais
Voile sableux
relativement épais
Dunes en croissant et
voile sableux épais
La périphérie de la traînée sableuse se confond avec certains placages sableux de bas de
versants et des zones de sols nus d'oueds.
153
Sur la classification des données MSS de 1977, les traînées sableuses présentent le même
type de signature spectrale que certains placages (cf. figure n°75).
Figure n°75 : Signatures spectrales des voiles et traînées sableuses en 1977, MSS R% (lgmssrc.sabl6)
20
21
22
23
24
25
26
27
lgmss4rc lgmss5rc lgmss6rc lgmss7rc
Placages aval et
trainée sableuse
Trainées sableuses
Leur périphérie, où le voile sableux est moins épais, se confond également avec certaines
zones dégradées (végétation à taux de recouvrement du sol fortement diminués).
La rive gauche de l'oued M'zi est, elle, exempte de sable à l'amont de la cluse de
Laghouat, en dehors d'une zone localisée entre Delaat el Hetaïba et l'oued Rakoussa et
ponctuellement contre les berges.
1.3.2.2.1.2. Les placages sableux sur les versants sud-est
des crêts.
Nous avons défini deux types de placages sableux sur la cartographie géomorphologique
dans la première partie (cf. figure n°24) :
La dune qui se développe sous un des points culminants du djebel Oum Deloua (>
1020 m), du pied du versant jusqu'au sommet, implique un dépôt de sable par un flux de
sud-est Elle apparaît nettement sur les photographies aériennes (cf. figure n°76). Elle n'a pu
être mise en place par des vents de nord-ouest, car le versant au nord-ouest est, lui,
dépourvu de sable. Si le sable provenait de cette direction, il aurait dû s'accumuler en partie
sur le versant au vent.
Cette dune est, de plus, juste sous le vent sud-est de la cluse d'El Kheneg (Oued Messaad)
orientée nord-ouest/ sud-est.
On observe également, sur la classification (cf. figure n°24), une série de placages
vifs localisés exclusivement à l'amont du versant sud-est du djebel Ahmar et,
résiduellement, du djebel Kheneg.
154
Figure n°76 : Croquis morphologique des placages et de la "grande dune" du versant sud-est du djebel Oum Deloua à partir des photographies aériennes 469/477 n°1 et 2 de 1949.
Ces placages, composés de matériel à signature spectrale apparemment identique à celle de
la dune du djebel Oum Deloua (ils appartiennent à la même classe radiométrique sur la
classification), sont, par contre, mis en place par des flux de nord-ouest. Cette position à
l'amont des versants interdit une mise en place par des flux de sud-est comme pour la dune
du djebel Oum Deloua car on devrait alors observer des dépôts en bas de versant. On
retrouve par ailleurs des dépôts, limités, sur le versant nord-ouest du djebel, attestant encore
d'un flux de nord-ouest. Le matériel sableux prélevé dans les alluvions de l'oued M'zi et/ou
dans le champ de dunes, passe par dessus ce djebel car il est moins raide et moins haut
(altitudes inférieures à 900 mètres pour les points les plus hauts) que le djebel Oum Deloua
qui, lui, bloque toute migration.
On devrait observer les mêmes placages sur le versant sud-est du djebel Kheneg, mais les
sources d'alimentation de matériel faisant défaut, il n'y en a pas. Les quelques placages
observés sur ce djebel sont alimentés par les alluvions du lit majeur de l'oued Messaad à
l'amont de la cluse de Kheneg.
La partie aval des versants sud-est des crêts est également couverte d'un autre type
de placages moins vifs.
Sur le djebel Oum Deloua, ces placages, à arêtes ou non, se développent jusqu'à
approximativement 5 km de la cluse. Ils débutent toujours à son pied et atteignent parfois
presque le sommet du versant. Mais de manière générale, ils ne couvrent que la partie aval
du versant. Sur les photographies aériennes, on observe qu'ils sont légèrement décollés de la
paroi amont (cf. figure n°76). Ce décollement par rapport à la paroi rocheuse est un
argument en faveur de flux sud-est ; le sable ne tombe pas du haut du versant mais remonte
le long de celui-ci.
155
Figure n°77 : Signatures spectrales des placages des hauts et bas de versants sud-est et de la grande dune du djebel Oum Deloua
10
15
20
25
30
35
40
45
50
55
lagec1.bkr lagec2.bkr lagec3.bkr lagec4.bkr lagec5.bkr lagec7.bkr
Grande dune vive et placages vifs
de hauts de versants sud-est
Placages sableux de bas de
versants SE et versants
Placages sableux de bas de
versants SE
Ville (1872) les a décrits comme de "grands talus de sables quartzeux jaunes".
La zone d'alimentation des sables composant ces placages est l'oued Messaad et ses
affluents (oueds Nogued et En Notaa).
Les placages de bas de versants et la grande dune mis en place par des vents de
même direction sont par contre de taille et disposition spécifiques et composés de matériaux
différents si on se réfère à leur signature spectrale et à leur "physionomie" sur les
photographies aériennes. La grande dune, à forte réponse sur l'indice de brillance
notamment, est formée de sables vifs prélevés dans la plaine alluviale élargie de l'oued
Messaad à l'amont de la cluse de Kheneg. Les sables des placages, beaucoup moins
"brillants", sont peut-être en partie couverts de végétation ou d'une "croûte" superficielle ou,
autre possibilité, rubéfiés. On a observé plus a l'est des placages de sables roses colonisés
par de la végétation qui pourraient être de même nature. Ils sont plutôt prélevés dans les
formations alluviales des affluents de l'oued Messaad, les oueds Nogued et En Notaa.
Les versants nord-ouest de ces crêts sont, par contre, totalement exempts de placages, à
l'exception du djebel Ahmar - Kheneg. Il s'agit alors de sable blanc provenant de la déflation
des alluvions de l'oued M'zi.
1.3.2.2.2. Conclusions sur les directions des migrations éoliennes
dans la région de Laghouat.
En définitive, les migrations éoliennes de la région présentent deux modes :
- la direction est et sud-est détectée à travers les placages de bas des versants est et
sud-est des crêts et la grande dune. Cette composante d'est est apparue pour les vents à 1000m.
C'est également la direction préférentielle des vents de sable d'été (sirocco), période où ils sont
156
en général plus violents qu'en hiver, soufflant en rafales ce qui accentue leur efficacité. La
période estivale favorise également la déflation des matériaux dans les oueds à sec. Ces deux
facteurs compensent d'une certaine manière, même au sol, la faible fréquence de ces types de
vents.
Les crêts formant obstacle au sol, les sables transportés par ces vents ne se déposent donc que
sur ces versants est et sud-est des djebels Oum Deloua, Ahmar, Kheneg et kef Tizegrarim
(rocher des chiens).
Les dépôts, plus modestes, de rive gauche de l'oued M'zi font également intervenir des
flux de sud-est et d'est.
- la direction nord-ouest responsable de la mise en place du champ de dunes et des
traînées sableuses. C'est une composante de vent au sol essentiellement, donc fortement
soumise aux contraintes topographiques locales.
Ce champ de dunes est donc organisé en système éolien complexe (cf figure n°78) :
De part et d'autre du crêt du djebel Ahmar se développe un système éolien spécifique à secteurs
source, de transit et d'accumulation déterminés par l'organisation spatiale des formes et
formations de cette zone. Nous avons déterminé ces différents secteurs dynamiques selon le
modèle proposé par Mainguet et al (1984).
157
Figure n°79 : Zones de dépôt et de transit de particules transportées par un vent rencontrant un obstacle topographique (vue en coupe).
Transport, corrasion
Dépôt d'obstacle Dépôt Dépôt potentiellement maximum
Aire amont de l'obstacle Aire de "col" Aire de décollement Aire de recollement
Aire de sillage
Selon Mainguet M. et al 1984
A l'amont vent du système, rendu possible par l'interruption du djebel Oum Deloua au sud et le
djebel Milok au nord, le matériel sableux prélevé dans le lit fluvial de l'oued M'zi, très large à
cet endroit, et sur sa basse terrasse par le vent dominant nord-ouest/sud-est est déposé dans une
aire dite amont de l'obstacle topographique que constitue le djebel Ahmar. Il présente donc une
forme en entonnoir, pointe au nord-ouest à la terminaison orientale du djebel, et base du cône à
l'aval vent, bloqué contre un deuxième crêt (djebel Ahmar) formant obstacle à la progression
des sables.
Vers le sud-est, l'organisation en champ de dunes disparaît pour laisser place à des formations
dunaires plus massives à formes peu marquées, des plaquages de sables bloqués dans leur
progression, par le djebel Ahmar.
Mais ce crêt, relativement peu élevé (entre 800 et 880 m d'altitude), est par ailleurs interrompu
par de nombreux foum, cluses qui constituent des passages préférentiels où le transit éolien est
canalisé.
Le vent chargé dépasse donc l'obstacle et dépose une partie du matériel juste en arrière, sous le
vent du crêt, sous forme de "flèches", de "traînées" relativement courtes perpendiculaires au
djebel après une zone dite tourbillonnaire, de sillage, où les dépôts sont interrompus.
Ce n'est donc que plus en aval, dans l'aire dite de recollement, à quelques km (5-6) du crêt, que
l'on observe de nouvelles formations sableuses organisées en traînées orientées dans le sens du
vent dominant.
La dominante nord-ouest apparaît ici nettement dans le champ de dunes de Laghouat.
Finalement, ce sont plutôt les fréquences au sol qui s'expriment à travers le champ de dunes de
Laghouat et qui expliquent sa géométrie particulière.
Ces flux d'ouest et de nord-ouest seront beaucoup plus marqués dans le paysage vers l'est,
où les hamadas se développent largement et ne sont plus interrompues par des crêts.
158
On retrouve ainsi, à environ 10 km à l'est de la ville de Laghouat, (dans la région de Taouenza)
un petit champ de dunes vives (barkhanes) de 5-6 m de haut, à convexité tournée vers le nord-
ouest. Ces barkhanes se développent sous le vent de l'oued Djedi d'où provient le matériel.
On observe également des accumulations de sable contre les faces nord-ouest des haies d'arbres
ou roseaux protégeant les zones de cultures et luzernières dans cette région de Taouenza.
Des accumulations de sable rose sur le flanc sud du crêt Kef Sridja à l'est de Laghouat, en aplat,
à forme triangulaire pointe à l'amont jusqu'au sommet du crêt, sont également significatives
d'une mise en place du nord-ouest. La forme triangulaire de la dune est d'autant plus accentuée
que l'altitude du crêt est basse.
- Le rôle morphologique des vents de sable sud-ouest n'apparaît, par contre, pas du
tout. Il semblerait donc que la très faible fréquence des vents de sable - malgré leur potentialité
plus forte à mobiliser du matériel sableux - leur interdisent tout rôle morphologique
conséquent.
1.3.2.2.3. La région de Brézina.
Située à l'extrême ouest de notre zone d'étude, la région de Brézina ne dispose pas de
station climatologique, et à fortiori anémométrique. Sans aucune information sur les vents,
nous avons tenté de déterminer les directions des vents dominants selon le modèle établi pour
la région de Laghouat, à partir de la nature et la disposition des différents édifices sableux.
Dans cette région, les formes éoliennes sont beaucoup plus étendues que dans la région
de Laghouat, c'est une zone de très important transit éolien où les formes et formations
sableuses prennent une extension régionale.
L'organisation de ces formes et formations sableuses montre une nette domination des vents de
nord-ouest, en interaction avec les formes du relief, garaa, talus, oueds et dayas.
Nous avons différencié, dans le premier chapitre, neuf types de formes et formations sableuses
présentées dans une cartographie géomorphologique (cf. figure n°80). Elles sont plus ou moins
significatives des sens de migrations éoliennes de la région.
1.3.2.2.3.1. Les dunes longitudinales.
Les dunes longitudinales, dunes allongées et légèrement sinueuses séparées par des zones
de déflation où la surface de la hamada est mise à nue, correspondent, selon la définition de M.
Mainguet (1984), à des cordons longitudinaux ou sand-ridges. Ce sont des dunes d'érosion dont
l'axe est parallèle à la direction des vents dominants ou avec la résultante des mouvements de
sable, donc ici nord-ouest/sud-est conforme aux directions observées à El Abiodh Sidi Cheikh
à l'ouest, et à Laghouat à l'est.
160
On a fait ressortir cette direction préférentielle des dunes longitudinales à l'aide de
Transformées de Fourier (option centrée) sur les 3 classes de la classification non supervisée
des 6 canaux Thematic mapper (C13, 16 et 25 de brzr.c25) correspondant à ces formes.
L'interprétation des directions (perpendiculairement au spectre calculé) du spectre en sortie
indique clairement, pour les trois classes, une direction préférentielle des dunes nord-ouest/sud-
est (cf. figure n°81). La deuxième direction est-ouest qui apparaît correspond au lignage des
images.
On distingue deux types de dunes longitudinales, au nord-est et au sud-est de la dayet el Anz,
nettement différenciées sur la classification semi-supervisée des formes et formations sableuses
(cf. figure n°80).
Les dunes longitudinales du sud-est de la dayet el Anz, du lieu dit Draa Kourama
sont aujourd'hui à peu près invulnérables au vent, car elles sont couvertes d'un pavage de
sable grossier non mobilisable par le vent, en plus de leur couverture végétale plus ou
moins ouverte (gros buissons) et de la pédogenèse de certaines. Dunes stabilisées, elles
ne sont relativement actives qu'à leur sommet qui apparaît très vif sur l'indice de brillance
(cf. A figure n°82a brzbrir). Il s'agit donc de dunes héritées dont la mise en place et
l'extension ont été déterminées par la forme allongée de la dayet El Anz parallèlement au
vent dominant et l'alluvionnement exceptionnel du lieu.
Les dunes longitudinales du nord-ouest de la dayet El Anz appartiennent à la
famille des dunes fixées. Certaines semblent ancrées par les accidents topographiques
que forment les garet Bent Krass : abritées par les garet elles sont nettement couvertes de
végétation, exposées au vent dominant à la périphérie, il s'agit de dunes à sable plus ou
moins vif (cf. B figure n°82a brzbrir).
La différence de couleur (plus rouge ?) selon l'indice de couleur normalisé, avec les
dunes du sud-est, peut indiquer une différence de provenance du matériel, elles seraient
plutôt composées de sables prélevés dans les formations rouges du Tertiaire continental
(celle du sud-est plutôt de sables alluviaux plus blancs remobilisés) ou correspondre à
une pédogénéisation plus prononcée facilitée par la couverture végétale plus stable et
abondante, ou encore être fixées par un voile algaire (cf. figure n°82b brzcoulr).
1.3.2.2.3.2. Les dunes linéaires (sif).
Dunes vives, leurs modalités de mise en place ne sont pas les mêmes que les dunes
longitudinales. Il s'agit de dunes d'accumulation, déterminées par deux vents dominants à la
convergence desquels naissent les sifs. Ce régime éolien bidirectionnel peut correspondre à un
même flux divisé en deux branches par un obstacle topographique.
163
Leur forme et leur disposition semblent indiquer qu'il s'agit de dunes transverses organisées en
cordons de direction nord-ouest/sud-est. Ou alors, ces dunes linéaires isolées s'allongeraient
parallèlement à la résultante des mouvements de sable dans un contexte général de vents de
directions multiples ?
Les traînées sableuses sur la hamada de Si Hadj Eddine s'étirent selon une direction nord-
ouest/sud-est à partir du petit erg de la daya de Si Hadj Eddine qui semble fournir la majeure
partie du matériel qui les compose. Elles sont beaucoup plus larges que les dunes
longitudinales du sud-est, et moins nombreuses (cf. figure n°80).
D'autres traînées de sables vifs s'étirent vers le sud-est à partir des oueds secondaires
orientés nord-nord-est/sud-sud-ouest qui se jettent dans la dayet El Anz à sa partie nord.
Il s'agit également de dunes d'accumulation et non pas d'ablation comme les dunes
longitudinales. Le matériel est prélevé dans les oueds secondaires peu actifs ou les dayas où les
alluvions sont facilement mobilisables.
1.3.2.2.3.3. Les aklés.
L'aklé est une formation dunaire compacte complexe où le sable est stabilisé, non
mobilisable. Il se compose d'un quadrillage très serré de bras dunaires, "accidenté par des dunes
peu élevées à prédominance d'éléments transversaux" R. Coque (1962). Les aklés traduisent un
régime éolien monodirectionnel (Mainguet et al 1984)
L'aklé est constitué des formations les plus grossières prélevées par le vent dans la daya, et qui
ne peuvent être exportées en dehors de la daya.
Mais ce vocable d'aklé recouvre des formes différentes comme vu dans la cartographie
géomorphologique de la première partie. Est-ce lié à des modalités de mise en place
différentes, ou s'agit-il de formes différentes ?
Ainsi, l'aklé El Ariga n'apparaît pas dans la classification semi-supervisée des formes et
formations sableuses, alors que l'aklé el Anz développé au sud des garet el Anz, beaucoup plus
vif, de même que les petits aklés associés aux dunes longitudinales du sud-est de la dayet el
Anz sont nettement discriminés.
Par contre, ils montrent tous une structuration amont vent - aval vent assez nette. L'aval vent
(sud-est) en position d'abri relatif a permis le développement d'une végétation relativement
importante qui détermine des réponses spectrales plus basses que l'amont-vent (nord-ouest).
Cette zone semble constamment "réactivé", c'est à dire recouvert de sables prélevés dans la
daya.
1.3.2.2.3.4. Les autres formes et formations sableuses.
Les autres formes et formations sableuses de cette zone sont également indicatrices de
flux à dominante nord-ouest/sud-est.
164
On rencontre le même type de placages sableux vifs que dans la région de Laghouat. Peut-on
en conclure qu'il s'agit également de placages mis en place sous le vent nord-ouest d'obstacles
topographiques ? On en observe quelques uns sur des versants exposés au nord-ouest. Est-ce
dû à une altitude plus élevée ?
Les bords sud et sud-est de la dayet el Anz sont couverts de placages sableux vifs
composés d'alluvions prélevées dans la daya. Le sable des oueds et dayas est suffisamment fin
pour pouvoir être mobilisé par tous les vents de sable supérieurs à 3 m/s.
Le matériel ainsi prélevé a tendance à s'accumuler, dans un premier temps, juste à l'aval vent
des oueds et dayas contre les talus plus ou moins importants, (augmentant la rugosité de surface
et contraignant au dépôt le matériel).
Y. Callot (1987) a montré l'extension systématique d'aires sableuses à petits édifices dunaires
sur la rive gauche de l'oued Seggueur lorsque celui-ci prend une orientation nord-est/sud-ouest
ou nord-sud.
Le matériel prélevé dans l'oued s'accumule à proximité, parfois bloqué par des garaa. Ces aires
sableuses sont "suivies" sous le vent par des zones à nappage sableux généralisé avec
développement de nebkas. La surface se développant entre la dayet El Anz et l'oued Seggueur
en aval de Brézina est couverte de champs de nebkas de taille conséquente qui s'allonge
systématiquement au sud-est de touffes de végétation.
1.3.3. Formes et formations sableuses indicatrices de dégradation du milieu.
L'inventaire des formes et formations sableuses présenté ci-dessus met en évidence
l'importance de la dynamique éolienne dans l'évolution de ce milieu. Le vent peut être un agent
efficace de dégradation du milieu, de désertification.
On a tenté de localiser et d'extraire à partir des images satellites les zones de déflation ou
d'ensablement significatives d'une dégradation du milieu ; la série d'images couvrant une
période de 17 ans, il s'agirait de processus rapides.
On a suivi dans la région de Laghouat l'évolution des traînées sableuses.
Le suivi diachronique des traînées sableuses ne peut être que qualitatif en raison de
la résolution grossière des images MSS. La bordure des "objets" est très imparfaite,
artificiellement étendue ou rétractée.
Malgré tout, on peut affirmer que les traînées sableuses développées à l'est du djebel
Ahmar sont relativement stable de 1977 à 1989 (cf. figure n°73).
Le suivi des dunes paraboliques et longitudinales du champ de dunes de Laghouat aurait
pu donner des indications intéressantes sur la possible réactivation des dunes, mais
malheureusement, ce champ de dunes n'est pas visible sur l'image MSS de 1977 car la
scène s'interrompt plus au sud. Il n'a donc pas été possible de saisir l'évolution des dunes
en croissant sur ces douze années.
165
Il apparaît donc que sur cette échelle de temps, la dizaine d'années, les processus de
dégradation du milieu en liaison avec la dynamique éolienne n'apparaissent pas. Les différentes
formes et formations sableuses décrites précédemment ne sont pas toutes significatives de
dégradation du milieu actuel. Mais on ne peut pour autant nier l'ampleur et la fréquence de son
rôle actuel. Simplement, les éléments de la morphologie éolienne traduisent des bilans
sédimentaires variés sur des échelles de temps plus longues que celles des crises climatiques,
les sécheresses. Il n'était par conséquent pas possible de les saisir dans cette étude portant sur
12 ans.
On a tenté de définir les zones de déflation, de transfert et d'accumulation des formations
sableuses sur ce piémont selon le modèle des systèmes éoliens à bilans sédimentaires positif ou
négatif de M. Mainguet (1992).
Sur le croquis du système éolien de la région de Brézina (cf. figure n°83) , la dayet
el Anz constitue une vaste zone de déflation. Elle est caractérisée par des conditions de
bilan sédimentaire négatif. Nous y avons notamment observé des nebkas vêtues et
pédogénéisées de taille conséquente qui présentaient des formes de déflation marquées,
avec déchaussement des racines et stries de déflation.
De manière générale, les dayas à surface argileuse trop plane ne permettent pas le dépôt
de matériel éolien qui n'y est qu'en transit, sauf lorsqu'il rencontre un obstacle. Lorsque le
matériel rencontre une pente contraire, il se dépose sur la pente si elle est faible, ou en
dune écho à quelques distances de l'obstacle si la pente est forte (devant l'obstacle). On
observe ainsi des placages contre la garaa el Anz, et des accumulations plus ou moins
résiduelles contre les talus limitant la dayet.
Les aklés définissent des zones d'accumulation de sable. Localisés dans la dayet el Anz
comme l'aklé El Ariga, quel est l'obstacle qui a déterminé sa mise en place ?
Le matériel prélevé transiterait ensuite vers le sud-est à travers les couloirs interdunaires
des dunes longitudinales jusqu'au Grand Erg Occidental.
Les dunes longitudinales définissent selon Mainguet (1984) et Cooke et al (1993)
des zones d'exportation de sable, elles sont mises en place dans une aire à bilan
sédimentaire négatif. Mais nous avons vu qu'elles étaient aujourd'hui fréquemment fixées
et couverte d'un "pavage" de sables grossiers qui les rends non fonctionnelles ou
seulement partiellement. Si la couverture végétale n'est pas dégradée, ces champs de
dunes longitudinales constituent actuellement des zones "en équilibre" précaire, où le
sable prélevé dans la dayet el Anz transite vers le Grand Erg Occidental sans être bloqué
par la végétation plus ou moins ouverte qui colonise les dunes et zones interdunaires.
Les hamadas très planes constituent également de vastes surfaces de transit de
sable. Ce piémont est soumis à des déplacements constants de masses sableuses sous
forme essentiellement de voile sableux.
167
Par contre, le moindre obstacle est susceptible de bloquer ce matériel, provoquant
la formation de dunes. Les nebkas du nord de la dayet (Krounifer) en sont significatives.
On rencontre également sur les hamadas des formes d'accumulation sableuses vives dont
la localisation ne semble pas liée à des accidents topographiques. Il s'agit de sifs sur la
hamada de la zaouïa Si Hadj Eddine.
Dans la région de Laghouat, il est difficile, sans vérification terrain, de déterminer
si les dunes paraboliques du champ de dunes impliquent un bilan sédimentaire négatif
actuel ou passé. Elles indiquent par contre que, dans une période plus ou moins lointaine,
le champs de dune était vêtu et que sa couverture végétale s'est plus ou moins fortement
ouverte, par suite de surexploitation, permettant le développement de processus de
déflation. Les traînées sableuses qui semblent alimentées par les sables de ce champs de
dunes sont un autre argument en faveur de cette réactivation. Elles se sont mises en place
au moment de la réactivation du champ de dune. Mais cette réactivation est-elle récente
?. Nous n'avons pas pu déceler de modification sur la période 1977 - 1989 des traînées,
mais composées de sables relativement vifs d'après les indices de brillance, on peut
penser que ces processus sont relativement récents, et de manière certaine d'échelle
historique.
Si les fenêtres-images choisies n'ont pas permis de saisir de phénomènes de
déflation ni d'ensablement actuels, nous avons, par contre, pu constater lors des campagnes de
terrain de 1992 et 93 que ces processus étaient effectivement actifs.
Ainsi, on a observé des formations sableuses vives au niveau de l'extrémité nord-est
du djebel Ahmar, constituées de matériel prélevé dans la plaine alluviale de l'oued M'zi
(cf. photographie n°3).
A l'est de la ville de Laghouat, les zones nouvellement mises en valeur (El
Mekhareg) présentent des caractères nets d'ensablement.
Les haies protectrices des champs sont systématiquement marquées par des placages
sableux vifs essentiellement sur le côté au nord et nord-ouest, mais également, de façon
moins importante, sur les côtés opposés dans les champs à nu (on n'a pas observé ce type
de placages dans les champs verts) (cf. photographie n°4).
De manière générale, on observe un voile quasi continu sur les zones cultivées.
Les matériaux proviennent conjointement de la déflation locale dans les zones de cultures
et de la remobilisation des sables vifs du champ de barkhanes du Bled Fatha au nord-
ouest. Les sables de ce champ de dunes sont des produits de la déflation dans la plaine
alluviale de l'oued M'zi à l'aval de Laghouat. Ce champ de dunes s'étend vers le sud-est,
recouvrant régulièrement la route Laghouat - Ksar el Hirane via El Assafia (cf.
photographie n°5).
169
L'extension du petit erg de Brézina semble attestée, à l'échelle historique, par le
détournement de la piste Laghouat - Brézina vers le sud, la plus ancienne étant totalement
recouverte par des sables. Il s'agit d'un processus relativement récent, car la piste passe au
nord du village sur les cartes topographiques levées en 1959, elle était détournée vers le
sud en 1993. Cette "nouvelle" piste est par ailleurs actuellement constamment ensablée
par une couverture épaisse.
La dayet de la zaouïa Si Hadj Eddine ainsi que le douar et la palmeraie sont
progressivement ensablés. La dayet constitue un piège pour les formations sableuses
provenant du nord-ouest. Approximativement au centre s'est développé un petit erg actif
composé de ghourds et de barkhanes à la périphérie dont la forme arquée se décèle sur les
images. Cette localisation est liée à la topographie de cuvette de la dayet, limitée par des
talus relativement raides recouverts également de placages sableux. Ces formations
sableuses sont remobilisées par les vents du nord-ouest, et forment des traînées sableuses
allongées nord-ouest/sud-est sur la hamada à partir de la bordure sud-est de la dayet.
En conclusion, si la dynamique éolienne est active sur ce piémont, elle ne semble pas être
un facteur majeur de dégradation. Elle se manifeste, sur les fenêtres n°1 et 4, essentiellement
sous le vent des oueds principaux et des vastes dayas, au vent et sous le vent des reliefs et sous
la forme d'un voile sableux couvrant la quasi totalité des surfaces. Par contre il s'agit d'une
dynamique potentiellement très active et qui peut définir des dégradations marquées en cas de
perturbation des flux par des obstacles artificiels.
A partir des données présentées dans la carte simplifiée du système éolien global, il est
possible de réaliser une carte des zones potentiellement (et/ou effectivement) soumises à
déflation (bilan négatif) et ensablement (bilan positif) et ainsi, une première ébauche de carte
des zones à risque. Dans cette optique, selon les sens de migration éolienne définis
précédemment, et en corrélation avec les modes d'occupation humaine qui seront développés
par la suite, deux zones semblent plus particulièrement appelées à subir des contraintes
éoliennes fortes à plus ou moins long terme :
Dans la région de Laghouat, l'organisation du champ de dunes et la présence de
traînées sableuses au delà du djebel Ahmar laissent augurer des problèmes
d'ensablement. Les "panaches" sableux relativement récents au sud-est des crêts se
localisent dans une zone d'extensions des cultures et des constructions au sud de la ville.
Nous ne disposons pas du schéma directeur de la ville, mais l'évolution des extensions de
la ville et des cultures ne peut s'effectuer que dans cette directions en raison des
contraintes du relief : la ville est bloquée à l'ouest par les djebels Ahmar et Kheneg, au
nord et à l'est par l'oued M'zi. D'ailleurs, un croquis des extensions urbaines entre 1951 et
1965 de Estorges P. (1967), montrait déjà bien cela (cf. figure n°84).
171
Le développement de ces traînées sableuses a par ailleurs peut être été déjà déterminé par
une augmentation de la rugosité de la surface lié à de nouvelles constructions ou mises en
culture.
Le deuxième site concerne la dayet el Anz, qui, selon Callot Y. (1987), est le sujet
d'un projet de mise en valeur très important grâce à une irrigation permise par le barrage
en cours de construction sur l'oued Seggueur à l'amont de Brézina. Les dayas, nous
l'avons vu, sont des espaces très plans soumis à un fort transit de matériel sableux et à
une déflation plus ou moins marquée. La mise en culture systématique impliquant une
augmentation de la rugosité de surface (sillons des labours, constructions agricoles, …)
et/ou une modification de la topographie initiale entraînerait inévitablement de forts
processus d'ensablement par blocage du transit du sable. Paradoxalement, s'y ajouterait
une déflation accrue avec la déstructuration de la "croûte" superficielle qui recouvre et
protège les formations alluviales fines de cette daya.
2. Un modelé essentiellement hérité. (Les héritages morphologiques indicateurs d'évolution
paléoenvironmentale)
Les processus, les formes et formations étudiés jusqu'à présent concernaient des périodes
de temps "récentes", c'est à dire à l'échelle de la sécheresse. La conjonction d'une crise
climatique avec la modification des modes d'occupation du sol ont déterminé sur cette durée (la
dizaine d'années) des processus de dégradation qui concernaient essentiellement la couverture
végétale et qui pouvaient, à terme, favoriser des processus de déflation et d'ensablement. Mais
ces phénomènes restent relativement localisés et ne semblent pas significatifs de changements
climatiques longs.
2.1. Les sécheresses ne sont pas significatives d'une aridification du climat.
Les sécheresses, comme événement, sont des phénomènes climatiques azonaux qui
s'inscrivent, sur ce piémont, dans des conditions climatiques actuelles arides à semi-arides. Les
sécheresses sont également acycliques, même si de nombreux auteurs ont essayé de déterminer
des intervalles réguliers d'occurrence. (On a tenté de l'attacher au cycle de 11 ans des taches
solaires. On y a rattaché d'autres cycles plus long, 22, 44, 80, 160 ans, basés sur des études
isotopiques de carottes de glaces.)
En fait sans périodicité marquée, elles sont incluses dans des trends de modification climatique
à échelle des siècles ou des millénaires, mais sans en rendre compte. Elles n'expriment pas la
tendance séculaire au réchauffement global qui semble aujourd'hui admis par la communauté
scientifique. On ne peut pas discerner, dans les séries pluviométriques de ce piémont, de
tendance particulière à l'assèchement, elles ne sont donc pas la preuve d'une aridification du
climat.
172
Ceci dit, les séries climatologiques disponibles restent trop courtes pour bénéficier de
suffisamment de recul.
Quoi qu'il en soit, les dégradations du milieu qu'elles ont déterminées et que nous avons
décrites précédemment, ne sont pas irréversibles nous l'avons vu.
Par contre, sur une autre échelle temporelle, plus longue, ces modifications climatiques
apparaissent nettement. La zone d'étude présente des processus de dégradation plus marqués,
indicateurs de périodes climatiques plus arides, impliquant une aridification du milieu, durant
lesquelles se mettent en place ergs et formations sableuses importantes.
2.2. Reconstitution de l'évolution climatique longue.
De nombreux auteurs ont proposé des chronologies climatiques et sédimentaires des
périodes géologiques récentes au nord du Sahara algérien. Nous nous sommes basés sur les
travaux de Conrad G. (1969) repris et augmentés par Callot Y. (1987), les travaux de Ballais
J.L. (1981) dans les Aurès, proches du piémont étudié, de Alimen H. (1987) et Rognon P.
(1983).
Les nombreuses critiques formulées à l'encontre de la chronologie marocaine (Biberson 1971,
Texier et al 1985, …) nous l'ont fait négliger, préférant les appellations plus vagues et
générales de Villafranchien, Pléistocène moyen et supérieur et Holocène, utilisées par Conrad
G. et Callot Y.. Il existe cependant également des incertitudes concernant le "Villafranchien".
Mais quoi qu'il en soit, le manque de travail de terrain ne permettrait pas de mettre en place une
chronologie plus précise.
Il est difficile de connaître l'évolution du climat avant le Pléistocène supérieur, seule
l'existence de plusieurs phases pluviales et arides ont été reconnues.
Sans remonter très avant dans le Tertiaire, les premiers indicateurs de phases arides sont, selon
Y. Callot (1987) citant G. Conrad (1969), les sables éolisés pliocènes constituants en forte
proportion les torbas (grès argilo-carbonatés à grains éolisés) et dalles hamadiennes du
piémont. (cf. figure n°85)
Le Plio-Villafranchien est caractérisé par un dépôt sédimentaire précédé par une phase
d'érosion des formations hamadiennes.
Le Pléistocène ancien (Villafranchien supérieur) est marqué par un "pluvial" qui a déterminé
une période de grande extension lacustre et l'organisation d'un réseau hydrographique
endoréique proche de ce qu'on observe aujourd'hui. C'est à cette période que se généralisent les
croûtes calcaires.
Au Pléistocène moyen deux phases pluviales sont en général discernées, durant lesquelles se
développe le système de glacis emboîtés (3 niveaux) et se réorganise le réseau hydrographique
(recreusement des vallées comblées par les alluvions de la haute terrasse). C'est également au
Pléistocène moyen que se met en place l'essentiel du système des dayas (de la petite hamada
villafranchienne).
174
Le Pléistocène moyen est séparé du Pléistocène supérieur par un aride sévère marqué par le
développement des grands ergs ocre du Sahara nord occidental.
Selon H. Alimen (1987), dans le Sahara nord occidental (essentiellement dans la région de la
Saoura), le Pléistocène supérieur est caractérisé par une période humide s'étendant de 40.000
B.P. à environ 18.000 B.P. (correspondant en partie à la civilisation Atérienne), puis par un
aride d'environ 18.000 B.P. à 9000 B.P.. Rognon P. (1983) conclut après un inventaire
exhaustif des travaux sur ce domaine, que vers 20 - 18.000 B.P. le Sahara septentrional
"recevait … des pluies abondantes et assez bien réparties sur l'année". La région connaît une
aridification qui apparaît clairement à partir de 14.000 B.P. et atteint son maximum autour de
8.000 B.P.. Conrad G. (1969) propose une période subaride de 40 000 B.C. à 12 000 B.C.
correspondant au pluvial du Pléistocène supérieur et une phase hyperaride de 12 000 à 4500
B.C. couvrant le Pléistocène supérieur et l'Holocène inférieur. Selon G. Conrad (1969), c'est
durant cet Aride situé entre le Pléistocène supérieur et l'Holocène (12.000 - 4.500 B.C.) que le
grand Erg Occidental aurait vraisemblablement été en majeure partie édifié, mais "un erg a
existé au même emplacement avant le Pléistocène supérieur".
Mais des travaux récents (Callot Y., Fontugne M., 1992) indiquent que le maximum de
l'Humide Holocène s'est produit entre 8000 et 5000 ans B.P..
C'est durant l'Holocène que les grands édifices dunaires du Sahara septentrional se mettent
définitivement en place. Il est difficile de définir l'évolution du climat au cours de l'Holocène. Il
est difficile de dater des événements séculaires avec les méthodes géologiques utilisées pour
des périodes plus longues du millénaire et plus. Le rôle de l'homme également, de plus en plus
important, perturbe les processus et les dépôts corrélatifs.
A partir de 4500 B.P., selon H. Alimen, débute l'évolution vers l'Aride actuel avec
l'enfoncement (de 38 à 90 m) des nappes phréatiques qui alimentaient les dépressions de ce
piémont dans la période précédente. Selon G. Conrad, l'Aride actuel aurait plutôt débuté vers
1000 B.C., 4500 B.C. correspondant à la limite inférieure de l'humide Néolithique. Cet Humide
daterait selon H. Alimen de 9000 à 3370 B.P. (période Néolithique de 7700 à 4890 B.P.) attesté
par des dépôts lacustres dans des dépressions de la marge nord du Grand Erg Occidental. Les
datations récentes de Callot Y. et Fontugne M. (1992) indiquent que l'assèchement du nord-
ouest du Sahara se localise autour de 4500 ans B.P..
Sans travail de terrain, en utilisant les informations tirées de la bibliographie, il est
possible de saisir, à travers les images, des indicateurs de ces paléoenvironnements et
paléoclimats, à travers le réseau hydrographique, les formes et formations éoliennes.
Mais il reste difficile de replacer dans ce cadre chronologique les différentes formes et
formations héritées décrites précédemment. Seule une chronologie relative pourra être
proposée.
2.3. Un réseau hydrographique tertiaire caractérisé par deux types de bassin versant.
175
Le réseau hydrographique relativement dense de ce piémont est dominé par une multitude
de petits oueds à bassins versants hamadiens peu actifs et relativement courts. Seuls quelques
oueds prennent leur source dans l'Atlas, leur permettant ainsi une activité plus importante.
Ces oueds atlasiques et hamadiens sont d'orientation générale nord-ouest/sud-est, héritée, selon
P. Estorges, des grands fleuves tertiaires. Conformes à la pente générale des hamadas, ils vont
se perdre au sud-est et jusque dans le Grand Erg Occidental pour les plus importants, à
l'exception de l'oued M'zi et de ses affluents d'orientation générale nord-ouest/sud-est en amont
et ouest-sud-ouest/est-nord-est en aval.
Tous ces oueds, endoréiques, à tracés souvent morcelés, attestent d'aménagements en
conditions climatiques beaucoup plus humides que l'actuel. L'aridification du piémont a
déterminé la dégradation de ce réseau hydrographique. Une tectonique plus ou moins intense et
récente a, par ailleurs, induit des évolutions plus ou moins rapides de ce réseau, définissant des
unités de piémont distinctes déjà présentées dans la première partie : deux unités de part et
d'autre de l'oued Méhaïguène, elles même subdivisées en deux autres sous ensembles,
septentrional et méridional.
2.3.1. Les oueds à bassin versant atlasique.
Trois oueds principaux (quatre si on inclut l'oued Oglat Trifa peu important car son
bassin versant est de taille trop réduite pour assurer des écoulements importants) remontent
leur tête jusque dans l'Atlas Saharien dans la zone de piémont étudié : l'oued Seggueur à l'ouest
(El Mouilah dans l'Atlas), l'oued Méhaïguène au centre (oued Zergoun et El Melah en amont)
et l'oued M'zi à l'est (oued El Melah à l'amont et oued Djedi à l'aval de Laghouat).
Leur bassin versant, très étendu, remonte très au nord de la chaîne atlasique en raison de sa
faible hauteur et de son caractère aéré. Les têtes des vallées s'inscrivent au pied des chaînons
les plus hauts du versant nord localisés sur la bordure septentrionale de l'Atlas. Ces oueds
bénéficient ainsi des précipitations du versant nord et leur assure une alimentation relativement
importante.
Ils drainent un réseau relativement dense dans l'Atlas, mais coulent quasiment sans
affluents sur le piémont même. Ces oueds à tracé diaclinal dans l'Atlas, recoupent
transversalement anticlinaux et synclinaux par des cluses (foum) qui accentuent le caractère
aéré du massif. Les affluents atlasiques de chacun des grands oueds se rejoignent à l'amont des
derniers chaînons de l'Atlas, au contact avec le piémont, pour former ces trois grands drains qui
coulent ensuite de manière apparemment totalement indépendante des hamadas. Ils recueillent
encore quelques oueds dans la partie septentrionale de leur cours sur le piémont, puis
totalement "seuls" vers le sud, en réseau "axial". Estorges P. (1965) a décrit l'oued Méhaïguène
comme "un véritable hiatus morphologique".
176
Seul l'oued M'zi (qui devient Djedi vers l'est) reçoit tout le long de son tracé des affluents sur sa
rive gauche, car il longe le pied de l'Atlas vers l'est-nord-est après le passage de sa dernière
cluse au niveau de Laghouat et se jette dans le chott Melhir au sud de Biskra.
Ces trois oueds sont très larges sur le piémont, jusqu'à 8 km de large pour l'oued Zergoun -
Méhaïguène, et assez profonds, jusqu'à 50 m sur certaines portions de ce même oued.
Ils ont fortement disséqué la masse de sédiments des hamadas dans la zone septentrionale.
Les oueds Messaad et Bel Haroug, affluents du M'zi, ont démantelé la hamada au
nord de Ras Ech Ch'aab, générant une vaste dépression qui longe les derniers crêts de
l'Atlas sur environ 50 km d'ouest en est.
Au contact avec l'Atlas, l'oued Seggueur a creusé une vaste dépression de forme
générale conique, pointe au sud, enlevant 100 m de terrain en moyenne selon Y. Callot
(1987).
Seul l'oued El Melah - Zergoun a relativement peu disséqué la hamada
septentrionale; elle s'appuie encore directement aux derniers contreforts de l'Atlas entre
Tadjerouna à l'est et la dépression de l'oued Seggueur et Brézina à l'ouest.
2.3.2. Les oueds à bassin versant hamadien déconnectés de leur impluvium
atlasique.
La plus grande partie des oueds de ce piémont ne disposent pas de bassin versant
atlasique. Les têtes de ces petits oueds peu encaissés se localisent sur les hamadas mêmes.
Relativement courts, ces oueds s'allongent sur 50 à 80 km depuis la zone nord des hamadas où
leur tête se repère plus ou moins bien et vont se perdre plus au sud dans des dayas la plupart du
temps, ou au niveau de l'erg El Annagueur.
D'orientation générale nord-ouest/sud-est, ils se localisent de part et d'autre de l'oued
Méhaïguène comme nous l'avons décrit dans la première partie.
Ils sont relativement encaissés à l'ouest de l'oued Méhaïguène, attestant d'une évolution plus
longue que ceux de l'est, beaucoup moins nombreux et ayant peu incisé la hamada.
Cette différenciation est directement liée à l'importance du démantèlement des hamadas au
contact avec l'Atlas.
Dans la zone ouest, où les hamadas sont encore reliées à l'Atlas, les apports
hydriques d'amont ont permis l'encaissement du réseau hydrographique. Par la suite,
l'interruption de ces écoulements de surface bloque l'évolution de ces oueds.
Dans cette zone, seul l'oued Oglat Trifa à pu conserver un bassin versant, limité,
remontant sur les premiers contreforts de l'Atlas.
A l'est de l'oued Méhaïguène, le réseau hydrographique beaucoup moins important
et peu encaissé se développe par contre toujours selon la même orientation générale
nord-ouest/sud-est.
Ce réseau hydrographique a été décrit en détail par P. Estorges (1961).
177
La partie nord de cette hamada, la région de Ras ech Ch'aab (920 à 880 m d'altitude),
marque une ligne de partage des eaux entre un pan court qui s'abaisse vers le nord et un
pan beaucoup plus important qui s'infléchit vers le sud-est.
Sur cette hamada de Ras Ech Ch'aab, le réseau d'orientation générale nord-nord-
ouest/sud-sud-est est très morcelé, discontinu.
Quelques uns de ces oueds présentent un tracé continu, comme le Faïd el Adjrem qui
prend sa source à 987m d'altitude pour se jeter dans la dayet El Guessa, niveau de base
local. D'autres, totalement démantelés (Oued Bou Seba Louhat) ne sont plus composés
que de tronçons de vallées disjoints et sans tête qui vont se perdre plus au sud-est.
Certains tronçons encore bien marqués et qui montrent des méandres souvent encaissés,
vont se perdre dans des dépressions fermées dans la plaine des Zebbacha en dehors des
limites du terrain d'étude, conformément à la pente du plateau.
Ces oueds se raccordent au plateau par des versants doux, sauf à l'extrême sud-ouest de
la zone où ils sont très encaissés. Ils se perdent dans de vastes dépressions aux bordures
contournées, marquées par des falaises à corniche sommitale inscrite dans la croûte
calcaire, inexistantes ailleurs.
2.3.3. Le rôle morphologique actuel des oueds
La taille des bassins versants atlasiques des trois oueds principaux de ce piémont leur
assurent aujourd'hui des écoulements de crue variables, fonction également de leur localisation.
Il semble bien que ce soit l'oued M'zi qui soit le plus actif. Le plus à l'est de la zone d'étude,
c'est un oued pérenne sur une partie de son cours (sur 30 km jusqu'à Tadjemout et au niveau de
la cluse de Laghouat). Long de 450 km environ, avec un bassin versant de 1927 km2, il
remonte jusqu'à 1594 m d'altitude dans le djebel Amour (djebel Zlagh).
Il est possible que l'oued Seggueur présente des écoulements de même nature si on se fie au
barrage en cours de construction à l'amont de Brézina, mais nous ne disposons
malheureusement pas de statistiques pour le confirmer.
Le rôle morphologique actuel des grands oueds atlasiques est difficile à déterminer. Il est
lié exclusivement aux écoulements de crue, qui pourront, sur de mêmes tronçons, en fonction
de leur puissance, entraîner une érosion plus ou moins violente des lits et terrasses, ou au
contraire une sédimentation. On observe ainsi relativement couramment des dépôts de crue
avec une base érosive nette récente. Cela veut dire qu'en un même point, une crue a érodé les
formations alluviales de la basse terrasse et a redéposé les sédiments par la suite dans un laps
de temps court.
Ces processus sont déterminés par la forte variabilité de puissance des crues. Ainsi les
relevés des crues importantes de l'oued M'zi de 1942 à 1947 montre une assez forte variation
des débits de pointe (figure n°86).
178
Figure n°86 : Relevé des crues importantes de l'oued M'zi de 1942 à 1947 (au niveau du barrage El Fatah) en m3/s
0
100
200
300
400
500
600
700
800
900
1000
Débits de pointe m3/s
Source : Dusquenoy Ch. 1948
Dusquenoy Ch. (1948) mentionne une crue mémorable en 1924 de 6000 m3/s sur l'oued M'zi,
après une pluie de 42 mm en 2 heures.
Cet oued est marqué par une vingtaine de crues par an beaucoup moins puissantes que celles,
exceptionnelles, présentées ci-dessus. L'oued Seggueur est, lui, marqué par 15 à 20 crues par
an. Le bassin versant atlasique de l'oued Messaad détermine au moins une crue par an au
printemps ou à l'automne. Mais il rejoint rarement l'oued M'zi, seulement trois fois par exemple
de 1939 à 1949, en 1939, 1940 et 1949. Le petit oued El Haouita à bassin versant circonscrit
aux deux tiers de la cuvette synclinale du dakhlet El Haouita, a, en moyenne, une crue par an.
Mais ces données concernent les écoulements du piémont amont. L'impact de la
dynamique hydrique concerne plus ou moins exclusivement la partie septentrionale du piémont
et la zone atlasique. Aujourd'hui, ces oueds ne coulent plus en général que dans leur partie
septentrionale, les chenaux sud n'étant actifs que très occasionnellement lors de précipitations
locales hamadiennes. L'infiltration plus ou moins rapide des eaux, l'encombrement des lits
favorisant le ralentissement des eaux et la diminution générale de la pente du piémont vers
l'aval, empêchent les crues très irrégulières, courtes et violente, de descendre vers le sud.
179
Les eaux de l'oued Seggueur se perdent en grande partie dans la masse des alluvions de la dayet
El Anz. Elles ne dépassent cette "plaine d'épandage" que très rarement.
Dans la zone septentrionale, les oueds deviennent dévastateurs lors des grosses crues ; routes,
ponts, cultures sur épandages alluviaux sont régulièrement emportés par les eaux.
Ceci étant, les eaux de ces oueds sont, de manière générale, peu chargées car les pentes dans
l'Atlas sont faibles et les nombreuses dépressions qu'on y rencontre leur confèrent une faible
compétence, une capacité de transport et d'érosion réduits. Les crues sont plus ou moins
écrêtées.
Les crues des oueds hamadiens sont beaucoup plus rares et de moindre importance que
celles des oueds atlasiques, car tributaires de précipitations locales du piémont. Ils ne sont
actifs qu'environ tous les 5 ou 6 ans en moyenne, et fonctionnent alors comme drains reliant
quelques dayas lors d'orages violents (par débordement d'une daya à l'autre).
Ces crues très faibles ne traversent jamais la totalité des hamadas, mais se développent
seulement sur certaines sections du cours des oueds, ce drainage est très rapidement
désorganisé, et les eaux vont se perdre dans des dayas.
Ces oueds fonctionnent autant par ruissellement concentré que par ruissellement diffus dans le
talweg et sur les interfluves très douces, peu marquées. Les eaux s'infiltrent très rapidement
dans les formations alluviales qui masquent leur fond.
2.3.4. Une perte de compétence contrôlée par une aridification et des mouvements
tectoniques
Les bassins versants atlasiques des grands oueds ont donc déterminé des écoulements
importants, gagnant largement vers le sud durant les périodes plus humides, mais les débits
actuels sont largement insuffisants pour avoir mis en place un réseau aussi développé. Les trois
grands oueds atlasiques ont subi une forte perte de compétence liée, apparemment, à la
diminution des apports amont. Incapables d'entretenir les écoulements responsables de
l'encaissement de leurs lits, ils ont subi captures et déversements en conjonction apparemment
avec des rejeux tectoniques. La tectonique semble même le facteur prépondérant de ces
modifications du tracé des oueds, par l'intermédiaire de rejeux de compartiments et failles du
grand accident sud atlasique.
De nombreux indices de mouvements tectoniques récents sont visibles sur les images, les
cartes ou les photographies aériennes, notamment les modifications relativement brusques de
direction d'écoulement tout le long du tracé des grands oueds.
Ainsi l'oued M'zi décrit un coude à l'aval de la cluse de Laghouat, il prend alors une
direction est-nord-est après un écoulement nord-ouest/sud-est dans l'Atlas (cf. figure n°87).
L'oued Messaad qui rejoint occasionnellement l'oued M'zi au niveau de Laghouat, a pris la
même orientation générale ouest-est (plus précisément ouest-sud-ouest/est-nord-est) après sa
"capture" par cet oued.
181
C'est certainement "une déformation tectonique de type subsident" qui a déterminé cette
modification du tracé de l'oued. "Les écoulements de l'oued M'zi et de l'oued Messaad se
seraient adaptés au prolongement atténué de la fosse de subsidence sud-aurasienne" à l'ouest de
la région (Estorges P. 1976).
L'influence tectonique semble encore plus nette au regard de l'importance de l'ablation réalisée
par l'oued Messaad après ce détournement, aménageant une vaste et profonde dépression au
nord des hamadas. Son bassin versant, relativement restreint, ne pourrait expliquer une telle
compétence. Seul un abaissement important du niveau de base (fossé d'effondrement sud-
aurasien) peut expliquer l'ampleur de cette ablation fluviale.
Aujourd'hui, l'oued Messaad est obstrué par des sables en amont de Laghouat.
La modification de direction du drainage vers l'est de l'oued M'zi, vers les chotts, est
postérieure au Mio-Pliocène, car les dépôts conglomératiques du Quaternaire ancien retrouvés
au sud de Laghouat indiquent que cet oued (et l'oued Messaad) coulait vers le sud-est. Ce
réaménagement se situe probablement "entre l'aménagement de la haute surface et le
façonnement du glacis "moulouyen", pendant une période brève, récente (probablement
Villafranchienne)" selon P. Estorges (1976).
La combinaison avec le soulèvement de l'Atlas Saharien impliquerait des séries d'ondulations
sur la bordure méridionale de l'Atlas, le redressement et la déformation de certaines surfaces
"moulouyennes". On a pu observer ce fait sur la hamada de Ras Ech Ch'aab où l'on remarque
localement des redressements des surfaces résiduelles dans la zone nord, ainsi que de la
bordure nord de la hamada Ras Ech Ch'aab, conférant un pendage nord-ouest/sud-est aux
formations les constituant. Les oueds de cette zone sont ainsi séparés par des interfluves à
pentes dissymétriques, courtes et raides face au nord-ouest, plus longues et moins marquées
face au sud-est.
Ces "mouvements" semblent avoir également eu une influence sur le tracé de l'oued Zergoun -
Melah.
Mais P. Estorges insiste sur le fait qu'il ne s'agit là que d'hypothèses non réellement prouvées.
Le tracé en baïonnette de l'oued Messaad et de la plupart de ces oueds affluents est un autre
argument en faveur du rejeu tectonique.
On peut également noter ce rôle de la tectonique à travers le tracé de l'oued Seggueur à
partir de Brézina, lequel montre une série de coudes ("bifurcations") à angles droits
caractéristiques de contraintes tectoniques. Son déversement général vers l'ouest au débouché
de l'Atlas serait lié également à ces contraintes (cf. figure n°88).
L'oued, entre l'Atlas et la dayet El Anz, décrit une série de méandres de grande ampleur. Juste à
l'amont de la dayet, il prend une orientation nord-ouest/sud-est puis ouest-nord-ouest/est-sud-
est avant de se jeter dans la daya. On observe, dans la continuité nord-ouest/sud-est du tronçon
amont, d'anciens chenaux abandonnés et comblés par du matériel quaternaire récent
("Soltanien" ou "Rharbien" selon la carte géologique).
183
L'oued retrouve une orientation nord-nord-ouest/sud-sud-est très en aval de la dayet El Anz, à
la hauteur de la dayet Oum El Maï après un parcours nord-nord-est/sud-sud-ouest puis nord-
sud de 10 à 12 km. Il conserve cette orientation nord-nord-ouest/sud-sud-est, plus ou moins
rectiligne, sur une soixantaine de km jusqu'à un km en amont de la koubba Bour Ech Chaamba
(32°15' de latitude nord et 1°45' de longitude est). Il oblique alors au nord-ouest/sud-est. Mais à
cet endroit débute également un talweg d'orientation plus ou moins nord-sud encaissé mais
légèrement perché au dessus du chenal actif. Il s'agit clairement d'un ancien chenal abandonné
de cet oued. Entre ce talweg et l'actuel, une série de petits oueds à tête circonscrite par ces deux
chenaux, se développent "en éventail" (cf. figure n°88) attestant du déplacement progressif de
l'oued Seggueur de cette orientation nord-sud à l'actuelle nord-ouest/sud-est.
L'oued Méhaïguène présente également de nombreuses modifications de direction de
drainage (cf. figure n°89). De nord-ouest/sud-est entre sa dernière cluse et Tadjerouna (il s'agit
alors encore de l'oued Melah), puis nord-nord-est/sud-sud-ouest sur vingt km, et nord-
ouest/sud-est sur dix km, prenant alors le nom d'oued Zergoun. Il décrit ensuite une vaste
courbe à convexité tournée au sud-ouest sous le nom d'oued Méhaïguène qui le fait passer
d'une direction générale ouest-nord-ouest/est-sud-est sur environ 30 km à une direction
générale nord-ouest/sud-est sur approximativement 30 km au niveau d'El Feïad. Il reprend
ensuite une direction plus franchement nord-sud, et va se perdre après environ 80 km sur les
franges nord du Grand Erg Occidental.
Au milieu de ce tronçon nord-sud, il présente, comme l'oued Seggueur, une série d'anciens
talwegs abandonnés qui forment, avec le drain principal au centre, un éventail pointe au nord.
Le côté est de cet éventail est formé par l'oued El Louha fortement encaissé, dans le
prolongement nord-nord-ouest/sud-sud-est du talweg actuel. Ce petit oued est incapable d'avoir
mis en place cette vallée et cet encaissement qui débute dès la tête de l'oued à bassin versant
hamadien très restreint. Il s'agit donc, là encore, d'un ancien chenal de l'oued Méhaïguène. A la
différence de l'oued Seggueur, l'oued Méhaïguène coule aujourd'hui, épisodiquement, dans le
chenal central.
Le glissement certainement ouest-est de l'oued apparaît nettement dans la partie ouest de
"l'éventail". On observe une série de replats étagés (deux ou trois) limités par des talus nord-
est/sud-ouest.
Ces glissements successifs de la partie aval des oueds Seggueur et Méhaïguène et leur
encaissement, semblent attester de l'existence d'un petit "fossé d'effondrement" au niveau du
Grand Erg Occidental.
L'oued Méhaïguène présente d'autres modifications dans son tracé amont.
Au lieu dit Oglat el Riaïna à l'aval de Tadjerouna, l'oued El Melah s'est "déversé"
dans l'oued Zergoun (il oblique au sud-sud-ouest) après l'obstruction de sa vallée par des
sables (accumulations alluviales isolées). Le changement de direction est de l'ordre de
60°.
186
On retrouve la trace de son ancien lit au sud de Ras ech Ch'aab dans l'alignement
d'orientation nord-ouest/ sud-est des dayet El Beteïma et El Ma, de la dayet El Guessa et
la dépression allongée au sud-est (El Melk).
Après un détour arqué vers l'ouest, l'oued semble reprendre son ancien chenal au niveau
d'El Feïad, d'orientation générale nord-ouest/sud-est, dans le prolongement du tronçon
abandonné décrit ci-dessus (cf. figure n°90).
La différence de l'organisation du réseau hydrographique de part et d'autre de l'oued
Méhaïguène donne également des indications sur le rôle de la tectonique et de l'aridification
dans l'évolution de ce piémont.
La différence fondamentale entre ces deux unités réside dans la partie
septentrionale des hamadas. Totalement démantelées par l'oued Messaad à l'est, elles sont
encore en contact avec l'Atlas à l'ouest.
Il semble clair que c'est l'encaissement de l'oued Messaad parallèlement à l'Atlas
qui, interrompant les apports hydriques d'amont plus au sud, a déterminé la
désorganisation du réseau hydrographique de cette partie de la hamada.
La zone la plus occidentale de la hamada de Ras ech Ch'aab est encore en contact avec
l'Atlas, mais tous les écoulements plus ou moins atlasiques sont drainés par les oueds
Messaad et Zergoun. L'évolution y a donc été sensiblement identique que sur le reste de
la hamada. Pourtant, cette zone étudiée semble s'individualiser nettement à petite échelle
sur les images satellites (fenêtre des dayas, 1-1-1989). On y perçoit une "traînée"
d'orientation nord-nord-ouest/sud-sud-est sur le canal 3 Thematic Mapper. Mais, une fois
de plus, il est difficile de définir la nature de cette spécificité sans travail de terrain.
Nous avons vu que cette modification de drainage était postérieur au Mio-Pliocène,
certainement Villafranchienne. Le démantèlement de la hamada septentrionale, la
désorganisation du réseau hydrographique et l'inscription des dayas sur Ras Ech Ch'aab
dateraient donc également du Villafranchien.
A l'ouest de l'oued Méhaïguène, le réseau secondaire n'est plus non plus en contact
avec l'Atlas. Il semble que cette interruption des apports d'amont ait été plus récente qu'à
l'est, ayant ainsi permis une évolution plus longue des oueds et leur inscription plus
franche dans les hamadas. A moins que l'état de désorganisation plus avancé des oueds à
l'est de l'oued Méhaïguène ne s'explique par leur position plus éloignée par rapport à la
cuvette du Grand Erg Occidental.
Sur cette unité ouest, les oueds hamadiens prennent leur source sur les pentes des djebels
El Kohol, El Kart et Korit El Akhal, ou des djebels Oumm el Meradjem, El Ouessa,
Rhellal Megarchi et Rhellal el Maïa, crêts sud du vaste synclinal d'El Maïa. Ce synclinal
s'étire de l'ouest-sud-ouest à l'est-nord-est et est limité au nord par la "haute muraille
crétacée" de A. Cornet (1952), correspondant à un accident majeur (Djebels Msakna, O.
el Alia, Messied et Zeg) (cf. figure n°91).
188
Ce synclinal est aujourd'hui a peu près sans drainage développé, mais par contre marqué
par quelques tronçons d'anciens talwegs très encaissés (Zone de la daïet el Mahfour cf.
figure n°110) qui attestent d'écoulements plus vigoureux (notamment au nord de
l'extrémité ouest du djebel Oumm el Meradjem).
A quoi attribuer ici l'interruption de ces écoulements ? L'aridification du climat ?
Pourquoi, auquel cas, les écoulements à l'est (El Maïa) et à l'ouest (Brézina) du synclinal
auraient-ils été conservés ?
Il apparaît en fait que les oueds qui alimentaient ce synclinal aient été détournés de part et
d'autre ; notamment l'oued Rhoul vers l'oued Seggueur à l'ouest. Ils longent aujourd'hui
vers l'est et l'ouest les crêts ouest-sud-ouest/est-nord-est qui constituent la "haute muraille
crétacée". Il semble que ce soit cette barrière qui ait bloqué les écoulements vers le sud.
Elle aurait donc rejoué ? La datation relative de cet évènement peut être proposée au
regard des formations superficielles quaternaires qui occupent le synclinal (cf. figure
n°92). Les formations tertiaires qui déterminent des hamadas paraissant "légèrement
déformée et peut être fracturée" au sud-ouest selon la notice de la carte géologique, sont
fossilisées par du Quaternaire moyen et ancien ("Moulouyen"). Par contre le Quaternaire
récent (Q5-6 : "Soltanien") y est quasiment absent. Par ailleurs, les formations du
Quaternaire moyen (Q3-4) et, de manière relative, celles du Quaternaire ancien (Q1-2),
sont très peu démantelées. Les écoulements actuels n'auraient pu mettre en place de tels
épandages, il y a forcément eu dégradation du réseau hydrographique.
On peut en définitive conclure que l'épisode de rejeu se localiserait après le dépôt des
formations du Quaternaire moyen (ou pendant ?) et avant le "Soltanien".
Il s'agit là d'une hypothèse qui n'a été confirmée par aucun auteur. Estorges P. (1965)
parle de rejeu tectonique villafranchien au plus tard.
Mais quelle autre explication à la désorganisation totale de ce réseau qui s'est dégradé en
champs de dayas comme nous le verrons dans un chapitre suivant (2.4.5.).
Les limites ouest et sud-ouest très marquées de ce synclinal pourraient même laisser
penser à un soulèvement plus massif du synclinal, entraînant dans un premier temps
l'inscription très forte des oueds avant leur disparition définitive. Ce synclinal semble
dominer les hamadas sud.
Selon Estorges P., l'orientation nord-ouest/sud-est assez rigoureuse de ces oueds
hamadiens serait héritée, comme pour les oueds atlasiques, des cours d'eau néogènes qui ont
construit la hamada.
190
Callot Y. (1987) interprète les courbures des oueds, convexité au nord-est, comme un indice du
rôle de la dynamique éolienne dans la structuration du réseau hydrographique. Ces structures
éoliennes apparaissent essentiellement à l'ouest de l'oued Seggueur. A l'est, cette courbure est
beaucoup moins marquée, on la devine dans le tracé des oueds entre l'oued Seggueur et l'oued
Méhaïguène, mais elle ne se discerne pas du tout à l'est du Méhaïguène. On se trouverait alors
en marge du système.
Selon cet auteur, ces oueds hamadiens seraient autochtones et mis en place, dans la partie
centrale des hamadas, durant une période moins aride que l'actuel pendant le Pléistocène. Le
démantèlement de ce réseau serait alors lié exclusivement à l'aridification postérieure. Mais des
précipitations locales, mêmes plus importantes que l'actuel auraient-elles vraiment pu mettre en
place des talwegs à méandres encaissés comme ceux observés sur la hamada de Ras ech Ch'aab
?
2.4. Les dayas.
La zone de piémont étudiée est caractérisée par une infinité de petites cuvettes appelées
dayas qui grêlent les hamadas. Ce sont des dépressions fermées de taille variée, métrique à
kilométrique, colmatées par des formations alluviales déposées par les eaux de ruissellement
qui inondent ces cuvettes après les pluies.
Leur disposition sur les hamadas de ce piémont montre un lien qui semble évident avec le
réseau hydrographique. La plupart des oueds à bassin versant hamadien et tracé continu de
cette région vont se jeter dans des dayas. Certains, au tracé discontinu, sont interrompus par la
présence d'autres dayas. Par ailleurs, les zones à forte concentration de dayas présentent un
réseau hydrographique moribond, de type primaire, exclusivement organisé autour des
dépressions.
Les dayas ne sont pas réparties de manière homogène sur tout le piémont, mais se
localisent préférentiellement dans la région dite "des dayas" ou "plateau Arbaa", limitée à
l'ouest par l'oued Oglat Trifa, au sud au niveau de Tilremt et s'étendant un peu au delà de la
route Laghouat-Ghardaïa à l'est. On en rencontre également ailleurs, mais beaucoup plus
dispersées, à l'exception du synclinal d'El Maya.
Parfois, la zone périphérique des dayas est le lieu de dépôts de sable en bourrelets ou
lunettes, mais c'est relativement rare sur ce piémont.
2.4.1. Typologie des dayas selon la taille et l'encaissement.
Une première approche à partir des images et cartes topographiques de cette zone permet
de dissocier deux grandes classes de dayas selon la taille et l'encaissement. On en observe de
très grandes limitées par des falaises et une multitude de petites à bords doux.
192
Les petites dayas se localisent toujours, sur ce piémont, sur les "gantra", "ponts", interfluves
séparant les talwegs des différents oueds principaux à l'est de l'oued Méhaïguène. Ainsi sur la
hamada de Ras ech Ch'aab qui sépare la dépression de l'oued Messaad du talweg abandonné de
l'oued Zergoun. Elles présentent le même type de localisation plus à l'ouest sur le pan de
hamada séparant cet ancien chenal (où se sont inscrites les plus grandes dayas El Guessa, ...) du
talweg de l'oued Zergoun actuel, puis plus à l'ouest entre cet oued et l'oued Oglat Trifa.
Il existe une certaine corrélation entre taille et profondeur des dayas. Les plus petites sont
en général les moins encaissées, parfois à peine marquées dans le paysage, la surface encroûtée
du plateau s'inclinant doucement sur le bord de la daya, fossilisée ensuite sous les dépôts
limoneux du fond de la daya (cf. photographie n°6).
Les plus grandes dayas sont limitées en général par une falaise inscrite dans les argiles rouges
tertiaires surmontées d'une croûte calcaire pouvant atteindre 10 m de hauteur. Parfois, la falaise
se développe uniquement dans la croûte calcaire (cf. photographie n°7).
Le fond de ces dayas s'inscrit alors directement dans les formations argileuses tertiaires, alors
que l'on retrouve la croûte calcaire dans le fond des petites dayas comme observé à l'est de
Tadjerouna sur la coupe présentée dans le chapitre de la première partie.
Les dayas à falaise sont beaucoup moins nombreuses que les dayas à bords doux, plus
communes.
On a tenté de différencier ces types de dayas, à bords doux et à falaise, à partir des images
satellites, de retrouver cette typologie, mais les résultats se sont avérés décevants.
En effet, le fond des deux types de dayas est couvert des mêmes formations sablonneuses plus
ou moins humifères, argileuses ou limoneuses.
La corniche des dayas n'est pas toujours discernable (en raison de la résolution), ou alors
uniquement par l'ombre portée qui apparaît parfois sur un seul côté.
Elles se confondent donc radiométriquement, quels que soient les traitements.
On distingue par contre nettement ces différents types de dayas sur les photographies
aériennes, améliorant l'inventaire réalisable à partir des cartes topographiques parfois
insuffisantes (cf. figure n°93).
Il existe un troisième type de daya, caractérisées par une dissymétrie de ses bords, un seul
étant marqué par une corniche. Elles se localisent sur des versants à pente moyenne (kreb de la
hamada de Ras Ech Ch'aab), leur bordure amont étant à falaise, la limite aval sans. Il s'agit en
quelque sorte de dayas "crevées" à l'aval pente.
2.4.1.1. Essai sur la genèse des dayas.
Selon P. Estorges (1961), les processus de mise en place de ces deux types de dayas, à
falaise et à bords doux, sont les mêmes.
193
Figure n° 93 : Croqui de la région de Ras Ech Ch’aab à partir des photographies aériennes n°
290, 292, 296 et n+ 308, 312 et 316 (NI31 IX, R532) de 1982.
194
Il est possible de donner des indications sur les modes de mise en place de dayas dans les
zones où elles sont particulièrement concentrées et en liaison étroite avec le réseau
hydrographique. C'est le cas de la hamada de Ras ech Ch'aab et du synclinal d'El Maïa où elles
s'organisent en chapelets, reliées parfois par des tronçons d'oueds au tracé sinueux, présentant
quelquefois des méandres bien marqués et encaissés.
Ces dayas se sont mises en place lors de la dégénérescence du réseau hydrographique. C'est, à
l'amont, l'interruption des écoulements dans les talwegs qui détermine cette évolution.
Dans ces deux zones, nous l'avons vu, cette interruption des écoulements de surface est liée à la
déconnexion du réseau hydrographique hamadien de son impluvium atlasique par le
démantèlement de la hamada dans sa partie septentrionale ou probablement à des rejeux
tectoniques.
Cette diminution des apports d'amont s'est traduite par des écoulements très discontinus sous
forme de crues irrégulières qui ont entraîné des dépôts alluviaux localisés le long des talwegs.
Ces accumulations alluviales ont alors joué le rôle de "bouchons" retenant les eaux
d'écoulement et favorisant leur infiltration dans la croûte calcaire et les formations perméables
du Tertiaire continental. S'amorce ainsi une évolution de type karstique dans la croûte calcaire,
avec mise en place de cuvettes alluviales légèrement déprimées tronçonnant les talwegs et
empêchant ainsi les écoulements vers l'aval.
A l'écoulement concentré de surface s'est donc substitué un sous-écoulement fonctionnant
probablement selon les mêmes directions que les écoulements superficiels abandonnés. Allié à
un ruissellement diffus dans les talwegs et ses bords, il a déterminé le tronçonnement du réseau
hydrographique et la formation de dépressions : les dayas.
Chacune évolue ensuite par élargissement essentiellement sous l'action du ruissellement et
approfondissement par déflation éolienne, ainsi qu'en liaison avec des processus de dissolution.
R. Capot-Rey (1937) décrit dans une dayet de Bou Trekfine (à l'est de Ras ech Ch'aab), sur une
falaise de conglomérats calcaires, des trous circulaires profonds de 30 à 50 cm qui festonnent le
rebord de la falaise par recoupement, correspondant à des marmites d'érosion éolienne
provenant de l'élargissement des loges de galets vidées de leur contenu.
Les dayas ainsi formées sont donc alignées sur d'anciens tracés d'oueds.
On discerne sur la composition colorée combinant les indices de brillance et de
végétation verte de la région de Ras ech Ch'aab les tronçons d'oueds "manquants".
On a pu reconstituer une partie du réseau hydrographique de la hamada de Ras Ech
Ch'aab en utilisant un filtre directionnel sur le canal 4 (canal où la végétation est la mieux
discriminée) de l'image Thematic Mapper. "La direction dans laquelle le filtre est passé
détermine les objets qui seront accentués; ceux qui ont une direction normale à la direction du
filtre le seront tandis que ceux qui sont parallèles seront masqués." (documentation du logiciel
TRIAS, PASTEL).
L'opérateur utilisé dans ce cas est asymétrique, de taille 5 dans la direction 5. Il se présente sous
la forme suivante :
196
0 -1 -1 -1 -1
1 0 -1 -1 -1
1 1 0 -1 -1
1 1 1 0 -1
1 1 1 1 0
Ce filtre permet la mise en évidence de contours entre des plages de niveaux de gris différents.
Il privilégie la direction sud-ouest et révèle par des valeurs hautes et basses (inférieures à 10,
supérieures à 245) les linéaments d'orientation nord-ouest/sud-est. Les autres espaces de
l'image apparaissent en valeurs moyennes. L'image a été améliorée ensuite à l'aide d'une
succession d'érosions et de dilatation puis d'un "ébarbulage" (cf. figure n°94).
Selon P. Estorges, il se pourrait que l'orientation des chapelets de dayas ouest-nord-
ouest/est-sud-est et du réseau hydrographique démantelé soit lié à une influence tectonique .
2.4.2. Chronologie relative des dayas selon des critères d'encaissement et de taille.
Il semblerait que les paramètres de taille et d'encaissement combinés soit des critères
pour établir une chronologie relative des dayas.
Il existe, selon P. Estorges, deux générations de dayas inscrites successivement dans les
différents niveaux de croûte calcaire qui fossilisent la hamada. Les plus vieilles sont
développées aux dépends de la croûte la plus ancienne (Quaternaire ancien), dite à dragées et
fossilisées par la deuxième croûte. Une deuxième génération de dayas s'est développée ensuite
aux dépends de cette deuxième croûte. La troisième croûte s'est formée au fond des dayas
principales dans ce qui devait être un petit lac.
Il devrait exister, selon ce schéma, une corrélation entre l'âge de ces dayas, leur taille et leur
profondeur.
Toujours selon Estorges P., la daya à falaise correspondrait au stade final, sénile, de l'évolution
d'une daya, par approfondissement et élargissement d'une daya à bord doux. Par coalescence et
approfondissement, les dayas feraient ainsi disparaître des pans entiers de hamadas à croûte
calcaire.
On pourrait imaginer que le processus soit inverse, les dayas à bords doux résultant de
l'abaissement de la corniche d'une daya à falaise, mais alors on ne devrait pas retrouver la
croûte calcaire dans le fond de ces dayas sans bordure marquée puisqu'elle n'existe plus au fond
de celles à falaise.
C'est donc bien une évolution de la daya à bord doux à la daya à falaise qui prévaut ici de
manière générale.
Il existe tout un gradient entre ces deux stades, la corniche des dayas à falaise pouvant être plus
ou moins marquée.
197
Ceci étant, il existe des dayas à falaise qui n'ont pas évolué à partir d'une daya à bords
doux, mais aux dépends de talwegs abandonnés bien développés. C'est le cas notamment des
dayet El Guessa, El Ma, El Betaïma,… au sud de la hamada de Ras Ech Ch'aab et des dayet El
Mestouilat, Ed Dib,… au nord.
Ces grandes dayas à falaise se sont inscrites dans l'ancien chenal abandonné de l'oued Melah-
Zergoun (cf. figure n°90). Leur grande taille – jusqu'à plusieurs km de diamètre – leurs formes
contournées et leur profondeur, résultant également de la coalescence de plusieurs dayas, n'ont
pu être atteintes qu'en utilisant la topographie initiale du lit d'oued. Ainsi, la dayet El Guessa à
falaise irrégulière fait 10 km de long et 3 de large. La daya Zeïana à bords doux et bassin-
versant très important compte 2 km de diamètre.
L'encaissement des dayas n'est donc pas un critère efficient pour définir une chronologie
relative des dayas.
2.4.3. Chronologie relative selon la taille, la forme et la végétation des dayas de
Ras ech Ch'aab.
Il est possible de tenter de faire ressortir une chronologie relative sur les seules dayas à
bords doux en utilisant comme critère la végétation, qui souligne l'évolution morphologique de
ces dayas, combinée à leur taille et leur forme.
En effet, il y a, selon De Ceccatty (1933) et Barry et coll. (1973), une évolution végétale
corrélative de l'évolution géomorphologique des dayas, c'est à dire de son élargissement et de
sa "déformation" par coalescence. Chaque stade d'évolution morphologique de la daya est
caractérisé par un type de végétation particulier.
En un premier stade, le fond est couvert de remeth (Haloxylon scoparium), proche
de la végétation steppique des hamadas, puis dans un deuxième stade, avec
l'approfondissement de la daya se met en place le jujubier, éliminant progressivement
l'association précédente (cf. photographie n°8).
Enfin, le Betoum se développe à l'abri des buissons de jujubiers, correspondant au dernier
stade d'évolution de la daya à bords doux. La végétation herbacée est rejetée à l'extrême
périphérie de la daya. (cf. photographie n°9 et figure n°95)
Ce processus doit être lié à l'augmentation de la fraction argileuse dans les
formations colmatant le fond des dayas. On passe d'un colmatage plutôt limono-sableux
dans les dayas jeunes à du matériel plus limono-argileux dans les dayas plus "mûres".
Capot-Rey (1939) effectuant des analyses de la teneur en éléments solubles des alluvions
des dayas, a constaté des variations notables influençant la croissance de la végétation.
Avec 16 % d'argile, le fond sablonneux de la daya retenait une végétation relativement
abondante. Avec 20 % d'argile, la surface était dure et craquelée, et n'accueillait que des
pistachiers, pas d'herbacées.
199
La zone centrale fortement crevassée est sèche, ne permettant pas l'installation de la
végétation en dehors des pistachiers qui disposent de racines profondes, seuls les bords
où s'exerce un ruissellement relativement lent permet sa présence. Le sol sous les
pistachiers est totalement nu.
A ce stade, l'organisation concentrique s'affirme dans les dayas.
Dans les premières phases d'évolution morphologique, le centre inondé plus longtemps
que les bords et colmaté d'une formation colluviale sablo-limoneuse, favorise une
végétation herbacée et arbustive. Autour, une auréole asséchée rapidement (de plus en
plus vers l'extérieur), soumise à une déflation un peu plus prolongée, est colonisée par
une végétation moins dense qu'au centre, mais plus que la steppe environnante.
Les dayas à évolution morphologique plus longue présentent une organisation
concentrique un peu différente : on observe nettement ce phénomène sur quelques
grandes dayas de la région de Ras ech Ch'aab, notamment sur la dayet Oum El Hachim.
La zone centrale est à nu, on ne rencontre de la végétation plus ou moins dense que vers
les bords de la daya. A l'extrême périphérie apparaît une végétation de transition vers la
steppe.
L'exemple type de ce phénomène est représenté dans la daya de Tilremt qui se localise à
une cinquantaine de kilomètres au sud de Laghouat (cf. figure n°96).
Il est difficile de définir les causes de ce processus d'éradication de la végétation du
centre des dayas. Est ce dû encore au colmatage de la daya par du matériel argileux
imperméable et qui se craquelle après assèchement empêchant l'implantation de
végétation (Capot-Rey 1939) ? Ou bien ce large cercle de sol nu en leur centre résulte-t-il
de tassements et de fissurations liés à l'assèchement de la daya et l'enfoncement de la
nappe comme le propose De Ceccatty (1933) ?.
A terme, la zone centrale nue s'étend jusqu'à faire disparaître complètement la
végétation. La daya est alors morte, l'infiltration de l'eau a lieu dès les bords (ou bien est-
ce lié à l'imperméabilité trop grande entraînant l'asphyxie des plantes ?) (cf. figure n°97).
C'est le cas de la daya Oum El Maï de la région de Brézina, dont la zone centrale
totalement nue est entourée d'une auréole à végétation basse très clairsemée selon l'indice
de végétation. Une dayet comme El Guessa (au sud-ouest de Ras ech Ch'aab) est, elle,
colonisée par une steppe assez lâche d'alfa et de sparte (cf. photographie n°7).
Par ailleurs, la taille et la forme des dayas semblent des paramètres fortement corrélés. Il
apparaît que les plus petites dayas sont, pour la plupart, de forme circulaire plus ou moins
parfaite, alors que les plus grandes s'étirent le long d'un axe déterminant des formes parfois très
allongées comme la dayet El Anz (Brézina), ou se caractérisent par des formes contournées
résultant de la coalescence de plusieurs dayas.
201
Pour mettre en évidence les relations entre taille, forme, végétation et age des dayas, on a
plus particulièrement travaillé (en collaboration avec Kemmouche A. et Parrot J.F.) sur la
région de Ras ech Ch'aab qui est caractérisée par une très forte concentration de petites dayas à
bords doux. Ces dayas y côtoient d'autres de taille beaucoup plus importantes et procédant,
nous l'avons vu, de processus de genèse et évolution quelques peu différents. Elles n'ont, par
conséquent, pas été prises en compte dans cette analyse.
On a extrait dans un premier temps toutes les dayas de la fenêtre de Ras Ech Ch'aab.
Cette procédure d'extraction des dayas basée sur le NDVI comprend deux étapes
principales.
On commence par effectuer le seuillage supervisé de l'indice de végétation. En
effet, la végétation dense qui couvre les dayas est le seul paramètre spectral permettant
leur discrimination. Ce couvert végétal a donc été rehaussé par l'indice de végétation
verte (NDVI) (cf. figure n°98) et extrait par un seuillage supervisé de l'indice.
L'étape suivante correspond à la labelisation de toutes les structures de l'image
binaire obtenue précédemment. Le seuillage du NDVI a permis d'extraire 382 structures à
végétation dense. Mais elles incluent également des tronçons d'oueds qui, présentant les
mêmes conditions d'humidité et de sol favorable que les dayas, sont couverts également
d'une végétation dense.
Les seules dayas sont extraites interactivement, en se basant visuellement sur la carte
topographique au 1:100 000e et un croquis morphologique (cf. figure n°93) réalisé à
partir de photographies aériennes. L'image obtenue contient 219 structures labélisées,
c'est à dire que chaque daya (structure connexe) est désignée individuellement par un
numéro d'ordre (cf. figures n°99).
Chacune de ces structures est décrite ensuite par des paramètres de taille et de forme (cf.
tableau n°9) qui sont la surface (S) en m2 calculée à partir du nombre de pixels (np), un
indice de convexité (ci), un indice de circularité (psr), d'élongation (l/L) et un indice de
référence au cercle (cer).
Tableau n°9 : Descriptif des 219 dayas extraites du NDVI. N° np S (m2) l/L ci cer psr
1 5 1800 67 100 159 5 2 38 27000 88 100 76 8 – – 218 85 64800 52 83 33 14 219 9 4500 36 90 32 7
Après différents tests, il s'est avéré que les paramètres de taille (nombre de pixels et surface)
et l'indice de convexité (ci) étaient les plus intéressants et suffisants pour décrire ces
structures.
204
Le paramètre de taille ou "surface" exprimé par le nombre de pixels de la structure (np) est
visiblement le plus efficace pour décrire les dayas. En effet, une fois éliminées les plus
grandes dayas à falaise qui ne s'intègrent pas dans le schéma chronologique, il est possible
de regrouper les dayas en classes de taille correspondant à des "classes d'âge" selon le
schéma de De Ceccatty (1933), Estorges P. (1961) et Barry et al. (1973).
On a donc dans un premier temps réparti toutes ces dayas en six classes selon la taille, à
partir d'une analyse visuelle de l'image des dayas extraites et un seuillage interactif de
l'histogramme du nombre de pixels des dayas (cf. figure n°100 et 101).
Les autres paramètres destinés à décrire les formes plus précisément peuvent alors servir
à souligner les différences morphologiques dans chaque "famille" de dayas.
On a conservé un seul des paramètres calculés, l'indice de convexité (ci) qui correspond au
rapport entre la surface de l'élément étudié et la plus petite structure convexe qui le cerne
entièrement. Il est calculé à l'aide de la formule suivante : ci = (np / Sc) x 100
où np est le nombre total de pixels dans l'élément étudié et Sc le nombre de pixels
décrivant la structure convexe (qui peut être un cercle, un rectangle, …). Celle ci a été
calculée selon la Jarvis's March développée par Akl et Jarvis.
Quelle que soit la nature de la forme convexe (cercle, rectangle, …), ce paramètre est égal à
100. Il diminue pour les objets non convexes.
206
L'évolution de ce paramètre ci et les corrélations existants entre np et ci donnent des
indications sur la forme spécifique des dayas dans chaque classe (tableau n°10).
Tableau n°10 : Intervalles de variation, moyennes des paramètres et corrélation np/ci pour
les six classes. Classes nombre np ci corrélation
de structures min max moy min max moy np/ci Classe 1 2 364 417 390.5 68 72 70 Classe 2 4 155 239 186 68 92 80.25 -0.011594 Classe 3 19 65 149 96.47 62 95 86.21 -0.07234 Classe 4 42 34 64 46.52 70 100 92.57 -0.302911 Classe 5 25 24 33 28.16 62 100 93.2 0.319318 Classe 6 127 5 23 12.35 68 108 97.66 -0.375875
L'évolution générale montre que la régularité des formes augmente progressivement avec la
diminution de la taille des dayas, les petites dayas présentant une convexité très forte,
contrairement aux plus grandes où elle est très faible (cf. figure n°102). Le coefficient de
corrélation entre la taille et l'indice de convexité de la population totale des dayas
(coefficient inverse de -0,6), confirme cette tendance.
Bien que les effectifs soient très faibles pour arriver à des conclusions statistiques fiables
(seulement 2 dayas pour la première classe et 4 dayas pour la deuxième classe), l'analyse des
résultats obtenus au niveau des corrélations fournit des indications que l'analyse visuelle des
formes de chaque classe confirme. Par exemple, l'absence totale de corrélation pour les
classes 2 et 3 indique que ces familles sont constituées par des dayas à forme très
hétérogène.
207
La répartition des dayas sur la base du paramètre de la taille permet donc de définir une
chronologie relative des dayas. Chacune de ces classes est représentative d'un stade d'évolution
morphologique et végétal.
La première classe comprend les deux structures les plus grandes (surface moyenne
de 327.600 et 375.300 m2) à formes contournées (ci de 68 et 72) et à végétation
discontinue (elles sont "interrompues" par des "vides"). Leur évolution ne procède pas
des mêmes processus que celles des cinq autres classes. Leur taille n'est pas forcément
représentative d'une évolution plus longue que les autres, mais plutôt de l'exploitation
d'un talweg préexistant. Elles n'ont par conséquent pas été prises en compte dans l'analyse
comme indiqué précédemment.
La deuxième classe, qui regroupe des dayas de grande taille (surface de 167.400 m2
en moyenne), correspond à un stade d'évolution avancé des dayas. Deux des dayas de
cette classe (sur quatre) présentent une zone centrale à nu, la végétation plus ou moins
dense se cantonnant aux bords de la daya, indiquant une évolution longue qui aboutit à
l'assèchement de la zone centrale, éliminant progressivement toute végétation (cf. figures
n°96 et 97). Une troisième daya est en cours de transition vers ce stade. La quatrième, de
forme beaucoup plus irrégulière, correspond en fait à un tronçon d'oued non éliminé dans
les étapes précédentes.
Les quatre classes suivantes correspondent à des stades différents de transition entre
ce niveau 2 et les dayas les plus jeunes. La réduction de taille de ces familles (d'une
moyenne de 86.823 m2 pour la classe 3 à 11.115 m2 en moyenne pour la classe 6)
s'accompagne d'une régularisation des formes ; proches du cercle pour la classe 3 (ci
moyen de 86.21 avec un écart-type de 7.78) a parfaitement circulaires pour la classe 6. La
végétation colonise tout l'espace des dayas, se dégradant progressivement vers leur
périphérie et la steppe (cf. figure n°95).
Toutefois, le calcul de l'indice de convexité pour ces plus petites dayas est à
relativiser en raison du mode raster utilisé. Ce mode discret peut augmenter
artificiellement la valeur du ci en masquant des irrégularités à l'intérieur du pixel, ou au
contraire le diminuer car, pour les petites structures, une petite irrégularité fait fortement
varier ce paramètre. La moyenne de ci de la classe 6 est, par conséquent, peut être
approximative. Ceci étant, le modèle d'accroissement de la régularité des formes avec la
diminution de taille fonctionnant pour les autres classes, on peut supposer qu'il est
également valable pour cette dernière. De plus, un examen de ces plus petites structures
sur les photographies aériennes a montré qu'elles étaient effectivement de forme très
arrondie et régulière.
Les très faibles coefficients de corrélation des classes 2 et 3 indiquent une très forte
hétérogénéité à l'intérieur de ces classes. On pourrait donc y définir des subdivisions en
classes supplémentaires. Statistiquement valables, ces nouveaux groupes seraient
208
thématiquement peu intéressants car ils n'ajouteraient qu'un stade de transition
morphologiquement peu significatif.
Cette méthodologie basée sur le NDVI, si elle a l'avantage d'être simple, n'est pas
parfaite. Le seuillage de l'indice de végétation n'a permis de saisir que la végétation très dense.
Certaines dayas ou portions de dayas n'ont ainsi pas été prises en compte dans cette étude, car
couvertes d'une végétation trop lâche ou à nu à la date de saisie des données (janvier 1989)
(labourées, …). A cette période, la végétation était encore en partie en état de "dormance".
Nous avons "confirmé" les résultats obtenus malgré les lacunes, en vérifiant sur les cartes
topographiques et les photographies aériennes que les dayas non prises en compte présentaient
bien le même schéma d'évolution que celui défini. Elles présentent effectivement les mêmes
caractéristiques que les dayas de même classe de taille couvertes de végétation dense en janvier
1989. Leur absence ne fausse pas la classification générale. Nous n'avons donc pas jugé
nécessaire de les extraire par une autre méthodologie. Avec cette date de janvier, il aurait été de
toute manière difficile d'améliorer ces résultats.
2.4.4. Typologie des dayas selon leur couverture végétale.
Pour affiner les classifications précédentes et valider encore la chronologie relative basée
sur le schéma d'évolution de De Ceccatty (1933) et Barry et al (1973), on a utilisé de manière
plus approfondie le type de végétation des dayas de chacune des classes de taille.
Pour cela, on a employé les classifications semi-supervisées (sur les seuls espaces de végétation
dense masqués à partir du NDVI) de chaque date de la région de Ras ech Ch'aab, MSS de 1977
et Thematic Mapper de 1989, présentées dans les chapitres précédents.
Sur la classification des données Thematic Mapper de 1989 (cf. figure n°33 dayabrs.c5),
les plus petites dayas (classes 5 et 6 de taille) apparaissent essentiellement dans les classes à
signatures spectrales les plus fortes (classes radiométriques 2 et 4). Elles correspondent à une
végétation peu dense de transition vers le steppique. Mais étant donné la taille réduite de ces
dayas — une moyenne de 12,35 pixels pour la classe 6 et de 28,16 pixels pour la classe 5, soit
respectivement 11 115 m2 et 25 344 m2 — cette réponse spectrale correspond à la combinaison
d'une végétation plus ou moins dense au centre et steppique lâche à la périphérie proche. Elle
n'est donc pas très significative. Seules les plus grandes dayas de la classe 5 peuvent être
relativement prises en compte.
Par contre, les dayas des classes de taille supérieure, 4 à 1, sont suffisamment vastes pour
laisser apparaître l'organisation de la végétation.
La zone centrale des dayas de la famille de taille 3, parfois décalée sur le bord,
apparaît dans une classe radiométrique très particulière (classe 3). Sa signature spectrale,
inférieure aux autres dans les trois canaux du visible, est très forte dans le moyen infra-
rouge (canal 4), supérieure à la plupart des autres classes et décroît dans le proche infra-
209
rouge, inférieure de nouveau aux autres classes radiométriques (cf. figure n°103). Il s'agit
d'une végétation dense herbacée constituée d'espèces pérennes.
Vers la périphérie, cette végétation se clairsème, on passe à la classe 5, moins dense, puis
1 et 2 et enfin à la classe 4 de transition avec le steppique. Dans certaines dayas, cet ordre
est décalé, la classe radiométrique 3 n'apparaît pas au centre, elle est remplacée par la 5.
On retrouve par contre autour le même ordonnancement. Parfois même, le centre est
occupé par la classe radiométrique 1, peu dense, puis normalement la 2 et la 4. Ce dernier
cas observé dans peu de dayas doit correspondre à des espaces labourés, ou moins
humides ? Mais ces deux exemples restent l'exception.
Les dayas de la classe de taille 4 présentent une organisation végétale de même
type, mais le centre est occupé par des formations un peu moins denses (classe
radiométrique 5) suivies en auréole périphérique par les classes de végétation de plus en
plus lâche 1 puis 4. Ce décalage par rapport à la classe de taille 3 est lié directement à la
résolution des images. Là encore il y a un "mélange" entre les formations végétales très
denses du centre et moins denses de la périphérie, déterminant cette réponse spectrale
moyenne.
Figure n°103 : Réponse spectrale des cinq classes de densité de végétation de la région de Ras Ech Ch'aab, Thematic Mapper du 1-1-1989 en réflectance en pourcentage (dayabrs.c5)
5
10
15
20
25
30
35
dayabr1s dayabr2s dayabr3s dayabr4s dayabr5s dayabr7s
1- Végétation peu dense ducentre des dayas moyennes etpériphérie des grandes
2- Végétation peu dense desdayas moyennes et pixels mixtes
3- Végétation très dense de lapériphérie des grandes et ducentre des moyennes dayas
4- Végétation de transition versle steppique
5- Végétation dense ducentre des petites dayas
La classe 2 de taille supérieure présente par contre une organisation légèrement
différente des familles de taille 3 et 4. Nous l'avons déjà décrite dans le chapitre
précédent, elle est caractérisée par des dayas à zone centrale nue. On observait ainsi déjà
des "trous" dans l'image-seuil du NDVI dans les dayas Oum el Hachim et Aïssa Hamar.
210
Nous avions indiqué que la troisième daya de cette classe (daya "pointue") était en cours
d'évolution vers le même stade morphologique et végétal. La classification semi-
supervisée permet de le confirmer. La zone centrale de cette daya est couverte d'une
végétation beaucoup moins dense qu'en périphérie proche, appartenant à la classe
radiométrique 1. Autour apparaissent, dans les trois dayas, plus ou moins mêlées, les
classes radiométriques 5 et apparemment un peu plus à l'extérieur 3. Ensuite, comme
dans les autres classes de taille, la classe 1 (de nouveau pour la daya "pointue") puis 4.
La classe de taille 1, bien que non traitée précédemment présente le même type
d'organisation que la 2, mais plus confuse. La végétation dense se développe ici
seulement dans les bas fonds de ces vastes dayas.
Le problème de cette classification est qu'elle ne prend pas en compte la végétation
arborée; à cette date (janvier) les pistachiers étaient sans feuille. L'indice de végétation verte
utilisé ici ne travaillant que sur la végétation chlorophyllienne, ce n'est donc que la végétation
herbacée et buissonnante qui a été saisie.
Une classification semi-supervisée de la végétation dense de 1977 permet d'ajouter cette
information supplémentaire sur la végétation arborée. Nous en avons déjà présenté une de ce
type dans le chapitre 1.2.1.2. (cf. figure n°59 dymsrec.c03), mais il s'est avéré qu'elle était
insuffisante. La classe de végétation très dense était trop grossière. On a donc essayé de
l'améliorer pour pouvoir discriminer les betoums, en retravaillant la classe de végétation très
dense (C2 de dymsrec.c03).
Cette classe a été éclatée en trois nouvelles classes (par classification semi-supervisée),
réinjectées dans la classification initiale à 3 classes, portant à 5 le nombre final de classes,
définissant une végétation de transition vers le steppique, très diffuse (C1), une végétation
herbacée peu dense (C2), une végétation très dense (C3), une végétation dense (C4), et une
végétation herbacée dense (C5) (cf. figure n°104 dymsrec.c05).
Figure n°105 : Réponse spectrale des cinq classes de densité de végétation de la région de Ras
Ech Ch'aab MSS du 07-05-1977 en réflectance en pourcentage (dymsrec.c05)
14
16
18
20
22
24
mss4 mss5 mss6 mss7
1- Végétation steppique
2- Végétation de
transition vers le
steppique
3- Végétation dense du
centre des dayas
moyennes et périphérie
intérieure des grandes
4- Végétation dense de la
périphérie des dayas
5- Végétation dense
herbacée
212
La résolution plus grossière des images de ce capteur interdit de tirer des conclusions pour les
classes de taille réduite. C'est le cas non seulement de la classe 6 qui n'apparaît pas du tout sur
la classification et la classe 5 largement diminuée par rapport à Thematic Mapper, mais
également la classe 4 où les phénomènes de bordures déjà signalés sur Thematic Mapper pour
les classes 6 et 5, posent aussi problème. On a perdu notamment le chapelet de petites dayas
localisé à l'ouest de l'oued Bou Seba Louhat amont.
On a par conséquent pu réellement travailler sur les classes de taille 2, 3 et accessoirement 1.
Les trois dayas de la classe de taille 2 ne présentent pas une organisation végétale
identique.
Le centre de la daya Aïssa Hamar reste quasiment nu à cette date. Il apparaît
couvert d'une végétation qui correspond ailleurs à un stade de transition vers le steppique
(classe radiométrique 2). Les annuelles ne s'y sont pas développées. En périphérie vient
seulement une végétation dense (classe radiométrique 5 au sud, classe 4 en majorité et
classe 3 résiduellement). A l'extrême périphérie, la végétation se dégrade (de nouveau
classe radiométrique 2) pour se confondre ensuite avec la steppe (classe 1).
Par contre, la daya Oum el Hachim est couverte d'une végétation très dense
herbacée en son centre (classe radiométrique 5). Autour, la végétation se dégrade
progressivement selon le schéma classique : classe radiométrique 4, 3, 2 puis 1.
La daya "pointue" marque encore sa spécificité. La végétation très dense herbacée
apparaît plus en périphérie, le centre étant plutôt colonisé par une végétation moins
"réflectante" (classes radiométriques 3 et 4). A la périphérie, même scénario ensuite.
Cette hétérogénéité de la classe de taille 2 avait déjà été soulignée dans l'analyse
statistique. Chacune de ces trois dayas correspond à un stade d'évolution particulier à
l'intérieur de l'étape finale de l'évolution des dayas. La daya Aïssa Hamar est la plus
évoluée, puis la daya Oum el Hachim et enfin la daya "pointue".
Pour ces grandes dayas, la disposition des classes 3 et 4 laisse déjà penser qu'elles
correspondent aux pistachiers. Il y a par ailleurs une bonne coïncidence avec les
photographies aériennes.
La corrélation des dayas de taille 3 avec le type de végétation en 1977 est moins évidente.
Si de manière globale on trouve effectivement le centre couvert de formations
végétales denses (classes radiométriques 3 puis 4) plutôt arborée, entourée d'une
végétation de plus en plus lâche, certaines se distinguent nettement :
– la plus occidentale et une autre plus centrale, présentent la même structuration que la
daya Oum el Hachim malgré leur plus petite taille.
– une autre daya, au contraire, est entièrement couverte d'une végétation très lâche
(classes radiométrique 2).
Premiers "accrocs" à la règle ? Que dire de plus sur ces "exceptions" si ce n'est rappeler
encore la résolution grossière des données et le fait que 1977 est une année caractérisée par
un très mauvais printemps du point de vue pluviométrique, donc, qu'à priori, la végétation
213
herbacée n'a pas dû être bien prise en compte ici, car insuffisamment arrosée elle doit être
peu développée.
On a voulu confirmer que les classes radiométriques 3 et/ou 4 de la classification des
données MSS de 1977 (dymsrec.c05) correspondaient bien à des pistachiers.
On a pour cela réalisé une classification diachronique MSS 1977 - TM 1989 selon la même
méthode présentée précédemment dans le chapitre 1.2.1.2..
La nouvelle classification semi-supervisée des données MSS de 1977 (dymsrec.c05) a été
additionnée à celle de 1989 (dayabrs.c5 non modifiée), permettant d'obtenir une image
diachronique à 35 classes (cf. figure n°106 d7789.c35).
Les valeurs de réflectance de chacune des classes, leur évolution dans le temps et la disposition
précise des classes à l'intérieur des dayas vont nous permettre de repérer les pistachiers sur la
classification diachronique.
Sur cette classification les surfaces couvertes de pistachiers correspondent logiquement à
des espaces couverts d'une végétation très dense ou dense en 1977 et "sans végétation" en 1989
puisque les arbres sont sans feuilles et qu'il n'y a donc pas de réponse "chlorophyllienne" des
troncs et branches nues. Il s'agit donc des classes 4 et/ou 3 de la classification multidate (cf.
tableau n°11).
Table n°11 : Tableau croisé de la classification multidate d7789.c35 combinant la classification semi-supervisée des 4 canaux MSS de 1977 et la classification semi-supervisée des 6 canaux
TM de 1989 de la fenêtre-image de Ras ech Ch'aab.
MSS 1977 V. très dense V. dense V. dense
herbacée V. herbacée
V. transition vers steppique
Inexistant 1977
V. très dense 21 22 23 20 19 18 TM V. dense 33 34 35 32 31 30 1989
V. dense herbacée 15 16 17 14 13 12
V. steppique dense
9 10 11 8 7 6
V. steppique 27 28 29 26 25 24 Inexistant 1989 3 4 5 2 1 0
En masquant ces deux classes par seuillage de l'image classée et en appliquant cette image-
masque sur les canaux bruts (en réflectance en pourcentage), on peut définir la signature
spectrale spécifique des pistachiers (cf. figure n°107).
215
Figure n°107 : Signature spectrale des pistachiers (MSS 1977, R%) à partir des classes 4 et 3 de la classification diachronique MSS 1977 - TM 1989 (d7789.c35).
20
Classe 4
Classe 3
mss4 mss5 mss6 mss7
14
15
16
17
18
19
Pour affirmer ce résultat, on a extrait et agrandit à partir de l'image classée diachronique
les trois grandes dayas de la classe de taille 2 et une quatrième de la classe de taille 3,
couvertes, selon les cartes topographiques et les photographies aériennes, de pistachiers. Dans
trois des quatre dayas extraites (daya Zahra de la classe 3 et dayas Oum el Hachim et Aïssa
Hamar de la classe 2) la localisation des classes radiométriques 3 et 4 atteste qu'il s'agit de
betoums (cf. figures n°108 et 109). On les trouve sur la bordure intérieure des dayas, laissant le
centre à nu. Cette position des pistachiers entérine le schéma de De Ceccatty (1933) et Barry et
al. (1973) développé précédemment.
Bien sur, cela n'a rien de systématique et le phénomène n'apparaît pas par exemple dans la
troisième daya extraite (cf. figure n°109b daya "pointue"). Il est possible qu'en fonction du taux
de recouvrement du sol, de l'espacement des arbres, de leur état sanitaire, …, les réponses
spectrales divergent. De plus, la résolution des images MSS perturbe là encore les résultats. Il
aurait fallu une image Thematic Mapper du mois de mai.
Le modèle, type de végétation - taille - forme des dayas, fonctionnant plutôt bien sur les
exemples choisis, on a voulu l'étendre à toutes les dayas de la hamada de Ras ech Ch'aab.
L'interprétation de la classification diachronique étant difficile pour les petites dayas, on a
travaillé sur la base du croquis morphologique réalisé à partir de photographies aériennes de
1982 (cf. figure n°93) où la texture piquetée caractéristique des pistachiers permet de les
différencier nettement de la végétation herbacée.
Les précipitations de 1982, peu importantes, permettent de faciliter la comparaison et
limiteront les erreurs d'interprétation lors du changement de date.
On a déterminé à partir des photographies aériennes quatre type d'association végétale :
- des dayas à betoum et strate herbacée relativement dense
- des dayas à betoum à strate herbacée peu importante ou nulle
- des dayas sans betoum mais à strate herbacée relativement dense
- des dayas sans betoum et strate herbacée peu importante
218
Visuellement, nous n'avons pas trouvé de corrélation nette entre ces deux documents.
Les correspondances entre type de végétation entre le croquis morphologique et la
classification multidate sont insuffisantes pour être significatives.
Il est possible que la confusion Pistachiers - végétation steppique moins dense de
certaines dayas, apparaissant à betoum sur les photos, soit liée à leur taille. Il y aurait
mélange de la réponse spécifique des arbres du centre de la daya avec celle de la
végétation steppique de ces bords. La réponse est alors plus ou moins intermédiaire entre
les deux.
Mais, encore une fois, la classification est très imparfaite. Elle ne saisit pas les mêmes
"objets" aux deux dates ce qui empêche un suivi diachronique performant. De plus, toutes les
dayas n'y sont pas prises en compte, soit que leur taille est inférieure à la résolution du capteur,
soit qu'elles sont nues ou couvertes d'une végétation steppique non appréhendée par l'indice de
végétation, comme c'est le cas de la plupart des grandes dayas. Elles se confondent alors avec
la surface de la hamada dans laquelle elles s'inscrivent.
On peut donc d'autant plus difficilement suivre quantitativement l'évolution de la
végétation de 1977 à 1989, essentiellement car les images ne sont pas de même capteur. La
différence de résolution entre les données images MSS et TM, malgré le réechantillonage à 30
m des images MSS, entraîne une impossibilité de recouvrement de la plupart des dayas. La
classification multidate (d7789.c35) montre nettement que les classes résultantes les plus
importantes sont celles correspondant exclusivement à l'une ou l'autre date, c'est à dire les
classes 1 à 5 qui apparaissent exclusivement sur l'image MSS, représentant 43 % des pixels de
l'image, et les classes 6, 12, 18, 24 et 30 de l'image TM couvrant 42,9% de l'image.
En définitive, on obtient certains résultats intéressants concernant la chronologie des
dayas. Mais ces résultats concernent une zone bien précise de la hamada de Ras ech Ch'aab. On
ne peut établir pour toutes les dayas de ce piémont une corrélation directe et forte entre le taille,
la forme et l'âge, ni entre le type de végétation et l'âge. L'abattage potentiel des pistachiers peut
fausser le diagnostic, la mise en culture avec labourage également, notamment à proximité de
Laghouat où les pistachiers ont disparu et la mise en culture importante.
Par ailleurs, la croissance naturelle de la végétation est fortement perturbée dans les dayas.
Aujourd'hui, notamment, la régénération des pistachiers ne peut s'effectuer, car les jeunes
pousses sont broutées par les troupeaux, seuls ceux protégés par les jujubiers parviennent à
maturité.
2.4.5. Les dayas du synclinal d'El Maïa
On retrouve le même type de processus d'évolution dans la région d'El Maya à l'ouest de
l'oued Méhaïguène.
220
De manière générale, à l'ouest de l'oued Méhaïguène, on ne rencontre que quelques dayas
isolées sur la hamada. Sur cette zone, l'évolution "hamadienne" des oueds a été plus courte, la
hamada n'y a pas été déconnectée de l'Atlas. Les oueds, qui ont évolué plus longtemps, sont
alors, nous l'avons vu, beaucoup plus encaissés et moins démantelés qu'à l'est, ne favorisant pas
le développement des dayas.
Par contre, le compartiment nord de cette hamada est grêlé d'innombrables dayas, comme dans
la région de Ras ech Ch'aab (cf. figure n°110). Dans ce synclinal, le réseau hydrographique est
très démantelé, moribond, il a subit une très importante dégradation.
Ici, l'interruption des écoulements n'est pas lié au démantèlement de la hamada, mais
certainement comme vu précédemment au soulèvement de cet espace lors d'un épisode
tectonique relativement récent. Les oueds hamadiens ont été, comme à l'est, mais plus tard,
déconnectés de leurs apports hydriques amont. Mais si les écoulements de surface ont été
détournés vers l'oued Seggueur, des écoulements souterrains ont dû subsister, déterminant la
mise en place de dayas selon le même schéma vu précédemment.
La déconnexion plus récente explique peut être la plus faible densité des dayas dans ce
synclinal et un "alignement" moins marqué, comme si l'évolution y avait été moins poussée.
Dans le détail, ces dayas se concentrent dans la partie ouest du synclinal, à l'aplomb de la
grande muraille crétacée. A l'est, après l'interruption du djebel Zeg, un réseau hydrographique
s'est reconstitué, essentiellement drainé vers la cluse d'El Maïa et l'oued Oglat Trifa.
Ces dayas sont essentiellement à bords doux sauf lorsqu'elles exploitent un ancien talweg. Elles
sont alors plus larges et de formes plus contournées.
2.5. Des indicateurs d'une activité éolienne plus marquée.
Les formes et formations éoliennes peuvent être significatives de dégradations récentes
du milieu, comme vu dans le chapitre précédent, mais elles sont plutôt révélatrices de
modifications à plus long terme.
Le piémont sud de l'Atlas Saharien en présente de nombreuses, fossiles ou stabilisées, héritages
de paléoenvironnements plus arides. Leur disposition indique une mise en place par des flux
apparemment de même orientation générale qu'actuellement et une dynamique éolienne plus
marquée dans des périodes antérieures à l'actuel.
2.5.1. Les formations éoliennes fossiles d'El Haouita.
Une coupe observée à la sortie du village d'El Haouita en direction de l'Est, déjà étudiée
par P. Estorges, G. Aumassip et A. Dagorne (1969), laisse apparaître des formations dunaires
anciennes, fossilisées (cf. figure n°111).
222
De 2m d'épaisseur et plusieurs mètres de longueur, elle se compose de dépôts essentiellement
sableux fins de couleur ocre à jaune, à structure entrecroisée nette attestant d'une mise en place
éolienne.
Diversement consolidé, ce dépôt présente de petits agrégats indurés et des "poupées" qui se
développent perpendiculairement à la surface actuelle.
Localement, on trouve un niveau argileux de 20 cm d'épaisseur formant une petite cuvette entre
deux "paléodunes" et fossilisé par un autre dépôt sableux.
On observe également, dans la masse des sédiments, une dalle de calcaire très dure et
déterminée par les auteurs cités ci-dessus comme lacustre, ainsi que des horizons noirs
discontinus apparemment restes de débris végétaux.
Une datation, effectuée par Estorges P. et al. (1969) sur une coquille d'autruche prélevée dans
la partie sommitale du remblaiement, indique 8220 ± 820 B.P. (Alger 28), mais les auteurs la
trouvent trop récente et proposent plutôt une datation de 12 000 à 10 000 av. J.C. en fonction
de l'industrie lithique retrouvée dans le remblaiement (Ibéromaurusienne). Le même type de
remblaiement dans la région de Bou-Saada a fournit deux dates (sur oeuf d'autruche) proches
de ces dernières (Amara A. et Ferhat N. 1983) : 10 040 ± 190 BP à El Onçor et 13 100 ± 250
BP à Es Sayar.
Ce remblaiement résulterait de l'accumulation de sables éoliens piégés par une végétation de
source. En contexte aride, c'est l'humidité constante déterminée par ces sources qui aurait
permis le développement de cette végétation et la présence, dans ce qui est aujourd'hui la masse
sableuse, de dalles de calcaire lacustre, de "cuvettes" argileuses et d'horizons noirs résultant de
la décomposition de débris végétaux.
On retrouve les mêmes types de remblaiement entre Tadjemout et Laghouat et à l'est de
Laghouat.
2.5.2. Les dunes longitudinales fixées de la région de Brézina.
Les dunes longitudinales (sand-ridges), nous l'avons vu, sont des dunes d'érosion qui
indiquent un parallélisme avec un vent dominant ou la résultante des mouvements de sable.
Celles, plus ou moins développées, de la région de Brézina ont été formées dans un passé
géologique caractérisé par un régime de vents plus efficaces. Aujourd'hui le pavage et la
végétation qui les couvre empêche toute remobilisation du sable (sauf perturbation artificielle)
en dehors des crêtes plus ou moins vives selon l'indice de brillance.
Il semblerait que ces formes éoliennes linéaires aient été plus étendues vers l'est au regard
de l'organisation du réseau hydrographique dense et dont les directions parallèles ne semblent
avoir pu être guidées que par ces dunes allongées nord-ouest/sud-est. En effet, les tracés
courbes des oueds entre l'oued Seggueur et l'oued Méhaïguène, ouest-nord-ouest/est-sud-est en
amont, puis nord-ouest/sud-est, nord/sud et enfin légèrement nord-est/sud-ouest à l'aval,
223
convergeant vers l'erg El Annagueur, digitation septentrionale du Grand Erg Occidental,
seraient déterminés selon Y. Callot (1987) par deux processus conjoints :
Dans un premier temps, des dunes linéaires se mettent en place, fixées ensuite par de la
végétation. "Elles ont formé des lignes de hauteurs entre lesquelles" se sont installés et
encaissés (incision très faible) les oueds dans la surface des hamadas. Ensuite, "des
actions de déflation … ont amorcé un creusement" relayé de manière plus ou moins
intense par la dynamique fluviale.
C'est la présence de la dayet El Anz, sa forme allongée parallèlement au vent dominant et le
développement exceptionnel des formations alluviales, qui expliquent la présence si importante
de ces formations dunaires et leur persistance, alors qu'ailleurs elles semblent avoir disparu.
On peut suivre l'évolution des bilans sédimentaires dans le temps. Une période sèche à permis
le développement, l'accumulation des formations sableuses de l'erg Annagueur, bien au delà de
ses limites actuelles. Une période humide à favorisé ensuite la pédogénéisation et la
colonisation des dunes par la végétation. Une nouvelle période sèche a provoqué une
réactivation des dunes, favorisant la déflation et le développement des dunes longitudinales,
d'érosion. Cette phase serait selon Callot Y. (1991) au moins anté-Holocène "car on retrouve
des sédiments holocènes au fond de certains chaudrons de l'Erg". Aujourd'hui, nous l'avons vu,
la zone d'extension des dunes longitudinales correspond à un vaste espace de transit des
matériaux prélevés dans la dayet el Anz.
Les dunes longitudinales du nord-ouest de la dayet el Anz pourraient attester de
l'extension spatiale plus importante de ce type d'édifices sur le piémont. L'écart beaucoup plus
réduit entre les dunes que celles du sud-est de la dayet indiquerait par contre une évolution
moins importante liée à leur position à l'abri des garet Bent Krass. Cette position d'abri aurait
également permis une végétalisation puis pédogénéisation plus importantes limitant encore les
possibilités de déflation.
2.5.3. Les placages de versants sud-est.
Il semble bien que les placages de versants sud-est des crêts de la région de Laghouat
correspondent à différentes générations.
Les placages de bas de versants sont rubéfiés selon l'indice de couleur, indiquant
une fixation du sable. Y. Callot (1987) a décrit les mêmes types d'édifices dans la région
d'El Abiodh Sidi Cheikh, indiquant qu'ils étaient couverts de végétation. Il s'agit donc, à
priori, de placages fossiles.
La "grande dune" et les placages de hauts de versants seraient par contre plus
récents car "vifs" selon les indices de brillance et de végétation. Leur disposition permet
là encore de les comparer avec des formes décrites par Y. Callot. La grande dune serait
de couleur rose, mélange spectrale de sable rouge, du type des placages de bas de
versants, et de sable blanc du type des placages de haut de versant. Il y aurait donc en
224
quelque sorte combinaison d'apports de sable rouge par des flux sud-est et de sable blanc
alluvial (oued M'zi) du nord-ouest.
Les placages de hauts de versants sont eux composés de sables blancs alluviaux
prélevés dans l'oued M'zi.
Peut-on en déduire une modification des directions majeures des vents ? Les flux
de sud-est auraient existé dans des périodes anciennes mettant en place les placages de
bas de versants et la grande dune, pédogénéisés, rubéfiés et végétalisés ensuite.
Par la suite, des flux de nord-ouest devenus dominants dans une période "récente",
auraient déterminé la mise en place des placages de hauts de versants et le remaniement
de la grande dune.
Cela reste très hypothétique, non vérifiable sans travail de terrain.
Conclusion de la deuxième partie.
Deux échelles de temps s'imposent dans l'étude de la "désertification" de ce milieu. La
dégradation du milieu peut être déterminée par l'aridification, d'échelle "géologique", mais les
séries statistiques climatiques ne permettent pas de conclure à cette aridification.
Les dégradations décrites coïncident avec une période de crise climatique, à l'échelle de la
dizaine d'années, échelle humaine. La localisation et disposition très précises de ces
phénomènes à proximité des zones fortement anthropisées et l'accentuation des processus de
dégradation durant les dernières décennies (notamment sur le piémont nord de l'Atlas saharien)
indiquent clairement le rôle prépondérant de l'homme dans le déclenchement ou l'aggravation
de ces processus. Ce sont les modes d'occupation du sol par l'homme qui sont à prendre en
compte comme facteurs explicatifs de l'accélération de ces processus de dégradation.
226
La localisation des zones dégradées autour de certains centres urbains, puits et sources,
leur disposition concentrique autour d'un espace fortement dégradé, l'accroissement de la
dégradation de 1977 à 1986 puis la disparition des taches de dégradation en 1989, sont des
indicateurs "infaillibles" de l'impact des activités humaines sur le développement de ce type de
phénomènes, en conjonction avec des épisodes climatiques particuliers.
Les données climatiques globales sont invariantes à échelle humaine, par contre, les modes
d'occupation du sol ont été fortement modifiés ces dernières décennies, sous l'impulsion de
facteurs politiques, économiques, sociaux et démographiques. Il est indispensable de saisir dans
le détail les modalités de ces changements pour comprendre précisément leur impact sur le
milieu et tenter de dégager des modes de gestion respectueux de ces espaces fragiles.
Nous présentons dans cette troisième partie les différents indicateurs sociaux,
économiques et politiques qui peuvent servir d'élément de compréhension aux processus de
dégradation du milieu observés dans la partie précédente.
Les différentes statistiques utilisées se rapportent à des unités spatiales qui ne coïncident
évidemment pas avec les unités géomorphologiques, ni même d'occupation du sol. Elles
donnent une répartition moyenne des différents "phénomènes" économiques et sociaux à
l'échelle de la wilaya et des communes.
La zone d'étude est couverte par deux wilayas, celle d'El Bayadh à l'ouest et celle de Laghouat à
l'est (cf. figure n°112). Elles sont découpées en sept communes : les six du centre sud de la
wilaya de Laghouat, avec, d'est en ouest et du nord au sud, les communes de Laghouat,
Tadjemout, Kheneg, El Haouita, Aïn Madhi et Tadjerouna, et la commune de Brezina au sud-est
de la wilaya d'El Bayadh (cf. figure n°113).
Nos informations statistiques remontent en général au recensement de 1966, puis nous
disposons des recensements de 1977 et 1987.
Mais ces données couvrent des espaces différents à chaque date. La taille des différentes
entités administratives à été progressivement réduite, corrélativement à leur augmentation en
nombre.
En 1966, la zone d'étude actuellement incluse dans la wilaya de Laghouat, appartenait à la
wilaya des oasis. L'actuelle wilaya d'El Bayadh appartenait à la wilaya de Saïda (créée en 1962).
Elle ne sera individualisée qu'en 1984. La même année, la wilaya de Laghouat, créée en 1974,
est scindée en deux, la zone sud étant affectée à la nouvelle wilaya de Ghardaïa.
Les statistiques de 1987 portent donc sur une superficie deux fois plus réduite qu'en 1977. La
wilaya couvre 25.052 km2 en 1987.
Les communes de 1987 sur lesquelles nous avons travaillé ont été crées en 1985. Auparavant les
communes de Aïn Madhi, El Haouita, Kheneg, Tadjemout et Laghouat étaient regroupées dans
la seule commune de Laghouat, qui en incluait également trois autres, individualisées par la
suite, et sur lesquelles nous n'avons pas travaillé. La commune de Tadjerouna était, elle, inclue
dans la commune d'El Ghicha. La commune de Brezina, par contre, n'a pas subit de variations
très importantes entre ces différentes périodes.
228
Par ailleurs, les superficies de ces communes ne sont pas homogènes. En 1987, la plus
grande, la commune de Brézina, couvrait 21 500 km2, contre 400 km2 en 1984 pour celle de
Laghouat, la plus petite.
Les comparaisons par date et par entité administratives restent donc toutes relatives.
Nous avons, pour pallier ces problèmes, utilisé des statistiques de 1977 et 1987 homogénéisées.
Les populations de 1977 ont été rétablies dans les limites administratives de 1987 par l'ONS.
Par contre, les données de 1966 n'ont pas été corrigées.
L'hétérogénéité "écologique" des communes est un autre élément limitant l'utilisation des
statistiques. Les communes ne couvrent pas exclusivement la zone de piémont. Celles de
Tadjemout et Tadjerouna s'étendent largement sur la zone atlasique.
De plus, le problème inhérent aux statistiques d'un pays comme l'Algérie est qu'elles ne
correspondent parfois qu'à une approximation de la réalité. Certaines de ces données issues des
recensements et collecte terrain de données ont été corrigées par l'ANAT notamment.
1. Modification des systèmes agro-pastoraux.
1.1. Les structures d'élevage "traditionnelles".
1.1.1. Un mode d'élevage extensif.
1.1.1.1. Un espace réparti en terrains de parcours gérés par les tribus.
Traditionnellement, quatre tribus et fractions de tribus se partagent la zone de piémont
étudiée (cf. figure n°114):
- La région de Laghouat à l'est est occupée par la confédération des Arbaa (ou Larbaa). Leurs
terrains de parcours à peu près exclusifs se localisent entre l'oued Méhaïguène et Laghouat.
- La région de Tadjerouna est la zone de pacage des Ouled Yagoub Zerara de la commune de
Aïn Sidi Ali (Aflou) et El Ghicha (Aflou).
- A l'ouest, au delà de El Maya (ex annexe de Géryville de la colonisation), ce sont les
terrains de parcours des Ahel Ouyakel.
- Brézina est la zone de nomadisation préférentielle de la fraction nomade des O. Aïssa. (cf.
figure n°115)
Ces tribus se sont formées en grands ensembles autours de faits guerriers (Larbaa) et religieux
(formation de tribus autour d'une confrérie religieuse comme les Tidjani de Aïn Madhi).
Le Djebel Amour même, zone la plus peuplée, accueille de nombreuses autres tribus (O.
Mimoun, Ali Ben Ameur, etc.), qui débordaient largement sur le piémont en automne lorsqu'il y
avait bien plu, soit tous les 5 ou 6 ans, ou lors d'hivers trop rigoureux sur l'Atlas (seulement si
celui-ci n'est pas trop sec).
231
Mais ils ne s'avançaient pas au delà d'une bande de 25 à 30 km sur le piémont, c'est à dire
qu'elles ne dépassaient pas les localités d'El Maya, Tadjerouna ou El Haouita autour desquelles
ils se concentrent plus ou moins. Certains auteurs les ont qualifiés de semi-nomades. Ainsi, les
Ali Ben Ameur nomadisaient entre la région d'El Ghicha au nord, et une zone à proximité de
Hassi R'mel, en passant par El Haouita.
Seules les trois tribus du piémont citées plus haut, et notamment les O. Yagoub Zerara
véritablement nomades, descendaient jusqu'à 100-150 km au sud.
1.1.1.2. Un système pastoral basé sur la 'achaba et 'azaba.
Il existait une réelle complémentarité entre montagne et piémont, dans le cadre des
transhumances saisonnières, la 'achaba et la 'azaba.
La 'achaba (recherche des pâturages verts) de l'été et de printemps, correspond à une montée
vers le nord.
Les tribus du piémont, si elles demeuraient une grande partie de l'année sur le piémont, restaient
tributaires de l'Atlas pour une partie au moins de l'année, la steppe, milieu difficile, ne pouvant
nourrir suffisamment les troupeaux que pendant une saison. La 'achaba, migration saisonnière
était donc le moyen traditionnel de compléter l'alimentation des bêtes, mais également de fuir
les fortes chaleurs de l'été. Elle était régit par des accords entre tribus sahariennes et atlasiques
(et plus au nord dans le Tell) d'échanges saisonniers de pâturages respectifs bien définis et
délimités. En été, on trouve des pâturages plus frais dans l'Atlas, les bêtes pâturaient les terres
du nord laissées en jachère, moissonnées et les pacages forestiers ou non utilisés à des fins
agricoles.
Ce déplacement des troupeaux permettait le repos à peu près absolu des terrains de parcours
d'hiver et d'automne du piémont, délaissés pendant cette période. Cela permettait notamment le
développement végétatif, qui se déroule au printemps sur ce piémont, dans de bonnes
conditions, donc une bonne reconstitution des pacages pour l'année suivante.
Les déplacements humains étaient modérés, seuls les bergers et leur famille se déplaçaient vers
le nord.
Il existait deux couloirs principaux de 'achaba à l'est et à l'ouest du djebel Amour (cf. figure
n°114). A l'est, le couloir de parcours de Zenina à Tadjemout, large couloir déprimé d'altitude
de 1000 à 1200m, était essentiellement emprunté par les Arbaa qui allaient estiver au nord en
bordure du Tell, au Sersou et ses abords (où les hommes effectuaient des travaux saisonniers
dans les champs de lentilles notamment) après un arrêt dans la zone d'attente des hautes plaines.
Le départ était fixé début mai.
A l'ouest, au niveau de Tadjerouna c'était la zone de parcours des O. Yagoub Zerara également
empruntée par les Saïd Atba qui estivaient aux confins du Tell.
La deuxième période de déplacement, la 'azaba, correspondait à la descente vers le sud
pour chercher de nouveaux pâturages, s'abriter des conditions écologiques et des froids du nord
232
favorables aux épidémies dévastatrices pour les troupeaux, le piémont étant plus sain pour les
bêtes, et apporter les produits du nord aux membres de la tribu n'ayant pas participé à la 'achaba
(céréales, abricots secs, café, thé, sucre, tissus, etc.).
Les 'achaba et 'azaba étaient l'occasion d'échanges commerciaux entre les produits du nord et
ceux du sud (dattes, …) à des fins domestiques. Dans le nord, les nomades vendaient leurs
surplus de production et achetaient des produits céréaliers. Mais il s'agissait d'un commerce non
spéculatif, limité aux besoins familiaux. Plus rarement, ils pouvaient être intermédiaire entre
acheteur et vendeur, donc transporteur. Mais seuls les gros éleveurs pouvaient être considérés
comme marchands, car seuls à pouvoir organiser des expéditions importantes sur de grandes
distances.
Par conséquent, il ne s'agissait pas uniquement d'un retour vers le sud, mais une obligation liée
aux inclémences du climat et à la structure sociale et économique.
Les troupeaux des éleveurs du Tell descendaient également lors de cette 'aziba vers le sud, mais
comme on l'a vu, ils restaient sur une bande étroite du nord du piémont. Cette descente
s'effectuait à la fin de la 'achaba, en septembre.
Les O. Yagoub Zerara redescendaient vers le 15 octobre si les pluies étaient suffisantes, sinon
ils restaient à Aïn Sidi Ali, mais à contrecoeur, car le climat et les conditions écologiques étaient
mauvaises pour les bêtes.
Sur le piémont, bergers et troupeaux parcouraient les hamadas à la recherche de pâturages
pendant tout l'automne et l'hiver, tandis que les éleveurs campaient près des oasis et ksours où
ils possédaient palmiers, jardin et maison.
En 1957 encore, durant les 6 mois qu'ils passent sur les hamadas, les O. Yagoub Zerara
menaient leurs troupeaux au delà de la plaine alluviale d'El Baidj sur la hamada qu'entaille
l'oued Zergoun (qui devient Méhaïguène), jusqu'à El Menakel à plus de 150 km de Tadjerouna
et El maya où ils entreposaient leur blé et orge.
De manière générale, les troupeaux étaient plus ou moins cantonnés autour des points d'eau en
période plus ou moins sèche, mais s'éloignaient jusqu'à 100 km des puits si les pâturages étaient
riches en herbes vertes. Leurs points d'eau principaux étaient Tadjerouna au nord (nappe
phréatique à 3-4 mètres de profondeur atteinte par puits), El Menia dans l'oued Zergoun,
Debdeb sur la hamada où l'eau est atteinte à 60 mètres de profondeur, El Menakel et Bouktaïef,
deux puits de 60 à 70 mètres de profondeur.
Ce sont donc essentiellement les pâturages des oueds Zergoun et Méhaïguène que les troupeaux
des O. Yagoub Zerara paissaient.
Les Arbaa débutaient leur 'aziba à la mi septembre. Ils arrivaient sur le piémont en octobre, et
hivernaient de novembre à avril dans la partie sud de l'annexe de Laghouat, à proximité
notamment des dayas Nili et Delaa riches en eau et pâturages.
Mais les modalités, dates et lieux de pâturages lors de la 'achaba et la 'azaba étaient en
réalité déterminées par la nature des pâturages, le degré de puissance des pasteurs, le type
d'élevage pratiqué, les liens qui unissaient éleveurs et pouvoirs. Les déplacements nord-sud
233
restaient donc souples et variables, la 'achaba était annulée si eau et herbe étaient en quantité
suffisante pour passer le printemps et l'été sur place. De même, l'azib était prolongée par les
éleveurs du nord jusque avril-mai si les pluies d'automne sur le sud étaient suffisantes.
1.1.2. Une agriculture d'appoint très concentrée.
Traditionnellement, l'agriculture n'était qu'un appoint à l'activité pastorale, les surfaces
potentiellement cultivables étant peu étendues à cause du manque d'eau mais aussi de sols
suffisamment fertiles.
Elle était essentiellement développée sur le piémont, utilisé pour ses terres plus faciles d'accès
que dans la montagne.
Les ksouriens étaient les vrais agriculteurs, sachant faire un jardin, une récolte. Les oasis étaient
le lieu de cultures de jardins irrigués par sources ou puits, et du palmier dattier pourtant a sa
limite nord de productivité et ne fournissant que des dattes de faible qualité.
Les ksouriens utilisaient aussi les zones d'épandage d'oueds, les plaines alluviales et les sols
d'origine colluviale peu épais.
En aval de Laghouat, sur l'oued M'zi, de petits barrages de dérivation en terre étaient construits
pour dévier les eaux de crues vers des zones irriguées (c'est le principe de l'épandage de crue),
elles même directement entourées de zones de cultures sèches. L'oued M'zi recouvre lors de ses
crues une vaste zone d'épandage environ 10 jours par an, notamment à Ras El Aïoun au nord de
Laghouat.
Les surfaces cultivées formaient alors des terroirs aux contours flous difficilement distinguables
des zones de steppe, mais au parcellaire très laniéré et orienté dans le sens de l'épandage. Le
parcellaire du SAR de Tadjemout montre bien cette structure.
Ces barrages permettaient de ne pas perdre l'eau en période de rareté et étaient submersibles en
période de crue. Mais ces cultures de zones d'épandage de crue restaient très aléatoires.
Les épandages des eaux de crues de l'oued Seggueur étaient également exploités pour
l'agriculture dans la dayet El Anz.
Sur le piémont inclus dans la commune d'Aflou, seul l'oued Zergoun (qui devient Melah) à un
barrage de dérivation à 8 km à l'ouest-nord-ouest de Tadjerouna. L'eau était détournée vers une
vaste surface plane sur la rive est. Après inondations, la surface était divisée en nombre de
demandeurs, et chaque parcelle tirée au sort (pour les habitants de Tadjerouna).
Les dayas sont également semées, après la pâture par les troupeaux des graminées
légumineuses et crucifères qui y poussent naturellement, s'il a plu. Elles représentent à peu près
700 hectares cultivables en aval de Laghouat, où leur fertilité est assurée par les apports de
limons lors des crues de l'oued M'zi. La culture y est différente de celle des jardins des oasis,
avec des cultures de céréales d'hiver (blé ou orge) faites à l'araire sur des champs nus et ouverts,
non aménagés, mais seulement nivelés.
234
Ces terres des dayas pouvaient être cultivées par quiconque appartenait à la tribu ou fraction qui
nomadisait dans la région. Les premiers arrivés semaient où bon leur semblait.
Ces zones d'épandage étaient le lieu de cultures d'orge essentiellement, moissonnées début mai
(fin avril à Tadjerouna).
Mais les nomades cultivaient relativement peu, et notamment les O. Yagoub Zerara.
Ils possédaient assez souvent un jardin dans les ksours du piémont ou dans le Tell ou les oasis
du Sud, acheté lorsqu'un surplus était dégagé par la production animale, ou pratiquaient une
agriculture extensive (céréaliculture, avec l'orge essentiellement) notamment dans les dayas du
piémont après des précipitations, dans un but de renforcement de l'autonomie économique.
Les plus petites dayas des hamadas étaient ensemencées à tout hasard, et donnaient au mieux 10
pour 1 si la pluie venait. Sinon, la récolte était nulle ou à peu près.
Les nomades majoritaires avaient des intérêts convergents avec les sédentaires qui se
traduisaient par des échanges, une complémentarité imposée par les conditions écologiques et
sociales.
Dans les années 50, l'agriculture était encore peu développée, par conséquent, les terres
étaient encore collectives (arch). On en avait la jouissance, ainsi que celle de l'eau, seulement si
on avait participé à la construction et à l'entretien des petites digues de dérivation et du canal
d'amenée.
1.2. Un système déstructuré durant la période coloniale.
Depuis la période de la colonisation française, les structures sociales et agro-pastorales qui
régissaient l'Atlas Saharien et son piémont sud ont subit des modifications importantes.
Les modifications du système agro-pastoral de cette région (mais également observées dans
d'autres régions d'Algérie) ont été très largement liées à une volonté politique, étatique (état
colonial puis indépendant) de soumettre les populations nomades jugées contestataires, et
pouvant mettre en péril le pouvoir en place. Le nomade à toujours été contesté car il incarnait le
principal obstacle au progrès de la colonisation, puis à la "modernisation", il fallait donc le
chasser ou l'éliminer physiquement.
C'est le nomadisme nord tellien, dit "humide", qui a été le premier brutalement détruit à la
fin du XIX ème siècle (entre 1830 et 1900), par appropriation des terres du nord par les colons
qui les ont mises en culture.
Ces terres, traditionnellement de parcours, n'étant plus accessibles, le cheptel a été en partie
perdu.
Le nomadisme sec (haute steppe et Sahara) a été momentanément favorisé par ce
phénomène, avec la diminution des troupeaux traversant et pâturant les hautes steppes et le
piémont lors de l'azib. Mais peu à peu, l'unité nord-sud du nomadisme a été rompue. L'ancienne
235
complémentarité montagne-piémont s'est disloquée, le piémont se suffisant désormais en
théorie, de même que la montagne.
Les tribus du sud, interdites de 'achaba ont été cantonnées sur les hautes steppes et les terrains
du sud (les colons n'ayant plus besoin de fumures car disposant d'engrais artificiels, d'une main
d'oeuvre inépuisable de sans terres et ex-nomades "humides", et d'un marché monétarisé), et
interdites de commerce caravanier et des activités d'appoints qui leurs été liées.
C'est la structure relationnelle inter et intra-tribu, et la solidarité tribale qui permettaient en
période de sécheresse de se rendre dans un autre territoire en demandant l'hospitalité du groupe
qui ont été ainsi détruites.
Le nomadisme sec et les tribus du piémont ont donc été également démantelés dans un
deuxième temps.
Rejetés sur les steppes et le désert, les nomades ont dû poursuivre leur activité sur un espace
réduit, plus pauvre et de plus en plus sollicité, selon des techniques différentes, et dans une
logique de marché qui leur était étrangère. Ils ont eu tendance, par ailleurs, à rester un maximum
de temps sur les terres du sud lors de l'azib pour préserver leurs terres du nord.
Avec l'accroissement de la pression sur les terres du sud, un déséquilibre croissant s'est instauré
entre les besoins de plus en plus importants des populations et de leurs troupeaux, et les moyens
de subsistance en réduction, à cause de la surexploitation du milieu. Famine, disette furent
monnaie courante.
Les nomades n'ont pût survivre, le milieu ne permettant pas l'entretien continu sur l'année,
"qu'en participant à une allure de plus en plus rapide à la dégénérescence de leur mode de vie"
M. Boukhobza (1976).
Les dégradations du milieu liées au démantèlement des structures sociales et économiques des
nomades depuis la colonisation ont pris une ampleur catastrophique sur les hautes steppes car le
milieu a subit une surexploitation accrue depuis le cantonnement des tribus nomades "en sec"
sur cet espace, combiné à la croissance démographique.
Les terres du piémont ont été touchées de manière secondaire. La dégradation est donc moins
importante, mais bien présente, et en cours d'accélération. Les éleveurs des tribus de l'Atlas ont
développé des stratégies d'élevage en réponse à l'obligation de repli sur les steppes et le Sahara;
ils exploitent, lors de l'azib, de manière la plus longue et intense les terres du piémont pour
préserver au maximum celles des hautes steppes déjà fortement dégradées. Inversement, une
tribu comme celle des O. Yagoub Zerara reste le maximum de temps dans la région de Aïn Sidi
Ali (zone atlasique ou des hautes plaines) dans le même but de préserver leurs pâturages du
piémont. Mais ils ne peuvent pas y rester au delà du milieu du printemps, interdisant, par
conséquent, par leur retour, la régénération totale de la végétation du piémont.
Le système nomade a été définitivement déstabilisé par la mise en place d'un découpage
territorial auquel correspond un découpage arbitraire des tribus, chaque tribu devant être
rattachée à une unité territoriale. Un découpage socio-politique définitif en douar a été élaboré,
auquel correspond un découpage géographique. Ainsi, les O. Yagoub Zerara se sont vu affecter
236
des terrains à Aïn Sidi Ali dans l'Atlas où ils estivaient dès le début du siècle, et non plus dans le
Tell. Ils ne montaient pas avant le 1er ou 15 mai de peur du froid.
Les déplacements lors de la achaba supprimés, seules restent désormais les migrations
définitives des hommes.
1.3. Mutation des structures pastorales associée à de nouveaux modes d'occupation de
l'espace.
La déstructuration du système nomade de ce piémont a induit des sédentarisations
massives selon différentes modalités et, conséquemment, la modification radicale des systèmes
d'exploitation du milieu.
1.3.1. Une charge humaine sur le milieu croissante.
La déstructuration du système nomade s'est accompagnée d'une explosion démographique
à l'image de celle de l'ensemble du pays.
1.3.1.1. Une très forte croissance de la population des communes du
piémont sud du djebel Amour.
La population du piémont sud du djebel Amour a connu un très fort accroissement par
croissance naturelle et immigration depuis l'indépendance. Les wilayas d'El Bayadh et de
Laghouat, dans lesquelles s'inscrit la zone étudiée, ont connu un doublement de leur population
de 1966 à 1987.
Figure n°116 : Evolution de la population totale résidente des wilayas d'El Bayadh et de Laghouat de 1966 à 1987
0
50000
100000
150000
200000
250000
1966 1977 1987
W. Laghouat
W. El Bayadh
Source : ONS 1989
237
Cette évolution correspond à des taux d'accroissement annuels de 3,50 de 1966 à 1977 et 3,61
de 1977 à 1987 pour la wilaya de Laghouat, et de 4,47 puis de 2,90 de 1966 à 1987 pour la
wilaya d'El Bayadh.
Les forts taux d'accroissement de 1966 à 1977 (supérieurs à la moyenne nationale comme toutes
les wilayas sahariennes) sont la traduction de la forte attractivité de ces wilayas à cette période,
entraînant des soldes migratoires largement positifs.
Par la suite, la croissance de la population se fait par accroissement naturel fort et immigration
interne, moins importante dans la wilaya d'El Bayadh par rapport à celle de Laghouat qui
bénéficie des activités du gaz à Hassi R'mel et du bâtiment associé (logement des ouvriers,
construction de bâtiments administratifs lié au statut wilayal,…). En 1987, les taux
d'accroissement naturel étaient de 3,1% pour toutes les communes sud de la wilaya de Laghouat,
et de 3,3 % pour les communes nord (Aflou notamment).
Ces données à l'échelle des wilayas masquent une certaine hétérogénéité de l'évolution de
la population des communes sud.
Figure n°117 : Evolution de la population totale des communes sud de la wilaya de Laghouat et de la commune de Brézina (W. El Bayadh) de 1977 à 1987.
population 77
population 87
0
10000
20000
30000
40000
50000
60000
70000
80000
Laghouat Ain Madhi Tadjemout Kheneg El Haouita Tadjerouna Brezina
42800
71611
2700 3942 41006177
18003521
600 995 28003686
1040011572
Source : ONS 1991
Toutes les communes sud de ces deux wilayas ont connu d'assez forts taux de croissance
de 1977 à 1987 à l'exception de Brézina et dans une certaine mesure Tadjerouna. Les forts taux
d'accroissements observés pour la wilaya d'El Bayadh pour cette période concernaient donc les
seules communes nord. Ces faibles croissances contrastent avec celles des communes de
Laghouat et surtout de Kheneg. Il faut noter le fort taux de la commune d'El Haouita également,
qui peut être un élément d'explication des dégradations marquées observées dans cette
commune dans le chapitre précédent.
238
Tableau n°12 : Taux d'accroissement de la population des communes sud des wilayas de Laghouat et El Bayadh de 1977 à 1987.
Wilaya Commune Taux d'accroissement 1977-87 Laghouat Laghouat 4,02 Laghouat Aïn Madhi 3,15 Laghouat Tadjemout 3,36 Laghouat Kheneg 4,88 Laghouat El Haouita 3,97 Laghouat Tadjerouna 2,4 El Bayadh Brézina 1,01
Les densités de population définies par ce nombre d'habitants restent relativement faibles,
elles étaient de 8 habitants au km2 en 1987 dans la wilaya de Laghouat, mais avec un fort
déséquilibre entre les communes nord et sud, ces dernières étant moins peuplées.
Ces densités de population à l'hectare atteignent seulement 0,7 habitant au km2 pour l'unité
d'aménagement de Brezina (qui correspond à un espace sensiblement égal à celui de la
commune de Brézina) en 1987.
Ce n'est pas cette croissance démographique en tant que telle qui nous intéresse, mais
plutôt la tendance à la concentration dans, ou à proximité des agglomérations urbaines, en
liaison avec des processus de sédentarisation de la population nomade.
1.3.1.2. Une modification de la répartition spatiale de la population.
1.3.1.2.1. Sédentarisation des nomades.
La population nomade représentait les deux tiers du peuplement de l'Algérie avant la
colonisation. Dans le premier tiers du 19e siècle, les sédentaires n'étaient que de simples
groupes spécialisés dans quelques villes faisant fonction de lieux de transactions et échanges
entre les produits telliens et sahariens.
Au milieu du XX ème siècle (1957), les populations nomades étaient encore largement
dominantes. Sur la commune d'Aflou (commune atlasique de la wilaya de Laghouat et
englobant Tadjerouna) on comptait 27 800 pasteurs nomades contre 2120 habitants sédentaires.
Les proportions étaient encore plus exagérées sur le piémont, notamment chez les O. Yagoub
Zerara, très dispersés sur le piémont, qui comptaient 379 tentes de 1859 à 1864, et très peu de
sédentaires.
Mais depuis la colonisation cette population nomade n'a cessé de se réduire de manière absolue
et relative au profit de la population sédentaire par sédentarisation progressive.
La modification de ce rapport de population, est totalement artificiel, liée à une volonté de
l'Etat, colonial puis indépendant.
La population nomade de toute la wilaya de Laghouat (incluant les communes atlasiques)
qui était encore de 48 442 en 1977, était tombée à 19 485 en 1987.
239
De 1977 à 1987, en dehors des communes de Laghouat, Tadjemout et El Haouita où
aucun nomade n'a été recensé — certainement en raison de l'exiguïté des deux premières
communes, les deux plus petites du sud de la wilaya de Laghouat —, et la commune de Aïn
Madhi où le nombre total de nomades a légèrement augmenté (+ 182 entre les deux dates), on
note des diminutions assez fortes du nombre de nomades. Dans les communes de Kheneg et
Brezina, un tiers des nomades a disparu entre 1977 et 1987. A Tadjerouna, on note une
réduction moindre de la population nomade, de l'ordre de un dixième.
Figure n°118 : Evolution de la population nomade des communes sud de la wilaya de Laghouat et de la commune de Brézina (W. El Bayadh) de 1977 à 1987.
0
1000
2000
3000
4000
5000
6000
7000
8000
Ain Madhi Kheneg Tadjerouna Brezina
nomades 77
nomades 87
Source : ONS 1991
Cette diminution du nombre de nomades à l'échelle du piémont traduit des
sédentarisations parfois massives.
La diminution de la part relative des nomades est encore plus significative de ces
processus de sédentarisation car représentative de la forte augmentation de population
agglomérée.
Il est intéressant de noter que c'est dans la commune de Aïn Madhi que la variation entre
les deux dates est la moins forte. La part de nomades a diminué seulement de 5,2 points entre
1977 et 1987, attestant d'une évolution plus ou moins maîtrisée. Les structures définies par la
zaouïa sont suffisamment fortes pour assurer une certaine stabilité. Par contre, cette réduction
atteint 48,5 points dans la commune de Kheneg car cette agglomération n'existait pas en 1977.
Elle a été moins forte dans les communes de Tadjerouna avec une baisse de 21 points et de
Brézina avec 27,3 points.
240
Figure n°119 : Evolution de la part relative de la population nomade des communes sud de la wilaya de Laghouat et de la commune de Brézina (W. El Bayadh) de 1977 à 1987.
% nomades 77
% nomades 87
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
100
Ain Madhi Kheneg Tadjerouna Brezina
40,7%
35,5%
72,2%
23,66%
67,8%
46,7%
67,8%
40,5%
Source : ONS 1991
De manière générale, en 1987, cette population nomade était partout inférieure à 50% de la
population totale, alors qu'elle dépassait les 60% en 1977 (sauf Aïn Madhi). Cette chute des
effectifs nomades a débuté bien avant 1977. En 1966 notamment, dans la commune de Brézina,
les nomades représentaient encore 75 % du total de la population (par ménages).
Dans la commune de Laghouat, la part de population nomade par rapport à la population
totale déjà négligeable en 1966 (5% de nomades stricts par ménages) était évaluée à 0,04 % de
la population totale (mais chiffre douteux) en 1987.
Ces statistiques de population restent relatives, car souvent cette population nomade est
originaire de communes extérieures à notre zone d'étude (notamment communes d'Aflou,
Larbaa et Gueltet Sidi Saïd, communes atlasiques ou du piémont nord de l'Atlas). Elles n'est, par
définition, que de passage sur ce piémont.
Paradoxalement, J. Bisson (1986) indique que dans la région d'El Abiodh Sidi Cheikh, à
l'ouest de Brézina, le nombre d'éleveurs nomadisant entre les monts des Ksours et le Grand Erg
Occidental n'a pratiquement pas varié depuis les années 55-62.
La sédentarisation est un processus qui ne devrait pas, à priori, avoir de répercussion
négative sur le milieu, car le nomade sédentarisé abandonne son activité pastorale pour une
autre, salariée. A priori, il y a donc décharge des terrains de parcours. Mais en réalité, cette
sédentarisation procède selon différentes modalités qui entraînent une modification importante
de l'occupation et de la gestion du milieu et les dégradations très localisées observées.
241
1.3.1.2.2. Une sédentarisation dans les agglomérations plus ou moins
importantes existantes.
Ce type de sédentarisation a déterminé une croissance urbaine très importante. Toutes les
communes sud de la wilaya de Laghouat, ainsi que la commune de Brezina, ont connu un très
fort accroissement de leur population agglomérée de 1977 à 1987. Elle a plus que doublé pour la
plupart des communes entre ces deux dates, notamment pour celles de Brezina, El Haouita et
Tadjemout. La population agglomérée correspond à celle des agglomérations de chef lieux (type
Laghouat) et des agglomérations secondaires.
Figure n°120 : Evolution de la population agglomérée des communes sud de la wilaya de Laghouat, et de la commune de Brézina (W. El Bayadh) de 1977 à 1987.
Source : ONS 1991
C'est bien évidemment la commune de Laghouat qui concentre le plus grand nombre
d'agglomérés, dans la ville de Laghouat. Alors que la population de cette l'agglomération avait
connu une diminution de 1948 à 1954 (11 336 habitants en 1948 contre 11 277 en 1954), elle
n'a cessé de croître depuis. Elle atteignait 26 451 habitants en 1966, 42 186 habitants en 1977, et
67 214 en 1987.
Il faut noter, à l'inverse, que c'est dans la commune d'El Haouita que les agglomérés sont les
moins nombreux.
Cette population agglomérée a connu dans toutes les communes de forts taux d'accroissement
de 1977 à 1987, mais particulièrement dans celles d'El Haouita, de Brézina et Tadjemout.
242
Tableau n°13 : Taux d'accroissement annuel de la population agglomérée des communes sud de la wilaya de Laghouat et de la commune de Brézina (W. El Bayadh) de 1977 à 1987.
Communes Taux d'accroissement annuel 1977-87
Laghouat 3,9%
Ain Madhi 3,9%
Tadjemout 5,2%
Kheneg 10%
El Haouita 5,5%
Tadjerouna 3,45%
Brezina 5,35%
Source : ONS 1991
A Aïn Madhi, le taux de 3,9% d'accroissement souligne certainement encore la relative
maîtrise de l'évolution de la commune, sous l'impulsion de la zaouïa.
La commune de Kheneg ne comptait pas d'agglomérés en 1977, car sa seule agglomération, El
Kheneg, a été crée après cette date. Les sédentarisations ont été par la suite très importantes,
pour atteindre en 10 ans un total de population agglomérée important, correspondant en 1987 à
52,85% de la population totale de la commune.
Figure n°121 : Evolution de la part relative de la population agglomérée des communes sud de la wilaya de Laghouat et de la commune de Brézina (W. El Bayadh) de 1977 à 1987.
Source : ONS 1991
Cette population agglomérée a pris une place relative de plus en plus importante dans la
population totale de toutes les communes sud de la wilaya de Laghouat et celle de Brézina, à
part dans la commune de Laghouat où sa part a très légèrement diminué. Pour cette commune,
243
un certain tassement doit commencer à se faire sentir. Elle ne doit plus être aussi attractive en
1987 qu'en 1977.
Pour l'agglomération de Brézina même, l'évolution de 1966 à 1987 montre un premier
recul de la population de -0,8 % de 1966 à 1977, puis une très forte croissance de +6,78 %
jusqu'en 1987.
Il faut donc retenir de cet inventaire que les communes où nous avons observé de fortes
dégradations du couvert végétal (El Haouita et Kheneg) correspondent à celles où le nombre et
les taux de sédentaires étaient les plus faibles en 1977, mais qui ont connu de très fortes
sédentarisations par la suite jusqu'en 1987. Il faut se rappeler que les zones dégradées se
localisaient autour des agglomérations.
1.3.1.2.2.1. Une sédentarisation favorisée par l'attrait des salaires
des secteurs tertiaires et du bâtiment et de meilleures
conditions de vie.
En plus du processus de dislocation du système nomade, c'est l'attrait des salaires
relativement importants offerts par les activités purement urbaines de l'industrie (activité gazière
de Hassi R'mel au sud de Laghouat développée à partir de 1976), des services (promotion de
Laghouat au rang de wilaya en 1974) et du bâtiment et des travaux publics induits, qui
expliquent l'attractivité des agglomérations, et surtout de la ville de Laghouat.
La dégradation des conditions de vie nomade a marqué la nécessité de recourir au salariat pour
tous ceux qui, en voie de paupérisation, ne parvenaient pas à vivre de leur troupeau.
Par la suite, la création de nouveaux besoins de consommation fournis exclusivement par
la ville a accéléré le processus de sédentarisation et de dépendance vis à vis de la ville, avec
notamment la scolarisation des enfants et l'attrait des nouveaux biens de consommation, la
protection sanitaire, l'électricité, …..
Cette attractivité agit à une échelle bien plus importante que la seule région proche. Les
migrations sont plus lointaines : ksouriens des oasis, éleveurs de la steppe ou du Tell, ….
On note ainsi un gonflement des activités tertiaires et du bâtiment, au détriment de
l'agriculture. Cela apparaît nettement dans la répartition de la population par secteur d'activité
dans les communes sud de la wilaya de Laghouat.
En 1977, le secteur agricole (agriculture et élevage) de l'ensemble de la wilaya de
Laghouat était encore dominant par rapport à l'industrie et au bâtiment et travaux publics,
avec 38,2% des occupés contre 27,1% dans l'industrie et 32% dans les bâtiments et
travaux publics. Le secteur tertiaire ne couvrait que 2,7% des occupés (recensement
1977).
Entre 1977 et 1987, une inversion s'est produite; la population occupée des 6
communes sud de la wilaya de Laghouat travaillait essentiellement en 1987 dans les
244
services avec 52,3 % contre 19,3 % dans les bâtiments et travaux publics, 11,5 % dans
l'industrie et 16,9 % dans l'agriculture (ANAT 1989).
Il y a donc une certaine corrélation entre la progression des activités tertiaires et du
bâtiment avec les sédentarisations. Les populations travaillant dans le secteur agricole l'ont
abandonné pour les salaires beaucoup plus intéressants des secteurs tertiaires, du bâtiment et
travaux publics et de l'industrie.
De manière générale, les communes qui présentaient les plus forts taux d'accroissement de la
population agglomérée correspondent en 1987 à celles où l'activité s'effectue aux deux tiers dans
le tertiaire et le secondaire (Tadjemout, Kheneg et El Haouita) à l'exception de Brézina.
Le détail par commune indique l'hétérogénéité de cette répartition par secteurs d'activité à
l'échelle du piémont sud, et notamment un déséquilibre par rapport à la commune de Laghouat
(figure n°).
En 1987, l'activité dans la commune de Laghouat était dominée par le tertiaire. La part
relativement peu importante du BTP est liée à un certain tassement de ces activités qui avaient
connu un "boom" essentiellement dans les années 70, en contrecoup du développement de Hassi
R'mel (construction de logement pour les travailleurs) et du nouveau statut wilayal (construction
d'administrations, logements, lycées et hôpitaux induits).
Par ailleurs, c'est la commune qui concentre le plus grand volume d'activités. Elle
regroupe, à l'échelle des 6 communes sud de la wilaya et celle de Brézina, 73,5% de la
population employée. Cette commune monopolise en plus la plupart des activités non agricoles,
avec 74,7% des activités du BTP, 85% de celles de l'industrie et 86,4% des activités du tertiaire.
Les autres communes ne disposent pas de toutes les infrastructures du type de celles de
Laghouat, créatrices d'emplois tertiaires et secondaires, mais elles ne sont pas toutes dominées
par les activités agricoles.
Le secteur agricole reste important encore, parfois dominant, dans les communes de
Aïn Madhi (40%), Brézina (64,5%) et Tadjerouna (70,6 %), en raison de l'existence
notamment de vastes zones irriguées dans cette dernière.
Brézina, chef lieu de daïra, reste une petite ville très enclavée. Avec peu
d'administrations et pas d'industrie, elle est très peu attractive, ne proposant pas d'activités
purement urbaines, bâtiment et travaux public, industrie ou services.
C'est encore les secteurs agricoles et d'élevage qui composent la majeure partie de
l'activité en 1987, comme en 1977 et auparavant.
La situation est sensiblement la même pour les autres communes de la wilaya de
Laghouat.
Il est intéressant de noter la répartition relativement équilibrée des secteurs d'activité
de la commune de Aïn Madhi. Cela semble dénoter, là encore, d'une certaine maîtrise du
développement économique de cette commune.
Figure n°122 : Répartition de la part relative de la population par secteur pour les communes
sud de la wilaya de Laghouat et la commune de Brézina (W. El Bayadh) en 1987.
245
Agriculture
BTP
Industrie
Tertiaire
Ain Madhi
El Haouita
Tadjemout
El Kheneg
Laghouat
Tadjerouna
Brezina
Source : ANAT 1989 Par contre, la population de la commune d'El Haouita est majoritairement employée
dans le secteur des services malgré la taille réduite de son agglomération principale, il ne
s'agit que d'un village. Peut être y existe-t-il une antenne vétérinaire et de distribution de
fourrage ? Quoi qu'il en soit, cela ne représente pas un volume important d'activité.
El Kheneg présente la particularité cette année là d'avoir une population
majoritairement employée dans les bâtiments et travaux publics, essentiellement car il
s'agit d'une agglomération crée entre 1977 et 1987. Il faut certainement y ajouter la
246
proximité de Laghouat (à environ 10 km) qui permet des déplacements quotidiens vers les
chantiers de la ville, et peut être des chantiers liés au gazoduc. Il est d'ailleurs à noter que
la part des actifs dans le secteur agricole augmente avec la distance par rapport à
Laghouat, chef lieu de wilaya.
1.3.1.2.3. Une sédentarisation en dehors des agglomérations :
accroissement de la population éparse
On observe, à coté des processus de sédentarisation définitive dans les centres urbains, des
phénomènes de "semi sédentarisation" en dehors des villes et villages. Cette "semi
sédentarisation" correspond à la fixation des nomades dans un même site toute l'année. Elle se
présente sous deux modalités principales : la fixation de la tente (ou camp de tentes) ou la
construction d'un logement en dur plus ou moins proche des agglomérations.
Ces processus procèdent des mêmes ressorts que la sédentarisation dans les agglomérations, ils
sont déterminés par l'impossibilité pour le nomade de subvenir à ses besoins par les seules
activités d'élevage "traditionnelles", et la recherche de revenus complémentaires.
Lorsque la fixation a lieu à proximité des points d'eau, elle relève souvent de
tentatives de mise en culture de bordures d'oueds pour des essais de reconversion partielle
en agriculture irriguée précaire.
La semi sédentarisation à proximité des agglomérations, procède d'un souci de se
rapprocher des centres urbains où on trouve des revenus complémentaires salariés,
occasionnels ou non, mais également des possibilités de vendre le bétail à meilleur prix
lorsque le nomade ne dispose pas de moyen de transport, et une alimentation de
complément pour le bétail en période de pâturages trop maigres. La proximité d'un centre
important permet également de louer facilement des camions pour transporter rapidement
les troupeaux sur les pâturages occasionnels.
Dans les deux type de site, la semi sédentarisation peut avoir pour but la mise en
culture de terres obtenues dans le cadre de l'APFA.
Cette population de semi sédentaires est comptabilisée comme population de "zone
éparse", correspondant à "l'ensemble de l'extension des périmètres d'agglomérations dans lequel
on trouve des constructions dispersées et des lieux dits dont le nombre de constructions est
inférieur à 100". ONS 1988.
Cette catégorie de population est souvent confondue avec la population nomade dans les
statistiques. Il est pourtant impératif de les distinguer, car les semi-nomades ont un impact
autrement plus négatif sur le milieu que les nomades dont la mobilité est "adaptée" aux
caractéristiques de ce milieu.
Ces processus se sont fortement développés sur ce piémont entre 1977 et 1987. Il y a une
nette croissance de cette catégorie de population entre les deux dates dans toutes les communes
exceptée celle de Tadjemout.
247
Figure n°123 : Evolution de la population éparse des communes sud de la wilaya de Laghouat et
de la commune de Brézina (W. El Bayadh) de 1977 à 1987.
0
500
1000
1500
2000
2500
Laghouat Ain Madhi Tadjemout Tadjerouna El Haouita El Kheneg
population éparse 77
population éparse 87
614
2148
55120
1741
1304
63
687
284 292
500
827
Source : ONS 1991
A l'échelle de la wilaya d'El Bayadh la population éparse a plus que doublé de 1977 à
1987, suivant un très fort taux de croissance annuelle moyen de 9,03%.
A l'échelle des communes du piémont sud, la croissance de cette population est très
variée.
Tableau n°14 : Taux d'accroissement de la population éparse des communes sud de la wilaya de
Laghouat et la commune de Brézina entre 1977 et 1987. Commune Taux d'accroissement de la population
éparse 77-87 Laghouat 7,1
Ain Madhi 5,4
Tadjemout -3,35
Kheneg 3,95
El Haouita 0,3
Tadjerouna 9,08
Brezina 3,6
Source : ONS 1991
Les taux d'accroissement négatifs pour la commune de Tadjemout, où nous avions par contre
observé un très fort taux de sédentarisation, doivent correspondre à la sédentarisation définitive
des nomades après un stade de semi sédentarisation. Le phénomène est le même pour la
commune d'El Haouita qui présente de très faibles taux de semi-sédentarisation mais des taux
de sédentarisation très élevés.
248
La commune de Kheneg avec des taux d'accroissement de 3,95, connaît également, dans la
même période, une forte progression du nombre de sédentaires.
Ces faibles taux d'accroissement dans ces trois communes ont défini une diminution
relative de la part des épars par rapport à la population totale.
Figure n°124 : Evolution de la part relative de la population éparse des communes sud de la wilaya de Laghouat et de la commune de Brézina (W. El Bayadh) de 1977 à 1987.
0
5
10
15
20
25
30
35
40
45
50
Laghouat Ain Madhi Tadjemout Kheneg El Haouita Tadjerouna Brezina
% epars 77
% epars 87
1,4%2,9% 2%
3%
42,5%
21%
27,8%
23,5%
47,3%
29,3%
2,25%
18,6%
5,2%7,4%
Source : ONS 1991
Les forts taux d'épars en 1977, dans les communes d'El Haouita et Kheneg notamment,
sont en fait relativement "ponctuels" dans le temps, directement liés à la sécheresse. Durant ces
années difficiles, les nomades ont eu tendance à se regrouper à proximité des points d'eau et
centres de distribution de fourrage d'appoint, déterminant une croissance de la population éparse
en 1977.
Dans les communes d'El Haouita et Kheneg, cette semi-sédentarisation s'est effectuée à
proximité des points d'eau et agglomérations permettant de cultiver du fourrage en irrigué et
d'abreuver les troupeaux, quotidiennement en période de sécheresse.
En 1987, après le retour à des conditions plus humides, on observe la diminution de la
part relative des épars par rapport à la population totale de ces deux communes. Mais en réalité,
elle indique d'importants phénomènes de sédentarisation décrits précédemment. Une partie des
nomades, initialement temporairement fixés, ne sont pas repartis pour des raisons diverses citées
précédemment et se sont fixés dans les agglomérations mêmes.
Mais, de manière générale, les processus de semi-sédentarisation, en période de sécheresse
ou non, correspondent souvent à un premier stade avant la sédentarisation définitive.
Ceci étant, la part d'épars reste très forte dans ces deux communes en 1987, indiquant
qu'une partie d'entre eux sont également restés en stationnement à la périphérie des
249
agglomérations. Ces processus peuvent ne pas impliquer l'installation définitive, mais une
stagnation en zone proche des agglomérations.
De manière générale, aujourd'hui, l'éleveur ou le berger dispose d'un lieu fixe en dur et il ne
déplace son troupeau qu'une partie de l'année autour de ce point fixe. Ces campements stables
sont également alimentés en eau par des camions citernes qui sillonnent le piémont.
Il n'est pas rare que les semi-nomades disposent d'un moyen de transport, souvent un tracteur
"distribué" par l'Etat durant la période faste des années de rente pétrolière, permettant de joindre
la ville pour leurs besoins et apporter des aliments de complément au bétail (orge, son, mélanges
de céréales) même en l'absence de pâturages.
La différence avec le sédentaire, c'est que le "semi-sédentaire" conserve un troupeau
relativement conséquent, l'élevage restant sa principale source de revenu.
Encore une fois, la comparaison avec Aïn Madhi où on n'avait pas observé de processus
de dégradation notable, est très instructive, cette commune étant caractérisée par de très faibles
taux de population éparse.
Par contre, les très faibles taux de cette catégorie de population dans les communes de
Brézina et Laghouat (respectivement 7,4% et 2,9% en 1987) ne doivent pas être interprétés de la
même manière, car en volume réel, cette population est très importante, et en forte augmentation
notamment à Laghouat.
On peut donc, à priori, établir un lien direct, étroit, entre les processus de dégradation de
la végétation et l'importance de la population éparse, et ceci malgré parfois le relativement
faible volume total de cette population éparse (inférieure à 300 en 1977 et 1987 dans la
commune d'El Haouita). Le taux de semi-sédentaire serait un bon indicateur de détermination de
zones à risque.
On peut selon ce schéma penser que la commune de Tadjemout, sur laquelle nous n'avons pas
travaillé à partir d'images satellites, a dû connaître les mêmes phénomènes de dégradation du
milieu dans les années 70.
La disparition des auréoles de dégradation en 1986 semble indiquer que, à la différence
des semi-sédentaires, les sédentaires n'ont pas un impact négatif marqué sur le milieu. En
réalité, nous verrons qu'il n'en est rien, mais que le lien est moins direct.
La disparition des nomades et le développement des activités tertiaires et secondaires dans
les agglomérations, n'ont pas fait disparaître pour autant l'activité pastorale.
1.3.2. Une activité pastorale toujours prépondérante sur le piémont.
250
Si on exclu la commune de Laghouat, très particulière comme on l'a vu, l'agriculture, qui a
diminué dans les activités depuis 1977, reste la principale vocation et activité dans les
communes sud de la wilaya de Laghouat et la daïra de Brezina en 1987 (tableau n°15).
Tableau n°15 : Part de la population dans le secteur agricole des communes sud de la wilaya de
Laghouat et la commune de Brézina (1987). Agriculture % Laghouat 865 5,5 Aïn Madhi 307 39,9 Tadjemout 275 24,5 Tadjerouna 555 70,6 El Haouita 43 25,15 El Kheneg 194 28,3 Brézina 1348 64,5
ANAT 1989
C'est plus particulièrement l'élevage qui domine cette activité agricole.
Durant l'année 1976-77, le produit agricole brut des wilayas de Laghouat et Saïda (à
laquelle appartenait la commune d'El Bayadh et l'agglomération de Brezina) était réalisé à
10-20% par la céréaliculture, 5-10% par l'arboriculture, et 70% par l'élevage.
En 1987, nous avons vu que l'activité agricole constituait 64,5% des emplois dans la
commune de Brézina, dont 55,9% dans l'élevage et seulement 8,5% dans l'agriculture
sédentaire.
Cette domination de l'activité d'élevage est directement liée aux contraintes du milieu qui
n'offrent guère de possibilités de développement pour l'agriculture, en raison de l'exiguïté des
espaces à sols cultivables et de l'insuffisance des précipitations.
La majeure partie des terres du piémont est ainsi destinée au pâturage ou est improductive.
En 1977, les pacages et parcours représentaient 76% de la superficie totale de la
wilaya de Laghouat, concentrés dans les daïrates d'Aflou et Ksar El Hirane pour le nord
(hors zone d'étude) et de Aïn Madhi pour le sud.
En 1987, les parcours couvraient 87% de la superficie totale de la wilaya de
Laghouat (3 063 700 ha) et 70,9% de celle de la wilaya d'El Bayadh (4 707 672 ha).
La variation des surfaces de parcours correspond plutôt à la modification des limites de
wilaya entre les deux dates qu'à une réelle croissance des terres de parcours. Mais ces
valeurs donnent un ordre d'idée sur l'importance des terres dévolues aux parcours.
Ces parcours recouvrent différents type de paysages, plus ou moins riches. Dans le détail, ils
peuvent correspondre à des espaces mixtes.
251
Tableau n°16 : Superficie des parcours des communes de la wilaya de Laghouat 1988 Communes Parcours Matorral +
parcours Agriculture + parcours
Parcours + agriculture
Parcours + improductif
Improductif + parcours
Total parcours
Laghouat 23 150 0 0 12 290 7 000 2 000 44 440 Tadjerouna 96 925 1 960 4 830 150 16 285 0 120 150 El Haouita 83 961 0 0 0 0 1 900 85 861 El Kheneg 153 700 0 0 4 220 2 320 2 480 162 720 Ain Madhi 367 960 0 1 200 6 450 700 5 730 382 040 Tadjemout 89 380 75 2 150 9 855 9 000 8 210 118 670
Source : BNEDER
Dans la commune de Brézina, les parcours couvraient 73% (1 093 460 ha) de la superficie totale
en 1987.
Cette activité pastorale est encore dominée par l'élevage ovin.
En 1987, le cheptel ovin représentait 92,09% du troupeau dans la wilaya d'El Bayadh et 82,67%
dans celle de Laghouat. Les caprins représentaient respectivement seulement 6,47% et 15,65%
du cheptel total.
Figure n°125 : L'élevage dans les wilayas de Laghouat et d'El Bayadh en 1987
0
100 000
200 000
300 000
400 000
500 000
600 000
700 000
800 000
560547
792000
39406
150000
8125 13924622 2100
têtes ovins
têtes caprins
têtes bovins
camelins
W. El Bayadh W. Laghouat
Source : Wilayate en développement 1989
A l'échelle des communes sud de ces deux wilayas, les proportions d'ovins dans le
troupeau en 1991 sont sensiblement les mêmes, de 73,5% à 95,8% du troupeau, à l'exception de
la commune de Brézina où les ovins ne représentent que 28,6% du troupeau. Dans cette
commune ce sont les caprins qui dominent, représentant 69,2% du cheptel.
252
Figure n°126 : Pourcentage de têtes de bétail par espèces pour les communes sud de la wilaya de Laghouat et la commune de Brézina en 1991 (les % inférieurs à 1 ne sont pas représentés).
1%
Tadjerouna
78%
21%
Kheneg
89%
11%
Tadjemout
97%
3%
Ain Madhi
90%
10%
Laghouat
74%
4%
22%
El Haouita
76%
24%
Brezina
29%
2%69%
Ovins
Bovins
Caprins
Camelins
Source : ONS 1991
Les fortes proportions de caprins sont en général caractéristiques d'une dégradation avancée du
milieu, les éleveurs ne choisissant les caprins que lorsque le milieu ne permet plus l'élevage
d'ovins, plus rentables. Les caprins, moins exigeants, s'adaptent mieux à des conditions plus
difficiles. Mais dans la commune de Brézina, il est fort probable que ce rapport dénonce
également la sous déclaration d'ovins par les éleveurs.
La proportion de 23,55% de caprins dans la commune d'El Haouita et, dans une certaine
mesure, celles des communes de Laghouat et Tadjerouna seraient donc significatives d'une
dégradation marquée. Ce critère reste très aléatoire. S'il fonctionne bien pour les communes de
Laghouat et d'El Haouita, il est peu représentatif pour celles de Tadjerouna ou d'El Kheneg.
253
1.3.3. De nouvelles pratiques pastorales définies par la spéculation et qui entraînent
une augmentation de la contrainte sur le milieu.
Malgré les sédentarisations et semi-sédentarisations et le développement de l'activité
salariée complétée par une petite activité agricole, l'élevage reste donc l'activité principale de ce
piémont, mais pratiqué selon des modalités radicalement modifiées.
S'il y a eu effectivement diminution du nombre de nomades, la charge pastorale sur le milieu
n'a, par contre, pas diminué.
Le mouton est devenu un bien de spéculation de très grande valeur (prix moyen du mouton sur
pied de 4000 à 7000 DA, et 300 DA le kg à Alger) avec l'augmentation de la consommation de
viande, à l'échelle du pays, par une population urbaine croissante. Le bétail étant devenu une
valeur sûre de rentabilité et sa valeur monétaire très importante, on a assisté au renforcement du
cheptel notamment par des propriétaires sédentaires sans passé pastoral.
1.3.3.1. L'élevage, une activité spéculative organisée par des professionnels.
Progressivement, avec la modification du statut de la propriété de la terre et l'endettement
des petits éleveurs, il y a eu appropriation des richesses, concentration des moyens de
production (cheptel et terre) aux mains de quelques gros maquignons et éleveurs sédentaires. Le
maquignonnage s'est développé énormément et surtout depuis l'indépendance.
Ainsi, le cheptel ovin est aujourd'hui possédé essentiellement par des non éleveurs sédentaires
employant les ex-nomades, couche sociale la plus déshéritée, comme bergers.
L'élevage, quasiment totalement privé sur ce piémont, s'organise aujourd'hui selon différentes
modalités :
– une minorité de gros propriétaires et maquignons, citadins pour la plupart, détenant le
cheptel le plus important, qu'ils confient à des bergers qui continuent à sillonner plus ou moins
le piémont et effectuent des transhumances en camions.
En 1987, à l'échelle de la wilaya d'El Bayadh, 2,3% des éleveurs possédaient des
troupeaux supérieurs à 1000 têtes d'ovins, 53,7% des troupeaux de 0 à 100 ovins, 33,55%
des troupeaux de 100 à 300 ovins, et 10,4% des troupeaux de 300 à 1000 ovins.
254
Figure n°127 : Part des éleveurs par taille de leur troupeau en 1987 dans la wilaya d'El Bayadh
300 - 1000 ovins10%
100 - 300 ovins
34%
0 - 100 ovins
54%
> 1000 ovins
2%
Ces gros propriétaires contrôlent également les circuits de commercialisation des produits de
l'élevage (et de l'agriculture).
– une majorité de petits éleveurs pauvres récemment sédentarisés car ne pouvant subvenir
à leurs besoins avec leur troupeau. Ils ont conservé quelques bêtes qu'ils font paître à la
périphérie des centres urbains, entraînant une dégradation en auréole déjà très avancée du tapis
végétal , notamment autour de Laghouat.
Ces bergers, anciens nomades, travaillant pour le compte de ces gros éleveurs-agriculteurs
sédentarisés, conduisent désormais les troupeaux selon les modalités fixées par la spéculation,
au détriment parfois du milieu. Ils sont payés en partie en nature, récupérant la production de
beurre, une partie des toisons et agneaux en plus du salaire peu important par tête de bétail.
On voit nettement le passage progressif de la propriété des troupeaux, des nomades aux
sédentaires, de 1966 à 1987 dans la commune de Brézina :
En 1966, sur 280 propriétaires, 160 étaient nomades et ils détenaient 22 810 têtes de
bétail contre 3 600 aux sédentaires, soit 86,3% du troupeau total. (Source MARA 1969)
En 1987, les propriétaires nomades de troupeaux étaient devenus largement
minoritaires par rapport aux sédentaires. Sur 789 éleveurs de troupeaux de 0 à 100 ovins,
709 étaient sédentaires et 80 nomades. Les troupeaux plus importants étaient
exclusivement détenus par des nomades, mais ils restent inférieurs en nombre aux
sédentaires (200 nomades propriétaires de troupeaux de 100 à 300 ovins, et 180 de
troupeaux de 300 à 1000 ovins).
Le secteur d'Etat reste très marginal pour l'élevage. En 1987, seules 1580 têtes d'ovins et
147 têtes de caprins (respectivement 0,2 % et 0,0093 % du cheptel total) étaient détenues par le
secteur public d'Etat ("socialiste") dans la wilaya de Laghouat.
A Brezina, de même, agriculture et élevage sont exclusivement privés.
Cette professionnalisation a défini la modification de certaines pratiques d'élevage. On est
passé d'un système d'élevage extensif, nomade, à un mode semi-extensif, et on assiste de plus en
plus à son intensification.
255
En 1987, 25 % des ovins étaient conduits en intensif, soit 198 000 têtes dont 152 500
brebis dans la wilaya de Laghouat.
L'objectif pour 1987/88 était d'atteindre 792 800 ovins et 152 000 caprins (Source ANAT
1989).
1.3.3.2. Croissance des troupeaux.
Dans ce cadre de développement spéculatif de l'activité pastorale, les troupeaux, à forte
valeur monétaire, ont connu une forte croissance.
Sur le long terme, on assiste à un accroissement général du cheptel, même si le troupeau a
toujours été très fluctuant, du simple au double, en fonction des années difficiles, surtout
lorsque se succèdent sécheresses et froids intenses rendant les bêtes vulnérables aux agressions
extérieures (épidémies, malnutrition, contrainte climatique).
Le cheptel a donc toujours connu une croissance en dents de scie qui suivait à quelques mois
près les fluctuations climatiques.
La sécheresse de 1945-47 a ainsi entraîné des pertes de 75 à 80% du troupeau. Les
éleveurs ont par la suite mis dix ans à le reconstituer.
La sécheresse de 1970-1986 a encore marqué nettement les troupeaux malgré toutes
les mesures prises pour limiter la mortalité du cheptel.
On est passé de 1 183 230 têtes d'ovins dans la wilaya de Laghouat en 1977, période de
début d'exacerbation de la sécheresse, à 768 900 têtes en 1985-86, période de fin de la
sécheresse, soit une perte de 35% du cheptel.
Le troupeau commence à se reconstituer après le retour à des conditions climatiques plus
favorables, passant à 792 000 têtes en 1986-87, puis à 936 807 en 1988-89 et 958 012 en
1991 (ONS 1991).
Cette dernière année (1991), le troupeau total avait dépassé le million avec 1 094 446
têtes (tout bétail confondu).
Le troupeau total était de 3 147 909 têtes dans la wilaya d'El Bayadh la même année, dont
919 242 ovins.
256
Figure n°128 : Evolution du troupeau d'ovin de la wilaya de Laghouat de 1977 à 1988
1977 1985-86 1986-87 1988-89?0
200 000
600 000
1 000 000
400 000
800 000
1 200 000
Source : ANAT 1977, Bneder 1988, W. en dev. 1986-87.
La sécheresse a donc eu un impact sur les troupeaux, accroissant la mortalité du bétail,
mais on est loin des pertes de 80 % du cheptel de la sécheresse de 1945-46. L'alimentation de
complément et les soins vétérinaires notamment ont permis de limiter relativement les pertes.
Le détail de l'année 1986-87 sur la wilaya de Laghouat indique que, en équivalents ovins,
l'effectif total cette année là y était de 1 035 320, avec un effectif caprin en diminution par
rapport à 1985/86, où il était de 157 000 têtes, certainement pour cause d'abattage accru. Il s'agit
d'une réaction des populations à la sécheresse de 1970-86, les chèvres ayant une valeur ajoutée
plus faible que les ovins, elles sont les premières sacrifiées en périodes de difficulté.
Figure n°129 : Effectifs du cheptel de la wilaya de Laghouat par espèce en 1986-87
792 000
150 000
têtes ovins
têtes caprins
têtes bovins
têtes camelins
têtes equins
Source : ANAT 1989
En 1991, la wilaya de Laghouat comptait 1 094 446 de têtes de bétail, dont 13 673 bovins,
958 012 ovins, 120 237 caprins et 2 524 camelins.
257
Il est possible, à partir des données précédentes, de calculer la charge d'ovins par hectare.
Cette charge varie évidemment dans le temps avec les fluctuations du troupeau.
Elle correspond au nombre de têtes par hectare calculé par rapport à la superficie des parcours
totaux des communes dont le relevé est parfois approximatif. On observe des variations
importantes en fonction des organismes sources des données (ANAT ou BNEDER). Les
différences observées sont liées au mode de récolte des données sur des aires de taille
différentes : les communes pour l'ANAT, mais des "unités pastorales" aux limites différentes
pour le BNEDER. Le nombre de têtes de bétail peut également varier en raison de sous-
déclarations de la part des éleveurs.
La variation du nombre de têtes par hectare n'est donc pas très fiable. Par contre, les ordres de
grandeurs et les écarts entre communes sont significatifs, ils restent sensiblement les mêmes,
quelle que soit la source, permettant l'exploitation de ces données. Nous avons basé notre
analyse sur les données du BNEDER qui nous ont semblé, dans ce cas, les plus proches de la
réalité.
Tableau n°17 : Densité des équivalents ovin par hectare et par commune 1988 Commune nombre de tête /ha Tadjerouna 0,16 El Haouita 0,049 El Kheneg 0,73 Ain Madhi 0,017 Tadjemout 0,12 Laghouat 0,16
Source : BNEDER 1993
Cette même année 1988, la charge animale (en équivalent ovin par hectare) était de 0,42
dans la wilaya de Laghouat.
Il est intéressant de noter que la commune d'El Haouita, où les charges à l'hectare sont
parmi les plus faibles, correspond à celle où nous avons observé les processus de
dégradation les plus marqués. Par contre, c'est dans la commune de Kheneg, également
sujette à une forte dégradation de la végétation, que l'on observe les plus fortes pressions
animales.
En fait, ces valeurs sont peu représentatives des réelles pressions animales. Elles
n'indiquent pas si la répartition des troupeaux est homogène à l'échelle des communes.
Dans la commune de Aïn Madhi, les très faibles densités d'équivalents ovins par hectare
correspondent aux importantes superficies de parcours. Mais ce chiffre indique également
la relative bonne répartition du cheptel dans l'espace lorsqu'on le corrèle avec le faible
nombre de semi-sédentaires et la maîtrise des processus de sédentarisation.
A l'échelle de la commune de Brezina, le nombre de tête de bétail par hectare de parcours
était de 0,11 en 1988 (9 hectares par tête de bétail).
258
Cette charge animale doit être très inférieure dans la wilaya d'El Bayadh qui comptait 350 000
têtes de bétail de moins que la wilaya de Laghouat en 1987 (608 700 contre 958 024) pour une
superficie trois fois plus importante.
Il existe un optimum de cette charge animale sur le milieu. Lorsqu'il est dépassé, la
surcharge des parcours entraîne le surpâturage, car le nombre de têtes de bétail dépasse la
capacité supportée par ce milieu.
Il est difficile d'évaluer la valeur de cet optimum sans étude de terrain longue et approfondie et
de bonnes statistiques sur le cheptel.
De plus, cet optimum est variable: il est plus faible durant une sécheresse que pendant une
période plus humide, selon l'état de la végétation.
La détermination de ce potentiel de charge animale supportée par le milieu ne peut, dans ces
conditions, que se baser sur des valeurs moyennes de condition du milieu, perdant alors de sa
représentativité car la dégradation concerne des conditions extrêmes de ce milieu.
Ceci étant, on retient comme norme pour les régions steppiques, une charge de 2,5 à 5 hectares
par tête. Mais, dans les régions où le couvert végétal est peu développé, cela correspond à une
surcharge qui reste forte, d'autant plus que ces statistiques ne prennent pas en compte les
troupeaux transhumants des wilayas environnantes qui sont aussi nombreux, sinon plus, que
ceux des éleveurs locaux.
Selon l'ANAT, la charge maximale que peut supporter le milieu s'établirait plutôt autour de 11
têtes par hectare.
Traditionnellement, un équilibre naturel s'établissait entre cet optimum et la taille des
troupeaux. Lorsque le potentiel de charge diminuait lors des phases de sécheresses, la
surmortalité du bétail liée à ces conditions extrêmes, ramenait le rapport à un stade d'équilibre.
Economiquement et humainement, les nomades souffraient beaucoup de cette perte, mais le
milieu restait plus ou moins préservé en attente du retour de conditions plus humides.
Ces dernières décennies, essentiellement depuis la dernière sécheresse 1970-86, la facilité
d'accès à une alimentation de substitution pour le bétail et l'amélioration des soins vétérinaires
durant ces période de crise, a détruit ce processus de rééquilibrage, accentuant la dégradation et
remettant en cause la régénération de la végétation, notamment à proximité des centres urbains,
le premier soucis des éleveurs étant de maintenir le troupeau à un fort volume.
1.3.3.3. Immobilisation et cantonnement des troupeaux
L'accroissement du cheptel, les semi-sédentarisations et les sédentarisations dans un
système d'élevage de plus en plus intensif et spéculatif, ont déterminé la concentration des
troupeaux autour des agglomérations et puits aménagés de ce piémont.
Nous avons vu qu'il y avait une forte corrélation entre nombre de semi-sédentaires et
processus de dégradation du milieu. Ces derniers, anciens nomades devenus bergers pour la
plupart, disposent de quelques têtes de bétail encore, mais surtout, gardent les bêtes des
259
sédentaires, anciens nomades ou non. Devenus professionnels, entrepreneurs d'élevage ou
bergers, ils entretiennent des troupeaux de plus en plus grands (dépassant souvent les 200 têtes)
qui exercent une charge sur le milieu identique sinon plus lourde qu'auparavant, car plus
concentrée.
Ainsi, dans la commune de Brézina en 1987, les plus grands troupeaux de taille
supérieure à 100 ovins étaient détenus par des "nomades" (mais nous avons déjà indiqué
que les semi-sédentaires, ou "épars", étaient souvent comptabilisés comme "nomades"
dans les statistiques).
Figure n°130 : Répartition de la détention des troupeaux de différentes tailles entre sédentaires et nomades dans l'unité d'aménagement de Brézina (correspond sensiblement à la commune) en
1988.
0
100
200
300
400
500
600
700
800
Troupeaux 0-100 ovins Troupeaux 100-300 ovins Troupeaux 300-1000 ovins
Nomades
Sédentaires
Source : ANAT 1989
Deux cents éleveurs nomades détenaient des troupeaux de 100 à 300 ovins, et 180 des
troupeaux de 300 à 1000 ovins. Aucun troupeau supérieur à 1000 ovins n'a été observé
(mais peu sûr).
Cette notion de "détention" des bêtes n'implique pas la "possession". Il semblerait que ces
données chiffrées indiquent simplement qui élève le bétail et non pas qui le possède.
Quels que soient les propriétaires des bêtes, ce sont donc les semi-sédentaires qui les
élèvent la plupart du temps. C'est pourquoi le nombre de semi-sédentaires est fortement corrélé
avec les processus de dégradation du milieu.
Mais les sédentaires participent donc également, de manière indirecte, aux processus de
dégradation.
260
Ils disposent en général de petits troupeaux d'ovins qui constituent leur mode de
placement de leur capital. Beaucoup de citadins, anciens nomades notamment, ont investi
dans le mouton (et la chèvre pour le lait) qu'ils font pâturer au moins une partie de l'année
autour de la ville. Si le bétail n'est pas confié a un berger pasteur, il est envoyé tous les
jours sur les parcours.
Cela apparaît nettement dans la région de Brézina où ils sont propriétaires (pour eux,
détention coïncide logiquement à propriété) exclusivement de troupeaux de taille
inférieure à 100 ovins.
Sédentaires disposant de troupeaux et semi-sédentaires se cantonnant en périphérie plus
ou moins proche des agglomérations y concentrent donc la presque totalité des troupeaux de ce
piémont.
Cette situation n'est pas près de disparaître, car les semi-sédentaires, principaux éleveurs, sont
de plus en plus dépendants de ces agglomérations, contraints par les différents facteurs
économiques et sociaux, succinctement présentés dans les chapitres précédents. Ils ne se
déplacent plus que rarement et se cantonnent avec les troupeaux à proximité des agglomérations
et puits aménagés.
Le développement de la spéculation sur ce "produit bétail" a défini une forte
intensification de l'élevage qui a été réalisée avec l'introduction de nouveaux modes
d'exploitation et améliorations techniques lesquels ont facilité l'élevage dans la région,
mais qui ont accru la dépendance des éleveurs (nomades et semi-sédentaires) vis à vis des
agglomérations et déterminé ainsi une immobilisation et un cantonnement des troupeaux.
L'intensification a nécessité notamment l'introduction et le développement d'une
alimentation complémentaire. Or, c'est dans les agglomérations que les éleveurs se
procurent ces fourrages et concentrés agro-industriels de complément pour leurs
troupeaux. Par ailleurs, cette surconcentration rend insuffisants les pâturages steppiques
pour nourrir des troupeaux de plus en plus importants.
L'élevage se pratique toujours sur les pâturages "naturels", c'est à dire que la stabulation
n'existe pas, seul un apport de fourrage sur site est effectué. L'alimentation du bétail est
encore complétée par des fourrages ramassés de manière de plus en plus importante autour
des agglomérations (ainsi que des plantes domestiques).
Les nouveaux besoins de ces populations et la logique de marché les obligent également à
limiter leurs déplacements pour rester à proximité de ces centres. Il leur devient
notamment nécessaire plusieurs fois par an de vendre les produits du troupeaux dans les
souks.
C'est, de plus, souvent dans ces zones qu'ont été aménagés les points d'eau
permanents avec forages profonds et abreuvoir en dur où doivent se rendre
quotidiennement les troupeaux en période de sécheresse, et tous les deux ou trois jours en
périodes plus humides.
261
Les rentrées d'argent par l'élevage souvent insuffisantes pour assurer le paiement de
leurs besoins nouveaux (selon l'ANAT, avec moins de 300 bêtes, l'éleveur est en
difficulté), les éleveurs doivent souvent associer à cette activité pastorale une pratique
agricole de complément qui les oblige encore à la proximité de la ville ou du village où se
localisent en général les meilleures terres, les points d'eau et barrages de dérivation.
C'est encore à la périphérie de ces centres urbains que l'Etat à distribué à ces populations
des terres avec forage (dans le cadre APFA, …), notamment à Mekhareg à l'ouest de
Laghouat. Les nomades qui se sont semi-sédentarisés sur ces terres initialement destinées
au maraîchage, ont pu conserver 25 têtes d'ovins. N'ayant pas de tradition agricole, ils ont
fait de la luzerne pour compléter l'alimentation de leur troupeau et en revendre une partie,
très cher, sur le marché de Laghouat. Leurs troupeaux, immobilisés, pâturent les chaumes
et la steppe autour de ces zones de cultures, entraînant une dégradation concentrique très
marquée autour d'El Mekharreg et Laghouat.
La périphérie des espaces où sont regroupés ces troupeaux (urbains ou points d'eau) subit
donc un surpâturage accru et détermine la localisation précise des processus de dégradation
observés. Ceux-ci se développent concentriquement autour des points d'eau permanents,
agglomérations attractives et campements de tentes fixées ou en dur (même si cela n'a pas été
observé directement sur les images), autour desquels le troupeau n'est déplacé qu'une partie de
l'année.
Cette concentration des troupeaux est exacerbée durant les périodes de sécheresse.
Les troupeaux sont alors concentrés à proximité des points d'eau pour l'abreuvement. Le
développement de la végétation ayant été très fortement perturbé par le manque d'eau, les
disponibilités sont donc inférieures aux périodes "normales". Les troupeaux étant par contre
plus importants, des phénomènes de surpâturage se développent rapidement. Nous en avons
observés plusieurs exemples dans le chapitre précédent.
Logiquement, l'alimentation faisant défaut, une partie des troupeaux est décimée, délestant
un peu les pâturages. Mais cette mortalité est relativement minimisée pour les troupeaux
sédentaires qui bénéficient d'une alimentation complémentaire, notamment grain et fourrages à
prix modiques soutenus par l'Etat. Ils sont de plus également fortement favorisés car ils
bénéficient de l'eau urbaine. Ils entrent alors en concurrence forte avec les éleveurs pasteurs
nomades. Les troupeaux nomades sont en général deux fois plus atteints par les conditions
extrêmes que les troupeaux sédentaires. Cela accroît donc encore les surcharges en périphéries
urbaines.
La fin de la sécheresse n'a pas pour autant marqué la fin de ces surconcentrations. La
plupart des nomades provisoirement sédentarisés durant la phase sèche, ou/et ayant perdu leur
troupeau ou une partie, ne sont pas repartis. Après le retour à des conditions climatiques plus
favorables, la régénération des plantes a donc été contrecarrée par le pâturage des jeunes
pousses dès l'éclosion à proximité des centres. Les images n'ont pas permis de saisir ces
262
processus, en 1989, nous avons observé une disparition des auréoles dégradées, mais il s'agit là
d'une "amélioration" relative ne caractérisant pas forcément un retour à des couvertures
végétales identiques à celle de la période avant sécheresse.
Toutes les agglomérations ne constituent pas des pôles de forte concentration des anciens
nomades et de leurs troupeaux. Leur localisation ne semble pas aléatoire. Nous avons vu déjà
que l'agglomération de Aïn Madhi y échappait, apparemment en raison de la persistance de
structures "tribales" fortes dans le cadre de la zaouïa.
Ailleurs, il est intéressant de noter que les zones de dégradation les plus marquées, observées
durant la sécheresse 1970-86, correspondent à des espaces anciennement utilisés par les
nomades. La région d'El Haouita, Bir Mouilah et Kheneg correspond au couloir de
transhumance "traditionnel" des Saït Atba, et de manière plus générale des Larbaa (figure
n°114). La région, riche en puits et sources, était couverte de campements plus ou moins
permanents en 1958 (cf. figure n°131).
C'est également la région des dayas, traditionnellement appréciées par les nomades car leur
ensemencement permettait des récoltes épisodiques mais suffisantes pour rendre ces lieux
attractifs.
On a dénombré, à une distance inférieure à un jour de marche des deux points d'eau aménagés
d'El Haouita et Bir Mouilah, neuf campements plus ou moins importants. Aujourd'hui, ces
campements doivent être moins importants ou remplacés par des constructions en dur.
1.3.3.4. La motorisation du transport des bêtes.
Paradoxalement, l'immobilisation et la concentration des troupeaux la majeure partie de
l'année, se doublent du développement du transport des bêtes par camions, rendant accessible
aux troupeaux tous les espaces du piémont.
Si la 'achaba traditionnelle à été démantelée, les déplacements jusqu'au Tell étant toujours
impossibles même après l'indépendance, il existe toujours des déplacements nord-sud
relativement limités. A partir des agglomérations ou des campements à proximité de point d'eau
ou de zones de cultures, s'organise le déplacement saisonnier des bêtes vers les pâturages.
Mais il ne s'agit plus des transhumances longues traditionnelles. Les déplacements ont été
fortement réduits en distance et en temps par rapport au système traditionnel, et ils obéissent à
des considérations d'ordre économique. La migration des hommes est moins massive, mais reste
relativement importante pour ce qui est du bétail.
Ces déplacements des troupeaux, de plus ou moins grande amplitude, s'effectuent aujourd'hui en
camions.
Cette motorisation du transport de bêtes est un phénomène déjà ancien, apparu dès le milieu du
XX ème siècle, facilitant déplacement des troupeaux et des hommes dans la recherche de
pâturages.
264
Cette motorisation devrait, à priori, permettre de décharger les pâturages de la périphérie
des agglomérations et points d'eau. En fait, il n'en est rien. Seule une partie des éleveurs, les
plus puissants, ont réellement accès à ce mode de déplacement. Le camion, loué ou propriété de
l'éleveur, est un moyen que ne peuvent se payer les petits éleveurs, ceux qui ont justement dû se
sédentariser ou semi-sédentariser pour trouver des revenus complémentaires. Leurs troupeaux
sont souvent immobilisés pendant plusieurs mois, et lorsqu'il y a déplacement, il est de faible
amplitude, de l'ordre de 10 km en moyenne. N'ayant pas la possibilité de trouver de nouveaux
pâturages, ils surexploitent ceux à proximité du point de sédentarisation, déjà épuisés.
Seuls les gros troupeaux appartenant à de riche propriétaires sont déplacés plus de 45 jours sur
une distance relativement importante à la recherche de nouveaux pâturages.
La motorisation n'a donc apporté aucune décharge de ces zones de la périphérie proche.
Au contraire, la petite motorisation a entraîné la dilatation de l'auréole de dégradation en
permettant l'étalement autour des agglomérations (jusqu'à 100 km selon J. Bisson 19) du
ramassage de plantes fourragères pour les troupeaux des sédentarisés en plus du pâturage
quotidien. Le ramassage est d'ailleurs une activité très développée car très lucrative, les plantes
se vendant fort cher.
Par contre, pour les gros éleveurs, les moyens de transport motorisés permettent l'accès
aux meilleurs pâturages saisonniers, les plus riches et les mieux fournis en eau.
Les bêtes pouvant être alimentées en eau par les camions sur les pâturages, aucune zone n'est
donc épargnée, et la dégradation du couvert végétal s'étend jusqu'à 100 km autour des centres
urbains, c'est à dire la totalité du piémont.
Les déplacements des troupeaux étant plus rapides et plus courts, la végétation n'a pas le temps
de se régénérer réellement, la repousse étant encore fragile. On assiste donc à une intensification
de l'exploitation des terrains de parcours déjà surchargés.
Mais même ces troupeaux les plus importants restent cantonnés la majeure partie de
l'année dans la périphérie des agglomérations et points d'eau. En effet, les bergers n'ont plus
besoin de sillonner la steppe avec les troupeaux à la recherche de l'acheb. Lorsqu'il est signalé
quelque part, les troupeaux en attente dans les zones de cantonnement, sont transportés avec les
camions directement sur ces pâturages.
Les camions permettent également de déplacer le bétail vers les souks et marchés urbains où les
prix sont les plus intéressants.
La dernière sécheresse à été un facteur d'accroissement des disparités économiques, les
plus pauvres éleveurs n'ayant pu accéder aux nouveaux pâturages à la fin de la période sèche par
manque de fonds pour louer des camions. Seuls les plus riches ont bénéficié du retour des pluies
et de l'acheb à temps. Ce sont également ces gros propriétaires qui ont pu fournir une
alimentation complémentaire à leurs troupeaux durant l'épisode sec. Les petits éleveurs ont, eux,
perdu leurs bêtes, se sont sédentarisés ou sont devenus bergers. Progressivement, les petits
propriétaires disparaissent.
265
1.4. Développement corrélatif de l'agriculture.
Parallèlement à l'activité pastorale, l'agriculture en irrigué ou en sec, traditionnellement
peu importante, résiduelle, connaît un développement assez marqué sous l'impulsion
d'initiatives privées ou de projets d'Etat.
1.4.1. L'accroissement des superficies cultivées.
L'accroissement des superficies cultivées est directement corrélé à la progression des
sédentarisations et semi-sédentarisations. C'est un processus amorcé pendant la période
coloniale. Il découlait alors de la nécessité du développement d'un agro-pastoralisme de fortune
pour pallier la fin de l'approvisionnement au nord, dans le Tell, après la suppression de la
'achaba.
Aujourd'hui, ce développement découle donc de différentes nécessités :
– la recherche de revenus complémentaires car l'élevage est devenu pour la majorité des
petits éleveurs insuffisant à subvenir à leurs besoins,
– l'alimentation d'une population urbaine croissante à mode d'alimentation nouveau,
– la production de fourrage pour l'alimentation complémentaire des troupeaux cantonnés
en zone péri-urbaine.
La croissance des superficies cultivées procède selon deux modalités principales :
Elle peut être liée à des mises en cultures "anarchiques" de terrasses, de glacis ou de dayas,
plutôt aléatoires. Il s'agit alors essentiellement d'un développement "par défaut", pour
augmenter des revenus devenus insuffisants avec la seule activité pastorale, comme vu dans les
chapitres précédents.
Par ailleurs, différents projets d'Etat ont été mis en oeuvre sur ce piémont, essentiellement dans
un but de sédentarisation des nomades :
– opérations dans le cadre du FNRA (Front National de la Révolution Agraire) dans les
années 70,
– mise en valeur en privé de moyennes superficies (2 à 20 ha), à partir de 1983, dans le
cadre de l'APFA (Accession à la Propriété Foncière Agricole par la mise en valeur),
– projet jeunes de la wilaya de Laghouat en 1988.
Tous ces projets sont associés à la mobilisation de ressources hydrauliques par l'Etat (puits
ou forages).
A l'échelle des wilayas, on note ainsi une progression plus ou moins régulière des surfaces
agricoles utiles.
266
Figure n°132 : Evolution de la SAU (en ha) de la wilaya de Laghouat.
0
10 000
20 000
30 000
40 000
50 000
60 000
1984-85 1985-86 1986-87 1987-88 1992 Source : ANAT 1989
Figure n°133 : Evolution de la SAU (en ha) de la wilaya d'El Bayadh.
0
10 000
20 000
30 000
40 000
50 000
60 000
70 000
80 000
1987 1989-90 1990-91 1991-92
????
Source : ONS 1994
Ces cultures se sont souvent étendues au-delà de l'isohyète 100 mm qui constituait
traditionnellement leur limite, et se sont développées au dépend des terrains de parcours, et des
meilleurs, là où existait un sol qui assurait le développement de pâturages herbeux riches, c'est à
dire dans les dayas essentiellement mais également sur les glacis et terrasses alluviales.
Cet accroissement des zones cultivées au détriment des zones de parcours a crée une
compétition entre l'agriculture bour des dayas ou oueds et les pâturages car la mise en culture
équivaut à une perte d'herbe pour les troupeaux.
Malgré cette croissance, les surfaces mises en cultures restent très réduites par manque de terres.
L'unité d'aménagement de Brézina en donne un aperçu, les surfaces agricoles utiles ne couvrant
que 0,34% de la surface totale en 1988.
267
Ce développement de l'agriculture est donc essentiellement le fait d'éleveurs sédentaires
devenu agriculteurs, mais sans savoir agricole. Ils pratiquent donc une agriculture selon des
modalités nouvelles.
1.4.2. Extension des périmètres irrigués et des nouvelles cultures associées.
Dans cette région semi-aride, l'agriculture se fait essentiellement en sec (bour), tributaire
de précipitations locales de printemps ou de crues d'oueds.
Les périmètres agricoles irrigués sont nettement inférieurs en superficie à ceux en sec, malgré
des rendements beaucoup plus importants, en raison de l'exiguïté des terres irrigables et du
manque de disponibilité en eau.
Il est difficile d'évaluer la part respective de l'agriculture en sec et irriguée, car les chiffres
varient beaucoup d'un organisme à l'autre. Les données cumulées des APC et services agricoles
semblent largement sous-estimées. Elles ne prennent en compte que les surfaces déclarées. Les
agences, comme l'ANAT et le BNEDER, semblent proposer des statistiques plus fiables,
incluant notamment les surfaces cultivées épisodiquement, de dayas et d'oueds notamment, mais
elles sont à relativiser malgré tout.
Cette agriculture irriguée couvre, en général, des surfaces très inférieures à l'agriculture en sec.
Il apparaît ainsi, à l'échelle de la wilaya d'El Bayadh, que les cultures irriguées
(incluant l'irrigué intensif, l'arboriculture irriguée et le semi-irrigué) ne représentent en
moyenne que 4% des surfaces agricoles utiles (1988).
Le rapport est sensiblement le même, en 1987, dans l'unité d'aménagement de
Brézina, où les zones en irrigué intensif ne représentaient que 4% de la SAU totale (734
ha) contre 96% dédiées aux cultures en sec (17 826 ha) selon l'ANAT.
En 1991, les sources officielles (ONS), n'incluant pas les zones de cultures
occasionnelles de dayas ni d'oueds, indiquaient des pourcentages de superficies irriguées
beaucoup plus importantes dans les communes sud des wilayas de Laghouat et El Bayadh.
Elles étaient partout supérieures à 10% sauf dans la commune d'El Haouita très exiguës
avec 4,5% de la SAU totale, attestant de la vocation pastorale quasi exclusive dans cette
commune. Elles restent inférieures à 20% pour Laghouat (15,3%), Aïn Madhi (12,4%) et
Tadjerouna (15%). La part des terres irriguées est plus importante dans les communes de
Tadjemout avec 26,3 de la SAU totale en liaison avec l'existence d'un barrage de
dérivation et 50% dans la commune de Brézina grâce à la vaste dayet el Anz. Selon ces
statistiques, l'agriculture de la commune de Kheneg était pratiquée exclusivement en
irrigué cette année là. Mais ces données nous paraissent largement surestimées.
Il apparaît que les surfaces irriguées ont connu également une croissance corrélative à
celle de la SAU totale. Moins importante que cette dernière, elle n'en reste pas moins régulière.
268
Figure n°134 : Evolution des superficies irriguées dans les communes sud de la wilaya de Laghouat de 1984 à 1986.
0
50
100
150
200
250
Laghouat Tadjemout Ain Madhi Tadjerouna El Haouita El Kheneg
SAU irriguée1984
SAU irriguée1986
Source : BNEDER 1993
Ces statistiques sont également significatives de la reprise de l'irrigation en 1986 après le retour
de précipitations supérieures à la moyenne.
1.4.3. Modifications des types de culture avec l'urbanisation.
Les cultures se pratiquant avant tout en sec, elles sont donc dominées par les céréales en
sec où prédomine l'orge. Céréale moins exigeante que le blé, elle est cultivée essentiellement
pour le bétail.
Cette répartition est très marquée dans la wilaya d'El Bayadh où l'orge représentait 89,8% de la
production totale (620 268 quintaux) en 1987.
Figure n°135 : Part des différentes cultures dans la production agricole totale de la wilaya d'El
Bayadh en 1987.
Orge 90%
Blé dur1%
Blé 1%
Maraichages8%
269
L'orge, céréale pauvre, correspond donc à une culture de milieu très contraignant. Mais la très
forte proportion de cette espèce indique également l'aspect secondaire des cultures sur ce
piémont. C'est là une des caractéristique traditionnelle de l'agriculture de ce piémont : on cultive
avant tout pour fournir au bétail un fourrage de complément.
Blé et maraîchages sont très réduits, ils correspondent à des cultures vivrières.
Cette répartition est moins nette dans la wilaya de Laghouat où les fourrages constituaient
42% de la production agricole totale (144 900 quintaux) cette même année.
Figure n°136 : Part des différentes cultures dans la production agricole de la wilaya de Laghouat
en 1987.
Céréales
36%
pomme de terre
10%tomate
5%
oignons
7%
fourrages
42%
Le déséquilibre beaucoup moins marqué dans la région de Laghouat révèle la différence radicale
entre ces deux wilayas.
L'accroissement de la population sédentaire a en partie modifié cet aspect, notamment car
l'agriculture est assurée aujourd'hui par d'anciens nomades sans tradition agricole. Les ksouriens
qui détenaient ce savoir ont été embauchés dans le tertiaire ou à Hassi R'mel.
Les fourrages, encore très importants, représentent moins de la moitié de la production. Ils sont
destinés a fournir une alimentation de complément aux troupeaux en stationnement dans et à
proximité des agglomérations. Cette alimentation de complément se compose d'orge tiré de la
céréaliculture locale, de foin de luzerne (cher et difficile à stocker) acheté en ville
essentiellement, et de la pâture des chaumes et pailles.
La part des produits maraîchers et de consommation courante indique clairement le degré
"d'urbanité" plus important de cette wilaya.
Le déséquilibre est encore plus net à l'échelle des communes.
270
Tableau n°18 : Principales productions agricoles par communes en 1991 Communes Céréales Agrumes Produits maraîchers Dattes
Laghouat 4740 2000 74970 0 Ain Madhi 2500 0 0 0 Tadjemout 13944 0 0 0 Kheneg 1500 0 100 0 Tadjerouna 400 0 0 10 El Haouita 4065 0 0 0 Brézina 35000 0 0 78
Source : ONS 1991
Les statistiques des principales productions agricoles en 1991 par communes montrent
bien l'importance des cultures maraîchères et agrumes dans les communes fortement "urbaines"
(Laghouat) ou proche de celles-ci (Kheneg), alors que ces productions sont inexistantes cette
année là dans les autres communes plus rurales. Ces types de productions soulignent la
conversion progressive de l'agriculture de ce piémont, on passe d'une agriculture vivrière à une
agriculture basée sur l'horticulture péri-urbaine, en liaison directe avec l'urbanisation croissante.
Les nouveaux agriculteurs cultivent des produits maraîchers ou céréaliers pour les marchés
citadins.
Ces type de cultures, en irrigué (avec essentiellement les melons et pastèques, ainsi que
pommes de terre, oignons et tomates), sont par conséquent relativement insensibles aux
variations de la pluviométrie.
Par contre, les cultures en sec, céréales et une partie des fourrages, sont encore largement
dépendantes des conditions climatiques.
Figure n°137 : La production agricole de la wilaya de Laghouat en 1984 et 1987 (en quintaux)
Production 1984
Production 1987
0
Céréales Pommes de terre
Tomates Oignons Fourrages
20 000
40 000
60 000
80 000
100 000
120 000
140 000
160 000
Source : BNEDER 1993
271
Figure n°138 : La production agricole de la wilaya d'El Bayadh en 1984 et 1987 (en quintaux)
production 1984
production 1987
560 000
550 000
0
Avoine
10 000
20 000
30 000
40 000
50 000
60 000
70 000
60 0
Orge Blé Blé dur Maraichage
Source : BNEDER 1993
Les productions de cultures en sec chutent de manière très importante durant les périodes de
sécheresse (1984), soit qu'il n'y ait pas eu de semis, soit que la sécheresse n'ait pas permis le
développement des plantes. Dès le retour à des conditions favorables en 1986, ces types de
cultures "explosent" littéralement, notamment l'orge dans la wilaya d'El Bayadh.
Seuls les maraîchages, cultures de jardins irrigués même pendant les périodes sèches, ont
relativement peu varié entre les deux dates. Toutes les autres productions, réalisées en sec, ont
fortement subi le manque d'eau.
1.4.4. Modification des pratiques culturales.
Les populations sédentaires agricoles qui ont toujours été peu nombreuses sur ce piémont,
ont donc été remplacées par une population croissante de pasteurs sédentarisés sans culture
agricole. Cela a déterminé une modification des pratiques culturales qui procèdent désormais
d'un souci de production de fourrage pour le bétail, de développement de cultures "industrielles"
ou de dégagement de revenus complémentaires.
On a ainsi observé l'extension des cultures irriguées et la modification des types de
cultures sur ce piémont.
Les nouveaux modes d'exploitation de la terre associés à cette agriculture "moderne" ont eu un
impact direct sur les dégradations du milieu observées et décrites dans la partie précédente. En
effet, ces nouvelles cultures nécessitent des mises en valeur mécanisées. Cette évolution,
essentiellement le fait des hautes steppes (piémont nord) par le passé, se rencontre couramment
aujourd'hui sur le piémont sud.
Le travail de la terre, autrefois à l'araire griffant légèrement le sol, est aujourd'hui en général
pratiqué à la charrue tirée par un tracteur. Ce type de labourage, trop profond et fréquent, détruit
272
irrémédiablement la texture fragile des sols et facilite ainsi leur érosion par déflation. La charrue
détruit également les plantes vivaces qui sont remplacées par des annuelles (messicoles) peu
intéressantes pour le bétail.
En 1991, on comptait ainsi 156 tracteurs dans les communes sud de la wilaya de
Laghouat, dont 80 dans la commune de Laghouat même, 25 dans celle de Aïn Madhi, 26
dans celle de Tadjemout (et une moissonneuse-batteuse), 9 dans celle de Kheneg (et 4
moissonneuses-batteuses), 13 dans celle de Tadjerouna et 3 dans la commune d'El
Haouita. Ceci étant les tracteurs ne sont pas toujours utilisés à des fins agricoles, mais
souvent de transport. Cela semble net dans la commune de Brézina où on dénombre 100
tracteurs (et une moissonneuse-batteuse) en 1991 pour 180 ha de SAU.
La nécessité d'augmenter les rendements à l'hectare a entraîné l'utilisation de plus en plus
importante d'engrais et fertilisants chimiques, notamment durant les périodes de sécheresse,
alors que, traditionnellement, le cultivateur sous pluie étendait ses cultures sur une surface plus
importante pour garder le même poids. Aujourd'hui il surexploite la même surface à l'aide de
fertilisants et pesticides entraînant l'épuisement rapide du sol.
Ces produits chimiques ont tendance également à déstabiliser la structure du sol, donc à la
fragiliser, et faciliter la prise en charge des agrégats par le vent ou l'eau.
Le développement de l'irrigation plus ou moins maîtrisée sur ce piémont où les eaux des
oueds et nappes phréatiques sont chargées en sel après la traversée de l'Atlas et ses diapirs,
entraîne également des problèmes de salinisation des sols. Les sols sont couverts d'un manteau
de halite cristallisée à proximité des résurgences en périodes sèches, notamment à Taouennza
(vaste zone mise en culture à l'est de Laghouat) zone traditionnellement riche en sel.
Cultures irriguées et nouvelles productions reflètent la dislocation des anciennes
complémentarités entre l'agriculture et l'élevage et la création de nouveaux rapports,
monétarisés. Les chaumes, notamment, ne sont plus accessibles après la récolte selon les
modalités basées sur la solidarité tribale et les accords entre tribus. Il y a, de plus, une forte
tendance à l'appropriation privée des terres autrefois collectives.
1.5. Modification du statut de la propriété de la terre.
Corrélativement à la disparition du nomadisme, on assiste à la modification de la propriété
de la terre, à son appropriation à titre privée.
La rareté des pâturages, et des pratiques de consommation différentes, ont entraîné des
antagonismes entre groupes sociaux, groupes de familles, en vue d'accaparer, selon la nouvelle
logique de marché, les meilleures parties de terres que leur a reconnu l'autorité territoriale.
Aujourd'hui, les terres de parcours n'appartiennent plus à des tribus distinctes, il y a eu
dépossession collective. La propriété a été individualisée (terres melk, privées). Elle est
exploitable par toute personne possédant des ovins, chacun peut donc en tirer profit à sa guise,
273
mais elle appartient, de fait, à ceux qui ont les moyens financiers et techniques de l'exploiter. Il
y a donc en fait accaparement des meilleures terres par les gros exploitants qui disposent
notamment de moyens de transports motorisés. Les gros éleveurs deviennent également les
premiers exploitants agricoles.
Par ailleurs, l'administration a favorisé l'accession à la propriété privée des terres agricoles
dans le cadre des projets Fond National de la Révolution Agraire, Accession à la Propriété
Foncière Agricole et projet jeunes de la wilaya de Laghouat.
En 1988 (source ANAT), 17 556 hectares avaient été attribués à 4159 bénéficiaires dans le
cadre de l'APFA à l'échelle de la wilaya de Laghouat depuis le début de l'opération en
1983.
Le Fond National de la Révolution Agraire regroupait 32 224 hectares mais pas tous
attribués à cette date (pas plus de 1000 hectares dans les communes de Tadjerouna et
Laghouat).
Enfin le projet jeune débuté en 1988 portait essentiellement sur des communes hors de la
zone de piémont étudié. Seuls 60 hectares ont été attribués dans la commune de Aïn
Madhi.
Les mises en défens des terres de parcours fortement dégradées, imposées par
l'administration pour permettre la régénération des pâturages, sont un autre élément d'incertitude
sur les droits d'usage des terres. En 1989 par exemple, différentes opérations de mise en défens,
impliquant des surfaces relativement importantes, étaient en place ou en cours de réalisation
dans les communes sud de la wilaya de Laghouat (source ANAT).
En 1985-86, 30 000 ha de terres étaient en défens dans la commune de Sidi Makhlouf à
l'est de Laghouat. La même année, seulement 3000 ha étaient interdits de parcours à
Tadjemout (ferme pilote)
L'année suivante, 1986-87, 15 000 ha supplémentaires étaient mis en défens à El Hayhaya.
Cette année là étaient entamés les travaux de même type sur 20 000 ha à Mekhareg
(Boutrekfine). Ils n'étaient pas achevés en 1989.
En 1987-88, les actions de mise en défens ont été très nombreuses, avec 35 000 ha dans la
commune de Tadjerouna (20 000 ha à Zergoun, achevés en 1989, et 15 000 ha à Belarg
non achevés en 1989), 32 000 ha dans la commune d'El Kheneg (30 000 ha à Aïn Chelif,
et 2 000 ha à Kheneg même) réalisés en 1989, 10 000 ha dans la commune d'El Haouita
qui étaient encore en cours en 1989, 10 000 ha dans la commune de Laghouat, et 15 000
ha dans celle de Tadjemout.
Au total, dans les communes sud de la wilaya de Laghouat, 220 000 ha étaient en défens
ou en cours de réalisation en 1989.
Ces opérations de mise en défens se sont accentuées depuis 1985, on est passé de 33 000
ha par an en 1985-86, à 35 000 ha en 1986-87 puis 117 000 ha en 1987-88.
Cette modification du statut de la terre a été permise par la déliquescence de la société
rurale et la deresponsabilisation des nomades dans la gestion du milieu.
274
1.6. Deresponsabilisation des nomades.
L'Etat colonial puis indépendant a progressivement dépossédé les nomades, mais
également les ksouriens, de leurs prérogatives sur l'organisation du partage de l'eau, de la terre
et des pâturages. Les institutions traditionnelles régissant les modes d'exploitation du milieu ont
été remplacées par une administration étatique centralisée.
Les processus de sédentarisation amorcés et encouragés par l'administration ont fait perdre
progressivement la notion de tribu et favorisés l'individualisation. Ils définissent une perte de
contact et de possibilité de gestion du milieu, désormais prise en charge par l'administration.
La dépendance croissante des nomades et semi-sédentaires vis à vis des centres urbains marque
également leur assujettissement au pouvoir. Les nomades sont alors totalement
déresponsabilisés de la gestion du milieu et en état de dépendance totale par rapport aux
autorités nationales car obligés d'y faire recours constamment.
Les initiatives économiques et sociales de développement et aménagement sont directement
commandées par la capitale, par l'intermédiaire des walis qui sont eux-mêmes directement
rattachés au gouvernement d'Alger. Les initiatives locales sont en général bloquées.
Par ailleurs, les anciens nomades sont devenus les salariés des nouveaux gros propriétaires
sédentaires ou des coopératives. Ils n'ont plus de possibilité d'influer sur le mode d'occupation et
de gestion de l'espace. La gestion actuelle des pâturages se fait uniquement selon des impératifs
du marché, de spéculation sur le cheptel. Elle est par conséquent basée sur une logique de
surexploitation du milieu.
Pour certains auteurs (Boukhobza M. 1982), cette paralysie de l'initiative des éleveurs
détermine leur désintéressement de plus en plus grand vis à vis de la terre. Par ailleurs, la
sédentarisation marquant le bout de la chaîne de la déchéance, l'aboutissement de la
déstructuration sociale, elle est donc extrêmement mal ressentie. Selon cet auteur, les modes de
gestion actuels, les surcharges localisées des troupeaux procéderaient donc en partie d'une sorte
d'autodestruction en parfaite connaissance de cause. Ceci bien évidemment dans un cadre
économique contraignant.
1.7. La modification des modes de gestion du milieu favorise la dégradation du milieu.
Il apparaît donc que l'impact de la sécheresse de 1977 - 1986 a été exacerbé, dans certaines
zones précises, par des modes d'occupation et de gestion du milieu particuliers qui définissent
des charges sur le milieu plus ou moins lourdes.
La gestion du milieu semble le facteur le plus important. A activité et conditions climatiques
sensiblement identiques, on a vu l'évolution diachronique nettement différenciée de la périphérie
des agglomérations des deux communes d'El Haouita et Aïn Madhi. Les dégradations très
marquées autour d'El Haouita étaient inexistantes (du moins non visibles sur les images
275
satellites) autour de Aïn Madhi. La différence fondamentale réside dans leur organisation
"sociétale".
Aïn Madhi est le siège d'une zaouïa dont l'aura religieuse, mais également politique,
est encore très forte sur la région (son influence s'étend beaucoup plus loin, jusqu'en
Afrique noire). Elle a permis la conservation d'un tissu sociétal solide basé sur les
anciennes solidarités. La gestion du milieu se réalise donc selon des impératifs dictés par
la communauté avant tout.
El Haouita, par contre, agglomération secondaire, n'a pas du tout ce statut, et dépend
de l'administration centrale de type "moderne". Ici, la société rurale a été totalement
désintégrée comme à peu près partout sur ce piémont.
Le contraste est encore plus fort avec l'agglomération de Kheneg, crée ex-nihilo dans
les années 80.
A partir de là, la gestion du milieu est radicalement différente, difficile à définir dans le détail,
mais il est clair que la structure la plus "traditionnelle" semble la plus favorable à la pérennité de
l'équilibre du milieu.
C'est donc la gestion "individualiste" qui est en cause dans la dégradation du milieu accru
autour d'El Haouita. Le cheptel est pourtant 10 fois plus important dans la commune de
Aïn Madhi, pour une superficie plus importante il est vrai, mais 3 à 4 fois seulement. La
charge animale sur le milieu de 0,13 tête par hectare à Aïn Madhi est beaucoup plus
importante que dans la commune d'El Haouita où elle est pourtant seulement de 0,05 tête
par hectare.
Le mode de gestion de la commune de Aïn Madhi lui assure par ailleurs une plus grande
richesse que celle d'El Haouita ; elle disposait en 1991 du plus grand nombre de
motopompes (617) des communes sud après celle de Laghouat, d'un nombre de tracteurs
importants (troisième rang des communes sud), du premier troupeau d'ovins et du
troisième de caprins des communes sud.
Ces structures d'organisations spécifiques ont un impact direct sur le milieu car elles
déterminent des évolutions plus ou moins bien maîtrisées de la croissance de la population, des
sédentarisations, de la gestion de l'espace et des activités économiques.
Il est apparu que les deux communes d'El Haouita et Kheneg étaient celles qui
présentaient les plus forts taux de concentration de semi-sédentaires et qu'il y avait là un
lien direct avec les dégradations localisées très marquées de la végétation observées.
Cette croissance de la semi-sédentarisation, alors qu'elle est maîtrisée dans la commune de
Aïn Madhi, dénote soit que les nomades de cette commune sont moins touchés par les
processus de déchéance, soit que les processus de sédentarisation et semi-sédentarisation
sont régulés par les "instances" de la zaouïa.
Ceci étant, il ne faut pas négliger, dans cette localisation précise des dégradations du
milieu, des facteurs "historiques". En effet, les agglomérations d'El Haouita et de Kheneg (et
Tadjerouna) et le puits de Bir Mouilah, se localisent sur un ancien couloir de transhumance des
276
Saïd Atba (Arbaa). Par ailleurs, Kheneg est une zone traditionnelle de stationnement estival des
Larbaa, El Haouita une zone de passage des Ali Ben Ameur, et Tadjerouna de transit et
stationnement des O. Yagoub.
La déliquescence des transhumances "traditionnelles" n'a pas empêché la persistance de
pratiques anciennes et explique également en partie les fortes concentrations de troupeaux dans
ces zones.
La gestion du milieu a donc été transférée, sur la majeure partie de ce piémont, à des
"individualités" sous tutelle administrative centralisée plus ou moins rigoureuse.
Les conséquences de cette mutation, soulevées précédemment, sont intéressantes à plus d'un
titre, mais notamment parce qu'elles mettent en doute la validité de tous les programmes de lutte
contre la dégradation du milieu mis en place, de manière autoritaire, par l'Etat et dont les
résultats sont plus que mitigés.
1.8. Les programmes de lutte contre la dégradation du milieu.
Les processus de dégradation du milieu, et plus particulièrement de la végétation
steppique, sont, nous l'avons vu, anciens sur ce piémont. Mais à la dégradation temporaire de la
steppe en liaison avec les crises climatiques, qui déterminait des crises sociales et économiques,
se sont substituées, depuis le début de la déstructuration des modes de gestion traditionnels, des
dégradations du milieu de plus en plus intenses et "pérennes".
Les autorités locales coloniales puis nationales (dans le cadre de projets nationaux) ont mis en
place un certain nombre de programmes de lutte contre cette dégradation à moyen et long terme,
et en vue du développement de l'élevage, de la réduction de la charge du cheptel sur les terres et
de la gestion technique des troupeaux et des parcours.
La méthode la plus ancienne et la plus usitée reste la mise en défens de terrains de
parcours. Elle est considérée comme une action prioritaire car la plus simple à mettre en place
économiquement et techniquement. Elle implique un arrêt total à court terme de toute forme de
pression humaine et animale, permettant aux divers eco-systèmes d'amorcer une évolution
progressive avec des vitesses variables selon leur pouvoir de régénération. Les tribus se sont
donc vues interdites de pacage sur les terrains ancestraux ceci depuis la période coloniale.
Ces opérations sont accompagnées de reboisements et de reconstitution des parcours.
Le récapitulatif des actions de protection du milieu présenté ci-après semble indiquer que c'est
la commune de Kheneg qui est la plus touchée par les problèmes de dégradation des parcours en
1989 (157 000 hectares à protéger), malgré les 32 000 hectares de terres mises en défens en
1987/88. La commune de Aïn Madhi se trouverait, elle, dans la même position d'ancienneté de
la dégradation des zones de pacages, avec 110 750 hectares de parcours à reconstituer, mais
dont beaucoup se localisent dans la zone atlasique.
277
Tableau n°19 : Récapitulatif des zones d'affectation d'aménagement par communes sud de la
wilaya de Laghouat en ha (1989).
Communes Agriculture
nouvelle (ha) Reboisement
en plein Reboisement
de complément Alfa à
protéger Alfa à
reconstituer Parcours à protéger
Parcours à reconstituer
Laghouat 600 - 5900 - - 26 600 Aïn Madhi - - - 74 000 - 18 300 110 750 Tadjemout - 1 000 5 800 9 400 9 400 8 800 28 000 El Kheneg - - 2 200 - - 157 000 - Tadjerouna - 1 200 470 29 000 - - - El Haouita - - - - - - - Total wilaya - 56 250 61 040 263 400 49 900 1 012 200 291 650 Source : ANAT 1989
Par contre, la commune d'El Haouita semble, quant à elle, quasiment exempte de problèmes de
dégradation avec seulement 10 000 hectares de terres mises en défens en 1987/88. Pourtant,
c'est notamment dans cette commune que nous avons observé des processus de dégradation
parmi les plus marqués de ce piémont.
Ces données ne seraient alors que le reflet du début de prise en compte de ces problèmes dans
l'aménagement du territoire ? Nous avons ici un exemple de plus de la relativité des statistiques
disponibles sur ce milieu.
Quoi qu'il en soit, tous ces programmes proposés sont, soit en retard, soit
abandonnés, et ont eu souvent des conséquences négatives, notamment, la mise en défens
d'une zone de parcours peut entraîner une diminution de la possibilité de consommation
par les troupeaux. En effet, la sous-exploitation des pâturages à plantes pérennes entraîne
la formation d'épines et de tiges ligneuses inconsommables ou gênantes pour les bêtes.
C'est le cas essentiellement pour l'armoise blanche qui développe des hampes florales au
printemps et qui ne sont consommables que jeunes. La mise en défens permet donc à ces
hampes de se lignifier devenant impropre à la consommation animale.
De plus, un autre effet secondaire de la mise en défens, est l'accroissement de la
ponction d'eau par les racines et l'évapotranspiration d'un couvert végétal plus important.
Mais cet aspect reste encore à quantifier.
Il est donc nécessaire de trouver un équilibre entre sous-pâturage et surpâturage.
L'administration s'est également intéressée au problème de l'eau sur ce piémont et a
cherché des moyens d'accroître les disponibilités en mettant en place et aménageant
régulièrement puits et forages pour l'élevage ou la mise en culture et par la construction de
barrages.
En 1988, par exemple, des actions de réfection des djobs de la zone avaient été entamées
par l'EDIMAL : curage et aménagement de 48 djobs, et curage et fonçage de 20 puits et
équipement de 23 autres, ceci à l'échelle de toute la wilaya de Laghouat.
278
Déjà, les autorités coloniales avaient multiplié les points d'eau à travers la steppe pour rendre
accessibles de nouveaux pâturages jusque là incultes par manque d'eau, et censés remplacer
l'estivage tellien supprimé.
Mais la mise en place de points d'eau peut aggraver la dégradation du milieu par la
concentration des troupeaux autour des équipements. La mauvaise répartition de ces points
d'abreuvement a poussé les éleveurs à se rassembler dans une même région ou même à
s'installer sur un espace réduit, accentuant la pression sur le milieu.
C'est ainsi le cas en partie, nous l'avons vu, de la bande Kheneg - Bir Mouilah - El Haouita, bien
que, par ailleurs, elle corresponde également à une zone de passage et pacage traditionnels.
D'autre part , si les programmes de soutien des éleveurs durant les période de sécheresse,
par des distributions à prix soutenus d'une alimentation de complément pour les troupeaux, ont
un effet bénéfique à court terme pour ces populations, elles ont des conséquences négatives sur
le milieu à plus long terme. La conservation des troupeaux détermine une charge animale qui
devient beaucoup trop importante pour les pâturages très diminués.
La combinaison de ces deux facteurs, concentration humaine, croissance du cheptel, et
cantonnement des troupeaux à proximité des centres urbains et points d'eau permanents à
entraîné des pressions de plus en plus importantes autour de ces centres urbains, et des
phénomènes de surpâturage que nous avons décrits dans le chapitre précédent.
Par ailleurs, la plupart des nomades provisoirement sédentarisés durant la phase sèche, ou/et
ayant perdu leur troupeau ou une partie, ne sont pas repartis.
Il est donc à penser que si le phénomène de dégradation n'est pas encore très développé, il risque
de s'aggraver à la prochaine période de sécheresse si le scénario est le même.
A côté de ces programmes d'aménagement déconnectés des réalités sociales du piémont,
l'administration centrale a proposé également de vastes projets de développement agricole ou
économique au sens large sur ce piémont, en partie mis en place pour certains, et qui ne
prennent pas en compte les dynamiques d'évolution morphologique du piémont.
1.9. Les projets de développement à plus ou moins long terme.
Le projet le plus grandiose concerne la mise en place d'un réseau ferroviaire ouest-est
doublé d'un réseau routier à triple voies parallèle. Essentiellement à caractère politique, dans le
cadre du "grand Maghreb", jamais réellement abandonné malgré les "querelles" entre Etats, il
s'affranchit totalement des contraintes du réseau hydrographique, de la dynamique éolienne et
des problèmes de disponibilités en eau, spécifiques à ce piémont.
Ce projet prévoie la construction d'une voie de chemin de fer sur les Hautes steppes associée à
l'extension ou la création de villes moyennes de 30 à 40 000 habitants complétées par
l'installation d'industries (métallurgiques et mécaniques). Parallèlement serait développé un
réseau routier constitué d'une route rapide à trois voies sur le piémont, associé au
279
développement industriel des villages traversés (sous-traitance des industries implantées au
nord) et l'extension de l'agriculture et l'élevage.
Mais les disponibilités en eau seront-elles suffisantes pour ces industries et villes nouvelles ou
réaménagées ?
Par ailleurs, ces projets ne prennent pas du tout en compte l'organisation nord-ouest/sud-est du
réseau hydrographique et son fonctionnement plus ou moins régulier sous forme de crues. Il
n'intègre pas non plus la composante éolienne et les processus d'ensablement notamment très
développés sur le piémont nord de l'Atlas.
Ce projet très coûteux à mettre en place nécessiterait donc par la suite des investissements
permanents pour la remise en état régulière des routes emportées par les crues, le
désensablement des voies de chemin de fer,…
De plus, il apparaît de manière générale que les programmes d'aménagement du piémont
ne prennent en compte que les seules contraintes matérielles, et pas du tout l'aspect
socioculturel, identitaire des populations. Ils ne donnent pas de réponse à la crise de l'économie
pastorale.
Il est clair, dans cette optique, que ces projets proposés par l'administration sans y intégrer
les populations locales sont à terme "fragilisés" par cet aspect et plus ou moins voués à l'échec.
Conclusion de la troisième partie
Le nomadisme reste le système le mieux adapté à cette zone où la végétation se concentre
en certains points. Il doit être possible d'en conserver la structuration de base et d'y apporter des
améliorations techniques.
En effet, le mode de vie du nomade, sa culture sont indispensables à la bonne gestion du milieu,
car sa production a une finalité essentiellement sociale. Ce sont les différentes relations sociales
tissées par les nomades qui donnent lieu au déroulement de l'activité pastorale. L'organisation de
l'accès aux aires de parcours et leur mode d'exploitation sont liés à ces relations sociales.
Par conséquent, aucune mesure technique de revivification du pastoralisme, quelle que soit la
méthode, ne sera suffisante pour préserver ce milieu de dégradation. C'est une approche du
milieu totalement différente qu'il faut promouvoir, à laquelle l'éleveur (et non le maquignon)
doit participer activement. Boukhobza M. (1982) propose ainsi "de rétablir les échanges socio-
économiques entre la partie tellienne et les Hautes-Plaines, d'organiser les parcours et de donner
les moyens institutionnels aux producteurs directs de les gérer et d'y organiser la production
selon leurs propres besoins, d'imaginer des actions susceptibles d'enrayer la surexploitation des
parcours tout en dispensant les pasteurs et leurs troupeaux des courses épuisantes, de valoriser
aux yeux de l'éleveur l'acte de produire et celui de participer sans crainte des lendemains à sa
propre re-création".
Sur cette base, de nombreuses solutions techniques peuvent être avancées.
280
L'élevage est entré de manière irrémédiable dans le marché, il est donc impensable de revenir
sur les nouvelles structures mises en place.
L'alimentation complémentaire notamment a permis de notables gains de productivité. Pour
éviter les conséquences du cantonnement des troupeaux à proximité des centres producteurs de
fourrage, il est important d'augmenter la production fourragère, donc d'améliorer l'agriculture, et
en l'occurrence d'intensifier les cultures irriguées.
Il est urgent également de protéger les espaces en cours de dégradation rapide.
On a vu les inconvénients des mises en défens, mais bien utilisées, elles peuvent être un moyen
efficace de régénération des pâturages. L'exclusion totale des animaux d'un pâturage pendant
une période suffisamment longue permettra le développement des espèces pastorales présentes,
l'augmentation de la biomasse disponible et la densification des touffes.
Les améliorations de l'exploitation du milieu doivent également passer par une meilleure gestion
de l'eau. Il faut multiplier les forages d'eau pour répartir de manière plus importante les
troupeaux. Là où cela n'est pas possible, la distribution d'eau par camions citernes (qui existe
déjà) permettrait le pâturage de zone sans puits.
Il devrait être possible d'utiliser les eaux de ruissellement pour favoriser la repousse des plantes.
Une meilleure gestion des terrains de parcours est nécessaire également.
Les pâturages à flore diversifiée sont les plus appréciés par les troupeaux. On améliorerait donc
la valeur fourragère de ces pâturage en introduisant des plantes nouvelles.
Une troisième mesure d'amélioration des pâturages est la rotation des parcours pour permettre
leur repos et la régénération de la végétation.
Il doit être possible aussi d'améliorer les systèmes de conduite des troupeaux, notamment en
choisissant des espèces ovines adaptées au milieu et également en améliorant les interventions
sanitaires.
Le mouton est de manière générale adapté à la variation saisonnière de la végétation steppique
car ses besoins alimentaires sont élevés uniquement durant la période de fin de gestation et au
début de la lactation, soit environ 4 mois dans l'année et au printemps. Le reste de l'année, ses
besoins sont relativement faibles, il se contente de pâturages même médiocres.
Enfin, une meilleure conduite des troupeaux devrait permettre l'amélioration des rendements de
l'élevage. Notamment, on devrait pouvoir améliorer l'alimentation du cheptel en concentrant les
compléments alimentaires durant les mois où l'ovin est exigeant.
281
Conclusion générale
Le piémont sud du djebel Amour constitue un milieu original du point de vue physique et
humain.
La télédétection satellitaire a permis, dans le cadre de cette étude, non seulement de pallier
en partie le manque de données terrain en permettant un inventaire relativement exhaustif des
formes et formations des différents systèmes géomorphodynamiques de ce piémont, mais surtout
de définir une approche spécifique des problèmes de dégradation du milieu à travers,
notamment, des classifications semi-supervisées sur les surfaces couvertes de végétation "dense"
ou de formations sableuses, et les classifications diachroniques des zones dégradées.
Ces traitements des données numériques satellitaires ont fait ressortir que les phénomènes
de dégradation exacerbée, observés sur la période de la dernière sécheresse, se localisaient à
proximité de certaines agglomérations, puits et sources attractifs et des zones de transits
importants. Ils ont montré que les processus de dégradation n'étaient pas homogènes sur ce
piémont, mais directement soumis aux modes de gestion du milieu en conjonction avec des
épisodes climatiques secs rudes.
Ce sont les manifestations les plus sévères qui ont été saisies à travers les images satellites.
Il est apparu également que l'on n'avait pas encore atteint un seuil d'irréversibilité; les auréoles
de sols et végétation dégradés observés en 1977 et 1986 disparaissent en 1989. Mais, ils risquent
à terme de concerner la totalité du piémont comme c'est le cas au niveau des hautes steppes du
piémont nord de l'Atlas saharien. Avec la dégradation généralisée du couvert végétal exposant
les sols et surfaces aux vents, décrit par de nombreux auteurs, ne risque t-on pas de voir se
développer des processus de déflation et ensablement sur le modèle de ce piémont nord de
l'Atlas saharien ?
Les activités humaines tendent à exacerber des processus d'évolution naturels apparaissant
à travers des formes et formations héritées de périodes plus arides ou plus humides. Nous avons
notamment décrit la plus large extension des formes dunaires dans le passé. Aujourd'hui, pour la
plupart stabilisées, ses formations sableuses peuvent être réactivées lors d'une réduction
artificielle de leur couverture végétale ou de la destruction de leur "pavage" protecteur.
L'urgence est là, il existe de nombreux indicateurs économiques et sociaux, voir politiques,
(les bouleversements sociaux et économiques des années 90, la fin de l'état providence, la
montée du chômage, la baisse généralisée des revenus, …) qui laissent augurer de l'accélération
de ces processus.
Cette période de sécheresse a révélé les zones à dégradation marquée, les plus atteintes,
où des solutions doivent être trouvées rapidement pour éviter une dégradation irréversible.
Ceci étant, toute action doit prendre en compte la population de ce piémont non seulement
comme "facteur de dégradation" et comme "victime", mais également et peut être avant tout
comme agent de "régulation" du milieu. La désertification est un problème physique de
282
dégradation, mais c'est également un problème social qui nécessite la prise en compte des
populations dans leurs aspirations et caractéristiques sociales, culturelles, économiques,....
Par ailleurs, il est important d'insister sur le fait que seule une approche globale du problème
permettra de le résoudre efficacement et durablement.
Les méthodologies développées, dans le cadre de cette étude, à partir des images satellites
seront de ce point de vue une base de travail pour un suivi continu de ce piémont. Il sera très
utilement complété par le développement d'une base de données exhaustive pour un système
d'information géographique couvrant la totalité du piémont sud de l'Atlas saharien.
283
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Cartes et photographies aériennes
– Cartes topographiques canevas au 1/50.000e de la Section Géographique de l'Armée, 1959
– Cartes topographiques au 1/100.000e de l'IGN type 1956
– Cartes topographiques au 1/200.000e de l'IGN type 1964
– Carte topographique au 1/1.000.000e Oran NI - 30/31
– Cartes géologiques au 1/200.000e , Brézina et Laghouat.
– Photographie aériennes mission 469/477 de 1949.
– Photographie aériennes mission R532 (NI 31 IX ) de 1982, n°290, 292, 296 et n°308, 310, 312, 314 et 316.
301
Liste des figures
Figures :
A Croquis de localisation de la zone d'étude 1
1 Série de coupes nord-sud sur le piémont sud de l'Atlas saharien, d'est en ouest. 5
2 Croquis morphologique schématique du piémont sud du djebel Amour. 6
3 Coupe stratigraphique synthétique du Tertiaire. 7
4 Coupe type dans une croûte calcaire d'environ 3m d'épaisseur (Bou Trekfine). 10
5 Coupe dans les formations colmatant une daya peu profonde. 12
6 Schéma de l'accident sud atlasique. 15
7 Croquis morphologique du synclinal d'El Maïa et coupes topographiques d'ouest en est du synclinal. 17
8 Croquis de localisation des 5 fenêtres-images du piémont sud de l'Atlas saharien. 20
9 Croquis morphologique de la fenêtre-image de Brézina (dayet el Anz). 22
10 Série de coupes topographiques d'ouest en est de la région de Brézina 23
11 Croquis morphologique de la fenêtre-image de Ras ech Ch'aab. 25
12 Croquis morphologique de la fenêtre-image de Laghouat. 27
13 Croquis morphologique de la fenêtre-image de Aïn Madhi - El Haouita. 29
13bis Série de coupes topographiques d'ouest en est de la région d'El Haouita 29
14 Croquis morphologique de la fenêtre-image de Bir Mouilah. 30
15 Signatures spectrales "classiques" d'objets en réflectance en pourcentage sur Landsat Thematic Mapper 34
16 Signatures spectrales de deux formations sableuses, vives et couvertes de végétation de la région de Brézina (TM, 1-1-1989, réflectance en pourcentage) 45
17 Courbes radiométriques des formes et formations sableuses des 4 principales fenêtres-images (TM 1989, R%) 46
18 Classification semi-supervisée des formes et formations sableuses de la fenêtre-image de Brézina à partir des 6 canaux masqués TM de 1989 (brzrs.c10). 50
19 Signatures spectrales des formes et formations sableuses de la région de Brézina (Thematic Mapper, réflectance en pourcentage) brzrs.c10. 51
20 Classification semi-supervisée sur les espaces non ensablés (ou peu) de la fenêtre-image de Brézina à partir des 6 canaux masqués TM de 1989 (brzrs0.c15) 55
21 Signatures spectrales des formations alluviales, des hamadas et des glacis de la région de Brézina (Thematic Mapper, réflectance en pourcentage) brzrs0.c15 54
22 brzr.c25r : Classification finale de la fenêtre de Brézina (TM, 1-1-1989, R%) résultat de la combinaison de 2 classifications semi-supervisées sur les zones couvertes et non couvertes de formations sableuses séparées. 58
23 Principe de réalisation de la cartographie géomorphologique de la région de Brézina. 57
24 Classification semi-supervisée lagec.c17bkr de la fenêtre-image de Laghouat (TM, R%, 1989). 60
25 Signatures spectrales des formes et formations sableuses de la région de Laghouat lagec.c17bkr (Thematic Mapper, réflectance en pourcentage) 61
26 Signatures spectrales des formations alluviales, des hamadas et versants de la région de Laghouat lagec.c17bkr (Thematic Mapper, réflectance en pourcentage) 62
27 Carte du tapis végétal. 64
302
28 Limite d'extension méridionale de l'alfa sur le piémont sud de l'Atlas saharien 63
29 Composition colorée combinant l'indice de végétation (NDVI brz43r) de la fenêtre-image de Brézina et les résultats de traitements sur ce NDVI ; un écart-type local (brz43rel) et une segmentation à 2 itérations sur la moyenne locale du NDVI (brz43rmsg). 68
30 b43pdhs11 : Cartographie de la végétation par combinaison de 2 classifications semi-supervisées sur les espaces couverts et non couverts de végétation dense. 69
31 Indice de végétation verte normalisé seuillé (157-255) des images TM (R%) de 1989 de la fenêtre-image de Brézina (brz43r). 72
32 Indice de végétation verte normalisé seuillé (157-255) des images TM (R%) de 1989 de la fenêtre-image de Aïn Madhi-El Haouita (mahdi43rp) et zoom X2 centré sur l'agglomération de Aïn Madhi. 72
33 dayabrs.c5 : Classification semi-supervisée sur les formations végétales "denses" de la région de Ras ech Ch'aab. 74
34 Signatures spectrales moyennes en réflectance en pourcentage des dayas de la hamada de Ras ech Ch'aab sur Landsat Thematic Mapper (d'après la classification supervisée dayabrs.c5) 75
35 brzr.c8r : Représentation cartographique de l'occupation du sol de la région de Brézina d'après la classification non supervisée des 6 canaux TM (R%) du 1-1-1989 (brzr.c25r). 79
36 Signatures spectrales "classiques" d'objets sur Landsat MSS (Luminance apparente). 85
37 Moyennes des précipitations mensuelles des stations de Laghouat (1926-50), Tadjemout (1926-50) et El Abiodh Sidi Cheikh (1934-50). En mm. 92
38 Carte bioclimatique de l'Algérie steppique (d'après Stewart modifiée). 94
39 Précipitations moyennes annuelles (1878-1969) de la station de Laghouat par rapport à la moyenne. 96
40 Série pluviométrique de la station d'El Abiodh Sidi Cheikh (1909-1961), rapport à la moyenne. 97
41 Variations des moyennes annuelles des stations de Laghouat et Tadjemout selon la durée des mesures (1926-50 et 1926-60) 98
42 Comparaison des précipitations mensuelles (en mm) de l'année sèche 1945-46 et l'année pluvieuse 1951-52 pour la station de Tadjemout. 102
43 Totaux pluviométriques mensuels de la station de Laghouat pour 1945, 46 et 47. 102
44 Variation des précipitations de la station d'El Abiodh Sidi Cheikh par rapport à la moyenne (0 = 117,2 mm) par année agricole, 1970-1986. 104
45 Classification non supervisée mssecrt.c13rc des 4 canaux MSS de la fenêtre-image de Aïn Madhi-El Haouita (MSS, R%, 07-05-1977). 107
46 Classification non supervisée spr.c13r des 3 canaux SPOT de la fenêtre-image de Aïn Madhi-El Haouita (SPOT, R%, 23-02-1986). 108
47 Classification non supervisée mahdirp.c13r des 6 canaux TM de la fenêtre-image de Aïn Madhi-El Haouita (TM, R%, 01-01-1989). 109
48 Classification multidate des zones dégradées en 1977 (données MSS) et 1986 (données SPOT). 111
49 Suivi diachronique des zones fortement dégradées extraites des seuillages (255-255) des indices de brillance des images MSS de 1977, SPOT de 1986 et TM de 1989 de la fenêtre de Aïn Madhi-El Haouita (bri255mssptm). 113
50 Classification diachronique des zones dégradées de la région d'El Haouita (zoom centré sur l'agglomération d'El Haouita) de 1977 (MSS), 1986 (SPOT) et 1989 (TM) en R% (bri255mssptm). 114
51a Auréole de sols et végétation dégradés autour du puits de Bir Mouilah à travers la classification non supervisée des 4 canaux MSS de 1977 (pmssr.c13r). 115
51b Rétractation de l'auréole de sols et végétation dégradés autour du puits de Bir Mouilah à travers la classification non supervisée des 6 canaux TM de 1989 (puitr.c10). 115
303
52a Les zones de dégradation de la végétation autour du puits de Bir Mouilah en 1977 (MSS) et 1989 (TM) à travers la composition colorée des indices de brillance des 2 dates. 117
52b Les zones de dégradation de la végétation autour du puits de Bir Mouilah en 1989 (TM) à travers la composition colorée combinant les indices de végétation et de brillance et le 3ème axe de l'ACP des 6 canaux TM. 117
53 Les zones dégradées de la région de Laghouat en 1977 à travers la classification semi-supervisée des 4 canaux MSS de 1977 (R%). 118
54 Courbes de réflectance en % (MSS) des zones dégradées en 1977 des régions de Laghouat, El Haouita et Bir Mouilah. 119
55a Indice de végétation verte normalisé seuillé (156-255) des images MSS (R%) de 1977 de la fenêtre-image de Aïn Madhi - El Haouita (mssex75rt) et zoom X2 centré sur l'agglomération de Aïn Madhi. 122
55b Indice de végétation verte normalisé seuillé (183-255) des images SPOT (R%) de 1986 de la fenêtre-image de Aïn Madhi - El Haouita (sp23r). 122
55c Indice de végétation verte normalisé seuillé (157-255) des images TM (R%) de 1989 de la fenêtre-image de Aïn Madhi - El Haouita (mahdi43rp) et zoom X2 centré sur l'agglomération de Aïn Madhi. 122
56a Evolution de la végétation dense de la région de Aïn Madhi de 1977 à 1989 (spmsstm.7) à partir des NDVI des 3 dates (Zoom). 123
56a Evolution de la végétation dense de la région d'El Haouita (sources) de 1977 à 1989 (spmsstm.7) à partir des NDVI des 3 dates (Zoom). 123
57 Cartographie diachronique de la végétation dense de la fenêtre-image de Ras ech Ch'aab par addition des NDVI seuillés de 1977 (MSS, seuil 160-255) et 1989 (TM, seuil 140-255) (drs4375bp). 125
58 Classification semi-supervisée sur les espaces couverts de végétation relativement dense extraits du NDVI, fenêtre-image de Ras ech Ch'aab, TM, R%, 1989 (dymsrec140.c6). 126
59 Classification semi-supervisée (dymsrec.c03) sur les espaces couverts de végétation relativement dense extraits du NDVI, après élimination des classes de végétation trop steppique (Classes 3, 4 et 6 de dymsrec140.c6), fenêtre-image de Ras ech Ch'aab, TM, R%, 1989. 127
60 Classification semi-supervisée diachronique combinant (addition) la classification semi-supervisée de 1977 (dymsrec.c03, MSS, R%) et la classification semi-supervisée de 1989 (dayabrs.c5, TM, R%). 129
61 Moyenne annuelle de la fréquence des vents au sol de la station de Laghouat à 7h, 13h et 18h. 131
62 Moyenne des fréquences des vents au sol à 13h, station de Laghouat. 132
63 Résultante des vents au sol à 13 heure pour la station de Laghouat. 133
64 Fréquence des vents à 1000 m d'altitude, station de Laghouat. 134
65 Fréquence des vents ayant une vitesse ≥ 3° Beaufort (vents au moins modérés) pour les stations de Laghouat et El Abiodh Sidi Cheikh (1931-1940) Exprimé en ‰. 136
66 Volumes de sables transportés par le vent en un an à travers une ligne de 1m de long dans les
8 directions du compas (en m3) 1931-1940. 137
67 Résultantes des volumes de sables transportés par le vent en un an à travers une ligne de 1m de long 1931-1940. 138
68 Rose des vents efficaces à El Abiodh Sidi Cheikh pour la période 1935-1950 et Les vents de plus de 12m/s à El Abiodh Sidi Cheikh pour la période 1935-1950. 139
69 Durée moyenne des vents de sable en heures dans les 8 directions. 140
70 Nombre de jours de vents de sable. 140
71 Croquis morphologique du champ de dunes de Laghouat (réalisé à partir des photographies aériennes n°123 et 125, R534, NI 31-IX, 1983). 145
304
72a Indice de couleur (lagecolor) combinant les canaux 3 et 2 de l'image Thematic Mapper de 1989 (R%) de la fenêtre-image de Laghouat. 147
72b Composition colorée des axes 1, 2 et 4 de l'ACP des 6 canaux Thematic Mapper de 1989 (R%) de la fenêtre-image de Laghouat. 147
73 Classification semi-supervisée diachronique (4 canaux MSS de 1977 et 6 canaux TM de 1989) des zones dégradées et couvertes de sable de la fenêtre-image de Laghouat (lag7789.sabl20). 149
74 Signatures spectrales des dunes en croissant et voiles sableux en 1989, Thematic Mapper R% (lagbkr.c17). 148
75 Signatures spectrales des voiles et traînées sableuses en 1977, MSS R% (lgmssrc.sabl6). 150
76 Croquis morphologique des placages et de la "grande dune" du versant sud-est du djebel Oum Deloua à partir des photographies aériennes 469/477 n°1 et 2 de 1949. 151
77 Signatures spectrales des placages des hauts et bas de versants sud-est et de la grande dune du djebel Oum Deloua. 152
78 Le "système éolien de la région de Laghouat. 154
79 Zones de dépôt et de transit de particules transportées par un vent rencontrant un obstacle topographique (vue en coupe). 155
80 Les formes et formations sableuses de la fenêtre-image de Brézina à travers la classification semi-supervisée sur les 6 canaux TM de 1989 (brzrs.c10) 157
81a Spectre de la transformée de Fourier de la classe 25 de la classification brzr.c25 sur les 6 canaux TM de 1989. 159
81b Spectre de la transformée de Fourier de la classe 16 de la classification brzr.c25 sur les 6 canaux TM de 1989. 159
81c Spectre de la transformée de Fourier de la classe 13 de la classification brzr.c25 sur les 6 canaux TM de 1989. 159
82a Les dunes longitudinales du sud-est (A) et du nord-ouest (B) de la dayet el Anz à travers l'indice de brillance des images TM de 1989 (brzbrir). 160
82b Les dunes longitudinales du sud-est (A) et du nord-ouest (B) de la dayet el Anz à travers l'indice de couleur des images TM de 1989 (brzcoulr). 160
83 Cartographie du "système éolien" de la région de Brézina. 164
84 Urbanisation de Laghouat entre 1951 et 1965 (d'après P. Estorges 1967). 168
85 Evénements climato-sédimentaires du Sahara septentrional ouest durant le Plio-Quaternaire. 171
86 Relevé des crues importantes de l'oued M'zi de 1942 à 1947 (au niveau du barrage El Fatah)
en m3/s. 176
87 Croquis morphologique des oueds M'zi et Messaad. 178
88 Croquis morphologique de l'oued Seggueur. 180
89 L'oued Méhaïguène au niveau du piémont sud de l'Atlas saharien. 182
90 Le paléochenal de l'oued el Melah - Zergoun. 183
91 Schéma du synclinal d'El Maïa et coupes géologiques schématiques. 185
92 Les formations quaternaires du synclinal d'El Maïa. 187
93 Croquis de la région de Ras ech Ch'aab à partir des photographies aériennes n°290, 292, 296 et n°308, 310, 312, 314 et 316 (NI 31 IX, R532) de 1982. 191
94 Reconstitution partielle du paléo-réseau hydrographique de la hamada de Ras ech Ch'aab à l'aide d'un filtre directionnel amélioré par une série d'érosions et de dilatations puis d'un "ébarbulage" sur le canal 4 TM de 1989. 193
95 Développement du pistachier et élimination de la végétation herbacée du centre de la daya. 196
305
96 Répartition de la végétation dans une daya "adulte" type (d'après De Ceccaty 1933). 198
97 Daya "mourante" (d'après De Ceccaty 1933). 198
98 Indice normalisé de végétation verte (NDVI) de la fenêtre de Ras ech Ch'aab (TM, R%, 1989). 200
99 Les 219 dayas (structures connexes) extraites à partir du NDVI de la fenêtre-image de Ras ech Ch'aab (TM, R%, 1989). 201
100 Histogramme du nombre de pixels des dayas. 202
101a Classe 1, 2 et 3 de la classification selon la taille des 219 dayas de la région de Ras ech Ch'aab. 203
101b Classe 4, 5 et 6 de la classification selon la taille des 219 dayas de la région de Ras ech Ch'aab. 203
102 Evolution comparée des paramètres nbp et ci pour les 6 classes. 204
103 Réponse spectrale des cinq classes de densité de végétation de la région de Ras Ech Ch'aab, Thematic Mapper du 1-1-1989 en réflectance en pourcentage (dayabrs.c5). 207
104 Les espaces à forte couverture végétale de la hamada de Ras ech Ch'aab. Reclassification de la classe 2 de dymsrec.c03 en 3 nouvelles classes réinjectées dans cette classification semi-supervisée. TM, R%, 1989 (dymsrec.c05). 209
105 Réponse spectrale des cinq classes de densité de végétation de la région de Ras Ech Ch'aab MSS du 07-05-1977 en réflectance en pourcentage (dymsrec.c05). 208
106 Classification multidate (d7789.c35) combinant la classification semi-supervisée des 4 canaux MSS de 1977 (dymsrec.c05) et la classification semi-supervisée des 6 canaux TM de 1989 (dayabrs.c5) de la fenêtre-image de Ras ech Ch'aab. 212
107 Signature spectrale des pistachiers (MSS 1977, R%) à partir des classes 4 et 3 de la classification diachronique MSS 1977 - TM 1989 (d7789.c35). 213
108a Dayet Zahra, classification diachronique MSS 1977 et TM 1989 (d7789.c35). 214
108b Dayet Oum el Hachim, classification diachronique MSS 1977 et TM 1989 (d7789.c35). 214
109a Dayet Aïssa Hamar, classification diachronique MSS 1977 et TM 1989 (d7789.c35). 215
109b Dayet "pointue", classification diachronique MSS 1977 et TM 1989 (d7789.c35). 215
110 Organisation des dayas dans la région ouest du synclinal d'El Maïa. 217
111 Le remblaiement d'El Haouita. 219
112 Organisation administrative du piémont sud de l'Atlas saharien aux trois derniers recensements (1966, 1977, 1987). 224
113 Variation des limites communales des wilayas de Laghouat et El Bayadh entre 1974 et 1985. 225
114 Les principaux couloirs de transhumance de la wilaya de Laghouat. 227
115 Zones de parcours préférentiels de la région de Brézina. 228
116 Evolution de la population totale résidente des wilayas d'El Bayadh et de Laghouat de 1966 à 1987. 234
117 Evolution de la population totale des communes sud de la wilaya de Laghouat et de la commune de Brézina (W. El Bayadh) de 1977 à 1987. 235
118 Evolution de la population nomade des communes sud de la wilaya de Laghouat et de la commune de Brézina (W. El Bayadh) de 1977 à 1987. 237
119 Evolution de la part relative de la population nomade des communes sud de la wilaya de Laghouat et de la commune de Brézina (W. El Bayadh) de 1977 à 1987. 238
120 Evolution de la population agglomérée des communes sud de la wilaya de Laghouat, et de la commune de Brézina (W. El Bayadh) de 1977 à 1987. 239
121 Evolution de la part relative de la population agglomérée des communes sud de la wilaya de Laghouat et de la commune de Brézina (W. El Bayadh) de 1977 à 1987. 240
122 Répartition de la part relative de la population par secteur pour les communes sud de la
306
wilaya de Laghouat et la commune de Brézina (W. El Bayadh) en 1987. 243
123 Evolution de la population éparse des communes sud de la wilaya de Laghouat et de la commune de Brézina (W. El Bayadh) de 1977 à 1987. 245
124 Evolution de la part relative de la population éparse des communes sud de la wilaya de Laghouat et de la commune de Brézina (W. El Bayadh) de 1977 à 1987. 246
125 L'élevage dans les wilayas de Laghouat et d'El Bayadh en 1987. 249
126 Pourcentage de têtes de bétail par espèces pour les communes sud de la wilaya de Laghouat et la commune de Brézina en 1991 (les % inférieurs à 1 ne sont pas représentés). 250
127 Part des éleveurs par taille de leur troupeau en 1987 dans la wilaya d'El Bayadh. 252
128 Evolution du troupeau d'ovin de la wilaya de Laghouat de 1977 à 1988. 254
129 Effectifs du cheptel de la wilaya de Laghouat par espèce en 1986-87. 254
130 Répartition de la détention des troupeaux de différentes tailles entre sédentaires et nomades dans l'unité d'aménagement de Brézina (correspond sensiblement à la commune) en 1988. 257
131 Carte de localisation des campements, puits et sources en 1957-58 dans la région d'El Haouita. 261
132 Evolution de la SAU (en ha) de la wilaya de Laghouat. 264
133 Evolution de la SAU (en ha) de la wilaya d'El Bayadh. 264
134 Evolution des superficies irriguées dans les communes sud de la wilaya de Laghouat de 1984 à 1986. 266
135 Part des différentes cultures dans la production agricole totale de la wilaya d'El Bayadh en 1987. 266
136 Part des différentes cultures dans la production agricole de la wilaya de Laghouat en 1987. 267
137 La production agricole de la wilaya de Laghouat en 1984 et 1987 (en quintaux). 268
138 La production agricole de la wilaya d'El Bayadh en 1984 et 1987 (en quintaux). 269
Liste des planches photographiques
Planche photographique :
1 Croûte calcaire dans une "falaise" bordière d'une daya au sud de Laghouat. 13
2 Croûte calcaire fossilisant la hamada au sud de Laghouat (coupe dans une carrière). 13
3 Accumulations sableuses vives sur le versant nord-ouest à l'extrémité nord-est du djebel Ahmar. 166
4 Accumulation sableuse vive contre une haie (côté nord-ouest) protégeant les zones de cultures de la région de Taouennza. 166
5 Formation sableuse vive et mobile de la région de Taouennza. Ensablement de la route. 166
6 Petite daya à bords doux, à peine marquée dans le paysage, colonisée par des jujubiers (région de Laghouat). 189
7 Vaste daya kilométrique limitée par une falaise inscrite dans la croûte calcaire fossilisant une hamada de la région de Ras ech Ch'aab. 189
8 Développement du jujubier dans une daya naissante. 196
9 Développement du pistachier et élimination de la végétation herbacée du centre de la daya. 196
307
Liste des tableaux
Tableau :
1 Les paramètres spectraux et spatiaux utilisés pour les interprétations des résultats des traitements des images satellites. 42
2 Principes de la cartographie géomorphologique à partir d'images satellites. 48
3 Principe de la cartographie de l'occupation du sol. 77
4 Caractéristiques des différents capteurs. 81
5 Matrice de corrélation des 6 canaux TM R% de la fenêtre de Brézina. 83
6 Matrice de corrélation des 6 canaux TM R% de la fenêtre des dayas. 83
7 Matrice de corrélation des 6 canaux TM R% de la fenêtre d'El Haouita. 84
8 Tableau croisé de la classification multidate d7789.c23 (1977 et 1989). 128
9 Descriptif des 219 dayas extraites du NDVI. 199
10 Intervalles de variation, moyennes des paramètres et corrélation np/ci pour les six classes. 204
11 Tableau croisé de la classification multidate d7789.c35 combinant la classification semi-supervisée des 4 canaux MSS de 1977 et la classification semi-supervisée des 6 canaux TM de 1989 de la fenêtre-image de Ras ech Ch'aab. 211
12 Taux d'accroissement de la population des communes sud des wilayas de Laghouat et El Bayadh de 1977 à 1987. 236
13 Taux d'accroissement annuel de la population agglomérée des communes sud de la wilaya de Laghouat et de la commune de Brézina (W. El Bayadh) de 1977 à 1987. 240
14 Taux d'accroissement de la population éparse des communes sud de la wilaya de Laghouat et la commune de Brézina entre 1977 et 1987. 245
15 Part de la population dans le secteur agricole des communes sud de la wilaya de Laghouat et la commune de Brézina (1987). 248
16 Superficie des parcours des communes de la wilaya de Laghouat 1988. 249
17 Densité des équivalents ovin par hectare et par commune 1988 255
18 Principales productions agricoles par communes en 1991. 268
19 Récapitulatif des zones d'affectation d'aménagement par communes sud de la wilaya de Laghouat en ha (1989). 275
308
TABLE DES MATIERES
Introduction
1. Le cadre spatial de l'étude. 1
2. Le cadre conceptuel de l'étude. 2
2.1. La désertification, un problème de définition. 2
Première partie 4 Méthodes et outils de traitement
1. Les données terrain - Leur insuffisance. 5
1.1. Détermination des grandes unités régionales. 5
1.1.1. Une unité : le piémont. 5
1.1.1.1. Les glacis et terrasses. 8
1.1.1.2. Les croûtes calcaires et encroûtements. 10
1.1.2. Deux unités nord et sud. 14
1.1.2.1. Le piémont septentrional dit "piémont proche". 14
1.1.2.2. Le piémont stricto-sensu, domaine des hamadas. 16
2. Méthodologie d'étude de la dégradation du milieu basée sur l'utilisation d'images satellite. 19
2.1. Choix de fenêtres-images. 19
2.1.1. Des fenêtres-images représentatives des différents "géosystèmes" du piémont. 19
2.1.1.1. La fenêtre de Brezina (n°1). 21
2.1.1.2. La fenêtre de Ras ech Ch'aab dite "des dayas" (n°2) 24
2.1.1.3. La fenêtre de Laghouat (n°3). 26
2.1.1.4. La fenêtre de Ain Madhi - El Haouita (n°4). 28
2.1.1.5. La fenêtre de Bir Mouilah (n°5). 28
2.2. Inventaires thématiques. 31
2.2.1. Méthodologie générale de traitement de l'image référence Thematic Mapper de 1989. 31
2.2.1.1. Transformation des données de Luminance Apparente en Réflectance en pourcentage. 31
2.2.1.2. Classification et transformation spectrale des données. 32
2.2.1.2.1. Les classifications non supervisées et supervisées. 32
2.2.1.2.1.1. Mise en oeuvre. 33
2.2.1.2.1.2. Interprétation thématique des classifications. 34
2.2.1.2.1.2.1. Les paramètres spectraux. 34
2.2.1.2.1.2.1.1. Les indices. 37
309
2.2.1.2.1.2.1.1.1. Les indices de végétation. 37
2.2.1.2.1.2.1.1.2. L'indice de brillance. 39
2.2.1.2.1.2.1.1.3. L'indice de rougeur et l'indice de couleur normalisé. 40
2.2.1.2.1.2.1.2. Les Analyses en Composantes Principales. 40
2.2.1.2.1.2.2. L'analyse contextuelle ou les paramètres spatiaux. 40
2.2.1.2.1.2.2.1. L'analyse contextuelle. 40
2.2.1.2.1.2.2.2. La texture et structure. 41
2.2.1.2.1.2.2.3. La morphologie mathématique et les méthodes de reconnaissance de formes. 42
2.2.2. Les cartographies obtenues. 42
2.2.2.1. La cartographie "géomorphologique". 43
2.2.2.1.1. Cartographie géomorphologique de la région de Brezina. 48
2.2.2.1.2. Cartographie géomorphologique de la région de Laghouat. 59
2.2.2.2. La cartographie de la végétation. 62
2.2.2.2.1. Cartographie globale de la végétation selon les NDVI. 67
2.2.2.2.2. Cartographie séparée de la végétation steppique et dense. 70
2.2.2.2.2.1. La végétation dense des dayas, des oueds et jardins. 71
2.2.2.2.2.2. La végétation steppique des glacis et hamadas. 76
2.2.2.3. La cartographie d'occupation du sol. 76
2.3. L'analyse diachronique des images satellites. 80
2.3.1. Les images traitées. 81
2.3.2. Une méthodologie de traitements adaptée à chaque fenêtre, sur une trame identique aux cinq. 82
2.3.2.1. Corrections radiométriques. 82
2.3.2.2. Recalages et réechantillonnages. 82
2.3.2.3. Choix des canaux pertinents. 83
2.3.2.4. Cartographies diachroniques utilisant des traitements identiques à ceux de l'image référence. 84
2.3.2.4.1. Les classifications semi-supervisées. 85
2.3.2.4.2. Les indices diachroniques. 85
2.4. Apport spécifique de l'imagerie radar. 86
2.5. Vérification des "cartographies" réalisées. 86
2.6. Intégration de données exogènes à l'aide d'un SIG. 87
Conclusion de la première partie 88
Deuxième partie
Processus d'évolution actuels et passé du milieu
1 - La dégradation du milieu à travers la série d'images diachroniques de 1977 à 1994, impact de la
310
sécheresse de 1970-1986. 90
1.1. Les différentes approches de la notion de sécheresse. 90
1.1.1. La sécheresse météorologique ou climatologique. 90
1.1.1.1. Les caractéristiques climatiques moyennes du piémont et la notion d'aridité. 90
1.1.1.1.1. Les précipitations. 91
1.1.1.1.2. Les températures. 93
1.1.1.1.3. Indices de classification climatiques. 93
1.1.1.2. Les cycles secs des dernières décennies. 95
1.1.1.3. Problème de représentativité des moyennes climatiques. 98
1.1.2. Les sécheresses agricoles ou efficaces. 99
1.1.2.1. La sécheresse de 1945-46, comparaison par rapport à 1952-53 très humide. 101
1.1.2.2. La dernière sécheresse de 1970-1986. 103
1.2. Suivi de l'impact de cette sécheresse sur le milieu à travers les images satellites. 105
1.2.1. La réponse du tapis végétal. 105
1.2.1.1. La végétation steppique. 106
1.2.1.2. La végétation dense. 121
1.3 - Déflation et ensablement, l'impact de la sécheresse. 130
1.3.1. Les vents, et les déplacements de sable : fréquence, direction, force. 130
1.3.1.1. Fréquence des directions du vent au sol (station de Laghouat). 131
1.3.1.2. Fréquence des vents à 1000m. 133
1.3.1.3. La force du vent. 135
1.3.1.4. Volumes de sables transportés. 136
1.3.1.5. Les vents de sable. 139
1.3.2. La disposition géométrique des formes et formations éoliennes comme indicateur des directions de migration éolienne. 142
1.3.2.1. Le piémont, un espace de transit éolien important. 142
1.3.2.2. Typologie des formes et formations éoliennes et détermination des sens de migrations éoliennes. 143
1.3.2.2.1. Typologie des formes et formations éoliennes de la région de Laghouat. 143
1.3.2.2.1.1. Le champ de dunes et les traînées sableuses. 144
1.3.2.2.1.2. Les placages sableux sur les versants sud-est des crêts. 150
1.3.2.2.2. Conclusions sur les directions des migrations éoliennes dans la région de Laghouat. 153
1.3.2.2.3. La région de Brézina. 156
1.3.2.2.3.1. Les dunes longitudinales. 156
1.3.2.2.3.2. Les dunes linéaires (sif). 158
1.3.2.2.3.3. Les aklés. 161
1.3.2.2.3.4. Les autres formes et formations sableuses. 161
1.3.3. Formes et formations sableuses indicatrices de dégradation du milieu. 162
311
2. Un modelé essentiellement hérité. (Les héritages morphologiques indicateurs d'évolution paléoenvironmentale) 169
2.1. Les sécheresses ne sont pas significatives d'une aridification du climat. 169
2.2. Reconstitution de l'évolution climatique longue. 170
2.3. Un réseau hydrographique tertiaire caractérisé par deux types de bassin versant. 172
2.3.1. Les oueds à bassin versant atlasique. 173
2.3.2. Les oueds à bassin versant hamadien déconnectés de leur impluvium atlasique. 174
2.3.3. Le rôle morphologique actuel des oueds 175
2.3.4. Une perte de compétence contrôlée par une aridification et des mouvements tectoniques. 177
2.4. Les dayas. 188
2.4.1. Typologie des dayas selon la taille et l'encaissement. 188
2.4.1.1. Essai sur la genèse des dayas. 190
2.4.2. Chronologie relative des dayas selon des critères d'encaissement et de taille. 194
2.4.3. Chronologie relative selon la taille, la forme et la végétation des dayas de Ras ech Ch'aab. 195
2.4.4. Typologie des dayas selon leur couverture végétale. 206
2.4.5. Les dayas du synclinal d'El Maïa. 216
2.5. Des indicateurs d'une activité éolienne plus marquée. 218
2.5.1. Les formations éoliennes fossiles d'El Haouita. 218
2.5.2. Les dunes longitudinales fixées de la région de Brézina. 220
2.5.3. Les placages de versants sud-est. 221
Conclusion de la deuxième partie. 222 Troisième partie 223
Un milieu naturel de plus en plus sollicité
1. Modification des systèmes agro-pastoraux. 226
1.1. Les structures d'élevage "traditionnelles". 226
1.1.1. Un mode d'élevage extensif. 226
1.1.1.1. Un espace réparti en terrains de parcours gérés par les tribus. 226
1.1.1.2. Un système pastoral basé sur la 'achaba et 'azaba. 229
1.1.2. Une agriculture d'appoint très concentrée. 231
1.2. Un système déstructuré durant la période coloniale. 232
1.3. Mutation des structures pastorales associée à de nouveaux modes d'occupation de l'espace. 234
1.3.1. Une charge humaine sur le milieu croissante. 234
1.3.1.1. Une très forte croissance de la population des communes du piémont sud du djebel Amour. 234
1.3.1.2. Une modification de la répartition spatiale de la population. 236
1.3.1.2.1. Sédentarisation des nomades. 236
1.3.1.2.2. Une sédentarisation dans les agglomérations plus ou moins importantes existantes. 239
312
1.3.1.2.2.1. Une sédentarisation favorisée par l'attrait des salaires des secteurs tertiaires et du bâtiment et de meilleures conditions de vie. 241
1.3.1.2.3. Une sédentarisation en dehors des agglomérations : accroissement de la population éparse 244
1.3.2. Une activité pastorale toujours prépondérante sur le piémont. 248
1.3.3. De nouvelles pratiques pastorales définies par la spéculation et qui entraînent une augmentation de la contrainte sur le milieu. 251
1.3.3.1. L'élevage, une activité spéculative organisée par des professionnels. 251
1.3.3.2. Croissance des troupeaux. 253
1.3.3.3. Immobilisation et cantonnement des troupeaux. 256
1.3.3.4. La motorisation du transport des bêtes. 260
1.4. Développement corrélatif de l'agriculture. 263
1.4.1. L'accroissement des superficies cultivées. 263
1.4.2. Extension des périmètres irrigués et des nouvelles cultures associées. 265
1.4.3. Modifications des types de culture avec l'urbanisation. 266
1.4.4. Modification des pratiques culturales. 269
1.5. Modification du statut de la propriété de la terre. 270
1.6. Deresponsabilisation des nomades. 272
1.7. La modification des modes de gestion du milieu favorise la dégradation du milieu 272
1.8. Les programmes de lutte contre la dégradation du milieu. 274
1.9. Les projets de développement à plus ou moins long terme. 276
Conclusion de la troisième partie 277
Conclusion générale 279 Bibliographie 281 Liste des figures 299
Liste des planches photographiques 304
Liste des tableaux 305 Sommaire 306