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-COURS – Intro à l’ECOLOGIE HUMAINE - Année académique : 2013-2014
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TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION ........................................................................................................................................ - 4 -
I. DEFINITIONS, PARADIGMES ET DIMENSIONS DE L’ECOLOGIE HUMAINE ................................... - 5 -
I.1.DEFINITIONS ...................................................................................................................................................... - 5 - I.2. PARADIGMES SOCIAUX RELATIFS A L’ENVIRONNEMENT .................................................................. - 6 - I.3. LES DIMENSIONS DE L’ECOLOGIE HUMAINE .......................................................................................... - 8 -
I.3.1. Dimension spatiale et temporelle .............................................................................................. - 8 - I.3.2. La perception de l’environnement............................................................................................. - 8 -
II. LES CHAMPS DE L’ECOLOGIE HUMAINE .......................................................................................... - 8 -
II.1. LE CHAMP SOCIOLOGIQUE ......................................................................................................................... - 8 - II.2. LE CHAMP ANTHROPOLOGIQUE ............................................................................................................... - 9 -
III.ECOLOGIE HUMAINE, UNE DISCIPLINE .......................................................................................... - 10 -
III.1. APPROCHES EN ECOLOGIE HUMAINE............................................................................................................... - 10 - III.2. LA PLACE DE L’ECOLOGIE HUMAINE PARMI LES DISCIPLINES SCIENTIFIQUES .................................................. - 11 - III.3. L’OBJET D’ETUDE DE L’ECOLOGIE HUMAINE ..................................................................................................... - 12 - III. 4. LES PRINCIPALES VARIABLES DE L’ECOLOGIE HUMAINE ................................................................................. - 12 -
IV. LES ETAPES DES RELATIONS ENTRE L’HOMME ET L’ENVIRONNEMENT ................................ - 14 -
IV.1. L’HOMME A L’ETAT SAUVAGE ........................................................................................................................... - 14 - IV.2. L’HOMME A L’ETAT DE BARBARIE ..................................................................................................................... - 14 - IV.3. LA CIVILISATION................................................................................................................................................ - 15 -
V. LES GRANDS PROBLEMES ENVIRONNEMENTAUX ...................................................................... - 15 -
V.1. LE CHANGEMENT GLOBAL ................................................................................................................................. - 16 - V.2. LES FORMES DE POLLUTIONS ........................................................................................................................... - 17 -
V.2.1. La pollution des mers et des océans ..................................................................................... - 17 - V.2.2. La pollution des sols et des paysages .................................................................................. - 18 - V.2.3. La pollution des sites ............................................................................................................. - 19 - V.2.4. Les déchets municipaux ........................................................................................................ - 19 - V.2.5. La pollution nucléaire ............................................................................................................ - 20 - V.2.6. La dégradation des ressources naturelles ............................................................................ - 21 -
V.2.6.1. Les ressources hydriques .............................................................................................................. - 21 - V.2.6.2. Les ressources naturelles aquatiques renouvelables .................................................................... - 21 - V.2.6.3. Les ressources forestières ............................................................................................................. - 22 - V.2.6.4. Forte empreinte écologique ........................................................................................................... - 22 -
VI.1. EVOLUTION ENVIRONNEMENTALE ET VULNERABILITE ................................................................. - 24 - VI.1.1. Pratiques environnementales et risques .............................................................................. - 24 - VI.1.2. Ecosystèmes et santé .......................................................................................................... - 27 -
VII. ECOLOGIE HUMAINE ET DEVELOPPEMENT DURABLE .............................................................. - 28 -
VII.1. ENVIRONNEMENT ET DEVELOPPEMENT DURABLE : COMPATIBILITE ET INCOMPATIBILITE.............................. - 29 - VII.1.1. Les rapports de dualité ........................................................................................................ - 29 - VII.1.2. De la dualité à la complémentarité ...................................................................................... - 30 - VII.1.3. De la complémentarité au développement durable............................................................. - 30 - VII.1.3. Le progrès en cours ou envisagé ........................................................................................ - 30 -
CONCLUSION .......................................................................................................................................... - 31 -
BIBLIOGRAPHIE ...................................................................................................................................... - 33 -
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INTRODUCTION
Les premiers humains ont interprété les signaux de leur environnement abiotique
pour évaluer et choisir les habitats et les ressources nécessaires à leur existence.
Ces choix se sont déroulés sans tenir compte des sensibilités biophysiques de
l’environnement. Ils ont été conduits généralement à partir de leurs seuls besoins
vitaux, comme la nourriture qui fut l'une des premières ressources à être prélevées
dans leur milieu de vie. Ces pratiques en matière de subsistance ont constitué le
début de la modification de leur environnement d’existence.
La modification significative de l'environnement par les hommes a été lancée par la
domestication du feu employé pour changer la structure de la végétation qui a du
coup influencé les populations, les animaux et les ressources disponibles, dans le
monde entier, en particulier dans les régions tropicales. L'utilisation d’outils
sophistiqués par les humains a précipité transformation de la terre dans ce qu’elle
dispose d’essentiel, notamment, l'extinction de grands vertébrés. L'agriculture a
conduit l’une des principales modifications humaines de l’environnement.
Aujourd'hui, environ 35 à 40% de la production primaire terrestre sont appropriés par
des personnes, et le pourcentage ne cesse de croître.
Les humains continueront à exercer d’importantes influences sur le fonctionnement
des systèmes écologiques de la terre, car la population humaine est destinée à
augmenter durant de nombreuses années. L'affluence de cette montée sera
accompagnée d’une plus grande consommation des ressources naturelles et, par
conséquent, de la plus grande appropriation de la production primaire de la terre.
Néanmoins, beaucoup de futurs scénarii d’écologie humaine sont possibles,
notamment, sur la façon dont la population humaine se développe et comment la
croissance s’est maintenue, l'efficacité avec laquelle les humains emploient et
réutilisent des ressources, et la valeur qu’ils attribuent à la conservation de la
biodiversité
Dans ce contexte d’analyse, l’écologie humaine se présente aujourd'hui comme le
résultat combiné de la nature évolutionnaire et des développements culturels des
humains. Elle prend en compte à la fois les humains et les actions des humains sur
l'environnement. Une approche anthropologique de l’écologie humaine s’est
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également préoccupée des problèmes et des soucis contemporains liés à l'état de
l'environnement général. En effet, la connaissance anthropologique a le potentiel
d'informer et d’instruire des humains sur des modes de construction et de
développement soutenables.
En conséquence, le but et les objectifs de ce module d’enseignement sont de
permettre à son terme, aux étudiants de comprendre la relation homme-nature
comme le fondement de l’écologie humaine. Ainsi, ils pourront être capables, à partir
des différentes théories, d’appréhender les enjeux écologiques liés aux activités
humaines et d'analyser objectivement les incidences écologiques liées à certaines
activités anthropiques, leur nature (risques et nuisances) et leur échelle d'impact
(niveaux local, régional, global).
. Ils devront être en mesure de :
expliquer la principale méthode de l’écologie humaine en sa qualité de
discipline d’enseignement ;
identifier les différentes formes de dégradation de la nature liées aux activités
humaines ;
pouvoir évaluer les conséquences des activités anthropiques sur la nature et
sur l’existence des hommes;
expliquer le lien entre l’écologie humaine et le développement durable.
I. DEFINITIONS, PARADIGMES ET DIMENSIONS DE L’ECOLOGIE HUMAINE
I.1.DEFINITIONS
Le mot écologie est utilisé en langue française pour la première fois autour de 1874,
sur le modèle allemand proposé par Haeckel en 1866. Mais inventé, semble-t-il, dès
1852, par le philosophe américain Thoreau, le terme écologie a désormais deux
sens :
- celui d’une discipline scientifique : étude d’ensembles, de vivants interagissant
avec leur milieu ;
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- le sens idéologique et politique d’une doctrine, variable selon les auteurs ou les
groupes et visant, par des moyens divers et contestés par ses adversaires, à la
protection de l’environnement.
l'écologie humaine la partie de l'écologie qui étudie l'espèce humaine,
l'activité organisée de cette espèce et son environnement.
L'écologie humaine apparue dans les années 1920 modification grandissante de
l’Environnement par l’homme à travers ses nombreuses activités (agricoles,
industrielles, etc.).
En définitive… L'écologie humaine est l'étude des interactions entre les humains avec leur
environnement, ou l'étude de la distribution et de l'abondance de l'homme. Cette définition est basée
directement sur les définitions classiques de l'écologie biologique. L’Ecologie est généralement définie
comme l'étude des interactions d'organismes avec leur environnement. Plus précisément, elle peut
être définie comme l'étude de la distribution et de l'abondance des organismes. Cette définition est
trompeuse. Elle implique beaucoup plus que ce qu'elle dit explicitement, parce que pratiquement tout
ce que les humains sont ou font (et la même chose pour toutes les espèces) affecte la répartition et
l'abondance des organismes.
Ainsi, en utilisant le terme «écologie humaine», on exprime en réalité une vaste ambition de
comprendre comportement humain.
Ecologie humaine Homme dans ses rapports à l’Environnement
I.2. PARADIGMES SOCIAUX RELATIFS A L’ENVIRONNEMENT
Toutes les transformations que subit l’environnement ont permis de développer de
nombreuses théories liées aux actions de l’homme dans son milieu.
Ecologie humaine Homme dans ses rapports à l’Environnement
Rapports dynamiques
(Élaboration de théories : conceptualisation relation Homme-Environnement)
Derrière la diversité d'approches, se trouvent différentes façons de conceptualiser le
lien entre la Population et l'Environnement à travers les schémas suivants (Figure 2).
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Nous avons les approches dites linéaires (ou unicausales), où le lien entre
Population et Environnement est direct et réciproque (Schéma 1).
Dans l’approche multiplicative, l'impact de la population sur l'Environnement est le
produit de la taille de la population et d'un coefficient exprimant l'impact occasionné
par une personne (Schéma 2). C’en est le cas des travaux d’EHRLICH dans son
modèle d’équation I = P.C.T4. qui réduit la réalité à des grandeurs mesurables. Il y a
également des approches de médiation dans lesquelles Population et
Environnement interagissent (Schéma 3). Ce contexte est un élément médiateur des
interactions qui déterminent les réponses relatives à l'accroissement de la population
(des changements technologiques, des migrations, des dégradations
environnementales, etc.). Il se traduit par des facteurs sociaux, économiques,
culturels ou politiques (ou tout à la fois).
Un autre modèle conceptuel dans la relation Population-Environnement est
déterminé par les processus de développement. Ce model est marqué par
l’influence de la politique et l'économie internationale ou les grands problèmes
environnementaux internationaux (Schéma 4).
Les approches systémiques (Schéma 5) de cette même relation mettent en évidence
les interactions entre le système humain (socioculturel, démographique et
économique) et le système écologique, au sein d'un système plus vaste, le système
socio-écologique.
Schéma 1. Approches linéaires :
Schéma 2. Approches multiplicatives :
× ×
4 Où, I : Impact sur l’environnement ; P : taux d’accroissement de la population ; C : taux d’accroissement de la
consommation par tête ; T : taux de changement provenant d’une orientation écologique de la production et de la consommation.
Consommation Population Technologie Environnement, ressources
Population Environnement, Ressources
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Schéma 3. Approches "médiation" :
Schéma 4. Approches "développement" :
Schéma 5. Approches "systèmes complexes" :
Figure 2. Différentes conceptualisations de la relation population-environnement
I.3. LES DIMENSIONS DE L’ECOLOGIE HUMAINE
L’écologie humaine dans ses approches des problèmes environnementaux peut
s’illustrer en trois (3) dimensions :
- la dimension spatiale qui fait appel à la notion d’échelle spatiale ;
- la dimension temporelle (jour, semaine, mois, années, millénaire) ;
- la dimension de la perception.
II. LES CHAMPS DE L’ECOLOGIE HUMAINE
II.1. LE CHAMP SOCIOLOGIQUE
Ecologie humaine Homme dans ses rapports à l’Environnement
Processus de développement
Population Environnement, ressources
Contexte social, économique, politique
Population
Environnement, ressources
Systèmes humains Systèmes écologiques
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HOMME, partie intégrante de l’écosystème terre
Recherches et Lectures : 1. AMOS H. (1950) Hawley l’écologie humaine, une
théorie de la structure de la Communauté en 1950.
II.2. LE CHAMP ANTHROPOLOGIQUE
L'anthropologie dans son approche écologique se focalise sur les relations
complexes entre les personnes et leur environnement. Elle étudie le couple qu’une
population forme avec son environnement et les cadres de la vie sociale,
économique, et politique dans lesquels les relations se forment avec la population.
Explication matérialiste et culturelle de la société humaine
Recherches et lectures : Charles Darwin (1859) l'origine de l'espèce
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III. UNE DISCIPLINE, PLUSIEURS APPROCHES
III.1. Approches en écologie Humaine
- l’unidisciplinarité
Dans les années 70, l’écologie humaine commence avec une approche
unidisciplinaire. Cette approche a donné lieu à une perspective unidimensionnelle.
- l’interdisciplinarité
A partir des années 80, les recherches en écologie humaine essaient de considérer
les relations humaines dans plusieurs sens en intégrant les autres disciplines. On
aboutit alors à l’interdisciplinarité.
- la transdisciplinarité et la pensée systémique
Dès 1985, le développement de l’écologie humaine atteint un niveau
transdisciplinaire, c’est-à-dire caractérisé par des perspectives globalisantes qui
dépassent les frontières entre les disciplines.
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La complexité des rapports de l’homme à son environnement requiert une démarche
pouvant la saisir dans sa globalité. La pensée systémique ou encore approche
intégrée est cette démarche. Son caractère interdisciplinaire lui permet de tenir
compte de toutes les dimensions pertinentes et significatives de l’environnement et
plus particulièrement, des relations et des interactions.
III.2. La place de l’écologie humaine parmi les disciplines scientifiques
La notion d’écologie humaine, qui a surgi après les interprétations de l’école de
Chicago par les sociologues et d’autres spécialistes en sciences humaines est une
discipline de recherche de base située quelque part, entre les sciences de la nature
et les sciences sociales. Elle se présente comme l’une des diverses branches de
l’écologie. Elle ne saurait être regardée comme une discipline typique analogue aux
autres disciplines compartimentées de la recherche scientifique universitaire
classique et conventionnelle.
Elle traduit au contraire un élément épistémologique, un intérêt intellectuel qui tend à
unifier les disciplines scientifiques. En d’autres termes, l’écologie humaine constitue
une véritable science de synthèse à la charnière de toutes les disciplines tant
sociales que biologiques. C’est une science qui est au carrefour des autres sciences.
De ce point de vue, elle apparaît comme une discipline hybride dans laquelle il faut
appliquer de concert les catégories et les méthodes des sciences sociales et de la
nature. C’est une discipline récente et polymorphe dont la méthodologie et les
concepts sont pour la plupart empruntés aux sciences naturelles, biologiques et
humaines, ainsi qu’à la théorie des systèmes.
Toutefois, elle tend de plus en plus à affirmer sa spécificité, à acquérir sa propre
cohérence et son autonomie, ainsi qu’un statut scientifique claire par rapport aux
autres sciences.
Ecologie humaine
Sciences de la Nature
Sciences Sociales
Discipline hybride
Variété de disciplines : sociologie, géographie, Anthropologie, etc.
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L’émergence et l’importance de l’écologie humaine en tant que base d’étude de
l’environnement sont davantage dues aux conséquences de la dimension et de la
différenciation récemment acquise par l’entreprise humaine dans les écosystèmes en
fonction de l’évolution des pratiques socioculturelles, des aspirations des sociétés
humaines.
III.2.1. Emprunt Concepts de Biologie
La raison d'être fondamentale de l'écologie humaine est que les concepts et les
méthodes partagées avec les sciences biologiques devraient être utiles pour
comprendre le comportement humain. Notre comportement est pris pour être juste
un cas particulier des processus écologiques généraux. Cette idée a une
démographie d'histoire dans la longue. Par exemple, les idées du pionnier Malthus
sur les explosions de populations humaines ont joué un grand rôle dans la pensée
de Darwin à propos de l’ensemble de la population (confirmation de théorie). Les
idées de Darwin sur la sélection naturelle ont à leur tour eu une grande influence
notre façon de penser à l’humain.
III.3. L’objet d’étude de l’écologie humaine
L’écologie humaine traite des diverses relations et interactions entre l’homme et
l’environnement. Elle considère les processus d’interaction entre la société et la
nature comme le fondement de la définition de la structure et de la destruction de
l’environnement. En d’autres termes, l’écologie humaine a pour objet la structure des
relations entre les hommes et la nature ou entre la société et l’environnement. En
somme, c’est la science des relations entre les êtres humains et leur monde.
En définitive, l'écologie humaine est une approche de l'étude du comportement
humain marquée par deux engagements. Tout d'abord, les écologistes de l’homme
pensent que la vis des humains devrait être étudiée à travers des systèmes opérant
dans des environnements complexes. Les sciences humaines sont balkanisées dans
plusieurs sciences sociales, humanistes, et les disciplines de la biologie
humaine. Les écologistes sont habitués à penser que la nature systémique des
organismes et des populations des différents organismes signifie que nous avons
généralement à comprendre comment les diverses parties du système fonctionnent
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ensemble pour produire un comportement. Les disciplines traditionnelles des
sciences humaines font une analyse sectorielle et partielle ; l’Ecologie humaine
s'efforce de tout remettre ensemble.
Deuxièmement, les écologistes de l'homme pensent que les humains sont soumis à
des processus écologiques et évolutifs très similaires à ceux d'autres espèces. Bien
sûr, les humains sont uniques, et ce fait a des conséquences importantes.
III. 4. Les principales variables de l’écologie humaine
L’environnement naturel
Le terme environnement naturel est utilisé dans son sens le plus large de façon à
inclure tous les aspects de l’environnement qui existaient avec les premières
manifestations de l’évolution de la culture et de la technologie humaine. Par
conséquent, l’environnement naturel inclut tous les composants vivants et non
vivants des écosystèmes locaux, régionaux et mondiaux susceptibles d’être
influencés par les composants artificiels que sont les conditions sociales, c’est-à-dire
l’organisation de la société et l’expérience humaine, à savoir les connaissances et le
niveau d’intervention de la société.
Les conditions de la société
Les conditions de la société englobent l’organisation et la structure de la société
humaine. Il s’agit des systèmes de production qui vont du simple prélèvement des
ressources jusqu’à la transformation industrielle en passant par l’agriculture. Il s’agit
d’un certain nombre de facteurs qui affectent à la fois l’environnement naturel et la
qualité de l’expérience humaine.
L’expérience humaine
L’expérience regroupe à la fois les valeurs propres à chaque individu, à chaque
communauté. L’expérience humaine est l’ensemble des connaissances à la fois
endogènes et exogènes.
NB : ces éléments ci-dessus analysés sont intimement liés dans le sens de la
compréhension des fondements de l’écologie humaine.
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IV. LES ETAPES DES RELATIONS ENTRE L’HOMME ET L’ENVIRONNEMENT
La nature et la société forment un système très dynamique. Leurs interactions
remontent aux étapes initiales de l’évolution sociale et culturelle de l’humanité.
De nombreux travaux (anthropologiques, ethnologiques, etc.) indiquent que l’élément
déterminant dans l’histoire de l’humanité est la production et la reproduction de la vie
humaine. MORGAN divise l’histoire de l’évolution de l’humanité en trois époques
principales : état sauvage, barbarie et civilisation, les deux premières l’occupent
seules, il divise chacune d’elles en stades inférieur, moyen et supérieur, suivant les
progrès réalisés dans la production des moyens d’existence.
IV.1. L’homme à l’état sauvage
Stade inférieur : un être vivant dans les demeures primitives des forêts tropicales
ou subtropicales et se nourrissait de fruits ou d’écorces et de racines.
Stade moyen : il commence avec le poisson comme nourriture et l’usage du feu
usage d’outils.
Stade supérieur : il commence avec l’invention de l’arc et de la flèche, grâce
auxquels le gibier devient un aliment régulier, la chasse une des branches normales
du travail. Il y eut quelques commencements d’établissements dans les villages, une
certaine maîtrise de la production des moyens d’existence (vases, tissage à la main
avec des fibres d’écorce, des outils de pierre polie néolithiques, etc.).
Période où prédomine l’appropriation des produits naturels tout fait, les
productions artificielles de l’homme sont souvent des instruments auxiliaires de cette
appropriation.
IV.2. L’homme à l’état de barbarie
Stade inférieur : c’est la date de l’introduction de la poterie. Le moment
caractéristique de la période de barbarie est la domestication, l’élevage du bétail et la
culture des plantes. Au cours de cette période, la marche du progrès serait
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influencée par les différences de qualités naturelles entre les deux grands continents
terrestres.
Stade moyen : commence dans l’Est avec l’élevage des animaux domestiques,
dans l’Ouest avec la culture des plantes alimentaires au moyen de l’irrigation, et
l’emploi à des constructions d’adobes (briques séchées au soleil) ainsi que des
pierres.
Stade supérieur : commence avec la fente du minerai de fer et passe à la
civilisation avec l’invention de l’écriture alphabétique et son emploi pour la notation
littéraire. Ce stade n’est traversé d’une manière indépendante que dans l’hémisphère
oriental.
Période de l’élevage du bétail et de l’agriculture, et d’acquisition des méthodes
pour accroître la production de produits naturels par le travail humain.
IV.3. La civilisation
La civilisation est la période où l’homme apprend l’élaboration supplémentaire de
produits naturels, de l’industrie proprement dite et de l’art. Elle s’est surtout
caractérisée par l’accroissement de la production dans toutes les branches : élevage
du bétail, agriculture, artisanat domestique en donnant à la force de travail humain, la
capacité de produire plus qu'il ne lui fallait pour sa subsistance. Ce qui aboutit à la
production du superflu, synonyme d’exploitation abusive des ressources de son
milieu. En définitive, la civilisation s’ouvre sur le progrès destructeur de
l’environnement.
V. LES GRANDS PROBLEMES ENVIRONNEMENTAUX
L’ère de la révolution des technologies a accru considérablement les possibilités de
développement matériel au prix d’un lourd tribut pour la nature. Le capital naturel
dont dépend la civilisation pour créer sa prospérité économique diminue à un rythme
rapide. Ce capital qui comprend toutes les ressources habituelles consommées par
l’homme, à savoir, l’eau, les minéraux (sol, pétrole, etc.) qui sont des systèmes qui
se détériorent dans le monde entier à un rythme effréné. Par ailleurs, l’accroissement
des effectifs de la population et l’élévation des niveaux de consommation par
personne épuisent les ressources naturelles et dégradent l’environnement. Dans de
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nombreux endroits du monde, des pénuries chroniques d’eau, la perte de terres
arables, la destruction d’habitats naturels et la généralisation de la pollution minent la
santé publique et menacent les progrès sociaux et économiques. En conséquence,
l’accroissement de la population apparaît comme une cause dominante de la crise de
l’environnement. Ainsi, l’homme se présente comme la première des causes de
l’ensemble des problèmes environnementaux qu’il convient de souligner.
Pour les économistes dits libéraux, la question porte sur les externalités ; l’acte de
production ou de consommation engendre des effets nuisibles ou favorables : le
système fonctionne en boucle avec une rétroaction permanente (feed-back) entre les
humains (ménages, entreprises) et l’environnement (Figure 4).
V.1. Le changement global
Le changement global caractérise les différents types de nuisances qui touchent à
l’ensemble de la biosphère. L’atmosphère globale est soumise à une pression
grandissante. A mesure que l’économie mondiale fondée sur des combustibles
fossiles (pétrole, charbon) se développait, les émissions de carbone augmentaient ;
elles ont largement dépassé la capacité du système naturel à fixer le dioxyde de
carbone. Il en est résulté une forte concentration de CO2. Cette accumulation de CO2
et d’autres gaz à effet de serre5 sont responsables de l’élévation de la température
au cours de ce siècle. Des prédictions notent qu’au rythme actuel de la
consommation mondiale des combustibles fossiles, les concentrations de CO2 dans
l’atmosphère devraient doubler en 2050 par rapport à leur niveau préindustriel, et
5 Terme inventé par Fourier en 1824. Il est provoqué par l’usage fréquent de combustibles fossiles.
Figure 4. L’effet boomerang
ENVIRONNEMENT
ENTREPRISES
MENAGES
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élever la température sur la terre de 1 à 3,5˚C d’ici 2100. Les énormes
conséquences pourraient être alors :
- la fonte des calottes glacières ;
- l’élévation du niveau de la mer ;
- les inondations récurrentes ;
- la perte de la biodiversité ;
- la destruction de la couche d’ozone ;
- la manifestation de maladies diverses.
V.2. Les formes de pollutions
V.2.1. La pollution des mers et des océans
Le transport de matières dangereuses et les nombreux déversements de produits
(dioxyde, titane, etc.) issus des cales de bateaux, d’hydrocarbures qui ont lieu au
cours des dernières décennies ont une grande part de responsabilité dans la
pollution des mers et des océans. En effet, on observe des concentrations variables
de polluants métalliques à la surface de l'eau et une concentration plus importante
dans les couches inférieures. En Méditerranée en revanche, ces polluants ou
métaux-traces restent plus concentrés dans les couches supérieures que dans les
couches inférieures, où ils restent en quantité relativement stable. Ces polluants
(zinc, plomb, cuivre, cadmium) proviennent de l'atmosphère et des rivières où ils sont
dus pour l'essentiel aux activités humaines. Ainsi, jusque dans les années 80, les
scientifiques ont relevé des concentrations en plomb relativement élevées.
Aujourd'hui, des scénarii d'évolution de la population, de la consommation d'énergie
et du nombre de véhicules sur la période 1980-2025 ont permis une prévision de
l'évolution des concentrations marines en plomb pour cette même période.
Il faut ajouter à cette liste les actions d’exploration pétrolière.
En dehors de ces pollutions massives, il y a le mercure provenant des appareils
électriques et des industries plastiques qui est très dangereux pour le milieu marin.
La pollution par les pesticides ou les matières organiques (riches en nitrates ou en
phosphates) y est également présente. Les activités agricoles entraînées par des
écoulements de pesticides et d'engrais (les polluants organiques persistants ou
POP) finissent souvent dans l'océan. Les courants et les vents transportent ces
polluants sur des milliers de kilomètres. L'Antarctique par exemple est ainsi touché
par des polluants venus de l'autre bout du monde. Des quantités anormalement
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élevées de certains de ces produits chimiques auraient même été retrouvées dans le
corps d'Inuits, dont l'alimentation est riche en graisses d'animaux marins, là où
s'accumulent les POP.
Le phénomène est plus dramatique au niveau des zones côtières où la pollution est
souvent plus alarmante, il s’agit du développement des ports et des estuaires
industrialisés, du dragage ou de la récupération d’agrégats. Tous ces éléments
détruisent la vie aquatique et fragilisent la santé humaine.
V.2.2. La pollution des sols et des paysages
Deux formes de pollution peuvent altérer la qualité écologique des sols :
- les éléments traces qui sont pour l’essentiel dans les métaux provenant de
l’industrie, des rejets agricoles, des mines et des déchets municipaux ;
- et les micropolluants organiques.
Les éléments traces les plus nocifs sur le plan de l’accumulation sont le mercure, le
cadmium et le plomb dont les sources de pollution sont la circulation routière et les
résidus de stations d’épuration.
Le premier danger de ces polluants réside dans leur capacité à migrer vers les eaux
et à être absorbés par les être vivants, les plantes et à se concentrer dans la chaîne
alimentaire. Cela peut produire des effets toxiques chez l’être humain.
On constate en effet une augmentation de la teneur de ces polluants dans de
nombreux sols. Ainsi, la pollution des sols par les métaux lourds ou les produits
organiques progresse non seulement dans les zones critiques, (centres industriels ou
décharges), mais également dans certaines régions rurales en raison de la pollution
atmosphérique et agricole.
En France, on dénombrait en 1996, près de 895 anciens sites industriels pollués qui
ont été recensés dans l'inventaire des sites et sols pollués. Parmi les polluants
constatés, les hydrocarbures sont en cause dans 49 % des cas, seuls ou en
mélange.
Au niveau des paysages, la qualité de certains sites, en terme de valeur paysagère
est très préoccupante. Les nombreuses réalisations humaines portant sur les lignes
électriques et téléphoniques, les barrages, les relais hertziens, l’urbanisation
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sauvage et l’utilisation anarchique des zones littorales concourent à la dégradation
grandissante des milieux sus-cités.
V.2.3. La pollution des sites
La notion de site pollué est complexe. Elle englobe en effet des situations très
variables des dépôts de déchets dangereux sur des sites dont les sols révèlent des
teneurs très faibles en polluants.
L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) en donne elle-
même une définition très large : « un site pollué est un terme générique qui associe
des situations diverses et variées, principalement des terrains industriels
abandonnés ou en activité sur lesquels étaient/sont installées des industries
polluantes qui ont déversé ou enfoui des déchets ou des substances toxiques ou
dangereuses pour la santé humaine ».
Le problème des sites pollués ne connaît pas de frontière. En quelques années, de
nombreux cas de pollution de sites naturels et urbanisés sont apparus sur le territoire
de l’ensemble des nations du monde. Ces situations ont toujours la même origine, à
savoir, les activités industrielles polluantes qui ont entraîné des déversements
accidentels ou volontaires (le Probo koala à Abidjan) de produits polluants sur le sol.
V.2.4. Les déchets municipaux6
Pendant des millénaires, l’humanité a jeté ses déchets dans des fosses qui attiraient
les mouches, les rats et les oiseaux, et qui dégageaient, dans l’ensemble des odeurs
infectes. Aujourd’hui, les gouvernements emploient le terme « décharge » pour
désigner cette façon de se débarrasser des déchets. Mais ces décharges sont
périodiquement couvertes de plastiques et les odeurs qui en découlent, développent
des gaz ou forment des lixiviats qui s’infiltrent dans le sol, dans les réserves d’eau
souterraine. Le marché des déchets est devenu très important dans le monde de nos
jours. Dans une ville comme Paris, les déchets ménagers correspondent à près de
500 kg par habitant et par an. Les déchets industriels s’estiment par dizaines, voire
centaines de millions de tonnes, mais le problème demeure dans le traitement et le
recyclage des déchets toxiques. En théorie, il faut les traiter à proximité des lieux de
production. Cependant, force est de constater que ces mesures ne sont pas toujours
6 Flux des déchets domestiques ou municipaux en ANNEXES (Tableau A1).
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respectées par les producteurs qui s’en débarrassent à des coûts dérisoires dans
des pays pauvres qui ne disposent pas la qualification technique nécessaire pour les
traiter.
La production des déchets est en nette progression dans de nombreux pays du
monde : en France, la croissance était de 8% entre 1992 et 2000 ; elle a produit 26
millions de tonnes de déchets ménagers en 2001.
Aujourd’hui, avec la révolution des emballages plastiques, il s’ensuit de nombreux
déchets plastiques. Il s’ajoute à ceux-ci, la prolifération de décharges sauvages et le
non traitement de ces déchets face à la défaillance des services de ramassage. En
définitive, les rapports de l’homme avec son environnement se situent dans des
incertitudes face à un monde qui change sans cesse.
V.2.5. La pollution nucléaire
La pollution nucléaire résulte des rejets radioactifs, thermiques et chimiques émanant
d'une installation nucléaire sur l'environnement.
Des pays comme les Etats-Unis, la France, le Japon, la Russie, la Chine,
l’Allemagne, l’Espagne, la Corée du Sud, la Canada et la Suède détiennent 90% de
la puissance électronucléaire installée dans le monde. En effet, l’industrie nucléaire
produit des déchets dont le stockage est problématique dans la mesure où certains
de ces déchets ont une durée de vie très longue. En fonction de leur niveau de
radioactivité et de leur longévité. On distingue trois catégories de déchets radioactifs
désignés par les lettres A, B et C.
- La catégorie A regroupe les déchets les moins radioactifs et dont la durée
de vie est la plus courte. Il s’agit par exemple de filtres utilisés pour traiter
l’eau, des circuits de refroidissement, des gangs, des combinaisons, etc.
La durée est de 10 jours ou légèrement au-delà.
- La catégorie B concerne les éléments contaminés par d’autres éléments à
longue durée de vie, tels que le Plutonium 239 qui met 2400 ans pour
perdre la moitié de sa radioactivité. On note également les morceaux
métalliques provenant des assemblages, des combustibles de l’usine, etc.
- La catégorie C prend en compte les produits les plus dangereux
provenant du cœur des réacteurs nucléaires qui sont enfouis dans les
centres de stockage souterrains mais doivent d’abord refroidir dans le
milieu pendant plusieurs centaines d’années.
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V.2.6. La dégradation des ressources naturelles
V.2.6.1. Les ressources hydriques
L’observation des photographies aériennes de la terre montre une planète bleue, ce
qui signifie que 70% de la surface du globe est recouverte d’eau. Pourtant, malgré
l’apparente abondante les habitants de la planète disposent de moins de 1% d’eau
potable, et utilisable à l’état naturel qu’ils tirent des lacs, des rivières et des puits de
surface. Quel que soit le mode d’utilisation (alimentation, irrigation, transport,
énergie, etc.), l’eau demeure une ressource indispensable pour la vie. On observe à
l’échelle mondiale, une augmentation des pénuries d’eau, causée par la surutilisation
des sources locales. De 1950 à 1953, la surface des terres irriguées est passée de
quelques 100 millions d’hectares à 240 millions d’ha. Cette augmentation a entraîné
d’énormes pressions sur la couche aquifère, les rivières et les autres sources d’eau.
La demande en eau douce est largement supérieure à l’offre et la qualité de cette
eau se dégrade rapidement.
Par ailleurs, dans un nombre croissant de pays du monde, l’eau est fortement
polluée. Selon le Programme des nations unies pour l’environnement (PNUE), près
de 10% des rivières de la planète sont extrêmement polluées.
L’érosion, la contamination par les pesticides et les ruissellements à partir des terres
agricoles polluent les sources d’eau et menacent la santé humaine et la biodiversité.
Plus d’un milliard de personnes manquent d’eau potable et les maladies hydriques
causent la mort de 25 000/jour.
V.2.6.2. Les ressources naturelles aquatiques renouvelables
Environ 160 millions d’espèces différentes ont été recensées dans les mers et dans
les océans. Pendant des décennies durant, les hommes ont cru que la mer était
inépuisable, ce qui a eu pour effet de provoquer sa surexploitation et par conséquent
son appauvrissement en certains endroits : l’évolution des techniques de pêche, à
savoir le chalutage des poissons de fond, à la pêche avec les filets droits de 40
kilomètres de large (véritable muraille de la mort) utilisés par les japonais et les
coréens dans le pacifique.
Ou encore le développement de l’activité minotière qui consiste à capturer des
poissons de petites tailles afin de les transformer en farine pour l’alimentation des
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porcs et des poulets. Ainsi, on estime que plus de 30 millions de tonnes de poissons
sont utilisé chaque année pour l’alimentation animale.
V.2.6.3. Les ressources forestières
La forêt est un élément essentiel des grands équilibres écologiques. Elle abrite une
part considérable de la diversité écologique mondiale. Depuis quelques années, les
enjeux forestiers ont acquis une dimension planétaire qui place la forêt au cœur des
débats désormais.
- cas spécifique de la biodiversité
Pendant presque toute l’histoire de l’évolution, le nombre d’espèces animales et
végétales a évolué diversement (en plus ou en moins). Malheureusement,
l’extraction diversifiée des formes de vie d’aujourd’hui indique que nous sommes
dans un vaste saccage de la vie animale et végétale que la terre ait connu en 65
millions d’années : 14% des 242 milles espèces recensées en 1997 par l’Union
mondiale pour la nature sont menacées d’extinction, près de 7000 sont en danger
immédiat de disparition et 8000 autres exposées à ce risque.
La principale cause d’extinction pour les végétaux est la destruction de leur habitat,
souvent due aux défrichements, pour l’agriculture et l’élevage au drainage des terres
humides pour les besoins.
La situation des espèces animales est tout aussi préoccupante, car sur les 9600
espèces d’oiseaux du monde, les 2/3 sont en voie de disparition, alors que 11% sont
menacés d’extinction.
V.2.6.4. Forte empreinte écologique
Le rapport Planète vivante du WWF fait l'état des lieux des pressions exercées sur
les ressources naturelles et prévoit qu'en 2050, l'humanité consommera deux fois ce
que la planète peut produire si les individus conservent le même rythme de
développement (Cf. Figure A1. Composantes de l’Empreinte écologique en Annexes)
Entre 1970 et 2003, la planète a perdu 30 % de sa productivité écologique globale,
affirme le WWF dans le rapport " Planète vivante 2006 ", une étude que l'ONG a mis
en œuvre depuis 1998 pour évaluer l'empreinte écologique de l'humanité sur la
Terre. L'étude s'appuie sur deux indices : l'empreinte Ecologique, qui mesure
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l'étendue de la demande humaine sur les écosystèmes et l'Indice Planète Vivante,
qui mesure l'état de la biodiversité dans le monde et montre la pression menaçant de
nombreuses ressources naturelles. L'on constate un rythme d'atrophie de la capacité
de régénération terrestre (ou biocapacité) inégalé dans l'histoire humaine, conduisant
à une dette écologique de plus en plus élevée. "L'empreinte écologique a dépassé la
biocapacité de la Terre en 2003 de 25 %, souligne le rapport. La capacité de
régénération de la Terre ne peut plus désormais suffire à la demande des humains,
qui transforment en déchets les ressources trop rapidement pour que la nature
puisse les régénérer. L'humanité ne vit plus des intérêts produits par la nature mais
entame son capital. Cette pression croissante sur les écosystèmes engendre la
destruction d'habitats productifs, la détérioration ou la perte permanente de leur
productivité, menaçant à la fois la biodiversité et le bien-être des humains."
C'est "l'empreinte" laissée par les émissions de gaz à effet de serre (GES) en raison
de l'utilisation croissante de combustibles fossiles qui est la plus importante de
toutes, parce qu'elle engendre des changements globaux qui dénaturent les
écosystèmes et réduisent leur productivité écologique globale. Les émissions de
GES contribuent pour la moitié de tous les phénomènes de dévastation ou d'atrophie
des grands écosystèmes dont l'humanité dépend pour se nourrir, se loger ou pour
son économie.
Encadré 1
Actuellement, l'empreinte dans les pays du Moyen orient et de l'Asie centrale est en
moyenne de 2,2, celle de l'Europe est de 4,8 (5,6 pour la France) et celle des Etats -Unis de
9,6 ( 7,6 pour le Canada). Elles font partie des plus mauvais bilans avec les Emirats Arabes
Unis (11,9 ha) et la Finlande (7,6 ha). L'empreinte écologique de l'Europe est d'ores et déjà
deux fois trop élevée alors qu'elle se situe dans la voie médiane de l'indice. Quand au bilan
français, il n'est pas reluisant : le pays est classé parmi les douze plus mauvais sur les 147
pays de l'indice, en raison de sa consommation énergétique, fossile et nucléaire. Un
Français " consomme " 5,6 ha alors que la moyenne par individu devrait se situer autour de
1,8 ha, selon l'évaluation moyenne par habitant de la superficie disponible biologiquement
productive. Ces chiffres nous placent en situation de dette par rapport aux pays en
développement qui sont eux très en dessous des 1,8 ha par habitant.
D'une manière globale, l'indice Planète Vivante, qui mesure l'évolution de la diversité
biologique de la Terre, montre que les espèces terrestres ont connu une baisse de 31%
entre 1970 et 2003, et l'indice marin un déclin de 27 % pour la même période. La disparition
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de certaines espèces à forte valeur économique, comme le cabillaud et le thon, est
désormais avérée. En dehors des pays en développement, l'humanité consomme donc trop,
et ce depuis plus de vingt ans.
Ces différentes analyses impliquent que l’activité humaine est en dépassement
écologique : nous consommons davantage de ressources naturelles que la planète
ne peut en régénérer. Nous en excédons les limites : nous utilisons l’eau plus
rapidement qu’elle ne se recharge dans le sol, nous coupons les forêts plus
rapidement qu’elles ne se régénèrent, nous injectons du CO2 dans l’atmosphère plus
rapidement qu’elle ne peut le stocker. Le stock de capital naturel de la planète est en
voie d’épuisement, érodant l’offre future en ressources naturelles, au risque d’un
véritable effondrement environnemental qui n’épargnera certainement pas les êtres
humains.
Face à cette situation, l’on se demande, comment dès lors répondre aux défis
écologiques sans précédent posés en termes de déforestation massive, de pollution
des nappes phréatiques, de gaz à effet de serre ou de percement de la couche
d’ozone ? Autrement dit, une approche intégrant écologie humaine et développement
durable s’avère nécessaire.
VI.1. EVOLUTION ENVIRONNEMENTALE ET VULNERABILITE VI.1.1. Pratiques environnementales et risques
Peut-on vivre et travailler dans un environnement malade ? Malgré les progrès, des
facteurs environnementaux affectent dramatiquement la santé de nombreuses de
populations.
Evolutions culturelles
De nombreux risques de maladies (surtout transmissibles) sont liés aux stades
culturels successifs de la société :
- chez les chasseurs-cueilleurs (nomadisme, faible densité humaine,
ressources alimentaires abondantes), il y aurait peu de maladies, avec
l'apparition de l'agriculture, au néolithique. Celles-ci ont explosé à
l’accélération démographique, avec la famine, la promiscuité avec le bétail et
les rongeurs et les défrichements (développant le paludisme) ;
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- à l'âge préindustriel, les grandes épidémies (variole, typhus, peste) liées à
l’expansion urbaine ont fait leur apparition ;
- à l'âge industriel, les endémies (tuberculose), la diffusion des maladies
avec les conquêtes, le plus souvent en direction des pays colonisés, parfois
en sens inverse ont été développées.
En somme, il convient de retenir dans tout ce qui précède qu’il existe une coévolution
entre les pratiques et les habitudes culturelles dans un milieu donné et l’homme.
Exploitations minières
Dans plus d’une trentaine de pays en développement, l’activité minière représente
entre 15 à 50% des exportations vers les pays industrialisés. Elle occupe à ce titre
une place de choix dans l’économie de ces pays du Sud avec près 13 millions
d’emplois. Elle affecte en retour la santé de 80 à 100 millions de personnes et
provoque d’énormes pressions sur les écosystèmes. En effet, la phase d’exploration
d’une mine donne lieu à de nombreux dommages biophysiques. Les vols
exploratoires à basse altitude effraient la faune. Les excavations provoquent
l’érosion, favorisent le contact de contaminants avec les cours d’eau et modifient les
habitudes des animaux. Elle génère également des déchets gazeux, liquides et
solides potentiellement dangereux, etc. En Afrique, en Amérique Latine et en Asie,
de nombreuses rivières ont été déclarées biologiquement mortes.
Dans un environnement minier, la santé humaine, aussi bien physique que mentale,
subit d’importantes agressions (problèmes respiratoires, les bruits, les vibrations, la
contamination de l’eau potable. L’exploitation minière limite également l’accès aux
terres cultivables et occasionne une diminution de la production alimentaire.
Encadré 2
Au Brésil, le corridor de 900 km de longueur, taillé dans la jungle à partir de l’océan Atlantique pour rejoindre l’énorme mine de Carajas, a eu un impact sur 300 000 km2. La découverte de l’or le long de la rivière Tapajos en 1958 a provoqué l’afflux de quelque
200 000 prospecteurs et mineurs dans une région sauvage sans infrastructure sanitaire.
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Activités agricoles La production agricole entraîne des transformations profondes de l’environnement
physique et humain. On note qu’environ 11% (1 440 millions d’hectares) des terres
de la planète sont des terres arables et leur gestion laisse souvent à désirer. La
pollution par les pesticides et les engrais, la salinisation et la contamination par les
métaux lourds conjuguées à l’épuisement des sols ont mis hors jeu 2% des terres de
la planète. Dix millions d’hectares de terres cultivées sont maintenant dégradées de
façon irrécupérable. Des fluctuations de la demande pour les différents produits
agricoles provoquent des changements de l’écosystème qui ont un impact sur la
santé des agriculteurs. Par exemple, les rizières accueillent les vecteurs de maladies
comme le paludisme et schistosomiase ; les fluctuations des troupeaux modifient la
densité des insectes piqueurs et suceurs de sang ; l’utilisation de nouveaux
pesticides apportent son lot de risques d’empoisonnement. En Asie du Sud-est, les
plantations d’hévéas, de palmiers à huile et d’arbres fruitiers créent des conditions
favorables au paludisme. En Amazonie, les familles défrichant leur lopin de terre
arraché à la forêt libèrent un mercure emprisonné dans les sols depuis des centaines
de milliers d’années. Au terme d’un long processus, ce mercure se retrouve sous
forme toxique dans leur corps et celui de leurs enfants. L’impact de l’agriculture a
transformé l’épidémiologie de certaines maladies, comme le paludisme et la
leishmaniose, qui sont devenus épidémiques, ou en a introduit d’autres comme la
bilharziose, la maladie de Chagas (qui est endémique depuis la préhistoire dans les
Andes), ou la rage, propagée au bétail par les chiroptères hématophages.
En somme, les effets désastreux, liés aux diverses activités agricoles exacerbent les
tensions environnementales de la déforestation et du surpâturage. Celles-ci
diminuent la capacité de rebondir ou résilience des écosystèmes exploités.
Toutes ces pratiques anthropiques affectent les écosystèmes et mettent en péril la
survie des humains.
Pauvreté
Selon le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), l’écart entre
riches et pauvres a doublé depuis les dernières décennies. A l’heure actuelle, le
cinquième plus riche de la population du globe jouit d’un revenu 150 fois supérieur à
celui du cinquième le plus pauvre. Aujourd’hui, 1,3 milliards de personnes se
couchent chaque soir sans avoir mangé et la faim ou les maladies infectieuses tuent
13 millions d’enfants chaque année. L’Afrique n’a pas pu produire une quantité
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suffisante d’aliments pour ses propres besoins depuis 1970. La pauvreté est à la fois
une source environnementale et en constitue également une menace. Non
seulement les pays pauvres ne possèdent pas suffisamment de ressources
financières pour s’acheter des machines non polluantes, mais encore un grand
nombre d’habitants sont tellement pauvres qu’ils doivent couper le peu d’arbres qu’il
leur reste pour se chauffer et pour cuisiner. Parce qu’ils manquent de nourriture, ils
cultivent en épuisant le sol, pendant que leur bétail rase la végétation. Quelques fois,
ceux-ci sont forcés de se nourrir des graines dont ils ont besoin pour ensemencer les
cultures de l’année suivante. En somme, les systèmes d’exploitation des ressources,
fondés sur la nécessité de survivre, de faire face aux conditions mondiales et de
gagner de l’argent provoquent de véritables massacres écologiques en enfonçant les
peuples dans la spirale de la misère.
VI.1.2. Ecosystèmes et santé
L’approche écosystème et santé souligne les liens inextricables entre les humains et
leurs environnements biophysique, social et économique et ces liens se répercutent
sur leur santé.
Les problèmes de santé associés à l’environnement ont débuté le jour où les
humains ont commencé à respirer la fumée des feux aménagés dans les cavernes
qu’ils habitent. Le personnage pour le moins excentrique du « chapelier fou » est une
allusion aux troubles de comportement dont étaient affligés autrefois les chapeliers
qui devraient manipuler du mercure lors de la fabrication des chapeaux de feutre.
Les effets nocifs des produits chimiques et des métaux toxiques sont nombreux et
variés :
- carcinogènes : se dit d’une substance qui provoque ou favorise l’apparition de
cancers;
- tératogénicité : capacité d’une substance à provoquer des malformations
congénitales ;
- trouble neurologique : désordre indiquant un état pathologique du système
nerveux, etc.
Les effets enregistrés, des produits chimiques toxiques sur les êtres vivants sont le
cancer, la mort, les comportements anormaux. Il existe aussi des effets moins
visibles qui modifient l’équilibre chimique de l’organisme et provoquent des
anomalies de la glande tyroïde, du foie et du système endocrinien.
Certains produits chimiques les plus inquiétants sont ceux qui s’accumulent dans la
chaîne alimentaire selon deux processus :
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- par bioaccumulation, c’est-à-dire des substances toxiques provenant, soit de
l’environnement par absorption par des organismes vivants, soit absorbées
pendant les aliments dans les cellules adipeuses ;
- par bioamplification : processus par lequel, il y a augmentation cumulative
de la teneure d’une substance toxique au fur et à mesure que l’on s’élève
dans la hiérarchie de la chaîne alimentaire, qui se produit lorsque le rythme
d’ingestion de cette substance est supérieur au rythme d’excrétion ou de
métabolisation.
Par ailleurs, les perturbations écologiques, quelles soient directement anthropiques,
ou indirectes, via l’effet de serre, ont fait évoluer la distribution de la pathologie
infectieuse et parasitaire. Dans certains cas, c'est l'afflux de travailleurs dépourvus
d'immunité dans des zones insalubres comme dans les forêts du sud-est de la
Thaïlande ou ailleurs, l'extension des petits barrages, causant une extension brutale
du paludisme ou de la bilharziose. L'abattage de la forêt constitue un front
épidémique où le contact entre certains vecteurs de pathogènes (fièvre jaune,
leishmanioses), et les travailleurs est favorisé. Les clairières assurent des conditions
favorables à d'autres vecteurs (Anophèles gambiae en Afrique). Les migrations et
brassages de populations ont provoqué un essor spectaculaire des maladies
transmissibles, vénériennes notamment. L'émergence d'infections virales à
incubation lente (rétrovirus, virus lents neurotropes) n'est probablement pas
étrangère à ces modifications plus sociologiques qu'environnementales.
VII. ECOLOGIE HUMAINE ET DEVELOPPEMENT DURABLE
Le modèle de développement des pays industrialisés tel qu’il évolué au cours deux
siècles précédents a élevé le niveau de vie d’une part importante de l’humanité d’une
manière inespérée. Il nous a procuré une alimentation remarquablement diversifiée,
une consommation de biens matériels sans précédent et une mobilité impensable.
Cependant, au regard des grands enjeux écologiques auxquels la planète est
confrontée, l’on se rend compte que ce modèle actuel de développement
économique, fondé sur l’utilisation massive des combustibles fossiles est inefficace
et ne peut perpétuer la vie normale et, lui-même ne peut se perpétuer parce qu’il
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détruit les écosystèmes dont il dépend. Or une économie n’est viable que s’il
respecte les principes de développement durable7.
Selon la théorie économique actuelle, héritée d’Adam Smith, l’homo economicus doit
tendre vers la plus grande productivité de trois facteurs: le travail, le capital et les
matières premières. Mais une brève analyse de l’enseignement dans les
départements d’économie et des pratiques dans les entreprises suffit pour constater
que les sociétés industrielles ne mettent présentement l’accent que sur les deux
premiers facteurs et négligent le troisième. En effet, elles recherchent avidement une
plus grande productivité de la main d’œuvre (produire plus avec une force de travail
réduite) et une plus grande productivité du capital (obtenir un plus grand retour sur
investissement à moindre risque), mais font très peu d’efforts pour améliorer la
productivité des matières premières. Peut-être est-ce dû au fait que les notions de
productivité, de travail et de capital sont surtout l’objet d’étude des facultés
d’économie, alors que l’utilisation (et non la productivité) des matières premières
relève plutôt des facultés de génie? En somme, le modèle économique
présentement en vigueur ne semble pas savoir comment répondre aux besoins de la
population mondiale croissante avec les ressources disponibles, parce qu’il
n’applique même pas les principes de sa propre théorie.
Alors que toutes les sciences ont évolué vers une approche systémique, les
économistes demeurent étonnamment attachés à leur vision linéaire, surtout au
niveau micro-économique des sciences de la gestion. Autrement dit, notre modèle
économique néglige de comptabiliser les plus grands stocks que nous utilisons: les
ressources naturelles et les écosystèmes, aussi bien que les systèmes sociaux et
culturels qui constituent la base du capital humain.
VII.1. Environnement et développement durable : compatibilité et
incompatibilité
Les rapports entre environnement et développement sont souvent conflictuels, la
question est pourtant de savoir si développement et environnement ne peuvent-ils
pas être complémentaires pour aboutir à un développement durable ?
VII.1.1. Les rapports de dualité
7 Qui est celui qui répond aux besoins des populations actuelles sans compromettre la capacité des générations
futures de répondre aux leurs.
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En dehors de certains risques naturels comme les éruptions volcaniques, les
tremblements de terre, les tempêtes tropicales, les séismes, etc. et de certaines
agressions comme l’érosion littorale ou des zones arides dues à des forces de la
nature, la dégradation de l’environnement naturel et du cadre de vie est
principalement le fait de l’homme. Elle résulte des différentes opérations de
développement conduit dans l’espace et cela sans considération de l’environnement.
VII.1.2. De la dualité à la complémentarité
L’expérience montre que le développement ne peut se faire sans nuire à
l’environnement, ou inversement que l’environnement ne peut être protégé sans
toutefois freiner, voire arrêter le développement. A l’analyse, il existe plutôt une
relation étroite entre le développement et l’environnement :
- Les problèmes de l’environnement peuvent compromettre le développement
directement ou indirectement ;
- le développement peut également influencer l’environnement, il est donc
indispensable de concilier développement et environnement.
VII.1.3. De la complémentarité au développement durable
Autant la protection de l’environnement pour la survie de l’homme et l’amélioration de
la qualité de vie reste une préoccupation de la communauté internationale
(Stockholm 1972, Rio 1992, Johannesburg 2002), autant le développement durable
est devenu une préoccupation clairement exprimée et soutenue à Rio dans l’agenda
21 : réaliser le développement durable sur la terre au 21e siècle pour la survie de la
planète.
Au delà des dispositions légales et institutionnelles, la nouvelle économie doit
reposer sur une nouvelle conception, celle de renoncer à l’épuisement des
ressources naturelles, en s’appuyant sur les énergies renouvelables, la réutilisation
et le recyclage des matériaux et sur la politique de planification économique.
VII.1.3. Le progrès en cours ou envisagé
Depuis Rio (1992), les Nations Unies ont interdit le rejet de radioactifs dans les
océans et réduit la pollution atmosphérique et marine d’origine terrestre. On s’efforce
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également de protéger les ressources naturelles menacées et d’enrayer l’avancée
des déserts.
Dans le monde, des efforts ont été accomplis pour parvenir :
- à décontaminer un nombre de ports de décharges toxiques ;
- d’adopter de nouvelles lois pour mieux protéger les ressources naturelles ;
- la maîtrise à terme des émissions de méthane et autres gaz ;
- la relance de la politique de maîtrise de l’énergie dans tous les secteurs
(promotion des énergies renouvelables). A cet effet, nous disons que l’une
des conséquences des chocs pétroliers de 1973 et de 1979 a été la prise
de conscience que le coût des énergies fossiles ne pourrait aller que
croissant et, que les réserves de pétrole et de gaz n’étaient pas
inépuisables. C’est pourquoi, les énergies renouvelables s’imposent
comme un grand espoir de substitution.
Le concept d’énergie renouvelable recouvre des technologies et des domaines très
divers parmi lesquels :
- les biocarburants, c’est-à-dire à partir de la biomasse ;
- l’énergie éolienne ;
- l’énergie solaire ;
- le bois d’énergie ;
- la conversion photovoltaïque ;
- la géothermie (chaleur du sol), etc.
La question est de savoir comment mettre à la disposition des Etats, des moyens
techniques pour valoriser ces énergies renouvelables.
CONCLUSION
L’écologie humaine en tant que discipline est une méthodologie autant qu'un
domaine de recherche. C'est une manière de penser au monde, et un contexte dans
lequel nous définissons nos questions et manières de répondre à ces questions
grâce à une approche interdisciplinaire. Elle explore non seulement l'influence des
humains sur leur environnement, mais également l'influence de l'environnement sur
le comportement humain, et leurs stratégies adaptatives. A ce titre, elle a permis de
montrer que ces stratégies adaptatives des humains ont largement influencé
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l’environnement. En effet, si les hommes n’ont pas attendu la révolution industrielle
pour agir en profondeur sur les biotopes qu’ils exploitaient, cependant, il existe de
grandes différences entre ces altérations d’autrefois et celles qui affectent
aujourd’hui la biosphère. L’une d’elles tient à l’échelle d’intervention. Alors que jadis
l’interaction entre les sociétés et leur milieu physique était d’ordre local, l’expansion
démographique et industrielle mondiale lui confère désormais un caractère global et
cumulatif, aux effets macroclimatiques avérés. Autre différence majeure est qu’en
dépit de flux croissants d’informations sur les pollutions engendrées par l’homme,
celles-ci renvoient à des réalités trop distantes et abstraites pour vraiment
sensibiliser le plus grand nombre. En fait, les consommateurs se rendent de moins
en moins compte de l’impact écologique précis qu’a la production des biens qu’ils
acquièrent, d’abord parce qu’une proportion croissante d’entre eux vivant désormais
en ville, est inscrite dans la mobilité et est « coupée de ses conditions objectives
d’existence », selon la formule de Karl Marx. Ensuite, parce que, face à la
globalisation des échanges, la plupart des biens consommés proviennent de lieux
distants, le plus souvent inconnus. Dans ces conditions, les traits qui avaient
tendance à permettre la pérennisation des écosystèmes anthropisés du temps jadis
sont de moins en moins applicables. En vertu de la « théorie de la résistance » que
certains éco-archéologues ont récemment développée, ces traits tenaient d’une part
au caractère épisodique des changements technologiques, à la nature parcellaire et
discontinue des processus et types d’ajustement qu’ils engendraient, ainsi qu’à la
multiplicité des équilibres, mais aussi des évolutions qu’un même écosystème
pouvait réaliser. Or, aujourd’hui, le caractère parcellaire et épisodique de ces
changements cède le pas à des mutations continues, relativement homogènes et
aux effets amplifiés.
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