d decadentisme symbolisme

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80 LITTÉRATURE: AU DE LA’ DU ROMANTISME En France il y a trois mouvements qui supèrent le Romantisme: EN OPPOSITION : ………………………………………………………………………………. - 1) le Naturalisme…………………………………………………………………………………. -2) Le Parnasse, qui constitue un retour à l’art classique (CPR. Carducci), le refus de la poésie politique et le culte du Beau de l’art pour l’art. ……………………… EN CONTINUATION ……………………………………………………………………………… - Le Symbolisme-Décadentisme, qui est la naturelle continuation du Romantisme A. EN POESIE Symbolisme, qui est l’évolution progressive et intimiste ou esthétique du Romantisme poétique qui commencent avec Chateaubriand (René), Senancour (Oberman), Constant (Adolphe), Lamartine (lyrisme amoureux dans les Méditations Poétiques), Hugo (drame paternel dans les Contemplations), B. EN PROSE le Décadentisme, qui est l’évolution progressive et extériorisée ou esthétique du Romantisme prosaïque qui commencent avec De Vigny (idée de l’écrivain comme paria Chatterton-Stello), Hugo (idée du poète prophète et mage dans Les Poèmes), Balzac (idée hyperréaliste des romans philosophiques Louis Lambert, Séraphita). LE PARNASSE Ecritures 2 p. 138 Théophile Gautier, à qui Baudelaire a dédié ses Fleurs du mal, est resté dans l'histoire littéraire comme un fougueux romantique qui, avec l'âge, s'est converti à l'esthétique plus tranquille de l'Art pour l'Art. Figure importante du XIXe siècle, il concentre un peu les diverses facettes de la vie littéraire de son époque. Après Gautier et sa première réaction au Romantisme, le deuxième tournant dans la poésie française, c'est à Leconte de Lisle qu'on le doit. Lui aussi a d'abord été séduit par le Romantisme: il se croyait alors investi d'une mission historique, et la poésie était pour lui le véhicule d'idées morales et politiques. Autour de Leconte de Lisle se rassemblent une quarantaine de poètes qui, animés d'une même conception de la poésie, publient leurs œuvres dans une revue qu'ils intitulent Le Parnasse contemporain (1866). Le Parnasse est en fait une montagne de Grèce près de Delphes où les Anciens situaient le séjour des Muses et d'Apollon, et par conséquent de la poésie. Ces poètes se rattachent à l'idéal grec de pureté et de clarté, d'où le nom de Parnasse qui, dans la mythologie grecque, est la montagne sacrée où séjournent les Muses. Donc il y a un retour au Classicisme, au mythe en opposition au Romantisme. THEMATIQUES……………………………………… - Le culte de la beauté: l'Art ne vise que le Beau et ne se préoccupe d’être utile - Le refus du lyrisme : il y a la recherche de l'impersonnalité (CPR. Naturalisme). -L'attrait pour le Classicisme : Les thèmes sont empruntés à la mythologie, à l'histoire ancienne, à la Grèce, à l'Orient. Le parti pris est celui de l'objectivité et de l'érudition. -La perfection stylistique , fruit d'un travail conscient et laborieux sur la langue. Les parnassiens cultivent la difficulté technique (rime, rythme, images, etc.).

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    LITTRATURE: AU DE LA DU ROMANTISME En France il y a trois mouvements qui suprent le Romantisme: EN OPPOSITION : . - 1) le Naturalisme. -2) Le Parnasse, qui constitue un retour lart classique (CPR. Carducci), le refus de la posie politique et le culte du Beau de lart pour lart. EN CONTINUATION - Le Symbolisme-Dcadentisme, qui est la naturelle continuation du Romantisme A. EN POESIE Symbolisme, qui est lvolution progressive et intimiste ou esthtique du Romantisme potique qui commencent avec Chateaubriand (Ren), Senancour (Oberman), Constant (Adolphe), Lamartine (lyrisme amoureux dans les Mditations Potiques), Hugo (drame paternel dans les Contemplations), B. EN PROSE le Dcadentisme, qui est lvolution progressive et extriorise ou esthtique du Romantisme prosaque qui commencent avec De Vigny (ide de lcrivain comme paria Chatterton-Stello), Hugo (ide du pote prophte et mage dans Les Pomes), Balzac (ide hyperraliste des romans philosophiques Louis Lambert, Sraphita).

    LE PARNASSE Ecritures 2 p. 138 Thophile Gautier, qui Baudelaire a ddi ses Fleurs du mal, est rest dans l'histoire littraire comme un fougueux romantique qui, avec l'ge, s'est converti l'esthtique plus tranquille de l'Art pour l'Art. Figure importante du XIXe sicle, il concentre un peu les diverses facettes de la vie littraire de son poque. Aprs Gautier et sa premire raction au Romantisme, le deuxime tournant dans la posie franaise, c'est Leconte de Lisle qu'on le doit. Lui aussi a d'abord t sduit par le Romantisme: il se croyait alors investi d'une mission historique, et la posie tait pour lui le vhicule d'ides morales et politiques. Autour de Leconte de Lisle se rassemblent une quarantaine de potes qui, anims d'une mme conception de la posie, publient leurs uvres dans une revue qu'ils intitulent Le Parnasse contemporain (1866). Le Parnasse est en fait une montagne de Grce prs de Delphes o les Anciens situaient le sjour des Muses et d'Apollon, et par consquent de la posie. Ces potes se rattachent l'idal grec de puret et de clart, d'o le nom de Parnasse qui, dans la mythologie grecque, est la montagne sacre o sjournent les Muses. Donc il y a un retour au Classicisme, au mythe en opposition au Romantisme. THEMATIQUES - Le culte de la beaut: l'Art ne vise que le Beau et ne se proccupe dtre utile - Le refus du lyrisme : il y a la recherche de l'impersonnalit (CPR. Naturalisme). -L'attrait pour le Classicisme : Les thmes sont emprunts la mythologie, l'histoire ancienne, la Grce, l'Orient. Le parti pris est celui de l'objectivit et de l'rudition. -La perfection stylistique, fruit d'un travail conscient et laborieux sur la langue. Les parnassiens cultivent la difficult technique (rime, rythme, images, etc.).

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    Un deuxime Parnasse contemporain est publi en 1871, aprs la Commune. Les premires divergences commencent se manifestera l'intrieur du groupe. Mallarm et Verlaine sont mis l'cart, Charles Cros prend ses distances. Le troisime Parnasse contemporain, publi en 1876, donne une image dfinitive et cohrente du mouvement parnassien au moment mme o le groupe va se dissoudre. Bien qu'il se prsente comme une rupture avec le romantisme, c'est dans le romantisme lui-mme qu'il faut chercher les ides et les tendances qui vont se radicaliser dans le Parnasse. Dans la prface des Feuilles d'Automne, Victor Hugo revendiquait le droit de publier un pur ouvrage d'art . Aussi Hugo sentait l'exigence d'un Art pour lArt, d'un art qui exprime le Beau idal . Cette tendance se renforce. Thophile Gautier (1811-1872), qui fonde Le Parnasse, refuse tout engagement dans les combats politiques et affirme le principe que la cration artistique doit tre totalement gratuite. Le courant esthtique de L'Art pour l'Art se renforce aprs 1848, mesure que s'accentue la foi dans le progrs. Gautier dcide de se consacrer l'Art, au culte de la Beaut de la Forme. Leconte de Lisle (1818-1894) suit le mme itinraire : Hors de la cration du Beau, point de salut , affirme Leconte de Lisle. Le pote ne doit pas donner d'enseignements ni se laisser aller aux complaisances sentimentales. Indiffrent son temps, il doit travailler la forme, cultiver la difficult technique (la rime, le vers, le rythme) pour atteindre une perfection comparable celle d'une statue de marbre. En effet, c'est dans les arts plastiques, dans l'Antiquit, dans la mythologie, mais aussi dans le monde des animaux et dans les paysages exotiques, qu'il trouvera la matire de son inspiration (CPR. Classicismo de Carducci). Ils font partie du groupe : Sully Prudhomme, Thodore de Banville, Jos Maria de Heredia, mais aussi pour un temps Charles Baudelaire, Paul Verlaine et Stphane Mallarm. La thorie de l'Art pour l'Art est apparue ds les annes 1830, et le mouvement parnassien proprement dit s'est teint vers 1876.

    LE DCANDETISME ET LE SYMBOLISME Ecritures 2 p. 200-201 Le Dcadentisme et le Symbolisme sont deux mouvements littraires et artistiques trs semblables (simili), qui sopposent au Naturalisme et qui sont la continuation naturelle du Romantisme, qui se sont dvelopps en France la fin du XIXe sicle. En gnral on parle de Dcadentisme pour les uvres en prose et de Symbolisme pour les uvres en posie. Il sera trs difficile d'tablir des distinctions entre dcadents et symbolistes, car ils ont vcu le mme climat moral et potique ; ils ont les mmes origines et les mmes gouts, jusqu'au moment o les symbolistes renient le dcadentisme. LE DCANDETISME. Croyant vivre dans une poque de dcadence semblable celle qui a port la ruine de l'empire romain, nourris de la philosophie pessimiste de Schopenhauer, certains artistes refusent avec violence la science, l'industrialisation, mai aussi le conformisme bourgeois. Les ralistes aussi dnoncent les excs de la bourgeoisie dans leurs uvres, mais pas dans leur vie comme le font ces nouveaux artistes la fois dsabuss et provocants. Ces artistes bohmes se runissent dans des cabarets, dont le plus fameux est le Chat noir Montmartre. Tous s'inspirent de Verlaine, qu'ils reconnaissent comme leur maitre, et se dfinissent dcadents. Le terme Dcadentisme vient de la posie de Paul Verlaine Langueur qui dit : Je suis LEmpire la fin de la dcadence. Le Dcadentisme prsente

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    des uvres en prose. Le mouvement dcadent franais n'est donc pas une cole littraire. Il est plutt une attitude, un mode de vie, bohmien et non-conformiste, caractris par le gout de la mystification. Prolongement du dandysme de la gnration de 1820, il devient une sorte de raction devant l'poque, une manire de se distinguer et de se dsolidariser d'un monde bourgeois qu'on refuse. Cependant, travers ce mouvement, une volution de la sensibilit se produit : la prise de conscience des excs du romantisme et le dpassement du romantisme national conduisent la dcouverte du monde inconnu de l'inconscient et la libration de l'art. THEMATIQUES.. - Anticonformisme : les dcadents sopposent la bourgeoise et au peuple. Les romans dcadents ne parlent pas de pauvres et des humbles (comme Victor Hugo dans Les Misrables), mais de lindividu dexception (nobles, riche desprit et dargent). - --- -Esthtisme : les personnages sont des esthtes ou dandy, des excentriques qui exaltent leur vie, art et beaut (Huysmans-Dannunzio-Wilde). Ils veulent vivre la vie comme une uvre dart.. - Mal du sicle et solitude : Lcrivain romantique sait vive son intrieur et vivre dans le monde. Lcrivain dcadent vit sa propre solitude sans communiquer (mal du sicle) et il se rfugie dans une dimension esthtique et individualiste, presque contemplative de la vie. COMPAIRAISONS DE THEMES ET DES MOUVEMENTS LITTERAIRES

    4) engagement social Romantisme social qui veut enseigner et donner lexemple des humbles (Hugo Les Misrables )

    4) esthtisme : lcrivain ne veut pas enseigner, mais il un dandy, un esthte qui veut faire de sa vie une uvre dart

    5) lcrivain est le guide du peuple Il a une mission prophtique, la posie doit se faire peuple (Hugo disait : pote me de cristal et De Vigny disait dans Chatterton du pote: il lit dans les astres, la route que nous montre le doigt du seigneur )

    5) lcrivain est un antihros antisocial, incapable de comprendre le peuple quil ddaigne

    Romantisme Dcadentisme 1) Exaltation du sentiment (il valorise la sensibilit, lirrationnel, la folie, le dlire)

    1) Exaltation de la folie (il valorise la sensibilit, lirrationnel, la folie, le dlire)

    2) La fuite dans lespace: (Chateaubriand, Stendhal) et des pays exotiques (Nerval)

    2) Fuite dans lgotisme : le dcadent se ferme dans son monde, celui de lindividualisme

    3) Contraste entre la ralit et lidal (Oberman, Ren, Adolphe souffrent de solitude et ils nacceptent pas la ralit du monde : ils voudraient vivre leurs fantaisies) et entre lindividu et le monde (lcrivain se sent dtach du monde, diffrent, un paria de la socit (De Vigny)

    3) Refus du rel : cest lidal de la Beaut qui est recherch

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    6. Mal du sicle romantique 6. Angoisse, spleen, ennui : cest la douleur, le tdium vitae, lide du philosophe Schopenhauer la vie est une pendule entre lennui et la douleur

    JORIS-KARL HUYSMANS Ecritures 2 p. 200. BIOGRAPHIE Huysmans est Paris en fvrier 1848. Il perd son pre lge de huit ans. Comme Baudelaire, il commence des tudes de droit quil abandonne rapidement pour mener une vie de bohme dans le Quartier latin. En 1870, il est garde mobile dans la Garde nationale de la Seine, mais tombe malade. partir de 1876, il frquente Zola et les frres Goncourt. Dans le recueil naturaliste Les Soires de Mdan, il publie la nouvelle Sac au dos (1880). Puis viennent Les Surs Vatard (1879), En mnage (1881) et vau-lau (1882). 1884 est lanne de publication de rebours. La parution du roman cause une brouille avec Zola et Huysmans reconnat bien plus tard quil sagissait dune dnonciation du Naturalisme. Ds 1890, Huysmans entre dans une priode de satanisme ; cf. le roman L-bas (1891) o le personnage Durtal est un adepte de la magie noire. Le livre fait scandale. Mais les derniers romans de Huysmans confirment son volution vers un catholicisme orthodoxe : La Cathdrale (1896), Sainte Lydwine de Schiedam (1901). Huysmans meurt en mai 1907. A REBOURS (1884). En 1884, la Dcadence trouve son hros dans le personnage principal du roman de Huysmans, Rebours. Le roman le plus reprsentatif du dcadentisme est rebours (1884) de Joris-Karl Huysmans. Dans le roman ne s'y passe presque rien : la narration se focalise presque entirement sur le personnage principal, Des Esseintes, un anti-hros esthte et excentrique, comme Andrea Sperelli dans Il Piacere et est le catalogue de ses gots et dgots. Resum : L'intrigue est rduite sa plus simple expression. L'antihros, des Esseintes, aprs une vie agite pendant laquelle il a fait l'exprience de tout ce que pouvait lui offrir la socit de son temps, se retire dans un pavillon, Fontenay-aux-Roses, dans lequel il runit les ouvrages les plus prcieux ses yeux, les objets les plus rares, pour se consacrer l'oisivet et l'tude. De l'ensemble de la littrature franaise et latine, il ne retient qu'un petit nombre d'auteurs qui le satisfont. Il admire les tableaux de Gustave Moreau, les uvres d'Odilon Redon, cre des parfums raffins, un jardin de fleurs vnneuses Cest un jeune aristocrate en mal de vivre, Des Esseintes se retire loin dans monde et se plonge dans la littrature latine dcadent. Finalement, des Esseintes ne parvient pas sortir de son tdium vitae ; aprs quelque temps, il doit renoncer cette vie et rentrer Paris. Mais il ne parvient pas gurir de sa nvrose, et son seul salut est Dieu. Des Esseintes, trouve des frres italiens dans Corrado Silla, le protagoniste de Malombra (1881), crit par Fogazzaro, ou dans Andrea Sperelli, le personnage le plus important du roman de D'Annunzio, ll piacere (1889). Ce roman est repris de DAnnunzio dans Le Piacere et de Wilde dans Le Portrait de Dorian Gray, pour le thme du personnage de l'esthte, c'est- -dire de l'intellectuel dcadent, qui se retire

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    dans son refuge et vit en solitude l'impossibilit de s'adapter au monde. la suite de ce roman, les dcadents sont accuss de misanthropie et de mysticisme pervers. LE SYMBOLISME.... Le Symbolisme est un mouvement littraire et artistique apparu en France et en Belgique vers 1870, en raction au Naturalisme. Le terme Symbolisme vient du Manifeste de Jean Moras, mais lide se trouve dj dans la posie Correspondances de Baudelaire. Le Symbolisme prsente des uvres en posie et prsente des crivains qui sont des potes maudits (Baudelaire-Verlaine-Rimbaud-Apollinaire). Le Symbolisme est un Dcadentisme intrioris o le pote a la conscience de la dcadence, du mal de sicle et il se ferme en lui-mme (Baudelaire-Verlaine-Rimbaud-Pascoli). En 1886 Jean Moras publie sur le Figaro Le Manifeste littraire, o il dfinit la doctrine symboliste. Le mot symboliste remplace le mot dcadent . Verlaine, Corbire, Rimbaud, Mallarm, Lautramont, sont pratiquement inconnus du public de leur poque. Les Chants de Maldoror (1869) de Lautramont n'ont aucun cho dans la vie littraire. Verlaine est tenu l'cart ds 1871-72 et ses Romances sans paroles (1874) sont tout fait ignores. Quant Rimbaud, il n'est connu que de quelques amis; et Mallarm, install Paris la fin de 1871, publie L'Aprs-midi d'un faune (1876) dans l'indiffrence gnrale. Tous ces potes, sauf Lautramont, ont commenc crire dans le groupe parnassien. Trs tt, ils s'cartent de cette cole laquelle ils reprochent le caractre inhumain, artificiel et formel de la posie. Ils pensent que !es potes, comme !es peintres impressionnistes, doivent chanter la vie moderne, ses frmissements et ses exaltations, au lieu de s'enfermer dans le culte de la Beaut ternelle. Mais si la vie moderne est intressante, ce n'est pas en tant que matire ; c'est en tant qu'univers de signes o des correspondances intuitives et mtaphysiques s'tablissent entre les choses et entre tres et choses. Il ne faut donc pas chercher dcrire une ralit qui, au fond, n'est peut-tre qu'une apparence, il faut suggrer. C'est ainsi que Verlaine va dvelopper une vritable esthtique de la suggestion, dans la quelle la musique de la langue potique joue un grand rle. Mallarm, lui, va beaucoup plus loin encore : refusant toute reprsentation, tout message et toute fiction, il veut purifier l'acte potique de toute scorie matrielle. Pour les Symbolistes, la posie ne s'adresse ni au sentiment ni la raison du lecteur, mais son inconscient. La parole n'est plus utilise comme lment du discours logique, mais pour son pouvoir vocateur et suggestif. La posie devient donc un moyen de connaissance, le seul qui mne l'Absolu. Cette connaissance se ralise grce l'vocation des correspondances existant entre les mondes visible et invisible, travers les synesthsies, et grce la cration de symboles, qui sont la transposition dans une image concrte d'une ralit abstraite. Certes, l'utilisation du symbole n'est pas nouvelle en posie. Il suffit de penser Vigny et Leconte de Lisle. Mais le symbole des symbolistes est trs diffrent car l'objet concret qui symbolise la ralit spirituelle n'est pas nomm ni immdiatement identifiable. Il est suggr travers un rseau de sensations. Dans le domaine du langage, une double rvolution s'accomplit. D'une part, les symbolistes acceptent la leon de Mallarm qui voit dans l'obscurit une ncessit de l'expression potique ; d'o la prdilection pour les mots rares, les constructions syntaxiques complexes, denses, les images allusives. De l'autre, la leon de Verlaine met l'accent sur la valeur allusive de la musicalit.

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    LAUTREAMONT Ecritures 2 p. 200 BIOGRAPHIE Fils dun chancelier du consulat de France de Montevideo, Lautramont, de son vrai nom Isidore Ducasse, commence ses tudes chez les jsuites, avant dtre envoy en France pour prparer le concours dentre lcole polytechnique, dabord au lyce de Tarbes (1859), puis celui de Pau (1863). En 1868 il sort sous lanonymat le premier des six Chants de Maldoror. Le recueil complet, sign cette fois du comte de Lautramont, est publi en 1869 et passa totalement inaperu. Le mme accueil est rserv ses fragments en prose (Posies, 1870), rdigs peu de temps avant sa mort, dont les circonstances exactes ne furent jamais lucides. CHANTS DE MALDOROR (1869) Lautramont occupe une place toute particulire. loign des courants littraires, il semble se situer la pointe du romantisme satanique. Tourment comme Baudelaire parle nostalgie de la puret et de l'infini et par l'exprience du mal, il ne cesse d'prouver la cruaut de sa condition. Les six pomes en prose des Chants de Maldoror sont une vertigineuse invitation au spectacle du mal. Le hros, Maldoror, au nom symbolique ( mal d'aurore ), est une sorte de vampire accompagn d'un bestiaire rpugnant ( serpents.), qui parcourt de nuit les rues dsertes la recherche d'adolescents innocents dont il boit le sang. Il commet ses crimes avec la volont d'atteindre le Mal absolu. Un sentiment de rage irnpuissante et un humour corrosif traversent ainsi l'uvre de Lautramont dont l'criture, riche de mtaphores irnprvues, donne l'irnpression de dlire et cre une sorte de vertige.

    COMPAIRAISONS DE THEMES ET DES MOUVEMENTS LITTERAIRES

    Naturalisme en opposition Dcadentisme 1) Culte de la raison (qui est au dessus de toutes les facults)

    1) Exaltation de la folie, du rve, de linconscient

    2) Foi dans la science 2) Mystre du monde : le monde n'est pas si facile comprendre, comme pourrait le faire croire la science; il est mystrieux, saisissable en apparence; il est fait de signe, qu'il faut savoir dchiffrer car, selon une philosophie idaliste, le monde visible n'est qu'une reprsentation du monde invisible.

    3) La ralit est dterminisme : si on connait la race, le contexte social et le moment historique, on connait lhomme (race. milieu et moment)

    2) La ralit est une interprtation des symboles : il s'agit alors d'interprter les symboles dont la ralit est pleine pour dcouvrir des mondes inconnus. Le pote, qui est dot d'une intelligence intuitive, a la capacit de dcouvrir les correspondances entre des parfums, les couleurs et les sons (Baudelaire). Il est le voyant (Rimbaud).

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    THEMATIQUES..

    - Le monde est un symbole : Le symbolisme nat de la posie Correspondances de Baudelaire, o le pote dit que la nature est un temple des symboles que le pote seulement sait comprendre. Donc le monde visible a aussi un aspect invisible. La posie utilise des symboles. Le symbole est donc la reprsentation concrte dune ide abstraite pour tablir un lien entre le monde des ides et le monde des choses, mais chez les symbolistes ce mot acquiert un sens particulier. L'objet matriel qui symbolise une ralit

    4) description de la socit, des btes humaines

    4) protestation contre la socit

    Romantisme en continuit/opposition Dcadentisme 1) Exaltation du sentiment (il valorise la sensibilit, lirrationnel, la folie, le dlire)

    1) Exaltation de la folie, du dlire : il y a la recherche daccder linfini travers les drogues, lalcool, le sexe

    2) Christianisme. LUnivers est un grand organisme, fils de Dieu. Dieu est prsent dans lhistoire. Il y a la recherche de lunit mystrieuse entre le moi et le monde. Dieu est immanent il intervient dans lhistoire.

    2) Panisme et Panthisme. Dieu est prsent dans la nature, dans ses symboles dchiffrer (Baudelaire). Il y a la recherche de lunit mystrieuse entre le moi et le monde. Dieu nintervient pas dans lhistoire.

    3) Mal du sicle : les hros romantiques souffrent du mal du sicle

    3) Angoisse, spleen et ennui : Les symbolistes reprennent lide de Schopenhauer que la vie est une pendule entre lennui et la douleur. Voil langoisse ou spleen ou tdium vitae.

    4) Contraste entre la ralit et lidal (Oberman, Ren, Adolphe souffrent de solitude et ils nacceptent pas la ralit du monde : ils voudraient vivre leurs fantaisies) et entre lindividu et le monde

    4) Contraste entre spleen et lidal Baudelaire dit que lidal est lme qui aspire Dieu et le spleen qui est le corps qui tend la douleur.

    5) Le pote est guide du peuple, prophte de vrit (Hugo) lcrivain est dtach du monde, diffrent, un paria de la socit (De Vigny)

    5) Le pote est un maudit : il est un voyant, qui interprte la nature et ses symboles, cest un albatros (Baudelaire), mais il est incompris par la socit

    6) La nature est une mre La Nature est une mre qui donne de la consolation lhomme Chateaubriand dans le Gnie du Christianisme, Lamartine dans Les Mditations Potiques exaltent la nature comme sensible lhomme Pour De Vigny, au contraire, la nature est martre comme pour Leopardi, elle est indiffrente lhomme elle une froide nature , un monstre pour lhomme.

    6) La Nature est un univers dchiffrer : elle est une sorte dincarnation de Dieule panthisme et panisme symboliste portent le pote linterprtation des symboles CCPR. Baudelaire Correspondances) et la synesthsie, perception globale et indiffrencie des sensations visuelles, olfactives et unitives. On peroit la Nature travers le drglement des sens (CPR. Rimbaud)

    7) Roman comme engagement social : Hugo veut enseigner au peuple Balzac qui est le secrtaire de la socit. Il dit : je veux faire concurrence ltat civile ,

    7) Posie comme lyrisme personnel, comme consolation la souffrance, comme refuge. La musique de la posie comme consolation (Verlaine).

    8) Lcrivain est exemple de moralit et justice (Hugo-Vigny)

    8) Lcrivain est un anticonformiste, un dandy, un pote maudit, qui soppose la socit, donc il y a une protestation contre la socit

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    spirituelle est simplement suggr et non nomm directement. Symbole comme reprsentation du monde invisible : Le symbole est un moyen de connaissance : le pote travers le symbole va du monde visible au monde invisible. Le monde visible nest quune reprsentation du monde invisible. Toute la ralit nest quun symbole interprter pour connaitre des mondes inconnus. - Le symbole n'est pas immdiat, il n'est pas toujours directement comprhensible. Le loup de La Mort du loup de Vigny symbolisait directement l'attitude de refus de la socit; l'albatros qui se traine sur le bateau du pome L'Albatros de Baudelaire symbolisait les difficults du pote oblig de vivre dans le monde. Le pote n'explique pas ses symboles. Au lecteur la tache de trouver son interprtation. --La suggestion est prfre la reprsentation. Verlaine par exemple dans son pome Le Ciel est pardessus le toit ne dit pas ce qu'il pense ou ce qu'il ressent, il le fait comprendre en tablissant des correspondances entre le paysage et son tat d'me, en faisant en sorte que l'harmonie musicale du texte soit significative de ses motions. Les paysages, les couleurs, la musique sont ainsi des symboles. - Le pote est un voyant (veggente) : le pote nest pas seulement un mage comme pour Victor Hugo, mais il est linterprte de mondes inconnus : il est un albatros comme dit Baudelaire (oiseau solitaire qui vole au-dessus des ttes des bourgeois) il est un voyant. Comme soutient Rimbaud, le pote est le voyant qui sait interpreter la foret des symboles , que Baudelaire voit dans la nature (CPR. Baudelaire, Correspondances), cest--dire cest celui qui voit ce que les autres ne peuvent pas voir. - Le pote est incompris, mais visionnaire : le pote nest pas un paria de la socit (De Vigny), ni un mage, mais cest un voyant et un albatros, seul et incompris, mais suprieur aux bourgeois (il faut pater les bourgeois Baudelaire), parce quil est dou dune intelligence intuitive, qui lui permet de dcouvrir les correspondances entre les parfums, les couleurs et les sons , donc il comprend ce quil y a derrire les apparences. Donc les symbolistes, au contraire du Romantisme, sopposent la socit et ils vivent dans leur monde dhallucinations pour combattre la douleur et lennui... - Le pote est un maudit: les symbolistes sont appels aussi potes maudits, parce quils vivent leurs vies en utilisant des alcooliques, des drogues, pour combattre lennui. Ils vivent des vies bohmiennes sans travail. Ils vivent pour crire. - La posie est musique : La posie parnassienne se tournait vers les arts plastiques, parce que les parnassiens voulaient dcrire des choses tangibles et d'une faon prcise. La posie symboliste, au contraire, se tourne vers la musique, parce que les symbolistes recherchent le vague et l'indfini. La musicalit est la base de la posie symboliste. Verlaine est le pote de la musique. Il soppose la rime et il crit : De la musique avant toutes choses et pour cela je prfre limpair Art potique (1874). Les mots et les vers doivent suggrer non seulement travers leur sens premier, mais aussi travers la musicalit qui leur est propre. Les symbolistes (Mallarm-Pascoli-DAnnunzio) utilisent lonomatope et la rptition de mots (Verlaine : O triste triste tait mon me / cause, cause dune femme).- e vers libre : Les Symbolistes adoptent une versification libre, en opposition aux Parnassiens, ils cherchent rendre la phrase plus fluide, avec labolition de la rime et lusage de lassonance et de lallitration (CPR. Verlaine) - La posie est synesthsie : La posie Correspondance de Baudelaire dit Les parfums, les couleurs et les sons se rpondent cest--dire que la posie est la fusion

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    de sensations visuelles, auditives et olfactives (Pascoli : odore di fragole rosse). Ainsi, selon la thorie de Rimbaud dans son sonnet Voyelles, chaque son vocalique est associ une couleur et aux images qui l'voquent. des sensations auditives correspondent des sensations colores et le pouvoir de suggestion sensorielle des mots s'largit considrablement. Tissant des liens profonds entre les diffrents mondes et les diffrentes sensations, la posie symboliste unit aussi les diffrents arts, intgrant l'influence de Wagner et de Debussy et de la peinture impressionniste. -Lart pour lart: la posie ne doit pas enseigner (CPR. Le Parnasse), mais suggrer linvisible, labsolu. Lart sert au beau, pas lutile. Le Beau nest pas seulement dans le Bien, mais aussi dans le Mal (Le titre Fleurs du Mal).

    COMPARAISON : Symbolisme en France et en Italie 1) Baudelaire, la bohme parisienne et la scapigliatura italienne Paris, vers la moiti du XIXe sicle, on appelait bohmiens les artistes qui mprisaient la socit de leur temps fonde sur le matrialisme et la productivit. Pour afficher leur hostilit, ils menaient des vies irrgulires et dsordonnes, en marge de la vie sociale, comme des gitans ou des Bohmiens. Scapigliatura est un mot introduit par Cleto Arrighi, qui l'utilise dans le titre de son roman La scapigliatura e il 6 febbraio (1862) pour rendre en italien le mot franais bohme. Les scapigliati sont proches du maledettismo franais et refusent la socit bourgeoise en se refugiant dans le reve et dans tout ce qui est hors norme. 2) Le symbolisme en ltalie.. La voie du Symbolisme, ouverte par Baudelaire, s'est affirme avec Verlaine, Rimbaud et Mallarm, des potes trs connus en ltalie. Les crivains les plus sensibles cette nouvelle tendance sont surtout Gabriele D'Annunzio (1863-1938), Giovanni Pascoli (1855-1912). Comme les symbolistes, les crivains italiens donnent beaucoup d'importance : 1) la musicalit, la composante sonore de leurs textes (il suffit de lire par exemple un pome comme L'assiuolo de Pascoli ou La sera fiesolana de D'Annunzio pour y reprer de nombreux vers contenant de prcieuses recherches phoniques 2) le symbole, qui devient un renvoi mystrieux et obscur une ralit cache derrire la ralit visible;.. 3) la synesthsie, qui joue sur la fusion de diffrentes sphres sensorielles, et qui revient par exemple dans les premires strophes de La sera fiesolana de D'Annunzio ou de La digitale Purpurea de Pascoli.

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    CHARLES BAUDELAIRE Ecritures 2 p. 176-184-187 Charles Pierre Baudelaire est un pote franais, l'un des potes les plus clbres du XIXe sicle : il a rompu avec l'esthtique classique et il a cre la posie franaise moderne et il a invent la prose potique. Baudelaire est pote un maudit: il vit sa vies en utilisant des alcooliques, des drogues, pour combattre lennui. Il vit une vie bohmienne pour crire. Cest avec Baudelaire qui nait la posie moderne, engrangement intrieur la recherche dune rsolution aux conflits intrieurs et un moyen de connaissance du monde. Marqu par ses exprience (la jalousie pour la mre, la solitude, la maladie), Baudelaire fait de sa vie une rvolte, qui nait du conflit entre le cur et la raison, le rve de puret et le tourment du pche, lamour pur et la sensualit. Ce conflit explique la profondeur de son

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    l'autre vers Satan. L'invocation Dieu, ou spiritualit, est un dsir de monter en grade; celle de Satan, ou animalit, est une joie de descendre>>. -Le corps est la prison de l'me: Selon Baudelaire le corps est la prison de l'me, parce que le corps est fini et au contraire l'me est infinie (ide qui drive de Platon). L'homme vit la prison du corps qui empche l'me d'imaginer et de percevoir l'infini (M. Badiali, Baudelaire : entre Paradis et enfer, Universit de Lyon, en Baudelaire me et esprit, d. Folio p. 93). - -Pote maudit : Se sentant diffrent, le pote mne une vie non-conformiste, en dandy, en bohmien. Ls problmes politiques et sociaux ne l'intressent gure, mais le gout du choc, de la provocation (CPR. en opposition au Naturalisme). Cette attitude extrieure est une forme de rvolte contre la socit bourgeoise qu'il dteste, un d'affirmation de sa supriorit spirituelle. Peu peu la cration potique devient une ncessit intrieure, un moyen pour voir clair son conflit intrieur. -Spleen et Idal : Baudelaire a fait entrer dans la langue franaise un mot anglais, spleen qui appartient au vocabulaire mdical et signifie humeur noire (en anglais signifie milza); par extension le mot dsigne l'tat d'me qui drive de cette (humeur noire): ennui, angoisse de l'existence, dgout de tout, dcouragement qui provoque des crises accompagnes d'hallucinations, mlancolie exacerbe qu'accentue l'angoisse du Temps. Le pote vit sa vie entre le spleen qui drive du corps et lidal qui drive de lme. Le spleen est le tdium vitae, lhumeur noire dangoisse et dennui et lidal est la recherche de Dieu et de la Beaut. Il se sent un faux accord dans la divine symphonie . Dans la posie Spleen le pote est opprim par le spleen et la terre devient une prison suffocante sans esprance. Dans le cur de l'homme se livre donc la bataille de la chair avec l'esprit, de l'enfer avec le ciel, de Satan avec Dieu. Les pomes des deux grands recueils de Baudelaire, les Fleurs du Mal et le Spleen de Paris, racontent cet itinraire, douloureux mais exaltant lorsque la cl se trouve tre la dcouverte de la Beaut. Comment chapper au spleen?..................................................................................... 1) Par le voyage? Mais le seul voyage n'est-il pas celui de la mort? Le pote rve d'chapper son univers oppressant en partant loin. Or l'homme porte en soi son spleen, le Voyage n'est pas une libration, mais une vasion passagre. C'est ce que conclut Baudelaire dans le dernier pome des Fleurs du Mal intitul prcisment Le Voyage (CPR. Voyage). La mort y apparat comme le but de l'itinraire humain, la seule libration dfinitive, l'unique possibilit de retrouver l'idal. .. 2) Par les paradis artificiels ou l'amour charnel? Baudelaire s'est adonn l'ivresse, la drogue, dont il apprcie les pouvoirs hallucinatoires, mais qui sont trompeurs, car l'idal n'est pas l. L'amour pourrait-il tre rdempteur? Trois femmes et trois formes d'amour s'offrent au pote: l'amour charnel reprsent par Jeanne Duval, la multresse, l'amour spirituel incarn par Mme Sabatier et l'amour fraternel dont le gratifie Marie Daubrun, La femme aux yeux verts . Le pote oscille sans jamais atteindre l'idal. 3) Par la beaut? Pour dpasser sa profonde angoisse existentielle, pour trouver l'apaisement, le rve, li la mmoire d'un autrefois mythique, semble la seule solution. Alors l'idal platonicien d'un ordre parfait o rgne la Beaut peut s'accomplir. Cette beaut n'est pas lie du reste la morale: comme l'indique le titre mme du recueil des Fleurs du Mal. - Lart est beau, pas utile : la posie ne doit pas enseigner. Lart sert au beau, pas lutile.

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    - Lamour : la victime et le bourreau : Dans les Fleurs du mal il y a la reprsentation de lamour charnel et spirituel. Selon Baudelaire dans un rapport damour il y a une victime qui es suivie et un bourreau qui suit.. - Le Beau est dans le bien et dans le mal : il veut librer l'esthtique de toute considration morale ou thique. Le Beau nest pas seulement dans le Bien, mais aussi dans le Mal (Le titre Fleurs du Mal CPR. Wilde Portrait de Dorian Gray). - La posie est une recherche dabsolu : la posie doit suggrer linvisible. - Le pote est un phare de vrit : le pote nest pas seulement un mage comme pour Victor Hugo, mais il est linterprte de mondes inconnus : il est un albatros comme dit Baudelaire (oiseau solitaire qui vole au-dessus des ttes des bourgeois) il est un voyant ou phare de vrit, cest--dire il voit ce que les autres ne peuvent pas voir - Le monde est un symbole : BAUDELAIRE FONDE LE SYMBOLISME dans la posie Correspondances, o le pote dit que la nature est un temple des symboles qui seulement lui sait comprendre. Donc le monde visible a aussi un aspect invisible. - La posie est synesthsie : La posie Correspondance de Baudelaire dit Les parfums, les couleurs et les sons se rpondent cest--dire que la posie est la fusion de sensations visuelles, auditives et olfactives (Pascoli : odore di fragole rosse). - Les arts sont interdpendants : la posie est lie la peinture et la musique. BAUDELAIRE/PASCOLI Si lusage des symboles chez Baudelaire est conscient et intellectuel, le Symbolisme de Pascoli est inconscient . UVRE LES FLEURS DU MAL (1857) . La premire dition est du 1857, la mme anne que Madame Bovary de Flaubert, et suscite un scandale et Baudelaire a un procs, parce que le livre de posies est considr immoral pour son contenu (exaltation de la douleur, de la mort, de la drogue et du sexe) et contient 100 posies. Mais six pomes sont retranchs, condamns pour immoralit, prcisment ceux appartenant la section qui donne son nom l'ensemble du recueil. C'est pourquoi, aprs avoir chou contre Flaubert, le ministre public songe prendre une revanche toute trouve contre Baudelaire, pote maudit. Le substitut qui avait requis contre Mme Bovary, va requrir prsent contre les "Fleurs du mal". Le Tribunal jugera ainsi : " condamnation : Dlit d'outrage la morale et aux bonnes murs, Baudelaire paiera une amende de 300 F et on ordonne la suppression de quelques pices du recueil". Baudelaire a t condamn par la socit la plus moralisatrice, et la critique la plus conservatrice a eu gain de cause ! (M. Badiali, Baudelaire : entre Paradis et enfer, Universit de Lyon, en Baudelaire me et esprit, d. Folio p. 88). Victor Hugo a t un grand dfenseur de Baudelaire. Dans la deuxime dition de 1861, on compte cent vingt-six pomes. Une 3ime dition parlt en Belgique avec les textes censurs. Enfin en 1868, aprs la mort du pote, ses amis proposent une 4ime dition, riche de pomes nouveaux. La deuxime dition est de 1868 et compte 152 posies. Baudelaire considre Les Fleurs du mal le livre de sa vie et il crit : Dans ce livre atroce, jai mis toute ma pense, tout mon cur, toute ma religion, toute ma haine . Les Fleurs du Mal sont diviss en six parties :

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    1. Spleen et ldal. C'est la partie la plus riche, dans laquelle Baudelaire dcouvre la dualit de la condition humaine. L'homme aspire l'Absolu, mais est incapable de le raliser ici-bas, do le sens d"'Ennui, le dgout de lui-mme, le spleen. 2. Tableaux parisiens. La ville, reprsente comme un lieu horrible et fascinant la fois, est la premire tape du voyage de la rvolte contre Dieu, pote qui regarde tout autour de lui pour voir comment vivent les autres hommes. Dans la ville il voit, au milieu d'un dcor sinistre, des prostitues, des mendiants, des infirmes, des exils : certains acceptent leur destin, d'autres luttent pour y chapper. Et dans la ville, il voit plusieurs possibilits d'vasion travers le choix dlibr du mal. 3. Le Vin. L'alcool est une premire tentative, phmre, d'vasion vers l' ailleurs . 4. Les Fleurs du mal. A travers l'exprience sexuelle, les amours interdites et les paradis artificiels, lhomme cherche connaitre sa nature. 5. La Rvolte Il ne reste que la rvolte contre Dieu, qui a voulu l'homme dans cette condition, et l'invocation Satan. .. 6. La Mort. La rvolte est inutile. Dieu est sourd ou ne peut rien faire. (CPR. De Vigny Le mont des Oliviers). La mort est alors le dernier espoir de l'homme : C'est la Mort qui console, hlas ! Et qui fait vivre. Seule la mort peut apporter au pote la libration souhaite. la fin du recueil, le conflit entre spleen et idal, salut et damnation, ne trouve pas de solution. Reste, puissant et dsespr, l'espoir du pote d'un voyage qui le conduise hors de l'Univers dans un espace inconnu, affranchi dfinitivement du Temps. (CPR. Le Voyage) Baudelaire romantique ? Au moment mme o il dpasse le romantisme franais, Baudelaire apparat donc comme le premier, grand, romantique. Presque tous les thmes du premier romantisme sont accepts mais amplifis, ports aux extrmes consquences : l'amour devient amour spirituel, rdempteur, mais aussi rotisme, pch, sensualit pure; le thme religieux devient mysticisme; le vague l'me devient spleen, vide moral, angoisse mtaphysique; le thme de l'vasion devient voyage vers les paradis artificiels, vers l'inconnu, mais aussi vers la Beaut idale; la mort n'est plus lan vers le haut, mais anantissement physique de l'homme. Quant au rle du pote, l aussi on reconnat des affinits. Dj le pote romantique se considrait comme un tre suprieur, incompris des hommes. Mais il s'agissait l d'une attitude aristocratique envers la mdiocrit du monde. Maintenant, le pote fait de cette attitude une exprience de vie. Maudit, il fait de sa diffrence et de son dandysme une sorte d'hrosme. La mission du pote est de dcouvrir le sens profond des choses, de pntrer les apparences pour rvler l'invisible. Le pote ne

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    dcrit pas, il accomplit une c:euvre de magie incantatoire, il suggre. Quant la nature, elle n'est ni bonne ni belle (CPR. Nature mre de Lamartine/Nature martre de Vigny) et elle ne satisfait pas la soif d'infini. Il faut aller au-del des apparences, percevoir des analogies, des correspondances entre les mondes sensible et suprieur. En accord avec le principe de la synesthsie (transfert rciproque de facults sensibles: les parfums voquent des sons et des couleurs et vice-versa), grce son imagination et un langage purifi, le pote peut faire merger l'invisible et faire dcouvrir l'unit de l'univers. Baudelaire parnassien ? . C'est du Parnasse que lui vient le culte de la Beaut pure et lexigence d'un travail formel rigoureux. Les Parnassiens ont voulu redonner au mot son relief plastique. Baudelaire accepte cette conception et l'approfondit : pour lui, la posie a une valeur symbolique. La musicalit devient la voix secrte des choses. Le langage potique est une sorte de liquide dou dun pouvoir magique. Baudelaire utilise surtout des formes traditionnelles, lies au Parnasse, aux rgles rigides, comme le sonnet. CORRESPONDANCES Ecritures 2 p. 184 Analyse du texte

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    SPLEEN Ecritures 2 p. 177 Analyse du texte

    LALBATROS

    Souvent, pour s'amuser, les hommes d'quipage prennent des albatros, vastes oiseaux des mers, qui suivent, indolents compagnons de voyage, le navire glissant sur les gouffres amers. A peine les ont-ils dposs sur les planches, que ces rois de l'azur, maladroits et honteux, laissent piteusement leurs grandes ailes blanches comme des avirons traner ct d'eux. Ce voyageur ail, comme il est gauche et veule! Lui, nagure si beau, qu'il est comique et laid! L'un agace son bec avec un brle-gueule, L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait! Le Pote est semblable au prince des nues Qui hante la tempte et se rit de l'archer; exil sur le sol au milieu des hues, ses ailes de gant l'empchent de marcher.

    Spesso, per dilettarsi, gli uomini della ciurma catturano gli albatros, grandi uccelli marini che seguono, indolenti compagni di viaggio, la nave che scivola sugli amari flutti. Appena deposti sulle assi della tolda questi re dell'azzurro, maldestri e vergognosi lasciano pietosamente le grandi ali bianche trascinarsi come remi accanto a s. Quant' goffo e fiacco questo viaggiatore alato! Lui, prima cos bello, quant' comico e brutto! Uno tormenta il suo becco con un mozzicone acceso, l'altro mima, zoppicando, l'infermo che volava. Il Poeta assomiglia al principe delle nubi che sfida la tempesta e sbeffeggia l'arciere; esiliato al suolo in mezzo al baccano le sue ali di gigante gli impediscono il cammino.

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    Lalbatros Analyse du texte Le Voyage Ecritures 2 p. 178

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    ELEVATION Ecritures 2 p. 182 Analyse du texte

    PARADIS ARTICIELS (1860).. Les Paradis artificiels est un essai de Charles Baudelaire paru en 1860, o le pote traite de la relation entre les drogues et la cration potique. Baudelaire met cependant en question l'intimit du lien qui pourrait exister entre les drogues et le pote, le pote vritable n'ayant pas besoin de drogues pour trouver l'inspiration. L'ouvrage de Baudelaire est structur en deux parties. La premire partie, intitule Le pome du haschisch, est un essai sur le haschich. Le pote y mle des observations sur la prise de la drogue par ses amis ainsi que par lui mme avec des passages vocation pharmacologique, psychologique ou mtaphysique. La seconde partie est un commentaire du livre Confessions d'un mangeur d'opium anglais de Thomas de Quincey paru en 1821. Pour l'criture de cette partie, Baudelaire oscille entre passages traduits, commentaires littraires, philosophiques et biographiques. L'expression ayant fait flors, les mots paradis artificiels dsignent aujourd'hui toute drogue (en particulier les hallucinognes comme la mescaline ou le LSD)

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    consomme dans le but de stimuler la crativit potique et l'invention d'images indites. Cette exprience des drogues (qui peut aller jusqu' la dpendance ou l'intoxication, comme pour Thomas de Quincey) et, d'une manire plus gnrale, une vie comportant des prises de risques importantes pour la stabilit mentale, s'intgre la conception dcadente des potes maudits . . PETITS POEMES EN PROSE (1869) Le Spleen de Paris est un recueil de 50 pomes en prose, crits depuis 1855, et publis aprs la mort du pote sous le titre Petits Pomes en prose. sa mort, la moiti seulement avait t compose. L'unit thmatique du recueil est vidente : il s'agit essentiellernent de tableaux de la vie parisienne, qui prolongent les Tableaux parisiens. L'expression de pome en prose est en elle-mme paradoxale, parce que ce qui est vers est originellement dfini comme ce qui n'est pas prose, et viceversa. S'opposant la versification classique, le pome en prose en refuse les lois de mtrique et de la prosodie. La posie du langage est alors assure par d'autres systmes de rythmes et de rptitions: petits paragraphes, versets, l'intrieur desquels, s'installent des systmes de rptitions lexicales et syntaxiques. Les images permettent de provoquer smantiquement les phnomnes d'cho qui ne sont plus assurs par les sonorits. La ville est le cadre o l'homme oscille entre le haut et le bas, entre Dieu et Diable, entre l'espoir et l'angoisse, d'o le premier titre Spleen de Paris. Baudelaire s'est attach peindre Paris dans tous ses aspects ngatifs, avec tous ses habitants mendiants et exils, qui peuplent ses ruelles sinistres qu'il considre comme ses frres. La grande mtropole prcisment le lieu o se joue le drame de l'homme moderne qui veut la fuir, rve d'ailleurs et en reste prisonnier.

    ENIVREZ-VOUS Il faut tre toujours ivre. Tout est l: c'est l'unique question. Pour ne pas sentir l'horrible fardeau du Temps qui brise vos paules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trve. Mais de quoi? De vin, de posie ou de vertu votre guise. Mais enivrez-vous. Et si quelquefois, sur les marches d'un palais, sur l'herbe verte d'un foss, dans la solitude morne de votre chambre, vous vous rveillez, l'ivresse dj diminue ou disparue, demandez au vent, la vague, l'toile, l'oiseau, l'horloge, tout ce qui fuit, tout ce qui gmit, tout ce qui roule, tout ce qui chante, tout ce qui parle, demandez quelle heure il est; et le vent, la vague, l'toile, l'oiseau, l'horloge, vous rpondront: "Il est l'heure de s'enivrer! Pour n'tre pas les esclaves martyriss du Temps, enivrez-vous; enivrez-vous sans cesse! De vin, de posie ou de vertu, votre guise." Analyse du texte : . Le texte de Baudelaire dsigne clairement un ennemi contre lequel il nous invite la lutte : 1) Aspiration de l'Homme fuir sa condition mortelle soumise au Temps qui passe : il s'agit du Temps (CPR. Lamartine), sorte de tyran qui terrorise toute la cration. En effet, Baudelaire semble tre obnubil par le passage du temps puisqu'il emploi ce mot deux reprises avec une majuscule. Il le considre comme un fardeau et pense tre un esclave martyris du temps. Tout le champ lexical du passage du temps est prsent : horloge, heure, fuit, roule apparaissent et confirment cette menace constante du temps passant. 2) L'Ivresse considre comme un remde ce mal mtaphysique 3) L'enthousiasme lyrique marqu par le rythme qui dtruit la limite entre posie et prose, qui une prose potique. MA PAGE SUR FACEBOOK https://www.facebook.com/pages/charles-BAUDELAIRE/101351126580793?fref=ts ESSAIS http://www.massimilianobadiali.it/baudelaire2.htm http://www.massimilianobadiali.it/baudelaire.htm

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    LA COMMUNE DE PARIS et LA 3ime RPUBLIQUE Ecritures 2 p. 127-128 Aprs la chute de Napolon III, il y a une autre Rvolution (la troisime aprs 1789 et 1848): l'insurrection communarde de Paris, appele la Commune de Paris ((18 mars - 28 mai 1871), o le peuple soppose aux fauteurs de lEmpire et suivant les ides socialistes et radicales fait imposer la rpublique, appele la Troisime Rpublique.

    La Troisime Rpublique est le rgime politique de la France de 1871 1945. La Troisime Rpublique prit fin de facto le 10 juillet 1871 jusqu la fin de la Seconde Guerre Mondiale (1945).

    PAUL VERLAINE Ecritures 2 p. 188-196-197 Marie-Paul Verlaine est le pote franais de la musicalit : cest lui qui a lanc la notion de potes maudits et quil a invent le terme Dcadentisme . BIOGRAPHIE Paul Verlaine nant Metz en 1844, mais il passe sa jeunesse Paris o il fait des tudes classiques. Bien vite son gout pour les lettres s'affirme. Verlaine lit les potes contemporains (Baudelaire, Gautier, Banville), frquente les milieux parnassiens. Il entre dans l'administration de la Mairie du IX arrondissement, mais la posie est en lui. En 1866, il publie compte d'auteur son premier recueil, Pomes saturniens, encore marqu par le Parnasse. Aprs la mort de son pre, puis de sa cousine qu'il affectionnait, Verlaine se rfugie dans l'alcool. Il continue d'crire; en 1869 paraissent les Ftes galantes, petit recueil o l'esthtique verlainienne, faite de raffinement et d'vanescence, s'affirme pour la premire fois. Par deux fois, ivre, il tente de tuer sa mre. En 1870, il pouse Mathilde Maut, et connait une priode d'apaisement, qui transparait dans La Bonne Chanson. Mais le sige de Paris et la Commune, puis la rencontre avec Rimbaud, brisent ce bonheur fragile. Verlaine et Rimbaud voyagent pendant deux ans en Angleterre et en Belgique. Verlaine crit les Ariettes oublies et les Romances sans paroles (1874). Mais les deux amants se brouillent et Verlaine tente d'assassiner Rimbaud le 10 juillet 1873. Verlaine se retrouve en prison o il entreprend une conversion spirituelle et morale. Le recueil Sagesse en 1880 tmoigne de sa nouvelle orientation. Mais Verlaine ne parvient pas s'en sortir. Le recueil Jadis et Nagure (1884), qui regroupe des pices disparates, parlt compte d'auteur. Verlaine est quasiment oubli dans le milieu littraire. Il rechute, brutalise de nouveau sa mre. la mort de celle-ci, il se retrouve seul, et commence le cycle des sjours en hpital. Ses amours sont brves, instables. C'est alors que ses pairs le reconnaissent et le sacrent prince des potes . Verlaine est invit faire des confrences l'tranger. Il publie paralllement Bonheur(1891), Mes H6pitaux, Mes Prisons, Mes Confessions.

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    En 1894, il est sacr prince des potes " Ses sjours dans les hpitaux sont de plus en plus frquents. Toujours divis entre la sensualit et le mysticisme, Verlaine partage la vie de prostitues, donne des confrences en Belgique et en Angleterre. La sant ruine par l'alcool, il meurt pendant l'hiver 1896 dans la misre. Un long cortge d'admirateurs suit le convoi funbre.

    THEMES FONDAMENTAUX - Verlaine fonde le terme Dcadentisme dans la posie de Langueur qui dit : Je suis l'Empire la fin de la dcadence, / Qui regarde passer les grands Barbares blancs/En composant des acrostiches indolents/D'un style d'or o la langueur du soleil danse ( Sono l'Impero alla fine della decadenza, che guarda passare i grandi Barbari bianchi componendo acrostici indolenti dove danza il languore del sole in uno stile d'oro. ). - Le pote est un maudit: il vit sa vie en utilisant des alcooliques, des drogues, pour combattre la mlancolie. Il vit sa vie bohmienne avec Rimbaud. Ils vivent ensemble pour crire. - La vie comme langueur et mlancolie : oscillation psychotique entre le pch et le remords: Verlaine a la tendance intime de se rendre victime de chaque situation. Son cur corrompu cherche la candeur perdue dans la femme, en Rimbaud et dans la conversion religieuse. Il y a une oscillation entre le pch de la chair et le remords. Chez Verlaine, en comparaison avec Baudelaire, il y a quelque chose de languissant et malade : Mathilde, Rimbaud et le Catholicisme sont des masques inconscients qui mettent en vidence la nature alcoolique psychotique du pote. Son je sexorcise dans la musique pour dissoudre les psychoses dans les rythmes (M. Badiali. Verlaine ou lexorcisme musical, Universit de Lyon, art. en Verlaine pote de la musique, 1996). - La posie est nature : Le paysage pour Verlaine est la base de la posie : Verlaine comme Pascoli est le pote de la nature. Objets de posies devient la campagne, le ciel, les fleurs, mais comme pour Pascoli ils sont chargs dune valeur plus intime. - La posie est musique : la musicalit est la base de la posie de Verlaine, qui est le pote de la musique. Verlaine est considr le Mozart de la posie. Il soppose la rime et il condamne lloquence. Il prfre un vers motif : De la musique avant toutes choses et pour cela je prfre limpair (Art potique). Il y a une musicalit simple, loine de lloquence et de la rhtorique. "Prends lloquence et tords-lui son cou" (Art Potique). La posie devient un exorcisme musical travers lonomatope et la rptition de mots (O triste triste tait mon me / cause, cause dune femme) La parole perd la valeur de concept : elle devient musique.. Influence de Rimbaud : Rimbaud donne Verlaine une incitation rejeter les traditions de la forme pour oser des transgressions, pour oser rechercher une langue potique nouvelle. Verlaine pousse alors beaucoup plus loin sa rflexion dj commence sur la musique de la langue : le titre du recueil dit bien ce qu'il affirme dans son Art potique,- qui date de 1874 mais qui paraitra seulement en 1882 ->. La logique du pome ne doit pas se fonder sur le sens des mots, mais sur une mlodie, sur le chant qui se cre. La langue s'allge et se dpouille. - La posie est pure et innovation mtrique : La posie est pure. Chez Verlaine la posie est pure, pas intellectuelle. Ennemi de la rgularit et de la symtrie, Verlaine ne se soucie pas beaucoup de la construction de la phrase. Il refuse la prcision lexicale et fait recours des mots vagues et irnprecis. La rime est fminine, les sonorits sont bien choisies pour donner l'impression de langueur, le vers est impair, les coupes inhabituelles. Plutt que les couleurs nettes, il recherche le flou, les couleurs nuances, les contours flous. Dans les

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    posies de Verlaine les articulations grammaticales sont rduites au minimum, les rythmes sont impairs. Il y a une dcomposition de lintrieur, recompos dans lextrieur dun paysage dune sensation. Pour le rythme lalexandrin est trait dans une manire originelle: il devient purement musical. En ces vers il ny a plus une component logique, mais limmensit de lesprit. Il utilise les enjambements, les assonances, les rptitions et reprises de strophes. Lalexandrin traditionnel a 4 accents, Verlaine utilise vers de 3 syllabes comme dans Chansons dautomne ou 5 syllabes comme dans Il pleure dans mon cur.

    UVRE

    POEMES SATURNIENS (1866) Les Pomes Saturniens doivent un peu au Romantisme et beaucoup au Parnasse. Dans certains pomes restent visibles les influences de Hugo, de Gautier, de Leconte de Lisle et du Parnasse, influences qui laissent supposer des crations plus anciennes, mais, mme dans ces cas-l, il est trs difficile de faire la part entre influence directe et volont de Verlaine de parodier les potes qui l'ont prcd. Ce qui est certain, c'est que Verlaine a dj pens son art de faon magistrale, comme le montre le long article qu'il consacre la potique de Baudelaire dans les numros de novembre dcembre 1865 de la revue LArt. ll y affirme sa rupture avec les conceptions lamartiniennes et autres ; il ne veut pas de lyrisme sentimental : la posie n'a d'autre but qu'elle-mme ; il

    CHANSON DAUTOMNE Ecritures 2 p. 189 Analyse du texte

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    faut rechercher l'amour exclusif du Beau et l'impeccabilit de l'expression. Verlaine est particulirement dur envers le mythe romantique de l'inspiration, comme il le rpte dans le pome qui sert d'pilogue aux Pomes satumiens. Non seulement il dclare de rompre avec le pass, mais il ralise ce qu'il dclare. Et ce qu'il apporte de neuf, se situe surtout dans le domaine de l'criture: il ne s'agit plus de choisir les mots pour leur sens et d'en faire un discours ; il s'agit de les choisir d'abord pour leur puissance musicale et mtaphorique : la mlodie du vers se mle aux sensations pour crer un impressionnisme de sons et d'images. L'adjectif Saturnien , comme l'explique Verlaine, inscrit le pote dans la ligne des potes maudits. Verlaine se dplace sous l'influence ngative de Saturne qui apporte aux hommes le malheur. A travers son chant et son rythme, il exprime ses inquitudes vagues, ses remords, sa tristesse. On reconnat l l'influence de Baudelaire, dans lequel Verlaine voit le pote qui exprime puissamment l'homme moderne et sa sensibilit ainsi que le caractre conscient et volontaire d'une uvre o chaque mot est le rsultat d'une longue mditation

    FETES GALANTES (1869) crits partir de 1867, les pomes des Ftes galantes constituent le premier chef-d'ceuvre de Verlaine. Il y voque des paysages champtres avec bosquets, bassins de marbre, jets d'eau la manire de Watteau, peintre du XVIII sicle. Au milieu de ces paysages, voluent des personnages de la comdie de l'art, des Arlequins, des Pierrots, des dames galantes, des personnages trompeurs et charmants, qui chantent et qui rient. Pour eux, la vie et l'amour ne sont qu'un jeu. Mais leur gaiet n'est qu'une apparence derrire laquelle se cache une vague inquitude et une profonde tristesse. Verlaine voque ces atmosphres prcieuses avec une grande grce mais aussi avec une subtile ironie. Dans ces paysages, plus suggestifs que descriptifs, le pote retrouve le paysage de son me : la musique, la tristesse, la nostalgie d'une gaiet perdue et d'une tendresse protectrice. LA BONNE CHANSON (1872) Achev ds 1870, le recueil de La Bonne Chanson ne paratra qu'en 1872 cause de la guerre. Dans ces pomes, qui constituent le journal de ses fianailles, Verlaine renonce la suggestion au profit d'un discours clair et d'une posie spontane aux sentiments trs

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    simples. La Bonne Chanson a un caractre trs personnel. Le pote y raconte, d'une faon sincre et mouvante, sa rencontre avec Mathilde Maut, ses joies, son enthousiasme, son amour. L'espoir et les images de l'amour et de la lumire prennent la place de l'inquitude et des images crpusculaires et nocturnes. Cette nouvelle conception de la posie correspond un nouvel tat d'me du pote qui espre trouver le bonheur avec Mathilde et entrer dans une vie range. ROMANCES SANS PAROLES (1872) Le recueil intitul Romances sans paroles est plus significatif dans la production verlainienne. Ce sont 28 pomes ddis Arthur Rimbaud. Cet poux fatal constitue en effet l'lment autobiographique de plusieurs de ces pomes. Dans ce recueil, divis en six sections, qui contient quelques-uns des pomes les plus clbres (Il pleure dans mon cur), le pote exploite les ressources musicales des mots et des phrases. Le titre mme sans paroles, souligne la primaut du son des mots sur leur signification. Les thmes dominants sont: la femme, relle ou immatrielle; le paysage, toujours suggr et non dcrit, comme une peinture impressionniste; la tristesse, espce de langueur injustifie, sans raison apparente. Verlaine abandonne l'esthtique parnassienne et s'intresse la peinture impressionniste qu'il traduit en posie, crant ainsi une esthtique nouvelle qui conduira au symbolisme. Dans lexchange potique et amoureux Verlaine enseigne Rimbaud la mtrique la plus juste, les rgles potiques et Rimbaud renouvle la pense de Verlaine : Rimbaud veut lui faire comprendre que la posie est autre chose qu'une uvre d'art, qu'un parcours esthtique : elle est action, investissement de tout l'tre, et exige un don total de soi. Rimbaud lui communique aussi le gout du risque et de la libert totale, le courage d'tre lui-mme. Au moment o il crit Romances sans paroles, Verlaine est donc fascin par Rimbaud. Mais mme pendant cette priode de grande dpendance envers l'ange en exil , le Satan adolescent , l'influence de Rimbaud rie fait pas perdre la posie de Verlaine son originalit propre, qui consiste dans la cration d'une rverie vague dans une atmosphre mlancolique. Pour Verlaine, tre lui-mme, c'est avant tout trouver et exprimer son me. Mais, puisque l'une est quelque chose d'ineffable, tout alors devient nuance, allusion, atmosphre. Le pote ne dit jamais ses motions : il les suggre travers la musique et les correspondances entre les couleurs et les sons (CPR. Baudelaire). Les paysages sont de pures impressions, des paysages d'me. Publi en 1874, alors que Verlaine est en prison, le recueil n'a aucun cho. Il reprsente cependant une nouveaut capitale dans l'histoire de la posie franaise.

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    Il pleure dans mon cur Il pleure dans mon cur Comme il pleut sur la ville; Quelle est cette langueur Qui pntre mon cur? bruit doux de la pluie Par terre et sur les toits! Pour un cur qui s'ennuie, le chant de la pluie! Il pleure sans raison Dans ce cur qui s'cure. Quoi ! nulle trahison?... Ce deuil est sans raison. C'est bien la pire peine De ne savoir pourquoi Sans amour et sans haine Mon cur a tant de peine!

    se rpondent d'une strophe sur l'autre. Strophes I et III, interrogations et strophes II et IV exclamations. Aux questions, la pense du pote se heurte un double vide que rien ne peut combler. La seconde formule interrogative est elliptique : " nulle trahison " ?....Et le point d'interrogation suivi de points de suspension laisse le lecteur dans l'expectative. Il est probable que le pote se demande s'il est sr de ne pas avoir t tromp 5) Le jeu des rimes Pour les rimes, le pome repose sur quatre notes (eur, uie, son, eine) et la reprise systmatique de la mme rime aux premiers et derniers vers de chaque strophe. S'y ajoutent de nombreuses rimes , au premier vers " pleure " et " cur", au vers 5 " bruit " et " pluie ", aux vers 9 et 10 " pleure " et "cur". 6) Le rythme Le pome donne la sensation de monotonie et de rptition de la pluie. Les mmes mots et les mmes sons rgulirement repris reproduisent la pluie, doucement rptitive. 7) Le vocabulaire Ds le premier vers apparat un nologisme " il pleure " qui reproduit le clich d'une pluie de larmes. C'est sur les ressemblance phoniques avec " il pleut " que ce " pleure " tire sa force. Le sens et le son se renforce, c'est de la pure posie. " il pleure dans mon cur" est une mtaphore du chagrin 8) Fusion des verbes pleurer et pleuvoir Tout le charme du pome consiste nous faire confondre la pluie et les pleurs et nous situer, insensiblement dans une autre ralit. Nous entrevoyons l'action de la pluie une langueur qui imprgne le cur comme la pluie imprgne les vtements. 9) Une musique de l'me L'identification des sensations pleurer et pleuvoir est accentue par l'effet sonore produit par la pluie. "Oh chant de la pluie ", l'exclamatif " " valorise le chant de la pluie qui peut-on penser berce l'ennui du cur dans lequel " il pleure ". Mais le thme de la pluie serait li mtaphoriquement non seulement aux larmes mais la douceur lyrique du texte. Il y a, dans la progression du texte, un effacement progressif du prtexte la mlancolie (la pluie) au profit de la mlancolie elle-mme, qu'atteste la disparition de la pluie aprs la 2me strophe. Observons aussi la passivit des formules impersonnelles , il pleut, il pleure 10) chos de tristesse et de mlancolie La note dominante du pome est le chagrin qui apparat d'emble " il pleure ", est ensuite repris " deuil " et confirm par " peine". Mais ce chagrin doit tre modul et il s'agirait plus d'une sorte de spleen sans cause. Nous retrouvons dans ce texte le sentiment permanent de Verlaine entre le chagrin et la douceur, une me vide de toute motivation, une conscience aussi incolore que l'eau de pluie. CONCLUSION C'est toujours la mme fatalit, la mlancolie qui l'emporte sur la raison. Le pome s'achve sur une dmission, un aveu d'impuissance et son pourquoi qui prcde les deux derniers vers reste sans rponse. Verlaine a su nous suggrer partir d'un lien entre la pluie et l'ennui, en soi des plus banals, un sentiment subtil d'tonnement face sa tristesse qui nous fascine.

    Analyse du texte 1) La dcoupe des vers Six syllabes combines sur deux vers reproduisent le rythme de l'alexandrin. Le pome se dcoupe en quatre strophes de quatre vers. 2) Les rptitions Dans chacune des strophes apparat, en position forte la rime ou la csure le mot cur. Pour viter la raideur, le pote fait varier le dterminant qui le prcde, "mon cur", "ce cur", "un cur" ainsi que la position du mot dans le vers. Tout se fait cho dans ce pome cisel comme les ballades ou les rondeaux du Moyen-ge qui jouaient avec virtuosit de ce phnomne. 3)Les oppositions Il y a une double interrogation suivie d'exclamations qui semblent leur apporter la rponse. La pluie apaise-t-elle ou exacerbe-t-elle l'ennui ? laisse le lecteur dans l'indcision qui fait le charme du pome. 4) Le rle de la ponctuation Il y a un passage constant de l'interrogation l'exclamation qui

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    SAGESSE (1880) En prison, le pote retrouve Dieu. Les pomes de Sage rendent compte de l'itinraire spirituel de Verlaine, de mditation sur sa vie jusqu' la conversion. L'inspiration mystique est trs sensible en particulier dans un groupe dix sonnets, inspirs du livre de mditation, L'imitation Jsus Christ, o l'me du pcheur, faible et toujours p de rechuter, dialogue avec Dieu. Verlaine vit l'emprisonnement, le remords, la conversion et mme le retour ses anciens dmons. Il prouve le besoin de se rassurer, de trouver le droit chemin et d'y demeurer. Sagesse est un recueil de 47 pomes, ddis sa mre, dont une trentaine sont d'inspiration religieuse et sont considrs comme mdiocres. La conversion du pote, qui affirme avoir connu une illumination religieuse, constitue le thme principal, mais seuls les pomes en continuit avec ceux de Romances sans paroles sont encore aujourd'hui apprcis comme par exemple Le ciel est par dessus le toit. Il appelle donc de tous ses vux cette sagesse dont il fait le titre d'un nouveau recueil. Son ambition est de chanter ses nouvelles croyances religieuses dans une grande uvre par la quelle il espre toucher un public nouveau, celui des catholiques et des conservateurs. Mais encore une fois le recueil passe inaperu. (N l'enfant des grandes villes) "Jai dit un adieu lger A tout ce qui peut changer Au plaisir, au bonheur mme Et mme tout ce que jaime Hors de vous, mon doux Seigneur".

    LE CIEL EST, PAR DESSUS LE TOIT Ecritures 2 p. 189 Analyse du texte

    JADIS ET NAGUERE (1884) Dans ce recueil, lui aussi trs disparate, Verlaine runit des pomes crits depuis une quinzaine d'annes, parmi lesquels le sonnet Langueur et Art potique. Il renouvelle la tradition potique en laborant une versification personnelle: vers le plus souvent impair, strophes varies, prfrence donne la rime fminine, rptition des mmes sonorits, emploi parfois rptitif de mots vocateurs. Par sa sensibilit et par la musicalit dlicate de ses vers, Verlaine est proche des peintres impressionnistes et d'un musicien comme Debussy, qui a mis en musique plusieurs de ses pomes. ESSAIS http://www.massimilianobadiali.it/paul_verlaine.htm http://www.massimilianobadiali.it/verlaine.htm

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    ARTHUR RIMBAUD Ecritures 2 p. 188-198-199 Arthur Rimbaud (Jean Nicolas Arthur Rimbaud), lycen brillant et pote prcoce, un vritable enfant prodige, il a toujours boulevers les schmas tablis et transgress les rgles. seize ans, quand il crit ses premiers pomes, il a dj trouv sa voie et des cibles bien prcises. L'invitation de Baudelaire, Au fond de l'Inconnu pour trouver du nouveau , marque profondment le jeune pote qui, cur par les bourgeois poussifs de Charleville et dsireux d'chapper au joug d'une mre plus inflexible que soixante-treize administrations casquettes de plomb , rve de changer la vie. La posie devient une premire chappatoire, une fuite de la ralit. Elle lui permet d'exprimer toute l'agressivit qu'il a en lui, sa haine et sa rvolte contre la niaiserie fminine, contre les hypocrisies bourgeoises, contre la guerre (Le Dormeur du val),contre le christianisme et Dieu, ternel voleur des nergies (Les Premires Communions, contente pas d'crire pour exprimer ses rvoltes. Il fugue rellement, la recherche d'un ailleurs >>, d'une autre vie, d'une nouvelle libert. Et sa propre aventure lui inspire une posie plus intime dans laquelle il traduit ses sensations et ses expriences (Ma Bohme, Roman, Le Bateau ivre). Derrire le rvolt, derrire sa violence verbale, son got du scandale, on reconnait une sensibilit aigue et une me pleine d'espoirs, de rves, d'innocence, qui s'exalte pour les communards et aspire un monde nouveau o rgneraient l'Amour et la Justice. BIOGRAPHIE La vie d'Arthur Rimbaud, pote adolescent, courte mais si extraordinaire au sens tymologique du terme, est devenue un mythe. Arthur Rimbaud nat en 1864 dans une petite ville de province, Charleville, d'un pre officier qui disparait vite et d'une mre tyrannique. C'est un bon lve qui manifeste trs tt son gout pour la posie que son professeur de rhtorique encourage avec enthousiasme. De bonne heure aussi se manifeste son esprit de rvolte, son anticonformisme, sa rbellion contre l'ordre tabli. Arthur Rimbaud a peine seize ans et il touffe chez lui. cette poque, la guerre met fin ses tudes, il fugue et gagne Paris et la Belgique. En 1871, Rimbaud est de nouveau Paris en pleine insurrection de la Commune. Sa posie se fait toujours plus dchirante, encore plus personnelle, plus originale. Dans son long pome, le Bateau ivre (1871), Rimbaud dcrit symboliquement le voyage la dcouverte d'un monde nouveau inconnu, comme Baudelaire rvant de plonger (au fond de l'inconnu pour trouver du nouveau). Il crit la Lettre du Voyant, sorte de testament potique qui bouleverse la posie. Il gagne enfin Paris, rencontre Verlaine, qui il montre ses pomes. Rimbaud veut vivre librement et intensment, il refuse toute compromission. Verlaine quitte sa femme pour le suivre travers l'Europe, la Belgique, I Angleterre, dans un long drglement de tous les sens : cest la priode de la bohme, partage entre l'alcool, la drogue, l'homosexualit et l'criture. La rupture entre les deux amis est tragique. L'aventure entre le deux amis, on le sait, tourne mal: Verlaine, sous l'emprise de l'alcool, tire sur l'ami et le blesse. Rimbaud retourne auprs de sa mre et crit une trange autobiographie en prose potique qui est un constat d'chec, Une Saison en enfer (1873). En 1875, il rencontre Verlaine Stuttgart, une dernire fois. Dsormais Rimbaud n'crira plus aucun pome. La vie de Rimbaud devient

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    une longue srie de voyages, qui le ramnent toujours Charleville. Brindisi, en Italie, il est frapp d'insolation et doit tre rapatri. Vienne, dvalis, expuls par la police autrichienne, il repart pied pour Charleville. On publie en 1886 les Illuminations, qui expriment le dsir fulgurant de changer la vie , de trouver une langue nouvelle . En 1880, il s'embarque pour I Egypte, traverse les dserts d'thiopie, puis rejoint Aden. Pendant dix ans, sous le soleil d'Afrique, il mne une vie solitaire, faisant commerce des armes et de marchandises diverses. Atteint d'un cancer au genou, il est ramen Marseille et meurt le 10 novembre 1891. THEMES FONDAMENTAUX - Le pote est anticonformiste, maudit : Rimbaud est un pote maudit : il naccepte pas la socit bourgeoise Son anticonformisme sadresse aussi au Christianisme. - Le pote est un voyant : Rimbaud considre Baudelaire son matre le premier voyant, roi de potes un vrai Dieu . Dans sa posie principale le Bateau Ivre il dit que le pote est un voyant et pour arriver lillumination de la posie, qui est une vraie hallucination il faut un long, immense, dmesur drglement de tous les sens . Rimbaud recherche lailleurs .La volont de Rimbaud est de transgresser toutes les rgles et toutes les lois: c'est l le premier objectif de la Voyance. .. - Drglement social : Drglement social, d'abord. Rimbaud n'accepte pas la socit bourgeoise dans laquelle il est n et o il est oblig de vivre. Il la considre injuste, violente et aspire un changement radical. Mais il s'aperoit qu'il ne peut pas y avoir une rvolution sociale sans une rvolution personnelle et intrieure. Il faut donc commencer par soi le grand drglement - --------Drglement personnel : Il faut transformer le moi superficiel en un autre moi, plus profond, inconnu: les hallucinations provoques par ce drglement intrieur peuvent aider faire surgir l'autre qui est en nous (Car Je est un autre dit-il). Enfin. Rimbaud, qui est un pote et donc un voyant, pourra atteindre le niveau suprieur du drglement potique qui permet de recrer le monde. Rimbaud ne se propose pas seulement une correspondance, mais un rve potique accessible tous les sens de lme pour lme Il proclamait qu'il faut tre absolument moderne . . -Titanisme promteique : Rimbaud se proclame voleur de feu , cest-a-dire un Promthe qui offre le feu aux hommes, car il a dcid d'tre profondment humain. Il prfre tre libre enchan qu'esclave chez les dieux. Donc la rage de l'expression les transforme en Promthe, un tre dpositaire d'une mission qu'il assume au-del de tout ordre et de toute limite, et sans protection. Il y a donc un titanisme provocatoire contre Dieu parce que ce feu est une vision, un verbe librateur offert aux hommes. Et le refus de la compromission aux dieux. Le voleur de feu est expuls du monde invisible pour intgrer le monde terrestre et se condamne mourir. Le voleur de feu enseigne une nouvelle langue, en tant que pote. ----Recherche dun langage nouveau Pour traduire ses hallucinations, pour raconter ses visions splendides, le pote doit renoncer aux formes ordinaires de la posie. Rimbaud pratique donc des expriences indites: il se libre des rgles de la versification, il invente le vers libre o l'assonance remplace la rime, il choisit enfin le pome en prose. L'image, souvent hardie, toujours originale, mlant toutes les sensations, devient l'essentiel de son art. A travers les images, qu'il enrichit de couleurs, il fera sentir l'inexprimable: Le pote

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    devra faire sentir, palper, couter ses inventions.. ....UVRE LES LETTRES DU VOYANT (1871) ... En 1871, le programme potique de Rimbaud commence prendre forme. Il l'expose d'abord dans deux lettres envoyes le 13 mai son professeur Georges Izambard et le 15 mai son ami Paul Demeny. Au premier, Rimbaud crit : Je veux tre pote et je travaille me rendre voyant : vous ne comprenez pas du tout, je ne saurais presque vous expliquer. Il s'agit d'arrivera l'inconnu par le drglement de tous les sens. Les souffrances sont normes, mais il faut tre fort, tre n pote, et je me suis reconnu pote . La lettre du 15 mai, dite du voyant , est encore plus explicite. Je est un autre. En tournant le dos aux romantiques et aux parnassiens, Rimbaud affirme que la posie ne doit plus tre le chant qui accompagne le rel ni se modeler sur lui. La Posie ne rythmera plus l'action; elle sera en avant , elle donnera des visions de l'inconnu. En 1871, Rimbaud met fin son apprentissage littraire, nourri des romantiques, des parnassiens et de Baudelaire, et livre dans une lettre crite un ami et son professeur sa profession de foi potique, connue sous le nom de Lettre du Voyant. C'est un texte capital o le jeune homme affirme qu'il faut renouveler l'inspiration potique. Le pote doit chercher du nouveau, il doit se faire voyant pour atteindre un tat de permabilit l'univers, et ce faisant, il pourra se tenir en avant, et conduire l'humanit vers le vrai progrs...

    POESIES (1871) Posies est un recueil de 44 pomes publis en partie avant les Lettres du Voyant (1871) et en partie aprs. Ces vers, crits par Rimbaud entre sa quinzime et sa dix-septime anne, sont souvent une imitation de Musset, de Hugo et surtout des Parnassiens Gautier et Banville dont il tait un grand admirateur. Parmi ces pomes, on dcouvre de petits chef-duvre, comme Le Dormeur du val, Ma Bohme, Voyelles, mais surtout Le Bateau ivre , qu'il envoie Verlaine pour se faire connaitre, o il exprime le dsir de rompre les amarres et de parcourir toutes les mers. Les thmes dominants sont la recherche d'un ailleurs o le pote peut enfin trouver la libert, la haine de Dieu qu'il considre comme le voleur des nergies et l'amour pour la nature, non pas la nature romantique mais une nature cre sa mesure, reconstruction intellectuelle de ce qu'il dsire trouver. La posie Voyelles rvle le programme du pote qui se propose de trouver un langage nouveau. La

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    synesthsie est applique aux lettres de lalphabet qui voquent des couleurs et des sensations.

    VOYELLES

    A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu: voyelles, Je dirai quelque jour vos naissances latentes: A, noir corset velu des mouches clatantes Qui combinent autour des puanteurs cruelles, Golfes d'ombre; E, candeurs des vapeurs et des tentes, Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons d'ombelles; I, pourpres, sang crach, rire des lvres belles Dans la colre ou les ivresses pnitentes; U, cycles, vibrement divins des mers virides, Paix des ptis sems d'animaux, paix des rides Que l'alchimie imprime aux grands fronts studieux; O, suprme Clairon plein des strideurs tranges, Silences traverss des Mondes et des Anges: - O l'Omga, rayon violet de Ses Yeux!

    Vocali

    A nera, E bianca, I rossa, U verde, O blu: vocali, Io dir un giorno le vostre nascite latenti: A, nero corsetto villoso di mosche

    Splendenti Che ronzano intorno a crudeli fetori, Golfi d'ombra; E, candori di vapori e tende, Lance di fieri ghiacciai, bianchi re, brividi d'umbelle;

    I, porpora, sangue sputato, risata di belle labbra Nella collera o nelle ubriachezze penitenti; U, cicli, vibrazioni divine dei verdi mari, Pace di pascoli seminati d'animali, pace di rughe Che l'alchimia imprime nelle ampie fronti studiose; O, suprema Tromba piena di strani stridori, Silenzi attraversati da Angeli e Mondi: - O l'Omega, raggio viola dei suoi Occhi!

    Analyse du texte Voyelles

    "Voyelles" est de loin le plus clbre des pomes de Rimbaud. Il est vrai que ce pome de Rimbaud partage avec les "Correspondances" de Baudelaire le privilge d'tre l'un des textes le plus souvent soumis la rflexion. Tous deux ont cherch dcouvrir au-del des apparences le sens profond du mystre universel. Rdig dans les semaines qui suivent les "Lettres du voyant", recopi par Verlaine et reproduit dans ses Potes maudits, le fameux sonnet se prte videment de nombreuses interrogations. Le premier vers fixe les perceptions chromatiques des 5 voyelles de l'alphabet franais, A,E,I,O,U, numres ici dans le dsordre avec inversion entre le U et le O. Le O final de la srie lui fait voquer l'omga, la lettre ultime de l'alphabet grec. De la premire lettre A (alpha), la dernire O (Omga) le systme est complet, parfait. Les voyelles sont en majuscules, la construction parataxique (sans lien) avec le mot "voyelles", dtach comme une sorte d'incantation. La syntaxe du pome se compose de quatre distiques (groupe de vers, de mme sens) dans l'ordre des voyelles ralise par l'artifice de l'enjambement des

    Bateau Ivre Ecritures2 p. 194 Analyse du texte Rimbaud rejoint en septembre 1871, Verlaine Paris avec ce long pome, le "Bateau ivre", qu'il va rciter au cnacle parnassien. L'accueil est enthousiaste ! Le dpart du navire (Q 1 et 2) L'obscurit du pome, s'claire si l'on mne de front deux lectures, le rcit d'un voyage maritime, d'une odysse, que raconte, le bateau lui-mme, et celui d'une exprience, d'une qute potique. Le "je" dsignant tant le bateau que Rimbaud. Le voyage est une longue mtaphore, en 25 quatrains d'alexandrins rimes croises, de l'entreprise rimbaldienne. "Bateau ivre" est la fois l'odysse d'un bateau et d'un pote adolescent la drive ! Toutes les expriences du bateau ivre sont celles de Rimbaud. Par un jeu constant de mtaphores entre pote et bateau, on assite la premire sparation, pour le navire l'loignement des "haleurs" qui reprsentent les liens, les guides et pour le pote les traditions, les conventions. Les "Fleuves impassibles" reprsentent cette socit immobile, trangre ses lans potiques. La violence de la sparation rendue par l'image du massacre des haleurs est ici renforce par les "i" rouges que le sonnet des "Voyelles" associait de brutales ivresses. Les alexandrins amples, sans pauses fortes rendent

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    golfes d'ombre. La dernire apostrophe, comme solennelle "- O l'Omga rayon violet de Ses Yeux", isole par le tiret, est le point d'orgue confirmant la vision du "voyant". Ainsi est suggr le pouvoir du Verbe potique. Le premier systme de structuration du monde, pour le pote est celui des mots, dont un des lments, les voyelles en sont les quintessences. Mais un second systme vient doubler le premier, celui des couleurs. Aux cinq voyelles Rimbaud fait correspondre cinq couleurs. Certains ont soulign un ordre : d'abord le contraste "noir/blanc" puis les trois couleurs du spectre,"rouge/vert/bleu". Le dernier vers indique aussi le violet situ l'extrmit du spectre. Le noir, qui commence la srie se conoit comme une origine, symbolise du nant, des tnbres d'o va surgir la lumire, le blanc qui les contient toutes. Mais tout le problme de "Voyelles" n'est pas de savoir pourquoi A est noir plutt que bleu, il est d'admettre que A est un objet avec lequel on peut jouer, un signe auquel on peut donner diverses interprtation dans une sorte