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Coopérations éducatives transfrontalières dans l’Euregio Meuse-Rhin

Chez nous en Europe !

regionaachen.de

Coopérations éducatives transfrontalières dans l’Euregio Meuse-Rhin

Chez nous en Europe !

SOMMAIREÉCOLE PRIMAIRE/ ÉCOLE SECONDAIRE I . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17

Le projet Interreg IV-A « Linguacluster » et les écoles à profil eurégional . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18

Wilhelm Dewes ur le profil eurégional au sein de son école . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20

Hellmuth Van Berlo sur la coopération institutionnelle . . . . . . 22

Christoph Esser perspective d’un directeur de l’inspection académique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23

Témoignages des enfants de l’école primaire partenaire Picpussen à Tongeren . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25

Johannes Menne sur le profil eurégional au sein de son écolee . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25

Apprentissage de l’allemand pour les enfants arabophones grâce à Hayya ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26

Julia Lemm sur Hayya en classe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28

Dr. Mirjam Ropers & Monika Mattner sur Hayya dans les centres d’intégrationn . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29

Karen Reekmans sur Hayya en Belgique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31

DEUXIEME CYCLE DE L ’ENSEIGNEMENT SECONDAIRE I I . . . . . 33

www.EUR.Friends – Le projet transfrontalier pour les formations professionnelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34

Gilles Huaux sur les stages transfrontaliers pour les élèves . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36

Un stage de printemps à Heerlen avec l’élève Julienne Pluntke . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37

Adriane Langela-Bickenbach sur les échanges scolaires numériques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38

Qualification supplémentaire : la compétence eurégionale dans la formation professionnelle . . . . . . . . . 40

Heike Schwarzbauer sur l'établissement d’enseignement professionnel Jülich . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42

Tibor Navracsics Commissaire européen à l’éducation, à la culture, à la jeunesse et au sport . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6

Charles-Louis de Merode Consul honoraire du Royaume de Belgique à Aix-la-Chapelle, Présidente du gouvernement de l’arrondissement de Cologne et Présidente de l’Euregio Meuse-Rhin . . . . . . . . . . . . 7

Stephan Pusch Préfet de l’arrondissement d’Aix-la-Chapelle et Président de l’association intercommunale de la Région d’Aix-la-Chapelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8

Prof. Dr. Christiane Vaeßen Gérante de la Région d’Aix-la-Chapelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9

COUP DE PROJECTEUR un Prof. Dr. Rita Franceschini sur l’identité eurégionale . . . . . . . 10

Florian Niehaus avec des visions d’avenir pour l’Euregio Meuse-Rhin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12

COUP DE PROJECTEUR deux Dr. Ute Schürings sur les différences culturelles eurégionales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14

La diversité urbaine de trois pays : Aix-la-Chapelle, Maastricht, Hasselt, Liège et Eupen rafraîchissent l'Euregio Meuse-Rhin. Dans ce livre vous trouverez une collection de photos prises dans les grandes villes eurégionales.

PAGE 4 / CHEZ NOUS EN EUROPE !

Les élèves de l’école professionnelle de Jülich témoignent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44

Griet Cordemans & Freek van den Brink sur des projets cinématographiques au sein de l’école professionnelle PJR . 48

Le bidiplôme eurégional dans le cadre de la formation professionnelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50

Témoignage du compagnon belge Maxime Sporten . . . . . . . 51

Le prix littéraire des lycéens de l’Euregio . . . . . . . . . . . . . . 52

Discours de Benedict Wells, gagnant de l’édition 2018 du prix littéraire des lycéens de l’Euregio . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54

Témoignage de Maud Marcellin, élève de Liège . . . . . . . . . . . . 55

Dr. Oliver Vogt, sur le déroulement du prix littéraire des lycéens de l’Euregios . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55

UNIVERSITÉS ET HAUTES ÉCOLES . . . . 57

Des assistants de langue maternelle dans l’enseignement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58

Témoignage de Laura De Castro sur son activité d’assistante de langue dans une école à profil eurégional à Kelmis (Belgique) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59

Nathalie Seron sur le placement d’étudiants dans les écoles allemandes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60

Témoignage de Madison Robert sur son activité d’assistante de langue dans une école à profil eurégional à Hückelhoven . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61

Les supports Linguacluster dans la formation des enseignants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62

Katharina Höglhammer sur Hayya dans la formation des enseignants en Autriche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63

Vera Hark sur les ateliers pour les étudiants aspirant à devenir enseignants en école primaire au Luxembourg . . . 64

ÉDUCATION ET FORMATION TOUT AU LONG DE LA VIE . . . . . . . . . . . . . . . . . 67

Des enseignants au-delà des frontières . . . . . . . . . . . . . . . . 68

Michaela Husarek sur l’échange d’enseignants et l’enseignement en équipe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70

Conférences et cours de formation pour les acteurs de l’éducation eurégionale . . . . . . . . . . . . . . . . . 72

Joachim Dunkel sur les cours de néerlandais pour les enseignants des classes primaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73

Elke Cornetz sur la conférence annuelle des écoles à profil eurégional . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74

Anna Dinse sur la journée d’orientation professionnelle germano-néerlandaise . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75

ATELIER D’ IDÉES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77

COUP DE PROJECTEUR trois Prof. Dr. Sabine Ehrhart sur le multilinguisme dans les régions frontalières . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78

Anne-Mette Olsen sur l’échange avec la région germano-danoise Sønderjylland-Schleswig . . . . . . . . . . . . . . . . . 80

COUP DE PROJECTEUR quatre L’European Democracy Lab sur l’avenir des régions européennes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82

CHEZ NOUS EN EUROPE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85

Dr. Theodoros Kallianos sur les régions frontalières et l’intégration européenne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86

L’équipe « Education » avec des visions sur les coopérations de formation futures . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88

Remerciements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90

Mentions légales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91

CHEZ NOUS EN EUROPE ! / PAGE 5

Propos liminaires

Tibor Navracsics « Le présent ouvrage est un témoignage concret de l’intégration européenne »

L’Euregio Meuse-Rhin reflète à merveille la coexistence harmonieuse de langues et de cultures hétérogènes au sein d’une Europe unie dans la diversité . Elle est aussi un remarquable exemple des potentiels d’enrichissement de nos connaissances en matière d’éducation et de formation . Comme en témoignent les projets présentés dans le présent ouvrage, les régions frontalières, grâce à la coopération et aux

échanges, constituent des viviers idéaux pour la croissance et la prospérité – avec des résultats qui forcent le respect : offre d’éducation améliorée, multilinguisme renforcé, sensibilisation accrue à la citoyenneté européenne et approche interculturelle grâce au dialogue régional . Les nombreux exemples de projets transfrontaliers couronnés de succès présentés dans le présent ouvrage en illustrent le fonctionnement pratique et révèlent à quel point l’expérience est source d’enrichissement pour tous les acteurs .

« Linguacluster », un projet financé par le Fonds européen de développement régional, incite les élèves à acquérir des connaissances sur l’histoire, la géographie et la culture régionales tout en pratiquant les langues parlées dans cette région (allemand, français et néerlandais) . Ainsi, ils partent à la découverte de leurs propres identités et traditions ainsi que celles d’autres pays européens . Le projet « Hayya! jouer des histoires, apprendre l’allemand » aide les réfugiés à s’intégrer dans de nouvelles communautés en apprenant la langue de leur pays d’accueil (l’allemand) . Il a été récom-pensé en 2017 par le « Label européen des langues » . Autre exemple, le projet « EUR .Friends », également subvention-né par le Fonds européen de développement régional, qui permet à des élèves d’écoles professionnelles d’effectuer des stages transfrontaliers de courte durée afin d’approfondir leurs connaissances des autres cultures et langues .

Le présent ouvrage présente des mesures qui contribuent à mettre l’éducation et la formation au service d’une société plus inclusive . Cet objectif est en accord avec la vision récemment présentée d’un espace européen de formation au sein duquel les frontières ne constituent aucun obstacle à l’apprentissage, aux études et à la recherche . Le présent ouvrage est un témoignage concret de l’intégration européenne, rendue possible grâce aux acteurs engagés de chaque communauté et aux fonds à la fois européens, nationaux et régionaux . C’est un honneur pour moi de pouvoir y apporter ma contribution .

Tibor Navracsics Commissaire européen à l’éducation, à la culture, à la jeunesse et au sport

PAGE 6 / CHEZ NOUS EN EUROPE !

Propos liminaires

Charles Louis de Merode « J’applaudis cette initiative qui cadre si parfaitement avec les ambitions de cette région au cœur de l’Europe »

Echange, coopération et intégration au sein de l’Euregio Meuse-Rhin sont les moteurs de ce projet pédagogique . Le titre « Auf die Plätze, klaar, partez ! » donne le ton vivant et concret du matériel d’études . Quelle joie de pouvoir saluer le départ de ce programme et de suivre son épanouissement !

Cette région de l’Euregio Meuse-Rhin m’est chère entre autre parce qu’elle est la région où ma famille a son origine, mais aussi parce qu’elle a beaucoup à raconter et à son propos on a beaucoup à apprendre concernant la formation de l’Europe . Pensons à Charlemagne qui a fait d’Aix-la-Chapelle la capitale de l’empire Franc, appelé Empire Romain d’Occident et dont les descendants, en se partageant les terres, ont formé les premières frontières européennes .

Charlemagne pensait déjà à l’importance de l’éducation et de la formation de la jeunesse puisqu’il a créé l’école obliga-toire, facteur d’unité, de communication de développement et d’intégration . Grâce à un enseignement de qualité, on acquiert une vue d’ensemble, un esprit analytique ouvert et une indépendance de jugement .

Pensons aussi aux nombreux artistes et savants qui ont collaboré au rayonnement de cette région et lui ont donné sa richesse et sa diversité dans les domaines linguistiques, culturels et artistiques et ceux peut-être moins célèbres qui ont œuvré à sa prospérité dans les domaines sociaux, économiques et commerciaux .

Développer auprès de la jeunesse la connaissance de cette région et de son passé historique passionnant lui permet-tra, non seulement d’imaginer un futur de cohabitation florissante mais aussi de construire ce futur grâce à un même partage des valeurs de respect les uns des autres, d’entraide mutuelle, d’éducation humaine et de formation qualitative .

Etre un exemple pour l’Europe de demain, voilà ce que votre projet de promotion des liens et des communications au-delà des frontières va réaliser . J’applaudis cette initiative qui cadre si parfaitement avec les ambitions de cette région au cœur de l’Europe entre la Meuse et le Rhin .

Charles-Louis de Merode Consul honoraire du Royaume de Belgique à Aix-la-Chapelle

CHEZ NOUS EN EUROPE ! / PAGE 7

Propos liminaires

Stephan Pusch « Cinq régions partenaires réparties sur trois pays avec trois langues officielles sont une mine d'opportunités et possibilités »

En ma qualité de Président de l’Association intercommunale de la Région d’Aix-la-Chapelle et de Préfet du département de Heinsberg, je suis fier de la diversité des projets de formation mis sur pieds par l’équipe « Education » . Ils sont un pilier important des échanges qui ont lieu dans l’Euregio Meuse-Rhin . Cinq régions partenaires réparties sur trois pays avec trois langues officielles sont une mine d’opportunités et de possibilités, pour les jeunes tout particulièrement . Si dès le début de leur scolarité, ils appréhendent l’Euregio Meuse-Rhin comme étant leur « chez eux », ils peuvent exploiter et maximiser le potentiel de cette région frontalière, tant pour eux-mêmes que pour bien d’autres . Ceci nous permet d’œuvrer, pas à pas, vers la suppression des frontières dans les esprits et la progression vers une Europe commune . J’espère que cet ouvrage sur la formation et l’éducation transfrontalière contribuera à intensifier les échanges avec d’autres régions frontalières afin de créer des synergies réciproques .

Stephan Pusch Président de l’Association intercommunale de la Région d’Aix-la-Chapelle et Préfet du département de Heinsberg

PAGE 8 / CHEZ NOUS EN EUROPE !

Propos liminaires

Prof. Dr. Christiane Vaeßen« Ici, l'intégration européenne prend corps de façon concrète et tangible »

Où s’incarne en pratique la célèbre intégration européenne ?

L’une des réponses à cette question : jour après jour, dans les régions frontalières telles que l’Euregio Meuse-Rhin . Les gens se rendent dans leurs régions partenaires pour y vivre, y travailler, y faire leurs courses et s’y adonner à leurs loisirs . Tout au long de l’année, on assiste à des manifestations et des rencontres transfrontalières .

L’Association intercommunale de la région d’Aix-la-Chapelle et son équipe « Education » organisent de nombreux projets transfrontaliers dans le domaine de l’éducation et de la formation, afin de promouvoir le multilinguisme et la coopération interculturelle au sein de l’Euregio Meuse-Rhin . Enfants, jeunes et adultes, tous peuvent participer à des rencontres eurégionales pour apprendre les langues de leurs voisins et faire leur propre découverte de la région frontalière dans le cadre de différents programmes .

Exposer les modalités et le déroulement de ces projets, c’est l’objet du livre que vous tenez entre vos mains . Nous vous présentons, dans les différents chapitres, les projets de coopération en matière d’éducation et de formation qui donnent vie aux échanges au sein de l’Euregio Meuse-Rhin . Dès le primaire, les enfants scolarisés au sein des écoles à profil eurégional découvrent tout ce qui fait l’intérêt d’une région frontalière . Un autre exemple montre comment des élèves de lycée professionnel sont encouragés à faire des stages par-delà la frontière . Les enseignants des écoles à profil euré-gional et les acteurs du domaine de l’éducation et de la formation se nourrissent de nouvelles sources d’inspiration pour leur travail lors de formations continues et de conférences .

Tous ces projets sont guidés par un fil directeur : tu ne dois pas tourner le dos à la frontière . Appréhender le pays étranger limitrophe comme un voisin est une démarche salutaire . Ici, l’intégration européenne prend corps de façon concrète et tangible – ce qui explique pourquoi nous avons intitulé cet ouvrage sur l’éducation et la formation transfrontalière « Chez nous en Europe » .

Prof. Dr. Christiane Vaeßen Responsable de l’Association intercommunale de la Région d’Aix-la-Chapelle Consule honoraire des Pays-Bas à Aix-la-Chapelle

CHEZ NOUS EN EUROPE ! / PAGE 9

« La langue emprunte toujours sa propre voie »Entretien avec Prof . Dr Rita Franceschini

Régions frontalières et multilinguisme sont indissociables. L’équipe « Education» de l’Association intercommunale de la région Aix-la-Chapelle s’est entretenue à ce sujet avec Prof. Dr. Rita Franceschini. Elle effectue des recherches sur le multilinguisme et les régions frontalières font partie de son propre parcours de vie : en effet, elle a séjourné notamment dans la région frontalière Saar-Lor-Lux et vit actuellement dans l’eurorégion Tyrol, Haut-Adige et Trentin.

Madame Franceschini, peut-on concevoir une identité commune avec des langues différentes ?

Rita Franceschini : En Europe, nous avons tendance à associer la question de l’identité à la question de la langue . Depuis l’émergence du concept d’État-nation, l’idée prédominante se résume au triptyque « Un État – une religion – une langue » . Toutefois, ce corset rigide ne reflète pas tout à fait la réalité des choses . Lorsque j’observe différentes régions et régions fronta-lières en Europe, je trouve que le facteur de cohésion est davantage une histoire commune . En ce sens, la question de savoir où étaient jadis tracées des frontières dans ce territoire qui s’est au fil du temps aggloméré, et la question de savoir si on y parle plusieurs langues passe finalement au second rang .

COUP DE

PRO- JECTEUR

1

Est-ce qu’en Europe, nous avons un rapport crispé au multilinguisme ?

L’Europe a été pionnière dans l’instauration des États-nations . Ces États-nations avaient besoin d’éléments de cohésion, condition existentielle pour assurer leur pérennité . Et l’un de ces éléments, c’est une langue commune aux habitants . C’est une condition sine qua non pour assurer une bonne administration du territoire . L’homogénéisation linguistique conduite à marche forcée par les pouvoirs publics depuis le 18e siècle a étouffé le multilinguisme qui avait toujours existé . Certes, il n’a pas totale-ment disparu, il a survécu dans les langues minoritaires ou au sein du cercle familial – mais le rapport crispé au multilinguisme était né . Michel Foucault a pointé une autre cause : notre rapport à l’hygiène et à la pureté, en Europe, est délirant ! En ont été dérivées des expressions telles que la « langue pure », une expression qui nous est tous familière et qui influe sur notre conception de la langue . Est-ce que les régions frontalières peuvent être pionnières dans la promotion du multilinguisme ?

Les régions frontalières sont précisément des territoires qui de tout temps, étaient multi-lingues . Si son caractère officiel reste à démontrer, sa réalité, au quotidien, ne serait-ce que pour faciliter les échanges, est une certitude . Les frontières ont toujours existé,

Stade de football Tivoli à Aix-la-Chapelle

PAGE 10 / CHEZ NOUS EN EUROPE !

mais on n’y prêtait moins attention autrefois . Au Moyen Âge, le multilinguisme se rattachait surtout à l’usage et à l’utilité de la langue et non pas à l’idéologie qui la sous-tend . Quelle est la langue que je vais devoir utiliser pour faire ceci ou cela ? En d’autres termes, la langue était alors dotée d’un rôle fonctionnel . C’est une approche beaucoup plus pragmatique que celle observée aujourd’hui . Est-il légitime de reléguer l’anglais au rang de troisième langue ? Ne serait-il pas plus simple de décréter l’anglais comme langue universelle ou comme langue commune à l’Europe ?

La langue étend son espace selon ses propres lois . Il existe des institutions qui freinent les langues et qui souhaitent une homo- généisation de l’ensemble . Mais la langue emprunte toujours sa propre voie, parce qu’elle est l’outil des orateurs et qu’elle est malléable . Le rêve d’une langue universelle n’est donc pas viable en pratique . L’anglais en est d’ailleurs le meilleur exemple : il existe une « multitude d’anglais » à travers le monde . A titre d’exemple, les étudiants Erasmus originaires de Grande-Bretagne ont parfois des difficultés à comprendre des Albanais, Italiens ou Espagnols parlant l’anglais . Mais entre eux, ils peuvent parfaitement s’entre- tenir en anglais . On voit donc apparaître dans une certaine mesure une nouvelle forme d’anglais, « l’anglais Erasmus » . Est-ce que le multilinguisme n’est pas préjudiciable en termes économiques, en raison des coûts qu’il implique ?

Il faut bien comprendre qu’il ne s’agit pas de la langue en tant que telle . Le véritable enjeu, c’est que les citoyens issus de différentes traditions linguistiques se comprennent mutuellement . Bien souvent, la pierre d’achoppement réside dans la difficulté à véhiculer des contenus sémantiques dans d’autres langues, tout simplement parce que les concepts diffèrent d’un pays à l’autre . Il faut alors se demander : comment faire pour que les citoyens se comprennent entre eux ? Les coûts liés à la traduction, à l’échelle européenne, sont négligeables : à peine 50 centimes par citoyen européen et par an . Ce n’est pas la mer à boire pour assurer une meilleure communication entre les gens .Quels sont des arguments pertinents pour convaincre les habitants des régions frontalières de l’importance des langues parlées dans les contrées voisines ? Apprendre l’allemand, par exemple, ce n’est pas une mince entreprise.

Ce qui est important, c’est de rendre les langues voisines adaptées à l’usage quotidien et d’en souligner les avantages pratiques . Pour établir le contact avec des Belges, mieux vaut savoir baragouiner un peu en allemand ou en français plutôt que d’opter pour une langue que ni l’un ni l’autre ne maîtrisent . Je

signale ainsi à l’autre que je veux faire un pas vers lui, bien que je ne sache pas très bien parler sa langue . Le message sous-jacent est le suivant : « Je te donne une marge de manœuvre dans ta langue, donnem’en également une dans la mienne . » Mais que faire lorsque je constate, par exemple lors de rencontres avec des élèves d’écoles professionnelles, une certaine incrédulité face à la nécessité d’apprendre la langue du voisin ? Face aux questionnements suivants : Qu’est-ce que ça m’apporte ? Est-ce que le jeu en vaut la chandelle ?

Dans ce cas concret, on peut par exemple envisager des cursus d’apprentissage transfrontaliers . A plus grande échelle encore, des entreprises formatrices, de part et d’autre de la frontière, peuvent se déclarer disposées à accueillir des apprentis de l’autre pays . Ce concept a été mis en œuvre avec succès, pour les étudiants, avec le programme Erasmus . Grâce à Erasmus, nos grands-parents et nos parents ont sillonné toute l’Europe . Pour les apprentis, il reste un potentiel à développer . On pourrait très bien concevoir aussi une formation des enseignants les habilitant à enseigner à l’échelle transfrontalière . De telles mesures mettent en exergue la pertinence pratique, au quotidien, du multilinguisme . Que pensez-vous de l’idée d’accroître les compétences décisionnelles des régions et de diminuer celles des États- nations ? Dans une telle constellation, est-ce qu’un rôle particulier serait dévolu aux régions frontalières ?

Je pense qu’il est temps de s’interroger, doucement mais sûre-ment, sur la pertinence du concept d’État-nation et d’établir un niveau européen commun pour la prise de décision, tout en évitant tout « diktat d’en haut » . Ce qu’il faut, c’est faire émerger un consen-sus venant de la base et remontant jusqu’aux plus hautes sphères . De façon plus générale, ce dont l’Europe a besoin, également en matière de langues, c’est d’un mouvement ascendant, et non descendant . Les mouvements contestataires s’emploient actuelle-ment à dévoyer cette idée et trouvent dans les erreurs originelles de l’UE un filon à exploiter . Il serait toutefois bien plus judicieux de redécouvrir à quel point les structures en Europe étaient démocra-tiques . Elles émanaient des cités-États, qui s’étaient données leurs propres règles ce qui leur a permis de se développer en consé-quence .

Prof. Rita FranceschiniFaculté des Sciences de l’éducation – Université de Bolzano, Italie

CHEZ NOUS EN EUROPE ! / PAGE 11

PLUS D'EUREGIO AU SEIN DE L'EUREGIO – MES VISIONSpar Florian NiehausAncien coordinateur du projet INTERREG-IV-A Linguacluster (2010 –2013)

Je souhaite vous livrer le fruit de mes réflexions nées de longues années d’enthousiasme, d’ob-servation et d’expérience dans le domaine de l’éducation eurégiona-le, vous suggérer quelques mesures concrètes, inédites à ce jour ou alors, mises en œuvre trop rarement, mais qui seraient tout à fait envisageables, certaines plus facilement, d’autres nécessitant davantage d’implication en matière de créativité, de persévérance et de coopération :

Chers parents,Encouragez vos enfants à choisir les deux langues voisines à l’école secondaire !

Faites des excursions dans l’Euregio !

Chères directions d’école,Lors des entretiens d’embauche, demandez aux candidats comment ils souhaitent aborder dans leurs cours les particularités de la région frontalière et les langues voisines !

Encouragez les collègues à proposer des groupes de travail et des projets sur le thème de l’Euregio !

Approuvez la participation de vos collègues à des stages de découverte d’une journée dans des écoles du pays voisin !

En Allemagne : proposez le néerlandais comme deuxième ou troisième langue étrangère ; les personnes de langue maternelle allemande, même celles qui ne sont pas très douées pour les langues, font souvent des expériences positives dans ce cadre !

Donnez de la visibilité à l’Euregio au sein de votre école : photos d’excursions, drapeaux, messages de « Bienvenue » etc . dans les langues voisines …

Déclarez un jour de l’année scolaire « Journée Euregio »!

Chers enseignants,Choisissez une destination dans le pays voisin pour les excur-sions d’enseignants !

Faites des excursions dans l’un des pays voisins avec vos élèves !

Inscrivez-vous (à nouveau), avec vos collègues, à un cours de langue !

Illustrez souvent vos cours par des exemples tirés du pays voisin (historiques, politiques, géographiques, linguistiques, architecturaux …) !

PAGE 12 / CHEZ NOUS EN EUROPE !

Chères universités,Instaurez des cursus pour former des professeurs de langues étrangères pour le néerlan-dais, le français et l’allemand ! (à titre d’exemple, on ne peut pas étudier, à Aix-la-Chapelle, le néerlandais !)

Mettez en place des cursus bi- ou trinationaux et bilingues (cf . Master bilingue à Wuppertal, études franco-allemandes Metz/Saarbrücken, études de l’enseignement européen à Karlsruhe ou Freiburg) !

Perfectionnez l’idée d’une didactique des régions frontalières !

Coopérez avec les universités des pays voisins !

Chers bourgmestres,Effectuez des jumelages de communes de part et d’autre de la frontière !

Transformez l’une des écoles municipales en école axée Euregio et apportez-lui un sou-tien sur le plan administratif !

Chère Euregio Meuse-Rhin,Fondez une organisation qui, à l’instar de l’Office franco-allemand pour la Jeunesse, met en place et encourage les rencontres entre jeunes dans la région frontalière !

Instaurez un prix qui récompensera chaque année les personnes ou les institutions qui ont rendu des services exceptionnels à la coopération transfrontalière au sein de l’Euregio !

Chers responsables des politiques éducatives,Facilitez la reconnaissance des diplômes d’enseignant entre pays voisins !

Internationalisez la formation des enseignants (stages, modules) !

Encouragez les échanges d’enseignants transfrontaliers

Chers médias,Faites régulièrement des reportages sur ce qui se passe dans les pays voisins en matière de politique, de sport, de culture… !

Chères administrations communales,Déclinez les indications sur les bâtiments publics, les panneaux en trois langues, hissez trois drapeaux !

CHEZ NOUS EN EUROPE ! / PAGE 13

COUP DE

PRO- JECTEUR

2

Espace d’art international Ludwig Forum à Aix-la-Chapelle

« A deux pas, un autre monde. Diversité des cultures de travail dans les régions frontalières »Dr Ute Schürings sur les différences culturelles eurégionales

On se fait un petit ciné à Liège ? Un petit restau à Maastricht ? Et si on allait enfin voir la cathédrale d’Aix-la-Chapelle ? Pas de souci, c’est la porte à côté .

Au quotidien, les frontières nationales deviennent imperceptibles, nous naviguons sans cesse, tout naturellement, d’un pays à l’autre . Nous apprenons la langue du voisin, nous nous comprenons .

Mais dès que nous avons affaire les uns aux autres dans un contexte professionnel, nous nous rendons bien compte que nous n’avons pas tout à fait le « même mode de fonctionnement » : « Mais pourquoi le collègue allemand n’a même pas prévu un créneau pour aller manger ensemble ? », se demande l’informati-cien belge . Et la directrice d’école allemande s’étonne que ses homologues néerlandais ne consacrent manifestement que si peu de temps à la préparation de la réunion commune .

Les différences culturelles se font alors sentir . Ce que l’un considère comme agréable et respectueux déconcerte l’autre . La raison est simple : chacun fait son apprentissage social dans son propre pays . Et dans chaque pays, un certain nombre de codes tacites régissent le monde professionnel, qui peuvent

varier fortement de part et d’autre de la frontière en dépit de la proximité géographique .

En Allemagne, par exemple, il est tout à fait habituel, même lors de la première rencontre, d’être factuel et objectif dans la forme et parfaitement préparé sur le fond . En d’autres termes, peu de digressions personnelles, on aborde très vite le cœur du sujet . Il n’est pas rare que les Allemands préparent même un ordre du jour pour avancer le plus efficacement possible . Une telle attitude, en Allemagne, fait montre de sérieux et de professionnalisme, c’est la clé de voûte pour gagner la confiance de son interlocu-teur . Mais les Néerlandais et les Belges ont bien souvent une conception tout autre : ils aspirent à établir un contact personnel, à connaître un tant soit peu la personne avec laquelle ils vont être amenés à travailler à l’avenir : c’est dans cette perspective que le fait de bavarder un peu ensemble sur des sujets tels que les vacances ou les loisirs, ou d’aller manger ensemble prend tout son sens . La confiance se tisse par un contact personnel .

Autre exemple: lorsqu’il s’agit de débattre sur certains thèmes ou de prendre des décisions, là aussi, on assiste à des différences

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de taille . Aux Pays-Bas, rien de moins habituel à ce que toutes les parties donnent leur opinion, même des employés subal-ternes, même les stagiaires, qui s’investissent eux aussi active-ment dans les débats . En Allemagne et en Belgique, les sta-giaires ont plutôt la parole quand on la leur donne .

La raison est simple : en Allemagne et en Belgique, les structures hiérarchiques jouent un rôle plus important . Elles sont plus manifestes et se traduisent également dans la communication . C’est ce qui explique également que les instructions de travail soient généralement formulées de manière très claire en Allemagne, alors qu’aux Pays-Bas, il n’est pas rare d’entendre des phrases comme celles-ci : « Si tu as le temps, tu pourras peut-être regarder ça demain ? » Et il ne faut pas se leurrer, l’exigence est la même que lorsqu’elle est formulée ainsi : « Veuillez effec-tuer cette tâche d’ici demain ! »

De façon générale, les Allemands ne font pas de circonvolutions lorsqu’ils communiquent, même si le message est négatif . Les mots employés sont une traduction fidèle de la situation . En d’autres termes : même vivement intéressés par une coopéra-tion, ils ne diront « oui » qu’une fois tout doute écarté et que toutes les instances impliquées auront donné leur feu vert . Les Néerlandais et les Belges n’hésitent pas à clamer d’emblée un « oui » enthousiaste . Mais ce « oui » signifie, bien souvent « Oui, cette idée me plaît bien » . Et c’est là, bien souvent, que naissent des malentendus – les Allemands étant considérés comme hésitants, peu convaincus, alors que pour leur part, dire « oui » au début, comme simple expression d’une approbation momentanée puis finalement, se raviser témoigne d’un manque de fiabilité .

Les Allemands n’hésitent pas non plus à formuler un « non » très clair . Une telle attitude est difficile à concevoir pour un Belge, la politesse étant écrite en lettres majuscules . Concrètement, on n’osera pas opposer un refus direct à son interlocuteur, on dira « peut-être » en invoquant des difficultés éventuelles . Quiconque connaît cette culture saura traduire : c’est « non » .

Une autre grande différence réside dans la façon dont nous planifions . Aux Pays-Bas, on ne se concerte que sur le strict minimum et on se lance ! Les Allemands, au contraire, ont ten-dance à tout planifier dans les moindres détails . Ils tentent d’identi-fier en amont tous les problèmes qui pourraient potentiellement survenir afin de trouver, en amont également, des solutions pour y faire face . Ils peuvent alors rapidement être considérés par leurs homologues comme perfectionnistes . L’approche est la suivante : « Si nous nous donnons assez de mal pour envisager toutes les

éventualités, ça fonctionnera ! » Les Néerlandais et les Belges privilégient pour leur part une approche plus pragmatique : commençons déjà par faire les choses et nous aurons bien le temps de remédier aux problèmes une fois qu’ils surviendront .

Ces deux approches ont chacune leurs avantages et leurs inconvénients . Elles se sont développées et cristallisées au fil du temps – et reflètent bien souvent les méthodes qui ont réussi à un pays ou à une région . Les Pays-Bas, en tant que nation marchande, ont vite appris à réagir avec flexibilité . Ils devaient aussi être en mesure de cerner leurs partenaires commerciaux – ce qui explique l’importance accordée aux relations interper-sonnelles et une certaine forme de pragmatisme . Ils ont dû arracher leurs terres à la mer – et pour ce faire, tous devaient tirer sur la même corde . Dans ce contexte, toute notion de hiérarchie était contre-productive . L’Allemagne est un fief de l’artisanat et de l’industrie – et là, les clés du succès sont le perfectionnisme et une planification systématique . La Belgique, sous domination étrangère pendant des siècles, a développé une défiance pour les institutions gouvernementales ; ce qui a toujours compté, là-bas, c’étaient la famille et les réseaux person-nels . N’oublions pas non plus que la Belgique a de multiples facettes : alors que la Flandre cultive une longue tradition de petites et moyennes entreprises, la Wallonie, pour sa part, a toujours excellé dans l’industrie lourde . De nos jours, la Belgique, qui allie pragmatisme et efficacité, est très appréciée en tant que lieu de production (par ex . dans le secteur automobile) .

Une fois ces différences culturelles prises en compte, on constate que la coopération transfrontalière fonctionne très bien : nous nous complétons mutuellement, en fédérant nos compé-tences respectives . Au petit effort succède un grand succès – sans parler de l’enrichissement personnel considérable qui en découle . Et ce, en particulier pour les jeunes générations : le fait de constater des différences culturelles leur fait prendre conscience qu’il n’y a pas qu’une seule approche viable . En effet, dès lors qu’on apprend à relativiser son propre comportement, on s’intègre sans problème dans d’autres cultures . En d’autres termes : ceux qui se sentent comme des poissons dans l’eau dans toute l’Euregio Meuse-Rhin seront comme des poissons dans l’eau partout ailleurs .

Dr. Ute SchüringsFormatrice/Conseillère en communication interculturelle

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Du courrier eurégional dans la boîte aux lettres !

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Chez nous en Europe

ÉCOLE PRIMAIRE/COLLÈGE

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Promouvoir la langue, c’est promouvoir la culture et l’économie

Le projet Interreg IV-A « Linguacluster » (2010 – 2013) et les écoles à profil eurégional

Être sensible aux cultures et langues voisines améliore non seulement la connaissance mutuelle dans une région frontalière, mais constitue également un atout considérable sur le marché du travail et de l’exportation . Que ce soit dans le cadre de la recherche d’un emploi ou inversement, dans le cadre de la recherche d’un profil qualifié pour un poste à pourvoir – bien connaître l’Euregio Meuse-Rhin et les langues parlées dans les pays voisins ne cesse

de gagner en importance . C’est là qu’intervient le projet Interreg IV-A Linguacluster, mené à bien entre 2010 et 2013 par dix partenaires eurégionaux . Celui-ci permet aux élèves de faire l’expérience du lieu de vie passionnant qu’est la région frontalière, et de découvrir les opportunités qui s’y offrent à eux, tant pour leur enrichissement personnel que pour leur carrière future !

C’est de cette idée que sont nées les écoles labellisées profil Euregio . Ce label récompense les écoles primaires et les collèges qui intègrent dans leurs enseignements des contenus euré-gionaux et qui renforcent les échanges scolaires avec les régions voisines . Ce label est décerné dans le cadre d’une cérémonie festive par la présidente du district de Cologne . Il existe aujourd’hui 54 écoles labellisées « profil Euregio » à travers les cinq régions partenaires de l’Euregion Meuse-Rhin, tendance à la hausse . Plus de 7000 élèves et enseignants ont eu l’opportunité d’améliorer leurs connaissances des langues allemande, française ou néerlandaise et de partir à la découverte de cette région transfrontalière . Les écoles labellisées « Europrofil » sont finan-cées au niveau des inspections académiques et ont bénéficié en 2018, pour la première fois, d’une dotation allouée par le Parlement du Land de Rhénanie-du-Nord Westphalie ce qui assure la pérennité du projet .

EUREGIOPROFILschule

École à PROFIL EURÉGIONAL

EUREGIOPROFIELschool

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École primaire/Collège

Une nouvelle méthode d’appren-tissage précoce des langues étrangères a été mise au point pour aider les enseignants à enseigner les langues des pays voisins . Le support pédagogique Auf die Plätze, klaar, partez existe en six versions linguis-tiques différentes (selon la langue d’origine et la langue cible) et 6 000 exemplaires de l’édition sont parus . Conçu à l’image de l’apprentissage de langue maternelle, il permet aux enfants d’école primaire de se familiariser avec la langue voisine par le biais de gestes, de mimiques et de sons .

De plus, le livre de lecture en trois langues Euregio Vis-à-Vis a été conçu pour les enfants entre 8 et 12 ans, comme livre de géographie locale de l’Euregio Meuse-Rhin . Il se fonde sur différents thèmes qui viennent se greffer sur le cours d’éveil permettant aux enseignants de diffuser des connaissances sur les régions voisines pour donner aux enfants l’envie de s’y rendre eux-mêmes . Au total, ce livre de géographie locale a été édité à 26 000 exemplaires dans les trois langues . La version allemande du livre a été actualisée en 2017 et 6000 nouveaux exemplaires ont été imprimés après épuisement des premiers .

Un colloque réunissant les directeurs d’écoles et les enseignants se tient chaque année afin d’encourager les échanges entre les enseignants des écoles à profil eurégional et ceux des formations continues du secteur Apprentissage eurégional . Ces colloques sont sources d’inspiration à la fois sur le plan théorique et sur le plan pratique et permettent d’échanger au sujet des meilleures pratiques et des obstacles éventuels . Par ailleurs, une fête des langues eurégionale est organisée une fois par an, réunissant les élèves comme les enseignants des écoles à profil eurégional .

Linguacluster, ein Projekt des INTERREG IV A-Programms Euregio Maas-Rhein für europäische territoriale Zusammenarbeit mit finanzieller Unterstützung der EU aus dem Europäi-schen Fonds für Regionale Entwicklung (EFRE). „Die Europäische Kommission investiert in Ihre Zukunft.“

Deutsche Version

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Une petite contribution à l'entente des peuples en EuropeL'école primaire Vaalserquartier impliquée depuis 2011 dans une coopération trinationale

La situation géographique de l’école primaire Vaalserquartier, au confluent de trois frontières, non loin des frontières néerlan-daises et belges, est à la fois un avantage et une responsabilité . L’avantage de la proximité frontalière, c’est de côtoyer, à deux pas de l’école, des cultures, des langues et des personnes étrangères et pour les nombreuses familles qui vivent juste derrière la frontière, de pouvoir scolariser leur enfant dans l’école allemande la plus proche . Nous considérons qu’il est de notre devoir pédagogique d’exploiter les avantages liés à la situation géographique de l’école et de donner aux élèves tous les outils qui leur permettront de se repérer dans l’Euregio Meuse-Rhin et de s’y sentir chez eux .

Nous avons entamé notre coopération transfrontalière trinatio-nale en 2011 . Dès les débuts, les écoles partenaires associées au projet étaient l’École primaire « Maria Hilf », Gemmenich/Belgique (Directeur : Robert Reinders), l’école « Op de Top », Vijlen/Pays-Bas (Directeur : Roel Van den Bosch) et notre école, l’école primaire Vaalserquartier, Aix-la-Chapelle/Allemagne (Directeur : Wilhelm Dewes) .

L’école allemande et l’école belge se sont vues décerner le label d’école à profil eurégional . L’école néerlandaise remplit égale-ment les critères d’éligibilité, mais a renoncé jusqu’à présent à soumettre une demande étant donné que les structures telles que vécues dépassent même largement ces critères .

Pour assurer à nos élèves une compétence eurégionale, nous procédons par trois biais :

¢¢ Des cours dans les deux langues de rencontre, le français (avec actuellement trois cours dispensés à l’école élémentai-re Vaalserquartier pour les classes deux à quatre) et le néerlandais (avec actuellement deux cours pour les débu-tants et les niveaux avancés de respectivement une heure dans l’école accueillant les enfants toute la journée) . L’ouvra-ge « Auf die Plätze, klaar, partez! », paru dans les trois langues, sert de base à l’apprentissage .

¢¢ Des éléments de civilisation intégrés aux cours de langue pour chaque année, portant sur l’Euregio Meuse-Rhin dans

Wilhelm DewesDirecteur de l’école primaire Vaalserquartier, Aix-la-Chapelle

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École primaire/Collège

son ensemble, au-delà des frontières . L’ouvrage « Euregio Vis-à-Vis », paru dans les trois langues, sert de base à l’apprentissage .

¢¢ Des rencontres entre les élèves des écoles partenaires dans les écoles respectives et/ou des expériences grâce à des excursions communes dans des lieux d’apprentissage extrascolaire dans le pays d’origine et/ou les pays voisins .

Au niveau des enseignants et de la direction des écoles, les activités scolaires sont complétées par des stages dans les structures mutuelles . L’objectif est de découvrir le système et le développement scolaires des pays voisins et d’être informé sur les profils particuliers des écoles partenaires .

Les activités transfrontalières, le cours de civilisation eurégionale et le cours de langue sont documentés dans un portfolio . Les bulletins des élèves participant à ces programmes en font mention et ils se voient décerner, à l’issue de la quatrième année, un certificat .

Notre école travaille en réseau, dans le cadre d’un cercle de compétences, avec d’autres écoles de l’Euregio Meuse-Rhin . Ce cercle, véritable creuset d’échanges d’expériences réguliers et de recueil des meilleures pratiques, bénéficie d’un soutien technique de l’Association intercommunale de la région d’Aix-la-Chapelle et du gouvernement du district de Cologne .

Le projet Baumhaus de 2011 est l’un des exemples des activités menées en commun (rencontre physique) . C’est un peu par hasard que l’école primaire Vaalserquartier, à l’époque, a entamé une coopération eurégionale transfrontalière avec des écoles partenaires . Le projet Baumhaus consistait, pour l’essentiel, en une conception de cabanes par des menuisiers, des artistes et des architectes dans le Buchenwald, côté allemand du point de jonction des trois frontières, la décoration artistique de ces cabanes étant ensuite assurée par des groupes d’élèves . Dans ce cadre, une coopération eurégionale avait lieu pendant 4 jours, une fois par semaine . Les enfants, s’ils ont certes bénéficié d’un conseil artistique, ont également développé leurs propres idées, les mettant en œuvre sous la direction d’experts . Les enfants se conseillaient et s’aidaient entre eux, se nourrissant d’apports mutuels .

Continium à Kerkrade

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Immersion grâce aux écoles à profil eurégionalLangues voisines, multilinguisme et interculturalité dans l'Euregio Meuse-Rhin (EMR)

Dans les régions frontalières et eurégions où cohabitent plusieurs langues et plusieurs cultures, le contexte multilingue et interculturel devient une notion réellement palpable . Ceci vaut tout particulièrement pour l’Euregio Meuse-Rhin, où ne coexistent pas moins de trois langues officielles et cinq cultures . Le multilinguisme et la diversité culturelle (interculturalité) sont des notions clés et font partie de la vie quotidienne au sein de l’EMR . L’habitat, le travail et l’apprentissage, beaucoup de secteurs sont concernés . Parallèlement à de nombreux dialectes locaux et des langues régionales, l’allemand, le français et le néerlandais sont les trois langues officielles utilisées comme langues de communication dans les cinq régions partenaires de l’ERM – et langues des pays voisins .

Dans les zones proches des frontières linguistiques mention-nées, les langues voisines – et partant, l’enseignement de ces langues – se développent et s’affirment dans un environnement interculturel . Loin d’être des phénomènes cloisonnés, ils sont au contraire influencés par l’évolution des régions linguistiques voisines . On assiste à une interaction non négligeable entre les langues voisines . La promotion du néerlandais, dans tous les établissements de formation des pays voisins, est indissociable des concepts de multilinguisme et d’interculturalité .

La « Nederlandse Taalunie » (l’Union de la langue néerlandaise, institution officielle des Pays-Bas, de Flandre et du Suriname pour la promotion de la langue néerlandaise) œuvre à cet effet main dans la main, à l’échelon politique, avec les instances éducatives respectives des cinq régions partenaires . La mise en œuvre pratique est assurée par une coopération très fructueuse avec notamment les organisations de l’EMR suivantes :

¢¢ Association intercommunale de la région d’Aix-la-Chapelle

¢¢ Haute École PXL (Hasselt)

¢¢ Tout Maastricht

¢¢ Maison des Langues (Liège)

¢¢ Cantons de l’Est (Eupen)

C’est en forgeant qu’on devient forgeron : l’Euregio Rhin-Meuse, avec ses 3,9 millions d’habitants, l’a bien compris . Les élèves font connaissance très jeunes, dans les écoles à profil eurégional, de leurs voisins, de leur langue et de leur culture . L’acquisition de ces connaissances et de ces compétences sont un excellent terreau pour les inciter, plus tard, à coopérer avec les pays voisins ou y exercer une activité .

Le néerlandais est une langue voisine pour les régions germano- phones et francophones de l’Euregio Meuse-Rhin . L’Union de la langue néerlandaise accorde une grande importance à un apprentissage des plus précoces, par les élèves, de la langue voisine – si possible dès l’école primaire – et à une poursuite de cet apprentissage dans les classes supérieures afin d’assurer un parcours scolaire cohérent . Ces deux aspects fondent le socle des ambitions poursuivies par les écoles à profil eurégional . C’est ce qui explique que l’Union de la langue néerlandaise cofinance également ce projet dans le cadre de son programme « Néerlandais Langue Étrangère » .

Le pendant, aux Pays-Bas, des écoles à profil eurégional sont les dénommées Euregioschool, qui dispensent leurs cours dans la langue du voisin . Il existe entre-temps de nombreux partenariats entre les Euregioschoolen et les écoles à profil eurégional .

C’est en ce sens que l’Union de la langue néerlandaise et les régions voisines au sein de l’EMR ont signé, le 20 mars 2017, un Protocole d’Accord, afin d’insuffler encore plus de dynamisme à cette coopération couronnée de succès .

Hellmuth Van BerloConseiller sénior de la section « Usage de la langue/Néerlandais Langue Étrangère » Union de la langue néerlandaise

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Christoph EsserDirecteur de l’inspection académique de l’arrondissement de Heinsberg

Un profil – des effets démultipliésLe programme d’écoles à profil eurégional donne un nouvel entrain aux écoles Les écoles, de plus en plus, définissent de façon ciblée des orientations à leur établissement, en vue notamment d’en assurer le rayonnement externe . Dans ce contexte, je constate que le profil eurégional est devenu une véritable « marque » à notoriété certaine, largement appréciée des institutions et personnalités politiques communales, des entités administratives, mais aussi des parents d’élèves et du public de façon plus générale . Le travail effectué dans les écoles à profil eurégional est particuliè-rement considéré, puisqu’il ne se cantonne pas à l’observation, mais se traduit par des actions et des apprentissages concrets . La simple proximité géographique se mue en proximité vécue . Toutes les personnes qui nourrissent un intérêt pour le renforce-ment de la coopération transnationale et pour les expériences et compétences nécessaires à cet effet pour les générations futures sont conscientes de l’importance de « leurs » écoles eurégionales .

Néanmoins, les effets internes sont peut-être encore plus importants : le programme des écoles à profil eurégional est conçu de sorte à produire des effets systémiques et durables . Certes, l’orientation est clairement définie pour les écoles : modèle à trois piliers (compétence linguistique/échange scolaires/connaissances de l’Euregio), critères et instruments de mise en œuvre . Toutefois, pas de corset réglementaire ni d’homogénéisation excessifs . Ainsi, participer au projet, c’est prendre une direction donnée tout en déployant de façon active et inventive des stratégies de développement taillées sur mesure aux besoins de l’école concernée . Ceci vaut pour plusieurs aspects : on assiste à un enrichissement à la fois au niveau de la vie scolaire, des expériences sociales, du développement de

l’enseignement, avec des outils tels que le portfolio individuel, mais aussi grâce aux principes transversaux d’activation de l’apprentissage et de l’action indépendante . Loin de donner uniquement corps au voisinage eurégional, le projet d’école à profil eurégional permet également d’appréhender la notion d’apprentissage au sens propre .

En tant que directeur de l’administration scolaire du département de Heinsberg, je constate bien à quel point ce projet participe à la vie et à l’identité de l’école, à l’émergence d’un « nous collectif » . Le jeu en vaut la chandelle . D’ailleurs, cette ouverture d’horizon ne s’arrête pas au pupitre des enseignants, car euxmêmes acquièrent des connaissances plus approfondies sur l’apprentis-sage des langues et des systèmes scolaires différents .

Je souhaite de tout cœur que ce projet garde sa vivacité et se déploie encore davantage au sein de l’espace eurégional . Il serait souhaitable, pour renforcer son assise et le développer encore davantage, qu’il soit épaulé par des mesures qui pour l’heure, semblent encore difficilement réalisables : premièrement, il faudrait allouer aux écoles, de façon générale, plus de temps pour mener à bien de tels projets pertinents . Je suis persuadé que le manque de temps est l’un des facteurs qui fait obstacle aux meilleures volontés du monde, parfois même à la durabilité . Il serait par ailleurs souhaitable que les écoles secondaires aient à leur disposition davantage de possibilités pour perfectionner les compétences linguistiques acquises en primaire, par exemple par le biais de groupes de travail ou de cours de néerlandais . Le fait que les établissements scolaires, des écoles primaires aux classes supérieures, aient davantage d’ensei-gnants plurilingues, même s’il s’agit d’auxiliaires externes, constituerait très certainement aussi un apport et un tremplin pour l’apprentissage des langues .

Permettez-nous d’imaginer, encore et encore, de nouvelles possibilités et de rêver du déploiement à grande échelle de ce projet . Mais plus encore : permettez-nous d’y travailler – nos efforts seront récompensés !

École primaire/Collège

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Découvrir l'Europe à travers l'univers scolaireL'École catholique Bildchen fait des expériences positives en tant qu’école à profil eurégional

La notion de patrie trouve un regain d’intérêt dans les débats . Malheureusement, de nombreux pays, en Europe, ne sont plus aussi attachés à l’idée européenne que par le passé .

Les enfants vivant dans la région frontalière considèrent l’Euregio Meuse-Rhin comme leur patrie, l’Europe limitrophe voisine comme une réalité perceptible . Notre école est un établissement accueillant les enfants tout au long de la journée, avec un profil « d’apprentissage commun », située dans la ville d’Aix-la-Chapelle, mais à quelques centaines de mètres seulement de la frontière belge . Un sentier de randonnée mène en une heure seulement au confluent des trois frontières belge, allemande et néerlan-daise .

Lorsque nous avons commencé, en 2012, à développer notre établissement en tant qu’école à profil eurégional, nous nous sommes appuyés sur ces expériences réelles de rencontre avec les langues des pays voisins, c’est-à-dire le néerlandais et le français . Nous avons régulièrement eu affaire à des parents qui attachaient une grande importance à ce que leurs enfants apprennent les langues dès leur plus jeune âge à l’école .

Par ailleurs, nous avons déployé des efforts pour rallier à ce projet des écoles partenaires aux Pays-Bas et en Belgique : les écoles Basisschool Sint Martinus à Gronsveld près de Maastricht et la Basisschool Picpussen à Tongeren nous ont rejoints pour élaborer et réaliser des activités communes attrayantes pour les élèves .

Ceci a permis aux élèves d’acquérir de nombreuses expé-riences de rencontres transnationales . Les trois écoles ont participé à plusieurs reprises aux Journées du théâtre scolaire d’Aix-la-Chapelle, avec la représentation de pièces à Aix-la-Cha-pelle et à Maastricht . Ils ont organisé une journée de jeux sportifs et un rallye urbain à Maastricht, ainsi que deux rallyes urbains et des expériences pédagogiques communes à Tongres, une

journée nature à l’occasion de l’éclipse solaire au confluent des trois frontières et des activités artistiques communes au sein de l’établissement KGS Bildchen à Aix-la-Chapelle .

Découvrir la langue voisine comme langue de rencontre, parfaire ses connaissances de l’Euregio à l’aide du manuel scolaire trilingue transfrontalier « Euregio Vis-à-Vis » (parfois combiné avec un apprentissage local) et assurer la rencontre directe des élèves au moins une fois par an – tels sont les trois piliers principaux qui caractérisent le profil des écoles à profil eurégional .

Ce fut un honneur, pour les cours de néerlandais de l’école primaire catholique Bildchen, de l’école primaire Vaalserquartier et de l’école protestante Anna, de partir ensemble à La Haye en 2014 à l’occasion de la Journée de l’unité allemande, célébrée

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École primaire/Collège

Johannes MenneRecteur de l’école primaire catholique Bildchen à Aix-la-Chapelle Equipe d’experts pour la région urbaine Aix-la-Chapelle en matière de développement scolaire

pour la première fois avec les Néerlandais à l’initiative du gouvernement du Land de Rhénanie du Nord Westphalie .

Au sein des écoles du profil eurégional, les enfants font de premières expériences, adaptées à leur âge, de leur environne-ment géographique, l’Euregio Meuse-Rhin . Ils découvrent l’Europe à travers l’univers palpable de l’école . Il s’agit d’une approche pédagogique précieuse . Ce fut une expérience très positive de vivre l’idée du profil eurégional à l’école entre 2012 et aujourd’hui, en 2018 . Il serait souhaitable, pour l’avenir, que les trois pays concernés puissent unir leurs forces pour ancrer l’idée eurégionale dès l’école primaire .

Témoignages des enfants de l’école primaire partenaire Picpussen à Tongeren

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Le projet Hayya ! – jouer des histoires, apprendre l’allemand propose une méthode d’apprentissage de l’allemand destinée aux enfants originaires de l’espace arabophone et basée sur une première approche ludique de la langue . Les supports pédagogiques sont calqués sur l’apprentissage de la langue maternelle et s’appuient sur les expériences positives du projet Linguacluster (voir « écoles à profil eurégional »), lequel permettait aux enfants vivant dans l’Euregio Meuse-Rhin un premier contact avec la langue des pays voisins .

Hayya rassemble dix petites histoires du quotidien, qui ne sont pas lues, mais jouées et racontées par des gestes et des mimiques . L’édition originale a été tirée à 2 500 exemplaires distribués gratuitement dans les établissements pédagogiques et aux enseignants . Par ailleurs, un livre de coloriage prévu pour les enfants, adapté à leur âge, a été conçu pour leur apprendre environ 100 mots allemands et arabes reprenant ceux de la brochure .

Entretemps, 2 000 exemplaires des brochures pour professeurs ont été distribués dans les écoles, aux ONG et à des bénévoles . L’équipe « Education » propose des workshops pour présenter les méthodes d’enseignement précoce des langues . Compte tenu du grand intérêt suscité par ce support pédagogique, il a également été adapté pour l’espace néerlandophone et traduit . Depuis, il est utilisé dans le sud du Limbourg néerlandais pour les enfants arabophones, ce qui leur permet une première rencontre avec la langue nationale .

En raison de son extraordinaire succès, le projet s’est vu décerner par la Commission Européenne, en 2017, le « label européen des langues ».

www.regionaachen.de

Geschichten spielen, Deutsch lernen.

Methodische Handreichung

für erste Begegnungen mit der deutschen Sprache

Avec des gestes et des mimiquesApprentissage de l’allemand pour les enfants arabophones grâce à Hayya !

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École primaire/Collège

14

Montag ist schule, Dienstag ist schule… aber sonntag …

Geschichte

1

personen: erzähler – luca – Mama – die katze „Mäuschen“

Stichwort:

Deutsch Arabisch Lautschrift

Luca will am Sonntag in die Schule gehen.

لوكا يستعد للذهاب إىل المدرسة يوم الأحد

Luca jastaˁidu lilðahaːb ilal madrasa jaum al’aːħad

Einleitung:

Deutsch Arabisch Lautschrift

Lucas Wecker läutet. Schnell steht er auf und bereitet sich auf die Schule vor. Doch in der Küche steht noch kein Frühstück. Warum nicht?

ه لوكا، أفاق برسعة وأخذ يستعدُّ رنَّ ُمَنبٍّفطار؟ لماذا للمدرسة. لكن أين طعاُم الإ

ليس جاهزاً ؟

Ranna munabbihu Luca, ˀafaqa bisurˁa wa axaða jastaˁidu lil’madrasa. laːkin, ˀaina ŧaˁaːmu al’ifŧar? li’maðaː laisa ʤahizaːn?

12

Die Geschichten auf einen Blick

TITEL THEMA WORTE

Montag ist Schule, Dienstag ist Schule… aber Sonntag…

Luca muss sich beeilen, um rechtzeitig in die Schule zu kommen.

die Uhr, aufstehen, sich anziehen, Kleidungsstücke, Frühstück

seite 14

TITEL THEMA WORTE

Nur im Spiel Pia und Leon machen eine Fantasiereise durch ihr Haus.

Besuch empfangen/be-grüßen, das Haus und seine Zimmer

seite 39

TITEL THEMA WORTE

Lasses Traum

Lasse geht schlafen und träumt von der Savanne.

wilde Tiere,ihre Bewegungen und Geräusche

seite 20

TITEL THEMA WORTE

Nils macht Pfannkuchen Nils langweilt sich und Mama hat eine Idee.

in der Küche,Zutaten und Mengen

seite 26

TITEL THEMA WORTE

Wenn ich eine Fliege wäre …

Murat sitzt im Unterricht und träumt, dass er eine Fliege ist.

im Klassenraum,Unterricht, abgelenkt sein, Unruhe

seite 33

Geschichte

1

Geschichte

2

Geschichte

3

Geschichte

5

Geschichte

4

16

Schnell, ganz ganz schnell geht er zurück ins Badezimmer, greift seine Zahnbürste, drückt ein bisschen Zahnpasta aus der Tube und dreht den Hahn auf, um seinen Zahnputzbecher mit Wasser zu füllen. Er putzt sich energisch die Zähne, spült den Mund um, reinigt die Zahnbürste kurz und vergisst, die Zahnpastatube wieder zu schließen.

„Oh Mist, die Zahnpasta! Der Deckel muss drauf, sonst schimpft Mama!“Dann läuft er schnell, ganz ganz ganz schnell, wieder ’runter in die Küche. Mama ist immer noch nicht da. „Mama? Mamaaa??“

Zehn vor acht: Er nimmt seine Schultasche und sucht etwas für die Pause im Regal. Er findet ein paar Kekse und nimmt einen Apfel vom Tisch. Aber wo ist die Butterbrotdose und wo ist seine Trinkflasche?

Er streichelt sie eilig, um ihr Guten Morgen zu sagen. Sie möchte spielen, aber er ist spät dran. Er muss sich beeilen! Pech für Mäuschen, sie geht ruhig in ihr Körbchen zurück und guckt Luca dabei zu, wie er sich beeilt. Normalerweise ist Mama schon in der Küche, aber jetzt sie ist nicht da – „Mama? Mamaaa??“ Was soll’s, er ist doch schon groß.

Er nimmt sich eine Scheibe Brot und öffnet den Kühlschrank, nimmt die Butter, die Milch und die Marmelade heraus. Er schmiert sich ein Marmela-denbrot, gießt sich ein großes Glas Milch ein und schlingt eilig sein Frühstück herunter.

20

lasses traumGeschichte

2

personen: erzähler/lasse – lasses Mutter – tV-ansager – der papagei

Stichwort:

Deutsch Arabisch Lautschrift

Lasse träumt von Tieren. لسي يحلم بالحيوانات Lasse jaħ’lumu bil’ ħaja’waːnaːt

Einleitung:

Deutsch Arabisch Lautschrift

Nach dem Abendessen geht Lasse ins Bett. Er freut sich aufs Schlafengehen, denn er hat immer schöne Träume. Heute träumt er von den Tieren in der Savanne. Welche Tiere sind das wohl?

بعد العشاء، يتوق لسي إىل النوم، لأنه يرى دائماً أحالماً جميلة. حلمه اليوم عن حيوانات غابات السافانا. ما هذه

الحيوانات؟

baˁdal’ˁaʃaa jatuqu Lasse illal’nnawmi, liˀaːnahu jaraː daːˀiman aːħ’lamaːn ʤa’mila. ħulmuhu al’jaum ˁan ħaja’waːnaːti ϒa’batil’saːwaːnaː. maː ha’θihil’ħaja’wanat?

18

PErSoN MiMiK/GESTEN WorTE/GEräuSchE

12 Beschleunigungsgeste Schnell, schnell!

13 ein paar Schritte „in einen anderen Raum“ gehen

Er geht ins Badezimmer.

14 Geste: Wasserhahn öffnen, Gesicht be-feuchten

(Wassergeräusch); er wäscht sein Gesicht.

15 Hände waschen Er wäscht sich die Hände.

16 ein paar Schritte zurück gehen Er geht in sein Zimmer zurück.

17 Pantoffeln wegschleudern (2x) Er schleudert die Pantoffeln weg. (Ge-räusch)

18 Schlafanzug ausziehen (2 Teile) Er zieht seinen Schlafanzug aus.

19 T-Shirt anziehen Er schlüpft in sein T-Shirt.

20 Socken anziehen Er schlüpft in seine Socken.

21 Hose anziehen Er schlüpft in seine Hose.

22 Beschleunigungsgeste Schnell, schnell!

23 Treppe hinab laufen andeuten Er läuft die Treppe runter.

24 Katze streicheln Guten Morgen, Mäuschen!

25 Katze Position wechseln Miau, miau.

26 Luca zurück wechseln; Kopf suchend hin und her wenden

Mama? Mamaaa ?

27 an die Katze gewandt Mäuschen, weißt DU, wo Mama ist?

28 Erzähler Miau, miau! Die Katze weiß es nicht!

29 Beschleunigungsgeste Schnell, schnell!

30 Tür öffnen Er nimmt die Milch und die Butter aus dem Kühlschrank

31 eine andere Tür öffnen Er nimmt das Brot.

32 Schublade öffnen, 2x etwas heraus nehmen Er nimmt das Messer und ein Brettchen.

33 eingießen Er gießt ein groooßes Glas Milch ein.

34 Brot schmieren, hineinbeißen Er schmiert sich ein Leberwurstbrot und beißt hinein.

35 Beschleunigungsgeste Schnell, schnell!

36 ein paar Schritte „in einen anderen Raum“ gehen

Er geht ins Badezimmer.

37 Zähne putzen – Hahn öffnen – ausspucken Er putzt sich die Zähne.

38 Beschleunigungsgeste Schnell, schnell!

39 ein paar Schritte „in die Küche“ gehen Er geht in die Küche zurück.

40 Kopf suchend hin und her wenden, beun-ruhigt

Mama? Mamaa – wo bist Du?

41 Schulranzen aufheben Ah, meine Schultasche!

22

Und was ist das da, dieser lange, sehr lange Hals, der sich streckt, um ein Blatt ganz oben im Baum zu erreichen? Das ist eine Giraffe! Lasse macht sich lang, ganz lang, aber er kann das Blatt ganz oben im Baum nicht erreichen. Er versucht es noch einmal. Er stellt sich auf die Zehenspitzen. Er streckt den Arm hoch in den Himmel und…kawumm! findet er sich neben seinem Bett wieder. Halb schlafend, halb wach kuschelt er sich wieder unter seine Decke, um der Giraffe zuzusehen, wie sie weggeht und dabei ihr Blatt genüsslich kaut. Lasse geht weiter durch die Savanne und reibt sich dabei die Knie und die Ellenbogen. Er hat sich ganz schön weh getan wegen dieser Giraffe!

Bumm, bumm, bumm, bumm! Was ist das für ein Krach, was ist das für ein wahnsinniger Krach? Er hält sich die Ohren zu. Der Krach ist noch weit weg, aber er nähert sich schnell: bumm, bumm, bumm, bumm – das sind dicke Elefanten! Eine kleine Gruppe – fünf große Elefanten und ein kleiner, der hinter seiner Mutter hergeht. Lasse möchte auf den Rücken eines Elefanten klettern. Er springt, um das Ohr des Elefanten zu erreichen, um sich daran auf den Rücken hochzuziehen. Aber der Elefant ist hoch und dick, eindeutig zu dick. Karim schafft es nicht, auf den Rücken des Elefanten klettern. Die Elefanten setzen ihren Marsch friedlich fort – bumm, bumm, bumm, bumm! – und Lasse ist wieder alleine in der Savanne.Bong, bong, bong! Wer macht diesen Krach? Das ist ein Gorilla, der sich auf die Brust schlägt. Fest, ganz fest! Das kann Lasse auch. Er presst fest seine Hände zur Faust und schlägt sich auf die Brust. Bong, bong, bong! Offensichtlich macht er nicht so viel Krach wie der Gorilla!

Und wer kommt da mit dem großen, sehr großen Maul? Klapp, klapp, klapp! – Das ist ein Krokodil! Karim läuft schnell, sehr schnell. Er flüchtet. Denn er hat Angst, große Angst!

15

Luca schläft friedlich in seinem Bett. Die Sonne ist schon aufgegangen und schimmert leicht durch die Vorhänge des Schlafzimmers. Luca schläft unter einer dicken Federdecke, eine Hand unter der Backe, während er mit der anderen seinen Plüschhund Rollo fest umschlungen hält.

Der Wecker klingelt (rrring rrring). Es ist schon 7 Uhr. Luca erwacht widerwillig aus seinem tiefen Schlaf, tastet suchend nach dem Wecker und stoppt schließlich das Klingeln. Er dreht sich in seinem Bett herum, drückt Rollo an sich, zieht die Decke noch einmal bis über die Ohren und schläft wieder ein.

Um 7.30 Uhr klingelt der Wecker erneut. Er schaut: Halb acht, er wird zu spät zur Schule kommen!

Er tastet wieder nach dem Wecker und stoppt das Klingeln, aber diesmal springt er aus seinem Bett und schlüpft in die Pantoffeln. „Mist! Falsch ’rum!“ Der rechte am linken Fuß und der linke am rech-ten! So ’rum ist es besser!

Ganz schnell huscht er ins Badezimmer, befeuchtet sein Gesicht mit kaltem Wasser. Er nimmt ein bisschen Seife und wäscht sich die Hände.

Er huscht in sein Zimmer zurück, streift die Pantof-feln ab und schleudert sie ans andere Ende des Zimmers. Er zieht seinen Schlafanzug aus, schlüpft in sein T-Shirt, die Socken und die Jeans.

Um 7.40 Uhr geht er ’runter in die Küche. Dort erwartet ihn seine Katze Mäuschen und reibt sich schnurrend an seinen Beinen.

13

TITEL THEMA WORTE

Auf dem Bauernhof Der Bauernhof ist für Marie und Christina ein großer Spielplatz.

Haustiere, Tiergeräusche, füttern

seite 45

TITEL THEMA WORTE

Ein super Geburtstag! Sven hat Geburtstag und bekommt viele Geschen-ke von seinen Freunden.

begrüßen, beglückwün-schen, sich bedanken

seite 51

TITEL THEMA WORTE

Wo ist das kleine Kätzchen?

Laura sucht überall im Haus ihr kleines Kätzchen Wollknäuel.

Zimmer des Hauses, Möbelstücke

seite 57

TITEL THEMA WORTE

Schwimmstunde Mina hält nichts von der letzten Wochenstunde: Schwimmen!

sich umkleiden, duschen, tauchen schwimmen

seite 63

TITEL THEMA WORTE

Abendbrot Thomas träumt von Würstchen, Pizzas und Pommes Frites.

am Esstisch, mögen/nicht mögen, Lieblings-gerichte

seite 70

Geschichte

6

Geschichte

7

Geschichte

8

Geschichte

9

Geschichte

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17

Es ist 8 Uhr: Mama kommt langsam die Treppe herunter. Sie reibt sich die Augen und gähnt. „Mamaa!!??“

Mama guckt verdutzt und fragt: „Luca, was machst du denn?

Es ist 8 Uhr morgens!“„Ja, richtig!“, sagt Luca verwundert, „Ich gehe zur Schule!“

Mama fängt gutmütig an zu lachen: „Luca, Montag ist Schule, Dienstag ist Schule, Mittwoch ist Schule, Donnerstag ist Schule, Freitag ist Schule, Samstag ist Fußball, aber …“

Und Luca versteht schließlich: „Oh Mann, es ist Sonntag – ich gehe wieder schlafen!“

PErSoN MiMiK/GESTEN WorTE/GEräuSchE

1 Erzähler/Luca

Hände gefaltet, an die Wange gelegt Luca schläft in seinem Bett.

2 die Hände beschreiben einen Halbkreis Die Sonne geht auf.

3 Kopf schütteln (Hände zeigen 7 Finger) Drrr drrr – es ist sieben Uhr. Die Sonne geht schon auf!

4 Ausschaltgeste Luca schaltet den Wecker aus…

5 Hände gefaltet, an die Wange gelegt; an-deuten: Decke hochziehen

… und schläft wieder ein.

6 Kopf schütteln, auf die Uhr zeigen Drrr drrr, es ist schon halb acht!

7 Beschleunigungsgeste Schnell, schnell!

8 Springen mit dem einen Bein, dann mit dem anderen

Luca springt aus dem Bett.

9 Geste: ein Fuß schlüpft in einen Pantoffel, dann der andere

Er schlüpft in seine Pantoffeln.

10 Füße kreuzen/verkehrt herum halten Vorsicht, Luca! Du hast die Pantoffeln falsch ’rum an!

11 Füße vertauschen So ist es richtig – gut, Luca!

21

Lasse kommt nach einem anstrengenden Schultag nach Hause. Nachdem er seine Haus-aufgaben unter den wachsamen Augen seiner großen Schwester Lyn gemacht hat, kann er ein bisschen ’raus auf die Straße gehen, um seine Freunde zu treffen.„Aber denk dran“, erinnert ihn Mama, „um halb acht gibt’s Abendessen. Danach wird geduscht und dann ab ins Bett!“

Schließlich ist Lasse froh, in sein Schlafzimmer zu kommen. Denn er weiß, bald wird er ein paar andere Freunde treffen – Fantasiefreunde vielleicht, aber fantastische!

Lasse kuschelt sich in sein Bett, umgeben von seinem Spielzeug und seinen Lieblingsbüchern.Er hat Glück: er hat ein Zimmer für sich ganz alleine! Lyn und Sina, seine Schwestern, müssen sich ein Zimmer teilen.

Papa und Mama sind unten im Wohnzimmer, sie gucken Nachrichten im Fernsehen. Lyn und Sina, die beiden Schwestern, müssen erst später ins Bett. Sie sind ja schon groß!

Lasse schläft langsam ein. Er hört noch von weitem, von ganz weit her den Fernseher: „…heute ist ein deutscher Rennfahrer als erster im Ziel angekommen…“ und Lasse sieht einen Gepard vorbeilaufen, schlank und muskulös. Er läuft schnell, ganz schnell – fast 100 km/h! Lasse läuft auch. Er läuft auch schnell, ganz schnell, aber er kann den Gepard nicht einholen. Der Gepard ist schon weit weg, sehr weit weg, und Lasse ist ganz außer Atem.

Um wieder zu Atem zu kommen, geht er langsam durch die Savanne. Dabei hört er auf die Geräu-sche: Geräusche von Tieren, die schreien, die sprechen, die laufen, die fliegen, die schleichen…

19

PErSoN MiMiK/GESTEN WorTE/GEräuSchE

42 einen Apfel nehmen, und in den Ranzen legen

Ah, mein Apfel für die große Pause!

43 Luca suchen (Trink- und Essgeste) Aber wo ist meine Trinkflasche? Und wo ist meine Butterbrotdose?

44 Erzähler Treppe hinab steigen (langsam, damit man versteht, dass es eine andere Person ist), sich die Augen reibend

Wer kommt die Treppe runter? Das ist Mama!

43 Luca andere Position einnehmen – glücklich, aber unruhig

Mama !!??

46 Mama andere Position einnehmen – gähnen, Au-gen erstaunt

(gähnen); Michi, was machst Du denn?

47 Luca andere Position einnehmen – Geste: Schul-tasche nehmen und aufsetzen

Ich gehe zur Schule!

48 Mama andere Position einnehmen – lachen Mama lacht von ganzem Herzen

49 auf den Kalender zeigen Luca! – Montag ist Schule, Dienstag ist Schule, Mittwoch ist Schule, Donnerstag ist Schule, Freitag ist Schule, Samstag ist Fußball, aber….

50 Luca andere Position einnehmen : sich auf die Stirn schlagen

Oh Mann, es ist Sonntag!!!!

51 die Schultasche ablegen, sich umdrehen in Richtung Treppe/Schlafzimmer

(seufzen) Ich gehe wieder schlafen!

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PErSoN MiMiK/GESTEN WorTE/GEräuSchE

1 Erzähler/Lasse

auf die Uhr zeigen; dann Hände falten und an die Wange legen, Augen schließen

Es ist halb neun, Zeit für Lasse, ins Bett zu gehen.

2 Mama erneut auf die Uhr zeigen Lasse, Zeit ins Bett zu gehen!

3 Karim Position wechseln Ja, Mama. Gute Na-hacht!

4 Erzähler umarmen, Küsschen geben Und Lasse umarmt Mama und Papa, bevor er ins Bett geht, und dann seine Schwes-tern Lyn und Sina.

5 einen Pullover ausziehen, eine Hose, die Socken – in den Schlafanzug schlüpfen

Lasse zieht sich aus: den Pullover, die Hose, seine Socken – eins, zwei – und er zieht seinen Schlafanzug an.

6 kleiner Sprung zur Seite; Geste: Decke bis zum Gesicht hochziehen

Er springt ins Bett und zieht seine Decke hoch.

7 mit dem Finger aufs Ohr zeigen Im Wohnzimmer läuft der Fernseher. Er hört noch ein bisschen zu…

8 TV- Ansager

„von weitem“ (Stimme des TV-Ansagers) „Heute ist ein deutscher Rennfahrer als erster im Ziel angekommen…“ (immer leiser werdend)

In nächsten Moment hört er eine Stimme: „Na du Eumel, na du Eumel!“ Karim dreht sich um und sieht… einen prächtigen Papagei in allen Farben! Der Papagei hebt seinen Kopf und macht sich über Karim lustig: „Eumel, Eumel!“, wiederholt er, „Eumel, Eumel, Träumel, Träumel! Du Träumel, du träumst! Du bist in deinem Bett!“

Lasse öffnet die Augen und guckt verwirrt um sich. Nein, er ist ja gar nicht in der Savanne! Kein Gepard, keine Giraffe, kein Elefant, kein Gorilla, kein Krokodil – puh! – und auch kein frecher Papagei.

Lasse zieht die Decke hoch und schläft wieder ein.

Und jetzt, wohin geht es diesmal? Wen trifft er diesmal – die Fische im Ozean, Außerirdische auf einem anderen Planeten?

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« Hayya » : un enrichissement du cours Interview de Julia Lemm, enseignante à l’école « Annaschule » à Aix-la-Chapelle et consultante pour l’allemand langue étrangère au sein du département de la Städteregion. Elle utilise « Hayya » pour son cours intensif d’allemand.

Quand et comment le projet « Hayya » est-il mis en œuvre au sein de l’école « Annaschule » ?

Dans le cadre du cours intensif d’allemand . Il s’agit de cours de soutien, accueillant trois jours par semaine des enfants d’école primaire pour leur apprendre l’allemand . J’utilise Hayya pour tout

Julia LemmConsultante pour l’Allemand Langue Étrangère à l’école primaire – région urbaine d’Aix-la-Chapelle

le groupe . Chaque enfant se voit attribuer un rôle : certains colorient les images, d’autres écrivent ou recopient du vocabu-laire nouveau, d’autres peuvent même lire de brefs extraits de l’histoire .

Pourquoi cette méthode est-elle si efficace pour les enfants ?

Les histoires sont proches de la réalité des enfants et le niveau de langue est adapté même pour des enfants qui ne parlent pas très bien allemand . Les mouvements, bien entendu, aident à la compréhension . Les enfants qui savent lire l’arabe sont ravis du petit livret de vocabulaire . Tous les enfants aiment faire des coloriages, certains complètent sans cesse le livret de vocabu-laire .

La phrase d’introduction est en arabe. En tant que pédago-gue, vous la lisez. Comment faites-vous ?

Cela amuse beaucoup les élèves . Tous ne comprennent pas ce que je « baragouine », je laisse donc en général un enfant plus âgé lire cette phrase d’introduction en arabe . Tous les enfants du groupe ne parlant pas l’arabe, nous n’y consacrons que peu de temps . En tout cas, les enfants arabophones s’en réjouissent beaucoup .

École Communale d’Expression Française à Eupen

PAGE 28 / CHEZ NOUS EN EUROPE !

Jouer des histoires – apprendre l'allemandComment « Hayya » assiste les enseignants et spécialistes socio-éducatifs

La brochure « Hayya – jouer des histoires, apprendre l’allemand », éditée par l’Association intercommunale de la région d’Aix-la-Chapelle en 2016, est utilisée avec succès dans les écoles primaires, en particulier dans les cours d’allemand intensif .

Inspirée du projet Linguacluster, qui permet de faire découvrir de manière ludique les langues parlées dans l’Euregio – l’allemand, le néerlandais et le français – aux enfants âgés de 4 à 12 ans, Hayya a été conçue pour faciliter l’apprentissage de l’allemand aux nombreuses personnes arabophones venues en Allemagne, en particulier en 2015/2016 . Compte tenu de son approche motivante et ludique de la langue cible, l’allemand, ce support peut également être utilisé dans des groupes d’apprentissage réunissant des enfants aux langues maternelles hétérogènes .

Les thèmes abordés, les animaux, le déroulement de la journée, la salle de classe, la maison, l’anniversaire ainsi que la natation et les plats favoris s’inscrivent dans la réalité quotidienne des enfants . Ainsi, les enfants se les approprient et ils les invitent au jeu . Chaque histoire est respectivement subdivisée en courts paragraphes . Les dialogues précis et détaillés permettent à l’enseignant de donner vie à l’histoire par des mimiques, des gestes et des sons, en se basant sur des concepts pédago-giques du théâtre et sur l’action . Les images permettent égale-ment de visualiser l’action narrée, insufflant une dynamique aux textes . Les rôles sont faciles à identifier et à jouer . Les enfants

École primaire/Collège

Monika MattnerCentre d’intégration communale de

la ville d’Aix-la-Chapelle

Dr. Mirjam Ropers Enseignante pour les cours d’allemand intensif, consultante allemand seconde langue

apprennent sur un modèle et grâce au support Hayya, qui leur donne des impulsions, ils sont encouragés à s’adonner eux-mêmes à des jeux de rôle à travers l’imitation et l’expérimentation .

L’enseignant peut utiliser les supports proposés de manière modulaire . C’est en particulier dans les classes où sont regrou-pés des élèves aux langues maternelles hétérogènes que la compréhension par l’écoute et la répétition, pour développer un sens de la mélodie de la langue allemande et de la syntaxe allemande, déploient toute leur pertinence . Par ailleurs, les élèves, pour développer leur estime d’eux-mêmes, peuvent également être impliqués en tant qu’experts de leur propre langue maternelle, en reprenant des petites phrases courtes et en les étudiant dans leur langue maternelle respective .

Les mots les plus importants sont représentés à la fin de chaque histoire sous la forme d’images et peuvent être utilisés comme modèles . Un certain nombre des symboles illustrés sont reproduits dans un petit dictionnaire et un livre de coloriage disponible comme support d’accompagnement . Ce support peut également être travaillé à la maison pour pérenniser le succès d’apprentissage .

Hayya peut être utilisé par les petits écoliers comme livre de coloriage, par les enfants arabophones comme livre de vocabu-laire, et pour les enfants qui ont une autre langue maternelle, pour les inciter à créer un petit livret d’apprentissage de l’allemand et dans leur propre langue maternelle . Les images peuvent également être utilisées, en fonction de l’objectif d’apprentissage, pour inciter les enfants à parfaire leurs connais-sances, à écrire leurs propres histoires – toute une série d’activités favorisant le plurilinguisme .

L’utilisation du support Hayya permet d’exploiter les différentes langues parlées au sein du groupe pour sensibiliser les élèves aux langues .

CHEZ NOUS EN EUROPE ! / PAGE 29

De la sensation d'être bienvenuLa Haute École PXL utilise « Hayya » en Belgique

Hayya signifie, en arabe, « Debout ! C’est parti ! » Un titre éloquent pour un beau recueil d’histoires, qui stimule vraiment les enfants de langue maternelle étrangère à apprendre le néerlandais . C’est avec grand plaisir que la Haute École PXL a coopéré à ce projet . Il a permis à de nombreux bénévoles d’offrir aux nouveaux arrivants d’autres pays un foyer chaleureux dans les centres d’accueil de la Croix-Rouge, de bénéficier de conseils en matière de promotion linguistique .

L’objectif de cette aide est de donner aux enfants réfugiés le sentiment d’être les bienvenus et d’assurer que le premier contact se passe au mieux . Leur sentiment de bien-être, dans un environnement bienveillant, est décisif même pour leur accompagnement ultérieur . Dans cet objectif, nous enseignons la langue aux enfants de manière ludique . Exprimer son histoire sous forme d’images, c’est faire de la langue un véhicule tangible .

Parfois, les enfants réagissent toutefois de manière inattendue à la méthode . Le langage corporel, les gestes et les mimiques peuvent être une aide précieuse pour transmettre un message, mais le langage corporel n’est pas universel . Le langage non verbal est lui aussi propre à chaque culture . Les thèmes de la vie quotidienne sont familiers aux enfants de l’Euregio Meuse-Rhin, mais ils comportent également des aspects culturels caractéris-tiques qui sont nouveaux pour les enfants réfugiés . Ainsi, Lara, enseignante, a constaté pendant son atelier « Apprendre l’allemand par les mimiques », que les enfants ne comprenaient pas l’histoire sur le cours de natation, tout simplement parce qu’ils n’étaient jamais allés eux-mêmes nager .

En mettant en scène une histoire de la vie quotidienne de manière ludique et en donnant aux enfants l’espace nécessaire pour découvrir les sons de la nouvelle langue, ils s’approprient facilement la langue cible et développent une attitude positive envers l’apprentissage des langues . Les expressions du visage rendent visibles les émotions . Le langage corporel et les gestes, les sons et les bruits du quotidien et de l’univers dans lequel

baignent les enfants consolident leur perception de la langue . Les récits sont répétés avec des textes rythmiques, ce qui permet de stimuler positivement le courage de parler et de mémoriser les nouvelles structures du langage par le biais de techniques théâtrales .

Il peut s’avérer utile, pour les enfants plurilingues, de recourir à des mots d’emprunt . Lorsque les enfants entendent des mots qui ressemblent à des mots qu’ils connaissent déjà, ils feront automatiquement un lien avec la signification de ce mot . Par ailleurs, ils apprennent de façon très pratique la langue par l’imitation et l’expression du mouvement . Les enfants sont

PAGE 30 / CHEZ NOUS EN EUROPE !

École primaire/Collège

naturellement enclins à bouger . C’est ce postulat qui nous a guidés lorsque nous avons coopéré, pleins d’enthousiasme, en 2013, au livret « Auf die Plätze, klaar, partez » – une méthode pour apprendre la langue par les mimiques .

PXL-Education a élaboré un plan par étapes contenant des conseils concrets pour utiliser en pratique ces récits . La version néerlandaise du support Hayya a été imprimée avec le soutien financier de l’Union de la langue néerlandaise . Entretemps, plus de 3000 exemplaires ont été distribués dans la Haute École PXL, l’Union de la langue néerlandaise, le Centrum voor Taal en Onderwijs à Leuven et le centre de documentation des diffé-

Plan de Hasselt

rentes provinces flamandes . Aux Pays-Bas, c’est Tout Maastricht qui en assure la diffusion . Ce recueil d’histoires est utilisé, en particulier, par les enseignants dans les écoles primaires et les bénévoles qui travaillent à promouvoir les compétences linguistiques des jeunes nouveaux arrivants de langue maternelle étrangère . Nous espérons que cette méthode permettra de stimuler le sens naturel des langues des jeunes enfants de façon chaleureuse et positive . L’enthousiasme et une foi inébranlable en leurs compétences feront le reste . Le plus important, c’est de prendre plaisir à travailler avec les enfants . Qui vous le rendent toujours .

Hayya! Allez ! C’est parti !

Karen Reekmans Enseignante « plurilinguisme » Haute École PXL – Hasselt, Belgique

CHEZ NOUS EN EUROPE ! / PAGE 31

Quelle sera ma voie ? Fresque murale dans un lycée professionnel

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Chez nous en Europe

ENSEIGNEMENT SECONDAIRE

CHEZ NOUS EN EUROPE ! / PAGE 33

Plus d’espace pour mes objectifs

www .EUR .Friends – Le projet transfrontalier pour les formations professionnelles

Pourquoi partir loin alors qu'un pays étranger est au coin de la rue ? Le projet INTERREG-V-A www .EUR .Friends (2017–2020) s’adresse à des élèves en formation professionnelle . Chef de file du projet : la Maison des Langues de la province de Liège . Le projet a pour but de valoriser la formation professionnelle et d’encourager la mobilité des jeunes au sein l’Euregio Meuse-Rhin (EMR) .

www .EUR .Friends se concentre sur trois axes essentiels :

¢¢ L’organisation de plus de 700 stages transfrontaliers au sein de l’EMR .

¢¢ Le développement d’une plateforme numérique « Euregiowa-ves » avec toutes les in-formations concernant les formations professionnelles dans EMR et les possibilités d’échanges eurégionales .

¢¢ Le développement d’une application de langue et d’un module Internet sur le thème « Langues et cultures » .

Alors que le certificat de compétence eurégionale (INTERREG-III, voir chapitre suivant) prévoit un cours de langues et de compé-tences pendant les heures de cours, www.EUR.Friends est adapté pour des élèves qui se contentent d’effectuer un stage à l’Étranger et qui souhaitent s’informer et se former au moyen d’Euregiowaves, de l’application et des e-modules .

PAGE 34 / CHEZ NOUS EN EUROPE !

Promouvoir ensemble la formation professionnelle par-delà les frontières :

L’équipe « Education » de l’Association intercommunale de la région d’Aix-la-Chapelle est res-ponsable du développement de la plateforme numérique www.euregiowaves.eu qui regroupe les informations sur les formations professionnelles et facilite la communication entre les jeunes de la région frontalière . La plateforme proposera entre autres une carte interactive de l’EMR destinée aux enseignants et aux entreprises, des informations sur les différents systèmes de formations et la possibilité de créer un profil pour interagir avec les stagiaire(s) et les écoles partenaires futures .

Les élèves intéressés par un stage transfrontalier peuvent s’inscrire sur le site www.euregiowaves.eu, y créer un profil et indiquer leurs souhaits pour leur stage à l’Étranger . Dès qu’elle reçoit l’inscription, l’équipe « Education », en coopération avec les partenaires eu-régionaux, cherche la place de stage la mieux adaptée . Un soutien est également apporté pour la recherche de logement, les possibilités de navette et l’entretien d’embauche . L’argent, par chance, n’est pas une entrave à la participation des élèves . Ils bénéficient en effet d’un soutien financier pour les déplacements et pour les coûts supplémentaires .

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CHEZ NOUS EN EUROPE ! / PAGE 35

Nouvelle dynamique pour l'appren-tissage des langues et la mobilitéLes stages permettent aux personnes et aux entreprises de tisser des réseaux transfrontaliers

En province de Liège comme dans d’autres régions d’Europe, le chômage des jeunes, et plus particulièrement des moins qualifiés, est un défi . Bien consciente de ce phénomène et de l’atout indéniable que constitue la connaissance d’une seconde langue, a priori nationale et donc eurégionale, la Province a créé, il y a 10 ans, un service pour promouvoir l’apprentissage des langues auprès du (futur) travailleur: la Maison des Langues .

Parmi ses actions menées dans une dynamique partenariale, ce service aide le citoyen en lui conseillant la formule la plus adéquate à ses besoins . Parallèlement, une attention particulière est portée aux besoins spécifiques des écoles et des entre-prises afin de stimuler, notamment, la mobilité des travailleurs et les relations transfrontalières .

La Maison des Langues s’est ainsi impliquée dans la mise en œuvre de projets associant mobilité et développement des compétences professionnelles et linguistiques, notamment au travers de projets INTERREG au cœur de l’Euregio Meuse-Rhin . C’est ainsi qu’elle coordonne depuis le 1er avril 2017 un nouveau projet baptisé www .EUR .Friends qui regroupe 10 partenaires de l’EMR dont l’Association intercommunale de la région d’Aix-la-Chapelle avec laquelle la Maison des Langues a déjà collaboré à l’occasion de nombreux projets (comme par ex . « Linguacluster » (INTERREG IV-A) .

Partis du constat d’un déficit d’outils innovants et de situations d’apprentissage des langues en contexte professionnel, d’une part, et de la nécessité de rapprochement entre l’enseignement et l’entreprise, de l’autre, les partenaires de ce projet ont choisi de relever le défi de la création d’un réseau transfrontalier en coordonnant l’organisation de stages en entreprise . Plus globalement, elle assure la coordination du projet car il s’inscrit pleinement dans ses missions de développement des compé-tences d’interculturalité et de communication, et ce, par le biais

Gilles HuauxChef de projet www.EUR.Friends Maison des Langues, Liège, Belgique

d’outils TIC novateurs comme, par exemple, une App pour les jeunes stagiaires, des e-modules « langues et cultures » pour les bacheliers, les travailleurs des PME et les demandeurs d’emploi, ou encore une plateforme digitale facilitant les contacts entre tous les jeunes de l’EMR .

Sur base de la dynamique enclenchée, la volonté de ce projet est d’ancrer de façon durable le réflexe de l’apprentissage des langues et de la mobilité pour mieux armer les jeunes et les travailleurs de nos PME face aux défis d’une société de plus en plus complexe ou la communication représente bel et bien un facteur déterminant d’inclusion sociale .

PAGE 36 / CHEZ NOUS EN EUROPE !

Un stage de printemps à HeerlenJulienne Pluntke, originaire de la région d’Aix-la-Chapelle, âgée de 17 ans, a débuté son stage dans l’Euregio Meuse-Rhin près de Heerlen, au sein du centre de soins Adelante. Il s’agit d’une clinique de rééducation assurant des soins 24 heures sur 24 au sein de laquelle les patients victimes d’un AVC sont traités par des thérapies spéciales du mouvement.

Nous avons réalisé un petit film pour enregistrer les impressions de Julienne sur le stage . Une version courte du film se trouve sur la plateforme médias www.euregiowaves.eu

Petit florilège du film de Julienne :

« Je suis en train de préparer mon baccalauréat, je fréquente la onzième classe . J’aimerais avoir de bons résultats à mon bac . Après, je ne sais pas encore avec certitude ce que je vais faire . Je me suis demandée si je n’allais pas effectuer une année de volontariat social . Peut-être en Australie, mais peut-être aussi aux Pays-Bas – ce n’est même pas la peine d’aller si loin . Je suis curieuse de voir ce qui m’attend . »

« J’ai toujours voulu effectuer un stage à l’Étranger . Au départ, j’étais plutôt attirée par l’Angleterre ou l’Irlande . Mais après, j’ai découvert cette opportunité d’effectuer un stage aux Pays-Bas . Et je me suis dit : et pourquoi pas ? Je suis jeune, j’ai le temps . J’aurai bien le temps d’aller en Angleterre . »

« La veille du début de mon stage, j’étais assez nerveuse et agitée . Comment allaient réagir les gens, comment j’allais me débrouiller, par exemple pour cuisiner et pour vivre seule . Mais finalement, tout s’est très bien passé . »

« Au début, c’était un peu inhabituel d’entendre parler le néerlan-dais, parce que je ne connaissais que le néerlandais que j’avais appris à l’école . Cela fait seulement un semestre que j’ai com-mencé des cours de néerlandais . Nous n’apprenions que des phrases, mais nous ne menions pas de discussions entières . Parfois, je devais demander aux gens de parler un peu plus lentement pour que je puisse les comprendre . Dans ces cas, je dis : Dat slap ik niet . Kunt u een beetje langzamer spreken? »

« Ici, l’ambiance est très familiale, tout le monde vous salue, c’est vraiment très agréable . Il n’y a pas d’atmosphère d’hôpital où tout est froid et blanc, au contraire, tout est coloré et chaleureux . »

« J’ai gagné en autonomie et un stage, bien entendu, c’est toujours une riche expérience . J’ai pu découvrir davantage le domaine social . J’ai pu mettre à l’épreuve mon néerlandais et l’améliorer . C’est en tout cas une très bonne expérience et j’espère pouvoir la renouveler bientôt . »

« A la fin, j’ai préparé un bon gâteau pour toute l’équipe qui a été si gentille avec moi et m’a si bien intégrée . Je savais toujours que j’avais un interlocuteur et nous nous sommes tout simple-ment si bien entendus . C’est pourquoi je voulais dire merci ! »

Julienne de la région d’Aix-la-Chapelle, a effectué un stage eurégional au sein d’une clinique de rééducation non loin

de Heerlen. Le film peut être visionné en intégralité sur www.euregiowaves.eu.

Enseignement secondaire

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Les cours version innovanteLe projet GLAS – récompensé par le prix allemand des enseignants en 2017 et source d'inspiration pour la plateforme média eurégionale EUREGIOWAVES.eu En tant que professeure de néerlandais et d’anglais au lycée, je suis convaincue que les médias numériques offrent de nouvelles opportunités révolutionnaires dans le cours de langue.

C’est de cette conviction qu’est née l’idée du projet GLAS au Lycée St . Leonhard d’Aix-la-Chapelle . Il permet à mes élèves, par le biais de visioconférences régulières se déroulant pendant les heures habituelles de cours, d’échanger avec leurs camarades de l’école partenaire néerlandaise Scholengemeenschap Sophianum dans leurs langues maternelles respectives . Le nom du concept est constitué des initiales des villes et écoles participantes qui sont à l’origine du projet GLAS : G(ulpen), L(eonhard), A(ix-la-Chapelle), S(ophianum) . Le partenariat scolaire existant sera étendu par des échanges réguliers, sous forme numérique, qui viendront compléter les visites mutuelles . L’objectif de ce concept est d’accroître la capacité d’interaction interculturelle des élèves et de renforcer leurs compétences en langues étrangères, en communication et en médias .

Dès 2014, nous avons pu installer, grâce à des subventions et des fonds de sponsoring, une salle dédiée aux visioconfé-rences dans l’enceinte du lycée Saint-Léonard . Au fil du temps, des écoles situées bien au-delà de la région frontalière Euregio Meuse-Rhin, enthousiasmées par ce type d’apprentissage extrascolaire « online » et « offline », sont venues rejoindre le projet ! En janvier 2018, le projet GLAS à Berlin s’est vu décerner le 1er prix du « Prix du professeur allemand » dans la catégorie « Enseignement innovant » . Ce prix récompense des réalisations exceptionnelles et est décerné chaque année par l’Association philologique et la Fondation Vodafone à des pédagogues et à des projets tous Länder confondus .

Lorsque j’ai entendu parler du projet INTERREG www.EUR.friends et de la plateforme médiatique eurégionale EUREGIOWAVES.eu, j’ai été convaincue sur le champ . C’est un excellent support numérique qui pourrait être utilisé par les écoles pour des échanges similaires aux nôtres dans le secteur de la formation professionnelle . La plateforme médiatique eurégionale en tant que portail d’information sur l’enseignement et la formation professionnels (euro)régionaux et le placement de stages transfrontaliers est un atout de taille pour les écoles : elle promeut les compétences linguis-tiques et interculturelles et contribue également à appréhender les pays voisins comme membres d’un espace commun de formation professionnelle . A l’avenir – sur le modèle du projet GLAS – une salle de visioconférence sera aménagée sur EUREGIOWAVES .eu, permettant un échange entre toutes les classes des écoles professionnelles de toute l’Euregio Meuse-Rhin . Je suis heureuse d’avoir pris en charge le parrainage de ce projet et souhaite encourager l’utilisation d’EUREGIOWAVES .eu comme outil d’éducation moderne et numérique .

Par ailleurs, je suis membre du Conseil d’administration du concours de projets et d’idées pour les jeunes dans le cadre de l’initiative « Aix-la-Chapelle 2025 », qui se penche sur les effets sociaux et économiques de la numérisation au sein de notre région . J’attends avec impatience de voir à quoi ressemblera notre vie dans l’avenir numérisé et l’accueil réservé par les jeunes et l’environnement scolaire à la plateforme médiatique trilingue .

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Adriane Langela-BickenbachProfesseure de néerlandais et d’anglais au lycée St. Leonhard à Aix-la-Chapelle

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Plus de connaissances, plus de savoir-faireQualification supplémentaire : la compétence eurégionale dans le cadre de la formation professionnelle

La mission des écoles professionnelles est de dispenser à leurs étudiants les compétences qui leur permettent d’agir et de communiquer dans un environnement économique et sociétal international . C’est de cette constatation qu’est née l’idée d’exploiter la proximité des frontières belge et néerlandaise et de développer la qualification complémentaire compétence eurégionale . Elle permet de certifier les connaissances en langues étrangères et en géographie ainsi que les expériences interculturelles de nos élèves . À la différence de www .EUR .Friends (INTERREG V-A, voir chapitre précédent), le certificat de compétence eurégionale s’inscrit dans les heures de cours classiques .

Les conditions préalables pour cette qualification complémentaire s’inscrivant dans la formation professionnelle et générale ont été créées dans le cadre du projet Interreg III « compétence eurégionale » avec des partenaires de toutes les régions constitu-tives de l’Euregio Meuse-Rhin (EMR) . Les trois volets de la qualification de compétence linguistique (compétence interculturelle inclue), compétence informationnelle et stage de compétence eurégionale ont été élaborés entre 2001 et 2004 et ont été testés au sein de quatre établissements d’enseignement professionnel par région partenaire (provinces du Limbourg belge et de Liège, communauté germanophone, province du Limbourg néerlandais et région d’Aix-la-Chapelle) . Le bureau Proquacompé-tence eurégionale a été implanté à cet effet au sein de l’EMR . Dans chaque région, des dénommés responsables du système de compétence eurégionale informaient les écoles de leur propre région sur cette qualification complémentaire et accompa-gnaient sa mise en œuvre .

Pour les participants, acquérir une compétence informationnelle, c’est savoir identifier les défis spécifiques de la vie et du travail auxquels ils devront faire face à l’avenir dans une région étrangère . Ils doivent surtout être aptes à répondre de manière concrète aux questions centrales ayant trait à la mise en œuvre de la mobilité au sein de l’EMR . Les participants sont familiari-sés avec les spécificités économiques, sociales et culturelles de la région partenaire . En cours, ils abordent notamment des questions ayant trait aux systèmes d’assurance sociale et aux droits social, fiscal et de négociation collective . Ils effectuent une étude comparée des environnements éducatifs et des diplômes .

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La compétence interculturelle fait davantage appel à la perception qu’au savoir . Par conséquent, l’objectif principal est de sensibiliser les participants, en premier lieu, sur le fait que les voisins, aussi proches soient-ils géographiquement, puisqu’on peut même aller leur rendre visite en vélo, vivent néanmoins dans une culture très différente . Même si elle n’est pas fonda-mentalement différente de la nôtre, ce sont souvent les petites différences subtiles qui font obstacle à la parfaite fluidité des échanges .

L’EMR, ses cinq régions partenaires et ses trois langues offrent de nombreuses opportunités . Dans notre région en particulier et dans un grand éventail de professions, la demande de travail-leurs qualifiés ayant des compétences linguistiques dans les langues voisines est forte . Dans certains établissements d’ensei-gnement professionnel de la région d’Aix-la-Chapelle, ce projet permettra aux élèves participants d’acquérir de premières expériences positives dans le monde du travail dans les pays voisins, aux Pays-Bas et en Belgique . On peut présumer qu’ils en seront plus enclins à chercher un emploi dans le pays limi-trophe . Leur candidature, enrichie de compétences linguistiques et d’expériences transfrontalières, n’en est que valorisée sur le marché du travail de leur propre pays également puisque les imbrications eurégionales et internationales ne cessent de croître . Vient s’ajouter à cela l’enrichissement personnel de s’être ouvert à de nouveaux horizons .

Grote Markt à Hasselt

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Ton monde s'agranditLa compétence eurégionale appliquée concrètement : Interview de Heike Schwarzbauer, directrice de l'établissement d'en-seignement professionnel Jülich et ancienne responsable du système de compétence eurégionale pour la région d'Aix-la-Chapelle

Comment est née l’idée de proposer cette qualification complémentaire au sein de l’établissement d’enseignement professionnel de Jülich ?

L’établissement d’enseignement professionnel de Jülich, de pair avec le centre de recherches de Jülich, coopérait déjà depuis le milieu des années 90, pour le cursus de mécanicien industriel, avec l’école partenaire HAST située à Hasselt (Belgique) dans le cadre de différents projets et concours . Il apparaissait donc on ne peut plus pertinent de proposer la qualification complémen-taire « compétence eurégionale », ce que nous avons fait dès 2008, de pair avec le centre de recherche et les autres établis-sements de formation, notamment la Haute École d’Aix-la-Cha-pelle, campus Jülich . Après une première formation de trois ans, couronnée de succès, la compétence eurégionale a été transférée en 2011, au cursus de deux ans proposé par l’école professionnelle d’économie et d’administration (École supérieure de commerce) . Nous avons donc, au sein de l’établissement d’enseignement professionnel, deux classes de compétence eurégionale pour chaque promotion et à plein temps .

Concrètement, cela donne quoi au sein de votre école ?

Les élèves ont des cours de néerlandais et un cours de compé-tence informationnelle . Ils mettent en œuvre leurs compétences linguistiques, vers la fin de leur cursus, dans le cadre d’un stage . Une fois le stage terminé, ils passent des épreuves en vue de l’obtention d’un certificat de langues étrangères dans le cadre de la formation professionnelle . Ainsi, ils ont deux certificats, un

certificat de langues étrangères, reconnu sur tout le territoire fédéral allemand, et le certificat de compétence eurégionale, reconnu au sein de toutes les régions partenaires de l’Euregio Meuse-Rhin . Le stage, pour nos mécaniciens industriels en formation, s’effectue en troisième année de formation . Là, au sein de notre école partenaire belge, ils découvrent les différences en termes d’organisation de la formation professionnelle en Belgique . HAST est une école à temps plein et son équipement technique, en l’absence de formation par alternance, est très différent . Au programme des deux séjours d’une semaine : participation à différents programmes de formation, mais aussi découverte du pays et de ses habitants . Nos apprentis se déplacent beaucoup et découvrent, lors de visites d’entreprises en Belgique, les multiples facettes des domaines d’application de leur métier . Des professeurs de l’établissement d’enseignement professionnel de Jülich et des formateurs de nos établissements partenaires de formation en alternance sont également sur place .

Christa Slooten, déléguée du bureau européen du gouvernement de l’arrondissement de Cologne et Heike Schwarzbauer du lycée professionnel de Jülich lors de la remise du certificat « centre de compétence eurégionale »

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Et en ce qui concerne le cursus économie et administration ?

Les élèves de la classe de compétence eurégionale scolarisés au sein de la classe à compétence eurégionale du cursus de deux ans proposé par l’école professionnelle d’économie et d’administration (sanctionné par le diplôme de la Fach-hochschulreife, qui équivaut au brevet d’études professionnelles) effectuent leur stage de compétence eurégionale au sein de différentes entreprises à Maastricht (NL) et y séjournent trois semaines . Pendant deux ans, les élèves qui ont opté pour cette qualification complémentaire apprennent le néerlandais . Le cours est axé sur les situations de la vie quotidienne et les entretiens avec les clients . Le stage effectué avant la période de Noël constitue très certainement un point d’orgue de leur scolari-té au sein de l’établissement d’enseignement professionnel de Jülich . En dépit du fait que les élèves, après avoir terminé leur scolarité au sein de l’établissement d’enseignement profession-nel de Jülich, où ils acquièrent la partie scolaire de la Fach-hochschulreife, aspirent assez rarement à effectuer un apprentis-sage en tant que vendeur ou vendeuse au détail, c’est principa-lement dans le secteur du commerce de détail que le stage est effectué . C’est en effet un secteur qui offre de nombreuses opportunités aux élèves pour pratiquer la langue étrangère et l’améliorer très rapidement .

Comment réagissent les personnes, en Belgique et aux Pays-Bas, qui souvent parlent bien l’allemand, à la venue de stagiaires d’Allemagne ?

Dire que toutes les personnes, en Belgique et aux Pays-Bas, parlent allemand est un préjugé qui n’a plus lieu d’être au-jourd’hui . Les collaborateurs des entreprises de Maastricht sont ravis de recevoir de jeunes gens de Jülich et leur réservent un accueil très chaleureux . De nombreux Néerlandais ne savent même pas que la langue néerlandaise est enseignée dans les écoles allemandes et doivent commencer par s’habituer à parler néerlandais avec des Allemands .

Quelles expériences ramènent vos élèves ?

Les expériences sont très positives . Nos élèves, malgré la proximité géographique, ont la sensation d’être partis très loin . Il est surprenant de constater à quel point ils s’habituent vite à la langue néerlandaise et à quel point ils comprennent beaucoup de choses et sont capables de travailler dans une entreprise, même avec peu de connaissances préalables, après quelques jours seulement . La chaleur des Néerlandais, très directs dans

leur manière d’être, ce qui contraste avec les Allemands, parfois très rigides, est un élément perçu de manière particulièrement positive . Les stagiaires allemands, habitués à des structures hiérarchiques très différentes, se demandent parfois : « Mais qui est le chef ici ? »

Quelle est la valeur ajoutée du certificat de compétence eurégionale pour les élèves ?

Nos élèves, en très peu de temps et dans un périmètre géogra-phique restreint, acquièrent des expériences professionnelles dans un autre pays et dans une autre langue . Ceci exige des jeunes gens de fortes capacités d’adaptabilité et de flexibilité – des qualités plus que jamais nécessaires dans notre monde globalisé . Ce certificat, dans un dossier de candidature, est très certainement un atout de taille, et ce, pas uniquement, au demeu-rant, au sein des entreprises opérant à l’échelle internationale .

Le certificat dix pourcent pour la mobilité professionnelle a récemment été décerné à votre école par le gouvernement du district de Cologne. De plus, elle vient de recevoir également le label de « centre de compétence eurégionale ». Quels sont les projets d’avenir de votre école en matière de compétence eurégionale ?

L’internationalisation est une caractéristique de l’établissement d’enseignement professionnel de Jülich, que nous souhaitons déployer encore davantage . Un séjour à l’Étranger au sein d’une école partenaire ou un stage à l’Étranger sont des sources incomparables d’expérience et d’enrichissement sur les plans à la fois personnel et professionnel . Ainsi, nous proposons par exemple à nos futurs mécatroniciens automobiles des séjours à l’étranger à Séville, en Espagne, et bien-tôt aussi à Argenteuil, près de Paris . Mais tout a commencé avec des coopérations au sein de l’Euregio Meuse-Rhin . C’est la raison pour laquelle nous allons poursuivre les activités menées jusqu’à présent et nous tourner également, à cet effet, vers l’espace francophone . Nous allons proposer à nos élèves scolarisés au sein du lycée professionnel pour l’économie et l’administration un stage de deux semaines à Liège . L’Euregio Meuse-Rhin a un bon slogan : « Ton monde s’agrandit . » Il y a encore beaucoup de trésors (d’expérience) à explorer dans notre voisinage immédiat .

Heike SchwarzbauerDirectrice de l’établissement d’enseignement professionnel Jülich et ancienne responsable du système de compétence eurégionale pour la région d’Aix-la-Chapelle

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Svenja Schecht

Ilda-Marie Kabamba Jeffrey Stijlaart

André Suares Almeida Felix Höltken

« Si jamais je voulais travailler plus tard aux Pays-Bas ou en Belgique, le certificat de compétence eurégio-nale sera un précieux sésame. Il en va de même pour les entreprises allemandes qui ont un établissement à l’Étranger. »

« Le certificat de compétence eurégionale est sans conteste un atout dans une candidature. Dans les environs d’Aix-la-Chapelle, les personnes plurilingues sont des profils recherchés, en particulier pour des postes d’apprentissage. Ce stage m’a permis de me rendre compte que le commerce de détail n’était certes pas mon métier de rêve, mais j’ai amélioré mes connaissances linguistiques et j’ai acquis une expérience à l’Étranger. »

Lisa Schulz

« Le certificat de compé- tence eurégionale est super pour moi – le siège de l’entreprise dans laquelle je vais bientôt commencer un apprentissage est situé en Belgique. »

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Kyra Johnen

Lena Reuter

Laura Neuß Leon Cormanns

Laura Vitzer

« Le certificat fait bonne impression sur un CV et constitue un réel atout lorsque l’on souhaite travailler dans l’Euregio Meuse-Rhin. J’ai appris, lors de mon stage, à travailler avec des personnes de caractères très différents. J’ai trouvé que les Néerland-ais étaient globalement très ouverts et francs. »

« J’ai appris, pendant mon expérience à l’Étranger, comment on devait se comporter lorsqu’on ne maîtrise pas encore parfaitement la langue – tout en améliorant beaucoup mes connaissances linguistiques ! »

« Bien que les Pays-Bas soient « au coin de la rue », je trouve que tout est vraiment très différent. »

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« Grâce au certificat, on trouve plus facilement un emploi au sein de l’Euregio Meuse-Rhin. Ma candidature sort du lot. Le stage m’a permis de me faire une impression de ce qu’est mon métier aux Pays-Bas et de découvrir les rapports professi-onnels qu’entretiennent là-bas les collègues entre eux. Je trouve que les Néerlandais sont plus décontractés que les Allemands. »

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Regina Karpusehva

Kevin Bartzsch Tatjana BoermannFabian Karsch

« Grâce à ce certificat, je vais pouvoir occuper un poste, plus tard, dans le secteur transfronta-lier. Les employeurs voient que j’ai amélioré mes compétences dans la langue étrangère et que je m’intéresse aux régions voisines. »

« Grâce au stage à l’Étranger, j’ai vraiment appris beaucoup de choses, je suis devenue plus autonome et j’ai pu découvrir de l’intérieur une entreprise néerlandaise. Cela m’a aidée à décider si je souhaitais exercer ou non ce métier plus tard. »

Nina Singler

« Je considère que ce certificat est un atout considéra-ble pour mon avenir, parce qu’il apporte une réelle plus-value au CV. Il peut m’aider, par exemple, à décrocher un emploi à l’Étranger. Grâce à mon stage, j’ai changé de vision, en bien, sur les régions voisines et sur ma région – et j’ai trouvé les gens très sympathi-ques ! »

Daniel Rudolff Svenja Franziska Kahlen

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Elèves du lycée professionnel de Jülich avec leur enseignante Nicole De Bus

« Grâce au certificat de compétence eurégionale, j’ai de meilleures opportunités d’emploi et je pourrais même trouver un poste aux Pays-Bas. Le stage à Maastricht a renforcé ma confiance en moi et m’a appris à persévérer ! »

« Le certificat est vraiment un atout sur mon CV – il permet aux entreprises de voir que je me suis engagée à l’Étranger. J’ai rencontré plein de nouvelles personnes durant mon stage, qui m’ont apporté leur soutien. Je parle mieux, maintenant, le néerlandais et j’ai une vision plus positive de la région voisine. »

Thomas JansenYvonne Hefner

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Atouts de la coopérationProjets cinématographiques euré-gionaux au sein de l'établissement d'enseignement professionnel « Paul-Julius-Reuter », dans le cadre d'un programme de compétence eurégionale

L’idée de l’Euregio Meuse-Rhin (EMR) incarne encore pour beaucoup l’idée suivante : changer de perspective dans leur propre environnement familier . Penser dans une perspective eurégionale, c’est repenser avec un autre regard toute sa vie quotidienne : l’habitat, l’apprentissage, le travail . La focale change : on ne s’attarde plus sur les restrictions inhérentes à une région frontalière, mais au contraire, sur les opportunités qu’offre une région située au cœur de l’Europe .

Notre mission, au sein de l’établissement d’enseignement professionnel Paul-Julius-Reuter, étant de former les jeunes pour le monde de demain, nous souhaitons également leur donner la perspective dont ils ont besoin pour se mouvoir dans un monde en pleine expansion . Nous ne nous contentons donc pas d’ensei-gner à nos élèves la langue du voisin, mais nous souhaitons également qu’ensemble, avec d’autres élèves des pays voisins, ils embrassent du regard notre EMR . La devise qui nous guide est la suivante : ensemble, nous nous découvrons davantage .

Dans ce cadre, nous sommes d’avis que le support filmique est adapté comme aucun autre . C’est la raison pour laquelle nous menons depuis plus de 10 ans maintenant, avec les classes, des projets filmiques à l’échelle eurégionale . Ainsi, les élèves entrent en contact avec des hommes et des histoires qu’ils n’auraient pas l’occasion de découvrir si aisément, malgré l’hyperproximité géographique .

Marco Röpken, réalisateur, avec les enseignants Freek van den Brink et Griet Cordemans

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La coopération avec le réalisateur professionnel Marco Röpke est d’une importance capitale . C’est grâce à son intervention que les prises de vue et interviews d’élèves qui n’ont pas encore d’expérience technique dans ce domaine se transforment en films souvent impressionnants .

Après avoir dépeint dans une série les villes d’Aix-la-Chapelle, Maastricht, Liège, Hasselt et Eupen, nous avons travaillé sur une base thématique . C’est ainsi qu’ont été réalisés des films sur les migrants dans les mines de charbon, sur les soins palliatifs, sur les effets de la Première Guerre mondiale sur l’EMR et la fuite des guerres, sur l’environnement de vie des élèves de l’EMR et sur l’histoire du Moresnet neutre, un petit pays disparu de l’Euregio, présentés chaque année à l’occasion de véritables premières .

Ce qui fait la force d’un projet filmique, c’est que réaliser un film, c’est bien plus que de faire des prises de vues, c’est par exemple préparer des questions dans la langue étrangère et les poser, faire des interviews, élaborer un storyboard, créer une affiche, s’occuper de la régie, présenter le film en plusieurs langues . Autrement dit : tous les élèves participent et assument des tâches .

En coopérant sciemment avec des écoles issues d’autres parties de l’Euregio, nous avons établi un réseau d’écoles partenaires au

sein de l’Euregio . Ainsi, en tant qu’école professionnelle, nous sommes au cœur de l’Euregio Meuse-Rhin . Nos films en témoignent !

Griet Cordemans und Freek van den BrinkEnseignants de néerlandais au Paul-Julius-Reuter Berufskolleg à Aix-la-Chapelle

Hostel Stayokay à Maastricht

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Un atout dans le dossier de candidatureLe bi-diplôme eurégional dans le cadre de la formation professionnelle

Un bi-diplôme a été créé au sein de l’Euregio Meuse-Rhin pour les deux formations en alternance de coiffeur et mécatronicien automobile . Il permet aux apprentis d’obtenir un diplôme de fin d’apprentissage valable en Belgique et en Allemagne . Ce bi-diplôme est le fruit d’une coopération entre l’IAWM (Institut de la formation professionnelle et la formation continue dans le secteur des petites et moyennes entreprises) basé à Eupen et la Chambre des métiers d’Aix-la-Chapelle .

Les examens de fin d’apprentissage dans le cadre du bi-diplôme se déroulent en présence d’un observateur externe de la région voisine . En outre, les apprentis effectuent un stage de 14 jours dans le pays voisin . Ceci leur permet de découvrir les particularités régionales de la région voisine . Un certificat de langue étrangère n’est toutefois pas requis pour le bi-diplôme .

Une telle double qualification constitue un atout indéniable sur le marché du travail – avec un diplôme allemand et un diplôme belge en poche, les possibilités de candidature sont bien plus flexibles . Par ailleurs, comme l’indique Oliver Paasch, ancien ministre de la communauté germanophone et actuel Premier ministre, « nos marchés de l’emploi et marchés clients n’étant pas cantonnés au sein des frontières de la communauté germanophone, les possibilités de formation ne doivent pas non être cantonnées au sein de ces frontières » .

La coopération eurégionale en matière de formation n’a pas vocation à être circonscrite au bi-diplôme dans les secteurs de l’automo-bile et de la coiffure . Les partenaires allemands et belges envisagent tout à fait d’étendre l’offre à d’autres métiers à court terme . Dans un proche avenir, la partie pratique de l’apprentissage au métier de spécialiste de la production (chimie) aura lieu à Eupen, tandis que la partie théorique se déroulera au sein de l’établissement d’enseignement professionnel de Simmerath/Stolberg . Dans ce cas également, la reconnaissance du diplôme sera assurée par la présence d’un représentant belge lors de l’examen de compagnonnage . L’équipe « Education » de l’Association intercommunale de la région d’Aix-la-Chapelle s’implique de manière active dans la mise en œuvre du projet par l’intermédiaire des enseignants détachés par le gouvernement du district de Cologne .

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Propos d’un compagnon belge, Maxime Sproten, qui a obtenu en 2016 son bi-diplôme dans le secteur automobile.

« Mon professeur spécialisé Gino Decoster (coordinateur spécialisé de la formation automobile au Centre de formation professionnelle et de forma-tion continue d’Eupen) a attiré l’attention de toute la classe sur cet atout . »

« En ce qui me concerne, l’élément décisif qui m’a fait opter pour le bi-diplôme était l’équivalence entre le certificat de compagnon belge et le certificat de compagnon allemand . »

« J’ai trouvé très intéressant, pendant mon stage en Allemagne, de pouvoir travailler au sein d’une grande entreprise . Ça a été pour moi une expérience complètement nou-velle, parce qu’un propre domaine de res-ponsabilité était attribué à chaque poste . Je ne connaissais pas encore un tel système décliné dans cette forme très organisée . »

« Je recommande en tout cas aux futurs apprentis de saisir toutes les opportunités de qualification supplémentaires qui se présentent . C’est une véritable extension de l’horizon personnel et professionnel . Mon expérience m’a prouvé que c’est un réel atout lors de futurs entretiens d’embauche, car ceci vous permet de vous démarquer positivement des autres candidats . »

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« Le prix littéraire des lycéens de l’Euregio a été une expérience incroyable . Bien sûr, il a fallu investir beaucoup de temps, mais j’affirme haut et fort que le jeu en valait la chandelle . On n’a pas tous les jours la chance de pouvoir s’entretenir avec des auteurs célèbres ou de débattre avec des critiques littéraires . Si on me demandait si j’étais prête à participer une nouvelle fois à un tel projet, ma réponse serait sans hésiter : Oui ! »

Jana Jeske Lycéenne au lycée Kaiser-Karls- Gymnasium, Aix-la-Chapelle

Vitrine à EupenPAGE 52 / CHEZ NOUS EN EUROPE !

Un jury d’élèves pour récompenser la littérature contemporaineLe prix littéraire des lycéens de l’Euregio Le prix littéraire des lycéens de l’Euregio encourage les jeunes de l’Euregio Meuse-Rhin à lire des textes littéraires et familiarise les participants avec la littérature contemporaine de leur pays et des pays voisins . Ce prix met à l’honneur la créativité des auteurs et traducteurs contemporains tout en promouvant, par son concept, la lecture et les compétences linguistiques des lycéens .

Les différents événements qui émaillent la manifestation permettent également aux jeunes de se rencontrer par-delà des frontières et offrent une plateforme d’échange dans les trois langues . En d’autres termes : l’enjeu est de franchir les frontières non seulement géographiques, mais également linguistiques et culturelles . Le projet se déroule chaque année depuis 2001 . Entre-temps, cette manifestation rassemble chaque année environ 450 élèves issus de 25 à 30 écoles en Belgique, aux Pays-Bas et en Rhénanie- du-Nord-Westphalie .

„Il est devenu plutôt rare que des images du passé m’assaillent, mais quand c’est le cas, je suis surpris de voir combien la lumière du souvenir fait étinceler ces moment-là . Un soir banal à l’internat devient, avec le recul, une expérience formidable . Je me revois assis au bord du lac avec mes camarades, nous buvons des verres, nous charrions l’un d’entre nous, nous imaginons l’avenir . Ma mémoire me rapproche des autres davantage que ne le ferait la réalité, elle me place tendrement au cœur de l’action . Me voilà insouciant, riant avec mes copains, mais je sais qu’il y a eu des moments bien différents . Je sens pourtant que j’ai dû être heureux à l’époque .

La mémoire est un patient jardinier et la minuscule graine que j’ai plantée dans ma tête ce soir-là, à l’internat, s’est épanouie au fil des saisons en un splendide souvenir .“

Tiré de : Benedict Wells « La fin de la solitude » (Slatkine & Cie, page 274)

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Discours de Benedict Wells, gagnant de l'édition 2018 du prix littéraire des lycéens de l’Euregio « Bonsoir, goedenavond, Guten Abend !

. . . Ce prix, pour deux raisons, représente beaucoup pour moi . D’une part, parce qu’il m’a été décerné par le jury le plus incor-ruptible qui soit : des lycéens . Dès la lecture publique, à Maastricht, j’ai été ravi par les questions aussi intelligentes que critiques et par l’enthousiasme mis dans la lecture des six livres nominés et dans les débats qu’ils ont suscités . Je leur en suis très reconnaissant et les remercie pour leurs excellents retours .

D’autre part, ce prix, pour moi, sort du lot, parce qu’il est euro-péen et qu’il embrasse trois traditions linguistiques . Ce qui est à la fois passionnant et délicat, dans la littérature, c’est qu’elle a besoin d’une traduction – contrairement à la musique et à de nombreuses autres formes d’expression artistique qui sont d’emblée universellement accessibles . Les livres, au contraire, s’inscrivent dans les frontières . Ces frontières sont surmontées par les traductrices et les traducteurs, dans mon cas Juliette Aubert et Gerda Baardman, que je souhaite remercier de tout cœur pour leur admirable travail . Ce prix, c’est aussi le leur .

Car c’est ce qui fait à mon sens la beauté de l’art : par sa splendeur, il dépasse les frontières, favorise l’empathie et la coexistence de personnes originaires de différents pays et de différentes cultures, tout ce que nous devons nous attacher à préserver et à défendre, surtout en ces temps marqués par le populisme et le regain du nationalisme . Je suis ravi que ce prix puise sa source dans l’idée européenne .

A Maastricht, certains lycéens m’ont demandé ce que j’avais éprouvé à l’époque où j’avais interrompu mes études pour me consacrer corps et âme à mon rêve d’écrire, n’essuyant, pendant

des années, que des refus . Je dois avouer que j’étais souvent, à l’époque, saisi de doutes, beaucoup de personnes, même parmi mes proches et mes amis, tentaient de me dissuader de pour-suivre sur cette voie . Ils me disaient : laisse tomber, choisis un métier sûr . L’intention était bonne, mais j’aimerais toutefois, aujourd’hui, faire passer un message différent auprès des classes participantes . Je souhaite leur dire : soyez courageux, et lan-cez-vous sur la voie de vos rêves !

Profitez du temps après l’école, et ne laissez pas les autres vous détourner de vos objectifs et de vos rêves . Voyagez à travers le monde, faites de la musique ou tout ce que vous avez l’intention de faire, vivez des aventures, écrivez, peignez, filmez, expérimen-tez, élaborez des idées et faites-leur prendre corps, laissez-vous transporter pendant des années ou travaillez et étudiez, selon vos préférences . Faites tout ce que vous voulez faire, et idéalement, faites-le maintenant, parce qu’après l’école, vous serez libre comme vous ne le serez probablement plus jamais . Relax, vous avez le temps ! Personne, à dix-neuf ans, ne doit être contraint de tracer les contours de sa vie entière et d’imposer à celui qu’il sera à cinquante ans, qui plus est bien souvent par une décision qui relève du hasard, la profession qu’il devra exercer et le bureau dans lequel il sera assis .

Oui, je sais, c’est facile à dire . J’ai un souvenir très vivace de la pression que l’on ressent une fois l’école terminée . Ce que l’on fait à dix-neuf ou vingt ans semble infiniment important, on craint d’avoir des lacunes sur le CV, on s’impose d’avoir toujours un plan en poche . On veut toujours rassurer ses parents et ses amis, et se rassurer soi-même . Chaque mois de liberté est arraché de haute lutte . A l’époque où pendant des années, mes projets se soldaient par des échecs, j’ai même envisagé de m’expatrier, parce que j’avais la sensation d’être un looser et que je ne supportais plus la pression qui s’exerçait sur moi . Mais à peine dix ans plus tard, plus personne ne s’intéressait, lors des réunions d’anciens élèves, à ce qu’on faisait à l’époque . Et plus tard, lors-qu’on est assis, pleins de regrets, à se faire la réflexion suivante : mais pourquoi est-ce que je n’ai pas au moins tenté mon rêve, alors on peut être sûr que c’est précisément ces mêmes personnes qui à l’époque, avaient tenté de nous en dissuader, qui nous diront : « Ben oui, pourquoi tu n’as pas au moins essayé ? »

Chacun d’entre nous est unique . Mettez à profit votre temps, mettez à profit votre liberté, et surtout : faites preuve de courage ! »

Benedict WellsÉcrivain, Prix de Littérature de l’Union Européenne (2016),Prix littéraire des lycéens de l’Euregio (2018)

Le multilinguisme à l'honneurLe prix littéraire des lycéens de l'Euregio fait voyager les jeunes lecteurs à travers toute l'Euregio

Le prix littéraire des lycéens de l’Euregio, à bien des égards, ouvre l’horizon des lycéens participants . Non seulement il suscite chez eux le goût de la littérature contemporaine, mais il les invite aussi à échanger avec de jeunes lecteurs de leur âge des pays voisins .

Chaque année, les œuvres de respectivement deux auteurs germanophones, francophones et néerlandophones sont dans la course . Seuls les livres disponibles dans les trois langues de l’Euregio Meuse-Rhin peuvent être nominés . L’effet secondaire positif, c’est que la sélection des œuvres est généralement prestigieuse .

Les élèves se lancent alors dans une phase intense et stimulante d’étude de la littérature contemporaine, consacrant beaucoup de temps et de dévouement à une lecture volumineuse . Les lectures publiques à travers l’Euregio, auxquelles les jeunes viennent assister grâce aux bus spécialement affrétés pour eux, contribuent sans doute dans une large mesure à la perception enrichissante qu’ils ont de leur mission qui de prime abord, pour-rait sembler fastidieuse . Lors de ces soirées, les auteurs nominés lisent des extraits de leurs livres dans le décor d’agréables sites culturels eurégionaux (par exemple le Centre Céramique à Maastricht, le Klangbrücke à Aix-la-Chapelle ou le Jünglingshaus à Eupen) et répondent aux questions du public lycéen . Le multilinguisme est à l’honneur – les textes originaux, par exemple, sont lus à voix haute et les traductions dans les deux autres langues sont projetées simultanément sur écran . Bien souvent, les rencontres entre les auteurs et le jeune public se font sous le sceau d’une franchise vivifiante, et il n’est pas rare qu’ils se surprennent mutuellement par des questions et des réponses inattendues .

Quelques semaines après les lectures, les élèves se réunissent, dans les trois régions linguistiques, avec des critiques littéraires renommés pour des sessions de critique . Dans le cadre d’une table ronde avec les professionnels, les jeunes jurés argu-mentent et débattent sur les romans nominés, affinent leur esprit critique et découvrent de nouvelles perspectives d’approche de la littérature .

Le point d’orgue du projet est le Jour du Jury, où les lycéens rédigent, en petits groupes, d’éloquents plaidoyers afin de rallier les autres à leur choix . Le soir même, le lauréat est contacté personnellement (via Skype) par les panégyristes et pourra se réjouir sous les acclamations de la foule lycéenne .

Le projet est clôturé par une cérémonie festive de remise des prix, au cours de laquelle les étudiants rendent hommage au lauréat et aux deux traducteurs, avec un programme musical de choix .

« Je trouve ce projet très intéressant et vraiment très gratifiant parce qu’il réunit trois langues et trois cultures différentes . Les étudiants de trois pays différents com-mencent par se rencontrer autour des livres ; ils connaissent peut-être la littérature de leur pays, mais rarement celle des pays voisins . Dans un second temps, les lecteurs de différentes langues maternelles se ren-contrent entre eux et finalement ont même lieu des ren-contres avec les auteurs . C’est vraiment une formidable expérience ! »

Maud MarcellinÉlève au Collège Saint-Louis, Liège

Enseignement secondaire

Dr. Oliver VogtResponsable du prix littéraire des lycéens de l’EuregioEuregioKultur e.V., Aix-la-Chapelle, Allemagne

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Pour une fois, il ne pleut pas à Aix-la-Chapelle

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Chez nous en Europe

UNIVER-SITÉS ET HAUTES ÉCOLES

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Les étudiants apportent leur pierre à l’édifice du programme d’école à profil eurégionalDes assistants de langue maternelle dans l’enseignement

L’un des grands piliers du programme « École à profil eurégional » est la sensibilisation à chacune des langues voisines respectives, c’est-à-dire le français, le néerlandais et l’allemand . Seulement, que doit-on faire si l’on souhaite réaliser dans l’enseignement, une rencontre authentique avec des locuteurs natifs ? Et si un soutien supplémentaire dans la transmission d’une langue voisine s’avère utile ?

Notre solution : des assistants de langues eurégionaux ! L’équipe « Education » de l’Association intercommunale de la région d’Aix-la-Chapelle envoie des étudiants de langue maternelle allemande, française ou néerlandaise dans les écoles à profil eurégional et d’autres écoles intéressées . Des assistants de langues sont en déplacement dans toute l’Euregio Meuse-Rhin dans le cadre des heures normales de cours, pour des cours supplémentaires ou pour des journées de projets . Ils jouent à des jeux en français, indiquent les couleurs en néerlandais ou chantent des chansons en allemand . Les étudiants viennent des universités de la région, mais aussi d’autres régions frontalières .

Lors des entretiens préliminaires, les directeurs d’établissements et les enseignants impliqués dans le projet peuvent discuter avec le futur assistant sur les différentes modalités, la fréquence de son intervention, sa durée (entre un jour et six mois) . L’équipe « Education » établit le contact entre les établissements et les assistants et défraie les volontaires . Pour nous, ce qui est le plus important, c’est de soutenir au quotidien, par un concept flexible, les écoles à profil eurégional .

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Laura en mission dans l'Euregio Meuse-Rhin« Bonjour, je m’appelle Laura, j’ai 19 ans et je suis Française . Je viens de finir ma deuxième année de Licence franco-allemande et depuis quelques semaines je suis assistante de Français à l´école primaire de Kelmis en Belgique . Je m’y rends deux fois par semaine pour apporter mon soutien au professeur . La majorité du temps, pendant mes heures d´assistance, je fais un peu près tout avec le professeur : je passe dans les rangs, je réponds aux questions, je suis là pour les aider s’ils ont besoins, vérifier leurs travaux etc… Parfois, nous divisons la classe en deux, cela fait un groupe de 14 enfants chacun et c´est quand même plus optimal pour travailler parfois . Être assistante ce n’est pas vraiment être un deuxième professeur, c’est plutôt apporter la langue différemment, moins formellement qu’un professeur, en s’amusant . Les enfants que j’ai en cours sont très affectueux, me donnent et me demandent beaucoup de tendresse et d´attention .

Universités et Hautes Écoles

Ma présence donne aux enfants une impression d’un cours plus détendu, plus drôle, et, comme je m’efforce de ne leur parler que français durant les cours, cela incite même ceux qui ont un niveau fragile à parler français, ne serait-ce que pour discuter avec moi et me poser des questions . L’arrivée d’une assistante, c’est un renouveau dans leur quotidien et cela les remotive à bien travailler pour impressionner, ou montrer fièrement qu’ils sont doués . Être assistante c’est une expérience humaine très riche qui nous fait réaliser l’importance de l´encouragement et du soutien dans la vie d’un enfant, et à quel point de tout petits moments d’écoutes et de rire peuvent leur apporter un si grand bonheur . »

Laura De CastroÉtudiante au sein du cursus « Licence franco-allemande », Universités de Saarbrücken et Metz

Laura avec certaines de ses élèves

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Un enrichissement à la fois professionnel et humainCollaboration, depuis 2015, entre l'école « Leonardo da Vinci » de Hückelhoven et la Haute École Charlemagne de Liège

Je suis professeure d’allemand à la Haute École Charlemagne de Liège (Fachhochschule) . Nous formons de futur(e)s ensei-gnant(e)s en anglais, allemand et néerlandais, qui enseigneront les langues germaniques dans les écoles primaires et le degré inférieur du secondaire (Unterstufe der Sekundarschulen) .

Le projet de collaboration entre nos deux institutions est né d’une volonté de permettre à nos étudiant(e)s de dernière année de pouvoir réaliser un stage de 4 semaines dans la région d’Aix-la-Chapelle, séjour au cours duquel ils/elles pourraient enseigner de l’anglais et du français dans des écoles secon-daires allemandes et être hébergé(e)s dans des familles germa-nophones . Ce projet a pu être mis sur pied grâce à l’aide précieuse de l’Association intercommunale de la région d’Aix-la-Chapelle, dont les collaboratrices et collaborateurs m’ont permis de présenter mon projet à diverses écoles allemandes de l’Euregio Meuse-Rhin .

Nathalie SeronProfesseure d’allemand à la Haute École Charlemagne, Liège

Depuis 2015, une collaboration fructueuse est engagée avec l’école Leonardo da Vinci, qui a accueilli chaque année une étudiante de notre Haute École, grâce au soutien efficace de Mme Husarek . Cette année, Madison Robert, a pu vivre cette expérience unique . Elle a donné cours de français en 6e et 7e à raison de 4h/semaine, cours d’anglais en 6e, 8e et 9e pendant 8h/semaine et même 4h/semaine d’allemand en 6e .

Depuis deux ans, notre Haute École accueille en retour des classes de l’école de Hückelhoven pour une visite de la ville de Liège organisée et animée par nos étudiants d’allemand lors du Marché de Noël . C’est l’occasion de nous revoir et de resserrer les liens entre les participants .

Ce projet EUREGIO offre donc aux deux partenaires une occasion unique d’échange linguistique et culturel et une source d’enrichissement humain .

Nous tenons dans ce cadre à

remercier de tout cœur Bianca Beckers,

responsable de la formation des enseignants du primaire

au sein de l’établissement Fontys NL à Sittard, pour

son engagement à assurer le placement d’étudiants

de langue maternelle.

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Beaucoup de soutienSillonner l'Allemagne en tant qu'assistante de langue

Pendant mon séjour à l’école secondaire Leonardo da Vinci à Hückelhoven, tous les professeurs m’ont soutenue et intégrée de manière extraordinaire . J’ai appris beaucoup de choses sur la langue allemande, j’ai amélioré mes compétences linguistiques tout en développant dans le même temps mes compétences didactiques . C’est ainsi que j’ai découvert et expérimenté moi-même de nouvelles méthodes et de nouveaux concepts d’enseignement . J’étais tout d’abord déstabilisée par les diffé-rences considérables entre la méthodologie allemande et celle qui nous est enseignée au sein de nos hautes écoles . Cepen-dant, les enseignants ont toujours été à l’écoute et m’ont beaucoup aidée . Je vivais chez une collègue qui m’a chaleureu-sement accueillie chez elle . C’était l’endroit rêvé pour préparer mes cours et parfaire mes connaissances de la langue alle-mande dans une atmosphère détendue . En résumé, ce stage aura été pour moi un enrichissement tant au niveau de l’ensei-gnement que sur le plan personnel . J’espère de tout cœur que ce projet sera reconduit afin que d’autres étudiants puissent en bénéficier .

Universités et Hautes Écoles

Madison RobertÉtudiante en 3e année de licence de philologie allemande et anglaise à la Haute École Charlemagne, Liège

Bout d’une impasse à Liège

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L’université en mode pratiqueLes supports Linguacluster dans la formation des enseignants

Le projet INTERREG Linguacluster n’est pas seulement à l’origine des écoles à profil eurégional, mais également de différents supports de cours . Il s’agit d’un livre d’histoire locale eurégionale (« Euregio Vis-à-Vis ») et de supports pour une première approche des langues voisines, le français, le néerlandais et l’allemand (« Auf die Plätze, klaar, Partez ! ») . A la suite du projet Linguacluster, une méthode d’enseignement a été développée en 2017 pour offrir aux enfants des pays arabophones un premier accès à la langue allemande (« Hayya ») .

Toutefois, rien ne peut se faire sans les enseignants qui connaissent les supports pédagogiques et qui souhaitent les utiliser . C’est la raison pour laquelle l’équipe « Education » s’efforce d’intégrer les supports pédagogiques ainsi élaborés dans la formation des enseignants des Universités et des Hautes Écoles de l’Euregio Meuse-Rhin . Par ailleurs, nous les présentons dans les universités et les hautes écoles d’autres régions ou nous envoyons les supports à nos interlocuteurs . L’idée est de promouvoir l’apprentissage des langues et d’encourager l’adaptation des supports à d’autres contextes régio-naux . Pourquoi ne pas élaborer un « Euregio Vis-à-Vis » pour une autre région frontalière ? Entre-temps, une troisième édition du livre d’histoire locale, régulièrement utilisé dans les écoles de l’Euregio Meuse-Rhin, a même été imprimée . Les supports destinés à l’apprentissage des langues étrangères sont utilisés dans le cadre de la formation des élèves-enseignants et ont même franchi les frontières de la région .

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Universités et Hautes Écoles

« Hayya! » en Haute-AutricheLe matériel didactique est utilisé dans les cursus de l'Université de Linz

Le fait que « Hayya » fasse même des vagues jusqu’en Autriche et soit utilisé pour la formation des enseignants à la Haute école pédagogique de Haute-Autriche à Linz est un succès particulier . Katharina Höglhammer, enseignante à l’école primaire et employée au centre local pour la diversité linguistique et l’interculturalité, nous parle de ses expériences .

L’équipe « Education » de l’Association intercommunale de la région d’Aix-la-Chapelle nous a fait parvenir par la poste, en décembre 2017, le support pédagogique « Hayya – jouer des histoires, apprendre l’allemand » . Nous l’avons utilisé dans la formation universitaire « Allemand seconde langue pour l’école primaire » afin que les participants à la formation puissent l’utiliser pendant leurs stages . Cette formation est fréquentée à la fois par les étudiants de la Haute École pédagogique de Haute-Autriche ainsi que par les enseignants en école primaire de la région .

Il s’agit d’un support très varié, offrant des possibilités d’ensei-gnement dans des classes hétérogènes et constituant une bonne base pour les exercices scolaires futurs . De telles appuis pour raconter et écrire des histoires et des textes, pour saisir des unités de sens textuelles et des histoires, etc . sont nécessi-tés de toute urgence à l’heure actuelle, tant dans la formation des enseignants que dans la pratique . Il est utile et nécessaire de continuer à élaborer, de refondre et de moderniser des supports appropriés dans la matière Allemand seconde langue .

Pendant la formation, le support Hayya a été utilisé dans les écoles primaires dans le cadre des cours de langue destinés aux élèves issus de l’immigration, pas seulement, au demeurant, pour des enfants arabophones, mais également pour ceux qui ont une autre langue maternelle .

Katharina HöglhammerEnseignante à l’école primaire et employée au centre local pour la diversité linguistique et l’interculturalité à la Haute école pédagogique de Haute-Autriche

Usine de fabrication de carreaux Sphinx à Maastricht

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Des supports pédagogiques utilisables par-delà les frontièresUn atelier vivant pour les futurs enseignants du primaire à l'Université du Luxembourg

« Lëtzebuergesch ze schwätzen », c’est l’exercice le plus simple pour les Luxembourgeois . Nombre d’entre eux semblent parler sans effort l’allemand, le français, l’anglais et parfois d’autres langues . C’est un environnement captivant pour l’échange d’expériences sur le multilinguisme et une bonne occasion de présenter le support « Linguacluster » pour l’apprentissage des langues étrangères . C’est dans ce cadre qu’en tant que membre de l’équipe « Education », j’ai organisé à Esch-sur-Alzette un atelier pour les étudiants de l’Université du Luxembourg aspirant à devenir enseignants en école primaire . J’ai présenté le livre d’histoire locale eurégionale « Euregio Vis-à-Vis » et le support pédagogique « Auf die Plätze, Klaar, Partez ! » Celui-ci permet une première approche ludique de la langue voisine . Nous avons

beaucoup ri en testant la méthode, l’accès à la langue passant par une histoire avec beaucoup de gestes, de mimiques et de jeux .

Dans l’Euregio Meuse-Rhin, ce support didactique est régulière-ment utilisé dans les écoles pour les langues voisines, le français et le néerlandais . Toutefois, la méthode fonctionnant avec toutes les langues imaginables, nous avons pu exploiter le plurilin-guisme des participants à l’atelier et même recréer une histoire en luxembourgeois et en créole . Le livre « Euregio Vis-à-Vis » et les manuels « Auf die Plätze, Klaar, Partez » sont désormais à la disposition des étudiants de la bibliothèque de l’Université du Luxembourg . Ils peuvent donc être utilisés dans les écoles primaires du Luxembourg .

Vera HarkGérante de projets au sein de l’équipe « Education» de l’Association intercommunale d’Aix-la-Chapelle

Atelier avec des étudiants de l’Université de Luxembourg

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Universités et Hautes Écoles

Eupen autrefois et quelques années plus tard

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La cathédrale d’Aix-la-Chapelle sous les lasers

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Chez nous en Europe

ÉDUCATION ET FORMA-TION TOUT AU LONG DE LA VIE

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Des enseignants au-delà des frontièresCoups de projecteur sur la vie quotidienne des écoles partenaires et des régions voisines

Les échanges scolaires au-delà des frontières nationales ont marqué bon nombre d’entre nous . Aujourd’hui, ils sont souvent partie intégrante de tout cursus scolaire . Dans l’Euregio Meuse-Rhin, ce concept classique et précieux a été étendu aux enseignants, qui participent à des échanges d’enseignants avec des écoles voisines dans les régions partenaires .

Dans le cadre de l’enseignement des langues étrangères, la transmission non seulement des compétences linguistiques, mais aussi des compétences interculturelles gagne de plus en plus en importance . Les enseignants puisent dans les expériences du quotidien scolaire dans le pays voisin des idées pour créer des unités d’enseignement appropriées . L’expérience inter-culturelle et les échanges internationaux leurs sont également bénéfiques en ce qu’ils permettent de leur donner une image plus précise de l’école partenaire, pour mieux préparer les échanges scolaires . Enfin, et ce n’est pas le plus insignifiant, les enseignants eux-mêmes élargissent leurs compétences interculturelles .

L’échange d’enseignants a lieu entre les écoles partenaires, en particulier les écoles à profil eurégional situées dans l’Euregio Meuse-Rhin . Les professeurs de néerlandais et/ou de français langue étrangère se rendent pendant une ou plusieurs journées dans l’école partenaire et accompagnent les enseignants pendant leurs cours . Ils dispensent en partie certaines petites unités de cours dans la langue maternelle, de sorte que les élèves bénéficient également d’un apport en langue maternelle et authentique .

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Éducation et formation tout au long de la vie

Liège – la Cité Ardente

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Apprendre à regarder dans la même directionÉchange d'enseignants et enseigne-ment en équipe dans le cadre d'une coopération germano-néerlandaise„Aimer, ce n’est pas se regarder l’un l’autre, mais regarder ensemble dans la même direction.” Antoine de Saint-Exupéry

Le premier contact avec notre école partenaire, le Collège Isendoorn à Warnsveld (Pays-Bas), a été rendu possible grâce à une rencontre intitulée « Apprendre avec les voisins », organisée par l’Association intercommunale d’Aix-la-Chapelle il y a trois ans . Cette rencontre a ouvert la voie à de nombreux projets scolaires communs, mais a vu naître, aussi, des amitiés personnelles . Nous avons appris à ne pas seulement nous regarder, mais regarder ensemble dans la même direction .

Nous nous sommes fixés pour objectif de découvrir plus en profondeur les similitudes et les différences linguistiques, régionales et méthodologico-didactiques des systèmes d’éduca-tion et de formation des pays voisins . Loin de vouloir seulement transmettre ces expériences aux élèves, nous voulions égale-ment permettre à nos collègues de voir ce qui se passait derrière la frontière . L’enjeu était de proposer une première approche des structures d’équipe, des organisations d’apprentis-sage, des concepts d’enseignement individuels et de leurs instruments et procédures associés, d’en dresser un état des lieux et de les perfectionner – comme base pour de futurs projets pédagogiques propres et communs dans les écoles .

C’est de ces considérations qu’est née l’idée d’organiser un échange d’enseignants entre l’établissement Leornardo da Vinci Gesamtschule Hückelhoven et le Isendoorn College à Warns-veld . Une fois le projet présenté et coordonné lors des confé-rences des enseignants et du conseil scolaire, le concept a été élaboré en détail et le programme scolaire a été enrichi par une composante eurégionale .

En étroite collaboration avec ma collègue de notre école partenaire néerlandaise, nous avons élaboré, comme prélude au programme de stage d’étude des enseignants de trois jours

Jardin japonais à Hasselt

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prévu pour l’avenir, un programme pour une journée d’essai au sein de son école, que nous avons appelé le « Team Teaching Day » . Il s’agissait, dans ce cadre, d’engager un certain nombre de réflexions préalables : définir les objectifs concrets poursuivis par notre concept ou déterminer quels enseignants, de quelles matières, étaient disponibles sans nécessiter d’annuler des cours .

Lorsque la chaîne télévisée WDR a pris connaissance de notre projet et a voulu le documenter, l’effort de préparation, mais aussi la reconnaissance des institutions extrascolaires a encore pris davantage d’ampleur . La première journée de team-teaching s’est déroulée en mars 2017 . L’équipe de la chaîne WDR est venue nous chercher, deux enseignants et moi comme accom-pagnatrice, à l’école de Hückelhoven, elle nous a emmenés au Collège Isendoorn à Warnsveld, a filmé des séquences d’ensei-gnement dans les matières allemand et histoire et a ensuite interviewé tous les participants .

La date pour la deuxième mise en œuvre du programme dans notre école, l’établissement Leonardo da Vinci Gesamtschule, a été fixée à brève échéance, au mois de mai 2017 . L’expérience acquise lors des préparatifs a été mise en œuvre en consé-quence . Trois collègues néerlandais, qui ont enseigné le néerlandais, l’anglais et le français dans la même promotion sous la forme d’un enseignement en équipe, sont venus nous rendre visite en retour . Cette journée à notre école a également fait grand écho .

La bonne coopération et la bonne communication entre les collègues, la préparation en temps utile et le bon soutien de la part des établissements scolaires nous ont finalement incités à mettre en place un programme de stage d’études et d’enseigne-ment de trois jours dès l’année scolaire 2018/2019 . Il englobera les points suivants :

¢¢ Déterminer la date (plan de l’année scolaire des deux écoles)

¢¢ Réglementer la prise en charge des coûts

¢¢ Faire connaissance avec les collègues hôtes lors de visites d’une journée dans les écoles

¢¢ Arriver un jour avant le début du programme, les enseignants étant hébergés dans les logements privés de leurs collègues néerlandais .

¢¢ 1re journée : stage d’étude dans les classes dans lesquelles l’enseignement aura lieu les deuxième et troisième jours et fourniture du matériel approprié .

Éducation et formation tout au long de la vie

¢¢ 2e et 3e journée : propre enseignement avec accompagne-ment, en partie, par nos collègues néerlandais

¢¢ Tenue d’un carnet de bord et d’une liste d’expériences

¢¢ Feuille d’évaluation (élaborée auparavant sur la base des objectifs de ce programme)

¢¢ Possibilités d’institutionnalisation ou d’ancrage dans les cursus des écoles

Les programmes de stages d’études des enseignants ne sont pas nouveaux . Cependant, notre programme a été élaboré spécifiquement pour les deux écoles partenaires qui ont décidé de réaliser des projets transfrontaliers dans l’Euregio Meuse-Rhin . Soutenu par l’Association intercommunale de la région d’Aix-la-Chapelle et d’autres institutions, il peut servir d’exemple de coopération transfrontalière réussie dans l’espace eurégional . C’est un pionnier en matière d’intégration européenne et de mobilité sociale et professionnelle .

Les différentes cultures et nationalités, la diversité linguistique, les différents domaines de formation et de connaissance, les offres intéressantes en matière de formation et sur le marché du travail ainsi que la coexistence sociale exigent de se pencher sur les thèmes de la diversité et de l’altérité dans notre espace de vie . C’est ce que nous avons décidé, c’est notre objectif . « C’est notre direction » .

Je souhaiterais que mon idée ouvre la voie à de futurs pro-grammes transfrontaliers de stages d’études pour les ensei-gnants d’autres écoles ou établissements d’enseignement de l’Euregio Meuse-Rhin . Et que de tels programmes, dans le cadre de l’eurégionalisation, deviennent partie intégrante des pro-grammes scolaires .

Michaela HusarekEnseignante pour le français, l’anglais et l’économie au sein de l’école Leonardo da Vinci Coordinatrice des partenariats scolaires pour les écoles à profil eurégional et des programmes d’échanges avec les États-Unis, économiste d’entreprise diplômée

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Les personnes engagées sont un élément décisifConférences et cours de formation pour les acteurs de l’éducation eurégionale

Sans les personnes qui s’investissent dans la coopération éducative transfrontalière, le travail mené par l’équipe « Education », dans la région d’Aix-la-Chapelle, serait pour partie vain . Des cours de formation et des conférences sont régulièrement organi-sés pour soutenir les bénévoles et les acteurs des secteurs de l’éducation et pour favoriser l’implantation d’un réseau très dense . En outre, un travail est mené pour promouvoir les offres d’autres institutions . L’équipe « Education » participe elle-même à des conférences internationales pour présenter ses programmes et instaurer des synergies avec d’autres régions frontalières .

Les enseignants, par exemple, jouent un rôle de premier plan dans la promotion de la coopération éducative transfrontalière . Qu’il s’agisse d’échanges scolaires, d’assistance dans la langue maternelle ou de stages professionnels dans une région voisine, tous ces projets seraient voués à l’échec s’ils n’étaient pas portés par des enseignants engagés . C’est la raison pour laquelle se tient, une fois par an, un colloque pour les enseignants des écoles à profil eurégional ou une journée du réseau germano-néerlandais spécialement destinés aux enseignants des écoles professionnelles . Un soutien est également apporté à des formules consistant en une participation à des cours de néerlandais ou de français pour enseignants .

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Éducation et formation tout au long de la vie

Découvrir activement les langues voisinesCours de néerlandais pour les enseignants des classes primaires

Faire découvrir aux enfants la langue voisine suscite l’intérêt de nombreux parents et de nombreuses écoles . Cependant, force est de constater une pénurie de personnel ayant une connais-sance suffisante du néerlandais ou du français . Dans ce contexte, l’Association intercommunale de la région d’Aix-la-Cha-pelle, grâce au soutien du gouvernement du district de Cologne et de la « Talenacademie Nederland », est en mesure d’organiser, à la demande de personnes intéressées, des cours dans la langue voisine ou d’allouer un soutien financier pour participer à ces cours . Ceci permet aux enseignants de proposer au moins des groupes de travail pour les langues cibles respectives .

Compte tenu de l’emplacement de l’école primaire Schönblick Heimbach dans la région bordant les frontalières belges et néerlandaises, nous nous sentons, ne serait-ce que géographi-quement, liés à l’Euregio Meuse-Rhin . Nous avons rapidement fait le constat, également, de la relative absence de projets, de points de contact ou d’interlocuteurs au-delà des frontières proches .

Nous étions depuis de nombreuses années en contact avec une école néerlandaise dans la petite ville de Sluis, non loin de la côte de la mer du Nord dans la province de Zélande . Nos échanges se heurtaient cependant à la méconnaissance de la langue néerlandaise de notre personnel . Mais les choses allaient changer .

Au cours des années 2011 et 2012, le gouvernement du district de Cologne a proposé aux collègues intéressés d’Aix-la-Chapelle des formations continues intitulées : « Le néerlandais comme langue de rencontre » . Dans le cadre d’une formation très complète, j’ai acquis des connaissances de base de la langue néerlandaise (Niveau A2) et de la didactique de l’enseignement de la langue voisine en école primaire .

Joachim DunkelDirecteur de l’école Heimbach/Schönblick

Les jalons pour faire découvrir aux élèves de l’école primaire Schönblick la langue voisine, le néerlandais, étaient posés . Chansons, poèmes, dialogues, histoires axées sur le mouvement et aspects culturels, les thèmes des programmes scolaires sont désormais proposés à hauteur d’enfant .

Notre expérience : le néerlandais comme langue de rencontre contribue …

¢¢ à l’entente pacifique avec les voisins

¢¢ à la coopération économique au sein de l’Euregio Meuse-Rhin (Allemagne, Belgique, Pays-Bas)

¢¢ aux relations de bon voisinage et aux relations familiales dans la zone frontalière

¢¢ au partenariat entre l’école primaire Nieuwe van Dale (Sluis) et l’école primaire Schönblick

¢¢ au partenariat entre l’école primaire De Meridaan (Simpelveld) et l’école primaire Schönblick

Pérenniser le profil eurégional de l’école exige de l’enthou-siasme, du temps et de l’argent . Conditions sine qua non pour que ce projet digne d’intérêt puisse continuer à recevoir le soutien nécessaire de la part du personnel et des parents .

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Développer l'enseignement eurégional Théorie et pratique mêlées lors de la conférence annuelle des écoles à profil eurégional

« Vivre le voisinage », c’est ainsi que je qualifierais les activités eurégionales de notre école . En tant que directrice d’une école secondaire dans la région d’Aix-la-Chapelle, en tant qu’« enfant d’Aix-la-Chapelle » ayant des liens familiaux en Belgique et aux Pays-Bas et dernier élément, mais non des moindres, en tant qu’enseignante de langues étrangères, j’ai été ravie de participer à l’implantation et à la mise en œuvre du profil eurégional au sein de notre école . Ce projet m’a permis de rencontrer de nouvelles personnes, de voir un peu plus loin que le bout de mon nez et de me questionner sur mon travail .

Impliquée dès les premières heures dans l’élaboration du programme, devenir membre de la Commission Trinationale de Certification en 2015, en charge de la certification des nouvelles écoles à profil eurégional, relevait à mes yeux de l’évidence . Il a été décidé très tôt d’organiser au moins un événement par an ouvert à tous les enseignants d’écoles à profil eurégional, qui leur permettrait d’échanger des idées . La première édition du « Colloque annuel », en 2014, a été un grand succès . Elle a connu un large retentissement et a suscité de nombreux retours positifs . Depuis, la manifestation se tient chaque année et est ouverte à toutes les écoles intéressées par les formats d’ensei-gnement eurégionaux . Elle est conçue, avant tout, comme occasion de formation continue et d’échanges professionnels . Toutefois, on demande également aux écoles, dans ce cadre, de revoir les conditions structurelles du profil eurégional, d’en discuter entre elles et, le cas échéant, de les adapter .

Le colloque annuel pour les enseignants marie des éléments théoriques et pratiques . Rendez-vous incontournable du colloque : la conférence thématique scientifique sur un sujet d’actualité . Des ateliers présentant des exemples pratiques pour l’enseigne-ment eurégional parachèvent l’ensemble . En 2017, le colloque annuel a été conçu en coopération avec Nuffic, l’Organisation

Elke CornetzSeconde vice-rectrice d’école secondaire et conseillère d’orientation, école secondaire Patternhof, Eschweiler

pour l’internationalisation de l’éducation basée à La Haye et partenaire du Ministère néerlandais de l’éducation, de la recherche et des sciences .

Aujourd’hui, cinq ans après le lancement du programme des écoles à profil eurégional, le « Colloque annuel des écoles à profil eurégional de l’Euregio Meuse-Rhin » s’est hissé au rang d’événement incontournable ! Et je ne peux que dire : j’attends avec impatience d’autres rencontres et échanges avec mes homologues !

Conférence annuelle des écoles à profil eurégional

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Éducation et formation tout au long de la vie

Bien organiser, bien accompagnerThème de l' « Exploration des secteurs professionnels » lors de la journée de formation professionnelle germano- néerlandaise

S’orienter professionnellement et se spécialiser relève pour les jeunes d’une gageure . La situation géographique particulière de la région frontalière Euregio Meuse-Rhin regorge de possibilités insoupçonnées pour les élèves possédant des connaissances de base de la langue voisine . Explorations sur le terrain, visites d’entreprises et stages professionnels, bien organisés et accompagnés par les enseignants et les entreprises, sont des démarches cruciales . Comment y parvenir à l’échelle transfronta-lière ?

Ces questions et bien d’autres étaient à l’ordre du jour, sous différentes formes, du premier colloque germano-néerlandais « Orientation professionnelle chez nos voisins – opportunités le long de la frontière germano-néerlandaise » qui s’est tenu en 2018 à l’abbaye Rolduc à Kerkrade . A l’issue de la table ronde, qui a réuni l’Ambassadeur des Pays-Bas en Allemagne, la Région Limbourg Sud et la Région d’Aix-la-Chapelle, de nombreux enseignants, des représentants d’entreprises eurégionales et autres acteurs du paysage éducatif ont échangé leurs idées et expériences .

Dans le cadre du « World Café » bilingue, j’ai animé, en tant qu’ancienne professeure d’Allemand langue étrangère aux Pays-Bas, les débats sur le thème « Comment organiser des recherches professionnelles sur le terrain à l’échelle transfronta-lière » ? En fonction de la branche considérée et de l’âge des élèves, il existe différentes approches en Allemagne et aux Pays-Bas .

Pour que les stages d’étude en entreprises transfrontaliers, les journées d’essai et les visites d’entreprises soient une réussite, différents facteurs sont à l’œuvre . Parmi eux, citons notamment :

¢¢ une définition en temps utile du créneau temporel de l’activité

¢¢ un consensus sur la convention d’objectifs et la forme de l’évaluation

¢¢ une préparation et un suivi impliquant largement les enseig-nants, les élèves et les entreprises du pays voisin

¢¢ une élaboration conjointe de concepts didactiques interactifs pour l’activité

¢¢ du personnel plurilingue sur place pour accompagner le stagiaire et assurer le contact entre l’établissement d’enseig-nement et l’entreprise

¢¢ dans la mesure du possible, une mise en œuvre structurelle des deux côtés de la frontière et une perspective claire pour les élèves

Une fois ces conclusions compilées au sein de mon groupe de travail, nous avons eu le temps, en fin de journée, pour réseauter et approfondir les sujets abordés autour de petits fours typique-ment néerlandais .

Le colloque germano-néerlandais s’est déroulé dans le cadre d’une coopération entre le Bureau de l’Éducation de la Région d’Aix-la-Chapelle et la Province de Limbourg / Stichting Voort-gezet Onderwijs Parkstad Limburg .

Anna DinseEnseignante d’Allemand Langue Étrangère aux Pays-Bas et gérante de projets au sein de l’équipe « Education » de l’Association intercommunale de la région d’Aix-la-Chapelle

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La remise du prix Charlemagne à Aix-la-Chapelle

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Chez nous en Europe

LABO-RATOIRE D'IDÉES

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Le multilinguisme dans les régions transfrontalières Réflexion sur le multilinguisme, Prof . Dr Sabine Ehrhart

Est-ce que les personnes qui vivent à proximité de frontières ont une facilité pour les franchir voire même, une capacité innée à le faire ?

A la lueur d’exemples concrets et de différentes constellations de frontières en Europe ou dans le monde, il n’est finalement pas si aisé de répondre par l’affirmative à cette question . Tout comme les compétences de traduction ne sont pas innées chez les personnes bilingues ou pluri-lingues, mais nécessitent, au contraire, un solide entraînement, la « compétence frontalière » exige également une certaine pratique et des efforts à la fois pour fonctionner et pour demeurer active . Un poème chinois dit : « Ils entendaient les coqs, dans les fermes, chanter de l’autre côté de la rivière, mais ne réussissaient pas à aller vers les autres pour les rencontrer » . La proximité géographique n’est pas nécessairement synonyme de contact intensif .

Une constatation s’impose : toute frontière rend palpables les notions de distance et de proximité . La frontière, d’une part, incarne un frein à la mobilité, qu’il soit d’ordre politique, linguis-tique, culturel, social ou économique . D’autre part, cette diffé-rence, précisément, exerce une forme d’attirance, incitant à

s’approcher de la frontière, à y trouver ses marques et à la dépasser pour découvrir cet « au-delà inconnu » .

Le sociologue Henri Lefebvre fait une distinction entre les frontières accueillantes et les frontières hostiles ; les premières invitent à les franchir, les secondes freinent cet élan, voire l’annihilent . Un groupe de recherche pluridisciplinaire de l’Université de Francfort-sur-l’Oder subdivise le concept de frontière en trois sous-catégories, qu’il qualifie par les termes anglais de border, boundary and margin . Border, c’est la frontière quasiment infranchissable, boundary, c’est la frontière qui permet un passage pour peu qu’on l’on mobilise des forces à cet effet, et margin incarne in fine une forme de transformation des espaces périphériques en centre névralgique d’une nouvelle unité spatiale . C’est un phénomène que l’on peut observer dans certaines régions frontalières d’Europe, par exemple dans la vallée du Rhin qui longe l’Allemagne, la France et la Suisse, dans la grande région dans laquelle je vis et je travaille avec le Luxembourg, la Belgique, l’Allemagne et la France et dans la région Aix-la-Chapelle – Liège – Maastricht avec l’Allemagne, la Belgique et les Pays-Bas, qui vous est peut-être plus familière . Ici,

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Pâtisserie à Hasselt

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la volonté des citoyens et les efforts déployés par les institutions transnationales ont contribué au sentiment de proximité des habitants de part et d’autre des frontières : ils se sentent proches de deux voire de plusieurs pays et développent des initiatives communes dans divers domaines . Les domaines concernés sont divers et variés : les transports, la vie culturelle, l’éducation ou les soins médicaux .

« Ils ont partagé l’Afrique sans nous consulter! », comme le formulent les paroles d’une chanson de reggae . Par analogie, on pourrait transposer ces propos à l’Europe, car les frontières politiques nationales scindent parfois des territoires pourtant contigus, leur attribuant à chacun une langue et une culture différente . Ces plaies peuvent être pansées grâce au rapproche-ment opéré dans le cadre de grandes fédérations transfronta-lières, qui s’attachent à réunir pacifiquement, sans esprit guerrier revanchard, ce qui mérite, au moins idéalement, d’être réuni .

Toutefois, comment faire pour communiquer avec mon voisin si des siècles de séparation ou d’éloignement d’ordre politique ont fini par creuser un fossé linguistique et technique ? Les sociétés préhistoriques traditionnelles telles que celles que j’ai décou-vertes dans le cadre de mes études dans le Pacifique Sud n’ont bien souvent pas de zones linguistiques clairement délimitées . Elles forment plutôt une chaîne continue de maillons linguis-tiques, où chacun comprend ses voisins, cette compréhension diminuant progressivement à mesure qu’il s’éloigne de sa propre zone linguistique . Souvent, on parvient à se comprendre sans être en mesure de parler activement la langue de l’autre, et les gens passent leur vie entière à essayer de développer leurs compétences multilingues par le contact humain, sans que cet apprentissage se fasse nécessairement dans un cadre institu-tionnel comme l’école . Le rôle des médiateurs linguistiques, des dénommés ambassadeurs, est tout aussi important, dans ce cadre, que celui des traducteurs et des interprètes chez nous .

Il est tout à fait possible que des conditions similaires aient régné en Europe avant la formation des États-nations . Je ne plaide pas pour une abolition à marche forcée des frontières, mais pour une réactivation des stratégies de communication qui étaient efficaces par le passé entre nos langues et nos communautés linguistiques . Aller dans ce sens, c’est permettre un rapproche-ment des mentalités, de part et d’autre des frontières, et renfor-cer le développement du multi-linguisme dans la région .

Lors d’un colloque sur les études romanes, qui s’est récemment tenu en Sarre, nous nous sommes demandé si la notion de didactique des langues étrangères était appropriée dans les régions frontalières . Nous étions parvenus à la conclusion suivante :

« D’un côté, les questions cruciales sur l’avenir de notre monde globalisé s’articulent autour du concept de frontière, de sorte qu’il est important non seulement pour les régions frontalières, mais aussi pour les pays entiers qu’elles délimitent . D’un autre côté, toute didactique d’apprentissage d’une nouvelle langue qui se veut pragmatique devrait bannir cette référence à un quel-conque caractère « étranger » : l’expression « langue étrangère » peut être trompeuse dans certaines situations d’apprentissage voire même créer des barrières psychologiques qui n’auraient pas eu lieu d’être .

Ce qu’il convient de mettre en place, c’est une didactique des frontières s’étendant à d’autres secteurs plus éloignés des frontières et non pas nécessairement une didactique des langues « étrangères » pour toutes les langues que nous n’avons pas apprises dès notre plus jeune âge . »

Cette approche se reflète également dans des publications récentes en sociologie et en recherches sur l’interculturalité et les migrations : elles soulignent l’existence, parallèlement aux frontières politiques existantes, d’un processus dynamique et perpétuel d’érection et de démantèlement de frontières dans l’esprit des gens, celles-ci ne coïncidant pas nécessairement avec frontières cartographiques .

Prof. Dr. Sabine EhrhartFaculté de linguistique et de littérature, des sciences humaines, des arts et des sciences de l’éducation à l’Université de Luxembourg

Pâtisserie à Hasselt

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La langue du voisinRencontre entre l'Euregio Meuse-Rhin et la région germano- danoise Sønderjylland-Schleswig

La culture et la langue jouent un grand rôle pour la région germano-danoise Sønderjylland-Schleswig, fondée en 1997 . Le rêve : que tout le monde dans la région frontalière puisse parler et comprendre l’allemand et le danois ; la réalité : nous avons encore recours à des interprètes . Au cours des 20 dernières années, de nombreux projets transfrontaliers ont été financés pour inciter les enfants, les jeunes et les adultes à apprendre la langue voisine . L’un des grands défis, c’est de nuancer cette idée largement répandue que la langue du voisin n’est pas aussi importante que l’anglais pour pouvoir communi-quer .

La conférence des enseignants « Les langues voisines dans la pratique » sur le thème « Didactique des langues étrangères en régions frontalières » a suscité divers questionnements : en quoi l’enseignement des langues voisines diffèret-il de l’enseignement des langues étrangères ? Comment intégrer la notion de proximité du pays voisin dans les cours ? La conférence « Une identité transfrontalière est-elle possible ? » et la présentation de supports pédagogiques trilingues (F, D, NL), élaborés dans le cadre du projet INTERREG-IV-A Linguacluster pour l’Euregio Meuse-Rhin, ont suscité un vif intérêt de la part des participants . Ces supports simples et flexibles sensibilisent les enfants à la langue et à la culture du pays voisin d’une manière ludique .

Un projet de maternelle, initié par les jardins d’enfants ADS dans le Land du Schleswig-Holstein, encourage la découverte précoce de la langue voisine . La région Sønderjylland-Schleswig a élaboré ce projet à l’échelle transfrontalière germano-danoise . Le personnage danois de bande dessinée « Rasmus Klump » alias « Petzi » désinhibe de manière ludique la parole chez les enfants et les pédagogues .

La « Conférence sur les langues voisines » de mai 2018 avait pour thème central la promotion de l’allemand et du danois en tant que langues voisines . Il en est ressorti qu’une rencontre authentique, c’est-à-dire directe avec les langues ainsi que des documents pertinents, à jour et comparatifs conduisaient au succès . Ces conclusions alimenteront une nouvelle stratégie linguistique . Autre élément important : l’échange intensif de projets de bonnes pratiques avec d’autres régions frontalières européennes .

Region Sønderjylland-Schleswig: www.region.de .

Supports pédagogiques germano-danois : www.kulturakademi.de .

Anne-Mette OlsenCoordonnatrice d’équipe du bureau régional de la culture et du centre d’informations, Padborg, Danemark

Jardin japonais à Hasselt

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Visionen

Découverte d’une rangée de maisons à Hasselt

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Les régions frontalières – Là où l'avenir de l' Europe est une réalité vécue Bastian Kenn, European Democracy Lab – dirigé par Ulrike Guérot, auteure du livre « Pourquoi l’Europe doit devenir une République ! Une Utopie politique » (2016)

Plus d’un tiers des citoyens européens vivent et travaillent dans des régions européennes frontalières . La première région frontalière officielle, l’EUREGIO, bercée entre le Münsterland, le sud-ouest de la Basse-Saxe et l’est des Pays-Bas, a été fondée en 1958 . Aujour-d’hui, il n’existe aucune région frontalière au sein de l’UE dans laquelle les administrations locales et régionales, de part et d’autre de la frontière, ne coopèrent pas d’une manière ou d’une autre . Les anciennes lignes de front se muent en zones de contact .

Toutefois, ces régions ne doivent pas leur succès à une simple intégration économique, mais à une réinvention de l’héritage politique européen . On assiste à l’émergence, au-delà des frontières nationales, d’une Europe horizontale, en réseau et décentralisée, une intégration européenne palpable . Pour replacer ce phénomène dans son contexte global, il convient de rappeler brièvement le passé des régions européennes .

La meilleure approche, c’est de réfléchir à ce qu’est l’Europe, ou plutôt à ce qu’elle a été . Un tel regard sur l’histoire européenne s’avère on ne peut plus instructif et permet d’opérer un change-ment de perspective plaisant . L’État-nation est souvent salué

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comme seule constante dans un monde en pleine mutation ; sorte d’espace-refuge, permettant depuis des siècles et des siècles de donner à ses citoyens, à travers toute l’Europe, identité et sécurité .

Cependant, l’État-nation est une construction relativement récente de l’imagination humaine . L’idée n’est pas ancienne, et sa traduction organique l’est encore moins . Prenons la France pour exemple : que de sang versé, de cultures et de dialectes opprimés pour diffuser et imposer une langue officielle par le biais d’une politique éducative ciblée avant que l’État ne devienne ce qu’il est au-jourd’hui . Si nous montions à bord d’une machine à remonter le temps, qui nous conduirait à tour de rôle dans le Marseille et le Lille du XVe siècle, nous verrions par nous-mêmes à quel point ces villes pourtant toutes deux, aujourd’hui, situées dans le même territoire étatique français, avaient peu de points communs . Ils ne parlaient pas la même langue, ne mangeaient pas la même chose, ne partageaient pas la même culture politique . L’Europe a toujours été un patchwork de régions et de villes libres : de Trieste à Venise, de Rotterdam à Augsbourg, de Hambourg à Dantzig, de Vienne à

Le Laboratoire européen de la démocratie en coopération avec diverses universités européennes, mène un vaste projet de recherche sur le rôle et le fonctionnement actuels et futurs des parlements régionaux au sein de l’UE . Plus d’informations sur www .regioparl .eu .

Bastian Kenn et Ulrike Guérot, European Democracy Lab

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Budapest, de Cordoue à Bordeaux, d’Edimbourg à Luxembourg et de Prague à Pise, situées au cœur de régions culturelles sécu-laires comme la Bohême et la Moravie, la Savoie et le Brabant, la Bourgogne et la Silésie, la Bavière et l’Emilie Romagne, la Wallonie et l’Occitanie, l’Auvergne, l’Andalousie ou la Galice . Ces régions, déjà à l’époque, traversaient les frontières nationales perçues aujourd’hui comme évidentes . A l’époque, il n’était donc pas question de parler de coopération transfrontalière . Par ailleurs, une étude menée par l’Institut de démoscopie d’Allensbach révèle que la région est citée bien plus fréquemment que la nation lorsque l’on demande aux citoyens de situer leur domicile .

Sur la base de ces conclusions, permettez-nous de formuler une utopie : pour sortir des multiples crises que traverse l’Europe, recentrons-nous sur le passé européen et imaginons une Europe durable, gérée administrativement par les régions et les villes, dans l’esprit d’un nouveau système politique décentralisé . Ceci nous permettrait de prévenir les velléités de concurrence et d’hégémonie qui refont régulièrement surface dans l’Europe des États-nations . En effet, dans une constellation où se côtoieraient des régions de taille à peu près identique et fortement interdé-pendantes – les sciences politiques emploient le terme de « level-playing field » – chapeautées par un cadre juridique commun garantissant l’égalité de tous les citoyens, les décisions pourraient être prises dans une approche plus collaborative . Les grandes décisions à prendre en matière de réchauffement climatique, de politique étrangère et de sécurité, de justice ou de politique économique seraient prises au niveau européen . Dans le même temps, les institutions régionales et communales disposeraient d’une marge de manœuvre suffisante pour traiter les questions politiques touchant directement les populations locales . Voici à quoi cela pourrait ressembler une République européenne de régions et de villes .

Une telle restructuration, voyant l’émergence d’un réseau de provinces et de métropoles autonomes reliées entre elles par une infrastructure européenne uniforme et un fédéralisme fiscal à définir, serait de nature à contrer efficacement les crises européennes complexes . La notion de subsidiarité recouvrirait alors un sens différent de celui qui lui est attribué aujour-d’hui : les instances régionales deviendraient des acteurs à part entière, veillant à ce que la politique intervienne à un échelon qui permette de maximiser les résultats tout en mobilisant efficace-ment les ressources . Aujourd’hui, la coopération entre les régions frontalières européennes, au quotidien, en apporte la preuve éclatante . Ces instances sont en mesure d’améliorer la situation de leurs concitoyens précisément parce qu’elles

agissent main dans la main au niveau régional et local et de façon indépendante de la politique nationale .

La coopération et la mise en œuvre renforcées de politiques au niveau régional s’inscrivent dans le sillage d’une tendance mondiale qui ne se limite pas à l’UE ; partout dans le monde, on assiste à un mouvement d’intégration transnationale d’une part et de décentralisation interne d’autre part, que résume à merveille le terme de « glocalisation » .

Voici par exemple où ce voyage pourrait nous mener . C’est quelque chose d’important, car sans vision, bon nombre d’objectifs sont souvent difficiles à atteindre . L’instauration d’une monnaie commune relevait naguère d’une telle vision . Qualifiée au départ d’utopie suscitant les moqueries, la monnaie unique est entrée dans notre quotidien à tel point qu’il nous paraît aujourd’hui impensable de devoir passer par la case « change » lors d’un voyage ou d’un rendez-vous d’affaires à Amsterdam, Rome ou Lisbonne .

Dès lors, comment nous rapprocher un peu plus près de cette vision et quelles sont les mesures concrètes à prendre pour tirer parti du potentiel inexploité des régions frontalières européennes et renforcer ainsi leur rôle pionnier dans l’intégration européenne ? Les enquêtes menées par la Commission européenne révèlent que deux obstacles majeurs subsistent dans l’esprit des citoyens : premièrement, les différences linguistiques qui empêchent les gens de profiter des nombreuses possibilités qui s’offrent à eux de l’autre côté de la frontière . Pourquoi, par exemple, ne propo-ser comme seconde langue étrangère que le français et le latin à des élèves scolarisés à la frontière germano-polonaise ? Pourquoi ne pas leur proposer le polonais ? Pourquoi en Basse-Saxe, seules 78 écoles proposentelles le néerlandais comme langue étrangère ? L’Euregio Meuse-Rhin, avec son réseau d’écoles à profil eurorégional, intégrant dans leur programme scolaire les particularités linguistiques et culturelles de la région frontalière, fournit pour sa part un exemple positif . Adapter l’acquisition de la langue et les échanges scolaires aux conditions locales, de part et d’autre de la frontière, comme c’est le cas dans cette région, est une étape importante .

Un autre obstacle réside dans les différences socio-économiques et juridiques ou administratives entre les États . Des différences qui pourraient être aplanies dans le cas d’une restructuration telle que celle décrite plus haut . Heureusement, les nombreuses associations de coopération intercommunale, les groupes de travail et alliances qui se forment à l’échelle transfrontalière contribuent déjà de manière significative à les réduire .

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Le Kruisherenhotel à Maastricht, ancien couvent

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CHEZ NOUS EN EUROPE

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L'Euregio Meuse-Rhin comme laboratoire pour l'avenir„…the unity of the Community in the world is essential to the prosperity and wellbeing of European people, including British people.”EUROPE, more than a Continent, by Sir Michael Butler, London 1986.

J’écris ces quelques lignes entre Bonn, Bruxelles, Athènes et Londres, échangeant des idées avec des amis grecs, allemands, français et anglais . Des débats polémiques, mais toujours constructifs, sur la question qui occupe actuellement tous les esprits : Le navire européen est-il au bord du naufrage ou est-il possible de redresser la barre ? Dans cette dernière hypothèse, comment pouvons-nous y contribuer ?

J’ai la sensation que ma participation au DIALOG’93, en tant que représentant de la Commission européenne à Leipzig, date d’hier . Cet échange d’informations de cinq jours sur le thème de

« Vivre et travailler dans une économie de marché » portait sur une réorientation de l’Est en vue d’une future voie européenne commune . « Nous », nouveaux citoyens européens, enfants des traités de Maastricht avec nos nouveaux passeports de couleur bordeaux, au sein du marché unique européen qui venait de voir le jour, rêvions d’une nouvelle réalité européenne de la solidarité et de la paix, sans disparités et sans craintes . Aujourd’hui, 25 ans plus tard, la famille européenne s’est élargie à 28 membres – quoique les Britanniques soient sur le point de nous quitter et de naviguer à vue vers un avenir incertain .

Le marché intérieur européen « unique » avec dix (!) monnaies différentes occupe la première position économique dans le monde globalisé . Toutefois, les institutions de l’UE se sont révélées incapables de faire face à ses effets asymétriques, ce qui a conduit aux disparités socio-économiques auxquelles nous sommes confrontés aujourd’hui . Dans ce contexte, il n’est guère surprenant que de nombreux partis politiques nationaux et une grande partie des médias s’en-gouffrent dans la brèche, remettant en cause la représentativité et l’efficacité des institu-tions européennes .

Petit échange, échange à petite échelle

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Par ailleurs, compte tenu du nombre incalculable de partis politiques à l’échelle nationale, plus de 200, contre huit groupes politiques au Parlement européen (751 députés pour 510 millions de citoyens) – instaurer ce « sentiment d’unité » qui préside l’idée européenne apparaît comme une véritable tâche de Sisyphe .

Et pourtant ! C’est à l’aune de cette conscience européenne, de cet instant d’émotion que se mesurera le succès ou l’échec du projet européen . Car l’Europe, c’est bien plus que l’UE, c’est une diversité de cultures, de langues et de mentalités, que nous devons considérer comme un atout unique .

Mais comment faire pour renforcer, au sein de cet espace de sécurité juridique, nos valeurs communes de paix et de démo-cratie, de libre épanouissement, de multilinguisme et de diversité culturelle ? Et comment nous prémunir contre tous les xéno-phobes qui rêvent d’un rétablissement des frontières et d’isola-tionnisme ?

Toutes les grandes conquêtes des 60 dernières années ont été réalisées par une communauté d’États aux multiples facettes fédérant en son sein 24 langues, trois alphabets et plus de 70 langues vivantes régionales ou minoritaires .

On prête à Jean Monnet, l’un des pères fondateurs de la Communauté européenne, les propos suivants concernant sa fondation : « Si c’était à refaire, je commencerais par la culture » . « Le ciment le plus fort de l’Union sera toujours la culture et le savoir », soulignait bien des années plus tard le Président français Emmanuel Macron devant un parvis d’étudiants à l’Université de la Sorbonne à Paris, plaidant pour la création d’universités européennes .

L’Euregio Meuse-Rhin est une initiative exemplaire en matière de culture et d’éducation . Trois pays et cinq régions partenaires fédérant différentes langues et cultures coopèrent en son sein

Chez nous en Europe

depuis plus de 50 ans . Ce projet permet d’élaborer des perspec-tives communes pour les habitants de cette région frontalière . Un véritable petit laboratoire européen concret !

L’UE dans son ensemble, en tant qu’entité hétérogène, est en revanche perçue bien souvent comme un paysage brumeux aux contours flous . Pourtant, ses objectifs, basés sur des valeurs, sont clairement définis . Les valeurs universelles énoncées dans le préambule du traité de Lisbonne, adopté sous la forme d’un catalogue des droits fondamentaux par les 27 États membres de l’époque, fixent l’orientation concrète de l’UE . Cet inventaire de valeurs donne un cap clair et peut contribuer à une meilleure compréhension de la structure européenne . Ces valeurs sont le socle de la coopération européenne voire de toute coopération au sens large .

Il ne faut pas considérer cependant la compréhension mutuelle, la sensibilisation aux langues voisines et la compétence intercultu-relle comme des acquis . Nous avons bien conscience que ni les espaces, ni les identités ne doivent être appréhendés comme des réalités intangibles, mais comme des processus sociaux dynamiques . Il en va de même pour l’Euregio Meuse-Rhin .

C’est de tels processus que témoigne le présent ouvrage . La pérennité et leur complexité des projets et activités présentés témoignent d’un remarquable « sentiment de communauté » et d’une réelle volonté de convergence . Les écoles à profil eurégio-nal, dont la vocation est de sensibiliser les enfants, dès leur plus jeune âge, aux langues et aux cultures des pays voisins sont l’exemple topique d’une coopération transfrontalière réussie, que je ne manque de citer régulièrement lors des séminaires sur « l’intégration européenne » que je dispense à l’Université de Bonn . Jean Monnet, sans conteste, aurait été ravi de voir cette évolution !

Dr. Theodoros KallianosProfesseur invité pour l’intégration européenne à l’Université de Bonn Ancien conseiller de la Commission européenne dans le cadre de la politique régionale

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Consolider les coopérationsDésirs et visions en matière de coopération transfrontalière dans le domaine de l’éducationCet ouvrage est un recueil des succès que nous, l’équipe « Education » de l’Association inter-communale d’Aix-la-Chapelle, avons réussi à remporter en collaboration avec de nombreux partenaires eurégionaux. Toutefois, nous ne considérons jamais rien comme acquis. Au contraire, ces succès nous incitent à déployer à plus grande échelle encore les coopérations et les projets. Nous allons développer sommairement, dans ce qui suit, quatre visions sur la forme que pourrait prendre la coopération éducative transfrontalière dans l’Euregio Meuse-Rhin (EMR) à l’avenir et sur les projets qui seraient de nature à compléter utilement ce que nous avons déjà accompli :

1. Centre d'expertise eurégionale pour les langues et les cultures voisines La création d’un centre commun pour la progression des projets éducatifs permettrait aux partenaires eurégionaux de coopérer encore plus efficacement . Ce centre pourrait devenir un pôle de connaissances et de compétences sur le multilinguisme et l’inter-culturalité au sein de l’EMR, pourrait servir de centre d’information et de conseil pour les pouvoirs publics compétents et les établisse-ments d’enseignement, pourrait établir et entretenir des contacts avec les instances internationales/nationales et régionales compé-tentes, pourrait initier, superviser et mettre en œuvre des recherches scientifiques sur des projets transfrontaliers d’éducation et d’éducation interculturelle . Une mesure concrète pour le centre d’expertise pourrait être de mettre en réseau les centres de langues des quatre universités de l’Euregio Meuse-Rhin (à Liège, Hasselt, Maastricht et Aix-la-Chapelle) . Ainsi, les élèves étudiants pourraient être encouragés à apprendre les langues voisines afin de les proposer par la suite dans le cadre des heures normales de cours ou sous la forme de groupes de travail pour les élèves .

2. Étroite coopération avec d'autres eurorégionsNous portons un intérêt tout particulier à une étroite coopération avec d’autres eurorégions . Ceci vaut en particulier pour les euroré-gions situées le long de la frontière entre la Rhénanie-du-Nord-Westphalie et les Pays-Bas ainsi que la région Saarl-Lor-Lux limitrophe au sud, mais aussi pour toutes les autres régions frontalières au sein de l’Union européenne et leurs frontières . Nous souhaitons, par le biais d’échanges lors de conférences et de réunions de travail communes, créer des synergies et nous inspirer mutuellement . Des échanges entre régions d’Europe, sur les projets transfrontaliers réussis . Une transposition du programme des écoles à profil eurégional dans d’autres régions frontalières, déjà envisagée dans certaines eurorégions le long de la frontière germano-néerlan-daise, serait une réussite particulière .

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3. Pérenniser les effets des projets INTERREGOrganiser et initier des projets avec des fonds INTERREG est indispensable pour la coopération transfrontalière . Mais pérenniser les effets de ces projets relève souvent du défi . Il faut non seulement des sources de financement, mais aussi des collaborateurs aptes à organiser des modèles porteurs d’avenir pour les projets . Par conséquent, toute la période pendant laquelle se déroule un projet INTERREG est aussi une période où nous nous projetons dans l’avenir, où nous réfléchissons à « l’après » . En ce qui concerne le programme des écoles à profil eurégional, le Landtag de Rhénanie du Nord Westphalie a assuré, suite au succès des coopérations scolaires transfrontalières, que les financements allaient être reconduits . L’ancrage du programme comme un véritable cursus serait souhaitable, à l’image des écoles européennes . L’actuel projet INTERREG www .EUR .Friends vise un effet à long terme en instituant un pool d’entreprises eurégional auquel les écoles professionnelles auront accès même après la fin du projet . Les écoles peuvent solliciter des fonds Erasmus de manière indépendante et poursuivre le placement de stages eurégionaux grâce aux impulsions du projet www .EUR-Friends .

4. Extension des programmes éducatifsNos projets éducatifs sont axés sur les écoles . En effet, nous sommes convaincus que les jeunes doivent avoir à leur disposition des possibilités d’élargir leurs perspectives et d’accroître leur mobilité . C’est ainsi qu’émergent des projets individuels d’aller vivre, travail-ler, se former, étudier dans le pays voisin . . . – ou simplement la conviction individuelle que la frontière, loin d’être un mur infranchis-sable, est en réalité source d’opportunités et de diversité . Afin d’étendre nos projets éducatifs à d’autres tranches d’âge, nous souhai-terions renforcer l’implication des étudiants et des professionnels . On peut imaginer, par exemple, la mise en place d’une université d’été annuelle pour les jeunes professionnels travaillant dans les régions frontalières de l’Union européenne, ainsi que des formules de formation (continue) pour les adultes qui souhaitent franchir les frontières dans le cadre professionnel ou pendant leur temps libre . Il serait envisageable d’organiser, à cet effet, davantage de cours de langues ou de formations interculturelles en coopération avec des établissements de formation des adultes .

Nous pensons qu’à long terme, l’éducation contribuera à estomper l’effet de division des frontières au sein de l’Union européenne et en son pourtour . Quels projets et visions concrets peuvent être mis en œuvre ? Comment façonner des projets sur le long terme ? Comment renforcer l’éducation eurégionale ? Telles sont les questions sur lesquelles se penche quotidiennement l’équipe « Educa-tion » de l’Association intercommunale de la région d’Aix-la-Chapelle . Nous le faisons avec beaucoup de joie et d’engagement et surtout : nous le faisons pour les ha-bitants de la région d’Aix-la-Chapelle et de l’Euregio Meuse-Rhin .

L’équipe Éducation, Association intercommunale de la région Aix-la-Chapelle

Anna Dinse

Nicole De Bus

Vera Hark

Rolf Oebel

Mirto Valsamidou

Chez nous en Europe

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Dankeschön! Bedankt! Merci!Nous tenons à remercier toutes les personnes, dans notre région frontalière, qui travaillent sans relâche à la réalisation de projets éducatifs transfrontaliers . Ils sont tellement nombreux qu’il n’est pas possible de tous les citer nommément . Sans la collaboration de ces acteurs eurégionaux, les projets représen-tés dans le présent ouvrage n’auraient pas été possibles .

Nous remercions de tout cœur l’Union de la langue néerlandaise d’avoir soutenu financièrement l’impression du présent ouvrage . Nous souhaitons également remercier tous les auteurs pour leurs contributions gracieuses .

Nous tenons tout particulièrement à remercier les acteurs de la formation des cinq régions partenaires de l’Euregio Meuse-Rhin suivants :Toutes les directrices et directeurs d’école et coordonnateurs à profil eurégional des écoles à profil eurégional, ainsi que tous les coordonnateurs UE et enseignants actifs à l’échelle eurégionale des établissements d’enseignement professionnel pour leur grand engagement !Dr Beatrice Schmitz, conseillère au Ministère de l’Éducation du Land de Rhénanie du Nord WestphalieDr Werner Pfeil, député de Rhénanie du Nord Westphalie, pour son engagement sans faille dans le soutien des écoles à profil eurégionalDr Angelika Ivens, consule honoraire de France à Aix-la-Chapelle et directrice de l’Institut Français, pour son conseil et son soutien au renforcement de la langue française au sein de l’EMR Paul Palmen, proviseur, gouvernement de l’arrondissement de Cologne, pour son accompagnement et son soutien dans le cadre du projet LinguaclusterBoris Preuss, proviseur, gouvernement de l’arrondissement de Cologne, pour son soutien au programme de profil eurégionalHartmut Müller, proviseur, gouvernement de l’arrondissement de Cologne Christa Slooten, bureau européen économie et formation professionnelle, gouvernement de l’arrondissement de CologneUlrike Schwarz, ancienne directrice de l’inspection académique de Borken, projets germano-néerlandais, ministère de l’école et de la formation du Land de Rhénanie du Nord WestphalieMaria-Uta Cyprian, bureau de coordination des échanges scolaires germano-néerlandais de la région frontalière, gouvernement de l’arrondissement de Munster Les chefs d’établissements des régions d’Aix-la-Chapelle, avec Jürgen Rudig (région urbaine d’Aix-la-Chapelle), Christoph Esser (arrondissement de Heinsberg), auparavant Anna-Helene Lürken (arrondissement de Düren) Les bureaux de l’éducation de la région d’Aix-la-Chapelle, avec Dr Sascha Derichs (responsable du bureau pédagogique de la région urbaine d’Aix-la-Chapelle), Gabriele Röntgen (soutien au développement scolaire de la région urbaine d’Aix-la-Chapelle) et Ada-Sophia Luthe ainsi que Jonas Paul (bureau de coordination de la transition école- profession de la région urbaine d’Aix-la-Chapelle), Sybille Haußmann (bureau pédagogique de Düren), Ulrike Deußen (bureau pédagogique de Heinsberg), Sabine Sistig (bureau pédagogique d’Euskirchen)Gisela Warmke, Fondation citoyenne de la région d’Aix-la-Chapelle Petra von Jakubowski, inspectrice, surveillance technique des écoles primaires, région urbaine d’Aix-la-ChapelleBeatrix Wollgarten, inspectrice, surveillance technique des écoles primaires, région urbaine d’Aix-la-ChapelleJörg Funk, inspecteur, surveillance technique des écoles primaires, région urbaine d’Aix-la-ChapelleBurkhard Storbeck, ancien responsable de la section des langues étrangères à la Volkshochschule d’Aix-la-ChapelleWinfried Brömmel, responsable d’Europe Direct Aix-la-ChapellePia von Dorp, directrice du service du musée d’Aix-la-Chapelle Lara Langefort-Riepe, responsable du centre de médias eurégional d’Aix-la-Chapelle

Maria Keller, directrice d’école de la Katholische Grundschule PasstrasseUlrich Nellessen, directeur de l’école primaire Am Höfling, Aix-la-Chapelle Babette Lemmer, ancienne enseignante de l’école primaire Gut Kullen, Aix-la-Chapelle May Alikhtiar, Language Trainer, Volkshochschule d’Aix-la-Chapelle

Tous les collègues du projet Interreg IV-A « Linguacluster » : Astrid Hannes, responsable de projet, et Nathalie Thijs ainsi que Brenda Gysens et Liesbeth Huysman, collaboratrices de projet Steunpunt Onderwijs Provincie Limburg, HasseltProf. Willy Clijsters, coordinateur de projet et Prof. Martine Verjans, de l’Université Hasselt – Centrum voor Toegepaste Linguïstiek (CTL)Jehane Krings, coordonnatrice de projet et responsable, ainsi que les collaboratrices de projet Rita Fabeck, Isabelle Baldassare et Vanessa Marmignon, de la Maison des Langues à LiègeJaqueline Deprins, collaboratrice de projet, Féderation Wallonie-BruxellesFlorian Niehaus, collaborateur de projet et enseignant détaché du gouvernement de l’arrondissement de CologneRuud Halink, coordinateur de projet et gérant, ainsi que Derk Sassen et Guido Amkreutz, collaborateur de projet de la Stichting Talenacademie NederlandStephanie Palm, collaboratrice de projet, du Ministère de la communauté germanophoneCoen De Vocht, collaborateur de projet, de l’Open Universiteit NederlandGina Bet et Katty Dechateau, collaboratrices de projet, de Le Forem, LiègeJean-Paul Moreau, ancien professeur de français de l’école professionnelle HerzogenrathHubert Gronen, ancien conseiller de la Centrale allemande de l’enseignement à l’étranger, collaborateur de programme pour les écoles à profil eurégional entre 2013–2015 Monika Frohn et Karin Sterk, Office germano-néerlandais pour la jeunesse

Tous les collègues du projet Interreg V-A www.EUR.Friends :Gilles Huaux, chef de projet, et Jehane Krings, responsable, ainsi que le collaborateur de projet Olivier Schmit, Maison des Langues, LiègeMartine Verjans, coordinatrice de projet, et André Kött, collaborateur de projet, de l’Université de HasseltValéria Catalano, coordinatrice de projet, et les collaboratrices de projet Karen Reekmans et Astrid Hannes de la Haute École PXL, HasseltChristoph Großwardt et Witali Tschernych, société Regio iT Aix-la-ChapelleRita Fabeck et Stéphanie Palm, communauté germanophone de Belgique, EupenPeter van Engelshoven, ROC LeeuwenborghMarie Mawhin, Muriel Vervier et Marie Castronovo, HEC LiègeMark Pluymaekers, Zuyd Hogeschool, Heerlen

Nos partenaires eurégionaux :Karin Strauss, ambassadrice de la formation eurégionale de Limbourg, Pays-BasHellmuth Van Berlo, Senior Advisor Taalgebruik, Union de la langue néerlandaise, la Haye et BruxellesRiet Steffann, collaboratrice de projet sénior et coordinatrice du Kenniscentrum Buurtalen PO, Nuffic, La HayeWim Horsch, Beleidsadviseur College van Bestuur, Stichting Voortgezet Onderwijs, MaastrichtAd Jeusrissen, coordinateur schoolbestuur INNOVO, MaastrichtLeon Souren, collaborateur de projet « Kijken over de grens », MaastrichtLinda Wings, collaboratrice de projet Buurtaalen, province de Limbourg, Pays-Bas et société germano-néerlandaise d’Aix-la-Chapelle, Young ProfessionalsBianca Beckers, Lerarenopleiding, Sittard Hogeschool Fontys, Pays-BasPerrnelle van Loon, responsable orthophonie, Zuyd Hogeschool, Heerlen, Pays-BasRalf Knippenburg, professeur de néerlandais, centre de langues RWTH Aix-La-ChapelleJacqueline Gilbert, Action Langues Verviers, BelgiqueAgnès de Rivière, Maison des Langues, LiègeGaëlle Toulon, Maison des Langues, LiègePaul Nijs, Niveaucoördinator basisonderwijs Pedagogische Begeleiding Katholiek Onderwijs Vlaanderen, BelgiqueMarcel Stroumeyer, ancien directeur d’école de « Cäsar Frank Athenäum » – école primaire de Kelmis, BelgiqueJos Maas, ancien directeur Basischool Sint Martinus à Gronsveld aux Pays-Bas

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MENTIONS LÉGALES

Éditeur Region Aachen Zweckverband (Association intercommunale de la région d’Aix-la-Chapelle)Rotter Bruch 6, D-52068 Aix-la-Chapelle

+49 241 927 8721-14info@regionaachen .deResponsable au sens de la jurisprudence : Prof . Dr . Christiane Vaeßen

Idée, conception et coordination Mirto Valsamidou & Vera Hark, Équipe « Education » de l’Association intercommunale de la région d’Aix-la-Chapelle

Rédaction/relecture Ralf Schröder

Redaktionelle Mitarbeit Sarah Detemple

Crédits photographiques Marianne Langen, Aachen, MarianneLangen@gmx .de

Traduction Sylvia Zilly (Französisch/Deutsch), Dieter Maenner (Niederländisch/Deutsch)

Mise en page büro G29

Impression Imprimerie Erdtmann GbR, Herzogenrath

1re édition: 500 Exemplare

Tous droits réservés par l’éditeur de l’ouvrage . Toute exploitation à des fins commerciales est interdite . Toute reproduction requiert l’accord de l’éditeur .

Tout l’éventail de diversité de la coopération éducative transfrontalière dans l’Euregio Meuse-Rhin – réunie dans un seul ouvrage ! Découvrez les différents programmes visant à la promotion du multilinguisme et de la coopération interculturelle au-delà des frontières européennes .

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