c'était françois mitterrandby jacques attali
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Société québécoise de science politique
C'était François Mitterrand by Jacques AttaliReview by: Yves LabergeCanadian Journal of Political Science / Revue canadienne de science politique, Vol. 40, No. 1(Mar., 2007), pp. 258-260Published by: Canadian Political Science Association and the Société québécoise de science politiqueStable URL: http://www.jstor.org/stable/25166084 .
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258 Recensions / Reviews
il est difficile de dire si cet ouvrage s'adresse a la fois aux experts et aux novices ou, au contraire, ni aux uns ni aux autres.
Jean-Christophe Jasmin Universite d'Ottawa
C etait Francois Mitterrand,
Jacques Attali,
Paris, Editions Fayard, Collection : Documents Fayard, 2005, 446 p. DOI: 10.1017/S000842390707031X
Rien qu'en France, plus d'une centaine de livres ont ete publies sur la presidence de
Frangois Mitterrand (1916-1996), et plusieurs biographies sont parues autour de 2006
pour souligner le dixieme anniversaire de sa mort. Toutefois, parmi ces multiples references, le present ouvrage merite une attention toute particuliere. Auteur d'une
quarantaine de livres, principalement des essais rigoureux et des romans, Jacques Attali a aussi ete le plus proche conseiller du president Francois Mitterrand, non
seulement durant ses deux septennats (soit entre 1981 et 1995), mais des 1974, lorsque ce dernier etait deja candidat socialiste aux elections presidentielles. Les deux hom ines se sont cotoyes, presque quotidiennement, durant une vingtaine d'annees. Cet
ouvrage, le quatrieme que Jacques Attali consacre a Pancien president francais, est a
la fois un portrait, une biographie partielle, une suite de souvenirs tres precis et une
critique dechirante a propos d'un homme juge admirable - mais au passe obscur et
secret.
La premiere moitie du livre relate une suite de souvenirs et expose la methode
de travail de Frangois Mitterrand. Dans les premieres pages, Attali rapporte avec exac
titude leur premiere et breve rencontre en 1966, puis en 1973, lors du debut veritable
de leur travail conjoint. Le texte decrit en detail les strategies utilisees pour mobi liser et construire une equipe politique coherente dans la France de cette epoque. On
apprend, par exemple, que Mitterrand detestait secretement les communistes et qu'il n'a jamais envisage la possibility d'une quelconque alliance avec eux que par pur
opportunisme (p. 25). A propos des tensions qui Popposaient aux communistes
francais, Mitterrand confiera un jour a Jacques Attali, vers 1973: ? Je veux les de
truire et eux aussi ? (p. 34). Plus loin, Attali resume d'une maniere tres imagee P attitude hostile de Mitterrand envers le president De Gaulle et son entourage : ? II
detestait les gaullistes plus encore qu'il ne hai'ssait De Gaulle. II les voyait comme
un clan de gangsters (...) ? (p. 116). Attali decrit minutieusement dans son premier
chapitre les reseaux d'alliances et de conflits entourant Frangois Mitterrand durant
les annees 1970; il nomme meme les politiciens socialistes qui detestaient alors Mit
terrand : Alain Savary, Guy Mollet, Andre Boulloche, et tant d'autres qui se sont
ensuite rallies a lui.
Dans une relecture fascinante de leur parcours commun, Jacques Attali evoque aussi les mensonges de Frangois Mitterrand, ses fausses confidences et ses faux
souvenirs, par exemple a propos du passe ? heroi'que ? qu'il s'etait fabrique quant a
sa participation a la Resistance, durant les annees noires de la Deuxieme Guerre mon
diale (p. 32). On apprend en fait, a la suite des recherches de Pecrivain Pierre Pean,
que le jeune Frangois Mitterrand avait d'abord travaille durant plus d'un an comme
fonctionnaire de Padministration petainiste, dans un commissariat aux prisonniers, de 1942 a 1943, avant de se joindre a la Resistance (p. 406). Les circonstances entou
rant ces evenements avaient d'ailleurs ete presentees dans un livre - meconnu au
Canada - de Pierre Pean, Une jeunesse frangaise, Frangois Mitterrand, 1934-1947
(Editions Fayard, 1994), ou Pon pouvait meme voir une photographie rare de Frangois Mitterrand en compagnie du marechal Petain, datant de 1942.
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Recensions / Reviews 259
Dans les chapitres suivants, Jacques Attali fait un recit tres vivant, vu de
Finterieur, des campagnes presidentielles subsequentes et de la victoire socialiste
de 1981. 11 rappelle ensuite les longues annees de cohabitation avec la droite en
soulignant notamment que le premier ministre, Jacques Chirac, insista maintes fois
pour assister aux sommets internationaux aux cotes du president - ce que Mitter
rand a toujours refuse (p. 166). Jacques Attali, qui partageait les confidences de
Frangois Mitterrand, notait souvent mot a mot des phrases entieres du President, ses attitudes, ses raisonnements, ses diagnostics. Ainsi, a propos du Liban de 1982,
Mitterrand lui avait confie qu'il s'agissait ? d'un nid de viperes d'une grande com
plexity ? (p. 265). La deuxieme moitie de C'etait Francois Mitterrand est la partie du livre la
plus attachante, meme pour ceux qui auraient deja lu les trois volumineux tomes de
Verbatim, sous la plume du meme auteur (Verbatim, Editions Fayard, 1993-1995). Au sixieme chapitre, Jacques Attali explique avec beaucoup de details (? Devoiler
son passe ?, pp. 363 et sq.) une tranche du passe trouble de Francois Mitterrand, mais aussi son inexplicable complaisance face a certains collaborateurs frangais de
Foccupation nazie; pensons, par exemple, a Findulgence du president Mitterrand, en 1986, envers Rene Bousquet, ancien chef de la police sous Vichy (p. 399). Les
passages ou Jacques Attali evoque ses dernieres conversations avec Francois Mitter
rand, durant les derniers mois de sa vie, sont tout a fait bouleversants. Souvent, Attali cherche une explication, une justification, voire un improbable dementi pour tenter de contredire les elements accablants qu'il decouvre, incredule, des 1993. Mais
au lieu de nier, Mitterrand confirme sans regrets les soupcons de son plus proche conseiller, et ne fait rien pour empecher la divulgation de ces evenements. En
fait, Mitterrand n'a jamais ete antisemite ni pro-hitlerien, mais il a travaille pour ce
regime durant une partie de la Deuxieme Guerre mondiale, sans pour autant adopter F ideologic nazie (p. 410). Pour sa defense, Jacques Attali citera ces mots de Francois
Mitterrand pour justifier son attitude : ? Je savais qu'il y avait des camps. Mais je ne savais pas qu'il s'agissait d'extermination systematique. Je ne me representais pas la realite d'Auschwitz. ? (p. 370). Une derniere explication aura lieu entre les
deux hommes lors d'une ultime rencontre, quelques jours seulement avant les elec
tions de 1995. Au terme de leur entretien, Mitterrand repeta une phrase souvent entendue par ses detracteurs : ? Ce serait m'abaisser que de repondre. ? (p. 410).
Quelques jours plus tard, Mitterrand telephona a Jacques Attali pour lui dire avec
vehemence, sur le ton du reproche: ? Vous n'avez pas connu cette periode, vous ne
pouvez pas la comprendre. ? (p. 411). Ce sera leur derniere conversation.
Dans ces dernieres pages souvent emouvantes, Jacques Attali reussit a trans
mettre sa profonde deception, son bouleversement, son desenchantement, voire son
incomprehension face aux evenements qu'il revele, mais aussi sa tristesse de voir
s'ecrouler le piedestal qu'il avait erige a cet homme (p. 411). Pourtant, Jacques Attali
n'est ni naif ni debutant en politique; c'est au contraire un observateur intelligent et
perspicace. Son temoignage a d'autant plus de poids, et Fon comprend alors toute la
subtilite de ce titre deliberement conjugue a Fimparfait, comme pour insister sur le
fait que le heros a disparu. Afin d'expliquer cette remise en question du sens de
toute sa vie d'adulte, Jacques Attali decrit son desarroi: ? Quand la foudre me tomba sur la tete, comme sur celle de beaucoup d'autres Frangais, ce que j'avais vecu avec
lui prit une autre couleur; d'innombrables questions m'envahirent : comment avait-il
pu faire ga ? et qu'avait-il vraiment fait ? (...) ? (p. 363). Pour tout chercheur s'interessant a l'histoire de la politique frangaise, aux rela
tions internationales ou a la gouvernance, C'etait Frangois Mitterrand est un ouvrage d'une richesse inoui'e. II s'agit a mon avis du meilleur livre sur Frangois Mitterrand, avec - dans un tout autre registre
- La mort du roi. Essai d'ethnographie politique comparee (1999), de l'historien Jacques Julliard. En outre, et je ne suis pas le premier
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a l'affirmer, Jacques Attali sait ecrire des memoires comme le meilleur des roman
ciers; son livre remarquable se lit d'un seul trait et on le relit avec tout autant d'interet.
Yves Laberge, Ph.D. Quebec, Quebec
The Liberal Conscience: Politics and Principle in a World of Religious Pluralism Lucas Swaine
New York: Columbia University Press, 2006, pp. xxii, 215
DOI: 10.1017/S0008423907070321
The Liberal Conscience by Lucas Swaine represents a response from a liberal to those
who affirm a theocratic conception of the good. Swaine distinguishes between logic and rhetoric, between that which should persuade and that which is likely to per suade. He suggests that a justification of liberal principles founded on conscience
should persuade honest theocrats and Swaine makes the case that this should matter
to both liberals and theocrats. The liberal, who founds a justification of liberal prin
ciples in conscience and accommodates those whose conscience forces them to seek
exemption from certain conventional norms, in Swaine's view, is acting in a manner
consistent with the authentic spirit of liberal principles. A liberal democratic state
reflecting such a spirit, Swaine argues, is in a stronger position logically to expect theocrats to view it as a legitimate political authority. Otherwise, it is presumptuous, he suggests, for a liberal democratic state to expect the allegiance of theocrats.
Some liberals advocate a more aggressive policy of promoting a specifically liberal conception of the good. Swaine, in contrast, asserts that such a policy cannot
be justified in a manner that would be logically, whether or not rhetorically, compel
ling to theocrats. Swaine makes the case that liberty of conscience, which he charac
terizes in terms of three principles, can be seen as a justification that is logically
compelling to honest liberals and theocrats alike. These three principles are, first, that "conscience must be free to reject lesser
religious doctrines and conceptions of the good (the principle of rejection)"; second, that "conscience must be free to accept the good (the principle of affirmation)"; and
third, that "conscience must be free to distinguish between good and bad doctrines
and conceptions of the good (the principle of distinction)" (49). These principles pro
vide, he argues, a justification for accepting liberal institutions and their authority that is accessible philosophically to liberals and theocrats alike. Whether or not
theocrats accept these principles, liberals will have philosophically justified to all
citizens reasonable grounds for the legitimacy and authority of liberal institutions.
Swaine suggests that, while respecting theocrats' liberty of conscience, liberals can
influence theocrats through engagement to adopt more liberal political attitudes. In
order to strike a balance between restricting theocrats' liberty of conscience and safe
guarding the rights of all individuals in the society, Swaine suggests recognition of
semi-sovereign status for some religious minority groups. This is certainly a book that will be well worth reading for those interested in
the subject. Nevertheless, Swaine is clearly struggling with certain issues. His dis
cussion of liberalism is somewhat ambiguous, suggesting at times liberalism in the
sense of liberal democracy and at other times implying a more partisan sense of lib
eralism as contrasted with conservatism and socialism. The term "theocrat" creates
some confusion, embracing at times theocrats in the strict sense, at times religious
groups like the American religious right who actively participate in democratic pol itics, and at times groups like the Amish who distance themselves from the larger secular society. While, to Swaine's credit, he avoids the tendency of some liberals to
suggest that theocrats, or even simply those who bring their faith commitments with
them into the political arena, are outright enemies, he sometimes tends to see theocrats
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