déclaration commune des coalitions francophones iday pour l'éducation pour tous

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IDAY Internaonal Day of the African Child and Youth Déclaraon | 14 e Sommet de la Francophonie, 2012 PLAIDOYER EN FAVEUR D’UNE EDUCATION DE BASE DE QUALITE POUR TOUS EN AFRIQUE FRANCOPHONE A l’occasion du 14 e Sommet de la Francophonie Kinshasa, République Démocraque du Congo 10-14/10/2012 A l’occasion du 14 e Sommet de la Francophonie, le réseau IDAY, plateforme internaonale d’organisaons de la société civile qui milite pour la réalisaon du droit à une éducaon de base de qualité pour tous les enfants et jeunes en Afrique, are l’aenon des Chefs d’Etats et de gouvernements francophones, Délégués et Personnalités, Représentants des partenaires au développement présents, sur l’état encore préoccupant de l’éducaon dans les pays africains en général et francophones en parculier. En tant qu’acteurs de la Société Civile Africaine dont le plaidoyer commun s’inscrit dans la réalisaon du droit fondamental de l’enfant à l’éducaon tel que repris dans la Convenon des Naons Unies relave aux Droits de l’Enfant, la Charte Africaine des Droits et du Bien-Être de l’Enfant, le deuxième objecf de millénaire (OMD) et les six objecfs d’Educaon Pour Tous fixés dans le Cadre d’Acon de Dakar [assurer une éducaon de base de qualité pour tous d’ici 2015] ; Eu égard aux termes de référence dudit Sommet ; Les coalions francophones d’IDAY en RDC, Bénin, Sénégal, Burkina Faso, Guinée, Rwanda, Burundi, Gabon, Mauritanie, Cameroun, Togo et Côte d’Ivoire affirment que : • Le développement durable réside non seulement dans la convergence entre vie économique, jusce sociale et protecon de l’environnement, mais aussi et surtout dans le respect des droits fondamentaux de chaque individu, notamment le droit de la jeunesse à une éducaon de base de qualité. C’est à cee condion que la société pourra bénéficier du potenel de tous ses membres afin qu’ils contribuent pleinement à un développement socio-économique juste et durable ; • L’éducaon joue un rôle prédominant dans la promoon des Droits humains et le développement des naons ; • Seule une démocrae parcipave incluant acvement la société civile en étroite collaboraon avec les gouvernements permet de réaliser ces objecfs, d’assurer une cohérence entre les aspiraons de la populaon et les mesures prises par les gouvernants, et ainsi donner une plus grande efficacité aux poliques gouvernementales. Les membres d’IDAY sont conscients et se réjouissent des efforts fournis conjointement par les Etats, l’ensemble de la communauté éducave et les partenaires au développement pour rendre l’éducaon disponible, accessible, acceptable et adaptable, et des progrès réalisés dans ce sens. Des mesures résolues ont été engagées et plusieurs pays ont vu leurs taux de scolarisaon primaire augmenter sensiblement, notamment au profit des filles. 1 IDAY-Internaonal aisbl - Rue des Jambes 19, 1420 Braine-l’Alleud, Belgique - T. +32 (0)2 385 44 13 - F. +32 (0)2 385 44 12 - [email protected] - www.iday.org IDAY-RDC asbl - Bd Sendwe n°5058, Q. Immo-Congo, c/ Kalamu (CNJ) - T. +243 (0)99 104 00 42 / 81 245 99 09 - [email protected] / [email protected] Porte-voix pour l’éducaon en Afrique

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Déclaration du réseau IDAY sur l’état encore préoccupant de l’éducation dans les pays africains en général et francophones en particulier, à l’occasion du 14e Sommet de la Francophonie de 2012.

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Page 1: Déclaration commune des coalitions francophones IDAY pour l'éducation pour tous

IDAY International Day of the African Child and Youth Déclaration | 14e Sommet de la Francophonie, 2012

PLAIDOYER EN FAVEUR D’UNE EDUCATION DE BASE DE QUALITE POUR TOUS

EN AFRIQUE FRANCOPHONE

A l’occasion du 14e Sommet de la FrancophonieKinshasa, République Démocratique du Congo

10-14/10/2012

A l’occasion du 14e Sommet de la Francophonie, le réseau IDAY, plateforme internationale d’organisations de la société civile qui milite pour la réalisation du droit à une éducation de base de qualité pour tous les enfants et jeunes en Afrique, attire l’attention des Chefs d’Etats et de gouvernements francophones, Délégués et Personnalités, Représentants des partenaires au développement présents, sur l’état encore préoccupant de l’éducation dans les pays africains en général et francophones en particulier.

En tant qu’acteurs de la Société Civile Africaine dont le plaidoyer commun s’inscrit dans la réalisation du droit fondamental de l’enfant à l’éducation tel que repris dans la Convention des Nations Unies relative aux Droits de l’Enfant, la Charte Africaine des Droits et du Bien-Être de l’Enfant, le deuxième objectif de millénaire (OMD) et les six objectifs d’Education Pour Tous fixés dans le Cadre d’Action de Dakar [assurer une éducation de base de qualité pour tous d’ici 2015] ;

Eu égard aux termes de référence dudit Sommet ;

Les coalitions francophones d’IDAY en RDC, Bénin, Sénégal, Burkina Faso, Guinée, Rwanda, Burundi, Gabon, Mauritanie, Cameroun, Togo et Côte d’Ivoire affirment que :

• Le développement durable réside non seulement dans la convergence entre vie économique, justice sociale et protection de l’environnement, mais aussi et surtout dans le respect des droits fondamentaux de chaque individu, notamment le droit de la jeunesse à une éducation de base de qualité. C’est à cette condition que la société pourra bénéficier du potentiel de tous ses membres afin qu’ils contribuent pleinement à un développement socio-économique juste et durable ;

• L’éducation joue un rôle prédominant dans la promotion des Droits humains et le développement des nations ;

• Seule une démocratie participative incluant activement la société civile en étroite collaboration avec les gouvernements permet de réaliser ces objectifs, d’assurer une cohérence entre les aspirations de la population et les mesures prises par les gouvernants, et ainsi donner une plus grande efficacité aux politiques gouvernementales.

Les membres d’IDAY sont conscients et se réjouissent des efforts fournis conjointement par les Etats, l’ensemble de la communauté éducative et les partenaires au développement pour rendre l’éducation disponible, accessible, acceptable et adaptable, et des progrès réalisés dans ce sens. Des mesures résolues ont été engagées et plusieurs pays ont vu leurs taux de scolarisation primaire augmenter sensiblement, notamment au profit des filles.

1

IDAY-International aisbl - Rue des Jambes 19, 1420 Braine-l’Alleud, Belgique - T. +32 (0)2 385 44 13 - F. +32 (0)2 385 44 12 - [email protected] - www.iday.orgIDAY-RDC asbl - Bd Sendwe n°5058, Q. Immo-Congo, c/ Kalamu (CNJ) - T. +243 (0)99 104 00 42 / 81 245 99 09 - [email protected] / [email protected]

Porte-voix pour

l’éducation en Afrique

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IDAY International Day of the African Child and Youth

Cependant, ils constatent que :

• Dans plusieurs pays d’Afrique, l’éducation de base pour tous reste confrontée à d’énormes difficultés qui font que les taux de scolarisation, d’achèvement et de rétention stagnent voire régressent, surtout pour les filles et les femmes. La plupart des pays africains sont ainsi susceptibles de ne pas atteindre les objectifs d’éducation pour tous fixés pour l’horizon 2015 ;

• Plusieurs catégories d’enfants et de jeunes restent exlues des systèmes éducatifs tels que les enfants porteurs de handicap, ceux victimes de conflits armés (en particulier les déplacés, les filles-mères et les enfants issus de viols), les enfants talibés, les enfants et jeunes travaillant comme domestiques, les mineurs privés de liberté, les enfants en situation de rue, etc. Les raisons de ces exlusions sont en partie systémiques : nombre de politiques et systèmes éducatifs n’intègrent pas les vulnérabilités et les besoins de ces enfants et de ces jeunes ;

• Le nombre de jeunes africains analphabètes ou néo-analphabètes augmente, contrairement à la tendance observée sur l’ensemble des autres continents ;

• Malgré l’adoption de la gratuité de l’école primaire pour tous, beaucoup d’établissements scolaires continuent à voir leurs frais de fonctionnement couverts à 90% par les parents d’élèves ;

• L’alphabétisation et l’éducation non formelle restent encore les parents pauvres des systèmes éducatifs africains, notamment en pays francophones. La plupart de ces pays consacrent moins de 3% de leur budget d’éducation à l’alphabétisation et à l’éducation non formelle, malgré les engagements pris par la conférence régionale africaine sur l’alphabétisation de 2007 à Bamako.

• L’abandon scolaire et l’école buissonnière des élèves persistent, et dans beaucoup d’endroit l’école a perdu la confiance des citoyens. Cela s’explique principalement par les insuffisances en termes de qualité de l’instruction, de cohérence entre savoirs enseignés et besoins des apprenants, et par un environnement d’apprentissage détérioré.

Les effets sont dévastateurs pour les enfants et les jeunes, ainsi que pour la société dans son ensemble.

Deux exemples :

• Des enquêtes préliminaires menées à Kinshasa et au Kivu révèlent ainsi que les 80% des filles non scolarisées sont utilisées comme domestiques ou professionnelles de sexe et qu’elles sont nombreuses à être victimes de violences sexuelles ou autres abus liés au genre.

• A peine un enfant atteint de handicap sur dix se rend à l’école aujourd’hui sur le continent africain (source: OMS, juin 2011), ce qui a une incidence immédiate sur leur état de santé, leurs chances de trouver un emploi à l’âge adulte et leur niveau de pauvreté.

Les facteurs qui freinent la réalisation d’une éducation de base de qualité pour tous sont multiples et complexes. Le niveau de vie économique, la santé, le cadre de vie, le genre sont autant d’éléments qui influencent les chances de pouvoir suivre un enseignement scolaire de qualité.

C’est pourquoi les membres d’IDAY insistent sur la nécessité d’adopter des approches multidisciplinaires pour garantir une éducation de base de qualité à tous les enfants et jeunes en Afrique. Celles-ci doivent intégrer les champs d’actions prioritaires que sont le politique et le législatif (mesures réglementaires et budgétaires), la pédagogie (approches éducatives, curricula), la santé (nutrition, hygiène et accès aux soins), l’économie (activités génératrices de revenu) et la gestion participative (comités de parents, contrôle citoyen).

IDAY-International aisbl - Rue des Jambes 19, 1420 Braine-l’Alleud, Belgique - T. +32 (0)2 385 44 13 - F. +32 (0)2 385 44 12 - [email protected] - www.iday.orgIDAY-RDC asbl - Bd Sendwe n°5058, Q. Immo-Congo, c/ Kalamu (CNJ) - T. +243 (0)99 104 00 42 / 81 245 99 09 - [email protected] / [email protected]

Déclaration | 14e Sommet de la Francophonie, 20122

Porte-voix pour

l’éducation en Afrique

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IDAY-International aisbl - Rue des Jambes 19, 1420 Braine-l’Alleud, Belgique - T. +32 (0)2 385 44 13 - F. +32 (0)2 385 44 12 - [email protected] - www.iday.orgIDAY-RDC asbl - Bd Sendwe n°5058, Q. Immo-Congo, c/ Kalamu (CNJ) - T. +243 (0)99 104 00 42 / 81 245 99 09 - [email protected] / [email protected]

IDAY International Day of the African Child and Youth

Porte-voix pour

l’éducation en Afrique

Au regard de ce qui précède, IDAY recommande aux participants de ce 14e Sommet de la Francophonie de s’engager fermement et résolument à :

• Mettre effectivement en application l’enseignement primaire gratuit et obligatoire pour tous ;

• Allouer au minimum 10% des budgets nationaux à l’éducation, dont 3% de cette part à l’alphabétisation et l’éducation non formelle ;

• Améliorer la capacité d’absorption dans le secteur de l’éducation de base ;

• Assurer la prise en charge par les Etats des classes de rattrapage scolaire et de dispositifs élargis de formation professionnelle pour développer les corps de métier techniques ;

• Créer des centres d’alphabétisation, tant en milieu rural qu’urbain ;

• Soutenir la conduite d’enquêtes nationales sur la situation et les besoins en formation des jeunes travaillant comme domestiques, avec une attention particulière pour les jeunes filles ;

• Garantir une formation qualifiante aux enfants et jeunes, filles et garçons, privés de liberté et un programme de rattrapage scolaire pour ceux qui sont libérés des cachots et prisons ;

• Mettre en place des stratégies de prise en charge communautaire des enfants issus de viol et violences sexuelles, des enfants affectés par les violences armées et par le VIH/Sida ;

• Prendre en compte de l’éducation inclusive dans tous les projets et programmes éducatifs ;

• Renforcer la capacité des comités de parents, avec un accent particulier sur les mères, à participer à la gestion des établissements scolaires et au suivi pédagogique de leurs enfants, jusqu’à ce que l’Etat soit capable d’assumer pleinement ses responsabilités en matière de scolarisation ;

• Faire de toutes les écoles un environnement d’apprentissage valorisant, attractif et tourné vers l’avenir, en particulier sur les plans de la qualité de l’enseignement et de l’utilité des savoirs enseignés, de la protection face aux abus et de la promotion de la santé scolaire. Entre autres, investir dans la formation des enseignants, systématiser la mise en place des cantines scolaire approvisionnées par des jardins d’écoles et champs communautaires, et garantir l’accès à l’eau potable (puits, citernes).

• Assurer la formation et l’encadrement pédagogique du personnel administratif et enseignant en matière de gestion de classe, tout en garantissant des niveaux de salaire décents aux enseignants ;

• Intégrer dans les programmes éducatifs nationaux : l’éducation aux droits humains, la non-violence et la citoyenneté, l’éducation à la paix, les technologies de l’information et de la communication ;

• Renforcer à tous les niveaux la collaboration avec la société civile locale (communauté éducative, organisations non gouvernementales, parents d’élèves, syndicats) pour l’orientation, la mise en oeuvre et la gestion des dispositifs éducatifs, dans un esprit de concertation et de complémentarité.

Fait à Kinshasa, le 1er octobre 2012

SIGNATAIRES :

Déclaration | 14e Sommet de la Francophonie, 20123

IDAY-RDC

IDAY-Bénin

IDAY-Sénégal

IDAY-Burkina Faso

IDAY-Guinée

IDAY-Rwanda

IDAY-Gabon

IDAY-Côte d’Ivoire

IDAY-Burundi

IDAY-Togo

IDAY-Mauritanie

IDAY-Cameroun