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DÉFIS ENTRE AMIESTOME 3 : Loélia

DE PIERRETTE LAVALLEE

« Le Code de la propriété intellectuelle et artistique n’autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 del’article L.122-5, d’une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privédu copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d’autre part, que les analyses et lescourtes citations dans un but d’exemple et d’illustration, « toute représentation ou reproductionintégrale, ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause,est illicite » (alinéa 1er de l’article L. 122-4). « Cette représentation ou reproduction, par quelqueprocédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants duCode pénal. »

©2016 Les Editions Sharon Kenawww.leseditionssharonkena.com

ISBN : 978-2-36540-992-6

PROLOGUE Folle ! Folle ! Folle !Je ne cessais de me répéter ces mots encore et encore. Mais qu’est-ce qui m’avait pris d’agir

aussi bêtement ? Il faut dire que Gillian nous avait prises de court lorsqu’elle avait lancé cette idéede défi. Et moi, j’avais été encore plus sotte de mentir…

Car oui, c’est ce que j’avais fait ! Pourquoi ? Même moi, près de deux mois plus tard, je n’auraispas su répondre à la question. Mais je les avais induites en erreur, j’avais menti sur l’objet de mesfantasmes et, alors que c’était à mon tour de relever ce fichu challenge, je me retrouvais à devoirtrouver un subterfuge pour envoyer un selfie sensuel avec un homme pour qui je ne ressentais… rien.Enfin, je ne pouvais pas dire que je n’éprouvais rien pour lui, pour la simple et bonne raison que,même si je le voyais tous les jours, même si parfois j’avais besoin de lui pour régler un problème oufaire une réparation, jamais je ne l’avais regardé comme un homme.

Je poussai un juron et accélérai la cadence sur mon tapis de course. Joy était parvenue à ses finsavec son collègue Dorian Omerry et depuis ils filaient le parfait amour, même s’il ignorait toujoursn’avoir été à la base que l’objet d’un pari. Gillian, à l’inverse, avait tout avoué à l’homme qu’elleaimait depuis plusieurs années. Elle avait eu la chance folle que son amour soit partagé et, si en lesvoyant on ne pouvait que les comparer à la « Belle et la Bête », leur couple semblait solide au pointque notre amie avait tout simplement… déclaré forfait !

C’est au lycée que notre petit groupe s’était formé. Il y avait tout d’abord eu Éléa et Tahys quis’étaient rapprochées. Puis, ce fut le tour de Joy d’intégrer la bande. Toutes les trois, même si elles sedifférenciaient physiquement du tout au tout, avaient beaucoup de choses en commun. Il en allaitautrement avec moi.

J’étais grande, plus que la moyenne, si bien que j’étais surnommée « la perche ». J’avais deslunettes qui mangeaient mon visage long et pâle et je n’étais à l’aise que dans des jupes ou des robeslarges qui frôlaient mes chevilles, ce qui était encore le cas à présent. Pourtant, les filles m’avaientacceptée, mieux, c’était grâce à elles si j’étais sortie de ma coquille, chose pas si aisée si on prenaiten compte le fait que j’étais plus jeune qu’elles de deux ans.

Et Gillian était arrivée… gracieuse, très jolie et… minuscule à mes côtés. Pourtant, c’était elle quim’avait le plus soutenue alors que j’étais complexée par ma taille et par mon « décalage »vestimentaire. Elle m’avait entraînée au-delà de mes limites, me poussant à affirmer ma féminité, àlibérer la sensualité qui était en moi et c’est ainsi que j’étais devenue une femme à la sexualitéépanouie, n’ayant pas peur d’affirmer mes choix, même si parfois ils s’avéraient peu judicieux.

Je descendis de l’appareil et épongeai la transpiration qui ruisselait sur ma poitrine. Je ne pouvaispas abandonner, les filles ne méritaient pas ça ! Je me débarrassai de mon short et de mon débardeuret filai sous la douche.

Tandis que l’eau glissait sur mon corps, je ne pus m’empêcher de penser au véritable objet de mesfantasmes, celui que j’avais caché à mes amies, celui que je gardais jalousement enfermé au fond demon cœur. Comment allais-je bien pouvoir l’occulter de mes pensées pour me concentrer sur ce défique j’allais devoir relever ? J’étais une femme pleine, entière, et ce que je m’apprêtais à faire n’étaitrien d’autre à mes yeux qu’une trahison. J’allais trahir l’homme qui me faisait fantasmer depuisplusieurs mois à présent, avec un autre pour lequel je ne ressentais absolument rien, et tout ça, pour

plaire à mes amies. Ne restait qu’à espérer qu’il soit dans de bonnes dispositions et qu’il se laisseséduire sans pour autant s’attacher à moi.

Chapitre 1 Comme d’habitude, j’arrivai la première à l’école primaire où j’étais en poste depuis près de

deux ans. Enfin, si on exceptait Noé Durill, le gardien, l’homme à tout faire de l’établissement, quiavait un logement de fonction sur place. J’espérais l’éviter, mais ce fut chose impossible puisqu’ilbalayait consciencieusement devant les classes. Je tentai toutefois une percée vers ma salle, encroisant les doigts pour qu’il ne me voie pas, lorsqu’il releva la tête.

Bonjour, Mademoiselle Hoodyes, j’espère que vous allez bien, me salua-t-il en s’appuyantnonchalamment sur le manche de son balai.

Bonjour, Noé, tout va bien, merci, répondis-je, laconique. Si je puis me permettre, vous avez reçu un paquet qui, je l’avoue, m’a laissé dubitatif. Il est sur

votre bureau, poursuivit-il en fronçant les sourcils.Je commençai à comprendre ce qu’avaient dû ressentir Joy et Gillian en recevant ce fameux

« paquet », celui avec les instructions pour relever le défi. Une boule se forma au creux de mapoitrine et mes mains tremblèrent légèrement. J’avançai avec l’impression que mes jambes étaient encoton et un filet de transpiration coula le long de mon échine. Le pire, c’était que je pouvais sentir leregard de Noé posé sur moi. Noé que j’avais révélé aux filles comme étant… mon fantasme.

Je pénétrai dans ma salle de classe et mon regard se posa sur mon bureau. Je poussai uneexclamation en y découvrant la réplique de… l’arche de Noé. Je me laissai tomber sur ma chaise etla saisis entre mes mains. Elle était magnifique. Toute en bois sculptée, recouverte d’un délicatvernis. Les détails étaient minutieux et je fus surprise de découvrir que la cale s’ouvrait pour laisserapparaître de nombreux animaux miniatures. C’est à ce moment-là que je trouvai un papier roulé,maintenu fermé par un fin ruban argenté. C’était Tahys qui avait pioché le nom de mon fantasme etc’était donc elle qui avait noté les directives à suivre. C’est en frémissant à la fois d’inquiétude et defébrilité que je dénouai l’attache et déroulai la note.

Chère Loélia.J’avoue avoir cherché un long moment un gage qui ne te mette pas dans l’embarras et qui ne

soit pas non plus difficile à relever. C’est alors que le prénom de celui que tu désires m’ainterpellée. Noé… Noé et son arche, Noé, le sauveur de l’humanité. Je ne vais pas te demander del’aider à en construire une nouvelle ou encore de réunir des couples d’animaux pour les sauver dudéluge, mais juste de te laisser submerger par le plaisir, entourée d’eau. Le selfie peut être tiré deta salle de bains, de la sienne, de la piscine, de la plage… Je te laisse seule juge. Mais juste unechose… prend ton pied !

J’éclatai de rire en relisant la dernière phrase. Bon sang, comment pourrais-je éprouver du plaisir

avec une personne que je n’avais jamais considérée comme un amant potentiel ? Je fermai les yeux et me concentrai sur Noé pour ne me focaliser que sur son physique. C’était un

homme d’environ trente-trois ans. Il avait de beaux cheveux châtains clairs, coupés courts, qu’ilcoiffait négligemment, une bouche attirante, même si elle se tordait parfois en une moue

désapprobatrice et un court collier de barbe qui lui donnait une allure de baroudeur. Ses yeux étaientd’une couleur marron fade, commune, en fait, rien d’inoubliable. Son corps n’était pas musclé mais iln’avait pas non plus une once de graisse en trop. Noé Durill était tout simplement… normal, unhomme lambda, rien de transcendant. Mais il avait un défaut rédhibitoire et c’était peut-être à causede ça que je n’avais jamais envisagé de le glisser dans mon lit. Il était plus petit que moi ! Oh pasbeaucoup, mais quelques centimètres suffisaient pour que j’y mette mon veto.

La sonnerie qui annonçait le début des cours retentit et je réalisai à ma plus grande stupéfactionque je n’avais même pas pris le temps d’aller saluer mes collègues dans la salle des professeurs…Ni même Ludovic.

Ludovic… C’était lui mon fantasme, celui qui hantait mes nuits. C’était son visage qui se fixaitsous mes paupières lorsque je me donnais du plaisir. C’était avec lui que je voulais vivre un épisodeérotique, pas avec un simple concierge.

La matinée se déroula lentement. Les élèves étaient énervés alors que nous revenions à peine de

vacances et qu’ils seraient en long week-end dès le jeudi. À plusieurs reprises, je dus sévir, ce quim’arrivait rarement, mais là, j’étais également sur les nerfs, ne sachant comment réagir vis-à-vis deNoé et de Ludovic.

Alors que mes pensées avaient une fois de plus pris des directions dangereuses, un énorme fracasretentit au fond de la classe et je vis le jeune Angelo Boulgomme faire un saut en arrière alors quel’armoire contenant les expériences pour « la science et vie de la terre » venait de s’effondrer. Tousles plants que nous avions déposés pour repiquer dans la pelouse étaient écrasés au sol, dans unmélange de terre et d’eau.

Angelo ! m’écriai-je, peux-tu m’expliquer ce qui vient de se passer ? J’ai… j’ai voulu arroser les fleurs et j’ai pris… pris appui sur la planche et… Combien de fois ai-je dit de ne pas vous appuyer sur cette étagère ? grondai-je. Et…

Un bruit strident couvrit le reste de ma phrase. La sonnerie… Il était l’heure pour mes élèves derentrer chez eux. Nous étions mercredi midi et les cours de la journée venaient de prendre fin.

Mettez-vous en rang et pas de bavardages. Angelo, jeudi pendant la récréation, tu laveras letableau et ramasseras les papiers dans la cour. Ce sera ta punition pour ne pas écouter en classe.

Oui, madame Hoodyes, murmura-t-il en baissant la tête.Je les accompagnai le long du couloir jusqu’à la sortie lorsque je bousculai Ludovic qui sortait de

sa classe. Je relevai la tête et le gratifiai d’un beau sourire. Je me suis demandé si tu étais dans l’établissement aujourd’hui, me taquina-t-il. Tu as fait moins

de bruit qu’une petite souris. Pourquoi, rétorquai-je en riant, tu voulais jouer à chat avec moi ? Je me serais bien laissé

attraper, tu sais ! En fait, j’avais des papiers à te faire signer pour la sortie de ta classe en forêt, reprit-il plus

sérieusement. Il faudrait que tu passes dans mon bureau lundi prochain. Je peux passer demain soir si tu veux ? lui proposai-je. Non, j’ai une réunion à la mairie pour les activités extra scolaires de l’année prochaine. Et avec

les deux ponts pour le premier et huit mai, nous aurons deux semaines très courtes, je n’ai pasvraiment le temps.

Tu ne vas pas te plaindre, le morigénai-je. On revient à peine des vacances de printemps quedéjà nous sommes en long week-end deux semaines de suite, c’est le paradis.

Mais ensuite, nous aurons près de cinq semaines sans aucune pause, ce sera très long, surtoutpour les enfants, objecta-t-il en me grondant comme si j’en étais une moi-même.

Oui, c’est vrai, lui confirmai-je en bougonnant, mais nous allons gérer, comme d’habitude !Il me sourit gentiment et se dirigea vers Selena qui s’occupait des cours moyens. Elle était arrivée

en septembre, fraîchement diplômée, et déjà elle prenait ses aises. Je laissai échapper un juronlorsque je vis Ludovic rire à l’une de ses blagues et fronçai les sourcils lorsqu’un de mes élèveséclata de rire en me fixant d’un air moqueur.

Je traînai les pieds jusqu’à ma classe lorsque je me rappelai les dégâts perpétrés par mon élève.Je n’avais pas d’autre solution. Il fallait que je demande de l’aide à Noé.

Chapitre 2 Un quart d’heure plus tard, alors que l’école s’était vidée de tous ses occupants, y compris de

Ludovic, Selena et Marceline, la dernière institutrice qui composait notre quatuor, je n’avais toujourspas débusqué Noé et la moutarde me montait au nez.

Il était près de douze heures trente et j’avais faim pour la première fois depuis plusieurs jours,mon appétit m’ayant fui depuis le début du challenge. N’y tenant plus, je me dirigeai vers sonlogement et frappai énergiquement à la porte. Des effluves de nourriture émanaient de la maison etmon estomac gronda violemment.

J’allais frapper à nouveau lorsque le battant s’ouvrit et… je poussai une exclamation de surprise.Noé n’était vêtu que d’un jean négligemment ouvert qui lui tombait bas sur les hanches. Je pouvaismême distinguer le V que formait le bas de son corps. Il tenait à la main une serviette éponge aveclaquelle il se séchait les cheveux et lorsqu’il releva la tête, je le vis aussi surpris que moi.

Loélia ?! Euh… pardonnez-moi ? Mademoiselle Hoodyes, que puis-je faire pour vous ?Je sentis ma bouche s’assécher. Pourquoi avais-je besoin de lui ? J’avais l’impression que mon

cerveau venait brutalement de se déconnecter. Mon bureau ! Non, ma salle de classe ! L’armoire ! bégayai-je. Vous allez bien ?

Oui… non… j’étais troublée. Toutes ces semaines à paniquer, à rejeter en force la bêtise quej’avais faite en jetant son nom comme une bouteille à la mer me semblait à présent hors de propos.

Un élève a brisé l’armoire dans ma salle de classe et il y a de la terre, de l’eau et… Pourquoi ne pas avoir fait comme d’habitude ? Quoi ? ânonnai-je bêtement. Habituellement, lorsque vous avez besoin de mes services, vous me laissez une note sur le

tableau réservé à cet effet dans la salle des professeurs.J’ouvris la bouche et la refermai, ne sachant pas quoi répondre car il avait entièrement raison.

C’était ainsi qu’on communiquait avec lui depuis toujours. Je… je suis désolée, balbutiai-je. Vous avez déjeuné ? demanda-t-il soudain. Non, pourquoi ?

Il me regarda, mi exaspéré, mi amusé. Parce que vous n’avez pas l’air dans votre état normal. Entrez, je vais passer un tee-shirt.

Installez-vous dans la cuisine, je vous rejoins tout de suite.Je ne sais pas ce qui me prit là non plus mais… je pénétrai dans l’antre du loup. Une fois la porte

d’entrée refermée, je me dirigeai vers les odeurs alléchantes qui se dégageaient de la cuisine. Je fusétonnée par la pièce qui était à la fois fonctionnelle et chaleureuse.

J’espère que ça ne vous dérange pas de manger ici mais c’est ce que je fais lorsque je suis seul.Je secouai la tête pendant qu’il rajoutait une seconde assiette sur une table carrelée. Il déposa

ensuite les couverts, un verre, sortit une panière avec du pain frais et me fit signe de m’installer.J’avais l’impression d’être une ado à son premier rendez-vous. Mince, ce n’était pas moi ça !

Pourtant, j’étais… intimidée. Oui, pour la première fois depuis une dizaine d’années, j’étaisimpressionnée et lorsqu’il déposa devant moi un plat de pâtes gratinées au fromage, relevées avec

une béchamel, je ne pus que tendre mon assiette. Il me servit sans un mot et rajouta une tranche dejambon cuite au four toute chaude et croustillante. Je n’attendis pas qu’il se serve, ce n’était peut-êtrepas poli, mais je portai une première fourchette à ma bouche et… je me sentis fondre. C’étaitexcellent. Simple mais délicieux.

Le repas se passa dans un silence apaisant. Je ne pensais à rien si ce n’était à la prochainebouchée que j’enfournerais. Je fus aux anges lorsqu’il versa dans mon verre, un borsalino Frezza de2010, un vin souple, fruité qui se mariait bien avec le plat et, encore plus, lorsqu’il sortit duréfrigérateur un fromage de la région et du raisin rose.

Il ne m’en fallut pas plus pour être repue et je m’affalai sur la chaise, mon verre qu’il avait rempliune seconde fois à la main. Je le dévisageai tandis qu’il en faisait de même.

Alors, me dit-il d’une voix grave, que s’est-il passé dans votre classe ? L’un des gamins a voulu prendre une initiative qui, malheureusement, s’est révélée être

catastrophique. Il s’est appuyé sur une des planches qui montrait des signes de faiblesse etlorsqu’elle est tombée, le reste de l’armoire a suivi.

Je passerai cet après-midi, affirma-t-il en se levant pour débarrasser. Attends, je vais t’aider, le tutoyai-je, soudain plus à l’aise.

Il croisa les bras et me fixa intensément pendant que je vaquais dans la cuisine. Je m’y sentaisétrangement à mon aise alors que les seules fois où je mettais les pieds dans la mienne, c’était pourme servir de la machine à expresso et du micro-ondes.

D’où vient votre prénom ?Je le dévisageai, étonnée que ce soit la première chose qui lui vienne à l’esprit mais lui répondit

franchement. Lorsque ma mère s’est retrouvée enceinte après de longues années infructueuses, ni elle ni mon

père n’ont voulu connaître le sexe de l’enfant. Ma mère décida de choisir le prénom pour une fille,mon père pour un garçon. Malheureusement, la vie est mal faite. Alors que ma mère était sur la tabled’accouchement, mon père mourait dans un accident de voiture en allant la rejoindre. Lorsqu’elle l’aappris, elle a été dévastée, ce qui se comprend. Mais elle avait à présent une petite fille à éleverseule. Aussi, elle a séché ses larmes et a fixé l’infirmière. « On l’appellera Loélia », a-t-elle dit.Ainsi elle sera un peu de lui et un peu de moi. Ma mère voulait pour une fille le prénom Chloé, monpère avait choisi Liam pour un garçon. Je suis un mix des deux, le renseignai-je en haussant lesépaules d’un air désinvolte.

C’est une très belle histoire, répondit-il en souriant.Je restai un moment à le fixer. Une fois encore, je lui trouvais quelque chose de particulier, surtout

en voyant son visage transformé par ce sourire. Il semblait moins sur la défensive. Oui, poursuivis-je. Quatre ans plus tard, ma mère se remariait avec un homme qui m’a élevée

comme sa fille. J’ai eu de la chance, j’ai été aimée par trois parents. Peu de monde peut en direautant.

Qu’attends-tu de moi, Loélia ? me demanda-t-il tout de go, me tutoyant à son tour.Je me braquai aussitôt et relevai la tête pour le toiser avec hauteur.

Je te l’ai dit, que tu remettes ma salle de classe en état ! grondai-je.Il secoua la tête et me tourna le dos comme si je venais de le décevoir.

Et que tu m’aides à relever un défi, poursuivis-je avant de me taire brusquement, horrifiée.

Chapitre 3 Oh mon Dieu, qu’avais-je fait là ? Pourquoi ne pouvais-je pas tourner ma langue sept fois dans ma

bouche avant de l’ouvrir ? Je… je suis désolée, je… il faut que j’y aille, murmurai-je avant de me précipiter vers la sortie.

Mais je n’eus pas le temps d’y parvenir. D’un geste brusque, il plaqua sa main sur le battant qui sereferma devant mon nez.

C’est quoi, cette histoire de pari ? bougonna-t-il en m’emprisonnant contre la porte. Ça a quelquechose à voir avec l’arche que tu as reçue ce matin ?

Je le dévisageai, incrédule, en réalisant qu’il avait fait le rapprochement entre lui et la sculpture.La stupeur dut se lire sur mon visage car il laissa échapper un rire amer.

Je ne suis peut-être qu’un concierge, mais je ne suis pas idiot, me cracha-t-il au visage.L’arche… Noé… pas difficile d’additionner un plus un.

Bon, d’accord, me lançai-je à mes risques et périls. Il y a deux mois, j’étais au « Bonheur desDames » avec plusieurs amies et l’une d’elles a lancé un pari complètement fou. On devait noter surun papier le nom d’un homme qui nous faisait fantasmer. Lorsqu’un des prénoms était tiré au sort,celle qui l’y avait mis s’engageait à relever un défi érotique en n’omettant pas de tirer un selfie pourleur envoyer sur leur boîte mail en vue de la validation.

Et qu’ai-je à voir là-dedans ? gronda-t-il. C’est ton nom que j’ai mis dans la boîte, lui avouai-je, et à présent, je dois te convaincre de

coucher avec moi dans un cadre romantique et… aquatique. Tu comprends, Noé… le déluge…Il recula comme si je venais de le frapper.

Toi, m’accusa-t-il. Tu as osé mettre MON nom ? Mais bordel, on sait parfaitement sur qui tu« fantasmes », me singea-t-il en mimant des guillemets, et ce n’est certainement pas sur moi, n’est-cepas, Loélia ? Nous savons pertinemment que c’est ce cher directeur qui fait mouiller ta petiteculotte ? Personne ne l’ignore ici, pas même lui !

Je laissai échapper une exclamation de stupéfaction et de douleur mêlée, surtout à la mention deLudovic.

Tu mens ! m’écriai-je en le frappant violemment au thorax. Tu es si crédule ! On lit en toi comme dans un livre ouvert, insista-t-il. Tu baves littéralement

lorsqu’il est dans les parages. Encore quelques mois et tu t’allongeras à même le sol pour qu’ilt’utilise comme carpette.

Je ne parvins pas à me maîtriser et le giflai avec force au point qu’une goutte de sang perla au coinde sa bouche. Il la recueillit de la pointe de la langue et ouvrit la porte.

Sors d’ici ! Tout de suite ! dit-il froidement. Je ne suis pas un objet sexuel ni un kleenex qu’onprend et qu’on jette après usage. Tu as besoin de baiser, trouve-toi un mec dans un bar ou encoremieux, jette-toi à la tête de ton cher Ludovic, la chute n’en sera que plus douloureuse !

Je quittai son domicile, la tête haute, même si mon cœur battait la chamade. Jamais aucun hommene m’avait parlé de cette façon. Je me précipitai dans ma classe, rassemblai mes affaires et quittai leslieux comme une voleuse.

Je me maudis pour avoir osé lui avouer la vérité au sujet de ce stupide défi. J’avais envied’appeler les filles et de leur signaler que moi aussi j’abandonnais mais j’aurais dû m’expliquer, leur

dire pourquoi j’envisageais de le faire, et elles auraient compris que je leur avais menti.C’est dans mon appartement que je me réfugiai, à la fois honteuse et folle de rage. Comment avais-

je pu me confier ainsi à Noé ? Je poussai un gémissement d’horreur en repensant à la gifle que je luiavais assenée, même s’il l’avait amplement méritée.

Je passai mon après-midi à me fustiger, à me lamenter sur mon sort avant de vouer Noé auxgémonies. Je me comportai comme une gamine en traînant sur le canapé, avalant chips et soda glacé.

Lorsqu’on sonna à la porte, je sursautai violemment. Je ne suis pas là, criai-je. Alors c’est parfait ! Ouvre cette porte, j’essaie de te joindre depuis plus d’une heure.

Je bougonnai en reconnaissant la voix de Gillian mais extirpai toutefois ma carcasse du sofa. C’esten traînant les pieds que je déverrouillai le battant.

Qu’est-ce que tu fiches ici ? marmonnai-je. Bon sang, j’essaie de t’appeler depuis midi ! s’écria-t-elle. J’ai su que Tahys t’avait envoyé tes

directives pour le défi et… Je ne veux pas en parler, bougonnai-je en me laissant tomber de tout mon long sur le divan que je

venais de quitter. Toi, tu fais une petite déprime, constata mon amie en prenant place dans le fauteuil situé en face

de moi. Tu es devenue psy ?

Gillian se contenta de croiser les bras et d’attendre que je veuille bien me confier mais je n’enavais pas envie. Nous restâmes là, un long moment, le silence uniquement brisé par le craquementincessant des chips sous mes dents.

Pourquoi es-tu venue, Gillian ? lui demandai-je, capitulant la première. Personne ne s’est mêléde ton défi ou de celui de Joy. Avec les filles, nous vous avons laissé gérer votre challenge commevous le vouliez, alors pourquoi vous mêlez-vous du mien ainsi ?

Parce que nous nous inquiétons pour toi. Arrêtez de me prendre pour une gamine ! m’exclamai-je en me redressant. C’est pénible à la fin. Loélia, soupira Gillian, tu sais qu’il ne s’agit pas de ça. C’est juste que… Merde, tu mesures

peut-être un mètre quatre-vingt-deux, mais pour nous quatre, tu es notre petite sœur, celle qu’on doitprotéger envers et contre tous. Lorsque tu es arrivée au lycée avec deux ans d’avance, tu semblais siperdue que les filles t’ont tout de suite prise sous leurs ailes. Quant à moi, j’ai été touchée par tafragilité, ta vulnérabilité et je me suis promis d’être là pour toi, tout le temps et…

Elle ne put prononcer un mot de plus, j’éclatai en sanglots…

Chapitre 4 Gillian était restée avec moi de longues heures. Après ma crise de larmes, je m’étais endormie, la

tête reposant sur ses genoux. À mon réveil, elle avait commandé une pizza, tiré deux bières duréfrigérateur, et nous avions dîné en parlant de tout sauf du défi.

Pourtant, le lendemain matin, alors que j’arrivais en vue de l’école, je n’avais qu’un seul désir,celui de faire demi-tour et me réfugier au fond de mon lit. Mais je ne le fis pas, j’avançai le mentonrelevé, la démarche fière, me grandissant encore si une telle chose fut possible.

Quelques parents attendaient déjà devant la grille et me saluèrent avec plus ou moins de réserve.Je franchis le portillon, m’attendant à chaque instant à me faire accoster par Noé, mais il n’y avaitpersonne. Je me dirigeai vers ma classe et fus surprise de voir que, malgré la scène effroyable de laveille, il avait pris la peine de remettre la pièce en état. Il était même parvenu à sauver quelquesplants qui s’étalaient à présent sur une étagère qu’il avait installée au fond de la classe pourremplacer l’armoire abîmée. J’avançai vers mon bureau et fixai longuement l’arche que j’avaisoubliée la veille. Sur le pont du navire se trouvait une fleur, une simple violette. Je la tins un momentdu bout des doigts et la déposai dans mon agenda.

Je fus vite distraite par l’arrivée de mes élèves. Et les cours commencèrent. Comme la veille, ilsétaient dissipés mais un devoir surveillé apaisa les esprits. Je passai dans les rangs, jetant un coupd’œil machinal sur une copie, fronçant les sourcils devant une grosse erreur. Un mouvement dans mapériphérie me fit tourner la tête. Noé était dans la cour et bêchait les parterres qui accueilleraient lesfleurs que les élèves planteraient dans le courant du mois avant la kermesse annuelle.

Étonnamment, je ne parvenais pas à détacher mes yeux du spectacle qu’il offrait, le corps penchéen avant, les mouvements de ses bras mettant en valeur sa carrure que je n’imaginais pas aussidéveloppée. Je me morigénai toutefois en me rappelant ses propos de la veille et reportai monattention sur mes élèves.

À la récréation, je ne quittai pas ma classe, en profitant pour corriger les copies. En revanche, à

l’heure du repas, je n’eus pas d’autre choix que de me rendre à la cantine. Nous n’étions que deux àdéjeuner à l’école. Ludovic et moi. Comme chaque midi, il m’attendait à notre table.

Y a-t-il un problème, Loélia ? Tu sembles distraite depuis quelque temps. Non, ça va, le rassurai-je, la fin de l’année approche et la fatigue se fait sentir, c’est tout ! Ah, je préfère ça.

Nous étions à l’écart des élèves, dans un renfoncement qui nous laissait un semblant d’intimitémême si nous pouvions entendre les bruits habituels qui résonnaient dans le réfectoire.

Marie, la cantinière, vint déposer devant nous nos assiettes et je ne pus retenir une grimace dedégoût. Au milieu d’une mare de sauce brune surnageaient deux minuscules morceaux de viandeindéfinissable, de la purée liquide et une plâtrée de lentilles.

Pas très appétissant ! conclut Ludovic en repoussant son assiette. C’est infect, tu veux dire. Je ne comprends pas comment un traiteur peut préparer des repas de

qualité aussi médiocre, m’insurgeai-je avec force. Calme-toi, me tempéra Ludovic en… posant sa main sur la mienne.

Mon cœur manqua un battement. C’était la première fois qu’il se permettait un geste familierenvers moi et une vague de chaleur m’envahit. Je la lui abandonnai toutefois, appréciant qu’il lacaresse nonchalamment du bout des doigts, comme s’il n’avait pas conscience de ce qu’il faisait. Ildessinait des arabesques sur ma peau tout en me fixant intensément. Ma poitrine se soulevaitrapidement et ma bouche s’entrouvrit sous les sensations que je ressentais. Et, lorsqu’il glissa sonpied contre le mien, je ne sursautai même pas, comme s’il était… à sa place.

Je sortis de ma « transe » lorsque Marie se présenta cette fois avec une corbeille de pain. Jeretirai ma main et saisis une tartine que je mis consciencieusement en miettes. Pourtant, à l’abri de lanappe, la pression de sa chaussure contre mon mollet se faisait plus pressante, plus insidieuse.

Et, alors que j’attendais ce moment depuis plusieurs mois, je me relevai d’un bond. Je n’ai pas très faim, je vais finir mes corrections, bredouillai-je. Un problème, Loélia ? s’enquit Ludovic en se levant à son tour. Non… c’est juste que… Merde, pourquoi tu fais ça ? Fais quoi ? se moqua-t-il en croisant les bras. Ta main sur la mienne, ton pied sous ma jupe ! grondai-je à voix basse.

Il avança de quelques pas et m’accula contre le mur. Parce que tu en meurs d’envie, susurra-t-il en se collant contre moi. Et que peut-être que moi

aussi je le veux.Sur ces mots, il glissa le dos de sa main sur mon sein avant de quitter la cantine, me laissant

ébahie. Je m’effondrai sur la chaise et avalai mon verre d’eau d’un trait, à la fois heureuse et…sceptique. Je n’oubliais pas ce qu’avait dit Noé la veille à son sujet. Qu’il savait que je le désirais.

Je retournai dans ma classe sans prendre le temps de me restaurer. Non seulement la nourritureétait infecte mais je n’aurais de toute évidence pas pu manger le moindre morceau. Ma gorge étaitserrée et… la passion continuait d’embraser mon corps. Je jetai un coup d’œil à la pendule. Il merestait une bonne heure avant que les élèves ne reviennent en classe.

Oserais-je ? N’oserais-je pas ?Le désir se faisait trop lancinant et ce n’était pas la première fois que je le ferais en pensant à

Ludovic.Je me dirigeai vers les stores et les baissai. Heureusement, je pourrais trouver comme excuse que

le soleil tapait trop fort sur les vitres. Je m’installai à mon bureau, reculai légèrement mon siège surlequel je pris place, jambes écartées. Je glissai une main sous la ceinture de la jupe et poussai ungrognement en réalisant que j’étais trempée. Ma vulve était si gonflée que le moindre effleurement mefaisait hurler mentalement. Mes seins étaient douloureux et frottaient contre le tissu de ma blouse,accentuant la sensibilité de mes tétons. Je glissai deux doigts en moi avec une telle facilité que jelaissai échapper un gémissement. Je repensai à Ludovic, à ses mains, à son pied sur ma cheville…lorsque son image s’effaça pour laisser place à celle de Noé. Et, lorsque mon pouce trouva monclitoris, me faisant décoller dans un orgasme dont les spasmes me terrassèrent, c’est son nom quej’avais sur le bout de la langue.

Tu ne peux pas t’en empêcher, n’est-ce pas ?Je sursautai violemment en reconnaissant la voix qui venait cracher son venin. Pourquoi avait-il

fallu que Noé entre dans la pièce à ce moment-là ? J’entrouvris les yeux et plongeai mon regard dansle sien.

Ta mère ne t’a-t-elle pas appris la politesse ? Tu ne peux pas frapper avant d’entrer ? grinçai-jeen retirant ma main moite de sous ma jupe.

Tu pensais encore à lui, c’est ça ? poursuivit-il, vindicatif. De toute façon, inutile de me le dire,je le sais. À chaque fois qu’il te frôle, qu’il te regarde, qu’il te sourit, tu viens te planquer ici pour tedonner du plaisir. Dans une salle de classe ! Merde !

Je n’avais jamais vu Noé aussi furieux, ni aussi… séduisant. La colère donnait un éclat toutparticulier à ses yeux mais il était hors de question qu’il remarque mon trouble. Tout comme je ne luipermettais pas de me parler sur ce ton et ne manquai pas de le lui dire.

Et comment sais-tu ce que je fais en dehors de mes heures de cours ? De toute façon qu’importe,ça ne te regarde en rien !

Non, bien sûr, susurra-t-il, sauf quand il s’agit de te faire gagner un putain de pari, auquel cas, tute souviens de moi !

C’est la pire connerie que j’ai faite, maugréai-je en lui accordant toutefois le point qu’il venaitde gagner.

La pire que tu aies faite, c’est de faire confiance à un homme qui se fiche de toi ! Suis-moi !

Chapitre 5 Noé me saisit par la main et m’entraîna à sa suite. Je réalisai qu’il étreignait celle que j’avais

utilisée pour me donner du plaisir et cette constatation me fit sourire. Vas-y, marre-toi, tu rigoleras moins lorsque tu verras ce que j’ai à te montrer, bougonna-t-il.

Au bout du couloir qui desservait les salles de classe, il tourna à droite. C’était dans cette partiede l’établissement que se trouvaient la bibliothèque scolaire, la salle informatique et une autre piècequi nécessitait des travaux et qui était, de ce fait, condamnée. Pourtant, c’est vers celle-là que medirigea Noé. Il sortit un trousseau de sa poche, déverrouilla la serrure et me poussa à l’intérieur enprenant soin d’observer à droite et à gauche avant de refermer soigneusement derrière lui.

J’allais à nouveau m’en prendre physiquement à lui lorsque je me tournai vers le fond de la pièce.Sur une rangée de bureaux se trouvaient plusieurs ordinateurs allumés. Je pivotai sur moi-même etréalisai soudain que cette pièce n’était absolument pas insalubre, au contraire, elle était tout à faitutilisable.

Je jetai un coup d’œil interrogateur à Noé qui me fit un signe de tête pour me faire avancer. Je lesuivis et décalai le fauteuil qui faisait face aux écrans. Je poussai une exclamation de surprise enobservant le second.

Mais… mais c’est ma classe ! m’écriai-je. Il y a une caméra dans ma classe ? Plusieurs en fait, me renseigna-t-il. Et pas uniquement dans la tienne. Le directeur Valois aime…

espionner ses enseignantes. Mais c’est ignoble et…

Noé manipula la souris et je pus voir la salle sous un autre angle. Ce dernier lui donnait une vueimprenable sur mon bureau et s’il zoomait, comme le faisait Noé… Oh bon sang, je comprenais àprésent toutes les allusions de Noé. Cette caméra-ci filmait sous mon bureau et n’avait pu louperaucune de mes séances solitaires.

Oh bon sang. Alors c’est à ça que vous passez vos moments de pause tous les deux ? À noussurveiller ?

Mais comment peut-on être aussi obtus ? éclata-t-il. Je viens de te montrer le petit secret deValois. S’il vient à l’apprendre, je me fais virer !

Le sang bouillait dans mes veines. Réponds-moi franchement. M’as-tu déjà, oui ou non, matée pendant que je me masturbais ?

Il me fixa un long moment sans répondre puis hocha la tête. J’inspirai profondément pour ne pas lefrapper mais mon regard, lui, l’avait déjà tué à plusieurs reprises.

Je n’en reviens pas ! Et les autres ? demandai-je en louchant vers les autres écrans en veille. Je ne crois pas…

Mais je ne l’écoutais pas. Je me précipitai vers le deuxième et reconnus tout de suite la classe deMarceline.

Au moins, grinçai-je, avec elle, vous n’avez pas eu l’occasion de vous rincer l’œil. Non, en effet, avoua-t-il. Mais Madame Cochez a d’autres vices que la luxure. Oh mon dieu ! m’écriai-je faussement effarée. Elle se cure le nez en l’absence de ses élèves ?

Elle a des gaz qui s’échappent de ses intestins ? Elle… Elle a une dépendance à l’alcool !

Vous êtes des pourritures ! m’exclamai-je.J’allumai le troisième moniteur. Il s’agissait cette fois de la classe de Selena.

Pauvre Selena, avoir son premier poste dans un établissement géré par un pervers et son acolyte.Eh bien, quel bon exemple nous donnons aux élèves ! Et celle-ci…

Je m’avançai vers le quatrième ordinateur. Non ! s’écria-t-il avant de se mettre devant moi, les bras en croix. Sérieusement, tu penses vraiment que tu vas m’empêcher d’ouvrir ce dernier PC ? Je te croyais

plus malin. À moins que cette vidéo ne soit encore plus perverse ? Pousse-toi, Noé, aboyai-je, ne medonne pas une excuse pour te faire remonter tes attributs dans ta gorge à coups de genoux !

Tu l’auras voulu !Il se décala sur le côté et j’actionnai la souris. Ce que je vis sur l’écran me coupa les jambes et je

me laissai tomber sur le fauteuil. Selena était plaquée contre le bureau de Ludovic, les jambes au sol,le jean et la culotte en bas des cuisses. Son tee-shirt était relevé au-dessus de ses seins qui étaienteux-mêmes écrasés sur les documents qui jonchaient son espace de travail. Ludovic, quant à lui,s’activait entre ses jambes, une main posée au creux de ses reins, l’autre enroulée autour de sescheveux pour lui maintenir la tête en arrière. Les mouvements de hanches me convainquirent qu’iln’était pas en train de préparer des dossiers ou de faire signer des contrats. Quoique… j’espérais queles feuilles sur lesquelles il déversait sa semence n’étaient pas celles que je devais signer pour levoyage de mes élèves.

Je secouai la tête, dégoûtée, lorsque Selena tourna la sienne vers la caméra et mima un baiser dubout des doigts qu’elle envoya dans notre direction. Je pus lire nettement sur ses lèvres le prénomde… Noé.

Je me relevai vivement et me précipitai vers la porte mais elle était verrouillée. Ouvre-moi tout de suite, hurlai-je, à moitié hystérique. Il faut que je sorte, que… Avant tout, calme-toi ! s’écria-t-il d’une voix tranchante. Dans quelques minutes, Valois va venir

ici pour récupérer la cassette, alors reste tranquille. Parce qu’en plus vous en faites des copies ?! Je vais porter l’affaire devant l’inspection

académique, devant…Je ne pus poursuivre, Noé plaqua sa bouche rageusement sur la mienne et me gratifia d’un baiser

hargneux, colérique. J’allais le repousser lorsque j’entendis un bruit dans le couloir, des bruits devoix.

Vous reviendrez me voir pour parler de vos problèmes administratifs lundi, Selena. Et je vousremercie d’avoir porté ce problème à mon attention.

Je vous en prie, Monsieur le directeur, ce fut… un plaisir.La sonnerie annonçant le début des cours retentit. Noé recula, essuya sa bouche avec une moue

dégoûtée comme si j’avais la lèpre et m’ouvrit la porte. Je m’enfuis en direction de ma classe, sansun regard en arrière, le goût de Noé toujours sur mes lèvres.

Chapitre 6 Le lendemain était férié, mais je ne pouvais m’empêcher de ressasser les images de la veille.

J’étais furieuse, en colère, mais surtout blessée du comportement de Ludovic. Bon sang, de le voiravec Selena, prenant son plaisir alors qu’il m’avait caressée quelques minutes avant… c’était trop,beaucoup trop !

Je ne pouvais que me remémorer ces images de lui, pilonnant allégrement Selena, la dominant deson corps, de son sexe, et malgré ma déception, mon écœurement, je ne pouvais que l’envier etm’imaginer à sa place.

Il fallait que je fasse quelque chose, que je bouge, que je m’occupe pour ne plus penser à cettescène digne d’un porno amateur… Je pris mon attaché-case, et cherchai le dossier avec mes copies àcorriger, lorsque je réalisai que je l’avais oublié à l’école. Je poussai un juron, tout en sachant que cen’était pas un problème puisque j’avais les clés et pouvais entrer et sortir de l’établissement à maguise.

Exaspérée, je quittai mon appartement et pris la direction de l’école. Il faisait beau même si nousn’étions qu’en milieu de matinée, un temps à se prélasser au bord de la plage et… Je m’arrêtai enplein milieu du trottoir en me rappelant que j’avais un défi à relever, avec Noé, un pervers qui nepouvait s’empêcher de mater les scènes érotiques qui se déroulaient dans l’école. Peut-être qu’avectous les épisodes qu’il enregistrait, il pourrait produire un film, genre « L’école de Noé ». Je sourisen imaginant le résumé : pour éviter le déluge, Noé se réfugie dans une école en compagnie dudirecteur et de ses deux professeures. À eux quatre, ils baiseront jusqu’à la mort s’il le faut pouréviter l’extinction de l’espèce humaine… Ou encore : « Noé et l’arche en perdition ». Tandis queNoé surveille attentivement la montée des eaux, le porc s’envoie en l’air avec la mante religieusesous le regard amusé des autres animaux. Parviendra-t-il, de derrière son écran d’ordinateur, àsauver l’humanité ? ».

Toute à mes rêveries, je dépassai le bâtiment et dus revenir sur mes pas. Je déverrouillai leportillon et pénétrai dans la cour. J’appréciai ce moment de tranquillité, laissant le soleil glisser surma peau. Il n’y avait aucun bruit, et l’école sans ses élèves avait un aspect à la fois paisible et…angoissant. Je ne pus retenir un frisson et me dirigeai vers ma classe.

Mes talons claquaient sur le carrelage et mes pas résonnaient de façon lugubre dansl’établissement vide. Je parvins face à ma porte, la déverrouillai et m’y engouffrai, ne pouvantm’empêcher de chercher les caméras qui « violaient » ma vie professionnelle. Je me dépêchai deprendre le dossier avec mes copies et fis demi-tour. Je venais d’atteindre l’entrée lorsque je vis uneombre, grande, menaçante qui se devinait à travers la vitre. J’allais faire demi-tour lorsque la portes’entrouvrit. J’étais tétanisée. La première chose que je vis fut une batte de base-ball, immense, assezsolide pour me fracasser le crâne et au moment où j’allais hurler, je reconnus… Noé !

Mais c’est pas vrai, bon sang ! m’exclamai-je. Tu n’as pas de porno à regarder aujourd’hui, il tefaut en plus jouer les fantômes armés dans l’école.

Et toi, que fais-tu là ? me demanda-t-il sur un ton peu amène. Tu t’attendais peut-être à voir cecher Valois ?

Et même si c’était le cas, qu’est-ce que ça peut te faire ? Est-ce que je te demande si Selenaécarte les cuisses pour toi aussi ?

Et si je te disais oui ?Sur le coup, j’en restai bouche bée, encore que ça n’aurait pas dû me choquer après ce que j’avais

vu, et la façon dont elle avait fixé la caméra pour susurrer son prénom et… Elle était au courant, réalisai-je soudain. Je ne sais pas de quoi tu parles ! Selena, elle savait qu’il y avait des caméras lorsqu’elle a… enfin tu vois ce que je veux dire ! En effet, me confirma-t-il. Mais elle ignore qu’il y en a d’autres. Elle n’est au courant que de

celles présentes dans le bureau du directeur. Je ne comprends pas, avouai-je. Depuis quand ça dure ? Depuis sa nomination ici, en tant que directeur. Dès son arrivée, il a voulu avoir un regard sur

les classes. Il était de bonne foi lorsqu’il a pris cette décision. Il voulait surveiller les professeurs etéviter certains débordements comme malheureusement on en voit de plus en plus souvent dans lesécoles.

Oui, je vois, murmurai-je, la violence, la pédophilie. C’est ça, me confirma-t-il. Il voulait protéger à la fois les élèves et les professeurs. Mais alors, qu’est-ce qui a changé ? m’énervai-je On pourrait aller discuter de ça dehors ? proposa-t-il en déposant son arme sur une des armoires

du couloir.J’acceptai et le suivis dans la cour. Nous prîmes place sur le banc où les professeurs s’asseyaient

habituellement pour surveiller les élèves pendant la récréation. Je me tournai vers lui et attendis qu’ilme réponde.

Lorsque Valois est arrivé à l’école, il s’est tout de suite aperçu que Madame Cochez avait unproblème avec l’alcool. Mais, il sait également qu’elle n’est qu’à quelques mois de la retraite et nevoulait pas la pénaliser, aussi la surveille-t-il de très près.

Que s’est-il passé pour que cet espionnage, mis en place à la base pour protéger sonétablissement, se soit transformé en studio de production pour pornos de mauvais goût ?l’interrogeai-je.

Tu ne comprends vraiment rien, s’écria-t-il avec hargne. C’est toi la responsable de tout ça. Toiet personne d’autre.

Je le regardai, effarée. Comment avais-je pu être à l’initiative de ce genre de plan ? Non ! Noé semoquait de moi une nouvelle fois.

Comment ? demandai-je pourtant.Noé se leva et se mit à marcher de long en large dans la cour. Il s’arrêta soudain et, restant à

distance, soupira. Tout a commencé l’année dernière, commença-t-il. Tout allait bien, les caméras surveillaient en

permanence les salles de classe, il n’y avait pas de graves problèmes. Puis il y a eu ce jour-là… Tuavais rejoint Valois dans son bureau, tu portais cette jupe bleue en jean et dentelle qui te donne un culd’enfer. Je ne sais pas ce qui s’est passé pendant le temps que vous étiez ensemble… Lorsque tu enes sortie, Valois est venu me rejoindre pour jeter un coup d’œil sur les écrans… Et c’est là qu’on t’avue…

Oh mon dieu, soupirai-je en portant la main à mes lèvres, connaissant la suite. … tu es entrée dans ta classe, on pouvait te voir trembler. Valois m’a demandé de zoomer sur toi

et d’enregistrer. Je ne sais pas s’il se doutait de ce qui allait se passer ou s’il pensait que tu étais sous

l’emprise des stupéfiants… Toujours est-il que tu as baissé les stores, y compris celui de la porte.Puis tu t’es appuyée contre ton bureau, tu as défait les boutons de ton chemisier. Putain, ajouta-t-il enme fixant, tu étais nue sous tes vêtements. Lorsque je t’ai vue commencer à te caresser, j’ai voulucouper l’enregistrement, la caméra. Valois a refusé. Il s’est affalé sur la chaise et s’est délecté duspectacle. Oh mon dieu, tes mains enserraient tes seins, tes doigts pinçaient tes tétons… on pouvaitles voir rougir à la caméra, puis tu as laissé glisser ta main sur ton ventre, l’effleurant à peine, justedu bout des ongles… et tu as baissé légèrement ta jupe, juste sous tes fesses. Là non plus, tu neportais rien… tu ne portes jamais rien, m’accusa-t-il avec colère. Et tu t’es caressé le pubis, suivantla ligne pileuse de ton épilation en ticket de métro. Si tu savais… on avait une vue dégagée sur ce quetu faisais… Puis tes doigts se sont enfoncés en toi, dans ta chair crémeuse. La façon dont tu mouillais,tes yeux révulsés qui nous indiquaient que tu aimais ce que tu faisais… Tout ce que tu ressentaispouvait se lire sur ton visage. Et lorsque tu as joui…

Que… que s’est-il passé ? demandai-je, troublée. Valois a ri, il s’est moqué de toi, s’énerva-t-il, avant de me menacer de me renvoyer si jamais

j’en parlais à quelqu’un. Il avait trouvé un nouveau jeu… Il jouait avec toi en t’allumant, en t’excitantpour que tu te précipites dans ta salle pour te donner du plaisir… Puis, il allait en classe et donnaitses cours.

Et toi ? Moi ? gronda-t-il en approchant et en plaquant ses deux mains sur le banc de chaque côté de mon

corps. Moi, je sortais ma queue de mon caleçon et je me branlais à mon tour en matant ce minableporno…

Je poussai un hoquet de surprise, ne m’attendant pas du tout à ce genre de révélation. … Mais tu sais ce qui était le plus difficile ? poursuivit-il d’une voix rauque. Non, murmurai-je. C’était de te voir t’humilier encore et encore sous mes yeux, sous SES yeux, sans que je ne

puisse rien y faire !

Chapitre 7 J’étais troublée et cette fois ce n’était pas Ludovic le responsable mais bel et bien Noé. Je ne

savais pas quoi lui répondre mais plongeai mon regard dans le sien. Il était toujours penché au-dessusde moi, son souffle s’égarant sur ma joue, ma bouche… J’entrouvris la mienne, sans savoir si c’étaitpour le supplier de reculer ou au contraire, pour qu’il m’embrasse.

Il décida pour moi, et approcha encore, m’effleurant à peine, me laissant toujours ce choix crucialde le repousser ou de l’attirer à moi… ce que je fis. J’entourai sa nuque de mes bras et lui offris meslèvres dont il s’empara avec fougue. Il n’y avait rien de doux en lui. Il était exigeant, possessif, et jem’abandonnai à toutes ces sensations qu’il faisait naître en moi…

Je sentais le désir sourdre, lancinant, pressant. Je gémissais contre ses lèvres et il avalait monsouffle. Tel un incube, il se nourrissait de mes baisers, de mon âme. J’en voulais plus. Mes mainsglissèrent sur son torse, effleurèrent la ceinture de son jean, son entrejambe. Dès que je le frôlai, il seredressa vivement, comme si je venais de le piquer. Mais, loin de me rejeter, il me saisit la main etme releva, me plaquant contre lui. Je fermai les yeux et savourai la fermeté de son corps, la douceurde sa bouche qui s’aventurait le long de ma mâchoire avant de s’arrêter au creux de ma gorge, puis là,sous l’oreille où j’étais la plus sensible et je frissonnai de plaisir.

Je m’emparai de son érection que je serrai à travers la toile rugueuse de son jean. Elle était dure,ni trop grosse, ni trop petite, de taille normale. Mais ne disait-on pas : « qu’importe la taille, seulcompte l’usage qu’il en fait »… et j’avais hâte de voir comment il s’en servait.

Je n’avais plus aucune retenue. Il aurait pu soulever ma jupe et me prendre là, sur le banc, que j’enaurais réclamé plus, beaucoup plus. Ses paumes avaient trouvé mes seins et il les pressait avecdouceur, tout en titillant la pointe de la pulpe du pouce. J’aimais ce qu’il faisait. Il avaitvraisemblablement une certaine expérience de la gent féminine et ce point me dérangea si bien que jem’écartai promptement et le fixai, éperdue.

Et Selena ? balbutiai-je. Mais bon sang, quoi Selena ? bougonna-t-il en tentant de m’étreindre à nouveau.

Je fis un pas en arrière et croisai les bras. Est-ce que tu couches avec elle ? Est-ce que je… mais tu ne manques pas de culot ma parole ! s’écria-t-il à présent furieux. Tu

fantasmes sur Valois, tu t’offres à moi sans aucune pudeur et tu oses me demander de te rendre descomptes ?

Bon, je devais avouer que vu comme ça, il n’avait pas tout à fait tort, mais je ne voulus pas endémordre.

Répond-moi, j’ai le droit de savoir si tu t’envoies en l’air avec elle ? Non, tu n’en as aucun justement, on ne sort pas ensemble, il me semble ? s’énerva-t-il. Et ça n’arrivera pas si tu t’obstines à me cacher tes liaisons !

À peine venais-je de prononcer ces mots que j’eus envie de me mettre une paire de claques.Depuis quand envisageais-je une relation plus sérieuse avec Noé ? Je devais vraiment être plusfatiguée que je ne le pensais pour me laisser aller à des confidences erronées. Mais en voyant leregard de Noé, je compris que c’était lui qui avait été le plus choqué. Il me fixait avec des yeux decocker, comme s’il ne pouvait en croire ses oreilles mais qu’il espérait avoir entendu correctement. Il

avala sa salive, une fois… deux… J’avais même réussi à le rendre muet et un sentiment de puissancem’envahit. J’ignorais avoir autant de pouvoir sur cet homme.

Tu es sérieuse ? me demanda-t-il enfin. Oui… non… je n’en sais rien ! éclatai-je à mon tour. Hier encore, je n’avais qu’une seule

personne en tête et ce n’était pas toi ! Merci, grinça-t-il, je me sens tout de suite beaucoup plus confiant. Puis, tu viens me prouver que celui que je pensais intègre est un connard de première. Soit dit en

passant, ajoutai-je devant son sourire niais, tu es le second sur la liste ! Et je ne sais plus où j’en suis,d’accord ? Oui j’ai des désirs à assouvir… Merde, je suis une femme pas un robot !

Donc si je comprends bien, tu avais une démangeaison et j’étais le mieux placé pour te gratter ?!persifla-t-il.

Oui ! Non ! objectai-je. Je ne suis pas le genre de femme à coucher avec le premier venu ! On se connaît depuis deux ans, donc je crois qu’on ne peut pas parler de « premier venu », me

singea-t-il. Est-ce que tu fais exprès de ne pas comprendre ? Et toi, es-tu casse-pieds de naissance ou t’entraînes-tu pour le devenir ? rétorqua-t-il. Tu vois ! m’exclamai-je, voilà déjà une des raisons pour lesquelles nous ne sortirons pas

ensemble : tu es contrariant. Oh, je t’en prie, lâche-toi, qu’est-ce qui te rebute encore chez moi ? Ta taille ! Ma… tu te fiches de moi, c’est ça ? Il est où le problème ? s’insurgea-t-il avec force. Tu es trop petit ! Je mesure un mètre quatre-vingt ! Et moi deux centimètres de plus… et ça, c’est intolérable pour moi ! répondis-je avec force. Je ne pense pas que cette différence te gênait tout à l’heure ! Au contraire, tu semblais trouver

ma… taille tout à fait à ton goût !Je me sentis rougir devant son insinuation. Je me demandai alors si Gillian ne m’avait pas refilé

son esprit de contradiction. Il est vrai que quelques minutes plus tôt, j’étais prête à donner mon corpsà cet homme et, à présent, je cherchais la moindre excuse pour le repousser…

Je vois, cracha-t-il. Tu n’es qu’une allumeuse. C’est faux ! hurlai-je. J’avais réellement envie de toi ! En tout cas, tu peux être rassurée. Il n’y a pas de caméra dans la cour, ainsi personne ne sera au

courant de ton… intermède avec un simple concierge. Je ne te raccompagne pas !Il retourna sur ses pas et se dirigea vers son logement.

Et pour Selena ? m’écriai-je.Je le vis s’arrêter, son dos se raidir et il se retourna vers moi. Ses yeux lançaient des éclairs.

Même si je l’ai retrouvée nue dans mon lit, j’ai refusé sa proposition, mais je me demande si jen’aurais pas dû accepter finalement. Après tout, ma taille ne semblait pas la déranger, elle !

Je serrai les poings de colère. Je ne savais pas pourquoi je ressentais une telle rage… Étais-jejalouse ? Ça me sembla si improbable que je me mis à rire tandis que Noé refermait sa porte d’entréeen la claquant violemment.

Chapitre 8 Ma scène avec Noé m’avait fait un bien fou, au point que je terminai les corrections de mes

copies, un sourire aux lèvres. Le samedi soir, j’avais rejoint les filles et je leur avais tout raconté,mon mensonge, la découverte des vidéos et… mon baiser avec Noé.

Elles furent horrifiées en découvrant la perfidie de notre directeur et m’incitèrent à porter plainte,ce que je refusai. Je n’oubliais pas que, quelques jours plus tôt, j’avais des sentiments pour lui, quisemblaient toutefois s’être envolés depuis que j’avais pris conscience de son petit jeu envers moi. Jene savais pas ce qui lui plaisait chez Selena, au point de coucher avec elle dans son bureau, et medemandais pourquoi il n’avait rien tenté avec moi. Toutes ces questions m’empêchèrent de dormir etje passai le dimanche en mode zombie.

La fin du week-end arriva bien trop tôt et une vague d’inquiétude m’envahit à la pensée de meretrouver face à face avec Ludovic. Comment pourrais-je le regarder en sachant ce qu’il faisait,comment il nous manipulait ?

C’est d’un pas peu assuré que je traversai la cour. Je surpris le regard de Noé posé sur moi etpendant une fraction de seconde, j’avais cru y lire de l’inquiétude. Je me morigénai toutefois bienvite et me dirigeai vers ma salle de classe.

Comme tous les lundis, Ludovic était de permanence dans son bureau. C’est le jour qu’il sacrifiaità son rôle de directeur et je réalisai soudain que j’avais rendez-vous avec lui dans l’après-midi envue de la prochaine sortie scolaire.

Et merde ! jurai-je à haute voix, m’attirant l’attention de Selena. Un problème ? me demanda-t-elle en avançant tout en ondulant des hanches. Non, juste quelque chose que j’avais oublié, biaisai-je. Tu as l’air magnifique, tu as passé un bon

week-end ?Elle jeta un regard vers Noé et soupira.

Il n’aurait pu être meilleur, me répondit-elle avec une moue rêveuse. Ah… Je ne peux plus garder ça pour moi, il faut que je me confie à quelqu’un ! s’écria-t-elle, presque

hystérique. Marceline, surveille les enfants, Loélia et moi avons un projet en commun et je voudraislui en parler.

Elle ne lui laissa pas le temps de répondre et m’entraîna dans la salle des professeurs. Je meraidis en franchissant le seuil et regardai machinalement à droite et à gauche, me demandant si descaméras nous espionnaient.

Alors voilà, je suis amoureuse, me déclara-t-elle en riant. C’est… génial pour toi, la félicitai-je. Quelqu’un que je connais ? Oui, il travaille ici, dans cet établissement, me confia-t-elle à mi-voix.

Je me raidis dans l’attente du prénom de notre directeur et réalisai que… ça ne me touchait plusautant que si elle me l’avait annoncé quelques jours auparavant. Je me servis un café et pris place àses côtés m’attendant à ce grand aveu. Je pris une gorgée de mon breuvage lorsqu’elle prit uneprofonde inspiration.

Noé Durill, lâcha-t-elle.

Je recrachai la gorgée de café qui me laissa un goût amer dans la bouche… à moins que ce ne soitla révélation de Selena.

Désolée, m’excusai-je en m’essuyant le menton, ce café est infect.Elle me fixa, rageuse, et épongea les gouttelettes qui parsemaient sa chevelure. Bon sang,

j’ignorais que je savais aussi bien viser. Donc, comme je te le disais, poursuivit-elle, Noé et moi… on sort plus ou moins ensemble. Et au

lit... c’est un Dieu. Tu m’en diras tant ! grinçai-je. Attends que je te raconte… Jeudi soir, je suis revenue à l’école, il fallait que je le voie, que je

sache si mes sentiments étaient partagés. J’ai frappé à sa porte et il ne m’a même pas laissél’opportunité de parler. Il m’a plaquée contre le battant, et m’a embrassée. Quelques secondes plustard, il a baissé son pantalon, en a fait de même avec mon jean et m’a prise là, sauvagement. Sescoups de reins se répercutaient dans mon corps et je frémissais à l’idée que c’était moi qui lui avaisfait perdre sa retenue. Il a un sexe énorme qui t’écartèle en deux… Tu as l’impression qu’il se frayeun passage jusqu’à ton cœur. Et lorsqu’il m’a dit qu’il m’aimait, j’ai compris que c’était lui quej’attendais. Et nous avons passé le reste du week-end ensemble.

Je la regardai, effarée de réaliser que j’avais affaire à une véritable nymphomane. Mais unsoupçon de doute m’envahit.

Alors, raconte… qu’avez-vous fait vendredi matin ? la pressai-je. Oh, il est si romantique… Nous nous sommes levés très tard, il devait être aux alentours de dix

heures. Il m’a amené le petit-déjeuner au lit, une rose sur un plateau et, pendant que je lui donnais duplaisir avec la main, il me donnait la becquée. C’est la première fois que je prenais un repas quidurait si longtemps. Puis nous sommes allés prendre une douche et là aussi il fut à la hauteur de mesespérances. Finalement, conclut-elle, nous sommes restés enfermés ensemble tout le week-end.

Je me levai et la regardai avec pitié. C’est une bien belle histoire que tu viens de me raconter là, Selena, vraiment. Dommage que ce

ne soit que des mensonges. Figure-toi que vendredi matin, j’étais ici même, dans ma classe, pourrécupérer les copies de mes élèves.

Et alors, ce n’est pas parce que tu étais sur place que je te mens… Oh Selena, soupirai-je. Noé était présent lui aussi et à moins que tu ne te sois transformée en

batte de base-ball, je peux t’assurer que c’est la seule chose qu’il tenait dans la main ce matin-là.Je la laissai sur ces mots, la bouche grande ouverte, et me dirigeai vers ma salle de classe.

Pourtant, en pénétrant dans la pièce, je ressentis un moment de panique à la pensée que le moindre demes gestes allait être passé à la loupe. Je pris place derrière mon bureau et ne pus m’empêcherd’observer attentivement le moindre recoin. Il en alla de même pendant les deux premières heures decours, et aussi pendant la récréation que je passai complètement figée sur mon siège, les mainstremblantes. J’avais la gorge sèche, mes genoux jouaient des castagnettes si bien que je me décidai defaire quelque chose. Je devais trouver Noé.

Mais ce fut lui qui me trouva.

Chapitre 9 À peine avais-je fait un pas dans le couloir qu’il me harponna par le bras pour me pousser dans un

débarras. L’odeur de désinfectant y était atroce et je plissai le nez. Désolée pour tes pauvres narines, Princesse, ironisa-t-il, mais c’est le seul endroit où nous

pouvons discuter sans crainte d’être entendus. Bon sang, je n’ai jamais vu ça, être obligé de se planquer de crainte d’être espionné par le

directeur. C’est inadmissible ! Je suis d’accord avec toi et… Oh s’il te plaît, Noé, pas de ça avec moi ! Combien de fois t’es-tu rincé l’œil en m’observant ou

en épiant Selena ?Il me fixa intensément, se colla contre moi et inspira profondément.

Des dizaines, des centaines de fois, mais uniquement toi… seulement toi, insista-t-il en posantses lèvres sur les miennes.

J’aurais dû le repousser, lui dire que je ne lui faisais pas confiance, que je le mettais dans lemême sac que Ludovic, mais je ne pouvais pas. Pour la première fois, j’oubliai tout le reste : cetteépée de Damoclès que Ludovic tenait suspendue au-dessus de nos têtes, le défi que je devais relever.J’occultai tout, pour ne me concentrer que sur les sensations qui prenaient naissance en moi. Sabouche m’explorait avec fièvre, sa langue entraînait la mienne dans une danse endiablée et je fusétonnée qu’elle lui réponde de même. Son torse était collé contre moi et je pouvais sentir la chaleurqui se dégageait de sa peau. J’en voulus plus… il m’en donna plus. D’un geste impatient, ildéboutonna mon chemisier et poussa un juron en réalisant que je n’avais pas de sous-vêtements.

Tu n’en portes jamais, gronda-t-il, nulle part ! Tu devrais essayer, murmurai-je, on se sent si… libre.

Il grogna et s’empara de mon sein, le pressant au creux de sa paume. On aurait dit qu’ils étaientfaits l’un pour l’autre, ma rondeur trouvant sa place naturellement au creux de sa main. Tandis que seslèvres parcouraient mes mamelons, je fourrageai dans ses cheveux, les décoiffant encore plus sic’était possible. Je gémis lorsqu’il saisit l’un de mes tétons entre ses dents, le mordillant. Son autremain se faufila sous ma jupe, glissa sur mes cuisses avant de se faufiler entre elles. J’étais trempée etça, il ne pouvait pas ne pas s’en apercevoir. Ma vulve était gonflée et mon clitoris si exacerbé que lemoindre frôlement pourrait me faire décoller.

Mais il n’en fit rien. Il se contenta de palper mes fesses, de laisser ses doigts vagabonder de laraie qui les séparait jusqu’à mon antre maintenant ruisselant, sans jamais tenter aucune approche plusintime.

Je grognais, je gémissais de plus en plus. L’action combinée de ses mains et de sa bouche sur moncorps me rendait folle mais il avait visiblement envie de s’amuser. Je décidai que c’en était assez.J’échangeai nos places avec difficulté, l’étroitesse des lieux n’étant pas adaptée pour ce que nousfaisions. Je parvins toutefois à le plaquer contre l’étagère et à me laisser tomber à genoux devant lui.Il poussa un hoquet de stupeur lorsque je débraguettai son jean à l’aide de mes dents, mes mainsmoulant son fessier que je sentais trembler d’impatience. Nous pouvions être deux à jouer… Et c’estce que je fis.

Je baissai son pantalon juste assez pour avoir accès à son boxer, aussi tendu qu’un chapiteau decirque. Je frottai ma joue contre ce mât qui se dressait devant moi, suivis des lèvres cetteprotubérance qui durcissait encore sous mes caresses, et ce, sans jamais ôter le tissu qui séparait mabouche de son sexe. Je jouais avec lui, pressais ses testicules du bout des doigts tout en sachant queje le rendais fou.

Une tache apparut sur son boxer, que je m’appliquai à téter goulûment, appréciant de la bouche sarigidité qui tressautait à présent à la moindre de mes sollicitations.

Arrête…Le ton de sa voix était suppliant et je pouvais voir à la crispation de son corps qu’il était sur le

point de perdre son contrôle et c’était comme ça que je voulais le voir. Je fis mine de pas avoirentendu sa supplique et poursuivis ma torture, frottant mes lèvres sur son membre, enfouissant monnez sous ses rondeurs de plus en plus gonflées, de plus en plus solides. Il tenta de me repousser maisje tins bon.

Je me redressai jusqu’à ce que mon buste soit au niveau de son entrejambe, et me frottai contre lui.Je me saisis de mes seins à pleines mains et les rapprochai l’un de l’autre, emprisonnant son érectiondans un doux carcan. Il donna un coup de reins, un seul, mais, voyant que je me pressais encore pluscontre lui, il n’économisa plus ses forces. S’agrippant à mes épaules, il se mit à aller et venir, de plusen plus vite, de plus en plus brutalement.

Mes seins frôlaient le tissu moelleux de son boxer et mes pointes étaient érigées, douloureuses. Jem’empressai de les toucher, de les pincer mais me concentrais avant tout sur le plaisir de Noé. Jesavais qu’il était sur le point de jouir, tout en lui me le criait. Son sexe bouillant pulsait contre moncœur, ses rondeurs se plissaient sous mon sein, ses gestes étaient plus désordonnés, sa respirationlaborieuse, et, lorsqu’il poussa un rugissement, couvert heureusement par la sonnerie annonçant lareprise des cours, en éjaculant violemment dans son boxer, il me releva en tirant sur mes cheveux etplaqua sa bouche sur la mienne dans un baiser rageur, incontrôlable.

Je l’écartai avec peine et remis de l’ordre dans ma tenue, les mains tremblantes, mais il était horsde question qu’il sache à quel point j’étais troublée par ce que nous avions fait.

Je repars en cours, lui assenai-je froidement. Avant que tu ne t’en ailles, deux petites choses, commença-t-il en remontant son pantalon sur son

boxer souillé. La première, c’est que : ce midi, une fois que les enfants seront partis, avant que tu nete rendes à la cantine, tu te donneras du plaisir, dans ton bureau comme tu le faisais autrefois pourValois, mais cette fois, c’est à moi que tu penseras !

Il en est hors de question, rugis-je. Tu n’es vraiment qu’un sale… Pervers ? me coupa-t-il, c’est possible, mais n’oublie pas que si ton cher directeur visionne les

passages où tu cherches les caméras, il va se douter que tu es au courant de son hobby et nousrisquons tous les deux de passer un mauvais quart d’heure.

Donc si je comprends bien, il faut que je me masturbe en pensant à toi, tout en sachant que Valoisva mater la vidéo ? Super ! grinçai-je.

Tu crois que ça me plaît ? gronda-t-il en me plaquant contre le battant. Tu crois que j’apprécie lefait qu’il puisse regarder tes seins, ton sexe humide et tout ça, en faisant des commentaires obscènes ?

Je ne répondis pas, me contentant de l’observer avec hauteur. Tu avais parlé de deux choses, lui fis-je observer.

Il me poussa sur le côté, ouvrit la porte, jeta un coup d’œil dans le couloir et me fit signe que jepouvais y aller. Je relevai la tête avec fierté et passai devant lui.

La deuxième chose, susurra-t-il lorsque je le dépassais, c’est qu’il suffit d’avoir une femme àgenoux devant soi pour qu’elle oublie tout problème de taille.

J’en restai bouche bée pendant quelques secondes avant que le mot « connard » ne se dépose surle bout de ma langue. Je le gratifiai d’un geste assez explicite mais peu discret et rejoignis les élèvesdans ma classe. Comment allais-je survivre à cette journée ?

Chapitre 10 La proposition de Noé tourneboulait dans ma tête encore et encore. Il fallait dire qu’il n’avait pas

tort. Si Ludovic venait à comprendre que j’étais au courant de ses petites magouilles, nous aurions degros problèmes, surtout Noé. Pendant un moment, je m’étais imaginé tout avouer à Ludovic, mondésir pour lui, et comment Noé l’avait dénoncé. Et puis, je me morigénai. Noé n’était peut-être qu’ungrand crétin, mais il avait fait preuve d’honnêteté, contrairement à Ludovic.

Toutefois, ce jour-là, si mes élèves furent studieux, il en alla autrement pour moi. Je n’arrêtais pasde penser à notre petit intermède à Noé et moi dans le placard et je rougissais au souvenir de sesmains sur mon corps, de sa bouche sur la mienne. J’avais transposé un fantasme sur un autre. Maisl’avantage avec Noé, c’était qu’il pouvait me faire gagner des points avec le défi.

J’observai mes derniers élèves qui chahutaient sur le trottoir. J’hésitais entre me rendre

directement à la cantine et obéir aux exigences de Noé. Je longeai le couloir lorsque je vis Ludovics’enfermer dans son bureau avec… Selena. Je ne pus retenir un sourire en imaginant Noé passantd’un écran à l’autre, tentant de comparer les deux vidéos… C’est ce qui m’incita à retourner dans maclasse.

Pour la première fois, je pris soin de la verrouiller et de baisser les stores, non seulement ceuxdes fenêtres extérieures, mais également celui de la porte. C’est là que je le vis, ce petit clignotementrouge, témoin visuel que j’étais dans la ligne de mire. Aussitôt, la pensée que Noé était derrière sonécran, prêt à me mater en direct, fit monter en moi une irrépressible chaleur.

Je savais, pour l’avoir vu rentrer dans son bureau, que Ludovic ne serait pas là pour me voir endirect ; mais à la pensée de Noé me fixant en ce moment-même, je fus troublée plus que de raison.

Je fermai les yeux et relevai mes cheveux dans un mouvement sensuel avant de les laisserretomber en vague sur ma nuque, appréciant la douceur de cet effleurement. À nouveau, je sentis cemanque au creux de mon être, cette impression de ne pas être comblée.

Je m’appuyai contre mon bureau et rejetai la tête légèrement en arrière, espérant que Noéremarque ma poitrine mise en valeur par le mouvement. De mes doigts tremblants, je retirai lepremier bouton de mon chemisier, et jouai négligemment avec, me caressant de la gorge jusqu’audécolleté. Puis, ce fut le deuxième que j’ôtai, laissant entrapercevoir l’ébauche d’un sein. Mes lèvresétaient sèches et j’y glissai la pointe de la langue, sachant que Noé apprécierait le spectacle que jelui offrais.

Les paupières toujours baissées, je me remémorai notre petit intermède et, même s’il me tapait surles nerfs, je devais bien avouer qu’il était doué à la fois avec ses mains et sa bouche.

C’est sur cette pensée que je déboutonnai le reste de mon chemisier et que j’empaumai mes seins,tout en laissant échapper un gémissement pathétique. Ils étaient sensibles et leurs pointes déjà durciespar le désir qui me tenaillait. Je les titillais entre mes doigts, pressant mes cuisses l’une contrel’autre, lorsque la douleur se répercuta dans mon entrejambe. Je poursuivis néanmoins mespincements jusqu’à ce que mes tétons soient écarlates.

Je n’en pouvais plus ! La bouche entrouverte, cherchant l’air qui me manquait, je me caressai avecavidité tout en sachant qu’il m’en fallait plus. Mes mains dessinaient à présent des arabesques surmon ventre, sur mes hanches. D’un geste, je me débarrassai de ma jupe élastiquée qui entravait mesmouvements, restant au trois quarts nue, devant une caméra qui ne devait rien manquer de ce show.

J’imaginai l’image que je devais offrir à Noé. Celle d’une femme brune, toute en longueur, avecdes formes peu développées mais existantes quand même, enveloppée dans un chemisier qui frôlait lalisière d’un postérieur légèrement rebondi.

Je me tournai et m’appuyai d’une main contre le bureau tandis que de l’autre, je me caressai lesfesses, me cambrant exagérément pour donner à Noé un aperçu plus que coquin de ma personne.Quand je pivotai à nouveau, c’est entre mes cuisses que mes doigts se trouvaient. Je recueillis un peude ce miel si odorant, si crémeux qui s’écoulait continuellement de mon entrejambe et, de la pulpe dupouce, en enduisit mon clitoris qui pulsait en rythme avec les battements de mon cœur. Je me raidislorsque je frôlai ma petite crête exacerbée, déjà prête à exploser. Pourtant, je décidai de retarder majouissance.

Je posai mon pied droit sur le bureau, exposant une vue dégagée sur mon sexe presque imberbe.D’une main, j’écartai mes pétales luisants, tandis que l’autre allait et venait entre elles. J’y enfonçaideux, puis trois phalanges, mordant ma lèvre inférieure pour ne pas hurler tellement la pression sefaisait insoutenable. Et, lorsqu’enfin l’orgasme me saisit, je me rejetai en arrière, offrant à Noél’image de ma vulve gonflée, agitée de spasmes, luisante de cyprine.

Lorsque je repris mes esprits, je retirai mes doigts pris au piège de ma féminité. Je rouvris lesyeux et avançai vers la caméra. Je ne savais pas si Noé était là, s’il visionnait cette vidéo… Je fixaiintensément l’objectif, portai les doigts à ma bouche et les léchai consciencieusement pour lesdébarrasser de tout fluide suspect.

Une fois que j’en eus terminé, je me dirigeai vers le rouleau de sopalin, me séchai soigneusementl’entrecuisse et me rhabillai, le sourire aux lèvres. Je pris le temps de relever les stores,déverrouiller la porte avant de me diriger vers les sanitaires.

Je jetai un coup d’œil machinal à la pendule du couloir et fus étonnée en réalisant qu’il n’était quedouze heures quinze et que j’avais encore le temps de me rendre à la cantine, même si les repasn’étaient pas du tout à mon goût.

Lorsque je sortis des toilettes réservées aux professeurs, je ne fus même pas surprise de découvrirNoé qui m’attendait, appuyé contre le mur du couloir. Ses yeux brillaient d’une lueur intense et j’enressentis les effets dans tout le corps.

Alors, lui demandai-je en souriant, la petite séance de ciné était à ton goût ? À qui pensais-tu en t’exhibant de la sorte ? gronda-t-il en approchant. À qui était réservé ce

spectacle ?J’approchai encore d’un pas, frôlant son torse de mes seins.

Si tu avais visionné tous les écrans, susurrai-je, tu aurais vu que Ludovic, de son côté, était loind’être inactif et que Selena, une nouvelle fois, partageait cette intimité avec notre cher directeur.Alors, je ne sais pas, à ton idée, à qui pouvais-je bien penser en me masturbant devant la caméra ?Qui espérais-je émoustiller devant ce show privé ?

J’ai effacé la vidéo ! cracha-t-il. Il est hors de question que le directeur te voit ainsi ! Alors tu as très bien fait, parce que ce n’était pas pour lui que je l’ai fait, mais pour toi ! À

présent, tu m’excuses, mais il faut que j’aille déjeuner.J’avais à peine fait deux pas qu’il se racla la gorge.

J’ai… j’ai préparé un mijoté de dinde, si ça te dit de le partager avec moi ?Je me retournai, le fixai intensément et pris une profonde inspiration.

D’accord ! soufflai-je en le suivant.

J’aurais pu dire que si j’avais accepté, ce n’était que pour la nourriture, mais j’aurais proféré unmensonge. À dire vrai, la compagnie de Noé me plaisait de plus en plus… même s’il se comportaitsouvent comme un véritable crétin, et ça, à force de le penser, peut-être allais-je finir par y croiremoi-même.

Chapitre 11 Je terminai la journée le sourire aux lèvres. Il faut dire que cette dernière fut placée pour moi sous

le signe de la sensualité et aussi de la cordialité. En effet, l’invitation lancée par Noé et à laquellej’avais répondu avait été un pur moment de délice. Nous avions parlé de tout, de l’école, desarrangements qu’il prévoyait de faire dans les parterres de fleurs qui bordaient la cour de récréation,de ses futures vacances en Irlande, là où quelques membres de sa famille résidaient encore. Quant àmoi, je lui avais parlé de mes amies, du début de notre amitié, de mon envie de voyager une fois lescours terminés en juillet mais sans avoir d’idées précises sur la destination qui me plairait.

Nous avions pris soin d’éviter les sujets qui pouvaient fâcher, tel que le défi qui s’annonçait deplus en plus ardu à relever ou encore les vidéos coquines sur lesquels Ludovic et lui bavaient et jedevais avouer que c’était la première fois depuis longtemps que je n’avais pas passé de momentaussi agréables avec un homme.

Loélia… Loélia, bon sang, qu’est-ce que tu fais ? Ludovic t’attend depuis que les élèves sontpartis !

J’observai Selena qui me dévisageait froidement. Comment ça ? Tu n’avais pas rendez-vous avec le directeur pour signer des papiers en vue d’une sortie

pédagogique ? répéta-t-elle. Ça m’était complètement sorti de la tête, lui avouai-je franchement en me levant. Quelle heure

est-il ? Près de seize heures et Ludovic voudrait bien rentrer chez lui ! insista-t-elle. Quant à moi, je

m’en vais, ça ne sert à rien de traîner ici, il n’y a rien à voir ! Pas même Noé, l’amour de ta vie ? lui susurrai-je.

Elle darda sur moi un regard terrible et quitta ma classe en claquant la porte. Quant à moi, jerassemblai mes affaires dans mon attaché-case et me dirigeai vers le bureau de Ludovic. Jeremarquai alors qu’il n’y avait plus âme qui vive dans l’établissement et qu’une fois encore j’avaislaissé mes pensées m’entraîner hors du temps.

Je frappai à la porte de Ludovic et entrai avant d’y avoir été invitée. Ludovic était affalé sur sonsiège dans une posture à laquelle on ne se serait pas attendue de la part d’un directeur d’école. Ilavait les pieds sur son bureau et sa main était posée sur… son entrejambe.

Je poussai un hoquet de stupeur, prête à prendre la fuite lorsqu’il bondit de son fauteuil etm’empêcha de sortir. J’étais si près de lui que je pouvais sentir l’odeur de son après-rasage, et uneodeur plus forte, plus écœurante… celle du sexe. Je retins un haut-le-cœur lorsque sa main caressadoucement mon bras.

Eh, ce n’est pas la peine de paniquer, murmura-t-il sa bouche au creux de mon cou. Je sais que tuen meurs d’envie.

Je restai sous le choc. Dire que c’était sur cet homme que je fantasmais depuis plusieurs mois ! Àprésent, je ne ressentais plus pour lui qu’un immense dégoût.

Je ne sais pas de quoi tu parles, lâche-moi, lui ordonnai-je en tentant de le repousser.

Hors de question, nous savons pertinemment l’effet que je te fais. Je te frôle à peine que tumouilles ta petite culotte… Ah non, c’est vrai, tu n’en portes jamais, n’est-ce pas ?

Sur ces mots, sa main glissa sous ma jupe, frôla une de mes fesses… Je réprimai un moment depanique et le giflai à la volée. Il recula d’un pas et j’en profitai pour mettre une certaine distanceentre lui et moi.

Sale petite garce, rugit-il en posant sa main sur sa joue. Tu joues les allumeuses depuis plusieursmois et à présent que je réponds à tes avances, tu me repousses ?

Mais qu’est-ce qui te prend ? murmurai-je, effarée. Ce qui me prend ? répéta-t-il en me coinçant à nouveau contre le mur. C’est que j’ai hâte de

plonger mon visage entre tes cuisses, de m’enfoncer en toi et de te baiser comme une chienne. Je te détruirai, lui promis-je tandis qu’il me forçait à écarter les jambes. Je jure devant Dieu que

je ferai de ta vie un enfer ! Et moi, je t’avertis que si tu essaies ne serait-ce que de me menacer, des vidéos te montrant te

masturbant dans ta salle de classe seront diffusées partout sur le net, me provoqua-t-il en tirantviolemment sur mes cheveux. Tu as compris ? Moi aussi j’ai de quoi briser ta carrière.

Je ne pouvais pas le laisser faire ! Aux grands maux, les grands remèdes ! C’est d’un coup degenou bien placé que je mis fin à sa tentative d’intimidation et, pour faire bonne mesure, je luiassenai un coup sur le crâne à l’aide de mon attaché-case, avant de m’enfuir à toutes jambes.

C’est au « Bonheur des Dames » que je me réfugiai, sans même savoir comment j’étais parvenue à

me rendre jusque-là. Je me laissai tomber sur un tabouret devant le bar, hagarde, le cœur battant lachamade, les jambes tremblantes. L’adrénaline, qui m’avait donné la force de me battre, retomba sirapidement que j’étais au bord du malaise.

Éléa avait rameuté les troupes pour une réunion de crise. Quelqu’un avait blessé leur petite sœur,quelqu’un allait payer. Il me fallut un peu de temps pour recouvrer assez de calme et leur avouer cequi venait de se passer.

Bon, tu n’as plus le choix, conclut Joy en serrant les poings. Il faut que tu portes plainte pourharcèlement sexuel.

Mais je ne peux pas faire ça, gémis-je. Il pourrait se venger et diffuser les vidéoscompromettantes comme il m’en a menacée.

Alors, il faut que ça se passe en interne, énonça Gillian en prenant la parole pour la premièrefois depuis que je m’étais épanchée. Il faut que tu signales les faits à l’inspecteur académique chargéde votre secteur. Tu as fait une erreur en agissant de manière un peu légère sur ton lieu de travail, tuen assumeras les conséquences. Tu garderas la tête haute et feras front devant l’obstacle. Nous seronslà pour toi, toujours, quoi que tu fasses, quoi que tu décides ! Mais il ne peut pas continuer ainsi entoute impunité !

Gillian avait raison, c’était à cause de mon inconscience que Ludovic pouvait se permettre cechantage… À moi de le laisser faire ou de mettre fin à son règne de persécuteur !

D’accord, décidai-je. Je vais appeler Madame Vreingons et lui raconter toute l’histoire enévitant toute allusion à mes propres erreurs. Il sera bien temps ensuite de trouver une parade.

En attendant, je te conseille d’aller voir Charlotte ! me proposa Tahys. Ton médecin ? Oui, elle te prescrira un arrêt de travail de quelques jours, le temps que ton inspectrice réagisse,

poursuivit-elle.

Oui, je crois que c’est la meilleure solution, avouai-je. Quant à moi, je te conseille de te mettre au vert pour le restant de la semaine ! Tiens, ajouta Joy

en fourrageant dans son sac à main. Voici les clés de la villa du bord de mer de mes parents. Dorianet moi devions y aller ce week-end mais il travaille. Tu pourras ainsi décompresser un peu.

J’acceptai de bon cœur et secouai la tête. Je… pour le défi, les filles, je ne crois pas que ce sera possible… Eh, ne t’inquiète pas, murmura Gillian en me serrant contre elle. Moi aussi, j’ai déclaré forfait.

Le principal, c’est de régler cette affaire rapidement. Donc voilà ce que tu vas faire, tu vas appelerton inspectrice, aller voir Charlotte et rentrer faire tes bagages puis direction la villa au bord de meravec plage privée…

Il faut… je vais aussi écrire un mot à Noé pour qu’il fasse attention à lui, je ne voudrais pas queLudovic l’entraîne dans sa chute.

Pourtant, lui aussi était aux premières loges, grinça Joy. Je ne crois pas qu’il ait eu le choix… Tu as raison, ma chérie, renchérit Tahys en fronçant les sourcils vers notre amie. Si tu estimes

devoir l’avertir, fais-le. J’irai déposer ton arrêt de travail et ta lettre demain matin à la premièreheure.

Merci ! Éléa, tu as du papier et un stylo ? Je voudrais faire ça tout de suite…Elle m’apporta le tout et je m’installai à une table, un peu à l’écart. Pendant un moment, je fixai

cette feuille blanche qui semblait me narguer et enfin me décidai… NoéJe ne sais pas pourquoi j’éprouve le besoin de t’écrire. Peut-être est-ce parce que la scène que

je viens de vivre m’a tellement bouleversée que je ne sais plus trop où j’en suis. Valois a… Jen’ai pas de mot pour décrire ce qu’il a tenté de faire, la seule chose dont je suis sûre, c’est que çane peut pas rester impuni. Dès que j’aurai fini cette lettre, je contacterai l’inspectriceacadémique dont dépend notre école et je dénoncerai les agissements de Valois. Je préfère te ledire pour que tu puisses sauver tes miches, je ne voudrais pas que Valois t’entraîne dans sachute. Pourquoi ? Je ne le sais pas moi-même, peut-être parce que tu cuisines comme un chefou que j’ai apprécié notre rendez-vous de ce midi ou tout simplement parce que tu ne t’esjamais imposé à moi… Quant à ce qui peut m’arriver, malgré les menaces de Valois dediffuser mes vidéos partout sur le net… je m’en moque, j’assumerai ma faiblesse…

La seule chose que je regrette amèrement, c’est la façon dont je me suis comportée avec toi etj’espère que tu me pardonneras ! Ta taille n’était nullement en cause, c’est juste que j’ai eupeur des réactions de mon corps face au tien, à ce que tu me faisais ressentir. Non, il y a uneautre chose que je regrette, c’est de ne pas avoir réussi à relever mon pari, non pas que j’aurais

voulu gagner, bon, il y a de ça aussi, mais j’aurais voulu savoir ce que j’aurais ressenti ent’ayant à l’intérieur de moi…

Je vais me mettre au vert quelques jours. Quant à toi, essaie d’effacer les preuves de ta« complicité » avec Valois. N’avoue rien…

Loélia… Je pliai la lettre que je glissai dans une enveloppe et confiai le tout à Tahys. J’allais jouer mon

avenir sur un coup de fil, et cette fois, je n’étais pas prête à relever le défi.

Chapitre 12 Quelques jours s’étaient écoulés depuis mon appel à l’inspectrice. Celle-ci avait poussé une

exclamation de surprise en apprenant ce qu’avait fait Valois. Elle m’avait assuré prendre le problèmeau sérieux. J’avais entendu une grande colère dans sa voix, et aussi le choc qu’engendrerait cettenouvelle lorsqu’elle serait connue de tous.

Depuis mon arrivée à la villa des parents de Joy, je me sentais apaisée, comme si au fond de moi,je savais que j’avais eu raison de dénoncer les agissements de Ludovic, même si je me fustigeais àlongueur de journée d’avoir été si bête en éprouvant du désir pour lui alors qu’il ne faisait que memanipuler pour fournir sa vidéothèque en films érotiques gratuits. Aussi, pour ne plus penser à monimpudence, dès que j’avais mis un pied sur cette plage paradisiaque, je m’étais coupée de tout :internet, téléphone. Il fallait que je m’évade, que je me retranche du monde réel même si ce n’étaitque pour quelques jours. Je savais que les filles, s’il y avait urgence, seraient capables de meretrouver même si j’étais cachée dans un trou au fin fond d’un désert. Alors, pour l’instant, jeprofitais d’un superbe coucher de soleil, affalée dans un transat à l’ombre d’un palmier, un cocktail àla main. Je n’étais vêtue que d’un bikini à fleurs et d’un long chemisier fluide qui flottait autour demes hanches et la légère brise caressait mon corps comme le plus doux des amants.

Je fermai les yeux pour apprécier l’instant lorsque j’entendis un crissement sur le sable.Quelqu’un marchait à quelques mètres de l’endroit où je me trouvais et je me crispai, sur le qui-vive.Je me redressai vivement lorsque la silhouette apparut plus clairement, une silhouette que jereconnaissais… Noé. Étrangement, mon cœur fit un bond dans ma poitrine et une douce chaleur, quin’avait absolument rien à voir avec celle que j’avais ressentie au soleil, s’insinua en moi, rampantsur ma peau, s’infiltrant sous ma chair.

Noé ne prononça pas un mot. Il se contenta de s’asseoir à même le sable près de mon siège. Je meréinstallai, ma poitrine se soulevant à un rythme effréné, laissant le silence s’installer entre nous.

J’aurais pu le tuer pour ce qu’il t’a fait, murmura-t-il au bout d’un long moment. Lorsque j’ai vula vidéo, lorsque j’ai vu ce qu’il a tenté de te faire…

C’est du passé à présent, répondis-je, il ne me fera plus aucun mal, je m’en suis assurée. C’est également pour ça que je suis là ! Comment es-tu venu jusqu’ici ? lui demandai-je soudain. Ton amie Tahys ! Lorsqu’elle a ramené ton arrêt de travail à Ludovic, elle a demandé à me voir

pour me donner ta lettre et m’a tout raconté… Pourquoi ne m’as-tu rien dit ?! Pour ne pas te mettre plus dans l’embarras, avouai-je. Je ne voulais pas que les actes de Valois

aient des conséquences sur ta vie. L’inspectrice est venue mercredi matin, poursuivit-il. Elle a exigéd’avoir accès à tout le bâtiment, y compris à la salle de visionnage. Elle a regardé celle de Valoislorsqu’il t’a… merde, il t’a presque violée, Loélia !

Je remarquai que c’était la première fois qu’il utilisait mon prénom et j’en fus toute chamboulée. Je ne pense pas qu’il aurait été jusqu’au bout. Je pense plutôt qu’il essayait de m’intimider. Mais tu ne t’es pas laissée faire, énonça-t-il. Non, je ne pouvais pas… Que s’est-il passé ensuite avec Madame Vreingons ?

Après avoir vu la vidéo, elle a exigé que je lui transmette toutes celles qui avaient été tournéesles six derniers mois.

Oh mon Dieu, m’écriai-je en pâlissant violemment. Elle ne trouvera rien, Loélia, j’ai effacé toutes les tiennes. Je ne pouvais pas accepter qu’elle te

voie ainsi… Oh Noé, murmurai-je, ne sachant que dire de plus. Il n’y a plus aucune vidéo compromettante de toi, poursuivit-il en serrant les poings. C’était la

moindre des choses, j’aurais dû être là, l’empêcher de s’en prendre à toi… Arrête de t’en vouloir et… Je ne peux pas, j’aurais dû prendre mon courage à deux mains et le dénoncer au lieu d’être son

complice. Alors pourquoi ne l’as-tu pas fait ? Parce que ça me permettait de te voir te donner du plaisir et pendant ce laps de temps,

j’imaginais que c’était à moi et à moi seul que tu offrais ce spectacle. Vreingons est revenue hier,Valois est suspendu le temps de l’enquête, de même que Selena et Madame Cochez. Toi seule espassée entre les mailles du filet et ton inspectrice a loué ton intégrité.

Oh mon dieu, me mis-je à rire amèrement. Alors que c’est moi qui suis à l’origine de tout cemerdier !

Non, Valois est le seul responsable. Tu ne l’as pas obligé à mettre des caméras ni à baiser avecSelena. Ce n’est pas toi non plus qui obligeais Marceline à boire. Chacun est maître de ses choix etde son destin.

Et toi, Noé, pourquoi es-tu ici ?Il resta un moment silencieux et, d’un geste ample de la main, engloba le paysage.

C’est beau ! Il y a cette plage magnifique, la mer toute proche… Mais la météo est capricieuse eton annonce des averses cette nuit, un véritable déluge.

Qu’essaies-tu de me dire ? demandai-je, troublée. Que si tu es d’accord pour grimper sur mon arche, dit-il d’un ton grivois en se caressant

doucement l’entrejambe, je me ferai un plaisir de t’aider à relever ton défi.Je me relevai vivement dans un état proche de la panique. Lorsqu’il s’en aperçut, il se leva à son

tour et me regarda fixement. Je ne vais pas te sauter dessus, Loélia, tenta-t-il de me rassurer, je veux juste que tu saches que si

tu as besoin de moi, je serai là. Je t’attendrai ici même, jusqu’à l’aube, sous la pluie s’il le faut. Et,une fois que le soleil sera levé, si tu ne m’as pas rejoint, je rentrerai en ville et je ne t’embêteraiplus !

*

* * Je regardai à travers la vitre le déluge qui s’abattait sur la plage. Je savais que Noé n’avait pas

bougé, il n’était pas du genre à abandonner. J’aurais pu me coucher et ignorer sa présence mais je nele pouvais pas, parce qu’au fond de moi, je savais que je le rejoindrais.

J’enfilai un jean noir et mon haut de bikini, un exploit pour moi qui ne m’habillais que de jupes oude robes et, prenant mon courage à deux mains, sortis rejoindre Noé. Dès que j’eus mis un pied

dehors, la pluie cessa comme si une main céleste venait de prendre pitié de moi et de fermer la vannede ce réservoir géant qu’est le ciel.

Il ne me fallut pas longtemps pour trouver Noé. Il était à la même place que lorsque je l’avaisabandonné quelques heures plus tôt. La seule différence était qu’il avait retiré son tee-shirt, seschaussures et ses chaussettes. Il n’était plus vêtu lui aussi que de son jean et une vague de désirm’envahit.

Il tourna la tête et m’observa tandis que j’avançais vers lui. Pas de sentiments, pas de promesses, énonçai-je en arrivant à ses côtés. Juste un bon moment

entre deux adultes responsables. Si c’est ce que tu veux, ça me va ! répondit-il en m’attirant à lui.

Je tombai de tout mon long sur son corps et frissonnai en prenant contact avec sa chair glacée. Tu es fou, murmurai-je. Tu es frigorifié. Ça m’étonne, répondit-il en retirant mon haut, j’ai l’impression d’être incandescent.

Ce furent les derniers mots que nous prononçâmes. La bouche de Noé fut bien trop occupée ensuitepour dire quoi que ce soit, de même que la mienne. Nos corps se réchauffèrent, brûlèrent… Lesmains de Noé me caressaient, traçant des arabesques sur ma peau en feu. Ses doigts étaient partout,sur mes seins, entre mes cuisses, et lorsque nos jeans furent entraînés par les vagues, je ne pensaisplus à rien, sauf à chevaucher cet étalon sur lequel j’avais fantasmé encore et encore. Ses mainsétaient crispées sur mes hanches tandis que je l’enserrais entre mes cuisses et lorsque la pluie tombaà nouveau, des larmes de joies, de libération, s’y mêlèrent, parsemant mon visage et son corps demille et une perles iridescentes.

Je me réveillai le lendemain matin, le corps engourdi, l’âme apaisée. J’aurais pu croire avoir rêvéce qui s’était passé entre Noé et moi mais le portable posé sur la table de chevet annonçant l’arrivéed’un mail eut vite fait de me détromper. Ce dernier ne comportait qu’une pièce jointe. Un selfie…celui de Noé et moi, allongés sur la plage, nos corps balayés par les vagues, luisants de transpiration,d’embruns. Je laissai un sourire fleurir sur mes lèvres, envoyai la photo aux filles et me rendormis, lecœur léger.

ÉPILOGUE La semaine qui suivit fut riche en rebondissements, si bien que j’avais à peine eu le temps de me

retourner. L’inspectrice avait bien suspendu Ludovic et les autres membres du corps enseignant, maisce que Noé avait omis de me dire, c’est que c’était moi à présent qui devais assurer le directorat del’école jusqu’aux vacances d’été. De plus, j’avais une nouvelle équipe pour prendre la relève. Il mefallut expliquer aux parents le pourquoi d’un nouveau remaniement professoral, leur assurer que leursélèves n’avaient subi aucun désagrément.

Je n’avais pas vu Noé depuis notre rencontre sur la plage, communiquant avec lui comme je lefaisais autrefois, à savoir en lui laissant un mot affiché sur le tableau réservé à cet effet dans lebureau des professeurs. Mon premier acte en tant que directrice remplaçante fut de retirer toutes lescaméras qui se trouvaient dans les classes, ainsi que désactiver tous les ordinateurs de la salle« privée ».

Le samedi soir arriva bien vite et je fus heureuse de retrouver les filles qui m’attendaient au« Bonheur des Dames ». Je fus accueillie par des applaudissements et je ne savais pas ce qui en étaitla cause, le fait que je sois à la tête d’une école ou à cause du selfie qui, je devais l’avouer, était d’unérotisme flagrant.

Comment tu vas ? me demanda Gillian en me serrant contre elle. Ça va, je me sens libérée d’un grand poids, comme si je venais de prendre un nouveau départ,

avouai-je en prenant place à leurs côtés. Au fait, vous avez perdu vos chéris ? Dorian est sur une nouvelle affaire, bougonna Joy. Depuis qu’il a accepté ce boulot de détective,

je le vois encore moins qu’avant. Quant à Aubin, il est sur la route, il a une livraison à l’international et ne rentrera que dans

quelques jours, ajouta Gillian avec le sourire, mais j’ai hâte qu’il rentre. Je n’ose imaginer, se moqua Éléa. Disons, poursuivit notre amie, qu’il m’a lancé un défi et que là, j’ai assuré, je l’ai relevé bien

au-delà de ses espérances. Raconte-nous ! la pressa Tahys. Oh non, cette fois, vous allez devoir attendre, priorité à mon homme ! s’esclaffa Gillian. Mais je

vous promets, vous n’en reviendrez pas ! Et toi, Loélia, je pensais que tu allais nous présenter le beau Noé, se gaussa Tahys. Il faut dire

qu’il est craquant.Je lançai un regard vers elle et remarquai qu’elle était sérieuse.

Ce n’était juste qu’un… enfin… Qu’un plan cul ? demanda crûment Éléa en fronçant les sourcils. Oui, c’est ça, pas de promesses, pas de sentiments, avouai-je. Loélia, me coupa Tahys, ce gars est fou amoureux de toi, il n’y a que toi pour ne pas voir ce qui

se passe sous ton nez ! Pourquoi crois-tu qu’il a effacé tes vidéos coquines ? Pourquoi a-t-il laissécelles compromettant Valois ? Pourquoi est-il venu pour t’aider à relever ton défi ?

NON ! objectai-je avec force. Il ne peut pas me supporter, il est… trop petit ! Bon d’accord, admettons, poursuivit Joy. Et toi ? Que ressens-tu pour lui ?

J’ouvris la bouche et la refermai, ne sachant que dire… Il est vrai que quinze jours plus tôt,j’aurais dit que je n’éprouvais rien pour lui, pour la simple et bonne raison que je ne l’avais jamaisregardé comme une femme regarde un homme… Mais à présent, la seule mention de son nom medonnait des frissons partout, mes mains se mettaient à trembler et mon corps se liquéfiait à la penséede sa peau contre la mienne.

Oui, c’est bien ce qui me semblait, se moqua Éléa, je crois que tu as eu le coup de foudre pourNoé.

Non, me récriai-je, c’est impossible ! C’est… c’est juste que sous son air d’ours mal léché, ilest… gentil, adorable. Il fait la cuisine à merveille et ne parle pas pour ne rien dire. Il y a aussi…

Je m’arrêtai en entendant un concert de rires et réalisai que je venais de me trahir. Je me levaiprécipitamment. Il fallait que je voie Noé, et pas plus tard que maintenant.

Souhaitez-moi bonne chance, les filles ! Cette fois, c’est à moi-même que je lance un défi, celuide faire craquer Noé !

Ce fut un concert de sifflets, d’applaudissements et de rires qui m’accompagna jusqu’à la porte. Jen’avais plus qu’à croiser les doigts pour que tout se passe bien.

*

* *Comme tous les samedis, l’établissement était vide et je me dirigeai derechef vers la maisonnette

de Noé. J’inspirai profondément tout en me demandant ce que je faisais là, pris mon courage à deuxmains et frappai contre le battant. Lorsqu’il ouvrit la porte, je le fixai intensément et il me semblaplus… grand.

Que fais-tu ici, Loélia ? me demanda-t-il froidement. Alors là, on repassera sur le fait qu’il soit éperdument amoureux de moi ! pensai-je avant de

poursuivre à haute voix. Je voulais juste que tu me répondes en toute honnêteté. Je n’ai pas le temps pour tes gamineries, me lança-t-il en faisant mine de refermer la porte. Que ressens-tu pour moi ? soufflai-je en bloquant la porte de mon pied. Loélia, tu es une jeune femme sensuelle et très attirante… Mais… … Mais tu ne sais pas ce que tu veux. Il y a quinze jours, tu m’avouais vouloir gagner un défi,

que ton cœur battait pour Ludovic mais que tu avais besoin de mon corps pour le relever. À présentque c’est fait, tu veux que j’avoue ce que je ressens à ton égard alors que tu m’as interdit de le faire ily a quelques jours… « Pas de promesses, pas de sentiments », tu te rappelles ? Alors c’est moi qui tele demande, qu’attends-tu de moi ?

Que tu me donnes une chance, le suppliai-je, une seule, de te prouver que je ne suis pas cettefemme insensible à laquelle tu penses, que je peux éprouver de la haine, de l’amitié, de l’amour.

Je ne sais pas… murmura-t-il, nous sommes trop différents. Je suis désolé, Loélia. Mets-moi au défi ! m’écriai-je en réalisant que j’étais en train de le perdre. Mets-moi au défi de

te rendre heureux !J’en étais à le supplier alors que je voyais bien dans ses yeux que je ne lui étais pas indifférente.

Loélia, me supplia-t-il.Je fis quelques pas en avant, plaquant mon corps contre le sien et susurrai, ma bouche contre la

sienne : Mets-moi au défi de t’aimer !

Je le vis fermer les yeux, rejeter la tête en arrière, les tendons de sa gorge exagérément crispés. Jesus qu’il capitulait lorsque ses bras se refermèrent autour de ma taille, qu’il m’embrassa éperdumentet qu’il m’entraîna à sa suite, murmurant à voix basse.

Chiche ?

Couverture réalisée par Feather Wenlock

Crédits images : 123rf et Depositphotos

N° éditeur : 917089-36540dépôt légal : janvier 2016