dans le souffle du verseau

446
REVOLUTION BIOPSYCHOSPIRITUELLE, L'Homme du Verseau Si nous partons de l’idée de l’homme parfait divers problèmes vont se poser, et nous devons tout d’abord aborder certains thèmes. Le principe de base, qu’il s’agisse de pédagothérapie pure ou du trésor matériel des fraternités spirituelles, est celui de la découverte. Comenius le formule de la façon suivante : autopsie, autopraxie, etc.. : La Pampaedie, ou éducation universelle : voici un extrait court et qui démontre parfaitement le caractère révolutionnaire de ce travail, écrit à la suite de son expérience de Saros-Patak , les trois principes de base de sa didactique. Il faut : 1) Procéder par étapes 2) Tout examiner par soi-même, sans abdication devant quelque autorité que ce soit, et surtout pas devant l'autorité adulte. (C'est, étymologiquement, l'autopsie) 3) Agir par soi-même (autopraxie). Cela exige, pour tout ce qui sera présenté à l'intellect, à la mémoire, à la langue, et à la main, que les élèves eux-mêmes le cherchent, le découvrent, le discutent, le fassent, le répètent, sans se relâcher, par leur effort propre - ne laissant au pédagogue que le rôle de contrôler si ce qui doit se faire se fait, de la façon adéquate. Ce n'est donc rien d'autre que l'exposé d'un système éducatif universel, la définition et la proposition de nouveaux types d'écoles, de livres et de pédagogues. L'éducation permanente est prônée de sorte de préparer à l'académie céleste. C'est là pour Jan Amos tout le sens de la vie de l'homme. A notre époque, nous pensons que des lignes de forces projetées au XVIIe siècle par des esprits tels que Valentin Andreae et Comenius sont en train de s'actualiser à grande vitesse. Il ne se passe pas un jour sans que nous en voyions les preuves évidentes, qui ne sont déjà plus des signes avant-coureurs, mais des réalisations concrètes qui pénètrent les esprits et opèrent une nette démarcation entre la tromperie et la vérité,

Upload: independent

Post on 13-Mar-2023

1 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

REVOLUTION BIOPSYCHOSPIRITUELLE,

L'Homme du Verseau Si nous partons de l’idée de l’homme parfait divers problèmes vont se poser, et nous devons tout d’abord aborder certains thèmes.Le principe de base, qu’il s’agisse de pédagothérapie pure ou du trésor matériel des fraternités spirituelles, est celui de la découverte. Comenius le formule de la façon suivante : autopsie, autopraxie, etc.. :

La Pampaedie, ou éducation universelle : voici un extrait courtet qui démontre parfaitement le caractère révolutionnaire de cetravail, écrit à la suite de son expérience de Saros-Patak , les trois principes de base de sa didactique. Il faut :

1) Procéder par étapes2) Tout examiner par soi-même, sans abdication devant

quelque autorité que ce soit, et surtout pas devant l'autorité adulte. (C'est, étymologiquement, l'autopsie)

3) Agir par soi-même (autopraxie). Cela exige, pour tout ce qui sera présenté à l'intellect, à la mémoire, à la langue, et à la main, que les élèves eux-mêmes le cherchent, le découvrent, le discutent, le fassent, le répètent, sans se relâcher, par leur effort propre - ne laissant au pédagogue quele rôle de contrôler si ce qui doit se faire se fait, de la façon adéquate. Ce n'est donc rien d'autre que l'exposé d'un système éducatif universel, la définition et la proposition de nouveaux types d'écoles, de livres et de pédagogues. L'éducation permanente est prônée de sorte de préparer à l'académie céleste. C'est là pour Jan Amos tout le sens de la vie de l'homme.

A notre époque, nous pensons que des lignes de forces projetéesau XVIIe siècle par des esprits tels que Valentin Andreae et Comenius sont en train de s'actualiser à grande vitesse. Il ne se passe pas un jour sans que nous en voyions les preuves évidentes, qui ne sont déjà plus des signes avant-coureurs, mais des réalisations concrètes qui pénètrent les esprits et opèrent une nette démarcation entre la tromperie et la vérité,

l'esclavage et l'autonomie. Ceux qui y aspirent encore trouventles chemins de leur être intérieur, et les autres réclament à cor et à cri ou plus d'esclavage ou le droit d’avoir, eux aussi, une part de l'exploitation de leurs semblables ou encoresont dans un état intermédiaire qui pourrait faire d'eux des candidats à la libération.

On parle d’autre part beaucoup d’éducation et d’enseignement denotre temps, alors qu’on fait en fait allusion à l’accumulationde connaissances plus ou moins intellectuelles, allant parfois jusqu’à « l’indigestion ». Tout ceci afin d’occuper une bonne petite place au soleil, de préférence meilleure que le voisin. Il est évident que notre conception de l’éducation n’a rien à voir avec ces contorsions, bien souvent cause d’intenses souffrances chez les jeunes et les moins jeunes. Nous reconnaissons cependant que de nombreux travailleurs au cours de ces derniers siècles, avec plus ou moins d’inspiration et debonheur, ont donné leur vie pour que cet aspect éducatif retrouve la place d’honneur qui lui est dû, celui de préparer les jeunes à l’état d’homme vrai.

Il est dramatique de constater à quel point des jeunes de 16 ans, conditionnés depuis la crèche, réclament un enseignement médiocre et demandent quasiment qu'on les emprisonne sous prétexte d'obtenir des examens sans valeur. Et si vous commencez à entrer dans le compromis à ce sujet, vous êtes fichus car sur cette pente-là vous devenez à la fois le maître et l'esclave et ne pouvez vous arrêter dans les concessions. Les jeunes, à moins d'un long travail en profondeur, sont complètement formatés dès leur plus jeune âge.

Et c'est pour cela que nous allons consacrer une grande part denotre travail à l’exposé d’un aperçu de l’éducation chez les égyptiens et chez les grecs, et surtout à l'explication de l'œuvre de Comenius, le grand prophète de la spiritualité et del'éducation du XVII e siècle. Nous dirons aussi quelques mots de quelques travailleurs comme Steiner, Decroly, Pestalozzi, etc… Ce travail rencontre beaucoup d'oppositions, même parmi mes frères en esprit, et je ne sais s'il verra le jour de mon vivant. Mais peu importe : ce qui a été réveillé ici ne mourra jamais…Voici maintenant un travail qui va sembler un peu

patchwork, mais qui ne peut être autrement. Advienne que pourra.

Notre orientation fera beaucoup appel à une vision spirituelle de l’éducation. Mais d’autres aspects, d’autres lignes de forces seront bien entendu convoquées.

Voici un bref survol de ce qui nous anime : (ceci n’est pas une table des matières)

I) A) Les planètes des mystères et notre unique nécessaire. B)Axiomes. C)Problèmes

II) De l'Homme à l'Universel Comenius et nous

III) De L'adieu à la ronde en circuit fermé à l'Humain véritable (l'être humain des indiens). Les mystères grecs.

IV) Divers aspects de la réalité vivante. Dualisme etUnité du tout.

V) Auto libération microcosmique et macrocosmique ; Le "problème" du mal. L'arbre de vie

VI) La voie et la manifestation intégrée et incarnéeactuelle. Manéisme et Hermétisme

VII) Appel Réaliste. Eternité dans le temps. Abandon au présentabsolu, et lignes de forces pour l'ère nouvelle.

-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Axiomes :

Deux ordres de nature gouvernent notre monde, dans son état actuel .

Ainsi pourra se résorber le cancer que constitue notre ordre de nature.

Tout est un, vu d'en haut.

La clé de l'univers, pour nous, c'est l'Homme. Rappel: Jesu mihi omnia. Deus ex Homo

Le point focal du cœur et de la tête correspond au cœur du Macrocosme.

Redresser, c'est Vivre selon le Droit. Tat Vam Asi. Pas ceci, pas cela.

La simplicité est le secret de l'accomplissement.

Le pardon, c'est par le don. La sagesse, c'est l'abandon à la lumière et l'alchimie spirituelle.

A nos yeux, une progression infinie de force en forceet de gloire en gloire, aux yeux de Dieu, une parfaite immuabilité.

Problèmes

Comment l'homme est-il appelé à la Vie?

Qu'est-ce que la vie? Réponse simple des Egyptiens : la faculté de réaction

Réponse complexe : - l'unification de l'homme triple, esprit, âme,

et corps, son ouverture à la triple conscience hiérarchisée authentique

- La réalisation dans le présent de l'incarnation du plan Humain.

- Pénétration biopsychospirituelle positive.- Circuits de force, sagesse de la modération,

alliance de la Sagesse, de l'Amour, et de la Volonté- Acceptation, Intégration, et Non-violence

absolue.

- La nouvelle sphère de vie, où toute imprécision, toute inadéquacité, est immédiatement rectifiée, selon l'esprit, âme et le corps. Conscience, garde et veille. Foi, spontanéité et vigilance.

- L'homme nonuple et le chemin

- Forces de réalisation, séparation et rassemblement des âmes. Universalité des forces libératrices etrégénératrices de la force créatrice sainte en chacun.

- Immuabilité, éternelle stabilité, et mouvementmétabolique parfait. Le secret de toute guérison. L'erreur de la confusion entre la pensée et l'intellect ;

- L'activité et la nouvelle volonté. Les planètes des mystères (Pluton)

Comment le sacrifice de l'homme Nouveau doit-il être offert ?

- Quelle est l'exigence des temps ? La compréhension, fruit de la raison, de la foi, et de la joie du

travail authentique. Le piège de l'angoisse. La magie de l'unité du groupe du nouveau Shamballa, constitué de pierres vivantes et guéries, c’est à dire sanctifiées. La guérison, tâche individuelle et collective.

- Dans le contexte de stabilité et de mouvement qu'impliquent les puissants influx de l'ère nouvelle, quelle est l'orientation, la réalisation, et quels sont les pièges à éviter pour tout candidat aux mystères…. La grande prudence et le grand dynamisme. Clarté est fruit de patience. Patience est prudence

- Cuirasse, offrande, paix, stratégie d'attente et d'offrande. L'expression en tant que vivification des lignesde force du travail spirituel et non en tant qu'exutoire aux champs de tension.

- Nous partons d'ici, de ce monde, mais, jusqu'àl'extrême limite de nos possibilités, nous servirons la gnose de tout notre cœur, de toute notre pensée, de toute notre âme et de tout notre esprit. La pensée abstraite doit prendre forme, être manifestée, mais surtout pas devenir sujet de conflit intérieur ou dans le groupe. Etude scientifique des phénomènes de la pensée, et définition de l'illusion en tant que pensée en circuit fermé que n'équilibre pas le silence.

- Assimilation - Compréhension, service. L'unitédu tout et le fil de l'épée. La nature du silence, plein de la vie hors du mélange. Comment notre conscience et notre compréhension vécues des lois spirituelles, alliées à un travail intelligent, libre de tout conflit et de toute violence, peuvent-elles nous extraire de la vie dans le mélangeet faire que chacune de nos respirations contribue, à l'humble mesure de notre conscience présente, au souffle divin. Analyse des phénomènes psychologiques et démonstration de l'unique possibilité, la pratique d'une psychologie où n'existe plus cette fâcheuse tendance humaine : celle du vouloir accompagné immédiatement du non-vouloir, autrement dit la dialectique. L'homme véritable ne se pose pas de questions, il agit selon saconscience.

Corollaire : dans ce sens, agir présuppose réfléchir avantd'agir, selon la soif du cœur purifié. Agir n'a rien à voir

avec quelque impulsion issue de la prison humaine, aussi dorée soit-elle. L'erreur à ne pas commettre ici consiste à partir des représentations, des reflets de pensées, que l'on peut reconnaître à leur violence ou à leur tendance à repousser à plus tard. Subtilité du "processus dans le temps" qui doit êtreaccepté comme facteur de maturation, et du "dès le début de la quête du chercheur de lumière, le soleil vivant est présent et l'accompagnera toujours».

- Energie, concentration, organisation, et abandon. Les causes de la lutte, coïncidence des temps, espace-temps et énergie. Orientation positive, aspiration et endura. Intuition et incarnation. L'homme peut passer toutes les portes.

- La nouvelle atmosphère et l'unique guérison.

- La perception et la maturation dans le nouveau champ de vie sont comme une transfusion totale de tous les organes. Paradis du cœur et Gnose Universelle. Conscience absolument présente, simple, directe d'où tout ce qui n'est pasDieu est exclu . Dieu est compassion et douceur, générosité, exigence de victoire. Stratégie et unité dans la diversité.

Ethnosophie, cosmosophie, et astrosophie.

- Uranus : l'Amour qui ne blesse jamais- Neptune : La Sagesse- Pluton : L'acte libérateur, le flambeau de la

Paix et de l'offrande absolue

- l'exigence astrosophique présente, adaptationde la tradition.

-Notre Tâche : - Comment vivre et faciliter

l'accès de l'incarnation triple, Esprit, âme, et corps nouveau, pour l'avènement de l’Homme du Verseau - Positivité, aspiration, orientation, et réalité.

Notre temps est un passage crucial, comme toutes les périodes analogues de fin et de renouvellement. Un moment ou amour et espoir se manifestent pour tous. Une moisson se rassemble. Les

soubresauts de la bête blessée ne sont que les symptômes d'une guérison pédagothérapique générale de l'humanité, contrainte deréagir positivement, selon l'état de conscience où la trouve lafaux qui coupe les gerbes. Nous avons la responsabilité de garder lucidité, clarté, et paix intérieure authentique dans latourmente qui saisit le cosmos et la terre. A notre minuscule échelle, ces convulsions nous semblent terribles, mais il ne s'agit que de l'inexorable marche du Logos, qui appelle à la résurrection l'humanité entière et le macrocosme dans son ensemble.Chacun porte la responsabilité individuelle de cet accomplissement, aidé et propulsé qu'il est par les forces gnostiques à l'œuvre.

Les planètes des mystères et notre unique nécessaire :

Aucune tension, aucun conflit ne peuvent subsister dans l'empire d'Amour. Chaque participant de cette moisson des tempsporte la responsabilité individuelle du travail universel, à son humble mesure. Comme à chaque intervention libératrice, unepartie des hommes s'enivre dans sa tente, et l'autre, malheureusement la moins grande, se retire dans une solitude oùelle sait qu'elle est une avec le noyau du tout. Confronté à l'exigence absolue d'un travail impersonnel au service du maître intérieur, chacun est ici docile au non-manifesté. Aucun égoïsme, aucune ambition personnelle, aucun orgueil, aucune avarice ni amour propre, aucune colère ni légèreté, aucune gourmandise ni ivrognerie, aucune envie, aucune paresse ne peuvent durer chez l’homme qui aspire à répondre de façon parfaitement positive à l'appel du Verseau. Il laisse alors mûrir les fruits du travail intérieur.

Au fond, qu'est-ce qu'un conflit. Une explication biologique ne nous serait ici d'aucun secours, même si elle permet de nous éclairer sur des sensations. Non, nous devons comprendre ici le phénomène ressenti-mental-imaginaire, qui nous incite à faire valoir la représentation que nous avons de la réalité et non d'agir selon ce qui est, au sens le plus absolu du terme. L'homme, est une structure complexe d'esprit, de psychisme, ou d'âme, et de corps. La qualité de la nourriture qu'il fournit à ces trois aspects, selon les

principes axiomatiques de l'immunologie biopsychospirituelle, détermine s'il vit dans le monde du conflit ou dans celui de l'Amour. La racine du conflit, c’est aussi le désir de briller,d’être reconnu par ses pairs ou par d’autres, le désir de pouvoir, en bref ce qui gonfle l’ego. Et cela n’a pas sa place chez ceux qui cherchent à accompagner l’humanité dans son passage à une spirale supérieure de conscience.

Et pourquoi faire du bruit ? La parole est si peu utile, ou alors il s'agit de la Parole. "Si ce que tu vas dire, (ou écrire) est plus beau que le silence, alors parle", dit un proverbe arabe.

Précisons : Les champs vibratoires, qui vont de l'absolu, de l'éternité, au monde densifié ou nous vivons, mathématiquement parlant, ne comportent pas de "séparation" entre eux, dans le sens où l'énergie peut s'exprimer en vibrations par secondes. (Cf. GOE1). Pour l'efficacité de notretravail, nous avons cependant adopté le concept fondamental desdeux ordres de nature. Et la question est de savoir si nous avons nos racines dans l'ordre de nature du silence ou dans celui du bruit, du conflit, ce monde donc, cette prison. Celui ou celle qui comprend la nature de la prison et, comme le pèlerin dans le Paradis du Cœur de Comenius, voit à travers sa fenêtre Christ venir à sa rencontre se rappelle immédiatement toutes les occasions où il a été placé devant la porte et n'a pas osé entrer. Alors commence en vérité la grande transfusion,transfiguration de l'être entier par l'élixir de vie. Dans l'abandon total, le pardon (par le don) l'homme, après une rétrospection de toute son existence, se rend compte qu'il fut le jouet du destin, car il se nourrissait encore de ce champ "dialectique". Il remplace maintenant dans une incarnation parfaite tout l'ancien, à condition qu'il sache tirer la leçon du passé. Au moment crucial de la décision, il décide alors avec fruit de résister coûte que coûte à la tentation d'utiliser l'ancien mode de vie et d'être. D'un tranchant harmonieux, dans l’harmonie des trois sanctuaires, tête, cœur et bassin, il construit sans s’attacher à la construction qu'ilaccomplit.

Il se libère alors progressivement de tout l'imbroglio karmico-psychique dans lequel il était retenu sans en avoir

toujours bien conscience. Ce qu'Apollonius de Thyane appelle : retourner des tombeaux.

Il est peut- être intéressant de citer ici les sept exigences pour l'accomplissement de la voie de lumière posées au chapitre XXI de "la Voie de Lumière" de Comenius.Tout en insistant très nettement : Comenius n'a jamais eu en vue l'utilisation des idées dont il n'était que le dépositaire,interprète de la tradition éternelle, pour l'instauration ou lapréservation de quelque forme d'Eldorado. Son but, comme celui de tout chercheur de vérité, est et a toujours été de permettreà l’humanité de retourner à l’état glorieux, image et pensée deDieu, ce que nous dirions de nos jours, à l’état d’homme véritable.

1.

2

3

4

5

6

7

Alors ceci nous devient clair : toute forme de conflit, dedialectique, est un poison violent. La force du groupe des rachetés de la terre réside en ce qu'il possède la puissance del'Amour. Et nous trouvons alors la force de résister à la tentation qui nous guette à chaque pas. Et notre unique force, force de guérison, de paix, et de renouvellement, est nettementrésumée dans les quelques lignes de Jacob Boehme (De l'incarnation de Jésus Christ, Chapitre IX 2, 3, 4 : De la virginité de Marie, ce qu'elle fut avant la bénédiction, et ce qu'elle devint par la bénédiction.) :

« Car toute notre religion consiste en trois points, que nous pratiquons et enseignons ; savoir, premièrement, de la création; de quelle essence, substance et qualité l'homme est ; s'il est éternel ou non, et comment cela se peut ; quelle est proprement l'origine de l'homme, d'où il est provenu au commencement.

Secondement, puisqu'on parle et enseigne tant de sa chute,que nous sommes mortels et sous le joug de la méchanceté et de la source furieuse, - ce qu'a donc été sa chute.

Et, en troisième lieu, puisque Dieu veut de nouveau nous recevoir en grâce, à quelle fin il a donné des lois et des enseignements et les a confirmés par de grands miracles, - ce qu'est proprement la nouvelle naissance, attendu que nous voyons qu'il nous faut mourir - par quelle puissance et en quelesprit. »

Pour nous, les grands miracles, et nous en voyons la confirmation dans le texte sacré occidental de la Bible, ce sont les miracles qui vont de Cana à la Transfiguration, et quicorrespondent à des phases intérieures du chemin d’autoéducation biopsychospirituelle. C’est l’irruption de la Lumière dans le cœur de l’homme, l’unité reconquise de la tête et du cœur, l’immunité retrouvée par rapport aux forces de cette nature, et la transmutation de l’être entier, …etc … processus de la Sainte Cène résumé par Jan van Rijckenborgh au chapitre XIV de la Gnose Universelle de la façon suivante :

1°) l’immunisation contre les forces dialectiques réduitesà un minimum biologique, le franchissement du seuil 

2°) la fonte de la Coupe du Graal à l’aide des éthers nouveaux

3°) le changement structurel du sang, la réalisation de l’équilibre de l’énergie et l’assurance de l’élimination des déchets dialectiques du sang

4°) le changement de direction de la force créatrice de sorte que l’élève obtienne le contrôle de toutes les formes d’expression de cette force.

Tout livre authentique, en tant qu'il est le fidèle témoignage du livre de la vie, n'est qu'un développement de cestrois aspects : de la lumière simple à la lumière composée, et de retour à la simple lumière. Sommes nous capable de cela ?

A quoi sont dues les tensions ? La source fondamentale de toute tension réside en un manque de constance et de silence. C'est une assimilation et une présence ondulante et non constante. Le mot allemand "stille" traduit bien ce que nous entendons par silence. La notion d'imperturbabilité, d'immuabilité, d'une volonté stable et inviolable, dans une parfaite paix intérieure, rendrait bien l'état d'être de "stille", repos et équilibre de l'âme.

A quoi sont dues toutes les maladies incurables observables de nos jours ? Un puissant influx de forces plutoniennes vient parachever l'œuvre de Neptune et d'Uranus. Que signifie cela ? La force de Christ, la force d'Amour absolu, vient avec la Lumière et ne tolère pas les ténèbres, permet à chaque homme de garder la tête et le cœur dans la lumière ; en unité et harmonie parfaite avec le groupe des rachetés de la terre.

L'exigence des temps est claire : La prudence s'impose.

Citons la parole biblique expliquée dans le livre "L'Imitation de Jésus-Christ" :

". Si quelqu'un veut venir après moi, qu'il se renonce lui-même ; qu'il porte sa croix et me suive" (Math. ,XVI, 24).

Tout, donc, étant examiné et approfondi, que ceci soit la conclusion :"C'est par de nombreuses tribulations qu'il nous faut entrer dans le royaume de dieu."

Maintenant nous entrons dans le royaume de l'unité et de la paix. Et si nous reconnaissons bien deux ordres de nature, chacun de nous doit exiger de lui-même, et nous devons exiger de chacun de nous qu'il pose comme pierre d'angle dans sa vie l'unité de la paix du cœur. Le "oui" jaillissant du cœur et de la tête renouvelés peut alors s'exprimer dans l'humble silence.Et si cela semble à certains des élucubrations, alors qu’il ou

elle se remette en question, même s’il est encensé par beaucoupde soi-disant spirituels. Et que ceux qui jurent par le “scientifique” et méprisent tout le reste relisent un peu JacobBoehme et Jan Van Rijckenborgh (Cf. Philosophie élémentaire ou Apocalypse de Calw où les scientifiques sont clairement désignés comme les agents des éons et du satanisme, à l’instar des prêtres dans l’époque Atlantéennes). Et il est clair que celui qui remplit le plan sans le connaître vaut mille fois mieux que celui qui le connaît et ne le met pas en pratique.

Toutes ces choses ne sont pas des abstractions philosophiques fumeuses, des élucubrations, comme certains voudraient le faire croire. Non, nous devons en tirer les conclusions dans tous les aspects de notre vie, et en particulier dans le domaine éducatif. Disons même clairement que toute éducation qui n’en tiendrait pas compte ne mérite pas, à notre sens, le nom d’éducation.

Quand Christ parle de fermer la porte du cœur pour prier, il a en vue la simplicité, la résignation, l'incarnation de l'âme esprit dans une personnalité renouvelée. Alors le sacrifice, joyeux et libre, l'offrande parfaite à tous, deviennent une évidence et prennent tout leur sens. Précisons aussi qu'il s'agit de fermer les sens ordinaires de façon gnostique pour ouvrir les sens supérieurs. En effet (in « Le Labyrinthe du Monde et le Paradis du Cœur ») :

"Quel est le caractère principal et distinctif des vrais chrétiens ?

L'amour, ou la charité d'un cœur pur et d'un esprit droitdans l'homme intérieur renouvelé." (1)

Nous pourrions nous arrêter là et fermer le livre, car ici toutest dit. Mais cette force puissante, racine de l'univers, faitque l'homme est prêt à garder tête et cœur dans la lumière et, puisque l'amour ne croît pas sur un sol souillé, est prêt a arracher son prochain de l'enfer ou il s'est lui-même précipite. Et ceci, sans dogmatisme et en une parfaite non-violence, si et seulement s’il juge qu'il y est prêt. Une fois de plus, un grand discernement et une grande prudence

s'imposent, ainsi qu’ une patience infinie. Une courtoisie sanslimites, vertu du suprême.

La précision de nos paroles, le « silence » de nos pensées, la présence parfaitement adéquate de nos gestes, sont les garants d'une vraie progression sur le chemin souple et rigoureux de nos vies. La conscience individuelle se vérifie dans le silence serein de nos retraites. La guérison pédagothérapique des malades, et la transfiguration, fondement structurel de notre travail de moisson, s'accomplissent alors dans ce que les Chinois appellent le "wei-wu-wei", intraduisible en vérité, mais que l’on pourrait rendre à peu près par : le non-agir, la non-lutte, dans l’action Et, comme le précise M. Jan van Rijckenborgh, dans son ouvrage, " Démasqué" :

"Si nous réagissons positivement, si nous nous rendons totalement à ces forces, une nouvelle naissance a lieu dans notre microcosme, une transfiguration. C'est alors notre être - âme qui se développe dans notre microcosme, l'homme éternel, l'homme qui peut aller le chemin de retour à la Maisondu Père».

Que veut dire réagir positivement ? C'est en fait ne pas réagir, être dans l'orientation unique vers la main tendue de la Fraternité, tout en exécutant fidèlement les décrets du conseil de Dieu, jusqu'au moment où la purification est suffisamment avancée pour que l'homme, de nouveau en possessionde ses pouvoirs originels, en arrive au point ou il puisse en toute sécurité les mettre en œuvre. Alors il peut, tel celui qui guérit le comte de Norfolk de la lèpre, dire d'une voie ferme et dynamique : "Je le veux, sois, pur".

Au fond, toutes les élucubrations intellectuelles ne nous font pas avancer d'un pas. Ce qui compte c'est bien entendu notre état d'être réel. Si nous observons le phénomène de la relation humaine, on distingue facilement ce qui est de l'ordredu passif et de l'actif, du dynamique et du réceptif. Or la force dynamique, active, n'est ni plus recommandable ni moins que la force passive ou réceptive. Ce qui compte au fond, et cela peut se relier aux théories des champs vibratoires, c'est la qualité du champ nourricier auquel nous nous relions et

notre aptitude à nous y intégrer dans le présent. Précisons icique l'on pourrait distinguer le champ vibratoire où bien et mals'affrontent, tous les champs de tension de divers degrés qui entretiennent ce que Mani appelait le "monde du mélange", où ceque la tradition appellera l'arbre de la connaissance du bien et du mal, et le champ vibratoire où l'énergie ne se gaspille plus à ces vaines quêtes vouées à l'autodestruction.

Comment passer de l'un à l'autre ? Dans le "Dei Gloria Intacta", de Jan van Rijckenborgh, nous trouvons la réponse :

"L'anéantissement journalier signifie la désagrégation progressive de la conscience biologique, la destruction de toutce qui contribue au maintien du moi, de tous les désirs inférieurs et spéculatifs, ainsi que l'abolition de toutes les fonctions animales et cet anéantissement assure, lorsque les lois vitales sont strictement respectées, une existence fonctionnant normalement aussi longtemps qu'il est nécessaire. L'élève doit appliquer cet anéantissement journalier pour permettre la résurrection de l'appareil véhiculaire céleste. Lecandidat qui le comprend pourra, de même que Paul, répondre facilement à la question, " Comment les morts ressuscitent-ils ?"

Cette condition inéluctable a toujours été présentée à l'homme qui voulait franchir la ligne de démarcation entre l'homme animal et l'homme voulu par Dieu, à l'image de Dieu. Dans cet homme, il n'y a plus d'ombre. Ce processus doit être accompli avec courage, sans compromis, dans cette nature. Ici se pose le problème du mal et de ce que la philosophie gnostique appelle les éons. Les éons constituent ces forces, qui à l'origine furent nécessaires pour construire cet ordre desecours, mais qui devinrent monstrueuses à partir du moment oùelles refusent de se dissoudre, maintenant ainsi l'humanité en esclavage. Or ici nous devons bien comprendre la spirale qui doit être vaincue sans lutte par ceux qui veulent s'affranchir de ces chaînes. Pour franchir la limite, pour anéantir le mur qui nous empêche d'entrer dans la patrie originelle, notre lutte doit posséder les qualités nécessaires, c.à.d. la force de ne pas lutter. C'est comme si un filet descendait pour saisir les microcosmes mûrs pour cela, des domaines vibratoiresde l'éternité.

Mais comment réagit l'humanité, en général. De l'incréé, de l'immuable émanent des rayons de force qui viennent incorporer les soleils latents que constituent les microcosmes humains. Une véritable transfusion de lumière peut ici avoir lieu, l'intégration au nouveau champ de vie. Pour cela la reddition endouristique indiquée ci-dessus est fondamentale Mais que se passe-t-il parfois, et c’est d'ailleurs la cause debien des maladies contemporaines ? On observe une réaction de l'ombre face à la lumière, qui se défend pied à pied jusqu'au dernier moment. La phrase classique de l'évangile de Jean, "La lumière luit dans les ténèbres, mais les ténèbres ne l'ont point reçue" est ici au plus haut point à méditer, afin que chacun puisse déterminer à quel stade il se situe encore dans le phénomène de résistance, où dans celui de l'endura, du processus transfiguristique. On trouve déjà dans les Psaumes l'avertissement suivant :

« Pourquoi tout ce tumulte parmi les nations, ces vaines pensées parmi les peuples ?

Pourquoi les rois de la terre se soulèvent-ils ?

Et les princes se liguent-ils avec eux contre l'Eternel et contre son oint ?

Brisons leurs liens,

Délivrons-nous de leurs chaînes. »

Et cela n'est pas sans conséquence. Car toute forme de résistance, consciente ou inconsciente, aux forces dématérialisatrices positives de Pluton est ou sera balayée comme un fétu de paille. La responsabilité de chacun est ici claire : ou participer consciemment et avec enthousiasme à cette auto-révolution et à l'intervention du Verseau, en absolue non-violence, dans un détachement sans faille auquel s'intègre Alchimiquement l'être entier ; ou résister et être balayé. Comme moyen terme, il n'y a que la bonté de l'Amour qui

puisse intervenir. Mais cette bonté, à laquelle recourt celui qui est dans la lumière, implique une réaction positive. L'amour ne croît pas sur un sol souillé. Il exige, il suscite de celui qui en est l'objet qu'il fasse tout pour garder la tête et le cœur dans la lumière. Et nous répétons avec insistance : les éducateurs peuvent et doivent a) vivre ces processus b) guider les jeunes qui leur sont confiés vers la compréhension et l’approche de l’entrée dans ce nouvel état d’être.

Mais cela ne se développe pas par une volonté de domination ou de puissance, ce n'est au contraire que par l'effacement, le silence issu du brisement, la disparition intelligente qui ne cherche pas à obtenir la libération mais s'abandonne sans chercher à saisir, sans vouloir pour soi, maisvraiment pour tous. Il est ici intéressant de citer les réactions négatives, que l'on pourra expliquer grâce aux dernières découvertes de la science biologique moderne, telles qu'elles furent exprimées déjà au XIXe siècle par Karl von Eckhartshausen :

Nuée sur le sanctuaire (Karl von Eckhartshausen) p.126

« Le gluten, matière du péché, peut être modifié différemment par des excitations sensibles ; et d'après l'espèce de modification de cette matière du péché, se distinguent les mauvaises inclinations au péché.

Dans son plus haut état d'expansion, cette matière opère la présomption, l'orgueil ; dans son plus haut état de contraction, l'avarice, l'amour-propre, l'égoïsme ;Dans l'état de répulsion, la rage, la colère ; dans le mouvement circulaire, la légèreté, l'incontinence ;

Dans son excentricité, la gourmandise, l'ivrognerie ;Dans sa concentricité, l'envie ;Dans son essentialité, la paresse. »

Nous voyons ici que toutes les "déviances" contre lesquelles luttent tant d'humanitaristes bien intentionnés ne disparaîtront pas par une lutte frontale, mais par un art pédagothérapeutique où toute image artificielle, toute

illusion devra être balayée, si nécessaire dans le cas d'une difficulté biologique structurelle avec l'aide de produits adéquats mais surtout par la pratique d'un comportement plein de prévenance, une hygiène véritable du corps, pris dans son sens large ; les phénomènes neurobiologiques répondent aussi à des influx lumineux.

Citons ici encore un passage du « Dei Gloria Intacta » :

« Et nous voyons aussi que la transfiguration, incorporation dans le champ de vie de la lumière, comprend la régénération, mais que la régénération n'est pas encore la transfiguration. Mieux, que l'incorporation dans le champ de vie de la lumière nécessite l'abandon total, c.à.d. de laisser derrière soi, le moment venu, toute forme. »

Nous voyons donc que la nouvelle éducation de l’ère du Verseau mettra au premier plan les aspects humains, dans la mesure où ceux ci peuvent être soit un frein, soit une aide pour l’avènement de l’homme âme. Autonomie, responsabilité, maturation et maturité, à tous les niveaux, et progressivement atteints, deviendront donc les maîtres mots, en bref le devenirhumain véritable. A divers élèves protestant :  « mais nous sommes des êtres humains !», je rajoutai « en devenir… ». Et làconstitue le champ fondamental de l’éducation.

Tout cela pourrait sembler simple et tellement évident qu’un enfant de six ans pourrait le comprendre ! Et pourtant …

Problème : Pourquoi, alors que toutes les forces aidantes, démasquantes, et brisantes, sont à l'œuvre, mettons-nous parfois aussi longtemps à comprendre l'exigence des temps, et surtout comment se fait-il, qu'au lieu de nous poser tant de questions, nous ne consacrions pas nous-mêmes tout l'enjeu de notre être à Cela. Pourquoi démontrons-nous tant d'impuissance à réaliser en nous-mêmes et autour de nous la révélation qui nous est si généreusement accordée. Comment parer à et prévenirces difficultés ?

On peut expliquer tout cela, mais à quoi bon . On brandirales notions d’être aural, de karma, de misonéisme, etc… Mais,

comme le disait un ami : quand j’entends le mot karma, je sors mon pistolet. En effet, tout l’effort éducatif consiste à briser ces résistances, ou bien à montrer que ce que l’on appelle karma n’est au fond qu’un ensemble de tensions provoquées par des tâches et aspects « inaccomplis ». L’unification du conscient et de l’inconscient, dont l’éducateur doit démontrer la possibilité et l’inéluctabilité, fait d’ailleurs que le « karma » se transforme en une véritablerichesse d’expériences parfaitement positive (cf.  Nuctéméron d’Apollonius de Thyane, 1e heure)

Ce qui compte c'est notre unité intérieure et extérieure, et la mise en application de nos possibilités psychobiospirituelles, malgré les difficultés. Obéir à la loi du cœur, est-ce donc si difficile que cela ? Oui, si l'on écoute en même temps la voix du mélange ; non, si l'on développe un discernement suffisant pour démasquer cette voix et lui opposer une fin de non-recevoir absolue.

Toute forme d'hésitation à agir alors que l'on a bien écouté et compris, ne fait qu'augmenter tensions et malaises. Le tranchant de l'épée qui sépare le juste de l'injuste, le purde l'impur, est effilé et n'exclut pas, bien au contraire, la juste réflexion. Mais une fois la décision prise, l'intuition juste doit être mise en œuvre, sinon c'est tension et folie. Alors on arrive à fermer la porte de l'expérience, au sens où celle-ci est acte irréfléchi.

En bref, nous pouvons observer que l'unique nécessaire estsimple obéissance au plan inscrit en chacun de ceux qui participent au groupe de la libération, tout en s'assurant à chaque pas de la bonne coordination de l'ensemble, et en gardant sa propre autonomie en éveil. En effet, ne perdons pas de vue qu’un jour arrivera ou, le groupe se détachant de ces lieux de mort, l’enveloppe extérieure se videra de son contenu et chacun sera confronté à son propre discernement. A ce moment, et même avant, il n’est pas exclu qu’un seul, ou peu, puissent, alors qu’ils conservent la liaison intérieure, être repoussés par la majorité du groupe, pourtant coupée de la source véritable.

Et Uranus, Neptune, et surtout Pluton en cette fin de cycle interviennent très vigoureusement pour pousser chacun à cette exécution .

(Extraits du « Témoignage de la Fraternité)

En cette période si particulière, où la possibilité est offerteà tout chercheur sérieux de devenir parfait en tant qu'homme, essayons d'examiner les obstacles à la réalisation de cet unique nécessaire. Cela a déjà été fait, par exemple sur les plans sociaux, philosophiques, religieux, mais on se plaçait surtout dans l'optique de l'amélioration de notre monde ou de l'espoir d'une réalisation dans un au-delà futur.

Or nous aimerions placer ce problème sous l'angle de vision du rétablissement présent, de l'incarnation de la lumière, autrement dit des forces de rayonnement supérieures présentes au cœur de chacun, mais enfouies, non encore révélées. Chacun de nous pressent la possibilité d'une telle réalisation. Et s’il est parfois étreint par le désespoir face à l'état lamentable de notre planète, et par conséquent face à son propre état, c'est bien parce qu'il ignore le chemin qui pourrait lui permettre l'accomplissement de cet état. On pourrait partir de l'image suivante du prologue de l'évangile de Jean : "La Lumière luit dans les ténèbres, mais les ténèbresne l'ont point reçue". Si nous voyons clairement ce qui s'oppose à notre développement en tant qu'homme parfait, nous pourrons plus facilement nous orienter dans ce monde où les idées fourmillent, où les luttes et les tensions se multiplient, prenant au piège les meilleures intentions pour les diriger vers ce monde et son continuel tournoiement sans fin.

L'homme qui prend conscience de son emprisonnement aspire déjà à briser les murs de sa prison. Qu’est-ce que « l’homme parfait ? » Parfait veut dire « accompli ». Donc nous pouvons poser qu’il existe plusieurs types d’homme, selon leur relationau processus d’accomplissement . Nous avons dit plus haut que l’homme est un composé complexe de matière, de psychisme, et d’esprit. Les différents taux vibratoire de la matière primordiale rendent compte de ces divers aspects. L’homme purement et simplement conscient des aspects matériels, même

évolués et subtils, pouvant aller jusqu’aux sommets de la science et de la technique, reste évidemment notoirement imparfait s’il en reste là. Il est et demeure ce que les gnostiques appellent un « homme hylique ». Celui ou celle qui commence à prendre conscience de la nécessité d’une renaissancede l’âme, et qui se lance sur ce chemin, s’approche de la réalité de l’homme véritable. Il devient un « homme psychique », développe une « conscience de l’âme », différente de la conscience moi de l’homme hylique. Puis l’homme qui devient conscient de ses aspects microcosmiques passe de la maturité de l’âme à la découverte de la vie spirituelle. Petit à petit il s’intègre en « homme pneumatique ».

Pour simplifier nous dirons donc que l’homme parfait est d’abord devenu homme âme, puis homme âme esprit, dans une conscience microcosmique, puis cosmique et enfin macrocosmique.Tout ce travail de « perfection » ne se fait évidemment pas en quinze jours.

Beaucoup reconnaissent l’exigence de ces choses mais s’en jugent incapables ou indigne. Mais au fond cet emprisonnement est une illusion, illusion entretenue par tous ceux qui y ont intérêt.

Nous aimerions nous attaquer à l'un des obstacles illusions lesplus subtils, après quoi le reste nous semblera d'autant plus évident. De nombreux être humains le voient d'ailleurs, mais nesavent pas trop comment s'y attaquer. Cet obstacle touche surtout les pays et les classes de la population que l'on a coutume de qualifier de "favorisés", puisqu'ils sont plus à même de subvenir à leurs besoins que les autres. Rien ne dit que cela durera d'ailleurs. Et la conscience sous-jacente de cette impermanence, la multiplication des maladies dites "de civilisation", et la révolte que l'intervention vigoureuse de Pluton provoque, nous permettent d'affirmer que le terrain est prêt pour la compréhension de ces choses et leur acceptation par le plus grand nombre. Celui qui va vraiment le chemin de laperfection, contribue d'autre part, par sa respiration même, son existence dynamique quoique discrète, au processus général de guérison.

De quelle nature est donc cet obstacle. Nous aimerions l'appeler complexification, multiplication des besoins artificiels, recherche des causes en dehors de soi. Le problèmen'est pas en fait l'ignorance de cet obstacle, (de nombreux chercheurs en sont conscients) mais la minimisation de l'urgence à l'éliminer. Essayons d'imaginer un homme dont les besoins seraient réduits au minimum, à un minimum intelligent, un minimum biologique acceptable par tous. Tout d'abord insistons une fois de plus : l'objectif n'est pas ici de poser les bases d'un état idéal, même si, indirectement, la multiplication des individus qui perceront à travers tous les obstacles mènera indubitablement, à plus ou moins long terme, àcet état idéal. Non, ce qui nous intéresse ici c'est de mettre en relief de façon claire, non seulement la folie qui consiste à explorer le monde qualifié d'objectif, dans l'espoir d'y trouver un remède à la maladie fondamentale de l'humanité, maissurtout l'urgence sans panique à retourner à une simplicité de bon aloi. Cette mise en évidence facilitera l’acceptation de l’exigence d’une véritable pédagothérapie biopsychospirituelle La simplicité en question ici n'est pas celle dont tout le monde se moque, à tort d'ailleurs, simplicité d'esprit dont lesmanipulateurs du sermon sur la montagne ont voulu nous faire croire qu'elle constituait une des conditions de la béatitude, alors qu'il s'agit de l'aspiration à l'esprit. C'est bien plutôt l'état d'être de celui ou de celle qui concentre son énergie sur l'unique nécessaire et ne la détourne plus sur le plan horizontal.

On parle beaucoup de morale et d'éthique, mais quel est l'unique critère d'un comportement juste si ce n'est celui-ci :consacrer toute notre énergie à la réalisation de l'homme parfait, conscient de nos besoins, mais conscients aussi de l'exagération que nous en avons fait. Une autre nécessité se fera alors sentir, celle d'une autre nourriture, et donc de la réduction progressive, propre à chacun, de ces besoins qualifiés un peu trop vite de "naturels".

Nous aimerions ici analyser le processus qui est la cause de cet obstacle. Il s'agit en fait d'un mécanisme de défense. L'homme moderne est attaqué par une exigence intransigeante, l'appel impérieux au retour à l'harmonie avec la vibration universelle libératrice. Et une des façons de se protéger (cf.

Démasqué) de cette attaque consiste à projeter cette nécessité ultime sur le plan horizontal, et donc à chercher dans les recoins mal connus de notre prison vibratoire des nourritures qui nous permettraient de subsister encore un peu des pots de viande d'Egypte, car ces pots de viande ont aussi des aspects subtils. Cette trahison, qui est psychologiquement tout à fait compréhensible, doit être démasquée de nos jours comme elle le fut de tout temps. L'appel à la raison n'est pas celui qui consiste à prolonger un statu quo, d'ailleurs voué à la disparition, mais celui de l'arrêt conscient du plus grand nombre possible d'hommes, et du retour qu'ils effectuent sur eux-mêmes, tranchant impitoyablement, sans lutte ni tensions, dans le cancer que représentent toutes les évocations, les dénaturations, les détournements et les artifices protecteurs

L'heure n'est plus aux grands discours, aussi enthousiastes soient-ils. Au fond, une grande partie de notre civilisation est bâtie sur l'animalité. Or il s'agit justement d'en sortir, tout en reconnaissant l'utilité de notre véhicule actuel pour le devenir humain, mais sans s'y attacher. Ici nous devons êtreà la fois prudent et nuancé. Se libérer de l'animalité constitue un processus progressif de maturation qui exige de tenir compte du corps et de" l'état d'être de départ" . Vouloir, de façon artificielle et contrainte, se libérer de l'animalité ne conduirait qu'à des excès et à des explosions, donc à des résultats contraires à l'objectif visé. Ce n'est pasen luttant contre l'animalité qu'on arrive à la vaincre, mais en vivant d'autres forces, en déplaçant son orientation vers l'utilisation positive de la nouvelle force créatrice, en désirant et en mettant en œuvre ce nouvel agir, puis en cessantmême de le désirer, suite logique de son intégration. Ceci constitue tout un programme, très réaliste, qui commence par une connaissance lucide de son propre état et la mise en œuvre d'une vraie maîtrise, nous le répétons, qui n'a rien à voir avec la contrainte.

Notre psychobiologie est pétrie de très anciens réflexes, et, tant que la reproduction de l'espèce, telle que nous la connaissons, est nécessaire, ils doivent être acceptés. Mais dès que nous avons décidé de sortir du cadre de la lutte pour la vie, dès que nous avons compris les exigences de la vie de l'être humain pris dans son sens supérieur, tout change et nous

n'obéissons plus aux même lois. Notre unique nécessaire n'est donc plus constitué par la perpétuation ou l'amélioration de larace, mais bien plutôt par un réel changement de nature qui prendra pour support le corps dans son état actuel tout en incarnant progressivement un véhicule qui n'aura rien à voir niavec la sphère matérielle de l'existence que nous connaissons, ni avec sa sphère subtile. Et là se posent de multiples problèmes que chacun devra résoudre pour lui-même, et qui se résument à la question : jusqu'où puis-je me permettre de participer à cet ordre de nature sans nuire au processus de changement évoqué ?

Cela est très simple. Diminution jusqu'à disparition, en même temps que croissance des nouveaux véhicules. Un point cependant mérite notre attention. Tant que l'harmonie avec les nouvelles forces n'est pas réellement installée, nous avons besoin des anciennes forces. Ici rien ne sert de se suggérer quoi que ce soit. Cette harmonie, quoique possédant divers degrés, doit être construite non par une quelconque culture, mais parce que cela va de soit, parce que l'âme y est vraiment prête, en a besoin et non seulement y aspire, mais s'y trouve comme par une nouvelle naissance, même dans un corps malade.

Pour parvenir à cet état d'être intégralement vécu, un courage à toute épreuve, et une lucidité sans faille, qui s'accompagnent d'une exploration de la complexité menant à la simplicité, sont absolument nécessaires. Les recherches en matière de psychologie cherchent à comprendre le phénomène humain de façon scientifique. L'homo scientificus a pour caractéristique de tout vouloir saisir avecson intellect, pensant que les frontières de la connaissance seront repoussées jusqu'à ce que l'homme puisse appréhender l'univers, en connaître les lois, et pouvoir ainsi déterminer la conduite de sa vie en conséquence, pour le bien du tout. Ceci est bien entendu le cas le plus séduisant, le cas le plus courant étant celui d'une humanité cherchant à préserver son territoire, comme si elle constituait un immense corps devant se défendre contre des ennemis, dont la nature reste à déterminer(cf. « La planète des singes »). La première hypothèse semble la plus raisonnable, mais elle possède cependant une faille. Si on peut raisonnablement penser que l'Homme parviendra un jour à une perception telle qu'il

devienne en mesure d'explorer les confins de l'Univers, par le retour à l'unité, il nous faut ici être d'une précision telle qu'elle ne laisse aucune place à des conceptions anthropomorphiques, au sens où nous projetterions dans cet étatd'être à réaliser, celui qui est le nôtre actuellement. A l'heure actuelle, en tout cas dans les pays soi-disant civilisés, le développement intellectuel est parvenu à un pointtel qu'il est possible de déceler les signes avant-coureurs d'une révolte de la nature. Ce développement provoque des maladies mentales, qui sont en croissance sur toute la planète (statistiques). Aller faire une psychothérapie ou être suivi par un psychiatre devient chose courante et facilement acceptée. Toutes sortes de méthodes de guérison voient le jour.On pourrait se poser la question : quel est le prix, hors de toute rémunération monnayable, que doit payer le patient pour sa guérison ? Nous reviendrons sur ce sujet. Il est évident qu’une maladie déclarée doit être soignée. De même, la tentative de guérir les multiples maux psychiques qui déferlentsur l'humanité est louable et se doit d'être encouragée. Précisons cependant que les énergies développées par l’humanitéà des fins d’autoconservation au cours de millénaires sont devenues de véritables entités-forces qui réclament leur dû, etparasitent hommes et femmes individuellement ou en groupe sans même qu’ils s’en aperçoivent. Cela risque de s’avérer très dangereux et est d’ores et déjà la cause de comportements aberrants.

Mais, si nous voulons cesser de tourner en rond dans le sempiternel circuit de la vie et de la mort, il nous faut essayer de comprendre la cause de ce déferlement de maladies incurables, touchant plus particulièrement le système nerveux .(voir Sylvain)

Essayons d'aborder le problème de façon intuitive, axiomatique, par images. Du point de vue des échanges de rayonnement, ce n'est plus un secret pour la recherche de pointe (à préciser), que les circuits neuronaux sont potentiellement à même de capter l'univers entier. Ceci ne possède d'ailleurs qu'un intérêt limité, comme nous le verrons par la suite. Or la cristallisation, la concentration excessive d'énergie en un point doit toujours être arrêtée, et cela se produit par tous les champs de tension intérieurs et

extérieurs auxquels nous participons, et dans lesquels nous nous sommes mis nous-mêmes. La circulation, la fluidité, le métabolisme "sain" exige une inversion totale de la vision générale actuelle. De nos jours l'intensification des forces de rayonnement (preuves sc.) révèle, démasque. Et l'intellectualité excessive pourrait être comparée à un excès de gourmandise, qu'Hermès qualifie de "délices impies". « L'homo scientificus » veut saisir avec son intellect comparatif, déductif, mesurable. Précisons ici que nous n'attaquons personne, et que, heureusement, la conscience de nombreux scientifiques leur permettra de rejoindre cette vision qui en appelle tout simplement au bon sens et à la sagesse. Or l'intellect est localisé dans la tête, et ne comprend que les fonctions dialectiques ou au mieux ternaires. Mais qu'est-ce qui exprime la réalité ? L'expérience démontre qu'une thérapie efficace est celle qui permet un vécu authentique et non abstrait, qui inscrit dans le corps les "symptômes" et les met en relation avec l'homme dans sa totalité, leur donnant un sens, et induisant progressivement une liberté conquise sans violence et sans opposition. Comme il existe différents degrés de taux vibratoires, il existe divers degrés de conscience . Lanon-lutte qui accompagne la recherche de la vérité et surtout sa mise en application dans la vie quotidienne, permet seule depasser d'un champ vibratoire dans un autre. (CF. ; Gnose Originelle Egyptienne) On parle couramment dans les milieux religieux, de la maison duPère. Mais ce que serait cette maison du Père n'est jamais sérieusement examiné, ou alors de façon théologique, ce qui estpire que tout, car le théologien possède rarement l'état de conscience adéquat à son discours. C'est là la grande trahison classique, qui fait prendre la carte pour le territoire, la photo pour la réalité, le discours pour le réel. C'est pourquoitous les discours, toutes les suppositions ou explorations mentales, reflets d'une réalité non-vécue, sont renvoyés à leurs auteurs sont formes d'anormalités de toutes sortes ou de pouvoirs tous plus dangereux les uns que les autres. Celui ou celle qui développe une recherche qui ne correspond pas à son état d'être réel est poussé à une limite : Soit il abandonne toute prétention à saisir et à accumuler avec son intellect des réalités qui ne lui appartiennent pas et franchit

alors la limite devant laquelle est placée l'humanité entière, soit il sombre dans la folie, même si celle-ci n'est pas officiellement reconnue. Tout dictateur porte en lui de cette folie là, ainsi d'ailleurs que tout être humain qui cherche à imposer de force quoi que ce soit. Ou bien l'homme se situe avant cette limite, vit encore dans lemonde du mélange, et cherche à saisir, à expérimenter, avec les outils qu'il connaît, ou bien il vit et s'intègre dans le monde de l'absolu. Il est de plus en plus facile à tout homme de savoir, en ce qui le concerne, où il en est à ce sujet, et de prendre la décision de s'orienter vers le monde de l'absolu.Cela semble un peu schématique, mais un saut qualitatif doit denos jours être accompli, et cela non pas en pensée, mais "en esprit et en vérité", incarné dans un corps nouveau.

Ici un arrêt s'impose, et quelques explications ou rappels. Au cours des siècles de multiples conceptions du monde se sont affrontées . Elles n'ont pas fait avancer l'homme d'un pas sur le chemin de la réalisation vraiment Humaine. Aussi semble-t-ilvain de rappeler les oppositions entre monistes et dualistes. Nous tenterons de démontrer que toutes ces oppositions ou courses folles ne sont que l'exacerbation d'une incompréhension, d'un non-vécu, où l'explication et le développement intellectuel prend le pas sur la réalité, la logorrhée dialectique la primauté sur la réalisation intérieureauthentique. Donc toute forme d’éducation qui nous mènera en direction du « franchissement du seuil » sera considérée comme « bonne », toute autre forme ne sera que la continuation du sempiternel circuit de la naissance à la mort, vide de sens et de réalité.

Et cela n'est pas simple, comme le dit Mme Catharose de Petri dans "La Parole Vivante" : "Il n'est pas simple pour un homme né de la matière de vivre dans cette vérité universelle unique, dans cette unique lumière, car dans la nature inférieure ou matérielle, la VéritéUnique créé une sorte d'ombre. Autrement dit : le raisonnement intellectuel ordinaire de ceux qui vivent toujours de la matière et en elle est quasiment en opposition constante et presque sans cesse en conflit avec l'unique vérité de l'âme esprit."

Notre mode de travail : la main qui ne tremble pas, le fil de l'épée, la simplicité et l'évidence, test de notre orientation.Qu'est-ce que la psychologie, à l'origine ? Quel est le sens profond de cette science ? A l'origine c’est une science sacrée, la science de l'âme, connue depuis la nuit des temps. L’homme désorienté essaie, à l’aide de quelques bribes, de garder le cap dans la tempête qui déferle sur lui. Or la nouvelle psychobiologie spirituelle de l'ère du Verseau est non-dialectique. Elle tranche très nettement dans toute forme d'explication ayant recours à des causes héréditaires, ancestrales ou karmiques, dont sont friandes les tendances New Age. A l'heure actuelle, les forces à l'œuvre permettent à celui ou à celle qui est bien déterminé de surmonter tout ce complexe imbroglio. Il est en effet bien facile de s'y perdre.

Si, dans un premier temps, il peut être intéressant de comprendre ce qui nous a amenés à notre triste état, il est plus important de collaborer, en tant que pur canal de ces forces, à l'intégration du plus grand nombre possible dans ce nouveau champ de vie (domaine vibratoire, échelle de Jacob, nouveau Shamballa) qui aspire à une vitesse de plus en plus grande tous ceux qui le désirent vraiment. Une connaissance de soi très lucide prenant en compte toutes les dimensions humaines, esprit, âme et corps, est bien entendu indispensable.Remises en questions et effondrement de toutes les d'illusions se multiplient heureusement à notre époque révolutionnaire.

Cependant la "voie droite" celle qui permettra de franchir la limite à laquelle se heurtent tant des chercheurs à notre époque, exige le recours à une toute autre problématique. On peut passer sa vie à expliquer les comportements par des causesbiologiques neuronales ou psychiques, qui interagissent d'ailleurs entre elles, sans faire un pas dans la résolution duproblème fondamental : entrer dans le juste comportement, découvrir la Vie par l'abandon de soi, maîtriser et contrôler sans contrainte son système entier à partir d'un état de vie issu du plus profond de l'être. Le centre mathématique, le cœurdu rayonnement de l'être humain peut être mis progressivement en relation avec ces champs de rayonnement directs et non transformés. Dès lors un processus permet à l'intuition

véritable de s'éveiller, et à l'enseignement universel d’être reçu toujours plus directement. Le comportement juste consiste alors à suivre cette voix intérieure, et comme le dit l'évangile, à y demeurer fidèle jusqu'à la révélation d'une vérité plus élevée. Cela ne peut s'accomplir que par un travaillibérateur pour le monde et l'humanité, sachant que ce travail restera vain tant que la compréhension ne sera pas suffisammentmûre pour que la priorité des priorités soit : la mise en pratique du travail sur soi, avec le moins de mots possible, donc le comportement pratique et évident que dicte la voix intérieure, avec toute la circonspection et la prudence que cela implique. Notre champ de vie actuel, tant microcosmique, cosmique, que macrocosmique, constitue en lui-même comme un cancer, au vu de la parfaite manifestation originelle. Notre unique nécessaire, dans ce contexte, vise au rétablissement, à la guérison. Mais qu'est-ce que la guérison ? Qui dit guérison dit hygiène, et conception juste de l'objectif poursuivi, autrement dit du but assigné au champ de vie où nous vivons. Mais qu'est-ce qui "vit" vraiment? En fait,du point de vue purement biologique, dès notre naissance, nous cheminons déjà vers la mort. Notre corps physique dans son étatactuel est voué à la disparition. Nous pourrions même dire, heureusement qu'il en est ainsi, au vu des dégâts qu'un tel corps, mal dirigé, occasionne autour de lui. Et qu'est-ce qu'une vie qui est vouée à la mort ? La Vie, encore latente en nous, est immortelle, éternelle, indestructible. Si elle se situe dans une dimension très présente, elle est insaisissablepar notre compréhension purement intellectuelle. Comprendre, vivre cette vie représente un changement de nature radical. Et c'est ce changement de nature qui constitue la guérison. Ce changement de nature est notre unique nécessaire. Cette autorévolution est bien entendu le produit des multiplesexpériences individuelles et collectives que les siècles ont accumulées en nous. Mais c'est surtout le résultat de cette fameuse "hygiène", qui envisage l'être dans sa totalité. Et celle-ci n'est pas le résultat de l'accomplissement d'une loi issue de l'expérience millénaire de l'humanité. Elle ne dépend pas du temps, mais de la mise en œuvre de l'intuition vraie. L'homme et sa personnalité ont un rôle à jouer dans ce

processus de guérison, un rôle très important, celui de serviteur dans la maison microcosmique. La personnalité actuelle, encore incomplète dans la plupart des cas, doit, par le service et le sacrifice, constituer le support transmutateurd'une autre personnalité, d'un autre corps quadruple, personnalité transfigurée. C'est cela la guérison. Cela commence par l'Amour, l'accueil et la vivification intérieure, l'intégration de la force d'Uranus. C'est vivre le nouvel affect qui ne blesse jamais. La vie véritable passe de façon inéluctable, non pas par la sentimentalité bourgeoise, mais par la puissante force de la douceur qui vainc toute forcebrute. Cette force-là se démontre. Intégrer et actualiser cette force-là constitue la première exigence pour celui ou celle qui veut devenir vraiment humain. Ce travail, cette hygiène émotionnelle là doit se manifester jusque dans les moindres nuances du comportement, au cours d'un processus sans compromis. Les tensions constituées par l'incomplétude de l'intégration decette force, les éventuelles résistances dues au passé et à l'éducation, devront céder si nous voulons accomplir notre tâche d'homme. Au fond l'expression "le droit chemin", démontre l'exigence ici posée, exigence où l'éthique est une évidence, et non l'hypocrisie morale. Tant qu'il restera ne serait-ce qu'une once d'illusion sur cette force, tant que nousnous accrocherons encore à notre survie ou à notre auto-conservation, tant que, comme le dit la bible, l'amour ne sera pas parfait en nous, nous rencontrerons difficultés sur difficultés, et nous baptiserons celles-ci du pompeux nom d'expériences, sans voir que nous en sommes les uniques responsables. Nous voyons autour de nous conflits, lutte et guerres se développer au nom de cet amour, problèmes multiples qui découlent de l'ignorance et non de la méchanceté, ignorance de l'unique chemin universel qui est de nos jours ouvert à tous età chacun, dans la mesure où il se sent prêt à y consacrer sa vie. Il est évident que l'homme qui s'engage sur ce chemin de guérison devra traverser tout son enfer personnel, démasquer illusions et tentations qui ne le lâcheront en fait jamais,

tant qu'il possédera un pied dans ce monde. Mais il est possible que se développe une sagesse qui permette de s'élever au-dessus de toute cette folie. Et là intervient la force de Neptune. Nous n'avons pas besoin de décrire les réactions négatives aux forces de Neptune. Elles sont le lot quotidien des hôpitaux psychiatriques. La maladie est ici évidente. Le remède l'est moins. Il implique une orientation révolutionnaire, et découle logiquement de la réaction positiveaux forces d'Uranus. Qu'est-ce que la sagesse ? C'est avant tout un état d'être vécu, un processus aussi, une conscience, un courage. Le courage d'agir selon ce que l'Amour nous montre, sans activités explosives, sans faux-fuyants ni excès, et sans tomber dans le piège classique de la trahison intellectuelle qui mène à l'établissement de lois, de contraintes. Cela doit naître du respect, de la compréhension et de la mise en œuvre de cet "unique nécessaire", et non d'une complexification croissante, cancer destructeur qui a assez duré, né de l'illusion qu'il faut chercher loin pour comprendre ce qui est en nous. Comenius disait que l'homme devait mettre en œuvre ces trois facultés "Savoir, Vouloir, et Pouvoir". La sagesse doit s'actualiser en "Savoir, Oser, Vouloir, et Agir." Il ne nous serait pas de grande utilité de disserter sur la sagesse, mais bien plutôt d'y parvenir. Toute représentation non réalisée constitue le début d'une indigestion mentale. De même que ce n'est pas ce qui est mangé qui nourri, mais ce qui est digéré, il en est de même pour l'homme dans son ensemble, et en particulier pour la pensée. Le renouvellement, donc la sagesse, passe par la transmutation en actes justes. Un des facteurs d'anxiété est l'inertie. La sagesse consiste, une fois l'orientation définie, à permettre l'assimilation par l'action. Toute hésitation qui n'est pas le résultat des justesprincipes "réfléchir avant d'agir" et "tirer la leçon du passé", toute tergiversation, ne fait que se renforcer elle-même et résulte de la "mauvaise éducation" qui fait de nous desêtres tiraillés. Nous pouvons observer bien souvent qu'une direction prise évoque bien souvent son contraire, que nous avons à vaincre cette résistance si nous voulons parvenir à quoi que ce soit.

Nous avons le pouvoir de neutraliser ces "mouvements d'humeur"et l'expérience nous a montré qu'une pratique en la matière estnécessaire, car en général l'éducation actuelle n'y fait pas assez appel. Mais neutraliser signifie réaliser, sans prendre parti. De même que le travail essentiel de l'enfant est la construction de son être, le travail essentiel de l'homme est la construction, la réalisation de son être profond, aussi biensur le plan de la personnalité que sur le plan microcosmique. Et ce travail ne peut se faire qu’en prenant la plus grande distance possible avec toute forme d'attraction ou de répulsion, nœud infernal qui empoisonne tout.A. de Thyane, par M. J.V. Rijckenborgh :

"Un feu intense brûle dans le champ sidéral de la naissance naturelle. C'est le feu de la convoitise qui se manifeste sous trois aspects différents : attirant, répulsif, neutre. L'homme s'accorde à ces trois états : il en vit. Plus l'homme dialectique est individualisé plus le feu sidéral brûle, jusqu'à devenir un feu d'enfer.

Bien que tous les hommes convoitent, ils ne poursuivent pas tous le même but. Le feu que l'un attire, qu'il rend donc vivant, l'autre peut le repousser, l'éteindre, ou y rester indifférent. Ainsi indifférenciés, nous devenons les uns pour les autres un enfer. Nous nous brûlons mutuellement sans pourtant le désirer. Nous activons ainsi la géhenne commune. Dès lors l'incessante alternance des oppositions nous devient logique et explicable. Compris selon la nature, les hommes se repoussent mutuellement dans l'enfer du feu sidéral ou s'y retiennent prisonniers, la convoitise appelant la discorde."

Nous devons forger, sur la base d'une unité intérieure conquise de haute lutte, une cuirasse sur laquelle vienne se briser toute forme d'attraction et de répulsion par rapport à cette nature, si nous voulons accomplir quelque progrès essentiel que ce soit .

Belle phrase, bel objectif, mais nous devons ici veiller àne pas en rester à des déclarations d'intention. Chaque mouvement émotif perturbateur peut être l'occasion d'une observation. Bien entendu, pour cela, il faut une sorte d ' " entraînement ", en tout cas de vigilance non forcée. En effet, quand je suis dans le mouvement infernal décrit plus haut, il

m'est difficile de l'arrêter, car ce mouvement se nourrit de lui-même. Pourtant, je peux intervenir, non en luttant contre, mais en faisant appel à la force active d'observation-neutralisation, par amour pour le tout, conscient de ma responsabilité face à ce tout, même si je n'en suis qu'une infime partie. Et à partir du moment où je vois cette possibilité, j'ai le devoir de la mettre en pratique, non par désir d'amélioration morale, ou aspiration à un bien relatif, mais spontanément, par compréhension intérieure, et surtout sans en attendre de résultat. En agissant ainsi, je ne fais rien d'autre que de ne pas m'opposer à la manifestation du Logos, je n'y puise aucune autosatisfaction, et n'ai d'ailleurs aucun mérite puisque je ne fais qu'agir selon mon état de conscience. Tout ce que je peux faire en l'occurrence, c'est de ne pas relâcher mon attention, car l'expérience m'a appris que d'autres situations se présenteront, et que je devrais longtemps faire preuve de persévérance avant que le grand souffle puisse s'exprimer librement en moi.

Au point où j'en suis de ce travail, je suis d'ailleurs tenté de suivre le raisonnement suivant : " mieux vaut vivre qu'écrire, j'arrête donc d'écrire ". Et il est vrai que cela fait au moins deux mois que j'ai arrêté ce travail. Mais qu'est-ce que " vivre » ? Est-ce reprendre la vie animale ordinaire en attendant que des expériences me ramènent à la souffrance de l'âme ? Est-ce vivre de cette nouvelle force atmosphérique christique tout en veillant au minimum biologique? Et qu'est-ce que le minimum biologique en ce qui me concerne.Il est vrai que je me sens parfois dans des situations tellement explosives, qui impliquent un comportement parfois siaberrant, que je me dis : dois-je y céder ?

Ces problèmes ne sont pas anodins, et ils impliquent aussitout un mode de relations aux autres et au monde, à remettre enquestion dans un sens ou dans l'autre. Si l'orientation de ma vie est en principe d'une clarté limpide, je ne peux faire l'économie de ma " vie ordinaire ", et de mes caractéristiques particulières, même si chaque occasion est bonne en principe pour aller contre mes tendances spécifiques. Ma pratique démontre de toute façon mon choix. Je peux avoir les meilleuresintentions du monde, si ma pratique de vie les contredit, cela n'a pas de sens. La question devient donc : " jusqu'où

accepterai-je de collaborer à ce monde ? " ou bien dans certains cas : " jusqu'où lâcherai-je la bride à mes instincts naturels animaux ? ".

Cela est bien difficile à accepter pour le candidat qui cherche la perfection. Cela est même presque insupportable. Cependant c'est probablement l'unique solution. Mais nous devons développer ici un grand discernement de ce qui est de l'âme et de ce qui est de la personnalité. Ou plus précisément comment permettre à l'âme de s'exprimer tout en ne contrariant pas trop la personnalité. Cela semble apparemment simple. Prenons un exemple courant, celui de la sexualité. En théorie, le candidat désire de tout son être vivre d’une toute autre force créatrice. Mais la vie le sollicite et de multiples tentations l'assaillent. Le jeu classique de la séduction se déploie. Le regard, de même que le corps entier, joue ici un grand rôle. Et il faut bien dire que notre société entière semble tout mettre en jeu pour faire "chuter" le candidat sur ce chemin. Il est presque impensable d'oser espérer y arriver.

Et pourtant nous ne pouvons nous empêcher d'y croire, d'y accorder foi, sur la base de l'âme nouvelle en croissance. Car nous savons, nous avons expérimenté une nouvelle force atmosphérique, la force christique, et nous avons pu nous apercevoir qu'elle est capable d'accomplir des miracles. Face au jeu de la séduction, nous connaissons la puissance de la force positive qui englobe les êtres et les situations. Et pourtant ce regard qui se glisse vers nous et émane pourtant d'une candidate au chemin, comment y résister ? Tout un monde de désir et de promesses y est inclus.

Mais je ne veux pas y céder ! Tout cela devient fantasme, et je rêve de ce regard ou de ce corps offert. Comment sortir de là ? Des images envahissent mon esprit. Et pourtant je fais face. Chaque jour je vois des dizaines de jeunes filles et elles ne voient rien. Ou peut-être ne sont-elles pas dupes ? Peut-être au fond suis-je comme un livre ouvert pour tous ceux qui peuvent voir ?

Or qu'est ce qui importe ? C'est bien entendu la véritableréalité d'être et sa transformation positive grâce à l'âme nouvelle. D'un coté cela s'inscrit dans le temps, et donc dans

la progression, ce qui incite à un certain réalisme, d'autre part la force christique atmosphérique n'a rien a voir avec le temps. Mais vivre selon les lois de l'esprit implique de vivre uniquement et exclusivement de la force christique. Or qui de nous en est actuellement capable ?

Nous devons et pouvons, il est vrai, admettre comme jumeaudivin notre être-âme qui, lui, vit complètement des nourrituresde l'âme. Mais nous possédons aussi une personnalité qui a besoin des nourritures de ce monde, tant que la nouvelle personnalité n'est pas une réalité vivante et autonome.

Et comment adapter notre comportement ? Prenons un autre exemple : la relation simple entre deux élèves, deux candidats,et la relation avec le groupe. Il est clair que la relation peut être de qualité diverse. On peut toujours croire être dansl'amour alors qu'on est dans la rivalité et dans la mise en valeur de soi. Je fais face à l'autre comme je fais face au groupe et je cherche des sympathies, des affinités. Je déclenche automatiquement ricanements de biais et de connivence, car qui dit sympathie dit antipathie et arrivisme. Je vais vers l'autre ou vers le groupe plein de bonnes intentions, avec tout l'amour de mon âme, et immédiatement se dresse l'être aural, et l'homme animal qui lutte et qui cherchele point faible de l'autre. Prenons le cas de deux femmes : elles vont immédiatement chercher à attirer le regard des hommes tout en diminuant l'autre, sa sœur en la gnose. Que celane nous choque pas, c'est tout à fait humain ! Mais alors où est l'amour de l'âme ? Qu’est-il devenu ?

En retrait alors qu'il devrait être au premier plan, le jumeau divin se contente de chuchoter. Comment lui donner la direction ? Je crois qu'un des points essentiels est que, quelle que soit l'attitude intérieure que l'on observe en soi ou chez autrui, le maintien de cet élan qui répand la force d'amour christique, même si d'autre part le comportement est endessous de tout. Un jour ou l'autre, et le plus tôt sera le mieux, la force gnostique, le jumeau divin aura le dessus. Maisnous voulons faciliter les choses, aller le plus vite possible.Cela ne serait pas un problème, au contraire, si nous mettions l'âme en avant dans ce désir de " raccourci ". Mais…cela n'est que très rarement le cas. Nous nous promettons de toujours

faire tout ce que nous pouvons pour faciliter l'expression et la maturation de l'âme ; mais ce faisant nous mettons en avant la personnalité et nous jouons des coudes. Or ce n'est que l'abattement et le lâcher-prise qui peuvent nous aider. Et celan'est pas toujours aussi simple que cela en a l'ait. L'objectifest un radical changement de caractère.

Il s’agit là d’éducation au plus haut niveau, et c’est bien là le sujet qui nous préoccupe.

Voici comment est présentée l’éducation de façon « classique », par des gens qui pourtant sont des chercheurs depointe et qui veulent simplifier les notions.

« Autrefois, avant le XVIe siècle, on employait les termesde « nourrissement » et « institution » pour parler d’éducation. De là vient le terme d'instituteur.D'après le Larousse, « éducation » vient du latin « Ex ducere» c’est à dire tirer hors de…D'après O. Reboul ce terme vient aussi de "éducare": élever lesanimaux et les plantes.L’éducation est une action exercée sur autrui pour développer ses facultés physiques, intellectuelles et morales, ainsi que son caractère. C’est l’ensemble de moyens qui contribuent à façonner un être.C'est le développement de ses talents. On emploie aussi le terme « d’élever » qui signifie : porter debas en haut, donner de l'éducation, former, faire naître, susciter.C'est une intervention qui peut modifier le cours naturel de l'évolution; il y a une rencontre avec la nature de l'éduqué. C'est ici qu'interviennent différentes façons de voir et de s'yprendre: jusqu'où l'éducation ne fait que développer les facultés de l’enfant, par rapport à un enseignement qui ne prendrait pas en considération sa nature?C'est aussi ce que fait une société pour faire partager les valeurs qu'elle privilégie, c'est à dire sa culture et ses connaissances. L'éducation  dépend de ce qui caractérise une société. Elle dépend aussi des époques et des lieux …

Citons ici un passage de l’« Ecole de l’Enfance », ou « Ecole des Mères ». Il semble nettement nuancer ces visions, et en

tout cas démontrer que des idées assez précises étaient déjà professées sur l’éducation des petits enfants, alors que beaucoup semblent croire que l’attention pédagogique portée auxjeunes enfants date de la fin du XIXe siècle (précisons qu’il s’agit du premier jet d’une traduction) ; ce texte n’existant pas en français, nous l’avons retrouvé à l’INRP). Ce texte s’adresse aux mères en vue des enfants de 0 à 6 ans. Nous devrons tenir compte de l’ambiance religieuse dans laquelle vivait Comenius, au sein de l’ « Unité des Frères de Bohème Moravie », profondément et intelligemment rigoureuse dans ses conceptions morales et spirituelles.

«8 -   Façon dont les enfant doivent être sensibilisés au langage et à la prise de parole   :

Il y a deux choses qui distinguent l’homme de l’animal : c’est la raison et la parole. La première il en a besoin pour sa propre volonté, la deuxième pour son prochain. C’est pourquoi on doit porter une même attention aux deux afin que l’âme et les mouvements du corps qui en découlent, et la langue, soient bien constitués.De même qu’il est conseillé que les esprits des enfants doiventêtre stimulés à la connaissance des choses et aux travaux manuels, nous dirons également quelque chose sur l’éducation aulangage, en vue de l’acquisition de notions préliminaires de grammaire, de rhétorique et de poésie. Des éléments préliminaires grammaticaux peuvent s’observer dès la fin de la première année lorsqu’ils commencent à former certains sons, donc début de lettres, tels que a, ei, i, ha, ba. A la deuxièmeannée, cela devient plus conséquent, lors de tentatives d’articulation de mots entiers, répétés selon exemple, comme Tata, Mama, Papa. Et cela s’explique, car il est naturel de commencer avec le plus facile.Cependant au fur et à mesure qu’ils avancent, et qu’ils peuventmieux manier leur langue, il est dommage de les ménager, et ainsi de les gâter. Il est bon d’insister sur la bonne prononciation des « r » par exemple. Ne pas accepter qu’ils disent « Pêle » au lieu de « Père ». Certains parent laissent ainsi passer maintes années à céder à leurs enfants et lorsque vient le temps de leur apprendre quelque chose de plus complexe, ils doivent d’abord commencer à corriger ce qui a éténégligé.

Mais pourquoi donc la Mère, la Sœur, ou la Nourrice de l’enfantne devrait-elle pas, tout en jouant, articuler et faire articuler les lettres et les syllabes de la bonne manière, comme il se doit. D’abord dans de petits mots, comme le « r » dans « rouge », etc…ou dans des syllabes comme –er, -ba, -ha, etc… Pourquoi devrait-on s’en priver ? Même si cela n’était que le premier essai de grammaire qui pourrait se continuer jusqu’à latroisième année, dans la mesure ou certains enfants, (ce qui ne préjuge en rien de leur intelligence future, NDA) sont relativement lents etpeu alertes à cet âge.Dans la quatrième année, il faut veiller à ce que les enfants expriment bien les accents, ce qu’ils peuvent apprendre par répétition et habitude, car telle est la prononciation qu’ils entendent, telle est celle qu’ils imitent. Pendant la cinquième et sixième année, ils vont faire d’énormesprogrès dans leur raisonnement et leur diction. Surtout si on les stimule à nommer tout ce qu’ils ont sur eux, ce qu’ils voient dans la maison, ce dont ils se servent. C’est pourquoi il faut souvent leur demander : « Qu’est-ce que c’est ? Qu’est-ce que tu fais ? Comment cela s’appelle ? », en veillant toujours à ce qu’ils prononcent les mots de la juste manière etde façon bien articulée. A ce stade, on ne peut pas leur en demander beaucoup plus, sauf qu’ils peuvent aussi être entraînés par l’humour et les jeux, comme par exemple : savoir qui peut prononcer le mieux et le plus rapidement un long mot comme « Taratamara », Nabuchodonosor, Constantinople. La rhétorique trouve ici également un début élémentaire … Parce qu’avant que l’enfant soit capable d’une diction et d’uneélocution soignée, on peut le stimuler par des attitudes extérieures, quand on le prend, le regarde, le couche, lui montre quelque chose, lui sourit, lui prend la main, en lui faisant comprendre qu’il doit à son tour nous regarder, nous donner la main, nous sourire, marcher vers nous.Nous nous habituons donc plutôt par des attitudes que par la parole à nous comprendre les uns les autres, comme il faut le faire avec les sourds ou les muets. On peut amener un enfant dans la première année et les suivantes à comprendre ce qu’est un mine triste ou gaie, ce que cela veut dire de menacer du doigt, de baisser la tête, d’amener avec les mains ou de repousser. Tout cela, un enfant peut très facilement le comprendre, et c’est une bonne base pour une action rhétorique.Petit à petit, ils commencent dans la troisième année, à côté

des attitudes, à utiliser des façons de parler, dans la mesure où ils interrogent, expriment leur admiration, ou racontent à demi-mot.En ce qui concerne les synonymes, la façon de remplacer un mot par un autre, ils ne peuvent en saisir beaucoup, avant d’avoir appris à saisir la signification juste des mots. Cependant lorsqu’ils entendent quelque chose de ce genre venant de leurs compagnons, comme : « Regarde comme cette pomme me sourit », ils peuvent la comprendre à demi-mot. Il n’est pas nécessaire de se soucier de savoir s’ils ont compris ou s’ils peuvent l’imiter, il y a encore beaucoup de temps pour apprendre à bienparler.Je me suis ici simplement efforcé de montrer comment la racine de tous les arts s’exprime dans tous les enfants dès leur jeunesse, et qu’il n’est pas difficile de construire sur un telsol si seulement on traite raisonnablement ces créatures raisonnables. On peut dire la même chose de la poésie. Ses débuts peuvent surgir assez tôt. Dès qu’un enfant est capable de comprendre les mots, il commence également à prendre goût à la poésie et aux rimes. C’est pourquoi il est bon de chanter des berceuses.« Dors, mon enfant, dors… »On peut en particulier utiliser la belle berceuse du bienheureux Mathesuis :

« Dors maintenant mon petit enfantEt ferme tes petits yeuxC’est Dieu qui veut être ton PèreC’est pourquoi dors en paix. »

De telles chansons sont si aimées des enfants, qu’ils s’endorment en les écoutant, et on pourrait en faire bien d’autres, que leurs nourrices leur chanteraient non seulement pour les endormir, mais pour les éveiller, afin qu’elles leur restent en mémoire et puissent leur servir plus tard. Dans leur4e, 5e, et 6e année ils vont progresser dans la poésie, lorsqu’ils apprennent vers et comptines par cœur. Certains doivent être relatif à l’amour et à la crainte de Dieu. Parce que bien qu’ils n’arrivent pas encore à comprendre ce qu’est unvers, ils peuvent néanmoins, grâce à de tels exercices, être amenés facilement à faire une différence entre une bonne et unemauvaise parole. »

Nous voyons donc déjà que dès le plus tendre âge, il peut y avoir formation par le jeu et la conscience, etc…L’éducation est aussi la formation de quelqu'un qui sous-entendl’acquisition d’un savoir, mais d’abord l’appel à la parole et à la raison, même de façon élémentaire.Elle s'exerce sous les formes les plus variées.Sous entend une adaptation et les pratiques des usages de la société, les manières, c’est à ce moment que l’on dit : "avoir de l'éducation". C'est aussi le résultat de cette action.  D'après le dictionnaire de pédagogie de F. Buisson :“L'éducation façonne les esprits et les cœurs, établit les mœurs, relève ou abaisse les caractères” (Compayré auteur de l’Histoire critique des doctrines de l'éducation en France").

Maintenant que nous avons abordé ces problèmes sous un angle concret, nous aimerions envisager la façon de présenter les planètes des mystères de M. Jan Van Rijckenborgh. Nous nousreplacerons ainsi dans une perspective actuelle. Nous en trouvons de fréquentes mentions, en particulier dans le " Témoignage de la Fraternité ", dont nous citerons pêle-mêle divers passages, afin d'en faire un tout.

Il y parle des planètes Uranus, Neptune et Pluton, idées sublimes et surtout puissantes lois, principes primordiaux qui pénètrent le corrompu, le dégénéré et le criminel. Uranus renouvelle le cœur, Neptune renouvelle la tête, Pluton est celui qui propulse, qui dynamise, celui qui frappe et qui brise. Et nous sommes en pleine période spécifiquement plutonienne.

Les forces d'Uranus sont appelées à faire du cœur un muscle volontaire, ce qui pourra permettre au candidat l'entréeconsciente dans les domaines intérieurs quand cela sera nécessaire. Cela implique que nous parvenions à dominer consciemment nos sentiments, à les diriger. C'est ce qui s'appelle penser avec le cœur, manier le feu d'amour qui ne créé pas de conflit mais rend tout beau et merveilleux. Ces formidables forces d'Uranus ne sont pas anodines, elles sont redoutables, car très dynamiques à notre époque. Elles sont

aussi à l'origine de l'intuition, commerce journalier avec Dieu. Uranus est comme un feu, c'est la force de Christ qui revient vers nous sur les nuées. Et lorsque la sainte loi d'Uranus s'accomplit en nous, la conséquence inévitable en est un formidable revirement.

Cette tempête de feu atteint tout d'abord la vague de vie féminine, du fait de la polarisation positive de son corps vital et négative de son corps physique. Elle peut donc plus facilement recevoir les vibrations d'Uranus et manifester leur dynamisme en ce monde. Il s'agit donc de transformer la brutalité de l'homme et sa pseudo-superiorité intellectuelle etde réprimer la bestialité martienne.

Uranus renouvelle le cœur mais Neptune renouvelle la tête.Le message d'Uranus, c'est Christ. Pour aller à Neptune, nous devons passer par les portes d'Uranus en écartant les voiles d'Isis. Dans la prière du soir nous nous relions à Christ et l'hypophyse est portée à une vibration supérieure. Devenu des aides, nous portons la croix dans la nuit. Et le matin, le divin Neptune vient à nous et laisse ses traces dans la glande pinéale. Et là, sur le lieu du crâne la mort sur la croix s'accomplit, et nous nous élevons ressuscités vers le zénith oùles forces de l'Esprit Saint, où Pluton célèbre son triomphe.

Neptune est le rénovateur de la tête, et cela seulement siUranus a accompli son travail de la juste manière. Si nous réagissons négativement à Uranus, c'est l'empoisonnement et la division de Neptune qui nous guette inéluctablement. La splendeur lumineuse de Neptune ne peut se manifester que par lerenouvellement du cœur.

Puis c'est Pluton qui survient, l'emprise vigoureuse, le porteur de flambeau qui jette sa torche enflammée dans la maison vermoulue et détériorée. Le problème est de savoir comment nous faisons les choses, comment nous les réalisons, etnon comment nous en parlons. Pluton correspond à la phrase classique : " Ce que vous avez fait pour le moindre de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait." Pluton exécute, brise, recrée. Pluton régénère le saint pouvoir créateur de l'homme.

Or ce qui se passe fréquemment, c'est que le candidat aux mystères détourne la force qui s'adresse à l'âme ou plus exactement qu'il oublie que la perfection exigée s'adresse à l'âme. Et il est complètement désorienté, se dit qu'il n'y arrivera jamais, qu'il est indigne, etc. Et il est vrai que surle plan de la personnalité dialectique, il est bien à plaindre,débile et impuissant. Le chaos l'entoure, il a bien du mal a accepter ce qu'il croit une situation impossible.

Par exemple, quelqu'un aura pour tendance la minutie et nesupportera pas de vivre dans le désordre, surtout lorsque ce désordre ne dépend pas de lui et qu'il n'a aucun pouvoir sur lui. C’est une propriété typiquement dialectique de son caractère particulier. Cela pourra même aller jusqu'à des problèmes de digestion, car ce type de situation se révèle parfois très " difficile à avaler ".Il est bien évident que ce n'est pas en se plaçant sur le plan de cette personnalité dialectique que l'on pourra trouver une solution à ce problème.L'unique solution sera de lâcher prise, de laisser l'âme s'exprimer, ce qui aura pour conséquence la " remise des chosesà leur juste place " et par la même occasion une amélioration qui se manifestera jusque dans les aspects physiques de la personnalité.

Nous sommes donc placés, sur le plan de l'âme, devant le comportement de l'homme parfait. Et nous rappelons les axiomes sur lesquels se fondent la Nouvelle Education de l’ère du Verseau :

Deux ordres de nature gouvernent notre monde, dans son état actuel..

Ainsi pourra se résorber le cancer que constitue notre ordre de nature.

Tout est un, vu d'en haut.

.La clé de l'univers, pour nous, c'est l'Homme. Rappel : Jesu mihi omnia. Deus ex Homo

Le point focal du cœur et de la tête correspond au cœur du Macrocosme.

Redresser, c'est Vivre selon le Droit. Tat Vam Asi. Pas ceci, pas cela.

La simplicité est le secret de l'accomplissement.

Le pardon, c'est par le don. La sagesse, c'est l'abandon à la lumière et l'alchimie spirituelle.

A nos yeux, une progression infinie de force en forceet de gloire en gloire, aux yeux de Dieu, une parfaite immuabilité.

Face à ces vérités éternelles, mais très présentes en ce début d’Ere du Verseau, on pourrait se demander : à quoi bon s’intéresser à des hommes comme Comenius, à l’éducation en Grèce et en Egypte, alors que ce qui nous importe, c’est bien la situation présente, et notre façon d’y faire face. Nous sommes au XXIe siècle, et l’évolution entre l’Egypte, la Grèce, le XII-XIIIe siècle, Le XVIIe siècle de Comenius, et notre époque peut présenter des intérêts sur le plan historique, oui, mais quel intérêt pratique.La science de l’éducation actuelle, de même que la philosophie de l’éducation, pourraient déjà y trouver une « fondation » solide. Mais aussi l’adage « celui qui ne veut pas tirer la leçon du passé sera puni dans l’avenir », y trouve matière à approfondissement, car la « Consultation… » de J.A. Comenius (Komensky) avait déjà tracé des lignes de forces encore valables pour notre temps, puisque non encore « réalisées » pour la majeure partie de l’humanité. Et cela est valable pour la Grèce et L’Egypte, bien que l’homme actuel soit dans l’ensemble « mieux équipé » pour accomplir sa tâche d’homme. (Cependant cela se discute, nous y reviendrons). Essayons donc,à travers cette recherche, croisée avec des éléments contemporains, d’approfondir l’essence de la pédagothérapie psychobiospirituelle, tout en sachant qu’un individu ne pourra véritablement comprendre et manifester « l’homme réalisé » qu’au sein d’un « champ de force » intermédiaire entre le tempset l’éternité.

II)De l'Homme à l'Universel. Comenius et notre tâche actuelle

Une tentative constante au cours de l'histoire tient à la fois de l'encyclopédisme et du spirituel. Il s'agit de montrer, de la pierre à Dieu, la continuité de la manifestation. Et l'individu, que devient-il dans tout cela ? Eh ! bien il prend conscience de son insignifiance. Et ceci de plus en plus nettement dans tous les aspects de sa vie quotidienne. Il s'aperçoit qu'il est continuellement attaqué dans sa personnalité, éprouvé à chaque " coin de rue ". Il doit faire face à des injustices, à des décisions absurdes et ineptes, moments où il devra prouver qu'il laisse la place à l'âme et nepermet pas à l'homme-moi de relever la tête.

Nous avons souvent tendance à vouloir projeter une image de la perfection en dehors de nous mêmes. Or l'Univers entier est inscrit en nous, avec sa perfection. Il est hors de question ici de faire preuve de connaissances que nous ne possédons pas. Il y faudrait la vie de plusieurs scientifiques de haut niveau. Mais la simple appréhension de l'immensité de la chaîne qui va de l'atome à l'univers, cette immense chaîne elle-même, si merveilleuse qu 'elle paraisse, n’étant que la partie la plus visible d'un septénaire cosmique dont nous pouvons difficilement nous faire une idée, est déjà en soi d'une très grande utilité afin de consacrer tout notre être au " chemin des étoiles ".

Les plus grandes découvertes scientifiques rejoignent d'ailleurs les premiers éléments de la science sacrée. De nombreux scientifiques en ont le pressentiment de plus en plus explicite. Les travaux sur la nature de la lumière en particulier rejoignent les explications de Jacob Boehme et de Jan Van Rijckenborgh. (voir le travail de Pierre Gohar ( 1)sur " l'homme de matière et l'homme de lumière ")

Ce qui différencie le candidat authentique de ce que nous pourrions appeler le chercheur de vérité " extérieur ", ce n'est pas sa valeur morale ou intellectuelle, ce n'est pas sa perfection sur le plan de la personnalité, c'est plutôt la conscience de l'exigence de la vie de l'âme, avec toutes les imperfections de la personnalité sur laquelle il travaille. Et les problèmes de " lumière " rejoignent ceux d'éclairage , et donc de conscience.

Il est ici intéressant de citer Jan Amos Comenius, dans sa" Voie de Lumière " (Chapitre 13 :

" Nous avons progressivement vu le chemin de développementde la lumière. Elle est allumée, elle brille et elle devient unfeu. Lorsque le soleil est occupé à faire briller sa lumière sur les pays de la terre, il arrive aussi qu'il fasse poindre de pâles lueurs des profondeurs. Puis, il envoie le premier éclat de l'aube et on voit apparaître son corps resplendissant d'or à l'horizon et sa luminosité se voit partout . Plus le soleil monte dans le ciel, plus ses rayons tombent verticalement et dispensent lumière et chaleur. Cependant, il peut arriver qu'il y ait du brouillard et de la pluie le matin et le soleil doit faire plus d'efforts et réduire sa vitesse pour briser l'obscurité des nuages. Dans ce cas, ce n'est souvent que le soir qu'il lui est possible de faire briller sesrayons victorieux et de permettre aux habitants de la terre d'admirer l'astre solaire. Il en va sensiblement de même avec la lumière raisonnable de l'esprit, de la sagesse. Pendant toute cette ère (il est vrai que le courant des siècles est, pour l'humanité, la même chose qu'un seul jour), elle ne put dispenser sa force pour l'illumination des esprits que parce qu'elle suivit elle aussi un processus par étapes . "

Nous voyons ici, dans cette citation apparemment simple etnaïve, une richesse de sens inouïe, dont nous n'épuiserons pas l'ampleur en quelques lignes. Mais nous pouvons d'ores et déjà souligner l'analogie entre l'époque de Comenius et la nôtre. Eneffet nous sommes l’objet de grands bouleversements, plus encore que au XVIIe siècle, pourtant si fécond en transformations. Le processus par étapes a duré bien longtemps et il durera encore longtemps sur les plans individuels. La lumière ne se dévoile que très progressivement. Cependant sur un plan général, nous pouvons dire que la révolution atmosphérique est en plein déroulement et qu'elle a atteint un point critique où tout est démasqué et où la conscience véritable de chacun se manifeste au grand jour. Cela est inéluctable, ne serait-ce que dans l'intérêt des personnes elles-mêmes qui ne peuvent plus éviter une réelle connaissance de soi, au moins dans leur for intérieur. Nous pouvons dire sans hésitation que le temps est venu où ce fameux soleil de l'esprit et de la sagesse opère un démasquage total. Il n'est

que de constater à quel point la corruption se dévoile au grandjour, de même que toutes les formes de désintérêt de la vie politique, dont le jeu n'est que trop bien connu.

Il est du plus grand intérêt que chacun se sente directement concerné par ce démasquage, car l'exigence est maintenant claire : ou bien entrer dans la réalité de la lumière et l'intégrer en tant qu'âme vivante ou bien être balayé dans la violence des événements de nature plutonienne encours. Pluton n'agit en tant que re-créateur que si la maison du microcosme répond à un minimum d'exigences. Autrement la maison vermoulue s'écroule, pour être reconstruite, dans cette vie … ou dans une autre.

Or nous avons décidé, en tant que personnalité de tout mettre en jeu pour que Cela se passe en cette vie. Et cela est possible, justement du fait de cette révolution, qui doit maintenant avoir lieu dans notre propre être intérieur. Relisons ici encore un passage de Comenius, qui s'applique encore plus à notre époque.

" Il semble que l'état actuel du monde tende vers ce but, c'est à dire qu'il se prépare à une sorte de renaissance. Si Dieu a noyé dans le déluge (ici déluge de feu dont parle Mirdad) la méchanceté des hommes, poussée à son paroxysme, et s'il a répandu sur eux son juste courroux, s'il permet que les hommes se détruisent entre eux, alors il prépare, avec la déchéance universelle des choses, la transmutation universelle des choses."

Il est peut-être aussi intéressant d'y adjoindre ces troisparoles :

Le seul temple digne de Dieu, c'est l'intelligence du sage.(Porphyre - Lettre à Marcella).L'homme est le miroir que Dieu tient devant Lui,l'organe qui Lui sert à appréhender Son être. (C.G.Jung). L'univers est une machine à créer de la conscience. (Bergson).

Essayons d'en tirer l'essence.Ce qui peut permettre la transmutation universelle, c'est bien entendu l'intelligence du sage. Mais qu'est-ce qu'un sage ? Un

sage ne répondrait pas à cette question. Et pour pouvoir y répondre, il faudrait cependant être un sage. Ce que nous pouvons en tout cas tirer de cela, c'est que la seule chance pour l'humanité, c'est la "multiplication des sages", multiplication qui est possible puisque la conscience est la mesure de la sagesse et que "l'univers est une machine à créer de la conscience". Or nous devons ici faire très attention : dequelle conscience parlons-nous ?La phrase : Le seul temple de Dieu, c'est l'intelligence du sage, est à rapprocher de la célèbre phrase de Faustus de Carthage," C'est moi-même, qui, si j'en suis digne, suis le temple de Dieu" et de la parole de Paul : " Ne savez vous pas que vous êtes le temple de l'esprit, et que vous ne vous appartenez point à vous mêmes ".Mais cela a prêté à de regrettables confusions. La conscience qu'abrite le temple de Dieu, c'est la conscience de l'âme, la conscience qui est dès le début perfection et absolu, même si l'acquisition et la maturation de cette conscience prend du temps et nécessite un processus qui s'inscrit lui aussi dans letemps. Il est difficile par des mots de rendre la différence entre la conscience de l'âme et la conscience de la personnalité, puisqu'en fait il n'y en a pas, dans la mesure oùla conscience de l'âme englobe celle de la personnalité , qui doit d'ailleurs se mettre à son service dans le grand travail de transmutation. Celui qui possède la conscience de l'âme comprend celui qui ne la possède pas encore, mais celui qui ne possède que la conscience de la personnalité se trouve placé devant un mystère indéchiffrable, et sans même s'en apercevoir parfois, quand il est confronté à la conscience de l'âme.

C'est pourquoi il est clair que celui qui parle ne sait pas. Celui qui écrit ces lignes doit avouer son ignorance et reconnaître, placé devant le sage, qu'il est totalement perdu ;ainsi seul le silence peut permettre une petite appréhension decette nouvelle conscience. Tant qu'il n'y a pas une réelle stabilité émotionnelle, tant qu'un éclair astral peut encore susciter dans les relations d'un individu un véritable chaos émotionnel, alors tout ce qu'il pourra dire ou raconter de la libération ne restera que puanteur aux yeux du sage.

Il suffit parfois de peu de choses, d'une simple sensation d'impuissance ou d'échec, pour rendre un individu pire qu'un

animal, prêt à bondir à la moindre attaque ou prétendue telle. Or ce n'est pas ainsi que l'on permet l'expression de la vie del'âme, la croissance et la maturité de la conscience-âme. L'exigence est donc purification, détachement, silence. Et c'est dans cet état d'esprit qu'il peut y avoir prise de conscience de l'universel, à partir de la "matière première", le " Noun " des égyptiens, donc à partir de la lumière même, del'indifférencié, présent dans toutes les formes de matière.

Plus haut nous avons parlé de "résorber le cancer que constituenotre ordre de nature ». Cela implique non seulement les aspects soi-disant nocifs ou démoniaques, mais aussi tout le macrocosme dégénéré. Ceci pourrait paraître un peu trop radical, mais cela correspond pourtant à la sagesse de tous lestemps. Nous avons par exemple la parole de Jacob Boehme qui diten substance que Dieu a saisi dans le cœur tout le macrocosme dégénéré de l'atome le plus infime à la partie de l'Univers la plus éloignée. Précisons que les Galaxies, les zodiaques, les immensités les plus inconcevables, tant qu'elles sont perceptibles ou imaginables, ne font pas partie du macrocosme divin.

Comment donc le plan pour résorber ce macrocosme pourrait-il sedérouler si ce n'est en effectuant le chemin inverse qui lui a donné naissance ? Or quel fut ce chemin ? Nous pouvons assez facilement nous en faire une idée approximative en observant notre propre vie. Nous passons en effet notre temps à basculer d'une passion à un désir terrestre, à attirer ce que nous voulons et à repousser ce que nous refusons. Notre vie consisteà nous créer un petit monde égoïste et personnel, en perdant devue le tout et l'intérêt général.

Or l'enseignement universel (Le Mystère de la vie et de la mort, de Mr Jan Van Rijckenborgh) nous explique qu'à l'origine,avant la chute, l'homme était une sphère de conscience positivement gouvernée au service du tout, composée du point devue nucléaire de trois noyaux, travaillant de concert à la glorification du tout, tout du moins en apprentissage pour cela. Les deux noyaux centraux étaient dans un rapport positif-négatif, et le troisième, neutre constituait le facteur d'apport et d'échange avec le milieu. Et ce n'est qu'en étant

au service du tout en parfaite abnégation que l’homme de l’origine pouvait se manifester en pleine gloire.

La clé de l'Univers, pour nous, c'est l'homme. Et c'est pourquoi, j’ose à peine le dire, aujourd'hui j'ai vraiment compris l'exigence, la nécessité de vivre, par l'expression de la vie de l'âme, la perfection malgré mon insignifiance. Autrement dit de me détacher vraiment, en actes intérieurs et extérieurs, de tout désir, et de la vie des sens. Mais comprendre n’est qu’un début. Constamment celui qui a compris l'exigence est assailli, agressé par de multiples sollicitations spécifiques à sa propre personnalité. Il faut longtemps d’ailleurs avant d’accepter qu’il ne s’agit là que del’épreuve qui confirmera la compréhension.

Et les mouches bourdonnent, s'agitent, les collègues papotent de sujets puérils et superficiels, disent du mal de tout et de tous. Il faut se préserver et rester constamment orienté. Rester positif, construire. Résister à la passion, trouver l'apaisement, n'exclut d'ailleurs certainement pas la tendresse et la "caresse" de la vie à deux. Ce qui compte, c'est l'harmonie de la relation.

Et c'est dans la pratique de la vie "ordinaire" que l’on se découvre. Ce que des instructeurs comme Apollonius de Thyanepréconisent, ce n'est ni plus ni moins que l'entraînement , la pratique de la magie gnostique, magie qu'il dénomme celle des "quatre lumières ". De quoi s'agit-il ? Les quatre lanternes magiques peuvent être expliquées de la façon suivante, en fait de deux façons :- Tout d'abord le carré magique du tapis : l'unité de groupe des candidats à la libération, l'orientation unique sur le but libérateur, la non-lutte, ou non-violence absolue, et l'harmonie dans le changement de nos activités. Cela peut sembler dogmatique et artificiel, mais tout dépend de la façon dont cela est vécu. Il s'agit de polir la personnalité de tellefaçon, que l'âme s'exprime et prenne la direction du système .- Ensuite, il s'agit de pratiquer la magie du jugement autonome, ce qui inclut l'exercice de la raison pure, de la volonté pure, de la pure émotion, ou du cœur pur, et des pures actions. Là aussi, nous nous heurterons à des obstacles, mais

nous apprendrons ainsi, par l'exercice, l'approche et la réalisation de l'âme-esprit incarnée dans l'homme.

…Vaincre chaque obstacle, triompher de chaque résistance…

Il s'agit de vivre grâce à la force d'amour à l'œuvre en chacunde nous, lorsque nous avons décidé d’aller le chemin libérateur. Ainsi sommes-nous confrontés progressivement, chacun à notre niveau, à la connaissance des rayonnements magnétiques. On pourrait parler de la perception des atmosphères, ce qui mène au discernement des esprits.

A ce sujet utile abordons la notion de silence. Le candidat à la libération doit posséder une force, celle de l'acte de se taire. Et cela n'est pas si simple ; Au début, il y faut quand même l'intervention de l'ancienne volonté. Mais bien vite, c'est l'âme, qui, dans ce silence, prend la parole. Que se passe-t-il alors ?L'homme devient capable de ne plus être victime de la sphère astrale. Et cela est un pas très important.En fait, nous disons souvent que nous avons été débordé, que nous n'avons pas pu nous empêcher de faire ceci ou cela, que nous n'avons pas pu faire autrement. C'est alors que nous avonsété victime de la sphère astrale. Et cela ne peut être vaincu que par la force du silence.

Mais qu'est-ce que cette force du silence ? Elle implique déjà que l'homme en question puisse passer la plus grande partie de ses heures de sommeil dans le nouveau champ astral. Il est aussi de la plus haute importance que, suite à ce bain de lumière nocturne, la vie diurne puisse permettre une constante élévation de la vie de l'âme. On comprend donc mieux ici l'importance du comportement, sur la base de l'âme en croissance.

Des circonstances particulières peuvent favoriser l'expression de ce qui " travaille notre intérieur " et empêche parfois notre épanouissement spirituel. Par exemple l'expression théâtrale ou toute forme d'expression artistique, à condition qu'elle ne demeure pas une fin en soi, mais se fasse l'interprète de la flamme de l'âme.

Tout ceci touche aux problèmes de l'éducation dans leur ensemble. Nous avons déjà fait quelques citations de Jan Amos Comenius. Nous aimerions approfondir un peu et développer les conceptions et la vie de ce grand philosophe , pédagogue et spirituel. Plaçons tout de suite notre travail sur le haut planspirituel où voulait se situer Comenius lui-même. Dans le livre" Le Labyrinthe du Monde et le Paradis du Cœur ", il met l'accent sur la nécessité et la douceur de l'ouverture du cœur,(à propos de la loi intérieure des chrétiens ; chap.44 Le Labyrinthe du monde et le Paradis du cœur) :

" Tout est lumineux et facile pour ceux dont le cœur est ouvertà Dieu

Ils ne trouvent pas qu'il soit difficile de se conformer à une telle règle; au contraire c'est pour eux un plaisir et une joie, alors que dans le monde, les hommes ne s'y conforment qu'à contre cœur puisqu'ils y sont contraints. Car en ses serviteurs Dieu a changé leur cœur de pierre en cœur de chair, docile et parfaitement soumis à sa volonté. Tous les obstacles que le diable a mis sur leur chemin avec ses suggestions rusées, avec le monde et ses exemples de corruption, avec la chair et sa propension naturelle à se détourner du bien, ils nes'en occupent pas; et ils éloignent le malin par leurs prières continues, ils se protègent du monde avec le bouclier de leur ferme détermination, et ils imposent à leur corps obéissance avec le fouet de la discipline. Et c'est avec joie qu'ils continuent d'accomplir leurs devoirs. L'Esprit du Christ qui habite en eux renouvelle leurs forces afin que la bonne volonténe leur fasse pas défaut et qu'ils ne manquent pas à l'accomplissement de leurs tâches (dans les limites de leurs possibilités). J'ai vu qu'en réalité servir Dieu de tout son cœur n'était pas une corvée mais une joie; et j'ai compris que ceux qui trop souvent invoquaient l'excuse de la faiblesse humaine, n'appréciaient pas la puissance et la force que donne la nouvelle naissance, et sans doute n'en avaient-ils jamais fait l'expérience; mais c'est leur affaire. Parmi les Chrétiens, je n'en ai trouvé aucun qui défende ses péchés en alléguant la faiblesse de la chair, ou qui excuse une action vile en invoquant la bassesse de sa nature humaine. Mais là j'ai observé que quiconque avait totalement réduit son cœur à celui qui l'a créé, racheté, et sanctifié pour son Temple,

retrouvait peu à peu la liberté de tous ses membres pour suivreet aller dans la direction indiquée par Dieu. Ô, Chrétiens, quique vous soyez, libérez-vous des entraves de la chair; découvrez, expérimentez, et apprenez que les obstacles nés de votre imagination ne peuvent s'opposer à votre volonté, pour peu que vous soyez sincères."

Comment concilier les exigences de l'éducation avec une telle vision de la vie ?

Comenius est né au sein de la communauté des Frères Moraves, à la fin du XVIe siècle, dans un monde où de plus en plus de protestations s'élevaient contre la corruption. L'Ordre de L'Unité, autre nom de cette communauté, avait atteint un niveauculturel inégalé pour l'époque. Chaque paroisse possédait une école, et les imprimeries y étaient plus nombreuses que partoutailleurs en Europe. En témoigne la première bible en langue vernaculaire, la Bible de Kralicka.

IntroductionContexte et lignée spirituelle

Approche de Comenius:Dans la plus pure tradition classique, Comenius est né en

1592, à Uhersky-brod, d’autres disent à Niwnice, au sein de la communauté des Frères Moraves, ou Frères de L’Unité. Depuis le 13é siècle un courant spirituel authentique était à l’œuvre en nos contrées. Après une “courte période d’obscurcissement”, (Rudolf Steiner y fait allusion dans son allocution du 27/9/1911) (1) , une loge spirituelle s’était constituée au cœur de l’Europe. Ce Cercle rassemblait la synthèse des sagesses Atlantéennes et post-Atlantéennes, et la sagesse plus spécifiquement “scientifique”(appelée à l’époque philosophie ouconnaissance naturelle). Alors eut lieu un événement qui ne pouvait avoir lieu qu’une fois dans l’histoire : le treizième, une individualité (précise Steiner), qui avait été en incarnation au temps du Mystère du Golgotha, reçut la somme de toute cette connaissance et la redistribua à tous les autres

sous la forme d’un “christianisme vécu”. Son corps s’amplifia en transparence et disparut au yeux des hommes.Simultanément et progressivement, souvent attaquée, resurgissant chaque fois avec plus d’intensité, cette nouvelle force commença à se dévoiler à l’Europe (prudemment, vu le danger de l’inquisition qui planait toujours). Elle se déploie aujourd’hui au grand jour. La Rose-Croix, déjà active du temps des Cathares, bien que de façon très discrète, commença à se manifester dans des groupes tels que les Vaudois, les Patarins,et les Fidèles d’Amour. En Allemagne, en Suisse, en Lorraine, et en Franche-Comté, c’étaient les Vaudois qui tenaient le flambeau de la spiritualité renaissante. Les Frères du Libre Esprit, comme tous ces pionniers, étaient justifiés par une haute moralité et des exigences sur eux-mêmes qui primaient toutes les apparences. Maître Eckhart nous a alors laissé de très beaux textes, en particulier sur le détachement, qui s’adressent à ceux qui désirent sincèrement retrouver l’état d’homme vrai :“Deus ex Homo”.La Bohême était, au XIV-XVe siècle, imprégnée de cette auto-révolte, de cette recherche de la liberté spirituelle en dehorsde l’orthodoxie romaine, en quête de la vérité d’un état d’êtrevécu, absolu.Charles IV, dès son avènement en tant que roi des Romains, renforça ce pays jaloux de son autonomie. La pensée put commencer à s’y exprimer dans des conditions meilleures que dans bien des endroits d’Europe. Bientôt le nominalisme parisien y subissait les attaques du réalisme de Wycliff. Ce fut la crise du grand schisme. Scandalisé par les contradictions entre les discours et les comportements des prêtres, Jean Hus osa exprimer la voix d’un christianisme véritablement évangélique, de façon très discrète et prudente. Il prit le parti des pauvres, prônant le retour aux purs principes du début du christianisme. C’est de la branche pacifiste des disciples de Jean Hus que naquit la communauté des Frères Moraves, sous l’inspiration de Chelcicky, lui même très influencé par les Vaudois. Ce fut bientôt L’Unité des Frères, qui fit sentir son influence sur toute la Bohême-Moravie. Vers la fin du XVe siècle, L’Unité comptait près de quatre centcommunautés et plus de cent mille fidèles. Ce sont eux qui composèrent la “Bible de Kralice”, en tchèque, en 1582 , première bible officiellement traduite du latin, dont on

retrouva un exemplaire au XXe siècle, sous les décombres d’une église.Comenius vécut une enfance heureuse et paisible. La répression qui accompagna la “recatholicisation”, dans cette région, dangereux bastion de liberté pour l’autorité romaine, obligea la communauté à émigrer en Pologne. Jan Amos fut rapidement remarqué par les Frères et Sœurs (Parfaits) de la Fraternité etreconnu, après ses études (et sa rencontre avec un évêque Vaudois qui scella sa mission universelle), comme l’envoyé qui devait prendre la suite de la “première vague” de la Rose-Croix.Sa vie fut d’abord, jusqu’en 1628-29, recherche et approfondissement, de même qu’expérience et apprentissage. Au cours de ses études, il rencontra les œuvres de Jean Valentin Andreae. Il eut connaissance de l’existence de la Fraternité dela Rose-Croix dès 1613-1614, à Marbourg ou à Heidelberg. Il a dans ses écrits rendu hommage à des “frères en esprit”, tels que Théodore Zwinger, Francis Bacon, Alsted, Johannes Arndt, Campanella, ou Wolfgang Ratichius. Mais Comenius désigna Andreae comme première source inspiratrice de ses “Considérations sur la Pansophie”. Citons ici quelques passages de l’avertissement aux lecteurs de “La Grande Didactique” (2) , et du “De l’utilité de l’art d’enseigner” de J.V. Andreae, qui se trouve placé immédiatement après :“ … 9) Mais dans ce siècle naissant, Dieu a envoyé récemment lapromesse d’une aurore qui a poussé en Allemagne quelques hommesde bien, dégoûtés par les méthodes utilisées dans les écoles, àrechercher une voie plus rapide et plus aisée pour enseigner les langues et les arts. D’autres ont suivi, à leur tour suivispar d’autres qui ont obtenu de bons résultats …10) J’entends ceux de Ratke (Ratichius), Lubin, Helwig, Ritter,Bodin, Glaum, Vogel, Wolfstirn, Mais surtout de Jean Valentin d’Andréa qu’il aurait fallu citer en premier, lui qui perçut aussi bien les maux de l’Eglise et de l’état que ceux des écoles et qui, çà et là, proposa des remèdes. …13) Aussi, désireux de me renseigner plus complètement et plus précisément, j’écrivis à un, puis deux, puis tous les auteurs précités. Ce fut en vain.…14) Seul l’éminent Jean Valentin d’Andréa me répondit. Il me donnait quelques éclaircissements et il m’encourageait même dans la hardiesse de mon entreprise. Ainsi stimulé, … un ardentdésir du progrès de tous me contraignit à tenter l’aventure…

et“ … Le fait qu’une didactique soit correctement établie importe:1) Aux parents qui jusqu’à présent ne savaient pas ce qu’ils devraient espérer de leurs enfants. Ils les guidaient, les fléchissaient par des prières, les charmaient par des cadeaux, les transformaient même totalement, le plus souvent sans fruit.…2) Aux maîtres dont la plupart n’ont pas eu une claire connaissance de l’art d’enseigner et, pour cette raison, malgréleur bonne volonté, se minaient et épuisaient leurs forces dansun zèle laborieux pendant que d’autres changeaient de méthode au hasard des résultats non sans perte fastidieuse de temps et d’efforts.3) Aux élèves, pour qu’il puissent atteindre le sommet des sciences sans difficultés, ennuis, cris et coups, mais comme par jeu et plaisanterie.4) Aux Ecoles qui, une fois leur méthode réformée, pourront nonseulement se maintenir vigoureuses mais s’accroître à l’infini.Car ce seront véritablement des écoles, demeure remplies d’attrait. Et lorsque (parce que la méthode est infaillible), on fera de n’importe quel élève qui le veut un docteur … les directeurs compétents ne pourront faire défauts, …5) A la République, suivant le témoignage de Cicéron …et de Diogène le Pythagoricien : “Quel est le fondement de toute République? L’éducation des jeunes gens, car jamais n’ont produit de fruits utiles les vignes qui n’ont pas été cultivéesavec soin”.(…) On retrouve ici à peu près le schéma de la “Consultation Universelle…” dont nous parlerons plus loin, puisqu’il continueen parlant de la réforme de l’Eglise en tant qu’Ecclesia Universelle.Ce n’est donc pas un hasard si, en 1629, à la suite d’un échange épistolaire où Andreae se montre peu désireux de retourner “dans l’arène du combat”, celui-ci propose de lui transmettre le flambeau de l’ordre tout entier (3). Il l’accepte. Parallèlement à ses activités d’enseignement au service de la Communauté des Frères Moraves, prélude à sa conception universelle d’une éducation libératrice, il peut approfondir les idées de la Fraternité. En 1633, l’enseignementde l’Ame du Monde et des trois composantes de l’homme (corps, âme, esprit) est utilisé dans son “Synopsis d’une physique

réformée à la lumière divine”, comme Paracelse l’avait fait auparavant. On retrouve là les idées de Robert Fludd (la lumière comme troisième principe cosmique à côté de la matière et de l’esprit). Il fut toute sa vie en butte aux critiques etpersécutions, et préféra ne pas se poser ouvertement comme le chef de l’ordre, après l’échec de la tentative Londonienne. La souffrance de l’homme-microcosme ne provient pas de la personnalité dans son état actuel. Notre souffrance, quand ellen’est pas la douleur animale, est la perception, consciente ou inconsciente de cette souffrance microcosmique qui dure depuis si longtemps. A quoi est dû cet état de fait. Eh! bien, on peutfacilement retrouver cette réalité dans tout l’enseignement universel, en particulier chez Comenius, parce que, dans un lointain passé, l’homme microcosme, l’homme véritable d’antan qui nous appelle à la reconstruction de l’homme originel a mésusé de sa liberté, par un comportement égocentrique. Il a ainsi provoqué une catastrophe aux multiples conséquences. En particulier, pour sa propre protection et celle du tout, ce fut la privation des véhicules qui lui permettaient d’évoluer dans les domaines cosmiques supérieurs. Précisons ici que ce que l’on appelle couramment conscience cosmique n’est que la conscience se rapportant au mieux aux domaines supérieurs limites du septième domaine cosmique. Cette catastrophe est décrite en termes modernes dans “Le Mystère de la Vie et de laMort”, par Jan Van Rijckenborgh, héritier de cette tradition gnostique, dont voici le résumé d’un extrait :“… La structure du microcosme est semblable à celle d’un atome (…) dans son centre, deux noyaux (ou âmes) tournaient l’un autour de l’autre à grande vitesse, le troisième tournait en décrivant un large cercle autour des deux autres. (…)Les deux noyaux centraux sont dans un rapport positif-négatif, masculin-féminin. Le troisième est neutre, c’est le facteur de liaison et d’apport dans le microcosme. Sur cette trame se forme un système, un petit cosmos. Celui-ci pouvait vivre et se manifester en harmonie avec le tout grâce à son orientation en tri-unité, centrifuge et non pas centripète. C’est grâce au non-être, grâce à un service impersonnel, à un oubli de soi dans la manifestation que toutes limitations étaient transcendées.Mais un certain nombre de ces hommes-microcosmes tournèrent leur regard vers l’intérieur. Les rapports magnétiques furent déséquilibrés. Une explosion cosmique s’ensuivit, qui fit que

l’un des deux noyaux fut expulsé et périt dans l’espace. Ce futla séparation des sexes. Les conséquences de cette catastrophe furent tragiques. A force de vouloir réaliser notre propre royaume, nous sommes ainsi tombés dans l’espace-temps, et ce que nous voulions tant conserver pour nous, par cela même nousfut retiré.” Et nous nous retrouvons, à cette aube du XXIe siècle, à un “moment” bien particulier de la chute dans l’espace-temps. Cette « partie » du plan doit nous aider à opérer la reconstitution de ce microcosme vidé. En effet, après avoir travaillé pendant des million d’années directement à la constitution d’un univers et de personnalités qui pourraient collaborer à ce travail, les forces universelles à l’arrière-plan de notre monde vont , et cela est déjà un fait depuis le début du XXe siècle, se retirer et laisser l’humanité à elle-même, quelles que soient les souffrances que cela pourra impliquer. En effet, on apprend seulement par le développement progressif de l’autonomie, et nous possédons, comme le disaientdéjà les grands en esprit au XVIIe siècle, s’adressant à un public choisi, tous les éléments en nous-mêmes, bien qu’ils soient plus ou moins latents. Ils ne pourront se manifester de façon positive que par la pratique.Un des aspects de la tâche de l’humanité actuelle est donc de parvenir (et un nombre non négligeable d’entre nous en sont déjà là) à cet état d’être limite (mais en liaison directe avecl’humanité-âme du sixième domaine cosmique, et non avec les sphères limites supérieures du septième, extrêmement piégeantes), où nous pouvons comprendre ces choses :1) Je suis incomplet, inachevé, inaccompli par rapport à l’étatd’être humain véritable.2) Avec les organes dont je dispose dans leur état actuel de développement, il m’est impossible de passer “de l’autre côté de la frontière”3) Seule une révolution intérieure et extérieure me permettra d’accomplir la “réformation”, puis la “transformation” de mon être entier, comme le formulaient les Cathares.La question lancinante qui nous reste est donc : “Comment réaliser ces choses?” Et c’est à cette question que Comenius etses amis tentent et tenteront de répondre jusqu’ à ce fameux règne des mille ans, double métaphore indiquant soit une civilisation gnostique, soit l’état de l’humanité au moment où

tous et toutes auront compris et réaliseront concrètement ce travail universel.On retrouve, dans les grandes lignes de force du travail de Comenius, projetées pour l’humanité présente et à venir, tous ces aspects. Dans l’introduction à son œuvre capitale, la “Consultation Universelle pour l’Amendement des choses Humaines” (toutes les citations formulées dans ce travail sont provisoires, notre équipe de traduction étant loin d’avoir achevé son travail, et seule “La grande didactique » étant disponible en librairie ), qui constitue une “adresse aux Lumières de l’Europe, hommes savants, pieux, éminents” , nous pouvons lire :“…demeurent les confusions liées à la vie du monde, comme toujours…4 - Qu’est-ce qui nous empêche donc de tenter de savoir si vraiment des énormités aussi diverses, aussi absurdes, aussi funestes, peuvent en général être corrigées par quelque moyen et enfin, à la fin des fins, enlevées un jour ou l’autre du genre humain, de façon universelle et définitive…6 - …ce qui vient à la compréhension … et du désir que nous avons de cet amendement.Le problème est de parvenir soi-même à l’accomplissement de cette tâche et de guider en même temps autrui, en toute discrétion, sans se sous-estimer ni se surestimer. En effet, quand un être humain est parvenu à se rapprocher du but ici entrevu, il s’intègre logiquement à une chaîne de la libération, où chacun est non seulement tenu, mais ne peut faire autrement que d’apporter sa contribution au “grand œuvre alchimique”. Ainsi ce n’est que si nous nous élevons au-dessus de ce monde, en ne lui appartenant plus, que son ordre originelpourra être rétabli, puisque l’ordre espace-temps ne fut créé que pour remédier à la situation engendrée par la catastrophe de la chute.Il s’agit donc de modifier notre attitude face à ce monde, de nous en détacher, de le vaincre, de la façon la plus radicale qui soit, en ne le désirant plus, en plaçant notre aspiration dans la réalisation de cet état d’être qui nous permettra de quitter ces ternes champs de la mort et de réintégrer les domaines de l’humanité véritable. Il n’est donc pas question delutter contre ce monde, ni de prendre parti pour tel ou tel système d’organisation de celui-ci, non, comme disent les

soufis “il est temps de quitter ce monde”, ou dans la Bible : “levez-vous, partons d’ici”. Et nous devons ici être très vigilants, faire très attention à ne pas demeurer dans la théorie et le dogmatisme, si séduisantsqu’ils soient. La maîtrise de soi et la victoire sur soi ne pourront être atteints qu’en commençant par une lucide et positive connaissance de soi. Il s’agit de laisser surgir une nouvelle volonté, un nouveau désir, une nouvelle pensée orientés exclusivement sur le but libérateur. Pour l’ancienne conscience, cela se traduira par un non-désir, un non-vouloir, et une non-pensée. Nous deviendrons progressivement neutre par rapport à ce monde, repoussant naturellement et sans forcer tout ce qui pourrait entraver le processus libérateur, et attirant les nourritures adaptées à la croissance psychique et spirituelle qui permettra le changement de nature envisagé par Comenius et ses amis.Cela a l’air très simple, en effet. Mais notre sang, notre êtretout entier, du plus dense au plus subtil, comme notre champ devie actuel, est tellement imprégné de l’esprit de la lutte pourla vie et de l’auto-conservation qu’il va falloir procéder de façon très radicale quoique prudente, à commencer par nous même, pour ne pas tomber dans l’imitation et dans l’artifice. Il est vrai que cela est probablement inévitable quand le changement de notre nature n’est pas encore suffisamment avancé, mais nous devrons développer le discernement nécessaireet le dynamisme qui nous permettrons de surmonter les obstacles. Nous possédons, il est vrai, cette petite voix, ce libre-arbitre dont nous avons fait un usage si funeste, mais ils’agit de développer la capacité d’écoute, de conscience et de responsabilité, suivant le principe qui reviendra encore à plusieurs reprises “Savoir, Oser, Vouloir, Agir.”Nous voyons que nous nous trouvons placés devant une tâche ardue. Comment faire donc, quel combat mener, sans lutte ni héroïsme déplacé ? Comment la foi suffisante, nos possibilités latentes, non encore manifestées et la maturité d’âme capable de déceler, de discerner en nous-mêmes et autour de nous pourront-elles se développer. Il va bien falloir apprendre, nonseulement à écouter la petite voix intérieure, mais aussi à luiêtre fidèle, car si nous lui obéissons, elle nous servira de compas infaillible.

Il peut ne pas être sans intérêt de placer ici quelques généralités concernant l’histoire de l’éducation :

L'histoire de l’éducation et de la pédagogie est profondément solidaire de l’histoire de la pensée, et donc de l’histoire de l’homme. Dès l’Egypte et la Grèce antiques, la pédagogie, l’éducation, ont pris une place importante dans le développement de l’humanité. Qu’est-ce que l’histoire de l’homme si ce n’est l’histoire de son éveil en tant qu’homme « à l’image de Dieu », qu’homme-dieu, c’est à dire d’homme microcosme conscient de ses possibilités et les maîtrisant au service du tout.

De nouveaux modes de pensée surgissent ainsi au cours de l’histoire, dans la relation entre l’homme et l’absolu, qui permettent de relativiser ce que l’on connaît, d’acquérir des moyens d’analyser une situation actuelle, de savoir par quoi l’éducation est influencée et par quoi nous pouvons l’être à notre tour. D’autres modes de pensée, c’est tout simplement déjà passer de l’homme hylique, homme matière, à l’homme psychique, homme-âme, puis à la conscience pneumatique, l’hommeâme esprit.

Ces moyens reflètent la façon dont on percevait l'être humain et l'importance de ce qu'on voulait lui apprendre. C'est pourquoi cette histoire est aussi profondément solidaire de l'histoire de l'humanité.

La pédagogie étant née en même temps que le désir de retransmettre ne serait-elle pas la plus ancienne des disciplines ? Elle fait, en quelque sorte, partie de la survie d'une société, comme de l’exigence de la transmission des fraternités au cours des siècles. Peu à peu elle s'est adjointeà la philosophie dans la mesure où elle ne l'a pas provoquée etla psychologie de l'enfant n'est maintenant plus dissociée d'elle.

La Pédagogie est en interaction avec de nombreuses disciplines,qu’il s’agisse de la Philosophie, de l’Histoire, de la Psychologie, de la Biologie, ou de ce qu’on pourrait appeler Psychobiologie, de la Sociologie, etc…Qu’est ce qui influence donc les choix éducatifs ? Certains

pensent qu’ils dépendent de la société et de la civilisation dans laquelle on vit. Eh bien, nous disons que l’origine de toute civilisation, donc des choix pédagogiques de celle-ci, est à trouver dans le noyau de sages qui apparaît généralement aux tournants marquants de l’histoire. Les choix pédagogiques, suivant cette façon de voir, que nous ne pouvons approfondir ici, refléteront donc ce que veut préserver, développer et révéler le sage (qui travaille toujours en groupe) pour l’humanité.

- L’idée de l'avenir influence et le moyen et le contenu. L'avenir doit-il reproduire le passé doit - il évoluer, où doit-on s’orienter vers un « saut qualitatif » ? A notre avis, à l’époque actuelle, nous sommes plutôt à une époque favorable à ce fameux « saut qualitatif ». On pourrait alors, en utilisant une pédagogie adaptée, guider le jeune vers une pensée véritablement autonome ainsi qu’une conscience microcosmique. De nombreuses recherches actuelles, recoupant latradition de l’enseignement universel, montrent que chacun d’entre nous est en fait un monde en réduction, un « petit monde », un « microcosme », sans en être bien conscient. Le saut qualitatif en question mènera à cette conscience et à la maîtrise des possibilité afférentes.

- L'idée de "l'homme parfait" détermine bien entendu l’orientation de la pédagogie. Par exemple: chez les Hébreux c'est l'homme vertueux, pieux, chez les Athéniens c'est l'harmonie de la perfection morale et physique, chez les romains c'est le soldat vaillant docile à la discipline; chez les Gaulois aussi. En fait, si l’on cherche bien, il n’existe qu’un seul prototype de l’homme parfait universel, et celui-ci transcende largement les idées reçues que l’on se fait. Celui-ci comprend un aspect corporel, un aspect psychique, et aspect spirituel, les trois s’imbriquant harmonieusement.

- La religion, très mal comprise en général, peut malheureusement influencer les pratiques éducatives. Il n’est que de voir la mainmise de l’église catholique (A.D.F.I.) sur l’éducation, qui perdure encore malgré la séparation de l’église et de l’état et la pseudo-laïcité, si mal entretenue et comprise. Quand on constate la difficulté qu’a un professeurà simplement répondre aux questions de ses élèves concernant

les sujets spirituels, il saute aux yeux qu’il y Par ailleurs, l’église catholique au moyen âge, avec l’inquisition, surtout par l'intermédiaire des monastères, et le protestantisme sous la troisième république ont marqué les problèmes pédagogiques d’une lourde et pesante empreinte. D’ailleurs, si la religion (re-ligare) n’est pas liaison intérieure vécue avec l’esprit, alors la pédagogie devient l’instrument de l’inquisition et de tous les intégrismes.

- La philosophie a beaucoup à voir, avec son étude de la penséede l'homme, avec l’éducation (Philosophie veut dire amour de lasagesse, donc aspiration à la réalisation de celle-ci). Elle vadonc susciter des pistes de recherche. Socrate, Platon, Aristote, J. J. Rousseau, Comenius, et Rudolf Steiner sont desphilosophes qui ont influencé les courants éducatifs. Les notions de liberté, de morale, de respect de soi et des autres,la rencontre avec soi même et les autres relèvent à la fois de la philosophie et de la pédagogie. Les autres disciplines humaines aussi interagissent, car issues du même tronc commun Elles permettent de mieux connaître l'enseigné, l’éduqué.

- Les sciences et les techniques, la médecine, les soins apportés aux enfants par l'hygiène, la physiologie, tous ces champs d’expérience et de recherche ont permis une meilleure connaissance de la façon dont l'élève fonctionne.... Tous ces aspects « modernes » ne doivent pas être négligés.

- Les idéologies, par leur conception de ce que doit être l'humain ont malheureusement dicté les programmes d’enseignement. Très souvent coupées de l’esprit, elles deviennent tôt ou tard totalitaires, l’éducation s’en faisant le relais.

- La politique par ses idées sur ce que doit être une société, dicte pour quel futur on doit élever l'enfant, ce qu'il y a à enseigner et qui doit-on enseigner. Par exemple l'intérêt de Louis XIV pour l'école de Mme de Maintenon venait du fait qu'elle allait éduquer les jeunes filles de la noblesse pauvre sur laquelle le roi comptait s'appuyer. On voit bien ici que toute idée d’universalité, donc de vérité et de réalité, est coupée à moins de ne considérer la politiqueque comme la manière de réguler les relations sociales (vie de

la Cité), à la façon de Socrate, ou de Comenius dans sa « Panorthosia ». Il est intéressant de voir, par exemple pour la façon dont esttraitée la “Révolution française”, ou la civilisation égyptienne, ce qui est privilégié dans l’enseignement de l’histoire. La façon dont sont découpées les différentes périodes est représentative de certains choix.

- Les événements historiques tels que les guerres ont soit gênél'éducation soit au contraire l'ont provoquée car il fallait enl'occurrence s'occuper des orphelins. Les guerres en général, malgré le cortège de calamités qui les accompagnent, sont souvent des facteurs de maturation pour toute la population, etsont souvent très révélatrices du « niveau de conscience » des individus, capables des plus grands sacrifices comme des plus ignobles lâchetés. C’est là que se révèle la valeur de « la vraie vie » pour une « éducation accélérée » chez des jeunes pour qui l’école passe alors au second plan. Ce n’est pas le latin qui fait survivre ! La valeur de la relation humaine et des qualités de confiance et de fidélité, en particulier dans les amitiés, si importantes pour les adolescents, prennent ici toute leur valeur. Les minorités, pour se défendre, investissent souvent dans l'éducation, par exemple les frères moraves et les protestants. On voit bien alors que ceux qui doivent résister à l’oppresseur physique et/ou spirituel développent des cultures d’envergure révolutionnaire et beaucoup plus avancée que celle de leurs tortionnaires. Le tri s’opère alors entre civilisation et barbarie.

- L’organisation de la société a bien sûr son mot à dire en matière d’éducation: la conception de la Famille et son importance dans l'éducation de l'enfant, sa place par rapport àl'école déterminent les directions données à la pédagogie d’uneépoque, même si de petits groupes de pionniers restent fidèles à l’enseignement universel, inattaquable par le cours des siècles, même si il doit en tenir compte. La place de la femme dans la société, la place de l’enfant, la valeur économique qu'il peut avoir, sont conditionnés par le niveau de civilisation où se trouve une société donnée, et déterminent donc divers aspects de l’éducation. On peut ici prendre pour exemple le rôle de la femme dans le midi de la France au 13e siècle, beaucoup plus libre que dans le Nord, déterminé par et

déterminant une façon de voir la vie et donc un type d’éducation des enfants, ceux ci n’ayant alors pas le même rapport à leur parenté féminine, les jeunes filles disposant aussi de plus de liberté.

- L’économie, les choix d'investissement d'un état, mais aussi les structures qui font que l'enfant prend plus d'importance interagissent avec son rôle. Au 18ième siècle, par exemple, le mode d’héritage change, l’enfant doit être pris en compte de façon plus approfondie. Qu’est-ce qui est influencé, dans le processus éducatif, par tous ces champs de réflexion?

- Le contenu de l’enseignement et les valeurs enseignées. Il est bien évident qu’un enseignement donnant la première place àla rentabilité et à l’obéissance aux valeurs de la société de profit, ne sera pas le même qu’une pédagogie donnant la première place au devenir humain et à la biosophie. La relation maître- élève, la notion d’autorité, de même pourra passer par toutes les nuances possibles et imaginables selon que le but principal sera d’éveiller l’homme dieu ou de faire de bons petits rouages d’une société pseudo-laïque.

- Le plan d'apprentissage, son processus, la place de l'expérimentation, la place de la mémoire et de la réflexion, la dynamique demandée à l'élève qui met en jeu ses facultés de réception ou de participation, d’écoute ou d’action vont être orientés, soit sur le développement des capacités biopsychospirituelles ou vers celui des capacités intellectuelles-physiques-culturelles, maintenant par la même occasion les jeunes et donc les futurs adultes dans un état de dépendance et d’esclavage par rapport à notre champ de vie.

- La notion de discipline et les moyens employés pour l'organiser vont évidemment différer : l’objectif est d’orienter le jeune vers une adaptation à une société matérialiste qui a besoin de bons exécutants, ou de faciliter l’accès à une conscience élevée, conscience psychobiospirituelle, conscience de l’homme vrai. Bien sûr celane signifie pas qu’un homme véritable rejette toute discipline,mais bien plutôt qu’il obéit à la loi intérieure, loi alors

identique à la loi universelle. Plus il y a de gens qui intègrecette autodiscipline positive, moins il y a de désordre puisquenous ne perturbons plus l’ordre universel. - La place de l'individu et du groupe; par exemple : avant le moyen âge l'enseignement était individuel, les classes sont apparues au XVIIème siècle. Plus la conscience devient autonome, plus les jeunes sont orientés vers le développement d’une pensée réellement libre, plus on accorde d’importance à l’individu. Mais alors l’individu, comme vu plus haut, se rangera spontanément sous la loi du groupe, à condition que ce que l’on appelle groupe soit le groupe de ceux qui sont sur le chemin de l’homme microcosme conscient.

- La place du jeu dans l'éducation ou l'instruction. Le jeu permet de découvrir des potentialités latentes, d’explorer les possibles. Une place importante doit lui être accordée, tout enguidant le jeune vers une conscience réaliste des choses. Mais il ne faut jamais oublier que le jeune est toujours très conscient de la différence qui existe entre le rêve et la réalité, le jeu et la réalité. D’autre part que la notion de jeu en soit n’est ni bonne ni mauvaise ( les destructeurs du Pentagone américain utilisent très consciemment les jeux de stratégie pour affiner leurs techniques de défense et d’attaqueen cas de guerre avec un agresseur, quel qu’il soit). Non, ce qui importe c’est l’usage qui est fait du ludisme, si à l’honneur et à la mode chez nos psychologues et psycho de tous poils. Ainsi le jeu permet d’introduire des notions paradoxales, peu fréquentes au sein d’une société donnée.

- L’architecture scolaire, que ce soit celle des bâtiments, ou celle de la classe même. Dans le premier cas, il sera utile de réfléchir à la fonction des divers bâtiments à utiliser dans lecontexte pédagothérapeutique (Dans le cadre d’une société avancée sur le plan psychospirituel, cela pourrait aller jusqu’à une refonte totale de l’urbanisme). Il s’agit là de projets à très long terme, que l’on pourrait quasiment traitercomme « prophétiques ». Par contre les aspects d’architecture d’intérieur peuvent dès maintenant être mis en application par les éducateurs d’avant garde. Et on assiste d’ailleurs, en ce domaine, à une intense réflexion depuis longtemps déjà, malheureusement pas trop dans le sens psychospirituel.

Voici quelques « balancements » entre différents choix éducatifs ou pédagogiques:

- Entre nature et culture, nature de l’élève etculture de la société. Le contenu et la placede l'élève. On voit ici une des absurdités fondamentales, aperçue et comprise par la majorité des grands pédagogues, mais malheureusement peu prise en compte dans la pratique éducative : au cœur de chaque enfant, homme ou femme en devenir, réside uneessence à manifester, à révéler. Il semble donc d’une évidence criante que la tâche principale de l’éducation, et donc de la « société » (mot assez fourre-tout, à définiret à approfondir), est de faciliter l’accès àcette réalité psychospirituelle, microcosmique, à plus ou moins long terme suivant la maturité des individus, afin que l’humanité dans sa majorité, puis dans sa totalité, voit là le sens fondamental de sa vie et puisse le mettre en pratique. Tout ce qui tourne autour du phénomène éducatif, dansun premier temps, devrait tourner autour de cela.

- Or actuellement on marche sur les mains ! C’est à dire que l’on soumet l’humanité des jeunes à un concept vide de sens véritable, la « société ». On parle d’ « insertion sociale », d’apprentissage « socioprofessionnel », au lieu de comprendreque ce n’est pas la société, avec ses valeursmatérialistes et destructrices, aussi bien sur les plans humains qu’écologiques, qui doit déterminer l’éducation, mais bien plutôtla pédagogie psychobiospirituelle qui doit déterminer les aspects sociaux, culturels et scientifiques. Prenons comme exemple ici les mystères Grecs et le Temple égyptien, autour desquels, de façon parfois peu perçue par lescitoyens eux-mêmes, gravitait tout l’édifice social, le Pharaon lui-même dépendant

directement du groupe de sages à la tête du temple. D’ailleurs, l’histoire est en marche,et dès maintenant on peut dire que les guidesspirituels, qui transmettent les grandes lignes pédagothérapeutiques, déterminent et détermineront de plus en plus les aspects sociaux et politiques de notre monde, malgré une opposition (grand jeu des « illégaux » dela sphère réflectrice, voir plus loin) désespérée et vouée à l’échec, comme Comeniusl’avait prédit dans « La Consultation Universelle pour l’amendement des choses Humaines »

-- L'enseignement officiel et parallèle. Tant que les Ecoles Spirituelles ne gouverneront pas, de façon directe ou indirecte, il y aurades « écoles parallèles » qui feront entendredivers aspects de la Voix de La Fraternité pour un point de l’Espace Temps donné. Et cela de façon consciente ou « inspirée ». On peut dire sans trop de chance de se tromper que tous les pédagogues novateurs ont été la voix de la fraternité pour le chantier de l’éducation mondial, consciemment ou inconsciemment. Comenius, lui, l’était très consciemment.- On donne plus ou moins d’importance: au verbiage ou à la compréhension ou la pratique. Bien souvent, et on m’excusera icid’être quelque peu tranchant, le pédagogue, sous prétexte de donner par exemple des consignes de travail, noie ses élèves sous untas de mots délayés dont le tiers au maximum seraient peut-être nécessaires . Ce qui importe c’est de donner au jeune l’occasion d’exercer ses qualités de découverte, et de lui permettre de partager celles-ci. Même si je donne parfois l’impression dans ce travailde m’étendre quelque peu, 1) je m’adresse à des adultes avec lesquelles je ne suis pas vraiment en relation pédagogique, 2)

j’utilise des codes connus par les lecteurs et je ne propose pas des « exercices ». Nous pouvons donc ici prendre directement parti pour un effort vers la « compréhension » et la « pratique ». Enseignant l’anglais, je me souviens d’un conseil d’un « conseiller pédagogique », disant : « celui qui voudrait rendre service à la pédagogie » devrait commencer par orienter son travail sur la « compréhension ». Et il m’est bien vite apparu qu’il avait raison, surtout si l’on élargit la « compréhension » à tous les aspects de l’enseignement et de la vie. En effet un jeune qui se comprend de mieux en mieux , qui par ses recherches personnelles, comprend de mieux en mieux son entourage et donc le monde, aura de plus grandes facilitésà comprendre n’importe quelle « matière » d’enseignement.- On part de l’idée ou de l’expérience ? Il sera bien souvent plus intéressant, à notre avis, et surtout pour des jeunes de moins de dix-huit ans, de partir de pratique et d’exemples concrets. Cependant, ces exemples gagneront à être rangés sous des rubriques plus abstraites, afin d’être guidés vers un développement progressif de l’autonomie de lapensée.- Entre la réflexion et la mémoire. Nous arrêtons ici de prendre parti, car il nous apparaît que tous ces termes et en particulier ce dernier, ne doivent pas être opposés mais « mariés .»La réflexion, à moinsd’être reliée à la connaissance directe, assez rare, utilise la mémoire, consciemment ou inconsciemment, de même que tout ce qui a été vécu jusqu’au moment vécu par le jeune, stocké dans sa mémoire, constitue une "« matière à réflexion » sans laquelle il aurait bien du mal à fonctionner.- Entre l'importance d'une méthode ou la confiance dans l’intuition du maître. Ici

aussi, méthode et intuition se complètent, laméthode permettant de « vérifier » l’intuition. Et indiquons ici que ce qui doitservir de critère de plus en plus « opératif », c’est l’intuition de l’élève, dont il convient de faciliter le développement.- L'éducation utilitaire ou la culture générale? Apprendre à penser ou apprendre à faire? l'éducation à la manière d'Athènes ou à la manière de Rome? On voit bien ici que, àpart les particularités spécifiques à chacun,l’un ayant plutôt des affinités avec le technique, l’autre avec la culture générale, ces deux aspects se complètent.- la place de la Famille par rapport à celle de l'état. Rappelons ici la suite, famille, éducation, Ecole, Société, Etat.- L'éducation pour une minorité ou celle de tous ! La réponse est ici évidente !

Quand débute l'histoire de l'éducation?

Depuis quand existe t-elle?Elle existe depuis que les hommes se situent dans le temps et désirent retransmettre le passé, leur savoir pour survivre et aussi leur façon d'interpréter le monde. C’est au début une tentative de transmettre la sagesseen vue du retour à l’état d’être originel.Elle débute en même temps que les cérémonies funéraires, que l'art. Donc à partir du moment où les hommes ont désiré retransmettre ce qu’ils avaient élaboré pour leur percée matérielle et surtout spirituelle.

Question: cela existe-il encore ?

 Les deux courants les plus importants

Il y a 300 ans avant notre ère, soit pour que l'enseignement soit plus efficace, soit par conception de la valeur de l'être humain, la question a été posée: qui est celui à qui se fait l'enseignement ? Socrate par sa provocation, sa sollicitude, a valorisé la personne de l'enseigné alors que jusque là on peut penser que c'était l'enseignement qui était le plus important. Ce balancement entre l'enseignement et l'enseigné va marquer toute l'histoire de la pédagogie pendant des siècles et la marque encore. Les différentes approches pédagogiques, tournentautour de cette dynamique. Les pédagogues ont toujours défendu l’élève.

On retrouve là deux conceptions essentielles de la pédagogie: l'éducation traditionnelle et les méthodes actives qui ne sont pas forcément opposées, mais qui peuvent l'être quelquefois.La pédagogie étant née en même temps que le désir de retransmettre ne serait-elle pas la plus ancienne des disciplines? puisqu'elle fait en quelque sorte partie de la survie d'une société. La pédagogie est en interaction avec toutes les disciplines humaines qui sont à son service.  

Quelques questions

Qu'est ce que l'enfant va faire de l'enseignement reçu, l'éducation est très aléatoire...Dans quelle mesure l'éducation va t-elle influencer la société et réciproquement?Qu’est ce qui en définitive a le plus d’impact: l'éducateur, laméthode, l'enseigné ou autre chose??? Nous penchons pour le « autre chose » Quelques lois:

Un système d'éducation dure parce qu'il est en harmonie avec son époque et qu'il concrétise l'idéal d'une société. Si le système change c'est que la société change elle-même. Chaque société doit se faire son système d'éducation en fonction de cequ'elle veut préserver de l'homme, plus que par rapport à ses besoins matériels. On peut même dire qu’une révolution éducative bien menée peut radicalement faire changer une

société, sans aucune violence.

C'est quand les institutions anciennes commencent à se désagréger que surgissent les doctrines nouvelles apportant unenouvelle philosophie de l'homme. Il n'y a pas vraiment d'innovations. Elles se font toujours en fonction du courant précédent, en réaction à celui ci; mais on a tendance à vouloir éliminer la façon de faire précédente, en modifiant tout, le bon et le mauvais, car on va à l'extrême et quelques centaines d'années après on y revient. Ainsi quand la pédagogie se transforme, elle élimine quelquefois des éléments précieux qu'il faut retrouver. L'histoire les rappelle. Il est aussi possible que des éléments d’éternité s’introduisent dans l’éducation, auquel cas il y aura toujours à long terme révolution non-violente, et , pour une fois, réelle innovation,puisque l’éternité commence à pénétrer dans le temps. - l'enseignement individuel se faisait déjà au moyen âge, avec contrat avec l'enseignant.- Decroly qui a basé sa pédagogie sur le classement des idées et l’expression de celles-ci ne s’est-il pas référé à l’ancienne culture romaine ou la rhétorique ?

- Mais si de nos jours la priorité était mise sur l’exigence de faire de chaque élève une homme véritable, Homme Microcosme libre de l’espace et du temps, ou de l’orienter vers cet état, on aurait alors un changement radical qui se répercuterait dans tous les aspects de notre société.

Il y a une évolution dans les disciplines, avant elles étaient plus globales, peu à peu elles se sont dissociées et différentiées. Mais on observe cependant en ce début de IIIemillénaire une nouvelle tendance à l’interdisciplinarité, plutôt à la transdisciplinarité, qui rassemble la connaissance de façon plus cohérente.Certaines ont disparues de l'enseignement comme la musique qui au Moyen âge faisait partie de l'enseignement à l'université au même titre que les mathématiques. La

connaissance et les arts étaient étroitement liés, avec des variations suivant les époques.

Qu’en est-il maintenant de la liberté dans l’éducation ? "Quand la vérité n'est pas libre, la liberté n'est pas vraie"J. Prévert

Il est difficile d’aborder toutes les dimensions de la liberté,il n'est pas question non plus de nier leurs contradictions possibles. Relativiser certaines idées est indispensable car sans ces démarches il n'y a pas de liberté...  "La liberté dans l’éducation ou l’éducation à la liberté"? Il n'y a pas d’éducation sans réflexion philosophique. Pas forcement celle qui fait référence aux auteurs ou philosophes, mais celle qui remet en cause sa propre démarche et qui est faite de questionnement. On ne peut avoir l’audace de s’occuperd’éducation sans avoir fait une tentative d’éclaircissement de certains sujets parce qu’ils représentent ce qu’il y a d’essentiel dans la vie .Par rapport à cela, la notion de liberté nous concerne, elle marque nos attitudes, nos choix pédagogiques, nos tolérances...Que faisons nous entre nos idées sur le sujet et la réalité à laquelle nous sommes confrontés? La liberté est-elle un moyen ou un but à atteindre?Quelle est sa place dans nos attitudes éducatives? On peut dire aussi que nous éduquons à la liberté tout simplement parce qu’elle nous touche et la conception que nous en avons marque nos attitudes, nos choix, nos tolérances...

Si l'un des buts de l'éducation est d'apprendre à être libre, on ne peut s'en passer dans l'acte éducatif même, c'est à dire,la pédagogie. Le thème de la liberté est un sujet cher aux penseurs de l'éducation que ce soit les philosophes ou les pédagogues. Dans la "Déclaration des droits de l'homme" c'est un droit, elle est essentiellement individuelle et doit être respectée.

Mais avant tout il apparaît nécessaire de s'entendre sur le sens du sujet même:  Qu'est ce que la liberté?  Elle est difficile à cerner, un peu comme la vérité pour laquelle Platon disait que c'était un "vagabondage divin". C'est à dire quelque chose que l'on n'atteint jamais complètement. Existe t-elle en tant que telle? Elle se décide, là l'homme se sépare de l’immuable!On veut la saisir...mais la liberté n’est pas un objet. Ce n’est pas un produit donné qui est là à notre disposition.On "a" pas la liberté, elle ne se possède pas, on "est" libre, Elle se vit, se construit, se conquiertElle se dévoile peu à peu à l’homme. Elle n’existe pas isolée de la structure totale de la personne,elle est intrinsèque, elle n’existe pas abstraitement hors de celui qui se sent libre ou pas. Alors qu’elle fait partie de l’être global et se vit, elle ne se voit pas. Elle est dans l’énigme des forces naturelles, réservée à l’initiative irremplaçable de la personne. La personne se fait libre. Elle choisit de l’être.Ce n’est pas non plus une nécessité absolue, je peux la refuser, c’est justement parce que je peux la refuser qu’elle garde sa qualité.Elle transfigure les données, l’homme est libre intérieurement quand il l’a décidé. C’est une démarche de l’esprit. Comme le jeu, qui n’existe que parce qu’on a désiré qu’il soit. La liberté, on en parle beaucoup, savons nous ce que c'est???Est ce faire tout ce que l'on veut?C’est notre grande angoisse, que celle de la perdre!Il y a 16 définitions dans le LarousseNous en avons choisi une: "La liberté est le pouvoir réel qu’a chacun d’accepter ou de refuser les sollicitations du dehors et aussi celles qui viennent de lui même, donc de répondre de ses actes"

- Se définit aussi par la négative comme l’absence de contraintes et aussi comme l’état de celui qui fait ce qu’il veut.On a envie de dire: mais où est-elle?  Quelles sont les situations où nous nous sentons libres.  Par exemple, quand l'espace donne l'impression d'être illimité, qu’aucune contrainte ne pèse, avec la possibilité de faire ce que l'on veut, comme on veut et quand on veut, qu’où l'on est seul, loinde tous. Voici donc quatre thèmes qui sont:-1)La possibilité d'évoquer un ailleurs,- 2)Les limites,- 3)L'intériorité,- 4)Le choix et l'activité libre, 1)La possibilité d'évoquer un ailleurs!

"Et si..."On peut extraire un élément essentiel de la liberté, qui est celui de pouvoir évoquer un autre lieu, un autre temps que celui vécu dans le

présent...une sorte de demande d'impossible au-delà de la réalité à laquelle on est confronté, qui commence par: " et si"... et qui en l’occurrence est à la base de la création. C'est une des fonctions du jeu d'ailleurs que de proposer des situations hors de la réalité avec lesquelles on peut jouer sans danger et qui va aider à dominer les difficultés de la réalité. En effet la possibilité de pouvoir envisager un "autre part" seréalise dans le jeu grâce au "on pourrait" phrase magique de l'ouverture vers le "hors ordinaire". Cet espace temps particulier qui permet de s'approprier et de dominer des situations vécues par ailleurs. Etre un autre personnage, découvrir une autre façon d'être sans danger est un acte indispensable, que ce soit par l'intermédiaire du jeu symbolique ou du théâtre ou autre possibilité de rêverie...Le sport, dans la mesure où il est gratuit, permet à celui qui le pratique, d'aller au delà de ses limites, de dépasser ses compétences, et même celles d'une autre équipe, ceci tout en utilisant une règle.

Pareil pour le créateur qui se sert d'une technique pour agir dans une sphère là aussi hors de l'ordinaire.Certains font ces démarches d’eux-mêmes, d'autres ont besoin d'y être introduits.  Mais pour cela il est nécessaire que les notions de limitesaient été amorcée. Ce "et si" évoqué plus haut, ne peut exister qu'à partir d'une situation précise, si cette promenade au bord de la mer donne une impression de liberté c'est surtout parce qu'il y a en référence une situation où il y a des obligations.Il n'y a effectivement pas de liberté sans limites. Elle même ades limites et existe dans ces limites. La liberté absolue est un mythe. Si elle surgit avec nous ce n’est pas une réinventionde nous mêmes sans références extérieures. Elle a des racines. Elle est donc liée à une situation concrète et a besoin d’être reliée à d’autres réalités:(Merleau-Ponty)Etre libre c’est accepter une condition pour y prendre appui. Les limites sont une force. Reconnaître que tout n'est pas possible n’est pas forcément de la soumission, c'est le début de liberté.Par ailleurs on ne peut considérer n'importe quelle situation en dehors d'autres réalités, au contraire, une des démarche de liberté consiste à prendre en considération les autres données possibles.La notion de limites sans laquelle on ne peut connaître, grandir, créer apprend à assumer un élément important par rapport à notre sujet: la réalité..Liée à une situation concrète, cela sous entend l'acceptation des conditions qui la composent pour y prendre appui. La "Conscience de la nécessité" est cité par Marx qui fut précédé par J. J. Rousseau qui en parle dans "l'Emile ou de l'éducation" où le parfait ne serait plus alors que dans le possible.. "être libre ce n'est pas désirer plus que ce que je peux obtenir". Ceci ne contredit pas ce dont nous avons parlé plus haut sur la nécessité d'un "ailleurs possible" qui est indispensable dans toute situation.Pour en revenir à la confrontation avec la réalité, nous rappellerons ici la loi de la prise de conscience (voir Claparède) où cette dernière naît lorsque l'adaptation de l'individu ne se fait pas automatiquement, un effort à ce moment est demandé, surtout une attention, une mentalisation,

qui va permettre le réajustement de l'action et où à ce moment le sujet va devenir acteur et non l'objet d'une situation qu'ilne domine pas. Non seulement on ne naît pas dans un monde isolé, où il y a lesdonnées du moment, mais aussi le monde actuel est déjà le fruitde toute une histoire. Connaître cette dernière, s'en servir pour relativiser le sens des situations est aussi indispensable. Les régimes totalitaires n'ont-ils pas tendance à supprimer ou modifier l'histoire? Aider l'enfant à connaître son histoire et à construire son identité.Laisser un enfant aller jusqu'au bout de sa phrase sans l'interrompre!est ce si facile que cela? même si c'est simple!Ecouter...Permettre à l'enfant de développer son imagination et s'exprimer avec des mots précis, c'est lui donner deux outils indispensables pour acquérir sa liberté.Lui apprendre à dire ce qu'il ressent et à argumenter, l'aider à repousser ses propres limites qui pourraient l'enfermer, se situer par rapport à la projection de l'éducateur. l'aider éventuellement à parler sur sa souffrance est aussi unepossibilité de la gérer. Proposer des moyens d'expression, faire de l’art, du théâtre, de la poésie...Répondre à cela par la confiance en soi! Cela sous entend dans un premier temps une certaine connaissance de soi, de sa propre valeur qui ne peut exister que si on a eu l'impression d'être aimé. Mais il manquerait unedimension essentielle à préservation de la liberté si nous ne parlions pas des limites intérieures de chacun et qui se construisent à partir du moment où le tout petit enfant dit "non", terme qu'il est nécessaire de savoir dire de temps en temps de façon opportune tout au long de la vie: L'intériorité fait donc aussi partie de ces éléments de liberté(voir les ouvrages d’Antoine de la Garanderie)Si l'on reprend l'image de la promenade au bord de la mer, loinde tout, cette recherche de solitude ou d'isolement peut être interprétée comme étant celui de retrouver un espace de pensée,de retour sur soi, d'intériorité. La demande de se retrouver

seul habitée par une certaine curiosité vis à vis de soi-même est un attitude constructive de ressourcement ou d'assimilationdes connaissances. Ne pas avoir peur de la solitude, n'est ce pas un signe de liberté? Avoir continuellement besoin d'être en compagnie peut en l'occurrence peser sur les autres, avec l' incapacité de s'assumer. Ne pas toujours être dans le faire, savoir s'arrêter, savoir seconcentrer.

L'enfant qui s'isole en suçant son pouce après une activité qui lui a demandé beaucoup de concentration n'a t-il pas une attitude pleine de sagesse? c'est unecondition de la liberté intérieure qui relève de la

domination et surtout de l'amour de soi même. Laisser un enfant rêver, traîner, recommencer une activité plusieurs fois, prendre son temps pour la mener jusqu'au bout, alors que tout le monde a déjà fini, donne l'occasion à l'enfant de découvrir, habiter, et pourquoi pas aimer ce qu'il va appeler: "moi-même »                                                                                                                                                                 "Me reconnaissant toujours pour la cause principale de tous mesmalheurs qui me sont arrivés, je me suis vu avec plaisir en état d'être l'écolier de moi-même, et en devoir d'aimer mon précepteur" disait un auteur du XVIII° siècle: G. Casanova Qu’est-ce donc que le libre choix et l'action libre. L'expression qui consiste à dire:"je veux faire ce que je veux, quand je veux, avec qui je veux,où je veux" peut se définir comme un désir d'absence de contraintes. Si cette phrase n'est pas vraiment réaliste, celui qui la dit se berne t-il tant que cela? en règle générale il sait que c'est impossible. Cela peut se comprendre aussi comme étant un désir de prendre ses décisions par soi même qui peut-être une demande indirecte d'apprentissage au choix. Liberté et pouvoir de choix qui met en œuvre les ressources profondes de la personnalité, ne vont-ils pas ensemble?

Le langage de l'action libre est liée à" projet"," motif", "décision"," raison d’agir"," responsable".Apprendre à choisir c'est aussi apprendre à faire des projets et prendre une décision à la suite d'une évaluation. Cela sous entend de savoir analyser une situation, ce qui oblige à faire certains apprentissages comme de savoir observer, juger, connaître les valeurs auxquelles on se réfère. On retrouve là l'importance de la connaissance et surtout du discernement qui est une condition essentielle de la liberté.Tout s’équilibre: projet et motif, décision et raisonnement pratique.Dans un discours sur l'action il y a des projets parce qu'il y a des motifs, il y a des décisions parce qu'il y a des calculs.On décide quelque chose "parce que." Connaître le sens, le pourquoi, la raison, est important. Le principal est la raison et non la cause, disons plutôt, le sens. Cette signification est susceptible d'être communiquée à autrui, elle est rattachée à un ordre de choses psychologiques, morales, sociales, culturelles... Ce n'est pas l'arbitraire qui décide puisque le désir n'est plus une simple impression, il est mis à distance et peut servir de moteur. Cette démarche permet de se situer aucœur d'un ensemble où on va être le maître.Le choix fait, c'est dans l'articulation des fins et des moyensque l’œuvre libre se construit. Le désir n’est plus une simple impression il est mis à distanceen position de fin par rapport aux moyens à employer.Agir est différent de percevoir, connaître, comprendre, décrire. C'est différent du mouvement observé dans la nature. Pour ce qui est du choix et l'activité libre, comme nous l'avons vu plus haut, choisir demande de savoir faire l'inventaire de ses ressources, de ses différences et de ses particularités. Une sorte d'analyse de ses richesses, ensuite on se met en projet, mais pour cela il faut savoir anticiper à partir de ses expériences et c'est peut-être qu'à partir de cette démarche que l'on ose risquer, apprendre à voir, à imaginer le cheminement, à prévoir. Si j'invente, quelle est la part de mon passé, de ma culture, que je vais avoir à prendre en considération? C’est là qu’intervient la différence entre liberté d’invention et de création et spéculation. Celui ou celle qui connaît son passé sans en avoir peur, qui a connaissance de ce que ce passé

microcosmique lui a laissé d’héritage inaccompli, sait ce qui lui reste à faire. Et ceci s’apprend. Assez jeune déjà, il est possible en tout cas de s’orienter vers ces choses, d’en être conscient ainsi que de sa dépendance vis à vis du tout, et ainsi de véritablement inventer, créer, dans la mesure où cela constitue une authentique collaboration avec le plan de développement de l’humanité. Le jeune comprend très bien et très tôt ces choses.L’auto implication de l’agent de l’action est un trait fondamental de l’action humaine. C'est aussi une condition de la responsabilité, cette liberté de se prendre en charge et de répondre de soi. La grande question est de savoir si cette implication mène à de plus grandes misères (même si celles ci peuvent parfois devenir facteur d’expériences) ou à un progressif éclairage de soi et du tout, à une auto-découverte supplémentaire et à un enrichissement de son environnement au sens proche et éloigné. C’est en ce sens aussi qu’on peut parler de responsabilité"Si cela arrive c’est qu’on l’a voulu". Souvent des paroles pseudo fatalistes nient la réalité de la pensée menant à l’actepersonnel. Ce qui se passe, c’est que nous ne sommes la plupartdu temps même pas conscient de l’énorme débit de nos pensées, et nous sommes désemparés lors de la confrontation avec leurs conséquences. C’est pourquoi déjà chez les jeunes nous pouvons tenter de faire connaître la pratique dite « des quatre gardiens » : Mettez un gardien près de vos pensées, un gardien près de vos émotions, de vos désirs, un gardien près des activités de votre énergie, de votre vitalité, et bien entendu un gardien près du résultat, près de vos actes. Et cette nécessité peut être perçue aussi bien par l’auto-analyse, par des procédés discursifs, que par la lecture d’histoires ou de livres reliés à cette exigence. On pourra si nécessaire les écrire soi-même.Il y a différence entre constatation et action. Faire, c'est organiser, être efficace, agir sur l’extérieur et faire œuvre de soi même en même temps. Mais on peut être efficace dans la destruction et l’opposition à l’accomplissement. Ici un profonddiscernement devra être acquis. Et cela aussi s’apprend, progressivement, parfois mais le moins souvent possible par l’erreur. En cela le jeune a bien besoin d’être guidé, guidé vers la découverte et la conscience, par l’exemple et la

raison, et le développement progressif de l’intuition, elle-même liaison progressive avec l’absolu. Mais pour que cette dernière soit réellement possible il faut pouvoir intervenir à échelle humaine, ne pas  être loin de ce qui nous touche. (voir la loi de la proximité J. PestalozziActuellement l'action est bien souvent à distance dans le tempset l'espace, ou alors on est dans l'immédiat , dans le magique.Nous sommes dépassés par nos nouveaux moyens techniques qui donnent une illusion de pouvoir. L’univers est de nouveau un abîme. Ce n'est pas comme l'artisan qui fait son œuvre d'un bout à l'autre et est maître de la succession des différentes étapes, là sa responsabilité est directement engagée.Si la liberté est savoir affronter la réalité, celle-ci doit être constituée de façon à permettre à l'homme d'être un agent responsable en fonction de ses moyens. Et les moyens sont inépuisables, mais le jeune ne le sait pas toujours encore. Luiapprendre à puiser au fond de lui-même, comme un pêcheur en quête de perles, ou de la perle, le renvoyer continuellement à l’exploration de son propre microcosme, grâce auquel il découvrira l’univers, constitue une des tâches fondamentales del’éducateur.Attention à l'obligation de choisir!!!, on peut être dégoûté dechoisir quand on a pas les moyens!. Bien entendu, il sera toujours nécessaire de veiller à la faculté de compréhension etd’appréhension vitale et émotionnelle de chacun, en particulieren relation avec les âges de développement.Mais on peut avoir une illusion de pouvoir et être l'objet de ses pulsions. Surtout, ici, montrer l’illusion du pouvoir, des désirs immédiats et qui relient trop à la terre, même si chacundevra apprendre à déterminer son propre minimum biologique, et de la volonté d’être aimé accepté, reconnu. Apprendre à débusquer progressivement tous les pièges de l’ego, de les voiren tout cas, même si, ici aussi, chaque stade de développement devra être respecté.A ce sujet il est important d'être à jour sur la signification de: désir, intérêt, motif...etc…

 Voyons ici encore d’autre facettes de l’élément liberté "Etre sire de soi même" (expression Viking.)

 Quand... ne nous sentons nous pas libres? En fait, si nous étions éveillés et conscients, nous saurions depuis longtemps que nous ne sommes libres en aucune façon, et aspirerions alorsintensément à cette fameuse liberté Quand nous ne comprenons pas ce qui se passe et que nous ne pouvons pas décider, nous ressentons ce sentiment d’impuissanceprofonde provoqué par l’ignorance consciente, et la dépendance par rapport à une situation et à autrui. Lorsque  nous ne voyons pas l’aboutissement de ce que l’on fait, Quand on est obligé de choisir alors qu'on a pas les éléments pour le faire,Que l'on est confronté à des ruptures dans l'organisation de son temps, Lorsqu'on doit agir dans l’immédiateté...Quand on se sent acculé à...sans possibilité de repli. Quand on est  surpris, Quand on ne peut pas se situer dans un ensemble cohérent. Quand nous avons peur, que nous nous sentons menacés, quand nous n'avons pas confiance, que nous ressentons le pouvoir des autres, que nous avons à faire à quelqu'un qui fait preuve de superficialité, de rigidité, d'indifférence...Lorsque nous sommes confrontés à desmultiplicités de possibles sans pouvoir choisir...Quand nous avons obligation de trop prendre en compte la nécessité ou le rentable. Que nous sommes enfermés dans des obligations qui n'ont pas de sens pour nous. Et pourtant, si l’on examine une par une chacune de ces « circonstances », on s’aperçoit qu’elles constituent toutes, sans exceptions des possibilités de victoire sur soi et d’apprentissage, ou de « test » personnel, ce qui nous montre bien la relativité de la « bonne condition » et de la « mauvaise ».Il est intéressant de noter que l'on peut regrouper beaucoup d'éléments autour des ruptures dans notre espace temps, surtoutquand elle nous sont imposées! aussi le manque d'information etde sens à une situation dont on ne connaît ni l'origine ni l'aboutissement. Il y a aussi le manque de confiance et la pesanteur de l'environnement.A partir de cela:Comment la réalité doit-elle être constituée pour permettre à l’homme et aussi l'enfant d’être libres? Et cela est-il bien le

problème ? Y a-t-il des « conditions »  à la liberté ? La question n’est-elle pas plutôt : comment travailler sur nous même et que devons nous intégrer pour devenir libre.L'espace , l’espace-temps : 

Il est important d'avoir des repères dans l’espace et letemps, mais aussi d'avoir un temps et un espace à gérer.C’est à dire avoir un endroit à soi et des moments à

soi! Apprendre à voir, à prévoir, à imaginer un cheminement, à saisir des rapports nous procure une sorte de structuration favorable à l’éclosion future d’une pensée libre et donc d’une véritable liberté.Avoir des activités qui donnent la possibilité de découvrir desliens, Etre acteur dans une action globale, diverse, visible oùil y a des liens, tout cela nous fait passer de consommateur à acteur, et permet une meilleure prise sur cette fameuse « réalité » que nous avons tant de mal à définir.Si l'éducateur donne toujours des conseils, l'enfant essaie de les suivre et ne prend pas l'habitude d'habiter sa pensée, son intériorité. La liberté se construit continuellement dans l'espace propre à chacun et avec de multiples outils. Un des buts de l'éducation est de les faire acquérir. Il parait évident que la première démarche de l'éducateur est la reconnaissance de la liberté nonseulement chez l'autre mais en soi. En effet il y a des chancespour que l'éducation se fasse en fonction de l'expérience de l'éducateur par rapport à ce sujet et de ce qu'il en pense. Ce n'est pas simple car si il parait évident de dire que l'éducation à la liberté ne peut-être le fruit d'un dressage, d'une manipulation ou d'un conditionnement, n'arrive t-il pas quelquefois, ou même fréquemment, que ces différentes attitudessoient employées. Ne font-elles pas partie de la démarche éducative au moins comme étape! Les ruses, les stratégies, que ce soit sous forme de séduction, d'idées pédagogiques, d'arguments, de références aux principes, de bons droits, sont-ils toujours en harmonie avec la construction et l'expérience de la liberté? Il est difficile! même avec une bonne expérience, de bons principes éducatifs de laisser l'espace à l'enfant pour qu'il puisse apprendre la liberté et ses exigences! Une des fonctions de l'éducation serait aussi dans la retenue de ce que l'éducateur doit pouvoir ne pas dire, ne pas faire, afin de laisser la place à son interlocuteur. Savoirattendre, regarder, laisser prendre quelques risques, laisser

l'autre réaliser à son rythme ce que l'on aurait fait plus vite, différemment et mieux...Ne pas vouloir combler, ne pas envahir l'autre avec des émotions, des sensations alors "qu'on est là pour apprendre, pour montrer, pour faire faire..."Sinon! comment l'éduqué va t-il pouvoir donner son propre sens à un espace qu'il n'a pas construit lui même? La liberté intérieure ne va pas sans vérité. En effet le mensonge et aussi les situations floues, ce qui est caché, le non dit, désamorcent la confiance, faussent la connaissance d'une situation et enlèvent les moyens d'agir librement. Toute situation mensongère est hors liberté. Ce que nous appelons vérité n’est bien entendu bien souvent, et même presque toujours, que notre perception des êtres et des choses, notre vision propre. Chacun possède un « angle de vue », qui correspond à son degré de compréhension personnel. Mais ce qui est important, c’est laisser la possibilité au jeune (et au moins jeune aussi d’ailleurs), de découvrir, d’explorer, de piocher son propre chemin de vérité. Et à ce chemin correspondent des perceptions qui pour nous « adultes soi-disant connaissants », qui peuvent être de l’ordre de la penséemagique. Longtemps le jeune pense qu’il ne fait qu’un avec le monde qui l’entoure, et au fond peut-être n’a-t-il pas tout à fait tort ! Ce n’est qu’avec la multiplicité d’expériences « décevantes » et enrichissantes qu’il apprendra à distinguer ce qui est à l’intérieur de lui de ce qui est à l’extérieur de lui, puis, plus tard, qu’il réalisera (peut-être !) l’unité de toutes choses. L'autonomie, ou plutôt son acquisition, joue un rôle fondamental dans le devenir humain, donc dans l’éducation. Dansson activité, apprendre à compter sur soi même, ne sera pas le fruit de l'évitement des difficultés, ni même de l'échec. L'éducation n'est pas d'éliminer le difficile mais de faire qu'il soit accessible.Apprendre à l'enfant à, et parfois tout simplement le laisser, dès son plus jeune âge, travailler, s’occuper seul. Un autre outil qui donne confiance et permet d'élaborer son propre espace et le discernement est la mémoire. Cette dernièreest le support de notre monde intérieur. Il est bon d'apprendreà l'enfant à se souvenir,  à faire l'inventaire de ses

ressources, de ses différences, à faire l'analyse de ses propres richesses, à faire un retour sur soi pour donner sens àsa vie. Cette connaissance va peu à peu prendre place dans le temps, c'est à dire la connaissance de sa propre histoire, de celle desa Famille, de son pays mais aussi, la découverte d'autre lieuxva donner la possibilité de prendre du recul, par rapport à sa propre façon de penser, de relativiser, pour ne pas se mettre au service de quelqu'un ou d'une idéologie aveuglément et là aussi de savoir prendre ses responsabilités.Il est évident que cette démarche est facilitée par la confiance entre les interlocuteurs. Penser présent, avec des références du passé réactualisé. Le premier degré de la liberté est de pouvoir porter ses désirsau langage. C'est pourquoi les acquisitions dites scolaires sont des outils indispensables. Mais elles ne sont vraiment utiles que lorsqu'elles ne servent pas seulement à savoir ce que les autres pensent mais à apprendre à exprimer ce que l'on pense. Les « connaissances », sacro-saints objets de notre enseignement, n’ont de sens que dans la mesure où elles facilitent l’accès à une sagesse en devenir. Si elles ne servent qu’à un « dressage rentable », elles sont non seulementennuyeuses mais dommageables, induisant parfois jusqu’à des psychopathologies difficiles à redresser, à guérir. Et ceci estparfaitement explicable : notre champ de vie n’a de sens que ledéveloppement et la perfection de chacun. La découverte de ce champ de vie nous induit donc à la perception et à la compréhension d’autres champs de vie, de vibration supérieure àla notre. Si nous utilisons les propriétés de ce monde afin de nous emprisonner dans celui-ci et d’y trouver un motif d’enrichissement matériel ou culturel, alors nous sommes perdusen tant qu’êtres humains en devenir. Et donc l’éducation que   nous apportons doit veiller à ce que les outils socioprofessionnels et l’appréhension des lois de ce monde n’hypnotisent pas l’enfant au point qu’il en oublie la présouvenance de l’originel qu’il possède spontanément dans sestoutes premières années.

L’éducateur a pour mission de faciliter l’accès à une appréhension autonome du monde, à une expression claire et

libre, et à l’utilisation de toutes ses capacités afin qu’il puisse aller son propre chemin. Laissons nous toujours un enfant aller jusqu'au bout de sa phrase sans l'interrompre ? Est ce si facile que cela? même si c'est simple! Nous devons, avec grande patience, quand l’expression surgit, la laisser se dérouler (dans la limite d’une correction définie), puis guidervers d’autres questions, d’autres chemins, qui ne seront pas forcément les nôtres, mais ceux de l’individu qui cherche. Eventuellement corriger, amender, préciser, faire que l’expression soit la plus claire possible pour donner sens et corps à la pensée ou aux sentiments du jeune, et non les nôtres. Bien sûr, de temps en temps, nous pouvons proposer une piste de réflexion, une ouverture, qui pourra éventuellement être réfutée. En bref, nous n’apportons pas « notre vérité », mais nous aidons le jeune à découvrir le chemin de sa vérité, puis il trouvera lui-même celui de « La Vérité »Ecouter...écouter, écouter, c’est la meilleure façon d’apprendre à l’autre à écouter.Permettre à l'enfant de développer son imagination et s'exprimer avec des mots précis, c'est lui donner deux outils indispensables pour acquérir sa liberté.Lui apprendre à dire ce qu'il ressent et à argumenter, l'aider à repousser ses propres limites qui pourraient l'enfermer, se situer par rapport à la projection de l'éducateur. Mais l’argumentation n’est pas un jeu vain et gratuit. Convaincre est rarement d’une utilité capitale. Celui qui comprend n’a pasbesoin d’être convaincu. Celui qui ne comprend pas a surtout besoin d’expériences, et non de discours convaincants. Toute argumentation gratuite devrait être habilement proscrite, ou bien participer d’un jeu théâtral et distractif. Aider éventuellement à parler sur sa souffrance peut devenir pour le jeune une possibilité de la gérer. D’où l’importance de proposer des moyens d'expression tels que l’art, le théâtre, la poésie etc...

Tout cela sous entend dans un premier temps une certaine connaissance de soi, de sa propre valeur qui ne peut exister que si on a, tout jeune, eu l'impression d'être aimé. On est libre par la foi en soi, la confiance, quand on a

quelqu’un à aimer, et que l'on s'en sent responsable.

Ceci est lié à l'amour et à l 'impression d'exister. Ils commence à se construire avec le regard de la mère pour son enfant et prendront un autre sens lors des interdictions maternelles et l'ouverture sur l'ensemble de la famille. (voir la 13ième lettre de Pestalozzi). Parallèlement l’enfant ressentl’impression d’être attendu. Puis il comprend qu’il a des obligations, il en arrive à se confronter de façon plus réaliste avec son entourage...La connaissance de soi, des autres, de l'environnement se construit dans les limites et grâce à la confrontation avec elles. Entre le désir de les dépasser et celui de les accepter se situe la liberté. Il faut savoir donner sa confiance avec une juste mesure en fonction des possibilités de l'enfant. Celui-ci devra apprendreà analyser les échecs, à ne pas en faire un drame. On devra veiller à ce que les activités de l'enfant aient un sens, servent à quelqu’un, ou à quelque chose. La loi Si le monde est constitué à l'intérieur de limites, il offre demultiples possibles. Mais ces derniers doivent faire l'objet d'une certaine protection et organisation et c'est ainsi que lamorale politique entre en jeu dans la sauvegarde de la liberté.Il faut qu'il y ait un minimum de loi pour qu'il y ait liberté et initiative. Une bonne hygiène de vie n’est pas à négliger : Est-on libre quand on a pas assez dormi et que la mémoire fait défaut? Ou que nous n'avons pas assez ou trop mangé? Que nous avons froid.On ne veillera jamais à des détails apparemment infimes tels que la bonne oxygénation d’une salle, une diététique correcte, etc…...Enfin un minimum de bonnes conditions corporelles sont souhaitables, mais un certain détachement aussi, là encore il est nécessaire de dire non pour faire son espace! Il y a donc, nous l’avons vu, des variables suivant les époques. Cependant, un certain nombre de « constantes » se retrouvent à travers les siècles. Toutes celles-ci tournent autour du « devenir humain », auquel nous avons déjà fait allusion, et sur lequel nous aurons l’occasion de revenir.

L’histoire de la subjectivité est profondément liée à celle de la liberté. Son surgissement en est un bouleversement.Après "I’infinitude" apportée par le christianisme, c’est le pouvoir de se détourner de Dieu. "Le cogito", de Descartes est le pouvoir du oui et du non, c’est la libre pensée au sens littéral du mot.Tout est dans l’action intentionnelle de la vie quotidienne ainsi qu’une recherche d’une action sensée au plan éthique et politique.La liberté se dévoile peu à peu dans à l’homme. Rien ne l’assure, on doit toujours la conquérir. Aider l'enfant à devenir libre est essentiel en éducation…

- Voici maintenant les visions pédagogiques de quelques “pionniers”

Ovide Decroly

Bibliographie  - Des parents, des enfants, des enseignants.; "Vivre à Decroly"; Orientations; Casterman; 1979 

Il naît en Belgique, à Renaix en 1871. Son père, d'origine française est industriel. Sa mère est musicienne et lui donne une éducation musicale. Il reçoit une éducation teintée de rousseauisme, près de la nature, son père lui apprend à travailler avec ses mains, mais Decroly aura du mal à supporter l'éducation autoritaire de son père et l'école.Médecin, il se spécialise dans les maladies mentales. Il étudieen Allemagne avec Mendel et Langerhauss (neurologues) et en France avec Raymond et Geoffroy. Il a de l'intérêt pour les enfants arriérés, les malades l'intéressent plus que la maladie.En 1901 il fonde la “ Société pour la protection de l'enfance anormale ” et un Institut, avec sa femme, pour les enfants déficients. C’est l’« Institut pour les enfants irréguliers".En 1904 il est nommé inspecteur des classes spéciales de la ville de Bruxelles. Il fonde une société de "Pédotechnie" avec des instituteurs. Il s’intéresse aux travaux d'A. Binet sur lestests (donc aux débuts de la création de la psychologie).

En 1907 il fonde l'Hermitage pour enfants normaux, où il élabore sa méthode. Il y observe les enfants.Il a beaucoup souffert à l'école, surtout parce qu'on y découpait l'enseignement en différentes disciplines. Il va doncy rechercher un moyen d'enseigner qui sera plus cohérent. Il y échange beaucoup avec ses collaborateurs, sa femme et ses enfants vont participer à l’élaboration de sa pédagogie.1911: Il préside à Bruxelles le premier congrès international de pédologie. En 1920 il est professeur de psychologie à l'université de Bruxelles et en 1921 est chargé d'une chaire d'hygiène éducative à la faculté de médecine. Il entretient uneconsultation pour enfants anormaux. Participe à de nombreux congrès internationaux sur l'éducation. En 1922 il est membre de la "Ligue Internationale pour l'Education Nouvelle". Il va aux Etats Unis où il rencontre J.Dewey et traduit son livre "Comment nous pensons" en 1935 et va en Colombie où il travaille avec Niéto Caballero. Collabore à "l'enfance délinquante" en Espagne. Il est intéressé par les réalisations de Cousinet, Freinet...En 1927 l' "Hermitage" déménage, sous la direction de Mlle Hamaide ; il devient de plus en plus le rendez-vous de pédagogues.En 1930 Decroly élabore sa méthode qui peut servir jusqu'à l'université.1932: il meurt à 60 ans.Il n'aura rien voulu écrire, car pour lui, sa méthode doit bouger, évoluer, il a peur qu'elle soit prise à la lettre. Il travaille avec de nombreux collaborateurs dont Mlle Hamaide quielle, va le publier.

 Ses idées pédagogiques

Decroly pense que l'enfant a une représentation globale des objets en vue d'un certain usage, sa définition d’un objet est “ ceci c'est pour… ”. Donc le processus part de la vision de cequi l'environne. Il faut déjà qu'il se distingue d'un ensemble dont il fait partie. Souvent l'enfant confond l'objet avec son support. Les parties d'un objet sont prises pour le tout. Par la suite il décompose et reconstruit avec un certain ordre. (C'est à partir de là qu'il a créé la méthode globale de lecture.)

Donc on doit aider à faire sortir les enfants de la confusion et l'aider à distinguer les différentes qualités des objets. Onle guide en lui laissant prendre les initiatives. Il y a aussi des influences affectives qui entrent en jeu. Le fait de donnerle mot est une étape importante.Decroly pense que l'enfant revit les différentes périodes de l'histoire de l'humanité, au cours de son développement par lesdifférentes phases de croissance. Ceci confirme absolument les recherches de Steiner qui démontre que la période de 1 à 7 ans correspond à une phase à associer au minéral, la période de 7 à14 ans au végétal, celle de 14 à 21 ans à l’animal, puis celle de 21 à 28 ans à un développement spécifiquement humain. On peut aussi associer ces mêmes périodes successivement au matériel, à l’éthérique ou vital-énergétique, à l’astral, sidéral, émotionnel-mental, et au mental associé au véritable pouvoir de penser, que nous examinerons plus loin. En effet, aucours de son développement préhistorique et historique, l’hommefut confronté à diverses éducations, incarnatrices-matérielle (correspondant au centre du bassin), vitale-énergétique, astrale-émotionnelle (sanctuaire du cœur), et finalement de nosjours, correspondant à une époque de dématérialisation, une éducation plus orientée vers le mental, plus structurée (sanctuaire de la tête), qui est d’ailleurs en train de se dépasser elle-même.– Mais, partir des besoins de l'enfants n'est-ce pas le limiterà ces propres besoins alors qu'il faut l'en sortir!?La guerre de 1914 va remettre en cause toute la société, et la psychanalyse, véritable tourmente intellectuelle, influencera la vison de Decroly. Sa perception est essentiellement contraire à celle de Montessori . Elle isole chaque sens en les stimulant avec du matériel tout prêt.Il fait en quelque sorte suite à E. Seguin 

Sa démarche éducative se décompose en trois étapes :- L'observation–l 'association- L'expression.Il y a donc pour lui trois temps dans le processus d'apprentissage mais son but sert aussi à "apprendre à apprendre":

- L'observation: On met l'enfant en contact avec des matériaux, des objets et des faits. Il est même préférable qu’il propose lui-même le support de l'observation. On regarde ensemble, on en extrait les propriétés. Pour cela on organise des excursions, des visites. On fait des croquis, on prend des notes, des photos. On apprend à regarder. On extrait les mots nouveaux, on précise. A partir de ces mots nouveaux on approche la lecture et l'écriture ouon perfectionne le français.On accumule, on fait des collections. On compareet on mesure, on classe, c'est l'approche du calcul et des mathématiques. On détermine les diverses qualités des objets, on cherche ce qu'il y a de semblable et de différents dans d'autres objets. On compare les volumes, les formes, les couleurs, l'odeur, le goût... On classe ces différentes propriétés et c'est l'occasion de faire des sériations.A partir des sciences d'observation on s'approche peu à peu de la biologie, de la physique et la chimie.- L'association:

C'est déjà la mise en rapport avec ce que l'on sait déjà. On confronte les connaissances acquises avec des données plus abstraites. On tire de ses observations des idées générales, des concepts, par exemple sur la manière de vivre des hommes. On cherche les cause et les effets, on voit les différentes appartenances. On va voir ce qui se passe plus loin: c'est la géographie, et ce qui s'est passé avant: c'est l'histoire. Pour cette dernière pas de nomenclatures d'hommes, d’événements, de dates. Peu de récits mythiques, de héros, mais des documents réels. On veut des faits!L'enfant accumule des documents et en fait lasynthèse.

- - L'expression :C'est la traduction des idées, des sensations, par des textes comme de la poésie, par le langage, des dessins, des créations artistiques.Toute cette élaboration peut se terminer par un exposé, c'est à dire que tout ce qui a étéappris puisse être représenté, écrit ou on fait du travail manuel, on élabore des dossiers. Ce travail autour d'un même objet s'appellera :  "Le centre d'intérêt".

Quels objets, quelles idées propose t-on? Decroly et d'autres comme Claparède on élaboré un programme basé sur les intérêts de l'enfant qu'ils ont délimité ainsi:Ce sont les besoins principaux et comment les satisfaire. J. J.Rousseau en a déjà parlé, dans "l'Emile ou de l'éducation". Il s'agit de...–se nourrir c'est à dire l'alimentation- se reproduire- lutter contre les intempéries, se protéger- se défendre contre ses ennemis- travailler, se reposer se récréer, par exemple quels sont lesprogrès de l'industrie au cours des âges.l'étude de son milieu humain: sa famille, son école, la sociétéles animaux, les végétaux, la nature...- Le matériel qui nous entoure.Par rapport aux facultés de compréhension de l'enfant on va de ce qui lui est proche au plus lointain. Plus l'enfant est petitet plus on part de lui même et de ce qui l'entoure directement.

Sont élaborées plusieurs évolutions. C'est ainsi que l'on va:- du simple au complexe- du concret à l'abstrait- de la réceptivité passive à la spontanéité- de l'indétermination à la spécialisation– de la subjectivité à l'objectivité- du principe de jouissance au principe de réalité- de l'immédiat à la médiateté- du présent au futur, - du proche au lointain

- de l'éparpillement à l'unité. Cela rappelle les différentes lois de Pestalozzi!On fait le "cahier de vie", qui est un dossier propre où l'enfant accumule toutes ses acquisitions, sous formes de fiches, de dessins, cela dépend de son âge.La classe est un atelier. Les murs appartiennent à l'enfant. Onpeut déplacer le mobilier, les tables sont plates pour pouvoir travailler. "Le banc pupitre est bon pour les clercs de notaire"."La classe est partout, à la cuisine, au jardin, aux champs, à la ferme, à l'atelier, à la carrière, aux magasins, aux musée, aux exposition..."Donc l'enfant est actif dans sa propre éducation. Il se fait une opinion personnelle. On retrouve ici les souhaits de J.J. Rousseau. Ainsi l'enfant travaille de façon autonome, mais il est soutenu dans ses projets, il est encouragé. Son sens critique s'affirme, son habilité se développe, sa personnalité s'affirme. Ses intérêts s'étendent avec la compréhension et la connaissance.Le jeu sert surtout dans les premières années, à asseoir ses connaissances. Plus tard cesera le jeu collectif. L'éducation morale:L'école est un milieu social, c'est une société en petit. Elle est mixte de 4 à 18 ans.Les élèves sont amenés à prendre conscience de la valeur de leur acte, se jugent, se critiquent, élaborent des règles de vie. Ils ont des responsabilités dans la marche de l'école. Ilspeuvent prendre des initiatives. Il y a des comités d'enfants, les décisions sont votées aux "états généraux".Il y a des responsabilités collectives pour le jardin, le matériel, le poulailler!IL y a du sport et des jeux. On fait du théâtre et on organise un orchestre. L'imprimerie publiée les œuvres des enfants. On y imprime des invitations pour une fête organisée par les enfants... Il y a des contacts avec les familles. Il est important, et nous devrions en prendre de la graine, que l'institution et les familles travaillent ensemble.L'école est ouverte. "L'école par la vie, pour la vie" résume l'essentiel de sa méthode.

C. Freinet et d'autres vont s'inspirer de ses idées et de sa méthode.

Voyons maintenant

John Dewey Bibliographie - Delasalle G.; "la pédagogie de J. Dewey" ed. scarabée 1965- Dewey J.; "L'école et l'enfant", Delachaux et Niestlé, 1967- Dewey J.; " Démocratie et éducation", Armand Colin, 1975- Dewey J.; "Expérience et éducation", Bourrelier, 1947 Sa biographie

Il est né dans le Vermont aux Etats Unis en 1859.

L’œuvre de John Dewey a marqué, pendant la première moitié du XXe siècle, non seulement la vie scolaire des Etats-Unis, mais aussi la pensée pédagogique de la plupart des pays.Après avoir exercé les fonctions de professeur de lycée et de professeur d’université, John Dewey fonde une école laboratoireen 1896 et publie ses premières œuvres importantes : Mon Credo pédagogique (My Pedagogic Creed , 1897) et L’école et la société (School and Society, 1899). Il enseigne ensuite à l’université Columbia jusqu’à sa retraite (1930). Il approfondit et précise sa doctrine dans de nouveaux ouvrages, parmi lesquels Comment nous pensons (How We Think , 1909) et Démocratie et éducation (Democracy and Education. An Introduction to the Philosophy of Education , 1917). Au cours des années 1950, les conceptions de Dewey tombent en discrédit.Ses compatriotes lui imputent, entre autres, l’échec de certaines innovations scolaires et le retard dans la conquête de l’espace, sa conception pédagogique ne préparant guère les jeunes à la compétition scientifique et technique internationale. On s’aperçoit ici de la faculté illimitée de nepas voir plus loin que le bout de son nez d’un grand nombre d’éducateurs, pour ces fameux prétextes fallacieux de compétition et de scientificité. « Un peu moins de science, un peu plus d’art », une devise d’un médecin d’une des œuvres de Marcel Proust, pourrait ici être utilement méditée.

Il se spécialise en philosophie et en pédagogie avec Stanley Hall et B. S. Morris.En 1896, il fonde la première école expérimentale rattachée à une université.Il fait des conférences dans le monde entier.Il meurt en 1952 à New York.

Ses idées principales

- Dewey insiste sur l’importance de l'expérience.Mais celle-ci doit avoir deux qualités: Le plaisir immédiat et un aspect ultérieur relatif à son influence sur l'expérience suivante. L'enfant doit donc apprendre à dégager de l'expérience ce qu'elle a de positif. Ce qui implique l’importance de faire un plan, un projet, une construction logique dans la continuité.Ces opérations permettent au jeune d’apprendre à prévoir les conséquences, à observer pour prendre les conditions environnantes en considération, à donner une signification à ceque l'on observe.On cherche les causes, par quoi, pour quoi...on fait une sélection des moyens,( l'analyse) on les arrange ( la synthèse). Ensuite il faut garder des traces des idées.Dans l'éducation traditionnelle il y a aussi un cheminement mais il est apporté tout prêt à l'enfant qui n'en fait pas le tour. Ce n'est pas lui qui le construit. Il y a 5 étapes dans l’organisation de l’expérience:1) La reconnaissance d’un problème2) La définition de ce problème3) Les solutions possibles4) Les résultats possibles5)La mise à l’épreuve.Ici est mis en relief l’importance de la relation dans la pensée. 

”Penser est une démarche intentionnelle pour découvrir lesliens spécifiques entre ce que nous faisons et les conséquences

qui en résultent”

L'éducateur peut aussi observer l'enfant pendant l'expérience et mieux le connaître, voir quelles aptitudes il développe.

Sa fonction est de préparer la situation où l'enfant sera acteur:

- la classe, - son rangement, - les outils pédagogiques.

Quoi qu’il en soit, l’un des meilleurs commentateurs de la pensée du grand pédagogue, Ou Zuizhen, considère “qu’en dépit des critiques et des attaques, la pédagogie de Dewey continueraà dominer la pratique de l’éducation en Amérique, car elle est dans la droite ligne de l’éducation moderne et correspond à la culture et à la société américaines” (1961).

Puis, quelques mots sur Célestin Freinet...

Bibliographie- Collectif; "La pédagogie Freinet", Erès- Freinet. C.; "les dits de Matthieu" ed. Delachaux et Niestlé, 1978- Freinet. C.; "L'éducation du travail";  ed. Delachaux et Niestlé, 1946; 1969- Freinet. C.; "Pour l'école du peuple"; Maspero;- Freinet. C.; "L'école moderne française, guide pratique pour l'organisation matérielle, technique et pédagogique de l'Ecole Populaire"; éditions Ophrys; Gap- Freinet E.; "L'école Freinet, réserve d'enfants"; Maspero; 1979- Freinet E.; "La naissance d'une pédagogie populaire"; Maspero; 1974- Giroit A. et  Poslaniec Ch.; "Une journée à l’école Freinet"  , ed. Retz du Centre de la promotion de la lecture ;Meyrieu Philippe comment susciter le désir d'apprendre?"; PEMF;2001- Peyronie H.; "Freinet 70 ans après"; Presses Universitaires de Caen- sciences sociales- Piaton G.; "La pensée pédagogique de Célestin Freinet"; Toulouse; Privat;1974

BiographieCélestin Freinet est né en 1896 dans les Alpes maritimes et mort à Vence  en 1966. Il passe son enfance à la campagne et gardera des traces de cette période : C’est l’importance qu’il

accorde à la société traditionnelle et à certaines valeurs transmises. On retrouve cet intérêt dans "Les dits de Mathieu" où il fait parler un berger qui partage ses réflexions...entre la poésie et le bon sens...Paysan, philosophe, poète, Freinet va lutter de toutes ses forces pour l'éducation.Comme certains pédagogues, il n’aime pas l’école mais il est lepremier. Il va à l’école Normale de Nice.Très éprouvé par  la guerre de 1914, il en reviendra blessé. Ilest nommé instituteur en 1920 à Bar sur Loup, où des difficultés se font jour du fait de l'atmosphère qui y règne. Mais il est en recherche par rapport à la pédagogie. Il préparel’inspection, découvre Ferrer et d'autres pédagogues comme M.Montessori, O. Decroly, R. Cousinet...Il visite les écoles anarchistes en Allemagne, mais n’est pas intéressé. En 1923 il va en Suisse au 2° Congrès de la Ligue Internationale de l’Education Nouvelle, y rencontre Claparède, Ferrière, Bovet,  Coué, mais il est déçu par le fossé entre ce qui s’y dit et les possibilités réelles d’un instituteur.Etant instituteur il emmène les enfants dans la campagne faire des observations, organise des enquêtes, crée une coopérative de vente des produits locaux et s’intéresse à la vie économiquede sa région. Il organise une correspondance avec une autre école, envoie un journal fait avec son imprimerie, faite dans sa classe avec les élèves. Il ne va jamais hésiter à introduirela vie, de même que les nouvelles techniques, à l'école.En 1924 il introduit le cinéma, le travail de groupe, et se sert de l’environnement rural pour faire faire des observationsqui seront le point de départ d'apprentissages. Il édite: "L’imprimerie à école", "La gerbe", la "Co-revue des enfants", "Les enfantines".A Tours, Congrès de "L’imprimerie à l’école". Il crée une cinémathèque coopérative.

 Il publie des manuels scolaires. En 1929: C’est la création du fichier scolaire, très riche documentationpour les élèves qui désirent apprendre sur un sujet particulier. Il doit s’affirmer devant les éditeurs classiques.

Il tient son 3° Congrès et est ignoré par l’Education Nationale. En 1930 des centaines de journaux scolaires circulent. En 1935 il ouvre une école à lui, du fait de ses nombreuses difficultés avec l'Education Nationale. Il crée une

organisation très militante: le "Front de l’enfance" qui cherche à rassembler ceux qui, intéressés par l’enfant, sont audelà de la politique ou de la religion. Mais ce mouvement sera rejeté par tous...Il écrit des articles dans la revue d’Henri Barbusse: "Clarté".Un ensemble d’instituteurs s’y intéressent, ainsi que d’autres pays d’Europe."L’imprimerie à l’école" s’ouvre à d’autres sujets (comme les soins)Il créé d’autres outils pédagogiques:- fiches mathématiques- Un dictionnaire- Clarification de l’étude grammaticale- Séries de notes sur le dessin."L’imprimerie à l’école » devient" l’éducateur prolétarien"En 1933, une cabale est montée contre lui à St Paul, on ne supporte pas ses initiatives pédagogiques, alors que sa notoriété dépasse les frontières. En 1935 il ouvre sa propre école à Vence.En 1936 il prend part à la constitution du Front de l’enfance plus ou moins soutenu par le groupe français de L’Education Nouvelle.Il démissionne en 1939 de la Fonction Publique.Son organisme, la Coopérative de l'Enseignement Laïc : "CEL" subit des variations, a des problèmes avec les politiques et les syndicats, et est démantelé pendant la guerre de 1939. Freinet est fait prisonnier, il écrit: "Conseil aux parents", "Essai de psychologie sensible adapté à l’éducation" "L’école moderne française".En 1945, il remonte la "CEL" . En 1947, rouvre son école et transforme la CEL en Institut coopératif de l’Ecole moderne. Ilfait faillite et hypothèque sa maison pour la conserver.De 1945 à 1952 il continue à éditer des brochures d’éducation nouvelle, et des fascicules à la Bibliothèque de l’école moderne-1960 : fait des dossiers pédagogiques-1965: 20° congrès  de l’Ecole Moderne à Brest Il meurt le 8 Octobre 1966.Toute sa vie Freinet s'est réellement battu pour sa recherche pédagogique confrontée à un milieu qui ne le comprenait pas et où il était considéré comme gênant. Par contre il a rencontré de l'intérêt de la part de nombreux instituteurs.

Ses idées pédagogiques

Marqué par une philosophie et l’idéologie communiste, contre lecapitalisme, désire préparer les jeunes travailleurs. Les termes "populaires, travail, prolétaires" font partie de son vocabulaire habituel. Il est, pour d’autres raisons que M. Montessori, méfiant vis à vis du jeu, il préfère le mot travail, sauf pour les tout petits. Mais il est éducateur avanttout, instituteur praticien, poète, réaliste. "Nous sommes des pédagogues et non des politiciens".Il part des motivations profondes de l’enfant, fait une analysede la façon dont il s’engage dans un processus d’apprentissage et ensuite crée des situations où chacun retrouvera des motivations. Pour lui il faut que l’enfant voit l’utilité de travailler.- Primordialité de la nature et du dynamisme vital que l’on retrouve dans les "Dits de Matthieu" qui est un recueil d’idéesde bon sens qui s’inspirent de la Tradition et la façon d’élever les animaux.N’est pas contre la religion, dans la mesure où elle ne se pratique pas par soumission; "c’est une vie conforme aux prescriptions des grands sages qui on été les sommets splendides de l’humanité". Est intéressé par les écrits de Theillard de Chardin. Il est très observateur des enfants par rapport à leur mode d’acquisition, arrive après d’autres pédagogues mais va avoir du succès.Tout compte fait il est très proche des idées de Decroly qu’il critique, ainsi que Montessori, et Dewey. Il admire A. Ferrièreet Pestalozzi mais s’élève contre les applications rigides et scolastiques, par exemple critique la Russie qui fait pourtant d’apparentes innovations (à part Makarenko). Il est intéressé par la non directivité de Carl Rogers.On retrouve chez lui la personnalité de la plupart des pédagogues: innovateur, futuriste, personnel. Il est dans son temps et hors de son temps. Son imprimerie est dépassée par l’informatique en même temps qu’elle lui donne une autre dimension.Sa pédagogie est basée sur: la créativité, l’esprit d’initiative, la coopération entre enfants...

Est-il périmé? Nous croyons en tout cas qu’il a contribué à faire connaître divers aspects très importants de la « tâche pédagogique » . Sa méthode

Il fait beaucoup de matériel pédagogique: fichiers, imprimerie,films... Ce matériel est bien entendu transitoire, temporaire, puisqu’il constitue un élément « dégradable » du fait des progrès de la science et des techniques au service de la pédagogie, ce qui ne retire rien à l’essentiel de sa « vision »pédagogique. Il met l’accent sur la responsabilité individuelleet collective, sur la coopération et l’ entraide.Il utilise, comme le faisait déjà Comenius, l’actualité comme support d’enseignement. Il suscite l’apprentissage de l’utilisation d’outils diversVoici une journée dans une classe...Amorce de la journée par un entretien où les enfants apportent quelque chose au groupe ; on fait des récits, on pose des questions, on apporte des documents, des objets.On organise l’emploi du temps, on s’adapte suivant les événements, on fait évoluer les activités.Les matières sont: le français, les maths, l’éveil scientifique et artistique, lesactivités physiques, l’histoire et la géographie.Les moyens pédagogiques:L’imprimerieLe fichier scolaire coopératif, du cours élémentaire au cours moyen 2, fait par des instituteurs:le calcul autocorrectif avec les 4 opérations graduéesExpérience à partir de l’artisanatLa bibliothèques de travailBandes enseignante.Sur le plan individuel:Plan de travail, projet et réalisationAteliers: maçonnerie, cuisine, jardinage, lingerie, buanderie, élevage, mécanique.Organisation coopérative de la classe avec des tâches à accomplir, l’évaluation. Le maître est là, on se réunit le matin, on voit comment aider les plus faibles., on prend des décisions. On régule la prise de parole.

Le samedi on prépare la semaine suivante. Il y aurait encore beaucoup à dire, mais il faut ici renvoyer aux textes

Voici ensuite une brève approche de

 Frédéric Fröbel

Bibliographie

De Fröbel F.

- “Manuel pratique des jardins d’enfants de Fr. Fröbel à l’usage des institutrices et des mères de famille, composé sur les documents allemands par F. Jacobs”, introduction de la baronne de Marenholtz, Bruxelles, F. Claessen, Paris Hachette, 1859.-"Mutter und Koselieder” paru en 1843, traduit en français par la baronne de Crombugghe sous le titre: “Vivons pour nos enfants, les causeries de la mère”, Hachette, 1862- "L’éducation de l'homme", Bruxelles, F. Claessen , 1861, traduit en français par la Baronne de Crombugghe.- -“ Les chants de la mère ou les causeries de la mère ”, traduit par la baronne de Crombugghe, Hachette, 1883. -"Manuel pratique des jardins d'enfants"

Sur F. Fröbel

- Compayré G. , “ Fröbel ”- Guillaume A., "Frédéric Fröbel", Dictionnaire de Ferdinand Buisson , Pages 1117-1131, 1911.- Michelet J. , “ L’évangile de Fröbel ”, extrait de “ nos fils ”, 1912, F. Nathan- Michelet A. , “ les dons de Fröbel à l’enfance ”, “ Les outils de l’enfance ” tome 1. chapitre 5, p.145-191.- Soetard M., " Fröbel Pédagogie et vie" ed. Armand Colin, 1990, 176 pages. 

Sur la méthode de F. Fröbel - Brès J. H. ,"les jardins d’enfants", Dictionnaire de Ferdinand Buisson, 1910

- Compayré (G.) "Fröbel et les jardins d'enfants"  Gallimard, coll. Archives, Paris, Delaplane, sans date, ( probablement 1910) - Delon Ch., “Rapport détaillé de mission à l’étranger pour étudier la méthode Fröbel” in Manuel de l’Instruction Primaire 4 mai 1872, p. 245-261.- Delon Ch. ,Méthodes intuitives. Exercices et travaux pour les enfants d’après la méthode, les procédés de Pestalozzi et Fröbel. Paris, Hachette, 1873- Destrée Vander Molen E. "Notes d'inspection", Bruxelles, Lebégue, 1912.- Fanta Mlle "L'éducation joyeuse au Jardin d'enfants et dans la famille", Paris, Hachette, 1913 - Fanta et Allégret "Les Jardins d'enfants et la pré éducation" Paris, Hachette (sans date) - Fournier L. “Méthode Fröbel: les jardins d’enfants. Jeux et occupationsà l’usage des mères - Girard J. "L'éducation de la petite enfance", Paris, A. Colin, 1908. - Garçin F.: "L'éducation des petits enfants par la méthode Fröbel", 1911- Gal, "Fröbel et les jardins d’enfants" collection grand éducateurs- Goldammer H. , "Méthode Fröbel, le jardin d’enfants", introduction de la baronne de Marenholtz-Bulow, Paris Bruxelles, 1877.- Goldammer H. "Méthode Fröbel, le J. E. les dons du J .E. " traduction L. Fournier; - Jacob J. F., “ manuel pratique des jardins d’enfants de Frédéric Fröbel ”, Introduction par la baronne de Marenholtz, 1859, 1860, Fishbacher éditeur,1880, Bruxelles Paris. - Klein F., “ Mon filleul au Jardin d’enfants, comment il s’instruit ” deux tomes , Paris, A .Colin, 1912, 1924 et 1931,- Marenholtz-Bulow von B.," Les jardins d'enfants de Frédéric Froebel, nouvelle méthode d'instruction et d'éducation”. Paris, G. Gratiot, 1855- Marenholtz Baronne de “ méthode Fröbel ”, in “ L’ami de l’enfance ”, tome p.261-278 ; tome 2 p.1-41-64, 1855.introduction de la baronne de Marenholtz, Paris, Fishbacher 1877. - Masson O. , “ L’école Fröbel- histoire d’un J. E. ”1880–Michelet J.,"L'évangile de FROBEL", extrait de "Nos fils", publication de l'Union frœbélienne de France, Nathan, 1912.- Société Froebel Association pour la propagation des meilleures méthodes d’enseignement dans les écoles et les salles d’asile. Assemblée Générale du 9 février 1879. Paris. Chaix et

Cie. 1879famille, des salles d’asile et des écoles primaires.”Paris, Sandoz et Fishbacher. (date?)- l’Education enfantine “ Les études Fröbeliennes ”, série d’articles1911-1912.

Biographie

Frédéric Fröbel naît à Thuringe, en Allemagne en 1782. Il perd sa mère très tôt, à quelques mois, il est élevé par sa belle-mère. Son père, pasteur, aime la nature et initie son fils au jardinage. Mais Fröbel sera surtout élevé par un oncle: Hoffmanqui saura lui faire confiance, alors que son père était rigide.Chez lui il va aller à l'école, mais ce sont surtout ses deux frères vont s'occuper de lui.Il est forestier durant deux ans et apprend la sylviculture, lagéométrie et l'arpentage. La nature aura toujours de l'importance pour lui. Elle lui servira de ressourcement dans les moments difficiles de sa vie. Il aime les mathématiques, ceque l'on retrouvera plus tard dans l'organisation de ses jeux.1799: Il va à l'université d'Iéna pour étudier le droit et la philosophie. Il y sera incarcéré comme insolvable, retourne chez son père où il écrit beaucoup.Il étudie la minéralogie, la physique, la chimie, est intéressépar l'architecture et les philosophes. Découvre J.Pestalozzi grâce au pédagogue Grüner.1805: devient instituteur. Séjourne à Yverdon pendant 15 jours,il trouve l'enseignement de Pestalozzi trop morcelé. Découvre J .A. Comenius, un des premiers pédagogues à avoir parlé des petits enfants, grâce au philosophe Kraus..1811: Va à Guttingen où il apprend le sanscrit, l'hébreu et le grec. Il est intéressé par les phénomènes astrologiques.1813-1814 : il fait la guerre contre Napoléon, revient ulcéré et retrouve la paix avec la nature. Il y a rencontré deux de ses futurs collaborateurs. 1816: travaille au musée minéralogique.Réfléchit à une pédagogie liée à une philosophie où le matérielque les enfants manipulent a un sens. Il fait une étude sur leslettres à qui il va donner un sens et une valeur dans leur prononciation.1818: se marie avec une femme divorcée qui a une fille adoptive.

Fonde un institut d'éducation où il réalise les idées de Pestalozzi. Il n'y a que 13 élèves dont ses neveux. Ses collaborateurs, rencontrés à la guerre, sont Langethal et Middendorf. On y fait beaucoup de sports, de nombreuses promenades à la campagne, on s'identifie aux chevaliers teutoniques, l'éducation est libre, on suscite l'activité de l'enfant, plutôt que de tenter de lui faire accumuler des connaissances. On mène de front l'éducation physique intellectuelle et morale. La vie est pauvre. Son frère industriel vend tout et vient s'installer avec lui. En 1826 il a 56 élèves. Mais on calomnie son école, il doit la fermer. Il va en Suisse, aidé par un ami il ouvre une école mais il est attaqué par le parti clérical.Ecrit en1826: "L'éducation de l'homme" ouvrage à dimension philosophique dans lequel il présente entre autre, sa théorie du jeu. Il fonde une revue: "Les familles éducatrices",1833: Il ouvre un institut à Willisau où les élèves ont du succès à l'examen. Il donne des cours à l'école normale1834: on lui confie un orphelinat à Burgdorf en Suisse.Il s'intéresse surtout aux petits. Il passe des heures à observer les bébés. Il pense qu'il faut régénérer l'humanité encommençant par la base. Observe de plus en plus les enfants, les regarde jouer et conçoit peu à peu sa pédagogie.1836:Il fonde le premier « kindergarten » (ou jardin d'enfants)à Blankenburg. Il crée son matériel, invente des jeux et des chants.1840: donne le nom réel de « Jardin d’enfants »; fonde un autrejournal "Venez, vivons pour nos enfants".1843: Il publie " les chants de la mère", recueil de 7 chansonsoù il emprunte à "celles qui savent" et complète. Ce sont des jeux, des comptines, des récits, de la gymnastique, des berceuses que la mère chante aux nouveaux nés. Il y a des chants de gymnastique pour développer le corps de l'enfant, luidonner de bonnes impressions, des chants pour l'ouvrir à son père et son entourage, d'autres pour l'ouvrir à la nature, aux autres hommes et à Dieu.Pour lui l'éducation est la science des mères ; Le J. E. n'est pas en concurrence avec la famille car l'enfant n'y passe que quelques heures.1844: Il publie " 100 chansons de la balle". Ce sont des chantsqui accompagne des jeux de balles, pour éveiller l'esprit de l'enfant.

La baronne de Marenholtz qui va le visiter avec le directeur del'école normale de Berlin, va divulguer sa méthode en Europe etaux Etats Unis.1844: Il décide de former des jardinières d'enfants, travaille avec des adjointes qui rendent sa méthode rigide. 1848: Il développe des cours sur les jardins d’enfants, mais n'a pas de succès auprès des instituteurs.1850, crée de nouveaux J. E. à Marienthal où on vient suivre ses leçons.1851: Il se remarie avec une de ses collaboratrices qui va continuer son œuvre après sa mort.Est accusé à tord de faire de l'athéisme et du socialisme car on le confond avec un de ses neveux qui porte le même nom. Il lui est interdit de continuer son œuvre. On lève cette interdiction 8 ans après, mais il est déjà mort.1852 meurt à Marienthal dans le duché de Saxe, après avoir été applaudi au congrès des instituteurs allemands.

Bien évidemment, nous n’avons pas pu ni voulu ici donner un panorama exhaustif de l’histoire des grands éducateurs. Retenons simplement les principaux « oublis »(conscients) : Maria Montessori, Oberlin, Janus Korczak, Pauline Kergomard, Francisco Ferrer, Makarenko, etc… et bien d’autres qui ont marqué les progrès en matière de pédagogie.Le but était plutôt ici d’esquisser les grandes lignes, à travers leurs promoteurs, de la recherche en la matière. Nous développerons bien entendu le travail de Comenius de façon plusapprofondie, dans la suite de notre étude.

Les exemples développés ci-dessus touchent plutôt l’époquemoderne. Voyons ce qu’il en était, d’abord dans l’antiquité. Voici donc deux exemples historiques de « visions » de l’éducation :

Nous aimerions maintenant brièvement montrer la parenté de la Rose-Croix hermétique actuelle avec la Gnose égyptienne, donc avec le système grec, afin d’en tirer d’utiles conclusions pournotre tâche pédagothérapeutique actuelle. Nous utiliserons surtout les quatre tomes des commentaires de Jan Van Rijckenborgh (G.O.E) et les deux tomes de Her-Bak pois chiche et Her-Bak disciple, de Schwaller de Lubicz.

Ceci, bien qu’il va falloir sérieusement et concisément abréger, nous semble fondamental car la grande révolution actuelle, aussi bien en matière de spiritualité que d’éducation, exige une parfaite compréhension des « temps ».

En effet, il n’est plus question de nos jours de chercher,sous quelque prétexte que ce soit, à tirer la couverture à soi.Ce qui signifie que celui ou celle qui cherchera à faire passerses idées personnelles pour la Gnose sera immédiatement démasqué. Car la gnose est Force, Rayonnement et Lumière, et laParole est un état d’être et non une suite de mots. D’autre part, qui pourrait prétendre parler au nom de la Gnose sinon celui qui possède déjà le nouveau corps de l’âme lié à l’Esprit ; et encore celui ci restera-t-il d’une grande discrétion et d’une grande modestie. Je ne peux ni ne dois ici cautionner tout travail ou prise de parole qui affirme et décide, de façon péremptoire, que tel est le dogme et telle estla loi. Une grande patience et une grande intelligence sont iciindispensables.

Et puisque nous avons pu plonger dans le passé et faire face à l’éternité dans le temps, notre exigence est maintenant absolue. Plus rien ne nous appartient puisque nous appartenons à l’éternel présent. Notre unique loi est celle de la compassion vraie issue de la conscience d’une responsabilité sans excuse ni faux fuyants. Il nous appartient maintenant d’aller jusqu’au bout de cette épreuve formatrice du passage dans l’espace et dans le temps, puis jusqu’au bout de l’accomplissement du nouvel état-d’être de l’homme âme esprit, un avec le tout divin et enfin jusqu’au bout du travail de la Fraternité, qui poursuit son travail jusqu’à ce que la dernièreâme soit sauvée. Voici tout d’abord un commentaire d’une illustration d’un des livres de Mr Jan van Rijckenborgh, sans plus.

La Mère originelle (explication de l’illustration au début de la Gnose Originelle Egypt. II)

« La Mère du Monde , ou Mère Originelle qui est une étoileà cinq branches au Centre des constellations sidérales existantes, reçoit le feu du Père ou le septuple feu de l’esprit.

Grâce à l’interaction harmonieuse entre la tête et le cœur, la lumière de l’astral irradie la tête et le cœur de la Mère Originelle, ce qui fait naître en son sein une source d’eau vive, le courant éternel ;

Ainsi, par la semence du Père, la Mère engendre une descendance, le Fils, une réalité vivante ; Le plan de créationdu Père se manifeste par la force de la Mère. »

----------------

Qu’y a t il de commun entre un pois chiche et un faucon ? La Mère originelle engendre les deux et leur donne une similitude d’apparence qui donne la puissance d’évocation de l’accomplissement du nom « Her-Bak », face de faucon ou pois chiche. On y retrouve aussi Horus, le fils de la veuve. L’accomplissement du Nom, c’est la manifestation et la réalisation du nouvel état véhiculaire quadruple, quintuple, puis progressivement septuple du « Fils ».

Le Nouveau Penser, condition inéluctable de l’autonomie réelle,s’il constitue l’expression du quatrième véhicule encore embryonnaire enfin réalisé de façon concentrique, se développe en un corps de feu qui donnera naissance au cinquième véhicule de l’Intelligence, puis deux autres « Corps » perfectionneront et démontreront la perfection du Fils de l’Homme, de l’Homme Dieu. Car, comme le dit Hermès, les dieux sont des hommes immortels et les hommes (actuels) des dieux mortels.

Et tout cela commence par des choses très naïves, très simples.Celui qui parle aujourd’hui d’ouverture du cœur prête plutôt à sourire, et pourtant, c’est par là que tout commence, et cela le plus tôt possible, dès la prime jeunesse. Et qu’on ne nous rebatte pas encore les oreilles à nous dire que certains y sontprêts et d’autres non ! Qui décidera de qui est prêt, si ce n’est justement la voix du cœur ? Tous doivent recevoir les possibilités de tous, et rien ni personne ne doit être laissé à

l’écart. Toute semence porte ou portera son fruit, et celui ou celle qui ne jette pas la semence dans le sillon alors qu’il peut le faire se charge d’une lourde faute.

Et nous voyons un énorme mastodonte, immonde reptile, machine rouillée lentement s’effondrer, l’Education Nationale en France, (d’autres dans d’autres pays), qui continue cependant àperpétrer des meurtres d’âmes par une « école des egos » qui incite à et entretient l’état de guerre économique, politique et intellectuel ; ce qui est la meilleure façon d’empêcher la sérénité nécessaire au passage de l’humanité à une spirale supérieure, même si, au pire, on peut considérer que même une situation d’humiliation et de tension révoltante possède sa part de dose formatrice. Oui, mais à quel prix ?

Revenons quelques instants à l’Egypte et considérons la façon dont y était conçue l’élévation, l’éducation (élève, e-ducere).Pour ce faire, jetons un œil dans ce merveilleux petit livre que tout éducateur devrait lire et relire, Her-Bak Pois Chiche,de Schwaller de Lubicz.

On y voit au début un « petit insolent », fils de paysan, voué probablement à succéder à son père à la tête de la ferme, s’y ennuyer ferme. Et si un pédagogue de premier ordre, qui se trouve en même temps être un sage de son temps ne l’avait pas remarqué à la suite d’une incartade pendable … sa vie aurait été une suite d’humiliations et d’incompréhension, la mort d’une âme pourtant si sensible. Et ne voit-on pas tous les jours se reproduire ce drame dans nos écoles et nos cités.

Il est vrai que dans l’ancienne Egypte, toute la structure de la société, autour de l’axe du temple, tendait à vraiment, par l’exercice de la Maat, justice-vérité-amour, à permettre l’émergence de cette ouverture du cœur et son épanouissement, et donc à donner à tous ce qui lui permettrait d’exercer au mieux son métier d’homme en chemin vers la manifestation du Dieu en lui.

Ecoutons : « - Est-ce bien le chemin, ô mon âne ? … Tu as perduta route ? Moi aussi !Ce pays est nouveau pour nous deux : autant de sable que de champs !Et ce long mur qui ne veut pas finir… »

Her-bak, jeune garçon qui vient juste de recevoir son pagne, denouer sa ceinture, s’est égaré ; mais n’avons nous pas nous aussi perdu notre route, et ne nous trouvons nous pas dans un pays nouveau, derrière un long mur … ? Le char ailé du Phèdre de Platon est devenu un âne ignorant et perdu.

« Ciel Lumineux jusqu’à la blancheur aveuglante ! Sur l’horizon d’Orient, un profil de cimes arides borne l’étendue désertique. Le sable caillouteux s’approche jusqu’aux bords de la terre vivante…Deux puissances rivales : un Soleil et un fleuve, dont l’épouse commune espère la fécondation ou doit subir la consomption, l’une et l’autre sans concession, sans artifice, sans excuse.

Sans excuse…, Ô Egypte, ô terre des Neter ! »

Ne voyons-nous pas ici la rigueur de la responsabilité de l’homme, car celui qui souffre ou qui fait souffrir, c’est sansexcuse que chaque homme éveillé s’en juge le co-responsable. Ily aurait encore tant à dire sur ces quelques mots d’introduction qu’il est préférable de se taire.

« Sur le bord du chemin qui longe les cultures, une haute muraille arrête la vue, au grand dépit d’un enfant curieux qui chevauche son âne en poursuivant son rêve.

- C’est une montagne ce mur ! Que peut-il entourer ? (montagne symbole de l’initiation N. D. A.) Pour être si haut, il doit cacher quelque chose … quelque chose d’immense ! …(en effet)…

- Mon père est grand cultivateur …je ne serai pas cultivateur…Arrête toi, fais halte, je veux savoir ce que cache ce mur. »

Et c’est ainsi que le jeune curieux, sans le savoir, va découvrir l’existence du temple, car son cœur assoiffé (ab) l’yappelle. Ce jeune étourdi ne sait pas qu’il scellera ici bientôt un destin d’exception.…A pied d’un sycomore , l’âne, docile, stationne sous la plus basse branche. Alerte comme un singe, l’enfant s’agrippe ; il

parvient peu à peu à se hisser jusqu’au faîte de l’arbre. Mais la hauteur du mur défie l’œil indiscret. »

Et l’âne n’est pas si docile que cela puisque le voilà qui a filé ! L’enfant cherche l’issue qui ouvrira la porte… «  Soudain, un cri de joie, une porte dans la muraille !… il se hisse sur une borne, il agrippe ses doigts aux portants…

- Hé, fripouille! Si tu ne descends pas sur tes pieds je te fais redescendre sur la tête…D’où sors-tu vadrouilleur, né d’hier ? Sûrement tu es fils de ton âne !

- Je ne suis pas né d’hier, hier j’ai noué ma ceinture ; traite moi comme un homme, je ne suis plus un moutard ! »

Combien se croient des hommes et ne sont que des moutards, et combien sont prêts à humilier ces jeunes impatients, alors qu’ils valent bien moins qu’eux !

« - La grosse patte noire empoigne la « ceinture nouée d’hier », le renverse tête en bas… et d’une magistrale volée, le remets sur ses pieds … le cache-sexe déchiré reste aux mainsdu gardien.

- Fils de singe, rends moi mon daïou ! Rends le moi !…- …- Alors un grand sanglot secoue le petit homme »

Il ne sait pas encore que son apprentissage commence. Il devra apprendre à reconnaître un pédagogue chez son pire ennemi, il devra savoir et comprendre, et cela ne viendra pas forcément sans mal, que tout est source de connaissance pour celui qui deviendra responsable de tous et d’abord de lui-même. Car l’intégration à la chaîne passe par la victoire sur soi et l’abandon de toute lutte. Et en effet, le sage n’est pas loin …

« Que t’as fait cet enfant !Sous le regard hautain, la brute s’affaisse, domptée, et vient lécher les pieds du maître en tremblant.- Que t’as fait cet enfant !(…)- Que ta grandeur l’apprenne : ce pou a voulu forcer

cette porte…- …

- Il m’a volé mon cache-sexe : je ne peux plus retourner chez mon père !

Le Maître, amusé observe en silence ; l’enfant, honteux, renifle et boit ses larmes……- Que va dire mon père ? Ce matin je me suis levé comme un homme fier … et voilà : je suis nu … nu… nu !- Et avant-hier, tu ne l’étais pas, nu ?L’enfant, interdit, hésite :- Je… je ne savais pas !Un large sourire sur la face grave ; la grande main entraîne la petite main … la petite main…Quelques pas… et l’enfant, suffoqué, voit s’ouvrir la porte du mystère. »

Et voilà la première leçon de connaissance, ou plutôt d’ignorance que reçoit Her-bak, pois chiche, face de Faucon d’Horus en devenir. Il découvre l’immensité de son ignorance. Souvenons-nous du jour ou nous avons nous aussi découvert l’abîme qui nous séparait de la connaissance, du jour ou nous avons, reconnaissant pourtant, pris conscience de notre triste état et des immenses possibilités auxquelles nous pouvions cependant, grâce à l’immense amour des sages, aspirer si nous étions prêt en toute innocence à passer la petite porte.

Et comprenons, après cette magistrale leçon de pédagogie, que malgré tous les gardiens prétentieux, nous devons veiller en toute circonstance à préserver à tout prix et chez le plus inattendu de nos frères, le feu latent, oui, même à souffler discrètement dessus, pour qu’il puisse lui-même, en toute autonomie, en faire un flamboiement intense. Car la patience dont on a fait preuve envers nous, nous devons maintenant en faire preuve vis a vis de tous. En chacun gît un « Her-bak ».

Ah, la force, la puissance et l’inéluctabilité du feu !La douceur de la combustion !

Seul un feu pur et équilibré, maîtrisé, a la faculté de se frayer un chemin à travers tous les obstacles. Face au chaos età la misère des déchaînements qui s’affrontent, feu d’enfer quifait rage, seule une magie du feu libre de pathos peut sauver et préserver, protéger, et faire vraiment vivre.

Nous en trouvons le témoignage dans la Gnose Egyptienne : « Lescorps des êtres célestes gardent l’ordre unique que le Père leur a donné dès l’origine ; et cet ordre est maintenu indestructible par le retour de chacun d’eux à l’état de perfection »

Ecoutons ici les commentaires de JVR :« Celui qui apprend à dominer le feu, celui qui ne se donne pasà l’activité explosive, tient en son pouvoir la force opposée. L’équilibre entre ce qui est centrifuge et ce qui est centripète, entre chaleur et froid, les forces jumelées de la nature, a pour conséquence l’harmonie véritable, le métabolismeidéal, la transfiguration. Si vous vivez ainsi, le classique péché de Lucifer est supprimé. Tel est le secret de la magie gnostique. » (G.O.E. t II p. 266)

Et au fond, tout ce que nous avons pu vivre ou expérimenter d'une façon ou d'une autre ne fut il pas une préparation au grand œuvre de détachement, une préparation qui comportait déjàdes éléments de cette cessation des désirs dont parlait déjà leBouddha. Tout homme dont l'aspiration est authentique est placédevant cet accomplissement, quelle que soit sa place dans une soi-disant hiérarchie intérieure ou extérieure.

Chaque jour nous confronte à cette exigence, qu'en faisons nous? Bien sûr, nous trouvons toujours des moyens de nous arranger avec . Nous savons bien que ce qui nous retient encore devra sedétacher de nous. Chaque jour, chaque heure, est pour nous l'occasion d'aller encore plus loin dans ce processus radical, sans évolution. C'est l'éveil et la disparition de la souffrance, ou bien le massacre de Dogville.

La relation avec l'autre, n'importe quel autre, est parfois tellement complexe et incompréhensible, qu'il est souvent préférable de ne pas trop " chercher à approfondir " certaines attitudes qui nous échappent. Ce qui compte au fond, n'est-ce pas de rester sans trop de réaction sur le plan de la personnalité. Et une attitude franchement désagréable d'un " autre " ne doit surtout pas être encouragée par une demande d'explication qui serait ici intempestive.

Imaginez un monde ou jamais au grand jamaisOn n'oserait rabaisser , diminuer quiconque.Imaginez un monde ou la moindre moquerieComparaison compétition, serait inimaginable ;Ou il serait impossible de penser même :

Regarde le voisin prend exemple sur lui.Imaginez alors plus jamais de rancuneEt d'énergie perdue à esquiver l'ignorant(e)Encore à ce niveau de relation inhumaine.Mais ce monde existe, dépend de toi, de moi.Il attend que nous le fassions naître.Car il n'existe pas de toi de moi, mais un Nous plein d'Amour qui veut nous embrasser.Et au lieu de dire : " qu'est-ce qui ne va pas, quel est ou quels sont les problèmes ", on dirait alors : " que puis-je, que pouvons nous faire, comment pouvons nous aider, faire avancer la situation ; oui, là il y a un travail, quelque choseà faire ! "

Et ceci est valable sur tous les plans de la matière et del'esprit.

Une image me revient : une classe où la parole se dilue dans le groupe, une préparation est en cours, ambiance de sallede rédaction. Je laisse faire. C'est la meilleure solution pourl'instant. Soudain un élève a une demande particulière, veut que je lui lise et explique un passage d'Harry Potter, dont nous parlions auparavant. Immédiatement, mon attention se portesur lui, et deux ou trois élèves embrayent. Ce qui fut expliquécette fois là fut compris et intégré ! Nous devons tout le temps être à l'affût de la meilleure façon d'aider ceux qui nous sont confiés, en fait par notre simple présence, par notreattention silencieuse et sans artifice. Cela est infiniment simple, c'est une exigence dont on ne peut se passer ; il est peut-être superflu de trop en parler…

Et comment agit donc le “Maître” avec Her-Bak :... - Petit, quel est ce signe?- C’est un oeil.- C’est un pied.- Dis ce que tu comprends.

- L’oeil me regarde, et le pied ...est posé. Oh! Celui là veut marcher.Quelle simplicité, n’est-ce pas! Nous en sommes presque dérouté, cet enfant ne semble pas bien malin... Et pourtant, écoutons la suite.Le prêtre triomphait (Ne sommes nous pas souvent, trop souvent ce prêtre) :- Ta Grandeur daigne le constater, il ne sait rien- Et toi, dis lui ce que tu sais.Dédaigneuses, les lèvres prononcèrent : - Ce divin caractère, qui est l’image d’un oeil, se lit àr ; c’est un signe horizontal. Cet autre se lit b ; c’est le signe du pied vertical, relatif quand à sa hauteur, affectant forme de pied quoique jambe, et supposant la jambe quoique pied. Entre autres acceptions canoniques ...- Cela suffit pour aujourd’hui : mais si Râ pouvait effacer de mon cycle cinquante de ses circuits, je sais fort bien lequel des deux savoirs je choisirais.- Oserai-je espérer l’entendre de ta bouche, O Maître de Sagesse?- Certes, ce ne serait pas le tien....Et la parole continue dans sa simplicité, cette fois adressée àHer-bak :

- ... un autre maître t’attend pour éveiller ton coeur.- Où m’attend-il?- Dans ton jardin, dans ton champ d’orge...- Je ne l’ai jamais rencontré.- Tu ne savais pas le chercher. Il aime les questions d’enfant ; demande au grain comment il s’ouvre, compte les pousses du palmier, apprend l’heure avec les oiseaux ; demande au vent du Nord d’où vient son souffle vivifiant, au vent du Sud d’où vient son feu.- Qui répondra?- Celui dont tu porte le nom.Quand donc chaque enseignant, devenu un Maître de Sagesse, pourra-t-il répondre avec autant de simplicité et de pertinence?...Comment le Sage essaie-t-il de dompter ce qu’il faut bien appeler l’insolence d’Her-Bak (qui veut dire à la fois pois chiche et faucon, le symbole d’Horus)? Nous le voyons un peu plus loin quand celui-ci est invité à l’école des scribes, où

il commence à se gonfler d’importance! Et d’abord comment se passe son arrivée à l’école des scribes : Accablant est le soleil; somnolent est le portier affalé sur leseuil. Une galopade de pieds nus le réveille en sursaut :- C’est toi, Pois Chiche?- Moi-même en vérité! Salut portier, fils de portier, qui engendrera des portiers jusque dans l’éternité!- Salut voyou, fils de voyou, qui engendrera des voyous aussi mal lavés que leur père.- Répète ce que tu as dit!

- C’est ton maître qui te le répètera. Va donc le voir dans cette tenue, barbouillé ... Va, cours, il a déjà demandé ses sandales (NDA : le maître Menkh a choisi Her-Bak comme porteur de sandales, ce qui constitue pour Her-Bak un insigne honneur).

- ...- Tu me dois le respect, je viens de l’école- - J’aurais du le deviner à ton insolence.- ...- Et ainsi HB va se présenter devant celui qui est chargé

de le guider dans son apprentissage, dans tous les sensdu terme. Et comment va-t-il “châtier” Her-Bak ?

- ...- Menkh présente un miroir devant la face tachetée d’Her-

Bak.- - Admire ton visage, ô Her Bak ! Thot enseignera-t-il

son singe maladroit, qui ne sait même pas maîtriser soncalame ?

- Devant son image grotesque, la honte de Pois Chiche se change en décision soudaine :

- - Ô Menkh, que ta justice châtie ces doigts coupables, mais que ton mépris n’écrase pas ton serviteur : il n’avait pas compris !

- - L’ignorance n’est pas une excuse, Pois Chiche. Si lespremières leçons ne m’avaient point appris l’importancedu geste parfait, jamais on ne m’eut introduit dans lessecrets des techniciens dont je suis le chef aujourd’hui. Ces douze mois d’école, que t’ont-ils appris ?

- - Je connais les hiéroglyphes et je sais les transposeren cursive.

- - Montre moi ton travail.

- ...- - Le travail vaut les mains de l’ouvrier. Le scribe,

ton maître, est-il satisfait de ces chefs d’œuvre?- - Sans doute, il ne m’a fait aucun reproche.- - Quelle place te donne-t-il à l’école?- - Dès le premier jour, il me fit asseoir à ses pieds;

il ne m’a jamais enlevé cette faveur- - N’as-tu point honte d’usurper la place d’un bon

élève... Ton coeur serait-il souillé comme tes doigts? Pois Chiche pleure, vaincu...Menkh déchiffre les tessons apportés par HB.

- - Le noble scribe royal, Pois Chiche,...Celui dont on apprécie tout ce qui sort de sa bouche, Pois Chiche, ... Celui qui connaît tous les secrets du Ciel et la Terre, Pois Chiche, ...

- Qui t’a dicté ces textes admirables- ...

Et quelle sera la décision de Menkh ? Eh bien, après avoir vertement tancé Her Bak et rabattu son caquet, il va confier Pois Chiche à ce que nous appellerons “l’enseignement professionnel et technique”. Et non pas pour l’humilier en le renvoyant à des tâches subalternes ! Non ! Pour lui apprendre l’importance du geste et de la parole justes et réfléchis, pourlui donner quelques notions d’humilité et de courage, en bref pour le faire “mûrir” au contact des maîtres-artisans, à la parole rare et au compliment parcimonieux.

Suivant Her Bak au cours de cette formation, aventure passionnante et positive. Et tout d’abord, Menkh va s’en prendre à l’instructeur, responsable de la faute de l’élève :

- Le Sage t’a confié Pois Chiche, fils de Sita, qu’en as-tu fait ?

…- Seigneur, je l’ai traité comme un élève de choix, digne

de l’intérêt qu’il inspire au Maître de sagesse. (On voit déjà la flagornerie s’insinuer, encore présente de nos jours où sont toujours favorisés les « bons », issus des classes favorisées)

- Ne réponds pas avec astuce. Tu l’as traité comme un vilfavori : tu es responsable de sa chute…

- …Menkh le regarda avec mépris :

- Moi, dit-il, je bénis le maître dont le bâton m’inculqua, lorsque j’étais écolier, la nécessité de l’effort ! L’homme paie de ses larmes le prix de la conscience, si l’animal n’a pas été dominé chez l’enfant.

- …- … Race d’esclaves ! S’il n’y avait chez nous d’autres

enseignements que celui de vos classes bornées, ô scribes formalistes et prêtres profiteurs, il faudrait ensevelir la Sagesse de nos Pères comme un trésor cachéaux profanateurs. (Bien des professeurs correspondent encore à cette description, et, en ce qui concerne les trésors, ils sont depuis longtemps enfouis et ne se révèlent qu’à ceux qui ont eu la chance et la conscience suffisante pour être bien guidés).

Retrouvons maintenant Her-Bak en présence de Menkh.- Voici : tu as gonflé ta mémoire de formules et cœur de suffisance (ici je me souviens de bien de mes condisciples au Lycée et à l’Université) ; tu devras constater maintenant que ton savoir est faux devant celui d’un carrier, d’un maître charpentier, ou même d’un potier aux doigts habiles … qu’il faut, pour faire d’une pierre un chef d’œuvre, avoirl’oreille dans le cœur et l’âme vivante dans les doigts. …Dès demain tu entreras en atelier ! (Quelle belle façon de faire comprendre au jeune la noblesse des métiers manuels, et quel programme pédagogique digne d’intérêt qui accorde tant d’importance au cœur et à l’âme)(…)

Pois Chiche réfléchit, il soupire :- J’ai porté la robe de scribe : qu’en ai-je fait ? Je

l’ai salie … Ô, écolier, je crois que tu te trompes encore de sentier ! (…) Chaque métier donne une puissance à l’artisan ; le pagne du technicien est aussi beau pour lui que l’est, pour le scribe, sa robe à plis … Et si mes anciens compagnons viennent pour se moquer de moi, je saurai ce qu’ils sont, mais eux ne sauront point ce que je sais ! (Ici nous voyons bien que Pois chiche, prototype du jeune doué mais orgueilleux et parfois insolent, tourne encore les choses à son avantage ! Mais Menkh, qui veut dire juste d’assemblage parfait, va bien vite démasquer cette tendance qui resurgit, même au moment de la prise de conscience. Là est un des rôles du

pédagogue, sans pitié pour la personnalité de l’élève, quoiqu’avec des nuances et sans méchanceté aucune, bien entendu, [mais est-ce vraiment bien entendu ?] : démasquer ce qui n’est pas compris, assimilé, intégré, et ceci sans relâche)

Dans sa nouvelle ardeur, il revient en hâte vers Menkh :

- Seigneur je serai le meilleur des techniciens, j’ai compris qu’il n’y avait pas de sot métier. Si, par ta décision, je dois un jour quitter les ateliers, ce ne sera qu’après avoir vaincu toutes les difficultés qu’untechnicien aux doigts habiles peut y rencontrer (quelle audace dans la prétention et l’outrecuidance ! Mais la réponse, cinglante, ne se fait pas attendre !)

- …Pourras-tu commencer par être un modeste apprenti ?Pois Chiche, confus, regarda ses mains et répondit :- Je pourrai ! … Et les taches de mes doigts ne seront

plus de l’encre : ce seront les signatures d’un métier ; pourront-elles effacer celles de mes tessons (ce n’est pas encore l’humilité parfaite, loin s’en faut ! La réponse est à la hauteur de l’ambition, implacable)

- Agis.

Nous voyons au cours de ce bref passage que l’Egypte comme la Grèce et nous mêmes, avons pour tâche de guider le jeune vers lui-même, ses problèmes particuliers, et l’inéluctabilité du travail sur soi. Ici, l’injonction « Agis », pousse Pois-Chicheà un travail sur soi qui ne pourra avoir comme issue que la visible acceptation de la supériorité de l’autre, du « maître-artisan » auquel il sera confronté et des lois de la nature, qu’il rencontrera de façon irréfragable. Menkh le sait bien, etle programme d’études mis au point pour Her-Bak l’amènera, entre autres, malgré un caractère bien trempé, mais difficile àplier, au rite du respect devant Pharaon.

Suivons ici quelques passages de ce voyage dans la vie technique des ateliers et des maîtres artisans :

- …Comme il l’avait vu faire, il pose une boule de glaisesur la plaque, et tourne en creusant la masse avec ses doigts ; après plusieurs échecs, il réussit à en éleverles bords, comme une coupe : quel triomphe ! …mais

voici qu’elle prend une forme bizarre, évase d’un côté sa panse cabossée, virevolte en soubresauts étranges, et vient s’affaler sur le bord comme une fleur fanée. …(Plusieurs fois il recommence, puis entre en rage)

Le rire narquois du vieux potier l’arrête …- Qui t’a permis, novice. … C’est le tour qui est maître

du potier. Tu es fou de vouloir tourner un pot sans le centrer : ne sais-tu pas que l’axe est le Neter, le dieu du tour … Regarde : (Et le potier, avec des gestes de virtuosesfait le travail magique de Khnoum)

- Tu vois, il suffit de situer son axe en plein milieu.- Mais le milieu est vide, je n’y voit rien !- Ah ! Vraiment ! Et qui donc, dans les Temps des Temps,

aura vu l’axe ?

En quelques minutes, Pois Chiche, par la pratique manuelle, a été confronté avec des problèmes métaphysiques de la plus hauteportée, sans même s ‘en rendre compte. Vu son âge, ce n’est déjà pas mal, la conscience viendra plus tard. Mais l’importance du vide, fondement d’une grande partie de la philosophie chinoise, l’exigence de l’axe, base de l’astronomieet d’une partie de la physique des volumes sphériques et surtout cette évidence contre laquelle il se bat avec fureur : les lois de la matière ne peuvent être contournée avec la matière. Le pédagogue a ici été le potier, à nous pédagogues dedevenir les potiers de nos élèves. Mais Her Bak ne s’avoue pas vaincu, il veut faire des pots carrés !Bien sûr, il échoue, dans son désir d’originalité et de variété.

Comment réagit le potier ? Par un échange approfondi au cours duquel il lui dévoile l’existence du « chef-d’œuvre ». Ilest intéressant de constater l’importance de cette notion dans le contexte éducatif, même avec des jeunes. Au cours de mon enseignement, pour apprendre l’anglais, le « test » d’apprentissage consiste en un travail écrit fait au cours de l’année, pendant un temps variable, appelé « written masterpiece ». Et il s’avère que l’élève trouve là le moyen, 1)d’exprimer ses découvertes de façon approfondie, en anglais bien sûr et 2) pour une fois d’aller au fond, d’explorer de façon plus ou moins complète un sujet qui lui tient particulièrement à cœur, et ainsi de mieux connaître à la fois lui-même et le monde/.

- Qu’est cela, un chef-d’œuvre ?Le vieux potier rentra en lui-même, puis il dit :- Le chef-d’œuvre, c’est l’ouvrage qu’on a créé avec son

âme, qu’on a conçu avec son cœur, qu’on a gesté avec son corps, depuis la peau jusqu’aux entrailles … qu’on a vécu, qu’on a porté jusqu’au temps où, comme un fruitmûr, il est mis au jour par les doigts. (Il y faut)… , Ecouter la voix muette des Anciens, observer la Nature,et se taire.( nous voyons ici la « noblesse » du chef-d’œuvre, que le pédagogue actuel devra apprendre à remettre à l’honneur)

Au cour du reste de la conversation, le potier dévoile à Her-bak l’essentiel de son savoir, lui faisant remarquer que l’idée géniale qu’avait eu Pois Chiche était d’avoir « tenté » le pot carré, ceci lui ayant démontré plus qu’aucun raisonnement ne l’aurait pu, la puissance cachée de la loi naturelle en question. L’erreur fait parfois, par l’expérience pour l’enfant, approcher de la connaissance et de la vérité, et nous devrons souvent nousrappeler ce passage afin de laisser la liberté de l’expérience, même si celle-ci nous semble absurde. Ceux qui sont plus avancés que nous sourient parfois avec compassion quand ils nous voient agir de façon insensée, mais nous laissent faire. Soyons capable de la même attitude !

Mais voici la question fondamentale à laquelle arrive notre héros :- Qu’est-ce donc, un Neter ?Là le potier avoue son ignorance ! Serons nous capable d’avouer notre ignorance devant une question difficile d’un élève, ou nous réfugierons nous dans un long raisonnement, qui au reste ne trompera pas lejeune, mais nous rassurera dans notre illusion ?Et la fin du dialogue doit nous faire profondément méditer, nous qui nous targuons de modestie.- J’apprendrai beaucoup avec toi ;- Tu n’y resteras pas longtemps, petit ; ton tour est

plus vaste et plus vif que le mien.- Faut-il donc toujours quitter ce que l’on aime ?

- Tout ce qui bat d’un cœur unique ne se quitte jamais … Pour le reste qu’importe !

Et là, vous tous qui parlez de science sacrée, d’enseignement universel et de connaissance supérieure, aurez vous le détachement du vieux potier ? Vous qui avez l’audace d’apprendre aux autres autrement que de par votre propre expérience, saurez vous laisser à d’autres ce qui ne vous appartient pas. Vous les pédagogues patentés, retournez à l’atelier pour y trouver le bonheur de celui qui a réellement conscience d’appartenir à la Fraternité de la vie, même s’il sait qu’il n’en est qu’un tout petit rouage…Combien de pédagogues ou d’instructeurs s’agrippent des deux mains à leur statut, à leur « place » dans quelque institution que ce soit, alors qu’ils ne sont parfois rien devant un rire d’enfant, alors qu’ils sont victime de ce si classique désir de briller, d’être considéré, apprécié, reconnu. Il est non seulement possible, mais absolument nécessaire, de « faire autrement », sinon nous restons des handicapés, des sous-développés de l’âme. Chacun de nous, pédagogues surtout, devrait être capable de méditer fructueusement sur ces points.

(…)Un peu plus loin, nous sommes placés devant un passage qui

nous semble tellement d’actualité, qu’il est en fait la préoccupation presque quotidienne de nombreux éducateurs, enfinde ceux qui voient plus loin que «le bout de leur nez ». Her-Bak, comme cela lui arrive souvent, questionne, car il n’accepte pas facilement les idées préconçues, ce qui est de plus en plus rare de nos jours, soi dit en passant. :

- Seigneur, j’ai deux questions à te poser, dois-je le faire (Nous voyons ici que Pois-Chiche en a un peu rabattu, il est quandmême beaucoup moins insolent, en tout cas il prend maintenantdes précautions oratoires)

- Je t’y autorise, dit Menkh, mais je puis déjà te répondre à l’une d’elles : la leçon du bâton t’a été profitable, elle a mis du respect dans ta voix, dans tarequête et dans ton attitude.

(…)- Seigneur, tu lis ma pensée dans mes yeux, alors… je

n’ai pas à te demander … si les hommes ne peuvent être dressés sans le bâton ?

Menkh montra un visage attristé :- Si tu deviens un jour chef des travaux, et si tu as du cœur, tu comprendra la tragédie de ta question….

Et petit à petit à petit, Her-Bak dut apprendre le sens réel dugeste juste, de l’autoresponsabilité, et de la parole juste.

A quelques jours de là ...

- J’ai creusé mon vase de travers.

- Et tu as été corrigé?

- C’était justice!

...Un autre jour il avait du sang sur les doigts

- Mon forêt a traversé le vase par accident.

...Un autre jour :

- Mon bloc était mal équarri : pour réparer ma faute on a du tailler le vase plus étroit.

Un nouveau temps ayant passé, il revint un soir tout attristé :

- Je me suis trompé sur le sens de la veine : le beau vase d’albâtre sera gâché!

Enfin le moment arriva où Pois Chiche présenta chaque soir un visage serein . Alors Menkh lui dit :

- Je crois qu’il serait bon de changer de métier.

- Selon ce que tu décideras, Seigneur, ce sera bien.

Retenons deux choses de cette expérience chez le façonneur de vases de pierre. Tout d’abord, c’est par la dure expérience surla pierre que Pois Chiche finit par accepter que tout vient de lui. Ensuite, chose incroyable jusque là pour lui, il s’en remet entièrement à une décision extérieure, il remet son avenir entièrement , sans poser de questions, à Menkh, qui n’est pourtant pas le Sage, auquel il a remis sa vie, corps et âme, depuis le début.

C’est l’acceptation qui commence à faire son chemin...

Bien que cela semble un peu “enfantin, j’aimerai ici placer le dialogue entre deux ânes, (intéressant à méditer pour tout pédagogue arriviste) : Her Bak est revenu chez ses parents, visite planifiée par Menkh, trois jours de loisirs au cours desquels il devra lui-même “boucler la boucle du destin.”

... (Dans l’étable) : - Alors, dit Her-Bak, vous faites bon ménage? Vous n’êtes pas jaloux? Vous êtes bien plus heureux queles hommes : il n’y a pas de haine dans vos yeux!... je vais reposer une heure entre vous deux...

- Dans son rêve, il entend les ânes discuter entre eux....Ne frappe pas de ton sabot, il faut laisser dormir Pois-Chiche!

Le Nouveau dit : - Qui est “Pois Chiche?”

- Celui qui dort, là, entre nous.

- Non, c’est Her-bak!

- Non, c’est Pois chiche.

C’est assez, nous n’allons pas nous battre comme des hommes!

- C’est déjà trop qu’il ait pensé que nous puissions être jaloux!

- Jaloux, il faut être deux pour être jaloux!

- Mais l’enfant croit que nous sommes deux.

- Oui, il regarde en homme qui compte son troupeau; il dit : des ânes, des vaches, des chiens.

- Le plus drôle, c’est qu’il disent aussi : des fourmis, des abeilles!

- C’est comme si nous disions “deux hommes” pour leurs yeux, “deux hommes” pour leurs oreilles, et le reste.

- Oui, ne continue pas, c’est trop bête. Tant qu’ils se verrontséparés en petits hommes, ils se battront, c’est évident. Ils se croient indépendants les uns des autres!

- Pour nous, il n’y a qu’une seule chose qui puisse nous diviser, c’est...

- Tais-toi... ne la nomme pas!

- Point ne la nommerai, c’est imprudent! Elle n’aurait qu’à entendre et à venir, et alors...

- Tais-toi donc, tu ne veux pas la nommer, et pourtant tu ne parles que d’elle! Il ne faut pas troubler le sommeil de l’enfant, il ne la connaît pas encore.

- Tu te trompes : l’enfant a déjà commencé à sentir son appel.

- Qu’en sais tu?

- Je le connais depuis longtemps, son sang est plus chaud aujourd’hui.

- Alors il faudrait le prévenir, afin qu’il ne devienne pas comme l’un de nous.

- Oui, je connais des hommes, qui, sur ce point, sont moins esclaves que nous.

- Moi, j’en connais aussi, et Her-Bak est entre leurs mains.

- Pourquoi l’appelles- tu Her Bak?…Le vrai nom, les hommes ne le connaissent pas…Et c’est là qu’une douce voix réveilla Her Bak : c’était sa sœur…en pleine puberté…

Nous voyons ici plusieurs points « intéressants », et dont il faut tenir compte dans le processus pédagogique. Les Egyptiens savaient très bien que les animaux ont un net avantage sur les hommes : la conscience du groupe. L’homme est bien souvent engoncé dans sa petite personnalité, et un des travaux principaux du pédagogue est bien de lui faire prendre conscience de sa liaison au groupe humain, puis cosmique et macrocosmique. Mais ils avaient aussi parfaitement conscience de l’autre aspect de la dualité, possibilité à la fois de progrès mais aussi de retour en arrière sur le chemin de l’élévation : à savoir la sensualité, l’attirance « naturelle »entre le masculin et le féminin, et l’animalité afférente. Ils étaient, parce que les temps s’y prêtaient, beaucoup plus sévère en la matière que nous : l’aspirant à la sagesse devait,dès le départ, abandonner toute idée de mariage ou de sensualité, dans ses rapports avec l’autre sexe. Avec nos élèves, de nos jours, nous ne pouvons que guider et faire comprendre…Et voici maintenant un bref passage’ qui mérite toutnotre attention :

Pois Chiche fait le bilan de son savoir :- J’ai connu le fleuve, j’ai cultivé la terre, j’ai

observé quelques bêtes … ! Pas assez ! J’ai travaillé la pierre…

Et soudain, Pois Chiche comprend l’intention de son Maître :- Sans doute il ne s’agit point de choisir un métier,

mais d’apprendre, avec chaque technique, les Lois Universelles de la Nature qu’elle peut enseigner…

Tout d’un coup Her-Bak réalise, comme devrait le savoir tout pédagogue digne de ce nom, que les techniques, les « matières » enseignées ne sont pas un but en elles-mêmes,mais qu’elles sont surtout le prétexte d’une formation humaine, d’une découverte du « Liber Mundi », du livre du Monde, de la Nature, et cela non pas en tant que gisement de richesses à exploiter, mais en tant que lois à assimiler afin de devenir vraiment humain.

A ce sujet l’attitude de l’humanité dans son ensemble par rapport au règne animal et au règne végétal est terriblement instructive. Les Egyptiens qui recréaient des parcs où les végétaux et les animaux étaient sacrés, qui voyaient en eux des « petits frères », étaient beaucoup plus « civilisés » que la plupart de nos contemporains inventeurs d’insecticides et de pesticides, destructeurs de forêts et de panneaux entiers du règne végétal. Heureusementque les espèces animales apparaissent plus vite qu’elles ne disparaissent… La lecture du livre, (où « Julie » est complètement dégoûtée de la quasi totalité deses professeurs, destructeurs de fourmis et de grenouilles) de Bernard Werber (La révolution des fourmis) nous met un miroir devant les yeux et nous montrecomment un jeune un peu conscient et éveillé peut être horrifié par ses professeurs Zoophobes, fumeurs, agressifs, et avides de pouvoir (malheureusement, ils sont nombreux, expérience faite en 30 ans d’enseignement)

Et voici une grande leçon que devra être capable d’enseigner tout pédagogue, selon la matière , ou le métier qu’il enseigne :…Pois Chiche trépignait :- Alors nos hiéroglyphes, nos métiers, et la nature,

c’est toujours une même science ?Le visage du menuisier Nadjar s’éclaira :

- Voilà, mon fils, ce qu’il fallait comprendre. Mais ceci n’est ouvert qu’à ce »lui qui sait déchiffrer, et transposer l’un dans l’autre, ces trois livres…

Voyons ici clairement le but de tout apprentissage, technique, professionnel ou soi-disant « général » : il nes’agit là que d’un prétexte à la découverte de soi-même etdu monde, d’une aide au devenir humain, de même que Comenius parle du « Livre de la Nature » et du Livre de l’Homme. Tout éducateur devra faire percevoir au jeune, plus ou moins directement et consciemment, que le monde oùil vit constitue en soi une Ecole préparatoire à la reconstitution de l’Homme Vrai.

Et voici une leçon que va recevoir Pois Chiche sur le « minimum biologique » :Voici, j’ai honte de la pauvreté du peuple : l’artisan fabrique de si beaux objets, pourquoi n’en fait-il jamais pour lui-même ?- Cette question est un signe des temps, ô mes amis, on

ne peut pas marcher contre l’horaire du ciel ! « Entends ces paroles, petit : c’est volontairement que nos Sages ont réduit au minimum les besoins de la vie quotidienne. Le luxe et le confort superflu seraient bientôt devenus nécessaires ; ils auraient compliqués l’existence, augmenté le souci matériel, multiplié les métiers. »Soyons clairs, quand nous observons notre vie « moderne » nous réalisons quel fléau elle est devenue, avec sa consommation à outrance et l’accent mis sur l’apparence et le superflu.« Notre société fut parfaitement ordonnée par nos maîtres,imposant une discipline aux passions de la foule humaine sur notre féconde Terre Noire.. Terre trop féconde, vie trop facile, envoûtement du soleil. »Nous savons, par notre « expérience pédagogique », que le « goût de l’effort » est très dur à faire accepter, et se perd très vite. Nous savons aussi qu’au coursde l’histoire, seuls ceux qui ont su imposer silence à leurs désirs, après les avoir modérément expérimenté, ont pu accéder à une conscience supérieure, progressivement et harmonieusement. Et c’est cela qui est important en éducation. Bien sur, former à un métier, lui-même outil d’appréhension du monde et de la vie et donc de devenir humain véritable, mais surtout se hausser au-dessus d’une condition humaine qui n’est bien souvent qu’animale.…  « On y vient même à oublier son âme et à tout ignorer, par suite de l’inutilité de l’effort ; on y tend, plus quepartout ailleurs vers l’animalité par inertie … »

« C’est pour sauver les hommes de cette inertie que nos maîtres ont ordonné notre société pour l’étude, poussée enperfection, de la nature humaine. Division des métiers, tant qu’il en faut, mais point trop. Rassemblement sur chaque métiers de toutes les « causes », et chacune selon son importance propre. Aucune improvisation déréglée, chaque homme a son métier, par lequel il pourra comprendrel’ordre extérieur, ce qui lui serait difficile en partant seulement de l’ordre humain. Esthétique du métier ou chacun peut arriver à la pensée autonome par la pensée commune. Mais aucune esthétique de satisfaction sensuelle : on ne s’en soucie point. On s’occupe des lois de proportions : quand elles sont strictement appliquées, la Beauté en résulte… »« La sympathie de l’homme et du métier développe l’ingéniosité dans l’emploi du symbole. Il y a la fierté du métier, l’ivresse du métier, la politesse du métier ; et, s’il suscite la « recherche », ce métier conduit l’homme au-delà du travail, vers la noblesse… »On aimerait tant que ceux qui ont la tâche d’enseigner les métiers de nos jours dans les Lycées professionnels sachent transmettre cette noblesse, cette beauté, et cette vérité de l’être profond. Et surtout que cette conscience du but suprême de l’éducation imprègne chaque fibre de notre société, en commençant par les éducateurs, les poètes, les thérapeutes, et tous ceux qui, par leur métier ou leur vie, peuvent avoir une influence positive en la matière sur leurs frères humains, sans aucune contrainte de quelque type, ouverte ou plus ou moins cachée, que ce soit.

Nous pourrions continuer cette « explication de texte » dulivre de « Schwaller de Lubicz », Her Bak Pois Chiche, consacré à l’éducation de celui-ci, en tant que chemin vers le « temple couvert », et nous y reviendrons peut-être d’ailleurs, si l’occasion s’y prête. Retenons ici queles points fondamentaux de la suite de ce texte remarquable par sa véracité historique et sa simplicité pédagogique, nous semblent être, pour le moment, les suivants : Her Bak va progressivement être réellement confronté à lui-même, jusque dans sa chair et son être profond, par des expériences pourtant bien peu glorieuses.

Sa révolte face aux professeurs ineptes va le pousser à aller jusqu’au bout de son animalité. Il y sera accompagnépar un condisciple désigné à cet effet, bien entendu à l’insu de Her Bak, et par son professeur Pasab. Celui-ci deviendra d’ailleurs « Oupouat », l’ouvreur des chemins, au moment ou ses soins assidus et intelligents auront facilité l’accès au temple couvert pour son élève. Lui-même, professeur depuis longtemps, pourra ainsi lui aussi y accéder. Puis face à une lâcheté personnelle qui accélère sa prise de conscience sur lui-même, il réalise que ce qui est important, ce n’est d’être parfait, car personne ne l’est, mais d’être conscient. Auparavant il aura connu Mersegert, la cime et le silence gestateur, qu’il aura l’honneur de présenter à des visiteurs venus deMemphis, une approche de l’immensité de la voûte céleste, et quelques éléments de compréhension de la mort (il assiste aux funérailles de son maître et ami Nadjar, maître des menuisiers). Enfin deux éléments accélère la décapitation des ses derniers restes d’illusion et d’orgueil : la nuit face à la statue du Neter, au cours delaquelle il prend conscience que l’absolu, le réel, n’a rien à voir avec une statue et détruit en lui le destructible, afin que le seul vrai subsiste, et le « ritedu respect », face au Pharaon.

Tous ces éléments peuvent et doivent être vécus aussi de nos jours, bien sûr sous une autre forme, aussi bien par les jeunes que par les moins jeunes. Essayons cependant d'examiner les obstacles à la réalisation de l’unique nécessaire, en tout cas ce qui stérilise l’aspiration fondamentale de tout être conscient, en cette période si particulière, où la possibilité est offerte à tout chercheur sérieux de devenir parfait en tant qu'homme. Et à tout jeune de s’approcher d’une facilitation de ce processus. Cela a déjà été fait, par exemple sur les planssociaux, philosophiques, religieux, mais on se plaçait surtout dans l'optique de l'amélioration de notre monde oude l'espoir d'une réalisation dans un au-delà futur.

Or nous aimerions placer ce problème sous l'angle de vision du rétablissement présent, de l'incarnation de la lumière, autrement dit des forces de rayonnement supérieures présentes

au cœur de chacun, mais enfouies, non encore révélées. Chacun de nous pressent la possibilité d'une telle réalisation. Et s'il est parfois étreint par le désespoir face à l'état lamentable de notre planète, et par conséquent face à son propre état, c'est bien parce qu'il ignore le chemin qui pourrait lui permettre l'accomplissement de cet état. On pourrait partir de l'image suivante du prologue de l'évangile de Jean : "La Lumière luit dans les ténèbres, mais les ténèbresne l'ont point reçue". Si nous voyons clairement ce qui s'oppose à notre développement en tant qu'homme parfait, nous pourrons plus facilement nous orienter dans ce monde où les idées fourmillent, où les luttes et les tensions se multiplient, prenant au piège les meilleures intentions pour les diriger vers ce monde et son continuel tournoiement sans fin. L'homme qui prend conscience de son emprisonnement aspire déjà à briser les murs de sa prison. Au fond cet emprisonnementest une illusion, illusion entretenue par tous ceux qui y ont intérêt..

Avant de revenir vers la Civilisation Grecque, tournons nous vers le grand pédagogue, philosophe et spirituel, Jan Amos Comenius :

Contexte historique et lignée spirituelle

Précisons tout d’abord que nous sommes au commencement de notretravail, en ce qui concerne cet immense travail pédagogique, philosophique et spirituel. Nous n’avons pu prendre connaissance de l’œuvre de Comenius que de façon très parcellaire, puisque seule “La Grande Didactique” est disponible en librairie. Nous avons commencé diverses traductions. “Le Labyrinthe du Monde et le Paradis du Cœur” esttraduit et sera, nous l’espérons, bientôt publié. Actuellement,nous terminons la traduction de “l’Ecole de l’Enfance”. “Via Lucis” et “Unum Necessarium” sont presque terminés. En ce qui concerne la “Consultation Universelle pour l’Amélioration des Choses Humaines” une équipe s’était constituée, de Mrs Guillot, La Brasca, Mr LeBreton, et Mr Lozach’meur, sous la direction de Mr Alexandre. Or, diverses considérations ont considérablement ralenti ce travail et nous espérons rapidement

le remettre en route grâce à des traducteurs réellement motivés, sachant que les éditions ‘L’Age d’Homme » s’étaient particulièrement intéressées à ce projet. Ceci dit tous ceux qui perçoivent la voix intérieure et décident de faire de la petite étincelle qui gît au cœur de tout être humain une flamme, sont appelés à reprendre le flambeau du chemin qui mèneà l’état humain divin. Ainsi ils sont appelés à comprendre de l’intérieur le projet révolutionnaire de tout travailleur spirituel authentique, par delà les siècles, donc en particulier celui de Comenius et de ses amis.

Essayons tout d’abord de mettre en relief le courant de pensée et de vie dans lequel s’inscrit notre héros. Nous pourrons réaliser par la même occasion à quel point la Philosophie, (théophilosophie, biosophie) ou Pansophie, selon l’expression même de Comenius, sont et resteront encore longtemps, d’une brûlante actualité. Ce travail, au fond n’a pas eu de commencement, et n’aura donc pas de fin. Il se situe à la fois dans l’espace-temps et hors de l’espace-temps.

Il s’agit bien d’une révolution intemporelle, d’ordre purement spirituel. C’est pourquoi elle comporte tant d’aspects concrets et la réalisation logique, par voie de conséquence indirecte, d’une société radicalement autre que celle dans laquelle nous vivons. Car c’est là un des critères secondaires de ce type de travail : à partir du moment où un nombre relativement restreint d’individus décident de mener à bien cette révolution, manifestée tout d’abord de l’intérieur et ensuite dans l’entourage proche, une réaction en chaîne scientifiquement explicable se déclenche et donne naissance auxplus belles civilisations de l’histoire.

En ce sens l’avenir est entre nos mains, et les lignes de force, qui préexistent et furent actualisées pour notre ère et la suivante, restent à accomplir par tous ceux qui le veulent vraiment. Chaque homme ou femme de notre siècle est appelé, parson nom, à l’approche du chemin d’auto-réalisation de l’homme véritable, dans le vocabulaire de Comenius “à l’image de Dieu”.Il pourra ensuite, s’il le désire, et après un certain temps depréparation, se mettre au service du monde et de l’humanité, dans le sens où cette auto-réalisation, cette autolibération, que l’on appelle dans la tradition chrétienne la résurrection,

le mettra en état de répandre intelligemment les valeurs et lesforces du nouveau champ de vie dont il deviendra ainsi un citoyen. De tout temps et provenant d’un “immémorial” difficile à saisir, toujours d’actualité, une vague de fond tente de déferler sur l’humanité, balayant tous ses petits conditionnements mesquins. C’est comme un rayon de soleil qui vient éclairer tout ce qui grouille au fond du puits. L’homme est alors appelé à quitter cette maison de servitude, c’est à dire à s’élever au-dessus de l’espace-temps. Encore prisonnier de sa conscience-moi, il commence à voir les obstacles qui s’interposent entre lui et cet autre état d’être qu’il pressent. La conscience-âme est encore latente, a fortiori la conscience psychospirituelle au service de l’absolu, du parfait, de l’universel multiple. Pourquoi universel multiple? Selon les taux vibratoires avec lesquels nous sommes en relation, on peut distinguer dans le macrocosme sept domaines cosmiques. Nous vivons actuellement dans une toute petite partie du septième domaine cosmique, domaine que Jacob Boehme appelle ‘l’univers de la mort. Notre tâche première, dans l’état actuel des choses, est d’apprendre à connaître et à forer le passage qui nous permettra de réintégrer le sixième domaine cosmique, ce qui implique une libération de l’espace-temps.. Nous avons du mal à nous représenter ce que signifie la libération de l’espace-temps. Pourtant, on peut en donner une explication simple: “Tout l’univers astral, si nous l’explorions tout entier, s’inscrit dans une gamme de vibrations comprise entre environ 450 et 700 quintillions de vibrations par secondes, donc des longueurs d’ondes de 6,5 à 4,5 cm environ. Dès que nous dépassons ces limites vers le haut, au-dessus de 800q. par secondes, et de plus en plus, à unmoment donné, le facteur espace-temps cesse de nous affecter. Un nouvel état se développe, que l’on peut approcher par la notion d’éternité”. (1) - cf. J.V.Rijckenborgh. Gnose Originelle Egyptienne T.1.  Pour nous, issus de la civilisation Européenne ou occidentale, tout vient d’Egypte.( Une bonne partie de la civilisation africaine, en particulier le peuple Peul, y trouve aussi certaines racines et influences).Et ce n’est pas un hasard si

les gnostiques, qui étaient les véritables chrétiens, vivaienten Egypte ou à proximité, au début de l’ère des Poissons.. Par la rupture avec la source, avec le pneuma ou souffle spirituel,un de ces groupes se coupa, se détacha du tronc-mère. Pour ce groupe, la seule solution devint alors la recherche de pouvoir pour asseoir une autorité extérieure. Et les persécutions commencèrent. “Par amour”, on pourchassa et détruisit, en utilisant les techniques raffinées et barbares de l’inquisition.

Mais les Marcionites, les Sethiens, les Valentiniens et tous leurs frères dont on commence à connaître la vie et la doctrinegrâce aux textes découverts à Nag Hammadi (cf. Textes gnostiques traduits et commentés par Wautier), réussirent à maintenir la tradition révolutionnaire suffisamment longtemps pour qu’apparaisse Mani, le” sceau des prophètes”, disait-on alors. Il réussit, après maintes pérégrinations, à instaurer une unité de recherche et d’orientation, très structurée, qui se répandit de l’Afrique à la Chine, touchant plus d’un milliond’individus, sur une durée de presque 1000 ans. Là aussi, l’occultisme d’état des mages persans fut fatal. Celui que les orientaux appelaient le Bouddha de Lumière fut tué dans des circonstances atroces. Il est à noter que les textes qui nous restent ont été traduits en Français (surtout les Psaumes et les Kephalaia), sous la direction de Mr François Favre, et ont paru avec commentaires, aux éditions du Septénaire, sous le titre : « Mani, Bouddha d’Occident ou Christ d’Orient ? ».

Les manichéens, tels Faustus de Milève, continuèrent encore le Saint Travail, et furent également combattus par l’église qui usurpa le nom de “catholique” (universel). L’intégriste Augustin créa le concept de guerre sainte, commettant la même erreur que les intégristes musulmans contemporains avec le concept de “Djihad”. Tous ceux qui cherchent vraiment ont bien entendu compris l’erreur : “Celui qui se vainc lui-même est plus fort que celui qui prend une ville”. Cet adage du Tao ne peut pas être plus clair. La guerre sainte est évidemment l’auto-révolution qui nous permet de nous vaincre nous-mêmes etnon pas un type de folie convertisseuse violente et ne reculantmalheureusement devant aucun “sacrifice” (2) - cf. « Saint Augustin et le manichéisme, au vu des gnostiques des temps

présents. » de Patrick Texier. Cercle Ernest Renan et Cahier d’études Cathares.

Puis, le manichéisme s’éteignit (selon les notions espace-temps) et s’éleva dans l’absolu, quittant ce monde, qu’il avaittant contribué à réveiller par son énergique cosmologie. Les manichéens étaient extérieurement dualistes. Mais à l’intérieur, dans le groupe des “élus”, on savait que dualisme et monisme ne sont pas contradictoires. De la même façon la gnose hermétique est extérieurement moniste, mais elle comporte des éléments parfaitement dualistes.

Les Bogomiles purent ensuite établir une liaison directe avec ce domaine de l’absolu. Ils organisèrent une vie communautaire en Bulgarie, puis émigrèrent vers l’Est. Ils avaient un mode devie parfaitement autonome. Ceci, une fois encore, les obligea eux aussi à fuir les persécutions. On a retrouvé la trace de certains d’entre eux en Alaska.

Vers les années 1100 le patriarche Nicétas avait pu transmettrele sceau de cette tradition spirituelle révolutionnaire aux chefs de l’église Cathare, dont la doctrine différait grandement de celle des manichéens. Tout le monde connaît l’épopée cathare, mais il sera peut-être bon d’en avoir une vision plus intérieure en lisant les ouvrages d’Antonin Gadal,(4) en particulier “De l’héritage des Cathares” ouvrage historique, philosophique, et spirituel, et “Sur le chemin du Saint Graal” qui relate l’aventure d’un jeune homme qui suit cechemin jusqu’à “Bethléhem”. Ces deux ouvrages, réunis, sont disponibles aux éditions du Septénaire. Montségur, et le cortèges de persécutions, apparemment inévitable, vu l’état de conscience général de l’humanité, de l’intervention de l’Espritparmi les hommes qui ne veulent pas lâcher leur motte de pain et leur croûte de terre, s’ensuivit alors, mais …et ici nous nous excusons de quelques redites, mais nous allons devoir développer certains éléments déjà présentésAu 13e siècle , un collège de sages, une loge spirituelle se réunissait en Europe (5) - Allocution “du Professeur Rudolf Steiner, le 27 Septembre 1911. “Ils étaient douze. Sept étaient les dépositaires des restes de la sagesse Atlantéennes.Les cinq autres possédaient la ressouvenance des diverses sagesses de notre période, la sagesse hindoue, la sagesse

Zoroastrienne-persane, la sagesse chaldéo-égyptienne, et la sagesse gréco-latine. Le dernier représentait l’aspect “scientifique” naissant. Un treizième se joint à eux, qui reçuttoute cette sagesse et la transmuta : Un événement particuliereut lieu, qui ne pouvait s’accomplir qu’une fois dans l’histoire. C’était un de ces événements qui peuvent s’accomplir lorsque des forces macrocosmiques se mettent à œuvrer ensemble par amour pour les fruits qu’un tel événement fait mûrir”. Une toute nouvelle naissance des douze sagesses se fit jour, fut recrée sous une forme entièrement autre. Ce qui fut manifesté “les Douze l’appelèrent le Vrai Christianisme, la synthèse de toute religion. Et ils firent unedistinction entre le christianisme de leur temps et ce véritable Christianisme Vécu”. Depuis ce moment, l’homme développa de plus en plus son appréhension intellectuelle des choses de l’esprit, alors que sa ressouvenance intérieure diminuait. L’incarnation, la matérialisation, allait s’accentuer pendant encore plus de cinqsiècles.Cette loge donna d’abord naissance ésotériquement au courant dela Rose-Croix, ce qui se manifesta extérieurement au 14e siècle, puisqu’on peut lire dans la Fama Fraternitatis (1614):“Cela vaudrait la peine d’examiner la période qui s’est écouléede l’année 1378, année de naissance de notre Père Christian Rose-Croix, à maintenant, et de considérer les changements de la voûte céleste qu’il a vus lui-même, durant les cent six ans de sa vie, ainsi que les sujets d’expérience qu’il nous a laissés ainsi qu’à nos prédécesseurs, après sa mort bienheureuse. 

La concision à laquelle nous sommes astreints, nous obligeà différer cela.

Il suffira à ceux qui ne méprisent pas nos exhortations, que nous ayons effleuré ces choses. Ils pourront ainsi se préparer à établir une liaison plus étroite avec nous. Celui à qui il a été donné de contempler les grands caractères que Dieu a inscrit dans la dispensation du monde et qu’il répète à traversles changements de période de manifestation, de comprendre leurrelation et ainsi de s’élever, est déjà l’un des nôtres, même s’il n’en est pas encore conscient.”(6) – (“Témoignage de la Fraternité”, J.V. Rijckenborgh, Editions du Septénaire, Tantonville.)

Et que s’est-il donc passé entre le 14e siècle et l’apparition de Johan Amos Comenius, qui vécut de l’année 1592 à l’année1670. Nous n’allons pas ici entrer dans des détails historiques trop poussés, là n’est pas notre objectif.

Ce que nous pouvons dire, c’est que la Réforme apparut progressivement. En 1369, Jean Hus naquit en Bohême, à Husinec.Très vite doyen de la faculté de théologie, puis recteur de l’Université de Prague, il osa s’opposer à l’autorité du pape, sur le problème des indulgences, de la corruption et bien d’autres sujets liés au manque d’unité entre la vie et les paroles de ceux qui avaient perdu depuis longtemps tout lien avec l’Esprit. A propos de la question de l’immortalité de l’âme, l’existence de l’Esprit fut même niée au cours du concile de Constantinople. Johan Amos Comenius, de même que Jean Hus, étaient des élèves de l’Eglise de l’Esprit. Jean Hus fut d’ailleurs traîtreusement brûlé au cours du Concile de Bâle, alors qu’un sauf-conduit lui avait été délivré, et que les « catholiques » lui avaient garantis l’intégrité de sa personne.

A ce sujet, il est bon de rappeler ici une des origines de nombreuses dictatures :

“Si l’église des éons (“naturelle”) révélait et acceptaitl’unique Vérité qui est à la base de son existence, elle auraità reconnaître l’existence au-dessus d’elle de l’Esprit et de l’Homme-Esprit. Il lui faudrait alors tout simplement subordonner son enseignement à l’Enseignement de l’Esprit, ce qui signifierait son déclin, sa mort et sa désagrégation. De part son essence même elle ne peut accepter la mort spontanée d’Abel, c’est à dire une mort provoquée par la création de nouvelles conditions atmosphériques vivifiées par l’Eglise de l’Esprit.C’est par cette volonté d’exister que l’Esprit est trahi et l’Eglise de l’Esprit détruite partout où elle apparaît; que l’Homme-Esprit de l’origine est persécuté et assassiné sur toute la terre.Comment trahit-on l’Esprit? En mutilant, par exemple, l’Enseignement de l’Esprit par l’intermédiaire des vassaux de la théologie; en présentant L’Ordre de Dieu comme ayant un but et une nécessité purement naturels. Bref en poursuivant des

desseins purement terrestres sous couvert d’un enseignement spirituel volé et mutilé. Car, une fois l’Esprit trahi et caricaturé, il devient facile de passer à la persécution de l’Eglise de l’Esprit et de l’Homme-Esprit. Songez à la grande trahison à l’égard de l’Eglise des Cathares, ainsi qu’à la persécution des Rose-Croix à travers les siècles, sous prétexted’une intervention en vue de protéger l’Esprit et la gloire de Dieu. Si les forces dictatoriales, (N.D.A. : trouvant un terrain nourricier dans toutes les recherches de pouvoir), de droite ou de gauche reprenaient les choses en main en Europe occidentale, immédiatement l’Eglise de la Gnose, l’Eglise de l’Esprit serait encore une fois persécutée. C’est à cette lumière qu’il faut considérer letrop célèbre Concile de Constantinople. Lors de cette assemblée, l’église rejeta officiellement l’Esprit sous prétexte d’être déjà en possession de l’Esprit. Ce Concile eut lieu en l’an 381. Si vous voulez l’étudier, vous trouverez la documentation nécessaire dans les bibliothèques.”On y procéda donc à la “réglementation de l’Esprit Saint”! “Il faut ajouter que l’Eglise orthodoxe ne l’a jamais reconnu”. Toute la responsabilité incombe ici à l’Eglise Romaine. Ceci n’a apparemment pas été suffisant “puisque, soixante-dix ans plus tard, en 451, cette église réunit de nouveau un concile connu sous le nom de Concile de Chalcédoine. C’est là que fut décidée officiellement l’unité de la nature divine et de la nature humaine”.(7) Gnose Originelle Egyptienne t.III, p.242-243 , Jan Van Rijckenborgh, Editions du Septénaire-Tantonville)

Puis, issue de la branche pacifiste des groupes hussites, se développa en deux siècles la Fraternité de l’Unité, ou Unité des Frères de Bohème-Moravie, ou naquit Comenius.

Il est né donc né dans une atmosphère pure et paisible, celle d’une communauté dont les membres vivaient selon des principes très élevés, et qui faisaient vraiment ce qu’ils disaient. Maisdes ombres menaçantes s’accumulèrent bien vite. Les bruits de guerre, en partie économique, en partie de “recatholicisation” se firent entendre dès sa jeunesse. La Bohême était bien le cœur, le bastion, de la réforme. Les armées de la coalition ne s’y trompèrent pas, et ce n’est pas un hasard si la bataille qui mit fin aux rêves de bien des frères de L’Unité eut lieu à La Montagne Blanche, non loin de Prague. Prague et la Bohême

étaient un foyer, un carrefour de la recherche spirituelle, alchimique et culturelle. Non loin du monde musulman, au carrefour de l’Orient et de l’Occident, ce lieu privilégié reçut au cours de l’histoire des influences venues du Nord, de l’Egypte, par la Grèce, et de l’Orient, musulman ou Persan-Indien.

La nature humaine démasquée réagit souvent de façon très dangereuse, comme une bête blessée, comme les insectes pris de panique au fond d’un puits quand le couvercle en est soulevé etque la lumière en touche le fond, et l’église romaine sentait venir le même danger que du temps des cathares dans le midi de la France. Dans le même chaos de relations humaines, à l’image de l’état d’être intérieur de bien de nos contemporains, qui ne savent plus à quel saint se vouer, chacun est de nouveau confronté auxrésultats de son comportement, aux conséquences de ses actes. Il ne se passe pas un jour sans que pédagogues, philosophes, ouchercheurs spirituels soient confrontés à des façons de vivre et d’agir relevant plutôt du grand singe ou de l’homme des cavernes que d’un être, d’un individu dont les aspects supérieurs sont en voie de développement. Tout le problème de l’approche de la prise de conscience est ici posé. Nous espérons que tous les hommes de bonne volonté se consacreront àtrouver, après en avoir eux-mêmes vu la nécessité, les moyens de faciliter la démarche de chacun, afin de prendre librement, la décision d’entrer dans l’auto-révolution libératrice.

Tout est en train de s’effriter, de s’effondrer. Nous entrons dans une nouvelle période de l’humanité que l’on appelle astrosophiquement l’ère du Verseau. Tout apparaît au grand jour. Les scandales succèdent aux scandales. Toutes les tentatives horizontales qui ont pour but d’endormir la conscience de l’humanité en lui faisant miroiter une prison dorée, qu’elles soient d’ordre politique, social, économique oureligieux, sont progressivement démasquées et chacun est renvoyé à lui-même, à l’unique nécessaire. Les désillusions succèdent aux souffrances, mais la révolution du Verseau est enmarche, et rien ne l’arrêtera.

Personne ne croît plus aux dogmes vides d’esprit. Tout le monde, d’une façon ou d’une autre cherche une réalisation

concrète de son être profond. A l’appui de cette affirmation, nous aimerions ici citer un passage du livre « Le Nouveau Signe » de Jan Van Rijckenborgh (p. 39, ed.1965):

« …A travers les voiles que nous avons nous-mêmes tissés, trois rayons se fraient un chemin dans le cœur de notre système ; trois influences fortement magnétiques nous approchent, venant du sanctuaire caché. Elles nous éveillent à la connaissance de Dieu, à la connaissance de nous-mêmes et à la transfiguration future. Et cette triple activité de la Gnosetouche tout enfant des hommes, de même que la lumière solaire influence tout être vivant….

Toute religiosité naturelle, toute forme d’humanitarisme, tout effort humain dialectique, du plus grossier au plus raffiné, est une réponse aux : « D’où viens-je ? », que suis-je ? », « où vais-je ? »…Et l’homme moderne, qui amasse argent et richesse à ne savoir qu’en faire, agit ainsi par suite de lamême poussée… L’instinct de possession et ses conséquences, comme l’instinct de liberté répondent aux notions relatives à notre origine, à notre nature et à notre destination. »De bizarres chemins sont explorés, mais ce qui compte c’est l’intensité et la plus grande liberté possible de la recherche.Bien sûr l’état doit accomplir son travail régulateur, et il nele fera que mieux si ses serviteurs sont conscients de la signification profonde des temps à venir et se mettent eux-mêmes au service de cette grande révolution universelle, n’écoutant que leur voix intérieure et délaissant les multiplestentations qui accompagnent le pouvoir. Toute l’éducation devraêtre retournée dans le même sens.

Nous sommes entrés dans une ère nouvelle et devrons reconsidérer toutes nos valeurs. De nombreux hommes et femmes sont conscients des changements en cours et s’efforcent de se préparer au grandiose travail auquel nous sommes tous appelés. L’accomplissement du plan de manifestation pour le monde et l’humanité se fera, avec nous ou sans nous, mais de toute façonpour nous.Mais le grand problème se situe entre le plan, ses exécutants, et tous ceux qui, pour une raison ou pour une autre ne sont pasencore conscients de la noblesse de l’homme, et s’opposent par ignorance. Notre société démontre chaque jour sa corruption, tout développement supérieur semble impossible dans le cadre actuel. Bien peu voient et reconnaissent la véracité des faits,

et sont prêts à en tirer les conséquences. Que va-t-il donc se passer?

Il est inéluctables que de grands bouleversements aient lieu. C’est le chemin le plus court, et bien que ceux qui travaillentd’arrache-pied au renouvellement intérieur et extérieur de l’humanité ne le souhaitent évidemment pas, l’état de conscience actuel de l’humanité l’obligera probablement à passer par les douleurs de l’enfantement pour accoucher du nouvel état d’être latent en chacun de nous. Mais plus nombreuxseront ces pionniers, moins dures seront les souffrances de l’humanité pour “passer le cap”. Il est donc du devoir de tous les individus conscients de consacrer leur vie à ce travail. Car tout est là, il faut seulement le mettre en œuvre.Quelquefois certains élèves ou pédagogues posent la question : “Que faire pour vivre heureux ensemble dans ce monde de violence?” On en arrive alors à des réponses, à des réflexions d’élèves même telle que : “- il faut respecter ce qui, en chacun, est vrai, juste, et bon, et le reste, il faut l’englober, et viser à l’élévation du niveau de conscience général et particulier, pour l’autre en priorité. - Il faut distinguer l’amour ordinaire de l’Amour force et racine de l’Univers qui n’exclut rien ni personne, rétablir l’équilibre hiérarchique entre tête, cœur et bassin, pensée-esprit, émotion-âme et acte réalisateur.

- Accepter l’autre dans sa différence car c’est aussi un aspect qui nous concerne, même si cela est parfois tropbien caché, accepter l’état d’être de l’autre tout en vivant, conséquent avec ce que nous avons pu découvrir sur nous-mêmes et sur le monde qui nous entoure.”

Quand on observe ces choses, on est rempli de joie et on se ditque “les moyens de guérison sont là”. Cette joie, Comenius l’acertainement éprouvé, car celui-ci a posé, en opposition avec les principes généralement admis de son temps, que l’enfant avait en lui les germes d’un développement harmonieux dont il fallait permettre l’épanouissement, et non pas un démon qu’il fallait extirper par la discipline et les verges.

Ce que découvre la science, et qui doit être expliqué dans les écoles d’aujourd’hui comme dans celles dirigées au XVIIe siècle par notre “homme-universel”, ce sont les réponses aux

questions, ou en tout cas le développement d’un questionnement sur : qu’est-ce que le monde, qu’est-ce que l’homme?Eh! bien, la science, excellent art d’analyse, découvre, dans la Fama Fraternitatis comme de nos jours, que l’homme est un Microcosme. Et comme pourraient le dire tous les pionniers de la science et de l’Esprit :“Si les plus modestes parmi les savants veulent accepter notre invitation, ils trouveront chez nous des choses tout autres et plus étonnantes encore que celles qu’ils ont jusqu’à maintenantcrues et à propos desquelles ils se sont étonnés ou entretenus” Et on pourrait aussi se demander à quoi correspond cette tendance contemporaine du rejet de toute forme d’autorité, de la déliquescence de la famille et de l’inexistence parentale. Il est un fait que si, en une centaine d’années, l’humanité semble avoir plus “progressé” qu’au cours des mille années passées, le tableau général, l’état des lieux n’est pas très brillant. Deux guerres, dont une fut capable (la première !) detuer plus de 200 000 individus en moins d’une semaine (Craonne), et l’autre d’exterminer par millions des individus dont le seul tort était d’être soi-disant “différents”. Une capacité à détruire la planète et la vie sur celle-ci que l’on n’avait pas vu depuis longtemps, tous les totalitarismes, la pensée unique déferlante, tout cela ne semble pas être très réjouissant.

Si l’on réfléchit un peu, cependant, il n’y a rien là que de très logique, ou du moins de compréhensible. On peut accepter l’idée que l’humanité doit “grandir”, donc devenir individuellement autonome et responsable, aussi bien sur les plans de la pensée, des émotions, que sur le plan matériel. Tout se passe comme si l’homme avait reçu, au cours des siècles, la totalité de ce qui lui serait nécessaire dans l’avenir, grâce à des êtres plus accomplis que d’autres, plus « avancés », comme il y en eut de tout temps. Ceux-ci apportèrent les éléments permettant de développer, cette fois par auto-réalisation, en parfaite liberté, ce qui pourrait maintenant faire de lui un individu conscient, responsable, et vraiment libre, en tant que connaissant les lois biosophiques et pansophiques pour s’inscrire dans un plan de développement général de notre planète.

Le niveau moyen de conscience pourrait de nos jours s’élever à une allure vertigineuse, si chacun de ceux qui, parmi nous, réalise ces choses, agissait vraiment en fonction de ses découvertes personnelles intérieures. Et là, aucun totalitarisme, aucun gouvernement ne pourrait s’opposer à un tel renouvellement. En ce sens, mais tout reste à faire, notre temps est une période formidable. Le gouvernement est toujours,même si cela semble dur à entendre, le reflet de l’état d’être moyen du peuple, chaque peuple a le gouvernement qu’il mérite. En fait, mais cela représente déjà un travail colossal, il suffirait que 2% de la population agisse en accord avec son être essentiel le plus intérieur, pour qu’en moins de dix ans, la face du monde soit changée. Ce que l’on retrouve d’ailleurs dans la littérature de science fiction contemporaine à vocationpédagogique, par exemple celle de Werber avec sa révolution desfourmis.Ce travail avait déjà été prévu par le cercle de Tübingen et J.A. Comenius. Celui-ci, en particulier dans la “Consultation Universelle sur l’Amendement des Choses Humaines”, posa les grandes lignes de forces de ce développement qui pourrait de nos jours se réaliser, et qui se trouve entre nos mains.

Tous les hommes qui se sont inspirés, consciemment ou non, d’unEnseignement Universel, se sont confrontés, soit ouvertement dans leurs paroles ou écrits, soit à titre de prise de conscience personnelle, au problème des deux intelligences, quirenvoient chacun à deux ordres de réalité, que l’on retrouve entout être humain, même s’il ne le sait pas. Ainsi la puissance de la parole au service d’une vie universelle, d’une biosophie universelle, n’est pas tant liée au choix des mots et à l’harmonie poétique des phrases, mais à la force, au type d’intelligence, à la qualité vibratoire qui n’est pas articuléedans le langage, mais est pourtant plus présente que celui-ci. Tout le monde sait que le mot est réducteur. Ainsi les Egyptiens, prévoyant le moment où se réveillerait l’essentiel en nous, introduisirent en Grèce par Pythagore et Platon, les germes de cette aspiration à l’absolu non-verbal (monde des idées au-delà de la voûte céleste, de Platon). Les groupes gnostiques (cf. librairie de Nag Hammadi) furent les dépositaires de cette sagesse immémoriale.Il est d’usage, quand on ne vit pas l’expérience intérieure d’un chercheur spirituel, d’accoler l’épithète d’Utopiste,

parfois avec les meilleures intentions du monde, à des philosophes révolutionnaires qui présentent un puissant panorama du travail que l’homme véritable est appelé à accomplir, ”. En ce sens, il faut bien comprendre que ces précurseurs, comme Comenius, ou de nos jours Jan Van Rijckenborgh, tracent tout simplement les lignes de forces pourleur époque et les temps à venir. Ils ancrent dans la matière, par leur propre travail, leurs propres réalisations, les prémisses de ces lignes de forces, puis ils s’effacent, afin que les réalisations amorcées soient prises en charge par ceux qui comprennent et qui réalisent. Et c’est pour cela qu’il est bon que toute autorité soit actuellement rejetée, afin que chacun puisse découvrir, même sicela ne se fait pas sans douleur, la véritable “soi-autorité” qui lui permettra de devenir un être autonome.

Au début du XVIIe siècle se constitua le Cercle de Tübingen, dont les chercheurs connaissent surtout Jean Valentin Andreae, auteur des trois textes fondamentaux de la Rose Croix classique, alors que les deux autres fondateurs de ce Cercle enfurent en vérité les instigateurs et les inspirateurs véritables. Il s’agit bien entendu de Tobias Hess et de Christophe Besold.Ces trois Frères de la Rose-Croix, et tout particulièrement Tobias Hess, sont à l’origine d’une impulsion d’une incroyable importance, déterminante jusqu’à nos jours pour le développement spirituel de l’Europe. C’est Tobias Hess, dès 1601, qui commença à esquisser les grandes lignes de ce travail. Ces notes sont conservées dans la bibliothèque de Christophe Besold, à la Bibliothèque de Salzbourg. Ces trois auteurs des Manifestes de la Fraternité de la Rose-Croix ont élaboré et consigné par écrit un plan spirituel universel, que reprendra Jan Amos Comenius. Selon Tobias Hesse, la théologie et la philosophie ne peuvent s’expliquer que par les écrits sacrés. Il fut accusé, en 1609, de préparer des remèdes composés par Paracelse. En 1605, on le voit aux prises avec la faculté de théologie et le Chancelier de Tübingen : il est sommé de s’expliquer sur ses idées et ses calculs concernant les événements prochains. Il est vrai qu’il s’y trouve des prédictions sur l’effondrement de la papauté et les guerres sanglantes de Hongrie et des Pays-Bas. De lui, JeanValentin Andreae écrit : il fut l’ami de Dieu, serviteur du

Christ, frère de son prochain, docteur de la vérité, pratiquantdu bien, ornement de la littérature, étoile de Tübingen, trésorier de la nature, scandale pour le monde et ennemi de Satan. Il faut relire l’Anatomie ou autopsie d’un homme pieux décédé, pour se rendre en quelle estime JVA tenait Tobias Hess.Christophe Besold, lui, était un savant à l’esprit particulièrement pénétrant, fondateur d’une bibliothèque d’environ quatre mille écrits. Voici des extraits d’un des remarquables textes de celui-ci, qu’il n’eut malheureusement pas le temps d’achever :« Dès que toutes choses furent créées, elles furent toutes rassemblées sous une loi naturelle immuable, afin de mener leurexistence, il est vrai, dans un éternel combat (discordia), mais aussi sans doute dans l’unité et l’harmonie (concordia). La belle œuvre d’art semblait être parfaite en tout point, maisle Créateur tout-puissant et omniscient voulut la rendre plus parfaite, ce pourquoi il mêla quelque chose de l’éternité du ciel à la corruptibilité du monde, comme pour en faire un miroir des choses éternelles et corruptibles en même temps. Ainsi décida-t-Il de créer un petit monde, ou microcosme,…semblable au macrocosme,… »« Ce qui fit s’écrier à Zoroastre comme à Hermès : O, Homo, miraculum naturae audacis- …l’homme n’est donc rien d’autre qu’un « mens divina », une intelligence divine, liée par des chaînes terrestres…Grâce à une lumière si grande, l’homme est capable de s’élever dans les hauteurs pour se mesurer au ciel. C’est comme cela que l’homme connaît ce qui est en bas et ce qui est haut, et, sans avoir besoin de quitter la terre, s’élève vers le ciel et y vit, pour ainsi dire, en communion avec Dieu lui-même. »« Toutefois, quand il oublie la partie divine et la plus élevéede sa nature, et n’oriente plus son esprit vers le plus sublimemais se tourne vers la fange des choses périssables (où se vautrent les porcs), … alors le feu divin s’étouffe en lui et après un temps très court s’éteint complètement. …(il nous faut retrouver ce) que les peuples orientaux ont toujours vécu, à savoir l’élévation de l’esprit, du bas vers le haut, des ténèbres vers la lumière, le long de l’échelle de toutes les créatures ; ou bien, ce qui est en fin de compte la même chose,par la connaissance de soi dans les choses créées. »

Remarquons en passant que tout le système éducatif de Comenius comme celui que nous préconisons, n’a pour unique fonction, si l’on excepte tout ce qui sert à la vie ordinaire, que la préparation à cette connaissance, à ce retour, à cette élévation.

Comme à toute autre période de l’histoire, il fut, en ce début du XVIIe, comme de nos jours d’ailleurs, possible de se relier par l’abnégation et la disparition du moi, à ce qui est véritablement l’essence de l’homme et à la fois le transcende.Ces textes bouleversèrent le monde européen de l’époque (on dénombre plus de trois cents livres écrits en réponse à ces manifestes, ce qui est proprement inimaginable pour un temps oùl’imprimerie ne connaissait pas le développement actuel. Même aujourd’hui, ce serait déjà le symptôme d’un franc succès de librairie) . La puissante force spirituelle qui prit forme à ce moment avait été depuis longtemps préparée, s’inscrivant dans la lignée du Gnosticisme, du Manichéisme et du Catharisme.Le Manichéisme toucha des millions de gens, de l’Afrique à la Chine, civilisa des tribus quasi barbares (peuple Ouïgour) en moins de 80 ans, le Catharisme permit à une civilisation fantastique , où la place de la femme était l’égale de celle del’homme (et cela est bien souvent le critère de l’évolution d’une société), de se développer au sud de la France. Il essaima dans l’Europe entière. Les Templiers, de leur côté, tentèrent d’opérer la synthèse de l’Orient et de l’Occident.Comenius eut très tôt connaissance des manifestes publiés entre1614 et 1616, probablement à Heidelberg ou à Herborn, au cours de ses études en Allemagne. Connu surtout comme pédagogue, il était de la même trempe que ces instructeurs spirituels. Il reçut de la plume même de Jean Valentin Andreae le flambeau quifaisait de lui le continuateur de la Fraternité de la Rose Croix pour cette époque. Et les projets de la Fama Fraternitatis, l’Appel de la Fraternité, faillirent d’ailleursse réaliser sous la forme d’un Collège d’hommes illuminés. Comenius, par le biais de la Royal Society, rêvait d’en faire le point de départ d’une véritable révolution non-violente à l’échelle Mondiale. Nous allons essayer, au cours de ce travail, de montrer les aspects spirituels et les péripéties qui menèrent à l’accomplissement d’un grand nombre d’individus de cette époque. Nous sommes tous appelés à collaborer à la mise en place d’une véritable éducation de l’être Humain, dans

un absolu renversement des valeurs, à plus ou moins brève échéance, parce que c’est là le sens de la vraie évolution humaine.En effet, au 16e-17e siècle, la tâche particulière du Cercle deTübingen, et donc aussi de Comenius, était, en opérant une refonte universelle de la Connaissance aussi bien analytique que synthétique, de tracer les grandes lignes de forces, de revivifier cet “essentiel” en montrant comment chacun, par une pensée autonome, serait appelé à comprendre et à réaliser l’état de conscience de l’être vrai, en particulier à notre époque.C’est pourquoi le travail fondamental de notre ami Bohémien fut-il pédagogique, dans le sens où l’éducation se doit de permettre l’auto-formation, l’auto-réalisation de l’être vrai. Il fut aussi biosophique et pansophique, théophilosophique et métaphilosophique, dans la mesure où la découverte du monde, dela Vie et de ses lois implique une prise de conscience et une réalisation de l’absolu en soi et une compréhension de l’Homme en tant que Microcosme, petit monde résumé de l’Univers. Il manifesta aussi un aspect purement spirituel, puisque, comme ill’écrivit lui-même dans “Via Lucis”, cette éducation n’a de sens, au fond que pour nous faire parvenir à “l’Académie Céleste”.

Qu’est-ce, en fait, que l’autonomie?Avant d’aller plus loin, nous voudrions rappeler que notre équipe de traduction, de recherche et de diffusion n’a terminé jusque là que la traduction de quatre textes de J.A. Comenius, à savoir, “Le Labyrinthe du Monde et le Paradis du Cœur”, “l’Ecole de l’Enfance”, La Voie de Lumière et “l’Unique nécessaire”.Ce travail se base donc surtout sur des extraits, que l’on peuttrouver dans divers livres sur Comenius et sur ces trois textesque l’on ne pouvait jusqu’alors pas trouver en librairie. Nousespérons que les éditeurs vont finalement mettre rapidement à exécution leur promesse.Au fond, on pourrait poser la question : puisque Komensky prôneune orientation surtout intérieure et n’attribue pas à l’éducation une valeur exclusivement horizontale et terrestre, mais qu’il propose au travail éducatif comme à la société touteentière de consacrer tous leurs efforts à la re-formation d’un être vrai, humain-divin, n’est-il pas lui aussi un de ces doux

rêveurs mystiques, millénariste par surcroît, par dessus le marché utopiste.Eh! Bien, Non, mille fois non! Il suffit de se pencher un peu sur la Pampaedie, (troisième livre de l’œuvre majeure de Comenius, « La Consultation Universelle pour l’amélioration deschoses humaines ») pour découvrir qu’il allie une conception absolument réaliste et pratique de l’autonomie, avec une orientation purement spirituelle.

Jetons un coup d’œil, pour revenir ensuite sur Comenius, sur laconception contemporaine classique de la pédagogie :

Selon nos scientifiques de l’éducation, C’est l’Art d'instruire et d'élever" les enfants.C'est un savoir-faire qui sous-entend une méthode pour une acquisition de savoirs. Il y a une ou des « Théories de l'éducation, normatives et critiques, d'une part, et d'autre part, art et sciences de l'éducation dans la pratique » . (Lexique des sciences sociales)C'est un art sur lequel on réfléchit car on doit pouvoir apprécier ses actions, voir ce qu'elles valent, pour les réajuster. Si cela provoque une démarche scientifique d’observation, la créativité qui permet d'adapter ses observations à la réalité éducative, relève plus de l’art.Dès Comenius cette attitude pragmatique et quasi « scientifique », était mise en œuvre au cours des expériences,malheureusement sans lendemain immédiat, de Leszno, et de SarosPatak. Celui-ci arrivait en effet au moment charnière où l’humanité perdait ses facultés de ressouvenance directe, et devait donc être guidée vers le développement de la Raison.Des questions se posent : comment cela fonctionne? Quel résultat est produit? Quelles conditions font varier les résultats? Tout ceci reste au niveau de la spéculation. Dans laréalité le déroulement risque d'être différent de ce qui a été prévu. Il y a une caractéristique d'empirisme. On n’a jamais puet on ne pourra jamais mettre en équations l’essence de l’homme, et, l’éducation s’attachant au développement parfait de la haute humanité, on ne pourra pas en ériger les lois, toutes intérieures. Mais on peut tout au moins essayer de fairele moins de dégâts possible et créer les conditions les plus favorables au devenir humain.

Toujours pour nos académiciens de la pédagogie, les théoriciensne sont pas forcément les cliniciens et réciproquement. C’est ainsi qu’il y a deux actions bien différentes:Celle du pédagogue de laboratoire qui conçoit des méthodes théoriques, isole des phénomènes, essaie de mettre à jour des lois. Il est bien entendu que nous pensons qu’un pédagogue authentique doit à la fois être un praticien et un théoricien. S’il doit négliger un aspect, ce sera bien entendu la théorie, et non la pratique.Celle du praticien confronté à des situations singulières et menant une recherche. Par exemple c’est la différence entre J. J. Rousseau et J. Pestalozzi, bien que Pestalozzi, à la suite de ses expériences ait pu implicitement dégager de grands principes que d’autres purent reprendre.Donc la pédagogie n'est pas seulement la didactique, c'est à dire tout ouvrage dont le but est d'instruire, mais c'est aussil'explication méthodique des procédés d'un art, d'une discipline et l'ensemble des méthodes qui recherchent les conditions optimales d'enseignement. Ceci sous-entend l'étude et la connaissance d'autres disciplines comme la psychologie, la sociologie, l'histoire, l'anthropologie, l'économie. Disons ici très clairement qu’à l’heure de la transdisciplinarité, ceci est encore trop morcelé.D'après Durkheim: « Il faut savoir mesurer, former l'esprit en même temps... La pédagogie a surtout une théorie qui se réfère à la pratique et à son observation, c'est pourquoi elle est toujours remise en cause ... » Les composantes de la situation éducative sont multiples et complexes, imbriquées les unes aux autres. Voici celles qui paraissent essentielles :

- Les personnes: L’enfant, ou l’éduqué, qui peut-être aussi un adulte et l’éducateur.Leur passé, leurs sentiments, la connaissance qu’ils ont d’eux même, de leurs possibilités et de leurs limites : Nous avons làdes éléments qui pourront aussi bien constituer des freins que des tremplins ou même de véritables trésor de richesse auxquelsles élèves devront apprendre à puiser en toute liberté.La connaissance réciproque, la motivation, l’intérêt à participer à la situation, la perception qu’ils ont l’un de

l’autre : Voilà des composantes de ce que l’on appelle habituellement la relation pédagogique.Il y a aussi l’entourage, le regard des autres, de la Famille, de l’institution. Sont-ils porteurs de motivation ? Ce que l’onappelle habituellement motivation doit ici absolument être remis en question et précisé : il existe dans le monde, et plusparticulièrement aux E.U., des « instituts de motivation », quisont en fait des instituts d’apprentissage des méthodes du conditionnement, utilisées dans les études de marché et autres exercices de haute voltige par lesquels on essaie de persuader d’autres à agir selon la façon la plus rentable. Il est bien évident que la motivation dont il est question ici n’a rien à voir avec tout cela. Non, il s’agit de quelque chose qui provient de l’intérieur le plus profond, et qu’il faut en quelque sorte « déblayer », qui pousse l’individu à la prise deconscience de sa responsabilité, à la recherche de l’autonomie réelle et de la maturité, et à l’ouverture du cœur.

- Le contenu de ce qu’il y a à acquérir constitue en fait les moyens par lesquels l’individu, appréhendant le monde, prend conscience de sa relation avec lui et des lois de haute sagessequi le régisse. L’objectif à atteindre peut être vu comme la matière de l’enseignement « reçu » ou bien comme l’accomplissement, la « perfection » de l’humain qui se met en situation d’apprendre ». Cette relation est tournée vers quel projet ? devient donc la question fondamentale. Intellect ou sagesse, mémoire ou éveil, ou intellect et mémoire au service de l’éveil de la sagesse ?

- La méthode employée par l’enseignant est-elle par exemple traditionnelle ou active. Quel est son mode d’autorité, son organisation, quelle place laisse-t-il à l’initiative de l’enfant, quelle part a ce dernier dans le choix de l’enseignement ou de l’acquisition ?

- Le temps: Le moment de la situation pédagogique : ce qui l’a précédée, son attente, a t-elle fait l’objet d’une anticipation, sous quelle forme ? Sa durée, son rythme, ses moments de rupture, ce qui doit se passer après. Sa période dans la journée, la semaine ou l’année…

- Le lieu, son architecture, la place réciproque de l’un et de

l’autre, (enseignant et enseigné), la possibilité pour les uns et les autres de se déplacer, les territoires etc…Il y a des contradictions possibles au niveau de : 

- La méthode, est-elle un appui ou un enfermement ? une possibilité de création ou ne s’adresse t-elle qu’aux possibilités d’obéissance, que ce soit pour l’enseigné ou l’enseignant…- La place de l’attente ou de l’immédiateté, dans l’acquisition.- Les sentiments entre les personnes qui composent la situation pédagogique qui dynamisent ou étouffent.- La place de l’intuition ou de la démarche rationnelle, organisée et méthodique…Le savoir est-il pouvoir ou humilité ?Savoir attendre ou faire à la place, l’intervention abusive.La frustration, quelle est la part entre le ”trop ou letrop peu”?L’autorité étouffante ou l’attitude libertaire ?

La recherche contemporaine accorde de plus en plus d’importance à certaines données qui entrent en jeu au niveau de l'élève

Qui est-il?C'est un tout, c'est à dire qu'on ne s'adresse pas seulement à son intelligence. De plus, il a une histoire ; c'est à dire qu'il a déjà des connaissances et aussi des intérêts, mais cette

histoire peut-être aussi marquée par des échecs! Si c'est un adulte, a-t-il eu des échecs scolaires ou aborde-t-il les apprentissages pour la première fois? Quelles sont ses capacités?Son système nerveux fonctionne-t-il bien? Pour un enfant ce peut être une question de maturation. Pour un adulte ce sont des habitudes mentales, une façon d'écouter, de percevoir et d'utiliser ses sens. (l'enfant aussi d'ailleurs). Rien qu'un contrôle à ce sujet peut dévoiler des faiblesses qui sont nécessaires de connaître. Par exemple, comment gère t-il ses hémisphères droit et gauche, c'est à dire sa perception globaleou linéaire. Les origines de la dyslexie peuvent être diverses,on parle quelques fois d'atteinte organique des hémisphères...

d'autres y trouvent des origines psychologiques. Ces éléments, même si l’on envisage surtout les aspects psychobiospirituels, peuvent cependant présenter un intérêt indéniable. Il doit avoir une certaine maturité dans sa latéralité.

Ses sens sont-ils en bon état? On a observé une corrélation entre le goût et la facilité de parole. Il y a une similitude entre l'acquisition des connaissances et l'attitude devant la nourriture. Il s'agit d'assimilation. Comparaisons intéressantes entre la façon dont on donne à manger et la méthode d’enseignement. Par exemple laisse-t-on choisir l’enfant ou le sert-on ?Il a un rythme biologique qui concerne son sommeil et son alimentation. Est-ce que ce fut un enfant passif ? Pareil pour l'acquisition de la propreté où "acquérir et garder" sont mis en cause. De plus, il apparaît qu'il soit intéressant que l'enfant sache ce que c'est que d'accumuler, faire des collections, ranger, classer... avoir un endroit où mettre ce qu’il a accumulé, de même que tout ce qui est de l’ordre du don, du partage. Est-il capable de se détendre, de se décontracter. Une certaine maturité affective et sociale est indispensable à l’enseigné, il est nécessaire qu’il soit en mesure de reconnaître les lois, d'accepter ce que les autres ont pensé et inventé pour faire certains apprentissages. Savoiraccepter les frustrations est une condition indispensable pour les acquisitions. Avoir envie de grandir, d'aller au-delà de soi même.Il doit être capable de jouer avec le temps et en particulier avec le conditionnel temps indispensable pour entrer dans l'abstraction et ainsi pouvoir rêver à autre chose... rentrer dans l'imaginaire. C'est à dire avoir pratiqué le jeu symbolique qui commence par " et si on..."Il lui faut avoir la notion du temps qui lui permet de s'intéresser à ce qui se passait il y a 100 ans. Il lui faut être capable de répondre à un dialogue "explicatif" et descriptif, celui que la mère provoque lorsqu'elle montre à l'enfant et que celui-ci écoute. Etre curieux, ne pas avoir peur de connaître, de s'approprier sont des compétences que la pédagogie cherche à développer ou à entretenir. Dans certaines familles il y a des mystères qui provoquent que l'exploration du monde est vécue comme dangereuse. De même, Avoir envie de communiquer, par exemple d’écrire à quelqu'un (c'est sur cette

démarche que s'est basé Freinet quand il a instauré les correspondances entre classes, J. A. Comenius en a parlé au XVIIe siècle.) Avoir fabriqué quelque chose qui a du mouvement ; pour le préparer à l'analyse et la synthèse , avoir vu « comment ça marche ». Par ailleurs, les apprentissages peuvent être l'occasion de débloquer des difficultés.Mais les conditions ne sont pas seulement intellectuelles: par rapport à son environnement, il est souhaitable que l’enfant soit l'objet de projet positif. Que ce soit un avenir immédiat,mis en place par l'enseignant, ou un avenir lointain l’apprenant doit apprendre à se projeter dans l’avenir, (à condition de vivre vraiment dans le présent) éventuellement explicitement ou implicitement exprimé par l'environnement (sans que cela soit trop pesant). Que ce qui est appris ait un sens pour celui qui apprend, là aussi le sens peut ne pas être immédiat. Par rapport à la Famille l'enfant a t-il pût s'identifier à des parents curieux ?Etre capable de se mettre en recul par rapport à son propre environnement sans se sentir en danger. Certains enfants ont peur d'être mieux à l'école que dans leur Famille.Pour les écoliers la situation est basée sur un certain équilibre ; il lui faut jouer entre deux milieux : sa Famille et la classe. Si les deux s'entendent trop bien l'enfant peut se sentir coincé, par contre il vaut mieux qu'il y ait une reconnaissance réciproque.

Au niveau de l'enseignant  Il lui est souhaitable de bien posséder ce qu'il a à retransmettre pour avoir l'esprit disponible. Doit-il en savoirbeaucoup pour cela ? Qu'il soit reconnu dans son statut et qu'il se sente autorisé à avoir une certaine autorité ! Qu'il ait une méthode mise au point par lui-même en fonction de ce qu'il a appris et en fonction de ses observations ! Que penser de tout cela…Il est souhaitable ... qu’il y ait une adéquation entre les possibilités d'acquisitionde l'élève et ce qui lui est demandé. on retrouve là l'importance de l'observation. Que les références vécues par l’enseigné soient prises en considération ! On n’accepte de comprendre qui si on retrouve quelque chose que l'on sait déjà,

c'est à dire aussi si on retrouve quelque chose de soi-même. (Voir la loi de la « proximité » de Pestalozzi). Par ailleurs l’intérêt vient aussi de quelque chose de nouveau, mais dans une proportion moindre. Le respect du rythme de l'enseigné est essentiel car l'enseignement ne peut se faire sans espace ni sans temps libre, pour que l'élève puisse s'approprier le savoir. Le temps n'est pas toujours laissé et bien souvent l'élève est obligé de le prendre (rêverie, bavardage, absences diverses... ). Il est par contre, institutionnalisé par les contrôles, les devoirs du soir, où l'élève est censé se mémoriser ce qu'il a appris. Il y a des pédagogies qui permettent à l'enseigné de se lever, d'aller chercher un dictionnaire ou toute autre documentation, pendant ce temps il assimile. Il y a aussi l'ennui qui fait partie de l'espace pédagogique, il faut accepter qu'il existe, mais on peut aider l'enfant ou l'apprenant à observer quand il « décroche ». La notion de territoire est importante. Les enfants difficiles ontbesoin de plus d'espace. Les enfants qui n'ont pas de problèmesparticuliers n'ont besoin que d'une » bulle » d'un mètre, les autres ont besoins du double et même plus. Il faut que l'enseignant respecte le territoire de l'élève, s'il se déplacede trop et surtout sort du champ visuel des enfants cela peut en gêner certains. Il ne vaut mieux pas non plus toucher l'élève ou le prévenir qu'on va pénétrer dans son territoire. Ainsi la disposition dans la classe est importante. Un enfant calme calmera un autre plus instable en étant à coté de lui. Unmur, le mobilier, les élèves chaleureux peuvent aider à neutraliser l'angoisse.Une trop grande tension musculaire interfère négativement dans l'acquisition des connaissances. L'enseignant peut aider un élève à s'auto-évaluer sur ce plan et lui apprendre à se calmer.Souvent dans une situation d'apprentissage nouveau il y a un sentiment d'inconfort, d'indécision ou d'ennui. La situation dans laquelle la personne se trouve pendant un raisonnement la rend vulnérable parce qu'elle est coupée de l'environnement ce qui explique que certains enfants ont du mal à se concentrer. Quand il y a concentration le système nerveux se charge de régulariser la respiration, ralentir le pouls relâcher la musculature. Pour le raisonnement la respiration devient moins profonde, le pouls s'accélère.Il est indispensable d'ajuster la demande aux possibilités et

au stade de développement mais aussi à la maturité et aux intérêts, surtout pour la formation des adultes où il arrive que les thèmes choisis infantilisent ( quelque fois les enfantsaussi sont infantilisés).Mesurer ce qui est demandé, ne pas en faire de trop. Ne pas faire comme ce que l'on fait maintenant au niveau de la sur stimulation sensorielle. (Attention aux habitudes données par la T.V.) Savoir être modeste.Etre cohérent dans ce que l'on demande, là aussi ne pas trop s'éparpiller.Prévenir de ce qu'on va faire et voir si cela a un objectif dans la tête de celui qui apprendSurtout insérer le "dialogue pédagogique" ( voir A. de la Garanderie) permettre à l'apprenant de ne pas savoir, de savoirle dire, de savoir dire quoi.Ce qui a été appris, le répéter de façons différentes (méthode Ramain et Feurstein.)On peut dans ces diverses prises de position observer un retourau bon sens et à des objectifs plus humains que rentables en terme d’acquisition de connaissances, ce qui constitue un terrain favorable à l’introduction d’une éducation mettant au premier plan l’homme dans son devenir psycho-spirituel. Voici quelques réflexions courantes en sciences de l’éducation:

La pédagogie est une rencontre, un rapport, entre l'enseignant,l'enseigné et un savoir. C'est un rendez-vous harmonieux ou un rendez vous manqué.Soit l'enseignant "verse" son savoir, soit il le fait acquérir par l'enseigné. Ce sont les deux modes pédagogiques principaux.Ne pas confondre enseigner, apprendre et faire apprendre (en français le terme est le même.)Le pédagogue adapte son enseignement à celui qui écoute ; commeHomère qui choisissait un mythe en fonction de son auditoire !L'enseignant a des fonctions variables soit la retransmission, soit la création d'un environnement pour que l'élève lui-même fasse ses propres acquisitions. Cela sous-entend des valeurs à atteindre. Reste à savoir lesquelles. Que l'enseignant soit au clair avec cela tout en ayant un esprit critique quant aux courants de pensée de l'époque dans laquelle il vit!En pédagogie on emploie la stimulation, le plus souvent auditive et visuelle et aussi la répétition. Une pédagogie

passe souvent par la diversité des stimulations et la répétition. On s'adresse surtout aux possibilités d'imitation et de réception.Malgré tout il y a des observations dont on peut se servir de façon efficace. Par exemple, la prise en considération de ce que l'élève sait déjà et la part des intérêts réciproques sont importants. Dans un processus d'apprentissage il y a deux démarches:- Identification de l'élève à un enseignement, à un savoir.- Il y a aussi un travail à l'intérieur de soi même pour acquérir une méthode. C'est donc aussi une rencontre avec soi même, avec la façon dont on fonctionne et ce que l'on sait. Ce travail est indispensable et doit être reconnu par l'enseignant.

Nous devons reconnaître que les chercheurs en pédagogie ont donc posés des bases souvent très intéressantes, que nous retrouverons d’ailleurs chez Comenius ; gardons cependant en mémoire 1) que Jan Amos a tout de même quatre cent ans d’avance, et 2)que l’orientation de celui-ci a toujours été : « une éducation pour que l’homme redevienne à l’image de Dieu .»

Comenius désire que soit enseignée dans les écoles, non seulement l’autonomie de la pensée, mais celle des émotions et de la réalisation, des actes. Chacun, comme c’était d’ailleursle cas dans la communauté de L’Unité des Frères de Bohême-Moravie, devra avoir un métier, afin de subvenir à ses propres besoins. Il faut ici souligner que, dans L’Unité, aucun pasteurn’était nourri par la communauté ; il devait donc participer à la vie socioprofessionnelle du groupe, ce qui était très nouveau pour l’époque. Il est intéressant de dégager ici les douze points que l’on retrouve dans la Pampaedie :

1) Les traits qui caractérisent l’essence humaine décrivent les rapports que l’homme entretient avec son milieu. L’homme vit dans et doit s’adapter à une “réalité”. Il interagit avec toute la Nature, dont l’homme et les quatre règnes font partie, ainsi que l’absolu, le parfait, le dieu quiest aussi en lui. Toute créature humaine pense désire, veut, etcherche à savoir.

2) L’être vrai, l’humain en chemin, cherche à vivre pleinement, en bonne santé, et à représenter quelque chose.

3) Il veut et cherche à être informé de tout ce qui existedans le monde, car les richesses du monde, si elles sont utilisées intelligemment, c.à.d sans chercher le profit égoïste, mais l’épanouissement du tout, sont destinées à notre apprentissage de l’abnégation et de la relation à partir de l’autre en nous.

4) Il lui faut comprendre toutes choses, leurs mécanismes,leur fonctionnement, et surtout la relation de tout avec tout. En comprenant de toutes petites choses, par le biais des correspondances, il peut arriver à comprendre le tout.

5) Vivre librement, c.à.d. vouloir et choisir les choses que l’ont sait bonnes, ne pas vouloir et refuser les choses mauvaises, et disposer de tout, autant que possible, selon sa propre volonté (Pampaedia, III,11).

6) Non seulement l’Homme devra apprendre à penser et à sentir juste. Puisqu’il aura développé un discernement lui permettant de savoir ce qui va dans le sens du plan de développement pour le Monde et ce qui le contrecarre, il devra être mis en mesure de traduire en actes ce qu’il a conçu, et produire des biens et des services. Ceci uniquement dans la mesure où il n’exploitera pas ses frères pour un profit excessif. Chacun pourra donc s’inscrire dans ce plan de développement, sans chercher à tirer son épingle du jeu, mais en cherchant vraiment l’intérêt commun. Comme le dit Jan Van Rijckenborgh dans le Mystère de la Vie et de la Mort, “ Le Royaume intérieur ne peut se manifester que si l’Homme-dieu sait, et agit en conséquence, que son être Microcosmique appartient à un tout plus grand, à la manière dont un cosmos n’existe pas par lui seul, mais appartient à un macrocosme, à un rassemblement de cosmos. Son orientation doit donc être de nature centrifuge et non plus centripète, s’élevant à la manifestation Universelle, se vouant en parfaite abnégation, et, grâce à cette façon de servir impersonnelle, se manifestantlui aussi”. (Jan Van Rijckenborgh, le Mystère de la Vie et de la Mort, Editions du Septénaire, Tantonville)

7) Il peut alors désirer posséder l’aisance matérielle, à condition de satisfaire au prérequis précédent.

8) Il est pour lui parfaitement souhaitable et légitime dedésirer vivre en paix et dans la sécurité, ce qui ne manquera absolument pas de se produire, si l’éducation préconisée par notre héros se répand, grâce à la paix civile et sociale. Il peut espérer que ses biens ne seront ni convoités ni volés.

Cela sera aussi une conséquence logique du nouvel état de vie qui se démontrera alors. (N’oublions pas que ceux que visent ici Comenius, ce sont les soldats et les seigneurs qui dépouillaient les paysans de leurs maigres ressources).

9) De là ne peut découler qu’une vie honnête et donc une bonne réputation.

10) Puisque l’Ecole formera tous, pauvres comme riches, hommes comme femmes, sans aucune distinction, quelle qu’elle soit, à la lecture, à l’écriture et l’éloquence, c’est à dire àl’art de prendre la parole de façon efficace, tous pourront communiquer de façon valable avec tous en maîtrisant le langage.

11) Et tous voudront ainsi et pourront entretenir des relations humaines dignes de ce nom, pacifiques et bienveillantes, chacun se soutenant en vue du but commun.

12) Donc l’aspiration la plus élevée, le “but suprême”, ira de soit et tout sera orienté dans ce sens.

On voit donc là que cette acquisition de l’autonomie doit être totale et s’incarner dans la matière, sinon elle n’a pas de sens; que la dépendance soit psychique, émotionnelle, ou matérielle, elle n’en reste pas moins emprisonnement et esclavage. Pour Comenius, le Monde entier est un Labyrinthe, unasile de fous, une prison plus ou moins subtile. Permettons nous ici d’enfoncer le clou : par notre propre expérience (Comenius ne faisant ici que confirmer ce que nous pouvons facilement découvrir par nous-mêmes), nous reconnaissons qu’une éducation philosophique et spirituelle digne de ce nom doit permettre d’acquérir l’autonomie de la pensée. Ceci est loin d’être évident, en notre siècle où des instituts de conditionnement président à la publicité et à la TV. Cela doit se traduire par ou être le résultat d’un équilibre émotionnel lui-même libre de tout conditionnement et se manifester par des actes conscients et libres, dans un sens très particulier. Pour Komensky, la liberté revient à la connaissance des lois du monde et de l’Univers, lois supérieures de développement pour l’humanité et à l’obéissance librement consentie à ces lois qui n’ont rien à voir avec les lois basées sur la lutte pour la vie de nos sociétés.Le projet spirituel autant que pédagogique, l’indispensable aspect d’éveil à la vie véritable, ou éveil de la conscience supérieure latente en tout être humain, doit faire partie de

toute éducation digne de ce nom. Le pédagogue est un homme conscient, qui ayant réalisé l’âme-esprit ou étant bien avancé sur le chemin de cette réalisation, guide le jeune vers cet éveil. A l’époque de Comenius, ceci était si révolutionnaire que ces idées furent à la fois sournoisement copiées et dénigrées par les Jésuites et que les grands ministres de l’Europe entière, de Richelieu à Oxenstiern en Suède s’arrachèrent ses services pour réformer le système éducatif deleur pays respectif. De même il fut constamment persécuté et dénigré par les “Desmarets”. Les contemporains qui ne comprirent pas la portée de ce travail portent , Samuel Desmarets en particulier, l’écrasante responsabilité d’avoir orienté l’opinion de Bayle dans une direction complètement fausse, ce qui fit que, lisant son dictionnaire, les philosophes du XVIIIe siècle passeront à côté d’un bond philosophique, pédagogique et spirituel notable. Et pourtant, si ce projet était révolutionnaire, au moins autant que ceux des Ferrer, des Fresnay et des La Garanderie, il se situait dans la grande tradition hermétique qui est le berceau de la civilisation Européenne. Nous avons déjà commencé à voir plus haut que les points clés, qui n’ont pas encore trouvé leur accomplissement dans l’éducation Européenne contemporaine, loin de là, sont : - l’acquisition de la véritable autonomie et en particulier de l’autonomie de la pensée renouvelée, car, Platon l’avait déjà parfaitement expliqué en long et en large, en particulier dans”la République » : un homme véritable possède un penser spirituel qui commande à ses émotions et à ses instincts. Donc les actes(épithumia)et les mouvements du cœur, (thumos) sont auservice du Noûs (penser spirituel). Or, au départ, l’homme “ordinaire”, “marche sur la tête », c’est à dire que ses pensées et ses émotions sont au service de ses instincts et de “son animal”.

- La nécessité de développer, par des moyens agréables et positifs, le goût de la recherche et de l’effort par l’exploration du champ de vie humain et la compréhension des lois harmoniques à l’arrière plan de notre “Univers de secours”, donc la propension au travail sur soi et à la connaissance de soi, car l’homme est un microcosme, un résumé de l’Univers. Ici aussi Comenius n’a rien inventé et le frontonde Delphes, dit-on, stipulait clairement la même chose, en toutcas cette sentence a profondément imprégné le monde grec :

« Connais-toi toi-même et tu connaîtras la Nature et les Dieux”, c’est à dire les forces à l’arrière plan de l’Univers. Car les grecs, de même que les égyptiens, au niveau du temple intérieur, n’ont jamais été polythéistes : par une pensée synthétique et imagée, ils amenaient progressivement tous ceux qui étaient mûrs pour cela à la compréhension des principes spirituels et métaphysiques. S’ensuivait la conception solaire donc christique qu’ils préparaient consciemment, puisqu’ils savaient qu’elle suivrait.

- Puis, entre autres points dont la nécessité se fait encore grandement sentir, tous les aspects de la maturité psychique, spirituelle et matérielle, constituaient pour Comenius des fondements indispensables à une société qui voudrait dépasser le stade de la horde animale, ce qu’elle n’a pas encore fait, hors les cas d’un nombre proportionnellement très restreint de nos congénères.La vision universelle de notre infatigable héros, sa préoccupation plus que démocratique, dans le sens noble du terme se révèle à l’évidence dans la “Consultation Universelle sur l’Amendement des Choses Humaines”; qui est à notre sens sonœuvre capitale :

Les sept éléments ou parties de cette somme portent le préfixe grec pan, ce qui implique une idée d’universalité; Panégersie, Pampaedie, Pansophie, etc. … Mais nous y reviendrons en détail dans la dernière partie de notre étude.Deux objectifs sont évidents et fondent la recherche pansophique : la maîtrise de soi et la victoire sur soi, chapitres “incontournables” pour employer la langue de bois audiovisuelle, de toute pédagogie libératrice, aussi bien pour l’aspirant que pour l’instructeur.Nous aimerions ici commenter quelque peu la « Prière au Père des Lumières » . Nous pourrons y observer les implications inimaginables d’une véritable Haute Raison par laquelle ce lutteur, héros de l’expérience intérieure et extérieure vécue jusque dans ses plus extrêmes conséquences, put en quelques dizaines d’années, abattre pour longtemps des pans entiers d’une poussiéreuse mentalité scolastique qui se perpétuait encore de façon virulente. L’orientation de Comenius est bien entendu purement spirituelle, et non religieuse ou mystique. Il s’agit d’emblée du problème de l’illumination des hommes. Tout homme doit devenir éclairé, ce qui comporte le développement d’une haute

raison par l’instauration “d’écoles chez tous les peuples, des maisons d’enseignement pour tous”, ce qui pour l’époque était plus que nouveau, l’enseignement restant l’apanage d’un petit nombre de privilégiés. Pourquoi parlons nous d’une “haute raison”? Eh bien tout simplement parce qu’il s’agit de faire ensorte que l’homme comprenne progressivement tous les aspects dela réalité et donc de la raison, c.à.d.. Ainsi seulement une véritable autonomie, sur les plans spirituel, psychique ou matériel, basée sur la conscience de la raison pure et une pensée vraiment libre, pourrait se développer, ce qui n’est le cas pratiquement pour personne à l’heure actuelle. Nous posons ici comme principe de base que ces aspects, le spirituel, le psychique, et le matériel, dont l’humanité ordinaire n’a exploré, compris et vécu, qu’une toute petite partie, peuvent tous être expérimentés, et ils le sont ou le seront.Personne ne niera ici que l’état général du monde, à part quelques progrès “scientifiques”, qui n’en sont pas vraiment pour nous, puisqu’ils correspondent à une vue parcellaire de laraison et de la connaissance, est, en un certain sens, encore bien pire que celui qui existait du temps de Comenius. Ces «progrès » ne sont d’ailleurs jamais des éléments «de première main ». C’est pourquoi l’introduction de cette “Prière au Père des Lumières” ne surprendra personne :“Voici, les ténèbres recouvrent la terre et l’obscurité les peuples.” Ici nous voulons placer un point de vue que nous avons déjà esquissé en ce qui concerne l’aspect éducatif, très spécifique chez Jan Amos.L’erreur, d’après l’étude que nous avons pu faire, aussi bien sur le terrain que dans les livres de notre héros, se situe surle plan pédagogique fondamental. Si l’on se reporte à notre époque, on voit que le moment n’est pas loin, si ce n’est déjà fait, où on fixera des objectifs socio-économiques mondiaux, sans changer de fond en comble la nature humaine. Et l’on parlera de « paix et d’harmonie » ! "Or toute “autolibération”,qui implique une “autorévolution”, nécessite un travail éducatif en profondeur qui balaye, à plus ou moins brève échéance, sans violence, les racines du mal que sont l’égoïsme,la lutte pour la vie, et autres fléaux qui relèvent plus de l’animal que de l’homme mais, malheureusement, sont encore implicitement les piliers de notre société.

Or, on veut créer une unité artificielle extérieure, sans s’attaquer vraiment à la racine du problème, racine qui ne peutêtre arrachée que par l’individu lui-même. C’est la difficulté à laquelle furent confrontés tous ceux qui voulaient enseigner quelque chose d’essentiel depuis l’Egypte et même bien avant. L’Egypte avait résolu le problème grâce à son système éducatif relié au temple et qui constituait la base de la société. L’organisation du temple et de l’accès à “la sagesse” permettait à l’individu qui en montrait les aptitudes d’être plus ou moins attiré, guidé vers le temple, grâce à la triple configuration suivante : A partir de la vie “ordinaire”, ceux qui étaient « ouverts de cœur » pouvaient déceler l’âme d’exception qui ensuite était guidée vers le péristyle, puis vers le temple intérieur, lui-même comprenant plusieurs aspects. Mais à notre époque, de même qu’à celle de Comenius quoique à un moindre degré, l’homme a en principe tous les éléments qui lui permettraient de prendre son destin en main. C’est pourquoiles anciennes méthodes ne peuvent plus fonctionner.L’objectif de Comenius, de même que celui de tout éducateur contemporain, se doit d’être universel. L’illumination, telle que la présente Comenius dans sa prière au Père des Lumières, peut très bien s’expliquer raisonnablement. Mais ceci à condition d’accepter que notre connaissance de l’homme est encore parcellaire, et qu’il existe donc une raison qui englobela raison “ordinaire”, raison hélas bien souvent orientée souvent sur des principes qui commencent heureusement à s’effondrer, les principes de rentabilité et d’exploitation entre autres. Non seulement exploitation les uns des autres, mais encore et surtout, et cela est une conséquence logique de l’inconscience et de la courte vue puérile de nos pseudo scientifiques, économistes, religieux et autres hommes de pouvoir, exploitation destructrice de notre planète. Il est évident qu’il ne s’agit pas de retourner à l’âge des cavernes. Comme le dit notre héros, en particulier dans la Pampaedie, il est urgent de faire en sorte que tous aient les moyens d’agir, de penser et de réaliser dans le sens d’une véritable révolution intérieure, d’un absolu retournement des valeurs où presque tout sera utilisé, mais avec un minimum d’intelligence et de prévoyance, à l’exclusion toutefois de l’énergie atomique, qui, même utilisée pacifiquement et sans accident,

déséquilibre déjà à elle seule, de façon très subtile, l’équilibre de notre planète.Comme l’a très bien vu Olivier Cauly, la recherche de Comenius en matière de “science” se place sur le terrain d’un vivant universel, d’une échelle de la vie qui va de la pierre aux anges et au-delà, en passant par l’homme. C’est pour cela qu’ilne pouvait accepter les conceptions purement mathématiques de Descartes ou de Copernic. Pour lui, le sens des êtres et des choses prime. La méthode qu’il introduit pour “rassembler la “vérité partout dispersée” révèle une unité universelle qui se manifeste grâce à trois principes fondamentaux (la lumière, l’esprit et la matière) et par sept degrés (ou espèces) de substances. On retrouve ces aspects dans l’enseignement universel.Il s’agit bien là d’une conception dynamique, vivante et en devenir, qui s’apparente à la philosophie spirituelle de la nature que l’on peut retrouver chez Paracelse. Cela vit, est, progresse, se manifeste et vise à l’accomplissement et au perfectionnement harmonieux du tout. Ainsi tout ne s’explique pas par les oppositions, tout ne se réduit pas à un éternel recommencement, l’univers a un sens. Tous les êtres sont des combinaisons des trois principes dans les quatre éléments, et “le monde est une pure harmonie” où, du plus inerte à Dieu, il y a possibilité de l’éveil de la conscience et de sa manifestation au service du tout.Dans ce contexte, l’éducation est un des piliers fondamentaux du travail de notre héros, mais cette éducation, nous l’avons vu, englobe plus largement encore ce que nous avons l’habituded’entendre par-là. Par son objectif universel, elle retrouve lesens premier de la philosophie, quête de la sagesse, et la transcende même par ses aspects métaphysiques. Cette façon de vivre et d’éduquer aussi bien la jeunesse que l’âge adulte, comme Jan Amos l’avait très bien compris, ne manquera pas de manifester ses résultats, de façon universelle,car elle induira une vraie compréhension du monde et de la vie.Et c’est là un des points originaux et remarquables de l’activité spirituelle, éducative et politico-philosophique en ce XVIIe siècle si perturbé, où les armées catholiques soutenues par le pape dévastèrent toute l’Europe Centrale pour des raisons au fond assez évidentes, mais qui se réduisent toutes à une volonté de pouvoir, temporel ou pseudo-spirituel.

Cette universalité démontrée par Comenius, le fut aussi par de nombreux autres travailleurs spirituels que nous évoquerons ici. Nous nous apercevrons par exemple que Comenius fut non seulement un grand pédagogue, comme tous les chercheurs avertisdans le domaine de l’éducation se plaisent à le reconnaître aujourd’hui, mais aussi et surtout un immense philosophe et unpuissant spirituel du XVIIe siècle.Dans cette prière au Père des Lumières, les points sur lesquelsil insiste, par images et métaphores, sont les suivants : 1. il s’agit d’illuminer, cad d’ouvrir les yeux et les oreilles

de tout le genre humain, 2. de faire en sorte que le goût et l’aspiration à la recherche

de l’essentiel se généralise de façon universelle, 3. de développer la compréhension du monde et de la vie et de

ce qui se situe à l’arrière plan des choses. Il faut que la multiplication d’écoles permette d’effacer l’erreur et le tâtonnement et de favoriser l’arrivée à une réelle maturité, à une réelle autonomie de tous et de toutes :“Ô Dieu, emplis la terre de ta connaissance, comme la mer est recouverte d’eau ; Fais se lever des hommes qui écrivent ta volonté dans des livres que tu puisses cependant imprimer toi-même dans le cœur des hommes. Veille à ce que des écoles s’ouvrent chez tous les peuples, des maisons d’enseignement pour tes enfants !” Il s’agit donc de favoriser l’éclosion de ceux qui guideront les autres, mais aussi de susciter l’autonomie de la compréhension et de la pensée. Nous insistons car c’est là un point capital sur lequel nous reviendrons “Edifie toi-même ta propre école dans le cœur des hommes ! Inspire les esprits des sages dans le monde entier”, ce qui signifie une fois de plus la conjonction de l’autonomie de l’individu et de la formation de sages et de guides.

Son projet éducatif, qu’il essaya à plusieurs reprises de concrétiser, en particulier à “Saros Patak”, en Hongrie, faisait partie d’un projet beaucoup plus vaste de “réforme générale des affaires humaines”, dont des bribes ont d’ailleursété récupérées, quoique très mal comprises, dans des institutions telles que l’O.N.U. et l’U.N.E.S.C.O. L’objectif de Comenius est et demeure universel : il s’agit du “rétablissement de tout ce qui concerne l’homme, pour tous et partout”. En ce sens il devance largement les idées sociales

les plus hardies de notre temps, mais là n’est pas le plus important.

Pour lui l’éducation se doit d’être permanente et doit nous permettre de retrouver à plus ou moins long terme l’état d’homme vrai, à l’image du créateur. Par ailleurs, il montre bien qu’elle n’est plus qu’un pieux rêve idéal. (Cf. Le Labyrinthe du monde et le Paradis du cœur)

Et c’est pour lui une chose essentielle, incontournable, que de viser à un rétablissement qui soit réellement universel :

“Si nous n’y arrivons pas, nos efforts individuels resteront vains”

Par-là même nous comprenons immédiatement que Comenius a une vision à long terme du plan qu’il propose. Il est avant tout réaliste et n’a rien, contrairement à ce que certains chercheurs ont l’air de croire, d’un doux illuminé utopiste, Ilest donc parfaitement conscient que cette “illumination du genre humain” prendra du temps. Combien, il l’ignore : Mais tout ce qu’il sait c’est que ce travail doit, par delà les siècles, être entrepris et mené à bien. C’est pourquoi il le commence et accomplit ce qu’il est en mesure d’accomplir.

Trois principes de base, que nous trouvons énoncés, en particulier dans le “Via Lucis”, gisent latents, quoique bien souvent très mal employés, à l’intérieur de chaque homme :Savoir, Vouloir et Pouvoir.

Ces trois facultés sont présentes en chacun, plus ou moinsactives, conscientes ou efficaces. On peut les voir aussi commeles normes générales sur lesquelles le savoir peut s’articuler,l’aspiration à la réalisation intérieure et extérieure, et les capacités générales qui permettront cette réalisation.

Pour Johan Amos, il est question de ramener à la source ces canaux élémentaires de la sagesse et de leur donner l’unique orientation positive nécessaire, que chacun de nous pressent intérieurement. Il est impossible, selon lui, qu’il n’y ait rien dans les hommes qui corresponde à ces racines de la sagesse universelle humaine.

Nos tentatives d’interdisciplinarité paraissent ici bien pâles, au regard du projet universel pansophique. La Pansophie est en effet un système de sagesse universelle humaine. Car grâce à la compréhension universelle induite par l’exercice bien orienté de ces trois facultés de base, on peut rectifier tout ce qui dévie du plan universel de manifestation. On

retrouve là cette idée qu’appréhendent de nos jours les scientifiques de pointe (Ex : Dambricourt Malassay) : le hasardn’a aucun rôle à jouer dans la manifestation du monde, mais un plan gît à l’arrière plan de tous les phénomènes manifestés.

Cette fameuse Pansophie, est en fait tout ce qu’il est donné à l’homme de savoir, de vouloir et de pouvoir. Nous voyons déjà que le projet encyclopédique du siècle appelé celuides lumières est bien petit, comparé au grand projet de “réforme universelle pansophique”. Voltaire, Diderot et Rousseau, ont d’ailleurs largement été inspirés, quoique indirectement, par Bacon et Comenius, et il est regrettable queBayle ait malencontreusement et un peu trop vite repris à son compte, sans les examiner de très près, les attaques calomnieuses et furieuses de Desmarets contre Comenius, ce qui détermina une attitude négative vis à vis de ce dernier, et pour longtemps. Et ceci quoi que, nous le répétons, beaucoup degrands esprits aient été influencés par ses idées, le plus souvent à leur corps défendant. Comenius a d’ailleurs écrit la première encyclopédie tchèque, mais il n’a pas eu le temps de s’y consacrer comme il l’aurait voulu. Ce projet encyclopédisteexistait donc bien avant les célèbres “Encyclopédistes”, et l’englobait d’ailleurs largement, puisque, pour Comenius, il s’agissait d’un travail qui avait un “sens”, qui répondait à lanécessaire compréhension du plan pour le monde. Nous sommes donc obligés de dire que, pour nous, malgré l’immense valeur que nous reconnaissons à ces grands esprits du XVIIIe siècle, leur travail fut limité et parcellaire, constituant presque unetrahison des avancées philosophiques, spirituelles et intellectuelles du XVIIe, ce qui ne fut pas sans conséquences sur l’histoire des idées de l’Occident européen. Ce projet pansophique consistait entre autres en la description, “comme en une chaîne ininterrompue et dans un ordre inattaquable, de toutes choses visibles et cachées aussi bien de cette période que de la période suivante, selon une seule méthode. Ainsi, personne, étudiant et observant avec attention, ne pourrait éviter de comprendre et donc de réaliseravec enthousiasme ce qui convient à tout homme digne de ce nom.”

Pour ce grand pédagogue, philosophe et spirituel, il était important de rechercher des voies et des moyens par lesquels offrir, sans aucune contrainte, si ce n’est celle de l’attrait que l’on peut donner à l’enseignement, en parfaite

liberté donc, cette sagesse universelle à tout être humain, “desorte qu’aucun être, d’une intelligence même moyenne, ne demeurât sans culture ou fut en désaccord avec l’harmonie commune, non par contrainte, mais par une sagesse retrouvée, harmonie supérieure de la lumière pansophique. Que si un désaccord se manifestait, dû à un manque de compréhension, il fut corrigé avec patience, et non réprimé.”

Nous insistons ici : contrairement à l’accent porté par beaucoup de chercheurs, bien intentionnés par ailleurs, le projet éducatif de Comenius, comme le nôtre, n’est pas uniquement axé sur une formation du citoyen ou de l’individu, en tant que membre d’une société à laquelle il doit s’intégrer,(société le plus souvent orientée sur le profit, et tout ce quitourne autour de l’aspect matériel élémentaire). Pour Comenius,l’enseignement, l’éducation est une partie d’un plus vaste projet qui vise à faire de l’homme un “homme-dieu”, autrement dit qu’il soit mis en mesure de devenir réellement humain, c’est-à-dire autonome en ce qui concerne la pensée, les émotions et la manifestation concrète des choses. Toute l’organisation de la société doit concourir à cet objectif essentiel, s’incliner devant lui.

Ce vaste projet a été mis en forme et développé en détail dans la “Consultation Universelle sur l’amendement des choses humaines”, qui comporte sept parties :

- La Panegersie : qui se propose de traiter de ce qui existe, de ce qui advient, de ce que sont les choses humaines, de la corruption générale de l’état du monde, de la nécessité de rechercher partout et par tous les moyens une solution à cetétat de choses, sans avoir de cesse ni de repos. Que tout ceci doit se faire de manière universelle, et amener à l’établissement de règles et de lois qui nous permettront de réaliser le but de la vie humaine-divine. Cette partie se termine par une invitation à tous à se joindre à cette nécessaire recherche. Notons que nous trouvons ici ni plus ni moins que le programme de la Fama Fraternitatis et du ConfessioFraternitatis, ce qui confirme, si cela était encore nécessaire, la continuité entre le Cercle de Tübingen et Comenius. Mais nous reviendrons sur ce point.

- La deuxième partie porte sur la “Panaugia”. Elle concerne la nécessité d’éclairer l’humanité grâce à la Lumière Universelle, par les moyens dont dispose cette humanité et en les développant, en l’espèce : les sens, première approche d’un

réel bien plus vaste que ce qui peut être appréhendé par eux, mais voie qui permet parfois aussi un contrôle plus ou moins efficace et évite nombre d’illusions de type mystique ou occulte. La Raison, à laquelle Comenius met évidemment un R majuscule, ce qui montre bien qu’il s’agit de la haute raison basée sur une pensée dépassant de loin la pensée discursive et “rationaliste” au sens limité, que nous connaissons tous. La foi est aussi pour notre héros un outil de connaissance intérieure parfois plus efficace que les cinq sens, même si le garde fou de la raison et de l’expérience, intérieure comme extérieure, peut et doit souvent intervenir. Il s’agit en fin de compte de parvenir à une réelle “Panharmonie”. Là tout hommepeut contempler, vivre, et expérimenter par lui-même la vérité absolue de façon autonome, vérité sur laquelle il sera possiblede se mettre vraiment d’accord, grâce au développement dont nous verrons que la Pansophie et la Pampaedie nous donnent les clés.

- Dans la troisième partie, il est question de la Pansophie, ou sagesse universelle, sur laquelle nous aurons souvent l’occasion de revenir. Comenius part de la nature humaine elle-même. Or nous remarquerons qu’il y a déjà là un postulat. Celui-ci, qui semblait évident pour l’époque de Jan Amos, ne l’est plus tellement pour nous. Il s’agit tout simplement de l’implicite suivant : il existe une nature humaine. Or depuis le siècle dernier, cela est bien souvent remis en question. Examinons les divers points de vue. Certainsposent l’idée suivante : il y a peut-être une nature humaine, mais celle-ci n’a rien d’absolu ni de définitif, elle est sujette aux influences du milieu, elle s’adapte aux “circonstances” et se modifie avec le temps (air connu). En particulier beaucoup maintiennent que, si l’on change l’environnement de l’homme, la “nature”, si l’homme lui-même intervient en ce sens, il opère en même temps un changement de sa propre nature. L’environnement, malgré les derniers développements de la science moderne, est pour beaucoup le principe de toute explication de la nature humaine. Ce qui implique, en ce qui concerne l’éducation, que l’éducateur ne sebase pas sur une nature en développement, mais est un véritablecréateur, fabricant d’individus suivant un objectif donné. On voit tout de suite les dangers d’une telle conception. Dans cette optique, c’est l’environnement, social ou autre, qui détermine l’homme et sa nature, donc c’est le changement de

société qui détermine le changement de l’homme (l’histoire ne dit pas par qui et en fonction de quels critères la société estmodifiée). On a aussi fréquemment rencontré, surtout depuis l’après-guerre l’idée que c’est l’homme lui-même qui se construit, par sa pensée et ses actes, et détermine sa propre nature. Notons ici que sa pensée, ses émotions, ses actes, sonfonctionnement d’homme constituent peut-être en fait déjà un élément de la nature humaine. Dire que l’homme se constitue, s’auto-réalise, n’est en fait absolument pas contradictoire avec l’idée d’une nature humaine. En effet, il lui faut pour cela des matériaux de base. On ne crée pas à partir de rien. Etc’est justement grâce au bon fonctionnement de tous les éléments de la nature humaine que peut se réaliser l’homme vrai. C’est ce bon fonctionnement qui est un des objets essentiels de l’éducation coménienne. Une autre tendance, en mettant en relief les multiples aspects des diverses cultures et sociétés, a cru par-là montrer l’inexistence de la nature humaine. Mais la recherche ethnologique moderne montre clairement, en particulier l’étude des mythes dans des culturesn’ayant pas communiqué entre elles, que de nombreux invariantset de multiples constantes, même s’ils prennent des colorations spécifiques, révèlent une nature humaine fondamentale.

Or on oublie généralement la chose suivante : il est exactque, de même que l’embryon n’est pas l’homme adulte, il en possède cependant déjà toutes les potentialités. De même l’homme des cavernes n’a apparemment rien à voir avec l’homme actuel, qui se vante tant de son intellect, si destructeur, caril l’utilise à tort et à travers. Eh ! Bien la transformation qui a amené l’homme actuel, la réalisation par lui-même de son autonomie relative, toutes ces modifications sont bien entendu,et cela est une évidence pour tout le monde, accomplies par lui-même face à la nature. L’homme est en constant développement et doit réaliser son être essentiel. Cela a pour point de départ une structure générale, des tendances, par exemple à la liberté et à la raison, entre autres, et cela, et bien d’autres choses, constitue sa nature d’être véritablement humain. L’homme n’est pas un simple animal ou alors ce n’est plus un homme. Pour Comenius, il existe donc bien une nature humaine spécifique. Mais cela ne justifie absolument pas pour lui toutes les dérives de cette idée. Ainsi, pour lui, il n’existe absolument pas d’individus dont c’est la “nature” de

diriger ou d’obéir. Notre héros a trop connu la folie humaine pour ne pas avoir compris qu’il est hors de question de justifier par quelque prédisposition une tendance naturelle quiprolongerait un statu quo social ou des différences de statut pouvant permettre d’affirmer une supériorité “naturelle”. Non, pour lui non plus “nous ne sommes pas programmés”. Pour notre pédagogue philosophe et spirituel, non seulement il existe de façon innée et générale, certaines dispositions, tels le désir inné du Bien, la Volonté encore à naître et les moyens qui doivent être développés d’y atteindre en parfaite liberté et autonomie, non seulement le discernement latent en chacun peut et doit être aiguisé, mais ces éléments sont indispensables et afférents à la nature humaine véritable. Là est le sens ou un des sens fondamentaux de toute sagesse. Notons ici qu’il est question du Bien, c’est à dire du bien absolu. Nous aurons l’occasion d’y revenir.

Un point important, chez Comenius, travail de pionnier reconnu, fut celui de la connaissance mutuelle internationale des divers peuples et nations, au moins au niveau Européen (mais des allusions fréquentes montrent que Comenius, même s’ilétait trop tôt à son époque pour que cela connaisse un début deréalisation, concevait cette nécessité comme mondiale et universelle. Il fut d’ailleurs invité à s’occuper de l’éducation des Jeune « Etats Unis d’Amérique »). Ces ouvertures dans la pensée ont fait que, sans que quiconque connaisse vraiment la pensée de J.A. Comenius, on parle en éducation de “Projet Comenius”, au niveau européen, pour désigner des projets d’échanges culturels et linguistiques regroupant des établissements d’enseignement de 3 ou 4 pays. Ilest d’ailleurs intéressant et pour le moins révélateur de la “pensée unique de notre temps” que, 4 siècles après la naissance de notre héros, il soit toujours très difficile de faire admettre, accepter, et mettre en œuvre de tels projets. En effet tout ce qui dévie d’une “norme” imposée par la pensée dominante de l’Education Nationale est plus ou moins étouffé etses promoteurs neutralisés par mille moyens qui relèvent parfois des pratiques de l’antique inquisition.

Ce chercheur infatigable a d’ailleurs lui-même écrit des méthodes d’enseignement des langues vivantes pour les écoles qu’il dirigea. Notons qu’existe encore en Pologne un établissement fondé par lui, à Leszno, dont il fut responsable.

Pour lui, il y avait aussi une priorité, qui consistait enla création d’une langue universelle, qui ne soit pas le latin.Malgré la tentative de l’espéranto, nous pouvons remarquer que la langue de communication est plutôt l’anglais actuellement, et donc qu’une véritable langue universelle n’existe encore pas.

Si nous étudions un peu “Via Lucis” et la “Consultation universelle” nous nous apercevrons bien vite que le projet coménien rejoignait de très près celui du Cercle de Tübingen. Cela est très naturel puisqu’il ressort clairement de la correspondance entre J.V. Andreae et Comenius que celui-ci devait reprendre le flambeau que J.V.A., fatigué et usé par l’âge et les persécutions, acceptait de lui transmettre.

J. Amos entendit parler de la Fama Fraternitatis certainement avant sa parution. Il date lui-même la parution decelle-ci de 1612. Il connut donc certainement son existence au cours de son séjour à Marbourg ou à Heidelberg (1613-1614). De toute façon, il y avait déjà suffisamment de force dans les écrits de jeunesse de J.V.A. pour stimuler la réforme pansophique de notre héros. Celui-ci a d’ailleurs rendu hommageà son prédécesseur, le désignant comme l’inspirateur de ses “Considérations Pansophiques”.

Dans une lettre personnelle datant de 1629, Andréa est touché par le zèle de son jeune admirateur et lui fait parvenirson “Imago Societatis Christianae” et les “Leges”, qui y sont inclu(s)es.

Au cours d’un premier échange épistolaire en 1628, Comenius lui demandait quels étaient ses projets, et de le choisir comme disciple et élève. Mais dans sa réponse, Andréa se révèle fatigué, découragé, et argue de son âge (42 ans) pourne pas personnellement reprendre la combat. Il accepte l’amitiéde J.A. et le soumet à une sorte de “test” en lui demandant s’il est bien vrai “qu’il se tient loin de toute partialité et de tout fanatisme, qu’il ne croit qu’à la vérité, qu’il ne reculera que devant celle-ci et qu’il embrassera la liberté chrétienne sous la bannière de l’amour”.

Dans une deuxième lettre, écrite au nom de quelques amis, Comenius rappelle, de même que cela est écrit dans la “Fama” qu’il “appartient à la nature d’un guerrier courageux de ne quitter l’arène qu’au moment où son remplacement est assuré en la personne de lutteurs plus jeunes profitant de l’expérience du vétéran pour éviter les erreurs du débutant”. C’est alors

que, se rendant à ces arguments, J.V. Andreae fait parvenir son“Imago Societatis Christianae” et les “Leges”, lui confirmant l’existence et l’activité de cette société. Et il précise : “Libre à Comenius et à ses amis de lire et de corriger si nécessaire les tables de ce naufrage. Rien que de savoir que lenavire n’avait pas sombré corps et biens lui procurerait la joie du marin qui, malgré toutes ses errances, avait ouvert la voie vers de nouveaux rivages pour ses heureux successeurs, carle but avait été de faire tomber les idoles de leur piédestal, aussi bien celles de la religion que celles de la science, et de rendre sa place au Christ”

Ce qui ressort clairement de tous ces échanges épistolaires, c’est que Comenius fut chargé de reprendre le flambeau de l’ordre entier, recevant la liberté d’établir de nouvelles lois, dans le combat le plus radical qui soit, proposant à l’homme, non pas de lutter pour ou contre telle ou telle idéologie, religion, politique ou système, qu’il soit scientifique ou non. Ce combat se situe pleinement dans le monde, au service de la libération du monde et de l’humanité, sans toutefois, pourrait-on dire, en faire réellement partie. Il s’agit de ce monde de corruption, de rentabilité pourrie, d’égoïsme animal fondamental et de lutte pour la vie, autrementdit de ce que la “Fama” appelle “Aristote, le Pape, Galien, Mahomet, et la même ritournelle”. Précisons que Mahomet, de même que le Pape désigne ici tous les intégrismes et tous les dogmatismes irréfléchis, malsains, hypocrites et exploiteurs. La nécessité de reprendre ce travail sur des bases nouvelles provenait entre autres du fait que la publication prématurée des trois manifestes de la Rose-Croix, si elle avait eu pour résultat ce “franc succès de librairie” dont nous avons parlé plus haut, avait provoqué oppositions et persécutions. Notons d’ailleurs que ce n’est pas J.V.A. qui choisit d’agir si tôt, et que celui-ci a toujours dénoncé les excès juvéniles de certains de ses admirateurs.

Il s’agit donc ici pour Comenius de constituer une Fraternité de combattants qui ne luttent pas au sens habituel du terme. Ce mode de travail universel, que nous pourrions nommer non-lutte dans l’action, se retrouve dans toutes les entreprises de diffusion de “l’enseignement universel”. Nous pensons ici en particulier au “wei-wu-wei” chinois. Nous comprendrons facilement que tout individu ou groupe qui chercheà diffuser la sagesse n’entreprendra aucune lutte contre qui

que ce soit, même si sa vie entière est un combat de chaque seconde, ce combat, djihad au sens originel du terme, étant dirigé contre soi-même

Cette Fraternité existait. J.Amos le savait, qui, citant “Christianopolis” dans “Le Labyrinthe du monde et le Paradis ducœur”, précise : “Pourquoi attendre plus longtemps une telle Fraternité ? Entreprenons plutôt une tentative de mettre en pratique la Fama”.

De même J.V. Andreae, dans son écrit à la mémoire de Wense, en 1642, affirme en résumant le but du travail en question :

“En tant qu’adepte d’un Christianisme non seulement confessé par l a bouche mais d’une piété effective comme celle de Joseph Arndt (soit dit en passant, un des précurseurs du travail philosophico-pédagogique de Comenius), Wense essaya de rassembler un certain nombre d’hommes qui avaient le désir, la capacité et la volontéde se consacrer à l’amélioration de leur temps, en formant entre eux comme une alliance. Dispersés aux quatre coins de l’Allemagne, ils devaient établir une sorte d’échange de pensées et, comme de fidèles amis, délibérer de la science qui se trouvait dans un si triste état, et en particulier de la viechrétienne, et chercher la manière dont ils pourraient changer la situation”.

Comment ne pas reconnaître là, une fois de plus, le plan des collèges illuminés, proposition que l’on retrouve dans “ViaLucis” et de cette fameuse “Réflexion sur l’amendement des choses humaines”, par un groupe d’hommes appelés à cela et formés en conséquence, que ne cessa de prôner, de défendre et de pratiquer notre héros.

Sans nommément désigner, à cette époque (1622), la Rose-Croix, il utilisait, citait et se basait sur les idées reconnues officiellement comme caractéristiques de l’hermétismerosicrucien (L’Anima Mundi, la triple composition de l’homme, corps, âme, esprit, etc …).

En 1639, il reprit même textuellement dans “Pansophiae Prodromus et Dilucidatio”, des passages de la Fama Fraternitatis, ou s’y référa, y glissant une importante petite phrase tirée du Confessio Fraternitatis R.C. :

“Notre science consiste dans les capacités spirituelles del’homme et dans une sagesse supérieure certaine. Elle comportebeaucoup de théologie, de médecine, mais peu de jurisprudence”.

On dit d’ailleurs de la “Via Lucis” que ce fut en fait la “Fama” de Comenius. Cela serait d’ailleurs logique puisque la rédaction de ce texte en 1641-1642, avait été précédée de dix/douze ans qui lui avaient permis d’édifier et de constituerle travail qui lui avait été confié au cours des échanges épistolaires avec J.V. Andreae en 1620.

“Via Lucis” fut d’ailleurs, à la mode du temps, traduit ennéerlandais de la façon suivante : “La voie vers la lumière, explorée et encore à explorer, ou la recherche sensée de la manière dont la Lumière intellectuelle de l’esprit, la sagesse,peut être répandue favorablement, au crépuscule qui commence maintenant à tomber sur le monde, et cela d’une manière compréhensible pour l’intelligence de tous les hommes et de tous les peuples. »

Il s’agit donc bien ici, entre autres, et d’une façon bienspécifique, d’éducation. Le premier titre en était d’ailleurs :“Didactica Magna oder Via Lucis”. Il faut dire que l’éducation avait aussi été une importante préoccupation, non seulement de Wolfgang Ratichius, mais aussi de J.V. Andreae. A deux reprises, celui-ci avait abordé le thème du “Collegium Fraternitatis” ou “Demeure Sancti Spiritus”, ainsi que du “Collegium Christianum” d’où la Lumière (Crucis Lucisque verbum, la parole de la Croix et de la Lumière) devait émaner, provoquant une “réforme générale du divin et de l’humain”. Joseph Arndt, qui connaissait et admirait Comenius et Andreae, considérait aussi l’éducation comme un point fondamental et générateur. Comenius lui a d’ailleurs emprunté de larges fragments, en particulier des extraits du “Viertes Buch van wahren Christentum”. Le problème étant ici aussi : “Quelle est la voie où séjourne la lumière et par quelle voie la lumière sedivise-t-elle”, c’est-à-dire comment celle-ci pourrait-elle éclairer jusqu’au tréfonds de notre monde de folie.

Les livres principaux de cette école que constitue le monde entier, école préparatoire , école de la sagesse divine, qui doit amener l’être humain à “l’académie céleste”, sont au nombre de trois :

- Le livre du monde visible- Le livre de l’homme crée à l’image de Dieu ou le livre

de la conscience- L’écriture sainte, qui permet de déchiffrer le livre de

la conscience et de commenter celui de l’Homme, écrit “ésotérique” qui fait comprendre, comme un véritable manuel

d’initiation, le chemin que doit parcourir l’homme pour redevenir “à l’image de Dieu”, ou “homme véritable”.

Examinons d’un tout petit peu plus près ce que propose cette “Voie de la Lumière”:

“Le problème de cette école qu’est le monde c’est qu’il s’y est introduit une grave confusion, un triste spectacle. Le meilleur service qui pourrait donc être rendu à l’humanité serait donc, par l’éducation à la lumière de tout le genre humain, de trouver un moyen efficace pour chasser l’obscurité née de l’ignorance, pour répandre la lumière de la sagesse sur le monde entier.”

On trouve d’ailleurs dans le “Véritable Christianisme” de Joseph Arndt des “titres de livres”, analogues à ceux proposés par Comenius :

“Liber scripturae, liber conscientiae, liber naturae”;Dès 1612, Arndt est régulièrement cité par Andreae.

Besold, en la même année, rassemble l’essentiel de ces citations.

“Le monde entier est un magisterium (livre d’enseignement)où se reflète la sagesse du créateur”.

La Bible est d’ailleurs, en tant que livre d’initiation intérieure, décrit ainsi (Confessio Fraternitatis R.C.) :

« Ceux qui s’en tenaient fermement à considérer la Bible comme le fil conducteur de leur vie, le but et le sens de touteétude, le manuel d’instruction et la conception centrale du monde entier, étaient par là-même très proches et très semblables aux Frères de la Rose-Croix”.

De même : “Béni soit celui qui la possède, plus encore celui qui la lit, et bien plus celui qui l’étudie, mais celui qui la comprend est le plus près de Dieu et celui qui lui obéitest le plus semblable à Dieu”.

Le Labyrinthe du Monde décrit en détail la folie des hommes, le droit injuste, la médecine meurtrière, la vie familiale inepte, l’exploitation éhontée du travail, la religion corrompue et licencieuse, quand elle n’est pas meurtrière, la science ignorante et la vanité du monde.

Sans faire ici une étude approfondie de cet ouvrage, puisqu’il doit paraître bientôt en Français, rappelons qu’il fut écrit pendant la période de persécutions que vécut J.A. Comenius au début de sa vie. Il comporte deux parties. Au coursde la première, le pélerin cherche son chemin dans le monde, symbolisé par une ville apparemment très bien organisée en

classes et dirigée par la Reine Sagesse, que certains appellentVanité. Deux guides se présentent à lui, “Passe-Partout”, que l’on pourrait aussi traduire par “Qui-sait-tout et voit tout”, représentant à peine voilé de l’inquisition, et “Illusion”. Ceux-ci, voyant qu’il est un peu récalcitrant, lui mettent des lunettes spéciales qui font voir le faux vrai et le vrai faux, etc.. et lui font visiter, tout en les lui vantant, toutes les couches de la société. Heureusement les lunettes ne sont pas très bien ajustées et notre pélerin peut quand même voir la réalité telle qu’elle est. A chaque étape du voyage, il démasque la folie du monde pour finalement en arriver à la deuxième étape de son voyage : “Le Paradis du cœur”, au cours duquel il répond à l’appel le plus intérieur de son être.

De la même façon, J.V. Andreae décrivait aussi le mal qu’il faut attaquer, dans “Menippus Mythologia Christiana”, et au commencement de la “Fama Fraternitatis” :

“Le monde inconsidéré sera toutefois peu servi par cela etc’est pourquoi la médisance et la raillerie iront toujours en augmentant. Chez les savants aussi la fierté et l’orgueil sont si grands qu’ils ne peuvent s’assembler pour, à partir de tout ce que Dieu a si abondamment répandu en notre siècle, compiler et produire de concert un Librum Naturae ou règle de tous les arts; mais chaque parti s’oppose tant à l’autre et se tient en telle aversion que l’on en reste toujours à la même ritournelle: le Pape, Aristote, Galien, oui, tout ce qui ressemble à un codex doit être pris pour la claire lumière manifestée, alors qu’ils auraient sans doute, s’ils vivaient encore, grande joie à se réorienter. Mais on est encore ici trop faible pour un si grand travail. Et bien qu’en Théologie, Physique et Mathématiques, la vérité lui soit opposée, l’adversaire classique démontre toujours amplement sa malice et sa fureur, freinant par des belliqueux et des vagabonds une si belle évolution et la rendant détestable. C’est dans une telle intention de réforme générale que feu notre bien-aimé Père spirituel très illuminé Frère Christian Rose-Croix, chef et fondateur de notre fraternité, a consacré pendant longtemps beaucoup de peines et d’efforts”.

Ce qui n’empêche pas l’espoir d’une réforme générale et laferme conviction que partagent Comenius et l’auteur des Manifestes des Rose-Croix que “le conseil divin envisage toujours un remède universel”. De même, “ il n’y a pas de douteque la Lumière universelle rayonnera avant la fin du monde”

(Via Lucis), qui répond au “Confessio Fraternitatis”, “Savez-vous, mortels, que Dieu a décidé de rendre au monde prêt à périr la Vérité, la Lumière et la Dignité qu’Adam a perdues dans le Jardin d’Eden, ce qui a fait naître la détresse des hommes ?”

Cette foi inébranlable dans le progrès, en tant que passage de spirale de conscience en spirale de conscience, échelle “signifiante” de la conscience de l’homme fonde tout letravail de “Via Lucis”. D’ailleurs, aussi bien « Via Lucis » que la « Fama » mettent la science expérimentale et la pratiquepersonnelle au-dessus des autorités scientifiques.

“Tout doit commencer par apparaître avec l’expérience personnelle” car “la connaissance de deuxième main n’est pas laconnaissance mais seulement une croyance, et en ce sens beaucoup sont croyants qui se disent raisonnables, rationnels et scientifiques” (Via Lucis); et dans le “Confessio Fraternitatis”, la vérité de l’expérience authentique est opposée à “la renommée des philosophes” de sorte que “notre siècle peut être qualifié d’heureux.”

Après ces citations quelque peu difficiles à entendre pournos oreilles contemporaines, nous sommes cependant mieux à mêmede comprendre tel qu’il doit l’être le projet coménien. Il existe, en notre époque de redécouverte du XVIIe siècle, où il est de plus en plus difficile d’imposer à l’homme qui cherche vraiment des conceptions qu’il n’a pas librement compris, quelques spécialistes de Comenius. Le problème est que, malgré la valeur de leurs travaux, ils n’accordent pas assez d’attention à l’essentiel, c’est à dire l’éveil de l’homme véritable, éveil aux conséquences incalculables.

M. Denis, dans ses remarquables travaux de recherche sur Comenius, aidée de Patocka, escamote malheureusement une grandepartie de son travail spirituel et n’en extrait que l’aspect purement pédagogique, ou même politique, situant les conceptions libératrices de celui-ci dans le contexte historique du XVIIe siècle et les limitant à un simple arrière-plan de réforme religieuse .

Olivier Cauly, lui, reconnaît que le travail spirituel, dans la pensée de Comenius, est inséparable de toute l’aventurepédagogique et politico-religieuse de notre héros. Mais il ne comprend pas, d’après nous, la portée radicale et applicable à notre époque de ce travail, et le conçoit plutôt comme une utopie dynamisante.

Nous ne nous attarderons pas beaucoup sur la vie agitée dece perpétuel exilé, renvoyant nos amis chercheurs en particulier à l’ouvrage de M. Olivier Cauly, publié en 1996 et dont la bibliographie est très précieuse.

Mais la vie de Comenius est tellement liée à son œuvre queles deux s’entremêlent. La rigueur de ses conceptions morales et de sa pratique devie absolument irréprochable, doit tout à son éducation, dans le milieu de l’Union des Frères Moraves. Cette communauté, née à la suite de la révolte hussite en Europe centrale, avait pourrègle de vie une pureté de mœurs et une aspiration à la perfection qui ne pouvaient qu’entrer en conflit avec le catholicisme corrompu, inquiet de cet exemple. Dans cette communauté, il était important que tous sachent lire et s’instruisent mutuellement, car l’esprit d’entraide y régnait.Les contemporains, même ceux qui ne partageaient pas leur recherche, ou même qui y étaient opposés, ont volontiers reconnu la réalité de la pratique fraternelle vécue par les membres de L’Unité.

La société des frères était divisée en trois classes : - 1) les débutants (ou pénitents) - 2) les avancés - 3) les parfaits .(On retrouve cette division tripartite dans toutes les fraternités spirituelles, en particulier dans celle des Cathares, chez qui, après une préparation, un travail de réformation dans une “école intérieure” était mené à bien, appelé aussi endura, puis l’accomplissement, la transformation,métamorphose de la chrysalide en papillon, faisait du candidat un “parfait”. Dans cette communauté des frères moraves, comme dans toute communauté dont le but est l’éveil de la conscience supérieure de ses membres, ceux qui sont plus avancés ont le devoir d’instruire les autres. Tous étaient éduqués par tous. Ainsi, vers 1550, on comptait déjà au moins une vingtaine d’écoles de la communauté.Il n’est un secret pour personne que Comenius fut un éternel exilé. Cependant, il est remarquable que des catholiques comme Richelieu aient pu faire appel à lui. Il s’en est d’ailleurs fallu de peu que Comenius accepte de venir en France pour réformer le système éducatif, disons tout simplement pour le créer, ce qui aurait complètement changé la face de notre pays,vu les conceptions révolutionnaires de notre héros. Nous ne verrions pas un système éducatif orienté sur une société en décomposition s’écrouler lamentablement, puisque toute la

réflexion pédagogique du professeur de Saros-Patak vise à une libération de l’homme vrai, et que la conséquence de cette formation aurait d’emblée pour conséquence une société elle aussi orientée sur ce même but. En effet qu’est-ce que l’éducation, si ce n’est l’éveil de la conscience dans le monde, qui permet de se libérer de celui-ci.

Quand on parle d’orientation de nos jours, on pense quasi exclusivement à l’orientation professionnelle. Or on voit ici que la véritable orientation a un tout autre sens. Cette orientation fut, comme nous l’avons déjà dit, longuement développée et explicitée dans son œuvre maîtresse : “Consultation Universelle pour l’Amendement des choses humaines”. Ce travail, et nous insistons sur ce point, exige tout de nous, à partir du moment où nous avons décidé de ne plus être hypocrite, c.à.d. d’agir en fonction de ce que nous avons découvert être juste, vrai et bon. De même, toute l’œuvreet toute la vie de Comenius pose les bases concrètes, à long terme, sans aucune visée idéaliste, utopiste, ou imaginaire, mais avec une logique intuitive implacable, d’une société où tout serait orienté sur la formation et la maturité d’un “Homo Pansophicus” dont un des prototypes pourrait bien être Al Hallaj, quand il disait, “Je suis Dieu”.

On trouve d’ailleurs à la fin de la “Consultation...”, dans le 7e livre intitulé “Panorthosia”, l’esquisse détaillée d’organismes mondiaux de gouvernement, qui s’apparentent (bien qu’il y ait encore beaucoup à faire pour que la nature de ces organismes répondent réellement aux objectifs premiers posés dans la “Panorthosie”) à l’U.N.E.S.C.O. et à L’O.N.U.(Il devient de plus en plus clair que des organismes comme l’O.N.U.ne pèsent pas lourd devant le pouvoir de certains pays qui s’arrogent le rôle de gendarmes du monde).

Ainsi est-il proposé, à la fin de cette somme universelle de la connaissance et de la remédiation, pour consolider tout ce qui a été esquissé en matière d’éducation et de réformes diverses, de créer un “Conseil de la Lumière” (chargé de rassembler, de surveiller et d’organiser tout ce qui touche à l’éducation, à la culture et à la science), véritable Collège international de sages, qui devront tout d’abord être eux-mêmesimpeccables, contrôler le “Conseil de la Paix”, et le “Consistoire Mondial”, et veiller à la bonne marche des affaires humaines dans le monde. Toute une structure régionale,

nationale, et internationale, partant de la base et révocable àtout instant, comme l’aurait proposé et mis à exécution un Makhno ou un Kropotkine, s’ils avaient été plus loin dans leur recherche, est développée dans cette Panorthosia.

Il faut bien comprendre que le monde conçu comme une écolepansophique , vu l’approche systématique de notre héros, et sa rigueur intellectuelle, nécessitait une étude approfondie, basée sur son expérience pédagogique personnelle. Johan Amos travaillait, écrivait, parlait comme les sages de tous les temps, comme s’il allait mourir demain. Il construisait pour l’éternité, abolissant par là-même pour lui et ceux qui le comprennent l’espace-temps, réalisant l’éveil de la conscience et guidant par une éducation appropriée, du moins à plus ou moins brève échéance, l’élève, à la maturité de la conscience,la maturité de l’Esprit.

Ces objectifs, sens de la vie humaine actuelle, comportaient, et comportent encore de nos jours des buts annexes, facilitateurs du grand but. Le travail accompli sur “l’Ecole Pansophique” développe, réalise cette tâche de démontrer la nécessité d’une telle école, approche par l’éveil de la conscience, et de projeter très concrètement les aspects réalistes de cette entreprise. Il est issu d’une longue expérience pédagogique, et en particulier de la tentative d’instaurer un système scolaire pansophique en Hongrie. Le travail fut surtout effectué à Saros Patak.

Voici quelques commentaires de « l’Ecole Pansophique »“Le Christ a enseigné la loi d’Amour et les études

pansophiques se proposent donc le bien de l’humanité ». Il faut à notre avis comprendre que la prise de conscience est urgente, qu’il est impératif de réaliser la nécessité de l’accomplissement d’une force intérieure, racine de l’Univers, d’un état d’être complet qui ne blesse jamais, ce qui bien sûr hâtera la manifestation consciente de l’être vrai.

Paraphrase:“Le temps presse : en effet, nous arrivons à un tournant

de l’humanité, qui peut se révéler être une « fin des siècles »pour ceux qui se détacheront de l’espace-temps. Cela n’ira pas sans mal, car le résultat de tout le développement accompli parchacun se révélera, et cela ne sera pas toujours agréable à voir. Il faut sauver ce qui peut encore être sauvé, à ce changement d’ère, si nous voulons que le plus grand nombre

d’hommes et de femmes puissent passer à une spirale supérieure. »

Nous possédons toutes les capacités, plus ou moins latentes en nous, pour savoir, vouloir et pouvoir au sens profond du terme, c’est à dire s’approcher du non-savoir, du non-vouloir et du non-pouvoir. Nous manifesteront ces capacitésau en créant des écoles en langue nationale (rappelons ici qu’à l’époque presque toutes les écoles sauf rares exceptions, particulier en Bohême-Moravie, prodiguaient leur enseignement en latin) ; transformant l’école en laboratoire de connaissancemais aussi en jeu, palais, communauté et paradis, c’est à dire lieu harmonieux ou le développement se fera , non sous la contrainte, mais avec plaisir et enthousiasme. Et cela pour procurer aux enfants une méthode qui rende agréable l’enseignement, des maîtres avancés sur le chemin de la sagesse, capables de guider sur le chemin de la sagesse et de la réalisation à l’aide de beaux petits livres, résumés de l’œuvre universelle et conçus en harmonie avec cette sagesse etce plan universel. Il est question d’organiser sérieusement et intelligemment tous ces domaines : la formation des maîtres et leur emploi du temps ainsi que tout ce qui peut, à eux aussi rendre l’exécution de leur tâche plus facile, les instruments d’enseignement, les livres, les horaires, le contenu des études, les programmes, mais à la mesure où ceux-ci seront alors soumis au vrai sens. Comenius identifie la façon ordinaire de faire et de penser en la matière à une des causes fondamentales de corruption. Les vacances, les fêtes, enfin tout ce que nous appelons biorythmes et réalisation d’un état sain en relation avec le mode de vie, ce pédagogue, au XVIIe siècle, y avait déjà réfléchi. Et cela découle du bons sens puret simple. Là encore nous voyons à l’évidence l’actualité inactuelle de Johan Amos.

La répartition et l’orientation des différentes “classes” sont d’ailleurs très significatives : elle répond aux questionssuivantes :

1) Quelle inscription apposerons nous sur les linteaux desportes, et pourquoi ?

2) De quelles images ornerons nous les murs ?3) Quelle orientation en début et en fin de travail ?4) Quels livres utiliser pour l’essentiel du travail

quotidien ?5) Quels exercices de mathématiques faire l’après midi ?

6) Quelle place donner à l’histoire ?7) Quels exercices de style mettre en place et par quels

moyens les réaliser ?8) Quel moyens d’études préconisés ?9) Quels types de jeux récréatifs pendant les pauses

nécessaires, à quel moment et pour quelle raison ?10) Quel type de contrôle adopter , comment apprendre,

activités socio-éducatives, etc?

Dans la classe du Vestibule, il est écrit : “Qu’aucun illettré n’y entre”. Les livres principaux sont : “Les axes deschoses” et “Les Racines des mots”. Les élèves acquièrent des connaissances de base : lecture, grammaire, littérature simple,orientation libératrice, apprentissage mathématique, musique, histoire, mais exclusivement transmise oralement, sous forme derécits. Version, thème et peu de style, calligraphie et dessin,jeux divers et ateliers, théâtre.

Sur le linteau de la deuxième classe on pourra lire :” Quenul n’entre ici s’il n’est géomètre”. Là donc on approfondit les nombres et les conceptions spatio-temporelles. Distinction de la nature et des fabrications . Règles de grammaire de la langue maternelle ou nationale. Tout ceci affiché aux murs. Ona des notions d’histoire des religions et des connaissances élémentaires des Textes sacrés universels. Il s’agit là bien entendu d’une introduction à la spiritualité universelle, donc laïque. Erudition, c’est-à-dire structure externe des choses etde la langue. Lexique, grammaire, et des extraits de “la Porte des langues”, en images. Arithmétique, géométrie plane, apprentissage et perfectionnement du solfège en musique. Le livre d’histoire recoupe le texte et les images de « la porte », ce qui permet une meilleure assimilation.

Avant d’aller plus loin rappelons que la philosophie pansophique de Comenius lui a dicté la ligne de conduite suivante. En matière pédagogique comme dans tous les aspects dela vie humaine il est de première importance de “n’oublier personne”, et surtout pas ceux qui sont “handicapés pour une raison ou pour une autre, les “exclus”, dirions-nous de nos jours ont encore plus besoin de soins, d’éducation .

Il préconise une égalité absolue de chances et d’éducationpour tous, dans le monde entier. Apparemment on pourrait croire

que son travail s’adresse aux Européens uniquement. Il est vraique, vivant en Europe, il devait d’abord s’occuper de ce qu’il avait près de lui, son expérience était européenne. Mais des preuves, dans sa correspondance, montrent qu’il a réfléchi à l’universalité mondiale de l’éducation, des sciences et de la culture. Il a d’ailleurs failli devenir recteur de l’universitéen Amérique. Il aurait fondé une toute nouvelle culture pansophique dans ce continent, le génocide Indien aurait été évité, et la face de l’histoire aurait été changée.

Il ne trouve (nous sommes en 1640) aucune raison d’exclureles femmes de l’éducation puisque: “elles sont aussi appelées àdevenir libres et universelles, elles ont également part à la libération. En vérité elles sont douées d’une intelligence vive et d’une capacité de connaissance égale ou même supérieureà celle des hommes. Elles sont appelées comme les hommes aux plus hautes destinées : régner sur les peuples, conseiller les rois et les princes, exercer la médecine, ou d’autres métiers utiles à l’humanité, remplir la fonction de prophète et surveiller les personnes qui guident vers la libération, et leurs chefs. Pourquoi voudrions-nous n’enseigner aux femmes quel’abc pour les éloigner ensuite des livres”. / • / etc…

Nous allons maintenant passer en revue les principes énoncés dans la Pampaedie, et quelques aspects supplémentaires, avant de voir la structure générale de l’œuvre majeure de Johan Amos,pour parvenir, comme lui, à une “Admonestation” aux hommes et aux femmes de bonne volonté de notre temps.

Reprenons brièvement la composition de la “Consultation…”,

œuvre majeure de Comenius, tout en rappelant que l’aspect familial est plutôt développé dans “l’Ecole de l’enfance”, au début destiné aux mères, mais qui explique très clairement les grandes lignes directrices de la pédagogie spirituelle de Comenius. Nous y reviendrons éventuellement au cours de l’échange. Etant donné que nous ne sommes pas en possession de la totalité de cet ouvrage, rappelons que nous travaillons ici de seconde main, et excusons-nous par avance: nous ne ferons pas que le compte rendu du travail de Comenius, mais nous

avancerons aussi une réflexion personnelle sur les thèmes développés.

Comenius, comme nous l’avons effleuré plus haut, développeici les lignes de forces universelles pour le monde et l’humanité, sous tous les aspects. Comme de nos jours, nous pouvons le faire entre nous, il incite à un accomplissement possible et remet entre nos mains le flambeau de cette réalisation. Par-delà les siècles, nous sommes placés devant denécessaires étapes de formation individuelle et collective.

Johan Amos a pourtant, nous l’avons vu, tenté au maximum de mener à bien l’accomplissement du plan dont il est un des exécutants. Cette révolution intemporelle s’articule de la manière décrite ci-après :

Tout d’abord, un “état des lieux”, lucide et objectif. Nous aussi nous pourrions partir du constat suivant, car malgré de nombreuses différences, de nombreux points communs rapprochent le XVIIe et le XXe siècle : “Tout va de travers. L’état général des affaires de l’humanité, sous quelque latitude qu’elle vive, sous toutes ses formes socio-économiques, est corrompu. Il est urgent de réfléchir objectivement à la situation pour y remédier, mais sur des bases absolument nouvelles et révolutionnaires. Quand un mur n’est pas d’équerre, il faut l’abattre, sinon la construction de tout l’ensemble peut en souffrir. Là on invite tous les hommes à rassembler leurs esprits, leurs facultés, tout ce dontils sont capables pour s’attaquer au problème qui les concerne tous. C’est la “Panegersia”.

Il s’agit maintenant d’éclairer l’humanité de la Lumière universelle (Panaugeia : Lumière Universelle), par les moyens naturels à notre disposition, d’apporter un nouvel éclairage, grâce aux facultés de savoir, oser, vouloir, agir, ou, dans le vocabulaire du XVIIe , savoir vouloir et pouvoir, et adhérer d’enthousiasme à cette entreprise de libération.. Ainsi, une Panharmonie pourra progressivement s’établir, dans la contemplation et la mise en pratique d’une seule et même vérité, en parfaite liberté. C’est la Panaugia.

Nous avons déjà abordé la “Pansophie”. C’est la sagesse universelle, encyclopédique et qui englobe tout, même ce que nous ne comprenons pas encore avec nos sens limités. Elle est justifiée par la nature humaine elle-même. Puisque de façon quasi innée, sont inscrits dans l’homme des idées innées, c’està dire des germes de développement selon le même plan, il est

clair que l’aspiration à la bonté, la vérité et la justice doitêtre suscitée et encouragée. De même la volonté présente de réaliser ce plan et les moyens de les atteindre en parfaite connaissance directe, si possible, jusque dans la poursuite desmoindres détails, permettent à tous les hommes d’aiguiser suffisamment leur discernement pour tenir le gouvernail de leurvie.

La Pampaedie, ou éducation universelle : voici un extraitcourt et qui démontre parfaitement le caractère révolutionnairede ce travail, écrit à la suite de son expérience de Saros-Patak , les trois principes de base de sa didactique. Il faut :

1) Procéder par étapes2) Tout examiner par soi-même, sans abdication devant

quelque autorité que ce soit, et surtout pas devant l’autorité adulte. (C’est, étymologiquement, l’autopsie)

3) Agir par soi-même (autopraxie). Cela exige, pour tout ce qui sera présenté à l’intellect, à la mémoire, à la langue, et à la main, que les élèves eux-mêmes le cherchent, le découvrent, le discutent, le fassent, le répètent, sans se relâcher, par leur effort propre - ne laissant au pédagogue quele rôle de contrôler si ce qui doit se faire se fait, de la façon adéquate.

Ce n’est donc rien d’autre que l’exposé d’un système éducatif mondial, et universel, la définition et la propositionde nouveaux types d’écoles, de livres et de pédagogues. Et là aussi nous reconnaissons l’attitude et le discours humaniste, dans le sens où l’éducation permanente est prônée de sorte de préparer à l’académie céleste. C’est là pour Jan Amos tout le sens de la vie de l’homme.

Puis c’est la Panglottie, tentative et proposition préciseet développée d’une langue universelle qui ne soit pas le Latin, qui pourrait permettre une meilleure compréhension et undéblocage des relations entre les hommes.

Toutes les lignes de forces qui furent projetées par J.A. Comenius, responsable de la grande impulsion révolutionnaire qui lui fut transmise par le Cercle de Tübingen, ont marquée notre siècle, mais n’ont pas encore été menées positivement à accomplissement : L’ONU, caricature du “Conseil de la Paix” préconisé dans la Panorthosie, aurait besoin d’hommes et de femmes formées selon les principes authentiques de la Pampaedie, et devrait être un véritable

organe de contrôle des gouvernements au lieu d’être contrôlé par eux. Mais où trouver ces sages? L’Unesco, qui ne peut accomplir valablement sa tâche dans son état actuel, est pourtant formé d’hommes et de femmes de bonnes volonté. Eux aussi soumis au contrôle des états, au lieu d’avoir entière liberté d’exercer une veille perpétuelle sur l’état de l’éducation, de la culture et des sciences, Ne parlons pas du “Consistoire Mondial”, qui dans l’état actuel des divisions dans la recherche spirituelle, n’est qu’un pieux rêve. Et pourtant, ne nous fions pas aux apparences, une sorte de rassemblement des groupes et diverses églises se prépare. Malheureusement nous aurons probablement à passer par une tentative de fascisme théocratique mondial avant que ne se réalise le plan pour l’ère nouvelle dont parle Comenius. Pour se donner une idée du travail qui reste à accomplir, parcourons rapidement le synopsis de la Panorthosie, ou traité du bon ordre universel, avant dernier chapitre de la Consultation Universelle.Le plan prévoit une réforme, au moyen des outils pansophiques et éducatifs, de l’état public de la Culture, de la Religion, et des Gouvernements. Mais dans quelle orientation, dans quel but, et pour réaliser quoi? Puisque l’état des choses est déplorable, il est nécessaire de démolir de fond en comble “la Babylone de nos errements”, c’est à dire toutes les conceptionstournée vers l’ego, vers l’auto-conservation de la conscience-moi, et tous les aspects publics qui en résultent. Ce n’est qu’en passant par ce préalable que l’apparition d’un éclairage accordé à la manifestation d’hommes et de femmes capables de porter l’absolu et de le manifester harmonieusement sera possible, et qu’ils pourront le présenter à toutes les nations,dans la “sublime clarté de la divine Sion”.Nous avons d’abord le développement de la théorie : - en quoi consiste la réforme universelle, qui sera de toutes façons exécutée et menée à bien pour l’accomplissement de tous. C’est cela qui est appelé dans la tradition “la fin du monde”, cad lafin d’un monde dont la tâche était le rétablissement de l’HommeParfait, et le retour au monde où l’homme Microcosme participe en perfection au devenir de la manifestation Universelle.Cette œuvre requiert bien entendu la collaboration de tous, même si de nombreux pionniers aideront toujours l’humanité à laréaliser, et si toutes les forces libératrices de l’univers y participent. Cette conception de la Réforme Universelle doit

être sondée et approfondie, et sa source se trouve dans la synthèse à laquelle il a été fait allusion dans ce travail.Puis la mise en pratique est décrite dans ses grandes lignes : Tout d’abord il faut éliminer les facteurs de corruption, que Comenius réunit sous trois rubriques : - l’opposition au plan de développement inscrit au cœur de l’homme lui-même, il le nomme “l’impiété, ou les actions téméraires envers Dieu”. Car au cœur de l’homme est le germe del’absolu, la semence d’éternité, la graine de la Rose qui, colorée du sang de l’abnégation et du Service, pourra prendre les teintes d’or violet de l’accomplissement.- L’inhumanité, et tous les comportement d’auto-conservation animaux de lutte pour la vie, qui provoquent méfiance, haine, et agressions mutuelles.- Et l’incertitude dans l’exécution de tous les actes de la vieprivée et sociale, due à l’ignorance, donc à une formation déficiente .Rappelons que les trois facultés naturelles que l’homme est appelé à utiliser pour son accomplissement dans lesystème pansophique sont : SAVOIR, VOULOIR, POUVOIR. Nous pouvons moderniser cette triade de la façon suivante : SAVOIR, OSER, VOULOIR, AGIR. Comenius présente cette incertitude comme ce qu’il appelle la philosophie païenne, maisil faut bien comprendre qu’à cette époque tout ce qui était douteux et incertain était qualifié de païen. La réforme de cette corruption ne peut, bien entendu s’accomplir que par l’application d’une philosophie universelleou Pansophie, une religion universelle, au sens spirituel du terme, se relier à l’absolu, une politique universelle, où toutsera orienté sur la manifestation et l’harmonie d’hommes en chemin vers cette auto-réalisation, et où des instances de contrôle veilleront à l’exécution de ce programme, et une langue universelle, un “espéranto” vraiment devenu langue de communication internationale dans tous les domaines.Cette réforme sera rendue définitive par la mise en place d’un Collège de Lumière, qui veillera à tout ce qui concerne la Science, l’éducation et la Culture, un consistoire de Sainteté,dont la tâche sera de veiller au bon déroulement de l’instruction libératrice. Et un Tribunal de Paix qui veillera à l’harmonie et à la paix entre tous.Ainsi, dans l’incendie et la folie de la période de mutation oùnous nous trouvons, il est de toute première urgence qu’une réflexion sérieuse soit effectuée sur ces choses et qu’un

nombre croissant d’hommes et de femmes décidés prennent en mainleur destin et le destin du monde, dans le sens et en suivant les lignes de force tracées par tous les interprètes du plan dedéveloppement universel. Tous et toutes sont appelés à réaliser ces choses, le plus vite possible.

Il est maintenant nécessaire de nous attacher à des aspects plus pratiques et contemporains. Ainsi pourrons nous toucher à des points plus spécifiquement pédagogiques.

Histoire et civilisation : pistes concrètes

Dans ce contexte, jetons ici pêle-mêle quelques pistes de recherche pour un enseignement orienté de façon libératrice.. L’étude de l’histoire devra être complètement revue. Elle devraavoir pour axe principal, toujours présent à l’arrière plan de tout fait signifiant, l’étude de l’orientation des sociétés en fonction des “groupes de pionniers”, qui sont toujours le fondement plus ou moins évident des civilisations avancées. Citons rapidement l’Egypte (13), avec sa société bâtie autour du temple et des mystères des temples intérieurs, civilisation qui remonte en fait à plus de 10 000 ans (14), et qui, grâce à la direction d’un noyau de sages qui ne se démentit presque jamais jusqu’au début de l’ère chrétienne, est l’exemple type de ce que peut réaliser un système éducatif adapté à son époque(rappelons qu’à cette période de l’histoire, vu le degré d’autonomie moyen de l’humanité et l’impossibilité d’une éducation pour tous, tout individu réellement mûr pour cela pouvait en fait avoir accès à l’enseignement du temple) et un groupe constant de pionniers qui inspire et dirige un groupe humain. De même, la Grèce et les Mystères, les cathares et les bogomiles au moyen âge, les Manichéens qui civilisèrent un peuple de barbares en 50 ans (région Ouïgour), etc... Cette connaissance intérieure dont le reflet peut se déchiffrer dans le grand livre de la nature, et qui peut facilement affleurer dans des matières telles que l’histoire et la géographie, la biologie et l’astronomie, l’expression française et l’étude deslangues vivantes, les mathématiques ou toutes autres formes de science soit disant “dure ou molle” en fait toutes les matièresà partir du moment où on les envisage selon le point de vue du devenir humain, de la recherche et de la découverte du

véritable sens de la vie, cette vision pénétrante a de tout temps été enseignée.

Il sera aussi certainement très intéressant de s’appesantir sur la vision de l’éducation de Platon-Socrate telle qu’elle émane des mystères grecs, mystères que l’on retrouve de nos jours de façon parfaitement actualisée à notre temps dans la Rose-Croix d’Or, en particulier dans la progression hiérarchique qui va du parvis du temple aux sommetsdes grades intérieurs.

Reportons nous à un texte du 17e siècle significatif et hautement actuel (15) :

““Lorsqu’il arriva là-bas, il n’avait que seize ans mais possédait déjà une forte constitution allemande (il s’agit bienentendu d’une image pour indiquer qu’il s’agit là d’un occidental arrivé à une certaine plénitude). Ainsi qu’il en témoigna lui-même, les sages le reçurent non pas en tant qu’étranger, mais comme celui qu’ils avaient depuis longtemps attendu (...) Il y appris à mieux connaître la langue arabe, aupoint de traduire en bon latin, dans l’année suivante (ici aussi ces langues ont une sens symbolique) déjà, le Librum M. et de l’emporter avec lui. C’est de ce lieu qu’il a tiré sa métaphysique et sa mathématique, ce dont le monde aurait pu justement se réjouir s’il avait eu plus d’amour et moins d’envie.”

Etudions quelques commentaires de cette Fama, par Jan Van Rijckenborgh, qui fut à l’origine des écoles JVR, malheureusement encore limitées au niveau primaire, en Pays-Bas. (Nous reviendrons sur les détails et plans de cette école-phare, reconnue et encouragée par l’état hollandais ).

Il faut bien comprendre ici que le livre M ne pourra jamais se trouver dans aucune bibliothèque. “Damcar est l’esprit dans lequel celui qui cherche, le pédagogue ou l’élève, embrasse le monde en une profonde et intense aspiration, afin d’ériger les murs d’une nouvelle citadelle de la vérité”. Et il s’agit bien de cela, en nos temps troublés. Faire en sorte qu’un groupe suffisamment important de pédagogues avec leurs élèves constituent une telle citadelle autour de la citadelle de l’initiation, phare qui pourra accueillir et montrer à tous ceux qui menacent de se faire engloutir par les courants négatifs dont notre époque est

prolifique, un chemin de régénération et une orientation de viepositive et dynamique, par l’obéissance aux lignes de forces denotre temps. “Damcar, c’est le droit absolu, sublime, qui lanceson appel et supplie afin d’être entendu.” Le droit, c’est à dire la compréhension de la vocation humaine dans ce monde, dans cet ordre de nature, maison de transit et école préparatoire pour un autre ordre de nature, dont le germe est déjà présent en nous. Faire en sorte que tous ceux qui lui sontconfiés comprennent ce qui doit être découvert et accompli, et suivant quelles orientations, suivant quel processus déjà inscrit dans le corps, donc “naturel”, n’est-ce pas le rêve de tout éducateur sérieux; et nous retrouverons plus loin tout cela chez Comenius, qui fut le continuateur du Cercle de Tübingen. “Damcar - c’est le cœur de la force planétaire, le fondement de la genèse du monde.” Il est un fait certain, nous connaissons très mal les couches intérieures de notre globe terrestre, et ne réalisons même pas que nos archétypes, donc une vie d’un très haut niveau, sous la direction de la force planétaire, peuplent une certaine couche de notre globe. Nous ne réalisons pas que le cœur de la Terre, comme notre cœur, estle lieu central , noyau atomique où des échanges de rayonnementtrès complexes et d’une très haute vibration constituent le fondement de toute vie sur notre planète. Et ces choses doiventde nouveau être apprises et comprises par notre humanité si celle-ci veut être mise à même de collaborer au formidable tournant auquel nous prenons de toute façon part, pour une élévation positive à l’état humain véritable, ou pour un retourà l’état pré-humain. Nous en voyons déjà les signes avant-coureurs chez bon nombre d’individus, jeunes ou vieux. La géologie doit être étudiée sous cet aspect d’utilité pour un rétablissement de ce qui PEUT ENCORE ÊTRE RÉTABLI! Car il est possible de beaucoup adoucir cette époque de troubles et de bouleversements, beaucoup de jeunes en particulier sont encore en mesure de comprendre et de vivre ces choses. “ Le mot “Arabie” doit être ici compris comme la demeure du Lion.

Damcar, l’idée de la libération, doit provenir de la demeure du Lion, du Lion de Juda, le grand réalisateur universel, l’éducateur par excellence : le Lion - Léo - le signe de libération du Verseau. Là, auprès de la source des mystères, il resta trois ans, et il traduisit le livre M.”

Revenons aux commentaires de Mr Jan Van Rijckenborgh, qui éclaireront l’exigence qui devrait être posée en objectif à réaliser le plus vite possible à tout pédagogue digne de ce nom, et constituer l’orientation de toute éducation, à plus ou moins long terme : “Lorsque ce héros légendaire a célébré l’accomplissement du réalisme universel, et qu’en abnégation ils’est donné entièrement, autrement dit qu’il a intégré dans sa vie l’enseignement de bonté (cœur), vérité (tête) et justice (bassin, acte), et qu’il s’est levé comme une flamboyante lumière universelle dans les ténèbres de notre époque, il s’approche de l’essence des choses, bien qu’il soit épuisé, ne prêtant aucune attention à la haine, à l’opposition et aux persécutions.” Il est un fait que tout éducateur sérieux arrivé à ce point deson développement verra tout le vermoulu, tout le corrompu à lalumière de l’essence des choses, et qu’il agira concrètement pour redresser, relever et faire comprendre. Ce faisant, il estmanifeste qu’il se fera beaucoup d’ennemis, mais, persévérant, il visera à l’élévation de conscience de ses ennemis mêmes, il respectera ce qui est respectable, et le reste, il l’englobera de la nouvelle force qu’il a acquise, afin d’élever et de sauver .

“Il arrive à Damas, le parvis de Damcar, d’où il veut continuer son voyage jusqu’à Jérusalem. Là, à Damcar, il démontre sa grande capacité en physique et en sciences naturelles, cad que les voiles qui cachent l’essence des chosescommencent à tomber” (Il faut préciser ici que, si ce langage est symbolique, il est possible et même nécessaire d’enseigner la physique et les sciences naturelles de façon qu’elles révèlent plus ou moins l’essence des choses, ou en tout cas qu’elles orientent dans cette direction. La science biosophique répondra à cette attente. Pour Comenius, il avait trouvé un autre concept qui recouvrait toute la connaissance : la Pansophie)... Le grec et le latin des mystères, tout d’abord compris partiellement, sontmaintenant complètement maîtrisés, grâce à l’acte.

... A Damcar, l’instructeur, le pédagogue, l’éducateur arrivé à cette si importante étape de sa formation,“est reçu comme quelqu’un de connu; là est célébrée la fête de la communauté de vie,..., l’homme supérieur est né, remonté du nadir, grâce à l’acte.” Il est bien évident que si l’éducateurveut être à même de guider le jeune vers cette humanité

véritable, il doit pour le moins être parvenu à cet état d’être, ou en tout cas être plus ou moins avancé sur ce chemin de connaissance et de maîtrise de soi, qui mène à l’acte libérateur et en est le résultat.

...Admis à la fête de la communauté de vie avec la force universelle, vous apprenez la langue arabe mieux que jamais auparavant . La physique est devenue néant auprès de la gloire débordante du livre M. La langue vivante vous entoure de ses merveilleux caractères;...

Le livre M est le livre de l’humanité, la cosmologie intégrale de la mémoire de la nature (...) c’est la synthèse detoute sagesse depuis la création du monde jusqu’à nos jours. Lelivre M est la connaissance abstraite de tout ce qui fut qui est et qui sera, connaissance qui ne peut être interceptée par aucun homme de ce monde et que rien ne peut corrompre... Le livre M est une force colossale, supérieure à tout...”

Il est intéressant de montrer ce qui va se passer quand notre héros arrive en “Espagne”(sens évidemment symbolique), porte de l’Europe, au retour de son voyage:

“Quand une harmonieuse préparation a fait que pour l’individu comme pour l’humanité de son temps, les temps sont mûrs, l’esprit véritablement humain, et sa force brisante et régénératrice, symbolisé par l’Espagne, commence son travail.

A l’adresse de tous les érudits et de tous les chefs d’états d’Europe en particulier, cet esprit, qui peut émaner den’importe lequel d’entre nous, à condition qu’il exécute le travail sur lui-même et au service de tous, selon les lignes deforce directrices pour le temps présent, s’adresse en ces termes : “ ...espérant voir, puisqu’il avait tiré pour lui-même tant de profit de son voyage, les savants d’Europe se réjouir grandement avec lui ...il s’entretint avec les savants d’Espagne, quant à ce qui manquait à nos arts quant à la façon de les aider ; d’où l’on pouvait tirer des indices certains surles siècles suivants et en quoi ils devaient concorder avec lessiècles passés ; comment réformer les défauts ... (de la science) et de toute la philosophie morale. Il leur montra de nouvelles plantes, de nouveaux fruits et animaux qui ne suivaient pas les lois de l’ancienne philosophie et il leur communiqua de nouveaux axiomes qui pouvaient tout résoudre parfaitement. ( tout ceci a bien entendu un sens symbolique, même si à cette époque cela pouvait être pris à la lettre).

Mais tout cela leur parut risible et, comme c’était encorenouveau, ils craignaient que leur grand nom en souffre, puisqu’ils devraient d’abord se remettre à l’étude et confesserleur égarement datant de nombreuses années. Ils y étaient du reste fort bien accoutumés et en avaient tiré assez de profit. Un autre, auquel l’inquiétude est agréable, pourra bien tenter une réforme! Cette ritournelle lui fut aussi chantée par d’autres nations.

Il y aurait beaucoup de choses à dire sur ces quelques lignes. Tout d’abord que la vraie connaissance, bien qu’il soitindispensable d’utiliser des livres pour s’en approcher, ne se trouve pas et ne se trouvera jamais dans des livres.

Cela montre peut-être aussi que ce travail est une sorte de coup de dés à risque calculé, qui sait très bien qu’il fournit peut-être à ceux qui le lisent ou le liront un bâton pour qu’on lui tape dessus, même et surtout aux pseudo-spirituels. Mais peut-être est-ce le moment...

Il faut préciser que ce 17e siècle si fécond et si méconnu offre des clés qui peuvent et doivent être réalisées de nos jours, alors qu’en leur temps elles étaient encore prématurées.

Et nous allons maintenant voir de façon survolée le plan de travail qu’exécuta et amorça Comenius

Du Paradis du Cœur à la Voie de Lumière

1)Réflexions sur l’Utopie2) a)La Jeunesse de Comenius

Parcours intérieur (Le Labyrinthe du Monde et le Paradis du Cœur)Quand un chercheur passe par l’épreuve de la désillusion et en sort victorieux, il se “retourne” vers le paradis de son cœur. Ce fut le cas de Comenius au XVIIe siècle, comme cela peut êtrele cas de chacun d’entre nous.Il dut affronter la tempête des événements qui amenèrent l’Europe à la catastrophe de la défaite de la “Montagne blanche”. Il naquit en 1596 à Niwnice, en Bohème, carrefour de la pensée spirituelle révolutionnaire de l’époque. Le berceau de son enfance, qui détermina sa vie entière, fut la communautédes frères Moraves, issue elle-même de la branche pacifiste, quoique non “aristocratique” des hussite, premiers Européens à mettre en cause ouvertement la corruption du catholicisme, ouvrant ainsi la porte à ce que Valentin Andréa appellera plus tard “une véritable réforme du genre humain”.

1) S’il faut absolument parler d’utopie à propos de Comenius, nous préférerions parler d’utopie réaliste. Comenius lui même utilise les termes de réforme, de redressement, d’amélioration.Mais, nous distinguerons ici deux types d’utopie, tout en constatant que les autorités actuelles tendent malheureusement à se diriger, par ignorance, vers le premier type.Tout d’abord l’Utopie en tant que maîtrise factice, illusoire, et vouée à l’échec de la vie et de la mort. J’appellerai cela l’utopie-piège : c’est en fait une illusion, un faux bonheur desurface. L’organisation sociale y joue un grand rôle, dans le but d’une prolongation artificielle de la vie dans des conditions pseudo-idéales. Et l’on constate déjà en de nombreuxpays, dont les Etats-Unis, la volonté d’ignorer la mort, de faire comme si elle n’existait pas, de la camoufler ou de l’embellir. Dans ce type d’utopie, on assiste à une régulation quasi-scientifique de tous les rapports humains. On confond bonheur et plaisir. On se libère de façon apparente de tous lesanciens tabous (ce qui n’est pas en soi une mauvaise chose), qui se trouvent remplacés par une obéissance absolue (nouveau dogmatisme très étouffant puisque contre-nature) à quelques règles relevant du consensus quasi-implicite tournant autour dupoint fondamental :“Le but de la vie humaine véritable se trouve de toute façon ence monde, qu’il s’agisse de sa partie visible ou invisible.”

Il est peut-être nécessaire de donner ici quelques explications. Nous n’avons rien contre un ordre du monde où règne la paix, au contraire, mais il faut éviter toute équivoque en ce qui concerne notre vision du monde en tant qu’ordre de secours”. L’éducation, la science, la culture, la vie sociale, la politique et la religion, tant qu’elles s’orientent, consciemment ou inconsciemment vers une telle tentative exclusivement terrestre (qu’il s’agisse de la partie visible ou invisible de notre monde), auront toujours un parfumd’imitation, de caricature. Elles pourraient pourtant jouer un rôle important dans les processus d’approche du véritable travail intérieur. Elles pourraient être l’occasion de manifester, de rayonner, sans faire quoi que ce soit pour, spontanément, de façon impersonnelle, comme une enclave en ce monde, les forces lumières dont vivent ceux et celles qui accomplissent ce travail. Mais, par elles-mêmes, ces champs de recherche et d’activités ne possèdent aucune valeur libératricepratique.L’objectif de notre présence en ce monde ne peut d’ailleurs pasêtre de créer un monde dialectique parfait. Il ne s’agit pas derester dans la caverne, même si les ombres portées sont très belles. Il ne s’agit pas même, en dernier recours, de contempler les reflets de la lumière dans un lac ou même dans les corps célestes. Non, le problème est : comment sortir de tout ce jeu d’illusions et de mensonge et se libérer des chaînes de l’espace et du temps?D’ailleurs tous les textes sacrés le précisent bien, et en particulier, celui que notre culture occidentale connaît le mieux : “Mon Royaume n’est pas de ce monde” et “Laissez les morts enterrer les morts”.Notre monde et les forces visibles et invisibles qui sont à l’arrière-plan et gouvernent notre ordre de nature, présidant àson fonctionnement ont en effet pour “tâche” une sorte d’auto-entretien, d’auto-conservation, afin que toutes les entités quipeuvent être prises en compte pour se libérer de l’espace et dutemps puissent s’épanouir dans un champ de développement.Mais, en retour chaque entité qui, ce faisant , quitte ou menace de quitter ce champ de vie affaiblit ces forces, en un certain sens les attaque, et à long terme menace de les anéantir. Car ces forces font partie de l’espace et du temps; et devront, à très long terme, elles aussi, subir la transmutation qui les fera s’échapper de ce domaine de vie.

Mais cela pas avant que leur tâche ne soit accomplie, pas avantque la dernière entité n’aie quitté cet ordre de secours pour réintégrer la véritable évolution originelle.Donc ces forces feront tout pour nous retenir, en vain puisque le taux vibratoire auquel nous nous intégrerons alors est largement supérieur au leur. Et donc toutes les tentatives explicites ou implicites de créer une sorte de “Paradis sur terre”, chose impossible et qui restera toujours du domaine du rêve malsain, font partie de cette “grande tentation”. En ce sens toute forme d’Utopie qui n’a pas pour base l’inéluctable libération de ce champ de vie, qui n’est pas la conséquence de la percée de conscience d’une proportion significative de la population, ne peut être qu’une trahison, une contrefaçon, et s’oppose aux lois supérieures naturelles dudéveloppement humain.C’est en particulier le problème de l’interprétation d’œuvres telles que celle de Bacon, Comenius, Campanella, ou d’autres travailleurs spirituels comme J.V. Andreae, Ch. Besold, ou Tobias Hesse. La tendance à ramener et à utiliser leur travail visionnaire et/ou symbolique est malheureusement une des armes de l’auto-conservation du monde.Après le voyage de Christian Rose-Croix autour de la Méditerranée, il proposa une nouvelle vision révolutionnaire dumonde aux savants en Espagne; elle était cependant si radicale qu’elle ne put, dans un premier temps, qu’être purement et simplement rejetée dans les termes suivants : “(citation de la Fama)”Mais la “Demeure Sancti Spiritus”, champ de travail de tous lesRose-Croix du XVIIe siècle en Europe, orientés précisément sur le travail libérateur pour le monde et l’humanité auquel nous avons jusqu’ici fait allusion, se développa dans le secret; Avec l’initiative de Comenius et de ses amis, furent précisées les conséquences à long terme du travail spirituel authentique.Et il était inévitable que s’insinuent dès lors, une réelle bonne volonté du monde, les germes de la trahison décrite. Nous préférerons donc l’utopie réaliste, comme celle de Comenius (et d’autres), qui se présente de la façon suivante : l’humanité est appelée à l’autoréalisation de son être essentiel, qui n’appartient pas à notre ordre de nature. Et nous espérons que ces visions, que ces lignes de forces proposées pour un développement de l’humanité dont

l’orientation, la trame est purement spirituelle, ne seront pasà nouveau utilisées à des fins autoconservatrices. Ce monde a bien un but, un sens, et il est très important de bien le comprendre. C’est l’école de la vraie vie qui nous permettra, si nous acceptons de soumettre toute notre vie à ce but, d’accéder à ce que Comenius appelle l’Académie de l’Ame, porte d’entrée du véritable domaine de vie de l’homme-microcosme, qui n’a alors plus rien à voir avec l’espace-temps.Si cette façon de voir implique à long terme des modifications de la structure sociale, ce sera la conséquence d’un travail sur soi du plus grand nombre possible d’individus semblablementorientés dans ce sens. L’organisation sociale, telle que la propose par exemple un Comenius, considérée encore de nos jours comme “utopique”, non réalisée, découle donc purement et simplement d’une nouvelle éducation qui vise à la réalisation universelle de ce but de vie. C’est cette autorévolution, la plus radicale qui soit, qui pourrait déterminer l’élaboration d’une société libératrice, gnostique, orientée exclusivement sur la formation d’hommes etde femmes dignes de ce nom, sur les plans spirituel, psychique et matériel. L’homme actuel a en effet reçu au cours des siècles tous les éléments qui lui permettent ce pas en avant, malgré les résistances auto-conservatrices des groupes de pouvoir.Pourquoi ces résistances? Tout simplement parce que l’inversiondes valeurs qu’implique une telle orientation signifierait à plus ou moins brève échéance leur disparition ou en tout cas aumoins une transformation radicale de leurs objectifs, et non unrenforcement de leurs prérogatives destructrices. Par exemple, aucune violence ne pourra plus être faite à la Nature, et rien ne pourra plus se faire sans que l’on tienne réellement compte de l’intérêt de tous, en toutes circonstances.La nouvelle société gnostique naîtra dès qu’un nombre suffisamment important d’hommes et de femmes auront compris ce sens général des choses. L’éducation est donc chez Comenius un élément essentiel de sa réforme, qui découle à la fois de sa pratique personnelle en la matière et du respect des lignes de forces universelles qu’il a su interpréter. Dans la fin de la Panorthosie, où Comenius révèle ce que l’on pourrait appeler son “plan pour une civilisation gnostique”, ondécèle de nombreux emprunts à More, Campanella, Patrizi et

Doni. Mais ce qui fait la spécificité de Comenius, c’est qu’il cherche à réformer la société de façon universelle. Il faut ici préciser que ce plan n’a de sens que s’il découle du véritable être intérieur d’un nombre suffisant d’individus, créant ainsi une orientation générale authentique et concrète sur des valeurs essentielles. C’est de la prise de conscience de l’illusion et de la vanité du monde (qu’il a bien connus et qui se manifeste encore de nosjours sous bien des aspects), en tant qu’expression de la volonté de pouvoir et manifestation de l’égocentricité animale,sous toutes leurs formes, que naquirent toutes les tentatives de réforme, toutes les utopies, toutes les recherches plus ou moins efficaces pour retrouver une harmonie de l’homme et de lasociété avec l’Universel.

2) Nous retrouvons ce cheminement dans l’adresse au lecteur du “Labyrinthe …”, une des œuvres les plus connues de Comenius, quoiqu’actuellement indisponible en librairie en langue française :“2 …dans l’ensemble, toutes les pensées des hommes se sont orientées vers la découverte de la perfection et du chemin qui y mène. On découvre par là que pratiquement tous les hommes se fuient, comme si de cette façon ils pouvaient calmer et apaiserle désir de leur cœur. Inlassablement ils cherchent la perfection dans le monde : l’un dans les possessions, l’autre dans les satisfactions et les voluptés, le troisième dans les honneurs et la renommée, le quatrième dans l’art et la science,un autre dans une compagnie agréable, etc... Bref, tous dirigent leurs regards sur de vaines choses et cherchent leur salut en dehors d’eux-mêmes .Ils ne le trouvent pas, comme en témoigne Salomon, le plus sagedes hommes, qui chercha également la paix de son âme . Après maints voyages et recherches dans le monde entier, il dut pour finir reconnaître: “C’est pourquoi je détestai cette vie; car tout ce qui se fait sous le soleil m’a déplu, tout est vanité et poursuite du vent.(Ecclésiaste 2:17). La véritable paix de l’âme, explique-t-il - après l’avoir trouvée lui-même - tient en ce que l’homme abandonne le monde et se confie à Dieu seul, l’adore et suive ses commandements. “Car, continue-t-il, tout se résume à cela”. Parallèlement, David concluait que l’homme le plus heureux est celui dont la vision et l’esprit

abandonnent le monde, qui ouvre la porte de son cœur à Dieu seul et se relie à lui pour l’éternité, l’adore et suit ses commandements. Louée soit la miséricorde divine d’avoir aussi ouvert mes yeux.Ainsi je peux percevoir les multiples vanités de ce monde prétentieux, comme l’erreur partout cachée sous le masque de l’éclat visible. Grâce à cela, j’ai appris à rechercher ailleurs la paix et la sécurité d’esprit .(…) Mes guides, qui sont les guides de tout homme qui cherche àfaire son chemin en ce monde sont en vérité les suivants : l’avidité d’esprit, qui met son nez partout, et la force de l’habitude, qui prête un ton de vérité à toutes les erreurs du monde. Néanmoins, si tu te sers de ta raison, tu verras, comme je l’ai fait, la misérable confusion de notre espèce. Si cela ne t’apparaissait pas , tu peux être sûr que ce sont les lunettes de la tromperie qui en sont la cause, en te faisant tout voir à l’envers.En ce qui concerne la description du bonheur des cœurs voués à Dieu, je confesse qu’il s’agit plutôt d’une esquisse de leur état idéal, plus qu’une description du véritable état d’être des élus.

Mais le Seigneur ne manque pas de tels esprits parfaits et toute personne vraiment pieuse qui lit ce livre a le devoir d’aspirer à un tel état (degré) de perfection. Porte toi bien ,cher ami Chrétien, et que le guide de la Lumière, le Saint Esprit, te révèle, mieux que je ne suis capable de le faire, lavanité du monde, de même que la vraie gloire, la consolation, et la joie des élus et des cœurs unis à Dieu. Amen. »

A près la presque éradication violente des groupes spirituels et gnostiques, dont les manichéisme,( qui toucha l’humanité à une échelle mondiale, de l’Afrique à la Chine en passant par l’Europe), dont est issu tout le christianisme, l’oppression romaine se faisait sentir depuis à peu près mille ans, Dès le 11e/12e siècle, les Cathares, les Templiers, les Vaudois et bien d’autres, firent renaître de façon déjà perceptible au quatorzième siècle, malgré le génocide des Cathares, de tout autres modes de vie et de pensée. Tout en mettant la réalisation spirituelle au premier plan, ils impliquaient tout naturellement aussi bien une haute éthique et de sévères règlesde vie, (en tout cas pour ceux qui décidaient effectivement de

poser le pied sur le chemin libérateur) qu’une liberté de vie et de conscience en relation avec la recherche intérieure.Comenius naquit dans une telle communauté, issue elle-même de la branche pacifiste des groupes hussites. Ces hommes ne renièrent jamais devant les pires ruses ou tortures de l’inquisition. A l’instar de leur prédécesseur Jean Husinec, ils furent persécutés parce qu’ils avaient compris et voulaientaccomplir le sens de la vie humaine en notre. Ils attaquèrent de la sorte l’ordre dialectique et ses tendances auto-conservatrices. Ils furent les premiers, depuis les gnostiques,les cathares et les manichéens à remettre officiellement en cause le dogme vide d’esprit, jusqu’à faire trembler les racines du pouvoir Romain. Et ceci à tel point qu’il fallut près de 200 ans pour apparemment, permettre un triomphe temporaire et extérieur du catholicisme en Europe. La Réforme de Luther, Zwingli et Calvin ne fit d’ailleurs que prendre la suite de cette révolution spirituelle intemporelle, en la trahissant d’ailleurs quelque peu.Les Frères Moraves vivaient en communauté de biens. Ils cantonnèrent tout d’abord leurs activités, comme l’avaient faitauparavant les Bogomiles pour les mêmes raisons, à l’agriculture et au culte. Puis ils diversifièrent très progressivement leurs travaux. Petit à petit l’éducation prit une place prépondérante, car ils en avaient bien compris le sens : permettre à tous l’accès à une maturité de conscience suffisante pour prendre en main l’auto-révolution de l’âme au service de l’Esprit. Au début confinée à des conseils de comportement aux jeunes, aux parents et à la communauté, et au minimum nécessaire pour accomplir la vie matérielle, psychiqueet spirituelle et la mener à une bonne fin. Tous ces aspects furent reconnus importants, mais, comme dans l’ordre platonicien dans l’ordre hiérarchique inverse. Plusieurs membres de la communauté suivirent des études supérieures et une “éducation de tous par tous” se développa. La Bohême Moravie devint le pays où, à l’époque, en Europe, le nombre d’écoles était le plus important et où tout ce que l’on pouvait connaître était traité.Revenons un peu sur la vie de Jan Amos ComeniusLa rigueur des conceptions morales et de la pratique de vie absolument irréprochable de Comenius, doit tout à son éducation, dans le milieu de l’Union des Frères Moraves. Cette communauté, née à la suite de la révolte hussite en Europe

centrale, avait pour règle de vie une pureté de mœurs et une aspiration à la perfection qui ne pouvaient qu’entrer en conflit avec le catholicisme corrompu, inquiet de cet exemple. Dans cette communauté, il était important que tous sachent lireet s’instruisent mutuellement, car l’esprit d’entraide y régnait. Les contemporains, même ceux qui ne partageaient pas leur recherche, ou même qui y étaient opposés, ont volontiers reconnu la réalité de la pratique fraternelle vécue par les membres de l’Unité.

La société des frères était divisée en trois classes : - 1) les débutants (ou pénitents) - 2) les avancés - 3) les parfaits. On retrouve cette division tripartite dans toutes lesfraternités spirituelles, en particulier dans celle des Cathares. Dans cette communauté, qui eut des ramifications danstoute l’Europe malgré de sauvages persécutions, après une préparation, un travail de réformation dans une “école intérieure” était mené à bien. C’était l’endura. Puis l’accomplissement, la transformation, métamorphose de la chrysalide en papillon, faisait du candidat un “parfait”. Dansla communauté des frères moraves, comme dans toute communauté dont le but est l’éveil de la conscience supérieure de ses membres, ceux qui sont plus avancés ont le devoir d’instruire les autres. Tous étaient éduqués par tous. Ainsi, vers 1550, on comptait déjà au moins une vingtaine d’écoles de la communauté.

La première partie de sa vie fut toute entière consacrée àsa communauté. Lui-même reçut tout d’abord son éducation scolaire dans les écoles de l’Unité. C’est à Prerov, à l’Ecolelatine, qu’il eut le bonheur d’être remarqué par un directeur, lui-même membre respecté de la fraternité. Celui-ci fut assez perspicace pour remarquer ses talents et l’encouragea à poursuivre ses études.

Jan Amos se souviendra plus tard de la piètre qualité des méthodes scolaires de cet établissement, mais il fut bon élève et fit des progrès fulgurants . Il fut ainsi remarqué par Lasicki, un des membres les plus importants, évêque de L’Unité.Il fut donc envoyé en Allemagne, à Herborn, Université Calviniste, et à Heidelberg, pour y poursuivre ses études. Là il rencontra Arndt, Alsted et Ratichius. Il y prit connaissancede l’œuvre de Bacon, qui le familiarisa avec l’approche

scientifique des problèmes humains, et de la “Fama Fraternitatis Rosae Crucis”, de Jean Valentin Andreae.

Il y apprit à considérer l’univers comme son livre d’apprentissage . Il cherchait déjà à comprendre l’unité de toutes choses. Ainsi son deuxième livre était le livre de l’homme ou livre de la conscience, et son troisième, comme commentaire du premier et mode d’emploi du deuxième, les livressacrés, pour lui, occidental européen du XVIIe siècle, la Bible

De retour en Bohême, il enseigna dans l’école où il avait été élève. Il fut ordonné prêtre à l’âge de vingt-quatre ans. Deux ans plus tard, on le retrouve à Fulnek, où il exerce son ministère , combinant l’activité sacerdotale avec celle de pédagogue, ce qui pour lui constituait un tout. Il prit très ausérieux ses responsabilités envers la population. Son enseignement ne se limitait pas à des aspects théoriques puisque, par exemple, il apprenait aux jeunes à percer les secrets de la nature par le biais, par exemple de l’apiculture pratique.

Il n’est un secret pour personne que Comenius fut un éternel exilé. Cependant, il est remarquable que des catholiques comme Richelieu aient pu faire appel à lui. Il s’enest d’ailleurs fallu de peu que Comenius accepte de venir en France pour réformer le système éducatif, disons tout simplement pour le créer, ce qui aurait complètement changé la face de notre pays, vu les conceptions révolutionnaires de notre héros. Nous ne verrions pas un système éducatif orienté sur une société en décomposition s’écrouler lamentablement, puisque toute la réflexion pédagogique du professeur de Saros-Patak vise à une libération de l’homme vrai, et que la conséquence de cette formation aurait d’emblée pour conséquenceune société elle aussi orientée sur ce même but. En effet qu’est-ce que l’éducation, si ce n’est l’éveil de la consciencedans le monde, qui permet de se libérer de celui-ci.

L’Utopie réaliste Coménienne embrasse tous les aspects de la Vie. Science, éducation, culture, vie sociale, religion et politique. Il s’agit de joindre tous les hommes dans un effort général pour élever le niveau de conscience de tous, jusqu’à lalibération de ce monde, que Comenius assimile à l’entrée dans l’académie de l’âme, au cours de cette vie même. Grâce à une vision universelle des choses et à partir de la sagesse divinechacun devra s’appliquer à vivre et à être de cette sagesse et

à l’accomplir dans sa vie. Cette réalisation, c’est une évidence, prendra du temps, et Comenius, à plusieurs reprises, indique que l’état de l’humanité idéal qu’il propose correspondà un accomplissement qui approche de la “fin des temps”, où l’humanité aura déjà compris bien des choses. En même temps, les éléments qu’il propose, et rappelons que nous sommes au XVIIe siècle, sont fait pour hâter cette fin des temps, où l’homme sera de nouveau” à l’image de Dieu”, nous dirions de nos jours, où l’humanité véritable se manifestera. La situation politique en ce début du XVIIe siècle était encoreindécise. Les princes protestants préparaient un jeu d’alliances qui leur permettrait de nourrir l’espoir de contrebalancer la réaction romaine.Des courants culturels et spirituels incarnant la liberté sillonnaient déjà l’Europe. John Dee était venu d’Angleterre enBohême, foyer de la communauté Morave - Giordano Bruno perçait l’infini des Mondes - Copernic et Kepler avaient démystifié l’Univers. Francis Bacon opérait une synthèse de la connaissance et Robert Fludd tentait de faire de même.C’est dans ce contexte que, comme nous l’avons vu, Comenius vécut deux évènements qui influencèrent profondément le cours de sa vie. Au cours de ses études, soit à Marbourg, soit à Heidelberg (1613-1614), il apprit l’existence de la Rose-Croix et eut en tout cas certainement connaissance de la Fama Fraternitatis avant sa parution. Puis, quelques années plus tard, il vécut de façon intense les persécutions dirigées contre l’Unité des Frères, et finalement,la défaite de la Montagne blanche, fin de l’aventure Bohémiennede la reine Elisabeth et du roi Frédéric. Nous sommes en 1620. Pour sa communauté, c’est l’exil en Pologne, à Leszno. C’est aussi l’époque où il reçoit réellement sa mission, qui consistera à incarner et à manifester autant que possible les grandes lignes de force du développement de l’humanité pour lessiècles à venir. Visionnaire donc, il tracera toute sa vie les plans d’une organisation universelle du monde qui devra permettre l’avènement progressif d’une humanité digne de ce nom. Ce qu’il exprime dans le langage de son époque par l’expression : une humanité à l’image de Dieu, de l’homme-dieu.Pour ce faire, le levier principal lui semble être l’éducation,non pas en tant que recherche de “pouvoir” extérieur, mais en tant que moyen d’accès, à long terme, à une participation effective et consciente à la manifestation universelle.

Au cours de son exil au château des Zerotin, protecteurs de l’Unité, et en pleine époque de persécutions, Comenius écrit “le Labyrinthe du Monde et le Paradis du Cœur” .

La première partie, le Labyrinthe, est consacrée à une exploration systématique du monde dans toute sa vanité et sa folie, son illusion et son grand piège de kermesse grouillante.Le Labyrinthe est en fait symbolisé par une ville où toutes lesactivités humaines, tous les états ou situations où un homme prisonnier de ce monde se retrouve sont représentés. Le héros est incité à visiter, et même à participer à ce monde par ses deux guides, dont nous avons déjà fait mention, de façon plus ou moins honnête : ces pseudo-mentors, Passe-partout et Illusion, aimeraient bien récupérer cet homme qui se révèle bien vite être un outsider, un trouble-fête, pour leur “supérieur hiérarchique”, la “Reine du Monde”, appelée aussi “Vanité”.Tout le monde y porte un masque en société, qu’il retire dès qu’il se retrouve seul, dans une gymnastique acrobatique que met à jour le narrateur :

“Je les examinais donc de plus près, et j’observais, en premierlieu, que tous ceux qui grouillaient dans la foule portaient unmasque sur leur visage, mais quand ils se retrouvaient seuls ouavec leurs pairs, le retiraient, l’ajustant sur leur visage dèsqu’ils rejoignaient la foule. Je me renseignai sur la signification de cette procédure. Mon guide répondit:“C’est, mon fils, de la prudence humaine, de ne pas paraître à tous tel que l’on est réellement. Seul, on n’a pas besoin de secontraindre, mais parmi les gens (les autres) il est de notre intérêt de faire bonne figure et de donner une apparence convenable à ses affaires.”(…)“…Je regardai à nouveau autour de moi et remarquai que beaucoupétaient très habiles à se servir de leur masque, les escamotantrapidement et les remettant, de sorte qu’en un instant ils pouvaient prendre l’aspect qui leur convenait. Alors je commençai à comprendre la marche du monde.”Sous leur masque, les hommes se révèlent en fait être des animaux, ce qui montre bien que, comme nous l’avons vu, les

hommes usurpent ce noble nom tant qu’ils ne sont libérés de leur dépendance du monde.

“…En regardant attentivement, je découvris qu’ils étaient tous défigurés de diverses façons, non seulement dans leurs traits, mais aussi dans leur corps. La plupart étaient boutonneux, croûteux ou lépreux. En outre, ils avaient soit des lèvres de cochon(un groin), soit des dents de chien, soit une queue de renard, soit des cornes de bœuf, soit des oreilles d’âne, soit des yeux de basilic, soit des pattes de loup. J’en observai de plus avec un cou de paon fièrement dressé, d’autres avec une crête de vanneau dressée, d’autres avec des sabots de cheval, et ainsi de suite. Le plus grand nombre ressemblait à des singes. Horrifié, je m’exclamai:“Mais je vois des monstres ici!”

La confusion des langues y est à son comble, et personne n’écoute l’autre, ni ne cherche à le comprendre :

“…De la même façon, j’observai et entendis que la plupart d’entre eux se parlaient dans des langues différentes. Ce qui fait qu’ils ne se comprenaient pas (l’un l’autre), et donc, soit ils ne se répondaient pas, soit ils donnaient une réponse complètement inadéquate. En certains endroits, ils faisaient foule, tous parlant en même temps et chacun pour soi, personne ne faisant attention aux autres, malgré leurs efforts pour capter l’écoute en tirant les autres vers eux. Mais ils n’y arrivaient pas, ce qui le plus souvent dégénérait en luttes et bagarres. »

Or nous vivons la même chose tous les jours. Et pour éviter cela, un travail structurel doit commencer très tôt.

-----------------

Les glandes à sécrétions internes en relation avec les problèmes de l’éducation

Si le travail d’ouverture du cœur et de liaison avec l’absolu n’a pas été fait dans les premières années, que ce soit dans lecontexte familial ou scolaire, (mais alors il faudrait tout

démolir et tout reconstruire sur des bases nouvelles), les miasmes du passé égocentrique seront déjà transmis dans la cellule familiale, avant même la scolarisation, par les parents, avec les meilleures intentions et la meilleure volontédu monde! Nous comprenons pourquoi Comenius pouvait à juste titre dire que les parents peuvent être les pires ennemis de leurs enfants. Et nous réalisons aussi maintenant de façon plusclaire :

1) La cause profonde du monde de violence dans lequel baigne une grande partie des jeunes d’aujourd’hui, même si beaucoup“jouent” ce rôle qui n’est pas vraiment le leur.

2) A quel point une éducation des parents et des futurs parentsest primordiale, et ce sur des bases absolument inverses du peu qui se fait à ce sujet.

3) A quel point il est absurde, délirant et incroyable de proposer, ce qui est actuellement fait par de soi-disant autorités en la matière, des insanités tendant à transférer les responsabilités parentales aux éducateurs. On voit, sansêtre grand prophète, la dérive totalitaire se profiler à l’horizon.

Mais nous devons nous attarder ici sur les phénomènes de croissance et sur l’évolution du système des glandes à sécrétion interne du jeune, en liaison avec le système nerveux,entre 4 et 11 ans. Nous allons voir le rôle prépondérant des ces deux transformateurs de force, non seulement sur la croissance physique, mais aussi sur une éventuelle et future possibilité de croissance psychospirituelle. L’éveil de conscience se traduit en effet par un changement structurel quimodifie ou utilise en tout cas le système nerveux et les glandes à sécrétion interne. Voici les propositions de Comenius: “(Amener à l’instruction universelle) dans toutes les choses, cad dans tout ce qui peut rendre l’homme sage et heureux. … Mais encore? Ce sont les quatre choses que le sage Salomon recommande, en citant quatre petits animaux, les plus sages :- Préoccupation des choses futures, qu’il loue chez les fourmis.

- Sagesse dans les choses présentes, qu’il fait remarquer chez les gerboises.- Penchant à la concorde sans contrainte, qu’il vante chez les sauterelles.- Nécessité de l’harmonie, de la régularité et de la méthode, dans nos actions même indifférentes, comme on les trouve dans le travail de l’araignée.De ces quatre petites propositions, si elles sont approfondies jusque dans les moindres détails, on peut déduire une atmosphère favorable à l’ouverture de la conscience et à son élévation. Si l’orientation générale du système nerveux et des glandes à sécrétions internes ne répond pas à des critère élevés, il sera impossible de réaliser, face aux sollicitationsde toutes sortes auxquelles sont soumis les jeunes enfants, un état de conscience, un état de vie qui pourra servir de base à une future maturité psychospirituelle. On s’en convaincra facilement quand on examinera les pathologies du système nerveux et des glandes à sécrétions internes, par exemple la maniaco-dépressivité. Ce cas particulier, très fréquent chez des hommes par ailleurs d’une grande intelligence et créativité, inclut des problèmes ou les deux systèmes sont impliqués, et montre jusqu’où l’excès irraisonné peut mener. Ilserait d’ailleurs intéressant de faire une étude du système nerveux en relation avec le système des glandes à sécrétion interne, dans le cadre de l’éducation des mentalités et du comportement. Eduquer, qu’est-ce à dire? Ne nous retrouvons nous pas souvent en position d’invoquer l’alibi pédagogique pour justifier nos exigences, pas toujours libres de motivations et d’intérêts conservateurs ? Le concept de “pédagothérapie” me semble digne d’être remis à l’honneur. En effet, il n’est pas nouveau, car toute éducation qui cherche à aller un peu en profondeur se heurte à un moment ou à un autre à tous nos conditionnements, à tous ces schémas contraignants qui imprègnent l’atmosphère psychique de nos contrées. Et là intervient la nécessité d’un “auto-déblayage guidé”, sur la base d’une conscience menant à des actes libres d’une volonté conservatrice. Ce travail laboure l’être entier, car nos conditionnements ont laissé des traces jusque dans notre corps,et en particulier dans le système nerveux et le système des glandes à sécrétion interne. On recherchera donc comment le processus pédagothérapeutique facilite une véritable renaissance psychospirituelle, ou renaissance de l’âme.

La guérison dans le corps et le processus de renaissance de l’âme.

Le trigoneo igneo, appelé ainsi de par la position respective de trois glandes à sécrétion interne dans le sanctuaire de la tête, supporte le feu de la nouvelle conscience et contribue à sa régulation et à sa circulation dans le corps; Il s’agit de la thyroïde, de l’épiphyse, et de l’hypophyse. Nous retrouvons ici le triangle du penser, du désir et de la volonté. L’épiphyse a plutôt une affinité avec le penser, la thyroïde avec la volonté, et l’hypophyse avec le désir. Mais cela est beaucoup plus complexe en fait. L'équilibre et la bonne coordination de ces trois aspects, unisdans l'orientation spirituelle de service, sont aussi favorables à la santé physique et psychique qu'au bon déroulement du processus de renaissance de l'âme. Cette orientation doit bien entendu occuper une place importante danstous les processus éducatifs, elle doit même imprégner toute l’éducation du jeune, et du moins jeune.

L’acceptation et la mise en œuvre consciente des phénomènes corporels dans un sens libérateur, en liaison avec la répercussion des fonctions biologiques sur le comportement occupera une grande place dans la conception psychospirituelle de l’éducation, le comportement influant sur les modificationsdu métabolisme et le métabolisme dépendant lui-même d’une conscience renouvelée . Une nouvelle forme de pensée, du désir,et de la volonté , orientée vers l’éveil et la maturité de conscience ne pourra mener qu’à des actes et un métabolisme nouveau.Le phénomène de guérison qu’implique une telle forme d’éducation passe bien entendu par la trilogie : comprendre, intégrer, transmuter. Comprendre soi - même et le monde qui nous entoure afin de mieux collaborer à la reconstitution du microcosme, intégrer les forces libératrices à l’œuvre en nous et autour de nous, et en permettre la transmutation jusque dansle corps, voilà ce à quoi le jeune doit être mis en mesure d’aspirer.

La conscience de tous, maîtres et élèves s’oriente alors vers le vrai sens de la vie.. La connaissance de soi, qui doit absolument être remise en valeur, de sorte que les jeunes, aussi conditionnés que leurs parents, ne puissent plus avoir de

réactions de peur phobique quand il s’agit de “psychologie” , de “philosophie”, ou de ce que l’on nomme tel et qui n’est en fait que la découverte des divers aspects corporels, vitaux, émotionnels, mentaux, dans leur interdépendance. Le jeune, comme celui qui aspire à une réelle éducation permanente de la conscience, pourra ainsi acquérir un discernement de l’âme et du cœur . C’est alors qu’une éthique libre de toute règle et loi extérieure, une éthique gnostique, pourra de nouveau voir le jour .

Les chakras modifieront leur sens de rotation en relation avec le système nerveux et les glandes endocrines. Même si le jeune n’a pas encore la possibilité de réaliser cette mutation,il est possible de lui faciliter l’accès à ce travail alchimique, quand le moment sera venu.

Le premier rayon de la lumière prânique originelle, si tout le travail préparatoire d’ouverture du cœur et de préparation des glandes à sécrétion interne aura pu être effectué dans les années de prépuberté, va pouvoir faciliter leréfléchissement du premier rayon par le plexus sacré. C’est pourquoi, la vibration rénovatrice-explosive, tempête vibratoire, tension du système nerveux. ne pourra être supportée que si le jeune a pu préserver ses capacités de maîtrise et de sérénité, qui ne peuvent se manifester que si l’éducation a pu entretenir un comportement où prédominent le don et le service en oubli de soi. (Gnose Originelle J V Rijckenborgh) Pour avancer sur le chemin de la guérison biopsychospirituelle, un pouvoir de discernement va devoir être développé, qui va permettre l’isolation des plexus de la gorge des points de vue spirituel, moral et biologique. pourquoi cette isolation? Tout simplement parce que le monde dans son état actuel comporte justement tant de miasmes perceptibles par les plexus de la gorge. Comment ce discernement , qui donnera progressivement lieu à détachement et liberté à la mesure de l’assimilation dans le corps tout entier des nouvelles forces supérieures, pourra-t-il naître en nous? Nous devrons éviter toute lutte, tout refus systématique de ce qui cherche à pénétrer dans notre sphère, car si c’est lecas, c’est qu’il y a quelque peu affinité entre nous et cet “invité”, que nous jugeons parfois indésirable. C’est en acceptant ce qui viens à nous, en l’observant de la façon la plus objective possible, en faisant appel à notre pouvoir de

neutralité, que nous pourrons nous en libérer. Nous possédons tous trois pouvoir dans notre cours de vie : celui d’attirer, de repousser, mais aussi de rester neutre. Le problème est que notre éducation nous apprend à développer les deux premiers, mais pas le troisième. En conséquence nous l’ignorons, et nous débattons dans mille liens que nous tissons nous-mêmes, plus oumoins consciemment. Une éducation libératrice remettra évidemment à l’honneur cette troisième faculté. Notre système nerveux en ressentira les bienfaits, et donc notre être tout entier. Il est ainsi clair qu’il existe une relation entre les systèmes de plexus, nœuds du système nerveux, et les glandes àsécrétion interne au cours de toutes les étapes du phénomène de transmutation alchimique qui accompagne inéluctablement l’éveil et la maturation de conscience psychospirituelle.

Chaque rayon modifiera ensuite les circuits de plexus et les chakras concernés, effectuant un travail au cours d’une septuple ronde, utilisant le circuit du sympathique avant que puisse avoir lieu “le grand ébranlement” du système nerveux central, du “feu du serpent” ou moelle épinière, ce qui pourra provoquer “la véritable adéquacité”.

Dans le processus d’éveil et de maturité psychospirituelle, le Cortex, et le Néo-Cortex en particulier,l’intelligence émotionnelle jouant ici le rôle d’intermédiaire,se retrouvent en position de transformateurs, de capteurs et detraducteurs, des impulsions spirituelles d’une vibration bien plus élevée que celles que la science actuelle officielle connaît.

Qu’est-ce que la conscience? On peut distinguer divers types de conscience, conscience du moi, de l’âme, ou de l’âme-esprit, biologique, psychique (au sens supérieur), ou spirituelle. Elle s’entremêlent au cour du processus pédagothérapeutique. là est justement le problème, celui qui aspire à la liberté cherchant justement à sortir du mélange, dumonde de la dualité où nous nous trouvons. Voici la vision d’unscientifique contemporain, qui ne manque pas d’intérêt :

“Les difficultés du problème des rapports de la conscienceet du cerveau sont celles des rapports de la matière et de l’esprit. Elles sont insurmontables dès que l’on confond conscience, cerveau , et spiritualité. L’être conscient possèdeune multiplicité de structures et une organisation dynamique

(...) Le cerveau n’est ni un objet, ni une machine. Il est lui-même animé par la finalité de l’être qu’il contrôle. La conscience, en tant que structure hiérarchisée de l’être conscient est aussi une réflexion réciproque du supérieur sur l’inférieur.”

“ Pour H. Jackson, le modèle du système nerveux était constitué par une série verticale de centres superposés, dont chacun contrôlerait les centres inférieurs (cf. cercles de plexus nerveux Gn. Un. p. 135, 136, Ces sept groupes de sept plexus...directement la base sanguine.)(A relier aux trois aspects de la conscience p. 115->...par exemple ceux des pieds et des mains)... Jackson en est arrivé à considérer les centresdu lobe préfrontal comme les “highest levels” de l’activité nerveuse( car ils se trouvent en fin, à l’extrémité supérieure de l’axe cérébro-spinal). Ces centres étaient pour lui “for themind”, et ces “highest cerebral centers” n’avaient pourtant rien de spirituel, ne constituaient pas l’esprit, ni la conscience d’ailleurs., qui n’est pas, pour lui, une fonction du cerveau.. Pourtant l’activité corticale et néo-corticale du cerveau est considérée comme l’activité supérieure du cerveau.”

“Les activités de la conscience passent bien par les structures cérébrales, et en particulier par l’écorce cérébrale, car l’organisation du cerveau culmine dans les “centre d’indétermination”, ou “ de complexification maximale”.Là se développent les mouvements facultatifs ou créateurs de lapensée. C’est, dans le néo-cortex, l’immense réseau neuronal, le “magic loom” des milliards de connexions synaptiques. L’écorce cérébrale fonctionne quasiment comme une machine électronique hyper-perfectionnée où circule l’information et oùs’élabore la résolution des problèmes.

“Mais ce “highest level” de la pensée n’est pas la structure fondamentale de la conscience. Car les mouvements de la pensée réflexive sont facultatifs, ils n’ajoutent aux structures de l’être conscient qu’une différenciation qui ne requiert le réseau neuronal cortical que comme l’instrument de sa virtuosité, et l’organisation du conscient est axée par la motivation et enracinée dans la sphère de l’instinct. Le fonctionnement logico-mathématique du cerveau télencéphalique dépend de la constitution du champ de la personne mais ne les commande pas. Le cortex n’est donc pas le centre de la conscience, mais en est plutôt l’instrument.”(...)

Les premiers vertébrés marins dépendaient surtout de leur sens olfactif . Or les nerfs olfactifs, première paire de nerfscrâniens, vont directement des narines au télencencéphale, lequel, en se différenciant,(paleocortex), permet une analyse plus précise et complexe des signaux.. au fur et à mesure que l’on monte dans l’échelle phylogénétique, de plus en plus de signaux extra-olfactifs arrivent au niveau du télencéphale. Chez les mammifères se différencie un nouveau cortex, le néo-cortex, entièrement indépendant de toute influence olfactive. une fissure rhinale sépare le cortex primitif ou rhinencéphale du néo-cortex. Chez l’Homme et les primates, le néo-cortex s’est accru à tel point qu’il refoule et cache la plus grande partie du paleocortex rhinencéphalique.

La plus grande des commissures du télencéphale (chez l’homme), est le corps calleux, reliant en général des points analogues du néo-cortex de l’hémisphère gauche et de l’hémisphère droit.(...)Nous pourrions simplifier tout ceci en insistant sur ce passage: “le cortex n’est pas le centre de la conscience, mais en est plutôt l’instrument”. Ce qui nous rend bien plus palpable, si nous voulons mettre l’accent dans une vraie éducation de l’Homme sur l’éveil, puis la maturation de la conscience psychospirituelle, l’importance de ne pas mettre au premier plan les fonctions de la mémoire et toutes celles généreusementattribuées à l’intellect “pur”, que l’on retrouve dans le cortex et le néocortex. Les Egyptiens allaient plus loin dans leur symbolique puisqu’ils représentaient l’homme originelle defaçon cachée et symbolique, (dans le temple de Louxor, le saint des saints représente la tête, sans y faire figurer la partie supérieure du cerveau.Le système nerveux dans son ensemble joue bien entendu un rôle primordial et devra être préservé par tous les moyens à la disposition de l’éducateur, comme nous le disions plus haut

Le système nerveux principal est composé de la moelle épinière et des nerfs rachidiens, et des douze paires de nerfs crâniens. D’autre part plusieurs groupes de plexus sont situés à plusieurs endroits importants:

Le plexus pharyngien, le plexus pulmonaire, le plexus cardiaque, le plexus de l’abdomen, le plexus solaire, et le plexus sacré. Ces “nœuds de force” jouent un rôle très important, aussi bien dans les processus naturels que dans le processus de libération gnostique.

Tous ces aspects concernent l’activité consciente. Le grand sympathique est composé d’une succession de

ganglions nerveux. Par résonance vibratoire, la nouvelle vibration qui a pris possession du 4e chandelier ( 4e cavité cérébrale) se propage à travers le bulbe rachidien jusqu’au sympathique. Il constitue à lui seul un “second feu du serpent”, qui n’est pas sous l’emprise de la conscience. Ceci permet à la force gnostique, dans un premier temps, d’employer ce canal afin d’investir le système en entourant la moelle épinière. Quand le circuit du sympathique aura été consolidé, il isolera progressivement l’ancien feu du serpent, jusqu’à ce que celui-ci soit finalement conquis par la nouvelle force.

Le système nerveux est le réseau de communication du corps. Les nerfs parcourent le corps, transportant par la moelle épinière entre autres des messages du cerveau, lui même intermédiaire des forces éthériques et astrales, et centre de contrôle du corps.

Inversement, le cerveau reçoit les informations de l’extérieur grâce aux nerfs. Il sélectionne les informations et décide de la réaction du corps, et donc aussi de l’âme naturelle, celle ci constituant un tout entre les différents systèmes, plus les corps subtils. Quand l’âme est renée, tout le système est court-circuité, et en tout cas au service de l’esprit, et alors c’est le nouveau penser qui dirige le système, et fait exécuter l’idée microcosmique, monadique, au service du tout divin.

Les informations circulent en tout cas par les fibres nerveuses sous formes de signaux électriques, ce qui explique que si l’homme est plongé dans un nouveau complexe , champ électromagnétique, il puisse, par induction, modifier complètement son être. Les informations sont captées par les organes des sept sens , la peau, la langue, le nez, les yeux etles oreilles, et l’hypophyse et l’épiphyse, les deux sens supérieurs qui se développent au cours du processus de renaissance de l’âme.

L’encéphale est composé de trois parties, le cervelet, le cerveau, et le bulbe rachidien. Le bulbe rachidien contrôle lesactions involontaires comme les battements du cœur et la respiration. Le cervelet coordonne les mouvements des muscles, muscles très nombreux et qui contrôlent bien plus que les activités purement motrices du corps. Le système nerveux envoie

des messages à une vitesse de 300 km/h, dans certains cas d’urgence (Notons ici que le thymus est beaucoup plus rapide, puisqu’il est conscient, “en temps réel”, cad à peu près à la vitesse de la lumière, de tout ce qui entre ou sort dans la sphère électromagnétique de l’homme).

Le cerveau est la plus grande partie de l’encéphale et estdivisé en deux moitiés, les hémisphères. La couche extérieure du cerveau comporte des zones spéciales qui reçoivent des messages concernant les cinq sens. D’autres zones contrôlent le mouvement, certains phénomènes qualifiés d’intelligence (mémoire, etc... ou nœuds et relais synaptiques -> cf. néo-cortex), et divers aspects que l’on appelle “personnalité” (lesdeux derniers aspects localisés surtout dans le lobe frontal ->6e chakra, hypophyse)

Les douze paires de nerfs crâniens dirigent tous les aspects de la personnalité, et il va nous falloir apprendre à décrypter l’usage que l’âme fera de ce système, à travers les utilisations classiques ci-dessous indiquées: - 1) Le nerf olfactif est un faisceau de l’encéphale, pas un nerf au sens strict. Il transmet les informations de l’épithélium olfactif.

- 2) Le nerf optique transmet de même les influx des récepteurs de l’œil.

- 3) Le nerf moteur oculaire commun innerve les muscles qui bougent le globe oculaire, et qui élèvent la paupière supérieure, ceux qui contractent la pupille et modifient la forme du cristallin pour la vision rapprochée et la vision éloignée. Il transmet l’information des récepteurs dans les muscles oculaires.

- 4) Le nerf pathétique :il innerve les muscles squelettiques qui bougent le globe oculaire vers le bas et latéralement et transmet l’information provenant des propriocepteurs musculaires.

- 5) Le nerf trijumeau contrôle les muscles masticateurs.il transmet l’information provenant des récepteurs de la peau et des muscles faciaux , du nez et de la bouche, de même que des alvéoles dentaires.

- 6) Le nerf oculomoteur externe contrôle les muscles qui bougent le globe oculaire latéralement. transmet l’information.provenant des propriocepteurs musculaires.

- 7) Le nerf facial contrôle les muscles responsables de l’expression faciale et de la déglutition ainsi que des glandes

nasales, palatines et lacrymales et salivaires. Il transmet l’information. des papilles gustatives de la partie antérieure de la langue.

- 8) Le nerf auditif : Transmet l’information. des récepteurs de l’oreille.

- 9) Le nerf glosso-pharyngien contrôle les muscles de la déglutition et des glandes salivaires parotides et transmet lesinformations des papilles gustatives de la partie postérieure de la langue et des récepteurs cutanés du tube auditif.

- 10) Le nerf vague (pneumogastrique) contrôle les musclesdu pharynx et du larynx et les muscles lisses, de même que les glandes du thorax et de l’abdomen. Il transmet les informationsdes récepteurs du thorax et de l’abdomen.

- 11) Le nerf spinal contrôle les muscles du cou.- 12) Le nerf grand hypoglosse fait de même pour les

muscles de la langue.Les relations thalamo-corticales permettent, grâce à des contrôles cortico-thalamiques, par des interneurones aux messages sensoriels qui parviennent au cortex primaire, d’arriver par des fibres aux régions corticales des aires visuelles, auditives et somesthésiques.Par résonance, les vibrations gnostiques investissent ainsi lescavités cérébrales, puis le système nerveux sympathique. Le système endocrinien se compose de toutes les glandes à sécrétion interne. Les hormones sont les messagers chimiques véhiculés par le sang. Le rôle de l’épiphyse est assez mal connu. On peut cependant être sûr que les égyptiens et les grecs connaissaient déjà cette glande, vu la représentation imagée qu’ils ont fait (la pomme de pin étant bien la forme de la glande qu’on appelle aussi “pinéale), et qui correspond en tout point à la réalité. Ce que l’on peut observer cependant est qu’elle joue un rôle important dans le processus de renaissance de l’âme.La glande pinéale est souvent représentée comme la torche, le flambeau de l’illumination. Et, en fait de nombreux scientifiques lui attribuent empiriquement la faculté de percevoir de multiples forces de rayonnement. Pour la science sacrée hindoue, elle correspond au 7e chakra, le chakra couronne, qui inverse son sens de rotation en dernier, au moment où les forces spirituelles investissent tout le système cérébro-spinal. C’est la porte d’entrée du prâna originel, qui

permet de transformer complètement jusqu’au plexus sacré, selonle processus que nous allons essayer d’évoquer ici :

Ce processus commence tout d’abord dans le cœur. puis, après une période d’accoutumance et d’inversion des polarités, le prâna originel investit la tête , puis tous les aspects de l’âme. Le fluide astral entre dans le système par le pouvoir magnétique de notre cerveau et remplit de son feu les sept cavités cérébrales, le septuple chandelier. C’est le noyau de la conscience, et les quatre autres fluides s’expliquent par lui. Il vitalise les douze paires de nerfs crâniens.

Le fluide nerveux est transmis par les douze paires de nerfs crâniens : ce sont douze pouvoirs, douze propriétés, nommés les douze disciples, les douze aeons de l’homme. Ils font vivre l’homme organiquement. Dès que ces douze se rendent au processus, passage que l’épopée biblique appelle le choix des douze disciples, le sort de l’ancienne nature est fixé, et la régénération de la nature entière commence.

Le feu du serpent, dans le canal intérieur de la colonne vertébrale, est le troisième fluide de l’âme. Il relie le septuple chandelier de la tête au plexus sacré, situé à la basede la colonne vertébrale. Chandelier de la tête et plexus sacréconstituent les deux pôles magnétiques de notre personnalité; le plexus sacré remplit la même fonction que le pôle sud de notre planète. Dans le feu du serpent - axe de notre personnalité - s’expriment à la fois le feu astral direct, actuel, et toutes les impulsions karmiques magnétiques du microcosme. Le feu du serpent est un mélange du passé et du présent. Cette essence est également communiquée au système parles nerfs de la moelle épinière, afin qu’il se comporte en accord avec le tout électromagnétique. Quand, dans ce que les soufis appellent “le grand ébranlement”, cette partie centrale et vitale du système est investie par la force prânique, l’homme est changé à un point tel que, à l’instar des disciplesà la Pentecôte, leurs proches ne les reconnaissent plus.

le Cerveau s’est développé, historiquement, au fur et à mesure que le système génital prenait moins d’importance.

Et le système du feu du serpent est le “Djed”, le pilier central des égyptiens sur lequel tout s’articule. Il est entouré d’un système de ganglions sympathiques, qui n’est pas sous le contrôle de la volonté-moi, et est donc utilisé au départ du processus de renaissance de l’âme.

Quasiment tous les nerfs en sont issus, si ce n’est les nerfs crâniens. C’est donc de là que sont retransmis tous les ordres conscients (moelle épinière) ou inconscients (système sympathique et parasympathique) provenant du cerveau qui lui-même est un instrument de la conscience et devrait être le relais de l’âme.

Les nerfs commandent tous les organes, de façon automatique ou consciente.

Le fluide hormonal, quatrième fluide de l’âme, provient des glandes à sécrétion interne. Nous pouvons considérer ces glandes comme les transformateurs du fluide électromagnétique, chargée chacune d’un feu magnétique, et d’une tâche déterminée.Elles produisent chacune une hormone différente qui est transmise au cinquième fluide de l’âme, le sang.

Dans le sang parle, travaille, et témoigne l’être entier; l’âme, dans sa totalité, se révèle par le sang. Tel sang, tel homme. L’état du sang est déterminé par l’état de conscience, et, par le sang, l’état de conscience détermine l’état de la vie.

Si nous voulons libérer l’âme, nous devons posséder une certitude du sang, car c’est grâce à lui que s’extériorise la totalité de l’âme quintuple. Et ce processus commence dans le cœur, influençant progressivement tous les aspects de l’âme.

Le sanctuaire du cœur, (de même que le sanctuaire de la tête) a sept cavités, sept chambres.

Le sanctuaire du cœur a quatre cavités inférieures, et trois principes supérieurs. Les quatre cavités inférieures forment le carré de construction. Si tout va bien, trois flammes, trois flambeaux éthériques dirigent et activent les processus inférieurs qui doivent se dérouler au cours du processus de renaissance

Le processus de renaissance de l’âme est en fait le même que celui de la fonte de la coupe du Graal, qui se retrouve logiquement dans le corps humain. Anatomiquement, la coupe du Graal peut être indiquée par ces trois circuits de plexus : celui du larynx, celui ces poumons, et celui du cœur. La partiesupérieure de la coupe sacrée correspond au système du larynx; la tige du calice, (la trachée artère), est dressée dans les poumons et le pied de la coupe de cristal est dans l’orifice cardiaque.(Gnose Universelle JV R)

Le premier acte libérateur ferme l’élève aux influences dela nature dialectique, dans la mesure où il s’agit des effets

de la lumière, du son, et de l’atmosphère. Ce premier acte ramène ces influences à un minimum biologique. Nous vivons, nous avons déjà pu nous en apercevoir, au milieu de tout un système d’influences qui, de par leur nature même, cherchent à nous maintenir dans un état de dépendance. Il faut donc tout d’abord nous en détacher quelque peu.

Trois actes libérateurs nouveaux vont suivre : celui qui aspire à la libération devra commencer à réagir aux forces éthériques du Royaume immuable, aux trois Saintes Nourritures qui, semblables à trois cordes, descendent pour l’aider à sortir du puits de la mort. Il doit ensuite rendre le sanctuaire de son cœur apte à la conservation de ces forces. C’est ainsi que, par l’utilisation des possibilités présentes, le Graal s’élabore. (Gnose Originelle JVR)

Nous avons déjà vu, mais nous allons le voir de façon encore plus nette que tout l’instrumentarium corporel, et en particulier le système nerveux et hormonal, aura donc du être non seulement préparé, mais qu’il sera de la plus haute importance de ne pas l’endommager dans les années de croissance, entre 4 et 11 ans.

Lorsque l’homme en chemin devient accessible aux éthers nouveaux, ceux-ci lui parviennent à travers l’ethmoïde. Par le premier acte libérateur, l’ethmoïde a reçu cette aptitude et ila été fermé en même temps aux influences des forces dialectiques.Il existe donc bien une étroite relation analysable entre le système nerveux et le système endocrinien, qui joue un rôle important dans le processus de renaissance de l’âme

La nouvelle respiration magnétique s’est instaurée par l’os ethmoïde, en relation avec le nez et les 2 chakras supérieurs, correspondant à l’épiphyse et à l’hypophyse. On retrouve bien dans la structure du squelette les huit os du crâne: frontal - deux pariétaux - occipital - deux temporaux, le sphénoïde et l’ethmoïde - Les cellules ethmoïdiennes permettent le passage de l’air vers l’hypophyse immédiatement derrière l’os ethmoïde, “encastrée” par le sphénoïde.

Le nerf olfactif passe d’ailleurs à travers l’ethmoïde.Le système génital est bien entendu étroitement relié avec

le système endocrinien.Ex. de relation entre le système nerveux et le système

endocrinien :

- La libération d’adrénaline et de noradrénaline par la médullo-surrénale est déclenchée, au moyen d’une impulsion purement nerveuse, par les centres hypothalamiques du système nerveux autonome, le ganglion cœliaque servant de relais nerveux.. Une fois libérées dans le sang, ces deux hormones agissent , et les modifications qui en découlent ont une actionen retour sur les centres hypothalamiques. Elles diminuent la stimulation que ceux-ci exercaient sur la médullo-surrénale. Onvoit ici nettement le lien entre émotion, donc processus spirituel, et hormones. Les hormones agissent ainsi directementsur le système nerveux. Les hormones thyroïdiennes jouent un grand rôle dans le développement dans le développement du cerveau. Par la post-hypophyse et la médullo-surrénale il y a émanation d’ébauches nerveuses embryonnaires. Le système nerveux central dépend de l’antéhypophyse et des glandes qui sont sous sa dépendance. la région ventrale du diencéphale est l’hypothalamus par lequel passent les régulations des sécrétions de l’hypophyse, et par l’intermédiaire de celle-ci, des sécrétions de la thyroïde, des surrénales et des glandes génitales.

Chaque plexus nerveux, et en particulier le plexus sacré, est relié à l’activité des chakras, et du grand sympathique. (Nous recopions ici des passages de « La Gnose Universelle » deMr Jan van Rijckenborgh)

Le phénomène du langage gravite autour du plexus pharyngien, où se trouve le larynx, situé à la partie supérieure de la trachée artère. C’est une formation cartilagineuse sur laquelle sont tendues les cordes vocales. Aumoyen d’un flot d’air, chassé vers le haut, par le rétrécissement de la cavité thoracique, les cordes vocales se mettent à vibrer. Le son est nuancé par les organes de la voix,la cavité buccale, le nez, la langue et les joues.

Dans le cas où il s’agit d’un larynx où circulent de nouvelles forces prâniques, les éthers nouveaux passent le longde la trachée artère, remplissant toutes les cavités pulmonaires, atteignent ainsi l’orifice cardiaque, et après avoir accompli leur travail, ils retournent en partie à l’extérieur par le mouvement de l’expiration. Par l’inspiration, le lobe gauche de la thyroïde reçoit l’influence; par l’expiration, le lobe droit est influencé et

c’est ainsi que les contours, les lignes de force de la coupe du Graal sont gravées dans le sanctuaire du cœur.

Le burinage de cette structure, la préparation organique par les nouveaux éthers est désignée par Paul comme la circoncision du cœur

Ce travail préparatoire anatomique se réalise au moyen de l’éther chimique nouveau, de l’éther vital nouveau, et de l’éther lumière nouveau. L’éther chimique a produit la forme dela coupe du Graal, il a coulé le vase. L’éther vital nouveau a rendu la coupe apte à recevoir le pain de Vie et le nouvel éther-lumière l’a préparée à recueillir le vin de l’Esprit.

L’éther chimique se manifeste surtout au moyen du larynx, l’éther vital par celui des poumons et l’éther lumière par celui de l’orifice cardiaque. (...) A la question “êtes-vous prêts?”, la lumière et la force du nouveau Royaume montent (diaphragme) du cœur et des chambres des poumons vers le haut de la cavité thoracique. Et là où la cavité thoracique se rétrécit et se ferme par le larynx, il se forme un son nouveau.

Le “sang du crucifié, ..., la kundalini, doit descendre dusanctuaire de la tête jusqu’au plexus sacré, et remonter ensuite vers le haut. C’est ainsi qu’une goutte après l’autre tombe dans le Graal. Celui-ci doit être correctement taillé dans le sanctuaire du cœur.

Il s’agit d’employer de nouveau le larynx et le pouvoir auditif dans un sens véritablement créateur. Chaque être humainest, au sens naturel, bisexué : par le larynx en tant qu’organecréateur positif, et par le pouvoir sensoriel en tant qu’organecréateur récepteur, négatif. Nous sommes ainsi bisexués.

Mais, quand nous vivons la renaissance de l’âme, nous n’avons plus besoin de la procréation naturelle. Car nous acquerrons le pouvoir de procréation supérieur, par une parole et une écoute sanctifiés. Nous n’abusons alors plus de la fonction créatrice supérieure du larynx et de l’ouïe.

Nous avons déjà fait allusion aux plexus nerveux, et nous en profitons pour faire remarquer que le si minutieux système ici décrit ne pourra jamais jouer son rôle s’il est déjà surmené et presque annihilé chez le jeune enfant, comme c’est souvent le cas de nos jours.

Un réseau extrêmement fin de filets nerveux se ramifie dans tout le corps. Les plexus sont des enchevêtrements de filets nerveux formant des sortes de nœuds ou ganglions. Ce sont des centres de transformation de la force nerveuse. Le fluide nerveux peut être considéré comme le fluide de la conscience. Le fluide de la conscience influence la sécrétion interne qui, à son tour influence la base du sang. Si la conscience change, le sang s’y conforme. C’est donc au départ par le fluide nerveux que le changement de vie peut s’opérer.

Le Grand œuvre doit commencer par la conscience. Il est donc primordial de libérer notre système nerveux grâce à l’attouchement de la nouvelle force, qui ne pourra intervenir que si le système y est préparé..

Le serpent de feu représente le noyau du système nerveux et la base de ce feu se trouve dans le plexus sacré.. Quand cette base est ouverte, la lumière libératrice peut rayonner sur tout le système. La tête du serpent s’ouvre au feu nouveau.Ce feu se précipite vers le bas et , réfléchi par le plexus sacré, le nouveau fluide d’or se répand dans tout le système nerveux, influençant l’un après l’autre tous les circuits des plexus. Les douze paire de nerfs crâniens , qui dirigent le système corporel entier, sont donnés à la Gnose.

Le circuit des plexus de l’estomac permet à l’élève de conduire tous les nouveaux éléments nutritifs des nourritures saintes et du feu de la conscience dans la circulation sanguine. Par la nouvelle activité de ce circuit de plexus, parsa collaboration avec les reins et son influence sur eux, les déchets et les forces de cristallisation, qui dans l’homme dialectique ordinaire, entrent dans la voie sanguine et sont responsable de la formation du fameux gluten, sont séparés du sang et éliminés.

Quand le circuit des plexus de l’estomac fonctionne correctement, l’énergie vitale peut en même temps être répartieet utilisée efficacement. Un épuisement et une consommation excessive d’énergie peuvent alors être prévenus.

Les deux reins se trouvent à gauche et à droite de la colonne vertébrale du feu-du-serpent, au niveau si important qui se situe entre la première et troisième vertèbre lombaire. Chaque rein est coiffé d’une petite masse aplatie connue sous le nom de capsule surrénale. Ces organes à sécrétion interne émettent une hormone qui nous approvisionne en énergie. Si toutle système formé par l’estomac, les reins, les capsules

surrénales d’une part, et le transformateur de force nerveuse qui lui correspond, d’autre part, n’est pas construit correctement, tout contact avec la force extra-naturelle aura pour conséquence un acte faux, et le gluten s’accroîtra dans lesang. (...) Mais, si tout va bien, le fluide de conscience, la sécrétion interne, et le sang sont conduits à un équilibre parfait. (...) Et l’on assiste aussi à un changement de direction de la force créatrice.

Voici donc une représentation schématique du processus de la Sainte-Cène, que l’on a vu pouvoir être analysé en termes modernes de circuits de plexus et de glandes à sécrétions internes:

1°) L’immunisation contre les forces dialectiques déduites à un minimum biologique, le franchissement du seuil.

2°) La fonte de la coupe du Graal à l’aide des éthers nouveaux.

3°) Le changement structurel du sang, la réalisation de l’équilibre de l’énergie et l’assurance de l’élimination des déchets dialectiques du sang.

4°) Le changement de direction de la force créatrice, de telle sorte que l’élève obtienne le contrôle de toutes les formes de cette force.

(Citations libres de La gnose Originelle de Jan van Rijckenborgh)

Ceindre ses reins de la vérité équivaut à une possession intérieure du sang.Il s’agit en fait du système foie-rate (+pancréas-reins), dont le centre est dans le plexus solaire. Ce système est la centrale par excellence (à part la moelle des os) de la production du sang et du contrôle du sang et se trouve à la hauteur des reins. Par conséquent, se ceindre, dans ce sens, signifie se baser sur une certitude intérieure du sang. Tout part du sang et est contrôlé par lui. Quand on s’est ceint d’une certitude déterminée du sang, que le système foie-rate enest chargé, que le sang est, dans le foie, continuellement rafraîchi par cette même certitude, cet état influence les activités de l’individu.

Il existe aussi une claire relation entre le sang et les pensées . Relation cerveau (pensée) sang, car les nouvelles

pensées orientées sur la libération se produisent à la suite dela sécrétion de la nouvelle hormone du thymus dans le sang. Celle-ci survient suite à l’appel magnétique du sternum. Le sang, par la petite circulation (carotide), irrigue diverses parties latentes du cerveau (hypophyse, épiphyse), et de nouvelles pensées surgissent et deviennent actives.

En résumé , les glandes permettent le bon fonctionnement du corps, et aussi les transformations dues au processus de renaissance de l’âme. Elles envoient des messagers chimiques, des hormones, dans le sang, sous l’influence de, et en interaction avec, le système nerveux , astral, et éthérique. L’hypophyse contrôle entre autres la proportion d’eau du corps et influence la croissance. La glande thyroïde contrôle entre autres l’énergie (donc affinité avec l’éthérique), alors que les glandes surrénales jouent, entre autres un rôle important dans le stress. Le thymus, surtout actif avant la puberté, participe à l’installation des phénomènes immunitaires et de croissance. Il joue les mêmes rôles, mais à un niveau supérieur, au cours du processus de renaissance de l’âme.( sécrétion de la thymuline dans le sang, nouvellement polarisée. Quand elle se dirige vers la tête par la circulationcéphalique, elle permet toute une modification du sanctuaire dela tête.; naissance de la foi dans le sang, participation à la croissance et au développement des fonctions de l’âme nouvelle;“immunisation contre la dialectique”). Les ovaires féminins et les testicules masculins fabriquent des hormones qui provoquentles changements sexuels du corps.( A un moment avancé du processus, elles participent indirectement à l’inversion de la force créatrice).

D’après Platon et aussi d’après l’enseignement universel, l’œil, miroir de l’âme, ne fait pas que capter, maisil émet aussi de la lumière, de la force, il est en relation avec le “filet aural”.

COEUR ET APPAREIL CIRCULATOIRE

L’irrigation artérielle cérébrale est assurée pour 90 p. 100 par le système carotidien. Le débit sanguin cérébral représente normalement 15 p. 100 du débit cardiaque.

Juste au dessus du cœur se trouve un os fortement magnétique, le sternum. (cf. Act process.)

Le cœur pompe le sang dans les poumons. Cœur et poumons, tout proches, sont intimement liés et respiration et sang font l’homme. L’homme est ce qu’il respire et cela se manifeste dansl’état de son sang. Cela est valable aussi bien sur le plan matériel que subtil et spirituel car nous ne respirons pas que de l’air. Plongés dans un champ magnétique différent nous nous transformerons donc si nous pouvons supporter le taux vibratoire de ce champ.

Le sang “livre” l’oxygène dans tout le corps et y récupèrecertains déchets. Chargé des déchets qui proviennent des cellules, il circule dans les veines caves, puis arrive dans le côté droit du cœur. Ensuite les artères pulmonaires le propulsent aux poumons où il se charge d’oxygène en expulsant du gaz carbonique. Les veines pulmonaires l’amènent au côté gauche du cœur. Celui-ci envoie le sang riche en oxygène dans l’aorte, puis dans le corps entier.

Le sang transporte de nombreux éléments très important pour le processus, en particulier les hormones.

LE SYSTÈME RESPIRATOIRE

Il est composé de : l’épiglotte, l’os hyoïde, le larynx, le cartilage thyroïdien, la trachée, les bronches, et les poumons.(cf. Graal et sept actes libérateurs, Gn. Un. p.167, etc...)

En étroite liaison avec le système circulatoire du sang, les poumons fournissent le corps en oxygène, ainsi qu’en d’autres gaz (azote, carbone en très faible quantité, et hydrogène, de même que quelques gaz “rares”), auxquels il est fait allusion dans “l’Alchimie divine et nous”, chapitre de “l’Homme Nouveau Vient” de Mr Jan van Rijckenborgh.

Sans oxygène, la plupart des cellules du corps ne survivraient que quelques minutes., car il faut transformer la nourriture en énergie, gaz carbonique et eau. ( éthers -> matière -> éthers)

L’air est aspiré par le nez et la bouche,(de préférence par le nez, pour des raisons “antiseptiques” et aussi parce qu’il existe une communication entre le cerveau et le nez, ce qui permet une “aération “ du cerveau et donc un meilleur

fonctionnement de celui-ci) puis voyage dans un long tube, la trachée. Celle-ci se divise en deux bronches, qui mènent chacune à un poumon; L’air passe dans ceux-ci , et donc dans une série de tuyaux de plus en plus petits, avant d’arriver dans de minuscules alvéoles. Chaque alvéole est entourée de petits vaisseaux sanguins. L’oxygène y pénètre par capillarité,par les parois des alvéoles. Les globules rouges le transportent dans tout le corps.

Le diaphragme joue un grand rôle dans le processus respiratoire pulmonaire. Lors de l’inspiration, le diaphragme se contracte, descend, et l’air pénètre dans les poumons. Lors de l’expiration, c’est le contraire qui se produit.

Il existe un autre aspect de la respiration, très important pour le processus gnostique : - Quand nous respirons par le nez , nous respirons aussi du prâna, des éthers, des forces magnétiques. Celles-ci suivent le chemin constitué par le petit os ethmoïde et pénètrent jusqu’aux cavités cérébrales et en particulier stimulent l’hypophyse. Cette respiration magnétique touchera ensuite par phénomène de répercussion ondulatoire, le canal de l’épendyme et tout le système nerveux automatique, puis plus tard tout l’axe cérébro-spinal.

DIAPHRAGME

C’est une voûte fibro-musculaire insérée sur le bas du thorax. Elle s’élève dans la cage thoracique, par deux coupoles, séparées par un centre tendineux. Elles s’élèvent à l’expiration, s’abaissent à l’inspiration. On voit que « géographiquement, elles séparent la région, ou sanctuaire, ducœur, et la région, ou sanctuaire du bassin

Le sommet de la coupole droite se situe au niveau du 4e espace intercostal droit, le sommet de la coupole gauche, au niveau de la 5e côte gauche. Le sommet tendineux est à la base de l’appendice xiphoïde.

Le diaphragme est dirigé vers l’abdomen. Il se moule sur le foie à droite, sur la rate et l’estomac à gauche. Il est innervé par le nerf phrénique droit et gauche.

Origines du diaphragme: vertébrales, costales, sternales. Insertions vertébrales: piliers, lames fibreuses solides -> 2devertèbre lombaire. Sous leur entrecroisement (12e vert. dors.):aorte et canal thoracique.(10e: œsophage)

Fibres du diaphragme. -> cavité thoracique, et -> centre tendineux : lame fibreuse, trois folioles, perforée par la veine cave inférieure.

FOIE-RATE-PANCRÉAS

Le rôle du pancréas. C’est une glande “endocrine-exocrine”, sur le plan glucidique.

Elle assure l’équilibre insuline - glucagon, par la somatostatine, sécrétée par l’hypophyse. (Elle est donc responsable en partie de l’équilibre énergétique, (et est doncun intermédiaire privilégié de l’équilibre éthérique)).

Elle interagit aussi avec le foie,(vésicule biliaire) (avec lequel elle concourt à épurer le sang).

Les sucs pancréatiques participent aussi à la digestion, après l’estomac (neutralisation de l’acidité gastrique).

La rate soulage le foie. Elle permet une meilleure élimination des déchets globulaires. Elle concourt à une meilleure régénération des globules blancs(rôle immunitaire). Donc, ce que le cerveau ne supporte pas est pris en charge par le foie, et ce que le foie ne supporte pas est pris en charge par la rate. (mental - astral - éthérique).

Le foie a plusieurs actions. Il était considéré comme un reflet de l’état d’être de l’homme. Il est la porte des nourritures subtiles, éthériques et astrales. Il purifie le sang et la lymphe. Il joue un rôle important dans la régulationde la glycémie (donc rôle énérgétique-éthérique). Il peut arrêter les glucides circulant (glycogéno-formation), restituerdes glucides (glycogénolyse), et fabriquer des glucides par interconversion (néoglucogénèse).

Les reins filtrent le sang (renvoient au sang les élémentsépurés). Par l’action combinée du foie et des reins, l’organisme se débarrasse de ce qui lui est “étranger”. Ceci garantit que l’organisme n’accepte que ce que celui-ci peut supporter. Avantage : « hygiène » et « bon » fonctionnement, inconvénient, ce qui est d’un niveau trop élevé est immédiatement éliminé par les reins et la vibration gnostique ne peut donc être intégré que si le « taux vibratoire » auquel

est « réglé »les reins correspond. Les reins procèdent à l’extraction de l’urée et à son élimination par les urètres.

Les glandes surrénales jouent un rôle extrêmement important, en relation avec l’hypophyse. Elles sont en principele garant d’un certain équilibre.

Les corticosurrénales participent, par les

glucocorticoïdes, à l’équilibre glycémique et à la production hépatique du glucose. L’aldostérone influe sur le rythme cardiaque. (l’équilibre sodium-potassium). L’androgène est en relation avec le système sexuel (système pileux).

Les médullo-surrénales ont une action sanguine (adrénaline). Elles sont quasiment l’équivalent d’un ganglion du sympathique. En relation avec les émotions.(sang, cœur). Vasoconstriction -> répartition du sang.

L’ESTOMAC ET LE SYSTÈME DIGESTIF

Le système digestif décompose la nourriture dont le corps a besoin pour fonctionner. Alchimiquement, le système de l’âme humaine utilise les éthers et les fluides astraux, dont la nourriture est le support, pour permettre la vie. L’âme renée dans le microcosme divin utilise la nouvelle personnalité pour une alchimie toute autre, et qui transmute directement la materia magica universelle pour, à divers degrés de transformation et selon un plan parfaitement coordonné, collaborer à la manifestation universelle.

La nourriture matérielle doit être transformée pour être absorbée dans le sang et emmenée vers les cellules du corps. Demême, la rate, le foie et le pancréas, ainsi que le cerveau, collaborent avec l’estomac à une nourriture subtile, éthérique,astrale et spirituelle de l’être-âme embryonnaire. Le système digestif est en fait un long tube musculeux qui va de la boucheà l’anus. le circuit est en gros le suivant : bouche, œsophage,estomac, intestin grêle. A la sortie de l’estomac des sucs sontreçus, issus du pancréas et de la vésicule biliaire, qui s’ajoutent aux sucs gastriques pour collaborer à la digestion.

Là les substances utiles sont emportées dans le sang et emmenées au foie où une partie est stockée. Le reste continue dans le gros intestin où l’eau passe dans le sang. Ce qui n’a pas été digéré, ce qui ne peut s’adapter à ce corps, est ensuite expulsé. Et c’est ainsi que ce qui ne correspond pas à l’état intérieur véritable de l’homme est par ailleurs aussi repoussé du système par le foie et les reins.

LES REINS ET LES CAPSULES SURRÉNALES(MEDULLO- ET CORTICO-)

Le corps produit, en plus des déchets d’ordre éthériques et astraux, qui peuvent aussi bien être des déchets que la vibration gnostique elle-même que le système n’accepte pas, trois sortes de déchets (solides, liquides et gazeux).

L’urée, qui s’accumule dans le foie, est nocive et le corps doit s’en débarrasser. Le sang transporte l’urée du foie aux reins. Les reins filtrent l’eau et l’urée du sang et les rejettent sous forme d’urine, par les uretères.

Les glandes médullo-surrénales et corticosurrénales (voir système endocrinien )

LE SYSTÈME GENITAL(MASCULIN ET FÉMININ)

Directement relié au plexus sacré, lié à la survie et à lareproduction de l’espèce, de même qu’aux stades les plus avancés du processus..

Hormone androgène (surrénales)Commande de la production d’hormones sexuelles:Testostérone (masculin) et œstrogène (féminin).(fem. aussi

testostérone en faible quantité):

Le juste dosage de ces hormones concourt à un comportement “normal” ou “anormal”.

Le système génital correspond dans la partie supérieure avec le cerveau, ce qui explique que l’intellect se développe au détriment d’une activité excessive du système génital.

Le rôle spécifique de l’homme et de la femme se manifeste dans tout le corps et les corps subtils, mais les phénomènes hormonaux en sont le juste reflet.

Base et racine du sanctuaire du bassin, c’est lui qui est “attaqué en dernier “par le fluide gnostique.

Nous voyons, dans cette étude sommaire, l’importance des glandes à sécrétion interne et du système nerveux, (ainsi que de tous le corps d’ailleurs) pour les processus pédagothérapiques biopsychospirituels.

Il est donc de nos jours nécessaire d’opérer en soi-même, et donc en chacun (chez le jeune en ce qui nous concerne ici), de faciliter l’opération de cette fameuse “percée de conscience”, si nécessaire si nous voulons permettre l’accès dujeune à un stade vraiment humain. Ce n’est qu’ainsi, par une autorévolution intérieure prise en main par chacun, que la facedu monde pourra être éventuellement changée.

Et là commencent à se poser les vrais problèmes. Quand nous sommes confrontés, en tant qu’éducateurs, à la nécessité intérieure de cette autorévolution, et que nous effectuons les premiers pas dans cette direction, il est inévitable qu’au début nous soyons tentés, dans le jeune enthousiasme de notre découverte, de partager ce que nous venons à peine d’entrevoir au lieu de le consolider. Heureusement qu’existe cette sacro-sainte laïcité, qui n’est bien souvent que la possibilité laissée à l’idéologie dominante de s’exprimer au détriment de tout ce qui n’entre pas “dans le moule”.

Oui, car il faut bien que le pédagogue comprenne que, plusl’individu en formation est jeune, plus il est sensible à l’aspect subtil des choses, à ce qui est “dans l’air”, dans l’atmosphère. Le jeune enfant, avant cinq ans, considère la mort comme une absurdité (et, dans un certain sens, peut-être a-t-il raison). L’essentiel, l’absolu, l’éternel, ont pour lui bien plus de réalité que pour nous qui vivons dans un monde

bien souvent orienté sur la pratique quotidienne que nous appelons concrète.

Et, nous insistons, ici les parents ont une grande responsabilité. Il fut un temps où les parents (les futurs grands parents) enseignaient aux futurs parents la signification de la venue au monde d’un enfant. Il était clair pour les deux membres du couple, quand ils voulaient bien écouter les conseils des grands-parents, ou des plus sages parmi les membres de la communauté familiale, qu’une âme allaitleur être confiée, et que l’aspect visible de l’enfant à naître, quoique important en tant que support pour la reconstruction de l’être humain véritable, n’était pas un but en soi. Et les contes, l’orientation intérieure de la “couverture familiale”, ainsi que divers autres moyens, auxquels fait allusion Comenius dans “l’Ecole de l’Enfance”, permettaient de maintenir vivace et de faciliter l’épanouissement de ce germe d’éternité. • etc…

Quand on étudie la vison supérieure d’un homme comme Comenius en ce qui concerne l’enseignement , tout en replaçant dans son contexte socioculturel le vocabulaire du XVIIe siècle employé par celui-ci, on observe à tous les instants qu’il allie l’aspect spirituel à l’aspect psychique-matériel, car l’homme est, à part entière et quoique de façon quasi latente, corps, âme, et esprit. Et ceci aussi bien dans les objectifs que dans les applications. Reprenons certains aspects déjà vus plus haut.

Ex : “Ce qu’il faut avoir en vue, c’est d’éclairer les hommes par la vraie sagesse, ( qui équivaut plus ou moins à la conquête d’une réelle maturité, d’une autonomie biopsychospirituelle réalisée dans sa vie et dans son environnement) de les organiser par une parfaite administrationcivile, de les rattacher à Dieu par la vraie religion, (qui consiste à se relier et à relier au parfait, à l’absolu, à l’esprit, au non-spatio-temporel et à faciliter à cette liaisonde façon autonome) pour que personne ne puisse faillir à sa mission ici-bas. On obtiendra ce résultat si tout le monde apprend : a) A connaître tout ce qui est nécessaire en gardant toujours les yeux ouverts (l’œil est le miroir de l’âme).Ce qui implique

bien entendu positive vigilance dans l’acquisition de la neutralité et de l’objectivitéb) A choisir ce qu’il y a de meilleur, à agir partout dans un esprit de perfection, à jouir de chaque chose tout en limitant ses besoins; où l’on voit que le pouvoir de discernement dont l’exercice fait partie d’une éducation bien comprise passe par la non Lutte, la liberté d’expérience, dans une orientation consciente.c) A rechercher le bien suprême, à ne s’unir indissolublement qu’à ce bien et à atteindre ainsi la béatitude. En résumé, il faut être raisonnable pour l’éternité et ne pas être déraisonnable pour le monde. Ce sont par conséquent trois choses que nous recommandons : Il faut amener à l’instruction universelle : 1) tous les hommes2) dans toutes les choses 3) pour qu’ils soient universellementinstruits.- Tous les hommes, cad tous les peuples, Etats, familles et personnes, sans exception aucune car ils sont tous des hommes qui ont la même vocation à une vie suivant les voies indiquées par Dieu, mais qui est semée de trappes et obstruée de divers obstacles. Il sera donc nécessaire d’éclairer judicieusement tous les hommes, si possible, de toute folie pour qu’à l’aveniron n’entende plus les lamentations bien connues qui disent que partout il n’y a que des fous (…) etc…”Je dois bien préciser que mon expérience pédagogique de 27 ansm’a montré effectivement, même si je n’ai pas encore atteint, il s’en faut, à la parfaite sagesse, que nous pouvons toujours observer qu’il n’y a que des fous” et ce à de multiples niveaux. Le problème va donc être maintenant de déceler cette folie en chacun d’entre nous, puis de mettre énergiquement la main à la charrue pour redresser la situation, car aucun dieu, aucun maître, aucun pédagogue ne pourra jamais le faire pour nous. “Celui qui connaît sa folie est déjà moins fou”, mais cela ne suffit pas. La grâce divine n’intervient qu’envers celui qui se met énergiquement à l’œuvre. Nous contemplons des hiérarchies avides de pouvoir et malades d’autorité factice, incapables de fédérer des équipes pédagogiques quasiment inexistantes qui cherchent péniblement àtransmettre des connaissances ne présentant aucune valeur d’éternité, pour la plupart ineptes et inutiles en ce qui concerne l’essentiel, ou bien présentées de façon à dégoûter l’élève le plus enthousiaste. En tout cas, aucun projet sérieux

prenant en compte une orientation positive de base telle que nous tentons ici de l’esquisser. Cela peut sembler dur et désagréable à nos oreilles mais il n’est pas question ici de secomplaire dans un confort intellectuel stérile. Tout “honnête homme” sait qu’il est incomplet, imparfait. Et si “Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles”, comme le dit Leibniz, nous sommes cependant à chaque instant de notre vie placé devant des choix, poussé au “choix éternel”. Si nous ne faisons pas ce choix et nous complaisons dans l’illusion, alors bien entendu les tensions s’accumulent, qui devront un jour se décharger. On pourra alors à juste raison dire : “il fallait que ces tensions se déchargent pour le l’homme prennentconscience de son erreur, c’est une bonne chose que l’humanité soit broyée ainsi et souffre afin de comprendre. Apparemment insensé, ce monde est régi par des lois qui le protègent, etc”.Et tout cela est vrai. Le problème est le suivant : Comment “limiter les dégâts”. Comment l’humanité peut-elle parvenir leplus vite possible à ce “choix éternel” indispensable, après une période de régénération, à son “auto-réalisation”? Et cela, peut se préparer par une éducation adéquate. Si l’ouverture du cœur n’est pas suscitée, encouragée, protégée, choyée, en un mot considérée comme l‘axe essentiel du travail entre 4 et 11 ans, les forces et pulsions individuelles et collectives, cet inconscient, ces forces du passé qui ne demandent qu’à essayer de resurgir si on leur en laisse la possibilité, auront le champ libre chez le jeune, donc plus tard chez l’adolescent et l’adulte, quand celles ci réclameront leur droit de façon plus concrète. Quand on étudie les comportements de masse induits par un Etat bas” sur la corruption, la rentabilité et la compétitivité égoïstes, on s’aperçoit que ces comportements tendent à se niveler par le bas, et que la foule a de sérieuse tendances à devenir criminelle (La foule criminelle - Scipio Scighele). Certains psychanalystes disent que l’homme ressent la relation avec l’autre comme une agression. Nos relations seraient alors cannibalistes. Ceci mérite réflexion. Tout d’abord nous aimerions préciser qu’il s’agit de l’homme dans son état actuel. Une éducation adéquate devrait permettre de dépasser cestade animal. De plus quelle est la cause de cet état-d’être. J’aimerais, sans l’approfondir, avancer ici une hypothèse : l’autre symbolise plus ou moins consciemment l’inconnu. Or l’inconnu est aussi l’absolu, le parfait, ce qui est libre de

l’espace et du temps. Et le microcosme, qui porte la responsabilité de la chute connaît la perfection de l’état d’être ou tout est don. Mais il connaît aussi le refus de cela et a pu, par incompréhension, et comme on s’obstine dans l’erreur, ressentir sa rupture d’avec le monde de l’unité commeune agression. Un renversement de vision est donc nécessaire pour lui faire comprendre la nécessité, comme le fils prodigue,d’une décision ferme et constante d’un retour à l’état originel.

Nous allons maintenant revenir, tout en gardant en réservele développement de ces points pour plus tard, à un aspect plus philosophique et intemporel. Ce faisant nous reviendrons de façon plus précise à notre sujet, cad le courant de pensée spirituel, culturel et civilisateur dans lequel se situe Johan Amos Comenius.Ce courant a pour objet principal, en ce qui nous concerne, l’accomplissement de l’humanité véritable, ou autrement dit la reconstruction de l’homme originel est le chemin qui permet de passer de l’état d’être, de l’état de conscience spatio-temporel, à un état de vie humain divin. Comenius, qui connaissait et appréciait certainement à sa juste valeur l’œuvre de Jacob Boehme, du “Philosophe Teutonique”, et bien d’autres avant ou après lui, parlait d’homme à l’image de Dieu, de l’absolu, du parfait. Il s’agit ici de l’homme créateur qui connaît et maîtrise les forces spirituelles, psychiques et matérielles (dans un tout autre sens que la matière que nous connaissons, cad à tous les niveaux vibratoires possibles et imaginables - en ce sens, ce que nous appellerons matière correspond à ce que l’on pourrait appeler toute forme de manifestation allant su solide à la vibration émotionnelle et mentale inclue dans les domaines de l’espace-temps). Cet homme véritable que chacun de nous est appelé à devenir, utilise ces forces en parfaite connaissance de cause, car il connaît, de par sa nature même, les lois qui président au plan de manifestation universel, et il sert consciemment ce plan. C’est tout un programme qui doit nous mener dans un premier temps et par étapes, selon l’expression même de Comenius, à l’académie de l’âme.Johan Amos n’est ici qu’un exemple, comme il y en eut tant d’autres, qui réalisèrent ces choses dans leur vie et tentèrentde trouver les moyens de faire partager cette auto-réalisation

(un homme véritable ne peut pas faire autrement que d’élargir la percée de conscience qu’il a opérée sur le plan individuel àl’humanité entière. Cela d’ailleurs constitue un processus justement prévu par le plan de secours, à la base de notre domaine de vie. Mais nous y reviendrons). Dans un premier temps, nous pouvons donc dire que notre première tâche est de comprendre la nécessité d’une auto-réalisation, d’une reconstruction de notre être vrai, puis la deuxième d’accomplirce travail, et parallèlement troisièmement de collaborer à un travail de réaction en chaîne de cet accomplissement. Tout doitalors être mis en œuvre pour que tous puisent y avoir accès. Nous sommes tous appelés individuellement et en tant que grouped’hommes et de femmes véritables, à reprendre en main le flambeau qui éclairera le Chemin Universel, comme l’implique letitre de son œuvre-clé : “Via Lucis” ou “La Voie de la Lumière” dont le “De Rerum Humanarum Emendatio Consultatio Catholica”, “Consultation Universelle pour l’Amendement des Choses Humaines”, sera le développement systématique. Et comprenons le bien, quitte à nous redire : Comenius, quelle quepuisse être sa valeur et le profond respect que nous pouvons avoir pour le travail qu’il a accompli, n’est ici qu’un prétexte. D’ailleurs aucun des grands en esprit n’a jamais souhaité que nous nous prosternions devant lui, mais bien plutôt que nous nous suivions le chemin qu’il montrait et au-delà. Rappelons nous les paroles christiques : “Vous ferez de plus grandes choses que moi” “Vous êtes des dieux” et “Soyez mes imitateurs”, ( précisons-le, en conscience et non de façon automatique et idolâtre). En fait, en tant qu’individu conscient de ces choses, que chercheur de vérité, si nous avons bien compris le sens de notre vie et sommes décidés à en faire une réalité vivante, si nous ne nous contentons plus de l’habituel et classique compromis avec le monde, nous n’avons plus le choix : il ne nous reste, sans fanatisme ni héroïsme déplacé, que le chemin de la Grande Révolution, dont le pivot est bien entendu l’auto-révolution.

Voici quelques aspects propres à donner une idée de la vision de JA Comenius dans le “Labyrinthe...”

“Finalement, je vis la Mort, qui portait une faux, un arc et des flèches, les plantant partout parmi eux, les avertissant

tous d’une voix forte pour leur rappeler qu’ils étaient mortels(sont). Néanmoins, personne ne prenait garde à son avertissement, et l’on continuait cette folie et cette méchanceté. Elle sortait donc ses flèches et tirait sur eux dans toutes les directions. Celui qui était touché, qu’il soit jeune ou vieux, pauvre ou riche, lettré ou non, tombait immédiatement. Alors ceux qui avaient été frappé (les victimes)émettaient des cris plus ou moins perçants ou des hurlements; les passants, à la vue de sa blessure, s’éloignaient vivement de lui, mais peu de temps après l’ignoraient tout simplement. Certains s’approchaient près de lui, contemplaient l’homme gémissant et blessé, et quand ses membres se raidissaient et qu’il cessait de respirer, ils se rassemblaient autour de lui et chantaient; ayant ainsi fait (ceci fait), ils festoyaient etfaisaient ribote (buvaient) et criaient, bien que quelques-uns d’entre eux fassent quelque peu triste figure. Puis ils se saisissaient du corps, le tiraient vers l’extérieur, et le jetaient dans l’abîme qui entoure le monde. De retour chez eux,ils se remettaient à (recommençaient) leur débauche, et personne ne cherchait à éviter la Mort, mais ils ne faisaient qu’éviter de la regarder (même si elle les effleurait). J’observais aussi que tous ceux qui avaient été touchés par lesflèches de la Mort ne succombaient pas immédiatement : certainsn’étaient que blessés, mutilés, assommés, rendus aveugles ou muets. Après avoir été frappés, certains enflaient comme des bulles, d’autres séchaient comme des esquilles (des échardes), alors que d’autres tremblaient comme des feuilles. Ainsi il y avait plus de blessés aux membres putrides et pourrissants, quede blessés sains.De plus, j’observais qu’il n’y en avait pas peu qu’un bon nombre couraient çà et là vendant des plâtres, des pommades, etdes potions pour les blessures. Tout le monde les achetait, se réjouissant bruyamment et s’imaginant que la Mort avait ainsi été jouée (contrecarrée). Mais elle n’en avait cure, et continuait de jeter ses traits et de faire mouche, y compris parmi les vendeurs. Je trouvais cela un spectacle digne de pitié que d’être le témoin de cela : à quel point la créature prévue pour être immortelle était la proie de morts si misérables, si soudaines et si multiformes. Cela plus particulièrement quand je m’apercevais que presque toujours quand on projette de vivre une longue vie, qu’on rassemble des amis autour de soi, qu’on s’établit dans les affaires, qu’on

construit des maisons, qu’on amasse des richesses, et se démènede toutes les façons (autrement, en plus) pour améliorer son confort, alors soudain la flèche de la mort mettait fin à tout cela. Et celui qui avait fait son nid, en est arraché, et tous ses efforts son perdus (ont été faits en vain). De plus, son héritier, de même que le troisième, le dixième, et le centième, sont logés à la même enseigne. Considérant donc que personne ne va volontiers prendre en compte et prendre à cœur l’incertitude de la vie, mais qu’au contraire tous agissent devant la mort même comme s’ils étaient certains de leur immortalité ( et pour cela mon cœur déborde presque de pitié), j’allais élever la voix en guise d’avertissement et de supplication afin que les hommes ouvrent les yeux et prennent garde aux flèches de la Mort afin de les éviter. Mais quand je réalisais que, puisque la Mort avec ses avertissements répétés et ses efforts constants pour les effrayer par son apparence hideuse n’avait pas été capable d’accomplir quoi que ce soit, j’en conclus que mes faibles exhortations seraient de même futiles. C’est pourquoi je chuchotais doucement.“Qu’il est dommage, Dieu éternel, que nous, hommes misérables et mortels, soyons si aveugles concernant nos propres malheurs”On y voit la famille et le mariage, où des chaînes matérielles soudées unissent ceux qui, tant bien que mal ont été décidés assortis, l’argent ou la réputation aidant bien un peu quelquefois, et la misère qui découle de ces unions soit irréfléchies, soit forcées, et en tout cas ne faisant en aucunefaçon intervenir un véritable libre-arbitre.

“ Et voyez! là se tenait une porte, qui, d’après le guide, s’appelait Fiançailles. Devant cette porte s’étendait une grande place pleine de gens des deux sexes qui allaient et venaient tout en se regardant dans les yeux d’un air interrogateur, et en s’examinant les oreilles; le nez, les dents, le cou, la langue, les mains, les pieds et d’autres parties du corps. De la même façon, ils (estimaient, jaugeaient, mesuraient) la taille, la corpulence, l’énergie, oula minceur des autres. Ils s’approchaient ou se reculaient , s’examinant soigneusement les uns les autres, alternativement de face, de profil (droit ou gauche), et évaluant ce qu’ils voyaient. Ils étaient plus particulièrement curieux (comme je pus le voir très fréquemment) des portes-monnaies les uns des

autres, de leurs bourses, et de leurs portefeuilles, les pesantet les mesurant en longueur, largeur, épaisseur, finesse et étroitesse. Parfois plusieurs avaient des visées sur la même femme, parfois aucun. Si un homme essayait de chasser les autres, il s’ensuivait disputes querelles et bagarres, et parfois même des meurtres, comme je pus l’observer. Parfois l’un chassait son rival, puis à son tour était lui-même chassé;un autre mettait en déroute un groupe de rivaux, finissait par fuir lui aussi. Certains ne perdaient pas de temps à s’examiner, mais se saisissaient du plus proche (premier venu).Puis le couple s’en allait main dans la main vers la Porte .”(…)““C’est l’accès aux fiançailles, à condition que toutes les conditions se révèlent favorables. Si la balance indique l’égalité et que tout semble favorable, ils sont admis à cet état, comme tu le vois; mais s’il y a inégalité, ils se séparent.”“Mais de quelle égalité s’agit-il ici?” m’exclamais-je. “Car jeréalise clairement que certains sont égaux en âge, classe, et autres, selon la balance, et pourtant on permet à l’un d’entre eux de passer à travers le panier; d’autres, au contraire, extrêmement inégaux, comme quand un gâteux est accouplé à une petite jeune fille, ou un gringalet avec une vieille harpie - l’un se tient droit, l’autre est plié en deux - et cependant ils disent qu’une telle union est acceptable. Comment expliquercela?”“Tu ne vois pas tout, répondit-il. Il est vrai que ces vieillesbarbes et veilles dames ne pèseraient pas, par eux-mêmes, une livre de pois cassés secs; mais quand ils possèdent un portefeuille bien gras, ou un chapeau devant lequel d’autres chapeaux se lèvent, ou autre chose de ce genre (car de telles chose ont toujours leur poids), il arrive que le résultat n’estpas toujours ce à quoi on s’attendrait.”Tout en suivant ceux qui étaient entrés par la porte, je vis alors entre les portes plusieurs forgerons qui enchaînaient chaque couple par d’effrayantes menottes : ainsi lié ensemble, le couple pouvait (il était permis au couple d’) avancer plus loin (procéder plus avant). Bien des gens, invités pour la circonstance, me dit-on, étaient présents pour assister à la cérémonie où les chaînes étaient forgées. Ils jouaient et chantaient pour le couple et les exhortaient à la bonne humeur.En observant soigneusement tout cela, je réalisai que les

menottes n’étaient pas cadenassées à la façon ordinaire des prisonniers, mais étaient forgées et soudées ensemble, afin d’empêcher le couple, sa vie durant, de jamais les casser ou les ouvrir. “L’activité des artisans démontre inanité, fatigue, inutilité etinconscience :

“En premier lieu, je vis que toute occupation humaine n’est que fatigue et tourment, (…) Deuxièmement, j’observais que les hommes trimaient uniquement afin de remplir leur bouche; car, quoiqu’ils se procurent par leurs efforts, tout était bourré dans leur propre gorge, ou celle de leur famille, si ce n’est dans de rares cas où ils se privaient pour entasserun trésor. Mais comme je m’en aperçus, soit leur sac était déchiré, de sorte que ce qui y avait été mis en retombait et que d’autres le ramassaient, ou un autre venait le leur subtiliser, ou eux mêmes trébuchaient, le laissait tomber ou ledéchirait, ou de toute façon le perdait. Je vis donc clairementque ces efforts humains étaient comme de l’eau transvasée d’un verre dans l’autre : l’argent était gagné pour être dépensé aussitôt. La seule différence était qu’il était dépensé plus vite qu’il n’avait été gagné, peu importe qu’il ait été fourré dans la bouche ou stocké dans des coffres. Je vis en conséquence que le nombre des pauvres dépassait largement celuides riches.Troisièmement je me rendais compte que tout métier exigeait l’homme dans son entier. Si quiconque faisait mine de regarder en arrière ou prenait un tant soit peu de retard, il était bienvite laissé en arrière et tout lui tombait des mains. De plus, avant de s’en rendre compte, il était à sec (sans le sou).En quatrième lieu, je remarquais partout bien des difficultés. Avant d’avoir bien démarré sa carrière, une grande partie de lavie était déjà passée. Et après que quelqu’un soit lancé, il devait prendre un soin très attentif des ses affaires pour que tout ne tourne pas de travers. Car je remarquais que malgré cela, même les plus sérieux parmi eux perdaient autant qu’ils ne gagnaient.Cinquièmement, je vis partout (plus particulièrement parmi ceuxqui traitaient des affaires similaires ) bien de l’envie et de la mauvaise volonté. Si quelqu’un avait plus de travail ou avait fait plus de ventes qu’un autre, ses voisins le fusillaient immédiatement du regard en grinçant des dents, et

chaque fois qu’ils le pouvaient, portaient atteinte à ses affaires. Cela donnait lieu à querelles, réticences(mauvaise volonté), , et à langage insultant. Certains, poussés par un pur désespoir, envoyaient promener leurs outils et tombaient dans l’oisiveté et la mendicité volontaire, par dépit (rancune,malveillance) envers les autres. Sixièmement je remarquais partout beaucoup de malhonnêteté et de fraude. Quoi que ce soit qui fut fait, en particulier pour un client, était mal fait, sans soin, alors que chacun portait aux nues et louait son propre travail autant qu’il était possible.

Septièmement, j’ai trouvé là bien des efforts superflus, car j’en suis arrivé à la ferme conviction que la plupart des activités professionnelles n’étaient que pures futilités et sottise superflue. “

Par ailleurs les lettrés, non seulement tirent vaines gloires de savoirs empruntés, mal digérés et purement intellectuels, mais ce sont là l’occasion de querelles sans fin, chacun voulant tirer la couverture à lui et avoir raison ou du moins tirer profit de ses soi-disant découvertes en méprisant les autres.“…Entre-temps j’en aperçois qui ne se souciaient pas même de porter les étuis dans leur poche, mais les engrangeaient dans leur cellule. Je les suivis et vis qu’ils s’affairaient à les parer de beaux écrins, à les orner de diverses couleurs, les sertissant même d’or et d’argent; alors ils les posaient sur les étagères ou les en ressortaient, et prenaient plaisir rien qu’à les contempler; Ils entretenaient l’habitude d’assembler et de sortir les livres, s’en approchaient ou s’en éloignaient et pouvaient ainsi montrer à leurs pairs comme à d’autres leurexcellente apparence, mais seulement l’extérieur. Quelques-uns,afin d’en pouvoir dire le nom, regardaient de temps en temps letitre, afin de le mémoriser.Je fis la remarque :“A quoi jouent donc ces gens-là?”“Mon cher ami,” répliqua l’interprète, “c’est une chose déjà splendide que de posséder une bibliothèque bien fournie.”“Même quand on ne s’en sert pas” continuai-je.“Même les amoureux des livres sont comptés parmi les érudits,” répondit-il.

A part moi je pensais : “C’est comme si on pouvait compter parmi les forgerons celui qui posséderait un tas de marteaux etde tenailles sans savoir s’en servir!” (…)Saisi du désir d’examiner comment ces choses ( que l’on appelait talents et sagesse) étaient faites et confectionnées, j’observai les travailleurs. Ils collationnaient épices et herbes odorantes; puis ils s’occupaient à les couper, moudre, bouillir et distiller, préparant divers délicieuses médecines, extraits, sirops, et autres médicaments pour guérir le genre humain. D’autre part, j’en vis d’autres qui se contentaient detransvaser le contenu de certaines bouteilles dans les leurs. Il y avait des centaines de ceux-ci. Je m’exclamai :“Ils ne font que de transvaser de l’eau d’une bouteille à l’autre!”“ Même de cette façon on accroît le savoir,” répliqua mon interprète. “N’est-ce pas possible de préparer la même substance de bien des manières différentes? De plus, on peut toujours ajouter quelque chose ou réarranger la substance première.”“Et en gâter quelque chose également!” m’exclamai-je avec colère, en voyant clairement qu’il s’agissait là de supercheries. Car certains saisissaient la bouteille d’un autre, et, afin d’en remplir plusieurs des leurs, en diluaient le contenu autant qu’ils le pouvaient, même avec de la camelote; D’autres l’épaississaient avec toute sorte de pâtée pour cochons, ou de la boue et des ordures, afin que cela ait l’air nouveau. De plus, ils étiquetaient leurs concoctions avecdes titres bien plus alléchants que les originaux, et, sans honte, comme tout bon charlatan, faisaient l’article de leur propre camelote. J’étais à la fois frappé et irrité de remarquer (comme je l’ai auparavant mentionné) que comparativement peu se donnaient la peine d’examiner la valeur intrinsèque de telles substances, mais se saisissaient indistinctement de ce qui leur tombait sous la main. Ou si par aventure on tentait d’exercer un jugement sélectif, ce n’était que par l’apparence extérieure et l’étiquette. Je compris alorspourquoi si peu faisaient preuve de vigueur intellectuelle.”(…)

“…Il y avait là querelles, différents, luttes et tumulte. Rare en vérité était celui qui n’avait pas maille à partir avec un

autre. Car non seulement les jeunes (chez qui on aurait pu expliquer ce comportement par le manque de maturité) mais même les vieux s’agrippaient les uns aux autres. En fait, plus on seconsidérait érudit ou était-on considéré comme tel par les autres, plus on agitait de disputes et plus on attaquait son prochain du poing de l’épée, du fouet ou du fusil, que c’en était horrible à voir. Et pourtant l’honneur et la réputation étaient à ce prix. Je m’exclamai:“Mais, au nom de Dieu, que signifie! Je m’attendais - comme vous me l’aviez promis - à ce que cela soit la plus paisible des professions ! Et voilà ici tout n’est que bagarre !”(…)“…Il est vrai que leurs armes ne semblaient pas terrible à première vue, car les pointes, épées, et dagues dont ils se frappaient et piquaient étaient de cuir. Et ils ne les tenaientpas dans leurs mains , mais dans leur bouche. Leurs armes à feuconsistaient en sable et en roseau, qu’ils chargeaient de poussière diluée d’eau, et ils se les jetaient en boulettes depapier. Observé superficiellement, dis-je, il ne semblait y avoir là rien de terrible. Mais quand je vis à quel point un deceux qui n’avait été que légèrement touché s’agitait, criait, se roulait par terre et filait, je compris aisément qu’il ne s’agissait pas là d’une plaisanterie, mais d’un vrai combat. …je remarquais ici une cruauté inouïe ailleurs, car ils n’épargnaient ni les battus ni les morts, mais s’acharnaient avec encore moins de pitié sur eux, les hachant et les frappant, chacun préférant prouver sa bravoure dans une escarmouche sans risque. Certains étaient plus modérés, mais n’évitaient de toute façon pas disputes et différents. Car dès que quelqu’un ouvrait la bouche, un autre se levait immédiatement pour le contredire, de sorte que les disputes allaient fréquemment jusqu’à mettre en question la blancheur dela neige ou la chaleur du feu.”

Et les philosophes, malgré toute leur sagesse, se vautrent dansleurs opinions, et la satisfaction qu’ils tirent de leurs connaissances. Leur comportement est en tout cas rarement à la hauteur de leurs théories;“…quand il m’amena parmi eux, et que je vis une multitude de vieillards avec leur étrange attirail, je restais comme pétrifié. Car là, Bion se tenait immobile, assis, Anacharsis sepromenait, Thalès volait, Hésiode labourait, Platon

pourchassait ses idées dans les airs, Homère chantait, Aristotedisputait, Pythagore se taisait, Epiménide dormait, Archimède déplaçait la terre, Solon composait des lois et Galien des ordonnances, Euclide mesurait la salle, Cléobule spéculait sur le futur, Périandre définissait les devoirs, Pittacus faisait la guerre, Bias mendiait, Epictète servait, Sénèque, sur des tonnes d’or, faisait l’éloge de la pauvreté, Socrate confiait àtous qu’il ne savait rien, Xénophon, au contraire, promettait de tout enseigner à tous, Diogène, sortant le nez de son tonneau, médisait de tous les passants, Timon maudissait tout, Démocrite s’en moquait, Héraclite, au contraire, pleurait, Zénon jeûnait, Epicure festoyait, Anaxarchus maintenait que tout cela n’est qu’apparence. Il y avait beaucoup d’autres philosophastres, qui faisait chacun quelque chose de remarquable; mais je ne m’en souviens ni ne désire le raconter.En observant tous ces gens, je remarquais :“Sont-ce là les sages, la lumière du monde? Hélas! Hélas! J’avais espéré mieux! Car ceux-ci agissent comme des rustres aubistrot; ils hurlent, et chacun sur un air différent!” (…)Entendant qu’il était là question de mystères, je commençais à les observer avec soin, et mon interprète essaya de me les expliquer; A cet instant même, un homme, du nom de Paul de Tarse, habillé en philosophe, s’approcha de moi et me murmura àl’oreille :“Si quelqu’un parmi vous pense être sage en ce monde, qu’il devienne fou, afin qu’il devienne sage. Car la sagesse du mondeest folie devant Dieu : car il est écrit, Le Seigneur connaît les pensées des sages, qui sont vaines.”Remarquant que ce que mes yeux avaient vu et mes oreilles entendues s’accordait à ces paroles, j’acquiesçais volontiers et suggérais :“Allons ailleurs.”

Enfin tous les aspects de la science sont passés en revue, et le voyageur, par la bouche duquel s’exprime Comenius, n’y trouve rien qu’agitation et vaines disputes, plus ou moins ridicules. Les alchimistes eux-mêmes ne trouvent pas grâce à ses yeux. Il n’arrive à en rencontrer aucun qui ait pu fabriquer la pierre philosophale. Cependant, on peut comprendrequ’il n’a, au fond, rien contre eux, ni, nous l’allons voir contre les Rosicruciens qui sont l’objet du chapitre suivant.

En effet, il est clair que les alchimistes ne sont pas tellement en odeur de sainteté et doivent rester à l’abri des regards indiscrets, en cette époque où l’inquisition fait ouvertement rage, alors que de nos jours elle est beaucoup plussournoise et discrète. A l’instar de J.V. Andreae, qui fustigealui-même les fanatiques qui existent toujours , minoritaires certes, à la périphérie et même au sein des mouvements libérateurs, dans la partie “extérieure” des Ecoles des Mystères, Comenius s’en prend plutôt aux esprits superficiels qui gravitent autour de la Rose-Croix.

“Je vois bien des efforts inutiles, mais je n’en aperçois aucunqui réussisse à obtenir la pierre. J’observe aussi que ces gensbouillent et brûlent à la fois leur or et leur vie, et souventgaspillent et consument les deux; mais où sont ceux qui ont trouvé les tas d’or et l’immortalité.”(…)Naturellement, ils ne se révéleraient pas à vous, et je ne leuren donnerais d’ailleurs pas le conseil. Un bien si inestimable doit être gardé secret. Car si l’un des recteurs apprenait une telle découverte, il demanderait immédiatement qu’il se rende et il serait immédiatement emprisonné. Par conséquent, ils doivent rester reclus.”A cet instant même, j’observais certains des écorchés qui se rassemblaient et , tendant mon oreille vers eux, je les entendis discuter des causes de leur échec. L’un blâmait les philosophes pour leur description trop vague de l’art; un autrese lamentait de la fragilité du matériel de verre; le troisièmese plaignait de l’aspect défavorable et contraire des planètes;le quatrième était en colère après les impuretés du mercure; lecinquième se plaignait du manque de capital. En bref il y avaittant de causes à leur échec que je vis qu’ils ne savaient trop comment amender leur art.”

La religion est ensuite passée en revue. Tout y passe, la religion juive, chrétienne, musulmane y sont démasquées. On devine cependant qu’il existe de vrais chrétiens, mais notre pèlerin passe à côté, et ne persévère pas, à ce moment là, dansson désir d’aller dans cette direction. Nous avons tous, à un moment ou à un autre, eu un avant-goût du chemin libérateur, mais n’avons pas été jusqu’au bout de notre recherche.

“…Pendant ce temps certains restaient à l’écart de tout ce tumulte. Ils allaient et venaient silencieusement et tranquillement, comme perdus dans leur méditation, levant les yeux vers le ciel et traitant tout le monde avec bienveillance.Mais leur apparence était insignifiante, ils étaient en haillons et le jeûne et la soif les desséchaient. Tous les autres les tournaient en dérision, se moquaient d’eux et les sifflaient, les poussaient et les harcelaient, les montraient du doigt avec mépris et les bousculaient, les accablant de malédictions. Cependant ils souffraient toutes ces choses commes’ils eussent été aveugles, sourds et muets. “ … “je laissais faire. Mais, ce faisant, je fis la pire des erreurs, trompé queje fus par ce compagnon de malheur, Illusion! Car là je manquaile centre du ciel et de la terre, un chemin qui menait à la plénitude de la joie, et je fus remis dans les détours du labyrinthe du monde, jusqu’à ce que mon Dieu m’en sorte par grâce et me ramène à cet endroit où j’avais perdu mon chemin. Comment et quand cela se passa-t-il, je le dirai plus tard. Mais à ce moment, je ne fus pas capable d’en juger correctementet dans ma quête de confort et de paix superficielle, je me hâtai d’aller baguenauder ailleurs. “

L’horreur et l’absurdité de l’état de soldat y est décrite jusqu’à l’insoutenable.

L’activité désordonnée et hasardeuse du commerce se termine parun naufrage.

Nous pourrions reprendre chaque partie du “Labyrinthe …”, maisla schéma est toujours le même : démasquage de l’inanité des efforts humains et de l’incapacité générale à trouver une issuepositive à cette conscience labyrinthique dans tous les domaines de l’activité humaine. Qu’il s’agisse d’art, de philosophie, de religion, les hommes cherchent richesse, gloire, bonheur et stabilité, mais ne les trouvent jamais. Pourquoi? Essayons de formuler le problème en termes contemporains.La vie humaine est un champ d’expérience destiné à nous pousserà la réorientation et à la reconstruction d’un psychisme, d’uneâme, étape inéluctable du rétablissement de l’humanité véritable. Notre terre, et son univers environnant, est une

véritable “école du retour”, dans le sens d’élévation de conscience. Son objectif est de nous pousser à comprendre que toute forme d’expérience est un attrape-nigaud.Quand nous sommes suffisamment prêts, nous sommes placés devantle choix : ou bien décorer notre prison, et encore, cette attitude montre que nous n’avons pas vraiment compris le sens de notre présence dans ce domaine de vie; ou bien notre feu intérieur est suffisamment fort pour nous permettre de tout faire passer après le processus de réintégration progressif dans un domaine de vie qui n’est plus lié à l’espace et au temps. Nous ne pouvons sortir du Labyrinthe pour retrouver le Paradis de notre Cœur qu’après avoir été au bout de cette compréhensionde l’inanité des efforts humains quand ils sont orientés sur ladécoration de la prison. Ce n’est qu’alors que, nous attachant à l’Unique Nécessaire”, nous pouvons parcourir la “Voie de Lumière”. Il s’agit de pénétrer par élévation de conscience et de vibration dans un nouvel état-d’être. La transmutation alchimique qui en résultera nous permettra de devenir libre de ce monde. Et si, après la mort, nous y revenons, ce sera afin d’y accomplir une tâche particulière au service de l’humanité, car nous aurons alors suffisamment compris l’origine des causesde la dialectique et auront reconstitué en nous l’homme véritable, Esprit, âme et Corps.La conscience de la limite constitue l’extrême pointe de la conscience labyrinthique. En ce cas, et même quand nous posséderons le nouveau corps, après le changement de nature vibratoire, conséquence de l’élévation de conscience et de vibration qui permet de réintégrer les domaines auxquels appartient l’homme-microcosme, il n’est pas question de quitterce monde spatio-temporel. Nous ressentons alors tout naturellement une responsabilité envers nos frères humains, et nous resterons donc le plus longtemps possible afin d’aider à leur libération.La conscience labyrinthique perdure tant que nous n’avons pas compris ce qui constitue l’unique nécessaire. Elle est déjà un détachement par rapport au labyrinthe, mais quand la consciencede la limite devient aiguë, nous mettons tout en œuvre pour accomplir ce changement de nature . C’est dans ce passage, dansce renversement des valeurs, que nous découvrons le Paradis du Cœur.

Il ne suffit pas de savoir théoriquement quel est le sens de lavie. Et ce n’est que si notre volonté s’accorde avec le sens dumonde , avec ses lois de manifestation universelle, que notre acte deviendra libérateur.Celui qui parvient à la limite sait que le monde est une école de l’éternité. Il a suffisamment fait d’expériences karmiques. Il lui reste maintenant à parcourir en vérité, par l’acte intérieur, puis manifesté, le chemin que lui montre cette école. Son unique préoccupation devient : comment, grâce aux faculté latentes en nous tous, pourrons-nous faire cesser ce manège.L’univers est Un. En fait le problème de l’homme est de prendreconscience de notre appartenance universelle, qui englobe largement le spatio-temporel.L’expérience pousse au choix ultime, au choix éternel. Notre recherche commune nous mène à la conscience de L’Unité du Tout,avec ses divers champs vibratoires. Intuitivement nous pouvons alors percevoir que, dans cette unité, c’est un changement de nature vibratoire, accompagné d’un changement de point de vue,qui permet : 1) de transformer le Labyrinthe en lieu de travailtemporaire. La conscience labyrinthique devient conscience de la limite. puis

, 2) de quitter le labyrinthe et ainsi de se préparer à franchir la limite par un changement de conscience.Comme pour tout passage difficile dont nous ignorons la nature,comme par exemple en haute montagne, nous avons besoin d’entraînement et d’un guide. Il est aussi nécessaire d’apprendre à le suivre en appliquant concrètement ce qui est compris. Ce guide doit devenir intérieur, et ainsi la conscience de la limite devient conscience de la nécessité, de l’urgence de la situation, et donc de la responsabilité.La liaison avec un champ de force libérateur est donc tout d’abord nécessaire..Cette liaison, il y a là un phénomène d’attraction magnétique, s’opère tout naturellement quand les expériences ont mûri l’individu, quand l’éducation préalable lui a permis un premier éveil de la conscience, une ouverture vers la liberté. Et dans le travail éducatif qui pourra aider à franchir la limite, tout ce qui peur être fait doit l’être, sans contrainte, en faisant appel à l’exigence intérieure.

Tout enseignement est, au départ, dogme, mais il est question de se libérer du dogme par l’accomplissement intérieur manifesté et d’adapter le témoignage de l’enseignant, du libéré, de l’envoyé, au temps présent, à notre vécu actuel, sans trahir les lignes de force du travail de libération universel.La liaison que d’aucuns cherchent à établir entre Leibniz et Comenius, Leibniz pour qui “Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles”, et pour qui les desseins de Dieu sont impénétrables semble justifiée dans la mesure où Leibniz était secrétaire d’une association que d’aucuns prétendent rosicrucienne à Hesse, et où il est connu pour avoir été conservateur de la bibliothèque Wolffenbuttel, qui comportait des ouvrages de Comenius. Ainsi le dogme bien catholique de Leibniz serait étayé par la lecture des œuvres deComenius: Unum Necessarium : “Car l’homme ne peut pas comprendre Dieu, il n’en voit ni le début ni la fin”. Tout le monde est un pantin, ou presque, mais cela va ici plus loin, etil ne faut pas retirer la parole de Comenius de son contexte. Tout ce qui est humain est terrestre et passager, etc… mais il s’agit de trouver un remède à tout ceci, remède à la vanité et à la souffrance. Et il nous est proposé quelque chose de mieux,et il faut faire confiance à cela, trouver le fil d’Ariane qui permet à chacun, en discernant et en changeant sous la pressiondes expériences, ou même avant, de connaître et d’agir afin de se transformer par autolibération.En chacun de nous, en chaque chercheur de vérité, il y a une présence, un autre encore latent, autre car non encore manifesté. La conscience de cette présence est déjà un état vibratoire où une transformation devient possible. Cette conscience de la limite nous fait reconnaître que la lumière nous cherche, nous le fait percevoir.

Une toute nouvelle orientation doit impulser l’éducation dans son ensemble. Tout nous poussait jusqu’alors à développer ce qui n’était pas l’unique nécessaire. Il s’agit maintenant d’inverser la vapeur, et de développer le moteur essentiel de l’être humain, en tout cas ce qui est indispensable pour opérerune liaison consciente avec l’Esprit, c’est à dire le psychisme, l’âme, considérant qu’il s’agit d’un moyen et non d’un but. La véritable laïcité consiste à offrir la totalité dela connaissance afin qu’il y ait réellement choix.

Il s’agit, sachant que les jeunes enfants sont encore très prèsde la conscience de l’absolu, d’unir les efforts des parents, des éducateurs, et des jeunes plus avancés, pour guider la jeunesse vers l’éveil de conscience, sans contrainte, avant queles rouages nivelants de la société n’aient eu le temps d’opérer leur œuvre destructrice, et que les conditionnements endormissants n’aient été mis en place.Une éducation appropriée, sans contrainte, doit donner la possibilité à tous de parvenir à la maturité de conscience qui provoquera l’acte libérateur. Par éducation, nous entendons tout ce qui concourt à l’éducation permanente de tous, partout.

L’unique nécessaire divin peut tout changer en nous, ou plutôt tout remettre en place, si nous gardons une attitude positive,constructive, non en vue de succès apparents, mais afin d’accomplir ce qui doit être accompli ici et maintenant pour le détachement et le retour à l’état d’être microcosmique originel. De même, l’intelligence de la tâche à exécuter de nosjour. doit nous permettre de remettre les choses en place, et nous libérer de toute culpabilité déplacée. Le “Grand œuvre” se fera, individuellement et collectivement, il est libre de l’espace et du temps mais pourtant, nous cherchons toujours le chemin le plus court. La limitation spatio-temporelle, en ce qui concerne notre efficacité et notre perception des choses nous permet de mobiliser notre énergie, en nous libérant progressivement de toute peur et de tout attachement.

Seul ce qui pousse à la limite, dans le sens ici suggéré, et permet de la franchir est bon. Les expériences, reflet d’un monde originel à découvrir, ne sont bonnes que dans la mesure où elles permettent d’amener à la perception du réel, de ce domaine vibratoire supérieur où l’espace-temps est transcendé.

Le préalable à tout ceci est bien entendu la prise de conscience de tous nos conditionnements. Il s’agit de “mettre en marche” des processus authentiquement créateurs, libérateurs. Nous devons devenir conscients de nos facultés créatrices et accorder notre vouloir au principe essentiel, à la loi universelle.

2) De la “Voie de Lumière” à la” Consultation Universelle…” - Actualité de “l’Utopie” ComénienneDe tout cela Comenius et ses amis étaient conscients, de même que les nombreux cercles de recherche spirituelle et scientifique de l’époque. C’est de cette tentative de renouvellement général que naquirent aussi bien la Royal Society, avec laquelle Comenius entretiendra d’étroites relations, que la Rose-Croix classique, à l’origine de laquelle se trouvent Tobias Hesse, Christophe Besold, et J.V. Andreae. On pourrait dire d’ailleurs que Comenius fut amené à faire la liaison entre les collèges d’Oxford, La Royal Society,et la Fraternité de la Rose-Croix.

C’est dans les années 1628-29, à la suite d’échanges épistolaires avec Jean Valentin Andreae, qu’il reçoit le flambeau de la lumière; Dans cet échange est déjà décrite la grande vision du rassemblement et de l’établissement du Collègede la lumière, comme cela avait été proclamé au début du 17e siècle dans la Fama Fraternitatis.On a dit de “Via Lucis” que c’était la “Fama de Comenius” et une tentative de réforme, qui, au fond, était semblable à celledes Rose Croix. Est-ce le cas?La traduction du titre de cet ouvrage, en Néerlandais, donnaità peu près ceci :“La voie vers la Lumière, explorée et encore à explorer, ou la recherche sensée de la manière dont la Lumière intellectuelle de l’esprit, la sagesse, peut être répandue favorablement, au crépuscule qui commence maintenant à tomber sur le monde, et cela d’une manière compréhensible pour l’intelligence de tous les hommes et de tous les peuples”(Développer l’analyse du “Labyrinthe” en mettant l’accent sur “Le Paradis du Cœur, en tant que prélude ,, signe avant-coureurde la “Via Lucis; Montrer qu’il s’agit là du logique désir de réaliser de façon universelle ce qui est décrit comme une vision personnelle dans le “Paradis du Cœur”)Le cœur de son œuvre prophétique, qu’il développera, sans toutefois en terminer la rédaction complète( ce dont, comme nous le verrons plus loin, il s’explique par avance à la fin deson dernier livre “L’Unique Nécessaire”), est incontestablement La Voie de Lumière, ou Voie vers la Lumière.Cet ouvrage pansophique par excellence fut rédigé à Londres entre septembre 1641 et avril 1642. Appelé alors en Angleterre

par Samuel Hartlib, celui-ci jugeant la situation favorable à l’établissement dans son pays d’un collège universel d’hommes savants de tous les pays, il attendait le résultat de la décision parlementaire qui devait lui donner les moyens d’accomplir cette tâche. Ce livre était donc destiné à ces hommes, qui prendraient en main l”amendement des affaires humaines” . Il ne fut publié que 26 ans après, à Amsterdam, surcommande de la Royal Society formée entre-temps. La guerre civile devait faire avorter les projets anglais de Comenius. Permettons nous de placer ici quelques extraits de l’introduction de la “Via Lucis”.

… “ce qui est entièrement nouveau, c’est l’universalité de l’objectif, à savoir l’amélioration de tout ce qui concerne l’homme, pour tous et partout; et je montre que si nous n’y aspirons pas, nos efforts individuels resteront toujours et partout complètement vains.… ce qui est nouveau, c’est de montrer de nouvelles voies pour atteindre cet objectif universel (…) et il est démontré qu’existent les trois principes de base nécessaires innés en chaque homme, pour toute forme d’acte, cad, le savoir, le vouloir et le pouvoir ( que l’on pourrait actualiser en savoir,oser, vouloir, agir). Car chaque homme possède de façon innée les normes de tout ce qu’il doit savoir , ce qui le pousse versce à quoi il doit aspirer, et ce qui lui permet de réaliser sescapacités générales. (…) l’intention est de démontrer clairement qu’il est impossible qu’il n’y ait rien qui corresponde chez les hommes à ces racines de la sagesses universelle humaine. Par les trois principes de base, tout peut être sondé, et, lorsque quelque chose dévie du Plan divin, cela peut être rectifié (…) La Pansophie est donc un système unique de la Sagesse universelle humaine, cad de tout ce qu’il est donné à l’homme de savoir, de dire, et de faire sur terre (…)Ces trois principes (savoir, vouloir et pouvoir) sont présents de la même manière dans la nature humaine entière, parmi tous les peuples, à tous les âges et à tous les niveaux; Donc nous avons cherché à trouver des moyens par lesquels offrir cette sagesse universelle à tout être humain né sur terre, afin qu’ilne soit pas permis qu’un être intelligent demeure sans culture, mais que nous fassions en sorte que tous soient pénétrés de la même lumière pansophique.

…Nous avons aussi cherché à donner des conseils nouveaux sur une meilleure utilisation de toutes les langues, et la possibilité de devenir facilement polyglotte. nous avons aussi proposé la création d’une langue absolument nouvelle, parfaitement facile, absolument rationnelle et philosophique (oui, même pansophique) comme une porteuse universelle de la lumière… Dès que tout cela aura été rendu possible, nous oserons dire de quelle manière à notre avis remettre la Science, la Religion, et la Politique en meilleur état, conformément aux bases inébranlables données, afin que l’ignorance, le doute, ladiscorde, et les rumeurs de division, de conflits et de guerrescessent partout, que la Lumière, la Paix et le Salut reviennentdans le monde …Soyez convaincus, je vous le dis, qu’avec toute votre science, vous ne disposez que des premières bases de la sagesse de Dieu,et ne posez que les fondements du perfectionnement de la sagesse humaine. Si vous vous en teniez là… vous seriez atteints de cette maladie grecque, qui consiste (selon Sénèque)à être sage dans les détails insignifiants. Tout ce qui est corporel, sensoriel et temporel n’est, en effet, que détail en comparaison de l’intellect, du spirituel et de l’éternel…Il s’agit donc bien ici d’éducation. Dans deux écrits, Jean Valentin Andreae parle du Collegium Fraternitatis ou de la Demeure Sancti Spiritus, qui devait susciter “une réforme générale du divin et de l’humain”, cad l’amélioration de la religion, de la société, de l’art et de la science. J. Arndt s’intéressait également à l’éducation. Comenius présente les choses de cette façon : le monde entierest l’école de la sagesse divine, que l’homme doit fréquenter avant d’être admis à l’académie céleste. Pour cela existent trois livres : le livre du monde, le livre de la conscience (homme créé à l’image de Dieu), et l’Ecriture Sainte, commentaire du premier et mode d’emploi du deuxième(on retrouvedes formulations approchantes chez Arndt, Besold et Andreae). Tous les hommes ont le premier sous les yeux, le deuxième est gravé dans leur cœur, espérons qu’ils gardent toujours le troisième à portée de la main, qu’ils le scrutent de leurs yeuxet le portent dans leur cœur. Espérons qu’ils réussiront, grâceà ces trois livres, à atteindre la vraie lumière et la vraie sagesse.

Mais cette école est devenue le jeu de la folie et de l’aveuglement. C’est un triste spectacle de voir comment tous, religions, nations, familles, groupes quelconques, se combattent. Aucun homme n’est prêt à changer d’opinion, même sicelle-ci s’avère erronée. Partout confusion, luttes, guerres etmeurtre. Le meilleur service à rendre à l’humanité est donc de trouver un moyen efficace pour chasser cette folie et répandre de nouveau la lumière de la sagesse sur le monde entier.De comparables descriptions du mal se trouvent dans “Menippus Mythologia Christiana” et au commencement de la “Fama Fraternitatis” : (…)“Le monde inconsidéré sera toutefois peu servi par cela et c’est pourquoi la médisance, le rire et la raillerie iront toujours en augmentant. Chez les savants aussi, la fierté et l’orgueil sont si grands qu’ils ne peuvent s’assembler pour, à partir de tout ce que Dieu a si abondamment répandu en notre siècle, colliger et produire de concert un Librum Naturae ou règle de tous les arts (ce dont Comenius a personnellement tenté une esquisse dans son “Naturall Philosophie reformed by Divine Light” ) ; mais chaque parti s’oppose tant à l’autre et se tient en telle aversion que l’on en reste encoure à la mêmeritournelle : le Pape, Aristote, Galien, oui tout ce qui ne ressemble qu’à un codex doive de nouveau être pris pour la claire lumière manifestée, alors qu’ils auraient sans doute, s’ils vivaient encore, grande joie à se réorienter. Mais on estici trop faible pour un si grand travail. Et bien qu’en théologie, physique, et mathématique, la vérité lui soit opposée, l’adversaire classique démontre toujours amplement sa malice et sa fureur, freinant par des belliqueux et des vagabonds une si belle évolution et la rendant détestable. C’est dans une telle intention de réforme générale que feu notre bien aimé Père spirituel très illuminé Fr. C.R., allemand, chef et fondateur de notre fraternité, a consacré pendant longtemps beaucoup de peines et d’efforts.”De la même manière on constate un parallélisme dans l’espoir d’une réforme générale, aussi bien chez J.V. Andreae que chez Comenius. “ Via Lucis” : “Le Conseil divin envisage toujours une amélioration universelle” et “ Il n’y a pas de doute que la Lumière universelle rayonnera avant la fin du monde”, qui correspond audébut du “Confessio Fraternitatis”:

“C’est pourquoi, ô mortels, nous devons déclarer ceci : Dieu adécidé de rendre au monde qui disparaîtra peu après, la Lumière, la Vérité, et la Dignité à qui il ordonna de quitter le paradis avec Adam, afin d’adoucir la misère humaine. C’est pourquoi il est maintenant nécessaire que cèdent toute erreur, ténèbres et servitude qui se sont progressivement emparés des sciences, des œuvres ,et des gouvernements des humains, au cours de la progression de la révolution du grand globe, de sorte que la majorité des hommes se sont obscurcis”, ce qui d’ailleurs est en fait le “programme” de la “Via Lucis”.De plus La Fama et Via Lucis ont en commun de mettre la scienceexpérimentale et la pratique personnelle au-dessus des autorités. “Tout doit commencer par apparaître avec l’expérience personnelle car la connaissance de deuxième main n’est pas connaissance mais en fait croyance” (Comenius, Via Lucis). La “vérité de l’expérience” est, dans le Confessio Fraternitatis, opposée à “la renommée des philosophes”.Le Collegium Lucis proposé par Comenius n’est d’ailleurs rien d’autre qu’une réplique de la Demeure Sancti Spiritus de la Fama ou du Collegium sapientiae de “Imago Societatis Christiana”, tous les deux de J.V. Andreae.Via Lucis ne montre pas seulement la voie de l’harmonie universelle, mais en décrit l’instrument adéquat (Lucis vehiculum universale) pour pouvoir progresser sur la voie de lasagesse universelle d’une manière ininterrompue. Comme il le formula au cours de sa mission, en 1668, auprès des membres de la “Royal Society”, il s’agit de rendre les hommes conscients de toute leur grandeur et de leur montrer en même temps le chemin infaillible menant à la lumière, en sorte que leur vrai bonheur, leur rétablissement à l’image de Dieu, put se réaliser. La science, la religion et la politique pouvaient être remises en meilleur état conformément à leurs fondements inébranlables; les bruits de guerre, les conflits et l’injustice cesseraient partout; la Lumière , la Paix, et le Salut reviendraient dans le monde et cette période pleine de lumière, de paix et de piété, tant espérée depuis des siècles s’épanouirait devant nos yeux.Via Lucis préfigure la “Consultation”. l’Utopie Coménienne, comme toute utopie réaliste, est destinée à devenir universelle, et non destinée à une communauté fermée, avec évidemment les nuances que requièrent les aspects locaux et temporels, dont il faut tenir compte au départ (Trésor

spirituel et Trésor Matériel).Les trois aspects de la réforme àmener, peut-on constater de façon explicite dans la “Panorthosia”, septième livre de la “Consultation…”sont les suivants : l’éducation, la religion, et l’organisation sociale. Que les éducateurs, chercheurs et homme de science fassent toutleur possible pour éclairer eux-mêmes et l’humanité. Que les hommes d’église, pasteurs et spirituels allument le feu de l’âme-esprit dans les cœurs et les têtes; Que ceux qui organisent la société veillent à la paix, à la vraie justice eneux-mêmes et dans tout lieu public, cour de justice, ou lieu deréunion. Tout cela ne doit pas être laissé au hasard, mais êtrefait avec sérieux, persévérance et ordre. Ainsi le but suprême de la vie, qui est paix de l’âme et détachement de l’esprit, pourra être atteint. L’ordre à respecter sera le suivant : éclairer l’Esprit et la Pensée de tous, pour que chacun ait unevision correcte de lui-même et des choses, du bien et du mal. Chacun s’attachera ainsi au bien suprême qui est en Dieu. Tout passe par l’éducation afin que la vraie sagesse puisse être atteinte. Puis vient la réforme de la religion, et enfin de la politique. Nous avons donc : - Un aspect qui touche à l’éducation : le but fondamental de toute éducation et de toute société qui accomplissent vraiment la tâche qui leur incombe est l’éveil de l’homme à son être essentiel. Ceci inclut l’accès pour tous à la connaissance nécessaire à la vie en ce monde, donc la compréhension des lois du monde et de la vie, et du sens de cette vie. Cette connaissance de la sagesse de la Vie, cette biosophie, l’homme en devenir doit pouvoir apprendre à les exprimer, en peu de mots, en tant que découvertes personnelles vécues et non comme des dogmes appris et répétés. C’est le “Conseil de la Lumière” qui veillera au bon fonctionnement de cet aspect ainsi que de la recherche scientifique, culturelle et artistique.

- un aspect purement spirituel, où la religion retrouve son sens originel de liaison intérieure avec l’être essentiel. L’utopie réaliste consiste ici à faire en sorte que l’Esprit soit réellement accepté et reconnu par tous comme directeur dans les affaires humaines, sans aucune violence, ni contraintede quelque ordre que ce soit. Et ceci ne devra pas être nécessaire si le travail éducatif a vraiment été accompli de labonne manière, puisque la hiérarchie “Esprit, Ame et Corps est

“naturelle”, dans tous les domaines de la matière et de l’Esprit. Donc nul ne doit être forcé. Cependant, ceux dont la tâche sera de guider de la religion extérieure vers la spiritualité intérieure devront rester soumis à “ceux de l’intérieur”, dans la mesure où ceux-ci demeureront fidèles à la tâche qui leur a été confiée, et le démontreront par leur vie et leur être profond. Ici aucune relation de pouvoir, mais un service de tous par tous, ceux qui sont les plus avancés surle chemin de la réalisation de l’Homme Ame Esprit étant vraiment les serviteurs de tous.Il est à noter que, dans la communauté des Frères Moraves, toutministre du culte devait, en plus de son ministère, travailler au service de la communauté. Dans l’Utopie Coménienne il en estde même, tous doivent mériter une autonomie matérielle. Dans lavision universelle de Comenius se pose évidemment le problème de la rencontre et de la cohabitation des différentes religionsextérieures, aucune difficulté sérieuse ne pouvant se manifester au niveau de l’aspect intérieur.

L’objectif de Comenius étant l’élévation du genre humain dans sa totalité, il s’adresse à tous, par-delà les races et les peuples. Il voudrait que tous, à plus ou moins long terme, accèdent à une conscience universelle spirituelle. Mais il saitque la tradition se manifeste différemment selon les cultures et les civilisations. Il n’utilisera donc jamais, ni la contrainte, ni la violence, ni quelqu’autre moyen portant atteinte, à la liberté de conscience.Cependant il préconise un “Consistoire Mondial”, au sein duquelles authentiques représentants de l’Eglise de l’Esprit du mondeentier pourraient orienter positivement l’aspiration universelle de tout homme à une réalisation intérieure.Pour permettre le bon fonctionnement de cet édifice, il restaità concevoir un “Tribunal de la Paix”. En effet, dans l’état actuel de conscience de l’humanité, et ne serait-ce que pour préparer les jeunes à la maturité, des règles sont nécessairesDonc, et nous reprenons ici en partie Comenius (Panorthosia ch.XV) :a) Le Conseil de Lumière veillera à ce que personne ne manque d’instruction, ou n’ignore une connaissance indispensable, ce grâce à Die. Ce Conseil créera les conditions pour que les homme du monde entier tournent les yeux vers la lumière et voient par eux-mêmes la vérité purgée de toute erreur et de toute chimère.

b) Le Consistoire mondial veillera à ce que tous les grelots des chevaux et toutes les chaudières soient consacrées à l’Eternel et à ce que Jérusalem ne soit plus livrée à l’interdit, mais qu’y règne la sécurité (Zacharie, 14, 11, et 20). Toute la terre dans sa plénitude devra être consacrée à Dieu : écrits, gravures et peintures et peintures, objets de scandales devront être remplacés partout par des symboles saints pour que chacun, où qu’il aille, trouve matière à de saintes réflexions.Il faut évidemment replacer ces directives dans le contexte social, historique et culturel de l’époque. Cependant, il est un fait que si toutes les activités humaines étaient orientées sur un devenir humain authentiquement libérateur, de nombreusesproductions n’auraient spontanément pas lieu, du fait du niveaude conscience général.c) Le Tribunal de Paix veillera à ce qu’aucun peuple ne s’élèvecontre un autre peuple, où que personne n’ose se mettre à enseigner comment faire la guerre ou comment fabriquer des armes. Toutes les épées et les lances seront transformées en soc de charrue (Ezechiel 2, 4).Toutes les sociétés savantes devraient se fondre en un unique Conseil de Lumière. Le Père éternel des lumières les invite lui-même à former une communauté de la lumière. Dieu dit, en effet, que le jour où le Seigneur aura pansé les blessures de son peuple, l’éclat de la lune sera aussi brillant que celui dusoleil et la lumière du soleil sept fois plus vive qu’aujourd’hui (Ezechiel 30, 26). Tout ceci se produira au crépuscule du monde (Zacharie 14, 7)On voit par ces indications que Comenius propose un programme de réalisation à la fois très concret, surtout sur le plan pédagogique, mais qu’il est en même temps très réaliste en ce sens où il sait que toutes ces institutions mettront du temps, beaucoup de temps à s’instaurer. On pourrait croire que l’UNESCO est déjà une assez bonne préfiguration d’un telle institution, mais quand on y regarde d’un peu plus près, on s’aperçoit que son orientation générale n’a absolument rien à voir avec celle que suggère Comenius.Bien entendu, ce sont les hommes les plus sages et les plus pieux, en même temps que jouissant d’une autorité naturelle, qui feront partie de ces Conseils mondiaux. Ainsi les membres du Conseil de Lumière pourront devenir vraiment les éducateurs du genre humain, les membres du Consistoire mondial seront

vraiment “la lumière du monde et le sel de la terre”; Et les princes seront véritablement les pavois et les défenseurs de laterre.Savoir, religion et vie sociale doivent à nouveau se concevoir,se développer et se réaliser selon le modèle des idées divines,et non selon d’arbitraires initiatives humaines, issues bien souvent de l’avidité et de l’orgueil, d’une volonté séparée du tout, et d’une ignorance des lois de manifestation universelles. Il est donc nécessaire que chacun retrouve l’usage des organes intérieurs qui lui permettent d’appréhenderces idées divines, et donc de connaître ces lois. On retrouve d’ailleurs déjà cette idée dans Platon : “Notre raisonnement(…)démontre que cette faculté de la connaissance est présente, avec l’organe le plus approprié, dans l’âme de chacun” Dans la “Naturall Philosophie reformed by Divine Light”, tentative de synthèse de ce que l’époque appelait la “Philosophie naturelle”, nous avons déjà, avec des références àBacon, Campanella, Vivès, des précisions concernant la Lumière de la nature et sa relation avec la Lumière de la foi. Les senstels qu’ils sont actuellement nous trompent, mais sont nécessaire, en tant que contrôle. Cette œuvre est dédiée aux amoureux du savoir; il y est préciséqu’il n’est pas question d’une soumission quelconque à des autorités, celle d’Aristote en particulier, dont les assertionssont bien souvent éloignées de la vérité, et qui ne doit plus être toléré comme le seul maître. De même que son maître Alsted, il précise que la philosophie est infirme sans le secours de la révélation. il s’agit de se tourner vers le livrevivant du monde, sur la base du “sens” (et des sens)=Sense en anglais, de la raison, et des écritures.Sans nos propres expériences, la révélation divine, et l’onction divine, nous n’arrivons à rien.Comenius insiste beaucoup sur ce point : il n’est pas question de croire “à priori” tout ce qui vient d’un maître”. Celui-ci doit démontrer en vérité et de façon claire ce qu’il affirme, car les instructeurs des hommes sont comme leurs pères et non des sculpteurs de statues. De plus, c’est l’impression de la vérité sur les sens et l’être profond qui induit la compréhension et non les arguments qui la lui font accepter. Les principes du monde sont : la Matière, l’Esprit et la Lumière. Toutes choses créées naissent, vivent croissent et

meurent, cela est dans la nature des choses. La connaissance dela Nature doit provenir de l’étude de la nature elle-même ; nous pouvons ainsi contempler comment et pourquoi toutes chosesse font dans la Nature car celle-ci ne fait rien en vain. Notre étude doit se faire grâce à la Raison, au (Sense) et à lalumière de l’écriture. Il cite beaucoup Vivès, par exemple : “la Torche du Soleil que Christ a apporté dans l’obscurité du monde”, pas de disputes, mais de la recherche. Ainsi :“Prenons donc cette résolution : nous qui observons les choses de la nature, de ne nous appuyer sur aucune autre autorité que celle du Créateur de la nature, et que celle de lanature elle-même (…)les Ecritures, le (Sense) et la raison seront nos Guides et Témoins - témoignage qu’il serait folie derécuser.”Nous ne nous attarderons pas plus sur cet ouvrage, mais remarquons qu’il montre clairement la vision libératrice de Comenius. Ces choses nous semblent peut-être évidentes de nos jours, mais n’oublions pas que nous sommes en 1651 et que l’inquisition n’est pas très loin. L’orientation, déjà précise dans “Via Lucis, va maintenant se préciser dans la “Consultation…”. Examinons quelques aspects de l’introduction. Il s’agit ni plus ni moins que de “Consulter de manière universelle à propos du redressement des destinées humaines”. Se mettant sous la protection de la puissance divine, il est question de déterminer les moyens et les méthodes qui permettront ensuite, si nous le voulons vraiment, de “mettre lamain à l’œuvre à laquelle l’Humain aspire depuis des siècles après avoir invoqué le secours divin.Tout d’abord il s’agit de déterminer le rapport des hommes avecles choses, avec eux-mêmes et avec Dieu. En un mot, la sciencepratique, la vie civique et la religion doivent être examinés, car pour le moment ils sont en bien piteux état ; Nous devons stimuler le désir d’accomplir cette tâche : ce sera la “Panegersia” ou stimulation universelle.Alors nous rechercherons les chemins du possible, en présentant un nouvel éclairage des choses, celui de la lumière de l’esprit, qui est seule capable de secouer valablement les ténèbres de la confusion. Il s’agit là de la “Panaugia” ou voiede l’universelle lumière.A partir de là, comme cela avait déjà été fait (de façon plus succincte) dans la “Via Lucis”, toutes choses sont examinées sous cette lumière, et Comenius présente ce qu’il appelle la

“Chaîne perpétuelle de toutes choses, nulle part interrompue, offrant à l’examen tous les objets qui se présentent à l’observation, quels qu’ils soient”. Il s’agit de la “Pantaxia”ou “Pansophia”.Puis vient la façon de faire percevoir cette lumière à tous lesêtres humains, afin que tous puissent comprendre les choses et tout ce qui se trouve sous le firmament. C’est la “Pampaedia”.Pour faciliter cela, un moyen semble permettre que cette “Lumière puisse pénétrer puissamment le monde entier, à traverstoutes les nations, tous les peuples, et toutes les langues” : c’est la création d’une langue universelle, appellée “Panglottia”.Et maintenant il faut montrer de quelle manière on peut améliorer le statut de la connaissance, de l’éducation, de la religion, et de la société civile, dans la mesure où un siècle de Lumière, de Religion, de Paix pourra être, sous le commandement divin, installé. Ceci est la “Panorthosia” ou Réforme Universelle.Il deviendra alors clair pour tous que ces choses sont possibles, et des exhortations seront adressées à vous tous, savants, hommes de foi, gens puissants de ce siècle, et à tous les chrétiens, finalement dans l’univers, de sorte que nous nous attaquions sérieusement à ces questions tant souhaitées etsouhaitables. Au chapitre X de la “Panorthosia”, Comenius définit une orientation, pose dix conditions pour rendre universelle la reconstitution de ce Bien tant recherché, et que nous devons tous poursuivre.Ce Bien doit être absolu, entaché d’aucun mal, ne doit comporter ni confusion ni obscurité. Aucune contrainte ne doit y être liée : “…Amenons la nature humaine à la liberté. Libérons là des dogmes imposés, des faux cultes et de la soumission !”.Il faut supprimer toutes rivalités de partis ou de sectes, sansviolence, mais par l’éducation et la réforme : “Aucun peuple, langue, philosophie, religion ou politique ne doit être oppriméou plongé dans les ténèbres ; mais il faut les inonder de lumière et les ramener à l’harmonie” … “Que toute les philosophies n’en fassent plus qu’une, parfaite, sous la parfaite autorité du Christ. Que toutes les religions n’en fassent plus qu’une, parfaite, sous le parfait pontificat du

Christ. Que tous les gouvernements n’en fassent plus qu’un sousla parfaite monarchie du Christ.” Ici Christ doit s’entendre, non comme un individu, ni même un envoyé, à l’origine d’une religion, mais comme la force universelle qui agit dans l’Univers entier, poussant au retour à l’état originel, et ainsi à la redécouverte, à long terme, de la véritable “évolution” de l’homme (On retrouve mention de cette force universelle dans toutes les traditions ; cf. Krsna dans la mythologie hindoue)Comenius, qui s’adresse d’abord à des Européens, précise : “On ne se dira plus Platonicien, Aristotélicien ou Stoïcien, mais philosophe. On ne se dira plus Calviniste, Luthérien, ou Catholique, mais Chrétien. On ne s’appellera plus Autrichien, Espagnol ou Français, mais citoyens égaux, et citoyens de la libre république du monde. Tous seront libres et égaux et tous seront au service de la Communauté. Désormais se déclarer Platonicien, Hussite, Luthérien, Grec ou Romain, ce sera confesser son imperfection.” Comme notre héros le développera plus avant dans “Unum Necessarium”, il faudra tout ramener au nécessaire, supprimer tout le superflu.La réforme universelle englobera par définition tout, tous et toutes, ce qui est logique, vu qu’il s’agit de retourner à l’état originel, au monde originel. Il n’existe d’ailleurs qu’un enseignement universel, même s’il prend des formes variées suivant les culturesIl faudra agir et enseigner à agir, nettoyer à fond la plaie. Accomplissons nos devoirs avec le moins de mots possibles, sanspeur.Pour supprimer la peur : c’est d’abord le travail sur soi qui amène l’individu, après un long chemin, à s’élever au-dessus detoute angoisse et de toute crainte. Déterminons les causes profondes, et tenons à l’écart tout ce qui n’est pas du Christ,cad tout ce qui n’obéit pas à la loi universelle de manifestation.Nous devrons aussi éliminer la confusion, en maintenant une nette séparation des prérogatives du savoir, de la religion et de la vie civique et sociale (la politique). Ces trois aspects,tout en étant distincts, sont complémentaires et interagissent les uns sur les autres : Il est évident que si toute une société s’oriente sur l’éveil de l’homme originel en chacun de ses membres, ses structures sociales, sa vie “politique” se

rapprochera d’un “idéal possible sur terre”. De même si toute l’éducation et la science se donnent pour but de guider chacun vers une prise de conscience et une réalisation du but de la vie, la religion au sens originel du terme pourra se manifesterbeaucoup plus librement et avec une force qui rejaillira pour de bien de tous, le comportement de tous facilitant par ailleurs la vie sociale. Tous les organes du grand “Corps Universel” doivent bien évidemment fonctionner de concert.Il faudra aussi établir des normes universelles. Tout devra être soumis au Bien Universel, c’est à dire à l’absolu, au parfait, présent en chacun d’entre nous. Le Bien, en ce sens, sera bien entendu ce qui permet l’émergence de cette libérationdes chaînes du relatif, et le mal, ce qui s’y oppose. Tout, aussi bien dans la vie sociale, dans les sciences, le savoir, et l’éducation, que dans l’aspect religieux, devra, au vu de ces critères, être corrigé, parachevé, et rendu parfait, autantque la perfection puisse être réalisée en ce monde, et sans perdre de vue que tout ce travail se fait en vue de l’accès à l'Académie de l’âme”.“Cela sera accompli :- Si les enseignants et les éducateurs s’enseignent et s’éduquent eux-mêmes, puis les religieux et les hommes de pouvoir, et terminent par l’ensemble des hommes. Ils éviteront ainsi de transférer une erreur d’une catégorie sur l’autre.- Si les religieux pratiquent d’abord eux-mêmes la piété avant que de veiller sur celle des lettrés, des hommes de pouvoir et des autres.- Si les hommes de pouvoir font régner l’ordre sur eux-mêmes avant que de l’appliquer aux enseignants, aux religieux et enfin à tous les citoyens.”

Les termes du problème

1) Les termes du problème - l’état des lieux

Nous aimerions ici explorer, bien que cela semble très prétentieux, une nouvelle “Voie de Lumière pour notre temps”, à

l’instar de celle que déploya Comenius au XVIIe siècle, mais bien entendu en tenant compte des réalités présentes. Pour celanous partirons à la fois des lignes de forces éternelles adaptées pour notre période que la Rose-Croix classique et doncen particulier Comenius, tracèrent en leur temps, de notre propre réflexion et expérience personnelle et de recherches actuelles dans les domaines de l’éducation, de la philosophie et de la spiritualité.

Nous constatons depuis les années 1920 l’émergence de ce qui fut appelé : “Le Nouveau Paradigme”, ou la transdisciplinarité, avec des pionniers comme Basabar Nicolescu, Guy Michaud, et bien d’autres, mit en relief une vision absolument bouleversante de la science, reprise par divers sociologues et philosophes comme Edgar Morin et d’autres. Bouleversante parce que la science n’y était plus considérée comme l’objectivité déifiée : elle avouait enfin seslimites et son incertitude, tout en pressentant d’autres possibilités d’exploration et de compréhension du monde et de la vie.

Dans le même temps, les recherches en éducation prenaient un tour double. La tradition “scolaire” s’acharnait à “faire passer les connaissances” de façon “rentable”, au détriment desvaleurs vraiment humaines. Une autre tendance regroupait tous ceux qui avaient enfin compris que l’éducation était la base dela société et non le contraire. Cette façon de voir, au début très minoritaire et marginale, prit de plus en plus d’importance et influença plus ou moins directement de nombreuses recherches “officielles”, sans toutefois parvenir à l’impact général souhaitable.

Il semble d’ailleurs que, même à l’heure actuelle, l’orientation générale moyenne de l’enseignement et de l’éducation, en France en tout cas, ne permette pas encore la concrétisation de ces recherches de pointe.L’arrière- plan éducatif et social dépend, c’est pour nous une évidence, non seulement de l’état de conscience psychospiritueldes groupes de pointe, mais aussi de la compréhension minimum et de l’acceptation des lignes de travail permettant l’éducation positive proposée, par tous ceux qui possèdent le pouvoir de décision et/ou des responsabilités dans notre société. On voit donc bien que le rôle de l’éducation englobe largement la sacro-sainte “acquisition des connaissances”, et que l’orientation à remettre à l’honneur est celle du devenir

humain universel et d’une vraie compréhension du monde et de lavie (ou biosophie) vue sous un angle beaucoup plus vaste et en même temps plus précise (en tant que très étroitement relié au devenir humain - correspondances).

Ce que propose donc le nouveau paradigme éducatif, c’est donc ni plus ni moins que l’accomplissement du monde, en tant que préparation à l’académie de l’âme, telle que le proposait d’ailleurs Comenius dans la “Via Lucis”. Précisons dès à présent que ni Comenius, ni l’éducation révolutionnaire actuelle ne cherchent à “améliorer le monde”, à “dorer la prison”. Cependant, il est clair qu’une orientation auto-révolutionnnaire, au sens biopsychospirituel, qui vise à faire tout simplement de chacun de nous “quelque chose qui ressemble à un homme” aura indirectement des conséquences sut d’état du monde. C’est donc l’état possible du monde, en tant que cosmos libérateur, que réalisera la nouvelle éducation. Le sens de ce monde est justement de nous permettre de nous en libérer, ce qui fait qu’il est logique qu’aucune tentative de réforme sociale, totalitaire ou non, dont le but est l’amélioration du monde ne pourra jamais obtenir d’autre résultat que guerres, maux sociaux, maladies et tout le cortège connu des calamités sociales et humaines. De plus en plus de penseurs sérieux le reconnaissent, chacun avec leurs propres outils de pensée. En ce sens, et en ce sens seulement, l’éducateur pense le monde, et permet la réalisation de celui-ci, comme une perfection en devenir à réaliser.

La fonction de l’éducation (e-ducere) est de mener d’un état d’être, d’un état de conscience, à un autre englobant le précédent, vers l’éveil et la maturité de conscience.

Qu’est-ce qui freine, qu’est-ce qui empêche ce processus, quelles sont les résistances à cet accomplissement? Elles sont avant tout d’ordre intérieur. Et nous aimerions en évoquer ici deux, qui sont la culpabilité et la peur.

La culpabilité, quand l’homme en est encore au stade animal, dans un premier stade de conscience donc, peut encore être invoqué comme facteur structurant. On peut alors admettre que la conscience de la culpabilité soit un facteur de connaissance de soi, donc d’éveil. Mais il faut ici bien comprendre de quelle culpabilité il s’agit. De quoi, au fond, sommes nous fondamentalement coupables? En fait, surtout d’ignorance, d’inconscience, d’irresponsabilité. Les actes que nous posons, la vie que nous menons, sont la conséquence d’un

état d’être, du sang et de la conscience, sur lesquels nous n’intervenons pas suffisamment et dont nous n’avons parfois pasmême la notion que nous pouvons intervenir.Culpabilité implique jugement et bien souvent manque d’objectivité vis à vis de ce qui est, donc aussi de soi-même et de sa relation au monde.

La norme, la règle, est bien souvent fondée sur la peur, donc sur la culpabilité. Or notre aspiration, l’aspiration de tout être humain en chemin, et aussi de tout éducateur est entre autres de se libérer de la peur, afin d’être en mesure d’aider à cette libération sur un plan universel. La règle, lesnormes découlent, doivent donc découler de tout autre chose quede la peur.

Elles correspondent à des directives de vie qui peuvent aider dans un contexte spatio-temporel donné l’individu et le groupe humain à s’élever au-dessus de sa “condition” d’animal pensant, à parvenir donc en premier lieu à l’éveil et à la maturité de conscience.

La culpabilité est une première prise de conscience :” jusque là, je tournai en rond, inconscient du sens de ma vie, dirigé par des pensées et des désirs égocentriques au service d’un instinct à peine cultivé et contenu par une morale plaquéepar un conditionnement ancestral”. Arrivé à ce point, ce qui doit progressivement remplacer la culpabilité, c’est l’Amour, en tant que force universelle, cet Amour qui englobe tout et tous. Et là la culpabilité devient un des freins majeurs de l’éducation.

L’éducation à réaliser relève donc en tout premier lieu del’auto-révolution, menant à la révolution spirituelle intemporelle. Le problème est donc le suivant : comment susciter et aider ou permettre l’émergence du vrai, du conscient, de la connaissance “de l’intérieur”, par l’intérieur. Cela semble évident, mais, en ce sens, malgré les simagrées hypocrites de nos dirigeants corrompus, en ce sens tout reste à faire, ou presque. Et il est clair qu’il n’y a paslieu ici de parler de philosophie de l’éducation fumeuse, car l’éducation de l’intuition et de la Raison supérieure permettrade trouver une confirmation expérimentale, intelligente, de la vérité et de l’inéluctabilité de la voie éducative libératrice.

Le problème devient donc : comment permettre, dès les premières années de la vie, la vision, la perception et la connaissance progressive, comment faciliter le devenir de

‘celui qui voit, qui vit, qui est, celui qui perçoit de façon consciente et aussi celui qui englobe, à l’arrière-plan, grâce à l’éducation élaborée de la conscience, qui déterminera la “science” ’. Et se développera alors petit à petit l’être en tant que présent au Tout et en tant que présent au Monde, l’homme alchimiste que pressent déjà le petit enfant de quatre à cinq ans.

Un certains nombre d’objectifs, de points de départ, de modes d’approche et de réalisation en éducation se retrouvent donc aussi bien de nos jours qu’au XVIIe siècle, comme d’ailleurs de tous temps.

Le but fondamental, connaissance de soi, maîtrise de soi, et victoire sur soi vise à faire de chacun plus un homme sage qu’un homme rentable, même si un homme sage détermine, presqu’àson corps défendant, la véritable rentabilité à long terme (point de vue écologique). La sagesse ou son obtention imprègnedonc les lignes de force de l’éducation du siècle à venir. Quelle révolution ! Ce qui détermine les société ne sera plus l’état du compte en banque, mais l’état de conscience, le degréde sagesse de l’individu, sa faculté d’aimer tout et tous sans rien attendre en retour, libre d’attachement.

Et cela va s’accomplir, grâce à une prise de conscience aussi bien des éducateurs que des parents, chacun d’entre nous étant appelé à devenir un “éducateur éduqué”, dans le cadre de l’éducation de tous par tous. A force de mettre l’accent sur ladémission du rôle parental, on oublie tous ceux qui, de toutes leurs forces, tracent le chemin pour leurs enfants et ceux des autres, qui veillent à ce que, dès la naissance et même avant, pendant la croissance et jusqu’aux différents stades de la maturation, les jeunes à eux confiés perçoivent et accomplissent le sens de leur présence en ce monde.

La sagesse ne se trouve pas dans les livres, même si certains d’entre eux peuvent permettre une orientation, une compréhension. C’est un état d’être où l’effacement mène à l’accomplissement, à une réalisation qui n’est en aucune façon une nouvelle arme pour survivre en ce monde.

Une partie de ce travail devra inéluctablement étudier, même de façon sommaire, la naissance, la croissance, et le développement du psychisme, de l’âme dans le corps. C’est ce que j’appellerai la “Pédagothérapie biopsychospirituelle”. Et pour mieux comprendre ces notions, il faudra avoir recours à lanotion d’homme en tant que micro-univers, en tant que

Microcosme. Il faudra donc explorer la notion d’homme de façon bien plus élargie que cela n’est fait dans la tradition de la recherche actuelle en éducation.

Ainsi bien des problèmes ne pourront s’expliquer et trouver de solutions que si l’on fait appel à des notions telles que la réincarnation au sens gnostique, et donc à une mémoire inconsciente, présente chez chacun et qui englobe , parle biais de l’inconscient collectif, la mémoire de l’humanité entière. Le microcosme, l’homme personnalité et la mémoire aurale constituent aussi bien un champ de guérison que d’apprentissage au sein du Cosmos et du Macrocosme. Toute une approche de la vie et de la connaissance , dont il faudra aussise détacher, après l’avoir compris et intégré, se révèle ainsi à notre vision intérieure, et ouvre des champs éducatifs nouveaux et qui remettent en question le sens même de notre présence au monde.

Beaucoup s’aperçoivent, dans tous les domaines, que notre siècle aura une approche des problèmes de l’énergie toute autre. Eh! bien nous voyons là qu’il nous faudra apprendre à discerner quelle est l’énergie qui nous gouverne, et comment nous pouvons à notre tour gouverner l’énergie, afin de la mettre au service du tout. Très tôt, grâce à un éveil intuitif de la conscience, le jeune sera mis en mesure de percevoir et d’assumer sa responsabilité et son autonomie, car, comme ils lecomprennent très bien mais comme on ne le leur laisse pas encore le réaliser, les jeunes sont responsables du monde, sansculpabilité mais en une conscience grandissante et lucide de l’interaction multiple des êtres et des choses.

A l’heure actuelle, comme du temps de Comenius, ni notre société, ni notre école n’offrent au citoyen une cohérence d’orientation signifiante à moyen et long terme, si ce n’est des perspectives liées à une dépendance apparemment de plus enplus forte à des “réalités économiques” bien souvent de court terme, visant à inscrire chacun dans la compétition de la luttepour la vie.

Le propos de Comenius, de Steiner, de Jan Van Rijckenborghpasse par la définition d’une orientation de l’éducation dont nous avons tous besoin et dont nous espérons que tous ressentirons son caractère d’urgence.

Bien entendu l’objectif à long terme de toute éducation est l’éveil et la maturité de la conscience. Dans la pratique,nous avons pu constater que ce n’est pas la recherche et

l’application de méthodes pédagogiques en elles-mêmes qui peuvent contribuer de façon efficace à la réussite de cet objectif. C’est à chacun de découvrir ce qui convient, dans le cadre de l’objectif souhaité, et de développer dans un réel travail d’équipe ce qui, au moment et dans le lieu en question,sera le mieux adapté. Une grande souplesse est ici nécessaire, une faculté constante de remise en question de soi et de la façon de travailler.

En la matière, il n’existe pas de recettes, et, ce qui est nécessaire c’est : a) des maîtres et des parents intégrés, c’est à dire possédant la maturité biopsychospirituelle, ou en voie de le devenir, à laquelle ils essaient de faire parvenir leurs élèves. b) une orientation cohérente avec le sens de la vie, dont la quête et la réalisation, même si chacun doit l’aborder en toute liberté, représentent le premier pas vers l’accomplissement de l’homme vrai, c) un constant travail en équipe qui permet, sous la direction de ceux qui sont très rapidement et spontanément, dans ce contexte, considérés comme les “aînés en sagesse”, de corriger, mettre au point, etc… touten respectant l’orientation définie.

De plus en plus d’individus comprennent en effet que la vie est une école, que toute situation est une situation d’éducation et que celui qui enseigne, en situation pédagogiquecomme ailleurs, apprend tout autant que celui qui “reçoit l’enseignement”. Et comment quoi que ce soit pourrait-il être intégré si l’on n’y participe pas de façon libre, autonome, responsable. Le concept d’éducation doit reprendre le sens élargi qu’il a déjà eu, chez Comenius, entre autres, jusqu’à lacompréhension de ce que devrait être une authentique “éducationde tous par tous”.

L’éducation doit retrouver un sens, un sens profond, vital, essentiel. Comme en tout ce qui concerne le devenir humain, il n’y a pas d’évolution. Encore plus de nos jours où références et autorités s’écroulent, rien n’est automatique dans ce domaine. Cela semble évident, mais la pratique montre la difficulté de la réalisation de ce préalable : aucun adulte,aucun jeune ne pourra réaliser les objectifs d’une éducation digne de ce nom s’il ne prend pas lui-même en main son propre projet, dès qu’il en est capable. Voilà donc un des premiers pas : devenir capable de prendre ses affaires en mains.

Ce qui donne, entre autres, un sens à l’éducation, c’est le devenir humain lui-même, ce que, dans son vocabulaire

théologique, Comenius appelle, redevenir un homme à l’image de Dieu. Au sein de l’homme-microcosme, résumé de l’univers gît, endormi comme la belle au bois dormant et son château, tout un monde qui attend que nous lui permettions de s’exprimer. Soyonsprécis : les buts annexes développés dans le cadre des écoles primaires actuelles ou secondaires correspondent, ou devraient correspondre, à la formation de l’homme-citoyen, dans le cadre d’une société. Mais la société est composée d’individus, forméspar une éducation. Nous accordons la primauté à l’éducation de l’homme et espérons qu’un tout autre type de société, par répercussion indirecte, pourra en naître.

On remarquera malheureusement que dans les textes officiels, le mot éducation tend à être remplacée par le mot formation. Cela va dan le sens d’un système de “formatage” des individus, ainsi adaptés aux critères de rentabilité de l’entreprise. L’enseignement tend à devenir le nouveau marché du XXIe siècle. Il faut donc, dans un certain type de logique économique, la “marchandiser”. Et la question est clairement posée : quel prix sommes-nous prêts à payer pour assurer à nos enfants une “formation” lui permettant d’avoir un travail…

Il nous faut ici remettre les choses en place et opérer une véritable auto-révolution. La conséquence de tout ceci est en effet un renversement des valeurs, dans une non-violence intérieure vécue, à construire et à manifester intelligemment. Comment?

Bien des individus ont décidés, au delà de toutes les directives tendant à perpétuer un état de fait qu’ils jugent inacceptable, d’agir selon leur conscience. Ce qui manque, c’est une orientation conséquente, consciente , qui rassemble,sans lutte, tous les gens de bonne volonté, selon une saine ethaute raison.

Car l’homme, dan un univers aux expressions variées qui peut l’aider à apprendre la grande leçon de la Vie, dont la maturité psychospirituelle constitue un des objectifs- clés

, lit les livres placés devant lui. Le Livre de la Nature,reflet d’une sagesse immémoriale, accessible à tous, qui permetdécouverte sur découverte, le Livre de la Vie, qui permet une intériorisation progressive de ces découvertes, et tous les livres fondamentaux des traditions de sagesse.

Un des moyens les plus efficaces pour remettre à l’honneuret développer le sens de la responsabilité est d’ailleurs une approche conséquente de l’écologie. Mais nous allons plus

loin. Devenir une femme ou un homme digne de ce nom, c’est aussi devenir de plus en plus conscient de la sagesse de la Vie, ou Biosophie. Une compréhension du Monde et de la Vie, un regain de sens apporté par la prise de conscience ou la description, la vision, puis plus tard la réalisation intérieure et spontanée des relations et des lois qui régissentl’harmonie du et des mondes, peut, tout naturellement et petit à petit, se faire jour, dès les premières années de la vie.

Ici l’acquisition progressive quoique parfois très spontanée d’un subtil discernement est de rigueur. Car l’harmonie qui tend à perpétuer l’esclavage est dangereuse. L’esprit de perpétuelle découverte, guidée de façon de plus en plus libre, consiste avant tout à éviter que ne cristallise lenclichés l’attitude dynamique d’ouverture et de discernement, d’apprentissage perpétuel, naturel chez les jeunes. Les justes correspondances entre le vécu essentiel et le perceptible doivent être mises à jour. Ce n’est qu’à ce prix que toute forme de pensée unique, et toute forme de conditionnement stérilisant auront le plus de chance d’être décelés à temps parle jeune lui-même, parfois avec l’aide du maître, et détruits dans la dynamique et dans la structure vivante, personnelle et collective, que le jeune sera amené à intégrer, et qui est déjàinscrite de façon latente dans l’homme même.

Cet aspect biosophique fait partie d’une “tournure d’esprit” à remettre à l’honneur. Il imprègne à peu près toute la matière d’enseignement. Toutes les sciences, l’histoire et la géographie, la philosophie, langues vivantes et techniques, etc… trouvent leur place dans ce cadre “Naturel”. Chacun peut y trouver support à découverte, à réflexion, à construction. Lapossibilité de l’approche d’une sagesse de la Vie facilite l’accès à une progressive maturité bio-psycho-spirituelle. Cette compréhension du monde et de la vie permettra à notre société de retrouver son rôle de cosmos vivant en chemin vers l’éveil absolu. Toute sa vie, l’adulte devra être encouragé à manifester et à approfondir cette intériorisation biosophique. Toute éducation se doit en effet d’être conçue comme auto-éducation et auto-formation permanente. Chaque jeune, qui possède presque naturellement ces qualités dans ses premières années, devra apprendre à garder toute sa vie son aptitude à la découverte et à la recherche, sans laquelle nous ne sommes que des morts-vivants au service d’un ordre fasciste plus ou moins théocratique qui n’ose pas dire son nom.

Dan cette nécessité du passage progressif à la réalisationconsciente, intérieure et extérieure, depuis le plus jeune âge,en tant qu’effacement de soi, nous ne verrons certainement pas le but de créer “de force” une société idéale, mais nous irons dans le sens de la Vie, en accord avec la signification profonde de ce monde en tant qu’école. Il s’agit donc de permettre à la fois l’avènement de la conscience de l’unité de toutes choses et la prise en main de plus en plus autonome de l’objectif de la vie de l’homme, que la biosophie aidera à découvrir.

Précisons ici que d’une certaine façon, on pourrait dire que la sagesse ne s’enseigne pas, elle se vit, ou non. Ce qu’il est possible de faire, cependant, c’est d’entretenir une orientation de découverte, de recherche et de liberté, ou la personnalité du jeune et du moins jeune puisse, dans un cadre défini, aspirer à et devenir capable de réaliser l’éveil et la maturité de conscience préalable à la sagesse vécue et authentique.

L’éducation, non seulement prépare à l’entrée effective dans la société, mais surtout participe à la conception et à lavivification de cette société, au service de l’Homme et du Monde, en tant que celui-ci fait lui-même partie d’un tout plusgrand.L’élévation du niveau de conscience des individus et du groupe est l’échange, la communication, l’expression des découvertes personnelles. Le développement de ces capacités est donc bien entendu fondamental. Il s’agira de faire redécouvrir entre autres le sens sacré de la parole et de l’écoute, de faciliter toute forme d’expression artistique.

La parole et l’écoute, de même que toute forme d’expression et de réception de sens doivent donc être revalorisés. Il ne s’agit pas uniquement d’apprendre à communiquer ou à s’exprimer pour savoir manier ces capacités dans notre société, même si ces aspects ne doivent pas être négligés, mais bien plutôt de mettre ces facultés d’expression,au fur et à mesure de leur développement, au service de la prise de conscience de l’Homme vrai, en tant que microcosme.

Ainsi, dans tous les domaines de la connaissance et de l’apprentissage socioprofessionnel, qui prennent tout leur sensdans le contexte de cette orientation vraiment humaine, le jeune sera tout naturellement amené à prendre conscience de la nécessité d’une quadruple hygiène : mentale, émotionnelle,

comportementale, et bien entendu, cela va alors de soi, physique. Toute forme de lutte pour la vie est donc appelée à disparaître devant la réalisation individuelle et collective dusens de la vie.

L’apprentissage socioprofessionnel, tellement mis à l’honneur, a sa place bien entendu, de même que tout l’apprentissage des connaissances utiles à la vie en société, du type lecture, écriture, informatique, mathématiques, etc… mais son sens est à remettre en question. A quoi servirait-il en effet s’il n’aidait pas celui ou celle qui le vit à devenir un homme ou une femme digne de ce nom et à collaborer à l’œuvrecommune. La notion du geste juste, du métier, la conscience de la responsabilité sont des apports inappréciables à l’auto-révolution intemporelle vers laquelle toute éducation bien comprise est amenée à guider.

La relation entre parents, éducateurs, et jeunes mérite toute notre attention. Comenius y avait d’ailleurs consacré de nombreuses pages. Tout se résout, ici aussi à établir une communauté d’objectifs, de points de vues réellement signifiants. Pour réaliser une éducation vraiment libératrice, une orientation cohérente entre parents, éducateurs et jeunes doit trouver le jour. Enseignement et éducation, en ce sens, doivent aller de pair, et recouvrer tous les aspects de la vie même. Les “nouvelles” orientations pédagogiques, de même que le“nouveau” projet de société qui en découle logiquement mettrontdu temps à se mettre en place, à se généraliser, mais elles finiront par triompher, même si le misonéisme, qui emprunte parfois des visages apparemment très attrayants, facteur de crises qui malheureusement semblent inévitables, est actuellement très puissant. Il devra être vaincu par les individus eux-mêmes.

En fait, il n’y a là rien de nouveau. On retrouve cela dans Platon, Jean Valentin Andreae, Jan Amos Comenius, en particulier dans la “Grande Didactique”, dans la “Pampaedie” etla “Voie de Lumière”, Rudolf Steiner, Jan Van Rijckenborgh, (par exemple dans le “Témoignage de la Fraternité”(ch. III, p. 49,50) la Gnose Originelle Egyptienne (ch. XV, p. 121,122) etc….

Ce qui compte , c’est de veiller à l’orientation de la recherche du jeune ou du moins jeune, afin de garder vivante son aspiration de plus en plus consciente à un devenir humain véritable.

En ce sens nous pouvons essayer de réexaminer le problème de larègle (la “Maat” des égyptiens). La règle est au fond le compasintérieur qui nous guide. Au fur et à mesure de l’éveil de notre conscience, nous devenons capable d’opérer le discernement entre cette impulsion à la réalisation libératriceet toute les autres influences vieilles d’éons qui nous poussent au compromis. En principe, si tout le monde avait une connaissance du sens de ce monde et la capacité de réalisation en la matière, si chacun cherchait honnêtement à vivre de façonconséquente avec les notions qu’il expérimente intérieurement, il n’y aurait presque plus besoin de “règles”.au sens où on lesconçoit actuellement. Non, la règle deviendrait exigence intérieure. Et c’est bien entendu cela qui doit être visé : faciliter la recherche et la réalisation individuelle et collective de l’état-d’être en question.

Mais comment faire, ce qui est le plus souvent le cas, si le groupe “éducateurs-parents-élèves”, au fur et à mesure de son passage à l’éveil, à l’autonomie et à la maturité de conscience, n’a pas encore atteint un minimum d’orientation consensuelle active? L’incohérence mène le plus souvent à la confusion, à la lutte et à la zizanie, et les comportements quifont sourire les professeurs quand il s’agit des élèves se retrouvent se retrouvent ne conseil de classe ou en salle des professeurs.

Un vrai consensus doit donc s’établir autour de la règle et de son sens, et celle-ci doit refléter une réelle communautéd’orientation. Et la question : comment et pourquoi l’individu est-il appelé à respecter la loi, avant de devenir à lui-même sa propre loi, quand il vivra réellement et spontanément, par compréhension intérieure, avec les lois de notre ordre de secours, pourrait alors trouver tout son sens. Ce n’est en effet que sur la base d’une réelle aspiration à l’accomplissement du sens de la vie que l’on peut éventuellement parler de règle ou de justice, et non dans un but de protection de soi ou du groupe auquel on appartient. Dans ce contexte, tous devront comprendre que ni la recherche de pouvoir ni la lutte pour la vie ne fondent le sens de notre présence en ce monde, mais bien plutôt la connaissance de soi, la maîtrise de soi, et la victoire sur soi. Il s’agit ni plus ni moins de l’acquisition de la sagesse, ce qui implique une conscience croissante de la responsabilité

Liberté et responsabilité : il y a urgence ! :

A peu de choses près, dans la “Panegersia”, premier livre de la “Consultation Universelle pour le Redressement des Affaires Humaines”, Comenius formule l’exigence d’intervention en vue de l’accomplissement de “l’homme à l’image de Dieu”, la responsabilité humaine en la matière, de la façon suivante :

Si les humains veulent que leur sagesse s’accomplisse à partir des dons de Dieu, il leur faut adopter le dur labeur et la prudence, …, et elle exercera son œuvre durant leur sommeil même (Hermès : le sommeil du corps est la lucidité de l’âme, l’occlusion des yeux la vision véritable). Dans l’âge mûr, qu’il a atteint maintenant (proposition qu’il faudrait peut-être nuancer en disant que tout est là pour qu’il atteigne la véritable maturité selon l’esprit, l’âme et le corps, mais que rien n’est joué en la matière), le genre humain doit être rempli d’une mûre sagesse; il ne s’endormira pas sans avoir mistous ses soins à résoudre cette question ( qui est celle de la connaissance de la science spirituelle de la Rose-Croix). En effet, attendre des miracles, c’est tenter Dieu.

Ceci implique que nous devons apprendre à utiliser en un pur Amour les forces de l’âme et de l’Esprit, au service de tous et de tout, y compris et en particulier ce que nous appelons ennemi parce que nous ne percevons pas la lumière qui gît au cœur de tout homme. Au fond, pour nous, l’ennemi est ce qui fait œuvre de résistance, par ignorance, toutes les forces du passé, tout le monde de l’espace-temps , en fait pollué par ses habitants.

Au cœur de tout cela notre travail est de mettre en œuvre la lumière spirituelle, de fusionner avec elle et de la rayonner selon le plan, pour tous. Ici s’offre un vaste champ de travail, qui implique une connaissance qui ne nous sera accordée que lorsque les conditions intérieures en auront été réalisées. Car l’homme véritable, celui que Comenius appelle “àl’image de Dieu”, et qui est redevenu en possession de son héritage, possède cette connaissance.

“Car Dieu fait tout en tous à tel point qu’aucune créaturen’est rien sans son concours. Sans lui la créature ne peut riensinon se tromper, tomber dans l’erreur, périr.

Mais Dieu, à compter de son premier acte créateur, n’accomplit rien dans les créatures de façon immédiate. Il permet à la créature divine de se gouverner, et d’apprendre à gouverner ce qui lui est confié, par elle-même.

Nous accomplirons donc la volonté divine si nous permettons au Dieu en nous, à l’immortel en nous, de prendre les commandes, afin de faciliter à partir des nouveaux éthers la construction du corps divin, et d’une nouvelle personnalité comportant en particulier le nouveau corps mental, concentriqueau nouveau corps éthérique et au nouveau corps astral.

S’il est permis au malade d’implorer par la prière : “Seigneur, guéris-moi”, il lui est répondu : “Lève-toi et marche”. il lui est de même conseillé de modifier régime, modede vie, orientation, en bref de mener une vie droite et de ne plus pécher et parfois, d’utiliser certains éléments composés spécifiques, du règne végétal de préférence, afin d’agir sur son mal.

Dans la prière : “Donne nous aujourd’hui notre pain sacré”, c’est à dire les éléments qui permettront à notre nouveau corps de se reconstruire, il est sous-entendu qu’un comportement adéquat va avec cette demande. Nous en trouvons laconfirmation dans la suite de la prière : “Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés”, ou “Veuille effacer tout notre karma sur la base de notre nouveau comportement”.

Tout démontre donc ces deux choses : L’homme ne peut rien sans Dieu ( car, dans un certain sens, l’Homme Dieu en devenir est l’objet du plan de développement actuel. Hermès : l’homme est un Dieu mortel, et Dieu est un Homme immortel). Et Dieu ne veut rien sans l’Homme dans les choses qui concernent ce dernier.

Car c’est à l’homme de s’empoigner, de prendre sa vie en main dans le sens où son comportement reflète un réel détachement des choses de ce monde, qui n’a rien à voir avec

l’indifférence. Tel est le sens de la formule des alchimistes :“Ora et Labora”, “Prie et Travaille”. Il s’agit ici essentiellement du travail sur soi.

Sur le plan social, cela signifie aussi que la formule “Chacun pour soi et Dieu pour tous”, soit remplacée par l’adage: “Un pour tous et tous pour un” qui correspond d’ailleurs à lavie de tout corps organisé sain. Si Dieu prend soin de toute créature, du fait que nous avons été créés à son image et que nous sommes appelés à le redevenir, nous devons aussi avoir cette orientation d’Amour pour tout et tous. Il est dans nos attributs et de notre choix d’être l’image vivante du Dieu vivant.

Tu constates la bonté et la miséricorde divine ! Si tu n’agis pas comme Dieu, dont tu portes l’image en ton cœur, tu n’es pas à l’image de Dieu, mais un cadavre d’image. Tout est prévu et organisé pour la guérison de l’humanité entière, donc sa sanctification, et chacun de nous doit y aspirer et les réaliser, avec piété sérieux et constance, jusqu’à l’accomplissement.

L’école doit donc redevenir une communauté active et vivante . Les élèves doivent y être progressivement amené à y prendre les initiatives et les responsabilités dont ils sont capables. Si les élèves demandent la création d’un journal d’élèves “autonome”, il est possible, soit de guider et d’encadrer de façon à susciter et développer cette autonomie etcette responsabilité demandée, ce qui serait hautement souhaitable; il est aussi possible de chercher à récupérer le projet en en faisant “l’organe de la direction, de façon subtile et voilée, une sorte de “Journal d’entreprise”. Et là nous disons : Non, mille fois non ! De qui se moque-t-on !? Cette pratique est pourtant des plus fréquentes (expérience vécue et observée).

Répétons le, ces choses ne pourront être prises en main par un nombre suffisamment important d’éducateurs, de jeunes, et de parents que si le caractère d’urgence en est reconnu, pour que les orientations libératrices de cette nouvelle façon d’aborder l’éducation puissent trouver leur application tant souhaitée et attendue dans les faits. Au fond, il s’agit de

choses extrêmement simples quoique difficiles à réaliser, de choses extrêmement simples mais très exigeantes pour celui qui s’y attelle.

Depuis trop longtemps, nous devons bien reconnaître que dans la plupart des cas, nous avons failli par ignorance ou négligence : Ce que Platon appelle “le meilleur” a été laissé de côté. Dans le domaine éducatif, qu’est-ce que ce “meilleur”?En quoi consiste donc cet objectif fondamental duquel découlerait tous les autres?

Eh! bien c’est en fait si simple... Il s’agit tout d’abordde fournir la nourriture adaptée au principe de base de la racine de toute vie humaine. Une plante ne peut croître que si elle est semée dans une bonne terre, et qu’elle bénéficie de soins attentifs et réguliers du Jardinier, visant à lui fournirsuffisamment d’air, de lumière et d’eau.

Sommes nous véritablement des hommes et des femmes accomplis, dignes de ce nom? La réponse, si nous voulons bien être honnête avec nous mêmes, est bien évidemment, dans les 99%des cas, non. Mais savons-nous encore ce qu’est un Homme? Nous en avons bien souvent perdu la notion même et ces questions ne nous sont pas familières. Nous possédons au mieux une ouverture, une ressouvenance d’un état pour nous inaccessible dans ce présent, que nous reléguons dans l’armoire des mythes et légendes.

Mais tous les psychologues sérieux savent que le jeune, lui, possède encore une sorte de compas intérieur inné latent, qui doit bien entendu être perfectionné et rendu conscient. Avant d’être laminé par notre culture de la rentabilité et de la compétition guerrière et “virile”, il a la certitude de l’immortalité de l’homme vrai. La mort, pour lui, est une absurdité inconcevable.` Voilà l’objectif fondamental de toute formation vraiment humaine : permettre le développement de ce qui est déjà inscrit, latent, au cœur de chaque cellule de notre corps et aucœur de notre être le plus profond, afin que le jeune forge lesoutils qui lui donneront accès à l’humanité véritable, à la conscience qui doit maintenant surgir, sur la base et grâce à la personnalité existante ou à développer, mais sans qu’un

excessif accent sur celle-ci gêne l’épanouissement de cet inconnu à naître que nous pressentons et dont lui connaît la plupart du temps l’existence avec certitude, même s’il lui est quasiment impossible de l’exprimer, dès ses premières années.

Pistes et questions

- Sur ces bases nous pouvons et devons maintenant nous poser la question de façon plus concrète : qu’est-ce qui doit être enseigné et comment dans les écoles. Nous verrons que nousn’arrêterons pas de nous la poser et de nous la reposer, car ily a tant à dire sur et à bouleverser dans les habitudes mentales auxquelles nous nous attaquons, que les aspects pratiques réclameront bien des mises au point; A vrai dire ce modeste mémoire, même s’il offre de temps en temps des perspectives et des propositions pratiques, n’est qu’un simple préambule à un travail de fond et à des réalisations pratiques qui devront être menées en parfaite liberté par les éducateurs de terrain eux-mêmes, en liaison avec parents et jeunes devenusconscients. Ceci semble de la plus élémentaire logique et le contraire serait parfaitement incohérent avec les idées de base ici exprimées.

Nous pourrions commencer par donner une proposition qui a le mérite d’avoir été éprouvée avec une classe parfaitement “bloquée” et qui a fonctionné. Nous pensons qu’avec des variantes tenant compte du niveau, du contexte, et de la “matière” enseignée, ce “schéma” peut parfaitement être reproduit. Peut-être l’est il déjà couramment par certains pédagogues, auquel cas cela ne fera qu’une porte ouverte de plus d’enfoncée, mais il semble que de toute façon ce qui importe est l’esprit dans lequel ce travail est mené en équipe avec les jeunes et entre eux , afin de faciliter le développement des capacités d’expression et de créativité orale(ou autre), la compréhension du monde et de la vie et notre place au sein de celle-ci, et d’autres facultés qui tournent autour ou favorisent l’autonomie et la responsabilité. (cf. AERE) (17)

Il s’agit tout simplement de la période de silence créateur qui précède l’introduction d’une question, ainsi que de celle qui permet la maturation de celle-ci et la préparation

éventuelle de pistes de réponses, seul ou en petit groupe. De préférence d’ailleurs, et en tout cas au début, nous mettrons plutôt l’accent sur l’aspect individuel de la réflexion, de la responsabilité face au problème posé. En règle générale d’ailleurs, toute occasion de silence, quand elle ne gêne pas les processus harmonieux de communication, d’expression, et de devenir, devra être saisie, soulignée, et son rôle créateur et dynamique mis explicitement en relief, (sans trop insister bienentendu : n’oublions jamais que nous nous adressons à des enfants, et non à des adultes, même si nous faisons tout pour leur apprendre un sens de la responsabilité que bien des adultes n’ont pas).

Par exemple, après que les élèves se sont installés, un silence le plus “léger” possible, s’installe et est prolongé jusqu’à ce qu’une “soif” se produise; Alors il est précisé aux élèves que nous allons réfléchir silencieusement sur la question :

“Comment peut-on faire pour vivre heureux ensemble?” (évidemment nous sommes en classe de français ou de langues étrangères, ou en classe primaire ou même maternelle, mais le même “problème” pourrait être abordé sous un angle historique, sociologique, géographique, mathématique, etc...)

Quand la réflexion semble mûre et que des mouvements de quasi-malaise ou d’impatience à s’exprimer se manifeste (et cela dépend de multiples facteurs que seul le pédagogue sur le terrain sera à même d’apprécier), nous allons bien entendu laisser fuser les réponses et les faire noter par un ou plusieurs secrétaires, en une expression la plus libre possible, mais tout en essayant bien entendu de permettre l’expression de tous; Ceci, et même si cela semble évident,( cela ne l’est pas toujours en Lycée, quand on n’a que deux heures, en deux fois, chaque semaine) se fera sans forcer l’expression de ceux qui, au début, restent en retrait, ou ont du mal à exprimer ce qu’ils sont ou ce qu’ils sentent, pour desraisons qu’il faudra d’ailleurs élucider et qui surgiront parfois d’elles-mêmes au cours de ces échanges ou à leur suite.On rassemblera le tout de la façon qui semblera la plus adéquate, (tableau, magnétophone, vidéo, etc...), et on la retravaillera, soit immédiatement, soit au cours d’une prochaine séance, y mêlant peut-être musique et/ou expression graphique ou plastique.

Le texte, ou quelle que soit la forme d’expression choisie, pourra être repris et traité sous un angle particulier, donnant naissance à document d’étude linguistique (ou autre).

Au cours de l’expérience vécue, les sujets abordés sont notés au tableau: le respect, la violence et les règles. L’écoute et la compréhension mutuelles, l’attention portée activement et consciemment à l’autre, la possibilité de s’exprimer tel que l’on est sans perturber le groupe, l’entraide et la non-lutte, percevoir l’autre de l’intérieur etse “mettre à sa place”, l’acceptation de l’autre tel qu’il est et l’exigence pour soi-même, la possibilité de découvrir les choses et les êtres en un éveil perpétuel, sans distinction d’âge ou de sexe etc...

Toutes ces choses (et d’autres) furent évoquées, presque telles quelles, puis reformulées en un texte que chacun dut recopier ( en anglais puisque nous étions en classe d’Anglais),peu avant la fin de l’heure. Exemple d’échange : le respect. Ilfaut respecter les autres. Et soi-même? oui bien entendu; est-ce si évident? Non, des fois on ne s’aime pas; respectez vous tout chez vous mêmes et chez vos amis? Ben, non, pas vraiment, il y a des choses qui ne sont pas respectables. Et quoi? La méchanceté, la trahison, l’injustice, etc...Et alors qu’est-ce que vous faites avec ce que vous ne respectez pas chez vous et chez l’autre (ce qui revient au même, le jeune le perçoit très vite)?... Après quelques tâtonnements et guidés par le professeur, nous en venons à la conclusion que si on aime vraiment, si on respecte vraiment (et on arrive rapidement, à propos d’heureux ensemble”, à la question d’aimer” ou d’être aimé”), on désirera “élever” ce qui doit l’être, c’est à dire que le respect de ce qui est vrai, juste, et bon, sera doublé d’une tendance continuelle à l’élévation de la conscience, par rapport “au reste”.(tout ceci dans un langage beaucoup plus simple, bien entendu, puisqu’en anglais, et en situation pédagogique).

Le cours suivant un texte, élaboré par le pédagogue, intitulé : “Love and Rules” représente le thème sous un angle particulier, qui donne lieu à commentaires linguistiques et de fond, de même que l’expression de problèmes particuliers d’étude de la langue, ou “esprit et structure de la langue”, cequi nous semble une expression beaucoup plus heureuse que

“grammaire”, terme à faire frémir. Parfois, une série de 5 questions est posée, et on traite seulement une, ou plusieurs d’entre elles. On peut ainsi aller de réflexion en expression, puis de compréhension en orientation, avec apport théorique et pratique concernant l’apprentissage au moment le plus convenable, inclus dans un tissu vivant d’expérience et derecherche.

Une autre possibilité est de placer les jeunes devant desfiches d’exécution de tâches, différentes suivant la matière, qui devront être élaborées par l’éducateur lui-même;

Si un des élèves a terminé,( mais pas avant), il peut aider un autre ou choisir un autre travail. Il est aussi possible et même souhaitable que chaque jeune puisse “apprendreà apprendre”, cad participer à l’élaboration de fiches ou de sujets, et même “faire cours” sur un sujet qu’il aura préparé, ou en tout cas devenir capable de présenter de façon claire et explicite à ceux qui éventuellement n’auraient pas bien compris, ce que lui a compris.

Toutes ces “possibilités” sont bien entendu données à titre purement indica tif, et il est bien évident qu’une multiplicité quasi infinie de thèmes et de matières peuvent être abordées de cette façon .

Quelques problèmes - Parents encore, l’éducation du couple - hygiène :

- Il nous faut esquisser un problème qui ne trouvera sa solution que quand seront institutionnalisées des heures de concertation, dans le cadre du quota horaire du pédagogue. Comment, en effet, travailler en équipe quand on ne se voit qu’en coup de vent à la récréation ou autour de plats plus ou moins ragoûtants, à ”la cantine”. L’élaboration de lignes de cohérence et de projets transdisciplinaires, le simple suivi d’une classe, par une équipe pédagogique qui manifeste un minimum d’unité, ne peut en effet se faire qu’au cours d’heuresspécialement réservées à cet effet, qui constituent réellement un travail pédagogique au même titre que les cours ou travaux pratiques dispensés par les éducateurs.

Ce qu’on appelle pompeusement laïcité, n’est bien souvent encore que la meilleure façon qu’a trouvée l’idéologie dominante pour se faire valoir et, de façon rusée et

pernicieuse, d’écraser avec plus ou moins de douceur tout ce qui ne rentre pas dans le moule. Et il n’est que de voir comment, indirectement ou directement, Le ministère de la jeunesse et des sports finance l’ADFI, instrument d’inquisitionet de pression mentale d’une des trois sectes les plus connues et les plus reconnues au monde (à savoir le catholicisme, le bouddhisme tibétain et l’islam orthodoxe avec ses intégrismes, qui vont d’ailleurs bientôt, et on peut déjà clairement voir les prémisses de cette dictature du “bien”, s’entendre pour tenter un gouvernement fasciste théocratique de la planète).

Ceci dit, il est un problème fondamental, c’est que l’adulte, formateur ou parent, comprenne que les seuls critèresde vérité qu’utilise le jeune ne sont pas ceux de l’adulte. Le pédagogue en particulier doit réaliser que, plus l’individu en formation est jeune, plus il est sensible à l’aspect subtil deschoses, à ce qui est de la nécessité de cette hygiène quadruplequi envisage l’être personnel dans sa totalité. Cela n’est pas la solution facile, car elle implique l’inévitable travail de la connaissance de soi, et de la vigilance dans la maîtrise intelligente de soi, qui n’a strictement et rigoureusement rienà voir avec le refoulement, mais il faudra bien qu’un jour ou l’autre on s’aperçoive que c’est l’unique solution.

On doit au moins exiger des éducateurs et des parents qu’ils pratiquent le plus assidûment possible cette hygiène de vie. Il faut être cohérent. Pour prendre une image, il est impossible de dire à des jeunes, la cigarette à la main, qu’il ne faut pas fumer.

L’illusion du bien. Qu’est-ce que l’éducation ? Dans quel but ?

- Toutes ces choses sont vieilles comme le monde, mais la nécessité se fait sentir de façon urgente de nos jours, et chacun de nous est clairement renvoyé à lui-même. Actuellement,et c’est très bien ainsi, aucune autorité extérieure ne peut rien faire pour qui que ce soit, car chacun possède virtuellement toutes les potentialités qui lui permettent de devenir réellement autonome.Il est évident que l’éducation n’a pas pour objectif le “mal”. De nos jours cependant, la tâche du pédagogue semble, de plus

en plus souvent, de lutter contre le “mal”. Il est confronté aux pouvoirs, aux puissances de ce monde, à un état, à des intérêts financiers et sociaux, à des églises emprisonnantes, qui, par ignorance du véritable sens de la vie, sont le jouet conscient ou inconscient de ce qu’il faut bien appeler le mal, cad de ce qui précisément empêche la réalisation de l’Homme, but de toute pédagogie.

Et en cela git un piège, un piège très subtil. Face à ce mal sournois qui s’attaque au point faible de la vague de vie humaine, cad à sa jeunesse, plus vulnérable, car non encore formée, l’éducateur, quel qu’il soit, devra résister à la tentation de l’illusion du soit disant bien, du bien séduisant dont l’objectif serait, même si au départ nous ne le réalisons pas bien, d’orienter le devenir des jeunes uniquement vers l’élargissement de leur conscience, le développement de pouvoirs latents, de leur personnalité, au service d’un monde où le moi reste roi.

Expliquons nous : nous pouvons parfaitement, et cela se fait bien souvent, avec la meilleure volonté du monde, dans la pédagogie quotidienne qu’il nous incombe de mettre en place, placer l’être-moi, avec la personnalité qui est habituellement à son service, et même le psychisme en croissance du jeune, avec ses émotions, son penser embryonnaire, au centre du travail éducatif. Nous nous orientons ainsi vers le développement de “belles âmes-moi”. Ce faisant, nous passons à côté de l’essentiel. Il est vrai qu’il s’agit de travailler “debas en haut”, c’est à dire de fournir d’abord au jeune les “outils” qui lui permettront de s’éveiller. Mais il ne faut jamais oublier qu’il ne s’agit que d’outils. Des outils doiventservir à quelque chose, et c’est surtout cela qui est l’objet de notre recherche et de notre découverte constante. Des outilsne peuvent jamais et en aucune façon constituer en eux-mêmes une fin en soi. Or c’est bien malheureusement ce qui se passe, c’est bien là le drame de notre éducation et donc aussi de notre société.

Marsile Ficin exprimait déjà ces choses à son ami GiovanniCavalcanti, vers la fin du XVe siècle, en son vocabulaire typique de la “Renaissance”. En réponse à des questions telles que : Que doit apprendre l’homme? Comment comprendre le caractère de la nature et de la nature humaine?, il plaçait le

centre de gravité de toutes ces questions dans l’homme lui-même : (18)

“Oh ! Comme les hommes mortels sont pauvres ! Je dis qu’ils devraient être plein de honte, uniquement pour la chose suivante : ils se plaisent dans les choses passagères et ignorent le bien absolu, auquel toutes choses de ce monde empruntent la bonté.

Toutes ces choses sont bonnes en elles-mêmes, car elles proviennent du bien lui-même, et elles deviennent bonnes, quandnous les rapportons au bien lui-même. Mais elles deviennent diaboliques et pleines d’épines quand nous les poursuivons de façon extrêmement présomptueuse parce qu’ainsi nous rejetons lebien dans lequel elles étaient comprises par nature et qui lesentretenait.

Comme il est surprenant, Giovanni, ou plutôt comme il est triste que ces choses nous séparent totalement du bien, alors qu’elles y sont elles-mêmes complètement reliées !”

Et à propos du but de l’éducation, donc de l’existence humaine, la première phrase du “Traité sur la dignité humaine” de Pic de la Mirandole est la suivante ( à 24 ans il fit placarder à Rome ses “900 thèses philosophiques, théologiques et cabalistiques” en invitant tous les savants d’Europe à se rendre dans l’a “ville éternelle” pour en discuter. Les frais de voyage étaient remboursés. Mais l’Eglise, bien entendu, s’y opposa et interdit ce rassemblement international) :

“En vérité, l’homme est un grand miracle, ô Asclépios. Parce qu’il lui a été donné en partage toutes les propriétés de l’univers, il a le pouvoir et le devoir de parvenir au plus haut...”

Quel est, quel devrait être le rôle de toute éducation comme de tout processus alchimique? Il s’agit ni plus ni moins,par toute sorte d’exercices appropriés permettant l’acquisitionet l’exercice d’outils affectifs, énergétiques, de pensée et derecherche de permettre à l’être qui va s’éveiller de supporter,de maîtriser, ou même de laisser la place à ce feu essentiel qui gît au cœur de chaque être humain, latent et inexprimé, et au cœur du Monde. Ceci non pour procéder aux habiles compromis si fréquents qui ne servent qu’à retarder la construction tant souhaitée de l’Homme, mais, au delà de la lutte pour la vie, (peut-être nécessaire dans le passé pour faire parvenir l’homme

à un certain degré de maturité) uniquement pour apprendre à découvrir et à comprendre le but de la vie, et surtout à le réaliser en nous-mêmes et par nous-mêmes.

L’éducation doit nous permettre d’acquérir, répétons le une fois de plus au risque de paraître ennuyeux, (car tout le monde ou presque croit posséder une pensée libre) une pensée vraiment libre, cad d’abord et avant tout libre de ce moi si envahissant qui “fourre son nez partout”. Cela constitue déjà tout un processus de travail sur soi auquel le jeune sera progressivement préparé, qui implique l’acquisition d’un discernement en ce qui concerne ce qui permet cette réalisationet ce qui s’y oppose.

Il est ici question de la connaissance de l’Homme et du Monde et de la mise en œuvre de cette connaissance au service du plan de développement qui doit permettre l’auto-réalisation d’hommes et de femmes dignes de ce nom. Donc, au fond, “enseigner quoi?” est une question que nous n’allons en fait qu’effleurer de temps en temps, puisqu’il devient de plus en plus clair pour nous que la vraie question est plutôt “enseigner pour quoi?”, et donc comment, dans quelle orientation, dans quel but? Et nous verrons en passant qu’un grand pédagogue du 17e siècle comme J.A. Comenius est toujours d’actualité, car il répond à ces questions, même s’il utilise un vocabulaire qui nous semble parfois un peu suranné. Et toutes nos élucubrations de progrès scientifiques échouent là, même si nous sommes pour tout progrès qui va dans le sens précité, et même si Comenius fut un des ardents défenseurs de la science expérimentale, avec Bacon, qu’il rencontra en Angleterre.

Pour déterminer ce qui est important pour la formation du jeune, il nous faut tout d’abord définir les objectifs de cetteformation. Pour simplifier, nous regrouperons ceux-ci en deux groupes, l’un englobant l’autre et le déterminant.

Et nous nous adressons ici à tous les “éducateurs”, parents, et à tous les hommes de bonne volonté. Si nous reconnaissons que de multiples erreurs ont été commises (et il n’ ya que ceux qui ne font rien qui n’en commettent pas, tout le monde est sujet à l’erreur, car c’est là le chemin de l’expérience), que l’institution éducative est construite de

travers sur des fondations ineptes et branlantes, nous devons cependant avoir le courage de démolir et de reconstruire. Il est inadmissible que, quand il s’agit de l’essentiel, on reculedevant l’ampleur de la tâche à accomplir, pour de pseudo-motifséconomiques, ou tout simplement par peur, honte, ou autre culpabilité mal placée.

Jusqu’à maintenant et depuis trop longtemps, nous devons bien reconnaître que dans la plupart des cas l’essentiel a étélaissé de côté, par ignorance, négligence, ou égoïsme, ce qui revient au même.

Dans le domaine éducatif, qu’est-ce que l’essentiel, en quoi consiste donc cet objectif fondamental duquel découlerait tous les autres? Nous avons déjà plus ou moins répondu à cette question, mais nous serons encore amené, avant la fin de cette étude, à “enfoncer le clou”, car nous avons souvent l’impression, au cours de nos rencontres et échanges, que nous avons affaire à des oreilles très distraites et à un entendement tellement conditionné que nous avons l’impression de parler une langue rare.

En fait, c’est extrêmement simple. Il s’agit tout d’abord de nourrir le principe de base à la racine de toute vie humaine. Sommes-nous véritablement des hommes parfaits, accomplis, ou même tout simplement des êtres humains vraiment distincts des animaux? La réponse, si nous voulons bien être honnête avec nous-mêmes, est pour la plupart du temps négative.Mais savons-nous encore ce qu’est un homme véritable, un être vraiment humain? Nous en avons bien souvent perdu la notion même et ces questions ne nous sont pas familières. Nous possédons au mieux une ressouvenance d’un état pour nous inaccessible dans ce présent, que nous reléguons dans l’armoire des mythes et des légendes.

Mais le jeune, lui, possède encore, avant que d’être laminé par notre culture de la rentabilité irrationnelle, la certitude de l’immortalité de l’homme vrai.

Voilà l’objectif fondamental de toute formation vraiment humaine : - permettre le développement de ce qui est déjà inscrit dans chaque cellule de notre corps et en particulier aucœur du cœur de notre être, afin que le jeune forge les outils qui lui donneront accès à l’humanité véritable.

Sur ces bases, nous devons maintenant poser la question (àlaquelle, nous l’avons vu, nous ne pourrons répondre que très

partiellement), : qu’est-ce qui doit être enseigné dans les écoles?

Nous avons établi que l’objectif essentiel de toute éducation est et sera toujours, tant qu’existera notre monde, même si cela doit prendre d’autres formes plus subtiles, de faire parvenir le jeune à la maturité physique, énergétique, affective et de la vraie pensée, et à l’autonomie suffisante pour qu’il se fixe et devienne progressivement en mesure de réaliser les objectifs suivants :

1) Parvenir à une connaissance de soi libératrice.2) Par là même, l’homme étant un résumé de l’univers

entier, comprendre le monde “de l’intérieur”, sous tous ses aspects, visibles ou plus subtils, ce qui n’empêche pas de “vérifier ses intuitions”, grâce à une science expérimentale auservice du tout.

3) Comprendre le plan qui est à la base du monde et la place actuelle et à venir de l’homme dans l’univers.

4) Développer un comportement en accord avec ce plan, doncune maîtrise de soi qui n’ait absolument rien à voir avec un quelconque refoulement ou une affirmation de soi déplacée.

5) Donc servir ce plan de développement, tout en tenant compte du fait que l’humanité actuelle possède de nos jours tous les éléments qui lui permettent de passer à une spirale ultérieure.

Une nouvelle éducation adaptée à notre temps, de la maternelle à l’Université et au-delà

- Qu’il ne s’agit donc plus de cultiver la psyché, mais defaire en sorte qu’elle devienne parfaitement autonome, au sens vrai du terme. Et cela n’est absolument pas incompatible avec quelque science que ce soit, on peut même dire que toute science humaine et expérimentale -”dure” trouve ici son unique justification, de même que toutes les sciences de la vie, l’apprentissage de la langue maternelle, et des langues vivantes et anciennes, les mathématiques (cf. Platon dans la République), et toute forme d’apprentissage technico-industrielou commercial qui respecte les orientations dont nous avons parlé (et cela est non seulement possible, mais souhaitable, etmême indispensable si nous ne voulons pas sombrer dans le chaosle plus complet).

Nous insistons sur le fait que, dans la période actuelle, une culture limitée au psychisme et au corps seuls, agrémentée de tout ce qui a précédé cette forme d’éducation, ne produiraitqu’une stagnation, une opposition aux processus actuellement encours, dans la mesure où ils sont authentiques, de rétablissement d’une humanité véritable. Nous devons passer à une phase ultérieure, et c’est la seule et unique façon de consolider et de maintenir les pseudo “acquis”, tout en les situant à leur juste place et en leur donnant leur vrai rôle.

Que cela soit le feu de la conscience, le système nerveux avec l’axe cérébro-spinal et le sympathique, véritable arbre de vie et clé d’une nouvelle conscience, le système des glandes à sécrétions internes, ou le sang, “cette sève très particulière”dont parlait Gœthe et qui est le reflet de tout l’état d’être, la base de vie qui exprime, manifeste et à partir de laquelle tout commence, système “circulatoire, cette “psyché” n’est elle-même qu’un support, un intermédiaire. Dans un bien piteux état, elle est de nos jours tout à fait inapte à accomplir ce rôle de jonction, de transmission entre les forces supérieures,( du petit monde qu’est l’homme et du grand monde qu’est l’univers) et la manifestation, la création exprimée, le “corps” ou “personnalité” qui développe ce que devrait transmettre ce psychisme. Actuellement, ce psychisme est presque exclusivement tourné vers, au service d’une matière quis’auto-détruit; il doit redevenir le moyen qui, en se régénérant, pourra transmettre au corps, qui l’exécutera, le plan concernant l’essentiel des choses grâce à une personnalitétoute nouvelle.

Là et uniquement là est le sens de l’éducation contemporaine, en tout cas son premier pas.

Un tel devenir et une découverte de l’univers, de l’infiniment petit à l’infiniment grand, en passant par nous-mêmes, maillon de liaison qui réunit les deux, en commençant bien évidemment par ce qui est immédiatement perceptible, sont donc les éléments essentiels de toute éducation sérieuse.

Nous ne devons pas oublier que le monde et l’humanité actuelle sont “en travail”, et qu’il s’agit de devenir apte à servir ce travail, quelle que soit la place plus ou moins humble ou élevée qu’on y occupera.

Pour cela, il est nécessaire d’apprendre progressivement àmaîtriser tout moyen d’expression utile à l’orientation définieou qui se définira, en commençant bien entendu pas le langage parlé et écrit, mais sans hésiter à y adjoindre toute forme d’expression artistique et/ou multimédia ou autre, qui pourraitentre temps être découverte. Il faut vivre avec son temps, et, malgré les oppositions et résistances dues aux conditionnements, à la peur, à l’inertie et à des “problèmes de budget” mal compris qui ne sont bien souvent que des alibis (voir les aventures de CRC plus haut), ces aspects modernes doivent être suscités et mis à l’honneur. La France est un des pays européens les plus en retard en ces domaines (êtes vous mélomane? ... non, madame, je suis Français!...).

Lire, écrire, compter, toute forme d’expression artistique, poétique, théâtrale trouveront donc là tout naturellement leur place, et cela pas seulement dans les petites classes, car il s’agit de présenter l’expression comme un des éléments fondamentaux, distinct presque de l’apprentissage socioprofessionnel. Celui ou celle qui s’exprime dans un groupe, qui parvient à exprimer ce qu’il est vraiment, apporte une pierre au groupe, même si au départ cetteexpression est un peu maladroite et à besoin d’être quelque peuaffinée. On est bien loin ici de l’expression en tant que moyenrentable d’exploiter une situation. Bien entendu, l’apprentissage sérieux de la langue maternelle et de plusieurslangues vivantes est un des piliers, mais seulement dans la mesure où il répond à la nécessité esquissée plus haut : participer à la grande aventure humaine, à la naissance de l’inconnu. Et c’est alors que nous ne verrons plus les adolescents “s’en foutre” et négliger tout ce qui n’est pas expression animale et brute des instincts les plus bas. Car il y aura là un sens aux choses et à l’être, et cela vaudra le coup de “l’ouvrir”. Expérience faite, il n’y a que cela qui ”marche” vraiment, et c’est très bien ainsi.

Nous vivons dans un monde ou l’apprentissage scientifique et socioprofessionnel sont nécessaires pour vivre. Mais en ce sens nous ne leur attribuerons d’importance que dans la mesure ou ils soutiendront le tout. Leur valeur principale, en dehors de permettre une base matérielle, est de permettre une meilleure appréhension de la réalité, de redonner indirectement

ses lettres de noblesse à des notions comme une haute raison, le service absolu et inconditionnel au tout, et l’oubli de soi,dans l’accomplissement des tâches les plus simples. Tout cela doit être réévalué et sérieusement remis à l’honneur (soit dit en passant, il n’est absolument pas certain que le “travail” tel que nous le connaissons aujourd’hui, soit une valeur immuable et on peut parfaitement imaginer, vu les données de lascience, un monde ou la production n’est plus le fait de l’homme, où celle-ci est réglée de sorte à ce que l’homme puisse se consacrer à toute forme d’activité utile ou créatricede son plein gré et parce qu’il l’a reconnu utile à la communauté, soutenant ainsi le grand travail de réédification de “l’homme inconnu” en lui qu’il pressent. Nous ne disons pas que là est la solution, mais nous voulons surtout faire sentir que tout change et que notre conception du monde sera peut-êtretotalement invalidée dans quelques années. Car de nos jours tout va très vite.).

La notion de science devra être élargie à l’être entier, et non limitée à l’exercice des fonctions intellectuelles.

Ainsi la base matérielle est acquise et consolidée, mais uniquement dans le but de servir la noble tâche de l’humanité actuelle.

A partir de tout ce qui précède, nous allons essayer de tracer des pistes pour un programme éducatif d’enseignement non seulement non seulement interdisciplinaire, mais transdisciplinaire, car l’universalité de la connaissance doit être rétablie.

Donc nous devons élaborer un art de l’enseignement où, bien que le développement de l’autonomie et de l’authentique liberté soit une exigence, aussi chez les pédagogues, le travail éducatif est basé sur des projets d’équipes pédagogiques, interclasses et d’écoles différentes. Des projets“universels” pourront ainsi regrouper des éducateurs venus de tous horizons.

Tous les projets d’établissement devront progressivement, à la mesure d’une nécessaire prise de conscience de tous, s’articuler autour de ces nécessités naturelles et vitales. Naturelles et vitales car la croissance et la maturité intérieure du jeune (et de l’adulte) mènent tout naturellement,et de plus en plus spontanément, au fur et à mesure de

l’abolition des “mauvaises habitudes” pédagogiques, à l’auto-réalisation.

L’épanouissement de chacun se fait à un rythme qui lui estpropre. Celui-ci devra être respecté.

Cependant, on peut dessiner déjà les grandes lignes de cette nouvelle éducation, de la maternelle à l’Université, mêmesi chaque jeune, et ceci est important, devra progressivement apprendre à s’orienter et à choisir avec un discernement lui même en formation, bien entendu au début guidé par le pédagogue, lui-même en recherche et constamment à l’écoute, ce qui convient à sa nature et ce qui lui est utile pour devenir ce qu’il ne fait encore que pressentir.

Nous savons qu’il existe de nombreux éducateurs qui, consciemment ou non, n’ont pas les mêmes objectifs que ceux quisont actuellement fixés, en général, aux écoles maternelles, etnous adressons surtout à ceux-ci (ils sont heureusement nombreux). Mais nous espérons que la prise de conscience d’unenécessité d’un revirement absolu, quasi à 180°, d’une réorientation totale, d’une inversion complète , en bref d’une véritable révolution, au sens propre du terme (cad en fait d’une ré-harmonisation avec les lois universelles et donc avec le sens profond de l’éducation) se fera jour le plus rapidementpossible de façon générale. Ainsi une élévation universelle du niveau de conscience pourrait-elle en résulter, avec toutes lesfantastiques conséquences positives qui pourraient en résulter,bien plus efficaces que tous les programmes imaginables…

Si programme il devait encore y avoir, ce que nous ne pensons pas, (l’humanité actuelle est quand même moyennement beaucoup plus autonome que celle de l’époque de Comenius), en quoi devrait-il consister ?… Nous ne répondrons pas de façon exhaustive à cette question, d’autant plus que la réponse est implicite aussi bien dans “l’Ecole des Mères” de Comenius, que dans l’ensemble de ce travail.Nous ne pouvons aborder ce sujet sans traiter, même brièvement,de l’éducation familiale et de la formation des maîtres, que nous avons déjà esquissés. Ce que nous disions sur l’enseignement primaire est bien entendu valable ici. Et rappelons que ce que nous appelons maintenant l’Ecole maternelle, était auparavant “l’Ecole des Mères”, et que le

jeune n’abordait l’école proprement dite et donc la séparation d’avec le milieu parental, qu’à l’âge approximatif de six ans.Je voudrais dire ici qu’il est encore plus important s’encadrerdes petits avec des éducateurs suffisamment formés, alors que jusqu’il y a peu de temps, on considérait qu’il y avait, dans ce cas, “moindre mal”. Que l’on n’objecte pas de pseudo-impératifs économiques ! Vers 21, 23 ans, ou 25 ans, âge où il arrive fréquemment de trouver des auxiliaires, des vacataires, ou même des titulaires de 25 ans ( je parle d’expérience puisque j’ai moi-même commencé à enseigner à peu près toutes les matières, y compris les mathématiques - rappelons que je suis de formation “anglo-américaine option arts”- à l’âge de 22ans) en situation de responsabilité, que cela soit dans les classes primaires, maternelles, ou secondaires, face à des classes difficiles, on doit pouvoir placer des étudiants comme “stagiaires-assistés”, jusqu’à 28 ans, tout en les payant, mêmede façon modique ( il faut quand même qu’ils puisent vivre! Ce qui n’est de toute façon pas vraiment le cas pour un auxiliairequi débute actuellement à des salaires dérisoires). Ainsi ils pourront continuer valablement leur formation jusqu’à l’âge requis. Un étudiant réellement désireux de parvenir à une formation humaine et pédagogique digne de ce nom accueillera certainement avec joie cette opportunité pratique avant la fin de sa formation, sinon, c’est qu’il n’est pas fait pour ce travail. Cette formation devra d’ailleurs être revue, bien entendu, de fond en comble, à partir des critères universels ici (et ailleurs) évoqués).

Qui veut entamer une réflexion sur les classes maternellesest immédiatement confronté au problème des relations parents-enfants-éducateurs.

Parents, responsabilité, autorité. Pour une éducation libératrice :

- Tout d’abord, c’est peut-être ici le lieu de revenir quelque peu sur la “formation”, sur “l’apprentissage” de l’étatde parent; Depuis la plus haute antiquité, en Inde, en Egypte, en Chaldée “et en Grèce, entre autres, un type d’initiation particulière était réservée aux femmes, en plus de l’initiationdes mystères extérieurs et intérieurs. Par exemple, Sapho, la grande prêtresse initiée aux mystères d’Eleusis (dont bien peu ont compris le langage voilé), avait elle aussi reçu, dans sa

jeunesse, cet apprentissage spécifique, qui fait que, comme de nombreuses autres, elle pouvait plus rapidement que les hommes accéder aux mystères intérieurs.

Nous n’entrerons pas ici dans de stériles débats pro ou anti-féministes. Il est un fait que l’homme actuel, comme la femme et à égalité, portent leur part de responsabilité dans cette si destructrice culture de la lutte pour la vie et de l’égoïsme, et que, si celle de l’homme est plus flagrante, c’est tout simplement parce que, de par la constitution naturelle de ses véhicules, celui-ci se manifeste en général defaçon plus “positive” dans la matière (cad de façon plus expansive, et il n’y a là aucun jugement de valeur, ni dans un sens , ni dans l’autre).

L’homme, s’il se manifeste de façon plus dynamique dans lamatière, est par contre placé dans un rapport négatif en ce quiconcerne la vitalité et l’énergie pure, avec la partie fémininede notre vague de vie, qui est et a toujours été la “gardienne du feu sacré”, du “feu d’Héra”, chez les Grecs, la gardienne dela vie sous tous ses aspects. Alors que sur le plan des émotions, l’homme est réputé plus “rayonnant” et la femme plus “réceptrice”, les rapports s’inversent lorsqu’il s’agit du mental où , cela est bien connu, et cela a provoqué toute l’incompréhension et la mauvaise utilisation des facultés naturelles, la femme suggère et soutient impulse de façon créatrice et dynamique les aspects de la pensée, l’homme, croyant inventer, ne faisant, qu’exécuter la plupart du temps ce qui lui a été “inspiré”. Bien que cela ne soit pas exactement notre propos ici, mais cela y est très étroitement relié, nous voyonsle rôle déterminant que la femme est appelée à jouer dans les années à venir, à condition qu’elle mette ses possibilités au service de la conquête universelle de la maturité psychospirituelle. Cela a d’ailleurs commencé, grâce à une conscience grandissante de quelques pionnières. Dans les Ecoles de Pythagore (19), pépinières d’Hommes et de Femmes pour l’époque grecque, une place particulière était réservée dans l’initiation féminine, à cette noble tâche de l’éducation des enfants et du rôle confirmée par l’expression, guidée par le maître, des liens et des affinités qui existent par exemple entre les pierres, les

fleurs, les animaux et lui-même. Le jeune peut ainsi découvrir progressivement, grâce à une approche et un vocabulaire simpleet imagé, les correspondances avec la Terre, la Lune, les planètes, l’Univers et ses lois universelles et méta-universelles.

Une culture “encyclopédique” et “scientifique” pourra doncêtre “préparée”, à condition de rester évocatrice et ludique.

On prépare ici l’approche d’une véritable éducation de l’âme, comme le suggérait déjà Socrate. Nous approfondirons plus en détail ces aspects concrets du travail dans les écoles maternelles, bien que nous ne possédions pas d’expérience personnelle à ce sujet. Elles doivent être, comme Comenius le suggérait déjà de véritables “jardins d’enfants” où le jardinier doit veiller à ne pas “forcer” trop rapidement les plantes, afin qu’elles deviennent saines et vigoureuses. Cet apprentissage se faisait, au cours des siècles passés, et il sefait encore, quoique plus rarement, au sein des familles elles-mêmes. Nous n’insisterons jamais assez sur le rôle primordial, dans un sens négatif ou positif, suivant la compréhension, le niveau de conscience, (eux-mêmes modifiables par une éducation des parents et des futurs parents) de la structure familiale pendant les six premières années de la vie de l’enfant. L’exemple, la transmission de conseils, l’atmosphère et l’orientation générale de la famille en tant que cellule et en tant que composée d’individus plus ou moins conscients d’être en chemin vers le même but sont absolument irremplaçables dans les premières années de la vie. Ce ne sont pas les pédagogues contemporains, confrontés quotidiennement à la carence parentale généralisée et à ses effets dévastateurs, qui me contrediront. Ceux que l’état d’être intérieur et le comportement fait réellement reconnaître comme des autorités, et non forcément ceux qui sont bardés de diplômes dénués de sens et de valeur par rapport à l’essentiel ici évoqué, ceux làdoivent être recherchés dans les familles et hors d’elles pour tous ces conseils et guides, sans aucun “rapport d’autorité”, ou de dépendance.

Précisons ici : qu’il s’agisse du cadre familial ou du cadre scolaire, je suis absolument contre tout type de relationhiérarchique autoritaire et artificielle, telle qu’elle existe malheureusement dans presque tous nos établissements

d’enseignement. Tout le monde accepte cette aberration, sans voir qu’aucune liberté authentique n’est possible dans ce contexte. Ce qui doit exister, dans tous les cas, c’est la réelle manifestation de l’autorité de ceux qui possèdent la supériorité intérieure, manifestée dans : un comportement absolument non-violent (intérieurement et extérieurement), une unité intérieure et avec tous ceux qui possèdent ou aspirent sérieusement à la possession de cet état-d’être, une harmonie dans toutes leurs extériorisations, et une orientation sans faille sur le devenir de l’Homme.

Encore faut-il s’entendre sur ce que l’on exprime dans “l’autorité”. Une véritable “autorité” ne cherchera jamais à s’imposer. Elle rejettera toute “relation d’autorité” et renverra constamment à leur propre réalisation intérieure, ceuxou celles qui, bien souvent, se prosterneront devant lui ou elle au lieu de se mettre énergiquement au travail sur eux-mêmes.

Peut-être est-ce ici le lieu d’évoquer un problème sur lequel nous reviendrons. Celui de la sacro-sainte compétitivité, qui touche à celui de la rentabilité. Nous nous étonnons des guerres et conflits. Mais nous ne voyons pas que nous vivons dans un mensonge permanent, consciemment ou inconsciemment, la plupart du temps par ignorance, et que nous nourrissons nous-mêmes ces guerres et conflits. Nous entretenons dans l’éducation actuelle, sous prétexte d’une émulation mal comprise, des notions élevées à l’état de vertu, comme la lutte pour la vie, la rivalité, l’ambition sociale, enbref ce que les Américains appellent le “rat-race”. Et nous ne voyons pas que la conséquence directe et logique de cette éducation, basée sur un conflit intérieur entre le véritable sens de la vie et ce qui est réellement vécu, sur le conflit permanent avec soi-même (qui ne peut être positif qu’à condition de trouver une issue libératrice, qui est la victoiresur soi-même), sera inéluctablement la guerre et l’autodestruction de l’humanité. Elle débouche quasi-automatiquement sur le conflit avec autrui, sur un plan individuel et collectif. Il est donc temps de passer à une éducation par et pour le conflit (même si l’on ne s’en aperçoitpas toujours), à une éducation qui guide vers l’issue libératrice du conflit.

Le système nerveux, en relation avec le système hormonal, a besoin, pour pouvoir être la base d’un développement complet et harmonieux, de cette atmosphère paisible et structurante à laquelle Comenius fait allusion à plusieurs reprises..Et nous allons voir que tout le corps procède de, et participe à l’avènement de l’homme véritable. Les très délicates fonctions physiques en formation chez le jeune doivent donc être traitées avec grand soin, ce qui n’est pas fait, loin s’enfaut, dans les écoles actuelles. Nous aimerions ici reprendre l’ensemble du corps humain, de façon très sommaire bien entendu, afin de bien montrer que tout y est conçu pour cette éducation universelle libératrice, pour cette ouverture du cœuret cet épanouissement de l’âme, premier pas sur le chemin de lavéritable Humanité.Et nous reprendrons ces paroles des fondateurs de la Rose-Croixclassique, transmises par Jean Valentin Andreae dans la “Fama Fraternitatis”. Je pense que ces paroles s’appliquent encore plus particulièrement à notre époque de transition. Elles marquent ainsi les immenses possibilités actuelles qui doivent être manifestées par des têtes, des cœurs et des mains d’hommes:“C’est pourquoi, ô mortels, nous devons déclarer ceci : Dieu a décidé de rendre au monde … la Vérité, la Lumière et la Dignitéà qui il ordonna de quitter le Paradis avec Adam, afin d’adoucir la misère humaine. C’est pourquoi il est maintenant nécessaire que cèdent toute erreur, ténèbres et servitude qui se sont progressivement emparées des sciences, des œuvres et des gouvernements des humains, au cours de la progression de larévolution du grand globe, de sorte que la majorité des hommes se sont obscurcis. De là est née une infinie diversité d’opinions, des altérations, des errances, qui rendent le choixdifficile, même aux hommes sages que la renommée des philosophes d’une part et la vérité de leur propre expérience d’autre part, plongent dans la confusion. Lorsque, comme nous en avons la certitude, toutes ces choses auront disparu, nous verrons à leur place une ligne de conduite qui demeurera éternellement la mêmeBien qu’il s’accomplisse grâce aux travailleurs, le Grand œuvredans toute son ampleur est du à l’instant spécifique de notre époque bénie. Et de même que nous reconnaissons que beaucoup d’esprits éminents ont contribué par leur réflexion à la future

réformation, nous ne nous approprions nullement la gloire de cequ’une telle tâche nous incombe, mais nous témoignons, par l’Esprit de Christ notre Sauveur, que les pierres se présenteraient plutôt que Son divin Plan ne manque d’exécutants.Dieu a envoyé des messagers de Sa volonté, des étoiles apparuesdans le Serpentaire et dans le Cygne, les grands signes de son puissant Conseil, afin de nous apprendre que, si tout ce que legénie de l’homme a découvert était rassemblé, Il le ferait servir à son ordonnancement caché. Le Livre de la Nature est par conséquent dévoilé à tous les yeux, mais bien rares sont ceux qui peuvent le lire, plus rares encore ceux qui peuvent lecomprendre. … Et dans très peu de temps viendra l’époque qui s’approche à grands pas, où la langue recevra l’honneur d’exprimer tout ce qui auparavant a été vu, entendu et senti dans les siècles passés. Après que le monde se sera éveillé de son sommeil d’ivresse bu à la coupe empoisonnée, l’homme ira à la rencontre du Soleil levant, tôt le matin, le cœur ouvert, latête découverte et les pieds nus, jubilant et rempli d’allégresse.”Nous le proclamons hautement : si nous ne constituons pas dans les plus brefs délais notre pensée autonome, libre et psycho-spirituellement mûre, nous aurons raté notre vocation humaine, en cette vie en tout cas. Et c’est toujours, comme chacun aura pu l’expérimenter dans sa vie personnelle, ici, maintenant, dans cette vie, que “cela” se passe!Ce qui donne un sens, la racine même de la signification et du but de notre monde devront être à la base, à l’arrière plan de toute la vie sur cette planète (et d’ailleurs dans l’univers entier), dans un avenir plus ou moins proche. Car à quoi sert une éducation si elle ne donne pas un sens à la vie. A quoi sert la vie si elle ne s’accorde pas au sens qui est le cœur même de sa manifestation. L’orientation générale de l’éducationest primordiale et devrait donc pouvoir librement être déterminée par des hommes et des femmes qui ont compris ce senset connaissent par expérience personnelle les problèmes du chemin libérateur, ou en tout cas y aspirent de tout leur être.

Le principe qui devrait ici être de rigueur est le suivant: la plus grande unité dans la plus grande liberté. Par unité, il ne faut pas ici entendre ce qui malheureusement existe de nos jours. Ce autour de quoi propos ici, mais cela y est très étroitement relié, nous voyons le rôle déterminant que la femme

est appelée à jouer dans les années à venir, à condition qu’elle mette ses possibilités au service de la conquête universelle de la maturité psychospirituelle. Cela a d’ailleurscommencé, grâce à une conscience grandissante de quelques pionnières.

Dans les Ecoles de Pythagore (19), pépinières d’Hommes et de Femmes pour l’époque grecque, une place particulière était réservée dans l’initiation féminine, à cette noble tâche de l’éducation des enfants et du rôle confirmée par l’expression, guidée par le maître, des liens et des affinités qui existent par exemple entre les pierres, les fleurs, les animaux et lui-même. Le jeune peut ainsi découvrir progressivement, grâce à une approche et un vocabulaire simpleet imagé, les correspondances avec la Terre, la Lune, les planètes, l’Univers et ses lois universelles et méta-universelles.

Une culture “encyclopédique” et “scientifique” pourra doncêtre “préparée”, à condition de rester évocatrice et ludique.

On prépare ici l’approche d’une véritable éducation de l’âme, comme le suggérait déjà Socrate. Nous approfondirons plus en détail ces aspects concrets du travail dans les écoles maternelles, bien que nous ne possédions pas d’expérience personnelle à ce sujet. Elles doivent être, selon nous, de véritables “jardins d’enfants” où le jardinier doit veiller à ne pas “forcer” trop rapidement les plantes, afin qu’elles deviennent saines et vigoureuses. Cet apprentissage se faisait,au cours des siècles passés, et il se fait encore, quoique plusrarement, au sein des familles elles-mêmes. Nous n’insisterons jamais assez sur le rôle primordial, dans un sens négatif ou positif, suivant la compréhension, le niveau de conscience, (eux-mêmes modifiables par une éducation des parents et des futurs parents) de la structure familiale pendant les six premières années de la vie de l’enfant. L’exemple, la transmission de conseils, l’atmosphère et l’orientation générale de la famille en tant que cellule et en tant que composée d’individus plus ou moins conscients d’être en chemin vers le même but sont absolument irremplaçables dans les premières années de la vie. Ce ne sont pas les pédagogues contemporains, confrontés quotidiennement à la carence parentale généralisée et à ses effets dévastateurs, qui me

contrediront. Ceux que l’état d’être intérieur et le comportement fait réellement reconnaître comme des autorités, et non forcément ceux qui sont bardés de diplômes dénués de sens et de valeur par rapport à l’essentiel ici évoqué, ceux làdoivent être recherchés dans les familles et hors d’elles pour tous ces conseils et guides, sans aucun “rapport d’autorité”, ou de dépendance.

Précisons ici : qu’il s’agisse du cadre familial ou du cadre scolaire, je suis absolument contre tout type de relationhiérarchique autoritaire et artificielle, telle qu’elle existe malheureusement dans presque tous nos établissements d’enseignement. Tout le monde accepte cette aberration, sans voir qu’aucune liberté authentique n’est possible dans ce contexte. Ce qui doit exister, dans tous les cas, c’est la réelle manifestation de l’autorité de ceux qui possèdent la supériorité intérieure, manifestée dans : un comportement absolument non-violent (intérieurement et extérieurement), une unité intérieure et avec tous ceux qui possèdent ou aspirent sérieusement à la possession de cet état-d’être, une harmonie dans toutes leurs extériorisations, et une orientation sans faille sur le devenir de l’Homme.

Encore faut-il s’entendre sur ce que l’on exprime dans “l’autorité”. Une véritable “autorité” ne cherchera jamais à s’imposer. Elle rejettera toute “relation d’autorité” et renverra constamment à leur propre réalisation intérieure, ceuxou celles qui, bien souvent, se prosterneront devant lui ou elle au lieu de se mettre énergiquement au travail sur eux-mêmes.

Peut-être est-ce ici le lieu d’évoquer un problème sur lequel nous reviendrons. Celui de la sacro-sainte compétitivité, qui touche à celui de la rentabilité. Nous nous étonnons des guerres et conflits. Mais nous ne voyons pas que nous vivons dans un mensonge permanent, consciemment ou inconsciemment, la plupart du temps par ignorance, et que nous nourrissons nous-mêmes ces guerres et conflits. Nous entretenons dans l’éducation actuelle, sous prétexte d’une émulation mal comprise, des notions élevées à l’état de vertu, comme la lutte pour la vie, la rivalité, l’ambition sociale, enbref ce que les Américains appellent le “rat-race”. Et nous ne

voyons pas que la conséquence directe et logique de cette éducation, basée sur un conflit intérieur entre le véritable sens de la vie et ce qui est réellement vécu, sur le conflit permanent avec soi-même (qui ne peut être positif qu’à condition de trouver une issue libératrice, qui est la victoiresur soi-même), sera inéluctablement la guerre et l’autodestruction de l’humanité. Elle débouche quasi-automatiquement sur le conflit avec autrui, sur un plan individuel et collectif. Il est donc temps de passer à une éducation par et pour le conflit (même si l’on ne s’en aperçoitpas toujours), à une éducation qui guide vers l’issue libératrice du conflit.

Au fond, quel est le cœur du problème? On observe, soit par indolence, soit par “mauvaise éducation”, ou les deux, un général et chronique “manque d’amour”, qui fait bien souvent suite à une ouverture du cœur “incomplète”. L’inconscience à cesujet, le conditionnement général entretenant les valeurs soi-disant “viriles”, dont il faut petit à petit prendre consciencepour s’en détacher grâce à une raison naissante, et la dévalorisation de cette valeur de l’amour, fondamentale( qui fait plutôt sourire), devront dans un proche avenir être progressivement éradiqués. On peut réaliser facilement que toutle travail serait beaucoup plus simple si, entre 4-6 ans et 9-11 ans, l’ouverture du cœur était consciemment et systématiquement entretenue, guidée par des maîtres la possédant déjà ou y aspirant avec grande intensité.

Retenons ici qu’une plante a besoin d’air, d’eau et de terre, d’énergie aussi (soleil et forces de rayonnements). L’animal a besoin aussi, en plus, d’énergie sidérale, affective, émotionnelle. L’homme a besoin de toutes ces choses,plus d’une énergie de nature mentale, qu’il pourra éventuellement développer, si tout se passe bien, de façon structurée et vraiment autonome, entre 15-21 et 22-28 ans. Et ce n’est que s’il parvient à l’autonomie du penser, qui pourrait s’élaborer à ce moment si tout était fait pour (et ce n’est actuellement pas du tout le cas) qu’il pourra réellement se différencier de l’animal. Il se reliera ainsi aux aspects métapsychiques, qui feront de lui un homme véritable. On ne devra jamais perdre ces choses de vue, même avant 15 ans.

Cette liaison lui permettra de se relier véritablement au et de devenir véritablement conscient sur le plan universel et méta-universel.

Et, nous le répétons, cette liaison existe déjà, latente,(de même que tout ce dont nous venons déjà de parler), et doit être soigneusement préservée et protégée, jusqu’à ce qu’elle s’épanouisse, se construise en tant que direction consciente dusystème.

D’où l’importance de ne pas forcer trop tôt la structuration de l’intellect (qui ne doit être conçu que comme le serviteur du méta-universel, et qui ne doit pas être confondu avec la véritable pensée créatrice), ce qui entraînerait de graves dommages dans le système des glandes à sécrétions internes.

Le phénomène de guérison qu’implique une telle forme d’éducation passe bien entendu par la trilogie : comprendre, intégrer, transmuter. Comprendre soi-même et le monde qui nous entoure afin de mieux collaborer à la reconstitution du microcosme, intégrer les forces libératrices à l’œuvre en nous et autour de nous, et en permettre la transmutation jusque dansle corps, voilà ce à quoi le jeune doit être mis en mesure d’aspirer.

La conscience de tous, maîtres et élèves s’oriente alors vers le vrai sens de la vie.. La connaissance de soi, qui doit absolument retrouver sa juste place de passage obligé dans l’éducation, de sorte que les jeunes, aussi conditionnés que leurs parents, ne puissent plus avoir de réactions de peur stupides et anti-sectes quand il s’agit de “psychologie” ou de philosophie, ou de ce que l’on nomme tel : Connaissance des différents aspects corporels, vitaux, émotionnels, mentaux, dans leur interdépendance. Le jeune, comme celui qui aspire à une réelle éducation permanente de la conscience, pourra ainsi acquérir un discernement de l’âme et du cœur . C’est alors qu’une éthique libre de toute règle et loi extérieure, une éthique gnostique, pourra de nouveau voir le jour.

Et cette vision implique une interaction société et éducation qui n’a rien à voir avec quelque forme d’humanitarisme ou de réalisation d’un quelconque paradis sur terre.

Société et Education

Nous constatons donc que, sous de nombreux aspects, tout le corps est conçu pour servir ce grand processus auquel Comenius et ses amis nous convient. Nous pouvons ainsi toucher du doigt qu’un tel travail sur soi, auquel nous sommes tous appelés, ne peut être un simple travail intellectuel, et qu’il va nécessairement provoquer des modifications en profondeur jusquedans le système corporel lui-même.

Il est de nos jours nécessaire d’opérer en soi-même, et donc en chacun (chez le jeune en ce qui nous concerne ici), de faciliter l’opération de cette fameuse “percée de conscience”, si nécessaire si nous voulons permettre l’accès du jeune à un stade vraiment humain. Ce n’est qu’ainsi, par une auto-révolution intérieure prise en main par chacun, que la face du monde pourra être éventuellement changée.

Et là commencent à se poser les vrais problèmes. Quand nous sommes confrontés, en tant qu’éducateurs, à la nécessité intérieure de cette auto-révolution, et que nous effectuons lespremiers pas dans cette direction, il est inévitable qu’au début nous soyons tentés, dans le jeune enthousiasme de notre découverte, de partager ce que nous venons à peine d’entrevoir au lieu de le consolider. Heureusement qu’existe cette sacro-sainte laïcité, qui n’est bien souvent que la possibilité laissée à l’idéologie dominante de s’exprimer au détriment de tout ce qui n’entre pas “dans le moule”.

Oui, car il faut bien que le pédagogue comprenne que, plusl’individu en formation est jeune, plus il sensible à l’aspect subtil des choses, à ce qui est “dans l’air”, dans l’atmosphère. Le jeune enfant, avant cinq ans, considère la mort comme une absurdité (et, dans un certain sens, peut-être a-t-il raison). L’essentiel, l’absolu, l’éternel, ont pour lui bien plus de réalité que pour nous qui vivons dans un monde bien souvent orienté sur la pratique quotidienne que nous appelons concrète.

Et, nous insistons, ici les parents ont une grande responsabilité. Il fut un temps où les parents (les futurs grands parents) enseignaient aux futurs parents la

signification de la venue au monde d’un enfant. Il était clair pour les deux membres du couple, quand ils voulaient bien écouter les conseils des grands-parents, ou des plus sages parmi les membres de la communauté familiale, qu’une âme allaitleur être confiée, et que l’aspect visible de l’enfant à naître, quoique important en tant que support pour la reconstruction de l’être humain véritable, n’était pas un but en soi. Et les contes, l’orientation intérieure de la “couverture familiale”, ainsi que divers autres moyens, auxquels fait allusion Comenius dans “l’Ecole de l’Enfance”, permettaient de maintenir vivace et de faciliter l’épanouissement de ce germe d’éternité.

Quand on étudie la vison supérieure d’un homme comme Comenius en ce qui concerne l’enseignement , tout en replaçant dans son contexte socioculturel le vocabulaire du XVIIe siècle employé par celui-ci, on observe à tous les instants qu’il allie l’aspect spirituel à l’aspect psychique-matériel, car l’homme est, à part entière et quoique de façon quasi latente, corps, âme, et esprit. Et ceci aussi bien dans les objectifs que dans les applications.

Reprenons cette citationEx : “Ce qu’il faut avoir en vue, c’est d’éclairer les

hommes par la vraie sagesse; de les organiser par une parfaite administration civile, de les rattacher à Dieu par la vraie religion, pour que personne ne puisse faillir à sa mission ici-bas. On obtiendra ce résultat si tout le monde apprend : a) A connaître tout ce qui est nécessaire en gardant toujours les yeux ouverts (l’œil est le miroir de l’âme).b) A choisir ce qu’il y a de meilleur, à agir partout dans un esprit de perfection, à jouir de chaque chose tout en limitant ses besoins;c) A rechercher le bien suprême, à ne s’unir indissolublement que à ce bien et à atteindre ainsi la béatitude. En résumé, il faut être raisonnable pour l’éternité et ne pas être déraisonnable pour le monde. Ce sont par conséquent trois choses que nous recommandons : Il faut amener à l’instruction universelle : 1) tous les hommes2) dans toutes les choses 3) pour qu’ils soient universellementinstruits.

- Tous les hommes, cad tous les peuples, Etats, familles et personnes, sans exception aucune car ils sont tous des hommes qui ont la même vocation à une vie suivant les voies indiquées par Dieu, mais qui est semée de trappes et obstruée de divers obstacles. Il sera donc nécessaire d’éclairer judicieusement tous les hommes, si possible, de toute foliepour qu’à l’avenir on n’entende plus les lamentations bien connues qui disent que partout il n’y a que des fous (…) etc…”Je dois bien préciser que mon expérience pédagogique de 27 ansm’a montré effectivement, même si je n’ai pas encore atteint, il s’en faut, à la parfaite sagesse, que nous pouvons toujours observer que ”il n’y a que des fous” et ce à de multiples niveaux.

Le travail intérieur accompli par ceux-ci entretient une nouvelle atmosphère à laquelle peuvent se relier tous ceux qui désirent être des guides, afin de redonner son vrai sens à ce monde. Et c’est à ces individus que se sont adressés Comenius et ses amis, à eux que s’adressent tous ceux qui ont quelque peu pris conscience de la nécessité et de l’urgence de ces choses.Un des aspects de la tâche de l’humanité actuelle est donc de parvenir (et un nombre non négligeable d’entre nous en sont déjà là) à cet état d’être limite (mais en liaison directe avecl’humanité-âme du sixième domaine cosmique, et non avec les sphères limites supérieures, extrêmement piégeantes, du septième), où nous pouvons comprendre ces choses :1) Je suis incomplet, inachevé, inaccompli par rapport à l’étatd’être humain véritable.2) Avec les organes dont je dispose dans leur état actuel de développement, il m’est impossible de passer “de l’autre côté de la frontière”3)Seule une révolution intérieure et extérieure me permettra d’accomplir la “réformation”, puis la “transformation” de mon être entier, comme le formulaient les Cathares.La question lancinante qui nous reste est donc : “Comment réaliser ces choses?” Et c’est à cette question que Comenius etses amis tentent et tenterons de répondre jusqu’ ce fameux règne des mille ans, double métaphore indiquant soit une civilisation gnostique, soit l’état de l’humanité au moment où

tous et toutes auront compris et réaliseront concrètement ce travail universel.On retrouve, dans les grandes lignes de force de son travail ,projetées pour l’humanité présente et à venir, tous ces aspects. Dans l’introduction à son œuvre capitale, la “Consultation Universelle pour l’Amendement des choses Humaines” (toutes les citations formulées dans ce travail sont provisoires, notre équipe de traduction étant loin d’avoir achevé son travail, et seule “La grande didactique étant disponible en librairie ), “adresse aux Lumières de l’Europe, hommes savants, pieux, éminents” , nous pouvons lire :“…demeurent les confusions liées à la vie du monde, comme toujours…4 - Qu’est-ce qui nous empêche donc de tenter de savoir si vraiment des énormités aussi diverses, aussi absurdes, aussi funestes, peuvent en général être corrigées par quelque moyen et enfin, à la fin des fins, enlevées un jour ou l’autre du genre humain, de façon universelle et définitive…6) …ce qui vient à la compréhension … et du désir que nous avons de cet amendement.Le problème est de parvenir soi-même et de guider en même tempsautrui, en toute discrétion, sans se sous-estimer ni se surestimer, à l’accomplissement de cette tâche En effet, quand un être humain est parvenu à se rapprocher du but ici entrevu, il s’intègre logiquement à une chaîne de la libération, où chacun est non seulement tenu, mais ne peut faire autrement, poussé par un grandissant sens de sa responsabilité vis à vis de la manifestation universelle, que d’apporter sa contributionau “grand œuvre alchimique” de rétablissement de notre domaine de vie par une élévation de niveau de conscience. Ainsi ce n’est que si nous nous élevons au-dessus de ce monde, en ne luiappartenant plus, que son ordre originel pourra être rétabli, puisque l’ordre espace-temps ne fut créé que pour pallier à la situation créée par la catastrophe évoquée plus haut.Il s’agit donc de modifier notre attitude face à ce monde, de nous en détacher, de le vaincre, de la façon la plus radicale qui soit, en ne le désirant plus, en plaçant notre aspiration dans la réalisation de cet état d’être qui nous permettra de quitter ces ternes champs de la mort et de réintégrer les domaines de l’humanité véritable. Il n’est donc pas question delutter contre ce monde, ni de prendre parti pour tel ou tel système d’organisation de celui-ci, non, comme disent les

soufis “il est temps de quitter ce monde”, ou dans la Bible : “levez-vous, partons d’ici”. Cela a l’air très simple, en effet. Mais notre sang, notre êtretout entier, du plus dense au plus subtil, comme notre champ devie actuel, est tellement imprégné de l’esprit de la lutte pourla vie et de l’auto-conservation qu’il va falloir procéder à lafoi avec grande prudence et en même temps de façon très radicale en ce qui concerne ce pour quoi nous pouvons avoir prise, à commencer par nous même, pour ne pas tomber dans l’imitation et dans l’artifice. Il est vrai que cela est probablement parfois inévitable quand le changement de notre nature n’est pas encore suffisamment avancé, mais nous devrons développer le discernement nécessaire et le dynamisme qui nous permettrons de surmonter les obstacles. Nous possédons, il est vrai, cette petite voix, ce libre-arbitre dont nous avons fait un usage si funeste, mais il s’agit de développer la capacité d’écoute, de conscience et de responsabilité, suivant le principe qui reviendra encore à plusieurs reprises “Savoir, Oser, Vouloir, Agir.”Nous voyons que nous nous trouvons placés devant une tâche ardue. Comment faire donc, quel combat mener, sans lutte ni héroïsme. Comment la foi suffisante, nos possibilités latentes,non encore manifestées et la maturité d’âme capable de déceler,de discerner en nous-mêmes et autour de nous pourront-elles se développer. Il va bien falloir apprendre, non seulement à écouter la petite voix intérieure, mais aussi à lui être fidèle, car si nous lui obéissons, elle nous servira de compas infaillible.

Quel est l’état actuel, selon ma propre expérience “sur le terrain”, des problèmes dans le domaine éducatif, attribuant à ce terme un sens beaucoup plus vaste que celui couramment entendu.

Recherche et éducation, notre responsabilité :

- L’époque actuelle est caractérisée par une intense recherche.

Ce travail sur soi, cette prise de conscience, cette aspiration à la réalisation en soi-même et par soi-même d’un état-d’être, d’une conscience radicalement différente de cette conscience-moi qu’on accepte si facilement par ignorance

d’autre chose, sont les préalables par lesquels tout éducateur digne de ce nom doit passer.

Il est beaucoup plus difficile et procède d’un esprit bienplus libre et avancé de travailler et de faire travailler l’effacement et l’expropriation de soi plutôt que l’affirmationde soi. Même lié à la culture de la bonté, il s’agit là d’une propriété à peine cultivée de l’animal en nous.

Déjà, dans l’antique sagesse chinoise, on peut trouver :

“Celui qui se vainc lui-même est plus fort que celui qui prend une ville” (6)

La violence est toujours le fait de l’homme non-libre, quin’a pas reconnu sa faiblesse. Ainsi celui qui n’a pas observé ses tensions et son conflit intérieur fondamental ne peut devenir conscient de la nécessité d’un processus éducatif qui lui permettrait de vivre “autre chose”, sur d’autres bases.

En quoi consiste-t-il? Quelles valeurs doivent-elles être remises à l’honneur ?Nous devons avant tout nous libérer, nous détacher, en parfaite présence, de toute forme d’éducation conditionnante. Sans cela nous retomberons dans les mêmes travers, producteurs de tensions, de violences, de conflits et de guerres.

Parallèlement, constatons qu’il existe deux tendances dansl’éducation, dont l’une englobe l’autre. Restons cependant conscients qu’il n’y a pas là dualité, mais passage progressif d’un état de conscience dans l’autre Nous distinguerons donc, pour les besoins de la recherche, la voie dure, qui ne peut s’effectuer que sous un certain degré de contrainte, car elle ne recouvre qu’une partie de la réalité humaine. Elle correspond à un certain type d’homme, qui tend lentement à disparaître au cours de l’histoire. C’est l’homme de la masse, grégaire, victime d’autorités ignorantes et par là-même des puissances de ce monde.

Et puis la voie libératrice, qui tend, elle, par une réelle connaissance de soi, du monde et de la vie et de leur signification profonde, à un devenir véritablement humain . Cette éducation peut, doit devenir, être l’affaire de tous. Elle est par nature hostile à toute contrainte, sans exclure

l’usage de règles “naturelles”, se doit de faciliter l’approchedu jeune dans le contexte social, mais exclusivement dans le sens où le groupe “société” redevient ce qu’il n’aurait jamais du cesser d’être, cad un cosmos vivant de pont vers l’état humain-divin.Elle doit impliquer en en une libre collaboration,parents et éducateurs, dès la naissance des enfants et même avant. Les jeunes, eux aussi, à partir du moment où ils deviennent capables d’assumer positivement des responsabilités peuvent et doivent amenés à soutenir et à collaborer à cette révolution des mentalités. Dans ce processus éducatif s’instaure un échange où les protagonistes sont tous en perpétuelle situation d’apprentissage et de découverte, éducation de tous par tous..

L’éducation actuelle dans son ensemble n’a aucun sens, si ce n’est de dresser les jeunes à s’intégrer dans une société dont les principes fondamentaux ne sont pas l’épanouissement dans unsens supérieur, mais bien plutôt la rentabilité, le perfectionnement, le progrès dans l’exploitation de la terre, de l’univers et donc aussi immanquablement de nos frères et sœurs humains. Il serait donc bon que dès l’âge de six ans (et même avant, le mieux serait même avant la naissance), les parents soient sensibilisés et deviennent, s’ils ne le sont déjà, conscients d’éléments souvent négligés ou à l’arrière plan de la conscience. Le meilleur, qu’ils cherchent tous à apporter à leurs enfants, réside non seulement en des connaissances de bases de l’ordre d’une assise sociale, car cela est bien nécessaire, mais surtout, responsables qu’ils sont de cette jeune vie, en une orientation toute nouvelle. Il s’agit pour les parents, petit à petit conscients du sens de leur vie ou du moins qui cherchent consciemment à le découvrir,de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour précéder les jeunes sur le sentier de l’éveil et de la maturité de conscience, afin de leur en rendre l’accès plus facile.

L’humanité en est actuellement à une phase de développement où l’autonomie d’une véritable pensée libre doit se développer chez tous, en parfaite liberté. La construction d’une pensée libre en est à ses balbutiements chez un nombre croissant d’individus.

La responsabilité des parents, des éducateurs, et des jeunes qui commencent à comprendre ces choses est ici immense.

En effet tous peuvent et doivent collaborer harmonieusement à ce processus éducatif.

Discernement, et connaissance - Poésie, théâtre et histoire. :

Là où il serait bon de faire preuve de plus de discernement, c’est quand on sépare les facultés de la tête de celle du cœur et des mains, le domaine de l’intuition et de laréalisation de celui de la raison. Il n’y a dans l’intuition rien d’irrationnel ni d’inexplicable, et donc une éducation de la véritable intuition doit être possible. Tout cela est connu et rabâché depuis de nombreuses années, mais est-ce vraiment appliqué? Nous disons : Non ! Tout reste à faire !

Rappelons que la science moderne a pu mettre en évidence que, d’une certaine façon, une cellule était consciente de l’univers entier. Pourquoi ne le deviendrions-nous pas?

La connaissance véritable n’a rien à voir avec un quelconque savoir intellectuel. Celui-ci en est un aspect parcellaire. En ce sens, elle est intemporelle : on retrouve dans l’histoire, de l’intérieur d’abord, puis manifestées dans des textes identifiables, des traces de cette connaissance. Cela pourrait donner un tout autre sens à la pédagogie de l’histoire, à l’histoire de la pédagogie, et donc à l’histoire tout court, car qu’est-ce que l’histoire si ce n’est celle du progrès humain et donc de l’éducation. Encore faut-il s’entendre ici sur la notion de progrès. Le progrès ne se manifeste certainement pas en termes de produit national brut ou de moyens technologiques, mêmes si ceux-ci peuvent se révéler utiles, à condition de ne pas avoir de désastreuses conséquences pour la planète. Non, l’évolution de l’humanité semesurerait plutôt, à notre avis, au pourcentage d’hommes psycho-spirituellement mûrs, ou en chemin vers cette réalisation intérieure consciente.

L’approche historique est un élément de l’approche universelle. Cependant, si l’on accepte la place de cette approche (que nous appellerions “transdisciplinaire” dans le langage moderne) dans le contexte du projet libérateur de Comenius et de ses amis, la perspective devient très

intéressante. L’étude des documents n’est pas ici à remettre enquestion. Mais l’intérêt de l’étude et de la recherche historique ne se situe plus alors dans la description événementielle, ni dans l’interprétation, rarement libre de présupposés idéologiques. L’apprentissage de l’histoire devientréflexion sur les conditions favorables à l’éveil de l’homme età sa maturation psychospirituelle, et sur les réactions de l’humanité aux impulsions libératrices. Celui qui étudie les textes cherche à alors à comprendre de l’intérieur les causes et les conséquences de l’apparition des civilisations gnostiques, et celles des difficultés provoquées par les sociétés basées sur la tyrannie, qui prend de nos jours la forme du conditionnement.

Le vrai pédagogue pourrait aussi avec profit être un poète

et un homme de théâtre. Comenius a utilisé le théâtre à des fins pédagogiques. La poésie, la vraie, implique un effort d’élévation, une aspiration à un état de vie parfait, ou l’expression d’une réalisation de cet ordre. Elle peut aussi inciter à cette réalisation. Or l’éducation est au fond (ou doit redevenir) l’apprentissage et la reconnaissance intérieured’un tout nouvel état de conscience, état dont la présouvenanceexiste encore de façon très vivace chez le jeune enfant (jusqu’à l’âge de quatre ou cinq ans l’immortalité est pour le jeune une évidence et la mort une absurdité). La poésie et le théâtre peuvent être de vivants moyens de préserver cette ressouvenance, de la dynamiser et d’exprimer les conclusions expérimentales de chacun sur son chemin de découverte de lui-même, du monde et de la vie.

Un grand réalisme est cependant ici nécessaire. Le poète doit être celui qui réalise et non celui qui rêve ou “poétise”.Sa poésie doit être celle d’un individu au moins en chemin versla perfection. L’acte est ici fondamental, le comportement doittémoigner d’un état d’être constamment remis en question, sinonle danger guette, celui de se perdre dans les nuages et de passer à côté de la véritable réalisation intérieure.

Nous voyons donc s’esquisser petit à petit l’intérêt essentiel de cette recherche. Il est un fait certain que l’on peut parvenir à cette connaissance de façon parfaitement indépendante et qu’il ne s’agit en aucune façon de rechercher

des autorités sur lesquelles s’appuyer pour répandre un messageou une idée.

Il s’agit tout d’abord d’arriver à favoriser, à permettre la liaison avec la source intérieure de toute connaissance. Et toute éducation digne de ce nom se doit de faciliter, de préserver cette possibilité. En fait c’est cela qui lui confèreun sens. Quand on en est arrivé là, on n’a pas besoin d’apprendre pour savoir, et il est possible de saisir le fil d’or des siècles qui permet de reconnaître à coup sûr, puis de vérifier de façon objective à partir de textes l’inspiration libératrice de tel ou tel travailleur.

L’intérêt de faire surgir à la conscience contemporaine, de faire connaître à notre temps les travailleurs spirituels dupassé réside en ce qu’il est là démontré la continuité d’un message.

Orientation : rentabilité ou élévation de la conscience ?

- De nos jours des équipes de recherche existent bien au niveau de l’enseignement supérieur. Mais le problème est devenuplus subtil. La plupart du temps, l’objectif d’associations interrégionales ou internationales est de s’atteler à des problèmes d’ordre scientifique, afin de faire des “découvertes”, qui pourront trouver une application pour nous rendre la vie plus facile, ou qui nous rapprocheront de la compréhension des “secrets” de la nature de ce monde.

Or, sur le plan de l’orientation pédagogique, à tous les niveaux, ce sont toujours des “politiques” ou des économistes, qui, avec les meilleures intentions du monde et malheureusementpar ignorance, dans un esprit “laïque” mal compris, qui déterminent de fait les objectifs, les intégrant donc presque nécessairement dans un cadre socio-économique bien étroit et caractérisé par l’ignorance des lois et du sens de ce monde.

Nous devons ici faire une parenthèse sur le problème de lalaïcité. Il existe encore malheureusement de nos jours un esprit d’inquisition, né de la peur dont jouent ceux qui tirentles ficelles, qui permet de suspecter, dans le cadre pédagogique, philosophique, thérapeutique ou autre, tout ce quis’écarte de la norme, tout ce qui, de près ou de loin relève de la philosophie en tant que travail sur soi, de ce qui pourrait évoquer la spiritualité ou l’orientation libératrice (cf.; “L’Etat Inquisiteur” J. Labruyère) (8) . Cela, au fond,

n’est qu’une réaction de peur bien naturelle de l’instinct de conservation pathologique ambiant. La laïcité bien conçue, en tout cas à partir de l’âge de douze ou quatorze ans, devrait être basée sur le principe de liberté. Or ceci implique libertéd’information et de choix. La libre information sur l’histoire des idées se retrouve bloquée par des préjugés regrettables. Etl’enseignement des diverses traditions philosophiques et spirituelles qui donnent un sens au monde devrait pouvoir être faite et même imprégner toutes les matières qui s’y prêtent.

A ce sujet, il est peut-être intéressant de citer cet article, tiré de la revue “Rencontre” (9) , même si je ne partage pas les vues idéologiques implicites de son auteur :“La laïcité républicaine, valeur fondamentale de la vie collective en France est aujourd’hui insidieusement remise en cause, attaquée, menacée de nombreux côtés par des fanatismes de toutes sortes, et diverses formes d’intégrismes lesquels sourdent du racisme, de l’antisémitisme, du sectarisme …Certes, nous n’en sommes pas encore aux attentats des intégristes islamiques, Juifs, Palestiniens, Iraniens, Irlandais (catholiques et protestants, donc soi-disant chrétiens, NDA) , etc… , sans parler de tout ce qui fonctionne sur le schéma : nous sommes et possédons la vérité, et vous devez penser, agir, et vivre comme nous, que l’on retrouve aussi bien dans les partis de gauche que de droite, pensée qui cherche à devenir unique. Mais peut-être nous faut-il devenir plus vigilants; L’homme étant ce qu’il est, on peut s’attendre à tout de lui, même d’apparemment “bons pères de famille” à qui“on donnerait le bon dieu sans confession”.(…)Le mot intégrisme, rappelons le, semble être apparu en Espagneen 1870, pour désigner un parti politique qui voulait restaurerl’intégrité des traditions catholiques, et rétablir la soumission de l’état à l’église, (…)Le pape Léon XIII tentera par tous les moyens de contrecarrer tous les mouvements libérateurs de la pensée, qui déstabilisent l’édifice romain. Il instaure alors une stricte discipline de pensée dogmatique contraignante qu’il veut voir appliquer à tous les besoins de la société, s’insinuant aussi dans la vie privée des individus,en fixant des règles de vie et des interdits, brandissant devant eux les affres de l’enfer s’ils venaient à y désobéir.Et même si, avec le temps, il y a eu quelques aménagements iciet là, ce “diktat intellectuel” est encore appliqué dans la

tête de certains. …libre à eux! Au nom de la plus stricte laïcité, charbonnier est maître chez lui ! Mais il est inconcevable qu’il puisse gérer, ou tenter de gérer, une société toute entière !Or, voici que nous voyons surgir, dans nos hôpitaux, nos sallesde spectacles, (nos écoles, nos lycées,…NDA) et jusqu’à l’Assemblée Nationale, des groupes d’inquisiteurs moyenâgeux derrière bannière et crucifix. Voici qu’à nouveau, nous entendons des imprécations lancées du haut de chaires et de podiums …et voici des projets de lois rétrogrades présentés à l’approbation de nos députés.Dans leurs circonscriptions, nos élus sont souvent pris à parti(ou manipulés, c’est selon) par des hordes bien pensantes (de droite comme de gauche , de toutes confessions et de toutes tendances…NDA) , ayant une sainte horreur de pas mal de choses (et surtout de leur corps ! ), l’I.V.G., le préservatif, la mixité, …etc…etc… Toutes œuvres diaboliques…Mais jamais on ne les voit s’enflammer tout autant pour les SDF, la misère, le chômage, la drogue, etc… la libération de lapensée et l’autonomie de l’homme …etc NDA …etc … “Nous sommes à un tournant de l’histoire de l’humanité… Mais l’histoire de l’humanité en est toujours plus ou moins à un “tournant”. En tout cas, si ce n’est encore le cas, et si nous devons mériter le nom d’homme que nous nous attribuons si généreusement, nous devons remettre la Haute Raison du Cœur, qui est largement plus que l’intellect, “au programme”, car nous souscrivons aux paroles d’Edgar Morin : “L’homme est un animal non seulement insuffisant en raison mais aussi doué en déraison.” (10)Et nous le proclamons hautement : si nous ne constituons pas dans les plus brefs délais notre pensée autonome, libre et psycho-spirituellement mûre, nous aurons raté notre vocation humaine, en cette vie en tout cas. Et c’est toujours, comme chacun aura pu l’expérimenter dans sa vie personnelle, ici, maintenant, dans cette vie, que “cela” se passe!Ce qui donne un sens, la racine même de la signification et du but de notre monde devront être à la base, à l’arrière plan de toute la vie sur cette planète (et d’ailleurs dans l’univers entier), dans un avenir plus ou moins proche. Car à quoi sert une éducation si elle ne donne pas un sens à la vie. A quoi sert la vie si elle ne s’accorde pas au sens qui est le cœur même de sa manifestation. L’orientation générale de l’éducation

est primordiale et devrait donc pouvoir librement être déterminée par des hommes et des femmes qui ont compris ce senset connaissent par expérience personnelle les problèmes du chemin libérateur, ou en tout cas y aspirent de tout leur être.

Le principe qui devrait ici être de rigueur est le suivant: la plus grande unité dans la plus grande liberté. Par unité, il ne faut pas ici entendre ce qui malheureusement existe de nos jours. Ce autour de quoi on essaie d’instaurer une unité est en effet d’avance voué à l’échec. Puisqu’il n’y a là aucunevaleur stable, aucun principe essentiel, il est normal que l’onne puisse construire quelque chose de solide. Cette orientationdevra librement imprégner toute la vie individuelle, familiale,collective.

En effet, en général, que se passe-t-il ? Nous avons déjà vu que le principe de rentabilité et d’exploitation est la plupart du temps à la base de l’unité que l’on tente de réaliser. Et l’on s’ingénie maintenant à mondialiser le problème. Les rivalités régionales et nationales peuvent être un obstacle à la rationalisation de l’exploitation des ressources, la nature humaine tendant, quand elle n’a pas appris (et nous verrons que nous donnons aux mots apprentissageet apprendre un sens beaucoup plus vaste et plus profond que celui qu’on lui attribue ordinairement) le sens de sa vocation , à vouloir accaparer pour soi, pour sa famille, son groupe ou son pays, ce qui fait que les intérêts locaux rentrent souvent en conflit les uns avec les autres.

Nous disions plus haut que le problème devenait plus subtil. On pourrait facilement souscrire à une mondialisation de l’économie et de la culture si l’on n’en voyait pas l’arrière-plan. Ces choses sont connues et de nombreux chercheurs en font état. Mais le problème est : qu’en faisons-nous? L’inertie ne nous pousse-t-elle pas trop facilement à accepter des compromis avec l’état animal-humain, à considérer la lutte pour la vie comme un phénomène parfaitement acceptablepour l’homme. Il devrait pourtant consacrer son énergie à de plus nobles buts et à la réalisation de perspectives qui lui sont bien plus proches qu’il ne l’imagine. Mais tant que l’orientation générale ne change pas, et nous savons que, Dieu soit loué, ce processus de mutation est en marche, il est plus difficile de faciliter la pratique d’une vie de conscience plusélevée par : le détachement des choses de ce mondes, la

limitation des besoins matériels au minimum biologique, éléments du chemin que tout homme est appelé à parcourir.

L’erreur se situe ici sur le plan fondamental. On fixera bientôt ouvertement, si ce n’est déjà fait, des objectifs socio-économiques mondiaux, sans changer de fond en comble la nature humaine. On veut donc créer une unité artificielle extérieure, sans s’attaquer à la racine même du problème, racine qui ne peut être arrachée que par l’individu lui-même. Ceci est le problème alchimique par excellence. Et il requiert une toute nouvelle façon d’aborder l’éducation, de même la vie individuelle, familiale et sociale. Il se pose aussi bien au niveau individuel qu’au niveau universel. L’unité intérieure, comme l’unité universelle, ne peuvent être fondés sur le monde tel que nous le percevons, qu’il s’agisse de l’aspect visible ou invisible, perçu par certains. L’erreur provient de ce que nous croyons trouver le but de la vie dans ce que nos sens actuels nous montrent. C’est le vieux mythe du Paradis sur terre, l’espérance qu’en changeant l’homme et le monde sur la base de notre conscience actuelle, conscience centripète, conscience du moi, nous allons réaliser et accomplir notre vocation. Or notre conscience actuelle, nous l’observons bien tous les jours, nous colle à la peau. Certains parmi nous sont bien conscients de l’erreur du “moi”, ils n’en veulent plus. Pourquoi? C’est qu’à l’arrière-plan de leur conscience commenceà naître quelque chose de tout-autre.

Si la conscience du moi a été nécessaire pour la constitution d’un embryon de penser individuel, la réalisation d’une pensée vraiment autonome nécessite un changement radical,une révolution intérieure absolue. L’orientation, de centripètequ’elle était, doit devenir centrifuge. Nous devons comprendre la nécessité inéluctable, pour devenir des êtres humains dignesde ce nom (ce qui est ou devrait redevenir le but de toute éducation véritable), de travailler pour la manifestation universelle, en commençant par un service impersonnel à notre entourage (et c’est uniquement là, rappelons-le à part les impératifs de survie, que réside l’intérêt pédagogique de la vie socioprofessionnelle).

N’hésitons pas à nous répéter, car il y a là quelque choseque l’homme à un mal infini à réellement intégrer et comprendre: ne perdons pas de vue, (cela conditionne toute l’orientation de notre travail) que le but n’est pas le monde que nous percevons, même si celui-ci a un rôle important à jouer. Nous

devons collaborer à la compréhension, par expérience personnelle, du monde en tant que “maison de transit”, vaste école qui a une leçon à nous apprendre. La réalisation de la maturité psychospirituelle ne trouvera en effet son couronnement que dans un ordre de nature complètement différent. Pour paradoxal que cela puisse paraître, cet ordre de nature, dans certaines conditions, peut être appréhendé ici et maintenant.

La plupart des parents, qui devraient être considérés, et surtout se considérer eux-mêmes, comme des éducateurs à part entière, même si leur rôle est quelque peu différent de l’éducateur “professionnel”, sont en général maintenus, par un système de conditionnements complexes dont il leur est difficile de se libérer, dans l’ignorance et l’illusion concernant le Sens, donc le But et surtout la Réalisation de laVie. Pourquoi? Pour la pure et simple raison, soit qu’ils en sont rarement conscients et donc bien entendu ne peuvent être convaincus de l’urgence et de la nécessité de s’en libérer, soit qu’ils considèrent ce conditionnement comme “naturel” , cequi est un comble, ou “culturel” , ce qui est donner un sens bien limitatif à la culture. L’énergie est habituellement dirigée presque exclusivement sur le plan horizontal des choses, celui de la survie, vers la rentabilité et la consommation, et les valeurs révolutionnaires qui permettraientà l’homme d’entrevoir une issue libératrice sont noyées dans l’agitation et la peur, élevées au rang de vertus, ou au moins acceptées comme faisant partie de la “nature humaine”.

Et cela continue, de génération en génération en génération. Quelques éducateurs prennent conscience de ces choses. Mais, soit ils ne croient pas à la possibilité de rétablir une orientation positive et en harmonie avec le but fondamental de la Vie., et baissent les bras devant un système écrasant et stérilisant, soit ils font figure d’utopistes, de doux rêveurs, et quand ils veulent s’attaquer au problème en eux-mêmes, donc que cette connaissance d’eux-mêmes et du monde rejaillit sur leur enseignement, ils sont regardés de travers ou récupérés, sinon persécutés.

Et les jeunes, sauf rares exceptions, suivent les rails qui leur ont été tracés par leurs aînés.

Comment faire : formation des parents, des futurs parents et des maîtres :

- Comment se libérer de ce cycle infernal? Où faire porterl’effort?

Un nombre croissant d’hommes et de femmes doivent tout d’abord devenir conscients de ces choses, et se décider ensuite à les appliquer dans leur vie quotidienne. Ceci rejaillira à plus ou moins long terme, et le plus tôt sera le mieux, dans tous les aspects de la vie du groupe humain. Rappelons encore que l’objectif n’est pas une lutte politico-sociale pour la réalisation d’un “royaume terrestre”, car l’instauration d’un pseudo-paradis terrestre, prison dorée, necorrespond pas au sens, ni à la nature, de notre monde.

Ainsi pourra se développer, telle une tache d’huile, au niveau individuel, familial, local, régional, inter-régional, national, international, et universel, une toute nouvelle orientation, conséquence du travail intérieur des plus conscients d’entre nous, qui démontreront entre autres une serviabilité et un don total d’eux-mêmes au service de tous.

Et, par bonheur, nous pouvons observer que les forces libératrices actuellement à l’œuvre en ce monde poussent à ce type de travail. Ce qui fait que de plus en plus comprennent : ils sont constamment renvoyés à eux-mêmes. Ils sont donc mûrs pour collaborer à l’orientation vers un réel devenir humain et vers une compréhension positive du monde et de la vie. Même s’ils sont peu nombreux, de plus en plus de parents ont des exigences convergentes pour leurs enfants. Ils accepteront de plus en plus difficilement que l’étincelle, le germe d’une vie qu’ils pressentent soit étouffé par une éducation trop normative, destructrice en ce qui concerne l’essentiel.

L’effort doit porter sur les futurs parents. Comment ? Leséducateurs de l’enseignement supérieur et de fin de cycle secondaire ne doivent pas seulement expliquer les phénomènes vitaux, mais leur sens. La venue d’un enfant dans le monde doitêtre clairement montrée comme une chance, pour cet homme ou cette femme, de devenir en vérité libre. La nécessité d’attendre de posséder une maturité, une responsabilité suffisante pour collaborer à la naissance, à la croissance, à la maturité de cet être doit être soulignée (en principe tout devrait être fait pour qu’une naissance ne survienne pas avant

que les deux parents n’aient au moins 28 ans, âge où, si tout se passe bien, il serait possible que les véhicules humains de base soient formés). De même la responsabilité de l’auto-préparation à cette venue doit être nettement pointée : les deux parents doivent être conscients de ce qu’ils devront assumer celle-ci sans compter sur qui que ce soit, tout en laissant la possibilité d’obtenir, conseil, guide et assistance, si cela se révélait nécessaire, auprès de ceux qui sont plus avancés qu’eux sur le chemin de la Vie.

A propos de la préparation à la tâche de parent, précisons que nous sommes tous parents, dans la mesure ou nous sommes tous co-responsables, par nos pensées, nos émotions, notre comportement, de l’éducation (e-ducere : guider hors de ce monde provisoire, non pas par autodestruction, ni départ dans une partie quelconque de notre univers spatio-temporel, mais enéchappant structurellement, en cette vie même, à la spatio-temporalité)Elle doit donc commencer le plus tôt possible, et ceci dans le sens ici esquissé.

Toutes les perspectives affectives et socio-économiques bien souvent à l’arrière plan de la naissance sont ici à examiner avec la plus grande prudence. Cet évènement doit retrouver son caractère sacré Ce qui implique que les notionsde respect de la vie, de responsabilité et d’autonomie doivent retrouver le premier plan, cela non pas seulement de façon théorique, mais dans tous les aspects de la vie de tous. De plus, aucune occasion ne devra être perdue, par exemple au cours de lectures ou d’explications de porter l’accent sur la merveille qu’est la vie. Il faudra montrer comment un être, qu’il s’agisse d’une pierre, d’un végétal, d’un animal, ou d’unêtre humain, se développe en harmonie avec sa nature propre s’il est placé dans des conditions qui y sont favorables. Le sens de la vie, de la naissance à l’épanouissement, devra être souligné dans son ensemble. Le maître ou la maîtresse devront donc déjà avoir une recherche personnelle avancée en la matière, et donc avoir reçu ce type d’éducation ou l’avoir acquis par eux-mêmes. Ceci montre bien, soit dit en passant, et nous y reviendrons brièvement, que la formation initiale desmaîtres doit au moins durer jusqu’à 28 ans. Les maîtres qui deviennent conscients de la nécessité de cette orientation, au

cours de leur travail pédagogique, devront faire un effort supplémentaire pour redresser la Barre, car nous ne nous libérons pas si facilement d’un système qui nous a broyés si longtemps. Mais “le temps ne fait rien à l’affaire”, si l’orientation conséquente tend à être maintenue de façon constante.

Et dans cette tâche qui doit être accompagnée dès avant lanaissance, parents et éducateurs doivent réellement collaborer.On assiste malheureusement, enseignants et parents conscients le savent bien, à une incompréhension mutuelle qui trouve sa source évidente dans l’ignorance relative des deux parties. Oui, parents et éducateurs doivent réellement travailler ensemble. Comme nous le disions plus haut, les tâches de parentet d’éducateur doit être revalorisées. Dans l’état actuel des choses, par quoi commencer ?

VI) Formation et ouverture. Les piliers de l’éducation :

- Dans une ville, il y a des écoles maternelles, primaires, secondaires, et parfois des Universités. Il est bienévident que le travail de sensibilisation des parents, surtout dans les villes ou la population est le plus en difficulté, doit commencer le plus tôt possible. Mais ne nous y trompons pas, le niveau de conscience n’est pas forcément plus élevé à Neuilly qu’à Goussainville, même si en moyenne le niveau culturel l’est. Et il est quelquefois plus difficile et plus subtil de comprendre qu’une idéologie très performante dans le domaine socioprofessionnel peut être catastrophique sur le planpédagogique. Une façon de penser qui soutient et entretient un nombre de plus en plus important de foyers de guerre dans le monde, du fait des valeurs érigées au rang de vertus telles quela compétitivité et la lutte pour la vie, est terriblement destructrice pour l’éducation. Celle-ci doit viser à une nouvelle civilisation où les quatre piliers de base seront la non-violence, l’harmonie dans toutes les extériorisations, l’orientation parfaite vers l’auto-réalisation, autolibération de l’essentiel en l’homme, et l’unité véritable sur la base deces choses, pour tous ceux qui accepteront consciemment cette Révolution intérieure non-violente. Une éducation sérieuse doit soutenir cette orientation, sinon elle n’est pas digne de ce nom.

Les plus jeunes enfants sont plus près des notions d’absolu et de liberté. Il faut donc veiller à ce que, dès la maternelle, l’ouverture aux choses essentielles de la vie soit maintenue et entretenue par des contes, la musique, les activités créatrices, l’observation du monde guidée intelligemment par les éducateurs, et surtout que l’on n’endommage pas les si délicates fonctions du cerveau, du système nerveux, et des glandes à sécrétion interne, par un entraînement intellectuel trop précoce ; Certains préconisent une préparation à l’apprentissage de la lecture dès la crèche !Nous expliquerons plus loin en détail pourquoi il est d’une importance vitale que les apprentissages faisant intervenir un fonctionnement mental trop structuré n’ait pas lieu avant 5/6, 7 ans, si ce n’est sur le mode ludique. Ici se pose immédiatement le problème de la formation. Il faut être lucide. La société et son cortège d’impératifs” économiques ne se laisseront pas faire. Les bouleversements qu’implique une telle conception révolutionnaire de l’éducationne se feront pas sans mal. Il est question ici de balayer des préjugés millénaires qu’au cours des siècles bien peu d’hommes ont réussis à surmonter.

Ce qui compte c’est, dans un premier temps, qu’un maximum de formateurs et d’étudiants soient tellement sensibilisés à ces choses qu’ils en viennent à les considérer comme si essentielles qu’ils n’hésitent pas à les mettre en pratique contre vents et marées. Car ce n’est que par la base, ce n’est que si un nombre croissant d’individus se met réellement au travail alchimique sur lui-même, même s’il ne lui donne pas de satisfaction en ce monde, que les objectifs de l’éducation pourront être changés. Et alors on pourra espérer que la compréhension du monde et de la vie en tant qu’ordre de secourspourra à nouveau se répandre et être acceptée. Répétons le, ceschoses ne pourront être prises en main par un nombre suffisamment important d’éducateurs, de jeunes, de parents, quesi le caractère d’urgence en est reconnu.

Et pour que les orientations libératrices de cette nouvelle façon d’aborder l’éducation puissent trouver leur application dans les faits, il est indispensable qu’elles soient acceptées et donc reconnues comme fondamentales, une question de vie ou de mort.

Et c’est bien de cela qu’il s’agit, d’accomplir ou non, aucours de cette vie, de réaliser ou non en nous, ce pour quoi nous vivons. Sinon, notre vie n’a aucun sens, et c’est une mortlente. De plus, il suffit d’ouvrir un peu les yeux pour constater que les valeurs de rentabilité, de compétitivité, quin’ont d’autre sens que celui, animal, de profiter au maximum des ressources de la planète, déjà bien abîmée : le cri d’alarme est déjà poussé depuis longtemps, mais les intérêts financiers et de pouvoir sont tellement forts qu’il est déjà très difficile de faire entendre raison. L’exaltation du moi etdu groupe auquel on appartient, même si ce groupe est celui de la population terrestre, manifeste l’emprise d’un énorme ego, àl’échelle terrestre, et même plus. Ces valeurs mènent l’homme àl’abîme, sans parler des violences endémiques et des guerres, des comportements déviants, presque considérés comme “normaux”,à moins de passer pour un vieux réactionnaire rétrograde etc...Mais n’est-il pas évident que le retardataire en la matière estcelui qui accepte le retour à l’animalité de ses “congénères» !Quand vous voyez quelqu’un se noyer, vous ne dites pas : c’est normal, vous lui tendez une perche ! Quand vous voyez quelqu’unpatauger dans l’obscurité la plus noire, les tensions les plus effarantes, soit vous le laissez, car vous ne pouvez rien, soitvous allez vers lui avec le peu de lumière qui reste en vous, mais vous ne dites pas, c’est normal !

Tout cela n’est pas nouveau, et correspond à une fin de civilisation. Le problème est que ce cancer s’étend à la planète entière, et qu’il passe donc beaucoup plus facilement pour “normal”...

Ce que peut faire l’éducateur n’est évident au début que pour l’éducateur, et le résultat en est un travail sur soi-même, mis au service de tous. Et si l’on considère que l’alchimie consiste d’abord en ce travail de connaissance de soi, puis de maîtrise de soi et de victoire sur soi, alors on peut affirmer que tout éducateur sérieux est par nature un alchimiste, car comment orienter, guider les jeunes qui lui sont confiés s’il ne vit pas le travail intérieur qui lui permet, à lui aussi, d’avancer sur le chemin du devenir humain.Les éducateurs sérieux doivent donc constituer comme un groupe ouvert d’hommes et de femmes qui savent vraiment ce qu’ils fontet pourquoi ils le font.

Que font-ils ? Leur tâche est, en collaboration avec les parents et les jeunes plus mûrs qui ont compris les objectifs et travaillent activement à les réaliser, de guider les jeunes dans quatre directions principales : le devenir humain, la biosophie ou compréhension du monde et de la vie dans toute sa sagesse, la faculté de s’exprimer, et les “connaissances à usage socio professionnel”. La première est le devenir humain véritable. Cette première orientation part du présupposé que l’homme dans son état actuel n’est pas achevé, accompli, qu’il est en chemin vers cet accomplissement, ce qui fonde d’ailleursle projet éducatif. Le jeune comprendra facilement cela car il est lui-même, dans le cadre de l’évolution “naturelle”, en perpétuelle transformation. L’objectif qui lui est habituellement proposé est celui de devenir un “adulte”, capable de subvenir à ses besoins, dans le cadre d’une société définie.

Il faut montrer aux jeunes, dès leur plus jeune âge, par des contes, des poèmes, du théâtre, etc... qu’il ne s’agit là que d’une étape, nécessaire mais insuffisante, que le but de savie est beaucoup plus noble et digne d’accomplissement. Il doitêtre amené progressivement à découvrir en lui-même et par lui-même l’essence de cette Humanité. Le but de la vie de tout individu parvenu à une conscience relativement libre est cette réalisation.

Car dès qu’un rayon de lumière luit dans notre obscurité, nous n’avons de cesse que ce rayon devienne un soleil rayonnant. A moins que nous ne cherchions à explorer et à exploiter cette lumière, auquel cas, c’est avec son reflet que nous travaillons, car la force motrice de l’univers, que certains appellent l’Amour, n’est pas pacifiste et ne se laissepas saisir par des mains non préparées et avides. Et si l’on cherche à utiliser cette force de façon égocentrique, et c’est ce que nous observons autour de nous avec les résultats catastrophiques que l’on peut facilement constater, qu’il s’agisse de l’ego du monde, avec ses multiples intermédiaires, ou du moi, cette puissante force continue à s’offrir, en sacrifice indicible. Toutefois à un taux vibratoire abaissé, afin que les expériences, négatives ou positives, aient finalement démontré à l’homme l’impasse dans laquelle il s’était lui-même fourvoyé, et la nécessité d’une éducation

absolument autre. Cependant les limites finissent par être atteintes, et nous sommes à un tel moment. C’est pourquoi il n’est pas besoin d’être grand prophète pour affirmer, sans aucun risque de se tromper, que la corruption et la tromperie ne pourront plus durer bien longtemps, car l’univers solaire etdonc aussi la terre s’auto-protègent. Il en sera bientôt de nous tous que nous devrons ou comprendre et agir en conséquence, ou être neutralisé, d’une façon ou d’une autre, mis “hors d’état de nuire”, mais cela par des moyens extrêmement pacifiques et pourtant imparables. Nous verrons alors qu’il existe encore bien d’autres puissances que celles de la police, de l’armée du canon, du bâton, et même de pouvoirs plus ou moins subtils utilisant les forces cosmiques de ce monde.

Et ceci nous amène à parler du problème de la “discipline”. La mentalité de “sale gamin” de l’homme, qui s’est démontrée au cours des siècles, accumule des dangers pourla nature, dont la fonction est entre autres de permettre une éducation Humaine. En un certain sens, on peut dire que cet “Amour”, de même que la Nature qui en est l’expression, ont leurs “exigences”. A l’échelle d’une vie, qui nous intéresse ici, et sur le plan pédagogique, le jeune, passé un certain âge, a besoin, quoique très temporairement (et là gît la difficulté) d’un référent, de règles, qui sont le plus souvent tellement évidentes, que si jusque là il a reçu la formation humaine convenable, il va parfois jusqu’à les proposer lui-même.

VII) Règles et exigences en éducation, homme-moi ou homme libre:

- Ce référent ne doit pas être “personnel” au départ. Les exigences relayées et vécues par les éducateurs doivent être celles du groupe des éducateurs, du groupe des parents et du groupe des jeunes. La communauté éducative doit être progressivement amenée à comprendre, à accepter et à intérioriser ces exigences de façon “personnelles” ensuite. La plus grande rigueur est d’abord, pour l’éducateur, à avoir sur lui-même. Simultanément, et dans les grandes unités pédagogiques, qui sont d’ailleurs appelées à disparaître, la plus grande rigueur devra être mise en œuvre par rapport à ces exigences.

Mais la “discipline” devra toujours être ici conçue comme un moyen de faire comprendre et intérioriser l’exigence sur soi.

Il n’existe pas d’humain plus humain qu’un autre, même si les conditions particulières d’existence les font apparemment diverger considérablement.

Ces exigences doivent être présentées comme “allant de soi”, elles ne doivent surtout pas être considérées comme un nouveau dogmatisme, comme un but impossible à atteindre. L’homme tel que nous le connaissons actuellement, avec sa conscience plus ou moins individualisée, n’est pas, ne peut pasêtre le but. Il suffit d’avoir ouvert un peu les yeux sur le monde actuel et de considérer l’histoire de l’humanité pour s’en apercevoir. Et le monde dans lequel nous vivons n’est pasnon plus une fin en soi. L’homme et le monde actuel ne sont donc que des moyens, même si ces moyens doivent être tenus en parfait état aussi longtemps qu’ils n’ont pas encore accompli la vocation pour laquelle ils ont été créés.

Or quelle est la vocation de l’homme et du monde ? Tous peuvent et doivent se rendre dignes de cette vocation ! Qu’est-ce que l’éducation énergétique, affective, et du penser autonome et véritable, ce que Platon appelait à juste titre dans “La République (11) “L’Education de l’Ame ? » Pour l’homme devenu conscient qui éprouve constamment le besoin de se dépasser, n’est-elle pas en effet le mode d’emploi opératif qui permet d’accomplir les modifications, allant jusqu’au biologique et au structurel. Et, tel le Phénix de ses cendres, elles feront surgir l’homme vrai, l’homme originel véritable, des ruines du moi, des cendres de celui qui aura alors éteint les dernières flammèches mourantes de sa volonté-moi.

L’homme-moi, tel que nous le connaissons, ne représente qu’un stade d’évolution. Il était nécessaire que nous acquerrions une conscience individualisée douée d’un embryon depensée. Pour la plus grande partie de l’humanité, ce stade a été atteint. Mais il faut maintenant passer à la réalisation del’alchimie de l’âme et à celle de l’esprit. Ces principes éducatifs furent connus, en cercles plus ou moins restreints, de tous les instructeurs de la période de l’humanité aryenne, qui prit son origine historique il y a une dizaine de milliers d’années en Amérique du sud, aux Indes et en Egypte, à la suitede catastrophes géologiques et telluriques qui mirent fin à la période précédente. Mais il est des moments dans l’histoire de

l’humanité où l’urgence de la situation commande de faire connaître ces choses, faisant soi-même tous ses efforts pour les réaliser en soi-même (ce qui est lui imposer des respects imbéciles ; il est trop facile de lui tendre toutes les trappesde l’imposture officielle et tous les pièges de l’hypocrisie sociale ; il est trop facile, sous camouflage d’autorité scolaire, à des hommes faibles de jouer au despote, à des hommes sans jugement de trancher des raisons, à des brouillons de fausser des valeurs, à des ineptes de contrarier des aptitudes, à des déçus de se venger, à des maniaques de se repaître. …”

Heureusement de plus en de pédagogues deviennent conscients de ces choses et pressentent qu’il devrait être possible de “faire autrement”, et même bien souvent le font, sans bien trop s’en rendre compte. D’autres (N.D.A. : j’en connais personnellement) se sentent impuissants et déprimés…

Le fatalisme et le misonéisme proviennent tous deux, pour une part non négligeable, d’une sensation d’impuissance, sensation qui pourrait disparaître si une issue positive se démontrait. Alors l’impossibilité de parvenir à l’ouverture nécessaire à une véritable révolution, (auto-révolution, et réaction en chaîne absolument non-violente bien entendu), en matière d’éducation, devrait progressivement céder la place dans les années à venir devant une réelle pratique et connaissance des lois qui président à la maturation psychobiospirituelle de l’homme. Toute spéculation en la matière devra donc s’évanouir devant la réalité d’être de ceux qui, jeunes actuellement parmi nous, peut-être même pas encore nés, seront parvenus, grâce à la mise en pratique de cette Nouvelle éducation, à la possibilité de la réalisation des objectifs proposés par l’Ecole.

Nous devons bien réaliser ici que, si de nombreuses écoles ont vu le jour depuis Comenius (Steiner, Decroly, Freinet, Montessori, Krisnamurti, etc, …), elles sont encore loin d’accomplir le but ici proposé, mais se contentent bien souventde reproduire un savoir qui ne rend pas plus sage. Ces écoles, qui présentaient à l’origine, quand elles étaient encore marginales, des aspects très encourageants, ont été amenées à vouloir s’étendre, et par là-même à plus ou moins “pactiser avec l’ennemi”. Ce qui arrive aussi parfois, c’est qu’elles

apportent des éléments pour un développement psychobiologique inadéquat et parfois même dangereux et très trompeur. En effet on assiste dans ces cas là à l’illusion d’un processus libérateur, n’ayant pas pour unique but la reconstitution de l’homme triple Esprit Ame et Nouveau Corps, mais l’expansion dela conscience dans le cadre de cette nature. Les Nouvelles écoles telles que nous seront amener à les concevoir devrons encore rester très longtemps marginales.

Bien sûr, quelques “progrès scientifiques”, dont nous ne nions pas l’utilité dans le monde dans lequel nous vivons, sontà porter au crédit de l’intellect et de la mémoire humaine. Mais ils correspondent la plupart du temps à une vision parcellaire de la raison et de la connaissance, et ne sont jamais des éléments “de première main”. Mais personne ne niera que l’état général du monde, est, en un certain sens, encore bien pire que celui qui existait du temps de Comenius, tout en offrant peut-être, paradoxalement, plus de possibilités libératrices pour ceux qui y aspirent. C’est pourquoi son introduction de la “Prière au Père des Lumières” ne surprendra personne :

“Voici, les ténèbres recouvrent la terre et l’obscurité les peuples.”

Et pourtant, si l’on décidait une bonne fois pour toutes de viser au devenir humain sur le long terme, sans oublier la nécessaire guérison et surtout la prévention, l’hygiène, qu’elle soit mentale, émotionnelle, comportementale ou physique, au lieu de pallier le chaos par des solutions dans lecadre étouffant d’un manège d’illusions, et tout cela sans se décourager si les résultats escomptés se font un peu ou même beaucoup attendre, alors cette obscurité reculerait certainement au même rythme que le découragement et l’impuissance qui accompagnent l’ignorance. l’Ecole “ordinaire”, bien souvent, organise de façon systématique l’uniformisation, et le broyage “militaire” de l’individu. Ecoutons encore une foi de plus Gilliard, qui a la chance encore, “à plus de 60 ans, de sentir les plus mûres, les plus méditées indignation de (sa ) vieillesse passionnément solidaires des instinctives révoltes de son enfance” :

“L’école ferme la bouche qui dirait, bravement, des choses; elle fait ouvrir la bouche qui rend, baveusement, des leçons. Elle boucle, indignée, la bouche qui s’ennuie; elle graisse, enchantée, la bouche qui dégoise. Il est scandaleux de dire : “Je m’ennuie”, il est infiniment louable de dire: “Darius Codoman fut vaincu par Alexandre au Granique”, ou: “1453, prisede Constantinople par les Turcs”. Or, refuser à un élève le droit de montrer qu’il s’ennuie, c’est l’obliger à un mensonge d’attitude, et l’inviter à parler de Darius Codoman, c’est l’induire à commettre une impertinence. Car j’appelle impertinence cette assurance empruntée, de la veille, ou du jour même, au manuel de la classe ou au discours du maître. Je hais ce savoir d’Ecole appliqué avec de la mauvaise colle de salive, et qui tient tout juste le temps qu’il faut pour faire un effet “notable” (valoir 9 ou 10); ce pauvre savoir de “parade”: exactement de quoi parer aux menaces du règlement pénitentiaire, nullement de quoi prépare aux risques de la liberté volontaire.Je comprendrais fort bien un enfant qui, sachant sa leçon, refuserait de la réciter, de répondre à l’offensant défi du régent “noteur”. Par respect de la propriété qu’il vient d’acquérir. L’école ne fabrique que des répétiteurs. Elle est incapable de forger un auteur. L’auteur est celui qui refuse derépéter (N.D.A.), même si ce que je fais ici y “ressemble” fort), et garde le silence jusqu’au moment où il peut réinventer. “

Or, quand il y a vraiment changement en profondeur, mutation vraie, quand l’homme commence à surgir dans toute sa qualité, il peut enfin y avoir créativité authentique, épigenèse pure.L’erreur générale, se situe sur le plan pédagothérapeutique fondamental. Si l’on se reporte à notre époque, on voit que le moment n’est pas loin, si ce n’est déjà fait, ou on fixera desobjectifs socio-économiques mondiaux, sans changer de fond en comble la nature humaine.

On veut créer une unité artificielle extérieure, sans s’attaquer vraiment à la racine du problème, racine qui ne peut être arrachée que par l’individu lui-même. C’est le problème auquel furent confrontés tous ceux qui voulaient enseigner quelque chose d’essentiel depuis l’Egypte et même bien avant. L’Egypte avait résolu le problème grâce à son

système pédagothérapeutique relié au temple, base de la société. L’organisation du temple et de l’accès à “la sagesse” permettait à l’individu qui en montrait les aptitudes d’être attiré, guidé vers le temple, grâce à la triple configuration suivante : La vie “ordinaire”, où ceux qui étaient “ouverts decœur” pouvaient déceler l’âme d’exception qui, ensuite était guidée vers le péristyle, puis vers le temple intérieur, lui même comprenant plusieurs aspects. Les temps ont changé et, de nos jours, de nombreux chercheurs possèdent les qualités nécessaires à la mise en œuvre de la Nouvelle éducation pour eux-mêmes, leur famille, leur entourage, et, pour ceux qui seront appelés à devenir des professionnels en la matière, leurs élèves. L’illumination, telle que la présente Comenius dans sa prière au Père des Lumières, peut d’ailleurs très bien s’expliquer raisonnablement.

Ici, nous aimerions placer quelques indications sur divers éducateurs, dans un ordre d’ailleurs aléatoire, qui ont collaboré comme Comenius, aux progrès et changement de vision concernant les problèmes éducatifs.Tout d’abord, et assez proche de nous sur le plan chronologique, Ovide Decroly, créateur d’une école encore présente à Saint-Mandé et initiateur de conceptions révolutionnaires (apparemment) pour son temps. On peut lire avantageusement : - Des parents, des enfants, des enseignants.;"Vivre à Decroly"; Orientations; Casterman; 1979.Il naît en Belgique, à Renaix en 1871. Son père, d'origine française, est industriel. Sa mère est musicienne et lui transmet ses connaissances et son orientationmusicale. Cela nous fait immédiatement penser à la carence française actuelle en la matière, Quand on pense que Platon considérait que les deux piliers de l’éducation étaient les mathématiques et la musique, en vue de l’éveil de l’âme…..Il reçoit une éducation teintée de rousseauisme, près de la nature, son père lui apprend à travailler avec ses mains (on retrouvera cette tendance à mettre en jeu le corps entier chez Rudolf Steiner), mais Decroly aura du mal à supporter l'éducation autoritaire de son père .Médecin, il se spécialise dans les maladies mentales. Il étudieen Allemagne avec Mendel et Langerhauss (neurologues) et en France avec Raymond et Geoffroy. Il a de l'intérêt pour les

enfants arriérés, les malades l'intéressent plus que la maladie. Nos éducateurs patentés feraient bien de s’intéresser plus aux jeunes à eux confiés qu’aux problèmes « pédagogiques »et à l’acquisition des sacro-saintes « connaissances. Comme le disait un de mes amis, le bon professeur de mathématiques n’estpas celui qui aime les mathématiques, mais celui qui aime ses élèves.En 1901 il fonde la “ Société pour la protection de l'enfance anormale ” et un Institut, avec sa femme, pour les enfants déficients. "Institut pour les enfants irréguliers". Son intérêt pour l’enfance « pathologique » nous rappelle qu’au fond « tous sont malades », ce qui justifie notre vision : allier la thérapie à la pédagogie en une véritable « pédagothérapie »En 1904 il est nommé inspecteur des classes spéciales de la ville de Bruxelles. Il fonde une société de "Pédotechnie" avec des instituteurs. Il s’intéresse aux travaux d'A. Binet sur lestests donc les débuts de la création de la psychologie.En 1907 il fonde l'Hermitage pour enfants normaux, où il élabore sa méthode. Il y observe les enfants.Il a beaucoup souffert à l'école, comme nombre d’entre nous, plus ou moins consciemment, surtout parce qu'on y découpait l'enseignement en différentes disciplines. Dès 1910, il pressent l’avènement de ce que l’on appellera plusieurs dizaines d’années plus tard, la « transdisciplinarité » . Renvoyons ici aux travaux de Guy Michaud, et en particulier à son dernier ouvrage : Œuvres Vives. Permettons nous de citer lepassage de ce livre ou Mr Guy Michaud explique la « transdisciplinarité, elle même issue de l’interdisciplinarité » :

« L’interdisciplinarité ne s’apprend ni ne s’enseigne, elle se vit. Elle est fondamentalement une attitude d’esprit, faite de curiosité, d’ouverture, du sen de l’aventure et de la découverte. Elle s’exerce, fruit d’un entraînement continu, d’un assouplissement systématique des structures mentales. Elleest aussi et peut-être plus encore, une pratique collective …Il va donc y rechercher un moyen d'enseigner qui sera plus cohérent. Il y échange beaucoup avec ses collaborateurs, sa femme et ses enfants vont participer à l’élaboration de sa pédagogie.1911: Il préside à Bruxelles le premier congrès international

de pédologie. En 1920 il est professeur de psychologie à l'université de Bruxelles et en 1921 il est chargé d'une chaired'hygiène éducative à la faculté de médecine. Entretient une consultation pour enfants anormaux. Participe à de nombreux congrès internationaux sur l'éducation.En 1922 il est membre de la "Ligue Internationale pour l'Education Nouvelle".Il va aux Etats Unis où il rencontre J Dewey. Traduit son livre"Comment nous pensons" en 1935.Il va en Colombie et travaille avec Niéto Caballero. Puis il collabore à "l'enfance délinquante" en Espagne. Il s’intéresse aux réalisations de Cousinet, Freinet...

Pour être efficace et réaliste, les problèmes issus des conceptions actuelles de la famille et de l’éducation, d’avant la conception à l’âge adulte, devront être examinés à la lumière d’une vision pédagothérapeutique et biosophique au sensspirituel.

IL est fort clair et évident que nous n’avons rien à voir, maisabsolument rien, avec la communauté des “Amish”. Loin de nous l’idée de vouloir y puiser quoi que ce soit. Seulement, à long,peut-être très long terme vu la situation totalitaire françaiseen matière d’éducation, nous voulons nous aussi notre école pour nos enfants, et pas celle que l’on nous propose, pas cellede la corruption et de l’égoïsme exacerbé, pas celle de la lutte pour la vie ( et quelle vie !… ), érigée en principe immuable.. Nous nous opposons à toute forme d’humanitarisme et à quelque tentative d’Eldorado ou Paradis sur terre. Nous avonsl’enseignement universel, et nous espérons que de plus en plus d ‘élèves pourrons dire qu’ils s’y abreuvent directement grâce à leur âme nouvelle. Mais il peut être ici intéressant de citerla “Suite des méfaits” tirée du livre “trois pamphlet pédagogiques”, où Denis de Rougemont, en 1972, constate que ce qu’il écrivit dans “les méfaits de l’instruction publique” est toujours valable (sous bien des aspects, cela l’est encore : jeprécise que j’enseigne depuis justement 1972). Voici l’extrait :

‘ L’enseignement vivant de l’écologie “partant des réalité proches et visibles”, me paraît le plus propre à déclencher le processus de révolution que j’appelle : elle n’est ni de gaucheni de droite, elle n’oppose au profit sacralisé que l’honneur …, et c’est d’elle que dépend l’avenir de l’Ecole, de l’Europe et du Monde. Je la réclame en une seule phrase :“le civisme commence au respect des forêts.”

Les Amish, membres d’un mouvement religieux américain d’originehollandaise, suisse, et alsacienne ou rhénane, arrivés aux E.U.vers 1680, refusent d’envoyer leurs enfants à l’école, comme laloi veut les y obliger. Ils viennent de remporter une première victoire, après des décennies de procès régulièrement conclus àleur dépens : “ Attendu que L’Etat du Wisconsin n’a pas prouvé que l’éducation scolaire officielle était indispensable pour faire un bon citoyen…“la Cour suprême acquitte un père accusé d’objection scolaire (Les Amish au seuil de l’an 2000 par Renéeet Pierre Gosset, Journal de Genève, 26 Juin 1972).Les Amish vont pouvoir élever leurs enfants dans leurs propres écoles, qui ressemblent à ce que demande Ivan Ilich (même si nous ne sommes pas d’accord en tout point avec lui) : une classe unique, les aînés aidant les plus jeunes à apprendre à lire écrire et compter, à écrire en calligraphie, à parler l’anglais et l’allemand, à observer les lois de l’hygiène et à connaître l’Evangile. La communauté des Amish produit tout ce dont elle a besoin et refuse tracteur et auto. Le Président de la Cour suprême a prêté une oreille attentive au rapport des autorité locales : “Jamais, de mémoire d’homme, un Amish ne comparut devant un tribunal pour un délit autre que le refus d’envoyer ses enfants à l’école.”On peut lire dans les attendus du jugement de la Cour suprême :“Une façon de vivre qui nous paraît étrange et même erratique, mais qui n’interfère pas avec les droits ou les intérêts d’autrui, ne saurait être condamnée parce qu’elle est différente. Et rien ne nous permet de présumer que la majorité actuelle a raison de vivre comme elle vit et que les Amish ont tort de mener leur vie comme ils le font…”Je tiens ces phrases pour simplement sublimes.’

Nous aussi, nous ne cautionnons pas la façon de vivre de la “majorité”. Nous aimerions donc qu’il soit donné au plus grand

nombre possible d’enfants, et à long terme à tous les enfants, la possibilité de s’épanouir sur les plans psychiques et spirituels aussi bien que matériel (l’émotionnel et le mental, abordés tels qu’ils le sont actuellement, font partie pour nousde l’aspect matériel). Et nous pouvons affirmer que de nombreuxproblèmes et impasses, dans une société dont les mobiles profonds et donc les fondements sont l’égoïsme et la lutte pourla vie, y font obstacles dans l’éducation traditionnelle. En effet, toute notre organisation sociale, ou presque a pour unique but (et ceci pas de façon toujours très consciente), la perpétuation et/ou l’amélioration d’un ordre basé sur les oppositions, la lutte pour la vie, la rentabilité, le pouvoir, etc…

Actuellement, logique et langage (en France surtout, plus particulièrement la langue maternelle) puisqu’ils sont au service quasi exclusif d’une insertion socioprofessionnelle comprise de travers, dominent la scène éducative.Les jeunes sont donc dressés afin d’obtenir des diplômes, pour avoir un métier, une place dans un système qui n’a besoin d’euxque pour en tirer un maximum de profit. Et ceux qui, au sommet de cette pyramide du pouvoir et du profit, tirent les ficelles de ce jeu macabre, sont eux-mêmes les victimes conscientes ou inconscientes d’un jeu analogue qui trouve sa source dans l’invisible (cf.; Démasqué)

Cela ne peut plus durerDe plus en plus de pédagogues ont déjà fait l’analyse précise des méfaits de ce système (trouver références).Le travail pédagogique, ou pédagothérapeutique, doit en un premier s’attaquer à tous ces conditionnements, et ceci directement auprès des jeunes, qui comprennent bien plus vite que leurs aînés, car, de façon plus ou moins consciente, ils étouffent dans la plupart des écoles . La méthode consiste doncà faciliter l’accès de chaque jeune à son être profond, de façon de plus en plus consciente.

Ajoutons ici simplement qu’une révolution cosmique et atmosphérique est actuellement en cours, et que ses répercussions visibles comportent bien entendu un important chapitre éducatif à tous les niveaux de la société :

“…Sans contrainte, toute l’humanité sera baignée dans le développement impérieux de l’âme vivante. Ceci rend nécessaire de ramener le développement intellectuel du moment, développement destructeur et qui rend dément, à un point de départ initial, le point de départ que nous désignons comme étant l’état de vie préadamite.Ceci impliquera bien entendu un enseignement totalement nouveau. Comprenez-vous maintenant l’initiative prise les deux dernières années par la Rose-Croix moderne, par le Lectorium Rosicrucianum, afin de fonder une toute autre sorte d’école pour instruire nos enfants?Comme nous pouvons l’espérer, maintenant que vous voyez clairement comment et pour quelle cause l’humanité entière menace de sombrer, donnerez vous quand même, de bon cœur, vos enfants à des écoles accordées à une telles société? Pour les livrer dès l’âge de six ans, donc sans volonté sous ce rapport,à leur perte et, tout au moins, les conduire plus tard à une grande lutte de vie?Nous n’incriminons pas en cela le pouvoir intellectuel de l’homme car ce pouvoir est un privilège divin merveilleux. Maisil faut en faire un juste emploi! C’est pourquoi une école nouvelle est( de nécessité urgente pour nos enfants, à qui voustenez tant, que vous choyez tellement, ce que nous pouvons à chaque instant constater lorsque vous êtes occupés à jouer et àparler avec eux sur les pelouses de nos centres de conférences.Si vous aimez réellement vos enfants, comprenez ces choses et soutenez notre travail en vue de parvenir à un enseignement totalement nouveau.” (fin de citation)

Le problème est donc ici clairement posé : Comment allons-nous faire pour faciliter la rééducation de nos dirigeants, qui seront “ appelés internationalement à prendre la direction, chacun à sa façon, chacun dans sa tâche, d’une toute nouvelle méthode d’éducation de toute l’humanité” ( “La Fraternité mondiale et les dangers de l’église”p.51, ed.1964), et pour fonder une toute nouvelle éducation de nos enfants.Celle-ci devra répondre à de multiples questions, et en particulier à celles-ci : “Comment pourrons-nous permettre l’accès à l’apprentissage de la découverte et de la réalisationde l’unique but de la vie”, et “Ce faisant, comment arrêter de forger les armes de la lutte pour la vie, celle-ci étant déjà bien trop ancrée dans le sang”.

En chaque pédagogue doit exister une claire conscience : 1) Desvoies et des moyens, qui, sans étouffer l’ouverture du cœur (5-10 ans), permettent au jeune de se structurer. Et ces voies et ces moyens devront être utilisés de façon très libres, tant queles objectifs fondamentaux sont atteints. Ce sur quoi il faut ici insister, ce sont : la qualité de l’atmosphère scolaire, l’épanouissement de l’être profond, et parallèlement de la jeune personnalité, tout en donnant la priorité au développement psychospirituel, de façon adaptée à la compréhension du jeune, la conscience biosophique, c’est à direla découverte du monde et de la vie et de leur sens profond, audébut de façon intuitive, et bien entendu l’acquisition de compétences utiles à une autonomie socioprofessionnelles.Entre 0 et 6 ans, on veillera en particulier à ce que surtout des moyens ludiques et de découverte attrayantes soient utilisés, tout en veillant avec rigueur à la qualité des relations.2) De ce que l’unique méthode sera : Tout en veillant à la qualité des périodes de silence indispensable, mettre en œuvre et surtout de faire mettre en œuvre les processus d’apprentissage permettant la construction de la conquête d’uneréelle autonomie de la pensée, des émotions et des actes.

Nous rencontrons et rencontrerons des résistances. Bien que de nombreux parents prennent de plus en plus rapidement consciencedes incohérences au niveau des emploi du temps, trop nombreux sont-ils encore, ceux qui accordent une importance excessive aux résultats scolaires. Car les programmes actuels sont bien souvent sans valeur essentielle. Mais ceux qui auront été éduqués selon la nouvelle éducation n’éprouveront aucune difficulté à comprendre n’importe quel problème, à résoudre toute situation utile qui se trouverait sur leur chemin, et à acquérir n’importe quelle connaissance dont ils auraient besoin. Un des aspects de la nouvelle éducation sera le développement des faculté de l’intuition.

Or, le système éducatif dans son état actuel ne pousse pas les jeunes à une réelle maturité responsable élargie au plan biopsychospirituel.Les résultats scolaires n’ont donc actuellement que peu de sens, ou en tout ca un sens très relatif. Les jeunes, naturellement plus influençables, ont beaucoup de mal, quand on

leur en laisse la possibilité, à prendre leur apprentissage en main. Pour simplifier, ils en sont parfois à réclamer l’esclavage et l’uniformité. Et on ne peut leur en vouloir, puisque c’est ce dont ils furent nourris jusque là.Nous pouvons donner de nombreux exemples, mais nous nous contenterons d’un seul. Les jeunes ont la ” parole “. Cad qu’ils peuvent pratiquer la délation et dénoncer les professeurs qui travaillent de façon “peu orthodoxe”.” Inquietspour leur examen”, car ils ne connaissent que le système de bachotage, et ils refusent la liberté de recherche et d’apprentissage; ils vont voir leur proviseur, qui convoque leprofesseur. Celui-ci est délicatement sermonné. Bien sûr, commece professeur (moi-même) a toujours eu de bons résultats et estinattaquable (peu lui importe inspecteurs et avancement), il laisse passer l’orage, et organise son travail afin d’arrondir les angles avec les élèves, sans abandonner l’essentiel de son orientation. Au pire, cette classe, la seule qui pose problème en ce sens, aura une expérience négative dont il est à espérer qu’elle tirera leçon dans un avenir plus ou moins proche. Et aufond, les diplômes ne sont, au regard d’un véritable développement en profondeur, que des chiffons de papier.

On voit par là, et ce cas peut être multiplié, ne serait-ce quedans le même établissement, et à fortiori à l’échelle française, qu’un tout nouvel éclairage est à apporter, une toute nouvelle orientation;

Et nous pouvons constater que des enseignants comprennent d’ores et déjà de façon suffisamment claire l’inanité de la “logique scolaire” actuelle. Même si nous restons sur le plan du droit classique de nos sociétés, il y a encore beaucoup à dire. A propos de la “citoyenneté”, tarte à la crème classique de nos éducateurs patentés, nous pouvons lire sous la plume de Bernard Defrance, professeur de philosophie au Lycée Pierre de Coubertin à Meaux, dans “Les Cahiers Dynamiques”, revue trimestrielle de la direction de la Protection judiciaire de lajeunesse :

“Il importe que les discours ne soient pas en contradiction avec les actes. Il ne s’agit pas ici seulement des compétences psychologiques et pédagogiques que les enseignants peuvent développer pour sortir des face à face violents, des relations

duelles frontales, des rapports de force, pour inculquer des savoirs et maintenir l’ordre, mais d’abord des fonctionnements institutionnels et des statuts. On dit que les jeunes perdent leurs repères. Mais que sont ces repères dans un état de droit?Examinons quelques uns des principes qui devraient présider à la vie d’un établissement scolaire, puisqu’il s’agit des repères sociaux soi-disant “normaux”:

“La loi est la même pour tous…Mais que se passe-t-il si j’arrive en retard? Est-ce la même chose que si un de mes élèves est en retard?Nul ne put être mis en cause pour un comportement qui ne porte attente qu’à lui-même. Qu’arrive-t-il à l‘élève qui dort sur sa table et ne dérange personne? A celui qui ne s’intéresse pas? A celui qui n’apprend pas ses leçons? Que de fois les élèves sont-ils punis pour insuffisance de résultats?Nul ne peut être juge et partie, sauf à l’école : c’est le mêmequi enseigne et juge ensuite les résultats de cet enseignement.… Les exigences de la vérité se trouvent donc remplacées par celles de la conformité : “Qu’est-ce que je vais pouvoir bien mettre sur cette copie qui fera bien et me permettra d’avoir une bonne note?”. Apprentissage continu, 15 ans durant, de la soumission et de l’hypocrisie.… Peut-on donner tort à ceux qui refusent ce carcan?(...) Tous nos discours moralisateurs, tous nos cours d’éducation civique ne sont rien au regard de cette contre-éducation civique cachée que produit la structure ordinaire desrelations enseignants élèves et l’expérience quotidienne de ce rouleau compresseur que constitue l’école actuelle.”De plus en plus de professeurs de toutes les matières prennent conscience, mais ils ne savent pas trop quelle orientation donner à leur révolte.

Une nouvelle lumière universelle, une “Panaugia” (cf. Consultation Universelle… de J.A. Comenius) doit donc être jetée sur les objectifs et la signification de l’éducation. La connaissance devra être réunifiée de façon universelle et réaliste, cad dans un sens biosophique, afin que le jeune comprenne le sens de l’univers dans lequel il vit, avec ses lois, ainsi que son rôle et sa fonction dans cet ordre de secours, et donc sa responsabilité.

De là découlera une toute nouvelle façon d’envisager les relations familiales et pédagogiques. Ce qui nous amène à considérer d’un œil tout nouveau le phénomène de la naissance

Il semble que même les éducateurs à prétention spirituelleont tendance à oublier le paradoxe qu’ils clament pourtant à haute et intelligible voix : l’homme a été créé à l’image de Dieu. L’homme, pensée divine, devait “devenir dieu”, devait apprendre à utiliser ses pouvoirs au service de la manifestation universelle. Malheureusement, ce que nous connaissons actuellement de l” homme”, c’est à dire les aspectsmatériels, et énergétiques, émotionnels, et mentaux “naturels”,n’a plus rien à voir avec cet homme-dieu originel, et confondrel’un avec l’autre équivaut (HNV°) à comparer un être humain avec sa voix déformée par des parasites sur un poste radio mal réglé.

Et pourtant cet “homme”, au départ “enfant” est le point de départ de l’éducation, quelle qu’elle soit. Mais si l’on se limite au “visible”, et même à “l’invisible”, que même une araignée peut percevoir, alors nos chances de faire de l’éducation ce qu’elle n’aurait jamais du cesser d’être, cad une voie d’accès à la reconstitution de l’homme de lumière, del’homme microcosme doué d’une âme vivante et d’un corps immortel, seront bien entendu réduites à néant. Et c’est malheureusement ce que nous propose l’éducation traditionnelle,même d’avant garde.

Mais nous entendons d’ici les sarcasmes : il faut être réaliste, nous vivons dans un monde où le jeune doit se faire sa place au soleil. Il doit apprendre un métier, conquérir une position sociale, etc…etc…

Nous disons : cela est évident. Mais ce qui l’est moins, c’est la façon de faire, les priorités la hiérarchies des valeurs qu’implique notre orientation. Tout d’abord précisons que sur le plan de la rentabilité même, (que nous ne mettons pourtant absolument pas en avant, car qui cherche à être rentable ne le sera jamais, la façon “écologique spirituelle”) la manière de faire qui met en avant, à chaque seconde, l’âme nouvelle et non l’homme de matière, est mille fois plus “rentable”, mais parfois à long terme, et en tout cas sur le

plan humain. Et il est évident que sur le plan éducatif, c’est quand même le plus important.

N’importe quel chef d’entreprise saura par expérience que l’employé qui est capable d’abnégation et d’enthousiasme, qui vit aussi bien à son travail qu’en dehors, sera beaucoup plus efficace que celui qui regarde sa montre une heure avant la findu temps “réglementaire”. Or celui ou celle qui aura été formé selon une éducation psychobiospirituelle aura au moins, au minimum, et “par dessus le marché”, ces qualités de base, ou entout cas en aura compris la valeur et cherchera honnêtement à les mettre en pratique.

Nous voyons que le pédagogue “spirituel” respecte tout apprentissage “socioprofessionnel, mais le considère plutôt, ainsi que toute chose en ce monde, comme un champ d’applicationde l’âme-esprit.

Notre orientation, comme celle de Comenius, est purement spirituelle. En effet pour nous l’éducation n’a de sens, tout en gardant l’idée de laïcité, ( la spiritualité laïque est un concept en voie de développement) que si elle guide hors de cette sempiternelle lutte, de ce monde de séparation et de constante opposition aux lois universelles. Il s’agit progressivement de préparer l’enfant à une réelle maturité raisonnable avant l’âge de trente ans. L’homme pourrait ainsi espérer parvenir à une conscience biopsychospirituelle. Tout homme doit devenir éclairé, ce qui comporte le développement d’une haute raison, par la formation de l’intuition conscienteet de la sagesse parfaite, par l’instauration “d’écoles chez tous les peuples, des maisons d’enseignement pour tous”. Comenius, au chapitre XI de “La Grande Didactique”, et dans lelangage du XVIIe siècle, tente une définition de la véritable école qui pourrait mettre en œuvre cette éducation :

“J’appelle école répondant parfaitement à sa destination celle qui fabrique vraiment des hommes, c’est à dire celle où l’esprit des élèves baigne dans la lumière de la science, où ilpénètre rapidement les choses cachées et les choses manifestes,(Sagesse, 7, 17) où l’âme et ses affections sont conduites à réaliser l’harmonie universelle des vertus, où le cœur s’enflamme d’un amour divin.

De la sorte que, dès maintenant, tous ceux qui ont été confiés aux écoles chrétiennes pour être imprégnés de la vraie sagesse, s’habituent à mener une existence conforme au ciel. En

un mot, la véritable école est celle où tout est enseigné intégralement à tous.”

Ce qui signifie entre autres la possibilité donnée à chacun de parvenir progressivement mais aussi vite que possibleà une autonomie de plus en plus intériorisée, en particulier auniveau de la vraie pensée. Et le pédagogue se trouve donc placédevant un double but, retentissant d’ailleurs l’un sur l’autre : 1) Préparer le jeune à la vie sociale pour qu’il soitautonome sur tous les plans “ordinaires”, et en particulier pour qu’il puisse procurer à son(ses) corps le minimum biologique dont il a besoin sans être dépendant de tiers, ce qui n’est pas si évident que cela (qui peut dire qu’il est véritablement in-dépendant) 2) Donner l’occasion au jeune de construire les outils de pensée qui lui permettront le développement de ce qui en lui est vraiment humain et est encore, dans la majorité des cas, présent à l’état latent.

Grande didactique : p.60-614) L’homme naît apte…5) …la connaissance de toutes choses est naturelle à

l’homme.Nous devons ici mettre l’accent sur la notion de

processus, de formation nécessaire pour devenir un homme véritable, en élargissant la notion d’éducation. Que les notions purement matérielles de l’éducation soient indispensables à l’hommes, cela n’est contesté par personne.

Or de nombreux préjugés doivent ici être battus en brèche.Dans la Gnose Originelle Egyptienne et son appel dans l’éternelprésent, tome 2, de Jan Van Rijckenborgh, nous lisons:

“ Quand le cerveau vit encore uniquement du sang de la naissance naturelle, comme c’est le cas pour un jeune enfant, il n’est capable d’aucune activité de la pensée. L’activité de la pensée n’est possible pour commencer que lorsque le rayonnement de base du type vient, de l’extérieur, donner cettecapacité au cerveau.

Vous savez peut-être que le sanctuaire de la tête comportesept cavités; chez l’homme l’une d’entre elles est toujours plus particulièrement active; il s’agit surtout ici d’une influence astrale ayant pour effet de libérer l’éther réflecteur, l’éther mental. Dans la nature dialectique nous

vivons dans un certain champ astral dont les influences touchent le sanctuaire de la tête, se transforment d’abord en éther mental, qui à son tour active les fonctions cérébrales.

Mais ne commettez pas l’erreur de croire que cet éther mental de la nature ordinaire permette au cerveau de contemplerl’imperceptible, le non-manifesté. L’homme naturel ne peut ni comprendre, ni contempler ce qui n’est pas manifesté, ce qui n’est pas directement contenu dans la sphère de perception des sens ordinaires. Il peut tout au plus, le rechercher. Dans l’état d’être né de la nature l’activité de la pensée, les fonctions cérébrales ne sont donc pas autonomes. En temps qu’homme dialectique vous ne pouvez pas penser librement.”

Toute une atmosphère éthérique, mentale, émotionnelle, entoure l’enfant depuis son plus jeune âge, que cela soit dans sa famille ( la télévision y pénètre maintenant), ou dans toutel’ambiance sociale, toute la pression qui imprègne la vie ordinaire. Une nouvelle formation s’impose aussi bien des parents et futurs parents, de même que des éducateurs, afin qu’ils aient à cœur de se relier et de relier les jeunes à un tout autre type d’atmosphère, non emprisonnante, et liée à la matière de lumière qui facilitera dès que possible l’élaboration et la reconstruction de l’homme caché, l’homme intérieur, l’homme de lumière. Ce n’est pas la structure de l’homme qui est à remettre en question, mais l’identification avec la matière grossière ou raffinée.

l’Ecole devra donc tenter d’éviter aux jeunes, comme aux moins jeunes, des souffrances inutiles, non signifiantes, et remédier à celles qui ont déjà pris racine, quelle qu’en soient les causes héréditaires, karmiques, ou autres. Ainsi la dynamique des organes humains, que nous simplifierons en sang, glandes à sécrétions internes, fluide nerveux, feu du serpent (ou colonne vertébrale, colonne de lumière, sceptre de Moïse, etc…), et fluide astral de la conscience) doit pouvoir être amenée à porter l’âme à une orientation telle qu’elle puisse transmettre les énergies qui pourront permettre de reconstituerle corps de lumière.

Connaissance de soi, maîtrise de soi, victoire sur soi, ceprogramme simple, mais ô combien ardu vise à faire de chacun

plus un homme sage qu’un homme rentable, même si un homme sage détermine, presqu’à son corps défendant, la véritable rentabilité à long terme (point de vue écologique). La sagesse ou son obtention imprègne donc les lignes de force de l’éducation du siècle à venir. Quelle révolution ! Ce qui détermine les sociétés ne sera plus l’état du compte en banque,mais l’état de conscience, le degré de sagesse de l’individu, sa faculté d’aimer tout et tous sans rien attendre en retour, libre d’attachement.Comment la conscience se construit-elle dans le monde? Et quel est l’unique chemin vers une société, une civilisation gnostique, dans la mesure ou il ne s’agit là que de la conséquence d’un état de conscience en voie de se généraliser (et nous savons tous que cela prendra du temps, beaucoup de temps), et non d’une tentative d’accommodement avec ce monde déchu?La réduction et la disparition de la “faute morale” de chacun, faute qui, sur le plan microcosmique, est déjà présente à la naissance, passe inéluctablement par la conscience de la dualité de l’homme dans son état actuel. Toute une “nouvelle” éducation de tous par tous, comprenant aussi bien les parents que les éducateurs, les jeunes que les vieux, tous ceux qui se retrouvent dans la vaste école du Monde va petit à petit prendre place, si Dieu le veut. Nous devons retrouver le sens, l’orientation qui permette d’abord à chacun de redécouvrir par une expérience personnelle intelligemment guidée, cette double nature de l’homme.Une éducation appropriée fera prendre conscience à chacun de : 1) la nécessité d’une maîtrise de l’élément relatif sur la basede la nouvelle force présente en chacun et 2) de la victoire decelle-ci sur le premier. Alors toute faute morale disparaîtra progressivement.

Et cela va s’accomplir, grâce entre autres à une prise de conscience aussi bien des éducateurs que des parents, chacun d’entre nous étant appelé à devenir un “éducateur éduqué”, dansle cadre de l’éducation de tous par tous. En effet, tout élève est, ou est appelé à devenir, qu’il soit parent, éducateur danssa vie professionnelle, ou ni l’un ni l’autre, un “éducateur ensituation”. A force de mettre l’accent sur la démission du rôleparental, on oublie tous ceux qui, de toutes leurs forces, tracent le chemin pour leurs enfants et ceux des autres, et

veillent à ce que, dès la naissance et même avant, pendant la croissance et jusqu’aux différents stades de la maturation, lesjeunes à eux confiés perçoivent et accomplissent le sens de leur présence en ce monde.

Nous devrons inéluctablement acquérir des notions, même sommaire, sur la naissance, la croissance, et le développement du psychisme, de l’âme dans le corps. C’est ce que j’appelleraila “Pédagothérapie biopsychospirituelle”. Et pour mieux comprendre ces notions, il faudra avoir recours à la notion d’homme en tant que micro-univers, en tant que Microcosme. Il faudra donc explorer la notion d’homme de façon bien plus élargie que cela n’est fait dans la tradition de la recherche actuelle en éducation.

Toutes les règles de travail, l’orientation générale des équipes éducatives (ou pédagothérapeutiques), des relations très claires, devront viser à plus ou moins long terme à rétablir et entretenir une réelle autonomie et responsabilité de chacun. Tout le système humain, et en particulier de celui des glandes à sécrétion internes, du système nerveux et cérébro-spinal, devra être éduqué en ce sens afin d’arriver vers 25-30 ans à une maturité suffisante, aussi bien émotionnelle que mentale et psychique pour une liberté réelle.

En ce qui concerne le mental, précisons (J.V.R. GOE):

“(…) Il ne faut en aucun cas confondre l’intelligence avecla mémoire. (…) Vous savez que chez l’homme dialectique une mémoire exercée - entraînement que nous faisons subir aux enfants depuis des générations - se dilate comme un estomac quireçoit beaucoup de nourriture. ”

Vous savez que tout le système d’éducation a pour but de conserver, d’élargir au maximum la capacité de la mémoire. On la bourre. C’est le but du corps enseignant et des parents. Quand un enfant ne sait pas sa leçon, il doit s’attendre à des réprimandes. Sentez vous l’erreur ? En réalité avec une mémoiretrès remplie vous ne savez rien. En réalité vous ne faites que tromper le monde et vous-même. Chaque fois que vous puisez dansle réservoir de votre mémoire, l’organe de votre intelligence n’a qu’une activité de robot.”

Non, nous devons acquérir la sagesse, et aider, mettre lesjeunes dans les meilleures conditions réaliser la sagesse.

Nous posons comme base que l’être humain est triple : esprit, âme et corps. Au début de sa vie, jusqu’à l’âge de 28-30 ans, le jeune devrait, si tout se passait de la juste manière, former sa personnalité et structurer successivement les aspectsphysiques, énergétiques, émotionnels et mentaux de sa personnalité, afin de parvenir à une réelle Maturité soutenue par une haute Raison.

Pour que cela devienne un fait réel, possible, une réelle cohérence devrait tout d’abord être comprise, puis acceptée, etenfin mise en pratique, puisqu’alors jugée comme une exigence inéluctable, par les éducateurs.De quelle nature doit être cette cohérence?Eh! bien, tout d’abord tout ce qui est appris, découvert, compris, au sein de l’institution éducative doit constituer un tout dont le but est de faciliter à tous l’accès à ce qui constitue son être essentiel. La formation socioprofessionnellepeut elle-même servir ce but, à condition bien entendu de donner un tout autre sens à la vie socioprofessionnelle elle-même; et là, la rééducation des dirigeants devra aller de pair avec la révolution éducative. En effet l’acquisition de savoir-être et de savoir-faire nouveaux implique une maîtrise présupposant une intelligence émotionnelle et relationnelle quipeut être mise au service et/où découler de la fécondation de l’âme nouvelle par l’esprit, dans le cadre d’une nouvelle personnalité. Car cette intelligence, libre de toute égocentricité, s’acquiert par la reddition à la rose, à l’esprit de la vallée, à l’âme en croissance. Elle est ainsi unattribut de l’être essentiel profond, libre de tout conflit. Tout cela constitue bien entendu un processus plus ou moins long et ardu, mais, et nous insistons beaucoup là dessus, qui peut être accompli au cours des 30 premières années d’une vie si tout est fait pour cela suffisamment tôt, c’est à dire au moins dès la conception de l’enfant.L’éducation est un des piliers spirituels fondamentaux du travail gnostique. Elle permettra de montrer, ou d’amener à ladécouverte des nécessités suivantes : 1) Soumettre le moi animal au spirituel. Cela peut se faire très tôt par images concrètes. Cela amène bien entendu une toute nouvelle

orientation de la pensée, de la volonté, et une aspiration à réaliser ce nouvel état d’être. 2) Pour ce faire , maîtriser saforce vitale, éviter tout gaspillage d’énergie. Ici une conscience orientée sur le but, une compréhension du sens de lavie doit le plus rapidement possible se faire jour et être quotidiennement consolidée(…)

L’éducation doit retrouver un sens, un sens profond, vital, essentiel. Comme en tout ce qui concerne le devenir humain, il n’y a pas d’évolution. Encore plus de nos jours où références et autorités s’écroulent, rien n’est automatique dans ce domaine. Cela semble évident, mais la pratique montre la difficulté de la réalisation de ce préalable : aucun adulte, aucun jeune ne pourra réaliser les objectifs d’une éducation digne de ce nom s’il n’est pas le plus rapidement possible mis en mesure de prendre lui-même en main son propre projet. Voilà donc un des premiers pas : devenir capable de prendre ses affaires en mains.

Ce qui donne, entre autres, un sens à l’éducation, c’est le devenir humain lui-même, ce que, dans son vocabulaire théologique, Comenius appelle, redevenir un homme à l’image de Dieu. Au sein de l’homme-microcosme, résumé de l’univers gît, endormi comme la belle au bois dormant et son château, tout un monde qui attend que nous lui permettions de s’exprimer. Face à tous ces éléments, il me semble utile de repenser, de remettre en question les notions même qui gravitent autour de l’éducation. De nouvelles priorités doivent être définies- Qu’est-ce donc que l’éducation? Et comment mettre en œuvre la“Nouvelle Education”?

Ce que propose donc le nouveau paradigme éducatif, c’est donc ni plus ni moins que l’accomplissement du monde, en tant que préparation à l’académie de l’âme, telle que le proposait d’ailleurs Comenius dans la “Via Lucis”. Précisons dès à présent que ni Comenius, ni l’éducation révolutionnaire actuelle ne cherchent à “améliorer le monde”, à “dorer la prison”. Cependant, il est clair qu’une orientation auto-révolutionnnaire, au sens biopsychospirituel, qui vise à faire tout simplement de chacun de nous “quelque chose qui ressemble à un homme” aura indirectement des conséquences sut d’état du monde. C’est donc l’état possible du monde, en tant que cosmos

libérateur, que réalisera la nouvelle éducation. En ce sens, et en ce sens seulement, l’éducateur pense le monde, et permet la réalisation de celui-ci, comme une perfection en devenir à réaliser. Le sens de ce monde est justement de nous permettre de nous en libérer, ce qui fait qu’il est logique qu’aucune tentative de réforme sociale, totalitaire ou non, dont le but est l’amélioration du monde ne pourra jamais obtenir d’autre résultat que guerres, maux sociaux, maladies et tout le cortègeconnu des calamités sociales et humaines. De plus en plus de penseurs sérieux le reconnaissent, chacun avec leurs propres outils de pensée.

La fonction de l’éducation (e-ducere) est de mener d’un état d’être, d’un état de conscience, à un autre englobant le précédent, vers l’éveil et la maturité de conscience.

Ce qui reste à réaliser relève donc en tout premier lieu de l’auto-révolution, menant à la révolution spirituelle intemporelle. Comment susciter et aider ou permettre l’émergence consciente du vrai, d’une connaissance “de l’intérieur”, par l’intérieur. Bien que cela semble évident, tout reste à faire, ou presque. Ici, point de philosophie de l’éducation fumeuse, car l’éducation de l’intuition et de la Raison supérieure permettront de trouver une confirmation expérimentale, intelligente, de la vérité et de l’inéluctabilité de la voie éducative libératrice.

Une toute nouvelle orientation doit ici fournir l’impulsion. Tout nous poussait jusqu’alors à développer ce quin’était pas l’unique nécessaire. Il s’agit maintenant d’inverser la vapeur, et de développer le moteur essentiel de l’être humain, en tout cas ce qui est indispensable pour opérerune liaison consciente avec l’Esprit, c’est à dire le psychisme, l’âme, considérant qu’il s’agit d’un moyen et non d’un but. La véritable laïcité ne consiste pas à se couper de l’esprit, mais à laisser à tous les chemins qui permettent une approche biopsychospirituelle de l’homme de s’exprimer, et doncà offrir la totalité de la connaissance afin qu’il y ait réellement développement du discernement libre et choix.Il s’agit, sachant que les jeunes enfants sont souvent plus près que nous de la conscience de l’absolu, d’unir les efforts des parents, des éducateurs, et des jeunes plus avancés, pour guider la jeunesse vers l’éveil de conscience, avant que les rouages nivelants de la société n’aient eu le temps d’opérer

leur œuvre destructrice, et que les réflexes conditionnés n’impriment leur trace dans la jeune âme en devenirUne éducation appropriée, dont les contraintes guideront vers une véritable liberté et autonomie, vers une autosuffisance réelle sur tous les plans, doit donner la possibilité à tous deparvenir à la maturité de conscience provoquée par et qui provoquera à nouveau l’acte libérateur sur une spirale supérieure. Par éducation, nous entendons tout ce qui concourt à la réalisation de ce programme, de façon permanente, pour tous , par tous, et partout.

Le problème devient donc : comment permettre, dès les premières années de la vie, la vision, la perception et la connaissance progressive, comment faciliter le devenir de ‘celui qui voit, qui vit, qui est, celui qui perçoit de façon consciente et aussi celui qui englobe, à l’arrière-plan, grâce à l’éducation élaborée de la conscience, qui déterminera la “science” ’. Et se développera alors petit à petit l’être en tant que présent au Tout et en tant que présent au Monde, l’homme alchimiste que pressent déjà le petit enfant de quatre à cinq ans.

Rappelons ici la devise de J.A. Comenius : “Que tout s’écoule librement, en l’absence de toute violence”. Qu’implique-t-elle? Le flux des êtres et des choses correspond à des lois qui peuvent être soutenues ou contrariées. Nous voyons bien la violence autour de nous, comme Comenius la voyait autour de lui au XVIIe siècle. C’est pourquoi le pédagogue doit, de nos jours aussi, saisir à bras le corps toutce qui est corrompu, refuser toute forme de lutte vaine, évitant par là les souffrances inutiles, et ainsi aider à fairesurgir chez le jeune qui lui est confié, une compréhension profonde des êtres et des choses.. Bien entendu selon l’âge, onaura recours à diverses formes d’expression, comportant un minimum de mots. Images, symboles, contes et poèmes, pourront avec fruit être utilisés. Cette absence de toute violence, quiimprègne la manière même de se comporter et d’être du pédagoguedans sa vie et son enseignement, nécessite beaucoup plus de courage qu’il n’y parait à première vue. Toute situation conflictuelle devrait être comprise, intégrée et finalement retournée.

Au cours du XXe et en ce début de XXIe siècle, on a beau agiter idéologies (qui meurent les unes après les autres), arts

décadents, science illusoire et religion corrompue, bien peu dechoses évoluent dans un sens vraiment humain. On tente de percer les secrets de la matière, mais la science humaine par excellence, l’éducation, en est toujours au point mort, ou presque, malgré quelques tentatives marginales. Saupoudrée d’unpeu de philosophie, elle est toujours incapable de guider le jeune, et l’homme en général, vers la vie véritable.

Les phases de vie, la naissance, l’enfance, l’adolescence,l’âge mûr, la vieillesse, sans rentrer dans les détails, ne sont en fait que des moments de l’Ecole de la Vie, pendant lesquelles le psychisme et le métapsychisme de l’homme peut récolter une moisson d’expérience et de connaissance suffisante, afin de se diriger vers ce que Comenius appelait “L’Académie de l’Ame”. L’homme est conçu pour cela dans un monde mis au point à cet effet. Mais l’éducation que nous avonsreçue nous y prépare-t-elle? Les méthodes d’éducation mises en œuvre ne sont-elles pas plutôt, dans la plupart des cas, que dela poudre aux yeux qui nous détourne de l’essentiel? La Vie n’apas voulu cela. Et il nous incombe de découvrir et de mettre aupoint, dans la plus grande spontanéité possible, les méthodes qui pourraient permettre au jeune d’atteindre le plus rapidement possible le but de toute vie.L’éducation ne concerne donc pas que les jeunes, mais elle doiten premier s’adresser aux parents, futurs parents et maîtres etfuturs maîtres.

- Dès la naissance, et même avant, les acteurs les plus prochesdu jeune sont bien entendu les parents. Mais ceux-ci ont-ils été préparés à ce qu’on appelle parfois le “métier de parent”? Réalisent-ils vraiment ce que représente la fondation d’une famille? Sont-ils toujours bien conscients de la responsabilitéque représente l’accompagnement d’un jeune jusqu’à la maturité,dans tous les sens du terme.En général, on se contente en la matière de notions vaguement intuitives, pensant que la difficile tâche de guider un jeune de cette vallée de larmes au Nouveau Règne s’accomplira toute seule, et que la nature a fait et fera donc bien les choses.- Mais comment faire en sorte que parents et éducateurs prennent conscience de ces exigences?La réponse est simple, elle nous place devant notre tâche d’élève : Nous devons d’abord les vivre et les démontrer, par la parole, oui, le moins possible cependant, et surtout par

l’action. Ainsi deviendra manifeste que là réside le sens de lavie. Ainsi sera-t-il vérifié que la formation de l’homme et sonbonheur passent par ce travail sur soi. Chacun peut et doit de cette façon parvenir au discernement véritable, à la connaissance de soi, à la maîtrise de soi, et enfin à la victoire sur soi, grâce à la prise en charge progressive et individuelle de l’élaboration d’une pensée autonome .Qui pense, sent, agit, connaît, maîtrise et vainc en vérité? C’est l’homme véritable latent en chacun d’entre nous. Le sens de la vie, c’est la réalisation de cet homme véritable par l’éducation cohérente de tous par tous, qui obéit à la loi universelle inscrite dans le cœur de chacun et au principe connexe “mourir tous les jours un peu”, afin de permettre la naissance, la croissance et la maturation de l’autre latent en nous. Nous le pressentons, mais ne le connaîtrons vraiment quelorsque notre conscience se sera fondue en cet autre, en cet homme microcosmique renouvelé.

La formation en la matière doit donc déjà commencer entre 10 et20 ans, et d’une façon toute autre que les “cours d’éducation familiale et sociale”, qui n’abordent que très rarement les problèmes de fond. Dès 15 ans, un jeune devrait déjà avoir de solides notions d’éducation, nées de son expérience critique etd’un enseignement l’ouvrant au véritable sens de la vie.- Pourquoi le triangle “parents - jeunes - éducateurs ( pédagogues, pédagothérapeutes, etc…)doit être “rééquilibré”. Comment ?

- Développement d’une philosophie de l’éducation avec “propositions prophétiques” concrètes.

V) - L’essence de l’éducation :

- De l’Amour qui imprègne tout, à l’enfantement de l’idée au service du plan d’éveil, de libération, et d’accomplissement, en passant par le cadre, la règle (la Maat égyptienne) indispensables à toute vie et à toute création ou re-création.

- Le fondement de toute éducation est évidemment l’Amour pour tous et toutes, de façon indivise et impartiale, autant que faire se peut. Qu’est-ce à dire : autant que faire se peut?Eh bien rares sont ceux qui en sont arrivés au point où ils possèdent, et donc peuvent dispenser cet Amour. Par contre celapeut et doit être un des objectifs de la formation et de l’auto-formation des pédagogues : vivre de et tendre à la possession rayonnante de cet Amour. Si l’on prend l’exemple du contexte spécifiquement pédagogique, dans une salle de classe par exemple, l’essentiel de l’enseignement n’est pas la matièreenseignée, même si celle-ci a son intérêt indéniable, mais le rayonnement d’amour du pédagogue, rayonnement perçu de façon aiguë par les élèves. La maturité et la compétence d’un enseignant se mesure souvent à cette “capacité d’amour”.Le proverbe “qui aime bien châtie bien”, est à notre sens à comprendre de la façon suivante : le pédagogue qui possède intérieurement cet amour, parce qu’il ne peut faire autrement, démontrera spontanément le déploiement d’un “manteau atmosphérique” qui inspirera le respect, qui respirera une “autorité naturelle”. Et il est donc logique qu’émane de son cours cette “Règle”, cette “Maat”. Le cadre qui en découlera constituera le deuxième aspect de l’essence de l’éducation. Et,même si cela devra rester tout à fait exceptionnel, le respect de cette règle pourra être assorti de “sanctions”, parfois ressenties comme très “sévères”, puisque rares.Sur ces deux piliers, l’Amour et la règle, s’articulent tous les autres éléments, tels la compréhension authentique, que nous allons essayer de développer ici.Tout d’abord, les jeunes devront comprendre ce rayonnement d’Amour, et ceci grâce aux éléments à leur disposition, éléments à l’intérieur d’eux-mêmes qu’il nous appartiendra de leur permettre la découverte, et dont ils devront apprendre à considérer l’environnement comme un reflet. Comprendre le rayonnement d’Amour présent absolument partout, dont le pédagogue ou pédagothérapeuthe permettra l’acception, signifie appréhender et pénétrer de l’intérieur sa signification,Devenir capable de percevoir l’Autre et s’effacer devant lui, donc par définition, apprendre à éprouver et percevoir ce rayonnement. Par l’exercice de l’écoute de tout l’être, en commençant par les choses les plus simples, et d’autres exercices visant au retournement vers l’intérieur à partir de faits ou de travaux parfois même clairement “redressants”,

l’apprenant devra être amené à ressentir cette force et à désirer en vivre et la faire partager.Le cinquième aspect de l’essence de l’éducation amène à mettre en pratique ce qui a été compris et ressenti comme juste. Nous éprouvons alors la nécessité logique de rendre vivant dans le présent actuel cette force que nous avons reconnue. Nous désirons, et nous le faisons, la rayonner nous même, ou, à toutle moins en vivre et la transmuter dans notre propre vie.Mais cela n’est pas suffisant. Maintenant devra se manifester autour de nous de façon claire et visible cette force. Nous devrons répandre et dynamiser ce qui est devenu réalité en nous. Sinon, à quoi bon? Et ceci sans dogmatisme, sans chercherà pousser ou à convaincre de façon artificielle, mais en laissant la plus grande liberté de recherche possible.Le processus éducatif mène de surcroît jusqu’à une parfaite intégration, jusque dans les cellules du corps même, de cette force d’Amour. Au fur et à mesure que s’exerce cette manifestation, ce travail d’expression indispensable, s’intériorise de façon concrète en chacun de nous, cette force d’Amour;

Cela semble viser très haut, mais cette vision de l’éducation est valable sur toutes les spirales de la Pédagothérapie biopsychospirituelle. Si l’on ne commence pas dès le début, il sera très difficile de mener à bien les phases supérieures. Dèsle départ, les aspects les plus élevés de l’éducation devront être présentés ou sous-entendus, et cela est possible, même pour les plus jeunes. Simplement on procède alors par images, de façon implicite, et en facilitant et entretenant la découverte spontanée.

- Quel que soit le niveau, la spirale d’évolution sur laquelle se trouve un être humain en devenir, l’élément fondamental et inconditionnel de toute transformation, donc de toute éducation ou Pédagothérapie, c’est l’Amour. Sans cela, onretombera toujours dans la sécheresse, l’automatisme, l’autoritarisme, et une illusion d’apprentissage qui ne fera que nourrir à plus ou moins long terme désir d’affirmation de soi et de pouvoir, luttes, guerres.

Que signifie cela?

Qu’il s’agisse d’un thérapeute ou d’un pédagogue, l’idéal serait qu’il possède une source personnelle intérieure de cet amour qui ne sépare ni ne divise. Ce qui émane de nous, la force vibratoire qui créée ou soutient l’atmosphère qui nous entoure est de la plus haute importance dans la facilitation des processus d’éveil et de maturation, sur tous les plans. Comment imaginer que l’on puisse faire quoi que ce soit sans amour. Et pourtant, il suffit parfois de passer quelques instants dans une salle des professeurs pour s’apercevoir que la formation a été très lacunaire en ce domaine, ou en tout casque l’amour qui gît au cœur de tous a été très refoulé.Et nous aimerions ici rajouter quelques lignes à propos du silence. Dans un monde où le bruit et l’agitation font figure de normes respectables, le silence stresse parfois, ce qui est un comble et démontre bien le degré de folie où nous sommes parvenus. Or il faut réapprendre la qualité du silence, et celaconstitue un travail en soi. Cela devrait être une pratique courante dans les écoles que de commencer une séquence de travail par un silence. C’est là la meilleure préparation à toute forme d’exercice. Et l’éducateur veillera à ce que ce moment de tranquillité imprègne toute la séquence. Et il ne pourra le faire que si sa maturité lui confère une qualité de silence serein efficace.

Il s’agit de comprendre l’essence de l’éducation biopsychospirituelle. Le devenir humain et la biosophie spirituelle sont les deux premiers piliers fondamentaux de la Pédagothérapie. Le développement de l’expression et des capacités, , tout en étant pris en compte à part égale dans le travail éducatif, sont les corollaires logiques de cette vision. De cette façon, le jeune est mis en mesure d’exprimer et de communiquer ses découvertes.

Le but fondamental de tout enseignement, selon notre pointde vue, est et de donner au jeune (et/ou d’en faciliter la découverte) la nourriture, l’orientation, et les outils de développement pour devenir un homme accompli, selon l’esprit l’âme et le corps. Disons que ces outils existent, mais bien souvent à l’état latent, mal organisés. Toute l’orientation et la compréhension progressive du jeune, sans hésiter à poser pour cela des règles très précises, va donc l’amener à mettre sa personnalité, sur laquelle chaque jour lui apportera une

découverte, au service des aspects spirituels et psychiques encore non-manifesté, ou de façon souvent totalement erronée.

Le jeune va devoir apprendre à concevoir la vie sous tousses aspects comme une Ecole d’apprentissage de l’éternité. Et c’est à la mesure où il aura compris cette première leçon qu’ilpourra essayer d’en tirer les conséquences jusque dans les pluspetites nuances de son comportement

- Obstacles et résistances “naturels”. Réponse à quelques objections.Qu’est-ce qui freine, qu’est-ce qui empêche ce processus, quelles sont les résistances à cet accomplissement? Elles sont avant tout d’ordre intérieur. Et nous aimerions en évoquer ici deux, qui sont la culpabilité et la peur.

La culpabilité, quand l’homme en est encore au stade animal, dans un premier stade de conscience donc, peut encore être invoqué comme facteur structurant. On peut alors admettre que la conscience de la culpabilité soit un facteur de connaissance de soi, donc d’éveil. Mais il faut ici bien comprendre de quelle culpabilité il s’agit. De quoi, au fond, sommes nous fondamentalement coupables? En fait, surtout d’ignorance, d’inconscience, d’irresponsabilité. Les actes que nous posons, la vie que nous menons, sont la conséquence d’un état d’être, du sang et de la conscience, sur lesquels nous n’intervenons pas suffisamment et dont nous n’avons parfois pasmême la notion que nous pouvons intervenir.

Culpabilité implique jugement et bien souvent manque d’objectivité vis à vis de ce qui est, donc aussi de soi-même et de sa relation au monde.

La norme, la règle, est bien souvent fondée sur la peur, donc sur la culpabilité. Or notre aspiration, l’aspiration de tout être humain en chemin, et aussi de tout éducateur est entre autres de se libérer de la peur, afin d’être en mesure d’aider à cette libération sur un plan universel. La règle, lesnormes découlent, doivent donc découler de tout autre chose quede la peur.

Elles correspondent à des directives de vie qui peuvent aider dans un contexte spatio-temporel donné l’individu et le groupe humain à s’élever au-dessus de sa “condition” d’animal pensant, à parvenir donc en premier lieu à l’éveil et à la

maturité de conscience. La culpabilité est une première prise de conscience :” jusque là, je tournai en rond, inconscient dusens de ma vie, dirigé par des pensées et des désirs égocentriques au service d’un instinct à peine cultivé et contenu par une morale plaquée par un conditionnement ancestral”. Arrivé à ce point, ce qui doit progressivement remplacer la culpabilité, c’est l’Amour, en tant que force universelle, cet Amour qui englobe tout et tous. Et là la culpabilité devient un des freins majeurs de l’éducation.

En bref l’éducation est un des facteurs essentiels de la “grande révolution” de notre temps, et c’est bien pourquoi ce sujet est si sensible. Rien, en ce domaine comme dans les autres, ne se fera “automatiquement”. Chacun devra énergiquement se mettre au travail sur lui-même et veiller sur chacun et sur le tout.

“Chacun doit être précepteur, guide et directeur de lui-même et des autres”(Pampaedia- Comenius)

“Tous doivent être philosophe car l’homme a été créé commeêtre raisonnable et a reçu l’ordre d’observer l’essence des choses et de la montrer aux autres.”(ibidem)

“Tous doivent être rois car l’homme est destiné à gouverner aussi bien son prochain que lui-même”(ibidem)

Il nous semble utile ici de faire une parenthèse en ce quiconcerne le milieu d’origine de Comenius, car il pourrait, toutes proportions gardées en ce qui concerne l’époque, constituer un modèle dont pourrait s’inspirer nos sociétés contemporaines. Précisons tout d’abord que la Communautés des Frères Moraves est issue de la branche pacifiste des groupes hussites. Qui était Jean Huss? Brièvement parlant, il voulait un retour à des purs principes évangéliques, face à la corruption croissante du catholicisme le mal nommé ( =“universel” ). Le mouvement qui se cristallisa autour de lui devait apparemment causer bien du souci à Rome, puisqu’après bien des fourberies et trahisons de la parole donnée, Jean Hussfut brûlé au cours du concile de Constance, en 1415. Il naquit en 1369, à Husinec, d’où son nom. Maître ès arts, bachelier en théologie, prêtre ( en 1400), il fut doyen de la faculté de théologie, puis recteur de l’Université de Prague. Précisons que, d’après le Dr Rudolf Steiner, sa naissance se situe à peu près 100 après la naissance ésotérique de la Rose-Croix en Europe, donc au moment où devait se manifester les premières

prémisses de la Rose-Croix exotérique (après 120 ans je m’ouvrirai).

On peut donc à bon droit dire que sur un plan méta-historique, un lien unit la Rose-Croix à la Communauté des Frères, dont le dernier évêque, JA Comenius, fut l’envoyé de laRose-Croix, chargé de préparer les temps modernes pour l’Europe.

Nous pensons que les questions suivantes, sur le plan éducatif, ont une pertinence particulière : quelle tradition Jean Hus et les hussites (par exemple Chelcicky), et le milieu morave dans son ensemble véhiculaient-ils? Par quels moyens visibles et invisibles furent-ils l’expression de cette tradition? Et de plus, à quoi ressemblait la vie quotidienne dans la communauté, et quels étaient les points fondamentaux de son orientation, aussi bien sur le plan spirituel, psychique, que matériel? Quel était la réalité de l’apprentissage, et son contexte, institutionnel ou nom, chez les Frères? Quelle était la nature de leur relation avec le monde? De quelle manière la marche rigoureuse vers l’éveil, à tous les niveaux, procédait-elle de principes que l’on pourrait plutôt qualifier ici d’exigences intérieures? Qu’est-ce qui a permis pendant deux siècles à cette communauté de rester immuablement axée sur ses buts élevés malgré mensonges, calomnies, persécutions et destructions répétées?

Et nous verrons ainsi que l’éducation, domaine dans lequel, malgré les critiques de Comenius lui-même, la communauté était passée maîtresse, en tout cas très en avance sur son temps, se révèle, si elle est bien comprise, un pilier de l’accès au plus grand nombre possible d’individus à l’éveil de la conscience et à la maturité biopsychospirituelle.De quelle nature sont donc ces fameuses exigences à notre époque? Et quelles sont les possibilités, dans ce monde apparemment en folie furieuse.Il s’agit de mettre en œuvre une absolue révolution, la plus radicale qui soit, et ceci en particulier par le biais de l’éducation. L’éducation bien comprise peut transformer complètement l’homme, et ceci aura indirectement des conséquences sur toute la vie sociale, économique, politique, etc… Le travail pédagothérapeutique sur les plans spirituels, psychiques et matériels va inéluctablement vers la modificationen profondeur et le changement de nature de l’homme.

Il est évident que nous rencontrons et rencontrerons des résistances, et c’est déjà le cas au sein de l’Ecole spirituelle elle-même, et cela est parfaitement normal, car nous touchons ici au cœur du travail, et l’exigence est ici, pour nous comme pour nos co-élèves, une véritable vie authentique, où l’on ne se contente plus de belles phrases maisoù la pratique de vie intérieure et extérieure démontre la réalité d’être vécue. Sans cela notre éducation n’a aucun sens.

L’éducation est donc un élément essentiel de la grande révolution qui va embraser, oui, qui embrase déjà le monde. Notre travail éducatif se devra d’être universel et un don absolu et sans aucune recherche d’intérêt personnel, même pseudo ou quasi spirituel. Nous devons, quoique très intelligemment et de façon parfaitement coordonnée, nous jeter dans la bataille, quelle que soit la souffrance qui en découlera.A notre époque, l’homme a en principe tous les éléments qui luipermettraient de prendre son destin en main.

Et l’aide est là, partout présente, mais nous ne la voyons pas. Elle ne demande qu’à être transmise, transmuée d’abord pour, puis ensuite aussi par ceux qui ne peuvent encorela percevoir Nous la repoussons même, par notre façon égocentrique de la demander. Nous demandons l’aide pour nous-mêmes, ce qui, déjà, lui ferme la porte. Sans compter que cettefaçon de faire attire toute la caricature, qui se précipite et répond immédiatement à tout appel de ce type. Ce qui suit est donc non seulement valable pour l’apprenant, l’élève, mais bienentendu aussi a fortiori pour l’éducateur

Ce qu’il faut donc faire comprendre, c’est que dès le départ, si on demande, ce ne peut en aucun cas être pour soi-même, mais pour le rétablissement de tous pour tous. Celui qui a besoin d’aide, donc en fait d’éducation ne doit donc pas la réclamer à corps et à cris, mais il doit être amené à comprendre qu’il doit lui-même implorer la liaison intérieure directe, même si au début, et le moins longtemps possible, cette liaison est transmuée par des tiers, les éducateurs , formateurs de maîtres, ou pédagothérapeutes. Cela même s’apprend..

Pour pouvoir être déliée, pour devenir réellement opérantedans l’individu qui y aspire (et un des talents de l’éducateur est de susciter cette aspiration), cette force d’amour par essence aidante qui, au départ, rayonne sur tous, doit pouvoir

progressivement faire sa demeure en celui ou en celle qui en a besoin. Ce besoin est latent chez tous, mais il doit devenir conscient.

Ce qui implique que, pour pouvoir être aidé, ou éduqué, ouformé, de façon authentique et libératrice, il faut d’abord vouloir devenir soi-même une aide, une modeste station de force, il faut d’abord vouloir collaborer à l’entreprise de diffusion intelligente de la Lumière que constitue l’éducation.Comment aborder cet aspect avec celui ou celle qui aspire à l’éducation ou la formation? Et comment susciter cette aspiration?

Faire ressentir, présenter la vie comme par nature l’expression de l’amour et du don, ce qui amène à vouloir les vivre et les exprimer chaque jour, au-delà de la vie et de la mort animales. La vie est mouvement dynamique, et il s’agit de faire apprendre à orienter ce mouvement, afin que, progressivement, il se tourne vers l’intérieur. Dans ce mouvement et cette attention doivent naître le silence, et l’aspiration à connaître cette force. Partout présente, elle veut par nature nous servir, gratuitement. Et cela nous pousse au service du tout. Même si notre éducation s’adresse à tous, par souci d’efficacité elle a d’abord en vue ceux qui peuvent et veulent comprendre, ou qui sont susceptible de ce devenir en cette vie, sans aucun élitisme mais par souci d’efficacité.,car ceux-là se chargeront des autres.

En presque tous existe le germe de cette compréhension, mais l’éducation libératrice ne pourra être apportée de façon efficace qu’à celui ou celle qui en manifestera déjà le désir, sous la forme indiquée. Si ce désir n’est pas présent l’art du pédagothérapeuthe consistera à orienter l’attention du jeune vers ce germe de vie supérieure, tout son effort portera, au début sans faire appel à la raison mais plutôt au sentiment, sur son éclosion. Il l’entourera donc de tout son amour et feratout pour que se déploie impersonnellement sur lui le champ vibratoire nourricier favorable à la réapparition de ce désir inné, quoique peut-être bien étouffé au départ. Il s’agira doncd’amener le jeune, par l’expérience et les échanges, par la souffrance parfois, (l’éducateur fera cependant le maximum pourl’éviter), à comprendre que l’aide se délie par la volonté réelle, authentique de devenir une aide. En chacun de nous, nonseulement cette possibilité existe, mais tout est là pour qu’elle se réalise et sans cela, la vie n’a aucun sens.

Cela nous amène à une véritable révolution intérieure, à un absolu retournement des valeurs. Car, de nos jours, dans la pratique quotidienne, le moins qu’on puisse dire c’est que les choses ne fonctionnent que rarement dans cette orientation. Cette progressive illumination de la conscience peut très bien s’expliquer raisonnablement.

La recherche de Comenius en matière de “science”, comme la nôtre, se place sur le terrain d’un vivant universel, d’une échelle de la vie qui va de la pierre aux anges et au-delà, en passant par l’homme. Pour lui, le sens des êtres et des choses prime. La méthode qu’il introduit pour “rassembler la “vérité partout dispersée” révèle une unité universelle qui se manifeste grâce à trois principes fondamentaux (la lumière, l’esprit et la matière) et par sept degrés (ou espèces) de substances. Il s’agit bien là d’une conception dynamique, vivante, en devenir, de la nature, qui s’apparente à la philosophie spirituelle de la nature que l’on peut retrouver chez Paracelse. Cela vit, est, progresse, se manifeste, et vise à l’accomplissement et au perfectionnement harmonieux du tout. Ainsi tout ne s’explique pas par les oppositions, tout ne se réduit pas à un éternel recommencement, l’univers a un sens. L’éducation, à notre sens, englobe largement ce que nous avons l’habitude d’entendre par là. Par son objectif universel, elle retrouve le sens premier de la philosophie, quête de la sagesse, et la transcende même par ses aspects métaphysiques. Elle touche à des aspects pédagothérapeutiques et alchimiques purs. L’éducation a besoin de règles. Mais chez le pédagogue, elles doivent de toute évidence correspondre à des exigences intérieures, et chez le jeune, le devenir le plus rapidement possible.

- Le problème de la souffrance et du choix, basé sur la compréhension, la connaissance.

D’où provient la souffrance? Avec ses multiples variantes et leurs causes la souffrance est un serpent de mer multiforme qu’il serait très difficile d’explorer ici, même de façon non-exhaustive. Mais on peut cependant dire que la souffrance

provient d’une inadéquation aux exigences posées par le devenirhumain. Quelles sont ces exigences, et donc ces possibilités?Une de ces exigences consiste à veiller à l’ouverture du cœur et de la tête au service du développement spirituel manifesté chez le jeune, ou dont la manifestation se prépare chez lui. Legerme de la vie réelle doit pouvoir s’épanouir, libre des influences de l’emprisonnement de ce monde. Cet ordre de naturea pourtant un sens puisqu’il permet justement une prise de conscience de la nécessité d’y échapper. Mais il est question, dans le processus éducatif, de garder le jeune des perturbations si facilement issues d’une orientation soumise aux pouvoirs de ce monde. Ceux qui ont intérêt à diriger la conscience vers la matière et ses pièges ensorcelants de paradis illusoires sur cette terre devront être tenus en échec par l’orientation, la ressouvenance et la mise en pratique du plan “pédagothérapeutique” à la base de notre ordre de secours.Les facultés de logique et d’expression, approches de la véritable intelligence, devront être mises au service de la compréhension de la vie vraiment humaine •- Conséquences : pour une société gnostique, suite logique de la nouvelle éducation. Relations actuelles et futures entre règle sociale, spiritualité, science, culture et éducation.

- Beaucoup s’aperçoivent, dans tous les domaines, que notre siècle aura une approche des problèmes de l’énergie toute autre. Eh! bien nous voyons là qu’il nous faudra apprendre à discerner quelle est l’énergie qui nous gouverne, et comment nous pouvons à notre tour gouverner l’énergie, afin de la mettre au service du tout. Très tôt, grâce à un éveil intuitif de la conscience, le jeune sera mis en mesure de percevoir et d’assumer sa responsabilité et son autonomie, car, comme ils lecomprennent très bien mais comme on ne le leur laisse pas encore le réaliser, les jeunes sont responsables du monde, en une conscience grandissante et lucide de l’interaction multiple des êtres et des choses.

Soyons précis : les buts annexes développés dans le cadre des écoles primaires actuelles ou secondaires correspondent, ou devraient correspondre, à la formation de l’homme-citoyen, dansle cadre d’une société. Mais la société est composée d’individus, formés par une éducation. Nous accordons la primauté à l’éducation de l’homme telle qu’elle est développée

ici et espérons qu’un tout autre type de société, par répercussion indirecte, pourra en naître, facilitant à son tourle devenir humain véritable pour tous.

Et c’est la qu’intervient la notion de biosophie spirituelle :

L’éducation es inéluctablement, si elle veut être digne de ce nom, accès au chemin de la connaissance libératrice et de la sagesse. Quel travail individuel au sein de la communauté implique-t-elle : La personnalité en développement ou développée au service de l’âme et de l’esprit ou le devenir conscient psychospirituel.

- Nous devons donc nous atteler à une triple réalisation : a) des maîtres et des parents intégrés ( c’est à dire possédantla maturité biopsychospirituelle), ou en voie de le devenir. Comment donc pourraient-ils autrement espérer guider leurs élèves ou enfants vers cet accomplissement. b) une orientation cohérente avec le sens de la vie, dont la quête et la réalisation, même si chacun doit l’aborder en toute liberté, représentent le premier pas vers l’accomplissement de l’homme vrai, c) un constant travail en équipe qui permet, sous la direction de ceux qui sont très rapidement et spontanément, dans ce contexte, reconnus comme les “aînés en sagesse”, de corriger, mettre au point, etc… tout en respectant l’orientation définie.

- Appel à tous ceux dont le métier et la responsabilité; amèneront à collaborer à la mise en œuvre de cette révolution éducative. Un pour tous et tous pour un.

Tout au long de ce manifeste, chacun a pu constater qu’il reste encore beaucoup, et même énormément à faire. Cependant, la vision révolutionnaire ici proposée, qui n’est qu’un prolongement des lignes de forces éducatives présentes aussi bien en Amérique du Sud, aux Indes, qu’en Egypte, (de façon plus proche de nous, en Bohême Moravie et en général au XVIIe siècle avec J.A. Comenius ) est de plus en plus à l’ordre du jour. En effet de plus en plus d’individus comprennent que la

paix ne peut être le résultat de traités ou d’alliances, même et peut-être surtout au plan mondial, ou de décisions de policeextérieure. Nous entrons dans l’ère de la Pédagothérapie. Nous aimerions citer ici quelques passages d’un article de “L”Express”à ce sujet. Il est à préciser que nous n’entrons absolument pas dans les vues de ses auteurs, sauf à montrer quela préoccupation qui allie thérapie et éducation va bientôt se retrouver même dans les prisons , miroir grossissant de la folie de notre société. Le titre est déjà parlant (“La folie sous écrou”) : “… Incroyable : près de 30% des 48000 détenus français souffrent de troubles mentaux et 10 à 45% d’entre eux sont atteints de pathologies lourdes …”. Notons ici que ceux qui se retrouvent malades dans les prisons sont simplement passés à l’acte, alors que bien d’autres qui relèvent des même pathologies ne sont pas “traités”. D’autre part ceux qui se retrouvent derrière les barreaux sont tout simplement la preuve, en ce qui les concerne, que l’éducation, pour quelque cause que ce soit, n’a pu correctement “redresser la situation”, déjà bien souvent très difficile au départ.

Nous avons vu que l’éducation biosophique au sens spirituel fera entrer les jeunes dans un nouveau devenir humain, libre de cette nature, où corps, âme et esprit reconstitués passeront de l’état-matière à l’état lumière. Nous n’en sommes pas encore là, pour la plus grande majorité. Et, dans le Témoignage de la Fraternité, de Mr Jan van Rijckenborgh, nous pouvons lire :

“La Nouvelle Ecole conduira les adolescents suivant les lignes que les Anciens Frères ont montrées à l’humanité, afin que toutes les forces supérieures de l’homme puissent se développer et qu’il soit conduit à sa véritable destinée dans l’Ere d’Aquarius, à savoir, l’unité de l’esprit, de l’âme et ducorps.

“Nous vivons un temps où le système d’enseignement s’adapte totalement aux exigences de cette nature. Les garçons et les filles sont dressés à devenir complices de la corruptioninstituée. La frénésie des diplômes est cause d’une immense souffrance pour les jeunes. Les meilleurs menteurs et les plus habiles mystificateurs vivent bien matériellement en ce monde, et leurs situations sont présentées à la jeunesse comme le but de la vie humaine. (…)

Le nouveau système d’enseignement s’harmonisera à l’uniquebut de l’existence et donnera une éducation conforme à la vocation de l’humanité (le passage de l’homme matière à l’hommede lumière) dépourvue des mensonges sociaux de notre temps et des influences abrutissantes de la décadence.”

Cet accomplissement mettra en jeu chacun, qu’il soit parent, jeune, ou adulte conscient. Si nous parvenons, dans un avenir plus ou moins lointain à faire accepter la nécessité de ces choses et à les mettre en œuvre, il est inévitable que toute la société s’en ressente. Et ceci non pas dans un sens réformateur, afin, une fois de plus d’utiliser la lumière pour dorer notre prison, mais pour que, très progressivement, l’humanité retrouve sa nature et son domaine de vie originels.

Notre monde désordonné est actuellement dominé par l’irrationnel. Or les écoles telles que nous les concevons, devront constituer de véritables pépinières où, sur la base de personnalité en développement et en cours de régénération, la Raison pure pourra se faire jour. Il s’agit, et l’éducation a ici beaucoup à dire, de faire de la Vie même sur notre terre, en vérité, un atelier de l’humanité vraie Tout l’organisation sociale devra se plier à cette orientation. Les écoles deviendront ainsi les germes de la vie renaissante qui ressuscite des ténèbres où elle était plongée. Si les modifications de base sont réellement apportées, elles deviendront des ateliers de sagesse universelle.

Dans un monde où tout éclate et part en morceaux, où l’on se perd dans le Labyrinthe des idées et des faits démultipliés par les médias, la Pédagothérapie nouvelle devra justement indiquer la sortie définitive du Labyrinthe, version terrestre de l’enfer. Et en effet quel pandémonium, quelle folie n’est-elle pas sur le point de se déclencher sur une terre mutilée.

La vision universelle qu’implique l’éducation biosophique spirituelle est donc de plus en plus d’actualité. En effet de plus en plus d’individus, qu’ils soient parents, éducateurs, ousimplement conscients de la nécessité d’un éducation de tous par tous, totalement différente de l’asservissement proposé en général dans les “écoles de la république”, comprennent que la paix ne peut être conçue sur la base de traités ou d’alliances, et de décisions de police extérieure. Non, par là-

même, comme ce grand prophète cosmopolite l’avait bien compris,si une éducation à la paix véritable, intérieure, comme semblait la souhaiter Mme Montessori, n’est pas entreprise jusque dans ses aspects les plus subtils, cad en tenant compte de la totalité de l’être humain, esprit, âme et corps, nous irons de guerres en actions terroristes, de violences en explosions diverses. Toutes ces réflexions nous placent à l’évidence devant l’exigence suivante : dès la plus tendre enfance et même avant, des mesures radicales dans le sens d’uneéducation visant à l’épanouissement de l’homme vrai, doivent être prises et réalisées d’abord dans des “écoles-laboratoires”, puis à l’échelle universelle (Pampaedia).

Le travail pédagothérapeutique, dans une optique biosophique purement spirituelle, s’il est encore le fait d’un nombre relativement restreint d’individus, est logiquement et inéluctablement appelé, à plus ou moins long terme, à avoir uneinfluence directe et indirecte sur toute la société humaine.

Car nous explorons de nouveaux paradigmes, ceux du troisième millénaire, où tout éducateur ne pourra faire autrement que de vivre et d’incarner l’amour inconditionnel pour tous, et en particulier pour ceux qui lui sont confiés. L’éducation, dès maintenant, doit être envisagée sous un angle radicalement nouveau. Elle sera empreinte d’espoir et d’inspiration ou ne sera pas.

Les enfants d’aujourd’hui sont les futurs adultes de cettesociété toute autre. La nature humaine change à une allure accélérée. Nous devons préparer nos jeunes à ce saut qualitatif, car cela ne se fera pas tout seul. Guidons les,accompagnons les dans un esprit de paix et de discipline intérieure, afin que, non seulement la moisson soit grande, mais les germes de la prochaine moisson soient semés.

PEDAGOGIE, THÉÂTRE, ET ALCHIMIE

De tout temps, l’homme a cherché à se dépasser, a pressenti l’existence en lui-même de possibilités latentes que la vie ordinaire ne développait pas vraiment. On pourrait, et cela a été fait étudier l’histoire en fonction de l’orientationgénérale des sociétés due à la simple présence de groupes d’hommes et de femmes conscients de la nécessité du

développement de ces possibilités spirituelles. Citons ici pourmémoire l’Egypte, la Grèce, la civilisation gnostique du Moyen-Orient et tout autour de la Méditerranée du début de l’ère chrétienne, la gnose arabe, le manichéisme, le catharisme, et l’influence énorme de la Rose-Croix sur notre civilisation depuis le 17e siècle.

Malgré tout cela, les conceptions universalistes de penseurs comme Bacon et Comenius, avec des propositions “pansophiques” comme celles de Collèges universels de sages, commencent à peine à être comprises. Malheureusement, elles le sont mal, et le danger existe actuellement que l’on utilise cesidées généreuses pour une manipulation plus efficace de l’humanité à grande échelle.

La réalisation de tels projets passe par une toute nouvelle éducation de l’humanité, visant à une réelle autonomiedénuée de toute égocentricité. Pour élaborer une telle pédagogie, il s’agit tout d’abord de déterminer des orientations cohérentes avec ce but spirituel, au niveau local,régional, national et international, sur la base d’une parfaitecompréhension et d’une obéissance totale aux lois supérieures du Monde et de la Vie.

L’Alchimie véritable a toujours été et est toujours cettescience de l’homme et du monde qui permet ce développement, ne s’opposant en rien à une vie sociale libre et épanouie. L’éducation, libre de tous préjugés et de tous tabous malsains et de toute autorité stérilisante peut et doit comprendre de nos jours l’essence de l’alchimie. Et si ce mot fait peur et heurte par trop les esprits timorés, que l’on en trouve un autre.

En fait, alchimie, théâtre et éducation sont trois moyens complémentaires et qui se recoupent bien souvent, d’atteindre au même but : l’autoréalisation de l’homme vrai.

L’époque actuelle, est caractérisée par une intense recherche spirituelle

Ce travail sur soi, cette prise de conscience, cette aspiration à la réalisation en soi-même et par soi-même d’un état-d’être, d’une conscience radicalement différente de cette conscience du moi que l’on accepte par ignorance d’autre chose,sont à la fois les éléments de base de l’alchimie, les préalables par lesquels tout éducateur digne de ce nom doit passer et l’arrière plan de tout théâtre digne de ce nom.

Dans ces trois moyens de vivre la connaissance, il ne s’agit pas de transmettre, car ce serait là un espoir bien prétentieux et en opposition avec un principe fondamental : celui de l’acquisition et du développement de l’autonomie. Humilité non feinte, discrétion, réserve, sont les principes debase de l’alchimie et de l’éducation.

Il est beaucoup plus difficile et procède d’un esprit pluslibre et avancé de travailler et de faire travailler l’effacement et l’expropriation de soi plutôt que l’affirmationde soi, même lié à la culture de la bonté, propriété à peine cultivée de l’animal en nous.

Déjà, dans l’antique sagesse chinoise, on peut trouver :“Celui qui se vainc lui-même est plus fort que celui qui

prend une ville”La violence est toujours le fait de l’homme non-libre, qui

n’a pas reconnu sa faiblesse. Ainsi celui qui n’a pas observé ses tensions et son conflit intérieur fondamental ne peut devenir conscient de la nécessité d’un processus alchimique éducatif qui lui permettrait de vivre “autre chose”, sur d’autres bases. Le théâtre pourrait devenir ici un moyen de mettre en scène ou de suggérer l’existence et la possibilité dece “tout-autre”.

Quelles valeurs l’éducation doit-elle remettre à l’honneur, en quoi consiste ce processus éducatif alchimique.

Partons de notre expérience. Distinguons pour ce faire deux aspects de l’éducation. L’éducation du jeune et celle de l’adulte.

Parallèlement, constatons qu’il existe deux tendances dansl’éducation, dont l’une englobe l’autre. L’une que nous appellerons l’éducation dure, qui ne peut s’effectuer que sous un certain degré de contrainte, car elle ne recouvre qu’une partie de la réalité humaine. Elle correspond à un certain typed’homme, qui tend lentement à disparaître au cours de l’histoire. C’est l’homme de la masse, grégaire, victime d’autorités ignorantes et par là-même des puissances de ce monde..

Et puis l’éducation libératrice, qui tend, elle, par une réelle connaissance de soi, du monde et de la vie et de leur signification réelle pour l’homme, à un devenir humain véritable. Cette éducation peut devenir et être l’affaire de tous. Elle est par nature hostile à toute contrainte. Elle doitimpliquer en parfaite liberté et collaboration réelle, parents

et éducateurs, dès la naissance et même avant, et remet en question tous les préjugés d’ordre social et économique.

Quand, dans ce cadre, nous parlerons de jeune, il s’agira de la jeunesse de l’âge mais aussi et sur tout de jeune sur le chemin alchimique de la connaissance par l’observation de soi-même et du monde, de la maîtrise de soi et de la victoire sur soi, seul chemin qui peut valablement donner un sens à notre vie.

L’éducation actuelle dans son ensemble n’a aucun sens, si ce n’est de dresser les jeunes à s’intégrer dans une société dont les principes fondamentaux ne sont pas l’épanouissement dans un sens supérieur, mais bien plutôt la rentabilité et le perfectionnement, le progrès dans l’exploitation de la terre, de l’univers et donc aussi immanquablement de nos frères et sœurs humains. Il serait donc bon que dès l’âge de six ans et même avant, le mieux serait même avant la naissance, les parents soient sensibilisés et deviennent, s’ils ne le sont déjà, conscients d’éléments qui sont souvent négligés ou passent à l’arrière plan. Le meilleur, qu’ils cherchent tous àapporter à leurs enfants, réside non seulement en des connaissances de bases qui leurs permettent de s’assurer une assise dans la société où ils vivent, car cela est bien nécessaire, mais surtout, responsables qu’ils sont de cette jeune vie, en une orientation toute nouvelle. Il s’agit pour les parents qui deviennent petit à petit conscients du sens de leur vie ou du moins qui cherchent consciemment à la découvrir,de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour précéder les jeunes sur le chemin de l’humanité véritable, afin de leur faciliter ce même chemin.

L’humanité en est actuellement à une phase de développement où l’autonomie d’une véritable pensée libre doit se développer chez tous, en parfaite liberté. En la matière l’alchimie de l’âme en est à ses balbutiements chez un nombre croissant d’individus, et plus nombreux seront ceux qui parviendront à son couronnement et pourront accéder à l’alchimie de l’esprit et donc aussi à la reconstruction d’un corps nouveau, d’une nature tout autre que le corps grossier que nous connaissons, autrement dit qui parviendront à pénétrerdans le nouveau champ de vie, plus nombreux seront ces pionniers, plus l’humanité entière sera poussée à cette réalisation de l’humanité véritable.

La responsabilité des parents, des éducateurs, et des jeunes qui commencent à comprendre ces choses est ici immense. En effet l’éducation peut et doit collaborer harmonieusement à ce processus alchimique.

On entend souvent par éducation l’apprentissage socioprofessionnel. Or la véritable éducation, celle qui forme des hommes et des femmes dignes de ce nom, englobe largement l’apprentissage. L’apprentissage n’est qu’un support de l’éducation. Quand l’homme pense que tout ce qui est manifesté est explicable et compréhensible par l’homme, il a raison, encore faudrait-il s’entendre sur le terme “homme”. L’homme comprend les choses à la mesure où cela lui est donné, plus il se rapproche de l’humanité véritable, d’en devenir digne, sinonon a affaire à un savoir intellectuel dangereux, que l’homme nemaîtrise pas. Point n’est besoin ici de développer le thème de l’apprenti-sorcier, dont de multiples exemples émaillent l’histoire contemporaine.

Là où il serait bon de faire preuve de plus de discernement, c’est quand on sépare les facultés de la tête de celle du cœur, le domaine de l’intuition de celui de la raison.Il n’y a dans l’intuition rien d’irrationnel ni d’inexplicable.L’alchimie rejoint ici la pédagogie. Le nécessaire rétablissement de l’unité intérieure passe par une alchimie du sang, du système nerveux. Le travail sur soi, l’auto-éducation,naturellement guidée par ceux qui ont plus d’expérience que nous sur le chemin de la victoire sur soi, n’est que vaine rêverie, s’il n’amène pas une modification profonde des organesdu corps jusqu’au sang lui-même. Et cette possession intérieuredu sang, c’est la foi. Boire le vin et manger le pain, communier, c’est alors la syntonisation vibratoire d’un groupe d’individus avec la vibration qui permettra à nouveau un pas supplémentaire dans la grande révolution dirigée vers le retourà l’état-d’être originel.

La connaissance véritable n’a rien à voir avec un quelconque savoir intellectuel. En ce sens, elle est intemporelle, et on retrouve dans l’histoire, de l’intérieur d’abord, puis manifestées dans des textes identifiables, des traces de cette connaissance. Cela donne un tout autre sens à la pédagogie de l’histoire, à l’histoire de la pédagogie, et donc à l’histoire de la prophétie, car qu’est-ce qu’un prophètesi ce n’est un pédagogue à l’octave supérieure.

En effet l’histoire de la prophétie est l’histoire du devenir humain, autrement dit le point en ce qui concerne le progrès de l’homme sur le chemin de la perfection, comparé avecles hautes normes formulées par les prophètes et les écrits sacrés. La prophétie, en ce sens, n’est pas essentiellement la prédiction d’événements extérieurs, même si la connaissance et la maîtrise des lois de rayonnements, réservée aux prophètes dehaut rang, permet de prévoir les modifications, sous tous leursaspects, qui accompagnent l’humanité dans sa marche de développement, de façon cyclique, non, l’essence de la prophétie , toujours double, est la présentation des conséquences du chemin choisi par l’homme. Soit un chemin d’obéissance et de réalisation, soit un chemin de révolte, qui cependant peut lui aussi mener à l’auto-révolution et donc à l’obéissance aux lois supérieures, soit un chemin d’opposition et de dégénérescence, hautement inintelligent, long et plein desouffrance.

Que fait le prophète? Il met toujours en garde contre les conséquences du troisième chemin, en en montrant les conséquences, tout en encourageant les hommes de bonne volonté à passer du deuxième au premier chemin.

En ce sens, un véritable pédagogue est appelé à devenir unprophète. Le vrai pédagogue pourrait aussi avec profit être un poète et un homme de théâtre. La poésie, la vraie, implique un effort d’élévation, une aspiration à un état de vie parfait, oul’expression d’une réalisation de cet ordre. Elle peut aussi inciter à cette réalisation. Or l’éducation n’étant au fond (ou ne devant redevenir) rien d’autre que l’apprentissage et lareconnaissance intérieure d’un tout nouvel état de conscience, état dont la présouvenance existe encore de façon très vivace chez le jeune enfant (jusqu’à l’âge de quatre ou cinq ans l’immortalité est pour le jeune une évidence et la mort une absurdité), la poésie et le théâtre peuvent être de vivants moyens de préserver cette ressouvenance, de la dynamiser et d’exprimer les conclusions expérimentales de chacun sur son chemin de découverte de lui-même, du monde et de la vie.

Un grand réalisme est cependant ici nécessaire. Le poète doit être celui qui réalise et non celui qui rêve ou “poétise”.Sa poésie doit être celle d’un individu au moins en chemin versla perfection. L’acte est ici fondamental, le comportement doittémoigner d’un état d’être constamment remis en question, sinon

le danger guette, celui de se perdre dans les nuages et de passer à côté de la véritable auto-réalisation.

Nous voyons donc s’esquisser petit à petit l’intérêt essentiel de cette recherche. Il est un fait certain que l’on peut parvenir à cette connaissance de façon parfaitement indépendante et qu’il ne s’agit en aucune façon de rechercher des autorités sur lesquelles s’appuyer pour répandre un messageou une idée.

Il s’agit d’abord de se relier intérieurement par alchimiepersonnelle, à la source de toute connaissance spirituelle. Et toute éducation digne de ce nom se doit de faciliter, de préserver cette possibilité. En fait c’est cela qui lui confèreun sens. Quand on en est arrivé là, on n’a pas besoin d’apprendre pour savoir, et il est possible de saisir le fil d’or des siècles qui permet de reconnaître à coup sûr, puis de vérifier de façon objective à partir de textes l’inspiration libératrice de tel ou tel travailleur (mais avant d’en arriver à ce point, il est nécessaire de beaucoup étudier). Car beaucoup durent avancer masqués car leurs découvertes trop révolutionnaires pour leur temps, rencontraient souvent l’incompréhension.

L’intérêt de faire surgir à la conscience contemporaine, de faire connaître à notre temps les travailleurs spirituels dupassé réside en ce qu’il est là démontré la continuité d’un message.

L’époque actuelle est caractérisée par une intense recherche spirituelle. Il est donc bon de susciter et de faire connaître toute forme d’études de civilisation en rapport avec les Ecoles des mystères du passé.

De même l’étude du XVIIe siècle, avec des travailleurs comme Bacon, Fludd, Comenius, présente un intérêt certain. ChezBacon et Comenius on retrouve certaines idées prophétiques comme celle d’un collège universel de sages.

De nos jours des équipes de recherche existent bien au niveau de l’enseignement supérieur. Mais le problème est devenuplus subtil. La plupart du temps, l’objectif d’associations interrégionales ou internationales est de s’atteler à des problèmes d’ordre scientifiques, afin de faire des “découvertes”, qui pourront trouver une application pour nous rendre la vie plus facile, ou qui nous rapprocherons de la compréhension des “secrets” de la nature de ce monde.

Or, sur le plan de l’orientation pédagogique, à tous les niveaux, ce sont toujours des “politiques” ou des économistes, qui avec les meilleures intentions du monde et par ignorance, dans un esprit “laïque” mal compris, qui déterminent de fait les objectifs, les intégrant donc presque nécessairement dans un cadre socio-économique bien étroit et caractérisé par l’ignorance des lois et du sens de ce monde.

Nous devons ici faire une parenthèse sur le problème de lalaïcité. Il existe encore malheureusement de nos jours un esprit d’inquisition, né de la peur dont jouent ceux qui tirentles ficelles, qui permet de suspecter, dans le cadre pédagogique tout ce qui s’écarte de la norme, tout ce qui, de près ou de loin relève de la philosophie en tant que travail sur soi, de ce qui pourrait évoquer la religion ou la politique. La laïcité bien conçue, en tout cas à partir de l’âge de douze ou quatorze ans, devrait être basée sur le principe de liberté. Or ceci implique liberté d’information et de choix. La libre information sur l’histoire des idées se retrouve bloquée par des préjugés regrettables. Et l’enseignement des diverses traditions philosophiques et spirituelles qui donnent un sens au monde devrait pouvoir être faite et même imprégner toutes les matières qui s’y prêtent.

Nous allons plus loin, et prononçons ce qui pour nous est une évidence : ce qui donne un sens, la racine même de la signification et du but de notre monde devront être à la base, à l’arrière plan de toute éducation. Car à quoi sert une éducation si elle ne donne pas un sens à la vie. L’orientation générale de l’éducation est donc primordiale et devrait donc pouvoir librement être déterminée par des hommes et des femmes qui ont compris ce sens et connaissent par expérience personnelle les problèmes de l’éducation.

Le principe qui devrait ici être de rigueur est le suivant: la plus grande unité dans la plus grande liberté. Par unité, il ne faut pas ici entendre ce qui malheureusement existe de nos jours. Ce autour de quoi on essaie d’instaurer une unité est en effet d’avance voué à l’échec. Puisqu’il n’y a là aucunevaleur stable, aucun principe d’éternité, il est normal que l’on ne puisse construire quelque chose de solide.

En effet, en général, que se passe-t-il. Nous avons déjà vu que le principe de rentabilité et d’exploitation est la plupart du temps à la base de l’unité que l’on tente de réaliser. Et l’on s’ingénie maintenant à mondialiser le

problème. IL est bien évident que les rivalités régionales et nationales peuvent être un obstacle à la rationalisation de l’exploitation des ressources, la nature humaine tendant, quandelle n’a pas appris (et nous verrons que nous donnons aux mots apprentissage et apprendre un sens beaucoup plus vaste et plusprofond que celui qu’on lui attribue ordinairement) le sens de sa vocation , à vouloir accaparer pour soi, pour sa famille, son groupe ou son pays, ce qui fait que les intérêts locaux rentrent souvent en conflit les uns avec les autres.

Nous disions plus haut que le problème devenait plus subtil. On pourrait facilement souscrire à une mondialisation de l’économie et de la culture si l’on en voyait pas l’arrière -plan.

L’erreur se situe ici effectivement sur le plan pédagogique fondamental. On fixera bientôt ouvertement, si ce n’est déjà fait, des objectifs socio-économiques mondiaux, sanschanger de fond en comble la nature humaine. On veut donc créerune unité artificielle extérieure, sans s’attaquer à la racine même du problème, racine qui ne peut être arrachée que par l’individu lui-même. Ceci est le problème alchimique par excellence. Et il requiert une toute nouvelle façon d’aborder l’éducation. Il se pose aussi bien au niveau individuel qu’au niveau universel. L’unité intérieure, comme l’unité universelle, ne peuvent être fondés sur le monde tel que nous le percevons, qu’il s’agisse de l’aspect visible ou invisible, que certains perçoivent. L’erreur provient de ce que nous croyons trouver le but de la vie dans ce que nous percevons avec nos sens actuels. C’est le vieux mythe du Paradis sur terre, l’espérance qu’en changeant l’homme et le monde sur la base de notre conscience actuelle, conscience centripète, conscience du moi, nous allons réaliser et accomplir notre vocation. Or notre conscience actuelle, nous l’observons bien tous les jours, nous colle à la peau. Certains parmi nous sont bien conscients de l’erreur du “moi”, ils n’en veulent plus. Pourquoi? C’est qu’à l’arrière-plan de leur conscience commenceà naître quelque chose de tout-autre.

Si la conscience du moi a été nécessaire pour la constitution d’un embryon de penser individuel, l’auto-réalisation d’une pensée vraiment autonome nécessite un changement radical, une révolution intérieure absolue. L’orientation, de centripète qu’elle était, doit devenir centrifuge. C’est à dire que nous devons comprendre la

nécessité inéluctable, pour devenir des êtres humains dignes dece nom, ce qui est ou devrait redevenir le but de toute éducation véritable et de toute alchimie, de travailler pour lamanifestation universelle, en commençant par un service impersonnel à notre entourage (et c’est uniquement là, à part les impératifs de survie, que réside l’intérêt pédagogique de la vie socioprofessionnelle).

Mais cela sans perdre de vue, et cela conditionne toute l’orientation de notre travail, que le but n’est pas le monde que nous percevons, même si celui-ci a un rôle important à jouer. Nous devons guider les jeunes qui nous sont confiés afinqu’ils comprennent par expérience personnelle que le monde est une “maison de transit”, une vaste école qui a une leçon à nous apprendre, et que la réalisation de l’homme véritable ne trouvera son couronnement que dans un ordre de nature complètement différent.

Et la laïcité, qui n’est rien d’autre au fond qu’une universalité bien comprise, consiste à mon avis à montrer que toutes les traditions, quelles qu’elles soient, ont un fond universel commun qui montre un chemin; Ce n’est qu’à ce prix que l’on peut espérer surmonter les conflits afférents à ce problème. Comprendre le monde en obéissant à ses lois supérieures, dont l’impermanence fait partie, nous permet alorsde trouver l’unique sens du monde que nous connaissons, qui se révélera alors être , pour le pédagogue sérieux, de pointer vers un état d’être perdu qui doit être reconstruit.

Essayons d’observer expérimentalement. Que se passe-t-il?La plupart des parents, qui devraient être considérés, et

surtout se considérer eux-mêmes, comme des éducateurs à part entière, même si leur rôle est quelque peu différent de l’éducateur “professionnel”, sont en général maintenus, par un système de conditionnements complexes dont il leur est difficile de se libérer ( pour la pure et simple raison, soit qu’ils sont rarement conscients de son existence, et donc bien entendu de l’urgence et de la nécessité de s’en libérer, soit qu’ils considèrent ce conditionnement comme “naturel” , ce qui est un comble, ou “culturel” , ce qui est donner un sens bien limitatif à la culture)dans l’ignorance et l’illusion concernant le Sens, donc le But et surtout la Réalisation de laVie. L’énergie est habituellement dirigée presque exclusivementsur le plan horizontal des choses, celui de la survie, vers la rentabilité et la consommation, et les valeurs révolutionnaires

qui permettraient à l’homme d’entrevoir une issue libératrice sont noyées dans l’agitation et la peur, élevées au rang de vertus, ou au moins acceptées comme faisant partie de la “nature humaine”.

Et cela continue, de génération en génération en génération, car même si quelques éducateurs prennent consciencede ces choses, soit ils ne voient pas à la possibilité de rétablir une orientation positive et en harmonie avec le but fondamental de la Vie., et baissent les bras devant un système qui les écrasent et devant lesquels ils se sentent impuissants,soit ils font figure d’utopistes, de doux rêveurs, et quand ilsveulent s’attaquer au problème en eux-mêmes, et donc que cette connaissance d’eux-mêmes et du monde rejaillit sur leur enseignement, ils sont regardés de travers ou récupérés.

Et les jeunes, sauf rares exceptions, suivent les rails qui leur ont été tracés par leurs aînés.

Comment se libérer de ce cycle infernal? Où faire porter l’effort?

Il semble évident qu’il faut qu’un nombre croissant d’éducateurs deviennent tout d’abord conscients de ces choses, et se décide ensuite à les appliquer dans leur pratique quotidienne, en formant ainsi progressivement des équipes pédagogiques, des équipes interdisciplinaires de projets internes aux établissements, et inter-établissements, aussi bien au niveau local, régional, inter-régional que national et international.

Et, Dieu soit loué, nous pouvons observer que les forces libératrices actuellement à l’œuvre en ce monde poussent au travail alchimique et que de plus en plus d’éducateurs comprennent, car ils sont constamment renvoyés à eux-mêmes. Ilssont donc mûrs pour collaborer à l’orientation de l’éducation vers un réel devenir humain et vers une compréhension positive du monde et de la vie. Même s’ils sont peu nombreux, de plus enplus de parents ont des exigences convergentes pour leurs enfants. Ils accepterons de plus en plus difficilement que l’étincelle, le germe d’une vie qu’ils pressentent soit étouffépar une éducation trop normative, et destructrice en ce qui concerne l’essentiel.

L’effort doit aussi porter sur les futurs parents. Comment? Les éducateurs de l’enseignement supérieur et de fin de cycle secondaire ne doivent pas seulement expliquer les phénomènes vitaux, mais leur sens. La venue d’un enfant dans le

monde doit être clairement montrée comme une chance, pour cet homme ou cette femme en devenir, de devenir en vérité libre. La nécessité d’attendre de posséder une maturité suffisante pour collaborer à la naissance, à la croissance et à la maturité de cet être doit être soulignée (en principe tout devrait être fait pour qu’une naissance ne survienne pas avant que les deux parents n’aient au moins 28 ans, âge où, si tout se passe bien, il serait possible que les véhicules humains de base soient formés). De même la responsabilité de l’auto-préparation à cette venue doit être nettement pointée : les deux parents doivent être conscients de ce qu’ils devront assumer celle-ci sans compter sur qui que ce soit.

La préparation à la tâche de parent doit donc commencer leplus tôt possible, et ceci dans le sens ici esquissé, et non uniquement dans les multiples perspectives affectives et socio-économiques bien souvent à l’arrière plan de la naissance, évènement qui doit retrouver son caractère sacré Ce qui implique que les programmes d’enseignement doivent, dès l’écoleprimaire, inclure ces notions de respect de la vie, de responsabilité et d’autonomie. Les maîtres ou les maîtresses nedevront pas perdre une occasion, au cours de lectures ou d’explications de porter l’accent sur la merveille qu’est la vie, et comment un être, qu’il s’agisse d’une pierre, d’un végétal, d’un animal, ou d’un être humain, se développe en harmonie avec sa nature propre s’il est placé dans des conditions qui y sont favorables. Le sens de la vie, de la naissance à l’épanouissement, devra être souligné dans son ensemble. Le maître ou la maîtresse devront donc déjà avoir unerecherche personnelle avancée en la matière. Ceci montre bien, soit dit en passant, que la formation initiale des maîtres doitau moins durer jusqu’à 28 ans.

Et dans cette tâche éducative qui doit être accompagnée dès avant la naissance, parents et éducateurs doivent réellement collaborer. On assiste malheureusement, et enseignants et parents conscients le savent bien, à une incompréhension mutuelle qui trouve sa source évidente dans l’ignorance relative des deux parties. Oui, parents et éducateurs doivent réellement travailler ensemble. comme nous le disions plus haut, la tâche de parent doit être revalorisée.Dans l’état actuel des choses, par quoi commencer?

Tout en espérant qu’un nombre croissant de parent collaboreront de façon positive à l’œuvre éducative,

l’initiative doit malheureusement dans certains cas de plus en plus nombreux partir des pédagogues, à l’exclusive condition que ceux-ci aient pour un des objectifs principaux la responsabilisation des parents qui en ont encore besoin, la nécessaire prise de conscience de la responsabilité .

Dans une ville, il y a des écoles maternelles, primaires, et secondaires. il est bien évident que le travail de sensibilisation des parents, surtout dans les villes ou la population est le plus en difficulté, doit commencer le plus tôt possible. Mais ne nous y trompons pas, le niveau de conscience n’est pas forcément plus élevé à Neuilly qu’à Goussainville, même si en moyenne le niveau culturel est plus élevé. Et il est quelque fois plus difficile et plus subtil de comprendre qu’une idéologie très performante dans le domaine socioprofessionnel peut être catastrophique sur le plan pédagogique. Une façon de penser qui soutient et entretient un nombre de plus en plus important de foyers de guerre dans le monde, du fait des valeurs érigées au rang de vertus telles quela compétitivité et la lutte pour la vie, est terriblement destructrice pour l’éducation. Celle-ci doit viser à une nouvelle civilisation où les quatre piliers de base seront la non-violence, l’harmonie dans toute les extériorisations, l’orientation parfaite vers l’auto-réalisation et autolibération de l’essentiel en l’homme, et l’unité véritablesur la base de ces choses, pour tous ceux qui accepteront consciemment cette Révolution intérieure non-violente . Aucune autre éducation n’est digne de ce nom.

Les plus jeunes enfants sont plus près des notions d’absolu et de liberté. Il faut donc veiller à ce que , dès la maternelle, l’ouverture aux choses essentielles de la vie soit maintenue et entretenue par des contes, la musique, les activités créatrices, l’observation du monde guidée intelligemment par les éducateurs, et surtout que l’on n’endommage pas les si délicates fonctions du cerveau, du système nerveux, et des glandes à sécrétion interne, par un entraînement intellectuel trop précoce; Certains préconisent une préparation à l’apprentissage de la lecture dès la crèche! Nous expliquerons plus loin en détail pourquoi il est d’une importance vitale que les apprentissages faisant intervenir un embryon de fonctionnement mental structuré n’ait pas lieu avant6/7 ans.

Ici se pose immédiatement le problème de la formation. Il faut être lucide. La société et son cortège d’impératifs économiques ne se laissera pas faire. Les bouleversements qu’implique une telle conception révolutionnaire de l’éducationne se feront pas sans mal. Il est question ici de balayer des préjugés millénaires qu’au cours des siècles bien peu d’hommes ont réussi à surmonter.

Ce qui compte c’est , dans un premier temps, un maximum deformateurs et d’étudiants soient tellement sensibilisés à ces choses qu’ils en viennent à les considérer comme si essentielles qu’ils n’hésitent pas à les mettre en pratique contre vents et marées. Car ce n’est que par la base, ce n’est que si un nombre croissant d’individus se met réellement au travail alchimique sur soi-même, même s’il ne lui donne pas de satisfaction en ce monde, que les objectifs de l’éducation pourront être changés. Et alors on pourra espérer que la compréhension du monde et de la vie en tant qu’ordre de secourspourra à nouveau se répandre et être acceptée. Répétons le, ceschoses ne pourront être prises en main par un nombre suffisamment important d’éducateurs, de jeunes, de parents, quesi le caractère d’urgence en est reconnu.

Et pour que les orientations libératrices de cette nouvelle façon d’aborder l’éducation puissent trouver leur application dans les faits, il est indispensable qu’elles soient acceptées et donc reconnues comme fondamentales, une question de vie ou de mort.

Et c’est bien de cela qu’il s’agit, d’accomplir ou non, aucours de cette vie, de réaliser ou non en nous, ce pour quoi nous vivons. Sinon, notre vie n’a aucun sens, et c’est une mortlente. De plus, il suffit d’ouvrir un peu les yeux pour constater que les valeurs de rentabilité, de compétitivité, quin’ont d’autre sens que celui, animal, de profiter au maximum des ressources de la planète, déjà bien abîmée ( et là le cri d’alarme est déjà poussé depuis longtemps, mais les intérêts financiers et de pouvoir sont tellement forts qu’il est déjà très difficile de faire entendre raison), et d’exaltation du moi et du groupe auquel on appartient, même si ce groupe est celui de la population terrestre, auquel cas il s’agit d’un énorme ego, eh! bien, ces valeurs mènent l’homme à l’abîme, sans parler des violences endémiques et des guerres, des comportement déviants, qui sont malheureusement encore toléré et considérés comme normaux, etc...

Tout cela n’est pas nouveau, et correspond à une fin de civilisation. Le problème est que ce cancer s’étend à la planète entière, et qu’il passe donc beaucoup plus facilement pour “normal”...

Ce que peut faire l’alchimiste n’est évident que pour l’alchimiste, de même que pour le pédagogue, mais le résultat en est un travail sur soi-même, mais au service de tous. Et si l’on considère que l’alchimie consiste d’abord en ce travail deconnaissance de soi, puis de maîtrise de soi et de victoire sursoi, alors on peut affirmer que tout éducateur sérieux est par nature un alchimiste, car comment orienter, guider les jeunes qui lui sont confiés s’il ne vit pas le travail intérieur qui lui permet, à lui aussi, d’avancer sur le chemin du devenir humain véritable.

Les éducateurs sérieux doivent donc constituer comme un groupe ouvert d’hommes et de femme qui savent vraiment ce qu’ils font et pourquoi ils le font.

Que font-ils? Leur tâche est, en collaboration avec les parents et les jeunes plus mûrs qui ont compris les objectifs et travaillent activement à les réaliser, de guider les jeunes dans quatre directions principales, le devenir humain, la biosophie ou compréhension du monde et de la vie dans toute sa sagesse, la faculté de s’exprimer, et les connaissances à usagesocioprofessionnel La première est le devenir humain véritable.Cette première orientation part du présupposé que l’homme dansson état actuel n’est pas achevé, accompli, qu’il est en cheminvers cet accomplissement, ce qui fonde d’ailleurs le projet éducatif. Le jeune comprendra facilement cela car il est lui-même, dans le cadre de l’évolution “naturelle”, en perpétuelle transformation. L’objectif qui lui est habituellement proposé est celui de devenir un “adulte”, capable de subvenir à ses besoins, dans le cadre d’une société définie.

Il faut montrer aux jeunes, dès leur plus jeune âge, par des contes, des poèmes, du théâtre, etc... qu’il ne s’agit là que d’une étape, nécessaire mais insuffisante, que le but de savie est beaucoup plus noble et digne d’accomplissement. Il doitêtre amené progressivement à découvrir en lui-même et par lui-même l’essence de cette humanité véritable, dont la réalisationest le but de la vie de tout individu parvenu à une conscience relativement libre.

Car dès qu’un rayon de lumière luit dans notre obscurité, nous n’avons de cesse que ce rayon devienne un soleil

rayonnant. A moins que nous ne cherchions à explorer et à exploiter cette lumière, auquel cas, c’est avec son reflet que nous travaillons, car la force motrice de l’univers, que certains appellent l’Amour, n’est pas pacifiste et ne se laissepas saisir par des mains non préparées et avides. Et si l’on cherche à utiliser cette force de façon égocentrique, et c’est ce que nous observons autour de nous avec les résultats catastrophiques que l’on peut facilement constater, qu’il s’agisse de l’ego du monde, avec ses multiples intermédiaires, ou du moi, cette puissante force continue à s’offrir, en sacrifice indicible, mais toutefois à un taux vibratoire abaissé, afin que les expériences, négatives ou positives, aient finalement démontré à l’homme l’impasse dans laquelle il s’était lui-même fourvoyé, et la nécessité d’une éducation absolument autre. Il y a cependant des limites.

Et ceci nous amène à parler du problème de la “discipline”. La mentalité de “sale gamin” de l’homme, qui s’est démontrée au cours des siècles, accumule des dangers pourla nature, dont la fonction est entre autres de permettre une éducation de l’homme véritable. En un certain sens, on peut dire que cet “Amour”, de même que la Nature qui en est l’expression, ont leurs “exigences”. A l’échelle d’une vie, quinous intéresse ici, il est évident que, sur le plan pédagogique, le jeune, passé un certain âge, a besoin, quoique très temporairement ( et là gît la difficulté) d’un référent, de règles.

Ce référent ne doit pas être “personnel” au départ. Les exigences relayées et vécues par les éducateurs doivent être celles du groupe des éducateurs, du groupe des parents et du groupe des jeunes. La communauté éducative doit être progressivement amenée à comprendre, à accepter et à intérioriser ces exigences de façon “personnelles” ensuite. La plus grande rigueur est d’abord, pour l’éducateur, à avoir sur lui-même. Simultanément, et dans les grandes unités pédagogiques, qui sont d’ailleurs appelées à disparaître, la plus grande rigueur devra être mise en œuvre par rapport à ces exigences.

Mais la “discipline devra toujours être ici conçue comme un moyen de faire comprendre et intérioriser l’exigence sur soi.

Ces exigences doivent être présentées comme “allant de soi”, elles ne doivent surtout pas être considérées comme un

nouveau dogmatisme, comme un but impossible à atteindre. L’homme tel que nous le connaissons actuellement, avec sa conscience plus ou moins individualisée, n’est pas, ne peut pasêtre le but. Il suffit d’avoir ouvert un peu les yeux sur le monde actuel et de considérer l’histoire de l’humanité pour s’en apercevoir. Et le monde dans lequel nous vivons n’est pasnon plus une fin en soi. L’homme et le monde actuel ne sont donc que des moyens, même si ces moyens doivent être tenus en parfait état aussi longtemps qu’ils n’ont pas encore accompli la vocation pour laquelle ils ont été créés.

Or quelle est la vocation de l’homme et du monde? Qu’est ce que l’alchimie de l’âme et l’alchimie spirituelle? Et cette alchimie, qui est perçue comme si “dramatique”, dans le sens “dramaturgique” n’est-elle pas, pour l’homme devenu conscient qui éprouve constamment le besoin de se dépasser, n’est-elle pas en effet le mode d’emploi opératif qui permet d’accomplir les modifications, allant jusqu’au biologique et au structurel,qui, tel le Phénix de se cendres, feront surgir l’homme nouveau, l’homme originel véritable, des ruines du moi, des cendres de l’homme qui aura alors éteint en lui les dernières flammèches mourantes de sa volonté-moi.

L’homme-moi, tel que nous le connaissons, ne représente qu’un stade d’évolution. Il était nécessaire que nous acquerrions une conscience individualisée douée d’un embryon depensée. Pour la plus grande partie de l’humanité, ce stade a été atteint. Mais il faut maintenant passer à la réalisation del’alchimie de l’âme et à celle de l’esprit. Ces principes alchimiques et éducatifs furent connus, en cercles plus ou moins restreints, de tous les instructeurs de la période de l’humanité aryenne, qui prit son origine historique il ya une dizaine de milliers d’années en Amérique du Sud, aux Indes et en Egypte, à la suite de catastrophes géologiques et telluriques qui mirent fin à la période précédente. Mais il estdes moments dans l’histoire de l’humanité où 1) l’urgence de lasituation commande de faire connaître ces choses, faisant soi-même tous ses efforts pour les réaliser en soi-même (ce qui estla meilleure façon de les faire connaître).

Pourquoi urgence? L’état de délabrement de l’homme et du monde ne peut de nos jours être ^pris en charge par personne d’autre que par l’homme lui-même, et il est donc parfaitement évident que rien ne doit être retenu pour qu’il puisse “prendrese affaires en mains”, ce qui implique évidemment une toute

nouvelle éducation où sens de la découverte, pensée autonome, auto-responsabilité et auto-création seront de rigueur.

L ’humanité, par son comportement erroné dû en partie à la croyance que l’état-moi et le monde tel que nous le connaissons sont un but en soi, 1) a créé des conditions de viequi nécessitent des corrections à l’échelle terrestre et cosmique, corrections qui vont de pair avec une modification dela nature de l’atmosphère dont se sont aperçus les savants sansbien l’expliquer depuis l’après-guerre, ce qui, 2) donne des possibilités accrues pour ceux qui veulent réellement, par une éducation libératrice, parvenir à la véritable autonomie, baséesur la reconstruction de la conscience de l’âme spirituelle qui est le but de toute éducation digne de ce nom, à la véritable humanité, mais 3) pour ceux qui refusent intérieurement, alors qu’ils en auront été prévenu sur tous lestons, largement informés depuis si longtemps et de façon si claire, qui ne veulent pas comprendre la leçon de l’expérience,cela prendra des tournures dramatiques et négatives, catastrophiques, ce qui est d’une logique évidente’

Il faut s’adresser ici à tous ceux qui développent une responsabilité croissante vis à vis de la nécessité d’une éducation libératrice.

Il n’y a qu’une seule façon positive d’aider l’humanité, ce qui signifie entre autres de lui permettre d’accéder à une éducation adaptée au véritable sens de la vie et du monde . Il s’agit pour chacun de ceux qui ont décidé de prendre leur vie en mains, de la remettre au principe essentiel qui est encore en germe au cœur de leur être. Il s’agit d’opérer une volte face parfaite, une véritable auto-révolution intérieure qui rétablit la hiérarchie naturelle Esprit, Ame et Corps, et donc,Tête, Cœur et Bassin, comme déjà le suggérait Platon dans sa “République”, où l’éducation tient d’ailleurs une si grande place. Il s’agit d’opérer par soi-même, et au service de l’humanité entière, la percée de conscience, qui, nous transformant nous-mêmes, pourra accélérer la transformation en profondeur de la face du monde.

Dans ce contexte, jetons ici pêle-mêle quelques pistes de recherche pour un enseignement positivement orienté.. L’étude de l’histoire devra être complètement revue. Elle devra avoir pour axe principal, toujours présent à l’arrière plan de tout fait signifiant, l’étude de l’orientation des sociétés en fonction des “groupes de pionniers”, qui sont toujours le

fondement plus ou moins évident des civilisations avancées. Citons rapidement l’Egypte, avec sa société bâtie autour du temple et des mystères des temples intérieurs, civilisation quiremonte en fait à plus de 10 000 ans, et qui, grâce à la direction d’un noyau de sages qui ne se démentit presque jamaisjusqu’au début de l’ère chrétienne, est l’exemple type de ce que peut réaliser un système éducatif adapté à son époque (rappelons qu’à cette période de l’histoire, vu le degré d’autonomie moyen de l’humanité et l’impossibilité d’une éducation pour tous, tout individu réellement mûr pour cela pouvait en fait avoir accès à l’enseignement du temple) et un groupe constant de pionniers qui inspire et dirige un groupe humain. De même, la Grèce et les Mystères, les cathares et les bogomiles au moyen âge, les Manichéens qui civilisèrent un peuple de barbares en 50 ans, etc...

Cette connaissance intérieure dont le reflet peut se déchiffrer dans le grand livre de la nature, et qui peut facilement affleurer dans des matières telles que l’histoire etla géographie, la biologie et l’astronomie, l’expression française et l’étude des langues vivantes, les mathématiques, nfait toutes les matières à partir du moment où on les envisage selon le point de vue du devenir humain et de la recherche et de la découverte du véritable sens de la vie, cette vision perçante a de tout temps été enseignée.

Revenons maintenant au plan que nous avons posé au début de cet ouvrage. Le détour a été long, mais il valait la peine, à notre avis.

III)

De L'adieu à la ronde en circuit fermé à l'Humain véritable (l'être humain des indiens)

Tout le travail précédent sur l’éducation avait bien entendu pour objectif de nous amener à ce point. Que représentel’idée d’adieu? Et ceci aussi bien sur le plan théorique que pratique. De tout temps cette image du voyage, de l’adieu, a été utilisée pour signifier le passage d’un champ vibratoire soumis à l’espace temps vers un autre champ vibratoire, celui de l’éternité, de l’absolu. Ce qui est soumis à l’espace-temps tourne toujours en rond, revient et disparaît, comme sur un plan d’où il n’est pas possible de s’échapper. Et tant que nousn’avons pas célébré l’adieu, nous acceptons cette idée d’être prisonnier de l’espace et du temps comme presque “normale”.

Or examinons de plus près la notion de circuit fermé et d’adieu. Le circuit fermé de la vie dialectique présuppose toujours la lutte pour la vie et donc le progrès suivi d’un déclin. Tout cequi est né doit mourir. Tout ce qui commence doit finir. Tout ce qui vainc sera vaincu. Et quel sens a tout cela?

Le sens “unique” que l’on pourrait y voir serait l’acquisition d’expérience. On pourrait donc dire, si on se place du point de vue éducatif, qu’il existe un type d’éducation “dialectique”, dont le but est de se mouvoir dans

la dialectique de la façon la plus efficace, et un deuxième type d’éducation “dialectique” qui va se donner pour tâche de guider, chacun à son rythme, vers l’adieu.

Or il va nous falloir examiner de plus près avant de passer aux problèmes de l’adieu, ces divers aspects de la relation de l’homme avec le monde. Schématisons : Si nous nous intéressons à la relation pédagogique de tout temps, et en particulier par exemple chez les grecs, nous observons que l’enseignant distingue plusieurs catégories d’élèves, ou même plus simplement d’hommes, qui correspondent d’ailleurs aux différentes castes chez les hindous et aux différentes parties du corps.

Chez les grecs, Socrate- Platon en particulier, il est question, vu de haut en bas, du Nous, du Thumos, et de l’épithumia (. De même dans la cité, on distingue les lettrés philosophes-spirituels, les gardiens soldats, et le peuple des artisans et autres. Hors de cela on distingue encore les barbares, ceux qui ne peuvent même pas être pris en compte pour une quelconque pédagogie. Ce sont ceuxlà qui ont le plus besoin d’éducation, car, comme le dit Comenius, il n’existe pas d’esprit si borné qu’il ne puisse être amené à la compréhension de l’idée divine, qu’il ne puisseêtre amené à un progrès, si minime soit-il. Et tout ce qui est acquis resservira.

Le Nous correspond à l’esprit, à la tête, le thumos au cœur, aux émotions, et l’épithumia au bassin, à l’acte, à la matière. Ces distinctions se retrouvent chez les gnostiques en hyliques, psychiques et pneumatiques.

Donc, nous comprenons que ce que nous avons envisagé plus haut en distinguant divers types d’enseignements, de pédagogie,ou Pédagothérapie, l’a été de tout temps. En effet, ceux qui nepeuvent qu’être entretenus dans ce monde de lutte animale pour la vie, et ne pourront, peut-être, jamais envisager le sens de ce monde dialectique, pourraient être comparés aux barbares, ouaux intouchables hindous (ceci au départ ne comportait aucune connotation négative mais reflétait un simple état d’être, évidemment temporaire, surtout si l’on se place dans la perspective de la réincarnation).

De la même façon, ceux qui correspondent chez Platon- Socrate aux artisans, à l’épithumia sont ceux qui commencent à pouvoir envisager le sens de la lutte pour la vie, mais qui y sont encore plongés, et donc restent dans l a dialectique pour y faire expérience sur expérience, poussés qu’ils sont à se confronter dans l’enseignement reçu aux aspects socioprofessionnels presqu’uniquement.

En ce qui concerne le thumos, ou les « gardiens » de la République de Platon, que l’on retrouve avec les guerriers chezles hindous, il s’agit de ceux qui sont touchés dans le cœur, les émotions, et qui vont pouvoir recevoir l’enseignement des deux ordres de nature, ce qui signifie que la pédagogie qui sera mise en œuvre avec ce type d’élève l’incitera à découvrir dans la nature les correspondances qui l’amèneront à la compréhension du sens de la vie et de cet ordre de nature, de façon positive et opérative. Ainsi la spirale de l’escargot ou de certains coquillages renverra à la spirale de l’infini ou dudivin verbe, et diverses spirales auront des sens différents qu’il découvrira. La notion de découverte prend en effet ici tout son sens. Par exemple la biosophie expliquée plus haut pourra ici être comprise. Répétons encore que ces catégories nesont pas infranchissables et qu’il est fortement souhaité que chacun passe de l’une à l’autre le plus vite possible ; Nous entrons ici dans la compréhension de la nature de la dialectique et de l’adieu positif .

Et nous en arrivons aux philosophes, au Nous, au sanctuaire de la tête. Ceux qui sont mûrs pour cet enseignementlà ont déjà mis un pied dans le nouveau pays. Et ils doivent être aidés à parvenir un jour à l’Académie de l’âme. Comenius parle ici d’Hyperphysique. Nous pouvons ici envisager la préparation et la mise en œuvre de l’esprit en l’homme, en l’élève. Mais il y a aussi un stade supérieur d’enseignement, ici bien entendu synonyme parfait d’élévation dans ce monde, mais plus du monde. Ceci correspond à un foyer qui se trouve audessus de la tête. Nous y reviendrons plus loin.

Il serait peut-être bon de s’attarder ici de façon plus détaillée sur les notions d’éducation d’enseignement et de mystères en Grèce antique.

Tout d’abord remarquons que l’approche de l’initiation auxmystères était réservée aux citoyens de la cité grecque, la cité excluant donc les barbares. Cette entité-cité, aussi bien géographiquement que symboliquement, comportait divers cercles successifs jusqu’au cœur, le prytanée, l’acropole, où le feu sacré côtoie les banquets, agapes des initiés. Cependant on sait que l’esclave d’Eschyle (Sophocle ?) était initié aux mystères.

D’autre part, ce  qui coupe court à toute fausse interprétation, il faut noter que la place de la femme dans la société grecque était très importante. Elle était la gardienne du feu d’Hera, du foyer au sens spirituel. Et de même qu’une initiation spéciale était réservée aux femmes chez Pythagore, celles-ci, de par leur rôle dans la cité et l’apprentissage quien était la conséquence directe, les femmes d’Athènes commençaient l’initiation avec un bagage qui leur permettait d’entrer plus rapidement dans les mystères. Ceci montre encore que chez tout peuple évolué au cours de l’histoire , Egyptiens, hindous, Grecs, la femme recevait une éducation au moins aussi importante que l’homme.

En fait l’initiation aux mystères comportait sept aspects,apparemment. Mais si l’on compte l’initiation de l’enfant d’Hera, cela fait huit.

Essayons maintenant d’envisager ces mystères grecs sous l’angle purement spirituel initiatique  Nous verrons alors que la tâche actuelle nous apparaîtra encore plus clairement. On pense rarement à se référer à Apollonius de Thyane. Il est cependant un des grands, à l’égal d’Orphée, de Pythagore, de Christ dont il fut le contemporain. Si l’on s’attache à approfondir le Nuctéméron, on s’apercevra que, dans sa concision, tous les points essentiels d’un enseignement gnostique libérateur, comme l’est celui de la Rose croix actuelle, y figurent.

Prenons par exemple la deuxième heure, qui correspond à ceque les mystères d’Eleusis appellent le « grands mystères » :

« Grâce à la dualité, les poissons du zodiaque louent Dieu, les serpents de feu s’enroulent autour du bâton d’Hermès et les langues de feu s’apaisent (deviennent harmonieuses) »

Si nous considérons le signe des poissons, qui représente aussi le début de l’ère où interviennent aussi bien Jésus qu’Apollonius, nous voyons que le divin doit se relier par une croix avec l’humain. Ce qui nous incite par ailleurs à bien réaliser que l’ère qui se termine avait pour tâche générale cette liaison sur le plan de toute l’humanité. Cette liaison a été opérée, et le résultat doit maintenant se démontrer. L’homme naturel doit donc ici se fondre avec l’homme- âme divin. Il s’agit tout d’abord de « devenir froid », de rendre le système aussi neutre que possible par rapport à la nature ordinaire, que « mon seul désir », comme les troubadours du moyen âge et les tapisseries le libellent, soit ou deviennent le désir de la réalisation du plan de manifestation et de sauvetage pour le monde et l’humanité, donc de la mise en œuvrede la Pédagothérapie biopsychospirituelle, préalable à l’éveil absolu

Le entre autres le sternum, (le rayonnant) feu du désir et de l’aspiration, doit retrouver dans ce stade d’ouverture du cœur, sa fonction véritable : attirer les forcesgnostiques et rayonner ce qui a été reçu ou ce que l’on peut éventuellement posséder de la lumière. Puis, par l’amour du chemin de croix des roses, et le non-désir, neutraliser tout conflit afférent au chemin. Par analogie nous voyons que ceux qui correspondent à ce stade d’évolution exigeront une éducation adaptée, qui mettra au premier plan l’intelligence émotionnelle, la responsabilité, la conscience, et la compréhension de soi, et de l’environnement proche et éloigné, ceci afin d’orienter sa vie vers l’autre royaume. La vie quotidienne et le monde où nous vivons sont alors considérés comme une « maison de transit » vers la patrie d’origine, et tout le travail pédagothérapeutique y est subjugué.

Afin de pouvoir parvenir à la mise en œuvre de ce chemin, un travail préparatoire est nécessaire. Et au fond toute pédagogie n’est elle pas qu’une tentative, grâce à divers moyens facilitateurs et annexes, de nous faire parvenir à la

réalisation d’une attitude, d’un état d’être et d’une maturité suffisante, évoqués dans la première heure du Nuctéméron :

« En unité les démons louent Dieu, ils perdent leur maliceet leur colère. »

Il est bien entendu ici question d’une purification intense réalisée dans une authentique connaissance de soi, et une liaison intérieure acquise de haute lutte. Observons ici que dès l’âge de 7 ans, et même avant, les jeunes qui ont eu la chance de naître dans un milieu suffisamment orienté sur l’effort libérateur, ou qui possèdent la qualité karmique nécessaire, comprennent parfaitement les notions, bien entendu si on les leur explique, ou mieux, si on leur en facilite la découverte,(de façon imagée et selon la compréhension qui est la leur à cet âge là) de connaissance de soi, de maturité, d’équilibre émotionnel, de compréhension du monde et de la vie,de responsabilité, etc.. et aussi acceptent facilement l’idée de la nécessité d’un effort afin de réaliser ces choses.

A partir de là, la troisième heure, qui correspond à peu près à l’«époptie » dans les mystères d’Eleusis, va progressivement pouvoir intervenir dans la mesure où s rétablit, du cœur de la croix, un nouveau feu du serpent, car les deux cordons du sympathique vont pouvoir entourer, renouvelés et apaisés, le caducée, le bâton d’Hermès, le feu central. Le jeune intuitivement retrouvera ces choses dans de multiples légendes telles que le frêne sacré d’Yggdrasill, les tours que doivent escalader les chevaliers, et en haut desquelsils vont retrouver leur bien-aimée, etc..(on retrouve aussi lestours que doivent escalader les chevaliers, et en haut desquelsils vont retrouver leur bien-aimée, etc.. on retrouve aussi la tour de l’Olympe présente à la fin des « Noces Chymiques de CRC », etc …).

Il est à remarquer ici que toutes les légendes qui font appel à Cerbère, aux gardiens implacables etc.., bien qu’elles soient sources de mystifications et d’illusions pour des adultes confrontés avec cette phase du chemin, seront très utilement utilisées et commentées aux jeunes aptes à y trouver matière à nourrir leur compréhension, et même à ceux qui

semblent ne pas y être prêts, car elles laisseront souvent une trace indélébile qui resurgira plus tard.

A ce sujet il est bon de se remémorer ce que tout pédagogue a expérimenté, et que Comenius a formalisé dans sa Pampaedie. Diverses catégories d’élèves existent ? Certains comprendront tout facilement et rapidement. D’autres comprendront plus lentement, mais plus profondément. Certains caractères seront plus rebelles, etc…Mais il est un fait certain, c’est que plus l’on tend vers le handicap le plus profond, plus se fait ressentir la nécessité de culture et d’éducation. Il n’existe pas de tête et de cœur si obtus qu’il ne puisse retirer un bénéfice certain d’une éducation et d’un enseignement adapté.

Ces contes et légendes qui frappent l’imagination et l’esprit furent utilisées par et pour les mystères eux-mêmes. Les mystères d’Eleusis comportaient, au cours des premières phases, la mise en scène de mythes puissants, tels ceux de Demeter et de Perséphone, de Demophon, et de Dionysos. Cette mise en scène faisait appel à la ressouvenance, frappait l’imagination, et permettait une identification de même qu’une « sainte terreur », qui faisait que le myste était à la fois imprégné de l’importance de ce qu’il vivait,(et qui laissait d‘ailleurs de durables traces qui resurgissaient jusque dans les moindres aspects de la vie quotidienne), et en même temps qu’il intégrait le divin latent en lui.

Cette ivresse astrale était possible car alors les corps subtils intégraient plus facilement de pures impressions, la sphère invisible étant moins polluée qu’aujourd’hui. Le daimon prenait possession du myste, daimon pouvant ici être traduit par jumeau divin. Ce que l’on peut retenir de cett méthode pédagothérapeutique, c’est l’idée de l’impression produite. Il ne s’agit pas ici de chercher à manipuler l’esprit de celui quiest éduqué ou enseigné, mais bien plutôt de faire tout ce qui peut lui permettre de réaliser le sérieux et l’importance de lamatière transmise. Le silence fait partie des moyens qui permettent d’. Le silence fait partie des moyens qui permettentd’exiger de façon impérieuse quoique naturelle et comprise, grâce à de petites lectures ou toute forme de rappel qui entretiendra l’orientation, le respect de l’apprentissage.

Nous aimerions nous attarder un instant sur l’exigence du « naturel » et de l’unité de l’individu avec le tout, (ou autrement dit détachement) au quel doit parvenir toute personnequi aspire à la vérité en elle-même. Citons ici un passage de Krisnamurti, qui a plus particulièrement réfléchi à ce problème :

« Nous avons accumulé tant de choses, non seulement des livres, des maisons ou des avoirs en banque, mais aussi des objets intérieurs – le souvenir des injures, des flatteries, denos expériences particulières, de nos succès névrotiques, garants de notre rang social. Il faut mourir à tout cela sans discussion, sans argumentation, sans crainte – il faut juste lâcher prise ; essayez donc un jour, et vous verrez. Cette démarche psychologique – car il ne s’agit pas d’abandonner votre femme, votre mari, vos enfants ou votre garde-robe, il s’agit d’une attitude intérieure -, cette démarche consiste à n’être attaché à rien. Il y a en cela une immense beauté. En définitive, c’est cela l’amour, ne croyez-vous pas ? L’amour cen’est pas l’attachement. L’attachement va de pair avec la peur.Et la peur vire fatalement à l’autoritarisme, à la possessivité , à la domination tyrannique.

… L’esprit devient alors silencieux et tranquille – naturellement, sans contrainte ni discipline.

Et si l’on a la chance d’être parvenu à cela, alors au sein de silence naît un mouvement tout à fait différent, qui neprocède ni du temps ni des mots, et que la pensée ne peut mesurer, car il est toujours nouveau. C’est cet incommensurableque l’homme cherche depuis la nuit des temps. »

L ‘époptie dans l’initiation de mystères grecs donnait accès à la poésie et à la médecine, en tout cas à une certaine approche. Le célèbre tableau où le pèlerin passe la tête à travers le zodiaque, et entrevois le divin cercle des sphères représente bien l’état d’être de l’epopte, ou de celui qui aborde l’intérieur des mystères mais n’y est pas encore tout à fait. Et si nous reprenons notre approche pédagothérapeutique de la Rose-Croix, sous l’angle de l’enseignement et de l’éducation, nous voyons qu’il se rajoute ici, à la conscience de notre impuissance, et à la sainte crainte, (travaillez à

votre salut dans la crainte et le tremblement, ce qui signifie avec une attention extrême) une prise de conscience d’appartenir en vérité à deux mondes, qui pénètre les fibres del’être même.

Après l’époptie, que nous venons d’évoquer brièvement, vient la véritable troisième heure, celle-ci étant un stade intermédiaire. Cette initiation, qualifiée d’holoclère (celui qui a de nouveau reçu son héritage) à Eleusis, comporte les véritables médecins, pédagogues et poètes de l’Antiquité. Là une nouvelle couronne est reçue. C’est donc le moment où les nouvelles forces recréatrices commencent à opérer dans le sanctuaire de la tête, attaquant les anciennes places fortes del’être dialectique constituées en particulier par «l’œil de Shiva »miroir qui luit derrière l’os frontal, projection de l’activité de l’hypophyse. Tout le sanctuaire de la tête avec le système des glandes à sécrétion interne qui en dépend, auquel nous avons fait allusion plus haut, va maintenant être transformé par l’énergie mercurienne.

Et il est bien clair que l’être digne de recevoir l’enseignement et l’éducation correspondants à cette marche de vie va petit à petit être confronté à de nouvelles pensées, quidevront s’intégrer en une manière de vivre et d’être trouvant sa source dans le service au plan pédagothérapeutique pour le monde et l’humanité, et son énergie dans le nouveau champ de vie.

La psychologie contemporaine retrouve ces phases de connaissance de soi et du monde et travaille beaucoup sur les aspects inconscients, qui ne sont ni plus ni moins que les aspects inachevés du passé microcosmique. Mais cette trésoreried’expériences doit maintenant céder devant une conscience d’un tout autre ordre, grâce des forces qu’aucun psychologue ne pourra jamais évoquer. L’esprit rentrera progressivement dans le silence, libre de toute forme d’expérience, de souvenir ou de savoir. L’enfant doit déjà être familiarisé, et il l’est déjà spontanément par intuition, avec cette notion de faire face au miroir du passé, au dragon des mystères, être vieux d’éons, somme inscrite dans la «lipikaa », mémoire du «soi supérieur ».

Le Nous, le thumos et épithumia doivent être à nouveau préparésà leur tâche de sanctuaires de la nouvelle forme de l’âme, du

nouveau corps et de l’esprit. Et cette préparation doit déjà être amorcée dès le plus jeune, dans tous les stades de la vie,par une éducation appropriée. Ces sanctuaires s’accorderont ainsi au nouveau caducée d’Hermès, une fois la tête du serpent tranchée. Ce qui signifie que cela aura pour conséquence, (et c’est pour cela qu’il faut veiller de façon très soigneuse à nepas endommager le système des glandes à sécrétions internes de l’enfant ) que tout le système nerveux, lymphatique, hormonal, sanguin et astral, toute la conscience et l’âme renouvelés vonts’apprêter à aller à la rencontre de l’Esprit. Et ceci doit être, tout en veillant à un développement harmonieux de la personnalité, l’axe général, l’orientation qui préside de façonimplicite ou explicite à toute Pédagothérapie, à toute éducation digne de ce nom.

L’enseignement universel décrit l’homme comme un microcosme véritable comme un microcosme. Pour les Grecs aussi,cette notion de champ vibratoire composé de couches bien spécifiques existait, intimement liée à la projection géographique de la Cité.

La Cité grecque est en effet aussi bien à l’image de l’univers, du macrocosme, qu’à l’image du microcosme humain. Etl’Homme est donc inversement à l’image de la Cité. Nous allons donc observer la structure de la cité. Au centre un feu sacré, foyer d’Hestia, atome étincelle d’esprit, rose du cœur des gnostiques. Autour, structuré à l’image concentrique et symbolique du corps et de ses aspects subtils, tous les aspectsvitaux du système cité : le prytanée, l’acropole et la ville intérieure. Puis, au-delà de ce système, ce qui constitue l’équivalent de l’être aural et de la sphère magnétique spirituelle du microcosme, les tribus et les phratries, avec les cellules familiales, où se pratiquait l’agriculture. Au-delà encore, l’obscurité et la sauvagerie, ce qui signifie que la zone civilisatrice de la Cité, où celle du microcosme, s’estompait.

De la même façon, Socrate, revivifiant les mystères, parlede l’enseignement de la réincarnation et de tout l’enseignementde la libération tel qu’on le retrouve dans la rose-croix actuelle, en particulier dans le Phédon, à propos de

l’immortalité de l’âme, et dans le Phèdre, quand le parcours des âmes est décrit.

Dans tout travail pedagotherapeutique biopsychospirituel, on retrouve donc la nécessité d’un processus libérateur de l’âme, la reconnaissance intime et vécue, par l’opération spontanée d’un silence où soi est le tout, de l’homme-microcosme et de la sphère plus ou moins emprisonnant des émotions et des pensées, que nous appelons sphère réflectrice, et l’enseignement intégré, aussi bien par la prise de connaissance du livre de la nature que du livre muet intérieur,des deux ordres de nature. Que cela soit chez les anciens grecsou chez les Egyptiens, chez les cathares ou les rose-croix classiques, ou dans la rose-croix moderne, on retrouve donc quelques axes qui devront imprégner, par des approches facilitatrices, toute éducation.

Le mythe de l’arche solaire se retrouve dans toutes les traditions. Et l’enseignement qui sera donné aux jeunes comme aux moins jeunes qui obtiendront, par leurs qualités d’âme et leur réalisation de participer à cette arche, devra bien tendu être d’une qualité spécifique. Nous pensons ici non seulement aux enfants nés dans l’arche mais aussi à ceux qui y arriverontseuls ou avec leurs parents, de même qu’à toute une catégorie d’enfants qui n’en font pas encore forcément partie, mais dont les parents possèdent une orientation compatible avec les critères évoqués dans ce travail. En fait toute l’humanité est appelée à recevoir cette éducation à plus ou moins long terme, mais il est des temps et des époques, et peut-être qu’une partie de l’humanité n’est pas encore mure pour cette libération absolue, et même peut-être que l’abord de certaines notions ne serait pas sans danger et pourrait provoquer de réactions regrettables.

Revenons aux mystères grecs. Un élément très intéressant pour nous est constitué par l’explication donnée par Socrate dans le Phèdre à propos de l’amour. On retrouve ici l’âme de laGrèce et en même temps le cœur de tout enseignement. L’amour est la pierre angulaire de tout progrès humain. Certains y décèlent une maladie de l’âme, où jalousie et ignorance se disputent la place à diverses nuisances apportées par-là même au caractère et au perfectionnement moral. Mais peut-on en ce

cas parler «d’amour ». Comme le dit en ce cas un chanteur contemporain : « parlez-moi d’amour et j’vous mets mon poing sur la … ». Non il ne s’agit là que de possessivités et d’affirmation de l’ego, à la base de toutes les guerres et effusions de sang qui sont la plaie de l’humanité depuis si longtemps ;

Non, pour Socrate, l’amour est au départ déjà, le désir etle goût réfléchi du bien. Plaisir et beauté corporelle ne sont là que pour nous inciter à long terme, en nous en détachant, à nous attacher au suprême beau, à la beauté spirituelle. L’amourqui détourne de la sagesse est en effet nuisible à l’âme et au corps, de même qu’aux intérêts humains, et doit, par un intensetravail sur soi, quoique avec grande spontanéité, être combattusans lutte. Sans la foi, possession vivante du sang qui attire les forces recréatrices dans le système, la jalousie, la perfidie, la perte de la santé, et la dégradation de l’âme en seront les effets.

Mais, dans le banquet, on peut découvrir un approfondissement des degrés de l’amour, (que l’on retrouve d’ailleurs plus tard au moyen-age dans l’amour courtois). Cette«échelle », comme toute forme d’éducation s’adresse donc à la fois, pour le suprême, à une catégorie bien particulière, et enmême temps à tous. C’est la vraie science du beau et du vrai, la science et la connaissance absolue de l’amour, du beau, du bien universels qui englobe tout. Ce que les anciens nommaient le «délire » de l’amour n’avait rien à voir avec une attitude irresponsable. Car la nature de notre âme véritable est immortelle. C’est l’essence de l’âme. Dans l’image du cocher etde l’attelage de deux chevaux, l’un généreux et docile, l’autrebrutal et insoumis, on retrouve bien l’enseignement des deux natures, avec le corps personnalité terrestre tourné vers le bas, et l’âme universelle parfaite et ailée, qui plane au haut des cieux et gouverne les dix mille créatures (Tao), l’ordre universel. Si elle perd ses ailes, elle roule dans les espaces et s’attache à un corps, lui communique sa force et forme avec lui un être mortel (adoption d’une personnalité terrestre par le  microcosme). C’est l’enseignement de la réincarnation exprimé dans le mythe de Phèdre chez Platon.

De même que nous disons aujourd’hui que toute biopsychothérapie spirituelle, toute pédagogie authentique, à quelque niveau qu’elle se situe, doit tenir compte de la nourriture absorbée et dispensée, sur les plans matériel, éthérique, astral, et mental, de même, Socrate nous explique que les âmes divines se nourrissaient à l’origine d’intelligence et de science divine sans mélange, au-dessus et au-delà de la partie la plus élevé e de la voûte divine, ce quisignifie en dehors de toute sphère réflectrice. Elles se nourrissaient des essences de la sagesse en soi, de la justice en soi.

Nous avons parlé plus haut d’un profond et saint respect qui doit accompagner toute forme d’éducation, surtout à un certain niveau. Et nous pouvons mieux ici comprendre l’idée de la vénération imprégnant celle de délire. « Il est vrai qu' »…elle la vénère comme un dieu, nage dans la joie en sa présence,se tourmente en son absence et sacrifie tout pour la suivre et la contempler. Nous retrouvons ici une attitude vis à vis de l’absolu, du parfait que l’on retrouve dans toutes les traditions, en particulier dans la tradition de l’ésotérisme malamyia, au delà du soufisme islamique Revenons ici à Krisnamurti qui l’exprime en ces termes :

« Avez vous déjà fait preuve d’une attention totale et absolue ? …Si votre attention implique votre être tout entier –votre corps vos nerfs, vos yeux, vos oreilles et votre esprit –il n’existe alors plus de centre à partir duquel rayonne l’attention – il n’y a plus que l’attention pure. Et cette attention est silence absolu…Que l’acte même d’écouter soit un miracle d’attention. Une attention dans laquelle il n’y a plus de frontières, plus de limites définies, et donc plus de direction, plus d’orientation – il n’y a plus de vous ni de moi, l’esprit respire largement…. C’est une révolution psychologique telle que l’existence telle nous la vivons – et il ne s’agit pas là de théorie, d’idéal, mais du vécu de chaqueinstant de notre vie – est pleine de compassion, d’amour, et del’énergie nécessaire pour transcender toute forme de médiocrité, de petitesse », de superficialité. ..L’esprit est alors réellement silencieux, mais pas de manière forcée, sous la contrainte d’un désir, d’un vouloir ». C’est tout un art.

Revenons un peu sur le travail de Comenius, quitte à revenir ensuite aux mystères grecs, ceci dans la seule intention d’éclairer notre tâche actuelle.

Comenius était convaincu que son œuvre était inséparable de« l’accomplissement du temps qui s’approchait du moment où devaient mûrir les formes nouvelles de la vie ». Cela ne doit-il pas être, et n’est-il pas aussi notre attitude face à tout travail pédagothérapeutique. Dans son œuvre majeure, son opus magnum, la « Consultation universelle », qu’il n’eut donc pas le temps de finir, on peut observer une architecture quasi intemporelle dont on retrouve les traces aussi bien chez les hindous, chez les égyptiens que chez les grecs. Nous avons déjàindiqué plus haut cette architecture. Ce qui est intéressant c’est de remarquer l’évidence de la nécessité de toujours présenter les choses selon une nouvelle lumière (Panaugia) selon les époques et les temps, après en avoir démontré l’exigence (Panegersia). Puis l’établissement d’un classement et d’un ordre, d’une cosmogonie, d une philosophie, d’une anthroposophie, que Comenius appelle Pansophia. C’est alors quedevient évidente l’exigence : former chacun selon cette nouvelle vision, en respectant l’ordre, intériorisé progressivement au cours de cette Pédagothérapie, et développé dans la Pansophia. C’est ce que Komensky développe avec brio par sa vie et qu’il théorise dans sa Pampaedia. Qui dit éducation universelle dit communication universelle et méthode pour devenir polyglotte avec en plus la proposition d’une sorted’espéranto avant la lettre : c’est la Panglottia. Et le tout est couronné par l’élaboration d’une mise en pratique possible,en partant de l’individu jusqu’au sommet des institutions, dirigées universellement par trois entités : le Tribunal de la Paix, notre O.N.U., mais qui contrôle et dirige vraiment les nations grâce à des individus vraiment sages et éclairés ; le Consistoire mondial, sorte de présidium œcuménique qui n’auraitrien à voir avec une quelconque mainmise des religions emprisonnantes, mais au contraire serait dirigé afin de contrôler la liberté et le sérieux de tout ce qui touche à la spiritualité, afin que le plus grand nombre d’individus soient guidés vers les mystères ; et le Collège des sages, qui aurait vraiment autorité, libre de toute influence de quelque nation ou autorité que ce soit, en ce qui concerne la culture, l’éducation et les sciences, cad notre U.N.E.S.C.O., mais cette

fois ci autonome et libre. Et bien entendu ces trois institutions se contrôleraient mutuellement , dans une parfaiteséparation des pouvoirs.

Un des éléments constants de toute initiation donc de tout approfondissement biopsychospirituel, c’est l’intériorisation. Nous passons notre temps à gaspiller notre énergie en courses folles de diverses natures. Or, de même que la nature de l’âme s’appréhende dans le silence, la nature supérieure se découvre dans la paix du cœur, donc quand le corps a fini de tourner dans tout les sens.

Et c’est alors qu’apparaît la notoire importance de ce que jusqu'à maintenant semblait quelque chose de si lointain, une véritable et authentique neutralité basée sur une non critique absolue, un désir d’être le moindre, une douceur authentique etun don de soi parfait.

Nous attaquons le moi sang en vérité car cela est devenu une exigence intérieure. Et nous nous trouvons dans la même situation que celle de l’initiation royale ou philosophique chez les grecs. L’initiation de la couronne comporte bien entendu un redressement parfait du « Djed », c’est à dire du feu du serpent avec tous ses chakras. Car la couronne c’est l’uraeus des égyptiens, la nouvelle lumière de la pinéale. Par la même occasion remarquons qu’une des offrandes du myste au début des mystères était une pomme de pin, forme que prend effectivement la pinéale (d' où son nom), au cours de la croissance de l’enfant.

De même que la colonne de feu est transformée par auto-révolution psychobiospirituelle, dans le corps vivant d’une fraternité authentique, aussi bien la tête (pôle nord) que le plexus « sacré » vont devenir « saints » (pôle sud du « corps »).

Nous aimerions ici citer un passage de la GOE II, de JVR, qui nous explique bien le problème :« C’est la nature et l’état de notre sang qui déterminent l’identification à l’élixir de la mort. En lui se manifeste tout le passé du microcosme. …nous attirons des forces, éthers,

et autres influences identiques à notre sang et qui vont le nourrir;  car le semblable attire le semblable.

Considérez les organes du corps producteurs de sang, la moelle par exemple. Ces organes sont constitués de cellules, etces cellules d’innombrables atomes ; et vous savez que chaque atome est un monde en soi. Donc si le courant sanguin est une rivière de mort, et il l’est,, si le fluide sanguin, présente une similitude avec la contre-nature, et c’est le cas, , alors le principe même de tout ceci réside dans notre » être entier … » Précisons ici, que notre seule chance d’inverser tout cela c’est la neutralité.. « Lorsque vous avez des pensées pleines d’amour pur et absolu, lorsque vous refusez pertinemment les pensées pleines de mal, de haine, de vengeance, de méchanceté, de critique, de méchanceté et de bassesse, lorsque vous accordez votre état mental et par là votre état astral, à la renaisssance de l’âme, vous mettez en pratique le sermon sur lamontagne. » Cette sagesse est éternelle et n’appartient à personne.  « Ne lutte pas contre le mal, lorsque qqn te frappesur la joue droite, tends lui la joue gauche. Aime tes ennemis,fais du bien à ceux qui te haïssent et prie pour ceux qui te persécutent. »

Cet état de non-être, de ,non-lutte, de neutralité selon la nature, est parfois illustré dans les contes par le sommeil.En tout cas cela est clairement le cas dans le rêve de Christian Rose-Croix. En effet, après s’être adressé à son créateur en une fervente prière, celui-ci se retrouve dans cet état, et en même temps il fait un rêve qui nous montre que celui qui retrouve le chemin de la paix de son propre cœur n’y trouve pas un chantier agréable et tranquille, mais une ardentelutte et une tension où la lutte fait rage, et où chacun cherche à se saisir de la corde de lumière qui est descendue pour remonter du fond du puits ceux qui s’y traînent lamentablement chargés de chaînes. Cela semble très paradoxal :celui qui trouve le chemin du non-être, de la neutralité, est immédiatement confronté à la tension et à l’agitation. Mais si l’on y réfléchit un instant, on comprend que cela est d’une logique implacable. Ce n’est que lorsque nous réalisons un équilibre entre les forces jumelles de la contraction et de l’expansion que nous pouvons faire face à la tension dont nous pourrons alors sortir vainqueur. Ce qui est exprimé par le fait

que CRC avait pris place sur une pierre un peu au-dessus de sescompagnons.

Nous voyons de même que le pèlerin dans le Paradis du cœur, après avoir exploré tous les pièges du labyrinthe du monde, ferme la porte de son cœur, y fait silence et y entends la voix de Jésus. Et là, il y voit dans un état lamentable, destableaux qui représentent la prudence, la justice, la tempérance, l’humilité, etc Les personnages y sont mutilés, abîmés, et tout y est à l’abandon. Ce n’est donc pas l’ordre qu’il rencontre quand il ferme la porte de son cœur, mais bien plutôt la confusion et il n’a plus qu’à se confier entièrement à la force Jésus en lui adressant la prière : me voilà Seigneur, prends moi avec toi. Je souhaite être et rester tien.Parle à ton Serviteur, et fasse qu’il obéisse. Dit ce que tu souhaite, et fasse que je puisse y trouver plaisir. Impose moi ce qui te plaira et fasse que je puisse le supporter. Quoique cela soit que tu désires fais de moi un instrument pour l’accomplir. Commande ce que tu veux, et accorde ce que tu as commandé. Puissé-je n’être rien afin que tu sois tout.

Ce n’est qu’alors que le pèlerin peut cesser de s’attaquerà des causes perdues d’avance comme dans le labyrinthe et se mettre au vrai labeur qui est la victoire sur soi-même et sur le monde, porter la croix, car aider autrui, sans humanitarismeet sentimentalisme grinçant, à se libérer de soi moi satanique cause des blessures et de la souffrance. Car :

Celui qui entre dans le non-être Trouve le chemin de son être intérieurEt celui qui se vainc lui-même Est dans la chaîne

Mais une fois que l’on a dit ou écrit cela on a rien fait.

Sur un plan pédagogique, comment amener à une éducation du cœurtelle que le jeune puisse être réceptif à l’appel de l’origine.Il est intéressant de noter que, comme je l’ai fait remarquer dans un conseil de classe à propos d’une élève qui voulait démontrer une attitude de « guerrier », qu’une bonne partie de l’éducation des guerriers dans la cité de Platon, classe de citoyens correspondant au cœur, au thumos (sanctuaire du cœur

chez les grecs), avait pour but une éducation émotionnelle, donc une maîtrise et une connaissance de ses propres émotions. Dans cet ordre d’idées, nous aimerions rendre compte d’un atelier de biosophie qui a vu le jour dans une classe-relais, où l’on retrouve en général les élèves les plus réfractaires aux modes scolaires actuels basés principalement sur la logiqueet le langage.

Pour Stéphane Grobost il s’agit d’aborder la biosophie sous la définition suivante, quitte à élargir ce point de vue par la suite :

- Bio, la vie et Sophia, la sagesse. C’est à dire que, sien fait on a l’air d’emprunter à deux types de cours classiques, nous avons ici une façon d’aborder la compréhension du monde et de la vie, de l’environnementproche et éloigné, tout à fait originale, et dont l’arrière plan est purement spirituel, même si , philosophie et éducation à la citoyenneté, l’on y utilise des éléments qui relèvent en fait de la vie ordinaire. Certains éléments de biologie et une totale transdisciplinarité amèneront d’ailleurs à envisager dans ce contexte la Vie dans son ensemble.

Nous savons que la philosophie est souvent traitée comme le parent pauvre des enseignements actuels, comme étant une matière non-rentable et rébarbative que l’on n’aborde pour cette raison qu’en classe de terminale. Il est curieux de remarquer que les mathématiques, qui ne sont à tout prendre que l’apprentissage de modes de penser, sont pour leur part appris très tôt, peut-être parce que cela permet d’un côté de « rentabiliser » la pensée, ce qui aurait fait bondir Platon pour lequel les mathématiques étaient surtout une façon d’aborder le monde des idées, etd’autre part d’inculquer justement des modes de penser opératoires qui permettront plus tard en faisant appel à l’inconscient, de mieux manipuler les individus.

Donc, la philosophie étant devenue par la force des chosestrop abstraite et intellectuelle, il s’agit d’y introduire, ce qui semble relativement facile, une pratique qui réponde à la mode de l’éducation à la

citoyenneté, réponse plus ou moins maladroite aux incivilités des jeunes, et qui inclut instruction civique et cours de morale.

Dans cette pratique, ce qui va compter c’est surtout le « mode d’être et l’implicite », dans le comportement et l’égalité des droits. Et aussi bien entendu : d’où vient quel est l’arrière plan vibratoire que rayonne le pédagogue. Ainsi l’état d’être du pédagothérapeuthe devient beaucoup plus important que ses connaissances théoriques. Ceci ne signifie ne aucune façon que le « professeur » ne devra pas faire avoir acquis une solide formation dans le domaine qu’il doit enseigner. Seulement,cela implique que la formation d’un enseignant devra avanttout tenir compte d’une réelle vocation et de qualités pédagogiques, et qu’une de ses tâches fondamentales consistera à garder ouverte en lui-même et autour de lui l’esprit de découverte de l’essentiel.

C’est d’ailleurs bien l’esprit dans lequel Platon concevait l’éducation, lui qui s’élevait contre la conception utilitariste des mathématiques, objet pour lui de l’approche du monde des idées.

Et nous retrouvons ici l’association mystères-éducation. Platon, tout au long de ses œuvres, fait constamment allusion aux mystères, de façon explicite ou voilée. Ce sont les mystères d’Eleusis qui lui étaient le plus proche. Peu après la mort de Socrate, il y fut lui- même introduit et initié. Il n’est que de relire des œuvres telles que le Phédon, Protagoras, Phèdre, la République, le Timée, le Banquet, pour se convaincre qu’avant et aprèsla mort de Socrate, les mystères imprégnaient le groupe socratique. Socrate, l’éducateur, l’accoucheur des espritspar excellence, était d’ailleurs certainement lui-même initié à un grade élevé, (peut-être des mystères delphiques) probablement à l’initiation philosophique, grade sacerdotal intérieur qui comportait une mission particulière, à l’image des parfaits cathares. Ce grade correspondait à ce que Socrate appelle « philosophe », dans la plus haute acception du terme.

En vérité, de Rama, l’archidruide, à Hermès, le Trismégiste ; d’Hermès à Pythagore, de Pythagore à Platon ; de Platon à Dante, c’est le même courant spirituel séculaire qui circule. Platon et Socrate ont pu d’autre part être considérés par certains auteurs comme prophètes et précurseurs du Christ.

Le mot disciple veut dire élève. Et de nombreux grecs ont pu se considérer comme élèves de Socrate, capable de fairesurgir la vérité dans la bouche de ses interlocuteurs, presque malgré eux. Cependant il a toujours refusé l’idée qu’il pourrait avoir eu des disciples, justement parce qu’il ne faisait que faire surgir en eux ce qui y était déjà présent. Pourtant n’est-ce pas là la qualité premièredu pédagogue ?

Au fond, le travail pédagogique est actuellement très mal compris. De la même façon que l’on « dresse » les jeunes et les moins jeunes à chercher en dehors d’eux-mêmes » au lieu de leur permettre une utilisation intelligente de l’énergie en les faisant pratiquer très sérieusement le travail sur eux-mêmes, il est important de comprendre qu’il est urgent de revenir au principe hermétique qui va du plus compliqué au plus simple, du divers au synthétique, en tout cas pour ceux qui y sont prêts, et deplus en plus le sont.

Danzs la tradition grecque d’ailleurs, tout part de l’Un, de l’Absolu, du Parfait. C’est la matrice qui contient tout, sans forme. L’âme du monde et le monde du devenir sont tous deux soumis et obéissent, quoiqu’en une certainefaçon éternels, à l’Un.

Dans le processus de création, intéressant à plus d’un titre sous l’angle pédagothérapeutique, ce sont d’abord les dieux, forces éternelles du monde du devenir, composées directement de feu (cad d’esprit) et directementissues de l’unique, qui apparurent. Ils eurent pour tache de former la race humaine, en utilisant un principe immortel, et une partie périssable. Nous avons ici immédiatement le principe des deux ordres de nature, fondement du travail de la Rose-Croix actuelle, et

l’allusion au corps humain en tant que porteur de possibilité de sauvetage de la partie immortelle.

L’âme humaine fut formée de l’essence immortelle qui restait après que les dieux eussent été créés (Cf. Timée) C’est alors que , libre et d’une splendeur incomparable, elle faisait encore partie du cortège des dieux (Cf. Phèdre). Quand elle passait « au-delà de la voûte céleste,(allusion à l’enseignement de la sphère réflectrice, dispensé aussi par l’Ecole spirituelle moderne), elle participait de droit à la vie originelle divine. Mais, la perte des ailes de l’esprit, ce qui correspond dans l’enseignement universel actuel à l’expulsion du troisièmenoyau-âme (Cf. Mystère de la vie et de la mort de JVR), due au manque de maîtrise de l’aspect inférieur, mortel del’âme, provoqua ce que nous appelons la chute.

Au cours de trois étapes, l’âme s’entoura successivement de voile de plus en plus épais et denses.

Dans la partie supérieure du monde visible, elle traverse les différents cercle des astres, où elle revêt le souffled’âme, lumineux.

Puis dans le cercle de la Lune, elle reçoit le souffle de vie dialectique-humain

Dans le monde sublunaire, puis terrestre, les dieux créentun corps adapté à la vie terrestre.

C’est la mort qui fait son irruption dans la vie, alors que jusque là l’homme vivait d’un parfait métabolisme (tout accepter tout donner et par là tout recevoir), où tout se transformait, sans avoir recours à la mort (Cf. GOE JVR). Nous aimerions ici citer un passage du Mystère de la vie et de la mort , de JVR :

« La structure du microcosme est semblable à celle d’un atome… Cet atome possède trois noyaux. Dans le centre de l’atome, deux de ces noyaux tournent l’un autour de l’autre à une grande vitesse. Le troisième noyau tourne endécrivant un large cercle autour des deux autres. Ces

trois noyaux nous pouvons les appeler les trois âmes et conclure que le microcosme a trois âmes.

L’orientation des êtres atomiques Trois-Un – trois âmes – que nous venons de décrire doit être centrifuge et non pascentripète, chaque atome s’élevant à la Manifestation Universelle, se vouant à elle, s’offrant entièrement au Grand But dans une oblation parfaite, une subordination totale, et ainsi – grâce à cette façon de servir impersonnelle – se manifestant lui aussi.

Lorsqu’une telle entité atomique trois-un tourne son regard vers l’intérieur, se contemple (mythe de Narcisse que nous verrons plus tard) et de là engendre une activitécentripète, la loi naturelle divine qui est à la base de l’espèce d’atome en question est perturbée. Les rapports magnétiques sont déséquilibrés et une formidable chaleur, ,un feu puissant naît.

L’un des deux noyaux âmes tournant l’un autour de l’autre au centre du microcosme fut chassé du système et périt dans l’espace.

Dans un microcosme, ce fut le positif, dans un autre ce fut le négatif qui fut rejeté…Les conséquences de cette catastrophe furent tragiques. Par leur effort centripète … pour chercher et vouloir leurroyaume propre, les microcosmes en question se tracèrent des frontières naturelles et se retrouvèrent à l’intérieurd’un monde espace-temps. Car là où il y a des limites déterminées, là aussi règne l’espace-temps. … là alternentle jour et la nuit, la lumière et les ténèbres, on dégringole dans la dialectique. …Ainsi le royaume intérieur s’écroula .. C’est ainsi que, pour la première fois, si l’on peut dire, apparut la mort.Le microcosme fut « privé » du royaume.

Et, vidé, le microcosme erra dans la nuit du monde … »

La mort est donc née. L’homme vit dès lors dans le cycle de la vie et de la mort, cycle de la genèse, ces cercles qu’Orphée appela l’Hadès.Ce qui y est né doit mourir et renaître jusqu’à ce que soit rétabli l’ordre originel.

Pour cela la première phase d’activité biopsychospirituelle pédagothérapeutique doit être le rétablissement de la juste hiérarchie des trois sanctuaires, ce que Platon-Socrate exprime de façon très claire dans la « République ». Ce qui se manifeste dans l’univers sous la trinité Un-Monde de l’âme-Monde du Devenir, doit à nouveau se manifester en l’homme de la façon correspondante suivante :- Tête-Cœur-Bassin, , Esprit-Ame et

Corps.

Dans le Timée, nous lisons très clairement que la tête fut prévue pour être le réceptacle de l’Esprit, à l’image de l’Univers par sa forme sphérique. La tête est donc le sanctuaire de l’esprit, du Nous (Cf. Eléments de philosophie, et GOE, de JVR). Les membres et organes du corps constituent comme un support pour l’âme, du sang à la conscience en passantpar le système des glandes à sécrétions internes, le système nerveux et le feu du serpent. Ce support de l’âme est périssable, c’est le char qui porte l’âme (Cf. Phèdre).

L’âme est donc étroitement imbriquée dans le corps, c’est l’animatrice, l’intermédiaire entre l’esprit et le corps. Elle y est plus particulièrement présente sous trois aspects : - dans la tête (sanctuaire de la tête) - dans la partie médiane appelée en grec Thumos, sanctuaire du cœur qui comprend aussi les poumons. A ce niveau existe aussi la possibilité d’attirer,de repousser ou de rester neutre. On retrouve ici l’étymologie du mot thymus. C’est le siège des émotions, du désir. Si le thumos obéit au Nous, cad si seul le désir d’accomplissement, de libération subsiste, tout va bien. Mais trop souvent désirs et passions servent les instincts.

C’est alors que le troisième aspect, l’épithumia, partie inférieure de l’âme, domine le système.

Dans la description de l’éducation de l’âme proposée aux gardiens de la cité dans la « République », c’est la situation de départ.

Au niveau de la Cité elle-même, Socrate distingue parallèlement : a) Le peuple, correspondant au corps, au bassin, à l’épithumia. b) Les gardiens, correspondant au cœur, à l’âme, au Thumos. 3) Les philosophes, la tête, le Nous, l’esprit(et non la pensée).

Comme nous avons pu le voir à plusieurs reprises plus haut, l’élévation de la conscience dans le sanctuaire du cœur, la renaissance de l’âme, la purification du cœur, constituent le noyau, la base de départ de tout processus libérateur. Et quanddans la République de Platon, c’est l’aspect gardien qui est l’objet principal de l’éducation, cela ne constitue en aucun cas un hasard.

D’autre part, sur le plan géographico-spirituel, le cœur de la Cité et le cœur de l’homme coïncident. Ce cœur de la cité correspondait à la partie la plus sacrée dans l’acropole, où unfeu sacré, feu d’Hestia, était constamment entretenu.

On voit donc ici, comme dans l’enseignement universel moderne, une parfaite correspondance sur le plan du microcosme et du macrocosme. De même qu’au cœur de la Terre existe un cœur spirituel, et qu’au cœur de tout système solaire existe un soleil, la Cité est le reflet et la projection du Monde en pluspetit et de l’Homme en plus grand. Chaque famille possédait d’ailleurs aussi elle-même son propre feu d’Hestia, feu qui était confié à la garde de la maîtresse de maison ; ce qui explique pourquoi la femme partait avec un « avantage » concernait l’introduction aux mystères, puisqu’elle devait comprendre très tôt le mystère d’Hestia.

Le point fondamental de l’éducation des gardiens, donc de l’éducation de base de celui qui aspire aux mystères, ce qui devrait être le cas le plus rapidement possible du plus grand

nombre, est donc le rétablissement dans l’homme de la hiérarchie originelle perturbée.

Le Nous, sanctuaire de l’esprit, doit de nouveau gouverner le système, allié au thumos, sanctuaire du cœur, dans lequel se retrouve le vestige central, le lieu sacré, feu immortel mais endormi. C’est quoi qu’il arrive en ce point du système, point d’essence non-dialectique, que doit commencer le processus de rétablissement.

L’epithumia, sanctuaire biologique du bassin, du corps, de la vie, devra à nouveau obéir aux deux précédents. Mais il faut bien comprendre que le but de ce rétablissement se situe justement au niveau du feu sacré, du troisième noyau-âme qu’il faut rétablir.Et pourtant c’est dans le corps que devra avoir lieu tout le processus de renaissance de l’âme. Dans la mesure où les organes ne sont pas utilisé uniquement à la satisfaction des instincts et à la lutte pour la vie terrestre, ceux-ci ont quasiment pour unique fonction de servir de support à ce travail, ce que nous avons vu plus haut (Cf. Gn. Un. JVR). C’est donc de nouveau l’âme esprit qui doit retrouver sa royauté, comme du temps où elle n’était pas encore enfermée dans un corps.

Cette incarnation de l’âme, comme on peut le retrouver aussi bien dans les traditions Orphiques, Socratique, Pythagoricienne, qu’actuelle), n’alla pas sans mal, chaque corps particulier n’étant pas comme celui des dieux, assemblé de façon divine par l’Un, l’Absolu, mais composés par les dieuxcréés (Cf. Elohim et Timée). Ce qui fait que les cercles de l’âme immortelle, résumé de l’univers entier furent plongés, unis, au corps mortel, comme dans un fleuve impétueux.

En, fait, à la naissance du corps mortel, le microcosme a « oublié » ses expériences dans les vies passées et jusqu’à sonorigine même, quoique cette connaissance soit gravée dans son système mais non encore consciente.

A cause de tout cela, « aujourd’hui et depuis les premiers temps, l’âme commence par être sans être sans intelligence (on voit bien par là quelle type d’éducation lui convient) quand

elle vient d’être unie à un corps mortel. » Mais après un chemin d’expériences et d’initiation, « les cercles de l’âme rendent sage l’homme dans lequel elle se trouve. »

Comme dans tout enseignement universel, cette apparition de l’âme dans le monde créé est clairement décrite comme une chute, et indique bien le chemin premier que doit emprunter toute forme d’éducation. A plusieurs reprises, Socrate précise bien que, d’après lui, pour autant que notre âme sera ,esclave et dépendante de notre corps, nous ne pourrons retrouver le chemin de l’Absolu.

Et : « dans le temps que nous serons vivants, le moyen de nous approcher au plus près de la connaissance, c’est de ne pas nouslaisser lier, entraîner et contaminer par la nature matérielle et grossière de notre corps, mais de nous en purifier au contraire, en attendant que le Dieu lui-même nous ait délivrés.Alors, purs et libres, nous connaîtrons par nous-mêmes ce qui est sans mélange, l’absolu. Le corps doit donc retrouver ce quiconstitue en fait sa fonction principale, celle de support de l’âme.

C’est surtout dans le Phèdre que l’on trouve cette idée de chute et de Rédemption, indiqué par le mythe de l’âme ailée.

L’Humanité originelle y vit dans l’empyrée, au-delà de la voûtedu ciel (allusion à la sphère réflectrice). L’âme y est assimilée à une force ailée, composée d’un attelage de deux chevaux, l’un docile, et l’autre rétif, et d’un cocher. Dans cemythe, l’homme se trouve toujours placé devant un choix très clair : «  soit maîtriser le cheval rétif du corps (épithumia)ou se laisser entraîner par lui dans le cercle des incarnations et perdre de plus en plus les ailes de l’esprit .

Celui qui est conscient qu’il ignore tout, en vérité du chemin qui lui permettrait de retrouver l’état originel, et y aspire cependant de tout son être, peut vivre l’expérience première etbouleversante du ressouvenir.

Il s’agit de réveiller ce qui est latent et endormi, préexistant à la naissance même. En chacun de nous existe en effet la ressouvenance, qui, réveillée, implique une

connaissance du tout, de l’absolu, et dont il va falloir énergiquement saisir le fil. Si l’on s’en tient pour l’instant au Phèdre, il est clair que la possibilité de divinisation est réservée aux seul philosophes. Nous avons vu que ce terme recouvrait un degré particulier de l’initiation aux mystères d’Eleusis. Et chaque fois que Socrate ou Platon parlent des « philosophes », ils font allusion à ce grade d’initiation. Cequi d’ailleurs correspond tout à fait, dans la République, à l’éveil de l’esprit et au sanctuaire de la tête. Et il sera toujours question de libération, d’expérience ou d’aspiration àla libération, quand il sera question de philosophie chez Socrate.

Euripide, ami de Socrate, et dont on dit même que certains des textes furent inspirés par celui-ci, dit d’ailleurs explicitement dans ses œuvres : l’Esprit qui demeure en chacun de nous, c’est Dieu. Et qui dit conscience ranimée de la divinité, divinisation, étape réservée, rappelons-le aux philosophes, cad aux initiés du cinquième grade, dit délivrancede l’âme.Et dans le Phédon, Socrate explique bien qu’un véritable philosophe ne saurait craindre la mort, puisque la mort est pour lui une délivrance, s’il a véritablement vécu en philosophe, et que toute sa vie, constamment et ardemment, il n’a fait que poursuivre cette délivrance de l’âme.Revenons un peu à l’architecture de la cité et du temple. Au cœur, l’équivalent de l’omphalos de Delphes, le feu sacré, constamment entretenu, au dessus de quelques mottes de la terresacrée des ancêtres.

Nous l’avons vu plus haut, ce cœur sacré correspond dans la structure microcosmique de l’homme au foyer central de l’esprit. L’aspirant à la liberté doit, s’il veut voir ses efforts couronnés de succès, se relier intérieurement à ce foyer spirituel. Cela explique que tout aspirant aux mystères devait impérativement être citoyen de la ville, ou le devenir, pour prétendre aux mystères d’Eleusis. Cela explique aussi la demande tout à fait consciente de Socrate, en récompense de sonœuvre maïeutique, donc libératrice, non pas d’être condamné à mort, comme il va l’être, mais d’être nourri au Prytanée, qui se trouve au cœur du foyer de la cité.

Autour du cœur de la ville elle-même, où seuls ont droit de cité les citoyens, les douze tribus, en tout cas à Athènes, qui correspondraient alors aux douze foyers microcosmiques de l’être aural en l’homme.

Dans l'ancienne Egypte, qui dirigeait depuis ses temples l’initiation grecque, nous avons aussi une suite d’échelons où la connaissance était progressivement dispensée, aussi bien parillumination intérieure que par transmission intellectuelle. Nous avons peu de documents: on peut être certain en tout cas que l'Egypte fut un des centres où l'initiation apparaissait sous sa forme la plus logique et la plus systématique. Les anciens Egyptiens tenaient leur science de peuples plus anciensqu'eux; c'était une synthèse remarquable parce qu'elle présentait une admirable ordonnance entre le développement intellectuel, le développement volontaire et le développement de la sensibilité. On peut considérer les anciens prêtres d'Isis et surtout d'Osiris comme les docteurs de l'équilibre. Ils avaient leurs temples bien avant Moïse, environ 60 siècles avant notre époque. Il y avait chez eux un triple degré d'initiation, qui se subdivisait de sorte que, comme dans tous les mystères, il y avait sept grades. Platon ne put parvenir qu’au quatrième grade alors que Pythagore parvint aux plus hauts degrés. Tout Egyptien , comme tout aspirant présenté et reconnu capable, pouvait prétendre au plus haut grade de l'initiation s'il s'en montrait digne.

Il y avait une série d'écoles qui aboutissaient à la connaissance des lois terrestres: on appelait fils de la femme ceux qui avaient terminé cette école.Ensuite on apprenait les lois de la vie du système solaire, leslois de la vie cosmique et les élèves qui sortaient de ces écoles étaient nommés fils des dieux, car les dieux sont la personnification des forces qui agissent dans notre zodiaque.

Enfin le titre de Fils de Dieu était donné aux très rares êtresqui avaient pu monter jusqu'au véritable soleil, à ces êtres d'exception qui avaient pu apercevoir ce qui se passe au-delà de l'ordre de notre planète. Il y en eut extrêmement peu: Moïse, Orphée, et Pythagore en furent.

Dans ces temples où tout était disposé pour ces études, les élèves étaient partagés en deux classes: ceux qui étaient réceptifs et ceux qui étaient actifs. Les Egyptiens connaissaient donc deux grandes lignes de travaux ésotériques: les travaux de l'illuminisme par lesquels le disciple se met enface de l'inconnu à connaître dans une attitude passive, et lestravaux de la volonté par lesquels le disciple se met dans une attitude de dominateur vis-à-vis de ces forces. Ces attitudes dépendent naturellement du tempérament du sujet. Ils suivaient des entraînements appropriés. De tous les peuples qui ont cherché à conquérir les forces secrètes de la terre c'est l'Egypte qui a duré avec la même intensité le plus longtemps. Mais les véritables initiés égyptiens ont toujours tempérés cette recherche par la loi de Maat, loi de justice et d’amour.

Lorsque, sous la poussée du temps et les attaques du milieu, cet effort s'est morcelé, il s'est répandu dans le bassin de laMéditerranée et là s'est divisé en deux grands courants:un philosophisme intellectualiste d'où est sortie toute la gnose grecque depuis Homère et Hésiode jusqu'à Platon et Pythagore; un courant religieux qui est parti de l'Egypte avec les Juifs, et a donné naissance d'abord à tout cet édifice bâtipar Moïse et à cet amas sans lien visible de documents, de notions qu'on appelle la Kabbale, c'est-à-dire ce qui se transmet de bouche à oreille et dont le plus grand nombre se trouve dans le Zohar.

Ces courants, philosophique au Nord de l'Egypte et religieux à l'Est, se sont matérialisés en Israël dans des magies assez basses, en Grèce et à Rome dans des philosophies plus ou moins utilitaristes. Ensuite il y eut les représentants initiatiques d'Assyrie, de Gaule et de Syrie; puis est venu le christianisme, et les Arabes ont apporté un nouveau contingent d'illuminisme puisé dans la ligne de Mahomet et ces dix ou douze courants ont produit ce que l'on peut appeler la tradition hermétique que l’on trouve jusqu'à Paracelse, et Boehme

Les Egyptiens avaient une morale populaire et une morale pour les initiés. La morale populaire est la même partout: il s'agitpour le peuple d'obéir aux lois. Les initiés avaient une moraleplus haute; leur activité était toujours dirigée vers l'ordre

social. Les initiés purs étaient des hommes sociaux, préoccupésde l'amélioration de la masse. Et donc une préoccupation importante des initiés égyptiens était de permettre l’accès au plus grand nombre possible des mystères. Pour eux, c'était le problème même de leur existence d'arriver à ce que le peuple au-dessus duquel ils s'étaient péniblement élevés soit mis dansles meilleures conditions pour bénéficier de l'influx des sphères supérieures. Ils avaient à ce sujet une théorie qu'on retrouve dans la Chine et dans l'Inde: c'est que l'Egypte géographique n'est que l'expression terrestre d'une Egypte invisible. Pour l'Hindou aussi l'Inde que nous connaissons, l'Inde avec sa Bénarès, son Gange, son désert et sa jungle est la matérialisation de l'Inde spirituelle qui est le vrai paradis de ceux qui agissent en corps physique sur le sol de cette Inde. Toutes les cérémonies publiques du culte, toutes les cérémonies secrètes des initiés, tous les efforts de ces chercheurs tendaient vers ce but: connaître mieux cette patrie spirituelle pour en faire descendre les forces sur la Patrie matérielle. Cette théorie a produit dans ces temps reculés d'excellents résultats. Mais cette géographie spirituelle est de nos jours oubliée

Si nous revenons aux explications de « La République », nous y voyons comparé l’homme esclave de son corps, ce qui est le cas de la majorité, à une cité ou le peuple, représentant ici le corps, gouvernerait et imposerait sa volonté aux gardiens et aux philosophes. Le Nous, est assimilé, comme nous l’avons vu, aux philosophes, où domine l’âme-esprit, le thumos (cœur âme siège des passions) est comparé aux gardiens, et épithumia (instinct, désir de possession et de pouvoir) s’identifie à la masse du peuple dont le niveau de conscience devrait pourtant lui inspirer l’obéissance. On voit bien que si par conséquent, une société idéale pouvait s’imaginer, en fait ni les Hindous, ni les Egyptiens, ni les Grecs initiés ne poursuivaient de but intrinsèquement politique. Le dessein de Platon, dans la République, est plutôt de » démontrer une sorte d’anatomie « spirituelle » de l’homme par rapport à celle de la cité.

Et, toujours dans « La République », nous nous rappelons que l’éducation émotionnelle de l’âme, autrement dit la

purification du cœur, s’adresse plus particulièrement aux gardiens, qui doivent, comme il est dit de façon symbolique, entant que veilleurs silencieux, cœur de la cité, repousser les ennemis et protéger les citoyens. On peut ici préciser que celareprésente une façon voilée de dire que l’homme doit devenir capable de neutraliser les passions.

Et nous savons aussi que non loin du cœur existe le sternum, osfortement magnétique capable, en relation avec le thymus de collaborer à l’attirance, à la répulsion ou à rester neutre, face à tout ce qui entoure ou risque de pénétrer ou non la sphère de vie de l’homme en question.

L’attitude du grec vis à vis du sacré est totalement différente de l’homme ordinaire actuel. Le mystère de la beauté, auquel fait allusion Diotime de Mantinée dans la bouchede Socrate, et qui imprègne tellement la Grèce antique, enseigne l’homme grec d’une certaine manière. Les Grâces président à cette initiation. Il s’agit de redécouvrir la vie avec émerveillement. L’expérience de la connaissance intérieureassociée aux éléments de la croissance, de la fertilité, de l’épanouissement, de la gratuité du don, de la beauté, de l’harmonie, associés à la danse, est pour l’initié une expérience ineffable, intime, silencieuse (

Les « mères de la joie » devaient être vues et vécues intérieurement. On retrouve cette vision dans les nombreux sourires des statues grecques visibles au Louvre. C’est le sourire grec, tourné vers la vie. Il nous est plus proche que l’appel mystérieux et fascinant de Pharaon, car il fut pour nous, occidentaux, la première réponse à l’appel intérieur. Ceci se manifesta en particulier chez des hommes tels que Marsile Ficin au Moyen Age.Nous n’avons pas beaucoup parlé de la notion Amour au cours de ce travail, et pour une raison très simple : cette notion prêteà nombreuses confusions. Le mot amour a tellement été » galvaudé qu’il a perdu une grande partie de son sens originel. Mais du temps de Socrate-Platon, il n’en était pas encore ainsi. L’aspect cœur-gardien, après une éducation convenable, ou au cours de celle-ci, pouvait permettre, grâce à une soumission au nous, à l’esprit, de redécouvrir l’Eros supérieur, auquel fait allusion Diotime, prêtresse d’Eleusis. Présentée comme l’initiatrice de Socrate, elle fait partie des

personnages que Socrate, au sein des œuvres de Platon, introduit comme « en passant », chaque fois qu’il veut aborder des problèmes touchant au divin, à l’âme, à la réminiscence.

L’amour, force puissante, est présenté comme une aspiration à la beauté et à la sagesse par Diotime. Cette émotion première devant la beauté doit se développer par degrés jusqu’à devenir une faculté de contempler e d’enfanter dans la beauté, ce qui atrait aux idées absolues, au monde supérieur de l’esprit.

Cet Amour, force-racine de l’univers, pousse l’initié de degré holoclère (voir hiérarchie des mystères) à vouloir rayonner et faire percevoir cette merveilleuse réalité spirituelle. Que pourrait désirer de plus un être humain cherchant la libération ?

Ainsi, nous précise Socrate, si en quittant le corps, l’âme est pure et libre de tout attachement, elle s’en va vers ce qui est invisible pour les yeux de chair, divin, immortel etsage, délivrée des erreurs et de la folie, des craintes, des amours sauvages et de tous les autres maux de l’humanité, et, comme on le dit des initiés, elle passe vraiment sa vie avec les dieux, dans la terre pure, domaine éthérique de l’humanité-âme. Là, ce que l’air est pour nous, c’est l’éther qui l’est pour eux. Pour la vue, l’ouïe et tous les autres attributs de ce genre, ils nous dépassent autant que l’air l’emporte en pureté sur l’eau, et l’éther sur l’air, etc… (fin du Phédon).

Cette victoire peut aussi se célébrer au cours de cette vie. Le microcosme est alors de nouveau positivement gouverné selon les lois universelles de manifestation.

Pour Socrate, philosopher, c’est donc s’exercer à mourir. L’âme doit apprendre à se détacher, se rendre libre des opérations du corps. Pendant la vie, elle apprend à se ramassersur elle-même, en un constant exercice, sans se laisser distraire. C’est cela philosopher droitement, s’exercer tout debon à être mort comme à une chose facile. Et nous voyons bien qu’il s’agit là d’un travail sans rien d’évident ni d’automatique. La vraie vertu est une purification, la vérité est une purification de toutes les passions, et la tempérance, la justice, le courage, la sagesse, sont une espèce de purification.

De même que faire partie de nos jours d’une Ecole Spirituelle n’est pas suffisant en soi, pour Platon-Socrate, être initié aux mystères mêmes n’est pas suffisant, car si « Quiconque arrive dans l’Hadès sans avoir reçu l’initiation, se retrouvera gisant dans le bourbier, et quiconque a été purifié et initié, une fois arrivé là-bas, partagera la demeuredes dieux », cependant « Nombreux sont les porteurs de thyrse, et rares les bacchants ». La victoire ne s’acquiert donc qu’au prix d’une longue persévérance sur le chemin.

On retrouve l’état d’être visé dans ce texte égyptien :

Je suis l’âme de Râ née de l ‘Océan céleste(c’est à dire le Nouveau Penser,l’âme nouvelle et ses véhicules,se reconstituent grâce aux nourritures saints et à l’éther-feu)

La vue du Mal me remplit d’horreurJe pense au Bien et ne vis que par la Vérité et la Justice.Mon nom est pur de tache.En mon pouvoir de dieu Khepra, je créé mon être.

Je suis le maître de la Lumière(Je domine et utilise la force créatrice nouvellepour la recréation de mon âme et de celle de tous.Je maîtrise le feu)

Je monte plus haut…Cette âme est l’âme du Dieu éternelCe corps est l’éternité même.(L’âme nouvelle possède un nouveau corps de feu.Elle est divinisée et de nouveau spiritualisée)

Les mystères, qu’ils soient grecs ou contemporains, sont divisés en sept grades. Ces étapes, ou plutôt champs de forces concentriques qui s’englobent, constituent l’occasion d’un développement aux divers aspects, mais dont l’essence est purement spirituelle.

L’initiation d’Hestia est fondamentale pour toute la structure initiatique, ce qui explique le fait que les femmes partaient avec un avantage certain dans ce domaine. Il s’agit ici principalement du feu sacré, entretenu dans chaque cité, dans chaque foyer de citoyen grec, et aussi présent au cœur de chaque homme. C’est le principe spirituel central de toute vie et de tout processus libérateur. C’est la Rose des Rose-Croix.

La structure des mystères est aussi triple, de même que celle de l’homme et de la Cité.

Ainsi la tête correspond à l’esprit, aux sages-philosophes, et aux deux initiations supérieures, hiérophantale et royale, fusion avec l’Un.

Le cœur , sanctuaire de l’âme, correspond aux gardiens de la Cité de Platon, et aux deux initiations centrales, l’initiationholoclère ou anadèse et l’initiation sacerdotale.

Et au bassin correspond le parvis, c’est à dire la petite et lagrande initiation, de même que l’époptie. Précisons que l’époptie possède un statut particulier dans l’initiation grecque, car elle est déjà en partie conçue comme une entrée dans le temple intérieur.

Comme nous l’avons vu plus haut, le mystère de la beauté auquelfait allusion Diotime de Mantinée par la bouche de Socrate imprègne toute la Grèce et enseigne l’Homme.

Pour comprendre la mentalité du grec en quête d’absolu, il fautréaliser deux choses. Posons tout d’abord comme un axiome inattaquable et parfait que tout enseignement spirituel libérateur est par définition (le retour à l’état humain originel), le même partout et toujours. C’est à dire que les vérités transcendantes transmises, montrant le chemin de retourà l’état Humain Divin Originel doivent nécessairement tracer lamême route.

Mais, et cela constitue le Trésor matériel de toute Fraternité opérant dans le temps, la forme prise doit s’adapter à l’état d’être et de conscience du groupe humain auquel cette Fraternité s’adresse.

D’autre part, si l’on examine la constitution de l’homme entre -2000 et –500 avant JC, on constatera une plus grande subtilitédes différents véhicules et en particulier un plus grande sensibilité à la sphère astrale, celle-ci étant beaucoup moins polluée que de nos jours. Ainsi Orphée pouvait-il plonger son disciple dans un état de transe semi-hypnotique où il voyageaitdans une partie de l’astral pur et où s’imprimaient en lui des « visions » qui le marquaient à jamais et le transformaient. Ceci n’avait évidemment lieu que quand le candidat y était prêt.De nos jours cela n’est plus possible, et on n’imagine plus guère un scientifique ou un chercheur invoquer au départ d’une recherche une divinité inspiratrice.

Pourtant, l’homme grec recherchait sincèrement et consciemment la faveur de cette zone astrale pure d’où émanent les forces aidantes qu’il appelle « dieux ». Le Rose-Croix actuel sait que toute œuvre qui n’est pas construite sur la pierre angulaire JC ne pourra avoir valeur d’éternité. Et le savant Grec, fut-il Democrite, esprit fort s’il en fut, et toutsavant qu’il se prétende, cherchait à faire œuvre d’éternité.

Les « scientifiques » grecs, et reconnus comme tels, Parménide, Anaxagore, Democrite, etc…, posaient comme base une cosmogonie de l’Un, du Divin. A fortiori Pythagore et Platon. Ils se mettaient, comme les poètes et les artistes initiés, sous l’influence du savoir « divin ».

Qu’il s’agisse des mystères Grecs ou des mystères contemporains, dans un premier temps, il s’agit de purifier et de maîtriser le véhicule, grâce au réveil de la ressouvenance (méthode contemporaine et universelle). Dans les mystères d’Orphée, il est déjà question des marais de Mnémosyne, des marais de mémoire. Au cour de ce processus, les « mères de la joie », ou Muses, sont perçues intérieurement car :

« La vision de l’Esprit ne commence d’avoir l’œil perçant que lorsque celle des yeux a perdu de son acuité » (Platon).

Cette notion de deux ordres de nature radicalement différents est aussi présente dans les mystères christiques

universels : «  la chair et le sang ne peuvent hériter le royaume » et « Mon Royaume n’est pas de ce monde ». Avec ses sens actuels , l’homme ne peut recevoir l’Esprit. L’homme est double, comme chez Hermès :

« Le dissoluble est périssable, l’immuable est éternel. Cequi renaît toujours périt. Mais ce qui s’est formé une fois pour toutes n’est jamais anéanti et ne devient pas autre chose. » (Gn. Or. Egypt. II J.V.R.)

Toujours chez Orphée, cette dualité du monde et de l’hommes’exprime par la place relative de l’Hadès : Pour lui, il ne s’agit pas là du monde des morts, mais bien plutôt du monde de la genèse, de la chute, coupé du divin. Ceci est développé par Euripide, lui-même initié aux mystères, dans Alceste, ou dans le texte utilisé pour l’opéra de Gluck du même titre :

Hercule et Apollon interviennent pour sauver la reine Alceste de la chute dans l’Hadès. L’aspect féminin se sacrifie pour que le roi ne sombre pas : « c’est pour t’honorer et te laisser, au prix de ma vie, voir la Lumière, que je meurs ». C’est l’endura et le sacrifice de l’âme. Mais Alceste ne mourrapas, elle sera sauvée par Hercule. Alceste demande que les fruits de l’union avec le roi règnent, les fruits des noces de l’âme et de l’esprit.

On a d’une part le Royaume de l’Esprit, où règne Apollon sous l’autorité de Zeus, (la Thessalie est ici un symbole du monde originel, et l’Hadès, où règne Thanatos, la mort, le cycle de la vie et de la mort).

Les poètes et artistes grecs initiés s’abandonnaient à « Celui qui peut utiliser l’instrument humain comme il Rose-Croix, de tout temps, parle de « l’Autre en lui » et Paul peut dire : ce n’est pas moi qui agit, mais Christ en moi. Et Jan Van Rijckenborgh : « Lorsque vous éveillez l’âme-esprit et lui transmettez la direction de votre vie … vous possédez alors la vie éternelle.

Chez les grecs initiés existe aussi une connaissance des mondes invisibles. Dans la Rose-Croix actuelle, nous parlons desphère réflectrice et de ses puissances, car c’est le reflet de

notre domaine de vie. C’est aussi, de nos jours surtout, le lieu et l’origine de presque toutes les illusions d’ici-bas. Chez l’homme grec de cette époque, la structure subtile était beaucoup plus éthérée.

Plus sensible, de nombreuses cérémonies lui permettaient d’évoquer ces forces, dans les grottes, cavernes et temples. Les initiés, qui parlaient si peu, ont mentionné des visions astrales impressionnantes qu’il fallait surmonter. Cette traversée des domaines subtils afin d’accéder aux domaines de l’humanité-âme se retrouve dans la Divine Comédie de Dante aussi bien que dans la fin du Phédon (Socrate). Apollonius de Thyane, lui aussi, dans sa quatrième heure, y fait très elliptiquement allusion :

« Dans la quatrième heure, l’âme retourne de sa visite auxtombeaux. C’est l’heure où les lanternes magiques s’allument aux quatre coins des cercles. C’est l’heure des enchantements et des prodiges.

Dans le Timée, la création s’opère en deux temps (pour simplifier) : L’un, la divinité absolue, créé les dieux, et ceux-ci créent le monde.

Dans un aspect des mystères d’Eleusis, le candidat doit remonter une rude pente, il doit briser ses chaînes pour remonter vers la Lumière. Un être aimé, (symbole de l’âme-esprit renée) doit l’aider. Il monte sur un char et gagne le sommet, qui symbolise le monde divin. Il monte sur un char et gagne le sommet, qui symbolise le monde divin. Pendant les cérémonies d’initiation aux mystères de tous les temps, un voyage est accompli à travers les cercles matériels et subtils de la dialectiques, grâce à la nouvelle force qui est impartie au candidat. Quatre lumières sont allumées : chaque acte, chaque émotion, chaque pensée, doivent répondre à une unité selon l’âme. Ainsi il est possible, par une pratique et un travail assidu sur soi-même, de situer l’être entier dans une orientation absolue sur le but libérateur, une véritable non-lutte, et une harmonie imprégnant chaque aspect de la vie, de faire qu’une raison, une aspiration, et une volonté purifiées, s’expriment en des actes nouveaux.

L’aspirant au grade sacerdotal des mystères grecs doit luiaussi passer par diverses épreuves symboliques :

Le retour vers la Lumière et la maîtrise de l’attelage renvoient à une orientation « retournée », parfaite.

La non-lutte, qui consiste en reddition de soi à l’âme nouvelle renée, se démontre dans le saut du candidat dans l’eau, en abandon parfait de tout l’ancien. Dans le même espritse situe la barque conduite et guidée par l’Aimé.

Le candidat arrive ensuite vers « ce qui es divin, immortel et sage », il pénètre dans la communauté de « ceux quiconnaissent » (naître avec).

Socrate, dans l Phèdre, dresse un tableau imagé des mystères.

(…) A un moment précis … (…) … Dans la partie supérieure tout élément animal a disparu, et seule la peau de Lion, nouvelle robe d’or des noces royales de l’âme avec l’esprit, subsiste dans l’initiation hiérophantale royale. Au-dessus, c’est l’Un, le suprême, les septième ou huitième degré selon que l’on compte ou non l’initiation d’Hestia ou du jeune enfant.

C’est l’aspect le plus élevé qui permet de rayonner et de répandre ce qui a été acquis :

Héraklès enseigna à Hylas ce qui faisait sa gloire, et Laïos apprit à Chrisippe l’art de conduire les chars ! Il s’agit ici bien entendu du char du corps-âme. Nous retrouvons ceci dans le Phèdre. Socrate nous y explique que le char de l’âme s’élève avec les dieux « au-delà de la voûte céleste ». Là, il peut contempler les essences, l’absolu. C’est donc qu’ily a une « voûte céleste », qui, dans le texte de Platon, n’est ni la sphère matérielle, ni le monde spirituel. l’Ecole spirituelle moderne, répétons le, appelle ce domaine de vie la « sphère réflectrice », reflet des émotions, pensées, et prières aux dieux de la nature émises pendant des milliers d’années par l’humanité tombée.

« Une fois parvenues au haut du ciel, elles passent de l’autre côté et vont se placer au-dessus de la voûte du ciel, et, tandis qu’elles s’y tiennent, la révolution du ciel les

emporte dans sa course, et elles contemplent les réalités qui sont en dehors du ciel. » (Phèdre, 247a-247e).

Il était relativement facile d’avoir accès aux petits mystères, qui frappaient l’imagination sans exiger du candidat une véritable transformation intérieure.

Vers le début du printemps, quand le soleil passe dans la constellation du Bélier, le vallon de l’Ilissos se couvre de tentes. Des songes y imprégneront pendant leur sommeil la nostalgie d’une vie toute autre. Les jeunes athéniens vont recevoir, en groupe de candidats aux petits mystères, un enseignement préparatoire aux plus hautes initiations d’Eleusis. Isolés pour quelques jours, ils vont être accueillisà la demeure de Déméter et de sa fille Koré ou au charmant petit temple de Triptolème. Là, ils devront faire le serment que leur cœur et leurs mains sont purs. Ce premier contact avecles grandes divinités d’Eleusis sera approfondi plus tard. Non loin de là habite aussi la mère des dieux, originaire d’Asie. Dans un monde livré au tumulte des forces naturelles, la GrandeMère, Cybèle, promet un refuge. Pour le candidat, elle dompte et exténue les passions.

Le premier degré de l’initiation va être acquis par des rites purificateurs dans l’eau vénérable de l’Ilissos, et des entretiens dans le recueillement avec les divinités du lieu.

L’autre aspect des Charites, c’est Hécate, le monde invisible, et Hermès, vécu comme force et promptitude dans l’action. La beauté absolue est d’abord en germe dans l’invisible grâce à la force Hécate, qui soutient et participe de l’invisible au mystère des Charites. L’initié Grec sait que les figures divines vivent en lui, en particulier Hermès, forcepromotrice de genèse et de Vie. Pour le Grec tout est mythe et langage. Nous avons déjà vu tout ce qui faisait la différence avec l’initiation, avec la spiritualité contemporaine. Mais ce qui nous intéresse ici c’est l’aspect universel. Celui-ci a aussi été mis en valeur et va encore l’être. Nous voyons et verrons encore que tous les temps eurent leur Pédagothérapie.

De la même façon qu’un candidat à l’Ecole de la Rose-Croixactuelle sait qu’il devra invoquer le divin, afin qu’une œuvre puisse trouver une issue positive au sens spirituel, même si untravail intérieur devra y être accompli, de la même façon mais

avec une plus grande proximité avec le monde subtil, ce qui explique ce passage des « Lois », de Platon : « Quand un poète prend place sur le trépied des muses, il n’a plus ses sens à lui, mais, comme une fontaine, il donne libre cours au flot quis’écoule de lui. Pindare, le poète initié, évoque lui aussi lesmuses inspiratrices :

« J’invoque Mnémosyne au beau peplos, la fille d’Ouranos, et ses filles pour me donner l’inspiration. Car les esprits deshommes sont aveugles quand ils veulent, sans le concours des vierges de l’Hélikon, venir explorer la voûte profonde de la connaissance. »

Le mythe de la caverne, si galvaudé et mal interprété, tiré de « La République », de Platon, reprend tous les élémentsfondamentaux, à la fois de toutes les spirales d’une Pédagothérapie biopsychospirituelle, des mystères grecs et de l’enseignement universel. Il fait partie de ces mythes qui peuvent se comprendre, comme tous les écrits sacrés, à plusieurs niveaux de conscience.

Au départ, nous avons décrite de façon imagée la situationde prisonnier de l’homme dans la sphère de ce monde. Il est prisonnier de lourdes chaînes. Et la seule chose qu’il peut voir, dans cett caverne, ce sont des illusions, projetées par des montreurs de marionnettes, des prestidigitateurs. Déjà nousavons l’idée de quelque chose d’artificiel, entre la réalité etl’homme, et qui lui fait prendre cette illusion pour la réalité.

Ici est aussi présente l’idée d’ombres irréelles et auxquelles l’homme prisonnier croit pourtant dur comme fer puisque si on lui montrait « la réalité de son erreur », il « serait bien embarrassé et les objets irréels lui paraîtraientplus véritables que les objets réels. »

Voici maintenant, sous-jacente encore et qui va s’éclaircir, l’idée de la nécessité d’un processus libérateur qui est suggérée. « Et si on le forçait à regarder la lumière même, ne crois-tu pas que les yeux lui feraient mal… » « …Et sion le tirait de là par force … ne penses-tu pas qu’il souffrirait et se révolterait … et qu’une fois arrivé à la lumière, il aurait les yeux éblouis par son éclat, et ne

pourrait voir aucun des objets que nous appelons à présent véritables. »

Et voici que ce qui était suggéré devient parfaitement clair : il est nécessaire, pour passer de l’obscurité à la lumière, qu’un progressif soit vécu.

« … Tout d’abord ce qu’il regarderait le plus facilement, ce sont les ombres, puis les images des hommes et des autres objets reflétés dans les eaux, puis les objets eux-mêmes. » Ou,dit d’une autre façon, « Dieu a tracé de son doigt le caractèrede la nature et nul ne peut le lire qui ne l’a appris dans son école . », adage de la Rose-Croix classique et contemporaine. C’est d’abord par le reflet que l’homme, auquel il manque encore les sens nécessaire à la perception de la vraie lumière,du divin, capte l’intuition des idées divines et finalement, avec le temps et la pratique, les réalités libératrices elles-mêmes. Puis « …élevant se regards vers la lumière des astres etde la lune, il contemplerait pendant la nuit les constellationset le firmament lui-même plus facilement qu’il ne ferait pendant le jour le soleil et l’éclat du soleil (On ne peut ici s’empêcher de penser à ce si beau passage de Paul : « … Autre est l’éclat du soleil, autre est l’éclat de la lune, autre encore celui des étoiles… L’éclat d’une étoile diffère encore de celui d’une autre étoile … etc …Ce qui montre bien que pour tout gnostique conscient, et Paul faisait partie de ceux-ci, ilexiste des degrés de progression sur le chemin, aussi bien d’uncandidat à un autre que pour un individu en chemin, ce qui n’est pas toujours évident à faire accepter).

Nous devons ici insister sur le fait que les initiations grecques frappaient l’imagination du myste à tel point qu’il « l’emportait avec lui ». Ainsi en est-il de l’initiation à l’époptie.

Après avoir subi une mort et un châtiment symboliques quoique très impressionnants, il était purifié. L’eau du Léthé lui faisait oublier la vie corporelle et il s’élançait vers le haut. D’où lui vient alors la joie, la lumière qui transfigure son être ? La source en serait-elle cachée en lui ? Le hiérophante prononce alors de brèves sentences. Et le myste sait, car il a « vu ». Derrière les épreuves il découvre son propre enfantement à la lumière. Il a du passer par

l’expérience de la mort symbolique à ce monde pour percevoir lalumière de l’autre royaume.

« Brimo (la forte) a engendré Brimos (le fort) »déclare alors le hiérophante tout en exposant un épi de blé scintillant, phoster, l’illuminateur parfait. Et pour bien montrer que seul l’amour spirituel peut , des deux, faire un, le hiérophante et la hierophantide symbolisent , par leur mariage sacré, la conjonction des principes opposés.

Dès lors, « la semence intérieure, il est habile à la faire fructifier ; ayant pris une faible étincelle de vérité, il fait flamber tout le bûcher. » Le candidat, de retour chez lui, ^peut acquérir la vraie culture, dépouiller l’état sauvage, devenir homme vrai.

« Ô Demeter, toi qui a nourri mon esprit, accorde-moi d’être digne de tes mystères . »

A l’époque, des conteurs errants, appelés aèdes parcouraient la Grèce, prononçant devant tous des récits sacrés. Et ceux qui avaient vécu les mystères, à chaque épisode, revivaient l’impressionnant passage de leur initiation. Et chaque épisode invitait le futur initié à faire une découverte. Ecoutons avec lui :

« Une femme âgée est assise sur la margelle du puits d’Eleusis. Les fatigues d’une longue errance ploient son corps.Quatre princesses entourent l’Affligée sans la reconnaître. Leur cœur s’émeut cependant . Et elles l’entraînent au palais.

Ainsi Déméter travaillera à Eleusis chez le roi Keleos et sa femme Métanire. Elle élève leur fils, le petit Demophon. L’enfant, oint d’ambroisie, grandit merveilleusement. Le soir, quand tout le monde dort, elle le transmute au feu du foyer (« feu d’Hestia »), feu spirituel qui consume les éléments mortels du corps et en dégage l’essence inaltérable. C’est le bain d’immortalité. Va-t-il produire un dieu ?

Soudain le silence de l’opération est déchiré par des gémissements. Métanire, la mère ignorante, crie et répand des lamentations. La mère mortelle, pourvoyeuse de mort, rompt

l’enchantement. La déesse arrache l’enfant du foyer et le dépose à distance dans l’obscurité.

La colère de Déméter éclate : « Humains ignorants, fous ! Incapables de discerner si le destin vous apporte un bien ou unmal. Tu viens de causer un malheur irréparable. TON FILS AURAITPU DEVENIR IMMORTEL ; Pourtant une gloire divine a maintenant été déposée en lui. Je suis Déméter la vénérée (elle brille alors et grandit à la mesure de sa gloire, emplit de lumière lademeure, la traverse et sort…).

On pourrait facilement voir là plusieurs mythes universelscosmogoniques et anthropologiques mélangés. Il est déjà clair que cette légende de Déméter et de Demophon confirme l’enseignement universel qui précise bien que la chute, due à intervention de la « mère mortelle », eut lieu au moment où « l’éducation de l’homme originel allait faire de lui un immortel mûr, mais avant qu’il eut pu parvenir à une réelle maturité. » D’autre part, comme il est clair, en particulier avec les anges de Mars et de la Lune, cette chute fut provoquéealors que les pouvoirs de résistance de l’homme n’étaient pas encore suffisamment développés. Nous ne nous attarderont pas ici sur ces divers aspects….

Le candidat poursuit son chemin à travers les mystères s’il est ensuite accepté pour l’initiation holoclère. Il peut ainsi vraiment pénétrer dans la deuxième partie de la structureinitiatique, équivalent de l’Ecole intérieure des écoles spirituelles de tout temps, puisque l’époptie permettait déjà d’y jeter un regard, d’y passer la tête pour ainsi dire. Pendant la célébration de ces mystères, une fête se célèbre au temple d’Asclépios à Athènes. On commémore l’initiation de celui-ci, qui en fit le précurseur de la médecine grecque, médecine de l’âme.

Les rites de l’initiation consistent à imiter le cycle parlequel passent les âmes supérieures avant et après leur vie terrestre. On y distingue la chute, la délivrance, l’envolée, la régénération, et l’arrivée vers le haut. L’initié qui a d’abord fait partie d’un chœur, reçoit un breuvage qui l’enivre ; il perd les ailes qui lui étaient attachées, il est jeté et enchaîné dans un lieu sombre. (Platon reprend cette image dans le Phèdre quand il décrit la chute de l’âme et la

perte de ses ailes). Pendant un sommeil mystique, il est instruit par un dieu et reçoit des illuminations. Un mystagoguele délivre du sommeil, c’est à dire du corps, le détache et luiredonne l’usage de ses ailes. L’initié demande et obtient un breuvage mystique qui lui permet, par le « délire », auquel il faut bien entendu attribuer un sens bien particulier, de s’élever. Il bondit pour quitter le cercle qui symbolise le monde de la genèse. Il court vers la couronne, symbole de sa délivrance. A la limite du monde de la genèse, il est jugé et subit le châtiment des fautes qu’il a commises. Au cours de sa régénération mystique, il renaît en tant qu’homme, et, accompagné par la cithare, reprend place dans le chœur.

Cette délivrance est analogue à celle qui a , mais cette fois-ci après la mort, pour celui qui y est prêt. Autrement dit, elle introduit l’homme, vivant, dans un état où il est libre du monde de la mort. Cela ne va pas sans mal car il faut fléchir les dieux. Et, de même qu’après la mort ou au cour de l’initiation en Egypte, le cœur devait subir la pesée, il s’agit ici d’être en mesure de recevoir les initiations d’en-haut et d’oublier, de se détacher de tout ce qui retient à la vie matérielle.

Revenons sur le breuvage qui procure le « délire ». D’après Platon (Phèdre – 122, 123), le délire était considéré par les anciens comme un don magnifique, quand il venait du ciel. Autrement dit, ce don qui vient des dieux, supérieur à lasagesse, est cause de la guérison de l’homme par les prophéties, les prières, les cérémonies, les purifications. Socrate décrit bien ici les cérémonies initiatiques, et c’est àce délire là qu’il fait allusion, et en particulier à celui de la poésie, fonction directement reliée à l’initiation holoclère :

« Il y a une troisième sorte de délire, celui qui vient des Muses, …, il l’éveille, le transporte, …, fait l’éducation de …Mais quiconque s’approche des portes de la poésie sans que les Muses lui aient soufflé le délire, …, celui-là reste loin de la perfection, et la poésie du bon sens est éclipsée par la poésie de l’inspiration. »

Dans le langage de la Rose-Croix, nous dirions que le candidat doit être enflammé de l’esprit de Dieu, afin qu’il puisse laisser la place à l’Autre en lui.

Après l’envolée, où le candidat retrouve l’usage des ailesde l’âme, s’opère la partie de la cérémonie qui a trait à la régénération. Le myste quitte le monde de la genèse et entre dans le sein de Perséphone, assimilée à la Lune. L’âme y est régénérée : Plutarque explique que la Lune la reçoit dans son sein. Le Soleil, symbole de l’Esprit, y a semé un autre « Nous ». La Lune reçoit celui-ci par sa force vitale et rend les âmes nouvelles. Et la Terre fournit le corps nouveau.

C’est un mariage du Soleil et de la Lune qui produit l’âmenouvelle, et cette âme va revêtir un corps nouveau. Nous retrouvons ici les Noces Alchimiques de l’Ame avec l’Esprit, etune allusion au processus de la transfiguration, qui, en fait, va pouvoir commencer à partir de cette initiation, celle-ci représentant plutôt un programme de travail qu’un accomplissement .

De multiple qu’il était, l’initié, au moment du retour vers le haut, doit symboliquement redevenir Un.

Au cours de cette quatrième étape qui ne fait ici que commencer, le même grade peut donner accès à diverses fonctions : celles de devin, de poète, de médecin, de mystagogue, etc…Il s’agit en effet de parvenir au stade où le candidat peut agir sur l’homme en le purifiant et en rétablissant le bon état de son âme.

Nous voyons donc qu’au cours de l’initiation holoclère tout est en fait donné au candidat. Mais c’est par la pratique de l’art afférent à ce stade que l’aspirant pourra progresser, jusqu’à ce que, par la persévérance, il puisse être admis à l’initiation sacerdotale. Elle fera de lui un véritable philosophe, expression reprise par Socrate et Platon à de nombreuses reprises, et en particulier dans « la République », où il est clair qu’on a ici affaire à la partie « supérieure » de la population, comme cela a été expliqué plus haut. Au coursdes cérémonies, il pourra alors officier en tant que dadouque,

porteur du flambeau illuminateur et purificateur, chef des chœurs.

Au cours de ces rites d’initiation, le candidat est tout d’abord enchaîné dans une caverne, puis délivré. Il vit une ascension, un saut dans la mer. Il est ensuite initié à l’amourmystique ou philosophique. Enfin, il est accepté. Tout ceci reprend ce qui avait déjà été vécu dans les initiations précédentes. Nous voyons cette cérémonie quasiment reprise point par point dans le mythe de la caverne. Reprenons brièvement la description de ce passage : L’homme est prisonnier de lourdes chaînes et victime d’illusions. Il prend pour réelles de simples ombres. Un processus libérateur est suggéré. : si l’enchaîné était tiré de là par force, il souffrirait et se révolterait. Pour passer de l’obscurité à la lumière, il doit donc franchir toute une série d’étapes. Tout d’abord, de même qu’il est dit qu’on peut déceler le divin danssa création, il verrait plus facilement le reflet dans l’eau des hommes et des choses. Le candidat capte d’abord l’intuitiondes idées divines. Plus tard, les idées elles-mêmes. Et il en vient finalement, progressivement, à regarder et à contempler le soleil tel qu’il est. Il est à noter que Platon n’envisage pas que le libéré puisse en rester là. Il devra retourner aiderà la délivrance de ceux qui sont encore dans la caverne.

En fait, la philosophie grecque est surtout conquête du bonheur par l’éducation de l’âme. L’homme qui possède ou a acquis le naturel philosophique, doit apprendre, par une justeéducation, à maîtriser ses passions et purifier son cœur.

A Socrate, qui lui demandait, alors qu’il était vieux, s’il était encore capable d’entreprendre une femme, il dit en substance : je suis bien heureux, vu mon âge d’être débarrassé de ce type d’amour, maître enragé et sauvage.

De même qu’il est préférable de songer ( Criton - Phédon)à l’immortalité et au détachement de son âme durant sa vie et non pas uniquement au moment de sa mort, alors qu’on y est presque obligé, (que fait le philosophe, si ce n’est mourir chaque jour un peu), il est bon de réfléchir aux conséquences du comportement sur le bonheur.

« En aucun cas, il n’est juste de faire du mal à quelqu’un. » Ceci est à rapprocher de la phrase hermétique :

« L’unique religion c’est de ne pas faire le mal .» Et d’autre part : « Les gens de bien préféreront toujours obliger autrui que d’avoir quelque obligation que ce soit à autrui. »

Et nous retrouvons le sens de la logique utilitaire apparemment prônée par Socrate, qui n’est autre que du bon sensà visée spirituelle. L’injustice n’est pas plus avantageuse quela justice, au contraire. La justice est tout sauf l’intérêt duplus fort. C’est au fond la conséquence d’une âme purifiée, comme la vertu.

De même que l’enfant « bien élevé » a soif d’apprendre, lechercheur de vérité est avide d’apprendre, de comprendre, de connaître. Il sera, en matière d’éducation, comme un Etat petit, frugal et sain, par opposition à un état agrandi, malsain, luxueux et guerrier. Il cherchera en tout sobriété et détachement. Une fois de plus nous voyons le principe de toute formation ou éducation libératrice consciente.

Ce qui devra former une « nature philosophique » sera exempt de mensonge, y compris bien entendu en ce qui concerne Dieu et les choses divines. Tout ce qui tendra à représenter, àfaire connaître et comprendre cet aspect fondamental et orienteur de toute forme d’éducation, en particulier celle de l’âme d’un chercheur, devra montrer, faire percevoir la Gnose, la divinité, l’aspect supérieur de l’universel, créateur du modèle du Monde comme Bon et cause du Bien unique et uniquementde cela, et qu’il n’est pas possible de trouver le vrai Bien endehors , ailleurs qu’en cela (on retrouve cela aussi bien chez Paul que dans la sagesse hermétique égyptienne, dans les commentaires de la GOE par JVR, dans le prologue de l’évangile de Jean, etc…).

Et, selon les règlements proposés par Socrate, il est question d’une véritable « communauté de biens » au cours de l’éducation et de la vie des gardiens, qui sont non seulement appelés à devenir philosophes, mais encore, gardiens de la cité, autrement dit de la « Maat ». Et qu’est-ce d’autre ici que la clause des Rose-Croix comme celle des premiers chrétiens, de ne porter ni or, ni argent dans sa bourse, ni vêtement de rechange. Clause qui précise indirectement que la cité, donc le corps tout entier, ou même la nature toute

entière, veillera à la nourriture de celui ou de celle dont la voie sera droite. Aucun manque de foi n’est donc ici permis. Cette quête du bonheur, ou éducation de l’âme en vue du bonheursuprême, n’est elle pas celle du pèlerin de Comenius, qui ne trouvera son bonheur que dans une communauté en Christ. Et ce chemin libérateur de régénération n’est-il pas le seul capable de procurer l’unique forme de bonheur souhaitable à la fois pour l’individu et pour le monde. Ceci peut aussi se comprendreen ce qu’il serait impie de souiller l’or de l’esprit, l’or divin et l’argent de l’âme (que les gardiens devront apprendre à posséder s’ils veulent être réellement des gardiens dignes dece nom) par l’or terrestre. C’est cela la véritable communauté de biens à laquelle Platon fait allusion, qui peut être vécue àn’importe quelle époque (en tenant compte parfois des moments favorables, des cycles cependant), n’importe où, et qui consiste entre autres à vivre d’un minimum biologique.

C’est aussi un aspect de ce que les Cathares appelèrent plus tard l’Endura. Le Christianisme originel, les grands rénovateurs de la Renaissance comme Marsile Ficin, sont d’ailleurs parfaitement en accord avec la méthode d’éducation de l’âme de Platon.

Celle-ci préconise donc entre autres que l’aspirant « cesse de se méprendre sur lui-même, de se confondre avec ses appétits et ses désirs, ses ambitions, avec son individualité égoïste ; il s’agit d’un vouloir épris de son propre affranchissement, qui s’obtient dans l’harmonie intérieure de l’âme, une aspiration à l’absolu.

Nous avons vu que de nombreuses cérémonies au cours des mystères évoquaient ce que la Rose-Croix actuelle appelle la sphère réflectrice, dans les cavernes et dans les temples. Les initiés qui en ont dit quelque chose, quoique si peu, ca c’était interdit, parlent de visions impressionnantes qu’il fallait surmonter, ou de mises en scènes qui symbolisaient un astral qu’il fallait traverser. Les sages grecs connaissaient donc cette sphère et pouvaient y évoluer sans risque.

A propos des mondes invisibles, on peut affirmer que non seulement ceux qui possédaient le grade de « Philosophe accompli », comme Socrate, pouvaient évoluer, par connaissance,

dans les sphères subtiles, mais encore qu’ils connaissaient la « géographie » de la « Terre pure », c’est à dire de ce que nous pourrions appeler avec notre vocabulaire scientifique, lescouches de plus haute chaleur qui correspondent au domaine de l’humanité-âme. La description de la « Terre pure » dont parle explicitement Socrate, quoique de façon subtile et voilée, ne répond pas à une « descente aux enfers » comme celle de Dante dans la « Divine comédie », car l’Hadès, nous y sommes déjà. Ils’attache plutôt à donner une idée des sphères supérieures de la Terre, ce que nos scientifiques appellent la sphère de plus haute chaleur et l’ionosphère. Il y est aussi question, comme dans Dante, d’Achéron, de Styx, et de Cocyte, mais plutôt en tant que passage vers le domaine de l’humanité-âme après la mort. Cela peut aussi s’interpréter comme le chemin initiatiqueà accomplir du vivant du candidat.

Pour le Grec tout est mythe et langage. Comme le Rose-Croix (en particulier dans sa conception du « Liber Naturae »(Arndt) et de la « Physica » (Comenius)), héritier luiaussi de la sagesse très antique, il sait que le jeu des formesqui se manifeste en lui est un message précieux. S’il en pénètre intuitivement la sagesse et se laisse transformer par la force spirituelle qui est là, à l’arrière-plan, une nouvelledimension s’ouvre.

Les Grecs savent aussi que dans la nature existent des images épiphaniques qui guident et informent son esprit. S’il cède à cet appel spirituel intérieur, elles le mèneront à la fontaine de Vie.

Le Val des Muses est surplombé par la montagne d’Hélikon. Un charme magique et évocateur y accueille le chercheur de vérité. Les Muses aiment à résider près des sources pures, dontle murmure fournit l’incantation nécessaire au passage, au voyage initiatique. Celui qui, surtout à cette époque où l’âme était plus éthérée, cède à cette douce muse-ique, tombe au pouvoir des forces subtiles qui pourront le mener vers l’esprit. Il commence, avec l’aide de la connaissance des mystères, à devenir voyant-poète. Le délire sacré s’empare de lui.

La Muse n’est pas seulement une force spirituelle abstraite, mais une force active, concrète en lui. Elle accorde, nous l’avons vu plus haut, l’inspiration à l’initié holoclère. L’état de possession (Mania) ou de délire sacré qu’inspirent les Muses rend l’initié « Entheos »(habité par le divin). Cette expression « Mania » existait, on le voit, bien avant Mani, et pourrait d’ailleurs avoir un rapport avec le caractère sacré de la mission manichéenne.

Et cette force se met au service du candidat qui décide de façon radicale de s’y soumettre, c’est à dire d’y accorder sa vie. Elle devient alors une voix intérieure qu’il est possible d’écouter et de suivre à chaque moment, à chaque carrefour de sa vie, même si cela peut sembler parfois absurde à notre environnement. C’est ce que Socrate entendait par son et Mani par son jumeau divin.

De même que les gnostiques parlent des éons, les Grecs parlent des forces qui sont à l’arrière plan des étoiles, sans les confondre avec ces étoiles mêmes. On retrouve dans ces idées de dieux « mythologiques », aussi bien dans les traditions nordiques (cf. Crépuscule des Dieux de Wagner) que dans toutes les traditions soi-disant « polythéistes », ce panthéon de dieux, qui sans être forcément « mauvais » constituent la somme des forces de la sphère réflectrice et deséons qui fut nécessaire pour la création du monde de la chute.

Tout le monde connaît le fameux mythe de Prométhée. Il mérite cependant ici notre attention, car, Hésiode, en le racontant de deux manières différentes, nous apprend quelque chose. Prenons le mythe tel qu’il fut conté dans la Théogonie :

Prométhée naquit de Japet et Clymène, de même qu’Epiméthée. Prométhée est souple et subtil, il « pense avant » ; Epiméthée, lui, est maladroit, il « pense après ». Prométhée fut entravé sur un rocher, et un aigle mangeait son foie immortel, qui se reformait pendant la nuit. Mais la rancune qu’avait Zeus s’atténua quand Héraklès, son fils, le délivra en tuant l’aigle. Prométhée était en effet entré en lutte contre le bouillant fils de Chronos.

« C’était au temps où se réglait la querelle des dieux et des hommes ». Nous sommes ici en présence « simultanée » des

dieux et des hommes. Nous sommes encore au moment où la création n’a pas encore été « matérialisée ». Car, nous le savons, tout ce qui est a son origine dans le non-manifesté et les sphères subtiles ont d’abord vu le passage de l’humanité.

Dans « Les travaux et les jours » Hésiode présente les choses légèrement différemment :

Les dieux ont caché ce qui fait vivre les hommes. Déjà la séparation hommes-dieux est nettement affirmée. « Fils de Japet, qui en sait plus que tous les autres, tu ris d’avoir volé le feu et trompé mon âme, pour ton plus grand malheur. »

On y voit tous les dieux collaborer au malheur de l’humanité, à l’illusion la plus subtile qui soit. Cette illusion, à visage féminin, fait penser au dernier chapitre de « L’Ange à la fenêtre d’Occident » de Gustav Meyrink. Il ne s’agit pas ici de « la femme », mais de « cette femme » : Pandora, source de tous les maux de l’humanité à venir. Nous nenous attarderons pas plus longtemps sur ce mythe, bien qu’il pourrait être par ailleurs l’occasion d’un fructueux approfondissement

Nous avons plus haut fait allusion au Nuctéméron d’Apollonius de Thyane. Nous redisons ici qu’il était et est toujours l’un des grands, à l’égal d’Orphée, de Pythagore, du Christ, dont il fut le contemporain. Si l’on s’attache à approfondir certains passages de ce Nuctéméron, on s’aperçoit que tous les points essentiels d’un enseignement gnostique libérateur y figurent.

« Grâce à la dualité, les poissons du Zodiaque louent Dieu, les serpents de feu s’enroulent autour du bâton (d’Hermès), et les langues de feu s’apaisent (deviennent harmonieuses, s’harmonisent).

Dan la deuxième heure de cette pure perle de la Grèce antique, le chemin de l’endura est décrit avec une précision et une concision remarquable.

Le divin se relie par la croix avec l’humain. L’homme naturel se fond dans l’homme-âme divin. Tout d’abord le système

magnétique doit être rendu neutre, doit « devenir froid » par rapport à la nature ordinaire.

Le plus précisément ici le sternum, feu du désir etde l’aspiration, retrouve sa fonction véritable : attirer les forces gnostiques et rayonner ce qui a été reçu ou ce que l’on peut éventuellement posséder de la Lumière. Puis, par l’amour du chemin de croix des roses, le non-désir, neutraliser tout conflit afférent au chemin.

La première heure : « En Unité les démons louent Dieu, ilsperdent leur malice et leur colère », doit ici avoir produit une maturité suffisante pour affronter les processus magnétiques de la deuxième heure.

Un nouveau feu du serpent se rétablit, et il est inévitable que se présente la troisième heure, puis la quatrième, qui correspond à peu près à l’initiation holoclère (celui qui de nouveau a reçu son héritage), dont il a déjà été question plus haut. Là est reçue la couronne. Le triple temple humain doit être capable de faire face au miroir de son passé, au dragon des mystères qui n’est ni plus ni moins que l’être dupéché vieux d’éons, somme inscrite dans la mémoire du « soi supérieur ».

Le Nous, le Thumos et épithumia doivent de nouveau devenirdes sanctuaires. Ils doivent de nouveau s’accorder au caducée d’Hermès. Cela signifie que tout le système corporel nerveux, lymphatique, hormonal, sanguin et astral, toute la conscience et l’âme renouvelée (comme nous avons pu le voir plus haut en étudiant les glandes à sécrétion interne) s’apprêtent pour aller à la rencontre de l’Esprit.

Attachons nous maintenant à observer ce qui, dans la mentalité grecque, jouait le rôle de la connaissance, de l’enseignement concernant l’Homme Microcosme.

Qu’il soit ici tout d’abord bien clair qu’il ne s’agissaitpas d’un aspect qui pouvait facilement être révélé au public non-initié. Et il va nous falloir procéder par analogie, sachant que cette analogie est affirmée par les grecs eux-mêmes. Pour ceux-ci la Cité est à l’image de l’univers er l’homme est à l’image de la Cité (Voir plus haut).

Ce que nous avons vu jusqu’ici nous montre clairement que les éléments suivants : la nécessité d’un processus libérateur de l’âme, la connaissance de la réalité de l’homme Microcosme, et de la sphère réflectrice et de l’enseignement des deux ordres de nature se révèlent à travers les mystères et l’histoire grecs et imprègnent donc toute idée éducative sérieuse. Tous les critères d’enseignement spirituel y sont donc bien présents.

Il nous reste un point fondamental, et nous allons voir qu’il e est de même, quoique les aspects extérieurs nous montrent peut-être des formes légèrement différentes.

Il s’agit tout simplement de l’enseignement ayant trait à la réincarnation, telle qu’elle a toujours été enseignée dans les écoles spirituelles. Socrate y fait allusion surtout dans le Phédon, à propos de l’immortalité de l’âme, et dans le Phèdre, quand le « parcours » des âmes est évoqué.

Dans un monde en plein désarroi, des valeurs d’éternité sont essentielles. Chez les Grecs, en particulier chez Platon et Socrate, héritiers de Pythagore et d’Orphée, l’unique sens de la vie et une véritable méthode d’éducation de l’âme sont présentés.

Tout d’abord par la voix de Socrate, nous voyons décrire l’état de l’homme esclave et dépendant de ses sens ; il a perdules ailes de l’Esprit, la partie rétive de l’attelage de l’âme a pris le dessus, il cède à l’amour vulgaire. Ses instincts et ses sens naturels ont pris le dessus sur le courage du cœur et de la raison. La raison est aussi bien asservie aux passions qu’aux instincts.

Et quel est l’exemple que donne Socrate par sa vie ?

Exactement tout le contraire ! Toute sa vie démontre un parfait détachement des choses de ce monde. Il était pauvre et n’a brigué ni honneur ni gloire tout en accomplissant ses devoirs de citoyen de façon absolument intègre, démontrant de

façon absolue le courage et l’honnêteté qui sont les conséquences indirectes et préalables de l’état de vie de l’homme âme esprit libéré, relié à l’Esprit Universel par son Daimon. Il n’a, contrairement à de nombreux bavardages, jamais cédé ni aux tentations homosexuelles ni à toute autre sorte de plaisir facile.

En somme, sa vie intérieure et extérieure correspond parfaitement aux exigences de la purification et de l’hygiène mentale, astrale, éthérique et matérielle inhérentes aux petitsmystères et à toute initiation. Ceci, comme très souvent pour d’autres, ne fut absolument pas compris des puissants de son temps. Il fut faussement accusé (prétextes classiques) de ne pas reconnaître les dieux de la cité, d’introduire de nouvellesdivinités et de corrompre la jeunesse.

Et ceci n’est pas sans nous rappeler l’atmosphère de corruption que nous devons pourtant entourer de tout notre intelligent amour-sagesse

En fait, il s’agit purement et simplement de vengeance et de peur pour ses intérêts. Socrate, poussé par son amour pour la vérité et la justice, ne ménage personne ; il aime la vérité plus que lui-même, ce qui devrait être la caractéristique principale et première de tout chercheur d’absolu. Comme toujours dans l’histoire, les ténèbres ne peuvent supporter la lumière, et les porteurs de lumière sont massacrés.

L’attitude de Socrate est claire :

- « Ne te semble-t-il pas que je me suis occupé toute ma vie de ma défense ?

- Et comment ?- En vivant sans commettre aucune injustice. »

Nous retrouvons ici très exactement les paroles d’Hermès Trismégiste, hautement christiques : L’unique religion, c’est de ne pas faire le mal.

Il est, à la lettre et au vrai sens du terme, un parfait chrétien ; Son sacrifice final l’a d’ailleurs souvent fait comparer à JC, de même que Krsna ( ce sens symbolique de

l’histoire des individus se retrouve d’ailleurs dans l’histoiredes peuples, en particulier dans celle du peuple grec et du peuple égyptien).

Evoquons ici une fois de plus Apollonius de Thyane, qui, dit-on, alors qu’il était mis à mort, disparut aux yeux de ses persécuteurs, les chiens que l’on jetait sur lui pour le déchiqueter ne rencontrant aucune prise matérielle. Tout ceci évoque, sur le plan purement symbolique, la notion d’anéantissement et de brisement de soi.

Au cours des petits et des grands mystères, une purification préliminaire de tout l’être, et en particulier du cœur gardien, était suscitée et exigée. Or d’après Socrate, la vertu, la justice, la vérité, sont « une espèce de purification » (du cœur).

Il démontre ainsi qu’il connaît bien la sagesse hermétique, aussi bien grecque, que chrétienne , qu’égyptienne : (GOE, IV, p. 31)

« Ainsi considérez donc votre cœur comme un chantier où vous pouvez exercer consciemment une influence et accomplir un travail extrêmement important. Effectuez donc ce travail avant que influences, forces et lumières actives ne constituent en vous un état émotionnel irrépressible ; car, celui-ci une fois formé, vous seriez obligé de vous y conformer.

Avez vous déjà entendu parler de la noblesse du cœur, de ses luttes ? de la tristesse et de la joie du cœur ? de sa dureté ?Saviez vous que le combat le plus important, celui qui donne accès au véritable apprentissage, doit être mené dans le cœur ?Et que la substance alchimique réellement salvatrice, nécessaire à la réalisation des Noces Alchimiques de Christian Rose-Croix, doit être préparée dans le cœur ?

Il n’y eut jamais, dans l’histoire du Monde, aucune Ecole Spirituelle Gnostique qui se laissât prendre à la civilité bourgeoise.

La véritable noblesse est la noblesse du cœur. C’est pourquoi il est dit que Dieu, l’Esprit sonde le cœur. Cela ne

sert à rien de bien parler ou de composer son attitude pour faire croire qu’on est le Seigneur lui-même, car l’Esprit sondele cœur. Ce qui est décisif, c’est l’état émotionnel qui émane de ce cœur (et enveloppe l’être entier. »

Mais nous n’en sommes pas encore là. Entre petits et grands mystères, nous sommes surtout concernés par le rassemblement des forces de l’epitumia () et leur retourà de justes proportions. Tout le système de la personnalité estmis en relief par la lumière discriminante de l’amour divin et les cérémonies et processions mettent le candidat face à lui-même et ses abîmes.

C’est, dans le Nuctéméron d’Apollonius de Thyane aussi bien la première que la deuxième heure. Les démons s’apaisent et chantent la louange de Dieu.

De nos jours le chemin du temple n’est plus parsemé, en tout cas extérieurement, d’images grimaçantes ; les amis et la famille, du moins extérieurement, ne lui rappellent pas sa conduite fautive. Mais celui qui prend le chemin du temple est inévitablement confronté avec son monde astral personnel, son inconscient, son indignité.

Ce n’est que lorsque il aura sincèrement invoqué la pure lumière de Bethleem et qu’il aura réussi à unifier son être intérieur, le prouvant par ses actes et sa vie même, son être profond, qu’il sera de nouveau en mesure de « chanter la louange de Dieu ».

Ce n’est pas par hasard que les Petits Mystères, à Eleusis, ontlieu quand le soleil est dans le Bélier, au printemps, et les Grands Mystères sous le signe de la Balance, à l’automne :

Les Petits Mystères sont une sorte de commémoration avec purification continues et abstinences consacrées,

Et les Grands Mystères, dédiés à Koré et à Déméter, se célèbrent quand le Dieu s’éloigne, afin de rendre un culte solennel au Dieu qui s ‘éloigne, et de lui demander qu’il nous préserve de la puissance ténébreuse et impie, autrement dit de notre être naturel et de l’environnement astral.

(Mythe de Déméter et de Koré…in « Une Grèce Secrète… », de Roger Godel ; Chap. 4, p. 49 à soixante et un) .

L’ alternance entre les Grands Mystères et les Petits Mystères peut durer cinq ans pour que le myste soit jugé digne d’aspirerà l’époptie.

Les indignes, criminels, sont écartés, et les étrangers à la Cité doivent être adoptés (opération fréquente pour permettre l’accès à l’initiation) ou présentés par un mystagogue athénien(pour Eleusis).

Le 13 Boedromion, les éphèbes athéniens se rendent à Eleusis.

Le 14, la procession va d’Eleusis à Athènes et porte les « hiera »( signes et objets sacrés à l’Eleusinion d’Athènes, sanctuaire bâti sur l’Acropole.

Le 15 , les candidats se présentent à l’Eleusinion avec leurs mystagogues. C’est alors qu’a lieu le renvoi éventuel desindignes, si toutefois il en restait encore.

Le 16, les mystes se purifient dans la mer ; chacun purifie un porc, qui est ensuite sacrifié, symbole de la purification qui doit avoir lieu en tout candidat.

Le 17, les mystes offrent des fleurs à Dionysos : ils restent chez eux pendant la procession qui va au temple d’ Asclépios guérisseur, c’est à dire libérateur. De même pendant les cérémonies où l’initié d’Hestia et les mystagogues officient à la place du candidat.

Dans la procession qui ramène les objets sacrés à Eleusis,sous la conduite du Iacchogogue, ils marchent à la fin.

Le 20, commencent les cérémonies cachées. Le secret est juré.

Puis, avant la mort symbolique, les paroles consacrées sont prononcées : «  »

De temps en temps éclate dans le cortège : « Iacche ô Iacche – eleleu koré dimorphé ! », invocation au dieu meneur ducortège ;

Et ainsi, petit à petit, le myste s’achemine vers la compréhension et la revivification du mythe de Déméter et de Koré.

Déméter parcourt la terre sans répit à la recherche de sa fille Perséphone – Koré. Sa fille, son âme divine lui a été arrachée. Elle poursuivra sa course errante en quête de l’invisible pendant neuf jours, la durée d’une phase de Lune.

Son aventure est la nôtre. Un temps vient où, nous aussi, abolissons le déchirement de la séparation. En affrontant de façon neutre et impersonnelle le démon qui nous attaque nous entrons dans le cœur de Jésus Christ devenons Un.

Les trois nuits mystiques de l’initiation Eleusinienne nous mènent vers l’éclat du réveil : l’Epoptie. Trois nuits c’est peu ; elles ont pourtant marqué l’épopte d’un sceau qui le transfigure.

Le 21, après une journée de jeûne, obscurité et silence. La lumière filtre ici et là. Puis un homme revêtu d’une robe scintillante, symbole de la Robe d’Or des Noces de l’Ame avec l’Esprit, le bandeau royal au front, tenant un flambeau dans chaque main, le Dadouque apparaît.

Ils rencontrent la statue de Déméter Achaea (l’Affligée).

Silence et secret absolu sont jurés. Suivent une descente et une remontée, image universelle initiatique de la mort et dela résurrection, qui mèneront à l’époptie, contemplation intérieure et compréhension de l’Amour, l’Amour universel dont le germe, comme la source qui sourd du sommet des montagnes donne le fleuve majestueux qui va à l’infini de la mer, se trouve dans le cœur , dont la première et maladroit ébauche

d’approche est l’amour humain, familial et filial, et qui s’épanouit dans le monde spirituel absolu, englobe tout, comprend et supporte tout (Cf. Lettre aux Corinthiens, 13).

La « » , ou descente ténébreuse, suit donc.

Il y est interdit de retourne en arrière, de se retourner même, de donner prise aux miasmes et monstres grimaçants du passé, tels gorgones et méduses, dragons surgis des profondeursdes montagnes pour défendre les pierres précieuses. Nous voyonsici bien évidemment une analogie supplémentaire avec Christian Rose-Croix, qui, une fois le chemin choisi, pour défendre la colombe contre le corbeau, ne put se retourner sans qu’un vent violent d’une force terrible ne menace de le terrasser. Ainsi le candidat est « forcé » à continuer ou à échouer de façon dramatique : malheur à qui regarde en arrière ! On retrouve bien entendu la même idée dans la Bible, ou Lot fut transformé en statue de sel quand elle se retourna vers la ville du péché.Le passé doit donc être hermétiquement scellé. Et ce sont des visions terrifiantes qui symbolisent le Cerbère des légendes etsurtout la réalité de la lutte et de la victoire sur le soi karmique que nous retrouvons ici. Puis l’Epopte « voit », il contemple intérieurement la clarté de l’Amour, seule force capable de triompher de tout.

«  la forte, a engendré , le fort »

Et pour bien prouver que seul l’Amour peut, des deux, faire un, le Hiérophante et la Hierophantide symbolisent par lacélébration de leur mariage sacré (Hierogamie), la conjonction des principes opposés. Et l’Epopte contemple l’épi,  « le , l’illuminateur parfait ». Et dès lors, « la semence intérieure, il est habile à la faire fructifier ; ayantpris une faible étincelle, il fait flamber tout le bûcher ». Ilrentre chez lui. La Déesse, nourricière des néophytes, lui enseigne la vraie culture, dépouiller l’état sauvage, devenir Homme Vrai :

« Ô Déméter, toi qui a nourri mon esprit, accorde moi d’être digne de tes Mystères »

Elle l’inspire, et il écoute le récit sacré (Une Grèce secrète, Roger Godel, p. 55, 56, 57, 58) :

«  A l’heure où les jeunes filles viennent emplir leurs amphores d’eau, une femme âgée est assise sur la margelle du puits d’Eleusis ; l’ombre d’un olivier lui voile le visage (Homère, Hymne à Déméter, v.100). Les fatigues d’une longue errance ploient son corps, inclinent son regard vers la source au fond du puits.

Quatre petites princesses sans façons, munies comme tout le monde de leur vase pour puiser l’eau (Homère, Hymne à Déméter, v.105-106) entourent l’Affligée. Elles l’interrogent, elles l’écoutent. ‘Elles la voient sans l’identifier, car les dieux sont difficilement contemplés par le regard des mortels’ (Hom. Hymne à D., v.111). Mais leur cœur s’émeut. Une sûre intuition leur dit qu’elles ont fait une trouvaille. Telle est la science des âmes vierges. Et ce n’est pas sans motifs que lepoète se complaît longuement à les faire vivre devant nous (Hom., Hymne à D. v.108 à 179).

L’une d’elles, la plus belle s’exclame :  « Dès le premiercoup d’œil, on ne saurait méconnaître ton bel air de noblesse, ni t’écarter de sa Maison ; on t’accueillera au contraire parceque tu ressemble à une divinité (Hom. Hymne à Déméter, v. 158-159).

Les quatre jeunes filles entraînent leur vieille amie – comme une précieuse découverte – au Palais. Venues au puits pour en rapporter l’eau vive elles ramènent une déesse.

Ainsi Déméter, méconnaissable sous les traits d’une vieille femme en deuil, travaillera à Eleusis chez le roi Keleos et sa femme Métanire. Elle élève leur fils, le petit Démophon. L’enfant croit merveilleusement en stature et vitalité aux mains de sa nourrice. Elle l’oint d’ambroisie, souffle doucement sur lui comme sur un jeune dieu.

Le soir venu, elle fait subir à l’enfant une opération singulière pendant que le Palais est enseveli dans le sommeil. Comme un tison elle le plonge dans la flamme du foyer. Le feu consume les éléments mortels du corps et en dégage l’essence inaltérable.

Une nuit, Métanire, la mère, découvre, de sa chambre ouverte sur la cour intérieure, le fantastique secret. Elle voit la nourrice lui balancer son fils dans le brasier. Le spectacle lui arrache un cri. Puis elle reste là, plantée, se battant les cuisses du plat de ses mains ; elle gémit, répand des lamentations(Homère, Hymne à Déméter).

La déesse se retourne. D’un geste rapide, elle dépose l’enfant loin du foyer. Sa colère éclate :

« Humains ignorants, fous ! Incapables que vous êtes de discerner si le destin vous apporte un bien ou un mal ! Toi aussi, par ta stupidité, tu viens de causer un malheur irréparable. J’aurais préservé ton fils de la vieillesse, je l’aurais fait immortel.

Pourtant, parce qu’il s’est assis sur mes genoux et qu’il a dormi dans mes bras, une gloire divine est déposée en lui.

Je suis Déméter la vénérée, source de béatitude et de richesse pour les dieux et les hommes… »

Dès qu’elle a fini de parler, la déesse se transforme. Rejetant comme une dépouille sa silhouette de vieille femme, elle brille et grandit à la mesure de sa gloire.

L’initié d’Eleusis déroule le manuscrit du poème homériqueà Déméter, et derrière les traits de l’écriture il retrouve la déesse dans la plénitude de sa beauté.

L’hymne que le lecteur chante en lui-même dans le silence de la vie intérieure parle la langue des dieux. Cette mélodie aux échos profonds affine et clarifie le regard ; elle le rend propre à saisir des réalités invisibles. Un homme qui a connu àEleusis la béatitudes des visions théophaniques – eudaimonia phasmata, theios phasmata – acquiert un regard plus pénétrant ;le pouvoir lui est donné de saisir des images que les yeux mortels ne contempleront jamais.

Il voit le corps de l’enfant Démophon illuminé au feu de son bain d’immortalité ; les flammes lèchent, mordent, dévorentla gangue corruptible.

Cette larve d’homme va-t-elle produire un dieu ? Déjà la silhouette de l’enfant a perdu l’opacité de la matière périssable ; elle est devenue si transparente qu’on voit de tous côtés à travers sa forme claire les langues de feu du foyer.

…Les Grands Mystères nous ont fait éprouver qu’une

étincelle de ce feu brûle invisiblement en nous sous la cendre.L’épaisseur d’un opaque bourbier nous en sépare, et il n’est pas facile de le traverser. Déméter armée de ses torches nous éclaire et purifie les passages secrets. Ces itinéraires ne se dérouleront pas dans une contrée géographique ; leurs méandres plongent dans notre intériorité ; c’est en nous-mêmes que le feu doit être porté pour ouvrir la marche. »

La Philosophie grecque a toujours eu un rapport très étroit avec les Mystères. Elle en procède directement.

Pythagore est un disciple d’Orphée, d’Hermès, des prêtres égyptiens et de leurs hiérophantes, des mages chaldéens et des Eleusiniens (certains affirment même qu’il poussa jusqu’en Inde).

Et l’on retrouve Pythagore chez Platon, qui se procura d’ailleurs des manuscrits pythagoriciens et fit figurer dans leTimée un héros qui l’était notoirement.

Dans toute philosophie grecque digne de ce nom, on retrouve le mythe de Dionysos, sous différents aspects selon ceque l’on veut nous transmettre.

Fondamentalement, le Nous, à l’origine Un, et qui le reste, semble divisé chez les hommes, ce qui se manifeste dans le mythe par le démembrement du dieu, et sa reconstitution finale. Dans le Phédon, on retrouve constamment, directement ouindirectement, l’allusion aux mystères. (On pourrait dire qu’ilen est de même aujourd’hui, car toute philosophie qui n’est pasrelié aux mystères, même aujourd’hui, n’est que de peu d’utilité)

« Je m’imagine que ceux qui ont institué les Mystères à notre intention n’étaient pas des hommes ordinaires, mais qu ‘en réalité ils ont voulu jadis nous faire entendre que tout homme qui arrive dans l’Hadès sans être purifié et initié, restera couché dans le borboros, mais que celui qui a été purifié et initié, dès son arrivée là-bas, habitera avec les dieux. Il y a en effet, comme disent ceux qui sont versés dans les initiations, beaucoup de porteurs de thyrse, mais peu de bacchants. Et ceux-ci, à mon avis, ne sont autres que ceux qui ont été de vrais philosophes. »

D’après Olympiodore : « La Philosophie est une assimilation au dieu »

Nous avons pu effleurer les méthodes initiatico-éducatives chezles anciens grecs. Nous aimerions maintenant brièvement montrerla parenté de la Rose-Croix hermétique actuelle avec la Gnose égyptienne, donc avec le système grec, afin d’en tirer d’utilesconclusions pour notre tâche actuelle. Nous utiliserons surtoutles quatre tomes des commentaires de Jan Van Rijckenborgh (G.O.E) et les deux tomes de Her-Bak pois chiche et Her-Bak disciple, de Schwaller de Lubicz.

Ceci, bien qu’il va falloir sérieusement et concisément abréger, nous semble fondamental car la grande révolution actuelle, aussi bien en matière de spiritualité que d’éducation, exige une parfaite compréhension des « temps ».

En effet, il n’est plus question de nos jours de chercher,sous quelque prétexte que ce soit, à tirer la couverture à soi.Ce qui signifie que celui ou celle qui cherchera à faire passerses idées personnelles pour la Gnose sera immédiatement démasqué. Car la gnose est Force, rayonnement et Lumière, et laParole est un état d’être et non une suite de mots. D’autre part, qui pourrait prétendre parler au nom de la Gnose sinon celui qui possède déjà le nouveau corps de l’âme lié à l’Esprit ; et encore celui ci restera-t-il d’une grande discrétion et d’une grande modestie. Je ne peux ni ne dois ici cautionner tout travail ou prise de parole qui affirme et

décide, de façon péremptoire, que tel est le dogme et telle estla loi. Une grande patience et une grande intelligence sont iciindispensables.

Et puisque nous avons pu plonger dans le passé et faire face à l’éternité dans le temps, notre exigence est maintenant absolue. Plus rien ne nous appartient puisque nous appartenons à l’éternel présent. Notre unique loi est celle de la compassion vraie issue de la conscience d’une responsabilité sans excuse ni faux fuyants. Il nous appartient maintenant d’aller jusqu’au bout de cette épreuve formatrice du passage dans l’espace et dans le temps, puis jusqu’au bout de l’accomplissement du nouvel état-d’être de l’homme âme esprit, un avec le tout divin et enfin jusqu’au bout du travail de la fraternité, qui poursuit son travail jusqu’à ce que la dernièreâme soit sauvée.

La Mère originelle (explication de l’illustration au début de la Gnose Originelle Egypt. II)

« La Mère du Monde , ou Mère Originelle qui est une étoileà cinq branches au Centre des constellations sidérales existantes, reçoit le feu du Père ou le septuple feu de l’esprit.

Grâce à l’interaction harmonieuse entre la tête et le cœur, la lumière de l’astral irradie la tête et le cœur de la Mère Originelle, ce qui fait naître en son sein une source d’eau vive, le courant éternel ;

Ainsi, par la semence du Père, la Mère engendre une descendance, le Fils, une réalité vivante ; Le plan de créationdu Père se manifeste par la force de la Mère. »

----------------

Qu’y a t il de commun entre un pois chiche et un faucon ? La Mère originelle engendre les deux et leur donne une similitude d’apparence qui donne la puissance d’évocation de l’accomplissement du nom « Her Bak », face de faucon ou pois chiche. On y retrouve aussi Horus, le fils de la veuve.

L’accomplissement du Nom, c’est la manifestation et la réalisation du nouvel état véhiculaire quadruple, quintuple, puis progressivement septuple du « Fils ».

Car le Nouveau Penser, s’il constitue l’expression du quatrièmevéhicule encore embryonnaire enfin réalisé de façon concentrique, se développe en un corps de feu qui donnera naissance au cinquième véhicule de l’Intelligence, puis deux autres « Corps » perfectionneront et démontreront la perfectiondu Fils de l’Homme, de l’Homme Dieu. Car, comme le dit Hermès, les dieux sont des hommes immortels et les hommes (actuels) desdieux mortels.

Et tout cela commence par des choses très naïves, très simples.Celui qui parle aujourd’hui d’ouverture du cœur prête plutôt à sourire, et pourtant, c’est par là que tout commence, et cela le plus tôt possible, dès la prime jeunesse. Et qu’on ne nous rebatte pas encore les oreilles à nous dire que certains y sontprêts et d’autres non ! Qui décidera de qui est prêt, si ce n’est justement la voix du cœur ? Tous doivent recevoir les possibilités de tous, et rien ni personne ne doit être laissé àl’écart. Toute semence porte ou portera son fruit, et celui ou celle qui ne jette pas la semence dans le sillon alors qu’il peut le faire se charge d’une lourde faute.

Et nous voyons un énorme mastodonte, immonde reptile, machine rouillée lentement s’effondrer, l’Education Nationale en France, qui continue cependant à perpétrer des meurtres d’âmes par une « école des egos » qui incite à et entretient l’état deguerre économique, politique et intellectuel ; ce qui est la meilleure façon d’empêcher la sérénité nécessaire au passage del’humanité à une spirale supérieure, même si, au pire, on peut considérer que même une situation d’humiliation et de tension révoltante possède sa part de dose formatrice. Oui, mais à quelprix ?

Revenons quelques instants à l’Egypte et considérons la façon dont y était conçue l’élévation, l’éducation (élève, e-ducere).Pour ce faire, jetons un œil dans ce merveilleux petit livre que tout éducateur devrait lire et relire, Her-Bak Pois Chiche,de Schwaller de Lubicz.

On y voit au début un « petit insolent », fils de paysan, voué probablement à succéder à son père à la tête de la ferme, s’y ennuyer ferme. Et si un pédagogue de premier ordre, qui se trouve en même temps être un sage de son temps ne l’avait pas remarqué à la suite d’une incartade pendable … sa vie aurait été une suite d’humiliations et d’incompréhension, la mort d’une âme pourtant si sensible. Et ne voit-on pas tous les jours se reproduire ce drame dans nos écoles et nos cités.

Il est vrai que dans l’ancienne Egypte, toute la structure de la société, autour de l’axe du temple, tendait à vraiment, par l’exercice de la Maat, justice-vérité-amour, à permettre l’émergence de cette ouverture du cœur et son épanouissement, et donc à donner à tous ce qui lui permettrait d’exercer au mieux son métier d’homme en chemin vers la manifestation du Dieu en lui.

Ecoutons : « - Est-ce bien le chemin, ô mon âne ? … Tu as perduta route ? Moi aussi !Ce pays est nouveau pour nous deux : autant de sable que de champs !Et ce long mur qui ne veut pas finir… »

Her-bak, jeune garçon qui vient juste de recevoir son pagne, denouer sa ceinture, s’est égaré ; mais n’avons nous pas nous aussi perdu notre route, et ne nous trouvons nous pas dans un pays nouveau, derrière un long mur … ? Le char ailé du Phèdre de Platon es devenu un âne ignorant et perdu.

« Ciel Lumineux jusqu’« Ciel Lumineux jusqu’à la blancheur aveuglante ! Sur l’horizon d’Orient, un profil de cimes arides borne l’étendue désertique. Le sable caillouteux s’approche jusqu’aux bords de la terre vivante…Deux puissances rivales : un Soleil et un fleuve, dont l’épouse commune espère la fécondation ou doit subir la consomption, l’une et l’autre sansconcession, sans artifice, sans excuse.

Sans excuse…, Ô Egypte, ô terre des Neter ! »

Ne voyons nous pas ici la rigueur de la responsabilité de l’homme, car celui qui souffre ou qui fait souffrir, c’est sansexcuse que chaque homme éveillé s’en juge le co-responsable. Il

y aurait encore tant à dire sur ces quelques mots d’introduction qu’il est préférable de se taire.

« Sur le bord du chemin qui longe les cultures, une haute muraille arrête la vue, au grand dépit d’un enfant curieux qui chevauche son âne en poursuivant son rêve.

- C’est une montagne ce mur ! Que peut-il entourer ? (montagne symbole de l’initiation N. D. A.) Pour être si haut, il doit cacher quelque chose … quelque chose d’immense ! …(en effet)…

- Mon père est grand cultivateur …je ne serai pas cultivateur…Arrête toi, fais halte, je veux savoir ce que cache ce mur. »

Et c’est ainsi que le jeune curieux, sans le savoir, va découvrir l’existence du temple, car son cœur assoiffé (ab) l’yappelle. Ce jeune étourdi ne sait pas qu’il scellera ici bientôt un destin d’exception.…A pied d’un sycomore , l’âne, docile, stationne sous la plus basse branche. Alerte comme un singe, l’enfant s’agrippe ; il parvient peu à peu à se hisser jusqu’au faîte de l’arbre. Mais la hauteur du mur défie l’œil indiscret. »

Et l’âne n’est pas si docile que cela puisque le voilà qui a filé ! L’enfant cherche l’issue qui ouvrira la porte… «  Soudain, un cri de joie, une porte dans la muraille !… il se hisse sur une borne, il agrippe ses doigts aux portants…

- Hé, fripouille! Si tu ne descends pas sur tes pieds je te fais redescendre sur la tête…D’où sors-tu vadrouilleur, n é d’hier ? Sûrement tu es fils de ton âne !

- Je ne suis pas né d’hier, hier j’ai noué ma ceinture ; traite moi comme un homme, je ne suis plus un moutard ! »

Combien se croient des hommes et ne sont que des moutards, et combien sont prêts à humilier ces jeunes impatients, alors qu’ils valent bien moins qu’eux !

« - La grosse patte noire empoigne la « ceinture nouée d’hier », le renverse tête en bas… et d’une magistrale volée,

le remets sur ses pieds … le cache-sexe déchiré reste aux mainsdu gardien.

- Fils de singe, rends moi mon daïou ! Rends le moi !…- …- Alors un grand sanglot secoue le petit homme »

Il ne sait pas encore que son apprentissage commence. Il devra apprendre à reconnaître un pédagogue chez son pire ennemi, il devra savoir et comprendre, et cela ne viendra pas forcément sans mal, que tout est source de connaissance pour celui qui deviendra responsable de tous et d’abord de lui-même. Car l’intégration à la chaîne passe par la victoire sur soi et l’abandon de toute lutte. Et en effet, le sage n’est pas loin …

« Que t’as fait cet enfant !Sous le regard hautain, la brute s’affaisse, domptée, et vient lécher les pieds du maître en tremblant.- Que t’as fait cet enfant !(…)- Que ta grandeur l’apprenne : ce pou a voulu forcer

cette porte…- …- Il m’a volé mon cache-sexe : je ne peux plus retourner

chez mon père !Le Maître, amusé observe en silence ; l’enfant, honteux, renifle et boit ses larmes……- Que va dire mon père ? Ce matin je me suis levé comme un homme fier … et voilà : je suis nu … nu… nu !- Et avant-hier, tu ne l’étais pas, nu ?L’enfant, interdit, hésite :- Je… je ne savais pas !Un large sourire sur la face grave ; la grande main entraîne la petite main … la petite main…Quelques pas… et l’enfant, suffoqué, voit s’ouvrir la porte du mystère. »

Et voilà la première leçon de connaissance, ou plutôt d’ignorance que reçoit Her-bak, pois chiche, face de Faucon d’Horus en devenir. Il découvre l’immensité de son ignorance. Souvenons-nous du jour ou nous avons nous aussi découvert l’abîme qui nous séparait de la connaissance, du jour ou nous avons, reconnaissant pourtant, pris conscience de notre triste état et des immenses possibilités auxquelles nous pouvions

cependant, grâce à l’immense amour des sages, aspirer si nous étions prêt en toute innocence à passer la petite porte.

Et comprenons, après cette magistrale leçon de pédagogie, que malgré tous les gardiens prétentieux, nous devons veiller en toute circonstance à préserver à tout prix et chez le plus inattendu de nos frères, le feu latent, oui, même à souffler discrètement dessus, pour qu’il puisse lui-même, en toute autonomie, en faire un flamboiement intense. Car la patience dont on a fait preuve envers nous, nous devons maintenant en faire preuve vis a vis de tous. En chacun gît un « Her-bak ».

Ah, la force, la puissance et l’inéluctabilité du feu !La douceur de la combustion !

Seul un feu pur et équilibré, maîtrisé, a la faculté de se frayer un chemin à travers tous les obstacles. Face qu chaos età la misère des déchaînements qui s’affrontent, feu d’enfer quifait rage, seule une magie du feu libre de pathos peut sauver et préserver, protéger, et faire vraiment vivre.

Nous en trouvons le témoignage dans la Gnose Egyptienne : « Lescorps des êtres célestes gardent l’ordre unique que le Père leur a donné dès l’origine ; et cet ordre est maintenu indestructible par le retour de chacun d’eux à l’état de perfection »

Ecoutons ici les commentaires de JVR :« Celui qui apprend à dominer le feu, celui qui ne se donne pasà l’activité explosive, tient en son pouvoir la force opposée. L’équilibre entre ce qui est centrifuge et ce qui est centripète, entre chaleur et froid, les forces jumelées de la nature, a pour conséquence l’harmonie véritable, le métabolismeidéal, la transfiguration. Si vous vivez ainsi, le classique péché de Lucifer est supprimé. Tel est le secret de la magie gnostique. » (G.O.E. t II p. 266)