découvertes épigraphiques récentes dans l’aire du sanctuaire d’eshmoun à sidon

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DECOUVERTES éPIGRAPHIqUES RéCENTES DANS L’AIRE DU SANCTUAIRE D’ESHmOUN à SIDON

Paolo xella1

José-ángel zamora López2

1 CNR, Roma2 CSIC, Zaragoza

Resumé

Dans le cadre d’un accord entre la “Direction Générale des Antiquités” du Liban et le « Consiglio Nazionale delle Ricerche » (Rome), une équipe composée de spécialistes italiens, libanais et espagnols travaille à la publication des inscriptions sémitiques de l’Ouest actuellement conservées à la DGA. En plus des recherches menées près du musée National, l’équipe a entrepris des études particulières dans diférents endroits du territoire, parmi lesquels l’aire du sanctuaire phénicien de boustan esh-Sheikh (Sidon) consacré au dieu guérisseur Eshmoun. Ici, deux trouvailles importantes sont à signaler, qui concernent le roi bodashtart (in du VIe siècle av. J.-C.) et l’histoire du sanctuaire.

Il s’agit, dans le premier cas, d’une inscription royale située à l’intérieur du sanctuaire. L’épigraphe était déjà connue, mais n’avait jamais été l’objet d’étude et publication scientiique. Sa position dans les murs permet de mieux comprendre la chronologie des travaux au sanctuaire efectués par les rois de Sidon. Dans le deuxième cas, grâce à une série de photographies retrouvées dans les archives de la DGA, il a été possible de connaître une nouvelle et extraordinaire inscription phénicienne qui date éga-lement du règne du roi bodashtart, gravée sur la rive du Nahr al-Awali. même si l’inscription n’a pas été repérée, les photographies ont permis de localiser l’endroit où le rocher inscrit devait se trouver et, en même temps, de rédiger une étude préliminaire du texte. L’inscription, qui fournit toute une série de données très importantes du point de vue historique, archéologique et linguistique, commémorait la réalisation des travaux hydrauliques sur le leuve qui comprenaient, entre autres, une canalisation des eaux du Awali jusqu’au sanctuaire d’Eshmoun.

Riassunto

Nell’ambito d’un accordo tra la Direzione Generale delle Antichità del Libano e il Consiglio Na-zionale delle Ricerche italiano, un team di esperti italiani, libanesi e spagnoli lavora nella pubblicazione delle iscrizioni semitiche nordoccidentali attualmente custodite dalla DGA. Oltre alle ricerche condotte nel museo Nazionale di beirut, il gruppo ha intrapreso studi speciici in diverse parti del territorio, com-presa l’area del santuario fenicio di bustan esh-Sheikh (nei pressi di Sidone) dedicato al dio guaritore Eshmun. Proprio in quest’area sono da segnalare due importanti ritrovamenti, che concernono il re bodashtart (ine del VI secolo a.C.) e la storia del santuario.

Si tratta, nel primo caso, di un’iscrizione reale situata all’interno del santuario. L’epigrafe era già conosciuta, ma non era mai stata oggetto di studio e di pubblicazione scientiica. La sua posizione nei muri consente di capire meglio la cronologia dei lavori efettuati presso il santuario dal re di Sidone. Nel secondo caso, grazie al ritrovamento negli archivi della DGA di una serie di antiche fotograie, è stato possibile conoscere una nuova e straordinaria iscrizione fenicia – che risale anche essa al regno di bodashtart – incisa sulla sponda del Nahr al-Awali. Anche se l’iscrizione non è stata ricuperata, le fotograie hanno permesso di individuare il posto dove era collocata e, nello stesso tempo, preparare uno studio preliminare del suo testo. L’epigrafe, che contiene una serie d’importanti dati di interesse storico, archeologico e linguistico, commemorava il completamento di una complessa opera idrica sul iume. Essa comprendeva, tra altri lavori, una diga, una presa d’acqua e relativa canalizzazione desti-nata a portare le acque del iume Awali al santuario di Eshmun.

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Découvertes épigraphiques récentes dans l’aire du sanctuaire d’Eshmoun à Sidon

Pao�o xe��a e José-án�e� zamora L��e�

1. Aperçu général

Un projet international visant à récupérer et réexaminer les inscriptions ouest-sémiti-ques du Liban est en cours depuis quelques années sous la direction d’Hélène Sader (American University of beirut) et Paolo xella (Istituto di Studi sulle Civiltà Italiche e del mediterraneo antico, CNR, Roma). Ce projet, auquel participent aussi maria Giulia Amadasi (Université de Rome « La Sapienza »), José-ángel zamora López (Instituto de Estudios Islámicos y del Oriente Próximo , CSIC, zaragoza) et Ida Oggiano (Istituto di Studi sulle Civiltà Italiche e del mediterraneo antico, CNR, Roma), bénéi cie du soutien de dif érentes institutions (parmi lesquelles, la Direction Générale des Antiquités de beyrouth, le ministère Italien des Af aires étrangères et le ministère Espagnol de la Recherche), a pour but la réalisation d’un corpus complet des inscriptions phéniciennes du

Liban et la publication des documents inédits dans un supplément du “bulletin d’archéologie et d’architecture libanaises”.

Au cours de cette recherche, on a ef ectué une reconnaissance approfondie de l’aire du sanctuaire de boustan esh-Sheikh près de Saïdah (Sidon), consacré au dieu Eshmoun, ai n de mettre au point la situation actuelle et, en même temps, de localiser et d’étudier de nouvelles inscriptions dont la présence in situ était connue (Amadasi et al., sous presse).

Le site a une importance extraordinaire à tous égards : les fouilles anciennes ont restitué une quantité imposante de matériaux de tous types et époques, y compris une série d’inscriptions d’importance primordiale pour l’histoire de Sidon (Ganzmann et al., 1987 ; Stucky, 1993 ; Stucky – mathys, 2000 ; Stucky, 2002 ; Stucky, 2005). mais les problèmes n’ont pas tous été résolus. Parmi les questions à approfondir, l’on signale celle des rapports entre le sanctuaire, l’aire urbaine et la partie i nale du Nahr al-Awali, en particulier en ce qui concerne l’existence de systèmes hydrauliques de captation de l’eau du l euve en direction du lieu de culte [Fig. 1].

Venant à l’épigraphie, on doit faire ici état de deux trouvailles importantes qui concernent le roi bodashtart (i n du VIe siècle av. J.-C.) et l’histoire du sanctuaire.

Fig. 1.

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à la suite d’une inspection méticuleuse, nous avons localisé, à l’intérieur du sanctuaire, une inscription complète, gravée sur un des blocs de pierre constituant la façade externe du deuxième podium monumental (xella – zamora, 2005). Cette épigraphe, rédigée au nom du roi bodashtart et de son « i ls légitime » yatonmilk, appartient à la deuxième série d’inscriptions laissées par ce souverain dans le temple. Le texte était déjà connu (Contenau, 1924), mais le document n’avait jamais été l’objet d’une publication scientii que en bonne et due forme et on ne connaissait pas son état actuel.

Le deuxième nouveau document est une inscription du même roi sur la rive du l euve Awali. En ef et, le monde scientii que était au courant de l’existence d’une nouvelle inscription de bodashtart. Une notice avait été donnée par m. Chéhab à l’occasion du IIe Congrès international d’études phéniciennes et puniques de Rome en 1979 (Chéhab, 1982) Le texte, gravé sur un rocher situé sur la rive du l euve, aurait fait allusion à des travaux accomplis par le roi sidonien à une époque précise de son règne : il y avait manifestement un rapport avec les autres inscriptions de ce roi, mais il devait s’agir d’un document dif érent de ceux que l’on connaissait déjà. Cette inscription restait pourtant un véritable mystère car, mis à part Chéhab, personne n’avait eu l’occasion de la voir et aucune information supplémentaire n’avait été donnée par la suite. Nous avons pu reconstruire l’histoire du monument, aujourd’hui malheureusement disparu, et le publier

grâce à deux séries de photographies repérées dans les archives de la DGA à beyrouth.

2. L’inscription in situ dans le temple

Concernant l’histoire du sanctuaire sidonien, d’après la reconstruction la plus plausible, il devait exister un petit lieu sacré naturel sur le l anc de la colline (une anfractuosité, une grotte, une source. …) dont la nature exacte nous échappe. Ce lieu sacré était le siège de cultes à caractère thérapeutique en rapport avec le dieu Eshmoun, dont la dévotion de la part des rois de Sidon est fort bien documentée. Le premier témoignage direct sur les travaux architecturaux exécutés sur place est fourni par l’inscription funéraire d’Eshmounazor II (KAI 14, deuxième moitié du VIe siècle av. J.-C). Celle-ci rappelle qu’en compagnie de sa mère Emashtart, il a fait exécuter divers travaux de construction en plusieurs endroits du royaume, parmi lesquels le temple en question:

w >n™n >≈ bnn bt l>≈mn# [≈]r qd≈ <n ydll bhr wy≈bny ≈m m>drm,

« nous avons bâti le temple d’Eshmoun, Prince Saint, Source ydll à la montagne et nous l’avons (scil.: le dieu) installé là-bas d’une façon magnii que » (ll. 16-17).

Sur cette base, l’on attribue à ce roi la construction du premier podium, une sorte de terrasse

qui entoure la partie inférieure de la colline [Fig. 2]. La phase la plus importante des travaux se situe néanmoins durant le règne de son successeur, bodashtart, petit-i ls d’Eshmounazor Ier (père de Tabnit et grand-père d’Eshmounazor II) mort à 14 ans. bodashtart clôture la liste des oeuvres réalisées en dif érents endroits du territoire sidonien par la mention du temple d’Eshmoun, localisé dans la partie extra-urbaine de son royaume (KAI 15 ; bonnet - xella, 2002).

Parmi les travaux réalisés au sanctuaire par bodashtart, ce sont ceux qui se rapportent au «deuxième podium» qui nous intéressent et qui sont les plus visibles. Il s’agit d’un grand carré dont les côtés sont disposés selon les points cardinaux [Fig. 2], qui s’insère dans un programme de réfection radicale qui i nit par ceindre la colline d’une haute muraille terrassée. C’est précisément à l’intérieur du temple, dans les murs de l’imposante plate-forme appelée « deuxième podium », qu’ont été découvertes les inscriptions de bodashtart, par lesquelles le roi réclame la paternité des travaux.

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Les travaux accomplis au deuxième podium et, en particulier, l’oeuvre de revêtement de la paroi rocheuse, ont été exécutés au cours de deux phases dif érentes qu’on peut aisément distinguer sur le côté septentrional de la plate-forme. Dans une première phase, on a édii é une façade accrochée à la paroi, en y appliquant des blocs de pierre dont la surface avait été expressément modelée pour adhérer parfaitement au rocher (ailleurs, par contre, les blocs mis en place ont gardé leur forme orthogonale, tandis qu’on a nivelé les surfaces naturelles) [Fig. 3]. Cette façade - dans la partie qui subsiste, là où les inscriptions ont été découvertes - est formée de deux i les de blocs travaillés à bossage, ce qui montre qu’elle était, au moins au début, destinée à être visible (sur les premières fouilles cf. macridy, 1904 ; von Landau, 1905 ; cf. ensuite Dunand, 1973).

Après un certain temps des travaux de consolidation de la première façade se sont avérés nécessaires. On y a dès lors ajouté des i les supplémentaires de blocs qui ont formé le périmètre du carré déi nitif du podium et, par conséquent, une deuxième façade, déi nitive cette fois. à la partie toujours visible, sur le côté nord, on a vraisemblablement ajouté trois i les de blocs, dont la i le extérieure destinée à être vue [Fig. 3]. Il faut préciser que ce deuxième mur a été réalisé avec une technique moins soignée que celle qui avait été employée pour l’ancienne façade.

De même que l’on a af aire à deux phases de construction dif érentes, on conserve deux séries d’inscriptions (chacune avec le même texte, sauf de petites variantes sans inl uence), laissées sur place par bodashtart : les inscriptions « signées » par le seul bodashtart sont contemporaines de l’érection de la première façade (KAI 15), tandis que celles de la deuxième série (KAI 16), où le roi associe son i ls yatonmilk, sont en rapport avec la phase de consolidation qui donna à l’installation son aspect déi nitif.

Fig. 2.

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Or, l’inscription in situ, que nous présentons ici, appartient à la deuxième série (le roi et son i ls). Ce bloc inscrit (cm 130 x 85 ca dans l’état actuel) se trouve dans la première façade, dans une sorte de « couloir » artii ciel à l’intérieur des murs qui enveloppent le versant septentrional de la colline. Ce « couloir » s’est progressivement formé suite aux enlèvements continus des blocs, aussi bien inscrits qu’anépigraphes, dont le déplacement permettait un accès plus aisé aux inscriptions suivantes. Ce passage artii ciel a une orientation est-ouest et notre bloc inscrit est inséré dans la deuxième i le en partant du bas (niveau actuel du sol), à quelques mètres de distance de la i n du «couloir», sur la paroi gauche en regardant le fond [Fig. 4].

Transcription et traduction

1) mlk bd<≈trt wbn ßdq ytnmlk mlk ßdnm2) bn bn mlk >≈mn<zr mlk ßdnm >yt hbt z3) bn l>ly l>≈mn ≈r qd≈

1) Le roi bodashtart et son i ls légitime yatonmilk, roi des Sidoniens,2) petit enfant du roi Eshmunazor, roi des Sidoniens, ce temple-ci3) a érigé à son dieu Eshmon, Prince Saint.

Le fait remarquable est que notre inscription représente une double exception à la règle. Primo, parce qu’elle semble bien être la seule inscription des deux séries placée de manière à être visible au moins au moment de sa pose dans le mur; secundo, parce que - d’après son texte - elle aurait dû se trouver avec toutes les autres inscriptions de la deuxième série, dans les blocs de la deuxième façade.

Fig. 3.

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Toutes les inscriptions de la première série (bodashtart seul) ont été insérées dans les i les de la première façade et soigneusement disposées de manière à ce que les côtés inscrits des blocs soient cachés dès le moment de la pose. D’une manière analogue, les inscriptions de la deuxième série (bodashtart + yatonmilk) faisaient partie du deuxième mur de revêtement et elles aussi ont été insérées de manière à ne pas faire apparaître les inscriptions, c’est-à-dire dans les i les de blocs les plus internes de la nouvelle façade.

Comment expliquer la double incohérence de notre épigraphe ?Nous avons pu remarquer directement qu’une partie des blocs de la première façade ont

été retravaillés pour éliminer le bossage ai n de permettre la gravure du second type d’inscription, comme c’est le cas pour la nôtre. Si ce travail avait été contemporain de l’érection de la façade, on aurait attendu un texte du premier type, c’est-à-dire identique à ceux qui ont été placés dans ce même mur. Toujours dans ce cas, il faudrait aussi expli quer pourquoi les bâtisseurs de la première phase auraient pris la décision de laisser notre inscription visible, au contraire des autres, volontairement cachées; en outre, il fau drait encore se demander pourquoi, dans un second temps, on aurait décidé de graver le même texte (2e type) sur des blocs destinés à être cachés et à couvrir l’appareil originel.

Il nous semble raisonnable de supposer que la décision de graver le texte aujourd’hui visible a été prise au moment où l’on réalisait les travaux postérieurs de consolidation, c’est-à-dire durant la phase à laquelle appartiennent les inscriptions de la deuxième série. L’on pourrait alors penser que, dans cette deuxième phase, bodashtart, devenu père d’un héritier légitime, était désireux de l’associer dans la commémoration de ses travaux. Lorsque l’on a été obligé de couvrir l’ancienne façade, destinée à rester cachée à jamais, le roi aurait ordonné la gravure

Fig. 4.

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du texte « nouveau » en rebaptisant en son nom et au nom de son i ls, la construction initiale. Il choisit de le faire en un point (matériel et symbolique) qui marquait l’endroit le plus sacré du sanctuaire et qui concrétisait la transition entre les deux moments forts de l’histoire de cette oeuvre monumentale.

Cette inscription, exactement comme les autres, avait du reste été gravée pour rester cachée. N’oublions pas qu’à proximité de ces blocs – adossés à la paroi de la colline dont on n’a pas modii é la surface naturelle, comme en signe de respect – se trouvait vraisemblablement le coeur même du lieu sacré primitif, ce qui avait amené Eshmounazor à faire construire, autour de ce lieu, le premier “podium”.

On s’est bien sûr interrogé sur les raisons qui ont poussé le roi de Sidon à cacher délibérément et pour toujours ses inscriptions de fondation, partagées entre la première et la deuxième façade, toutes à proximité d’un endroit précis de la pente de la colline. Toutes les inscriptions découvertes pendant les fouilles régulières ont été placées de manière à ce que le côté inscrit des blocs soit caché et muré. Dans quelques cas, on a gravé le texte sur les côtés opposés du même bloc, des côtés qui devaient être placés en contact avec les côtés d’autres blocs. Il faut aussi ajouter que les lettres des inscriptions ont été rehaussées au moyen d’une couleur rouge vif qui était encore visible au moment de la découverte, précisément parce que les textes sont restés bien protégés à l’intérieur du mur. La permanence de la couleur montre donc que les inscriptions n’ont jamais été exposées aux intempéries, ce qui nous amène à exclure que les blocs aient été réutilisés. bref, les murs du podium étaient donc bien la destination première et déi nitive des blocs inscrits.

Pour expliquer cet usage, qui n’est jamais documenté à notre connaissance dans le monde phénicien, on a pensé que bodashtart avait peut-être voulu s’inspirer d’une tradition mésopotamienne: celle des inscriptions de fondation ou, mieux encore, compte tenu de l’époque et de la situation politique, qu’il aurait suivi un usage perse. Il s’agirait dès lors d’une action rituelle par laquelle le roi de Sidon ouvrait et clôturait symboliquement un dialogue personnel avec la divinité du sanctuaire et avec la mémoire historique des lieux, par delà tout interlocuteur humain puisque aucun d’entre eux n’était destiné à lire ces textes qui commémoraient les mérites du roi pieux et bâtisseur (xella – zamora, 2005, p. 125-127).

Cette interprétation fournit un fondement idéologique adéquat aux décisions de bodashtart et se base sur des parallèles bien connus. Dans ce cadre, il faut néanmoins prendre en considération quelques détails qui n’invalident certes pas cette exégèse, mais qui peuvent apparaître comme de petites « dissonances ».

Tout d’abord, la disposition des inscriptions sur les blocs est assez irrégulière. Certaines pierres sont gravées sur les longs côtés, d’autres sur les petits côtés; exceptionnellement, le texte est gravé sur les deux côtés opposés du même bloc, sans que l’on puisse en conclure qu’il s’agit là d’une stratégie délibérée. Il y a des inscriptions inachevées et on connaît encore le cas d’un bloc dont le champ épigraphique avait été préparé par des lignes horizontales, mais dont l’inscription n’a jamais été gravée, en dépit de quoi, le bloc a néanmoins été inséré dans le mur. Il faut encore signaler que toutes les inscriptions – à l’exception de celle in situ que l’on présente ici – ont été gravées sur les blocs avant leur insertion dans le mur et même avant le travail de i nissage.

Tout bien pesé, l’hypothèse selon laquelle bodashtart aurait suivi un usage rituel demeure convaincante, même si les remarques que l’on vient d’exposer nous font penser à une pratique suivie de manière quelque peu superi cielle et mécanique, c’est-à-dire, sans une participation par-ticulière ni un réel soin religieux. à cet égard, l’analyse pourrait être élargie si l’on prenait en consi-dération la question des inl uences culturelles exercées par les conquérants sur les conquis.

L’on a ainsi remarqué que, du point de vue artistique et, plus généralement, culturel, les Sidoniens ont manifesté un réel éclectisme à l’époque perse: leur hellénisation a été superi cielle, sans ancrage profond, ce qui rel ète sans doute la volonté des Sidoniens de conserver leurs propres

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traditions, quoique moyennant diverses réélaborations et adaptations. Tout en restant bien conscients du fait que nous évoluons sur un terrain hypothétique, il nous semble vraisemblable d’interpréter dans cette optique le comportement de bodashtart et de ses sujets. On peut supposer que le roi de Sidon a adopté de sa propre initiative – en sa qualité de «petit roi» soucieux de se conformer aux habitudes des puissants – la pratique rituelle des inscriptions cachées dans les murs de fondation. Cependant, les motifs idéologiques à la base de cette conduite, inusuelle en Phénicie, ne furent probablement ni compris ni partagés par le commun des mortels. Il semble

bien que ses ouvriers aient exécuté le projet avec une certaine superi cialité, voire un certain détachement, comme s’ils se conformaient bon gré mal gré à un usage qui était étranger aux traditions de leur pays.

3. L’inscription perdue sur le Nahr al-Awali

Comme on l’a anticipé, en 1979 Chéhab annonça l’existence d’une nouvelle inscription du roi bodashtart située non pas à l’intérieur du sanctuaire d’Eshmoun, mais sur la rive du l euve Awali. Cette notice sensationnelle est restée sans suite, même plus, car le silence tombé sur ce document extraordinaire ne laissait présager rien de positif.

En dépit de cela, nous avons décidé, dans le cadre de notre projet et en partant des

informations laconiques de Chéhab, de chercher l’inscription aussi bien à travers une prospection du territoire que par une recherche d’archives. Précisément avec ce but, au mois d’août 2004 nous avons ef ectué une première reconnaissance sur l’Awali, qui nous a permis de circonscrire avec une très bonne approximation le segment du l euve où l’inscription se trouvait (Amadasi Guzzo et al., sous presse) [Fig. 5].

Fig. 5.

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En même temps, nous avons demandé aux fonctionnaires de la DGA d’ef ectuer une recherche dans leurs archives concernant la documentation sur le cours inférieur de l’Awali. Le

résultat a été l’identii cation de 18 anciennes photos sur papier et 18 négatifs sur vitre. Il s’agissait des reproductions d’un rocher inscrit en phénicien situé au bord de l’eau (xella – zamora, 2004). C’était sans aucun doute l’inscription mentionnée par Chéhab. L’année suivante (août 2005) des recherches ultérieures ont permis d’identii er une nouvelle série de 34 photos en noir et blanc. En plus de l’inscription entière et en détail, il y avait aussi 7 reproductions de vues du l euve et de sa rive droite, vraisemblablement l’endroit où le rocher inscrit se trouvait.

De la première série de photos nous avons pu déduire qu’elles ont été prises en deux moments divers de l’année, comme il apparaît du niveau dif érent de l’eau et de l’état de la pierre qui fut soumise à un nettoyage. Ce premier set d’images n’of rait pourtant aucun élément pour préciser le point exact où le rocher pouvait se trouver. On en restait à l’indication de Chéhab d’une distance d’environ trois kilomètres du temple.

La deuxième série de photos a fourni des images du rocher et du champ épigraphique dif érentes par rapport à celles du premier groupe et a permis de progresser quelque peu dans la lecture du texte. mais ce sont les photos du paysage qui ont permis, cette fois-ci, de nous faire une idée assez précise de l’endroit où le monument devait être placé.

L’inscription avait été gravée sur un rocher de forme à peu près triangulaire situé en position oblique par rapport au lit du l euve [Fig. 6]. Elle présentait onze lignes visibles surmontées par un carré entouré d’une corniche et creusé dans la pierre. Sa surface avait été soigneusement lissée

même si, curieusement, elle ne montre aucune trace de lettres ou de représentations. Sa fonction demeure obscure : elle contenait peut-être un décor en rapport avec le texte dont elle semble contemporaine.

Fig. 6.

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Un rocher de ce type et le paysage dont il est entouré – d’après les nouvelles photos – s’accorde parfaitement avec la morphologie du segment de l’Awali à la hauteur du troisième kilomètre du sanctuaire, où se trouve maintenant l’aire occupée par la centrale électrique « Charles Hélou ». La construction de cette centrale a provoqué une déviation du lit du l euve à cause d’un barrage et a sensiblement modii é la morphologie d’ensemble de cette zone.

Il n’est pas possible de s’attarder ici sur toutes les phases et tous les détails de notre

recherche, y compris la prospection ef ectuée en 2005, dont les résultats sont sous presse dans « bAAL » (xella et al., 2005). Nous pouvons malheureusement ai rmer que l’inscription n’existe plus aujourd’hui, même s’il est possible de localiser son ancien emplacement.

Nos conclusions, tirées de l’analyse documentaire et de la reconnaissance sur le terrain, convergent dans l’indiquer la zone tout près de la Centrale comme l’endroit où le rocher inscrit devait se trouver. Le monument était bien visible sur la rive droite à la hauteur d’un ancien

barrage et d’un canal qui conduisait l’eau du l euve vers le sanctuaire de la rive opposée, un travail hydraulique remarquable que le texte devait commémorer. Aujourd’hui ce segment de l’Awali est complètement transformé à cause des travaux pour la construction de la Centrale, qui permettent aux eaux du Litani de se déverser dans l’Awali et de produire de l’énergie électrique. En plus, immédiatement à gauche de la Centrale, la rive à été modii ée par la construction de plusieurs plates-formes en ciment où se trouve une série de petits restaurants.

Grâce aux anciennes photos, toutefois, il nous a été possible de reconstruire presque tout le champ épigraphique. D’après ces images, une dizaine de lignes sont visibles (peut-être onze), après lesquelles il y a le lit du l euve. L’état de la pierre a rendu dii cile le travail du lapicide, qui a parfois été obligé de laisser des espaces considérables soit entre les lettres, soit entre les lignes

(en particulier, entre la sixième et la septième ligne). Voici la lecture et la traduction qu’on peut proposer de l’inscription, comme résultat de l’étude de la première série de photos (xella – zamora, 2004; une édition complète, qui tiendra compte de toute la documentation photographique, est en préparation par les mêmes auteurs) :

Transcription et traduction

Ligne 1 [b y]r™ zb™ ≈#m#[≈ b≈]n#t # ≈b< /// /// / lmlky mlk bd<≈trt Ligne 2 [m]l #k# [ßd]n#[m bn] b#[n] ml#k >≈mn<zr mlk ßdnm bßdn [y]m(Ligne 2b >#≈## bnLigne 3 ≈#m#m# r#m# m >r#ß# r#≈#p#m# w#ßdn ≈d kbn+w p<l mlk bd<≈trt mlk ßdnm >ytLigne 4 [-?] nbl z y>-- [>]≈#m#n# ≈r qd≈ b#<#n yd#ll lknnm hmm - ->l# ? (?) >≈ ≈q? - - (?)Ligne 5 [-?]lmb [12 letttres ca.]r/d >≈mn# w# >yt >≈r >≈ t ?w# p<l bnm >yt [-?]Ligne 6 [ -?] b#l/n -- ->- -- >#y#t # [8 lettres ca.] m ? >#≈#mn w#>yt ≈ryt >≈ t™t > […?]Ligne 7 [mlk ?] >≈mn#<z#r -- -</d/b?g ? m ?-m?-b< dm ?r/d - [6 lettres ca.] m ?rbm >≈ ?l ?y?-</r - brnm ≈r/d<b/dt#Ligne 8 yl#ms/w >≈ y<bd m#m ?> ? l/n/m ™ ?≈ ?</q - - z ?</b/d/r [7 lettres ca.] t ? [série indéterminée de signes]Ligne 9 - < ? l# [...]- t ? - - n/l - - y ? [...] >yt# > ?≈ y≈ p/s k- […] –y ?m yq#l #™ [cassure]Ligne 10 [cassure]- </b/r/d (?)[ … ]b ?t [ ... ] m ?m ? [ ...]Ligne 11 [ ... ] - - d/< (?) [ ... ]

Découvertes épigraphiques récentes dans l’aire du sanctuaire d’Eshmoun à Sidon

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Lin�u�stica e E�i�ra�ia

1) Au mois de zb™ ≈m[≈, dans l’an]née sept 7 de son règne, du roi bodashtart2) [r]oi des [Sid]oni[ens, petit i ls du] roi Eshmounazor roi des Sidoniens, [dans] “Sidon de la [m]er”,3) Cieux élevés, Terre des Reshephs et dans “Sidon de la plaine” voici que le roi bodashtart, roi des Sidoniens, a bâti et a fait ce4) nbl-ci (?) ... d’Eshmoun, Prince Saint à la Source ydlal, ai n qu’elles soient, les eaux (?) qui donnent à boire (?) ...5) ... ? ... d’Eshmoun et le lieu/l’emplacement du pilier (?). Et il a fait des travaux/des édii ces (?), le ... 6) «... ? ... d’Eshmoun et les architraves qui sont au-dessous de ...» 7) du roi (?) Eshmounazor ... près du (?) ... ? ... les eaux (?) grand(e)s (?) qui ... 8) ... que puisse servir l’eau(??) pour (?) ...9) ...... (?)10) ...... .............. le temple (?)........l’eau (?) ...11) ...

Un commentaire exhaustif est impossible ici et l’on renvoie encore une fois à notre étude dans « bAAL » 8, 2004 et à l’étude déi nitive en préparation. Nous nous limiterons à résumer les données les plus saillantes fournies par cette inscription, qui vient s’ajouter aux autres déjà mentionnées de bodashtart et à une autre du même roi datant de la première année de règne et commémorant l’érection d’un monument en l’honneur d’Astarté (CIS I 4 ; cf. Bonnet, 1995).

Le texte s’ouvre par une formule de datation : il s’agit de l’année 7 du règne de bodashtart et du mois dit zb™ ≈m≈, un mois déjà attesté à Chypre et en Etrurie, à Pyrgi (dans le texte etrusque le mois correspondant est Masn). On se trouve vraisemblablement en juin et son nom, qui signii e littéralement « sacrii ce au Soleil/à Shamash » semble indiquer l’été, une époque où le niveau du Awali était au minimum.

bodashtart rappelle sa généalogie en mentionnant directement son grand-père Eshmunazor (I), puisque son père n’a jamais été roi. Ensuite, il rappelle ses exploits de roi-bâtisseur en suivant le schéma stéréotypé employé dans les autres inscriptions. Il énumère donc les « quartiers » (ou bien les oeuvres monumentales) qu’il a fait ériger dans la Sidon-de-la-mer, appelés « Cieux élevés » et « Terre des Reshephs ».

Tout à fait remarquable s’avère ici l’absence de ßdn m≈l, qui i gure par contre régulièrement dans les autres inscriptions comme troisième réalisation de bodashtart dans le district maritime de Sidon. Cette omission nous permet d’ai rmer que l’inscription de l’Awali, postérieure à la dédicace à Astarté qu’on vient de mentionner, est par contre antérieure aux deux séries d’inscriptions gravées sur les blocs du sanctuaire, où ce toponyme i gure à la troisième place. Cela signii e qu’au moment auquel se réfère notre inscription, le roi bodashtart n’avait pas encore réalisé cette oeuvre et n’avait peut-être pas non plus terminé les travaux au temple d’Eshmoun. Si, comme il semble bien, notre inscription se réfère précisément à la réalisation d’un barrage pour canaliser l’eau et l’apporter jusqu’au sanctuaire, nous nous trouvons dans une phase préliminaire du travail de réaménagement du sanctuaire pendant laquelle bodashtart a aussi fait reconstruire et consolider le podium monumental en continuant les travaux du roi Eshmounazor.

Le texte révèle que les réalisations de bodashtart concernent le sanctuaire d’Eshmoun, Prince Saint à la source Ydlal, et un terme en particulier attire notre attention. Il s’agit de nbl,

attesté en phénico-punique comme désignation d’un récipient pour liquides. même si l’on doit rendre compte d’un écart sémantique considérable, il n’est pas invraisemblable de supposer que nbl puisse aussi désigner une sorte de citerne ou de canalisation, interprétation appuyée par les

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mentions successives du terme « eau » (mm). Ensuite, l’on mentionne des mots qui appartiennent à la terminologie des constructions, comme « pilier » ou « base » (>≈t) et « édii ce(s) » (*bny),

« faits » (*p<l) par le roi. Dans cette énumération, il faut encore signaler le terme ≈ryt, attesté

pour la première fois en phénicien mais bien connu en araméen, qui signii e à peu près « architrave », localisée à côté de quelque structure mentionnée dans une partie illisible du texte. Immédiatement après l’on trouve le nom d’Eshmounazor, cette fois en dehors d’une généalogie : ceci pourrait impliquer la mention de quelque structure architecturale (du sanctuaire ?) réalisée par son prédécesseur, mais il ne faut pas trop s’aventurer dans les hypothèses.

Pour récapituler les données les plus saillantes de ce document extraordinaire, on remarquera tout d’abord qu’un apport fondamental consiste dans la possibilité de préciser la datation interne des inscriptions de bodashtart d’après la mention des oeuvres réalisées.

La réalisation des travaux sur le l euve, commémorée par la nouvelle inscription, se situe chronologiquement après la construction et la dédicace du «≈rn de la Terre de la mer» à la déesse Astarté (CIS I 4), qui marque la première année du règne. Dans les cinq années suivantes, en ef et, bodashtart doit avoir fait exécuter les travaux dans les « quartiers » sidoniens appelés ≈mm rmm

et >rß r≈pm, mais pas encore dans le quartier appelé Sidon-m≈l, qui n’est pas mentionné dans l’inscription de l’Awali. Dans la septième année de règne les travaux au l euve sont accomplis, travaux qui comprenaient entre autres une canalisation des eaux du l euve jusqu’à boustan esh-Sheikh. L’eau était un élément primordial pour la vie du sanctuaire d’Eshmoun, en particulier pour

le culte thérapeutique qu’on y pratiquait, au sein duquel les ablutions et les rites purii catoires revêtaient une importance particulière (xella, 1993).

En revenant à la chronologie du règne de bodashtart, un certain temps se passe avant d’arriver à l’époque des deux séries d’inscriptions découvertes à boustan. même si on n’est pas en mesure de proposer une évaluation précise, il pourrait s’agir de deux ou trois ans, pendant lesquels bodashtart a ajouté à son palmarès de roi-bâtisseur les travaux ef ectués à Sidon-m≈l. On

a ensuite les inscriptions du sanctuaire, gravées en deux séries sur les blocs du podium. D’abord vient la première série, où tous les “quartiers” sidoniens sont mentionnés (≈mm rmm, >rß r≈pm et ßdn m≈l), ainsi que les travaux accomplis au sanctuaire lui-même, qui devaient inclure les réalisations hydrauliques et architecturales dont témoigne l’inscription de l’Awali. La deuxième série d’inscriptions, découvertes toujours sur les blocs du podium, mais dans le mur de revêtement ajouté à la vieille structure par bodashtart, sont légèrement postérieures. Ces inscriptions – il est bon de le rappeler – se caractérisent d’une part par la présence, à côté du roi, de son i ls légitime yatonmilk et, de l’autre, par le fait que les réalisations royales antérieures ne sont plus évoquées, pour ne faire état que des travaux au sanctuaire. Il est, par conséquent, évident que, parmi ces documents, les derniers chronologiquement ont pour seul but de célébrer l’aménagement déi nitif du lieu sacré, la seule entreprise qui pouvait être attribuée simultanément au père et au i ls.

Pour la première fois nous avons la possibilité de reconstruire d’une manière assez cohérente et détaillée les phases les plus importantes du règne de bodashtart, monté sur le trône sans être i ls de roi. C’est peut-être pour cette raison qu’il se caractérise par son activisme remarquable de roi-bâtisseur, désireux de se distinguer par ses réalisations et soucieux d’associer le plus tôt possible au pouvoir son i ls comme héritier légitime.

L’inscription du Awali fournit d’autres données, nouvelles et importantes, tant du point de

vue historique que lexicographique. Concernant la langue, on peut ajouter au vocabulaire déjà connu le terme ≈ryt, qui vient enrichir nos connaissances du lexique sur la sphère des constructions. Si cette « architrave » (ou similia) était installée, comme il semble, près d’une structure antérieure remontant à l’époque du roi Eshmounazor II, il s’agirait d’une donnée remarquable puisqu’elle coni rmerait la séquence de la construction et les auteurs des travaux au sanctuaire sidonien. Encore, l’on ajoutera la première attestation directe en phénicien du terme pour «eau(x)» dans la

Découvertes épigraphiques récentes dans l’aire du sanctuaire d’Eshmoun à Sidon

Pao�o xe��a e José-án�e� zamora L��e�

VI CONGRESSO INTERNACIONAL DE ESTUDOS FENÍCIOS E PÚNICOS

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Lin�u�stica e E�i�ra�ia

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graphie (tout à fait normale) mm et, encore, la mention du nom de mois zb™ ≈m≈ qu’on connaissait jusqu’à présent seulement dans un contexte chypriote et occidental.

En déi nitive, notre inscription – qui remonte au dernier quart du VIème siècle av. J.-C. - fournit des réponses à de vieilles questions, mais elle ouvre en même temps de nouveaux problèmes qui concernent surtout l’histoire de la dynastie sidonienne et, en particulier, la i gure de bodashtart. Le dossier de ce roi vient de s’enrichir considérablement, au point qu’il est vraisemblable de songer à une étude monographique, à la lumière de sources devenues désormais relativement abondantes et variées.

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