chronique : aspects des relations entre la toscane et la...

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CHRONIQUE 97 NOTES DE LECTURE: A TRAVERS LA PROVENCE MEDIEVALE Provence historique n'est heureusement pas la seule publication. des travaux consacrés à l'histoire provençale trouvent place. De nombreuses études paraissent en français ou en langue étrangère dans diverses revues et dans plusieurs recueils de "Mélanges". Dispersées, elles risquent d'échapper à l'attention du chercheur ou du lecteur curieux d'histoire régionale. Les recenser et les signaler sous forme d'un bref résumé nous a paru répondre à la vocation de notre revue. On trouvera ci-après une première chronique consacrée aux articles relatifs à l'histoire médiévale parus entre 1975 et 1978. Les notices sont dues à Paul Amargier, Noël Coulet et Gérard Giordanengo. G. VISMARA, « Leges )) et «canones)) Ilegli alti privati dell' allO medioevo: infiussi provenzali in ltalia, dans Méla/1ges G. Fransen, Studia gratiana, t. XX, 1976, pp. 399436. Aux V'"-VI" s., la Gaule a sans doute été le centre le plus important de culture juridique d'Occident et l'on rencontre du VI'" au IX'" s. un grand intérêt dans les textes normatifs pour les relations entre les lois romaine et canonique. Malheu- reusement les textes de la pratique manquent entre le v e et le lX C s., particu- lièrement dans le Midi et la vallée du Rhône pour mesurer la portée pratique d'une te lle liaison. A la fin du xe s. cependant (979) apparaît une formule que tous les historiens de la Provence médiévale connaissent bien et qui commence par ces mots: auctorilas etenim jubel ecclesiastica el [ex praecipit romana ut quicw11qz.oe ... que l'on retrouve en particulier dans les chartes de Saint-Victor. L'auteur estime, à juste titre à mon avis, que l'on n'a pas une formule vide de sens, survivance incomprise du monde antique, mais au contraire l'indice d'une réflexion sur les lois, preuve d'un enseignement juridique, peut-être à Saint-Victor de Marseille 1. On trouve d'ailleurs la même formule à Gaëte, en 1028 et l'auteur démontre qu'elle a été importée du sud de la Gaule, peut-être par l'intermédiaire d'Alferius, qui, en 1010 était revenu de Cluny pour réformer les abbayes du principat. La survivance d'un enseignement dans le sud de la Gaule expliquerait l'éclo- sion précoce de ce que l'on appelle depuis peu « l'école de Saint-Ruf)) 2 dès le premier quart du XIIe s. G. G.

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CHRONIQUE 97

NOTES DE LECTURE: A TRAVERS LA PROVENCE MEDIEVALE

Provence historique n 'est heureusement pas la seule publication. où des travaux consacrés à l'histoire provençale trouvent place. De nombreuses études paraissent en français ou en langue étrangère dans diverses revues et dans plusieurs recueils de "Mélanges". Dispersées, elles risquent d'échapper à l'attention du chercheur ou du lecteur curieux d'histoire régionale. Les recenser et les signaler sous forme d'un bref résumé nous a paru répondre à la vocation de notre revue. On trouvera ci-après une première chronique consacrée aux articles relatifs à l'histoire médiévale parus entre 1975 et 1978. Les notices sont dues à Paul Amargier, Noël Coulet et Gérard Giordanengo.

G. VISMARA, « Leges )) et «canones)) Ilegli alti privati dell' allO medioevo: infiussi provenzali in ltalia, dans Méla/1ges G. Fransen, Studia gratiana, t. XX, 1976, pp. 399436.

Aux V'"-VI" s., la Gaule a sans doute été le centre le plus important de culture juridique d'Occident et l'on rencontre du VI'" au IX'" s. un grand intérêt dans les textes normatifs pour les relations entre les lois romaine et canonique. Malheu­reusement les textes de la pratique manquent entre le ve et le lXC s., particu­lièrement dans le Midi et la vallée du Rhône pour mesurer la portée pratique d'une te lle liaison. A la fin du xe s. cependant (979) apparaît une formule que tous les historiens de la Provence médiévale connaissent bien et qui commence par ces mots: auctorilas etenim jubel ecclesiastica el [ex praecipit romana ut quicw11qz.œ ... que l'on retrouve en particulier dans les chartes de Saint-Victor. L'auteur estime, à juste titre à mon avis, que l'on n'a pas une formule vide de sens, survivance incomprise du monde antique, mais au contraire l'indice d'une réflexion sur les lois, preuve d'un enseignement juridique, peut-être à Saint-Victor de Marseille 1. On trouve d'ailleurs la même formule à Gaëte, en 1028 et l'auteur démontre qu'elle a été importée du sud de la Gaule, peut-être par l'intermédiaire d'Alferius, qui, en 1010 était revenu de Cluny pour réformer les abbayes du principat.

La survivance d'un enseignement dans le sud de la Gaule expliquerait l'éclo­sion précoce de ce que l'on appelle depuis peu « l'école de Saint-Ruf)) 2 dès le premier quart du XIIe s.

G. G.

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G. G.

Michel FIXOT, La 1l1Olfe ei /'/whitar fortifié ell Pro ve llce Illédiévale, d<lllS Cllât eal/­Gaillard, l. VII, Caen 1975. pp. 67-93

N. C.

CHRONIQUE 99

de vastes dimensions. Le parti adopté s'apparente aux églises de Saint-Donat ou de Pernes-les-Fontaines. Il s'agirait de l'église Sainte-Marie bâtie vers le milieu du xe s. par l'évêque Jean sur son domaine familial. Celte abside a é té remplacée par un chevet plat dans le courant du XI" S. Les remaniements alors entrepris n'affectent pas la nef, mais la flanquent au nord d'une tour et au sud de deux salles, dont l'une à banquette pourrait être la première salle capitulaire. Ces transformations ont été entreprises dans la période où s'organise sur ce plateau une communauté monastique. Les fouilles onl permis en outre de restituer les étapes de la construction de la prÎoralc romane aujourd'hui visible (Ganagobie III), d'apporter de nouvelles informations sur son décor (sculpture, enduit peint, vitraux) et d'éclairer le~ restaurations entreprises au XVIe S.

N. C.

Victor LASSALLE, Survivances du premier art ramai? en Provence, dans Cahiers de civilisation médiévale, t. XX, n° 77, 1977, pp. 3-12.

L'architecture romane de Provence n'a pas trouvé dans l'art antique la solution à tous les problèmes qui se posaient à elle, aussi a-t-elle dû se tourner, pour de nombreux emprunts, vers le premier art roman, appelé aussi " lombard ».

En raison de la nature des matériaux disponibles dans la région, ce premier art roman ne s'est pas développé en Provence. Ce sont donc des éléments importés qui ont chez nous exercé leur influence; il semble bien que ce soient à des modèles catalans que les édifices provençaux romans aient emprunté certains de leurs caractères.

P. A.

Paul AMARGIER, Saint Bertrand évêque de Comminges. Réflexions en marge d'une vie, dans Revue de Comminges, 1978, n° 1, pp. 1-5.

Dans cette étude, l'A. souligne l'appartenance de saint Bertrand au lignage provençal, car petit-fils par sa mère, du comte de Toulouse Guillaume Taillefer et de sa seconde épouse Emma, elle· même fille de Roubaud, frère aîné de Guil­laume le Libérateur, et comte de Provencc.

Henri LA V AGNE, à propos d'tme pp. 164·190, il!.

G. G.

el baptême de Constantin: recherche iC0I1Ographique médiévale de Riez, dans Joamal des savemts, 1977,

Au terme d'une enquête serrée, l'auteur montre qu'il s'agissait d'une mosaï­que - comme l'assurait PeÎresc - qu'un distique permet de dater du xn~ s. Je tendrais cependant à croire son contemporain Bartel qui décrivait deux épisodes: le baptême de l'empereur - auquel se rapporte l'inscription - et son triomphe. Reprenant la légende de l'empereur lépreux guéri par le baptême, H.L. montre

100 CHRONIQUE

que cette représenta tion pose fondam entalement le rapport ent re le pouvoir ecclésiastique et impéria l et qu'elle s 'inscrit dans un contexte politique: d 'autres figu rat ions du baptême de Constant in a ttes tent ces arrières pensées. L'égl ise provençale, très sensibilisée aux relations avec l'empire a u cours du X Tl ~ s. ne pouvait être que favorab le à une tellc iconographie. Démonstration exemplaire ct qui emporte la convic tion. Mais que lle serail alors la vé ritab le significa tion des COllstan tins dc~ cloîtres d'Aix e t d'Arles? L'église, ici, accueille, sans contrepartie, l'empereur en triomphateur.

Jean DUFOUR, Le rouleau lIIortuaire de Busol1, abbé de Jal/mal des SaVlll1ts, 1976, pp. 237-254, 1 carle, 7 il!. et cliques mortuaires de Catalogl1C (1008-1102), dans Cahiers vale, l. XX, 1977, pp. 1348,4 cartes.

G. G.

el C11CV'

méché

Commen tai re paléographiq ue 9 m,52 litres) dont le porteur, Embrun, Tallard, Ganagobie, Gi lles, Nîmes ...

rouleau mo rtuaire de Boson Ci" vers 1130 . Oulx, descendil la vallée de la Du rance par

gagna Aix, Marseille, Arles, Montmajou r , Saint-

du X lli e s.), dans AIIllales de l. XX IV, 1976, pp 317-327.

Notice sur un rormula ire rédigé par Bertrand du Pont, a 1234. Contl.:mporain des plu~ bolonais, il en a subi discrètement Pérouse, Somme d'Azun); com me eux fo rmules el il apparaît la avignonna isc de la première

G, G

P. A

CHRONIQUE 101

Noël COULET et Louis STOUFF, Les institutions communales dans les villages de Provence au bas Moyen Age, dans Etudes rurales, 1976, pp. 67-81.

La deuxième vague des consulat des communautés méridionales, à partir de la fin du XIIIe S. se consolide surtout dans le premier tiers du s iècle suivant sans qu'il soit encore possible d'en comprend re les raisons. Les auteurs donnent une excellente description générale de ces institutions villageoises - assemblée générale, procureurs et syndics, conseils étroits ou élargis, recrutés par cooptation et dominés par une oligarchie paysanne. - et de leurs champs d'activité: emprunts, questions de paturages, défense (cons Lruct ion de remparts), en tretien de l'église. Les moyens financiers sont fournis surtout par les impôts indirects, donnés à ferme. Mais l'administration communale se soucie aussi du ravitaille­ment (le mazel est affermé), de la santé publique, de la forge communale ... La vic rurale enfin est étroitement réglementée. Insistant sur l'importance de la vie communautaire que révèlent toutes ces pratiques, les auteurs souhaitaient un inventaire des sources relançant, au plan local, les viei lles entreprises aban­données avant d'avoir pu donner tous leurs résultats 3. Bel indice d'un renouveau d'intérêt pour un secteur trop négligé - peut-être parce que très complexe -des historiens français, celui des structures institutionnelles et juridiques.

G. G.

John H. PRYOR, The workil'lg metlwd of a Ihirteenlh-ce11lury frellch Iwtary: the exemple of Giraud Amalric and the cOl11menda con/racl, dans Medieval Sludies, vol. XXXVII, 1975, pp. 433-444.

John Pryor a soutenu en 1974, à Toronto, une thèse consacrée au contrat de commande dans le commerce méditerranéen au XIll e S., fondée essentiellcmenl sur l'étude des rC2:istres de notaire de Marseille 4. 11 examine dans cet a rticle le plus ancien docu~ent de cc fonds: ces écritures de Giraud Amalric qui sont le plus vieux registre de notaire conservé en France. Il se propose d'étudier la méthode de travail de ce praticien très sollicité et très actif. Une analyse attentive et minutieuse des contrats de commande permet de distinguer plusieurs types de notes: actes transcrits d'emblée intégralement, conventions reproduites par·

4. CI. son article SUI les origines du conLrat de commande paru dans Specl/luJ/I, t LU. 1977, pp. 5-37

102 CHRONIQUE

tic llcment avec des blancs et des mentions marginales, contrats écrits d'abord sous une forme abrégée cl complétés a posteriori. A la différence des no taires marseillais de la fin du XIII" $., Giraud Amalric ignore encore la distinction entre protocole et ex lensoire. Ses registres appartiennent à un stade ancien de la pratique notariale qui les rapproche plus des nolaires génois du XIIe S. que des notaires provençaux du bas Moyen Age.

N. C.

Jacques PAUL, Le (( liber 11'riraculorw11» de Sail?l Louis d'An jOli, dans Archivu111 Fral1cisca11l//11 historicwn, L LXIX, 1976, pp. 209-219.

Les éditeurs du dossier de la canonisation de saint Louis d'Anjou ont publié en 1951 (Anl1a/eela fral1ciscal1a, t. VII), à la suite de l'enquête ouverte en 1307 sur la sainte té du prince angevin, un recueil de miracles non daté. J . Paul montre que ce Liber miraculorum est un recueil homogène dont le désordre apparent est en gros un ordre chrono logique. Composé dans l'église des frères Mineurs de Marseille cc document relate, à mesure de leur émergence, les faÎts miraculeux survenus dans le courant de l'année 1297, celle de l 'ensevelissement de Louis d 'Anjou. Habi le et convaincante, cette démonstrat ion devrait permettre de mieux utiliser désormais un texte fort riche de données concrètes pour l'histoire de Marsei lle.

N. C.

Paul AMARGIER, La déferlse du temple devant le concile de Lyoll Cil /274, dans Actes du coll. inter. CNRS: 1274, Almée charnière, Mutations et cOl1tinuités, Paris 1977, pp. 495·501.

Edition e t commentaire d'un rolulus en provenance de la du Temple, conservé aux arch. dép. des B.-du-Rh., dans le fonds de Saint-Gilles, sous la cote 56 H 5.168.

Jacques PAUL, Le voyage en pèlerinage dans la littérature et Cahiers du Cuerma, Aix, 1976, pp.

G. G.

quête, t. Il ,

Voyage en France - qui ne connaît le passage sur les vignobles a utour d'Auxerre? - mais aussi en Provence où ce franciscain pa rmesan passe l'été 1278 séjournanl à Aix, visitant la Sain te-Baume, Hyères et Marseille. J. Paul établi t la chronologie de ces déplacement, s'interroge sur la raison de ce séjour hors de la patrie du francisca in el s'attache au mécanisme de la rnémoire qui organise el s tructure ce récit rédigé trente-six ans après les événements. Pour l'h istorien de la Provence, l'apport le plus int éressant de celte narralÎon peu abondante en «choses vues») est le témoignage qu'e llc fournil sur les lieux sa ints du comte: et les légendes qui les auréolent.

N. C.

CHRONIQUE 103

Anne-Marie HAYEZ, Clauses pieuses des testaments avignonnais au X IV' siècle, dans Actes du congrès des sociétés savantes ... B esal1çol1, /974, Paris, 1977, pp. 129-159.

Analyse des clauses de 225 tes taments environ étalés sur l'ensem ble du siècle, avec des pointes en 1348 et 1361. Bonne mise au point qui perme t de mesurer à la fois les convergences profondes c t les nombreuses variantes avec la prat ique a rlés ienne et a ixoise.

G. G.

Anne-Marie HAYEZ, Les bourgs avigl1ol1na is du X IV' siècle, dans Bulletin pllilo­logique el historique ... , 1975, Pa r is 1977, pp. 77- 102.

Présentation de la spécula tion immobilière causée par l'accroissemen t de la popula tion avignonnaise au cours du Xl V' s. Les promoteurs, bourgeois en tête, lotissent les a lentours de la vi lle en « bourgs» ou « bourgue ls» qui portent généra lement leur nom. Ces groupes de maisons sont si tués au tour d'une cour ou le long d'une impasse perpendiculaire aux voies issues de la ville (on en dénombre 75 environ). Une ana lyse aussi poussée que le permettent les docu­ments permet d'esquisser une géographie sociale de ces bourgs et de leurs habitants; on no tera de bonnes remarques sur le s tatu t de ciLoyen.

G. G_

Paul AMARGIER, Urba;n V, dans Revue du Gévaudan, n.s., n" 20, 1974, pp. 99-108.

Evocation de la flgure de celui qui fut abbé de Sa in t·Vic tor de Marseille avan t d'être pa pe, dans ses rela tions avec Pétrarque tout d'abord puis à travers quel­ques aspec ts de son act ivité pontificale.

G. G.

André COURON, Doctrine médiévale et jllstice fiscale: Pierre Antiboul et SO/1

Il Tractatus de I"I'umeribus» dans Mélal1ges A. Vewliani - Analecta crllcoviel1s;a, t. VII , J975, pp. 309-321.

Né au Cannet, près de Dt:'aguignan, Pierre Antiboul a fait ses études de droit dans la première décennie du XI V" S. à Montpellier où il fut élève de Brémond de Montferrier (cf. Provo l1;s'., t. XXIII , 1973, pp. 108-115). Après des débuts mal connus, il se fixe comme avoca t à Draguignan où il fera toute sa carrière. Il d isparaît avant 1357.

Mais c'est son œ uvre sur laquelle l'au teur a Ltire l'atten t ion : de ses trois traités, un seul. celui sur les impositions (Traclall,ls de I11wteribus) es t pa rve nu jusqu'à nous. Rédigé vers 1340-1344, il attes te la vas te culture juridique de l'auteur, mais aussi une forte personnalité, nourrie d 'une solide expérience,

104 CHRONIQUE

plus sens ible à la pratique qu'aux gra nds débats théoriques. Le nombre ct l'importance des jugemcm s sur la socié té de son temps - c n particulier su r la peti te noblesse démun ie envers laquelle il se montre très host ile - inte rdit de négliger cette œuvre pour la çunnaissance en profondeur du XIVe s. provençal.

G. G.

Paul A. GUNTHER ct John F. D'AMICO, Th e library of SI ·Viclor of Marseille ami I lle RocJlesler catalogue of 1374, dans Th e University of Rochester Library bulleli", t. XXVIII , 1974, pp. 2-23.

Analyse du ca talogue de la bibliothèque de Sain t-Victor de 1374, conservé ~l la b iblio thèque de Roches ter (U.S.A.) et comparaison sommai re avec les a ut res catalogues (fin xu ", fin XTTl ", 1410 ct 141 8). L'impo rtance des livres de droit civil c l ca nonique (plus de 100 sur environ 460 vo lumes) caracté ri se bicn cc tcmps des j uris tes que fu t le séjour cles papes en Avignon. Le premier des aut eurs prépare une éd it ion commen tée de tous ces ca ta logues.

G. G.

Rober t AM IET, Un I ragl/lent de bréviaire de Gra sse du XIV" siècle, da ns Seri plO­

l illl1I, t. XXXI, 1977, pp. 198-211 , 1 planche.

Ce bréviaire manuscrit (Arch. des A.-M., H 88, fol. 108, l ,e m. XIV" s.) s'ajou te a ux deux au lres manuscrits lilurgiques déjà connus du diocèse. T rès incomplet , il a cependan t consel-vé ses li ta nies et surtout son calendrier (que l'on peut comparer avec celu i du Brev;artl/ll Grassellse imprimé de 1528) qui sont édités id. Qua tre saints du d iocèse de Grasse, douze de Provence, deux d'It alie, dix du Languedoc, cinq d'Espagne, qualol7.c du reste de la France (dont deux de la va llée du Rhône) montrent l'i nterpénétra tion des liturgies mais si tucnt parfai­tt:ment le bréviai re.

G. G.

Joseph SHATZM ILLER, Les juils de Provellce pel1dalll la pesle Hoire, dans Revue des éli/des juives, t. CXXXIlI (.14). pp. 457-480.

Reprenant données rassemblées par A. Crémieux et C. Arnaud , el les c.:o mplétant pa r document!:; l'elat ifs à Manosque, j 'auteur dégage les ca rac.:-terist iques des vagues d 'émeutes a nt ijuives survenues en Provence dans le c.:ourant du pl-in temps 1348. Il apporte sur tout ùeux nouvel les pièces im por ta ntes à cc dossier. L'une, extraite des archives de la Cour des comptes (Arch. des B.-du·Rh.), révèle qu 'cn juillet 1348, la reine Jean ne a d im inue de moit ié le montant de la

CHRONIQU E 105

taille des juifs s, en raison d e l'éte ndue des pertes sub ies par les Israéli tes du comté à l'occasion de ces désordres. L'autre es t un document en langue hébraïque, d éjà connu, mais do nt l'auteur reprend e t corrige la lecture. Il s'a gît d'une notice en marge d 'un Penta teuque attes tant que ce volume a été a pporté à Aix par le seul survivant du massacre des juifs de la Baume-de-Sisteron. survenu le 16 mai 1348.

N. C.

Joseph SHATZMILLER, TwnuItus et rumar in slIwgoga, an aspect of social lite of provençal jews in the m iddle ages, dans A.J.S. review, 1977, n 2, pp. 227-255 (Associa tion for Jewish S tudies, Cambridge Mes)

Centre de la vic communa uta ire des juiveries, la synagogue es t aussi parfois le lieu d'explosion des tensions qui les traversen t. Joseph Shatzmiller le montre à propos des juifs de Ma nosque et à pa rtir de quatre informa tions judiciaires de 1324-1329 (Ach. dép. des B.-du-Rh., 56 H 964, 978, 979 et 984, les textes utilisés sont publiés en appendice). Il écla ire ces incidents à la double lueur de sa pro­fonde connaissance de la communau té juive de Manosque 6 et d(~ la litté rature ra bbinique médiéva le. Il étudie finemen t J'a tt itude des a utorités judicia ires. Le langage qu 'e lles tiennen t pour conda mner la perturbation de J' « office divin )) repose sur la reconnaissance explicite de la synagogue comme église des juifs (s irzagoga quam apud eos ecclesia habenO On es t lo in ici du d iscours humiliant sur la « synagogue de Sa lan )).

Noël COULET . Juif intouchable et mes J'exclusion dans la littérature et t. V, 1978, pp. 209-221.

N. C.

Discussion de l'hypo thèse de M. Kriegel qui voit dans la prohibition fai te a ux juifs de toucher des a liments des tinés aux chré tiens , un :< trai t de psycho· logie sociale}) at tes ta nt la conscie nce diffuse d 'une souillure attachée à leur personne . En fait, ce n'es t qu'au cours du XIII" s. que s'affirme une volonté renou­velée de marquer la sépa ration en tre les deux communa utés dont l 'église es t le principal propaga teur et qui se traduit par une réglementa tion variée. La législation créatrice de mentalité, une pis te à suivre pour l'e thnologie historique, ..

G. G.

5. Jos'-!ph S HATZM I LLER, RecllCrclles slir la COII1l11WlQllfé jlliv!: de Manosqlle all Moyell Age, Pari s-La Haye. 1973.

6. Cf. sur cette impos ition l'art icle du mêm'-! a u teur La pen;epliOlI de la « (allia jlldeo r w ll » en Provence au milieu du X IVe siècle, dans Almales du M idi, t. 82, 1970, p p . 221-236.

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Rodrigue LAVOlE, débur du XIVe el la civilisatiol1

CHRONIQUE

Cas tellalle au la littérature

Dans le cadre d'un colloque sur l'exclusion ('auteur s' interroge, à part ir de l'exe mple de Cas tellane et sa bail lie au XIVe S,) sur la pauvre té comme facleu r d'exclus ion. L'examen de la condition économique des maleservi au trave rs de d iO'ércntes sources mont re que « le FaCleu r juridique ne peut être tenu ['é lément déte rminant du paupérisme », une enquête condu ite ensuite dans villages des environs (bi lan démographique de ces localités, ana lyse de la lion des signes de richesse d'après les sources fisca les) fait apparaître que r.andidats à la marginalité se recrutent pa rmi les groupes (fami liau x) -.luement faibles et les individus isolés ». La cohérence el la puissance du groupe familial constituent un rempa r t contre la misè re. Une hypothèse ingénieuse. à contrôler su r d'autres échant illons de population.

N. C.

N . C.

CHRONIQUE 107

Noël COULET, Les entrées solennelles en Provence au XIVe siècle. Aperçus nou­veaux sur les entrées royales françaises au bas Moyen Age, dans Ethnologie française, t. VII, 1977, n" l , pp. 63-82.

Dans ce bel article, l'A. dégage les caractères propres à l'ordonnance des solennités provençales o rganisées en l'honneur des grands. Sont décrits les pré­paratifs, les rites d 'accueil , la cérémonie proprement dite (un chapitre étant consacré à la question du «dais »). Sont manifestées enfin les sources d'une tellc mise en scène, qui sont à chercher du côté de l'occursus antique relayé par la li turgie du Pueri Haebreorum au jour des Rameaux. Dans son déroulement ordonné, le cortège allant au devant de son prince, reproduit les structures publi­ques et sociales de la cité, desquelles les juifs ne sont pas exclus.

P. A.

Paulette LECLERCQ, Le prieuré de Saint-Zacharie en 1403 d'après le livre de raison. de son prieur, dans Jourlwl of Medieval Hislory, t. J, 1975, pp. 383-399.

Moine de Saint-Victor de Marseille, Jean d'Assana est de 1388 à 1404 prieur du prieuré féminin de Saint-Zacharie dépendant de cette abbaye, avant de devenir en 1404 prieur du couvent des bénédictines de la Celle, objet des recher­ches principales de l'auteur. Les Arch. dép. du Var conservent le livre de com p tes qu'i l a tenu du 24 juin 1402 au 15 février 1403 (25 H 26) . Le document es t muet sur les profi ts des tenures et ne livre sur les produits des dîmes que des rensei­gnements fragmentaires. L'essentie l des revenus enregistrés provient d'une réserve où les terres emblavées prédominent. Le bilan du compte est posit if. Néan moins l'économie de cette maison monastique paraît, au bout du compte, fragi le, mena­cée surtout par l'ampleur des ponctions extér ieures: prélèvements de l 'abbé de Sa in t-Victor, pension duc à l'archevêque d'Aix et fiscalité pontificale.

N. C.

Noël COULET, Un gîte d'étape.' les auberges à Aix-en-Provence au XV" dans Voyage, quête, pèlerilwge da/1S la littérature et la civilisation vales, Sénéfia/lce, t. lI , 1976, pp. 107- 124, 2 cartes.

Etude, d'après les minutes notariales et les livres de compte de La Couronne, auberge de première catégorie d'Aix au milieu du XV" s., du cadre matériel et de la clientèle des auberges aixoises dans la ligne des travaux de Ph. Wolff pour Toulouse (cf. pour Avignon Provo hist., 1. XXV, 1975, pp. 275-284). Les bât ime nts ne diffèrent e n rien des autres habitations, les chambres ont des nom s qui re mplissent le rôle des numéros actuels et comportent de un à trois li ts, non individuels, certains garnis de ciels e t rideaux , et un ou deux bancs. La salle commune, parfois cuis ine en même temps, es t meublée de bancs, tables, dressoirs , d'un écritoire et de jeux. La clientèle de La Couronne, outre quelques hôtes royaux, se compose de riches marchands - un tiers environ -, d'ecclésiastiques,

108 CHRONIQUE

abbés et moines de Sain t-Victor , de Lérins. de Montmajour , pour d'affa ires judiciaires ou administratives, de nobles

environ. C'es t une cl ientèle régionale avant tout, avec e l Espagnols alors que le nord de la France n'est Les hôtes, p resque tous montés (10 % à pied),

ct sont Je p lus souvent de passage.

la bibliothèque el du mobilier dll XV" S., dans Revue des

L'au teur présente l'inventa ire des b iens, des livres c t de Ses t iers d ressé par le notaire Jean des Ou rches 1439 Rh., dépôt d 'Aix, 306 E 266). E lle publie ct Iraduit qu i cons tit uent la b ib liothèque, fournÎl pour les quI..! ct reconst itue s u r Uil tableau généalogique utile contribution il la connaissance de la vic ct de au Moyen Age.

Nuël COULET, Juifs el justice en Provence (lU XV" cl Aix (/425-/430), dans Michael, Ille diaspora University, L IV, 1976, pp. 9·26.

G. G

N. C.

N . C

et leur situat ion comportements

G, G.

CHRONIQUE 109

Louis STOUFF, Alimentation et démographie en Provence aux X IVe et XV, S.,

dans Annales de démographie historique, 1976, pp. 61-69.

Auteur d'un ou vrage fondamenta l su r le ravita illem ent e t l'alimenta tio n en Provence au bas Moyen Age, L. Stouff envisage ici e t ana lyse avec beaucoup de prudence critique le rapport entre la disette et la peste. Si les sources permettent mal d'appréhender la part de la fam ille dans la m o rtalité, eUes montrent comment la disette c t la malnutrition préparent le terrain a ux épidémies. L.S. est condui t par là à étudier le régime a limen taire des Pronvençaux de ce temps et à meUre en évidence ses carences et ses déséquilibres.

N. C.

Colette BEAUNE, Saint Clovis: histoire, religion royale et sentiment Iwtional en France à la fin du Moyen Age, dans Le métier d'historiel'! au Moyen Age, études sur l'historiographie Inediévale, sous la direction de Bernard Guénée, 1977, publications de la Sorbonne, série Etudes, t. XIII.

Un seul des articles recuei llis dans ce riche volume dont on ne saura it trop recommander la lectu re concerne la Provence. C. Beaune y étudie l'apport des XI Ve e t xve s. à la constitution du personnage mytho-his torique de Clovis. La figure de ce souverain devient a lors « le modèle de tous les rois de France dont il est le premier à avoir possédé tous les attributs ), tandis que son règne se transfigure en « oasis de paix et de justice ». Cette ascension de Clovis le conduit à la fin du X I V~ s. aux portes de la sainteté. Il est désormais considéré com me le saint fondateur de la monarchie française. Parmi les sanc tua ires où son culte apparaît au xve s., l'auteur relève Sainte-Marthe de Tarascon. Cette dévotion, fondée sur un passage de Grégoire de Tours, vient ainsi se greffe r sur les mythes de J'apostolicité de l'église provençale au moment où se prépare le ra ttachement du comté au royaume de France. La chronologie demanderait à ê tre reprise de plus près, mais C. Beaune verse là une pièce importante au dossier à rouvrir d'une histoire politique des lieux saints de Provence.

N. C.

François AVRIL, Pour l'enluminure provençale,' EI'!guerrand Quartol1, peintre de manuscrits, dans Revue de l'Art, fasc. 35, 1977, pp. 9-40, 70 il!. noir et couleur.

Conservé à Saint-Sauveur d'Aix jusqu'à la Révolution puis passé en Angleterre a u milieu du XIX" S., le missel des tiné par Jean des Martins, chancelier de Pro­vence de 1444 à 1477, à sa chapelle sépulcrale fondée en 1456, vient de revenir e n France (coll. parL). Da té de 1466 et exceptionnel par le nombre e t la qualité de ses miniatures, il es t rapproché par F.A. d'un livre d'heures de la Pierpont Morgan Librairy de New York que diverses considérations stylistiques permettent de dater de 1445 env. et de localiser à Aix. Un nom paraît s'imposer pour ces

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de ux œuvres: E ngue rrand Quarton , hypo thèse séduisante, renforcée pa r une ana lyse s tylis tique poussée et des ra pprochements convaincants. Replacé dans le con texte de la grande peinture provençale (nombreux rapprochements avec l'Annoncia tion de la Madeleine), ce manuscrit soulève à nouveau les problèmes de J'a ttribution des miniatures du (( Livre du cœur d 'amour épr is» et de la « Théséide)~ de Vienne .

G. G.

Danièle FOY, L'a rtisanal du verre creux en Provence médiévale, dans Archéologie mediévale, t. V, 1975, pp. 104-1 38.

E lude de l'évolution des fo rmes de la gobeleterie de verre la fin du XI Ie

d'a près les fouilles de Rougiers - où une ac tivité ver rière a décelée ~ permet l'é tabli ssement d'une typologie e l d 'une chronologie un très négligé des a rchéologues. L 'A. étab lit que le gobelet de verre es t en usage en Provence dès le X fll ~ 5. e t que la p roduc tion locale sc ca rac térise pa r la va riété de ses fo rmes et de son décor. Une seconde pa rtie expose brièvement ce que l'on sail des verrie rs provençaux à part ir du XII e s iècle.

Fra nçois ENAUD, Les peilliu res lIlurales décou vertes dans les restes église des Cordeliers d'Embrun, dans Bulletin de la société Halltes-Alpes, 1978, pp. 21-74, ill., 1 plan.

Analyse dé ta illée de la décora tÎon des qua tre des Cordeliers, const rui te à pan ir de 141 3, 1907- 1925. Les peintures mura les s'échelonnent et sont de huit ou neuf a rt istes différen ts . Les a u s tyle go thique in te rna tiona l et dérivent de que l'on puisse les lui att ribue r 8. Les au tres et J'a uteur serait ten té d'a ttribuer les peintures un maître lyonna is

G. G.

G. G.

CH RO NIQUE 111

François ENAUD, Une découverte: les fresques de l'ancienne église des cordeliers de Briançon, dans Les monuments historiques de la France, 1976. fase. 4. pp. 34-42, il!.

Les fresques ont été découvertes de 1969 à 1971 dans la sacristie de l'église du couvent, fondé en 1391 pour combatt re l'hérésie vaudoise. A la voûte, les quatre évangélis tes, trônan t sur des cathèdres monumentales, accompagnées d'accessoires, pupi t res, crédences, roue à livres, où la vir tuosi té du pein tre es t écla tant, sem blent dignes d'être att r ibués, par F.E. à Giacomo Jaquiero (t 1453) par comparaison avec la voûte de San Antonio de Ranverso. Les res taurations en cours el les sondages dans l'église elle-même devron t perme tt re une é tude p lus poussée.

G. G.