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CHAPITRE VIM LES MAQUIS DE MENETOU Pendant ce temps Murât a~7sc à ses cotes le Team Jedburgh (Thomson (Cro-Marti) Bordes (Oxford ou Âllet) T/Vhite) est installé à Menetou. Ladet fait fonction d'In- tendant et Huguet (Choisy) de secrétaire. Sous ses ordres directs cinq sections d'une soixantaine d'hommes chacune. La 1ère section (Jacqueline) (gr. Sebastopol, Alsace, France) sur la route Vierzon-Bourges à l'Epinière. La I I o section (Masson) (gr. Bayeux, Bertin, Ile de France) sur la route G-ien - Bourges à Bois-Rogneux. La I I I o section Barbier (gr. Bir-Hakeim II, Lafayette, Bretagne) sur les routes Bourges - Sancerre et Bourges La Charité à Turly. La IV o section César (gr. Hubert -Arnaud, Croix de Lorraine et Roland Pavie) en liaison avec le capitaine Duret sur la route Bourges - Nevers. La V o section William (Lieutenant Willms) en reserve au Bois - Solivier avec les groupes Corrèze et Champagne (ce dernier assurera à Beaumont la garde du P.C.) Le groupe Paris formé au Bois Solivier le 25 Août (à l'occasion de .la Libération de la capitale) complétera cette section. De plus il a sous ses ordres les groupes de village de Men et ou-Sa Ion, de Saint Martin d'Auxigny et de Saint-Palais. Ce dernier agira pratiquement seul sous les ordres du maire du village Joseph Desmoulières qui fera de beaux combats au Pic Montaigu. Le groupe de Saint-Martin sera sans cesse en alerte et fera de de nombreuses embuscades. 21 Août 1944. L'après-midi les deux Capitaines parachutés et Murât se rendent à l'Epinière Ils visitent la première section et aperçoivent les convois qui sans arret pas- sent sur la route de Vierzon, ri est difficile de les attaquer. Pour le moment on note leurs passages. Dans la voiture sur laquelle est dressé un F.M. servi par les 2 gardes du corps de Murât Tarzan et Moustache, ils reviennent vers Fussy pour visiter la deuxième section. Ils arrivent après un beau combat de celle-ci en liaison avec les quelques hommes du groupe du village (ceux-ci sous le com- mandement de André ).

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C H A P I T R E V I M

L E S M A Q U I S DE M E N E T O U

Pendant ce temps Murât a~7sc à ses cotes le Team Jedburgh (Thomson (Cro-Marti)

Bordes (Oxford ou Âllet) T/Vhite) est installé à Menetou. Ladet fait fonction d'In-

tendant et Huguet (Choisy) de secrétaire.

Sous ses ordres directs cinq sections d'une soixantaine d'hommes chacune.

La 1ère section (Jacqueline) (gr. Sebastopol, Alsace, France) sur la route

Vierzon-Bourges à l 'Epinière.

La I I o section (Masson) (gr. Bayeux, Bertin, Ile de France) sur la route

G-ien - Bourges à Bois-Rogneux.

La I I I o section Barbier (gr. Bir-Hakeim I I , Lafayette, Bretagne) sur les

routes Bourges - Sancerre et Bourges La Charité à Turly.

La IV o section César (gr. Hubert -Arnaud, Croix de Lorraine et Roland Pavie)

en liaison avec le capitaine Duret sur la route Bourges - Nevers.

La V o section William (Lieutenant Willms) en reserve au Bois - Solivier avec

les groupes Corrèze et Champagne (ce dernier assurera à Beaumont la garde du P .C . )

Le groupe Paris formé au Bois Solivier le 25 Août (à l'occasion de .la Libération

de la capitale) complétera cette section.

De plus il a sous ses ordres les groupes de village de Men et ou-Sa Ion, de

Saint Martin d'Auxigny et de Saint-Palais. Ce dernier agira pratiquement seul

sous les ordres du maire du village Joseph Desmoulières qui fera de beaux combats

au Pic Montaigu. Le groupe de Saint-Martin sera sans cesse en alerte et fera de

de nombreuses embuscades.

21 Août 1944.

L'après-midi les deux Capitaines parachutés et Murât se rendent à l'Epinière

Ils visitent la première section et aperçoivent les convois qui sans arret pas-

sent sur la route de Vierzon, ri est difficile de les attaquer. Pour le moment on

note leurs passages. Dans la voiture sur laquelle est dressé un F.M. servi par

les 2 gardes du corps de Murât Tarzan et Moustache, ils reviennent vers Fussy

pour visiter la deuxième section. Ils arrivent après un beau combat de celle-ci

en liaison avec les quelques hommes du groupe du village (ceux-ci sous le com-

mandement de André ).

La section Massen s'était mise en embuscade sur la route Gien - Bourges. Le

groupe Bertin sur la gauche surveillait le carrefour des routes de Menetou et de

Gien. Le groupe Bayeux sur la droite surveillait la sortie du carrefour. Vers 14

heures un convoi allemand composé de quelques voitures légères et d'un autobus

vert de la T .C .R .P . passe» Les Maquisards tirent et attaquent superbement. Les

boches ripostent. Les voitures légères filent. L'autobus endommagé stoppe. Ses

occupants encore en vie s'enfuient. Certains d'entre eux sont tués. Deux sont

faits prisonniers. En tout douze boches hors de combat.

Les deux prisonniers sont embarqués vers le P .C . , là ils sont interrogés.

Ils seront pendus le lendemain par représailles pour la manière dont Moulins et

ses camarades ont été assassinés à Sens-Beaujeu.

Le soir le Commandant Colomb examine la situation avec Murât avant de rega-

gner son P.C. d'Ivoy. Menetou étant maintenant son P.C. avancé.

22 Août 1944 :

La matinée est passée à s'occuper de la IV o section, celle formée par les

maquis du Sancerrois-Nord. Les groupes éprouvés par 1 ' embiiscade de Sens-Beau jeu

sont réformés. Le commandement du groupe Croix de Lorraine est donné à Roby (un

gendarme qui était dans ce maquis l'adjoint et l'ami de Tartarin).Tandis que

César (Muffraggi) prenait solennellement le commandement de la section, Chabot

(Bernard Challe dont le père et le frère étaient déportés en Allemagne) prenait

à sa place le commandement du groupe "Roland Pavie".

Vers deux heures l 'E .M . Maquis apprit qu'une colonne allemande qui avait

été sérieusement étrillée par les F .T .P .F . et le groupe de village de St Palais

redescendait sur Bourges après avoir brulé deux maisons. Espérant arriver avant

eux à Fussy et pouvoir y faire une embuscade sérieuse, Murât groupa rapidement

une vingtaine d'hommes et" avec eux le Capitaine Oxford et le vSergent T/Vhite partit

rapidement en voiture vers le carrefour des routes de Bourges et Menetou. A pei-

ne descendaient-il s de voiture à l'entrée de Fussy que des coups de feu étaient

tirés sur eux. Les hommes furent ramenés vers une position plus convenable, tan-

dis que les chauffeurs conduisaient leurs voitures sur la route de Menetou. Pen-

dant une demi-heure des rafales de F.M. furent échangées avec les boches qu'on

voyait manoeuvrer distinctement. Puis estimant que cette position pouvait être

facilement tournée et qu 'ils n'étaient pas en force, sous une protection de feu

les maquisards se r&plièrent jusqu'aux voitures à 400 m de là. Comme deux d'entre

elles ne voulaient pas démarrer, leurs occupants se camouflèrent en attendant que

d'autres véhicules leur soient envoyées. Les premiers éléments démarraient lors-

qu'ils commencèrent à subir une avalanche de feu et une attaque en règle qui ne

devait leur faire aucune victime,ma5s leur perraettred'abattre quelques ennemis.

Une heure après tous les hommes étaient ramenés avec de nouveaux véhicules.

Le Boche avait surpris le Maquis, il fallait donc s'en tenir aux embuscades.

Les Français n'étant ni assez nombreux,ni assez bien armés, ni assez entraînés

au combat pour livrer de grandes batailles.

Le soir des messages arrivaient au P.C. de la 1ère section donnant les chif-

fres des troupes passant sur la route de Vierzon. La I I I o section annonçait que

le soir une embuscade serait tendue sur la route de la Charité et qu'une équipe

saboterait la voie ferrée.

/

23 Août 1944

Comme les Boches erraient encore un peu partout il était dangereux pour tous

de maintenir le P.C. en plein village, aussi il fallait une ferme qui put l'abri-

ter. Monsieur Vannhier qui avait déjà caché les groupes "Sebastopol" et "18 Juin

1940" vers le 14 Juillet accepta d'aider encore. Il mit sa ferme de Beaumont près

de Soulangis à la disposition des "Terroristes". Deux petits pavillons l 'un comme

dépôt,1'autre comme P.C. devaient etre occupés. Dans l 'un d'eux furent aménagés

les quatre pièces» La grande salle d'entrée servit de bureau. Choisy (Huguet) qui

y classait les notes arrivant des diverses sections^ des émissaires sur Bourges

(Adjudant chef Montigaud (Limousin) Sergent Thiais (Fady) et un troisième garçon

appelé Denise qui faisaient le va et vient) et des autres personnes. Dans une

autre salle les parachutistes avaient installé leurs appareils de radio tandis

qu'ils couchaient et travaillaient dans les deux dernières pièces. Le Commandant

Colomb et le Lieutenant Murât avaient leurs chambres à la ferme où ils prenaient

également leur repas» Dans une grande grange les hommes du groupe de garde (d'a-

bord "île de France"pjiis ''Champagne''} logeaient et mangeaient.

C'est là que devait rester jusqu'à la Libération de la Capitale du Berry,

l 'E .M . Départemental Maquis.

Peu de choses à signaler ce jour là.

Les sections I et I I avertissent de leurs activités de patrouilles.

Les Boches adressent un ultimatum aux maires de Fussy et Pigny leur enjoi-

gnant sous menaces de faire cesser nos activités aux alentours de leurs communes

De Bourges on apprend que les groupes de Résistance récupèrent des armes,

et par la même source qu'une pointe du I . R . I . a été effectuée sur Germigny, tan-

dis qu'un léger recul était opéré sur Trouy.

24 Août 1944 s

Dès le début de la matinée le P.C. est averti qu'à 6 h .30 une colonne alle-

mande hyppomobile de 180 voitures protégée par des A.M. et des canons de D.C.A.

montés sur camions, remonte sur Gien.

Immédiatement Murât fait avertir François à Ivoy afin qu'il ne soit pas

pris à revers. Pt^is il envoie dans ce secteur la section IY. Celle-ci ne pourra

faire que peu de choses, par suite de pannes de voitures. Néanmoins à on2e heu-

res du soir la colonne repassait vers Fussy légèrement saluée par les F.M. de la

2ème section.

Jacqueline fait un compte-rendu de son activité des patrouilles, tandis que

de Bourges on apprend un déraillement à Ponvert et la présence d'un train blin-

de .

Le soir Barbier fait sauter en trois endroits différents la voie ferrée

près de Moulins S/Yèvre.

25 Acut 1944 :

Le P.C. est maintenant "bien installé à Beaumont, Le Commandant Colomb en a

également fait son P.C. avancé et chaque jour entre deux combats il vient exami-

ner la situation. Les Officiers parachutés préviennent Londres des derniers évé-

nements, leur donnent les axes de marche des colonnes et demandent qu'ils soient

pilonnés. En effet de Beaumont on a plaisir de voir piquer les avions de la

P .A .F . et de l ' U . 8 . A . A . F . Ils chercheront à faire attaquer par l ' a ir comme le ma-

quis le cherche sur terre, le train blindé qui. :circule toujours et exerce ses ra-

vages . Ce sera malheureusement en vain.

Le Capitaine Thomson ira avec le Commandant Colomb franchir la Loire et vi-

siter dans Orléans libéré, le Major Général Eddv. Celui-ci fera parvenir quel-

ques fameux "Bazookas" qui après une odyssée dramatique franchiront eux aussi le

fleuve. Malheureusement les Américains ne peuvent pas venir à l 'aide . Ils ont

très peu de moyens et n'ont qu'un but : Foncer vers l 'Est . Ils sont dans cette

période qu'en terme militaire on appelle l'exploitation et qui consiste à aller

le plus profondément possible sans laisser à l'ennemi le temps d'organiser une

position stable de défense.

Ce jour là, le groupe "France1''de la I 9 section sous les ordres du Sous Lieu-

tenant Mart2 dit Marie partant en embuscade sur la route de Vierzon. aperçut un

camion allemand occupe, stationné sur le bord de la route. Ses hommes ouvrirent

le feu, anéantirent le camion laissant plusieurs boches grièvement blessés, et

en tuant trois. Quelques minutes après ils virent également stationnées à quel-

ques quatre cents mètres de là deux voitures légères dont les quatre occupants

se cachaient dans les broussailles. Ils se partagèrent en deux escouades. Par un

habile mouvement tournant ils purent se saisir de quatre individus qui s'apprê-

taient à faire feu. Malgré les tirs d'un camion de passage sur la route à ce mo-

ment là et leur position découverte ils ramenèrent au camp, voitures et prison-

niers.

Ces derniers étaient quatre civils (dont une femme) qui depuis quatre ans

faisaient leurs affaires (et quelles affaires) en France, Maintenant que les cho-

ses tournaient au pire, malles bien remplies,ils rejoignaient leur pays natal.

Les robes "d'Anna" devaient faire les délices des jeunes berrichonnes de Vasselav

et des environs« Et au Bois-Solivier l'épaisse prisonnière apprit comment pieds

nus et en pantalons longs on salit ses onglés habilement soignés en devenant la

servante d'une fermière ic. France. Ses camarades de la race unique allèrent re-

joindre les prisonniers militaires qui commençaient à faire nombre. Malgré cela

ils firent contre mauvaise fortune joyeuse figure,étonnés qu'ils étaient de se

trouver encore en vie .

Ce soir là la 2ème section donnait un R . A . S . , la 3ème section signalait ses

activités de patrouille et confirmait son action de la nuit précédente sur la

voie ferrée à Moulins (Par ailleurs on apprenait que le pont était réparé depuis

11 h . 3 0 ) .

'Quant à la 4ème }rééqu ipée en matériel auto, elle partait s'installer à la

ferme du Préau près d'Osmoy avec comme mission doubler le Capitaine Duret (qui

faisait un travail admirable et incessant) sur la route Bourges - Nevers.

De Bourges on apprenait ce soir là que pendant la nuit précédente quatre

locomotives avaient été détériorées dans les dépots entre 21 h. et 1 h. et

qu'Andriech le chef de district allemand avait adressé des menaces d'exécution

aux chefs de gare,de dépôt et de section si de tels actes se renouvelaient.

Mais la nouvelle la plus fâcheuse était bien cette impression que les Boches

voulaient se rêincruster à Bourges. Des miliciens en grand nombre arrivaient de

Limoges, de Bordeaux et d'Angers. On en signalait 60 dans Vierzon et Mehun. A

Bourges ils étaient environ deux cents à la Caserne Condé. Très actifs et très

surexcités ils patrouillaient dans une voiture armée d'un F.M. dans la rue Moyenne

et l'avenue de la gare.

Et le pire était bien la perquisition opérée chez Monsieur Bruneau boulanger

Rue Edouard Vaillant. Perquisition opérée à 13 h .30 par des Allemands. Bruneau

et sa femme avaient réussi à fuir.

26 A m t 1944 :

Ces craintes de la veille allaient se trouver justifiées ce jour là par une

série de catastrophes à Bourges» On peut dire que ce 26 Août 1944 fut une journée

de deu51 pour la résistance berruyère.

Le matin Vernier et Chanteiat des groupes du Capitaine Robin étaient pris

dans un guet-apens par les miliciens et abattus.

Monsieur Durand marchand d'huile à Bourges, était arrêté puis relâché (il

était le beau-père du Sou s-Lieutenant Moulins, mais aucune relation n'existait

entre le fait de son arrestation et le fait de l'activité de son gendre).

Les armes de la police étaient livrées aux Allemands à la suite de trahison

ou d'ingérence. En tout cas cinquante fusils, six mousquetons, deux F,M. et deux

mitrailleuses allaient ainsi être otées à un moment critique aux patriotes et

remis à l'ennemi.

Ces renseignements douloureux apportés par les émissaires de Bourges (l'ad-

judant chef Limousin) étaient confirmés dans l'après-midi par le Commandant de

Gendarmerie Vacher venu à Beaumont voir le Commandant Colomb.

Mais le Commandant Vacher amenait aussi de meilleures informations. L'avia-

tion alliée qu'on avait pu admirer depuis le P.C. avait mitraillé les colonnes en

marche (les renseignements donnés par radio servaient donc S) entre autre quatre

miliciens avaient trouvé la mort.

Mais ces derniers grands meneurs de jeu de Bourges allaient trouver sur leur

route les hommes des maquis du Sancerrois-Nord qui forts de cette expérience et

de cette traduction que leur avait données leur héros et martyr Roland Pavie,

allaient venger Chantelat et Vernier.

Arrivés depuis peu sur la route de Nevers la 4ème section se mit aussitôt à

1'ouvrage.

Au début de 1» après midi Narcy, Ííartin, Mimile (André Bert in) et Pablo par-

taient en embuscade et réussissaient à faire un prisonnier qu'ils faisaient con-

duire au P.C. immédiatera.ent pour qu 'il y soit interrogé.

A leur retour la section partit en embuscade, et fut placée à environ deux

cents mètres de la route. Vers 18 heures une voiture de la Milice tombe en panne

malheureusement hors du champ de tir des P.M. Cinq volontaires Nungesser (Carré)

Nénesse (Biet) Dédé, Pilly et Peter (Guy de Saint-Aubin) partent l'attaquer. Ils

en étaient à vingt mètres lorsque la voiture démarra puis arriva à leur hauteur.

U s ouvrirent le feu. Au même instant surgit tout un convoi de miliciens et d'Al

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lemands. Du bois les autres F.M. alertés crachent. Les chefs de groupe Chabot

(Bernard Challe) et Totor (Maurice Favin) accompagnés de Paulo montent à la route

pour essayer d'installer un nouvel F.M. Mais ils sont refoulés par le feu ennemi

et avec les cincj premiers volontaires doivent regagner la section. Celle-ci tan-

dis que Bonaparte et Panpan protègent le repli rejoint ses voitures et f i le . Plu-

sieurs miliciens perdirent ce jour là l'occasion de s'engager dans la Légion

Charlemagne. Seul un de nos hommes avait été légèrement blessé.

La 1ère section avait vaillamment continué ses actions de patrouille.

Le matin, la 2ème section avait attaqué au F,M. un convoi de 8 camionnettes

et camions qui descendait sur Bourges. Celui-ci avait violemment riposté à la mi-

trailleuse, pris après avoir marqué un temps d 'arrêt, à toute vitesse, avait con-

tinué sa route.

A la suite de certains renseignements provenant d'Argent et d'Aubigny (atta-

que probable) Murât avait dépêché un groupe de la 3ème section muni d'un Bazooka

sur la route de Gien au Nord de Saint Martin d'Auxigny , et s'apprêtait à envoyer

les deux groupes de réserve du Bois-Solivier. Il ne se passa rien et le lende-

main ce groupe revenait à Turly.

C'est ce même jour que Murât décida d 'aller couper une bonne fois les voies

ferrées qui de Bourges se dirigeaient vers l 'Est . Il prépara avec les hommes ¿u

dépôt d'énormes charges d'explosifs. Puis avec le Capitaine Oxford et le Sergent

Y/h it e (ravis d 'aller faire un coup) et ses fidèles gardes du corps il alla vers six

heures du soir faire sauter le pont de Fénestrelay à 6 Kms de Bourges* L'explo-

sion fut magnifique. A 200m. les terroristes reçurent des bouts de ferraille et de

pierre. Malheureusement les Boches mirent immédiatement tout en oeuvre peur ré ta «

blir cette voie vitale et à 12 h»30 le lendemain les trains de troupe recommen-

çaient à circuler.

27 Août 1944 :

Aucun renseignement précis n'arriva de Bourges sur les événements de la

veille, ou sur leurs conséquences.

Les Boches continuent leurs entrées et leurs sorties. Ils édifient des bar-

ricades à toutes les porter de la ville. Route de la Charité et route de St Mi-

chel ce sont des piquets bn ciment et environ quinze tombereaux de pavé, il en

est de même sur la route de Paris avec en plus des S .S . munis de F.M.

Ce sont eux qui arrêteront et questionneront pendant un long moment l'agent

de liaison du Lieutenant Murât Fady, qui fort à propos s'en échappera par des ré-

ponses pleines de bon sens.

A la prison, la route est barrée par des arbres, 'candis que des chevaux de

frise ont été édifiés au pont d'Aumon.

Cependant on apprend une chose fort intéressante' la présence d'un fort dé-

pot d'essence aux Champignonnières sur la route de Saint-Just. Le lendemain des

hommes du groupe "Champagne" guidés par des hommes des groupes de Bourges iront

soutirer aveo un camion au nez et à la barbe des Boches qui les gardent, quel-

ques uns des précieux futs de 200 litres.

Ceci avec ce que le líajor Général Eddy devait donner 2 jours plus tard à

Sens (où un camion partit le chercher) permettra de continuer cette ohose essen-

tielle qu'était la motorisation des maquis»

La 1ère section réussit un coup de maître en perçant un camion allemand d'un

coup de "bazooka" La charge creuse" fait son effet« (On apprendra le lendemain

que tous les Allemands y ont été tués ou sérieusement blessés). Mais d'autres ca-

mions arrivent. La lutte s'engage, et sans avoir aucune perte, les maquisards

doivent se replier alors qu ' ils étaient presque complètement encerclés.

La 2ème section arrose les rares voitures qui passent sur son secteur. C'est

une voiture civile qui fait les frais aujourd'hui.

A la suite de ses exploits de la veille la 4ème section un peu trop repérée

doit changer son camp. Elle se dirige sur la région de Bengy. Là César va travail-

ler en liaison avec le Lieutenant Petit (Capitaine De La Taille mort depuis hé-

roïquement sur le front de Royan au 8 G . R . ) ,

Mais les mauvaises nouvelles viendront aujourd'hui de Sancerre. A Saint-

Satres un groupe d'Allemands en voiture est- remonté jusqu'aux silos, P.C. du

groupe local (dirigé par Paul Gorge) et a attaqué par surprise provoquant la mort

du Capitaine Theveny et de quelques uns de ses camarades.

Barbier alerté place 2 groupes sur la route de Sancerre prêts à toute éven-

tualité.

28 Août 1944 s

Peu de souvenirs et de 'documents restent de cette journée.

Les Boches furieux de l'attaque de la veille par la 1ère section ont incen-

dié deux fermes à Pontillet. Deux des habitants ont été tués. La section va chan-

ger de camp et en attendant continue ses escarmouches que les succès précédents

rendent plus virulents; escarmouches rendues plus difficiles du fait que des

files plus nombreuses de troupes semblant peu éprouvées recommencent à circuler.

La Sème et la 3ème section communiquent des R .A .S , Quant à César il travail-

le toujours en liaison avec le Lieutenant Petit et avec les S ,A ,S . Anglais para-

chutés dans le secteur. Ce jour là au cours d'une reconnaissance, un de ses

groupes ouvre le feu sur un camion allemand armé d'une mitrailleuse. Cinq des

occupants seront tués, deux blessés. Au„maquis une fois de plus tout le monde

sortira victorieux et intact.

29 Août 1944 :

César est sur un des théâtres d'opération les plus vivants. Il signale les

méfaits du train blindé qui circule dans ces parages, et qui ouvre le feu à tout

instant et à tout hasard.

On apprend que dans le même secteur un groupe du I .R , I. cantonné à Blet a

mené un violent combat pendant près d'une heure.

Mais les Allemands sont furieux et près de Blet ils incendient ce jour là 4

fermes et fusillent six personnes qui travaillaient dans les champs.

Dans le secteur de la 1ère section les Allemands ont placé deux canons an-

tichars au croisement des routes Yierzon - Orléans.

Des hommes des groupes "Sébastopol" et "France" ont essayé de faire prison-

niers les deux cyclistes qui font la liaison entre ce barrage et Asnières. Les

deux Boches ont voulu lutter et en quelques secondes ont été tués. Leurs papiers

ont été ramassés, mais ils n'apprennent rien de nouveau.

La Sème section donne un R .A .S .

Barbier change par sécurité son camp et va s'installer dans une maison inha-

bitée à coté du chateau de Guilly sur la commune de Brecy. Il prépare une nouvell

coupure de la voie ferrée.

De Bourges on signale les allées et venues du train blindé. Par radio Oxford

et "White les communiquent sans cesse aux alliés, mais en vain. Comme il se dépla-

ce sans arret, il n-y a guère moyen de l'attaquer.

Le Commandant Colomb vient chaque jour à Beaumont entre deux coups de feu,

ou entre deux voyages â Orléans où il va recevoir ordres et renseignements, pas-

sant ainsi de France libérée à France occupée«

Ce jour là les Commandants Oxford Thomson et le Lieutenant líurst partent ver

Montargis au P.C» du Général Eddy. Ils sent suivis par un gros camion monté par

des maquisards qui doit être rempli de jerricans d'essence- Ils trouvent le Géné-

ral à son P«C. près de Sens libéré depuis-quelques heures, et lui donnent quel-

ques bouteilles de "Sauvignon"s le fameux vin du Sancerrois, Après avoir bu quel-

ques verres dans la "roulotte" du Général, ils partent sur la route de Troyes

remplir le camion d fessence s et reviennent sur le soir à Beaumont passant à la

nuit dans le Saneerrois entre deux convois ennemis« Ils avaient vécu 24 heures la

joie de la France libérée at rentraient le coeur gonflé d'espérance*

50 Août 1944 :

De Bourges hors le passage habituel rien à signaler.

La 1ère section qui se sent repérée quitte l'Epinière et va s'installer

aux Bertins près "des Clous" au ïïord de Vasselay. Excellente idée car le lende-

main 200 Boches occupaient leur ancien local et le fouillaient de la oave au gre-

nier.

P .A . S . des 2ème et 3ème sections.

Dan3 la nuit précédente le Lieutenant Petit à opéré sur la voie ferrée entre

Bengy et Nerondes quelques hommes de la 4ème section ont participé â l'opération

qui a été parfaitement réussie.

51 A m t 1944 :

Masson préparait depuis la veille un joli coup de main. Cette nuit il a emme

né une partie de sa section pour l'exécuter.

Il y avait entre Asnières et la route Nationale 140 un fort dépôt d'essence

("Toneline") gardé par les Boches. Murât avait chargé Masson de l e faire sauter»

A 4 heures du matin après avoir bien disposé ses hommes, il fit lâcher des gre-

nades. Les futs furent percés, l'essence se répandit partout. Les gardes affolés

tirèrent dans tous les sens sans toucher personne. La 2ème section se retira pour

se heurter sans dommage du reste à des renforts qui arrivaient déjà de Bourges.

Le lendemain on apprenait qu'outre les futs d'essence, quatre Boches avaient

été sérieusement blessés.

Le soir cette même section sur la route de Gien forçait par son feu une -voi-

ture et une moto à faire demi tour.

Bien que son camp soit maintenant plus éloigné de son secteur d faction la

1ère section n'en continue pas moins ses patrouilles et ses harcèlements. Comme de

gros chars viennent de passer, Jacqueline pose sur la route les grosses mines qui

viennent d'être parachutées. A 11 h .30 il entend de fortes détonations, un camion

a sauté. Les Boches habitués à ces pièges ont découvert la seconde et l'ont désa-

morcée.

Un peu plus tard un des groupes de cette section attaquait brillamment un

convoi.

Barbier attaque à nouveau à la voie ferrée Bourges - Nevers.

Dans la nuit César a fait porter ses activités de patrouille sur la route de

Nevers. Puis avec la section du Lieutenant Petit qui comme la sienne se trouvait

menacée d'encerclement il transfère son camp dans les bois de Villequiers, à la

ferme de Vauvrille à 2 Km de Garigny.

Et pendant que ces hommes luttent sans arrêt les deux groupes de l'arrière

ont la tache ingrate de garder des prisonniers, de préparer des voitures, de dé-

graisser les armes qui tombent du ciel. Car grace aux demandes du "Team Jedburgh"

les parachutages ont recommencé et chaque soir on est en alerte autour des postes.

Une nuit ce sont trois jeunes aspirants français formés dans les Ecoles d'Angle-

terre qui viennent rejoindre leurs camarades qui mènent "un même combat pour une

même patrie". L'un d 'eux, le jeune Eymont sera donné comme adjoint au Sous-Lieu-

tenant Barbier, tandis que les deux autres Luc et Bonneval prendront des commande-

ments en Forêt d 'Ivoy.

Mission ingrate que celle de William (Willms) et de Michel qui avec leurs

hommes demandent chaque jour à aller au feu, mais mission nécessaire et de premier

ordre.

Telle est -la vie des maquis de Menetou. Vie savamment réglée où chaque sec-

tion a sa mission propre. Quatre fois par jour les agents de liaison des sections,

ou les chefs de section eux mêmes apportent leurs compte-rendus au P.C. de Beau-

mont et viennent prendre les ordres.

Mais de plus en plus on sent que c'est la fin et la grosse masse de la cathé-

drale de Bourges grandit chaque jour davantage.