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Diagnostic & prescriptions paravalanches – Eau d’Olle Express – v1 – rapport niveau DAET ©Engineerisk 2018 1/19 08 mars 2018 ENGINEERISK PA Alpespace - Bât Cleanspace - 73 800 Sainte Hélène du Lac / FR : + 33 (0)6 23 75 04 44 - Site Web : www.engineerisk.com Siret : 499 774 032 000 27 - SAS au capital de : 11 870 € DIAGNOSTIC & PRESCRIPTIONS PARAVALANCHES EAU D’OLLE EXPRESS niveau DAET v1 du 08/03/2018

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Diagnostic & prescriptions paravalanches – Eau d’Olle Express – v1 – rapport niveau DAET

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08 mars 2018

ENGINEERISK

PA Alpespace - Bât Cleanspace - 73 800 Sainte Hélène du Lac / FR

: + 33 (0)6 23 75 04 44 - Site Web : www.engineerisk.com

Siret : 499 774 032 000 27 - SAS au capital de : 11 870 €

DIAGNOSTIC & PRESCRIPTIONS PARAVALANCHES

EAU D’OLLE EXPRESS

niveau DAET v1 du 08/03/2018

Diagnostic & prescriptions paravalanches – Eau d’Olle Express – v1 – rapport niveau DAET

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08 mars 2018

Etude réalisée par Engineerisk

Rédigée par : Dr. Ing. Philippe BERTHET-RAMBAUD

: +33 (0)6 23 75 04 44

: [email protected]

Visa:

Relue par : Ing. Fanny BOURJAILLAT

: +33 (0)6 23 75 06 42

: [email protected]

Visa :

Ce rapport contient 19 pages

Sauf mention contraire : crédits photos Engineerisk / figures en plan orientées nord vers le haut/ Fond orthophoto BingImagery

Référence : FRA78

Rapport niveau DAET v1 du 8 mars 2018

REFERENCES

- [1] Visite sur site le 25 juillet 2012 avec MM. ZURCHER (Maire),

PASSOUD (Adjoint) et JF. MEFFRE (ASI – Conseiller Technique

Engineerisk) à l’occasion de l’étude [7]

- [2] MDP Consulting, Liaison téléportée entre Allemont et Oz-Station,

Unité Touristique Nouvelle, Tracé Fonderies – Poutran, 2015

- [3] Engineerisk, projet de liaison téléportée Allemont – Oz, Risques

d’avalanches pour l’ensemble de la ligne, v3 du 5 juin 2014

- [4] DCSA, Profil en long ALL 217.2038 PL 901 indice B du

17/01/2018

- [5] LIDAR automne 2017 (Sintégra)

- [6] Etude des risques naturels sur le secteur Royer/Souget, en vue

de la réactualisation du projet de PPRN porté à connaissance

(29/10/1999), rapport RTM 38, 2011

- [7] ASI / Jean-François MEFFRE, Analyse du risque et possibilités de

protection des pistes et bâtiments de l’Olmet contre les avalanches

de Roche Noire, 1996

- [8] Entretien avec Fabien Duclot, responsable du service des Pistes

Vaujany – Oz, le 03/06/2015

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SOMMAIRE

Références ..................................................................................................................................................................................................................................................................................................... 2

A. CLPA ....................................................................................................................................................................................................................................................................................................... 5

B. Protections existantes ..................................................................................................................................................................................................................................................................... 7

C. Epaisseurs mobilisables .................................................................................................................................................................................................................................................................. 9

A. Scénarios de référence ................................................................................................................................................................................................................................................................ 12

B. Charge du à la reptation ............................................................................................................................................................................................................................................................. 14

C. Charge des avalanches denses ................................................................................................................................................................................................................................................. 14

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1. INTRODUCTION

Dans le cadre du projet de liaison téléportée Allemont-Oz, différents tracés

et configurations des aménagements notamment amont ont été envisagés

[2] et ont déjà fait l’objet d’analyses vis-à-vis des risques d’avalanches [3].

Le présent rapport se focalise ici sur la seule télécabine Eau d’Olle Express

dans le cadre de sa DAET et selon la dernière version projetée [4]. A noter

qu’en plus de compiler les informations précédentes, cette mise à jour

intègre les prescriptions correspondant aux derniers protocoles d’évaluation

actés avec les DDTs alpines et profite d’un support topographique récent

(Lidar réalisé en 2017 [5]).

Comme l’illustre la figure ci-après, la ligne croise quelques emprises

référencées sur la Carte de Localisation des Phénomènes Avalancheux

(CLPA).

Figure 1 – Insertion de la ligne de l’Eau d’Olle Express (pylônes en rouge, gares en bleu) sur fond orthophoto avec emprises de la CLPA

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2. ETAT DES RISQUES CONNUS

A. CLPA1

Par rapport à [3], la ligne projetée est désormais concernée par :

- CLPA 17 : Avalanche Roche Noire 3 – Couloir Télécabine de Poutran :

La gare G2 est située juste en bordure de cette emprise qui englobe

déjà la gare aval de la TC de Poutran. Or, si cette avalanche est

historiquement arrivée à cette altitude (‘’destruction du chalet

d’Etienne Vernet entre 1920 et 1940’’ [3]), aucun événement

équivalent n’a pu être constaté depuis que le versant de ‘’Roche

Noire’’ est régulièrement observé/pratiqué (depuis au moins la fin

des années 70 [7] [8]). En effet, le contexte du versant était assez

largement différent, d’une part du point de vue de sa

géomorphologie et d’autre part de son mode de gestion (Cf.

paragraphe suivant). L’aménagement du domaine skiable s’est

notamment accompagné de la création de pistes : l’emprise CLPA

n°17 traverse successivement la piste bleue de Champ Clotury (vers

1660m d’altitude), puis la rouge l’Alpette (vers 1570m) et enfin la

liaison Poutran vers Alpette (vers 1380m). Ces plateformes induisent

de fait un ralentissement et stockage partiel des écoulements. En

parallèle, on constate également une reforestation marquée du

versant (Figure 3), preuve d’une activité avalancheuse moindre.

- CLPA n°1 : avalanche de Poutran : cette avalanche regroupe un

système complexe et large de différentes pentes dont l’extrémité a

assez largement enflé à partir de la version de 1990 de la CLPA. Cette

évolution est vraisemblablement due à l’événement de 1984 : tout

le versant est parti en neige froide et l'avalanche s'est arrêtée vers

1300m. Elle a également été revue en neige lourde en 1991 à cette

altitude.

- CLPA n°11 Torrent du Boulangeard : cette emprise croise le projet à

beaucoup plus faible altitude via le survol du thalweg lui-même

plutôt encaissé. Cette avalanche est historiquement connue depuis

longtemps : elle est par exemple citée dans le volume 11 de la Revue

de Géographie Alpine parmi les avalanches remarquables de l’hiver

1922-1923 (Figure 2). Dans le même temps, L’EPA cite une

quarantaine d’événements depuis les années 1950 dont plus de la

moitié a atteint la côte de passage prévue pour la télécabine (890m).

Parmi ceux-ci, une douzaine d’événements a touché la route

départementale 44 (à 830m).

Figure 2 - Extrait de la revue de Géographie Alpine

1 www.avalanches.fr

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Figure 3 – Implantation du projet de l’Eau d’Olle express sur les versions successives de la CLPA : 1972 (en haut à gauche), 1990 (en bas à gauche), 2002 (en haut à droite) et actuelle

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B. PROTECTIONS EXISTANTES

Sur la base de préconisations établies dès le milieu des années 90 [7], le

versant de Roche Noire a été progressivement équipé en

protections paravalanches permanentes qu’on voit apparaitre également

sur les CLPA successives :

- Lignes de filets notamment au-sommet de la branche/zone de

départ nord de la CLPA 17

- Digue en virgule au pied de du couloir sud de la CLPA 17, qui coupe

complètement la trajectoire de la zone de départ correspondante,

déviée vers le sud

- Tas freineurs au pied des barres rocheuses

- Réseau complet de points de tirs dont les principaux sont équipés

en exploseurs Gazex® et/ou CATEX : ce réseau a encore été

complété ces dernières années.

L’ensemble du dispositif est notamment intégré au sein du PIDA (Plan

d’Intervention de Déclenchement d’Avalanches - Figure 4), mis en œuvre et

complété de grenadage à la main voire hélico dès que les conditions nivo-

météorologiques2 le nécessitent en lien avec la gestion du domaine skiable

(ouverture/fermeture des pites voire remontées mécaniques) [8].

Concernant l’avalanche CLPA n°17 (emprises PIDA 645 et 646), ce contexte

permet de limiter l’extension des écoulements déclenchés habituellement au

niveau de la traversée de l’Alpette [8].

L’avalanches CLPA n° 1 est également gérée dans le cadre des opérations

PIDA et sa zone d’arrêt maximale a fait l’objet de modifications

2 chutes de neige fraîche et/ou accumulations par le vent et/ou

topographiques supplémentaires importantes avec l’édification de deux

digues (Figure 5).

De son côté, la Combe du Bouleangeard est équipée d’un important réseau

de structures actives visant à y stabiliser le manteau neigeux dans la zone de

départ (Figure 6).

Enfin et preuve supplémentaire de l’évolution de l’activité avalancheuse, le

versant montre une reforestation naturelle marquée (Figure 7).

Figure 4 – superposition d’un extrait du PIDA figurant le détail des emprises référencées (à

droite) sur fond orthophoto.

réchauffement/pluie

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Figure 5 – Annexe 10 de [7] : ‘’ Vue du versant de Roche Noire et des avalanches encadrant

le secteur du Royer’’ et des digues inférieures

Figure 6 - Vue aérienne (source Géoportail) et latérale (source IRMA) des protections

dans la zone de départ de l’avalanche du Boulangeard

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Figure 7 – Vue comparative du couvert forestier au milieu des années 50, au début des années 70 et en 2008 (source www.geoportail.com, clichés orientés vers l’ouest en haut

C. EPAISSEURS MOBILISABLES

En vue d’analyses quantitatives des phénomènes et en partant de

l’hypothèse qu’une avalanche d’une période de retour donnée est elle-

même issue de l’épaisseur mobilisable correspondante3, il s’agit donc

d’estimer ces épaisseurs mobilisables à partir de l’analyse statistique des

3 Burkard A., Salm B., Die Bestimmung der mittleren Anrissmächtigkeit do

zur Berechnung von Fliesslawinen/Estimation de l’épaisseur moyenne de

précipitations.

Il faut cependant signaler l’aspect délicat (mais en même temps

incontournable) de ce genre d’estimations :

déclenchement do pour le calcul des avalanches coulantes, rapport interne

n°668, IFENA, Davos 1992

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- Les séries de données disponibles sont courtes (quelques décennies

au mieux) et il est donc hasardeux de faire des extrapolations à (trop)

long terme. Par ailleurs, les valeurs erronées ou manquantes ne sont

pas rares dans les séries de données brutes (défaillance des

appareils de mesure, impossibilité d’accéder).

- Les méthodes statistiques comportent toutes leurs biais et les

valeurs des précipitations extrêmes sont définies avec une certaine

imprécision (écarts possibles jusqu’à 75%).

- D’autres influences (transport de neige par le vent) peuvent

contribuer de manière non négligeable aux épaisseurs présentes.

Il convient donc de garder une attitude prudente sur cette démarche en

restant capable d’évaluer la vraisemblance des résultats et/ou le cas échéant

d’en tester la sensibilité. Ici, la méthode IFENA 1992 fait toujours référence

pour structurer la démarche. En termes de données, le CEMAGREF

(désormais Irstéa) a réalisé, en 2006-2007, une étude pour de nombreux

postes du réseau pluviométrique de Meteo-France et permettant de

disposer de données « officielles » (disponibles sur www.avalanches.fr). La

variable restituée est la hauteur des précipitations hivernales (sur la période

du 15 novembre au 15 mai) exprimée en mm d’eau, cumulée sur 1 à 3 jours

et pour des temps de retour de 2 à 100 ans. Ces lames d’eau sont à convertir

en équivalent neigeux considérant une densité communément admise de

125 kg/m3 pendant la chute. Le cas échéant, ces valeurs peuvent également

être extrapolées jusqu’au tri-centennal en majorant le trentennal de 40% (en

moyenne).

En parallèle, dans le cas où des séries de données brutes locales sont

disponibles, nous privilégions aussi la méthode des maximas hivernaux : il

s’agit d’abord d’évaluer (prudemment) les plus forts cumuls tombés en

24hrs, 48hrs et 72hrs sur chaque hiver d’observation. Ces valeurs permettent

ensuite de déterminer le gradex des chutes de neige pour appliquer la

méthode des moments en vue de l’ajustement de la loi statistique (type

Gumbel).

Une fois ces valeurs liées aux périodes de retour obtenues pour le site de

mesure et sur un terrain plat, il convient donc de les corriger :

- Tout d’abord en intégrant le tassement naturel : pour 3 jours, une

valeur conservative de 20% peut être admise, supposée

indépendante de l’altitude. Le tassement est considéré négligeable

en 24 heures et de 12% en 72 heures.

- En extrapolant les valeurs à l’altitude des zones de départ. Pour 3

jours, on trouve dans la littérature des valeurs de gradients

nivométriques entre 3 et 7cm pour 100m. Faute de données plus

précises, une valeur moyenne de 5cm/100m est admise arrondie à

1.5cm/100m/jour en tenant également compte du tassement.

- Ensuite, en majorant le cas échéant à dires d’expert les valeurs pour

tenir compte de la contribution (positive ou négative) du transport

de neige par le vent.

- Enfin, en tenant compte de la déclivité : jusqu’à 28° (valeur limite en-

deçà de laquelle la stabilité du manteau est considérée comme

acquise sauf exception), la conversion hauteur / épaisseur est triviale

par application du Cosinus. Au-delà, la stabilité décroit avec une

augmentation de la pente. Autrement dit, les accumulations

mobilisables vont avoir de plus en plus de difficultés à se

‘’construire’’ au cours de l’épisode de chute jusqu’à être considérées

comme régulièrement purgées au-delà de 55°. La méthode évalue

ainsi un facteur de pente selon les valeurs du tableau suivant qui est

appliqué à l’épaisseur ‘’stable’’ à 28°.

Finalement, on obtient donc par périodes de retour, l’épaisseur do

mobilisable en moyenne sur toute la surface potentielle de déclenchement

(en notant qu’elle ne correspond pas en général à l'épaisseur moyenne

mesurée le long de la ligne de rupture et qui peut-être plus

importante/spectaculaire).

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𝝋 28 30 32.5 35 37.5 40 45 50

𝒇(𝝋) 1 0.9 0.79 0.71 0.65 0.6 0.52 0.46

Tableau 1: Valeur du facteur de pentes en fonction de la déclivité (ψ en degrés [5])

Ainsi ici à partir des valeurs des stations Météo-France les plus proches de

Vaujany (ref : 38527001, altitude : 772m, distante de 4km) et de Besse

(38040001, 1525m, 9km) et Allemont (38005001, 1270m, 10km), on obtient

finalement par moyennes pondérées tenant compte de la distance et de la

différence d’altitude, les épaisseurs mobilisables par périodes de retour

correspondantes. Elles sont déclinées par zone de départ selon leurs

caractéristiques (altitude et déclivité moyennes). Par exemple, le tableau ci-

après fournit les valeurs suivantes pour 1800m et 35° :

PERIODE DE RETOUR 10 ans 30 ans 100 ans 300 ans

Epaisseurs mobilisables

1 j 57 cm 68 cm 80 cm 96 cm 2 j 76 cm 92 cm 111 cm 128 cm 3 j 85 cm 101 cm 120 cm 141 cm

Tableau 2: Extrapolation à la zone du projet des épaisseurs de neige mobilisables à partir des données des stations Météo France de Vaujany, Besse et Allemont pour une altitude

de 1800 m et des pentes à 35°

Ce processus aboutit à des valeurs tout à fait cohérentes avec les données

nivo-météorologiques qui sont enregistrées à l’Olmet depuis 1996, sur le

plateau de Montfrais (exposition ouest à 1700m – distance 4 km) depuis

1990 et surtout à l’Alpe d’Huez (exposition sud à 1860m – distance 3km)

depuis 1978. Ainsi, les hauteurs ont déjà atteint 90 cm en 24 h et 140 cm en

72 h.

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3. SCENARIOS DE REFERENCE ET QUANTIFICATION DES PHENOMENES

A. SCENARIOS DE REFERENCE

Avant d’envisager les moyens de gestion/protection de la nouvelle liaison, il

est important d’en examiner le ‘’statut’’ :

- En tant que transport de personnes débouchant sur le domaine

skiable, cette infrastructure ne peut être ouverte au public qu’une

fois le risque ‘’géré’’ au même titre que le reste du domaine. Les

procédures d’exploitation associées seront donc directement liées

au responsable de la Sécurité des Pistes en lien, notamment, avec

les opérations PIDA. Ceci pourra conduire ponctuellement à

quelques contraintes dans la plage d’ouverture.

- En tant que remontée mécanique, il s’agit désormais de formaliser

les prescriptions concernant les risques nivologiques (avalanche –

indice a et reptation – indice g) selon le cadre général de la NF EN

13107 :20154. La problématique des avalanches et de la reptation y

étant somme toute traitée succinctement, ce qui suit s’inspire

également des pratiques suisses5.

Ainsi, deux scénarios sont exhibés (l’introduction des valeurs

correspondantes dans les combinaisons d’action restant à la charge du

projeteur) :

4 NF EN 13107 :2015 Prescriptions de sécurité pour les installations à câbles

transportant des personnes – Ouvrages de génie-civil

- Le scénario Var30 de type ELS et de période de retour 30 ans est

centré sur le phénomène de reptation REPT30 (charge variable

principale) combiné à l’avalanche AVAL30 (charge variable

d’accompagnement). Par rapport aux précédentes pratiques, ce

scénario reclasse l’avalanche en charge variable considérant les

interactions régulières entre ce phénomène lorsqu’il est fréquent

et/ou déclenché et les pylônes concernés. Ce cas couvre donc

surtout l’exploitation normale lors de la saison d’ouverture et/ou les

emprises traitées au PIDA. A ce titre, le cumul de neige considéré est

de 48 heures.

- Le scénario Acc100 de type ELU, centré sur la seule charge

accidentelle d’une avalanche centennale AVAL100. Ce scénario

couvre les cas d’événements naturels par exemple avant la saison

d’exploitation. Le cumul considéré est ici de 72 heures

Vu les caractéristiques des emprises mais aussi la configuration du

croisement de la ligne avec le thalweg très encaissé de la CLPA n°11, les

éventuels phénomènes aériens (tout au plus limités à une faible couche de

saltation) ne sont pas pris en compte car de toute façon non préjudiciables.

5 Margreth S., Stoffel L., Schaer M. 2016: Prise en compte du danger

d’avalanches et de la pression de la neige pour les installations à câbles.

Guide pratique. WSL Ber.46 :44p.

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Géométriquement, la coexistence entre le manteau neigeux en place et les

écoulements (donc uniquement denses coulants) est considérée comme

suit :

- Var30 : L’avalanche trentennale se produit au-dessus du manteau

neigeux en place et de hauteur Hg30 (et que ce manteau neigeux

génère ou non de la reptation selon les conditions du site).

- Acc100 : L’avalanche centennale se produit ‘’seulement’’ au-dessus

de la dernière couche de neige Hn100 correspondant au cumul de

référence sur 3 jours l’ayant générée (manteau récent sans

reptation).

- La coexistence des deux phénomènes est prise en compte

indirectement en minorant la hauteur du manteau neigeux/de la

couche au sol forfaitairement de 50cm pour tenir compte de

l’érosion : cette modification ne s’applique qu’à la hauteur

d’application et l’éventuelle charge de reptation reste bien calculée

selon la hauteur nominale (CF. § suivant).

- ll s’agit également de noter que les directions d’application x

peuvent être différentes, d’une part de l’axe de la ligne et d’autre

part entre ces différentes charges puisque la trajectoire des

avalanches n’est pas directement le long de la ligne de plus grande

pente à l’endroit du pylône, contrairement à la reptation. Les

schémas suivants récapitulent les configurations et les angles

correspondants. Les hauteurs mesurées verticalement sont notées H

et les épaisseurs correspondantes sont dénommées D.

Figure 8 - Schéma type de coexistence des avalanches et de la reptation

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B. CHARGE DU A LA REPTATION

Cette charge Pg (kPa) due à la reptation du manteau neigeux est calculée sur

son épaisseur nominale selon :

𝑷𝒈 =𝝆. 𝒈.𝑯𝒈.𝑲.𝑵. 𝜼

𝟐 𝐜𝐨𝐬𝝍𝒈

- ρ: densité (t/m3) considérée classiquement de 0.4 pour les manteaux

neigeux préjudiciables.

- g : accélération de la pesanteur (10m/s²)

- Hg : hauteur de neige de référence. Sa valeur de référence est

considérée linéairement répartie par rapport à l’altitude à partir

d’une valeur représentative de 1m50 au sommet. Comme évoqué

précédemment, la hauteur d’application (mais pas le calcul de

l’intensité) est minorée en cas de combinaison avec une avalanche

pour tenir compte de l’érosion du manteau en place par cette

dernière. Cette valeur est ensuite extrapolée en fonction de l’altitude

selon un gradient de 15cm/100m et modulée en fonction de

l’orientation selon les pratiques suisses (minoration, respectivement

majoration, limitée à 10% pour les orientations sud, respectivement

nord).

- K : facteur de rampement qui dépend de la pente et de la densité

considérée

- N : facteur de glissement qui dépend du sol et de l’exposition (ici

classe 2 vu le contexte globalement forestier)

- η: facteur d’influence prenant en compte la présence du pylône

- ψg: angle de la pente locale (°) : la reptation est considérée suivre la

ligne de plus grande pente

In fine, la pression de reptation g effectivement appliquée au pylône

dépendra de l’angle αg entre la direction de glissement du manteau neigeux

et la génératrice du pylône (°).

P g =Pg.sin αg

C. CHARGE DES AVALANCHES DENSES

La pression caractéristique de l’avalanche Pa (kPa) est calculée par analogie

hydraulique selon :

𝑷𝒂 =𝟏

𝟐𝑪𝑫𝝆𝑽

𝟐

Avec :

- Cd : coefficient de trainée. Celui-ci dépend de la forme de l’obstacle

et théoriquement des caractéristiques de l’écoulement. Sa valeur par

défaut est fixée à 1 pour une section de pylône cylindrique

(respectivement 1.5 et 2 pour une section triangulaire et carrée) mais

P

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qui est majorée lorsque le nombre de Froude diminue fortement

(zone de ralentissement/arrêt de l’avalanche).

- ρ : densité (t/m3) considérée classiquement de 0.3 dans les

écoulements. A noter que cette densité n’est pas directement celle

du manteau neigeux en place ni celle des chutes de neige fraîche

mais cette valeur largement reconnue assure une cohérence globale

des résultats avec le choix de Cd.

- V : vitesse moyenne sur la hauteur de l’écoulement (m/s).

In fine, la pression a effectivement appliquée au pylône dépendra de

l’angle αa entre la direction de l’avalanche et la génératrice du pylône (°).

a =𝑷𝒂. 𝒔𝒊𝒏𝟐𝜶𝒂 =𝟏

𝟐𝑪𝑫𝝆𝑽

𝟐

𝒔𝒊𝒏𝟐𝜶𝒂

S’agissant d’avalanches coulantes denses, une hauteur de refoulement

supplémentaire (notée Ha’ sur la Figure 8) générée par l’interaction avec le

pylône/obstacle est prise en compte. Strictement, la répartition de la

pression sur cette hauteur de refoulement est supposée triangulaire et son

ampleur est interprétée de la formule proposée par le guide suisse précité.

En plus des aspects purement géométriques, cette charge d’avalanche dense

dépend donc principalement de la valeur de la vitesse qui est interprétée à

partir de la reconnaissance de terrain et des résultats de modélisation : les

scénarios listés précédemment sont évalués à l’aide du logiciel 2D de

référence internationale RAMMS (v 1.17.10 - http://ramms.slf.ch/ramms/) de

l’Institut Fédéral Suisse d’Etudes des Avalanches à Davos. Ce logiciel reste

basé sur le modèle de Voellmy (1955) qui utilise une loi d'écoulement

moyennée sur l’épaisseur : La masse de l’avalanche est entrainée par la

gravité tout en subissant la résistance au sol d’un frottement combiné de

type Coulomb et visqueux qui dépend du carré de la vitesse

d’écoulement.

Les hypothèses suivantes sont utilisées :

- Jeu complet de paramètres correspondant à la période de retour du

scénario considéré : l’ensemble des préconisations quant au choix

des paramètres du SLF sont respectées sans ajustement ou

modification

- Zones de départ définies de manière experte et exhaustive par

combinaison de la pente (entre 30 et 55°, valeur au-delà de laquelle

la neige se purge naturellement) et de la courbure (concavité). Selon

la doctrine actuelle, l’effet des protections actives n’est pas pris en

compte directement.

- Chacune des zones ainsi définies est affectée d’une épaisseur

mobilisable correspondant à son altitude et sa pente moyennes

selon le même processus que celui ayant conduit au Tableau 2. .

- Densité : 300 kg/m3. Cette densité est celle de l’écoulement qui ne

correspond pas à celle du manteau neigeux dans la zone de départ.

- Résolution de la grille régulière représentant la topographie actuelle

: 5 m [5].

- Non prise en compte du couvert forestier pour son influence sur

l’écoulement.

Un des paramètres prépondérants pour ces modélisations est le choix de la

catégorie de volume qui va gouverner le comportement de l’avalanche. Ce

volume doit s’entendre comme celui qui va ‘’interagir avec lui-même’’ au

sein des lignes d’écoulements et pour cela, Ramms permet le choix entre

‘’tiny’’ (<5000m3=T), ‘’small’’ (<25000m3=S), ‘’medium’’ (<60000m3=M) et

‘’large’’ (>60000m3=L).

A noter que le paramètre de cohésion disponible dans les dernières versions

du logiciel n’a pas été activé ici, s’agissant plutôt d’étudier les trajectoires les

plus importantes et rapides liées à des conditions de neige froide (cohésion

jusqu’à 100Pa). Cependant, le coefficient de trainée du pylône étant modulé

du nombre de Froude de l’écoulement, la possible surcharge liée à un

écoulement plus lourd/humide est indirectement prise en compte dans les

prescriptions finales.

P

P

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4. RESULTATS

Les deux figures ci-dessous restituent les résultats bruts obtenus des

modélisations sur le terrain actuel :

- En trentennal, les avalanches du versant Roche Noire (à l’est) sont

obtenues avec la catégorie de volume tiny et l’avalanche de Poutran

(au sud) avec le volume Small

- En centennal, les catégories de volume respectives sont small et

large (pour volontairement pousser la CLPA1 au maximum)

Globalement, les extensions longitudinales maximales sont cohérentes avec

celles de la CLPA.

Figure 9 – Carte brute des hauteurs max obtenues par modélisation à l’occurrence 30ans

Figure 10 – Carte brute des hauteurs max obtenues par modélisation à l’occurrence

100ans

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Cependant et transversalement, il ressort l’effet marqué des différents

terrassements dans le versant côté Roche Noire qui étalent et font assez

largement divaguer l’avalanche CLPA 19 et la partie sud de l’Avalanche CLPA

n°17 (notamment due à l’érection de la digue correspondante)

De son côté, les résultats retrouvent pour l’avalanche de Poutran l’emprise

maximum modulée désormais de l’effet des aménagements passifs (Figure

5). Certes, en conditions centennales (et selon les hypothèses retenues pour

ce scénario), cette avalanche pourrait arriver au droit du projet mais reste

parfaitement canalisée à l’ouest pour que le pylône P17 ne soit pas concerné

(Figure 11).

Figure 11 – Profil du terrain sous la ligne entre P17 (à gauche) et P18 (à droite)

C’est d’ailleurs une configuration analogue qui permet de garantir que

l’avalanche CLPA n°11 ne peut interagir avec les pylônes

correctement/largement situés de part et d’autre du thalweg du Torrent du

Boulangeard (Figure 12)

Figure 12 – Profil du terrain sous la ligne entre P6 (à gauche) et P7 (à droite) de part et

d’autre du Torrent du Boulangeard

Finalement et du point de vue des avalanches, seule l’avalanche CLPA n°17

vient interagir avec l’extrémité amont du projet (P18 et G2). Dans l’état actuel

des terrains avec déjà des plateformes successives, les résultats confirment

un comportement par ‘’débordement’’. En effet, le versant de cette emprise

s’avère relativement soutenu sur tout son linéaire : les pentes ne

commencent à devenir inférieures à 30° que vers la traversée de la piste de

l’Alpette et restent fortes (par rapport à cette limite de ‘’stabilité’’ du

manteau neigeux) de l’ordre de 25° jusqu’à la G2.

Figure 13 – Valeurs des pentes (en °) du terrain actuel le long du versant au-dessus de la

G2 (point bleu) selon l’axe de l’avalanche CLPA n°17 jusqu’aux falaises supérieurs (à droite)

Numériquement, cela se traduit par des écoulements qui forcément

atteignent la zone de la G2 dès l’occurrence trentennale. Avec

l’élargissement de la plateforme d’arrivée dans le cadre du projet, on peut

considérer que celle-ci servira au pire de réceptacle du volume

correspondant. A l’occurrence centennale, ce stockage pourra alors être

insuffisant et une partie du volume de l’écoulement transitera par la

plateforme et son talus aval jusqu’aux pentes juste inférieures (Figure 10).

Positivement, ce processus est lent selon des pressions gérables

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5. PRECRIPTIONS PARAVALANCHES ET CONCLUSIONS

De l’interprétation de l’ensemble des éléments précédents, le projet de TC

de l’Eau d’Olle Express apparait parfaitement faisable sans être remis en

cause du point de vue des risques nivologiques (avalanche et reptation)

moyennant de tenir compte :

- Des dispositions constructives suivantes pour la gare amont (et des

prescriptions connexes sur P18 – tableau suivant) à savoir :

o La plateforme d’arrivée respectera une pente quasi-nulle (à

l’écoulement près des eaux de surface) sur la plus grande

surface possible

o Le dimensionnement du pilier amont/est de la gare G2 sera

vérifié vis-à-vis du seul scénario centennal correspondant à

une charge latérale accidentelle de 20 kPa sur 2m de haut

dans l’axe de la ligne/vers l’aval. La G2 sera également vide

de cabines en période de risque marqué.

o Le local commande sera situé côté sud de la G2 et devra

respecter le même cas de charge que précédemment sur

l’ensemble de sa façade est (sa localisation ‘’du bon côté’’

par rapport à l’emprise CLPA permet de maintenir le même

profil de pression malgré un coefficient de trainée

normalement défavorable).

- De quelques zones propices à la reptation le long de la ligne vu les

pentes des versants traversés. Pour cela, le layon déforesté sera aussi

peu dessouché que possible et les quelques pylônes concernés

intègreront la charge modérée correspondante (tableau-ci-après).

Finalement, la principale ‘’contrainte’’ est d’intégrer l’exploitation de cette

liaison (ouverture) à la sécurisation préalable du domaine skiable au même

titre que les remontées mécaniques et pistes du secteur.

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Figure 14 – Diagramme brut des résultats le long de la ligne et tableau des prescriptions interprétées correspondantes

X ZPg30

=Pg30/sinαg

Hg30 ψg θg CHARGEPa30

=Pa30/sin²αa

Ha30 Ha'30 CHARGE Hn100Pa100

=Pa100/sin²αa

Ha100 Ha'100 CHARGE

P1 85.8 m 724.6 m - P2 117.0 m 725.0 m - P3 405.0 m 781.0 m 5 kPa 0.8 m 33 ° -65 ° Variable Principale P4 701.5 m 869.7 m - P5 860.0 m 913.8 m - P6 954.4 m 924.4 m - P7 1224.0 m 957.6 m 4 kPa 1.0 m 43 ° 40 ° Variable Principale P8 1235.0 m 964.1 m 6 kPa 1.0 m 41 ° 50 ° Variable Principale P9 1416.5 m 1096.0 m 8 kPa 1.1 m 39 ° 50 ° Variable Principale

P10 1644.0 m 1244.5 m 10 kPa 1.4 m 35 ° 30 ° Variable Principale P11 1931.0 m 1415.8 m 14 kPa 1.7 m 36 ° 20 ° Variable Principale P12 2015.5 m 1455.7 m - P13 2072.5 m 1474.3 m - P14 2090.0 m 1473.2 m - P15 2105.0 m 1465.5 m 13 kPa 1.9 m 41 ° -130 ° Variable Principale P16 2280.0 m 1401.1 m - P17 2541.5 m 1360.3 m - P18 2744.0 m 1367.8 m - 1.1 m 5 kPa 0.3 m 0.2 m Variable 0.9 m 20 kPa 0.5 m 0.6 m Accident. 23 ° -10 °

θa

REPTATIONPOSITION AVALANCHEVAR30= REPT30 + AVAL30SCENARIO ACC100= AVAL100

ψa

0 m

1 m

2 m

3 m

4 m

5 m

6 m

7 m

0.0 kPa

5.0 kPa

10.0 kPa

15.0 kPa

20.0 kPa

25.0 kPa

30.0 kPa

0.0 m 500.0 m 1000.0 m 1500.0 m 2000.0 m 2500.0 mx

Prept30 (kPa)

Paval30 (kPa)

Paval100 (kPa)

F30 équivalente (kN)

F100 équivalente (kN)

ATTENTION

Profil/400

Drept30 (m)

Daval30 (m)

Daval100 (m)

PYLONES