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  • 5/26/2018 CM-OA-2001

    1/44

    MODERNMODERNA N N U E L O U V R A G E S D A R T 2 0 0 1

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    2/44

    Sommaire Annuel ouvrages dart dition 2001

    r a l i s a t i o n s A 43 Viaduc Saint-AndrPAGES

    01

    05Solution btonpour ouvrage dart majeur

    r a l i s a t i o n s SEINE Usine dpurationPAGES

    21

    25Palette de couleurset de parements

    MONACO Port de la CondaminePAGES

    06

    12La Mditerraneapprivoise par lhomme

    POLOGNE Trois pontsPAGES

    26

    32La Polognelance trois ponts vers lavenir

    PONTS HAUBANSPAGES

    33

    38Plus beaux,plus longs

    b l o c - n o t e s Actualits

    Livre

    PAGE

    39

    p e r s p e c t i v e s Laurent BoutillonRoissy 2E

    PAGE

    40

    >>> En couverture :le pont de Normandie.

    (Photo : Albert

    Brenguier;

    Mise en lumire :

    Yann Kersal.)

    t e c hno l o g i e s b t on TECHNOLOGIES BTONPAGES

    13

    20

    Btons et architecturesouterraine

    Les ouvrages dart participent lamnagement de nos paysages natureou urbains et sont indispensables notredveloppement, notre mobilit, notreconfort Tous ces ouvrages participent notre modernit, ils sont lavant-gardde la construction. Ce numro deConstruction moderne nous en montre

    toute lactualitet la faon dont le btonsait rpondre aux exigences et auxperformances quils requirent. Les pont

    haubans font partie des ouvrages quimarquent les esprits par leur originalitleur performance. Le pont de Normandi

    (en couverture) a tmis en service le20 janvier 1995,et reste le meilleur

    exemple de cette technique par son

    architecture, le record de franchissemen

    quil a tabli et lengouement quil asuscit. De nombreux ponts haubansbattent actuellement de nouveaux recor

    de franchissement travers le monde : cnumro en apporte le tmoignage.

    ROLAND DALLEMAG

    directeur de la rdac

    CIMCENTRE DINFORMATION SU

    LE CIMENT ET SES APPLICATION

    7, place de la Dfense92974 Paris-la-Dfense Ced

    Tl. : 01 55 23 01 00 Fax : 01 55 23 01

    E-mail : [email protected]

    internet : www.cimbeton.net.fr

    DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Frdric VelteDIRECTEURDE LARDACTION : Roland DallemaCONSEILLERSTECHNIQUES :Bernard David; Serge Horvath ; Jean Schumache

    CONCEPTION,RDACTION ET RALISATIONALTEDIA COMMUNICATION

    5,rue de Milan75319 Paris Cedex 09

    RDACTEUR EN CHEF : Norbert LaurentRDACTEUR EN CHEFADJOINT: Pascale Weil

    Pour les abonnements, fax : 01 55 23 01 10,E-mail : [email protected]

    Pour tout renseignement concernant la rdactitl.: 01 44 91 51 00

    ditorial

    MODERNMODERN

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    3/44

    r a l i s a t i o n A 43 Viaduc Saint-Andr

    Solution btonpour ouvrage dart majeur Dernier maillon de lA 43, inaugur le 12 juillet 2000, le tronon qui relie Saint-Michel-

    de-Maurienne au Freney stire sur une distance de 13,5 km. Implant au niveau de lextrmit

    amont de lautoroute, le viaduc Saint-Andr est louvrage le plus important de la valle,

    avec une longueur de 903,50 m. Sa particularit : un tablier qui fait exclusivement appel

    au matriau bton. Un cas presque unique, sachant que la quasi-totalit des ponts et viaducs

    de lautoroute A 43 intgrent une ossature mixte associant lacier et le bton.

    CO N S T R U C T I O N M O D E R N E/ AN N U E L OU V R A G E S DA R T 2 0 0 1 1

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    4/44

    ous sommes parvenus rendre discret louvrage

    le plus important de la Mau-rienne en lintgrant de faonlgante dans une valle parti-culirement resserre. Tels sontles mots de larchitecte Charles Lavignepour rsumer la conception du viaduc

    Saint-Andr, lun des seuls ponts de

    lautoroute A 43 qui ait t construit en

    bton. Le choix du matriau tait li la

    difficult dapprovisionner le site en pou-

    trelles mtalliques, explique larchitecte.

    Coinc entre deux flancs de montagnes

    et sans aucune vue dgage,encadr par

    un torrent (lArc), la RN 6 et une voie

    ferre, le viaduc ne laissait que peu de

    possibilits architecturales.Mais le pro-

    fil de la valle a conduit la ralisation

    dun ouvrage courbe prsentant une

    perspective intressante depuis la RN 6,

    reprend Charles Lavigne. La forme

    sinueuse du tablier a impos lutilisation

    de voussoirs prfabriqus. vrai dire,

    cette technique tait la seule envisa-

    geable compte tenu de ltroitesse du

    site. Notre rle essentiel concernait

    linsertion de louvrage dans son envi-

    ronnement. Nous navions pas dimpli-

    cation dans le calcul des structures,

    mais le bureau dtudes imposait des

    contraintes au niveau du dessin du

    viaduc.Et pour Charles Lavigne, la

    forme dune structure doit tre le reflet

    esthtique de sa technicit.

    Une recherche

    esthtique complexe

    Le pont est implanttrs bas dans la

    valle. Le tablier unique en constitue

    presque le nouveau fond. Extra-large

    avec ses 21,20 m, il est supportpar des

    piles dont certaines ont une hauteur

    parfois plus faible que son paisseur. La

    premire difficulttenait dans le dessin

    des piles, qui devait tre en adquation

    avec leur faible hauteur, explique

    Charles Lavigne.Mais une autre obliga-

    tion rendait plus ardue encore la t

    de larchitecte, celle de constr

    quelques piles dans le lit de lArc, d

    une recherche esthtique encore p

    complexe : Dans un tel contex

    chaque pile devait prsenter un pr

    hydraulique idal, autrement dit tre

    forme cylindrique.Charles Lavign

    donc dessinun ft circulaire de 5 m

    diamtre,surmontdun chapiteau cahaut de 4 m.Sa particularit : faire of

    de pile lui tout seul.Les trois appuis

    plus courts ont ttraits de cette fa

    Unitprserve

    Le choix de la teinte de louvrage s

    imposde lui-mme. Lendroit est

    peu triste, la montagne sombre, expli

    larchitecte. Construire dans cet envir

    nement un pont de couleur claire au

    2 C O N S T R U C T I O N M O D E R N E/ A N N U E L O U V R A G E S D A R T 2 0 0 1

    >>> La forme sinueuse du tablier a ncessitla mise

    en uvre de voussoirs prfabriqus. Louvrage est coincentr

    deux flancs de montagne,le torrent Arc, la RN 6 et une voie ferre.

    Le chapiteau carrdes appuis peut faire office de pile

    lui seul. Trois appuis sont traits de cette faon. Une hauteu

    minimale de 5 m a tdgage sous le tablier afin de permettre

    le passage ventuel de blocs rocheux. Extralarge, le tablier

    supporte 2 x 2 voies de circulation.

    5

    4

    3

    2

    1

    r a l i s a t i o n A 43 Viaduc Saint-Andr

    1 2

    CHAMBRYALBERTVILLE

    Saint-Michel-de-Maurienne

    Orelle

    tunnel dOrelle La Praz

    Saint-Andr

    tunneldu Frjus

    TURINA 43

    RN 6

    LArc

    viaduc du Freney

    viaduc Saint-Andr Le Freney

    A 43 RN6

    LArc

    N

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    5/44

    t malvenu. Limposant tablier est

    donc dune couleur sombre. En fait,

    Charles Lavigne a profitdune caract-

    ristique du BHP, matriau utilispour sa

    ralisation : Ce type de bton est dune

    teinte plutt fonce, alors que les archi-

    tectes prfrent les btons clairs. Le via-

    duc ne rompt pas pour autant lunitdes

    ouvrages de la Maurienne. Les corniches

    du pont sont turquoises,comme lArc

    quand il nest pas en crue. Cette couleur

    revient sur lensemble des constructions

    de lA 43.Faire respecter lunitarchitec-

    turale ntait pas trs difficile, la plupart

    des ouvrages de lautoroute savoyarde

    tant signs Charles Lavigne.Larchitecte

    a travaillen collaboration avec le cabi-

    net Chambre et Vibert, chargdu design

    des btiments et des pages.Ce travailen commun a permis dassurer une unit

    de forme et de couleur tout au long de

    lautoroute. Les piles des passages

    suprieurs et les murs de soutnement

    prsentent des parements imitant le

    rocher, conclut Charles Lavigne. Des

    veines de quartz sinfiltrent dans les

    piles, et tous les crans anti-bruit sont

    construits en bois ou en bton de bois.

    Preuve quen matire douvrages dart,

    esthtique et technicitvont de pair.

    vec ses 903,50 m, le via-duc Saint-Andrest le plus

    long de lautoroute A 43. Loca-lisen haute Maurienne, proximitdu

    tunnel du Frjus, il prsente un tablier

    large de 21,20 m qui supporte les deux

    doubles voies de circulation, plus les

    bandes darrt durgence. Son trac

    sinueux est dictpar le contexte topogra-

    phique : une valle encaisse aux ver-

    sants instables dune part, la prsence de

    la RN 6 et dune voie ferre dautre part.

    Sans oublier lArc, dont les crues centen-

    nales peuvent atteindre des dbits de

    plus de 900 m3/s.Autant de facteurs qui

    ont compliqulimplantation de lou-

    vrage. Sur la rive gauche, la zone des

    Grandes Murailles peut entraner

    lboulement de prs dun million de

    mtres cubes de dblais ; notre choix

    sest donc orientvers la rive droite, en

    limite de lArc, explique Michel Lvy,

    directeur de Setec TPI. Cette option a

    imposle reprofilage du versant nord de

    la valle, en terrassant le dblai trs

    pentu dit sous la ville sur une lon-

    gueur de 300 m. Quelque 300 000 m

    de blocs schistogrseux envelopp

    dune matrice meuble ont ainsi tva

    cus. Lopration visait dgager un

    hauteur minimale de 5 m sous le futu

    tablier afin de laisser le passage

    dventuels blocs rocheux. En parallle

    la pente du versant tait adoucie pou

    amliorer sa stabilit, tandis que le

    berges taient protges par des enro

    chements en raison des sollicitation

    hydrauliques rencontres sur le site.

    Voussoirs limits 125 t

    Le tablier, qui pouse le fond de la valle

    est possur une srie de deux cules e

    de dix piles. Ces dernires,qui doiven

    C O N S T R U C T I O N M O D E R N E/ A N N U E L O U V R A G E S D A R T 2 0 0 1 3

    3 5

    Un tablierhautes performances

    A

    >>> Le tablier est divisen

    350 sections de 2,20 ou 2,78 m.

    Les voussoirs sont couls en B 80

    qui les rend plus rsistants, plus

    et plus facile manipuler.

    4

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    6/44

    garantir un coulement hydraulique opti-

    mal, sont de forme circulaire et en

    nombre rduit eu gard la longueur

    de louvrage. Leur rpartition a conduit

    retenir des portes importantes pour

    le tablier : 95 m pour 7 des 11 traves.

    Les autres oscillent entre 39,40 m et

    89,45 m. En amont, sur ses cent derniers

    mtres, le tablier slargit jusqu

    27,36 m. Une particularit due aux

    biseaux dentre et de sortie du diffuseurdu Freney, dernier dispositif dchange

    avec la RN 6 avant le tunnel du Frjus.

    Prfabrication par10 C

    Le tablier est constitude voussoirs prfa-

    briqus en bton, mis en place laide

    dune poutre de lancement selon la tech-

    nique des encorbellements successifs.

    Pour rester manuvrable, chacun de

    ces lments ne pouvait excder un poids

    de 125 t.Dola division du tablier

    350 sections dune longueur de 2,20

    ou de 2,78 m en fonction du calepin

    des traves.Seuls les voussoirs sur pile

    ceux qui leur sont adjacents affichent

    longueur de 1,80 m. Mme chose p

    les voussoirs installs sur les cules,d

    le poids propre a imposun btonn

    en place.Le poids limitdes voussoi

    conduit la mise en uvre dun bto

    hautes performances. Compte tenu caractristiques du viaduc et des con

    tions climatiques dans la valle de

    Maurienne, le bton devaittre insens

    aux cycles de gel-dgel, ne pas cont

    dentraneur dair dans sa formule, a

    une rsistance de 60 MPa et enfin

    maniable, explique Pierre-Loc Veyr

    ingnieur responsable de la mat

    duvre SetecTPI sur le site. Aprs le

    de plusieurs formulations diffren

    la solution B 60 sest avre irralis

    4 C O N S T R U C T I O N M O D E R N E/ A N N U E L O U V R A G E S D A R T 2 0 0 1

    >>> Pour pouvoir tre manutentionns, les voussoirs en bt

    ne pouvaient dpasser un poids unitaire de 125 t. Les voussoir

    sont mis en place laide dune poutre de lancement,selon

    la technique des encorbellements successifs. Les dix piles

    et les deux cules sont quipes dun dispositif parasismique constit

    de vrins hydrauliques. Avec ses 903,50 m,le viaduc Saint-And

    est louvrage de franchissement le plus imposant de lautoroute A 43

    4

    3

    2

    1

    r a l i s a t i o n A 43 Viaduc Saint-Andr

    1 2

    Vrins parasismiquesLe secteur de la haute valle de la Maurienne a un caractre modr-

    ment sismique.Le viaduc Saint-Andrest donc trs sensible aux mou-

    vements de sol, dautant plus que son tablier en bton prcontraint,

    rigide et massif (21,20 m de large pour une hauteur constante de

    4,50 m),est implantau ras du sol. Une obligation, car louvrage doit

    passer sous la voie ferre situe lextrmitamont du projet.Le tablier

    est donc possur des piles dont certaines sont trs basses peine

    4 m,soit lpaisseur du chevtre.

    Dans cette configuration, La partie suprieure du viaduc ne bnficie

    pas dun amortissement naturel.Cest pourquoi les dix piles et les deux

    cules ont tquipes chacune dun dispositif parasismique constitu

    de vrins hydrauliques.Ces derniers sont orients dans le sens longitu-

    dinal sur les cules et transversal sur les piles. Leur rle consiste limi-

    ter la transmission au tablier des efforts que subissent les piles en cas

    de sisme. De plus, le tablier repose sur des appuis glissants multidi-

    rectionnels.Ce systme garantit un dplacement suffisant du tablier

    pour assurer le fonctionnement des vrins. Les vrins prsents sur les

    cules sont au nombre de douze, avec une capacitindividuelle de

    250 t, tandis que chaque pile reoit deux vrins de 200 t. Ce dispositif

    parasismique ne soppose pas la dilatation de louvrage.

    TECHNIQUE

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    En fait, le choix sest arrtsur un B 80

    dont la densitbeaucoup plus impor-

    tante rpondait au cahier des charges

    en matire de rsistance, de gel-dgel

    et de maniabilit. En outre, la mise en

    uvre dun tel bton permettait de cou-

    ler des lments plus lgers, donc plus

    faciles manipuler.

    Les voussoirs sont prcontraints indivi-

    duellement dans le sens transversal, au

    moyen de quatre cbles T 15 placs

    tous les 80 cm.Une prcontrainte longi-

    tudinale est applique aprs la pose, en

    trois tapes.En premier lieu, des cbles

    permettent laccrochage des voussoirs

    au flau en quilibre sur son appui.

    Intervient ensuite la prcontrainte de

    continuit(jonction entre flaux), rali-

    se avec six paires de 19 T 15 position-

    nes en partie infrieure, plus une paire

    en section suprieure. Une prcon-

    trainte dite extrieure au moyen de

    quatre paires de cbles 27 T 15 vient

    complter ce dispositif pour relier trois

    flaux entre eux.

    Prfabrication sous abri

    Lusine de prfabrication tait situe sur

    lautoport du Freney,500 m en amont de

    louvrage. Elle comptait deux cellules,

    dune capacitde production de deux

    voussoirs par jour, installes dans un

    hangar. Implanter lunitde prfabrica-

    tion sous abri tait volontaire, pour auto-riser le travail mme par temps trs

    froid, poursuit Pierre-Loc Veyron. La

    justesse de cette dcision sest vrifie en

    fvrier 1999, o la production des

    voussoirs a pu continuer malgrlarrt

    du chantier, immobilispar une tempra-

    ture de 10 C. Cette suspension de

    lactivitna pas causde problme par-

    ticulier, puisque le rythme de pose de six

    voussoirs par jour a rapidement absorb

    le surplus. La solution voussoirs prfa-

    C O N S T R U C T I O N M O D E R N E/ A N N U E L O U V R A G E S D A R T 2 0 0 1 5

    3 4

    Matre douvrage :

    Socit franaise du tunnel

    routier du Frjus (SFTRF)

    Matre duvre :

    Setec TPI

    Architecte :

    Charles Lavigne

    Entreprises gnrales :

    Groupement Bouygues

    (mandataire),Olivia TP,GFC,

    Intrafor et DTPTerrassements

    Cot :

    30,8 M (202 MF)

    Lepetit frrede Saint-Andr

    Le viaduc du Freney est spardpeine 135 m du viaduc Saint-Andr.

    Long de 207 m, ce petit frre constitue lextrmitamont de lauto-

    route de la Maurienne.Au-del, la rampe daccs au tunnel du Frjus

    prend le relais.En fait,ce viaduc franchit successivement la bretelle de

    sortie du diffuseur qui se dtache du viaduc Saint-Andr, puis lArc et

    enfin le carrefour giratoire de la RN 6. Louvrage est divisen quatre

    traves dont la plus importante atteint 79 m. Il intgre un tablier mixte

    unique dune largeur de 18,20 m. Son ossature mtallique (8,80 m de

    large) a ncessitune prfabrication en atelier par demi-lments.Ces

    demi-caissons ont tsouds ensemble sur laire de montage.Les

    tronons ainsi reconstitus, dun poids unitaire de 1 145 t,ont ensuite

    tassembls les uns avec les autres et mis en place par lanage.

    La dalle en bton,dune paisseur de 30 cm, a tcoule en place au

    moyen dun quipage mobile pour les encorbellements,et dun cof-

    frage perdu en bac acier nervurpour la partie centrale.

    TECHNIQUE

    briqusconstituait aussi une variant

    par rapport au projet initial, car elle per

    mettait de gagner prs de six mois d

    dlai, conclut Pierre-Loc Veyron. TEXTE : ANTOINE VAVE

    PHOTOS : GUILLAUME MAUCUIT-LECOMTE

    SFTRF/F. BATAILLARD, SFTRF/G.COTTE

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    8/44

    r a l i s a t i o n MONACO - Port de la Condamine

    La Mditerraneapprivoise par lhomme Rien ne semble pouvoir arrter ltat mongasque dans son entreprise de domestication

    de lespace maritime. Lextension du port de la Condamine, qui devrait tre acheve en 2003

    aprs trois annes de travaux marqus du sceau du gigantisme, apporte au gnie civil

    et la construction off-shore de nouvelles rfrences, dans la ligne de la barge NKossa

    ou du pont de lresund. Lopration, dont le cot slve 1,65 milliard de francs, fait appel

    aux techniques les plus abouties et les plus fiables en matire de construction bton.

    6 CO N S T R U C T I O N M O D E R N E/ SP C I A L OU V R A G E S DA R T 2 0 0 1

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    9/44

    ien quil soit idalementsitu, le port de la Conda-

    mine subit les vents dominantsdu fait dune orientation paral-lle au Rocher des deux jetes.Seule une digue oblique pouvait le prot-

    ger de la houle, solution inapplicable du

    fait de la profondeur des fonds marins,

    suprieure 50 m. difier un tel ouvrage

    aurait ncessit de tels volumes de rem-

    blais que le chenal en et t obstru !

    De nombreuses solutions ont t envisa-

    ges, jusqu la ralisation dun ouvrage

    mont sur pieux, malheureusement trop

    coteuse.Assist par les ingnieurs de

    Doris Engineering, Ren Bouchet,conseiller technique auprs du dparte-

    ment des travaux publics de Monaco, en

    est finalement arriv la solution

    dune digue flottante.Arrime un terre-

    plein artificiel de 0,8 ha attenant au fort

    Antoine, cet immense paquebot de

    bton de plus de 350 m de long fera

    cho une contre-jete de 145 m, situe

    de lautre ct du chenal, sur le qua

    Louis-II. Ce programme titanesque,du

    montant prvisionnel chiffr 1,65 mi

    liard de francs, sinscrit dans la poltique de reconqute du bord de mer ini

    tie par ltat de Monaco, 35 ans apr

    ldification du terre-plein de Fontvieille

    Lextension du port de la Condamine v

    doubler sa capacit, explique Jaco

    Ward,chef de division au service des tra

    vaux publics de Monaco. Objectif : am

    liorer laccueil de la grande plaisance, e

    faire du port une tte de ligne pour le

    croisires de luxe en Mditerrane.

    Futur centre dactivits

    Outre ces fonctions portuaires, lou

    vrage devra rpondre des exigence

    urbaines : il permettra la ralisatio

    dun centre dactivits denviro

    15 000 m2 et ldification dun parking

    de 360 places, tout en prservan

    lenvironnement marin.

    C O N S T R U C T I O N M O D E R N E/ A N N U E L O U V R A G E S D A R T 2 0 0 1 7

    contre-jete

    digue flottante

    terre-plein

    port de la Condamine

    port Hercule

    quaiLoui

    s-II

    N

    B

    >>> La Ciotat : une usine de prfabrication ciel

    ouvert, qui dbute sur terre et se poursuit dans la darse.

    Les travaux ont mobilis150 personnes sur le chantier.3

    21

    1 2 3

  • 5/26/2018 CM-OA-2001

    10/44

    Les infrastructures se dcomposent en

    deux lots : le lot n 1 comprend la rali-

    sation du terre-plein et de la contre-

    jete, le lot n 2 lexcution de la digue

    flottante (voir encadr). Les ouvrages de

    gnie civil du lot n 1 consistent en des

    caissons en bton prfabriquprcon-

    traint de type B 65 (famille des BHP),

    dun poids compris entre 4 000 et

    37 000 tonnes, et qui constituent les

    infrastructures de lextension du port.Un

    tel gigantisme excluait toute fabrication

    in situ, qui aurait causdes nuisances

    pour les habitants et lenvironnement.

    Les lments ont donc tremorqus

    depuis La Ciotat et le port autonome de

    Marseille oils ont tprfabriqus.

    Outre une fonction dassise,ces ouvrages

    doivent absorber les efforts de la houleet rsister au franchissement des lames,

    tout en restant solidement ancrs sur le

    substrat. La stabilitest apporte par la

    prsence, ctport,de compartiments

    ballast, remplis avec des granulats plus

    lourds que leau. La face tourne vers le

    large comporte des alignements dou-

    vertures (les Jarlan) dbouchant dans

    des cellules vides, ouvertes en partie

    haute, de faon que la surpression ame-

    ne par les vagues soit canalise et

    quelle schappe verticalement.Ces

    bassins de dissipation servent aussi

    diminuer lnergie rflchie vers le large,

    qui pourrait mettre en difficult les

    petites embarcations, prcise Jacob

    Ward. Ces dispositions expliquent la

    forme complexe des ouvrages, calculs

    au plus juste pour rsister aux efforts, et

    pourvus de multiples rservations.

    Leves de 10 m

    Constitus dun radier, de voiles ortho-

    gonaux formant les cellules organises

    selon une trame carre de 7 m ou de

    10 m, surmontes dune dalle haute, les

    caissons sont couls par phases succes-

    sives (13 squences pour le caisson-

    pile qui supporte la contre-jete). Les

    moyens du chantier sont lchelle

    des caissons, explique Olivier Betoux,

    de GTM Construction, directeur de la

    production et de la prfabrication

    groupement dentreprises Bouygu

    GTM-Dumez. Pour couler des vo

    dont certains atteignent 30 m de h

    teur, nous utilisons des pompes au

    motrices disposant de flches de 42

    52 m, du matriel extrmement rare

    Europe.Le coulage seffectue sur

    hauteur de 10 m, qui rend assez d

    cates les oprations de vibration nc

    saires pour homogniser le btonviter les dfauts de surface. Le p

    blme est de mnager des chem

    pour les aiguilles vibrantes entre

    armatures, reprend le responsable

    densitmoyenne des ferraillages

    de 360 kg/m3, et de 500 kg/m3 d

    certaines zones devant rsister

    contraintes mcaniques les plus

    ves.Une raison qui a amenles in

    nieurs opter pour des armatures

    40 mm de diamtre !

    8 C O N S T R U C T I O N M O D E R N E/ A N N U E L O U V R A G E S D A R T 2 0 0 1

    >>> Un chantier placsous le signe de la dmesure, comm

    en tmoignent les hauteurs de coulage de 10 m. LesJarlan

    sont des ouvertures qui dissipent lnergie des vagues et de la houle

    Un paquebot de bton, le plus grand caisson du terre-plein :

    37 000 tonnes coules en majoriten flottaison. Stabiliser les

    ouvrages durant la construction a demanddquilibrer les masses

    permanence en jouant sur le remplissage des cellules en eau de me

    4

    3

    2

    1

    r a l i s a t i o n MONACO - Port de la Condamine

    1 2

    Lot n 1 : terre-pleinet contre-jete

    4 caissons pour le terre-plein.

    3 caissons pour la contre-jete.

    45 000 m3 de bton.

    12 000 tonnes daciers passifs,

    400 tonnes de prcontrainte sur la

    contre-jete et la zone rotule.

    400 000 heures de travail (ou-

    vrages en bton).

    200 personnes sur le chantier

    (en pointe).

    1 000 000 de tonnes de granu-

    lats (remblais sous-marins).

    Montant du march: 4 600 mil-

    lions de francs hors taxes.

    Lot n 2 :digue semi-flottante

    45 000 m3 de bton.

    13 000 tonnes daciers.

    Cot de louvrage : 375 millions

    de francs hors taxes.

    CHIFFRES CLS

  • 5/26/2018 CM-OA-2001

    11/44

    Outre un suivi de fabrication extrme-

    ment complet, incluant notamment un

    suivi du poids des ouvrages (contrle de

    la rpartition des ferraillages et de

    lpaisseur et de la densitdu bton),

    lopration se distingue par son caractre

    itinrant,voire mouvant. Si les radiers

    et les dix premiers mtres sont couls

    sec, les leves sont faites en eau.

    Quand le tirant deau dpasse 9,50 m,

    les lments sont emmens au port

    autonome de Marseille, qui permet de

    raliser des hauteurs plus importantes

    (tirant deau de 16 m). Avec le coulage

    du bton, llment senfonce, prcise

    Olivier Betoux. Mais la rpartition des

    masses nest jamais quilibre. Nous

    sommes donc obligs de corriger las-

    siette du bloc en permanence, en rem-plissant certaines cellules, pour quil

    demeure horizontal.Une application en

    vraie grandeur du principe dArchimde,

    que le responsable retiendra comme

    laspect le plus ludique du chantier !

    Achemins par flottaison laide de

    remorqueurs, les ouvrages demandent

    quelques prparations, commencer par

    un ballastage pour rgler lhorizontalit,

    et une fermeture des nombreuses rser-

    vations, faute de quoi les lments ris-

    queraient de sombrer. Aprs trois jours

    de traverse, marqus par un contrle

    bathymtrique permanent afin de dtec-

    ter les ventuelles fuites ou voies deau,

    les caissons sont lentement immergs

    laplomb de leur position dfinitive,sous

    contrle GPS. Lassise des quatre cais-

    sons du terre-plein, qui totalise 1 ha, est

    constitue de 460 000 m3 de granulats

    extraits de la carrire du Revest, dans le

    Var, et transports quotidiennement par

    chalands. Cette plateforme est rgle

    et stabilise laide de diffrentes

    techniques (vibrocompactage, injections

    solides, battage de pieux et ralisation

    de murs de soutnement), aprs extrac-

    tion de 110000 m3 de fond vaseux.

    Prcisioncentimtrique

    Une telle opration de terrassement

    et de fondation sous-marine grande

    chelle est indispensable pour viter

    les tassement ultrieurs. Les points

    extrmes des caissons doivent se trouver

    lintrieur dun rayon de 50 cm, sou-

    ligne Jacob Ward. La tolrance de posi-

    tionnement vertical du caisson de cule,

    osera arrime la digue flottante, a t

    ramene plus ou moins 17 cm !

    C O N S T R U C T I O N M O D E R N E/ A N N U E L O U V R A G E S D A R T 2 0 0 1

    3 4

    Ingnierie : des calculs trs pousss

    Pour un observateur extrieur, lextension du port frappe par son gigan-

    tisme. Pour les nombreux bureaux dtudes (intgrs aux entreprises

    ou extrieurs) mobiliss pour cette affaire, lopration a surtout t

    synonyme de complexit, tant les diffrentes contraintes taient diffi

    ciles concilier. Contrairement un ouvrage terrestre, la conception

    des caissons doit prendre en compte les efforts que devra supporte

    louvrage au cours de son service (efforts qui varient en fonction de lin

    tensitde la houle), mais aussi les efforts engendrs pendant la phase

    de remorquage et lors de la mise en place de llment dans la zone de

    marnage. Sans oublier les risques sismiques, les structures devan

    rsister une acclration de 0,16 G. Combines aux impratifs de

    durabilitdes btons,qui imposaient un enrobage minimal des arma

    tures,ces exigences auraient a prioridbouchsur des ouvrages extr

    mement massifset tout simplement inconstructibles ! Des moyens

    de calcul trs lourds ont donc tdploys pour modliser de faon trs

    fine les diffrents ouvrages,afin de les optimiser.Le modle de la cule

    comporte 25 000 nuds, et celui de la contre-jete, 26 000, souligne

    Robert Eymery, de Dumez-GTM,directeur technique du lot n 1 et coor

    donnateur des tudes.Paralllement, des tudes de sol extrmemen

    pousses ont tengages pour garantir la stabilitdes ouvrages su

    les fonds marins compte tenu des risques de glissement et de tas-

    sement. Ces paramtres ont entranune masse considrable de

    calculs qui ont largement dpassce que nous avions pu anticiper

    ajoute Robert Eymery. Les tudes du terre-plein, commences en ma

    1999,ne se sont acheves quen septembre 2001.

    TECHNIQUE

  • 5/26/2018 CM-OA-2001

    12/44

    Lancs en dcembre 1999, la construc-

    tion et lchouage des 7 caissons du lot

    n 1 devraient sachever en mars 2002,

    soit aprs 28 mois de travaux. Un chiffre

    relativement faible en regard des

    contraintes, de la complexitet de la

    dimension des ouvrages. Et si la totalitdes lments du terre-plein sont mainte-

    nant en place (lexception du caisson

    port), le caisson de cule ayant tlivr

    en juillet, au terme de 18 mois de prfa-

    brication, cest prsent au tour des

    composantes de la contre-jete de sortir

    de la forme de La Ciotat.

    Depuis le mois de mai dernier, lappui le

    plus volumineux, car situau large, est

    en flottaison. Le caisson-pile, de

    quelque 17 300 tonnes, est compos

    dune embase de 46 m de long,de 31 m

    de large et de 16 m de haut. Il est gale-

    ment surmontde deux piles latrales

    dune largeur de 6 m et dune hauteur

    de 15 m, qui supporteront la contre-

    jete encore en construction. La contre-

    jete, dune gomtrie particulirement

    labore,est laboutissement dun vaste

    travail matrialispar des tudes hydro-

    dynamiques et des simulations informa-

    tiques. Celles-ci constituent une pre-

    mire application pratique du mur

    deau fixe,procdmis au point et bre-

    vetpar les services techniques de la

    Principaut : ctport, un pan inclin

    est immergafin de limiter le cou-

    plage entre les masses deau du port

    et du large(dispositif Bybop, pour

    Bouygues Break Water Optimized

    Profile) ; ctmer, outre les perfora-

    tions de type Jarlan, la contre-jete estmunie dun becquet destinfragmen-

    ter les masses deau et les renvoyer

    dans le sens oppostout en contribuant

    diminuer la force des vagues.

    cette complexitgomtrique, il faut

    encore ajouter une contrainte structu-

    relle. Car contrairement aux caissons du

    terre-plein qui reposent sur toute leur

    base, la contre-jete ne comporte que

    deux zones dappui situes chaque

    extrmit. Limportance des efforts de

    torsion, accentue par les dformati

    du sol, a justifique louvrage fa

    lobjet dune prcontrainte longitudin

    dun seul tenant. Une gageure pour

    ouvrage marin, la longueur de la con

    jete atteignant 145 m !

    Un ouvrage public

    sous le signe de la scurit

    Ce projet est exemplaire par sampleur, mais aussi par la prise

    compte de la scurit, la vocation de

    ouvrages tant daccueillir un la

    public, conclut Jacob Ward. Except

    rotule, qui est une relle innovation

    dont nous ne nous pouvions nous p

    ser, toutes les techniques employ

    sont prouves, y compris les bt

    hautes performances. Lventail co

    plet des prcautions applicables

    ouvrage maritime a tdploy.

    10 C O N S T R U C T I O N M O D E R N E/ A N N U E L O U V R A G E S D A R T 2 0 0 1

    >>> Un chantier itinrant : partir de 9,50 m de tirant dea

    les lments sont achemins depuis La Ciotat jusquau port de Marsei

    La contre-jete met en jeu des techniques dabsorption de la ho

    trs complexes, comme ce becquet immergctmer qui fragmente

    les masses deau. Le dispositif de stabilisation du caisson

    est compltctport par un pan inclinimmergqui limite le couplag

    entre les eaux du port et du large (dispositif Bybop de Bouygues).

    3

    2

    1

    r a l i s a t i o n MONACO - Port de la Condamine

    1 2

  • 5/26/2018 CM-OA-2001

    13/44

    a dure de vie dun btonest troitement dpen-

    dante de sa porosit, la pntra-tion des produits agressifs pouvant

    entraner des dommages suite la cor-

    rosion des armatures. Cest dautant

    plus vrai pour des ouvrages devant

    supporter une immersion permanente

    dans leau de mer pendant une dure

    de service fixe contractuellement

    100 ans ! Pour raliser un bton trs

    peu poreux, et donc trs compact, le

    service bton de GTM Construction a

    optimisla formulation laide dunebatterie dessais de pntration pour

    diffrents lments (ions chlorures,eau,

    mercure et gaz). Louverture des fis-

    sures a tlimite seulement 0,2 mm

    pour les faces des caissons exposes au

    large, selon un rglement norvgien

    spcialisdans les ouvrages off-shore

    en bton arm. Les aciers sont protgs

    la fois par une paisseur denrobage

    importante (55 mm) et par un dispositif

    employpour protger la coque des

    navires, la protection sacrificielle (o

    cathodique), qui met en uvre de

    anodes en alliage daluminium activ

    lindium de 55 198 kg.Une premir

    pour un ouvrage portuaire

    Un bton compactet peuexothermique

    La formulation, riche en lments fins,

    tadapte aux contraintes de mise en

    uvre par lajout dun superplastifian

    de nouvelle gnration qui permet l

    pompage du bton et garantit sa fluiditpendant 90 min. Et pour carter tou

    risque de fissuration durant la prise, l

    formulation du bton comprenait de

    cendres volantes et des fumes d

    silic e en remplacement dune parti

    du ciment : Un dosage plus faible e

    ciment a permis dabaisser 55C l

    temprature de la raction, la limite fix

    tant de 70C, explique Olivier Betoux

    de GTM Construction,directeur de la pr

    fabrication. En outre, les btons sont pro

    C O N S T R U C T I O N M O D E R N E/ A N N U E L O U V R A G E S D A R T 2 0 0 1 1

    3

    L

    Des btons spciauxpour une dure de vie dun sicle

    promenade haute

    promenade basse promenade basse

    0,00 (NGM)0,00 (NGM)

    CTPORT CTMER

    PAROIJARLAN 30 %

    BECQUETAVANT

    PLAN INCLINARRIRE

    25,00 m 5,00 m

    46,00 m31,00 m

    31,00 m

    Coupe sur contre-jete

    Caisson-pile

  • 5/26/2018 CM-OA-2001

    14/44

    tgs pendant la prise par la pulvrisa-

    tion dun agent anti-vaporant, puis

    dun matelas deau de 5 cm dpaisseur

    absorbant la chaleur.Rsultat : le BHP

    atteint une rsistance caractristique de

    78 MPa en moyenne et de 85 MPa en

    pointe, bien suprieure la classe exi-

    ge par le cahier des charges (B54).

    Durabilit : btons

    spciauxet entretien suiviMais une interrogation demeure : com-

    ment garantir une durabilit dun

    sicle, sachant que le recul dont dis-

    posent les entreprises en matire dou-

    vrages maritimes en bton nest que de

    30 ou 40 ans ? Les rsultats des essais

    de permabilitdu bton ont servi de

    base des modlisations informatiques,

    qui ont montrque la formulation rete-

    nue assurait lintgritdes btons au

    moins pendant cette priode, rpond

    Olivier Betoux.Mais durabilitnest pasantonyme dentretien.Le principe de la

    protection sacrificielle des armatures

    demande de remplacer les anodes tous

    les 25 ans environ, souligne Jacob Ward.

    Il nest pas exclu non plus que nous

    ayons faire des oprations de mainte-

    nance sur les btons, par exemple au

    niveau des joints. Les ouvrages seront

    donc contrls priodiquement.

    TEXTE : JEAN-PHILIPPE BONDY

    PHOTOS : GUILLAUME MAUCUIT-LECOMTE + DR

    12 C O N S T R U C T I O N M O D E R N E/ A N N U E L O U V R A G E S D A R T 2 0 0 1

    >>> Des pompes

    automotrices quipes de flche

    de 42 et 52 m ont permis de

    raliser les voiles bton de grand

    hauteur. Lextension du po

    de la Condamine : un complexe

    de 15 000 m2 gagns sur la mer

    en toute scurit, grce au bton

    2

    1

    r a l i s a t i o n MONACO - Port de la Condamine

    Matre douvrage :

    principaut de Monaco

    Matre duvre :

    tudes APS et APD :

    Doris Engineering

    Entreprises du lot n 1 :

    Bouygues Offshore,Bouygues TP,

    Dumez GTM,GTM

    Construction,Impreglio,

    Serimer

    Entreprises du lot n 2 :

    Dragados,Fomentos,Bec,

    SMMT,Triverio,

    Construction Algsiras

    tudes gotechniques :

    Gocan,Geodia,Ifremer,Institutfranais du ptrole,Norvegian

    Geotechnical Institute,

    Godynamique et structure,

    Simecsol

    Essais hydrauliques :

    Institut technique Chalmers,

    SSPA,Sogreah,

    Ocanide

    Contrle technique :

    Bureau Veritas

    Le lot n 2 : la digue semi-flottante

    Larrive de la digue semi-flottante,attendue en 2002 aprs 3 semaines

    de navigation,sera le point dorgue de lopration. Cet ouvrage dune

    longueur de 352 m,dune largeur de 28 m (44 m la base) et dune hau-

    teur de 19m dont 16 m de tirant deau sera constitudune double

    coque en bton prcontraint hautes performances. Limportance du

    volume immergpermettra dy loger sur une premire moitiun par-

    king de 360 places sur quatre niveaux, et sur lautre une remise sec

    pour bateaux de moins de 13 m. Les superstructures accueilleront des

    locaux administratifs et commerciaux, une gare maritime,ainsi quun

    phare lextrmit. Prfabrique dun seul tenant en cale sche Algsiras, prs de Gibraltar, la digue ncessitera 44 000 m3 de bton,

    10000 t daciers passifs et 3 000 t daciers de prcontrainte.quilibr

    dynamiquement par des pompes relies des ballasts situs dans dif-

    frents compartiments, louvrage comportera sa base deux ailerons

    stabilisateurs longitudinaux dune largeur de 8 m destins attnuer

    roulis et tangage,et renforcer leffet brise-lames. Des dispositifs trs

    efficaces, les calculs et les essais en bassin ayant montrque les dpla-

    cements latraux la pointe de louvrage ne dpasseraient pas

    quelques dizaines de centimtres en cas de houle ou de tempte.

    Comme pour la contre-jete, la conception des caissons brise-houle fait

    appel au principe du mur deau fixe, un brevet dvelopppar la prin-

    cipautde Monaco.Arrime par 8 ancres au large, la digue sera solida-

    rise au caisson de cule C30 du terre-plein par une liaison articule

    faisant appel une rotule mtallique de 200 tonnes.Cette articulation

    sera protge par un systme de fusible, explique Jacob Ward,chef de

    division au service des travaux publics de Monaco. Si leffort exercsur

    le terre-plein et la digue sont suprieurs ce que peuvent reprendre les

    ouvrages au niveau du couplage,lors dun sisme par exemple, larticu-

    lation se dbote.Un dispositif compltpar deux lignes de mouillage

    pour maintenir la digue immobile.

    TECHNIQUE

    1 2

  • 5/26/2018 CM-OA-2001

    15/44

    PARLER DE RENOUVEAU DE LARCHITECTURE SOUTERRAINE

    NA RIEN DEXAGR. LES NOUVEAUX PARKINGS ENTERRS, ET PLUS

    FORTE RAISON LES NOUVEAUX PLES DCHANGES FERROVIAIRES,

    EN SONT UNE PREUVE CLATANTE. LHEURE NEST PLUS AUX SOUS-SOLS

    OBSCURS ET AUX COULOIRS LABYRINTHIQUES, MAIS PLUTT

    DES VOLUMES LARGEMENT OUVERTS, DES PERSPECTIVES SANS MYSTRE

    QUI RASSURENT ET FACILITENT LORIENTATION. LE BTON, POUR SA PART,

    APPORTE TOUT ENSEMBLE SES QUALITS STRUCTURELLES , SA FACILIT

    DE MISE EN UVRE ET LTONNANTE DIVERSIT DE SES TEXTURES.

    Mtros de Lyonet de ToulouseLe bton pour toutes ses qualits

    Chai VillecrozeUne ralisation prestigieuseen terre viticole

    Gare ParisLa gare Bibliothque-Franois-Mitterrand,ple dchange modle

    Gare de MonacoDmonstration de raffinementdans le sous-sol du Rocher

    C O N S T R U C T I O N M O D E R N E/ A N N U E L O U V R A G E S D A R T 2 0 0 1 13

    technologiestechnologies

    B T O

    Btonset architecturesouterraine

  • 5/26/2018 CM-OA-2001

    16/44

    es espaces souterrains sont commu-nment considrs comme moins

    attractifs que les constructions lair libre.Ils inspirent mme certains une vritable phobie.

    Mais souvent ncessit fait loi, et il peut tre impos-

    sible, pour des raisons locales,de raliser en super-

    structure un programme donn. Parfois aussi, la dci-

    sion denterrer un projet procde plutt dun parti

    architectural que dune obligation. Quoi quil en soit,

    larchitecture souterraine connat, depuis une dizaine

    dannes,un vritable renouveau.

    La premire caractristique dune architecture sou

    raine rside dans la prgnance des impratifs struc

    rels dans le parti formel, toujours largement dterm

    par la prise en compte des forces en jeu : pousses l

    rales, charges verticales, pousses de bas en haut,

    Dans ce contexte, la vote simpose comme la rpo

    la plus emblmatique parce que la plus efficace p

    soutenir le poids de la terre (ou des ventuels b

    ments).Au demeurant, la vote nest pas la solutunique, et larchitecte peut prfrer par exemple

    systme poteaux-poutres ou refends-poutres. Le p

    intressant, de ce point de vue,est la richesse du vo

    bulaire disponible lintrieur mme dune option s

    cifique comme la vote. Ainsi, dans les gares et

    chais, on dcouvre des votes fort diffrentes par le

    proportions et leurs formes, selon quelles sont crois

    ou linaires, ralises en plein cintre ou poses

    des appuis verticaux. Murs pleins ou percs, pote

    cylindriques, cruciformes ou carrs, avec chapiteau

    sans, la descente des charges verticales peut empru

    des cheminements daspect vari, tout en respect

    des impratifs structurels rigoureux.

    Le bton la conqute des chaissouterrains du Bordelais

    Pionnier de larchitecture des chais souterrains a

    Chteau-Margaux au dbut des annes quatre-vi

    lAtelier des architectes Mazires, Bordeaux, illu

    depuis cette date la libertde conception laisse

    chitecte en dclinant, de projet en projet, des varian

    bien identifies. Pour Chteau-Margaux, de soli

    piliers de section carre portent des votes surbaiss

    travers des chapiteaux bords biseauts dune bsimplicit. Peu de temps aprs,le mme principe

    repris pour Chteau-Yquem avec interposition

    poutres plates entre les votes et les poteaux cr

    formes.Plus rcemment, au Chteau-Gruau-Larose,

    chapiteaux ont disparu et des membrures merge

    des piles polygonales composent un ensemble d

    Ce dossier ne prtend videmment pas une quel-

    conque exhaustivit, mais les exemples voqus illus-

    trent quelques grandes tendances.Prcisons demble

    que la notion douvrage dart a tici comprise dans un

    sens large. En effet, il y aurait peu dire sur larchitec-

    ture douvrages aussi importants que les tunnels des

    TGV. En revanche, on sintressera la nouvelle gare de

    Monaco et la gare Bibliothque-Franois-Mitterrand

    Paris.Un dossier sur les parkings ayant trcemmentpublidans la revue, nous prsenterons une ralisation

    atypique : la rhabilitation lourde dun parking conu

    la fin des annes soixante. Plus inattendu, le domaine

    des chais vinicoles enterrs donne lieu lmergence

    dune architecture spcifique dans laquelle linertie

    thermique du bton constitue un atout apprciable.

    Plus traditionnelle, la tranche couverte de la dviation

    de la RN 12 Jouars-Pontchartrain permet de mesurer

    lvolution des dispositifs de scuritet de confort dans

    ce type douvrage. De nombreux autres projets auraient

    pu tre cits (muses,quipements sportifs, etc.),mais

    ce tour dhorizon rvle djune belle diversitde solu-

    tions bton pour larchitecture souterraine.

    14 C O N S T R U C T I O N M O D E R N E/ A N N U E L O U V R A G E S D A R T 2 0 0 1

    t e chno l og i e s b t on

    Architecture souterraine :actualiten sous-solLES GARES SOUTERRAINES DU RSEAU

    EOLE OU DE LA LIGNE 14, PARIS,

    SUFFIRAIENT DMONTRER LA RICHESSE

    DU BTON EN MATIRE DAMNAGEMENTS

    SOUTERRAINS. MAIS LVENTAIL EST LARGE,

    ET IL NEST PAS DE CONSTRUCTION

    ENTERRE QUI NE TIRE PROFIT DES

    QUALITS DE CE MATRIAU UNIVERSEL.

    L

    >>> Les chais souterrains de Chteau-

    Margaux et leurs solides piliers de section

    carre portant des votes surbaisses.

  • 5/26/2018 CM-OA-2001

    17/44

    lgance remarquable. Dans les chais de Chteau-

    Latour, en cours de finition, les votes reposent sur

    dpaisses murailles dans lesquelles se dcoupent de

    vastes arches surbaisses.Ainsi, sur un type de pro-

    gramme unique, le mme architecte peut imaginer de

    subtiles variations sur un thme impos.

    La mme inventivitdans la rponse apporte aux pro-

    jets apparat dans larchitecture des gares souterraines,

    confirmant lirremplaable plasticitdu bton.

    La lumire, un outil privilgi

    des architectures enterresSi la volumtrie est largement conditionne par les

    contraintes structurelles, larchitecture souterraine

    exige en parallle un travail approfondi quant la dfi-

    nition des qualits daspect du bton. Dans la plupart

    des cas, en effet, la structure est visible, mme si lon

    relve, sur les nouvelles lignes de mtro de Lyon et de

    Toulouse par exemple, une certaine tendance la

    recouvrir dun doublage intrieur.

    Sachant quun espace souterrain est peu, voire pas du

    tout clairnaturellement, la perception des surfaces

    diffre sensiblement de ce quelle est lextrieur.Alors

    que le rayonnement solaire dispense une puissancelumineuse pouvant atteindre 10 000 lux, lclairage

    lectrique utilisdans les locaux enterrs ne dpasse

    pas 500 lux. Paradoxalement, cette situation prsente

    un attrait pour larchitecte. En effet, si la lumire artifi-

    cielle est moins intense il sen faut de beaucoup , il

    est cependant possible, dans une large mesure, den

    dfinir les qualits (temprature de couleur notam-

    ment). Et surtout,larchitecte a le pouvoir de position-

    ner les sources sa guise. Cest pourquoi les projets

    prsents dans ce dossier montrent une mise en valeur

    remarquable, non seulement de la gomtrie, mais

    aussi de la peau des structures en bton. Pour des rai

    sons videntes, le bton mis en uvre est le plus sou

    vent de couleur claire (gris ou blanc,parfois plus proch

    de la pierre,comme celui du muse du Louvre), et le

    traitements de surface peuvent tre diffrencis selo

    les lieux lintrieur dun mme projet.Ici, un bto

    lisse et brillant contribue la luminositambiante et

    une acoustique rverbrante ; ailleurs, des panneau

    perfors de bton dense concourent la cration dun

    atmosphre plus sereine et plus calme.

    Lventail des architectures souterraines est dautan

    plus large que le bton peut tre mis en uvre d

    faon varie et quil peut tre associavec dautre

    matriaux comme le bois, le mtal ou le verre, dans de

    compositions esthtiques relevant la fois, dans cer

    tains cas, de larchitecture et du design.Au demeurant

    lenjeu dpasse toujours la simple dcoration, puisqules parois intrieures peuvent revendiquer la mm

    noblesse quune faade extrieure. Cest pourquoi un

    belle architecture souterraine stimule limagination e

    suscite un dpaysement qui nous fait oublier nos ven

    tuelles apprhensions. Dans lentretien quil a bien

    voulu nous accorder, Jean-Marie Duthilleul directeu

    de lAgence des gares SNCF explique les contraintes

    mais aussi le caractre gratifiant dune confrontatio

    avec les mystres du monde de len dessous.

    TEXTE : JEAN-PIERRE MNAR

    PHOTOS : ATELIER DES ARCHITECTES MAZIRE

    C O N S T R U C T I O N M O D E R N E/ A N N U E L O U V R A G E S D A R T 2 0 0 1 1

    t e chno l og i e s b t on

    Principaux avantages techniqueset esthtiques du bton

    Le bton simpose par ses performances struc-

    turelles et apporte des avantages techniques et

    esthtiques incomparables larchitecte dsi-

    reux de construire un ouvrage souterrain.

    La plasticit

    En souterrain comme lair libre, le bton se

    mouleselon la volontde larchitecte.

    La qualitdaspect

    Lisse ou rugueux, blanc ou gris, travailldansla masse ou sous forme de composants prfa-

    briqus minces, le bton offre une grande

    libertlarchitecte dans la dfinition des

    textures et des couleurs.

    La scurit

    Rassurants par leur solidit, les btons sont

    galement stables et rsistants au feu de par

    leur composition mme. Dans de nombreux

    projets, la rglementation incendie exige une

    stabilitau feu dune heure ou plus, facile

    atteindre avec une structure (et des parements)

    en bton.

    Lacoustique

    Linertie du bton limite la transmission des

    vibrations.Dans le mme temps,une conception

    gomtrique approprie et des traitements de

    surface spcifiques permettent de sculpter

    lacoustique particulire dun espace souterrain.

    Linertie thermique

    Cette qualitest apprciable pour le confort des

    humains.On dcouvre dans larchitecture deschais vinicoles souterrains quelle est galement

    favorable au vieillissement du vin.

    La performance sur le chantier

    Prfabriqu, coulen place,pomp-projet : les

    techniques de mise en uvre du bton sadap-

    tent tous les cas de figure. Dans le domaine

    des ouvrages souterrains, les procds de

    fabrication voluent constamment, largissant

    dautant le champ des possibles.

    TECHNIQUE

    >>> Chteau-Yquem, des poteaux

    cruciformes supportent des votes

    surbaisses avec interposition de poutres

    plates. Chais de Chteau-Pichon-

    Longueville, grand cru classPauillac.

    2

    1

    1 2

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    Construction moderne :

    Quelles sont, selon votre

    point de vue, les principales

    spcificits de larchitecture

    souterraine par rapport

    une construction ensuperstructure ?

    Jean-Marie Duthilleul :

    Il faut bien sentendre surce que lon appellesouterrain ! Lesouterrain, cest lespaceau plus profond du solqui ne voit plus le cielde la ville, o la lumire dujour nentre plus. Un espacedans le noir 24 heures sur 24.Pendant longtemps, on alog en sous-sol ce que lonvoulait cacher : les rseaux,

    ENTRETIEN

    Jean-Marie Duthilleul,directeur de lAgence des gares (service Architecture-Ingnierie de la SNCF)

    cest bien la perceptionde lespace par les gens, biendiffrente dans un espacesouterrain.

    Construction moderne :Pouvez-vous nous donner

    davantage de prcisions

    quant ce travail sur

    la perception de lespace

    souterrain ?

    Jean-Marie Duthilleul :

    Oui, nous avons identifiquatre problmes deperception auxquels on se

    trouve confrontdans unespace souterrain,bien

    connus des splologuesdailleurs.Le premierproblme est la perte de la

    Ensuite on procde unesorte de retournement

    spatial puisquil sagitde crer un videlespacede la gare par exempledansle plein du sol, linversedonc de la cration dunplein dans le vide du ciel

    dans un projet traditionnel.

    Enfin,larchitecturesouterraine induit

    un vocabulaire structurel

    spcifique, dont la vote estla forme privilgie parcequelle est la plus appropriepour soutenir le poids

    norme des terres. Maisce qui nous guide dans

    la mise en place des formes

    des structures de la lumire,

    les rserves, etc.,de sorteque le monde souterrain

    tait connotngativement.Notre volont, avec lesprojets souterrains

    rcemment ralissou encore en chantier, est

    de considrer le dessouscomme aussi noble que

    le dessus. Lorsquon conoitde tels espaces, on doit

    composer avec trois

    caractristiques essentielles.La lumire,matirepremire de larchitecture,doit tre en ces lieuxtotalement fabrique,onjoue avec des sources

    intrieures et non plus avecun astre lointain extrieur.

    notion des distances et de

    celle de lhorizontale. Si loveut y remdier, il faut meten place de grands rythme

    de structures,de volumes

    de lumire qui, en seconjuguant, crent lesrepres ncessaires. Citonlexemple de Montparnasseavec le rythme des 64 mtrentre les grandes arches

    supportant le jardin, accord

    avec celui des 15 mtresdes poutres primaires.

    Le deuxime point critiqueest la sensation

    dcrasement, que lon traipar des effets optiques

    qui par exemple rendent

    difficile lapprhension de

    NOUVELLES LIGNES DE MTRO LYON ET TOULOUSE

    Le bton,omniprsent

    Les nouvelles lignes de mtro de Lyon et de Tou-

    louse sont implantes sous des axes existantsave-

    nues, boulevards ou rues grand trafic. Second

    point commun, les stations sinscrivent dans des

    tunnels en bton de section rectangulaire.Les carac-

    tristiques de ces enveloppes structurelles tant

    dfinies par des bureaux dtudes spcialiss, le tra-

    vail des architectes est centrsur les amnage-

    ments intrieurs.

    Consquence de cette dmarche, une deuxime

    peau intrieure est souvent impose, dissimulant

    plus ou moins le cadre bton.Ainsi, Toulouse, dans

    la station dinterconnexion conue par lAtelier 13

    (qui a galement dfini la charte architecturale de

    lensemble de la ligne), qui fait le lien entre laligne A existante et la future ligne B, le bton struc-

    turel ne sera visible que sous la forme dun plafond

    caisson et de poteaux cylindriques. Pour la station

    Debourg,Lyon, larchitecte Christian Drevet a

    imagin une structure exceptionnelle par son

    expressivit et son ingniosit technique. Auniveau symbolique, il se rfre deux archtypes

    dunivers souterrains : la grotte et le sous-bois.

    La coque bton incarne une grotte dans laquelle

    aurait poussune fort mtallique. Structurelle-

    ment, la solution retenue une charpente dont les

    membrures horizontales en acier pousent le trac

    du diagramme des moments flchissants a per-

    mis de gagner de la hauteur en rduisant lpais-

    seur du plafond, composdune dalle de compres-

    sion de seulement 20 cm et de prdalles minces

    disposes en losange.

    Cette structure horizontale hyperstatique optimise

    les performances des matriaux, le bton tra-

    vaillant en compression et lacier en traction. Le

    croisement des membrures en biais assure un e

    cace contreventement. Verticalement, les char

    sont reprises au centre de la station par une

    de poteaux cylindriques en tubes dacier ple

    dune section minimale de 20 cm.Matriau de structure indispensable la stabilit

    louvrage, notamment en cas dincendie, le b

    est galement prsent sous la forme plus archit

    tonique et dcorative dun revtement unifor

    voquant les alluvions fluviales et glaciales du s

    Mat sur les murs, ce revtement se fait lisse

    brillant au sol, comme sil avait t, de longue da

    poli par les pieds des humains.

    PHOTOS : RIC SAI

    Matre duvre gnral de la ligne : Semaly

    Matrise duvre : Christian Drevet Architecture, Ly

    Matrise douvrage : Sytral (Syndicat des transports

    de lagglomration lyonnaise)

    Ingnieur structure :Alain Ranvier

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    t e chno l og i e s b t on

    hauteur relle sous plafond.Ainsi, dans la gare

    Bibliothque-Franois-Mitterrand, le dessin des

    votes et leur matire fontdisparatre la notionde plafond, alors quela hauteur est de 4,15 mtresla clet de 2,7 mtresau sommet des piliers.

    Troisime cueil, lesperspectives fermesentranent une impressiondemprisonnement,dolesjeux de dtramage quilargissent lespace encrant des perspectivesouvertes en diagonale, avec

    des lignes de fuite lointaines.

    Enfin, se pose le problme de

    lillisibilitde lespace, qui setraduit par les difficultsdorientation que lonconnat. Ce qui compte,l,cest de donner aux gens

    les points de repre lointainsqui leur permettront

    dapprhender lespaceglobalement.

    Construction moderne :

    Comment le bton

    est-il utilisdans ces

    architectures souterraines ?

    Jean-Marie Duthilleul :

    la base dune architecturesouterraine,on trouve des

    volumes et de la lumire,avec entre les deux la

    matire. En loccurrence, le

    de surface. Pour Eole,par

    exemple, nous avons dans

    les passages troits desbtons glacs, alors que surles quais, hauteur de lil,le bton est bouchard,comme griff, avec des reliefsmis en valeur par la lumire ;au-dessus, les votes sontsatines.Le principe de base reste

    de montrer la matire desparois et de rendre

    habitable le bton.Monaco, dans une villeole marbre estomniprsent,on peut dansla gare redcouvrir la beautdu bton. En sus de cetravail sur la lumire et la

    bton est le matriaudominant pour des raisons

    structurelles au dpart,maisnous nous intressonsaussi beaucoup sesqualits daspect, et enparticulier la manire dontil ragit la lumire.De cepoint de vue, la qualitde lapeau est trs importanteparce que la lumire estrelativement faible, quelques

    centaines de lux. Pendant

    longtemps, nous avons

    utilisdes ciments auxlaitiers traditionnels,puis

    nous avons largi la paletteen utilisant ds que possibleles btons clairs ou blancs,etnous diversifions les effets

    matire, sur les couleurs etles textures,nous travaillons

    galement beaucoup surlacoustique des lieux.Dans un espace souterrain,

    le son ne peut schappervers lextrieur et les sonsextrieurs, eux,nepntrent pas, ou de faontrs attnue. Nousimaginons donc des

    scnarios acoustiques avecdes seuils, des espaces

    amples, des espaces intimes

    Les halls, par exemple,sont

    souvent assez rverbrants,alors que sur les quais

    le bruit des trains est

    absorbpar des panneauxde bton ou de bois.

    MODERNISATION DUN PARKING RUNGIS

    Scuritet luminosit

    Sombre, gris, mal clair : il y a peu de temps

    encore, ce parking runissait tous les dfauts de ses

    homologues construits dans les annes soixante-dix.La situation tait dautant plus problmatique que cinq

    parkings communicants constituaient un immense

    ensemble souterrain labyrinthique et peu rassurant.

    Chacun a trorganisune chelle plus humaine et

    pourvu dun accs et dune sortie indpendants.

    Lintervention la plus notable dans cette rhabilitation

    lourde concerne les parkings 1 et 2,avec la cration de

    failles au nord et au sud.De la sorte,la lumire natu-

    relle pntre les trois niveaux autrefois aveugles, et

    des circulations pitonnes ciel ouvert ont tamna-

    ges dans un espace vgtalis. La structure bton a

    tadapte lendroit de la nouvelle faade cre

    sur la faille et par des dcoupes dans les refends.Des

    poteaux ont t couls sur la trame des poutres

    (7,20 m) avec reprise en sous-uvre. De plus, pour res-

    pecter la rglementation incendie,des allges ont t

    cres et prolonges vers le bas pour couvrir les nez de

    poutre.lintrieur, lambiance a ttotalement trans

    forme par lapplication dune peinture blanche sur lebtons gris dorigine et la cration dun doublage vitr

    et claircontre les voiles bton, qui guide lusage

    vers la sortie principale. Par ailleurs, afin dallge

    visuellement lespace, de larges ouvertures ont t

    perces la scie cloche dans les grands refends paral

    lles de 20 cm dpaisseur. Autant damnagement

    qui ont contributransfigurer ce parking conu pa

    lagence Cuno Brullmann, en collaboration ave

    Jean-Luc Crochon. lextrieur, dans la faille, la pent

    est dcoupe en gradins au moyen de murs de sout

    nement en bton blanc prfabriquselon une tech

    nique identiquecelle des composants b

    ton de la

    faade. Dtail singulier, les passerelles pitonnes de la

    faille sont constitues de voles et paliers en bton

    ultra-minces (14 cm), mis en tension par des tubes en

    acier inox. Les composants bton et mtal prfabri

    qus sont assembls par embotement, comme le

    panneaux de soutnement. Cet exemple montre qu

    est possible de rhabiliter un parking souterrain au

    point de laligner sur les meilleurs standards du neuf

    pour la scuritcomme pour la luminosit.

    PHOTOS : GUILLAUME MAUCUIT-LECOMTE, GASTO

    Matre douvrage : SILIC

    Matre duvre : Cuno Brullmann et associs,

    Jean-Luc Crochon

    Bureau dtudes : SITAC, SF 21, Arcora

    Entreprise gnrale: SICRA

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    t e chno l og i e s b t on

    CHAIVINI-VITICOLE DU DOMAINE DE THUERRY

    VILLECROZE, VAR

    Harmonie et srnitLe nouveau propritaire de ce domaine a lambition

    de produire des vins haut de gamme par vinifica-

    tion traditionnelle (process Delta Cave). Afin de

    rpondre un cahier des charges draconien, exi-

    geant en particulier une temprature constante de

    14,5C dans le chai de vieillissement, sans apport de

    frigories lectriques, les architectes Xavier Leibar et

    Jean-Marie Seigneurin ont proposdenterrer les

    chais dans la pente vers le sud,entre les vignes et les

    btiments anciens aligns au sommet.Lobjectif pre-

    mier tait donc de bnficier de linertie du sol sur

    trois faces et en couverture, puisque plus de6 000 tonnes de terre ont trapportes sur linfra-

    structure en bton.

    Autre spcificitde ce projet, la hauteur sous plafond

    atteint 9 mtres dans les chais de vinification et de

    vieillissement,placs ctnord pour bnficier dune

    protection naturelle maximale. Grande hauteur et

    ventilation au moyen de portes de 3,5mtres de hau-

    teur contribuent au maintien dune temprature

    stable. Le volume,trs simple,est un paralllpipde

    de 70 m de longueur et denviron 20 m de profon-

    deur. Si la terre priphrique assure djune cer-

    taine fracheur, linertie des 4 000 m3 de bton

    parois joue galement un rle majeur dans

    contrle de la temprature ambiante. Le bton pr

    crit est dense, avec au minimum 350 kg de cimen

    au maximum 180 litres deau par mtre cube. Un f

    dosage en adjuvant superplastifiant a permis de p

    server le temps douvrabilitet damliorer les p

    formances mcaniques du bton.

    Les chais tant constitus de volumes clos juxta

    ss (lexception de la trave centrale du porche

    de la salle de dgustation vitre en mezzanine)

    soin particulier a tapportla qualitdaspdes parois. cet effet, les coffrages mtalliques

    grande hauteur ont tdoubls intrieurem

    dune peau en panneaux de contreplaqubak

    formant des modules de 1,25 x 2,5 m inscrits dans

    calepinage marqupar des joints creux. Ces p

    neaux ont tutiliss chacun une dizaine de fois

    maximum, et une cire vgtale a tsubstitue a

    habituelles huiles de dcoffrage minrales dans

    souci de respect de lenvironnement. Dans le m

    temps, la conception des coffrages a ncessitu

    tude complmentaire pour intgrer de nombreu

    rservations lies lencastrement des appar

    dclairage, des pivots de portes, des scellementscuves et autres machines participant au process.

    Le chai de vinification se distingue par son plafo

    dcoupen caissons par des poutres de 18 m de p

    te, et percen son centre par une goulotte to

    nante dalimentation en raisin des 14 cuves inox

    poses en cercle. La dalle bton de 30 cm est por

    par des poutres de 55 cm de large et de 1,30 m

    retombe, dessinant neuf carrs de 5,8 m de ct

    fait, seules les deux poutres longitudinales s

    pleines, les deux autres incluant une me en poly

    rne. Lunique faade oriente au sud est protg

    par un parement de pierre blanche en avant dvide dair et de lisolant extrieur. Le bton des mu

    des sols et des plafonds, le chne des portes, linox

    le verre, composent finalement une harmo

    sereine qui sied bien lpanouissement du vin.

    PHOTOS : SERGE DEMA

    Matre douvrage : SCEA Chteau-Thuerry

    Matre duvre : Xavier Leibar,

    Jean-Marie Seigneurin, architectes

    Entreprise gnrale: Spada Nicoletti

    Surface totale : 1 970 m 2

    Montant des travaux : 30 MF HT compris process

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    t e chno l og i e s b t on

    LA GAREBIBLIOTHQUE-FRANOIS-MITTERRAND

    Un ple dchangetaille humaine

    La gare Bibliothque-Franois-Mitterrand joue un rle

    stratgique dans le projet Paris-Seine-Rive-Gauche, au

    nord du 13e arrondissement. La composante majeure

    du programme est une salle dchange souterraine

    entre les lignes C du RER et la ligne 14 du m tro. Cet

    espace sorganise sur 4 niveaux principaux, sous le

    nouveau sol de la ville qui reconstitue lancien dnivel

    vers la Seine,au-dessus des voies SNCF. Cette situation

    a pour consquence singulire de placer la gare en

    sous-sol de certains des futurs immeubles de lavenue

    de France,qui constituera une partie du toit de la gare.

    La conception du projet est issue dune collaboration

    entre lAgence des gares de la SNCF, dirige par Jean-

    Marie Duthilleul,et les architectes Antoine Grumbach

    et Pierre Schall, chargs de la ligne 14 du mtro par la

    RATP. Une volontcommune de cohrence se traduit

    par une continuitdaspect entre la partie SNCF de la

    salle dchange et lamphithtre de la RATP. Il en va

    de mme pour la signaltique,avec une continuitdela chane dinformation par des chartes graphiques

    diffrentes,mais bien accordes dans lesprit.

    La salle dchange se prsente comme un vaste

    volume aux proportions inhabituelles : longueur

    90m, largeur 75 m, et seulement 4,5 m de hau-

    teur maximale. Lespace est dfini par des votes

    croises de bton clair, lgrement brillant, qui cou-

    vrent un lieu homogne et ouvert, sans couloir ni

    angle ferm. Cette gomtrie offre aux voyageurs

    une perception globale des cheminements et des

    vues lointaines, tout en crant des salles votes de

    16 m de ct, dont lchelle et les proportions se

    montrent rassurantes pour tous ceux qui sjournen

    quelque temps dans la gare.

    Lunitgomtrique de lensemble dissimule la pr

    sence de deux structures porteuses dissocies, ave

    dune part les poteaux supportant les votes du pla

    teau des voies, et dautre part les poteaux de des

    cente des charges de la dalle de lavenue de France

    et de ses futures constructions. Cette sparation de

    structures verticales vite la transmission des vibra

    tions dorigine ferroviaire vers les immeubles. Identiques dans leur forme, les poteaux diffrent pa

    leur couleur selon leur fonction : bton gris clai

    pour les poteaux supportant uniquement une vot

    et les voies,et bton blanc pour ceux qui assurent la

    descente des charges du quartier suprieur. Concr

    tement, cette distinction est assure par des coque

    prfabriques. Sur le plan acoustique, on note l

    recours, pour la paroi sud de la salle dchange,

    des panneaux absorbants perfors en CCV (compo

    site ciment-verre).

    terme, la gare Bibliothque-Franois-Mitterran

    comportera trois sorties intgres dans le rez-de

    chausse des immeubles venir, linstar de ce que

    lon connat dj dans les gares Haussmann-Saint

    Lazare et Magenta. Cette gare illustre aussi, d

    faon emblmatique, une architecture nouvelle ima

    gine pour ces lieux dchange vitaux dans une

    mtropole moderne.

    PHOTOS : SNCF AP-AREP, DIDIER BOY DE LA TOU

    Matre douvrage : SEMAPA SNCF RATP

    Architecte :Agence des gares SNCF

    Bureau dtudes :AREP direction de lIngnierie SNCF

    Entreprise : Chantier Moderne

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    20 C O N S T R U C T I O N M O D E R N E/ A N N U E L O U V R A G E S D A R T 2 0 0 1

    t e chno l og i e s b t on

    TRANCHE COUVERTEDE LADVIATION DELARN 12

    Tranche high-tech

    Cet ouvrage est le point fort des 10 km de la dviation

    de la RN 12 Jouars-Pontchartrain.Longue de 460 m,

    cette tranche couverte prserve la tranquillitet

    lenvironnement du quartier de Chennevires. uvredingnieur par nature, ce projet a galement donn

    lieu lintervention dun architecte, Philippe Fraleu,

    qui a participau dessin des ttesdu tunnel.

    Les techniques de mise en uvre sont traditionnelles :

    prterrassement jusqula cote du tablier, ralisation

    des parois moules, coffrage et ralisation du tablier,

    terrassement en taupe, puis mise en uvre des

    chausses et des quipements. La modernitde cette

    tranche couverte se manifeste particulirement dans

    les dispositions prises en matire de scurit, avec un

    niveau dexigence alignsur celui des tunnels auto-

    routiers. La scuritet le confort sont galement as

    rs par un systme de ventilation trappes auto

    tiques et un clairage pondrtrois niveaux dint

    sit. Preuve quun ouvrage modeste par la taille p

    receler un contenu technologique lev.

    PHOTOS : GUILLAUME MAUCUIT-LECO

    Matre douvrage : direction des Routes

    Matre duvre: DDE des Yvelines

    Entreprises : Groupement Bouygues DTP

    LA GAREDE MONACO

    Raffinement ferroviaire

    Cette gare sinscrit dans un site mythique, au cur

    de la principautde Monaco. Le dfi pour les concep-

    teurs : crer un espace souterrain de 540 m de long

    qui ne soit pas gnrateur danxit, mais qui, au

    contraire,magnifie le lieu et le programme.

    La gare se compose de deux espaces principaux bien

    identifis : le long tunnel des quais, selon un axe est-

    ouest, et perpendiculairement le btiment daccueil

    et de service. Une passerelle relie entre eux ces deux

    volumes au niveau de laccueil et permet daccder

    la gare de plain-pied depuis un parvis. Le btiment

    voyageurs est comme tapi au fond du vallon, sous le

    passerelle. La solution imagine pour lclairag

    consistconcevoir la vote en bton la mani

    dune vote toile : des luminaires (600 lampe

    induction choisies pour leur dure de vie) rpasur sa surface allgent visuellement la vote

    crent une ambiance magique, lopposdu tun

    traditionnel.

    Lacoustique a galement fait lobjet dune tu

    approfondie. Des modlisations mathmatiq

    bases sur la volumtrie du projet et les caract

    tiques des matriaux ont permis doptimiser la so

    risation pour une bonne intelligibilitdes messag

    Dans le tunnel, des panneaux absorbants en bois

    tdisposs sur les soubassements en bton d

    vote,au-dessus des parois verticales. Ces derni

    pour leur part, sont recouvertes de panneaux aco

    tiques en bton de poudres ractives.

    Au final, la gare impressionne dans tous

    domaines : espace, confort lumineux et acoustiq

    qualitdes finitions, scurit. Signalons ce suje

    mise en place de rideaux deau aux extrmits

    tunnel pour la dissolution des fumes en cas dinc

    die. Le budget global de lopration gare et g

    civil compris slve 1,63 milliard de francs, d

    140 millions de francs pour le second uvre

    tunnel et du btiment voyageurs.

    PHOTOS : HENRI MUN

    Matre douvrage : Travaux Publics Mongasques

    Architecte :Agence des gares SNCF

    Entreprises : gros uvre, groupement sous la directio

    de SITREN ; sol bton,Grepy ; Ductal blanc,mise au

    point J.-F. Picardat Bouygues ; mise en uvre,EP

    parking. Conu comme un espace calme, il abrite la

    billetterie, les salles dattente, les services et les

    commerces sous une hauteur de 5 m. Les poteaux de

    bton blanc composent une structure rassurante,

    relaye au sol par un tapis de granito clair. Point

    dorgue de cette architecture, le tunnel se distingue

    au premier regard par sa courbe grand rayon qui

    enrichit la perception de lespace.

    Les quais stirent sur 430 m sous une vote en

    bton gris clair de 25 m douverture pour 10 m de

    hauteur. Quelque 130 000 t de bton et 8 000 t

    dacier ont tutilises pour la ralisation de cetunnel qui reste pour lessentiel un espace ferm,

    malgrles puits de lumire au-dessus des voies et

    lclairage naturel diffuspar la faade vitre de la

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    r a l i s a t i o n SEINE - Usine dpuration

    Lusine dpuration de Seine

    aval traite prs des deux

    tiers des eaux uses de la rgion

    parisienne. Pour augmenter

    la capacit de lusine en

    cas dorage, une nouvelle unit

    de clarifloculation est venue

    rejoindre les quipements

    existants. Larchitecture de cette

    nouvelle installation soigne

    textures et couleurs pour mieux

    saccorder llment liquide.

    Dmonstration des performances

    physiques, techniques

    et esthtiques du bton.

    CO N S T R U C T I O N M O D E R N E/ A N N U E L OU V R A G E S D A R T 2 0 0 1 21

    Palettede couleurset de parements

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    nstall dans une boucle dela Seine, le site dAchres

    a t affect au traitement deseaux la fin du XIXe sicle. Il sestdvelopp au fil des annes par agran-

    dissements successifs. Dans sa configu-

    ration actuelle, lusine dpuration Seine

    aval traite prs des deux tiers des eaux

    uses de lagglomration parisienne, ce

    qui reprsente environ 2 000 000 m3

    deau par jour. Rcemment mise en ser-

    vice, la nouvelle unit de clarifloculation

    permet de traiter une partie des eaux

    excdentaires par temps de pluie, grce

    un procd physicochimique innovant.

    Larchitecte Luc Weizmann a conu cette

    usine dans un esprit dintgration des

    dimensions architecturales et paysagres

    aux contraintes techniques du process detraitement des eaux uses. Linscription

    harmonieuse de la nouvelle unit dans le

    paysage urbain et la matrise des pollu-

    tions sonores et olfactives se sont donc

    rvles primordiales.

    Intgration soigneLe btiment est partiellement enterr

    pour rduire son impact sur lenvironne-

    ment. Sa toiture incline attnue le rap-

    port avec les coteaux urbaniss des col-

    lines de la Frette,situs en vis--vis.Tout

    le process dpuration des eaux uses

    seffectue dans des zones fermes,si bien

    quaucun bruit ne schappe de lusine,

    tandis que lair nausabond dgagpar

    les eaux uses et par les oprations de

    clarifloculation est entirement dsodo-

    risavant rejet dans latmosphre.Troisentits composent le projet : le btiment

    technique, les dcanteurs, les paissis-

    seurs. Le btiment technique regroupe

    les fonctions de relvement et de dgril-

    lage des eaux avant leur acheminement

    vers les ouvrages de dcantation. Il

    intgre aussi les fonctions complmen-

    taires au traitement des eaux : dpotage

    et stockage des produits chimiques, ven-

    tilation-dsodorisation de lair, salles des

    transformateurs, salles lectriques, salle

    de commande, locaux administratifs....

    Les dcanteurs sont installs lextrieur,

    dans le prolongement du btiment tech-

    nique,entre les deux canaux damene

    des eaux. Ils sont suivis par lespaissis-

    seurs, implants perpendiculairement.

    Ces quipements techniques sont pour

    lessentiel enterrs. Larchitecte a com-

    posavec eux une sorte de jardin minralmettant en scne toutes les parties mer-

    gentes. Le calepinage des dalles de so

    bton,leslments de couronnement

    bton bleu poli et les coques de couv

    ture des bassins en rsine, les coff

    des hydrocyclones, etc.,sinscrivent d

    un dessin densemble harmonieux

    confre au lieu une dimension plastiqu

    Dmonstrationdesthtique industrielle

    Prolongpar un vaste parvis minra

    btiment de lusine se lit comme

    volume habilldinox et de compos

    dont la toiture incline vers la Seine

    anime par les entres de lumire na

    relle clairant les espaces intrieurs

    tout est penset dessinpour faire

    sortir les qualits plastiques et esttiques des quipements techniques

    22 C O N S T R U C T I O N M O D E R N E/ A N N U E L O U V R A G E S D A R T 2 0 0 1

    r a l i s a t i o n SEINE - Usine dpuration

    1 2

    I

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    3 4

    >>> Une nouvelle usine lchelle du paysage.

    Lumire, couleurs, jeu des matires dans les galeries

    latrales et les zones fonctionnelles, comme la salle des dgrilleurs

    Les imposantes machines qui assurent la dsodorisation

    de lair sont installes dans un vaste espace dont les parois de

    bton semblent contenir la pousse des eaux.

    4

    32

    1

    du process industriel. De lautre ct,

    une gnreuse cour anglaise met en

    scne le mouvement ascensionnel des

    volumes abritant les vis dArchimde

    remontant les eaux uses dans lusine.

    Entirement traite en bton, cette cour

    dcline dans un mme ensemble les

    matires et les couleurs du bton brut

    des parois, du bton poli bleu des garde-

    corps, et du bton poli ou grenailldes

    dalles du sol.

    La qualit, la pertinence et loriginalitde

    la dmarche architecturale sapprcient

    lintrieur de ldifice. Volume, espace,

    transparence, lumire et couleur quali-

    fient lambiance dgage par cette archi-

    tecture industrielle. Le btiment sorga-

    nise partir dune galerie intrieure

    transversale et de deux galeries paralllesqui assurent la desserte des diffrents

    espaces et mettent en communication les

    trois niveaux principaux. La galerie trans-

    versale est traite comme une vritable

    rue intrieure dolon dcouvre toutes

    les zones fonctionnelles de lusine.Dve-

    loppe depuis le plancher le plus bas jus-

    quau toit, elle offre plusieurs angles de

    vue sur la dsodorisation, le stockage du

    chlorure ferrique,les deux canaux dame-

    ne...Elle est borde sur un ctpar un

    grand mur en bton blanc brut percde

    larges ouvertures circulaires, qui accom-

    pagne lenvole verticale de lespace sur

    toute sa hauteur.

    Omniprsence du bton

    La diversitdu traitement des btons,trs

    prsents dans les espaces intrieurs,par-

    ticipe la qualification des zones fonc-

    tionnelles et des ouvrages techniques.

    Cest le cas du mur tout en bton brut quispare la salle de dsodorisation de

    la zone des transformateurs et du

    dgrillage, qui apparat comme un vri-

    table contrefort.Rythmpar de puissants

    poteaux, il semble contenir le flux des

    eaux dferlantes. Dans la salle de stoc-

    kage du chlorure ferrique, la trame des

    poteaux cruciformes en bton dlimite

    les casiers accueillant les cuves de couleur

    rouge-orang. Les parties visibles des

    murs des canaux damene sont animes

    par un jeu de cannelures indiquant la

    hauteur deau circulant lintrieur. Ces

    indications donnent une ide des quan-

    tits deau circulant dans louvrage,

    puisque celle-ci nest jamais visible. Seulle bruit de son coulement trahit sa pr-

    sence.La lumire naturelle prsente dans

    tous les espaces intrieurs met en valeur

    les diffrentes qualits de parement.

    Lemploi de matriaux complmentaire

    tels que le lamell-collou les coques e

    composite, accompagnpar un jeu de

    couleurs dterminpar zones fonction

    nelles, souligne la prsence architecto

    nique des structures en bton et agr

    mente lambiance gnrale des lieux.

    Au final, cette nouvelle unitde clariflo

    culation de lusine dpuration Sein

    aval fait montre du talent de Luc Weiz

    mann, dont larchitecture industriell

    trs travaille confre ce projet sochelle humaine et sa plasticitspci

    fique, issue de la volont de donne

    jusque dans le dtail une qualitesth

    tique aux contraintes techniques.

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    26/44

    limage de tous les qui-pements destins au trai-

    tement de leau, lunit declarifloculation de lusine dpu-ration Seine aval fait largementappel aux btons. En effet, le mat-riau est ici dclinsous de multiples

    usages et aspects qui sollicitent tout

    autant ses performances physiques et

    techniques que ses qualits esth-

    tiques. Comme pour un iceberg dont

    on ne voit quune faible partie, le

    bton visible en superstructure de

    lusine ne reprsente quune fractiondu matriau mis en uvre dans len-

    semble de lusine.

    Bton rsistanten milieu agressif

    Parmi tous ces btons, on peut distin-

    guer les btons gris fonctionnels, le

    bton blanc et les lments en bton

    prfabriqu(panneaux, dalles, garde-

    corps, etc). Tous les ouvrages qui sont

    en contact avec les effluents ou soumis

    latmosphre agressive que ces der-

    niers induisent, tels que les galeries, les

    canaux damene, les bassins et divers

    autres quipements, sont en bton.

    Conformment au cahier des charges

    techniques tabli par le SIAAP (Syndicat

    interdpartemental pour lassainisse-

    ment de lagglomration parisienne),

    ces ouvrages de gnie civil sont raliss

    avec un bton spcial qui rsiste

    lagressivitdes produits soufrs. Le

    matre douvrage demande un bton

    partir dun ciment au laitier et auxcendres. Ces ouvrages en bton sont

    tous calculs la fissuration trs prju-

    diciable. Pour les parties fortement solli-

    cites au niveau de lagression chi-

    mique, une paisseur denrobage de

    5 cm de bton entre les aciers et la

    paroi extrieure est impose. Enfin,

    dans certaines phases du process, pour

    faire face des agressions gazeuses

    particulirement corrosives dues

    lhydrogne sulfureux (H2S), un produit

    24 C O N S T R U C T I O N M O D E R N E/ A N N U E L O U V R A G E S D A R T 2 0 0 1

    r a l i s a t i o n SEINE - Usine dpuration

    1 2 3

    Btons fonctionnels,btons plastiques

    A

    La clarifloculation en dtail

    En rgion parisienne, la majeure partie du rseau dgout est unitailes eaux rsiduaires urbaines et les eaux pluviales sont recueilldans les mmes canalisations. Lusine dpuration Seine aval a ucapacitde traitement calibre pour le temps sec, mais elle peut suporter des surcharges conscutives de faibles pluies. Lorsquil fafaire face un afflux deaux uses suite de forts orages, le traitembiologique classique ne permet pas dpurer rapidement les effluesupplmentaires arrivant sur le site. Cest le rle de la nouvelle unde clarifloculation, grce un procdphysico-chimique innovant consiste principalement rajouter du chlorure ferrique dans les eauses reues. Celui-ci a la proprit de floculer les matires orgniques en suspension. Des polymres de synthse et du sable aidenla formation de flocs lests et contribuent une dcantation trs rade des eaux uses. Le processus dpuration se droule en plusieutapes. Les effluents subissent un prtraitement : dgrillage pour gros lments flottants, dessablage et dshuilage. Ils sont ensu

    transports par des galeries souterraines vers la nouvelle unitde crifloculation, puis ils sont remonts de 8 m par une srie de 6dArchimde jusqudes dgrilleurs de 10 mm osont retirs les dniers lments en suspension. Ensuite, deux canaux conduisent eaux vers les 6 bassins de dcantation acclre. Le traitement cmique seffectue ce niveau. Il existe plusieurs bacs dans chaqbassin.Dans le premier, le chlorure ferrique est injectdans leau uset mlangpour assurer la coagulation. Dans les bacs suivants, dpolymres et du microsable sont ajouts pour constituer des flocs seront facilement dcantables. La solution obtenue est dirige surdcantation lamellaire. Les boues issues de la dcantation sont rcpres et paissies avant dtre diriges sur lusine de traitement dboues. Leau clarifie est rejete dans la Seine.

    TECHNIQUE

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    anti-corrosion doit tre appliqusur le

    bton. En dehors de celles qui sont

    directement en contact avec leau use

    et ses dgagements gazeux, dautres

    parties de lusine ncessitent lemploi

    dun bton spcifique.Ainsi, au niveau

    des casiers accueillant les citernes de

    chlorure ferrique, les cuves de rtention

    en bton, destines palier dven-

    tuelles fuites, doivent rsister au carac-

    tre particulirement corrosif de ce pro-duit. Il en va de mme pour les cuves en

    bton servant au stockage des produits

    chimiques (acide sulfurique, soude, eau

    de Javel,bisulfite de sodium) utiliss par

    la centrale de dsodorisation.Pour tous

    les ouvrages spcifiques comme pour la

    structure de lusine, le bton mis en

    uvre par lentreprise est un B30 plas-

    tique ou trs plastique fabriquen cen-

    trale de BPE.Pour raliser les voiles des

    canaux damene et des bassins, toutes

    C O N S T R U C T I O N M O D E R N E/ A N N U E L O U V R A G E S D A R T 2 0 0 1 25

    4 5

    >>> Les poteaux cruciformes en bton dlimitent les

    alvoles accueillant les cuves de chlorure ferrique. Des vues

    varies sur les zones fonctionnelles sont amnages dans les parois

    de bton. Jeu de cannelures animant les parois des canaux

    damene. La cour anglaise met en valeur les volumes

    des vis dArchimde. Longeant les paississeurs, une faille

    permet daccder aux zones enterres.

    5

    4

    3

    2

    1

    Matre douvrage :

    Syndicat interdpartemental

    pour lassainissement de

    lagglomration parisienne

    (SIAAP)

    Matre duvre :

    direction des Grands Travaux

    Architectes :

    Alain Le Houedec et

    Luc Weizmann

    Entreprise gnrale

    et de gnie civil :

    Lon Grosse

    Prfabricants :

    Delta Prfa,Queguiner

    Entreprise dquipement :

    OTV/Degremont

    Montant du march

    gnie civil :

    225 MF HT

    les prcautions ont tprises afin dob-

    tenir une parfaite tanchitdes cof-

    frages. Les faces vues des canaux sont

    canneles. Le calepinage des lignes de

    cannelures a t effectuen accord

    avec larchitecte, en tenant compte des

    lignes de serrage qui sont axes au fond

    des cannelures les plus larges. Ces

    lignes en creux sont obtenues grce

    des fourrures trapzodales en bois dur.

    Diversitdes parements

    Si le bton utilisdans les ouvrages de

    gnie civil et en structure reprsente la

    plus grande part du chantier, le bton

    blanc et les lments prfabriqus par-

    ticipent lesthtique et lcriture de

    ldifice. Dans la grande galerie trans-

    versale, le