ce livre est dédié aux bien-aimés habitants de...
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Celivreestdédiéauxbien-aiméshabitantsdeStonington,dansleMaine–etplusprécisémentàLanceBradshaw,ThomasJonesetKellyKolysher.J’espèrequejevousairendujusticeetquevousm’ouvrirezgrandslesbraslejouroùjereviendrai.
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Shaw
—Simi,oùjesuis,merde?grondé-jedansmonsmartphone.«Jen’ensaisrien,Ducon»seraituneréponseacceptable,étantdonnémagrossièreté,maismon
assistantevirtuelle,toujourstrèsprofessionnelle,gardesoncalme.—VousroulezsurUpperFallsRoad,endirectiondusud.La technologieest épatante,maiscelanem’aidepasbeaucoup.Nedevantcompterque surmoi-
même, je suis forcé de tirer les seules conclusions acceptables qui s’imposent. Pour autant que jesache,levolquej’aiprispourBangor,dansleMaine,aétédéviédesacoursepourarriverdansletriangle des Bermudes. Lequel est, j’en suis désormais convaincu, un monde parallèle où lesautoroutesn’ontpasencoreétéinventées.Oubientoutcelaaétééchafaudéparmonennemiejuréeetmaîtresseàmi-temps,CassidyWhalen,afindem’attirerdansunendroitàl’écartdetout,oùellevapouvoircontinuerdemetorturerà loisir,pourfinirparmedévorer lefoieavantdebalancermoncadavrelàoùpersonnenepourraleretrouver.Àvraidirecemeurtre–unrienmonstrueux–meconviendraitbien,carêtreforcéàsupporterson
regardcompatissantàlongueurdejournée,c’estundestinpirequelamort.Je laisse tomber mon téléphone dans le vide-poches près du levier de vitesses, pas très
délicatement,étantdonnéquejesuisdeplusenplusagacé.Jesuisauboutdurouleauetjepuisedansmesréservesaprèsunvoldedixheuresetdemieetuntrajetenvoituredeprèsdedeuxheures.Monestomacémetdesgargouillissonores,cequiesttoutàfaitlogiqueétantdonnéquejen’aimangéentoutetpourtoutquelescacahuètesserviesdansl’avion.Simi bipe, soit pourm’avertir de la traiter avec plus deménagement, soit pourme prévenir de
tourner à droite sur une énième route secondaire dans ce bled paumé. Encore soixante bornes deroutessinueusesjusqu’àcetteîleoùsetrouveunpetitvillagedepêcheursdunomdeStonington.LeterritoiredeCassidy.Maisqu’est-cequim’aprisquand j’aidécidédesauterdanscetavion?Oui,bon…Jevoulaisluidirecequejepensed’elle.Maispourlemoment,jen’aiqu’uneidéeentête:memettrequelquechosesousladent.J’entresurleparkingd’unestation-service,megareetdescendsdelapetitevoituredelocationoù
j’ai été forcé deme plier en quatre pourm’asseoir au volant, puisque aucun autremodèle n’étaitdisponible.Ledessindupouletqui figuredans lavitrinen’apasdequoi faire saliver,maisçame
donnepourtantenvie.Ledéliredoitmeguetter,carmangerdupouletachetédansunestation-service,cen’estpastrèsmalin.Jevaisenpayerleprixplustard.Le jeune serveur semontre patient le temps que jeme décide entre le poulet-poulet, le filet de
pouletoulesnuggets.Pendantqu’ilemballemonfiletetmespommesdeterresautées,jemedisqu’ilvautmieuxque jevérifie queSimine se trompepasdedirection,mais je prends laprécautiondeparler à voix basse, histoire qu’elle nem’entende pas. Il nemanquerait plus qu’elleme fasse unescène parce que je ne lui fais pas confiance. Les femmes sont parfois très susceptibles.Même lesvirtuelles.—Dites…Dale,commencé-jeenlisantsonnomsursonbadge.C’estnormalqu’ilyaitdestasde
petitesroutesdanslecoin,etpasd’autoroutes?Dalesemetàrire.Ondoitlaluiposersouvent,celle-là.—Oui.Vousallezoù?—Euh…àStonington,réponds-jeenprenantlaboîtecontenantmonrepas.Ilseredressecommesij’avaisditquelquechosed’extraordinaire.—Stonington?—Oui.Pourquoi?Jevaisdanslamauvaisedirection?J’enétaissûr,maugréé-jeenjurantàmi-
voix.—Non,vousêtesdanslabonne.C’estjustequepersonnenevaàStoningtonàmoinsd’yhabiter.—C’estmal?—Çadépendàquivousposezlaquestion,lance-t-ilenriantdeplusbelle.—Super,dis-jeavecunsouriresarcastique.Merci,monvieux.(Jeprendslaboîtedéjàimbibéede
gras.)Jenevaispasmouriraprèsavoirmangéça,quandmême?Ilhausselesépaulesavecuneexpressionquisignifiequejem’entirerai.Oupas, tantpis, il faut
bienmourirdequelquechose.Aprèsavoirpayépourunecrisecardiaqueàemporteretunebouteilled’eau,jereprendslaroute.
Dumoinscequientientlieu.Lachausséetortueusesanssignalisationestdéjàassezpénible,maislesbossesmedonnentl’impressiond’êtredansunchariotdesupermarchéquidévaleunescalier.Jesuissûrquesi jeparlais,celameferaitunevoixchevrotante.Jeferaisbienletest,puisquepersonnenepeutmevoir.Saufquemontéléphonesonne.—Allô?réponds-jed’unevoixéraillée.Ben?—Ouaip,patron!claironne-t-il,unpeutropexubérant.Commentc’est,leMaine?—Àchier,jusqu’ici.Qu’est-cequetum’astrouvé?—Ehbien,ilyaseulementdeuxendroitspossiblesetl’unestcomplet,figurez-vous,maisjevous
airéservéunejoliepetitechambreàlaWhalenHouse.Jenesaispaspourquoi,maisuneénormemigraines’empareaussitôtdemoi,mefrappantcomme
lafoudre.—Attends.TuviensbiendemedireWhalen?—Ouaip.Etc’estexactementcequevouscroyez.(J’entendslesouriredanssavoix.)Lerepairede
MissGlaçonenpersonne.CesontlesparentsdeCassidylespropriétaires.D’aprèslesquatreétoilesetdemiedescommentairesclients,c’estuncharmantpetitbedandbreakfastàl’atmosphèrefamilialeavectoutleconfortd’unemaisonmoderne.Vousdevriezêtredansvotreélément.
Jeluiauraisaboyédessussij’enavaiseulecourage.—Etçat’amuse,hein?—Unpetitpeu.Entoutcas,lui,ilesthonnêteavecmoi.PascommeCassidy.—Pasd’autrepossibilité?—Aucune.—Jetevirequandjerentre.—Certainement,chef.Enattendant,jem’occupeducontratdeDenverpourquetoutsoitenbonne
etdueforme.C’est avec Denver Rockford, dit Rocket Man, que tout a commencé. Cassidy Whalen et moi
sommesenconcurrencepourreprésenterlequarterbackstarleplusconvoitédumondedufootballetremporter unepetite part du gâteau, ainsi qu’unposte d’associé chezStrikerSportsEntertainment.J’aigagné.Surunequestiondeprocédure.Denverad’abordproposélecontratàCassidy,maiselleadéclinéetinsistépourqu’ilmeledonneàmoi.Toutcelaparcequ’elleadécouvertquejenesuispaslericheplay-boypourlequeljemefaispasser.Siellen’avaitpasétéunetellefouineuse,siprompteàmejugeretàmedisséquercommeunegrenouilleencoursdesciencesnat’,jeneseraispasdansunpotàyaourtsuruneroutemerdiqueversunendroitdontpersonnen’ajamaisentenduparler.Jefourrelamaindanslaboîtegraisseuseetjeleregretteaussitôtquandjetombesurlespommes
deterrebrûlantes,quidoiventêtreàpeinesortiesdel’huilebouillante.—Ah,l’enfoiré!—OK,jepeuxlegarderencoresivousytenez.Maisjevaisdevoirvousposerlaquestion:vous
nevoulezvraimentplusconclureleplusgrosdealdevotrecarrière?J’avaispresqueoubliéqueBenétaitauboutdufil.Peut-êtrequejesuisvraimententraindedélirer,
finalement.—Non,maistuentendscequetumedemandes?Évidemmentquenon.Jeviensjustedemebrûler,
c’esttout,réponds-jeensuçantmondoigtendolori.—C’estmarrant,j’airiensentidutout,moi.Etbim!IlestàdeuxdoigtsdesefaireremplacerparSimi.— Comporte-toi en adulte, Ben, dis-je en reprenant vraiment mon rôle de chef. Réserve la
chambre,vaposerlecontratsurlebureaudeWadeettrouve-moiunvolretourpourdemainmatinpremièreheure.—C’estnoté.Mais,euh…—Crachelemorceau.Jecommenceàperdrelepeudepatiencequimereste.—Jepréfèrevousprévenir,maisilyadumauvaistempsprévusurleMainepourlesprochains
jours.Mieuxvautquevousvousprépariezàprolongervotreséjour.—Alors,tuasintérêtàmefairerentreravantlegrain,parcequejen’aiaucunementl’intentionde
traîner ici plus longtemps qu’il ne faut. Rappelle-moi pourme donner tous les détails lemomentvenu.Etsurce,jeraccrocheetjetentedem’attaquerdenouveauàmaboîtepleinedegraillon.Il est exact que je n’ai aucunement l’intention de traîner ici plus longtemps qu’il ne faut, mais
encorefaudrait-ilquej’aieunebonneraisond’yêtrevenu.Bonsang,maisqu’est-cequejefichedanscefoutuMaine?Voyez-vous,CassidyWhalenaledondem’obséderetdemefaireagircommeunparfaitdément.Àcausedecettebonnefemme,j’aifaitdestrucsquejen’auraisjamaisfaits.Commeséduire une collègue pour remporter un contrat. Ou du moins, essayer de la séduire. Cela s’estretournécontremoi.Sil’onpeutdire.Maisaumoins,jemesuissoulagéuneoudeuxfoisencoursde route, c’est toujours une consolation. Seulement, je n’aime pas trop perdre et mon prix deconsolationaprislelargeenemportantsadélicieusepetitechatteavecelle.Etcelanemeplaîtpas.Zut.Mais pourquoi celame contrarie ?Avec les années, j’ai élevé unmur quime protège des
folies, et petit bout par petit bout, elle est en train de l’abattre et de me forcer à éprouver desémotions.Jefrissonneàcettepensée.Ne vous méprenez pas non plus : cette histoire d’émotions ne signifie pas que je suis tombé
amoureuxd’elleouquoiquecesoit.Non,cequ’ellemefaitéprouver,cesontlesémotionsquej’ailaisséesdanslepassé,lanuitoùj’aivuunhommeprendreuneballeenpleinetêtesousmesyeux.Jen’étais qu’un môme, mais à Detroit, on apprend très jeune à développer l’instinct de survie. Lesémotions,c’estdelafaiblesse.Etjen’avaispasdeparentspourmeprotégerdetoutesceshorreurs.Ils se contrefichaient que je sois vivant oumort.D’ailleurs, ilsm’auraient sûrement préférémort,parceque,aumoins,celaleurauraitpermisdetoucherunpeud’argent.Avec un grognement dépité, je balaie les souvenirs demon enfance bousillée, car ce genre de
penséesnerisquepasdemefaireavancerdanslavie.C’estderrièremoi,plutôt.Cettevie,c’estdupassé.J’aitournélapagedepuislejouroùjesuisdevenuunhommeàl’âgedeneufans.Nepasavoirdemèrequivousconsolequandvousavezététémoind’unmeurtreviolentetsanglant,celavousfaitrelativiser.Personnen’allaits’occuperdecepetitgaminàpartl’hommequ’ilétaitcensédevenir.Etpersonnenerisquaitdemefairedumal,saufsijeleurendonnaislesmoyens.J’aitravaillédurpourfairemonchemindanslavie.Etj’aisaisitouteslesoccasionspossiblespour
avancer,maisrecevoiruncontratoriginellementdestinéàunefoutuebonnefemme,c’estunaffrontcuisant.Castrateur.Même si je n’ai aucune intentionde refuser ce contrat en or, quelle que soit lamanière dont je l’ai obtenu, il faut avant tout que je recouvre ma virilité. Et pour l’heure, c’estCassidyquil’adanssonsacàmain.Unefoisquejel’aurairécupérée,jepourraitournerlapagesurelleettoutesceshistoiresdesentiments.LepontdeDeer Isle sedressedevantmoicommeunesentinelled’acierdecentvingtmètresde
haut qui peut soit me laisser passer, soit se transformer en périlleuses montagnes russes et meprécipiter dans les tréfonds d’Eggemoggin Reach, juste en dessous. Cela n’aurait rien d’amusant,maispourlecoup,jetraversesansencombre.Lescâblesd’aciernebougentpasetjesuisàpeuprèscertain que je n’ai fait qu’imaginer le rire demauvais augure qu’ilme semble avoir entendu. Cen’étaitquelegrincementdumétal.Bonsang,ilfautquejedormeunpeuavantquelesrochersquiparsèment les environs ne se transforment en créatures de pierre gambadant dans des champs demyrtilles.Lescréaturesdepierren’existentpas.Toutcommelesdos-d’ânedelaroutenesontpascrééspar
destaupesgéantesetlalanguedeterresurlaquelleestbâtilepontnevapassetransformerensablesmouvants qui vont m’engloutir jusqu’au cœur de la terre. En revanche, mon téléphone sonneréellement.Soulagéparcettediversion,jedécroche:—ShawMatthewsàl’appareil.Moncerveauprivéde sommeil abesoindegarderquelquesneuronesenétatde fonctionnement
pourquej’aieencoreunpeuderaisonquandjemeretrouveraienfinfaceàcettepetitecoquinequis’est enfuie jusquechezelle. J’aideuxmotsà luidire, et jecoursdangereusement le risquede les
oublierl’unetl’autre.—Hé,monpote,qu’est-cequetufais?demandeChazàl’autreboutdufil.—Jenesaispastrop,maisjecroisquejesuisentraindefranchirl’unedesseptportesdel’enfer.
(Enfait,j’ensuistoutàfaitcertain,maislemanquedesommeilaffectemonjugement.)Ettoi,monvieux?—Jevoulaisjusteteprévenirquetuferaisbiendefaireprofilbas.JecomprendstoutàfaitcequeChazvientdemedireetc’estlapreuvemêmequejeviensd’entrer
dansunmondeparallèle.Prêtàtoutentendre,jereprends:—Dis-moi.—LesfillesetQuinnprennentunvolpourleMaineafinderetrouverCassidy.Commec’estcensé
êtreunesurprise,neluidisrien,sinonDemivamelescouper.—Bienvenueauclub,réponds-jeensongeantàmesnoixdanslesacàmaindeCassidy.(Aulieude
répondre à la question interloquée qui suit, je préfère faire avancer la conversation.) Et pourquoidois-jefaireprofilbas?—Parcequ’ilssaventquetuesdéjàlà-bas.Celanetientpasdebout.C’estQuinnquim’adonnélenumérodevoldeCassidyetm’aditdeme
lanceràsapoursuite.Seulement,parcequ’ils’imaginaitquenousétionsenpleineromance,grossièreerreurdesapart,mêmesic’estquandmêmegrâceàcelaque j’aieu l’info.Oh,merde. Ilsontdûconclurequec’estàcausedemoiqueleurmeilleurecopineafichulecamp.Génial.Ilnemanquaitplusquecela:deuxmèrespoulesetunpetitcoqcompatissant,alorsquej’essaiedefairerentrerlapetitecoquineaubercail.—OK,monvieux.Mercidem’avoirprévenu.Avecunpeudechance,soupiré-je,jeseraireparti
avantqu’ilsarrivent.Jefichelecampàlapremièreheuredemain.—Qu’est-cequetuespartifairelà-bas,d’ailleurs?—Jemeposelamêmequestiondepuisledébut.—Ehbien,c’estdéjàuneréponse,non?—Quoi?Jenetesuispas.—Monpote,tuassautédansunavion…Maine…nana…Lalignen’arrêtepasdecouper.Je regarde l’écrandemon téléphonequinemontrequ’une seulebarrettevacillante. Jedois être
entrédansunezoneoùonnecaptepas,maisjereposeletéléphonecontremonoreille.—Chaz?Allô,tueslà?Lestroisbipsquej’entendset lemessage«Échecdel’appel»m’indiquentquenon.Oh,etpuis,
zut.Jelerappelleraiplustard,carsij’enjugeparl’océanquej’aperçoisàl’horizon,jesuispresquearrivé à destination. Même si Simi n’a pas fait son boulot et ne m’a rien dit. Parlez-moi detechnologie.Alorsquejefranchislacollineetsuislaroutemenantaupetitvillagenichéenbas,jesuisfasciné
malgrémoipar toutecette simplicité.C’est commedébarquerdans ledécordecinémad’unevilleimaginaire ou dans un livre. Jamais je n’aurais imaginé que des endroits comme celui-là existent,maisc’estbienréel.Lescarrefoursn’abritentpasdesStarbucksoudesMcDonald.Iln’yapasdegrandeschaînesde
supermarché, ni de galeries marchandes ou de stations-service. Même pas de feux tricolores. Lagrand-rueégrèneunepoignéedepetitesboutiques,unrestaurant,uneépicerieetuneseuleetuniquebanque.Maistoutel’agitationseconcentresurunquai,centrenévralgiqueencombrédecamionsdetoutessortesdemodèlesetmarquesjamaisproduitsdansnosbonsvieuxÉtats-Unis.Aprèsavoirdépassél’Opéra–attends,ilyaunopéra,ici?incroyable!–,jeprendsàgauchesur
SchoolStreetetjegagneWestMain,oùuneimmensepancarteusée,quiauraitbienbesoind’uncoupdepeinture,m’annoncequej’aienfinatteintmadestination.Jemegare,coupelemoteuretdépliemagrande carcasse pour sortir de cette voiture miniature. Comment les clowns peuvent s’entasser àautantdansuntrucpareilquandilsfontleurnumérodecirque,jamaisjenelecomprendrai.Une fois sur le trottoir, jem’étire et aspire une longue goulée d’air pur. Enfin,moins pur que
chargéd’odeursdepoissonetdesel,maisnaturelquandmême.Mespoumonssonttellementhabituésà l’empreinte carbone des grandes villes que je suis pris d’une violente quinte de toux ; j’ail’impression que je ne reprendrai jamaismon souffle.Une fois cela passé, je jette un coup d’œilautourdemoipourvérifierquepersonnenem’avu,etjesuisébahiparlespectacle.Desbateauxdepêcheentrentetsortentduport,desnuéesdemouettesdansleursillage.Lebruitdes
moteurs et des klaxons, les piaillements des oiseaux et les cris des pêcheurs qui se croisent sontpratiquement une berceuse en comparaison du vacarme de la ville. Des îles de toutes tailles sontéparpilléesdanslabaieetau-delàcommeunecarteautrésorquiattendd’êtreexplorée.Maisleplusimpressionnant,c’estl’horizon.Unevraietoiledepeintre:lescieuxsontd’unbleulimpideetlesraisdelumièrequitraversentlesnuagessontd’unblancimmaculé,commesilesdoigtsd’unjeunedieus’amusaientavecdesbateaux-jouetsflottantdanssonbain.CassidyWhalen est née dans une carte postale et en est sortie comme un personnage de fiction
faisantirruptiondanslaréalité.J’airarementeul’occasionderemarquerlasplendeurdecegenredechoses.Peut-êtreparcequej’aitoujoursétépressé,àcausedutumultedelaviecitadine,maisilyaquelquechosedanscepaysagequimeforceàprendredutempspourlecontempler.C’estpeut-êtreuncomportementdegamindemapart,maisjesuisimpressionné.JesorsmontéléphonepourappelerBenetluifairesavoirquejesuisarrivé.C’estavecsurprise
quejevoislesmotsPASDERÉSEAUsurl’écran,àl’endroitoùdevraientsetrouvercinqbarrettes.Jebrandismontéléphoneàboutdebrasetfaisuntoursurmoi-même,dansl’espoirdecapter.— Pas de réseau ? Comment c’est possible avec la technologie d’aujourd’hui ? soupiré-je en
rangeantavecabattementmontéléphonedansmapoche.Oublionslacartepostale.JesuisplutôtdansLaQuatrièmeDimension.Je regardedenouveauautourdemoiet secoue la têteenme rendantcompteque jemesuis fait
avoircommeunbleu.ToutcommeCassidy,lapetitevilleestravissanteetinnocente,c’estunsuccubequi leurre sa proie en lui donnant l’impression qu’elle ne risque rien, et puis boum ! Vous vousretrouvezsoussonemprisesansautrechoixquevoussoumettrependantqu’ellevousvampiriseavantdebalancervotrecadavredesséché.Heureusementpourmoi,jecomprendscelaavantqu’ilsoittroptard,cequiestmiraculeux,étantdonnémonétatd’épuisement.Derrière moi, Whalen House se dresse fièrement en haut d’une éminence qui domine non
seulementleportmaislavilletoutentière.Etquandjedisville,c’estvitedit.Quellebellecoïncidencequecesoitdanscetorgueilleuxetsomptueuxperchoirqu’avu le jourcettedonneusede leçonsdeCassidyWhalen.Jeneseraispassurprisd’apprendrequesonpèreestàlafoislejuge,lejuryetlebourreaudelaville.Si j’avais encore un peu de sens commun, je tournerais les talons et rejoindrais la civilisation.
Mais,jelerépète,àcausedemondéficitdesommeil,jemanquetotalementdelucidité.Laseulechosequimepréoccupepourl’heure,c’estdemeglisserdansunlitdouilletpouroffrirunpeudereposbienmérité à mon cerveau. Après cela, je dirai son fait à la diablesse, puis je m’empresserai deretrouverunsemblantdenormalitéàSanDiegoavecmonnouveauettrèsbienpayéposted’associéchezStrikerSportsEntertainmentetunevieextraordinairementexceptionnelle.Oui,toutcepourquoijemesuisdonnétantdemal,cerêve,vabientôtdevenirréalité…Dèsqueje
seraisortidececauchemar.
2
Cassidy
C’estdrôle, lavie.Toutescesconsidérationsexaltantesquiprétendentquel’onestmaîtredesondestin,qu’onpeuttoutàfaitchoisirladirectionquel’onprenddurantnotrevoyagesurterre,cenesontquedesâneries.Ilesttrèsrarequelesgensnésdansmapetitevillelaquittent.Oualorsilsreviennentdeuxtroisans
plustard,grandmaximum.LesusetcoutumesdeStoningtonsonttellementdifférentsdecequel’ontrouveàl’extérieurqueseshabitantsontdumalàvivreailleurs.C’estcommeseretrouverbalancéaubeaumilieu de l’océan avec pour consigne de nager ou se noyer. Et cela sans jamais avoir eu lamoindreleçondenatation.C’estcequej’aifait.J’aiprismonavenirenmainetjesuispartiedeStonington.Etnonseulement
j’ai appris à nager,mais j’ai vu poussermes nageoires et apparaître des branchies. Pourtant, cettevillearéussiàmerappelerquandmêmeàelle.Jenesuispaslamaîtressedemadestinée,j’ensuisl’esclave.J’ailaisséderrièremoitoutcequej’aieutantdemalàconstruire,afinderevenirdansuneville que jem’étais efforcée de quitter.Comme unemère qui vous couve, Stonington a le don deretenirsesenfants,delesétoufferdanssongironenrefusantdeleslâcher.Jesuissimplementlafilletêtuequiétaitbiendécidéeàtracerelle-mêmesavoie.Lesbrèvesvisitesquejerendaisàmafamilleilyapeuétaientsansrisques.Laplupartdutemps
parce qu’elles étaient planifiées, avec une date de départ précise et non négociable. Cette fois, cegarde-fouestabsent.Jen’aipaslamoindreidéedutempsqu’ilvamefalloirpouraidermesparentsàtraverser cette crise,mais je suis sûreque siStoningtonparvient à ses fins, je ne suis pasprès derepartir.C’estunrisquequejedoisprendrepourmesparents.Ilssontplusimportantsquen’importequel poste d’associé, que tel ou tel client, ou que ce salaud égoïste et torturé qui a le don demedonnerdesorgasmesfabuleux.C’estuncoupdefilurgentdurantlemomentleplusimportantdemaviequim’afaittraverseren
catastrophe le pays pour rejoindre ma mère hospitalisée. Quand papa est passé me prendre àl’aéroport, ilm’aassuréqu’elleallaitbien,mais ilm’aprévenuequ’elleavait l’air auplusmal. Ilavaitraison.Ondiraitquemamanavaitcombattupendantdouzeroundsaveclechampiondumondedespoidslourds.Lestraumatismesetfracturesqu’elleasubisnefontquejustifiercettemétaphore.Bienquejesoisdansunhôpital–cequimemettoujourshypermalàl’aise–,j’éprouvequelque
chose de bizarre et de déplaisant. Chaque fois que j’essaie d’identifier la raison de cemalaise, levisagedececrétindeShawMatthewssurgitdansmonespritetravivemontrouble.Peut-êtreparcequenousnenoussommespasditau revoir.Encorequecelan’aitaucune importance.Cen’estpascommesinousétionsuncouple,pourcommencer.Cen’estquedusexe,pasvrai?Etsitelestlecas,pourquoij’éprouveraislebesoindeprendredesesnouvelles?Del’appelerpourluidirequejesuisbienarrivée,quemamèrevabien,etluidonnerunedatederetourplusoumoinsprécise?Parcequejesuisuneidiotequiseretrouveaumilieudenullepart,avectrèspeud’espoirderetrouverunjourlacivilisation.—Çava,machérie?Lavoixbourruedemonpèreinterromptlecoursdemespenséesetjelèvelesyeuxpourlevoir
quim’observe,lefrontbarréd’unplisoucieux.Jeledévisageàmontouretjeconstatecombienilachangédepuismadernièrevisite.Sescheveuxrouxsontdeplusenplusclairsemésetilauraitbienbesoin de se tailler la barbe,mais sa large poitrine et sa grosse bedaine sont toujours lesmêmes.Mamanl’abiennourri,commetoujours.Commejenerépondspas, ilcontinuedemefixer.Ets’ilplisselespaupières,cen’estpasparcuriosité,maisparcequ’ilyvoitdemoinsenmoins.—Tout va bien, papa. Je suis juste un peu fatiguée. (Un bâillement arrive à point nommé et je
m’étire.)Jevoisquetuneportestoujourspasteslunettes.—Pfff,balaie-t-ild’ungeste.Çan’arienàfairesurunbateaudepêche,deslunettes.Lapreuve,la
dernièrepaireaglisséetesttombéedansl’eau.—Ellessonttombées,outulesasjetées?—Qu’est-cequeçachange?élude-t-il.Quelquepartaufonddel’eau,ilyasûrementunpoisson
quisebalademaintenantavec,etquisurveillenoscôtes,dit-ilavecunclind’œil.Jerismalgrémoi.Papaaledondefairepasserlaperteplusoumoinsaccidentelledeseslunettes
pourunecontributionpatriotique.DuffWhalenest têtuet il luttecontre l’âgede toutesonénergie.C’estpourcelaqu’ilcontinuedepêcheralorsqu’ildevraitprendresaretraite.Iljurequecelal’aideàrester jeune et en bonne santé. Il a probablement raison, mais jamais je ne lui dirais cela devantmaman.Commesielleavaitperçucettepensée–etelleenestsûrementcapable–,mamanremuedansson
sommeiletsoulèvesuffisammentlespaupièrespourquejevoielevertéclatantdesesyeux.J’aipeut-êtrehéritélescheveuxrouxetlecaractèredechiendemonpère,maisj’aireçudemamèrelesyeuxet l’obstination.Uneobstinationqui luiavalude finirà l’hôpitalavecune jambecassée,descôtesfracturéesetquelquesbleusetécorchures.Dieumerci,ç’auraitpuêtrepire.—Alors,l’endormie.Çava?luidemandé-jeenécartantunemèchedecheveuxgrisdesonvisage.—Cassidy,tueslà.Elle me fait un sourire de boxeur K.-O., les puissants analgésiques la forçant à un sommeil
réparateurpouraidersonorganismeàrécupérer.C’estunebonnechose,sinonAnnaWhalenseseraitdéjàlevéepourfairelesquarantekilomètresquilaséparentdeStoningtonafindes’occuperdesespensionnaires.—Tu sais, si tu tenais àme voir, il suffisait deme téléphoner pourme demander de venir. Tu
n’avaispasbesoinderecouriràdetellesextrémités.Ledemi-comamédicamenteuxnel’empêchepasdehausserunsourcilsarcastique.—Ahbon?Etçarecommence.
—Maman,nemeculpabilisepas,OK?Tusaisquejesuistrèsoccupée.—Oui,jesais.J’auraisvraimentpréféréqu’onnet’appellepas.Jevaisbien.Tudevraisretourner
enCalifornie avant demanquer à tout lemonde. Je nevoudrais pas quemonpetit accident soit lacause d’une catastrophe, genre un de tes clients qui n’a pas eu la bouteille d’eau minérale de samarquepréféréesurleplateaudetournaged’unepubpourDieusaitquoi.Bonsang,ellesaits’yprendre,maisjenevaispaslalaisserdresserlalistedemesmanquements
pourtenterd’esquiveruninterrogatoirebienmérité.Suruntondedéfi,jeluilance:—Ah,tuvasbien?Alors,tuesàl’hôpitalpourquoi?— Parce que vous êtes deux mères poules incapables de se rendre compte que les médecins
essaientdetirerlemaximumdemamutuelle.Jepeuxrentrer,maintenant?J’éclatederire.—Iln’enestabsolumentpasquestion.—Ahbon,etpourquoi?— Parce que tu as des problèmes de tension, ce que tu savais avant de te lancer dans ta petite
équipée. Les problèmes en question ayant provoqué l’étourdissement qui a causé ta chute. Et c’estpourcelaquelesmédecinsveulenttegarderunenuitdeplusenobservation.Laréponseneconvientguèreàmamère.Jem’yattendaisunpeu,aussi.—Pasquestionquejeresteunenuitdeplus.Jedoism’occuperdemespensionnaires.Ellerepousselescouverturescommepourselever,maisjel’arrête.—Oh,non.Abbys’enoccupetrèsbiensanstoi,etjevaisluidonnerunpetitcoupdemain.Dèsque
lemédecinm’auraexpliquépourquoiletraitementpourlatensionqu’ilt’aprescritnedonnerien.Mamanbaisselesyeuxsurlelitetentreprenddelisserdesplisimaginaires.Sijen’avaispasdéjà
perçusaculpabilité,laréactiondepapamel’auraittoutdesuitefaitcomprendre.Illitenellecommedansunlivreouvert.—Fichueentêtée.Tun’aspaspristontraitement,c’estça?Illèvelesbrasaucielcommes’ilconnaissaitdéjàlaréponse.Ellehausselesépaules.—Pasaussirégulièrementquej’auraisdû.—Pourquoi?demandé-je.Elleprendunairpenaudetjetteuncoupd’œilàmonpère.—Parcequ’onnepeutpaspayernos traitementsà tous lesdeuxetcontinuerdetenir lebedand
breakfast.—Oh,monDieu. Tu plaisantes, j’espère ? (Atterrée, jeme tourne versmon père.) Tu étais au
courant?—Évidemmentquenon!s’indigne-t-il.Tucroisquejel’auraislaisséefaire,sinon?Jenevoulaispasinsultermonpère,maislemalestfait.—Excuse-moi.Biensûrquejesaisquetuauraisréagi.Pourquoitun’asriendit,maman?— Parce que je ne voulais pas que ça se sache. C’est ma faute. Cette fichue crise a affecté le
tourismeàStoningtonetnousdevonsgarderlamaisonenétatdefonctionnerparcequecen’estpasseulementunesourcederevenus,maisletoitsouslequelonvit.Alors,j’aifaitdeséconomies,jemesuisditqu’enprenantmonmédicamentunjoursurdeux,ceneseraitpastropgraveetquejepourraisfairedurerl’ordonnancejusqu’àcequelasituations’améliore.
—Ah,c’estcequetut’esdit?grommellepapadepuissonfauteuil.Ilesttoutrouge,lesoreillesécarlates,etjemedemandesiluiaussinefaitpasdel’hypertension.—Ilfautquejetedemandesituprendstontraitementaussi,papa?Ilbalaielaquestiond’ungesteetpréfèreseconcentrersurmaman.—Tut’esditaussiquetupourraisgrimperàl’échelle,hein?Regardeoùtuasatterri.—Ilfallaitbienquequelqu’unnettoielesgouttières,répliquemaman.—Jet’avaispromisquejeleferaisenrentrant,répondpapa,deplusenplusrouge.—Mmm…Commetuasréparél’antenne?Lesgensn’ontpasenviedeséjournerdansunbedand
breakfastoùonnecaptepascorrectementlatélévision.—Pourquoiturefusesd’admettrequetuesmontéelà-hautparcequetuvoulaisregardertesfichus
programmes?C’estpourçaquetun’aspasvouluattendre.Tuasfailliteromprelecoujustepourça.Jefermelesyeux,conscientequepapaaraison,maisenespérantlecontraire.—Maman,jet’enprie,dis-moiquecen’estpaspourçaquetuesmontée.Inutiled’attendresaréponse.Elleestobsédéeparsesfeuilletonsàl’eauderose.Stoningtonestà
elleseuleungigantesquefeuilleton,sanslescaméras,lesprojecteursetlespreneursdeson.Mêmesije soupçonnecertainsdenosconcitoyensdeposséder cegenred’équipementpour surveiller leursvoisins.Mamansetourneversmoietl’ecchymosesursajouemefaitfrémir.S’illuiétaitarrivéquelque
chose…—Oui,bon,concède-t-elledansunsoupir.Tusaisbien…D’unepierredeuxcoups,quoi…—Oh,bonsang,maman.Jen’enrevienspas!Moncrid’exaspérationestinterrompuparunevoixquis’élèvedepuisleseuil.—C’estquoi,l’expression,déjà?C’estl’hôpitalquisemoquedelacharité?Jereconnaiscettevoix.Dugenrerocailleuxetrauqueàcausedutabac,qu’onnepeutniimiterni
contrefaire,etc’estsaforcetranquillequim’aréconfortéedurantlespériodeslesplusdifficilesdemavie.Jefermelesyeuxpourreprendremoncalmeavantdelesrouvriretdemeretourner.Il est appuyé contre le chambranle de la porte, les mains enfoncées dans les poches d’un jean
délavétellementmoulantqu’ilfaitpartiedubonhomme.Lesjambescroisées,ilportedeschaussuresdechantieruséesparunmétierqu’ilfaitdepuistoujours.SachemisebleumarineestouvertesurunT-shirtnoirmoulantdespectorauxobtenuspardesannéespasséesàcharrierlescasiersàhomards,etnonà leverdespoidsdansune salledegym.Et les ridesaucoinde sesyeuxont étécreuséesparpresquetrenteannéesdesoleiletdefrancssourires.—Casey…J’expirelittéralementsurladernièresyllabe,commesimespoumonssevidaiententièrement,etje
restesanssouffle.Moncœurs’emballeettambourinecommes’ilvoulaits’échapperdemapoitrineetsejeterdanssesbras.Caseymefaitunsourireducoindeslèvresaccompagnéd’unclind’œilquimerendtoutechose.—Qu’est-cequetudeviens,machérie?Seigneur, il y a quelque chose chez Casey Michaels qui me fait systématiquement chavirer. Je
redeviensaussitôtunegamine.C’estuneémotioninvolontairequ’aucunautrehommen’estcapabledeprovoquerenmoi.Celanemedéplaîtpas,maisjenepeuxpasdirequecelameplaisenonplus.
C’était sympa,mignonmêmepeut-être,quandonétaitenfants,mais jesuisuneadulteet jepréfèreconserverunminimumdecontrôlesurmesréactionsenprésenced’untiers.Àen jugerpar lavitesseà laquelle jevoledans sesbrasavantquemonespritn’ait le tempsde
réfléchir,ilestévidentquelecontrôleenquestionmefaitcruellementdéfaut.Caseyme rattrape – comme toujours – et j’enfouismon visage dans son cou en respirant cette
odeurfamilièred’airmarin,d’essenceetdelabeurqu’onnepeutenfermerdansunflaconmaisquimerappelletoujoursmonfoyer.Jesuisensécurité,mêmesijenesaispastrèsbienpourquoijesuisàcepointsoulagéedem’enrendrecompte.Dequoiai-jebesoind’êtreprotégée?La question que je lui pose est étouffée parmon étreinte : je refuse de le lâcher de peur qu’il
disparaisse.Caseyéclatederireetsedégagegentiment.—Jenesaispascequetuviensdemedire,maislaréponseestoui,machérie.Commetoujours.—C’estvrai?Tuvoudrasbienportermesenfants?Jeposelaquestionenmimantuntonpleind’espoirqueCaseyreconnaîtrasanslemoindredoute,
carilmecomprendmieuxquepersonne.Monplusvieiletpluscherami,quisetrouvejustementêtreégalementl’hommedemesrêvesque
j’aidécidédesacrifieràmacarrière,sedétourneavecunfrisson.—Mince, çava fairemalquand jedevrai accoucher,dit-ild’unair songeur.Mais tuenvaux la
peine.Nouséclatonsderireenchœuravecmesparents.— Je me sens déjà tellement mieux en vous voyant tous les deux vous comporter comme des
imbéciles,ditmamèreenseredressant.—Bienessayé,rétorqué-je,pasdupe.—Casey,empêche-lad’êtreaussiméchanteavecsamère,gémitmaman.Caseylèvelesbrasaucieletvalarejoindre.—Voussavezbienqu’elleferaexactementlecontrairedecequejeluidirai,Anna.Jel’aicompris
enpremièreannéedelycéequandj’aiessayédeladissuaderderejoindrel’équipedefootball.Ellen’écoutepas,ellealatêtedure.Ilsebaissepourl’embrassersurlajoue.—Pasassezdure.Elleafiniassomméelepremierjourd’entraînement.Celaluiaapprisànepas
setenircommeunedame.Jet’enveux,Duff,dit-elleentendantlebrasverssonmari.Tul’astoujoursmalmenéeettraitéecommelefilsquetun’asjamaiseu.—Qu’est-ce que tu voulais que je fasse, enfin ? Elle préférait le football plutôt que jouer à la
poupéeouàladînette.Etçanemegênaitpas.Regarde-la,maintenant.Ellereprésentelesmeilleursdesmeilleurs,etjepeuxavoirtouslesautographesquejeveux.Ilmefaitunpetitsignedetêtepourm’indiquercombienilestfierdemoi.Jesaisbienqu’ill’est.
Mesparentsneperdentjamaisuneoccasiondemeledire.Jegémis,lassed’êtresouslefeudesprojecteurs.—Çasuffit,maintenant.Qu’est-cequetufaisici,Casey?—Tuesmapréférée,Cass.Oùtuvoudraisquejesois?Toutes les fillesde lavilleconvoitentCaseyMichaelsetc’estmoisapréférée.N’importequelle
fillesesentàpartavecunpareilstatut.Maiscommenousnesommesplusensemble,jeneveuxpasqu’ilseméprenne.—Ah, c’est gentil,mais tu aurais pume voir en ville quandmaman sera sortie, dans quelques
jours.Étant donné que je ne veux pas qu’il se méprenne, je ne peux pas lui dire à quel point je suis
heureusequ’ilsoitlàencetinstant.Cen’estpasriendesavoirqueleportesttoutprès,quandvousvoussentezcommeunbateausedirigeantdroitsurdesécueilsdansunocéandémonté.Mercibien,ShawMatthews.Papas’enmêleetmeramèneàlaquestiondumoment.—Tunevaspasrestericicesoir.Ilvaterameneràlamaison.—ÀSanDiego?demandé-je,interloquée.Je suis bien certaine de ne pas avoir pris un aller-retour. J’étais prête au pire, comme tout le
monde,maismamanestunedureàcuire.Malgrétout,ellevaêtreclouéeaulitunmomentetilfautquejeresteunpeuletempsdel’aider.— On n’a qu’une seule maison, et la tienne n’est pas San Diego, ma petite. (Papa se lève
péniblement, ses articulations grinçant presque autant que le fauteuil.) C’est Stonington, chez toi.Depuis toujours, et pour toujours. Je suis tout à fait capable de rester ici et dem’occuper demafemme,maisjen’aipasassezdepatiencepourêtreàladispositiond’unepoignéed’inconnusquiontbesoinqu’onramassederrièreeux.C’esttoiquivaslefaireetmoi,jelaramèneraiàlamaisonquandelleseraremise.Ouquandilsnousficherontdehorsparcequ’elleleurmèneunevied’enfer.—DuffWhalen!s’indignemaman.—Tuvois?Çaadéjàcommencé.Jenesuispas trèsà l’aisede laissermamanqui semblesi faible,mais jesaisqu’Abbyvaavoir
besoin d’un coup de main. C’est mon devoir de fille de prendre les commandes jusqu’à ce quemaman soit denouveau sur pied, et je nevais pas la laisser tomber.Enplus, ce serait absolumentinutiledemedisputeravecmonpère.Etdetoutefaçon,jesuistropépuiséepourcela.Caseymesoulèvelementonetsebaisseàmahauteur.— Tu as l’air fatigué, dit-il, capable comme toujours de lire dans mes pensées comme si nos
cerveauxétaientreliéspardescâbles.(Puisilmefaitlesourirequisignifiequ’ilsaitquej’aibesoinqu’onvienneàmonsecours,mêmesi jene suis rentréequedepuispeude temps.)Allez,viens, jet’emmène.Jeluirendssonsourire.Parcequec’estmonpreuxchevalier.Qu’ilfaittoujourspasserlesautres
avantlui-même.Parcequec’estmonCaseyàmoi.Parcequecen’estpasShawMatthews.Lesquaranteminutesde trajetpourrentreràStoningtonmeparaissentdurer ledouble.Peut-être
parcequ’avecchaquekilomètrequinousrapprochedenotredestination,j’ail’impressionquenousremontonsdans le temps.Moi,dumoins.Stoningtonestmonpassé.CaseyMichaelsestmonpassé.Pourtant,ilestassisàmagauche,unvideentrenous,commesiquelqu’und’autreoccupaitl’espaceetnous séparait. Je me sens submergée par les émotions ; des habitudes, des sentiments anciens etfamiliersrefontsurface.L’ancienneCassidyauraittendulamainpar-dessuscevidepourprendrelasienne.Elleauraitprobablementmêmeglissélelongdusiègepourseblottiràcôtédeluietpasserlebras sur son épaule. Cela aurait été facile.Aussi simple que respirer et tout aussi naturel. Un peucomme se glisser dans son jean préféré et un sweat-shirt trop grand après une longue journée
stressante.EtDieusaitquejesuistentéedelefaire.MaisjenesuispluscetteCassidy-là.Cellequejesuisdevenuesentlatensiondansl’airetc’estsi
inconfortablequejemesenspresqueoppressée,commesi jepartageaisunespaceconfinéavecuninconnu.Commentest-cepossiblealorsquel’inconnuenquestionmeconnaîtmieuxquepersonneaumonde?Caseyetmoiavonsgrandiensemble.Nosparentsétaientdegrandsamis.Ilsonttoutfaitensemble.
Nousaussi.Decamaradesdejeuquiriaient,pleuraientetsebagarraient–autantentreeuxquepoursedéfendremutuellement–àadosamoureuxquiont toutexploréensemble.Ilconnaîtmessecrets lesplus intimes et moi ses peurs les plus obscures. Nos vies sont plus entrelacées que les racinesnoueusesd’unchênecentenaire,etleurlientoutaussipuissant.Un frisson me parcourt. Je sais qu’il me dévisage, mais pour une raison inconnue, je suis
paralysée, incapable de rien faire à part fixer la route droit devant moi. Peut-être que c’est unmécanismededéfense,untourquemejouemoncerveaupourmerendreservice;pourmeforceràtenir bon et regarder devantmoi au lieu deme retourner.Après tout,Casey est l’arme secrète deStonington.—Bon,tuvasmedirecequinevapasoubienjevaisdevoirtechatouillerpourquetucrachesle
morceau?demandeCaseyen tendant lebraspar-dessus levideque jen’aipasosé traverserpourm’enfoncerunindexentrelescôtes.Je frissonne engloussant, pluspour lui faireplaisir qu’autre chose.C’est bien legenredemon
petit copain d’enfance d’user d’astuces idiotes pour détendre l’atmosphère et éviter ce qui varapidementdevenirunesituationinconfortable.—Arrête,dis-jeensouriantetenrepoussantsamain.Commentça,«cequinevapas»?Cen’est
pasévident?Mamanestàl’hôpital.—Et?—Etjemefaisdusoucipourelle.—Conneries,répond-illaconiquement.—Quoi,conneries?—Tuasbienvuqu’elleallaitbien.—Elleneprendpassontraitement.Celametracassequ’ilsn’aientpasassezd’argentpourçaet
qu’ilsnem’aientpasdemandémonaide.—Cass, tu espartiedepuis tellement longtempsque tuasoubliéàquelpoint les insulaires sont
fiers?Enfin,machérie,tuesdesnôtres,ettuesprobablementlaplusentêtée.Qu’est-cequetuauraisfaitàlaplacedetamère?C’estjusteetilaraison,maisjenesuispasobligéed’apprécierpourautant.—J’auraisessayédem’ensortirtouteseule,moiaussi,j’imagine.—Oh,queoui,dit-ilavecunsourireconfiant.(Puis ilserembrunitetmeregarde, jetteuncoup
d’œilàlarouteetmedévisageànouveau.)Ilyaautrechosequicloche.Qu’est-cequisepassedanscettejoliepetitetête?—Riendutout.Pour une raison inconnue, la question ramène immédiatement le souvenir du visage deShaw la
dernièrefoisquejel’aivu.Dansunappartementvidequ’ilhabiteuniquementpoursauvegarderlesapparences.Je l’ai interrogésursaviesecrète,unevieque j’étaisbiendécidéeàdévoilerà tout le
monde,mais jeme suis sentie coupable d’avoir rouvert une blessure.Malgré tout son cinéma, cen’estrienmoinsqu’unimposteur.Ilfaitcroireàtousqu’ilestquelqu’und’autre:unhommequis’estfaittoutseul,quiaassezd’argentpourflamber,uneinfluencesanségaleetunetellelistedepeoplecommeamisetclientsqu’ilenestpresqueaussicélèbrequ’eux.En réalité,ShawMatthewsestungossedéfavoriséqui a été contraint à s’en sortirdans les rues
cruelles deSevenMile, au cœur deDetroit.Et qui n’a jamais connu l’amour de ses parents.C’esttristeettragique,mêmesicen’estpassafaute.Etmoiquil’aijugéenimaginantdeschosesquejen’avaispas ledroitd’imaginer.Jenesaisriendecethommequej’ai laisséuserdemoncorps–àplusieursreprises–,maissansluioffrirmoncœur.Etpendantquej’étaisoccupéeàbaiseravecluidans tous les coins possibles, mes parents souffraient de déboires financiers que j’ignoraistotalement.Oh,commeladonneusedeleçonstombedehaut.—Arrêtedeculpabiliser,ditCasey,quiadenouveauludansmespensées.Ducoup,jemedemandejusqu’oùilpeutlireenmoi.S’ilsavaittoutcequej’aifaitàShaw,toutce
quej’ailaisséShawmefaire,ilenauraitlecœurbrisé.J’incline la tête et je le regarde, essayant de deviner s’il est avec quelqu’un.Mais Casey est un
maîtreenmatièrededissimulation,quis’empressededétournerl’attentions’ilserendcomptequ’onessaiedelesonderalorsqu’iln’apasenviedesedévoiler.Sontrucdumomentestunautredesesfameux clins d’œil qui font se pâmer les filles de l’île. Avec son sourire sexy, c’est un mélangemortelpourn’importequelmembredusexeféminin.Etpeut-êtrepasuniquementlesêtreshumains.— C’est le sourire que tu utilises pour que tous les homards femelles se précipitent dans tes
casiers?Danslecoin,onassurequelesuccèsdeCaseydanssonmétierestdûàlaséductionqu’ilexerce
surlescrustacésdusexefaible.Iléclatederire.—Tevoilàrevenuedepuisàpeineunejournéeet tucommencesdéjààfairedesblagues,hein?
Qu’est-cequisepasse?Tuesjalouse?—Pasdutout.Maistuferaisbiendeprendregardeàleursgrossespinces.Jesuissûrequeçane
faitpasdebienàl’entrejambe.Àmoinsquecesoitlegenredetrucquitebranche.Nous nousmettons à rire en chœur, et celame fait un bien fou.Normal. Pour la première fois
depuismonarrivée,jesuisdenouveauinsouciante.C’estmonCaseyàmoi.Ilestlaseulepersonnequisoitcapabledemecalmer.Etaveclui,çaal’airtellementfacile,alorsquejesaistrèsbienqueçanel’estpas.—Peut-êtreque tudevraisen ramenerunenCalifornie,entrerendoucechez tonami,ceShaw,
pendantqu’ildort,etluiglissersouslesdraps.Çaluiapprendraitàsefrotteràtoi,hein?Etd’unseulcoup,mapetitebulleroseéclateet jemeretrouvemalà l’aise.J’aibeauessayerde
chasser ce bonhommedemes pensées, impossible de lui échapper.MêmeCasey, que je considèrecommemonrefuge,prononcesonnometfaitremonterdestasdedoutesàlasurface.Qu’est-cequ’ilfaitpendantmonabsence?Quiilsefait,plutôt?Probablementuneoudeuxidiotesdesplagesauxlèvresbotoxées,auxongles fuchsiaetauxcheveuxblondsdécolorés, le tout surunyachtqui luiacoûtéun ande salaire, histoired’enmettreplein la vue à tout lemonde.Quel crétin superficiel etprétentieux!—Mince,machérie,maisqu’est-cequ’ilt’afait?
JemetourneetjevoisCaseyquifixemespoingsserréssurmesgenoux.Gênéeparmaréaction,jemedétendsetjeposelesmainssurlesiège.—Excuse-moi.Cen’estrien.—Çan’apasl’airderien,d’aprèscequejevois.—C’estShawquiaeuleposted’associé,avoué-je.(Cen’estpastoutelavérité,maissuffisamment
prochepourquejenemesentepascoupable.)Jedoisluienvouloirunpeu,jepense.—Oh,zut.Désoléd’apprendreça.Jesaisàquelpointtuvoulaisleposte.Oui, je le voulais sacrément. D’après Shaw, suffisamment pour coucher et parvenir àmes fins.
Mêmesicen’estpasdutoutcequis’estpasséetquejen’enaijamaiseul’intention.J’aifaitbienpire.J’aicouchéavecShaw.Àmaintesreprises.Etquejesoisprêteàl’admettreoupas,j’aicommencéàavoirdel’affectionpourlui.Peut-êtreunpetitpeutrop.MonDieu,commentj’aipuêtreaussiidiote?J’aidûdirecelaàhautevoix,carCaseymeprendlamain,mefaisantfrissonnerpartout.—Tueslafillelaplusintelligentequejeconnaisse,Cass.Peuimportecequis’estpassé,jesuis
sûrquetunepouvaispasleprévoir,sinontuneteseraispaslaisséefaire.Tuestropfinepourça.Jenepeuxpasmerésoudreà luidire lavérité, luiavouerqueDenverRockfordm’avaitchoisie
pouragentetquej’avaisremportéleposte,maisquejen’aipaspuacceptercettevictoireparcequej’avaisétérappeléeàStonington.MêmesiCaseynepeutrienyfaire,jesaisqu’ilconsidéreraitquec’estunefautedesapart.Ils’esttoujoursconsidérécommeresponsabledemoi.Jeposelatêtecontrelavitreglacée.Seigneur,quejesuisfatiguée!—Cen’estpastout.Balancelereste,machérie.J’ailatêtesecouéeparlescahots.—C’estjusteque…Çan’aplusd’importance.—Jesuisdésolédedevoirteledire,machérie,maisj’ail’impressionquesi.NouscommençonsladescenteversStoningtonetlanostalgies’emparedemoi.Lanostalgieetla
claustrophobie.—Non,dutout.ShawMatthewsn’estplusunproblèmepourmoi.J’aidessoucisplusimportants,
commeremettremamansurpiedpourpouvoirrentrer.—MabonnevieilleCassidy.Toujoursentraindefuir.Ilritgentiment,maisjesenslepoidsdecetteréflexion.—Jen’aipas fui,marmonné-je,car jen’aivraimentpasenviederecommencer laconversation
quenousavonsdéjàeuemillefois.Devinantmonhumeur,Caseychangebrusquementdesujet.Dieumerci.—Figure-toiqu’onaunecélébritéenville,plastronne-t-ilavecunimmensesourirebéat.Jamaisjen’auraisimaginéCaseyenfan.Jemeraclelagorgepoursous-entendre:«Maisoui,c’estça!»—Trèsdrôle.LescélébritésvontenvacancesdansdesendroitscommeAspenouBora-Bora,pas
dansleMaine.—Ellesyviennentquandellessontécrivainsetqu’ellesveulentterminerunlivreoùilestquestion
d’unpêcheurdehomardssexyenquêted’amour,explique-t-ilenbougeantlessourcils.
—Ahoui?Ehbien,elles’esttrompéed’endroit,dis-jeenriant.—Hé!s’indigneCasey,unpeuvexé.Jepeuxêtresexy.IlgonflesespectorauxcommeTheRock,etjenepeuxm’empêcherderiredeplusbelle.C’estmonCaseyàmoi.MonDieu,commeilm’amanqué.
3
Shaw
Jesuistellementcrevéquejenemerappellepasletempsquej’aipasséàdormir.C’estcettetrèslonguetraverséedupaysquim’aépuisé,certes,maislelitincroyablementmoelleuxquej’aitrouvéenmeréveillantn’apasarrangéleschoses.Pasplusqueladélicatemélodiedessirènesdebateaux,desvaguesetdescrisd’oiseauxquifiltrepar lapetitefenêtredemachambre.Unechambrequejen’aimême pas eu le temps de visiter avant dem’affaler la tête la première sur le lit… je ne saiscombiend’heuresplustôt.Je parviens à tendre le bras jusqu’à la table de chevet pour tourner le réveil vers moi.Merde.
10 heures. J’ai sombré pendant plus de douze heures. Je laisse lourdement retombermon bras etrefermelesyeuxavecl’enviederefaireuntourd’horloge,maisj’aiunvolàattraperetunesacréerouteà faire avantd’arriver à l’aéroport– etpasquestiondeme lancer tantque je n’aurai pas pucoincerunecertaineCassidyWhalenentrequatre-z-yeux.Jeme hisse hors du lit en gémissant, m’étire et traverse la chambre en traînant les pieds pour
débranchermontéléphonedesonchargeuretvérifiermesmessages.Bonsang,j’avaisoubliéqu’onne capte rien, ici. Heureusement, grâce au wifi, je peux demander par iMessage à Ben mesinformations de vol, qu’il aurait déjà dûm’envoyer, soit dit en passant. Et après quoi, je file à ladouche.En entendant mon téléphone biper, j’abandonne à regret les délices du jet d’eau et traverse de
nouveaulachambre,nucommeunveretruisselant,pourtrouverunecopied’écrandumessageavectouteslesinfosdevolqueBenm’avaitdéjàenvoyées,commeprévu.Saufquejenel’aijamaisreçu,allez savoir pourquoi.Et que j’ai déjàmanquémon avion. Jeme suis comporté commeun crétin,c’étaitsûr.Jeluirépondspardesexcuses,cequejefaisrarement,etluidemandedenepasprendrederendez-voustantquejenesaispasquandjepourrairegagnerl’aéroport.Jen’aipasencoreparléàCassidy,etiln’estpasquestionquejem’enailleavant.Ilfautdéjàquejelatrouve.Lavé,rasédeprès,habillé,jemesensdenouveaupresqueprésentable.J’aimêmelepasguilleret
enmerendantcomptequejebénéficied’uneffetdesurprise.Cassidyn’imaginepasquejesuis là,danssavillenatale,pilesous le toitde lamaisonoùelleagrandi.Jedoisavouerquecelamefaitbander,cequiindiquequejen’aipasseulementenviedelavoir.Jedescendsl’escalierattiréparuneodeurappétissantedecookiestoutchauds.Jesuisleseffluves
sucrés jusqu’à leur source. Les marches de bois qui grincent sous mon poids étouffent lesgargouillementsdemonventre.Enbasdel’escalier,jetrouvesurmagaucheunevastecuisine,lumineuseetaccueillante,oùtout
estblancavecdelargesfenêtresencadréesderideauxàfleursbleuetjaune.Lesplansdetravailsontdu même bleu que les tabourets qui font cercle autour du bar occupant le centre. En fredonnantjoyeusement,unepetitedamerondeletteestoccupéeàenleverdescookiesauchocolatd’uneplaquedecuissonpourleslaisserrefroidir.Quelquechosedanscettescènem’interpelleetjeprendsletempsde tout absorber en me répétant que j’aurais préféré avoir cette inconnue pour mère plutôt quel’alcooliquequim’afaitnaîtreetm’aensuitelaissémedébrouillertoutseul.—Oh,jenem’étaispasrenducomptedevotreprésence,ditladameens’essuyantlesmainssur
sontablier.(Sescheveuxchâtainsdébordentdesonchignonetquelquesbouclesrebellesquisesontéchappéesencadrentsondouxvisagerond.Elleenrepousseunesursonoreilleetlaisseunetraînéedefarinesursapeauridéecommeunepeinturedeguerresurlevisaged’unesquaw.)Jenesaispassivous vous souvenez, mais c’est moi qui vous ai accueilli hier soir. Je suis Abby. C’est moi quim’occupe de tout ici pour lemoment. Vous devezmourir de faim. (Unemain sur la hanche, elles’appuieaucomptoir.)Normalement, j’auraisdûappelervotrechambrepourvousprévenirque leservicedupetitdéjeunerallaitêtreterminé,maisjenevoulaispasprendrelerisquedevousréveiller.Vousaviezl’airtellementfatiguéquandvousêtesarrivé.—C’estvrai?Sachantdansquelétatj’étais,jenesaispastroppourquoijeposelaquestion.—Ehbien,commevousvousêtes laissé tombersur le lit etmisà ronfleràpeineentrédans la
chambre, je dirais que oui. (Elle se met à rire et me prend par le bras pour me conduire à untabouret.)Asseyez-vous.Jevaisvouspréparerquelquechose.Vousvoulezdesœufsaubaconouunsandwichàladinde?Jeluifaisunsourire,maisc’estmoiquisuissouslecharme.—N’importe,dumomentquej’aiuncookieendessert.—Alors,ceseralesandwich,dit-elle.(Ellegagneleréfrigérateuretensortlenécessaire,puiselle
poseungril sur lacuisinièreetcommenceàs’affairer.)Vousnem’avezpasdit sivousétiezvenupourraisonsprofessionnellesoupourdesvacancesnicombiendetempsvouscomptiezrester.C’estapparemmentunequestionàlaquelleelleattenduneréponse.Maisquedois-jeluidire?Si
c’est lamèredeCassidy, elle risqueraitdeprévenirmacibledemaprésenceavantque j’aie eu letempsdel’affronter.—Je…euh…jesuislàpourm’occuperd’uneaffairepersonnellequipeutavoirdesrépercussions
professionnelles, en fait. (C’est la vérité,même si onpeut aussi voir les chosesdans l’autre sens.)J’espèrepouvoirrepartiraujourd’hui.Etpourm’enassurer,jesorsmonportable,prêtàappelerCassidypoursavoiroùelleest.—Oh,monpetit,sivousessayezdejoindrequelqu’unendehorsdel’île,vousferiezmieuxdele
faireàl’ancienne,dit-elleenmedésignantletéléphonefixeaccrochéaumur.Sansblague?Onentrouveencore?— La ville a fait installer le wifi l’année dernière, mais ça cafouille encore un peu et il faut
renonceràcapter,saufsionmonteenhautde lacolline.Maisvousavezune lignefixedansvotrechambre.Ilvavousfalloirunecartepourappelerlecontinent,maisvouspouvezenacheteruneenville.
Onfabriqueencoredescartestéléphoniques?Jenem’imagineplusêtredansunmondeparallèleoudansunépisodedeLaQuatrièmeDimension. Je suismaintenant convaincuque je suis remontédansletemps–saufquejen’aipasprisuneDeLoreanargentée,maisunepetiteYarisblanche.Uneassietteglissedevantmoiavecunsandwichbeurréettoastécoupéendeuxpourdévoilerune
montagnededindeetbaconruisselantedefromagefondu.Untasdefritesetdeuxgroscornichonsoccupent lerestede l’assiette.Encommandantcesandwich, jepensaisqueceseraitunmorceaudeviandesurdupainblancavecunetranchedefromageindustrieletunefinecouchedemayonnaise.Orcequ’onmesert,c’estunchef-d’œuvreculinaire,lerêvedetoutAméricainbonteint.Mespapillescommencentàfrétilleretjesalivedevantcedélice.Jesaisisunemoitiéàdeuxmainsenprenantbiengarded’éviterlefromagebrûlant,etjemordsdedans.—MonDieu,gémis-jequandunedélicatesensationvientcaressermonpalais.Abbyglousse,etc’esttoutàfaitadorable.Jemedemandesiellem’adopterait,ouaumoins,sije
pourrais l’adopter. Elle m’apporte un verre d’eau glacée avant de retourner à la cuisinière etd’entreprendredelanettoyer.Commejem’intéressedavantageausandwichqu’auverred’eau,jeprendsunedeuxièmeénorme
bouchée, comme si on risquait de me voler ma pitance si je ne me dépêchais pas. Le voleur leregretterait,celadit.—Vousavezunecharmantemaison.Elleme jetteundrôlede regard,sansdouteparceque jen’aipasattendupourparlerdeneplus
avoirlabouchepleine.Oui,c’estunevraiemaman.—Vousvoulezbienrépéter?J’avaleavantdecommettrelamêmeerreur.—Pardon.Jedisaisquevousaviezunecharmantemaison.Ellemefaitunsourireapprobateur,puiselleretourneàsonnettoyage,unetâchequ’elleapprécie,
apparemment.—Oh,ellen’estpasàmoi.ElleestàAnna.Jedonnejusteuncoupdemain.—Anna…Whalen?—Oui,comme indiquésur l’enseigne. (Elle rince legrilqu’ellea lavéà lamainet lepose sur
l’égouttoir.)MonThomasetmoi,onconnaîtAnnaetDuffdepuistoujours.Toutlemondeseconnaît,parici,àvraidire,maisnousquatre…Noussix,plutôt,onnepourraitpasêtreunefamilleplusuniesionpartageaitlemêmesang.—Six?Jesuisbonencalcul,maisjen’aicomptéquequatreprénoms.J’aimanquéquelquechose?—Oh,jeveuxdire,nosenfants.—Ah.Dontl’uneneserait-ellepasCassidyWhalen,parhasard?Elleseretourneenhaussantlessourcils.—VousconnaissezCassidyWhalen?—Eneffet.C’estlaraisondemavenueici.(Lavoyantinterloquée,jeprécise:)Noustravaillons
ensemble.—Jevois.Alors,vousêtesdeSanDiego,hein?—Ehbien, j’yhabiteet j’ytravaille,oui.(Jeterminelesandwichetrepoussel’assiette,qu’Abby
remplaceparuneautreavectroiscookies.)Vousnesauriezpasoùelleest,parhasard?Nousavonsquelquespetitesquestionsàrégleravantquejereparte.Lebruitd’ungrosmoteur s’élèvedans l’alléeet se rapprochede lamaisonavantde s’arrêter à
l’arrièredelamaison.Abbydéfaitsontablieretl’accroche.—Demandez,etilvousseradonné,déclare-t-elleavecunsourirecommunicatif.Aumême instant, laportes’ouvreet lacausedemesminivacances impromptues fait irruptionà
l’intérieur.—Abby!piailleCassidyensautantlittéralementdanslacuisinepourprendredanssesbrasmon
aimablehôtessesansremarquerous’inquiéterdemaprésence.Commeellemetourneledos,j’aiunevueimprenablesursesfessesmouléesdansunleggingnoir.
Jen’aipasl’habitudedelavoirdansdestenuesaussidécontractées,maisc’estsûrquejeseraiàfondpour les leggingsàpartirdemaintenant.Jen’aipasnonplus l’habitudedevoirses longs cheveuxrouxattachésenqueue-de-chevaletsonpulltropgrandestuneautresurprise.Elleesttellementsexyquej’enbandeàavoirmal.—Ah,Cass,tuestropmaigre,ditAbbyenreculantpourconfirmersapremièreimpression.Tout
çaàcausedecemodedeviecalifornienprétendumentsain.Letofuetleslégumes,cen’estpasdelanourriture.Maisnet’inquiètepas,jevaist’engraisserenunriendetemps.—Abby,si tucontinuesàfairecesfameuxcookiesauxpépitesdechocolatquiembaument,mes
fessesvontprendrecinqkilosrienqu’àlessentir.C’estlemomentoujamaisd’intervenir.—Etmoiquicroyaisquec’étaitlelegging.Cassidymanquedesauterauplafondenentendantmavoix.Quandelleseretourneetmevoitavec
monpetitsourirenarquois,ellepousseunjuronetporte lamainàsapoitrinecommepourretenirsoncœur.C’estmignondelavoirreculeretmanquerdetomber,rattrapéeinextremisparAbby.Jelui laisseunmomentpourrécupérer,cequiestfortmagnanimedemapart,etplusqu’ellene
mérite. Surtout étant donné qu’elle a Abby pour la réconforter. Pendant ce temps, je mange moncookieenfaisantlapetitemoueséductricequialedondefairetomberlesfemmesenpâmoisonendeuxsecondes.Apparemment,Cassidyyestinsensible,maisc’estmafaute.C’estdifficiledesesentirsexyquand
onestpriseaupiège.Saufsic’estlegenredetrucquivousbranche.Jeconnaisdesfemmescommeça.QuandCassidyfinitparretrouversavoix,elleestbientropassurée.—Qu’est-cequevousfaitesici,Matthews?Jesuistoutaussicalme.Aprèstout,jen’aiplusrienàcacher,maisondiraitquecen’estpaslecas
delaMiss.—Oh,jecroisquevouslesaveztrèsbien.Enrevanche,jenepourraispasendireautantdevous.Cassidy émet une série de bruits inarticulés qui n’ont aucun sens, mais à en juger par son
expression,c’estpeut-êtrequ’ellealebeccloué.Lavoirsetortillercommecelam’exciteauplushautpoint.— Qu’est-ce que vous avez tous les deux ? demande Abby comme une maman ourse prête à
défendresaprogéniture,mêmesijenesaispaslequeldenousdeuxellepréféreraitsecourir.
—Non,toutvabien,mentCassidyenarborantunsourirefaux.Shawetmoitravaillonsensemble.Jesuissurprisedelevoirarriverici…chezmoi…sansprévenir,enplus.Ilestévidentqu’ellenes’attendaitpasàmevoir,maisc’estlebutdelamanœuvre,non?— Je suis surpris de vous voir ici aussi… et pas à San Diego… sans prévenir, réponds-je,
moqueur.Commentsefait-ilquevousnesoyezpasàSanDiego?—Monpatron,mesamisetmesclientssaventpourquoi.Pourautantquejesache,ilssontlesseuls
àquijedoiveuneexplication.Enquoicelavousregarde,vous?—Nousavonsquelquespetiteschosesàrégler.Àmoinsquevousayezopportunémentoublié?—J’aidittoutcequej’avaisàdire.Iln’yarienàrégler.—Ahbon?rétorqué-je.Peut-êtrequenouspourrionsallerendiscuterentêteàtêtequelquepart.Cassidyjetteuncoupd’œilàAbbyavantderépondre.Elleal’airtropmalàl’aisepourquelqu’un
quiestcenséêtreinnocent.Ellecachemanifestementquelquechose.—Jenepeuxpas.JesuislàpourdonneruncoupdemainàAbby,alorsvousferiezprobablement
mieuxderetourneràSanDiego,aulieudemeharceler,espècedemalade.Abbybalaielaquestiond’ungeste,sansreleverlaremarquedésobligeanteàmonégard.—Sottises.Jesuistrèsbienici.Etpuis,qu’est-cequejeferaisàpartresterlesbrasballantsetme
fairedumouron?Aumoins, ici, j’ai l’impressiondeme rendreutile. (Elle s’emparede l’assietterestéedevantmoi,maisjeraflelederniercookiejusteàtemps,cequimevautunsourireapprobateuretattendri.J’aimevraimentbeaucoupAbby.Peut-êtrequejepourraislacacherdansmavalisepourl’emmenerendouce.)Etpuisçafaitunmomentquetun’espasrevenue.Tuassûrementbesoind’unpeudetempspourretrouvertesmarques.Houla.Sij’enjugeparl’expressionpeinéedeCassidy,cetteinnocenteremarqueafaitsacrément
mouche.Mapetitehôtesserondeletteayantl’airbientropgentillepourl’avoirfaitexprès,jedevinequec’estunesimplevéritéquiatouchélàoùçafaitmal.Ilyaclairementanguillesousroche,etbienquejesoiscurieux,ilvautmieuxquejemecontentederéglermesaffairesetdefilerd’ici.NonsansavoirsautéCassidyunedernièrefois,évidemment.C’estlàquelaportes’ouvreànouveausuruntypequim’évoqueunvaguesouveniretquivientse
poster auprès de Cassidy comme si elle lui appartenait. Si je ne savais pas déjà que cette île estremplie à ras bord de pêcheurs de homards, je jurerais qu’il a les jambes arquées par des annéespasséesàchevaldansunranchàdresserdesétalons.Jeneveuxpasdireparlàqu’ilalui-mêmel’aird’un étalon.Au contraire, il donne l’impression d’être à peine parvenu à lamaîtrise de la stationdeboutsurl’échelledel’évolution.Étantdonnéqu’ilalevisagemangéparunebarbedetroisjoursetqu’ilesttaillécommeunearmoireàglace,c’estpeut-êtrelefameuxchaînonmanquant.Samanièredefroncerlessourcilsenmeregardantconfirmemathéorie,maiscen’estpassuffisant.Sijepouvaisréussiràluifaireporteruneénormemassueetgrognerquelquesmotscomme«moifairefeu»,jel’amèneraisdirectaudépartementPréhistoireduSmithsonianMuseum.C’estalorsquetoutestbrusquementsuspendudanslapièce,assezlongtempspourquelasituation
change.Nous sommespassésde la junglepréhistoriqueàuneplainebrûlante et sauvage.Peut-êtrequec’estuninstinctprofondémentenfouienmoiquim’yforce,maisjemeredresseenbandantmesmusclescommeunprédateurfaceàunrivald’uneforceégale.Cassidysetiententrenouscommeuneantilopedanslasavane,figéesurplace.Quelquechosemeditqueleventvatourner.—C’estmescookies?grogneletype.Enfin,ilgrondeplusqu’ilnegrogne,maisjenesuispasbienloin.Bonsang,oncroiraitqu’ila
mangédescaillouxaupetitdéjeuner.Abbyluifaitunsourire.J’avouequecelamerendunpeujaloux.—Etvoilàmonpetitmonstredévoreurdecookies.(Ellesehaussesurlapointedespiedsetletire
parlecoljusqu’àcequ’ilsoitassezbaspourqu’elleluiposeunbaisersurlajoue.Qu’elleconclutavecunepetite tapeunpeutropferme,mais ila l’airhabitué.) Il fautpartager tescookiesavec lesclients,Casey.Nesoispasmesquin.Houla,attendez.Casey?J’aidéjàentenduceprénom.Pire,jel’aidéjàvu.Tatoué.Justeau-dessus
desdélicieusesfessesd’unefemmequej’aisautéerécemment.Laquellefermelesyeuxcommesiellevoulait remonter le tempseteffacercesdeuxsyllabesdu
scénarioavantderelancerlalecture.Oh,maisjevaism’amusercommeunfouavecça.Lapremièreimpressionétantsouventlabonne,ilfautquejemarquemonterritoire.Etlameilleuremanièred’yparvenir,encoreplusquelaforcebrute,c’estl’assurance.Jetraverselacuisinecommesij’étaischezmoi,tandisquelefameuxCaseymetoise,etjeviens
meplanterdevantlui.Aprèsquoi, jefaisunpasdeplus,pourfranchirlafrontièreinvisibledesonespacepersonnel,justepourvoirs’ilreculed’autant.Absolumentpas.Aulieudecela,ilredresselesépaulesetsepencheenavant.L’atmosphèresefaitlourde,chargéedetestostérone,etnoussommescommedeux lions rivaux faceà facequi rugissentpour savoir lequel sera le roi.Avecsapoitrinegonfléeetsesépaulessortiescommeuncobradressé,iltientbonetmeregardedroitdanslesyeux.Jesuisimpressionné,maispasintimidé.Lamainquejeluitendsavantqu’ilaitletempsderienfaireestlapremièrevictoiredanscequiva
sûrement être un concours pour savoir lequel a la plus grosse. Sa poignée demain fermeme faitcomprendresansunmotqu’ilrelèveledéfiquejeviensdeluilancer.—Casey,c’estça?Noussavonstousquej’aiparfaitemententendusonprénom,maisfaireminedenepasenêtresûr
estunemanièred’enminimiserl’importance.D’oùlerictussursonvisagemalrasé.— Ouais. Casey. (Il me lâche la main et croise les bras pour s’appuyer au mur et me faire
comprendrequ’ilnesesentpasmenacéparcetteattaque-surprise.Bellemanœuvredesapart.Jemedemandes’ilsaitquej’aisautésapetiteamie.)Etvous?Jesaisquoirépondre,évidemment.—Letypequiamangévoscookies.Etpoursoulignermonpropos,jetermineceluiquejesavouraissoussonnezetj’essuielesmiettes
surmesmains.—Etquis’apprêtaitàpartir,coupeCassidy.Jene luifaismêmepas l’aumôned’unregard.Paspourêtredésagréable,maisparcequequitter
desyeuxmonadversairereviendraitàluifairegagnerunpoint.—Voussavez…Jecroisquej’aichangéd’avis.Unpetitpeud’airmarinmeferaitleplusgrand
bien.—L’airmarinesttrèsrevigorant,approuveCasey.Çapourraitmêmevousfairepousserdespoils
surlapoitrine.Bienvu.— En fait, je me suis rendu compte que la plupart des femmes préfèrent les hommes glabres.
Partout.
Ilcomprendparfaitementdequoijeparle.—PascellesdeStonington,rétorque-t-ilavecunclind’œil.Jenepeuxm’empêcherdericaner.—Vousenêtessûr?demandé-jeavecunrapidecoupd’œilendirectiondeCassidy.Sonsourirepleind’assurancedisparaîtaussitôt,etilseraidit.Bravo!Jeremportedeuxpointsd’un
coupdanscematchquenousavonsdécidéde jouer.Onauraitdû leprévenirque je suisdugenrecompétitif.— CaseyMichaels, pas question de poursuivre cette conversation dans la cuisine, le morigène
Abby d’un ton qui nous force à nous redresser tous les deux. Cassidy, monte faire le lit dans lachambredenotrepensionnaire.Noustenonstoujoursunbedandbreakfast,tusais.Après,tupourrastereposerjusqu’audîner.—Non!répliqueCassidysivivementquetoutlemondesetourneverselle.(Elleessaiedeprendre
uneattitudenonchalanteetpoursuit:)Shawn’apasvraimentenviederester.IlabeaucoupdetravailàfairepourqueDenverintègreuneéquipeetsoitprêtpourcommencerl’entraînement.—Jepeuxtrèsbientoutfaired’ici.(JelaisseCaseyetvaislarejoindre.J’ail’intentiondenepas
bougerdelàpourqu’ellesoitleplusmalàl’aisepossibleduranttoutmonséjour.SanscompterquejeseraiunobstaclepourleChaînonmanquant.Jesuisvraimentunsalaud,desfois.JeregardeCaseydroitdans lesyeux tout enpassantunbras sur l’épauledeCassidy,histoirede revendiquerunpeumon bien. Elle se dégage brutalement, mais je recommence, parce que oui, elle est à moi, etqu’apparemment,Caseyn’estpasleseulquiabesoind’enêtreinformé.)Etpuisçaal’airtellementamusant,luidis-jeavantdeluichuchoteràl’oreille: tropdetravailetpasassezd’amusementrendShawtouttriste.Elle essaie de nouveau de se dégager, mais je résiste. Évidemment, comme cela ne plaît pas à
Cassidy,ellem’attrapelamainpourrepoussermonbras.Maisellenelalâchepasaprèsavoirréussisamanœuvre.Aulieudequoi,ellefaitunsourirepincéàAbbyetCaseyavantdeleurdéclarer:—Vousvoulezbiennousexcuser?NousavonsquelquespetiteschosesàdiscuterpourqueShaw
puisserepartir.Etsurce,ellem’entraînehorsdelacuisine.J’éclatederire,carc’estattendrissantdelavoir,aussiremontée,metireravecindignationversles
escaliers.—Pourquoivousêtessipressée,Cassie?Jeviensdevousdirequejecomptaisresterunpeu.—Certainementpas.Et, puis franchement, épargnez-moi lesCassie, dit-elle enme traînantdans
l’escalier,tâchequejeneluifacilitepasparticulièrement.Je me rejette en arrière, pas de tout mon poids, mais suffisamment pour que cela lui fasse de
l’exercice.—Oh,cen’estpascommeçaqu’onvousappelle?CassieetCasey,ça fait tellementgentilpetit
couple.Parcequec’estbiencequevousêtes,n’est-cepas?Elles’immobiliseetseretourne.C’estlàquejemerendscomptequenoussommesarrivésenhaut
de l’escaliermalgrémes tentatives de résistance. Elle est un peu essoufflée,mais sans lamoindregouttedesueur.Bonsang,etmoiquiaimeraistellementlavoirruisselerethaleterpourunetoutautreraison.Sanscompterqu’ilyaceleggingetcettepetitechattedontilfauts’occuper.En la voyant regarder de part et d’autre, je suis certain de lire dans ses pensées. Elle ne sait
absolumentpasquelleestmachambreetjesuistoutàfaitravidelaluimontrer.D’ungestevif, jel’attire contre ma poitrine et je la toise. Elle soutient mon regard avec ce halètement qui me faittournerlatêteetbander.Cettemanièredemedévisager,avecunriendedésespoirdanslesyeux.Ehbien,là,c’estlaCassidyquejeconnaisquandnoussommesseulselleetmoi.Elleaenviedemoitoutautantquemoid’elle.Etpeut-être…peut-êtrequ’ellen’attendqu’unechose,quejelapossède.Mes mains glissent sur ses fesses, qui sont encore plus fabuleuses au toucher qu’elles n’y
paraissaientdanscefichulegging,puisellesremontentlelongdesescuissesquej’empoignepourlahisseretlalaisserenroulerlesjambesautourdemeshanches.Etpuistoutsedéchaîne.Noslèvressecollent,nosdoigtss’emmêlentdansnoscheveuxetelleaspiremalangue.NomdeDieu,maisoùestmachambre,merde?
4
Cassidy
Ila l’odeurdeShawet legoûtdeCasey,àcausedescookiesd’Abby.Jemesurprendsàenfouirmon visage au plus profond de son cou, cherchant désespérément à respirer encore ce délicieuxparfumqu’exhalesoncorpscommeunesortedeconfiserieaddictive.Mesdoigtss’enroulentdanssescheveuxetjerefusedeleslâcher,malgrélesémotionscontradictoiresquimetraversentenconstatantcephénomèneaussinouveauquetroublant.Jedevraism’arrêter,maismesjambesseresserrentencoreautourdesatailletandisqueShawnous
entraînedans le couloir versunedestination inconnue. Jeme rendsd’ailleurs compteque celan’aaucuneimportancedumomentquej’yvaisaveclui.Aveclui,jesuisenterrainconnu.Etc’estcedontj’aibesoinencemoment.MonDieu,mais son sexe collé contremon bas-ventre est dur comme la pierre. Je ne peux pas
ignorercettebosseénormequifaitd’ailleurstoutpoursefaireremarquer.Etjen’aiqu’uneenvieentête:savourercettechairsalée,lasentirpesersurmalangueetlalécherd’unboutàl’autre.J’aidéjà commencéà réfléchir à lamanièredem’yprendrequandShaw franchit le seuil d’une
chambre–lasienne,j’imagine–etrefermelaported’uncoupdepied.Puisilmeplaquecontrelemur.—Qu’est-ceque…D’unemainsurmeslèvres,ilétouffemesprotestations.Puisilapprochesonvisagedumienetje
suiscondamnéeàmeperdredanslebleubrûlantdesesyeux.—Laferme,ordonne-t-ilsèchement,alorsquesonérectionpalpitantecontinued’indiqueràquel
pointilestexcité.Jesaliveàlapenséedel’engloutirtoutentieretdelesucer.Àfond.Comme jen’essaiepasd’échapperà son implacableétreinte, ilmepince la joueavantdeme la
caresser.—C’estcommeçaquejel’aime,murmure-t-il.Puis,sansdesserrersonétreinte,Shawsepencheenavantetenfouitsonvisagedansmoncou.La
douceurdeseslèvresglissesurmapeauetjefermelesyeux.Jesuispriseaupiègedemondésiretdesaprésenceenivrante.Jusqu’aumomentoùilplantesesdentsdansmachairdélicate.Celamemeten
rage,parcequej’aimeçaetqu’illesait.Sanscompterquesamainposéesurmabouchem’empêched’yenfournersonsexe.Etpuis,noussommeschezmoi,bonsang,ettoutlemondesaitquellessontlesrèglesdelamaison.
S’ilcherchelabagarre,ilval’avoir.Jel’empoigneparlescheveuxtoutenmedégageantdesamain.Maboucheestenfinlibre,maisd’unrictusfuribard,Shawmefaitcomprendrequecelaneluiplaîtpas et qu’il ne va pas se laisser faire bien longtemps. Ma mission n’étant qu’à moitié achevée,puisqu’ilfautencorequej’engloutissesabite,jedoismedépêcher.Sanslâchersescheveux,jelemaintiensenplacetoutendesserrantmesjambespourpouvoirme
laisserglissersurlesol.Shawnel’entendpasdecetteoreille.Ilcontinuedemeplaquercontrelemurdetoutsonpoids,avecunsourireaussisexyqu’agaçant,toutenessayantdeselibérer.Cequ’ilrisquederéussird’uninstantàl’autre,mêmeensacrifiantsacrinière.—Lâchez-moi,ordonné-jeenmecabrantetenessayantdemedégageràcoupsdepied.—S’ilvousplaît.—Pasquestion.—Alors,c’estmoiquivaisdirigerlamanœuvre.—Quellemanœuvre?D’un geste vif qui me prend au dépourvu, Shaw me laisse descendre, me rattrapant d’un bras
enrouléautourdemataille,letempsquejeretrouvemonéquilibre.Puisilmeplaquedenouveauaumur.—Cellequej’aientête.La lueurmauvaiseque jevoisdans son regardme fait comprendreque jeme suis jetéedans la
gueuleduloup.Nousallonsvoircela.—Nousn’allonsrienfairedutouttantquevousnem’aurezpasditcequevousêtesvenufaireici.Jediscelaenhaletantetd’unetoutepetitevoix,sibienquejenefaisguèreimpression.C’estsans
douteaussiquejesuisdécontenancéeparcequ’ils’estdenouveauattaquéàpleineboucheàmoncou.Enplus,ildescendàprésentdeplusenplusbasetseslèvresserefermentsurletétonqu’ilaréussiàtrouver alors qu’il était invisible sousmon pull,mon débardeur… etmon soutien-gorge. Et il nes’arrêtepaslà.Non:ilprendlapositionquejeconvoitais.Jeluienvoudraissijenesavaispasquelavantagejevaispouvoirenretirer.—Cequevousditesnetientpasdebout,étantdonnéquejesuisdéjàentraindelefaire.Pourquoi
vousneportiezjamaiscetrucjusqu’ici?Shaw,àgenouxdevantmoi,détaillemonlegging.Jesenssonhaleinebrûlanteentremescuisses
quandilvientyfourrersonmuseau.Jefermelesyeuxenessayantdemeconcentrer,puisjeluireposelaquestion:—Qu’est-cequevousvenezfaireici,Matthews?Lecoupde languehumideetbrûlantqu’ilm’assèneà traversces imbécilesdecollantssignema
perte.Mesgenouxflageolentsouslasensation,maisShawestlàpourmemaintenirdebout.Ilenfouitla têteentremescuisseset lorsqu’il entreprendde fairedesva-et-vientàpleinebouche toutenmetitillantdelalangueetenfrôlantmonclitorisduboutdesdents,jesuisélectriséeparunfrissonquiannonceunorgasmehorsducommun.Respire,Cassidy,respire.C’estalorsqueShawseretire–justeunpeu–moinspourm’accorderunsursisques’offrirunpeu
derépit.Sansmêmemeregarder,ilfinitparrépondre:—Cequejefaisici?Jevousdévore.Etvous,qu’est-cequevousfaitesici?Iln’attendpasderéponseetc’estaussibien.J’aiperdutoutecapacitédeformerlamoindrepensée
cohérente, et encoremoins d’enchaîner desmots et faire unephrase logique. Je préfèremenoyerdanslessensations,tandisquesesmainshabilespassentsurmeshanchespuismescuissesavantdeserefermersurmesfessesqu’ilpétritetmalaxedansseslargespaumescommes’ils’agissaitd’argilemalléable.Quand je sens sesdoigtsglisser sous la ceinturedemon legging, jemanqued’air. Jebaisse les
yeuxversmoncorpsdontchaqueterminaisonnerveuseestenalerte.Shaw,àgenoux,c’estunsacréspectacle.Tandisqu’ilentreprenddebaissermonlegging,jecontemplelestendonssaillantssursesavant-brasetjeperçoispratiquementlatensionquipalpiteentrenouscommeuneforcevitale.Sesgestessontd’unelenteuraffolante,et il faitexprèsdes’arrêter justeavantdefaireglisser le
mincejerseysurmeshanches.J’empoigne ce fichu legging pour l’enlever,mais ilm’en empêche,me refusant toute initiative.
Mauditsoit-il.Sesmâchoiressecrispent,mêmesijenesaispastrèsbiencequil’irrite.C’estluiquifaitdurerles
choses.Peut-êtrequ’ilestenréalitétoutaussipresséquemoi.—Pasavantquevousayezréponduàmaquestion,dit-ilenfourrantdenouveausonnezentremes
cuisses,m’ôtanttouteluciditédepensée.—Euh,jenemerappellepluscequec’était.—Alors,jevaisvouslareposer.J’essaie de me concentrer, vraiment, mais le délicat baiser le long de la couture de ce maudit
leggingnemefacilitepasleschoses.Shawpousseunlongsoupir.—Vousavezfui,dit-ilenenfonçantsesdoigtsdansmachair.Pourquoi?Àchaquerespiration,mestétonssontdeplusenplussensibles.Commesilepull tropgrandque
j’ai enfilé à la va-vite ce matin était devenu une tenue affriolante. Bon sang, aurait-on glissé del’ecstasydansmoncafépendantquej’avaisledostourné?—Jen’aipasfui.Qu’est-cequevousvouliezquejefuie?Il baisse mon legging d’un coup sec. Juste assez pour dénuder ma chatte, puis il s’arrête
brusquement.—Moi.Et sur cette unique syllabe, il empoigne le legging roulé surmes cuisses etme tire vers lui. Sa
bouchebrûlante fonce surmonclitoris– langue, lèvresetdentsœuvrentdeconcertpourme faireoublier toutcequej’aiapprisdepuismanaissanceà l’exceptiondecettesensationd’intenseplaisirqueseulunhommepeutaccorderàunefemme.Ils’arrêtetoutaussivitequ’ilacommencé.MonDieu,iljoueàladoucheécossaiseaveccequej’ai
deplusintime.Lapetitepartiedemoncerveauquinepensepasàengloutirsabitecalculeàprésentquellesmanœuvres furtives seront nécessaires pour le faire basculer en arrière afin que je puissem’asseoirsursonvisage.—Continuez,ordonne-t-il.Etvite.Jemedétachedumuretenfoncemesdoigtsdanssasplendidechevelure.Peut-êtremêmequejelui
donneunpetitcouppourl’encourageràpoursuivresursalancée.—Jenefuyaisriennipersonne.Jesuispartiepourretrouverquelquechose.—Casey?demande-t-ild’untonaigre.Peut-êtrequec’esttorduetpervers,maissajalousiem’exciteencoreplus.Ilnepeutpasmanquer
d’envoirlapreuvejustedevantsonnez.—Non, pas Casey.Mamère a eu un accident. J’ai dû rentrer à lamaison.Mes parents avaient
besoindemoi.—Peut-êtrequ’ilsn’étaientpaslesseuls.Dumoinsest-cecequ’ilmesemblel’avoirentendudire.Savoixestétouffée,carilalevisagede
nouveauenfouientremescuisses,cedont jenevaispasmeplaindre.Jeglissemamainentremonentrejambeetsonfrontetjepoussepourleforceràarrêtercequ’ilfait.—Qu’est-cequevousvenezdedire?Il redresse la tête, se frottant contre ma main comme un matou qui réclame une caresse bien
méritée.Puisunlégerbaisereffleuremapaume.—Caressez-vous.C’estàlafoisunordreetunedemande.—Cen’estpascequevousavezdit,réponds-jetoutenfourrantmesdoigtsentrelesplisdélicats.Hagard,boucheentrouverte, ilm’observe.Puissa langueapparaît furtivemententreses lèvreset
les humecte.Mes doigts tourbillonnent autour demon clitoris,mon plaisir décuplé de savoir queShawesttenuenhaleineparcesgestesexplicites.Maiscelaneluisuffitpasderegarder.Ilpasselecoudesousmacuisseetenfoncepar-derrièresonpouceenmoi.Jerejette la têteenarrièreaveclasensationd’êtreenfincombléeetc’estseulementenmemordantlajouequejeparvienstoutjusteàétouffermongémissement. Jeveux laisser leplaisirm’emporter,maisShaw,commed’habitude,ad’autresprojetsentête.Sa langue humide, chaude et veloutée qui s’insinue enmoime fait tout oublier.Mes doigts, sa
langue…c’estunbonheursansmélange.Del’autremain,jepoussesursanuquependantquesonpoucecontinuedes’activer.Jememords
la lèvre, ferme les yeux etm’abandonne à cette double sensation. Jeme fiche de savoir pourquoiShawestici.Jesuissimplementcontentequ’ilsoitlàetqu’ilmedonnecequis’annoncecommeunorgasmephénoménal.J’ai envied’écarter les jambespour lui offrir plusd’espace,mais cet imbécilede leggingm’en
empêche.Jesuisd’ailleurssûrequec’étaitdans l’intentiondeShaw.Jesuispriseaupiège,mais jen’échangeraisma place contre aucune autre.Mon orgasme continue demonter et je commence àondulersursonvisageetsonpouce…cherchantdésespérémentàaccentuerlasensationmêmesij’aicessédemecaresserpourlelaisserfaireseul.Puissondoigtpénètredansmoncul.Je jouis.Violemment.Mesdents serréesétouffentàpeinemongémissement. Jamais jenesaurai
comment j’aieu laprésenced’espritdem’efforcerderesterdiscrète,maisDieumerci, je l’aieue.PasShaw,enrevanche.Songémissementdesatisfactionaétéheureusementétouffé,maiscontresongré,grâceàmescuissesetmachatte.Quiabénéficiédesesvibrations,toutcommemonclitoris.Jejouis de nouveau en m’arc-boutant contre son visage et en attirant sa tête contre moi, tout enréussissantDieusaitcommentàondulerdeshanchesavecsonpouceetsonindextoujoursenfoncésenmoi.
Le feuquibouillonneenmoi s’est libéréet jem’empourpre, ruisselante.Lespulsationsdemonorgasme rivalisent avec les battements demon cœur et résonnent jusque dansmon crâne. Je suisétourdie,vaincueparunplaisirquinevapasdurer,maisdontjecompteprofiterlepluslongtempspossible.C’estalorsquejemerendscomptequelaseulechosequejedésire,encoreplusqu’unorgasme,
c’est d’avoir la bite de Shaw en bouche.Une fois de plus, il a réussi à parvenir à ses fins enmerefusantcequejeconvoite.Je refusedoncdecéder auplaisir.Bon sang, c’estpénible,mais celava l’être encorepluspour
l’ego de Shaw. Il va sûrement être déçu parma réactionmédiocre et cela va faire disparaître cetarrogantsourirequ’ilarboresursoncharmantvisage.J’aienviedesabite.Etjevaisl’avoir.Résolue,jeposemachaussuresursonépauleetétendsnonchalammentlajambe.Sonpouceetson
indexsontdélogésetjeréprimel’enviepressantedelesremettreàleurplace.Shawseretrouveaccroupietlèveversmoiunvisageinterloquéetinterrogateur.—Levez-vous,ordonné-jecalmement.Une grimace contracte sa bouche, puis il se relève et croise les bras, haussant un sourcil en
attendantquejelesurprenne.Je me décolle du mur, remonte mon legging pour lui signifier que les réjouissances sont
terminées,etjem’avanceverslui.D’unemainsurlanuquejeleforceàbaisserlatêteversmoietjel’embrassegoulûment.C’estmalanguequimènelebaletleforceàmesuivre,tandisquejeluimasselabiteàtraverssonpantalon.Pantelant,ilselaissefaire.Ilposesamainsur lamienneetappuiepourm’encouragerà lecaresserplusénergiquement.Sa
bitedureetépaissepalpitesousmesdoigts.Sansperdreuninstant,jenousretournepourquecesoitsontourd’êtreplaquécontrelemur.Illaisseéchapperungloussementamusé.J’aipeut-êtrelahautemainsurnotrepetit jeuet sur sabite,mais il ne fait aucundouteque c’est parcequeShawabienvoulumelaisserfaire.Jememets àgenouxetdéfais rapidement la ceinturede sonpantalonavantde libérer son sexe.
C’est avecun sourire satisfait que je vois enfin jaillir l’objet demonobsession. Jem’apprête à lesuceràfondquandils’emparedesabiteetl’écarte.Horsdemaportée.—Non,dit-ilquandjelèveversluidessourcilsfroncés.—Commentça,non?—Non,c’estunconceptassezrudimentaire.Qu’est-cequevousnecomprenezpasdanscemot?Ilsemordillelecoindelalèvreetrepousseunemècheéchappéedemaqueue-de-cheval.Qu’est-ce
quec’estqueceregardqu’ilmefait?Etpuis,bonsang,voilàqu’ilsecaresse.—Jevaisêtreclaire…Jeveuxavoirvotrebitedansmaboucheetvousvousrefusezvous-même
ceplaisir?—Vousvenezde ledire.C’estvousqui enavezenvie.Alors, àqui je refusequelquechose, en
définitive?Il me caresse les cheveux, d’une main adoratrice, et ce simple geste affectueux me surprend.
J’hésiteentremelaisserfaireetbattreenretraite.Maiscommesabiteest justedevantmoi, jemejettedessus.Shaw,plusrapide,mecoince la tête
contresacuisse.Sansmelaisserdécourager,jefaisuneautretentativeetdenouveau,Shawmerefuse
l’objetdemaconvoitise,l’écartantencoreplus.Jemerabatssurcequimereste.Avecunpeud’efforts,jeréussisàmepencherenavantetgoûteràlafriandisequisetrouvedevant
moi. Les noix de Shaw durcissent sous ma langue alors que je les lèche longuement etméthodiquement.Àdeuxmains,Shawmepousselatêted’uncôtéetsabitedel’autre.—Tss-tss!meréprimande-t-il.(J’ail’entrejambetrempé.Maispourquoijetrouvetoutçasexyàce
point?)Regardez-moi,ordonne-t-il.(J’obéis,mêmesijenepeuxtoujourspasbougerlatête.)Vousvousrappelezlafoisoùjevousaidemandédedire«s’ilvousplaît»etoùvousavezrefusé?Ilaraison.Maisj’aienviedelui…desabite…etjesuisprêteàravalermafiertépourobtenirce
quejeveux.—S’ilvousplaît?demandé-je,furieused’entendremavoixsuppliante.—S’ilvousplaîtquoi?Seigneur,ilveutm’achever.—S’ilvousplaît,est-cequejepeuxprendrevotrebitedansmabouche?—Vouspouvez,oui,maisvousavezledroit?demande-t-il.Ilrigole,là.—Pouvez-vouss’ilvousplaîtmedonnerlapermissiondeprendrevotrebitedansmabouche?Ilsecaressepourmenarguer,commeungrospleindesoupequidévore toute ladindedeNoël
devantunhommeaffamé.—Ah,oui?Vousenavezenvie?—Plusquetout,réponds-jeenmepourléchantleslèvresd’impatience.—Alors,prenez-la.Sabiteàlamain,Shawlapointeversmabouchetoutentenantmatêtepourmemettreenposition
delarecevoir.Alorsquejem’empressepourleprendredansmabouche,ilmecollecontresacuisse,afindecontinuerdecontrôler lemoindredétaildenosébats, commesiceladevaitalimentermonplaisirplutôtquelesien.Peut-êtrequec’estlecas,d’ailleurs.—Ouvrez,dit-ilenmetapotantlajoue.J’écarteleslèvresetShawfinitpars’enfoncerdansmabouche.Maispasenentier,puisquesamain
empoigne toujours la base de la hampe.Heureusement. L’engin de Shawn’est pas d’une longueurexceptionnelle,mais il est assezépaispourvousétirer lescommissuresdes lèvres.Et il aungoûtmerveilleusementdélicieux.—Voilà,dit-ildansunrâle.C’estcequevousvouliez,non?Lesyeuxclos,jenepeuxréprimerlelonggémissementquimontedansmagorge.Oui.Àmoi.Avidement,jelesuceàfonddegorgetoutenleléchantsoustouteslescoutures.—Ralentissez. (Ilm’empoigne parma queue-de-cheval etme force à reculer jusqu’à ce que je
n’aieplusquesonglanddanslabouche.Jegémis,craignantqu’ilmetteuntermeàcesdélices,maisils’enfonceànouveauenmoi,sansmelâcherlescheveux.)C’estmieux.C’estluiquidécidedelacadence,malgrél’urgencequim’envahittoutentière.
Àchaqueva-et-vient,ladouleursourdeentremesjambesempire.Ilfautquejejouisseencore.Jemecramponne à ses cuisses, lesgenoux rivés au sol.À lamanièredont ilme tient les cheveuxetm’imprimesonrythmeàcoupsdehanche,ilestévidentquec’estluiquicommande.Quantàmoi,jesuisraviedesuivre.Nousavonstouslesdeuxcequenouscherchions.Je lève les yeux, voulant voir son visage, et je constate qu’il a renversé la tête en arrière pour
l’appuyercontrelemur.C’estunspectaclemagnifique.Lestendonsdesoncousaillent,lesveinesdesonavant-brassontgorgéesdesangetilsecramponnepresquedouloureusementàlabasedesabite.Lesdoigtsposéssurmanuque,ilmaintientlerythmequiluiconvient.C’estclaircommedel’eauderoche:Shawestenpleineextase.Jecontinuede luimassacrer lescuisses,mesonglespourtantcourts luiéraflant lapeau,mais je
suis quasiment certaine qu’il adore cela. Sa bite est exquise, avec ces premières gouttes salées quiannoncent qu’il va jouir d’un instant à l’autre. J’entends ses halètements, sa respiration sifflanteentrecoupéedegémissements.Oh,oui,ilvajouir.Etcomment.Sousmamain,sesmusclessetendentetlescoupsdereinsjusque-làparesseuxmaismaîtriséssefontirréguliers.Jereconnaiscessignes,etjesuisprête.Àvraidire,jen’aijamaisétéaussiconcentréedetoutemavie.Sa bite grossit encore et les veines sous la peau délicate enflent à chaque va-et-vient dans ma
bouche. Sa main se crispe dans mes cheveux et il me maintient en place en me jetant un regardimpérieuxquimedéfiedebouger.Ilestauborddelajouissance.Toutaubord.Lepetit coup frappéà laporte résonnecommeun roulementde tonnerredans le silencechargé
d’énergiequirègnedanslachambre.—Cassidy?Tueslà?demandeCaseyàtraverslebattant.Je me libère brusquement de la main de Shaw, délaissant son sexe. D’un revers de main, je
m’essuieleslèvresetjemedépêchedemerelever.—Putain,souffleShaw.—Cassidy?demandeànouveauCasey.Jefermelesyeux,espérantqu’iln’apasentendulejurondeShaw.Nousnesommespasensemble.
Caseyn’estpasmonpetitcopain,necessé-jedemerépéter,envahieparlaculpabilité.Danscecas,pourquoiai-jel’impressiond’avoirétésurpriseentraindeletromper?Moncœurtambourinedansmapoitrine,jesuisenfeu.Mêmesijenesauraisdiresic’estàcausedecequivientdesepasseroudelapaniqued’êtrepriseenflagrantdélit.—Euh,j’arrivedansuninstant.Toutvabien?demandé-jed’unevoixtremblante.—Oui,ilyatonpèreautéléphone,répond-il.Commetun’étaispasdanstachambre,jemesuisdit
quetuétaisdanscelle-là.Toutvabien,là-dedans?— Tout va comme sur des roulettes, répond Shaw avec une grimace douloureuse en rangeant
difficilementsonsexedanssabraguette.—Leprenezpasmal,maisjedemandaisàCassidy,pasàvous.—Désolé,ellenepouvaitpasrépondre,parcequ’elleavaitmabitedanssabouche,chuchoteShaw
enfaisantàlaporteundoigtd’honneurqueCaseynepeutévidemmentpasvoir.Je lève les yeux au ciel devant ce comportement de gamin et je lui donne une petite tape sur la
poitrine.—Toutvabien,Casey.Jedescendsdansuninstant.—Dépêche-toi.Tamèrevabien,maistusaisquetonpèren’aimepasattendre,avertit-il.
Cequin’estpastoutàfaitvrai.Monpèreestaussipatientqu’unautre,maisildétesteabsolumentdiscuter au téléphone. Il préfère nettement le face-à-face, car d’après lui, la majeure partie de laconversationsefaitparlelangagecorporel.Jevérifierapidementdanslemiroirquetoutestenordre,puisjemetourneversShaw.—Cen’estpasterminé,luidis-je.—Manifestementpas,répond-ilenmedésignantlabossepeudiscrètedanssonjean.Entoutcas,je
diraisquevous,vousnevousensortezpastropmal.Jesourisnarquoisement,carc’estvrai.Etjesuismêmeraviequ’ilsoitdansunesituationaussipeu
confortable.Avecunclind’œil,jeconclus:—Jeparlaisdelaconversation.Commepourlereste,ceserapeut-êtrepouruneprochainefois.—C’estparfait,grommelle-t-il.Je ne peux réprimerma satisfaction en quittant la chambre, sachant qu’ilme suit du regard, les
mainssurleshanchesetunedouloureuseérectiondanslepantalon.Ilyaura,c’estsûr,uneprochainefois,mêmesijenesauraisdireàquelmomentle«peut-être»est
devenuunecertitude.
5
Cassidy
ShawMatthewsestchezmoi.Etjenesaisabsolumentpaspourquoinicommentilasuoùj’étaispartie.Maisj’aimapetiteidéepourtrouverlesréponsesqu’ilarefusédemedonner.L’appeldepapaquiainterrompunosébatsaétécommeunverred’eauglacéequej’auraisprisen
plein visage.Cela n’a pas eu lemême effet surShaw, en revanche. Sa bite est restée furieusementgonflée, réclamant qu’on la soulage, et je suis partie toute contente demoi. Cela lui apprendra àm’avoirtenuladragéehaute,sij’osedire.Papa n’appelait que pourme donner des nouvelles après le passage dumédecin. La tension de
mamans’estconsidérablementamélioréeetellevapouvoirsortirdanslamatinéeavecuntraitementapproprié. J’ai fait lenécessairepourque lapharmaciede l’hôpitalaitmescoordonnéesbancairesafindepouvoir régler leurs traitements tous lesmois,carcelanemeplaîtpas tellementde savoirqu’ils se tuent littéralement au boulot sans pouvoir se payer leurs médicaments alors que j’ailargementassezd’argentpourlesaider.Lasortiedel’hôpitaldemamanestunemerveilleusenouvelle,mêmesielleseraclouéedansun
fauteuilroulantjusqu’àcequ’onluienlèvesonplâtreetquejevaisêtreobligéederesterpourdonnerun coupdemain.Mais commentvais-je expliquer la présencedeShawàmesparents–oupire, àCasey–alorsquejen’enconnaispasmoi-mêmelaraison?Iln’yaquedeuxpersonnesquisavaientoù j’allais et une seule aurait eu assez de culot pour vendre lamèche à Shaw. Jem’installe doncconfortablement dans le salon et je sors mon portable, lance Skype et compose le numéro ducoupable.Quinnrépondàladeuxièmesonneriecommes’ilavaitattenduunappel.—Cassidy?Oh…euh…salut,toi!Moncoloc’estencoreaulit,cequin’ariendesurprenantpuisqu’ilest10heuresàSanDiegoun
samedimatin.Cequiestbizarre,enrevanche,c’estqu’ilesttoutpimpant,pasuncheveuquidépasse,et peut-être même un petit peu sexy, entouré qu’il est de draps en satin écarlates et d’oreillersimmaculéscommes’ilsepréparaitàuneséancedephotosdecharme.Àsonairtoutpenaud,ondiraitqu’ildissimulequelquechose.Évidemment,celaéveillemessoupçons.
—Quiiinn!Qu’est-cequetuasfait?—Hein?Rien,jetejure!C’est pratiquement un aveu. Il ferait mieux d’aller jusqu’au bout pour obtenir la clémence du
tribunal.Maisjepréfèrevérifier.—D’accord.Alors,peux-tum’expliquercommentilsefaitqueShawMatthewsasucommentme
trouver?demandé-je,histoiredepermettreàmoncoloc’deconfessersonpéché.—Oh,tuparlesdeça,répond-il,soulagé.(Ilseredresseetsonairdebicheauxaboisestremplacé
paruneexpressionvertueuse.)J’aifaitcequejedevaisfaire.Jenem’excuseraipas.Tun’aspasàmeremercier.—Teremercier?Dequoi?ShawMatthewsestchezmoi!—Attends,mecoupe-t-il.Jecroisquejeviensd’entendrequelquechose.Il penche la tête de côté et tend l’oreille. Il manque de sauter au plafond quand la porte de sa
chambres’ouvrebrusquement.S’ensuitunepagaille,l’écranestsecouéentoussensetundrapquilerecouvreétouffeleséclatsdevoix.—Quinn?Çava?demandé-je,craignantd’êtreletémoindumeurtredemonmeilleurami.—Tuestoujoursaulit?Réveille-toi,petitfainéant!—MonDieu,grommelleQuinn.Jesuistoutnusouslesdraps.Commentvousavezfaitpourentrer
touteslesdeux?Finalement,l’écranretrouvesapositionetledrapquilerecouvraitàmoitiéestarrachéetrévèle
DemietSasha,aussijovialesl’unequel’autre,assisesdepartetd’autredeQuinn.Ellesontréussiàtoutmettresensdessusdessous,cequin’apasl’airdeluiplaire.Demibranditunepetiteclésoussonnez.—Tunousasdonnéundouble,idiot.Quinngémitetselaisseretombersursesoreillers.—Laissez-lasurleplandetravailensortant,espècesdefolles.—Pasquestion,répliqueDemi.Tantquetuneseraspasrevenuàlaraison.Jen’ycomprendsplusrien.—Qu’est-cequisepasse?—Ellesmesurveillentpourquejenemesuicidepas,répondQuinnenlevantlesyeuxauciel.—Maisnon, intervientSasha.Onveut justequ’ilnesesentepas tropseul. (Ellese tortillepour
s’installerplusconfortablement et retape sonoreiller,quand soudain, elle retirevivement samain.Unepairedemenottesenfourrurenoireestsuspendueauboutdesonindex.)Qu’est-cequec’estqueça?—Arrêtedefouiner, rétorqueQuinnen les luiarrachantpour les remettresous l’oreiller. (Sans
prêterattentionauxriresdesfilles,iltentedechangerdesujet:)Commentvatamère,Cassidy?—Ehbien, tu sais…Elle est tombéed’uneéchelle,mais elleva s’en remettre.C’estunedureà
cuire,mamère.Cen’estpaslegenreàrestersansrienfairepourquelquesfractures,ecchymosesetcontusions.J’aieuunepeurbleue,évidemment,maislabonnenouvelle,c’estquelemédecinlalaisserentrerdemain.—Oh,Dieumerci,soupireQuinn.Lesfillesetmoiallionssortir,maismonimbéciledepatronne
refusedemedonnermajournée,cette truie.Elleditque j’aipris tropde jourscesderniers temps,
toutçaàcausedeDaddy.Jeledéteste,ajoute-t-ilavecaigreur.Jelehais,cegrossalaud.Daddyn’estpasgros,maisc’estledernierexendatedeQuinn.Unhommetrèsriche,trèssexyet
trèsmariéquin’apasappréciél’ultimatumqueQuinnluialancé,luidonnantlechoixentresortirduplacardoulequitter.Daddyapréféréresteravecsonépouse,et lecœurdeQuinnavoléenéclats.Quinn s’est vengé en faisant subir lemême sort à tout ce qui lui est tombé sous lamain dans lepenthousequeDaddyluiavaitoffertavantdelereprendre.Sansoublierdegraversurlesmurs:ILESTGAY.Cequirevientàleforceràsortirduplacard.ÀmoinsqueDaddyrefasselesplâtreslui-même,lesouvriersvontconnaîtrelavérité.Etunevéritédecegenre,pourquelqu’und’aussiricheetenvuequeDaddy,nepeutqueserépandre.—Désolée,Cass,maisonnepouvaitpaslelaisser,ditDemid’unairdouloureux.Évidemment,si
tuestimesavoirbesoindenous,onpeutsesépareretl’unedenouspeutvenirterejoindre.—Nedispasdebêtises.Vousn’avez rienà faire ici. Jevaism’occuperdubedandbreakfast le
temps que maman soit de nouveau sur pied et je rentrerai aussitôt après. En attendant, j’aimeraisqu’ondiscuteunpeudecesmenottes,dis-jeavecunpetitsourireàQuinn.—Tusaiscequ’ondit,commenceDemi.Lemeilleurmoyenpourseremettred’unhomme,c’est
de passer au suivant.Quinn partage totalement ce point de vue. (Elle lui donne gentiment un coupd’épaule.)MaistoutcommeDaddy,sonnouveauchéridoitrestersecretaussi.—Oh,fais-jeenhaussantlessourcils.Desindicessurl’identitédecenouvelamant?—Ah,vousvoulezparlerd’amantssecrets?s’offusqueQuinn.Trèsbien,alorsparlons-en.Ilaccepteunpeutroprapidement,enmeregardantcommesijel’avaisattirésurunterrainglissant.
Jemerendscompteavantd’avoireuletempsderéagirquejevaismeretrouverpriseaupièged’unfiletmétaphoriquesuspenduau-dessusdemoi.EtQuinns’empressedelefairetomber.—MissCassie,vousvoulezleurdire,ouvouspréférezquecesoitmoi?demande-t-il.Paspossiblequecesoitdecelaqu’ilparle.—Leurdirequoi?—Oh,alors tuveux joueraux idiotes?Trèsbien,voyons…Commentpourrais-je formuler les
choses?(Ilseraclelagorge.)ShawetCassiesontdansunbateau,chantonne-t-il.Ohnon!—MonDieu.Cesontlesdeuxseulsmotsquejeparviensàarticuler.—Shaw?s’étrangleDemi.—ShawMatthews?demandeSasha.Questionidiote:combiendeShawconnaissons-nous?J’ailesjouesenfeu,avecdenouveaulasensationd’êtrepriseenflagrantdélit.—Commenttuassu?Quinnéclatederire,tellementqu’iln’arriveàprononcerqu’uneseulesyllabe.Maiselleveuttout
dire.—Shaw.—Iltel’adit?Jesuisfurieuse.Ilvamelepayer,celui-là.Moncoloc’reprendsonsouffleetsoupire.
—Pasvraiment.Disonsquej’aidûlaisserentendrequej’étaisdéjàaucourant.Etqu’iladûpenserquetumel’avaisdit.Alors,j’ysuisjustealléaubluff.—Tul’aspiégé?(Jemepasselesmainssurlevisage.)Oh,monDieu,Quinn,maisquelcontu
fais.C’estvraimentdéloyal!—Ettrèsmalin,leféliciteDemi.Sashamefaitunsourireeffronté.—Siencoreonn’avaitpasdéjàétéaucourant,ajoute-t-elle.—Vousnesaviezpas.J’ailancécelapluscommeunequestionquecommeuneaffirmation.Ellessavaient?Commentest-
ce possible alors que nous avons été si prudents ?À vrai dire, nous n’étions pas particulièrementprudents,maisj’étaisconvaincuequepersonnenefaisaitattention.Oubienaulieuderéfléchir,j’ailaissémonentrejambepenseràmaplacesansmesoucierdesconséquences.—Onadesyeux,onabienvulespetitsregardsquevousvousjetieztouslesdeux,renchéritSasha
avecunsourireencoin.—Etdesoreilles,poursurprendrevosconversationspassidiscrètesqueça,ajouteDemi.Quinnsecolleàlawebcam,cequiluifaitdeslèvresénormes.—Etdesbouchespourcolporter les ragotsetcomparernosdécouvertes,complète-t-ilavantde
reculer.J’aisûrementl’aird’unpoissonhorsdesonbocal.—Sans blague ?Faut vous faire soigner, tous les trois.Et je vais porter plainte pour que vous
arrêtiezdem’espionner.—Àproposd’espion…ditDemientendantlebraspourquejeregardederrièremoi.—Salut,Shaw,faitSashaavecungrandsourireetunpetitsignedelamain.Jeme retourne et je le trouve là, tout aussi inquiétant quemes trois amis inquisiteurs, en train
d’écouterma–commentaditDemi?–«conversationpassidiscrètequeça».Seigneur,maispluspersonnenerespectel’intimitédesgens,ouquoi?
Shaw
Jesuisencoretoutendoloridem’êtrefaittirerlescheveuxetmonentrejambedouloureuxréclamed’être soulagé. Je suis donc parti à la recherche de Cassidy avec la ferme intention de jouer leshommes des cavernes, la balancer surmon épaule et la ramener à l’étage pour qu’elle termine leboulotqu’elleaentreprisavantqu’onnousinterrompesigrossièrement.J’ajusteengémissantmabiteencoreraidedansmonjean.Chaquepasquejefaisdansl’escalierest
pénibleetjedoisoffrirunspectaclelamentable.Onauraitpucroirequelavoixd’unautrehommeauraitsuffiàfairedégonflermongentilpetitcamarade,maislaperformancedeCassidyaététoutàfait impressionnante.Tellementqu’ilm’estpresque impossibled’effacerdemamémoire le regardsuppliantqu’ellem’alancé,quandellem’aimplorédelalaisserprendremabiteenbouche.
—BonDieu,grommelé-jeensentantmonenginpalpiterdeplusbelleàcesouvenir.Peut-êtrequeleseulmoyendelefairedégonflerseraitdel’assommerunboncoup.Caseylèvelesyeuxversmoienpassantenbasdel’escalierpourgagnerlacuisine.Jemeredresse
detoutemahauteur.Commemonrivalestàpeuprèsdemataille,c’estseulementparcequejesuisquelquesmarches plus haut que je peux baisser les yeux vers lui et jouer lesmâles dominants. Jem’abstiensquandmêmederetrousserlesbabines,histoiredenepasenfairetrop.Jeluilanceunpetitsourirenarquoisquisignifie:«Tacopinevientdemesucer.»Non,Cassidy
n’apasavouéquec’étaitsonpetitami,maiscen’étaitpasnécessaire.Toutlemondepeutvoirqu’ilsontétéencouple.Resteàsavoirsic’esttoujoursd’actualité,maisjesuisbiendécidéàcequecelanedurepas.Enarrivantenbasdel’escalier,jetournebrusquementàdroiteetmelaisseguiderparlavoixde
Cassidy.Unefoispassélehallentièrementlambrisséetsoncomptoiràl’anciennemode,jevaistoutau bout du couloir et la trouve assise sur un canapé vert olive dans un salon isolé du reste de lamaison.Àmonavis,c’estunepièceréservéeuniquementàlafamilleWhalen.Maisgrâceàlaportecoulissantequ’ellealaisséeentrebâillée,j’entendstoutelaconversationqu’elleaavecsesamis.Enfin,nosamis.Jesuispeut-êtreplusprochedeLandonetdeChaz,maisnoussommestousliés,
neserait-cequeparcequeLandonetSashasontencoupleetqueChazetDemisefontlesyeuxdouxsansallerplusloinqu’uneespècedevalse-hésitation.C’estuneconversationrévélatricequimedonnedeuxprécieusesinformations.Pourcommencer,
tout lemonde ne parle que de la liaison que nous entretenons.Nos amis savent que nous baisonsensemble.Dieusaitpourquoi,maiscelanem’agacepas.Commejenedoutepasunseulinstantquenousallonscontinuerdanscesens,ilétaitinévitablequenosprochesfinissentparledécouvrirtôtoutard.Jem’enfiche.Etjenesaisabsolumentpaspourquoicelanemefaitpaspaniquer.NipourquoijenepaniquepasquandDemietSashadénoncentmaprésence.Cassidy referme brutalement son portable, coupant la communication avec Quinn et les petites
rapporteusessansmêmeleurdireaurevoir.C’estunmomentaussibienqu’unautrepouraborderlasecondeprécieuseinformation.Jefaiscoulisserlaporte,entreetlarefermederrièremoi.—Votremères’estblessée?C’estpourcelaquevousavezquittéSanDiego?Elleselèveetentreprenddebranchersonportablepourlerecharger.—Jevousl’aidit.Vouspensiezquejementais?Elleestcalme.Unpetitpeutrop.Jem’étaisditqu’ilyauraitdescrisetquelesinsultesvoleraient
quandcetteconversationauraitfinalementlieu,maisjen’aipasenviedemelancerlà-dedans.Peut-être parce que l’énergie nécessaire pour cela est entièrementmonopolisée parma braguette, avectoutecettetensionsexuelleencoreinassouviequicrépiteentrenous.Inassouviepourmoi,entoutcas.Seigneur,maisilfautqu’ellearrêtedesepencherenavantsousmonnez.—J’aicruquec’étaitmoiquevouscherchiezàfuir.C’estcequ’elledevraitfaire.Çaetporteruneceinturedechasteté,aussi.Elles’interromptetseretourneversmoi.— Vous l’avez déjà dit aussi, et je vous ai répondu que non. Vous, en revanche, vous n’avez
réponduàaucunedemesquestions.Pourquoiêtes-vouslà,Shaw?L’imagede l’hommedes cavernesme revient à l’esprit et le poids de lamassue imaginaire sur
monépaulemedonneenviedel’assommerpourpouvoirl’emporter.Jemesuislancéàsestroussespoursoulagermabitetoujoursdressée,maisjenecroispasquec’estcelaqu’elleveutentendre.—Denverm’aditqu’ilvousavaitproposélecontratenpremier,maisquevousl’avezrefuséen
luidisantdemeledonneràmoi.—Etalors?répliqueCassidy.Jemecrispe,agacé,etj’aidenouveauenviedeluifilerunebonnepunition.Pasorale.Niphysique.
Sexuelle.—Alors,vousveniezdedécouvrirlavéritésurmonpassé.Celadonnaitl’impression…Jevoislalumièresefaireenelle.—Quejevouslecédais?—C’estça.D’unemainsurmapoitrine,elleretientl’élanquej’aiprissansm’enrendrecompte.Maisellene
merepoussepas.Non,ellehausse lementond’unair suffisantetmet lesmainssur leshanches, sibienquesonpullsetendetsoulignelescourbesdesesseins.—Vousauriezdûréfléchir,répond-elled’unevoixsourdeetsensuelle.Ellearaison.—Jesuisbientropcompétitivepourdonnerquoiquecesoit,àmoinsquecelam’avantageetme
permetted’atteindremonobjectif.J’airemportécecontratdanslesrèglesetgagnéledroitdevousfourrerlemuseaudansvotrepipi,etjel’auraisfaitsimesparentsn’avaientpaseubesoindemoiici.C’estplutôtmoiquiauraisenviedefourrermonmuseauquelquepart.Leproblème,c’estqueje
suisrestésurmafaim.Lacageenjeanquiemprisonnemabiteenfléeparvienttoutjusteàlaretenir.—Certaineschosessontplusimportantesqu’unposted’associé.Mêmeunpostepourlequeljeme
suisdonnéautantdemal.Maiscelan’expliquetoujourspaspourquoivousêtesici.Sonhaleinesuaveestàquelquescentimètresdemonvisage.Elleabesoind’uneexplication?Trèsbien,jevaislaluifournir.—Jemesuisdonnéunmaldechienpourquepersonnenedécouvred’oùjeviensparcequejene
voulais pas qu’on me prenne en pitié. Je n’ai jamais accepté d’aumône, jamais demandé d’aide,jamaisdépendudepersonneparcequej’étaisdéterminéàréussirparmespropresmoyens.Etj’étaisfier d’en avoir été capable. Quand j’ai eu l’impression que vous me faisiez la charité, cela a étécommesivousmettiezàbasd’unseulcouptoutcequemoi,j’avaiseutantdemalàédifier.Çam’aénervé.—Alors,vousavezfaitcinqmillekilomètresenavionpourvenirmeledire?Cettelanguebienpenduealedondemanœuvrermabitedepuislepremierjour.L’effetestdécuplé
maintenantquejel’aipossédéeetplusencoreencetinstantparcequejesuistoujourssurmafaim.Bonsang,toutcequifaitdemoiunhommen’aqu’unedouloureuseenvie:laprendre.—Oui,jepensequec’estça.Enm’entendantledireàhautevoix,j’aivraimentl’impressiond’êtreunidiot.—Waouh!(Ellemeprendlamainetmetripotelesdoigtsd’unemanièresensuelleetpeut-êtreun
peutropintime,maiscelameplaîtbien.)C’estcequis’appelleêtredévouéàsacause.—Jenesuisquedévouement.C’estlavérité,mêmesijesaisqueniellenimoinegobonscetteexcuse.
Nous restons silencieux. Durant tout le trajet jusqu’ici, j’ai songé à la manière dont cetteconfrontationallaitsedérouler,etlaréalitén’arienàvoir.Lescris,lesaccusations,lesinsultesquivolent,voirelesassiettes,voilààquoijem’attendais.Maisnousvoilà,toutprèsl’undel’autre,bienquepasassez,calmes,sanséclatsdevoix.Jen’aipasenviedelaréduireencharpie.J’aienviequ’ellemeserredanssesbraspendantquejelapénètre.—Alors,faites-le.Sesdoigtsjouentàprésentaveclescheveuxsurmanuque,cequimerendencoreplusdingue.Et
m’exciteàmort.Jefermelesyeux.Justeuneseconde,pourreprendrelefildenotreconversation.—Fairequoi?Cassidysepencheetmechuchoteàl’oreille:—Grondez-moi.Sonsoufflesurmoncou.Jesenslachairdepoulequimegagne.Cechatouillisquiparcourttout
monsystèmenerveuxpourvenirs’installerdansmonjeandéjàdistendu.Bonsang,cettefemmeesttropprèsdemoi,tropbaisable.Unefoisdeplus,jenemesuispasrenducomptedelapositionquej’aipriseetdecellequejeluiai
fait prendre. Cassidy se retrouve de nouveau plaquée contre un mur. Ou une bibliothèque. Peuimporte:mesmainsposéesdepartetd’autrevontl’empêcherdefiler,encorequ’ellen’essaiemêmepas.Quandelleagrippeledevantdemachemiseetqueseslèvresdélicatesfrôlentmoncou, jemerendscomptequecen’estpeut-êtrepasmoiquiaitenducetraquenard,maiselle.—Jepréféreraisvousfaireautrechose,dis-jeenrespirantleparfumdesescheveux.MonDieu,jen’ytiensplus.Ellemordillelelobedemonoreilletoutenenfouissantsesdoigtsdans
mescheveux.—Vousl’avezdéjàfait.Deuxfois.—Latroisièmeserauneformalité,dis-jeavecunsourirenarquois.Je glissemon genou entre ses cuisses pour la forcer à les écarter afin quema bite prisonnière
puissetoucherlachaleurdesonentrejambe.Bonsang,jelasensàtraversmonjean.Parunheureuxhasard,nousnous retrouvonsdans lamêmepositionque tout à l’heure.Peut-êtrequecette fois, ledestinaccepteradem’accorderunagréabledénouement.—Onnepeutpas.Pasici.Cassidysecambreensefrottantcontremoi.Ellen’enpensepasunmot.Ettantmieux.—Pourquoi?Vousavezpeurquevotrepetitcopainnoussurprenne?Sesmainsdescendentsurmesfesses.Ellelespétritetm’attirecontreelle.—Cen’estpasmonpetitcopain.—Ilfaudraitsûrementleprévenir,danscecas.Avant qu’elle ait le temps de répondre, je l’embrasse. Je n’ai pas envie de parler de Casey, le
pêcheurdehomards.NideQuinn,deSasha,deDemi,deDenveroudecefoutucontrat.Jen’aipasenviedeparlerdutout.C’estmontourdemelancerdansl’action,maisjenevoispaspourquoijenepourraispasenfaireprofiterunpeuCassidypendantquej’ysuis.Oui,jesais,jesuisgénéreux.L’ondulation de mes hanches la soulève pour qu’elle s’installe sur mes cuisses pendant que je
m’occupedesoncou.LemétaldelafermetureÉclairdemabraguettemedonnel’impressiondeme
frotter à un grillage, mais c’est une douleur agréable, puisque cela lui procure autant de plaisir.Cassidy se cramponne àmes épaules et onduledeshanches à lamêmecadence, se servantdemoipourobtenirsonplaisir.Dans mon oreille résonnent ses halètements et un faible geignement suppliant qu’elle essaie
désespérémentd’étouffer.J’empoignesescuissesetremontejusqu’àsesfessespourlarapprocherdemoi. Cette nouvelle position est nettement préférable, parce que les mouvements de Cassidy sonttellement déchaînés que je suis obligé de m’appuyer d’une main au mur pour nous maintenir enéquilibre.Ma bouche se pose dans son cou et je commence à lui faire un suçon. Cassidy se dégage
brusquementpourm’empêcherdedéposermamarque,cequinefaitquem’exciterplusencore.C’estidiot.Jelesais,maisj’aivucommentsonpetitcopainlaregarde.Illadésiretoujours,maiselleestàmoi.Etpourleprouver,jevaislafairejouirtellementfortqu’ellevahurler,pilesousletoitoùilestentraindefaireDieusaitquoi,etqu’ilnepourraquel’entendre.—Shaw…soupire-t-elledansungémissement.Jevais…—Jesais.Jeveuxvousentendre.Ellem’embrasseetseshanchessecollentplusencorecontremoi.J’enfaisautantdemoncôté.Il
fautqu’ellejouissepourquejepuisseenfinmelaisseraller.Jemefichequequelqu’unentre,ouquenous soyons encore complètement habillés et que nous allons être dans un sale état une fois celaterminé:jeveuxjustejouir,etvite.LegémissementdeCassidyestd’abordsourd,maisellecontinuedem’embrasser,etj’étaistoutà
faitsérieuxquandj’aiditquejevoulaisl’entendre.Jemedégagedoncdecebaiseretjemanquedejouirenvoyantsonexpression.Lesyeuxclos,ellesemordlalèvre,latêterenverséeenarrière,touten continuant deme chevaucher. Puis ses doigts s’enfoncent dansmes épaules quand ellem’attirecontreelleetenfouitsonvisagedansmoncou,alorsqu’ellejouitavecunetelleviolencequejesensqu’ellemouillesonlegging,etmêmemonjean.Leplusbeauspectacledumonde,c’estunefemmequiatteintl’orgasmegrâceàcequejeviensde
faire.C’estalorsqueCassidyouvrelentementsesyeuxvertémeraudeetquejemedoisderectifier:cen’estpasn’importequellefemme.C’estcelle-ci.Putain.—Àvotretour,murmure-t-elleavecunsourireàlafoismalicieuxetrepu.—Ça,j’ycomptebien.Campé sur mes deux jambes, je la coince dans l’espace entre le mur et la bibliothèque, puis
j’inclinesoncorpsdansunepositionpropiceàmescoupsdereins.Oh, mon Dieu, ce qu’elle est bonne. Je suis déjà prêt à tout lâcher avant qu’elle se mette à
m’embrasserdanslecou,maisc’estlàqu’ellecommenceàmesuçoteretquejesongeunbrefinstantqu’elle essaie peut-être de laisser sa marque, ce qui me fait bander encore plus, parce que,évidemment,j’enconnaisunquivaforcémentleremarquer.EtCasey,lepêcheurdehomards,devrabienfinirparfaireunpetitcalcul:moiplusCassidyégaleplusjamaisilnebaiseraavecelle.MaisCassidysedétourne.Peut-êtrequ’ellen’essayaitpasdemefaireunsuçonfinalement.Moi,en
revanche,j’essaietoujoursdejouir.Jesensvibrermonentrejambeetlasèvemonteretmonter.Deuxcoupsdereinsdevraientsuffireà…Lebruitd’uneportequicoulissemecoupetousmeseffets.—Hé,Cass…commenceunevoixquin’appartientniàelleniàmoi.
Maisc’estpasvrai!Jesuismaudit!Jen’aiqueletempsdelaisserCassidysereleverqueCaseyentredanslapièce.Ils’arrêteenvoyant
qu’ellen’estpasseule.Leregardqu’ilmejette,metoisantencrispant lamâchoire, laisseentendrequ’ilacompriscequisepasse.Nosjouesrougesetnotrerespirationhaletantenousontforcémenttrahis.J’arbore un sourire victorieuxmais crispé,même si j’ai surtout envie de lui fracasser le crâne
contrelemurpourm’avoirencoreunefoiscoupédansmesélans.Bonsang.Cetypeaunsixièmesensquil’avertitchaquefoisqu’unmecessaiedesefairesacopine,ouquoi?C’estuneCassidy très troubléequiessaiede sauver lesmeublesavecunsourire forcéetun ton
tropenjoué.—Hé!Qu’est-cequ’ilya,Case?Casey l’empêcheur de baiser en rond n’est pas dupe. Je me prépare pour l’empoignade qui va
forcéments’ensuivre,presqueravidel’occasion,parceque,jel’avoue,j’aienviedeluienflanquerune ou deux.Mais je suis surpris quand il détourne son regard noir demoi pour fixer le vide.Àcroirequ’iln’arrivepasàregarderCassidydanslesyeux.—Mamanm’ademandédetedirequec’estl’heuredepréparerledîner.Elleestdanslacuisine.Etsurce,ilrepart.—Merde,souffleCassidy.Jel’airaremententenduediredesgrosmots.Celaneluiarrivequelorsqu’elleestfurieusecontre
moi, et même dans ce cas, c’est parce que je l’ai poussée à bout. De toute évidence, la situationprésente lui poseproblème.Àmoi aussi, si j’en juge par les douloureuses palpitations demabitetoujoursinsatisfaite.Maispourdesraisonsdifférentes,j’imagine.Cassidyserajusteets’apprêteàmeplanterlàsansunmotdeplus.Commec’esthorsdequestion,
jel’attrapeparlecoude.—Vouscomptezmelaisserencoreunefoisdanscetétat?Elle jetteun coupd’œil à la trèsvisiblebossedansmon jean et sourit.Cette fois, le sourire est
sincère.Autantque l’énormeérectionqui l’aprovoqué. JemedemandesiCasey l’a remarquée luiaussi.Jetriompheintérieurement,carmêmesic’estparticulièrementdouloureuxdedevoirattendreunefoisdeplusdemesoulager,jenecessedemarquerdespoints.—Jesuisdésolée,répond-elleavecunaircompatissant,maissijenevaispasàlacuisine,elleva
venirme chercher. Et la colère d’Abby, c’est quelque chose que ni vous nimoi n’avons envie desubir.Croyez-moi,elleapeut-êtrel’airdouxetinnocent,etellel’estlaplupartdutemps,maissivouslamettezenrogne,vousavezintérêtàcourirvousmettreàcouvert.Cen’estpaspourrienqu’onlasurnommel’ouraganAbby.Elleéclatederireetjetrouveceladélicieux.Maisqu’est-cequimeprend?—Nousavonsencorequelquespetiteschosesàdiscuter.—Pasvraiment, réplique-t-elleenhaussant lesépaules.Qu’est-cequ’ilyaàajouter?Vousêtes
venu me reprocher quelque chose que vous vous êtes imaginé tout seul. Maintenant quevousconnaissezlesfaits,vousallezpouvoirrentreràSanDiegosavourervotrevictoire,j’imagine.Pasvrai?Jeconnaislaréponseàcettequestion.Etjesuissouslechoc.Peut-êtrequejel’aisuiviejusqu’ici
pouruneautreraison.
—Faux.Jenevaisnullepart.AvoirvuCassidydiscutersurSkypem’offreunnouvelangledetravailquejen’avaispasenvisagé
jusqu’ici : jepeuxgérermesaffaires toutaussibiend’icique si j’étaisàmonbureauchezStrikerSportsEntertainment.Cassidyinclinelatêteetmeconsidèreavecperplexité.—Pourquoicela?Jenesuispassûrd’avoirencorelaréponseàcettequestion.Lespenséess’entrechoquentdansmon
espritetj’aibesoindetempspourfaireletri.SijeledisàCassidy,ellevainsisterjusqu’àcequejesorteunesottiseouquelquechosed’encoreplusincohérent.Ducoup,jepréfèreluidonnerlaréponsequ’elleattendduShawMatthewsqu’elleconnaît.—Jevousaifaitdéjàjouirtroisfoisaujourd’hui.Vousavezunedetteenversmoi.Ilfautêtrejuste.Elleéclatederire,etcommeellesemoquedemoi,jedécidedejoueraveccequej’imagineêtrela
mentalitédeshommesdeStonington.—Vame faire àmanger, femme, dis-je en baissant la voix d’une octave et en lui donnant une
claquesurlesfessespourqu’elleaccélèrelemouvement.Cassidymeregardecommesij’étaistombésurlatêteetquittelapièce.Pourmadéfense,jeviens
dedécrocherlecontrataveclequarterbackleplusconvoitédupays,j’aitraversélepaysd’ouestenest,cruellementsouffertdeprivationdesommeil,sombrédansunquasi-comapluslongtempsquejen’auraisdû,toutcelapourmeréveilleretmelancerpardeuxfois–si,si,deuxfois–dansdesébatsfurieusementérotiquesavecune femmeque j’adoredétesteretquim’a laissésurma faim.J’ai lesnoixenfeuetmafermetureÉclairm’amislabiteàvif.Oui,jesuissûrementauborddelafolie.Etvoilàque,àprésent,j’envoiemapetitefemmemepréparerledîner.Mapetitefemme?«Onva
tepasserlacamisoledeforce,Matthews.»J’ai dit cela à voix haute pour essayer de retrouver un peu de raison.Maismon cerveau refuse
d’obéir.Peut-êtrequ’ilvafalloirenvisagerlesélectrochocs.Maisnon,jesaisquelestleproblème.Ilfautjustequejemesoulage.Aprèscela,toutrentreradans
l’ordre.Jebaisselesyeuxversmabraguetteetjemerendscomptequelaseulemanièred’yparvenir,c’estdeprendrel’affaireenmain.—Soigne-moi,mapetite,dis-jeenlevantcellequivafaireletravail.Papaabesoinderetrouverun
peudesérénité.
6
Shaw
Ma tentative échoue lamentablement. Pas parce que je ne me donne pas assez de mal. Maissimplement parce que,même si j’ai envie de jouir plus que tout aumonde, j’ai la tête deDenverRockfordquin’arrêtepasdesurgirdevantmoiaulieudecelledeCassidy.Cen’estpasparcequ’ilestgay que cela se termine en fiasco, mais parce que je le vois en train de faire les cent pas enm’exhortantàmedépêcherdejouirafindepouvoirm’occuperdesesaffaires.Bonsang.Jejettel’éponge,auproprecommeaufiguré.Mesnoixsonttoujoursgonfléesàblocet
prêtes à donner lemeilleur d’elles-mêmes,maismonbras est sur le banc de touche à cause de lacrampequejeviensdem’infliger.Jefermelesyeuxpouressayerdetempérermonagacement,maisjeneréussisqu’àempirerlasituation.Peut-êtrequesijepenseàautrechose,quejemeconcentresurlecontratquej’aidécrochéetquiestcausedetoutescesabsurdités,celairamieux.Je rangemapitoyablebitedansmonpantalon, remontemabraguette,m’asperge levisaged’eau
froideetsorsmonportable.Grâceaudécalagehoraire,Benesttoujoursaubureau,maismêmes’ilestdéjàparti,jesaisqu’ilrelèvesese-mails.J’enenvoiedoncunpourluidirequejevaisprolongermonséjouràStoningtonetqu’ilfautqu’iltéléchargeSkypesursonordinateuretsursonsmartphone.JeluidemandeaussidejoindreDenverpourqu’ilenfasseautantafinquejepuisselecontacter.Justeaprèsavoirenvoyélemessage,j’aiunappel.Benestpeut-êtreunsalepetiteffronté,maisil
esttrèsproetilsemettoujoursenquatredèsqu’ils’agitdeboulot.Ilrépondàmonsalutparun«Salut,patron!Vousavezl’air…constipé».Quandjevousdisque
c’estunpetiteffronté.«Vousvoulezquejevousenvoieuntraitementapproprié?»—Va te fairevoir,Ben. (La frontièrequiséparenos relationsprofessionnelleetpersonnelleest
peut-êtrefloue,maiscelafonctionnebien.)Donne-moilesdernièresnouvelles.Cequ’ilfaitdonc,enmepassantlesmessagesquim’ontéchappéàcausedel’absencederéception
ici,avantdenoter toutcequeje luidemandederégler.Ilconfirmeavoircontacténotreclientstar,Denver,lequelestprêtàrecevoirmonappel.Cen’estpasquenousayonsbeaucoupdechosesàfairepourlemomentétantdonnéquelesavocats
n’ontpasencorerédigé lescontrats,mais lessportifssuperstarscommeDenveront l’habitudequeleuragentsoitauxpetitssoinspoureux.Jenevaispasledécevoirsurcepoint.Benm’informeaussique Denver est déjà retourné chez ses parents dans le Colorado et est prêt à commencer
l’entraînement dès qu’il aura signé son contrat à plusieurs millions de dollars. Que des bonnesnouvelles.Sonenthousiasmepourlesportestprécisémentcequiluiavaludeconnaîtretoutcesuccèsetdecontinuer sur sa lancée.Sansoublier sonbrasdeSuperman.Onne l’appellepasRocketManpourrien.Cassidy s’est déjà chargée de lamajeure partie des négociations avec leColoradopourDenver
avant qu’il y ait changement d’agent. La part substantielle que je vais toucher atterrira sur moncompteenbanque,maispourlapremièrefoisdemavie,jeluiendonneraiuneportionraisonnable.Comme je lui ai dit : il faut être juste. Le contrat de Denverm’a été offert sur un plateau et j’aiparticipéauxdiscussionsdefinalisationavecleColorado,maisjen’aipasvraimentméritélagrosserécompense.BienquejesachecequeCassidypensedemoi,jenevaispasprendrequelquechosequinem’appartientpaslégitimement.En revanche, le poste d’associé chezStriker, c’est une autre histoire. Il est àmoi, sans discuter.
Monty Prather m’a formé pour cela avant de prendre sa retraite, et Wade Price sait que je suisl’hommede la situation,même s’il espérait que ce serait sa protégée,Cassidy, qui remporterait labataille.CommeWadeetmoiavonsénormémentderespectl’unpourl’autre,latransitionseferaendouceur.L’annonceofficielleaurestede l’entreprisedevraattendremonretourde«vacancesbienméritées»selonlestermesdeWade.Ma communication Skype avec Ben est sur le point de se terminer quand il m’interroge sur
Cassidy.—CommentseporteMissGlaçon?Maréactionmesurprendmoi-même.Passeulementparcequemabitesedresseimmédiatementdès
quel’onprononcesonprénom,maisparcequejetiensàprendresadéfensecommejenel’aijamaisfaitjusqu’ici.—Cassidyvabien.C’est peut-être Miss Glaçon sous le soleil de Californie, mais dans les frimas du Maine, tout
devienttrèsrelatif.MerendantcomptequeBennem’apasdemandépourquoijesuisvenularetrouverici, jeluien
demandelaraison.—Vousmepromettezquevousn’allezpasmevirer?demande-t-ild’unaircoupable.—Àquoiçaservirait?Chaquefoisquejetevire,turéapparaissurmonpasdeportecommeun
chatinfestédepuces.Allez,crachelemorceau.—LefaitestquelorsquevousêtesarrivéaubureaudeSanDiego,Allyetmoionapariésurle
momentoùCassidyetvous,vousvousbrancheriez.C’estmoiquiaigagné,conclut-ilavecungrandsourireniais.VenantdeDetroit,pasgrand-chosenepeutlechoquer.Maisça?Si.Jenesaismêmepasparquelle
questioncommencer.—Qu’est-cequitefaisaitcroirequ’onsebrancherait?—Enfin, vous lui avez couru après à l’autre bout du pays, dit-il comme si cela expliquait tout.
(Voyantquecelanesuffitpas,ilpoursuit:)Unhommenefaitçaquequandilestsoumisàunefemme.Jedevrais lui raccrocher aunez sur-le-champ,ouaumoins luidirede ranger ses affaires etde
ficherlecampdéfinitivement.Maisjen’enfaisrien.—Etpourquelleraisonvousavezcrutouslesdeuxqu’onsebrancherait?
—Parcequevousnepouvezpasvoussupporter,répond-ilcommesic’étaituneévidence.CommeditAlly,lafrontièreesttrèsminceentrel’amouretlahaine.Jemanquedem’étrangler.L’amourn’estabsolumentpaslesujet.Ledésir,oui,d’aprèsmabiteà
nouveauturgescente,maisl’amour,non.— Ben, dis-je d’un ton calme et très professionnel, s’il y a la moindre rumeur selon laquelle
Cassidy etmoi sommes ensemble, elle se fera virer.Pour devrai.Dans les faits, je suis son chef,maintenant.Tucomprendscequejetedis?Monassistantesttoutàfaitsérieux,àprésent,etilcomprendlesenjeux.Quesessoupçonsaientété
ou non fondés, peu importe. Cassidy n’a rien fait demal et jamais je ne la laisserais payer pourquelquechosequenousavonsfaitentreadultesconsentants.Mêmesic’estmoiquil’aiséduite.Enfin,c’estunpeucompliquédesavoirquiaséduitquiaudébut.Disonsquenoussommesex-aequodececôté-là.—Pasd’inquiétude,merassureBen.Allyetmoinesouffleronspasunmot.Jelecrois.AllyetBensonttellementloyauxqu’ilspréféreraientrisquerleurspostespourCassidy
etmoi.JemedisquejedevraisarrêterdebaiseravecCassidymaintenantquemapositionhiérarchiquea
changé,maisensentantmabitepeserdenouveaucontremacuisse,jesaisquejen’enferairien.BonDieu,cettedouleursourdedanslesnoix,c’estinsoutenable.Ledînervaêtrebientôtprêtetiln’estpasquestionque jepasse tout le repasennepensantà riend’autre. Je raccrochedoncpouressayerdenouveauderéglerleproblème.Avant que j’aie entièrement baissé ma braguette, j’ai déjà glissé la main dans mon jean pour
empoigner ma bite. Un gémissement involontaire annonce la fête du slip qui s’ensuit. N’ayant nilotionni lubrifiantàportéedemain, jedoismecontenterdesquelquesgouttesquiperlentauboutpourpréparermonglandendoloriàcequejevaisluifairesubir.Je n’ai pas besoin deme creuser la tête pour trouver un sujet sur lequelme concentrer, car le
souvenirdéjàprésentdeslèvresdeCassidyenserrantmabitemesuffitamplement.Pourfairebonnemesure,jemecaresselesnoixtoutenregardantmamainastiquerfermementmabite.Je suis hypersensible, les frottements que je me suis infligés tout à l’heure rendent ces
manipulationspénibles,mais jepeuxm’enaccommodermieuxquedecettedouleurpersistantequipalpitedansmonentrejambe.Lesveinesdemabitesontgorgéesdesangetleglandécarlatevibresousmonpoucequilefrotte
encadence.Lapeauest tenduesurma tigequin’a jamaisétéaussidure,etdansmapoitrine,moncœurs’accélèrecommepoursuivre le tempodemamain.Jesens leplaisirquimonteenmoi.Marespirationsefaitpluscourte,commesichaquesoufflemerapprochaitdel’orgasme.C’estpeut-êtrelecas,d’ailleurs.Fasciné,jefixemabite,toutenrelevantmachemisequejecoincesousmonmentonafind’éviter
delasouilleraveccequejevaislâcher.Cequirisqued’arriveràtoutinstant,Dieumerci.Jeredoubled’énergie,lesdoigtscrispéssurmabite.J’ysuispresque…presque…Jesursauteenentendantfrapperàmaporte.—J’ycroispas,putain,grommelé-jeàmi-voixensentantl’excitationretomber.—Hé,monpote!retentitlavoixdecetemmerdeurdeCaseydel’autrecôtédelaporte.Ledîner
estprêt.(Jevais l’égorger,celui-là.Desang-froid.Etàmainsnues.)Vousavezentendu?insistecechieur.
—Oui,oui,jedescendsdansuneminute.Tout en lui répondant, je calculementalement de quelle longueur de corde je vais avoir besoin
pourl’attacheraupare-chocsdemavoituredelocationetletraînerdanslarue.—Dépêchez-vous.Mamann’aimepasqu’onsoitenretardaudîner.—Cen’estpasmamère,luirappelé-je.—Peuimporte.Pastouche.C’est unemenace indirecte, et je ne peuxm’empêcher demedemander s’il parle d’Abbyoude
Cassidy.Le dîner n’est de toute évidence pas une mince affaire àWhalen House. La table de la salle à
mangerestassezgrandepouraccueillirdouzeconvives,maiselleestdresséepoursix.Unenappeimmaculéeetimpeccablementrepasséelarecouvresurtoutesalongueur.Pouletrôtiaujus,purée,maïs,haricotsvertsetbiscuitssontaumenu.Monventregargouilleàce
spectacle,rivalisantpourmonopolisermonattentionavecladouloureusepulsationquipersistedansmonpantalon.Commejenerisquepasdepouvoirmebranlerà table, jemerésigneàassouvirunautrebesoin.Lesplatscommencentàpasserdemainenmainpourquechacunseserve.Enfin,presquetoutle
monde.CommeAbbys’occupedubonhommeassisenboutdetable,j’endéduisquec’estsonmari.Ilal’aird’avoiraumoinsdixansdeplusqu’elle–peut-êtresoixanteetquelques–etc’estleportraitcrachédeCaseyavecdesannéesetdesridesenplus,desyeuxpleinsdesagesseetunebedainedueàunpeutropdebonsrepas.—Toutal’airdélicieux,Abby,luidis-jeenprenantplacesurlachaisevidequ’ellem’adésignée
entreCassidyetl’hommequejeneconnaispasencore.Caseyestassisàcôtédesamère,justeenfacedeCassidy,etilyaàcôtédeluiunechaisequiest
restéevide.Abbypiqueunmorceaudepouletavecunefourchetteetledéposedansl’assiettedel’hommeassis
àcôtéd’elle.—Merci,répond-elle.J’espèrequecelavousplaira.—Sic’estdumêmegenrequelesandwichquevousm’avezpréparétoutàl’heure,jen’endoute
pasuninstant.—Attendez,coupel’homme.VousavezeudroitaugratinéfaçonAbby?Jen’aipaslamoindreidéedecequ’estlegratinéfaçonAbby,maissicelaressembleaudéliceque
j’aieuaudéjeuner,ilyadequoisepâmer.—Unsandwichdinde,baconetfromagefondu?demandé-je.—Oui,c’estcelui-là. (Iléclatede rirependantqu’Abbydéposeunepleine louchedepuréedans
sonassiette.)C’estlemeilleursandwichducoin.— Il est un peu partial, dit-elle en passant les pommes de terre à Casey et en prenant la sauce.
Évidemment qu’il l’est, s’il veut continuer à manger, ajoute-t-elle en riant. C’est mon Thomas.Thomas,jeteprésenteShawMatthews.—ShawMatthews?répèteCasey.(Jesuisunpeusurprisquepersonneneleluiaitencoredit.Je
hochelatêteetilajoute:)Cassidym’abeaucoupparlédevous.
—Ah bon ? fais-je avec un sourire ingénu en dépliant ma serviette sur mes genoux. Eh bien,j’auraisaiméquelaréciproquesoitvraie.Cassidy me décoche un coup de pied sous la table, mais je suis tellement habitué après les
nombreuses réunions auxquelles nous avons assisté ensemble, que je n’ai même plus besoin deprotège-tibias.—EtvoiciMiaMorgan,déclareAbbyendésignantlaretardatairequivientd’entrer.Caseyposeleplatdepuréeetse lèved’unbondpour tirer lachaiseàcôtéde lui.Miaestpetite,
avecdesyeuxnoirsetdelongscheveuxbruns,mignonne,maispasextraordinaire.Cassidyl’accueilled’unsourireaimableetchaleureuxquejeneluiconnaissaispas.Enfin,àmon
égard,entoutcas.—Bonjour,dit-elle,jesuis…—Jesaisquivousêtes.Cassidy,achèveMiapourelle.Puis elle baisse la tête et s’assoit en se rendant compte qu’elle doit passer un peu pour une
fouineuse.Cassidyal’airstupéfaitetCaseyintervient.—Ouaip.C’est…maCassidy.Ilposesurelleunregardsiinsistantquec’enestgênant,commes’ilétaitsaisid’uneémotiondont
lerestedel’assistancen’estpascenséêtretémoin.Cassidysetortille,sentantlemalaise,etbaisselesyeuxenseraclantlagorge.Cequisuffitàtirer
CaseydeDieusaitquellespenséesquiluioccupaientl’espritetàlerameneràlaréalité.—Jesuisdésoléedemonretard,Abby.J’étaisabsorbéeparunescènequ’ilfallaitquejefinisse,
sinon je risquais de perdre l’inspiration, ditMia en balayant l’air d’un geste comme si c’était uneexcuseidiote.—Ce n’est rien,ma chérie. Nous venons de commencer, de toute façon. (Abby se tourne vers
Cassidyetmoi.)Miaestauteurderomansd’amour.ElleestvenueàStoningtonpoursedocumenterafind’écrireunlivre.—Caseym’aditqu’ilyavaitunecélébritéenville,opineCassidy.Ilajusteoubliédepréciserque
vousétiezdescenduecheznous.(Ellelegratified’unemoueréprobatriceavantdereveniràMia.)Ilyamilleendroitsplusromantiquesqu’ici.Qu’est-cequevoustrouvezdesiparticulieràStonington?Cassidyétanthabituéeparsonmétieràêtreentouréeauquotidienpardessportifsmondialement
connus,ellenerisquepasd’êtreéperdued’admirationdevantcettefemme.— Eh bien, pour commencer, c’est absolument magnifique, commence la romancière d’un air
rêveur.Etensuite,monhérosestunpêcheurdehomards.QuandMiaregardeCaseyetrougit,lesourirepolideCassidydisparaîtbrièvementpourrevenir,à
lafoissemblableetdifférent.—Oh,jenepensaispasquepêcherlehomardétaitconsidérécommeunevocationromantique.—Ehbien,ditMiaenhaussantlesépaules,ilyadesfemmes,ici.Laplupartrestent,doncildoity
avoirquelquechosechezlespêcheursdehomardsquilesretient.—Oui,l’argent,ditCassidy,defaçonunpeuabrupte,avantdeprendreunmorceaudegâteau.—Enfin!s’indigneAbby.Cassidyreposelebiscuitdansleplat.
—Pardon,Abby,maistusaisquec’estvrai.(Elleprendsafourchetteetchipotedanssonassiette.)Alors,surquoivousdocumentez-vous,Mia?—Jecommencejusteàmefamiliariseraveclaville,maisjevoulaissurtoutinterrogerunpêcheur.
Comme j’écrisde la fiction, jepeuxprendrequelques libertés,mais j’aimeêtre auplusprèsde laréalité,sijepeux.Celapermetdeplongerleslecteursdansl’atmosphère,sijeleurfaisressentircequejeressens,voircequejevois,etc.Vouscomprenez?—Pasvraiment,maisc’estpeut-êtreparceque,ayantfaitdudroit, j’aitendanceàprivilégierles
faitsparrapportàlafiction.(Bim.Cassidylaisseletempsàsoninterlocutricededigérer.ElleestdenouveaulaMissGlaçondeSanDiego.)Alors,quiavez-vousinterrogé?—Moi,ditCasey,venantausecoursdeMia.—Depuisquandtuaimesexposertavieaugrandjour?ricaneCassidy.—Depuisquequelqu’uns’y intéressesuffisammentpourmeposerdesquestionsdessus, répond
Caseyavecunregarddedéfi.Celaluiclouelebec.Vaincueparlaculpabilité,ellereplongelatêtedanssonassiette.MiasemetàexpliquercommesiellecherchaitàtirerCaseydupétrin.—Quandj’airéservémachambreici,j’aidemandéàAnnasielleconnaissaitunpêcheurquiserait
disposéàmeparler.C’estellequim’aproposéCasey.—Ahoui,vraiment?rétorqueCassidy.Jemedoutaisqu’ellenepourraitpass’empêcher.Jamaisellenereculedevantunejouteoratoire,
mêmesipersonned’autrenes’enrendcompteànotretable.Moi,enrevanche,si.C’estcequ’ellefaitavecmoidepuisquejelaconnais.Samères’enrendraitsûrementcompteaussi,sielleétaitlà.—Commej’aipasmaldetempslibre,j’aiaccepté,répondCasey,histoiredejeterunpeud’huile
surlefeu.Àvoir les coups de fourchette rageurs deCassidy, il se passe quelque chosede bizarre.Elle se
comportecommeuneépousequivientdesurprendresonmarienflagrantdélitd’adultère.QuantàCasey,jenesauraisdires’ils’afficheavecsamaîtresseous’ilimplorelepardonpoursoninfidélité.Jecomprendslorsquejesurprendsunéchangequejen’auraisprobablementpasdûvoir.Pendant
queMiaestoccupéeàparlerducontextedesonroman,CaseyfixeCassidy,etsonregardglissesurmoiavantdereveniràellecommepourdire:Tun’espassiinnocentequecelanonplus.Jesuistirailléentrel’enviedeleféliciteretcelledeladéfendre.Maisj’aisurtoutenviedeprendre
CassidysurmesgenouxetdedireàCaseyqu’iln’apasàsesoucierdecequ’ellefait,puisquec’estmoiquecelaregardedésormais.Enmêmetemps,c’estuneidéeidiotedemapart.MiaterminederésumersonromanetCassidyal’airstupéfait.—Waouh!Alors,vousécrivezlabiodeCasey,engros,quoi.C’est-à-dire…lamienne.—C’estvraiqu’ilasurtoutparlédevous,oui.Vousavezjouéunrôleimportantdanssavie,vous
enavezpeut-êtremêmeétélecentre.Maisjamaisjenemepermettraisdevousexposer.L’uncommel’autre.Jesuisdésoléesic’estl’impressionquevousavezeue.Cesurquoijecomptesurtoutjouer,c’estsamanièredeconsidérerleschoses,cequ’ilpensedevousetlesextraordinairesaventuresquevousavezvécuesensemble.Sivousvoulezbien,évidemment.—Oui,c’estvraiqu’onaconnudesupermoments,seradoucitCassidy.Pasvrai,Case?—Ah,oui.Sonregardsefaituninstantpensif,puisellefaitungrandsourire.
—Tuterappelleslafoisoùonestmontésurunbateaupourlapremièrefois?—Pourtoi,paspourmoi,corrigeCasey.Maisjem’ensouviens.Commentjepourraisoublier?
Tuétaisunvraipetitmonstre.Constamment.—C’estça,répliqueCassidyenlevantlesyeuxauciel.Tuaseucequetuméritais.— C’est vrai ? demande Mia dont le visage s’éclaire avec gourmandise. Casey a eu ce qu’il
méritait?Jesuissûrequel’anecdotedoitêtreamusante.Racontezdonc.CassidygloussetandisqueCaseygémit.—Tu luiasuniquement raconté tous lesgrandsmomentsde laviedu fabuleuxCaseyMichaels,
hein?—Elle écrit un roman d’amour. Pourquoi j’irais lui raconter une histoire où je n’apparais pas
commeunhéros?— Parce que cela ferait de toi un être humain imparfait comme nous tous. Et parce que
l’imperfectionparfaite,c’estréeletsexy.—Sexy,jen’ensaisrien,s’esclaffeThomas,maisjevaisvouslaraconter,moi,l’histoire.—Vas-y,soupireCaseyàsonpère.Detoutefaçon,tularacontesmieuxquen’importequi.—Tupensesbien,ditThomas.Parcheznous, lespèresemmènent leurs filsdebonneheuresur
leur bateau pour leur apprendre les rudiments de la pêche au homard. La première fois que j’aiemmenéCaseyenmer,c’étaitàpeuprèsàl’époqueoùilaapprisàmarcher.Jevoulaisqu’ilaitlepiedmarin.—Cassidyenafaittouteunehistoire,renchéritAbby.C’étaitunvraigarçonmanqué.Jamaiselle
nes’estintéresséeauxjeuxdefilles.CelarendaitfolleAnna.ToutcequefaisaitCasey,ellevoulaitlefaireaussi.—Parcequ’ellevoulaitêtrecommemoi,ditCaseyenriant.—Ha ! Tu parles ! C’est parce que j’aimais la compétition et que je voulais te prouver que je
pouvaisfairetoutcequetufaisais,etenmieux.Cassidyetmoinoussommesaffrontésplusd’unefois,mais j’ai toujoursadmiréetrespectéson
tempéramentdecompétitrice.Bon sang,quand j’y repense, c’estprobablementcequim’excitait leplus.Enplusdesoncul.Etpeut-êtremêmesalanguebienpendue,aussi.Cespenséesn’arrangentpasl’étatdemabitetenduecontremacuissequicontinuedepalpiteretderéclamerqu’onlasoulage.—Quoiqu’ilensoit,poursuitThomas,jel’aiemmenédetempsentempsjusqu’àsesdouzeans,et
c’estàcetâge-làqu’ilacommencéàtravailler.Ehbien,Cassidyenaeuassezqu’onluidisequ’ellen’avaitpasledroitdevenir,etunmatinelleafilédechezelleets’estglisséeendoucesurlebateau.Etc’estunefoisaulargequ’elleadécidédesortirdesacachette,etcelaauraitétépluscompliquédelaramenerquedelagarder.Sanscompterqu’ons’estditqueceseraitunebonneleçonpourelleetqu’ellearrêteraitpeut-êtredenouscasserlespieds.—Çan’apasmarché,dit-elleavecunsourirenarquois.—Onétait donc en trainde remonter le chalut quandCasey a sorti unmollet d’un casier et l’a
lancé sur Cassidy pour prouver que c’était une gamine. Et il l’a prouvé, c’est sûr, dit-il en serenversantenarrièreetensefrottantlabedaine.Cemollet…—Excusez-moi,demandé-je,certaindepasserpourunimbécileenposantlaquestion.Maisqu’est-
cequec’est,un«mollet»?—C’est un homard qui s’est débarrassé de son ancienne carapace, mais qui n’a pas encore la
nouvelle, répondMia, qui rougit envoyant queCassidy la regarde, l’air impressionné.Caseym’aapprisbeaucoupdechoses.Caseypasselebrassurledossierdesachaiseetfaitungrandsourire.—Etvousavezétéuneélève trèsattentive.C’estagréabled’avoirquelqu’unqui s’intéresseaux
chosesquej’aime.—Quoiqu’ilensoit,reprendThomas,lapinceduhomardatterritsurCassidy,surson…Ils’interromptpourchercherletermeadéquat.—Monnichon,achèveCassidyenlevantlesyeuxauciel.Ellecroiselesbrassursapoitrinecommepourlacacher,maisc’estpeineperdueaveclesseins
qu’ellea.—Oui,voilà,toussoteThomas.Caseyéclatederire,etilmefautavouerquec’estplutôtdrôle.—Ristantquetuveux,petitpêcheur,rétorqueCassidyenrelevantlementon.J’aieumarevanche.—Ça,c’estbienvrai,ditThomasens’esclaffantàson tour.Cassidy luia flanquéuncrochetdu
droitetl’afaitbasculerpar-dessusbord.J’aieul’occasiondetestersoncrochet.Àvraidire,j’engardeencorelatraceàmonœilquis’en
estàpeineremis.J’yaieudroitquandj’aiinsinuédevantCassidyqu’ellecoucheraitavecn’importequipourarriveràsesfins.Évidemment,jesavaisàl’époquequecen’étaitpasvrai,maiscommeelleavait égratignémavie privée, j’avais éprouvé le besoinde riposter.D’unemanière puérile.Enfin,bref.Elleauraitdûs’occuperdesesaffaires.Entoutcas,pourlemoment,c’estellequiestsouslesfeuxdesprojecteurs.ThomasetCaseyrienttellementd’ellequecelanem’étonneraitpasquelesvoisinsentendent.Mia
etAbbymettentdutempsàsejoindreàeux,maislefourirefinitparlesgagneràleurtour.Cassidy,quifaitlatête,etmoi,sommesapparemmentlesseulsànepaspartagercettehilaritégénérale.Celadit,sijem’abstiens,c’estuniquementparcequemonentrejambedouloureuxmerappelleàsonbonsouvenir.Unefoisquetoutlemondereprendsesesprits,Caseyrespireunboncoupets’essuielesyeux.—C’estlapremièrefoisquej’airemarquéqu’elleavaitdesseins.Etjelesadoredepuiscetemps-
là.—Casey!s’indigneAbby,consternée.—PasceuxdeCassidy,maman.Lesseinsengénéral,tente-t-ildeserattraper,serendantcompte
qu’ilnefaitqu’aggraversoncas.Jeveuxdire…—Tuferaismieuxd’enresterlàaulieudet’enfoncerdavantage,mongarçon,ditThomasd’unton
paternel.—N’essayezpasdemefairelemêmecoupdemainquandnousferonsnotresortieenmer,ditMia
enluidonnantuncoupdecoudedanslescôtes.Cassidyseredresse.—Tul’emmènessurtonbateau?Jecroyaisqu’ilétaitinterditauxfilles.—JefaisuneexceptionpourMia.—Ah.Alors,jepenseque,ducoup,j’aurailetempsdevousfairevisiterlaville,enfindecompte,
Shaw.
Ellemesouritcommesinousétionslesmeilleursamisdumondeetquec’étaittoutàfaitnormal.Cen’estpaslecas,etjesuisunpeudécontenancé.—Pardon?Quoi?—Vousm’avezdemandédevous fairevisiter les environset jevousai réponduque j’avaisdu
travailà faire ici,maispuisqueMiaestnotreseuleautrepensionnaireetqu’elleseraoccupéeavecCaseydemain,jepeuxvousconsacrertoutemonattention,àprésent.Oui,ellevientd’inventertoutcela,maisjepige.EllesesertdemoipouressayerderendreCasey
jaloux. Ce n’est pas sympa. Pas parce que c’est méchant de lui faire cela – je m’en fichecomplètement–,maisparcequ’ellejoueavecmoi.Sanscompterqu’iln’estpasquestionquejesoisunpiondontelleusepourquesonpetitcopainladésireplusquel’autrefille.Cassidysepencheversmoietposesurmongenouunemainqu’ellelaisseremonteràl’intérieur
demacuisse.Celamerendfouetsijenemeretenaispas,jememettraisàgenouxpourlasupplierdemebranler.Onpourraitimaginerquec’estunesituationsexy,maisavecmesnoixprêtesàexploseretentourés demonde commenous le sommes, il n’y a absolument rien à faire pour calmer l’oragequ’ellevientdedéclencherdansmonpantalon.Jerepoussesamainenessayantderesterdiscret,étantdonnéquejenetienssurtoutpasàattirer
l’attentiond’Abby.MaislefaitquejerefusesesavancesrendCassidycurieuseetellebaisselesyeuxsurmonentrejambepourévaluer lasituation.Peut-êtremêmeque jeme tourneunpeuverselleetsouligne lachosede lamainpourqu’ellevoiebiendequoi il s’agit. J’espèrequecelasuffiraà lamettre en garde. Sauf que c’est de CassidyWhalen qu’il s’agit, la femme qui fait de ma vie uncauchemaretquial’aird’yprendreplaisir.Zut.Ellefaitunpetitsourirequin’augureriendebon.Jeconnaissuffisammentmonadversaireet
maîtresseàtempspartielpourreconnaîtrecettelueurdanssonregard.Ellevoit l’occasiondefaired’unepierredeuxcoupsetellenecomptepass’enpriver.Elle repose lamain surma cuisse avec une insistance indiquant sans équivoque qu’elle n’a pas
l’intention de se laisser déloger. Pendant ce temps, elle continue avec les autres convives uneconversation sur laquelle jenepeuxpasmeconcentrer etdont jeme fiche totalement, étantdonnéqu’elle me pétrit la cuisse. Chaque mouvement de son corps qui ponctue cette conversation n’estqu’unprétextepourremonterlamaindeplusenplushaut,jusqu’àcequesesdoigtsfrôlentmabite.Je retiens mon souffle en essayant de me retenir de jouir. Statistiques sportives, catalogue de
mobilier,imagesdeclowns–rienn’yfait.Carsamainàprésentposéesurmabiteondulelentement.J’essaie de la repousser d’un coup de coude, mais ma tentative n’aboutit qu’à la forcer àm’empoignerlabitepoursecramponner.Bonsang,maiscettebonnefemmeestunesadique.Elleinclinelatêteversmoietsemordlalèvretoutenmebranlantàtraversmonjean.C’estcuit.
L’orgasmecommenceàbouillonner,maisjefermelesyeux,tentantdevaincrelanatureparlaseuleforcedemavolonté.Jesuisentraindeperdrelabataille.Lamentablement.Etjesuissurlepointdejouir.—Shaw,vousvoussentezbien?Jesursauteenentendantlavoixd’Abbyetjecognelatabledansmasurprise.Jemanquedepasser
pourunpervers,maisaumoins,lamaindeCassidyestretournéesursesgenoux.NomdeDieu!Ladouleurdemonentrejambeagagnémonbas-ventreetilmefautdesnerfsd’acierpourquecela
nesevoiepassurmonvisage.Quelquechosedechaudetd’humideestentraindecoulerlelongde
macuisse,maisjen’aipasàréfléchirlongtempspourcomprendredequoiils’agit.Malgrétousmeseffortspourmeretenir,unpeudespermearéussiàsuinter.Onpourraitcroirequecelam’auraitunpeusoulagé,maispasdutout:aucontraire,celanefaitqu’empirerleschoses.Aussipéniblequ’uncoupdansl’entrejambe,cettesensationquimenouel’estomacmeforceàme
concentrerpournepastoutbalancersurlatable.Courirauxtoilettesestinenvisageable,carmêmesij’aicommencéàjouirdansmonpantalon,cen’estpassuffisantetjebandetoujoursautant.Etjen’aipasenviedemontreràtoutlemondelatachehumideajoutéeàcetteérectionplusqu’évidente.Jesuiscoincé.—Shaw?répèteAbby.—Houla,ondiraitquevousenavezmispartout…chantonneCassidysuruntonmoqueur.Oh,ellevapayerchèrementsondernierforfait.C’est seulement à ce moment que je remarque que j’ai cogné la table et renversé la saucière,
répandantleliquideblancetcrémeuxsurlanappe.Bonsang,c’estàcroirequ’elleavaittoutprévu.—Oui,oui,jevaisbien.Excusez-moi.Jevaisnettoyer.Jem’apprêteàprendremaserviettesurmesgenoux,maisjemeravise.Ellepeutm’êtreutilesije
n’aipasd’autrechoixquedebattreenretraite.—Nevousmettezpasenpeine,monpetit,ditAbbyenselevant.Detoutefaçon,c’estl’heurede
débarrasserettoutnettoyer.Mesgarçonssontdeslève-tôt.Ellemegratifiedenouveaudesonsourirematernelet jemesens toutpenaudàcausedecequi
vientdesetramerjustesoussonpetitnez.Toutlemondeselève,maisjenepeuxtoujourspasbouger.Jevaisdevoirattendrequelapiècese
vide,puisjevaisfileràmontour.Aprèsquoi,jevaisdevoirattendreencoreunpeu.Patiemment.Secoucherdebonneheuresignifiequ’ilyaunelumièreauboutdudouloureuxtunneldanslequel
j’aiétéemprisonnétoutecettefichuejournée.CassidyselèvepouraiderAbby,etsepenchedevantmoi pour prendremon assiette etmes couverts. Je suis sûr que c’est un simple prétexte pourmecollersesnichonssouslenez,maisj’enprofitepourlaprévenirquejecomptebienmevenger.—Àpeineleslumièreséteintes,vousserezàmoi,chuchoté-je.Etsurce,jelaissemeslèvresfrôlerletétonqu’elleastratégiquementprésentéàleurportée.Cassidy se raidit et sa peau se couvre de chair de poule.Le bruit des couverts qui tintent sur la
porcelainetrahitletremblementdesesmains.Oui,ellesaitcequil’attend.Ouplutôt:quil’attend.Etellesaitaussiqu’ellen’aurapasledroitdejouir.
7
Cassidy
IlesttardlorsqueAbbyetmoiterminonsdenettoyeraprèsledîner.Enfin,tardselonleshabitudesdeStonington,en toutcas.Outre le faitque les journéessontpluscourtessi loindans leNord, lespêcheurs sont toujours au lit de bonne heure pour pouvoir se lever très tôt. La plupart sont déjàdeboutavantmêmelespremièreslueursdel’aube.Thomas est rentré juste après le dîner, pendant que Casey restait pour raccompagner Abby.
Maintenant que je suis là, ils n’ont aucune raison de passer la nuit sur place. Shaw etMia se sontcouchésdepuisunmomentdéjà.Mia. Je ne sais pas trop à quoim’en tenir sur son compte pour l’instant,mais elle a l’air d’en
savoirsacrémentlongsurCasey.Étrange.Ils’esttoujoursmontréplutôtréservésursavie,avectoutle monde, sauf moi, évidemment. Maintenant, voilà qu’il s’épanche auprès de cette Mia Morgancomme si… comme si c’était moi. Cela ne me plaît pas. D’autant plus que certaines de sesconfidencesdévoilentaussiquelquesdétailsdemavie.Probablementlaplupart,àvraidire.Enéteignant la lumière, jenotementalementqu’il va falloirque je le cuisine afinqu’ilmedise
précisémentcequ’ellesait.Lamaisonestplongéedanslapénombre,endehorsdupâleclairdelunequi filtre par les fenêtres. Cela n’a aucune importance. Lemobilier ayant toujours été à lamêmeplace, jepourraismedéplacer lesyeux fermés si nécessaire. Jemonte l’escalier, l’instinct guidantmespaspouréviterlesmarchesquigrincent.En entendant le froissement de mes vêtements alors que je gagne ma chambre, je me rends
brusquementcomptequ’ilrègneunsilencesurnaturel.Nonseulementdanslamaison,maisdanstoutStonington.Pasdesirènesdebateaux,pasdevoixdepêcheursquisehèlent,pasdecrisd’oiseauxnidebruitsdevaguessurlajetée.C’estcommesiDieului-mêmeavaitexigélesilenceparrespectpourlespêcheurs.Voilàqui tombebienpourunevillequi traitesaprincipalesourcederevenuscommeunevéritablereligion.Arrivéeenhaut,j’hésite,sentantuneprésenceinvisible.Jesaisqu’onm’observeetj’enailachair
de poule. Toutes les portes sont closes, sauf celle dema chambre,mais elle est trop loin dans lecouloir pour que le clair de lune parvienne jusqu’ici. Peut-être quemon espritme joue des tours,maisjejureraisentendreunerespiration.Jen’aipasbesoindemeteniràlarampe,maisjemecollecontreelle,ainsipersonnenepourrame
sauterdessusdececôté.Soudain,j’entendsuncraquementetjelaisseéchapperuncridesurprise.Une silhouette sombre surgit de l’ombre,mais avant que je puissem’enfuir, deux robustes bras
m’enserrent et m’empêchent d’identifier mon agresseur. Jeme raidis instinctivement, mais le flotd’adrénaline qui se déverse enmoi est provoqué par une excitation née de la peur. Une peur quej’éprouvealorsquejesaisquiestcethomme.Sonodeur,lesbattementsdesoncœurcontremondos,l’énergiequisedégagedelui…toutcelaestfamilieretbienvenu.LeslèvresdeShawfrôlentmonoreilleetsonhaleinemebrûlelecou.—Mmm,regardezcequejeviensdedécouvrirentrainderôderdanslanuit.Je souris,bienqu’ilnepuissevoirmonvisage, car je saisdequoi il retourne. Jemedétendset
m’arc-boutepourtaquinersonsexedurcollécontremesreins.—Quesepasse-t-il,vousêtesaugarde-à-vous?Sonpetitrireestmenaçant,etsavoixencoreplus:—Vousallezvousfairebaiser.Commejel’entends.Toutdesuite.Ceneserapasagréable.Jene
prendraipasmon temps.Etvousn’en retirerez aucunplaisir. (Ilmemordille le lobede l’oreille.)Voustrouveztoujoursceladrôle?Non,pasdutout.Jecroistoutcequ’ilm’adit.Maisilsetrompesurunpoint.Jevaisytrouverdu
plaisir.Énormément.D’ungestebrusque,ilmepousseenavant.Bienqu’ilnemedisepasoùjedoisaller,jesaisoùje
vaisl’emmener.ShawMatthewsestdansmavillenatale,chezmoi,etjevaislemettredansmonlit.Jemedirigealorsversmachambre.Jenemeretournepaspourregarderpar-dessusmonépaule.
C’estinutile.Ilvamesuivreetiln’apasbesoindelumièrepourmevoir.Àn’enpasdouter,jelaisseunetraînéedephéromonesqu’ilpeutsuivrecommesinousétionsdesanimauxdanslanatureauplusfortdelasaisondurut.Àpeinesuis-jeentréedansmachambrequejemeretourneetmeretrouvecolléecontresapoitrine.
Dans le clair de lunequi filtre par la fenêtre, je peuxvoir lemoindredétail de sonvisage. Il a lamâchoirecrispéeetlesnarinesdilatées,tandisqu’ilbandesesmusclespourseprépareràl’attaque.Lemoindretressaillementleferabondir.Unsourireespièglesedessineaucoindemeslèvres.MonDieu, que j’ai envie de le voir s’élancer. Du coup, j’entrouvre les lèvres et je laisse échapper unsoupir.Shawbondit,seslèvress’écrasentsurlesmiennesetsesmainspuissantesagrippentmeshancheset
meserrentcontrelui.Fébrilement,ilentreprenddem’aideràmedéshabiller.J’empoignemonpullàdeuxmainsetlefaispasserpar-dessusmatête.Shaw,quim’adéjàbaissé
monlegging jusqu’auxchevilles,attend impatiemmentque jedéfassemeschaussuresd’uncoupdepiedafindeterminersatâche.Jem’exécuteetjesensl’airfraissurmesfessesnues.Sansdoutequelaculotteaétéemportéeaveclelegging.Avantquejepuissem’occuperdemonsoutien-gorge,Shawl’adéjàenlevé,m’aallongéesurlelitets’estglisséentremescuisses.Ses lèvres sont partout surmoi et m’embrassent furieusement la bouche, le cou et les épaules,
tandisqu’ildéfaitsaceinture.J’essaiedel’aideràôtersachemise,maisilesttellementfocalisésursonpantalonqu’ill’aapparemmentoubliée.Auxabois.Sesgestes sontdésespérés et pressés, et je saisprécisémentpourquoi. J’aiunpeude
peinepourlui.Iln’apaseusapartdeplaisir,alorsqu’ilaétéplusquegénéreuxpourmoi.Cen’estpas juste.Donc, jem’abandonneet jem’offreà lui comme l’agneausacrificielpourqu’il fassedemoicequebonluisemble.
Etilnes’enprivepas.Sans unmot, sansmême s’être assuré d’une caresse que je suis prête, Shawme pénètre. Jeme
cambredevantcetteprésencesoudaine.Bienquecenesoitpaslapremièrefoisqu’ilmeprend,étantdonné qu’il est particulièrement gâté par la nature, le manque de préliminaires me distenddouloureusement.Shawgémitetcecrideplaisiretdesoulagementmegonfledefierté,carj’ensuislacause.Ilne
s’arrêtepas,iln’attendpasquejem’habitueàlui,nes’assurepasquetoutvabiendemoncôté.Levisageenfouidanslecreuxdemoncou,ilm’empoignelescuissesetlesécartelargement.Clouéesurlelitparsonpoids,jenepeuxquesubirsessauvagescoupsdereins.Profonds,violentsetagréables,uniquementpourlui.Normalement,Shawn’estpasunamantégoïste.Ils’esttoujoursassurédemonplaisir,maisilest
évidentque,enl’occurrence,ilfaitpasserlesienavant.Ilyaquelquechosedetotalementérotiqueàsavoirquel’onestl’instrumentduplaisird’unautre.Maisl’orgasmequecelameprometneviendrapas.Rien de plus que trois grognements de fauve et il se retire rapidement. Il empoigne son sexe et
l’astiquesisauvagementquejeneparvienspasà imaginerquelplaisircelapeut luiprocurer,maisson sperme brûlant vient se répandre en plusieurs giclées sur mon ventre. Je me caresse en leregardantfaire,carjetrouvelespectaclesexyetjesensl’orgasmemonterenmoi.Shawmesaisitlamainetlacloueaumatelas.—Pasquestion,gronde-t-il.Vousm’avezlaissédeuxfoisinsatisfait.Etvousavezdécidédejouer
avecmoidurantledîner,avecdumondeautourdenous,carvoussaviezquejenepourraisrienfaire.Samainlibreseposesurmachatteetsesdoigtsmemassentleclitorisjusteassezpourmeforcerà
me tortiller.Encore. J’aibesoinqu’ilmecaresseavecplusd’insistance,plusde force,plusde…Ilreprenddeplusbelle:—Vousm’avezinfligéunegrandefrustrationetvousm’avezmisdansunesituationgênante.(Il
regarde ses doigts, apparemment fasciné parma réaction à ses caresses.Et pour réagir, je réagis,encorequecelaneservepasàgrand-chose.Jemecambreetonduledeshanchespourmefrotteràlui,mais il se dérobe.)Vous pensiez que je neme vengerais pas ? demande-t-il d’un tonmenaçant. Jepourrais,voussavez,jepourraisvouslaisserenplan.Jedevraislefaire.Jefermelesyeux,conscientequ’ilpourraitbienlefairemaispriantpourqu’ilreste.Aprèstout,ce
seraitmérité.—Maiscontrairementàcertains,jamaisjeneseraisaussicruel.Ilenfonceprofondémentundoigtenmoi.Jeserrelespoingsetravalelegémissementquimonte
dansmagorge, incapable de réagir autrement. Puis il commence à bouger le doigt et titillermonpointG.MonDieu,cethommeauraitdûêtrepianiste.Jemerendscomptequec’estpeut-êtreunpiège,uneformedesupplicecommelafoisoùilm’a
faitfrôlerleplaisiràmaintesreprisessurmonbalconavantdemelaisserenfinjouir.Peut-êtrequ’ilvarecommencer.Dansuncascommedansl’autre,jenepeuxignorercequ’ilestentraindemefaire.Jemedélectedechaqueinfimecaresseetmelaisseconduireaubordduprécipice.—Pasencore,chuchote-t-il.Avantquej’aiepumerendrecompte,Shawcessesonmanège.Ilm’empoigneetmetirejusqu’au
borddulit,meretourneetmeforceàmepencherenavant,lajouecontrelematelas.Ilmetientparlanuquependantquesesdoigtscaressentleslèvresdemachattedansd’incessantsva-et-vient.
—Quec’estbeau,dit-il.Je le vois encoredebiais,mais il neme regardepas.Dumoinspas le visage.Son attention est
dirigée plus bas. Jemouille de plus belle en voyant sa fascination, comme si mon entrejambe sepréparaitàsedonnerenspectaclepourlui.Il plonge ledoigtdansmes chairs et le ressort trempépour caressermonanus. J’ai enviede le
recevoirenmoi,mêmesijesaisquecelavamefaireunmaldechien.Maiscen’estpassonintention.Une fois deplus, sondoigtmepénètre et reprend ses caresses comme s’il appelaitmonorgasme.Celanevapastarder.Surtouts’ilcontinuedepressersonpoucecontremonanus.Apparemment insatisfaitparcetteposition,Shawsemetàgenouxderrièremoietm’introduitun
deuxièmedoigtpourselancerdansdesva-et-vientàlamêmecadencequesabitequelquesinstantsplustôt.Jemecramponneàlacouetteetmemordslalèvreenregrettantdenepaspouvoirlemordrelorsque le dos de samain claquemon clitoris à chaquemouvement. Il s’enfonce si profondémentqu’iltouchecepointparticulierenmoietquejenepeuxrienfaired’autrequemecrisperenattendantquel’orgasmesedéchaîne.Ilmebranledeplusenplusviteetviolemmentavecsesdoigtstandisqueseslèvresembrassentmesfessesqu’ilécartedesonautremain.Monanusquisedistendm’offreunedélicieusesensationquinefaitqu’amplifierlesautresmerveillesquimefonttournerlessens.Puisc’estlasensationbrûlanteethumidedesabouchesurcetorificeinterditquimefaitbasculer.Ladiguecèdeet lapuissancedemonorgasmejaillit, libérée.Sachaleurruisselle le longdema
cuisse tandisquemoncorpsseraidit,que jeserre lesdentsetquemonventresecontractepour lelaissers’échapper.Jamaisjen’aijouiavecunetelleintensité,unetelleférocité.—Putain.C’estcommeçaquejel’aime,grondeShawavantdememordillerlecul.Ilenlèvesesdoigts,maiscontinuedecaresserdélicatementmachairàvifcommes’ilcalmaitun
animalsauvageencolère.Moncorpsnepeutensupporterdavantageetjefinisparm’effondrer.Jesuisincapabledebougeroudeparler,etàpeinederespirer.Mespaupièressontlourdesetmonesprits’engourdit dansun comaorgasmiquequi paralyse toutmon corps.Cela va être le trounoir d’uninstantàl’autre,etj’aitoutjusteletempsdevoirShawquiremontesurmoncorpsnulacouverturerestéeaupieddulit.—Jevousenprie.Dormezbien,chuchote-t-ilavantquejesenteseslèvresfrôlermajoueetqueje
sombredanslesommeil.Le lendemain matin, je roule sur le côté, m’étire délicieusement avant de me pelotonner de
nouveau contre l’oreiller avec lequel jeme suis endormie. J’ouvre les yeux avec un grand soupird’aise en voyant une aube éblouissante qui teinte l’horizon d’unmélange d’orange, de rose et debleuséclatants.Jeme rappelle ce lever de soleil. Je l’ai vu enme réveillant chaquematin pendant des années,
depuismapetiteenfancejusqu’aujouroùj’aiquittéStoningtonpouralleràl’université.Maiscetteaubemeparaîtdifférente,jenesaispaspourquoi.Pourlapremièrefoisdepuistrès,trèslongtemps,jemesens…rafraîchie,peut-êtremêmeunpeurajeunie.En repoussant les couvertures d’un coup de pied pour bien commencer la journée, jeme rends
brusquementcomptequelapièceestglacéeetquejesuisnue.Tousmeshabitssontéparpilléssurleplancher.Unsourireéclairemonvisagequandlessouvenirsdelanuitprécédentemereviennentunàun.Shawm’aoffertunsacréorgasme.Lemeilleurquej’aie jamaiseude toutemavie.Jemerends
compteaussiqueShawasouillélacouette.Celadevraitmedégoûter,maiscequimesoucieleplus,
c’estdetrouverlemoyendeladescendreàlabuanderieavantqu’Abbyladécouvre.Sanscompterqu’ilfautaussiquejeprenneunedouche.Quelquesminutesplustard,Abbypasselatêtedanslabuanderiealorsmêmequejeviensdelancer
lamachine.—Ah,tevoilà.Allez,nousdevonspréparerlepetitdéjeuner.Qu’est-cequetulaves?demande-t-
elleens’approchantpourvoir.—C’estjustemacouette,dis-je.Ellesentaitunpeulerenfermé,alorsjemesuisditqu’ellen’avait
pasétélavéedepuisunmoment.Lesdemi-véritéssontpréférablesauxmensongeséhontés.—Ah,fait-elle.(Puisellemeregardeetsecouelatête.)Seigneur,mapetite,maistun’espasencore
habillée?(Jebaisselesyeuxpourm’assurerquejesuistoutdemêmehabillée,–j’aitrouvéunshortau fond d’un tiroir que je portais pour dormir à l’époque du lycée –, mais pas habillée pour lajournée.)TuespartiedeStoningtondepuistroplongtemps.Tuasdeshorairesd’actrice.(Elleéclatederireets’envaavecungeste.)Allez,jevaism’occuperdupetitdéjeuner,MissHollywood.J’adoreAbby.Toutlemondel’adore.Medoucheretm’habillernemeprendpaslongtemps.LesfemmesdeStoningtonsontsimpleset
sans chichis. Bien que la plupart ne semaquillent pas du tout – et c’est ainsi que les hommes lespréfèrentici–,jenesuispasdecelles-là,maisjemeborneàmettreseulementunpeudemascara.Jenem’attachepaslescheveuxetj’enfileundébardeuretunevieillechemiseàcarreauxavecunjeanetdesbottesquejen’aipasmisesdepuisladernièrefoisquejesuisvenue.Aprèsquoi,jedescendspourlepetitdéjeuner,carilnefautsurtoutpasqu’Abbydécidedemontermechercheretmeramèneenmetirantparl’oreille.Maisjen’aipasbesoindem’inquiéterpourcela.AbbyesttrèsoccupéeavecShaw,àquiellesert
uneportiondepancakesetdesaucissesquirassasieraitunbûcheronetqu’ilenfournegoulûment.Jen’aijamaisvuShawaussi…gamin.C’estmignon,maisunpeutroublant.—Qu’est-cequitemetdesibonnehumeur?demandeAbbyenmevoyantsurleseuil.Jesensmesjouesquiretombent:jedevaissouriresansm’enrendrecompte.Maispourquoipas?
C’estunejournéemagnifiqueetjemesensenpleineforme.—Oui,dites-nouspourquoivousêtesaussiresplendissante,cematin,melanceShawavecdéfi.Jemedirigeverslacafetièred’unpasdésinvolte.— Je n’en ai pas lamoindre idée, figurez-vous. Je crois que j’ai eu quelque chose dont j’avais
énormémentbesoinhiersoir,dis-jeenmeservantetenluifaisantunsourirenarquois.Ilmerépondparunclind’œilenmastiquantavecunemimiqueunpeutropsexy.C’estlapremière
foisquejevoisquelqu’unquiréussitàmâcherd’unefaçonquasiporno.JejettemêmeunregardàAbbypourvérifierqu’ellen’arienvu.—Ehbien,unebonnenuitdesommeilfaittoujoursdubien,dit-ellesansavoirrienremarqué.Du bruit à la porte nous fait tous tourner la tête. Je vais voir ce qui se passe et mon sourire
s’agrandit.—Maman!Dieumercituesrentrée!dis-jeenposantmatassepouraidermonpère.Mamanestdansunfauteuilroulant,sajambesurélevéedansunplâtre.Touslesdeuxsebagarrent
aveclaporte.—Pourquoitun’espaspasséparlacuisine?demandé-je.
—J’aipenséqueceseraitplusdifficiledelapousseraveclegravier,grommellemonpère.Etpuisnousavonsfaitinstallerunplaninclinédevant.Autantqu’ilserveàquelquechose.—C’estunevieilletêtedemule,ditmamanentendantlesbraspourm’étreindre.—Attendez,laissez-moivousaider.DevançantAbby,Shaws’empressedeprendrelesacdesmainsdemonpère.—Quiêtes-vous?demandecelui-ci.—Unpensionnaire,alorssoisaimable,réponds-je.—Pensionnaireoupas, jecroisquejesuiscapabledeporter lespetitesculottesdemonépouse,
renchérit-ilendésignantlesac.Shawleluirend,surpris.—Oh,excusez-moi.Jevoulaisseulementvousaider,monsieur.ShawMatthews,ajoute-t-ilenlui
tendantlamain.Ravidefairevotreconnaissance.—DuffWhalen,ditmonpèreenluiserrantlamain.Etcettecharmantecasse-couestmafemme,
Anna.Noussommeslespropriétaires.—J’espèrequevousavezpasséunagréableséjourjusqu’ici,ditmamèreenluisouriant.Abbyest
auxpetitssoinspourlesclients.—C’esttoutàfaitcela,répondShaw.—Ehbien,maman,dis-jeensoupirant.C’estunebonnechosequetachambresoitenbas.Sinon,je
nesaispascommentnoust’aurionsmiseaulit.—Jel’auraisportée,plastronnemonpèreengonflantlapoitrineetenrentrantleventre,refusant
qu’onpuissel’imaginerincapabledelefaire.— Heureusement pour ton dos, tu n’y seras pas obligé, répliqué-je en l’embrassant pour le
récompenserdevouloirsecomporterenhérospourmamère.Allez,onyva!Alorsquejem’apprêteàdébloquerlesrouesdufauteuilpourlapousserverslefonddelamaison,
mamèrem’arrêted’ungeste.— Je n’ai rien fait d’autre que de rester allongée depuis des jours. Si tu crois que tu vas me
remettredansunlit,tutetrompes.Etpuiscen’estpaslemomentdesereposer.Ilfautêtreprêtpourdemain.MonDieu,qu’est-cequ’elleestencorealléeinventer?—Qu’est-cequ’ilyademain?questionné-je,redoutantlaréponse.—Toutelavilleaorganiséunefêtepourtonretour,avecunpique-niqueentonhonneur.J’enétaissûre,songé-je,accablée.—Maman,enfin.Tun’ypensespas!Turentresàpeinedel’hôpital.—Etjevaistrèsbien.—Tuasconsciencequeriennepourralafairechangerd’avis,n’est-cepas?meprécisemonpère.— Oh, ne t’inquiète pas, Cassidy, intervient Abby. C’est mon Anna qui va donner les ordres,
pendantquejeferaitoutleboulot.Ellemegratified’unclind’œil,commesicelapouvaitmeréconforter.Peut-êtreunpeu,maisà
peine.Même si jeme fais du souci pourmaman, je sais qu’elle vabien et qu’Abby etmonpère ne la
laisserontjamaissefatiguer.Jecroisquec’estsurtoutcettefêtepourm’accueillirquim’inquiète.Jenesuis làquepourquelques jours.Maiscommeje l’aidéjàdit,Stoningtondétesteperdre l’undessiens.Cen’estdoncriendeplusqu’unetentativedemeconvaincrederester,cettefêtequimobilisetoutlemonde.Enfin,lesfemmes.Carpourleshommes,cen’estqu’unesimpleexcusepourmanger,boireetmontrerleursbateaux.—C’estunedureàcuire,ditpapa.—Etàproposdecuisson,ditAbbyensetournantversShaw,j’aiunefournéedecookiesquivous
attendàlacuisine.Allezvousenchercherquelques-uns.—Oh,quevousêtesgentille,Abby,faitShawavecunsourired’enfantgâtéavantdeluidonnerun
baisersurlajoueetdefonceràlacuisine.Jesuisétonnée.CelafaitdeuxjoursqueShawestlàetcesdeux-làs’entendentcommejamais.Peut-
êtrepascommeunvieuxcouple,maisen toutcas, leurrelationdépassecellequise tisseentreunemaîtresse demaison et son invité pour frôler les liensmère-fils. SiCasey avait vu cet échange etsavaitqu’Abbydonnesescookies…Jefrémisrienqued’ypenser.Abbysetourneversmoiaumêmemoment.—Jevaism’occuperdetoutpendantquevoussortez,touslesdeux.Assure-toidel’emmeneràla
carrière.Ilaeul’airintéresséquandjeluienaiparlé.Elle prend le fauteuil demaman et le pousse.Àn’en pas douter, le salon va devenir le quartier
généraldel’opération«RetenirCassidy».—Etiln’enrestaplusquedeux,dis-jeengloussantàmonpère.Monpèremedévisageavecundrôled’air.—Vas-y,jet’écoute,papa.—Rien,dit-ilensecouantlatête.Vat’amuser,maisnousenreparleronsplustard.—Dequoi?—Toiettonnouveaupetitcopainsouslemêmetoit.Montoit,dit-ilendésignantlacuisine.Vous
avezintérêtàdormirchacundansvotrechambre.—Cen’estpasmonpetitcopain,papa,dis-jeenlevantlesyeuxauciel.—Quandtuétaisplusjeuneetquetuavaisdesennuisàcausedetesbêtises,tut’imaginaistoujours
que quelqu’un t’avait dénoncée. (Parce que c’était le cas, songé-je.) Personne ne te dénonçait,continue-t-ilenpointantl’indexsurmoi.C’esttoiquitedénonçaistouteseule.J’aitoujourssuquetufaisaisunebêtiseparcequetufaisunegrimacequandtumens.Ettuviensdelafairequandtum’asditquecetypen’estpastonpetitami.Je ne sais pas quoi lui répondre. Pour commencer, j’ai apparemment un tic dont je n’ai pas
conscience.Etdeuxièmement,Shaw,monpetitcopain?Jelèvementalementlesyeuxauciel.—Letoutestdesavoiràquitumens.Àmoiouàtoi-même?Etsurcesmots,papameplantelà.Jen’aiguèreletempsderéfléchiràlaquestion,carShawarrive
d’unpasguilleretdelacuisineavecuncookieentreleslèvresetunsacrempliàlamain.—Toutestprêt,sourit-il.Je secoue la tête en riant, tellement il est adorable. Les cookies d’Abby ont fait une nouvelle
victime.
8
Shaw
Lavisitedelavilleest…brève.DeerIslen’estqu’unpointsurlacarteetStoningtonn’enoccupequ’unecentainedekilomètrescarrésà l’extrémité,dont seulementunquartde terres, le resteétantconstitué d’eau. Je me fais beaucoup dévisager par les gens du cru, surtout les pêcheurs quireviennent de leur sortie enmer pour se remplir la panse de pizzas – sorties du four de l’uniqueépicerielocale–etd’alcool.Bienquelaplupartsoientaussijeunesquemoi,sinondavantage,ilsparaissentdixansdeplus,avec
leurs trognesmal rasées et leurpeau tannéepar le soleil. Ils sont tous sans exception tellement enforme que j’éprouve le besoin de rentrer le ventre et bomber un peu le torse, et aucun d’eux nemanquel’occasiondemetoiser.Sansdoutequemesvêtementsbienrepasséssevoientdanscetocéandechemisesàcarreauxetdejeanscriblésdetrous.Aumoins,macoiffureal’airconformeàlamodelocale, mais je pense qu’eux se lèvent comme ça, alors quemoi je passe un temps fou devant lemiroir.TousconnaissentCassidy.Presquetousceuxquenouscroisonss’arrêtentpourdemandersielleest
deretour–alorsqu’elleestlàsousvotrenez,bandesd’andouilles.Cassidyrépondàchaquefoisensouriantqu’ellelesverraaupique-niquedulendemainavantderâlerdèsqu’ilsontledostourné.Jenecomprendspas.La satanéevillenataledecette filleorganiseune fêtepour son retouret tout lemondeal’airravidelavoir,maiselle,elleronchonne!BonDieu,qu’est-cequejenedonneraispaspouréchangernosviesjusteunejournée,letempsqu’ellevoiequellechanceellea.AlorsquenousdescendonsMainStreetpourrentreràWhalenHouse,unedizainedecamionnettes
nouscroisentetklaxonnentpourlasaluer.C’estlàquejecommenceàfaireattentionetregardetouslesvéhiculesgaréssurlecôtédelarue,maissurtoutsurlequai.Àpartunepoignée,cesonttouslesmêmes.—Toutlemondeconduitunecamionnette,parici?demandé-je.LabrisevenuedelabaiesoufflelescheveuxrouxdeCassidysursonvisage.—Nan,répond-elled’untonsarcastiqueenlesécartant.Justelesvraishommes.Commec’estspirituel,songé-jeenvoyantmapetitevoituredelocationdevantlamaison.—J’aientendudirequepluslevéhiculeestgros,plusl’enginestpetit,contré-je.
—Ehbien,onpeutappelerundesgarspourvérifier.—Maisoui.Çaneseraitpasgênantdutout.«Excusez-moi,dis-je,imitantunpauvrescientifique
tout timide, mais nous menons une étude pour savoir si les hommes qui conduisent de grossescamionnettesontunpetitpénis.Pouvons-nousvoirlevôtre?»—Vousneconnaissezpaslesgarsd’ici,répondCassidyenriant.Ilsvouslasortiraientsansqu’on
aitbesoindedemander.Faites-moiconfiance,ilsnes’embarrassentpasdefaux-semblants.—Vousditescelacommesiçaarrivaitrégulièrement.— Il faut que vous compreniez où vous êtes. Nous n’avons pas de centres commerciaux ni de
boîtesdenuit.Iln’yarienàfairepariciàparttraîneràl’épicerieouroulerauhasardenbuvantdelabière.L’ennuivousconduitàfairetouteslesbêtisespossibles.(Ellemeprendlamainettraverselarue.)Biensûr,ilyauneseulechosequipeutfairepasserletempsetsoulagerl’instinctdestructeurd’untypequis’ennuie.Jelaforceàs’arrêterenlatirantbrusquementversmoietjehausseunsourcil.— Si j’apprends que vous avez joué le rôle de chef des distractions de Stonington, vous allez
prendrecher.Trèscher.L’idéedeCassidydistrayantdesbonshommesmedonneenviedetouslesdécapiteretdémembrer
dansunrayondemillebornesautourdelaville.Elleéclatederireenrenversantlatêteenarrière,sigracieusementquejemeradoucis.—Pourcommencer,nousn’avonspasdeprison.Lapolice localeseborneàunseulhomme,et
c’est plus un temps partiel.On le garde seulement pour qu’il gronde les damesmal garées.Nousfaisonslapolicenous-mêmes.C’estplusefficacecommeça.Etensuite…L’attentiondeCassidyestbrusquementattiréeparunpiaillementdegaminesurlajetée.Ondirait
queCaseyetMiasontrentrésdeleuréquipéeenmeretqu’elleadumalàgardersonéquilibreenretrouvantlaterrefermeaprèsleroulisdubateau.Commedebienentendu,Caseylarattrape,maissimaladroitementqu’elle lui tombedans lesbras.Cassidynepeutdétourner leregardetmoi…jenepeuxm’empêcherdel’observer.—Etensuite…reprend-ellesansdétournersonattention,avantvous, jenesuisalléequ’avecun
seulhomme.Maisc’étaitilyatrèslongtemps.(Elleseretourneversmoiavecunsouriregênéquinelarendpasmoinsbelle.)Nousferionsmieuxderentrerpourquejepuisseaideràpréparerledîner,avantquemamannevienneenclopinantmehouspiller.Etn’imaginezpasunesecondequ’ellen’enseraitpascapable.Cassidy remonte l’alléeet se retourneunedernière foispour jeteruncoupd’œilà la jetée.Bon
sang,c’est seulementàcet instantque jeprendsconsciencede toutcequenousavonsencommun.Peut-êtrequeniellenimoinesommescapablesdesurmonternotrepassé,mêmeennousenfuyanttrèsloin.C’estunpuddingauxmyrtillesquicomposeledessert.JecomplimenteabondammentAbby,quime
répondquelemériteneluirevientpascettefois,carellenel’apaspréparé.D’accord,Mrs.Whalenpeutelleaussis’occuperdelacuisine,maisellerépondquecen’estpasellenonplus.Imaginezmasurprise quand je me tourne vers la seule autre possibilité qui reste et que je trouve Cassidyrayonnantedefierté.Bonsang,cequej’aienvied’elle.Cequin’échappepasàsonpère.Àvraidire,jecroisquerienne
luiéchappe.Ilneparleguère,maisjesenslepoidsdesonregardsurmoialorsqu’ilobservechacun
de mes mouvements et pèse chacune de mes paroles. Exactement comme Cassidy a toujours fait,finalement.Sansdoutequec’estdeluiqu’elleapriscela.Jesuisforcédemedemandercequ’elleapu lui raconter sur mon compte, car j’ai l’impression qu’il est convaincu que je saute sa fillerégulièrement et qu’il a l’intention dem’égorger dansmon sommeil.Nul doute qu’un bonhommecommeDuffWhalensauraitoùdissimuleruncadavre.Etdanslecascontraire,jesuissûrquelavilletoutentièreseligueraitpourcouvrirlemeurtre.Casey,l’empêcheurdebaiserenrond,lepremier.Craignantunpeupourmavie,jepréfèreéviterdemefaufilerdanslachambredelafillepréférée
deStoningtondeuxnuitsdesuite.Jemedisqu’unpetitpeud’airmarinmeferadubienetjesorssurlavérandamedétendresurlabalancelle.Denouveau,Stoningtonestplongédanslanuit,assoupietsilencieux. Jeme rends compte que c’est probablement comme cela jour après jour : se réveilleravant l’aube, manger, pêcher, manger, se coucher. Et recommencer. Quel ennui. Pas étonnant queCassidyaitfichulecampd’ici.Etjustement,lavoiciquisortmerejoindre,unplaidsurlesépaules.—Vousn’avezpasfroid?demande-t-elle.Bienquecesoitleprintemps,l’airestencorefrisquetàlatombéedelanuit.Étantnéetayantvécuà
Detroit,j’ail’habitude,maiscelaneveutpasdirequejevaismanquerl’occasionquis’offreàmoi.—Unpetitpeu.Pourquoinevenez-vouspasprèsdemoicommetoutebonnehôtesse?Ellemejetteunregardsoupçonneux,maisellevienttoutdemêmes’asseoiràcôtédemoisurla
balancelle.Commejenepeuxmecontenterdepartagerunplaid,jelaprendsparl’épauleetl’attirecontremoi.—Voilà,c’estmieux,luidis-je.Jenecomprendspaspourquoiellemeregardecommesij’étaistombésurlatête.Ilfaitfroid:la
chaleurcorporelleestunesolutionlogique.Rentrerdansunemaisonchaufféeaussi,maiscen’estpaslaquestion.Jenesaispastrèsbienquelleestlaquestion,àvraidire.Jesaisseulementquej’aienviequ’ellesoittoutprèsdemoietjesuisheureuxqu’elleselaissefaire.—Alors,soupiré-je.Grospique-nique,demain,hein?Jelasensleverlesyeuxaucieltandisqu’ellelaissetombersatêtesurmonépauleengémissant.—Nem’enparlezpas.—Dites donc, vous êtes une vraie célébrité, par ici, continué-je en la serrant contremoi.Vous
devriezêtrecontente.Unpique-niqueenvotrehonneur?—Ce n’est pas aussi extraordinaire que vous l’imaginez.C’est juste leurmanière à eux deme
culpabiliser.—Personnen’ajamaisorganisédepique-niqueenmonhonneur.Etsic’étaitarrivé,jenevoispas
dutoutpourquoicelam’auraitculpabilisé.—Ilfautquevouscompreniezquecen’estriend’autrequ’untraquenard.Onvousattireavecla
promessedebienmangeretdevousamuser,etbim!Tousceuxquevousconnaissezsepointentpourvous souhaiter la bienvenue à la maison, « là où est votre place », ajoute-t-elle en mimant desguillemets,etonvousculpabilised’êtrepartie,envousdisantcombienonasouffertdevotreabsence.Vousavezdelachanceden’avoirjamaisdûsubircegenredetorture.—Delachance?Cassidy,mesparentsnesaventmêmepasoù jesuisencemoment.Et ilss’en
contrefichent.Vouscroyezquejelesaiabandonnés.Pasdutout.C’esteuxquim’ontabandonné.—MonDieu.Jesuisvraimentdésolée,Shaw.
—Ne lesoyezpas.Celam’aaguerri.Maismonséjour icimefaitcomprendrecequiamanquédansmavie.—C’est-à-dire?—Jen’aijamaiseuunvrairepas.(Lavoyanthausserlessourcils,j’explique:)Jenemerappelle
pasavoirétéàtableavecmesparents.Àvraidire,ilsnem’ontjamaispréparéunseulrepaschaud.Jemenourrissaisdecéréales,et laplupartdutemps, jecroisais lesdoigtspourquele laitnesoitpastourné.Jenesaisabsolumentpaspourquoijeluiconfietoutcela.Jen’aijamaisrienditàpersonnedema
vieprivée.Cassidyensaitplusquequiconqueuniquementparcequ’ellen’acessédefouinerjusqu’àcequ’elledécouvredestrucs.Maispascettefois.Cettefois,jeveuxqu’ellesachequejenesuispasunsalaudégoïste.Cettefois, jeveuxqu’ellesachequellechanceelleaquedesgenstiennentàelle.Mêmesic’estlapopulationentièredesavillenatale.Aumoins,elleaunfoyer.Aumoins,elleaunemère.—Abbyaétéplusunemèrepourmoiendeuxjoursquelafemmequim’adonnénaissancedurant
toutemavie,avoué-je.Cassidysetourneversmoiavecunregardcompatissantquejeneconnaisquetropbien.Etcelane
m’irritepas,contrairementàcequej’auraisimaginé.—Jesuisdésolée,murmure-t-elle.Merde.Finalement,si,çam’irriteunpetitpeu.—Nelesoyezpas.Cen’estpasvotrefaute.—Non,jesuisdésoléedem’êtreméprisesurvotrecompte,avoue-t-elle.ÀDetroit.EtàSanDiego
aussi,pourlecoup.MonDieu,j’aiétéunevraiegarce.C’estvrai.Ellem’afaittoutunsermonparcequ’ellepensaitquejevivaisdansleluxependantque
mes parents habitaient un taudis au cœur d’une ville bien connue pour sa criminalité et sondélabrement.Sielleacrucela,c’étaitmafaute,enfait,maisjevaisbienmegarderdeleluidire.—Cen’estrien,dis-jeenlaserrantcontremoipourqu’elleposelatêtesurmonépaule.(Jesuis
surprisd’avoirjouélacomédieaussilongtemps.Cen’estpluslapeine,maintenant.)C’estpeut-êtreagaçant,maisnevousplaignezjamaisqu’onaittropd’affectionpourvous.Parcequejevousassurequelaviepeutêtrefranchementbienpire.Unlongsilences’installe.Quelquechoseachangé,etjenesaispastrèsbienquoi.Depuisquandje
parledemesémotions,moi?Cassidydoitpensercommemoi,carellereprendavecunpetitrire:—Vousvousramollissez,Matthews.Vousêtescensémedétester,nel’oubliezpas.Jesaisprécisémentquoiluirépondre:—Jenesuisplusobligé.Jesuisvotrepatron,maintenant,nel’oubliezpas.Cassidy me décoche un douloureux coup de coude dans les côtes. C’est par plaisanterie,
évidemment, et j’éclate de rire, car je l’ai probablement bienmérité. Et le bleu que je vais avoirdemainmatinn’estpascherpayé.ChaquehabitantdeStonington,lesjeunescommelesvieux,vientaupique-niquedulendemain.Je
trouvecelaincroyablequetouteunecommunautéseréunissepourtémoignersonsoutienàl’unedesleurs.Peut-êtrequelemot«communauté»n’estpaslemieuxchoisi.Mêmequelqu’uncommemoi,
quin’ajamaissucequec’étaitquefairepartied’unefamille,comprendquec’estexactementdecelaqu’ils’agit.Duffs’occupedefrireetgrillerlepoissonavecThomasetdeuxautrescostauds.Abbycourtdans
tous les sens comme un poulet décapité, mais elle trouve quand même le temps de passerm’ébourifferlescheveuxetmefaireunrapidebaisersurlajoue.JejureraisentendreCaseygronderunemiseengarde,cequimeferaitplutôtplaisir.Celadoitêtredéplaisantpourluidesavoirquejeluiaipiquésananaetquejesuissurlepointdedevenirlechouchoudesamère.MaisAnna?Elleestpartout.Malgrésonhandicaptemporaire,elledonnedesordres,accueilleles
invités et papillonne en passant de l’un à l’autre. À part ses cheveux roux, Cassidy est le portraitcrachéde samère, cequidevrait la transporterd’aise, carAnnaest l’exemplemêmede la femmed’âgemûrencoretrèsbaisable.Enrevanche,Cassidyn’apashéritédesasociabilité.Mêmesielleal’airaimableavectouslesgensquil’approchent–etcroyez-moi,ilssontnombreux–,jevoisbiencequ’ilenestvraiment:ellen’appréciepastoutecetteattention.Lavoyantmalàl’aise,jenepeuxm’empêcherdemerappelerlesinnombrablesfoisoùjel’aivue
enactiondanslesréunionsoupourséduireunclient.Danscessituations,elleestentoutpointaussiféroce que sa mère en ce moment et cela n’a pas l’air de trop la gêner d’être sous le feu desprojecteurs.Peut-êtreparcequelalumièreestmoinsviolentequandonestdansl’ombred’unsportifsuperstar.Sielleconsidéraitlasituationprésentedelamêmefaçon,peut-êtrequ’ellenelatrouveraitpasaussipénible.Jem’apprêteà traverser le jardinpourle luidirequandunebeautéauxcheveuxnoircorbeause
dirige droit sur moi. Elle est menue, mais toute en courbes. Ce qui serait déjà assez visible sansqu’elleaitbesoindeporterunminishortaussiprovocant.Pourcommencer,ilnefaitmêmepasassezchaudpourcela.Mais cequi saute surtout auxyeux, c’est sapoitrine.Elle se cambreexagérémentpourmettre lamarchandiseenavant,cequin’estpasnécessaire,avec lechemisierqu’elleporte. Ilsuffirait d’un faux mouvement pour que ses nichons en jaillissent. Mais à mon avis, cela ne lagêneraitpas.—Ehbien,ehbien,ehbien…qu’est-cequenousavonslà?demande-t-elleenmedétaillantsans
vergognedehautenbas.(Ellepenchelatêtedecôté,puisellemesourit.)JesuisBrittnie,etelle,c’estWhittney,dit-elleendésignantdupoucesonacolyte.Laquellesecambreaussi,maispourmettreenvaleursonculplutôtquesapoitrine.Unbeaucul,je
leluiaccorde.Maispasautantqueceluid’uneroussedemaconnaissance.Jemeprésenteàmontour,eninclinantlatête.—Etmoi,Shaw.Ravidevousconnaître.Etavantquej’aieletempsdedireouf,mevoilàencadréparBrittnieetWhittney,quimeprennent
chacunelebrasetm’emmènentversunetablelibre.Ellesn’arrêtentpasdebabilleretapparemment,celanelesgênepasquejenedisepasunmot.—Oooh,vousêtescostaud,faitWhittneyenmemalaxantlebiceps.—Ilfautquequelqu’unaillevouschercheràmangerpourquevouslerestiez,renchéritBrittnie.
Whitt,valuichercheruneassiette.—Vas-y,toi,rétorquel’autre.—Pourtelaissertouteseuleaveclui?Pasquestion.Jeleslaissesedébrouiller,nevoulantdetoutefaçonpasd’assiettenidel’unenidel’autre,àvrai
dire.Maisjeneveuxpasêtredésagréable.J’étouffeunpeusoustoutescesattentions,maisellesne
medérangentpastrop.Ellessonttouteslesdeuxjolies,danslegenrenaturel.CommeCassidy.Peut-êtrequec’estlegenredefemmesqueproduitStonington.MaiscontrairementàCassidy,ellessontunpeutropavidesàmongoût.Aumêmeinstant,unecopieuseassietteestposéedevantmoi.JelèvelesyeuxettrouveAbbyquime
sourit.—Etvoilà,monpetit.Mangez.(Ellese tournevers lesdeuxfillesetsonsouriredisparaît tandis
qu’ellelesfusilleduregard.)Nerêvezpas,vousdeux.C’estl’invitédeCassidy.— Qu’est-ce que vous voulez dire ? répond innocemmentWhittney en faisant mine de ne pas
comprendre.Ilétaittoutseul,alorsonavouluêtregentillesetlemettreàl’aise.—Maisoui. Jesaisàquoi rimevotregentillesse, rétorqueAbby.Et je saisaussicommentvous
mettezleshommesàl’aise.Vousm’aveztrèsbienentendue.Etsijedoismerépéter,j’enprofiteraipourdireàvospèresàquelpointvousêtesgentillesavectoutelaville.Jesuissûrequ’ilsserontfiersdevous.J’adore Abby quand elle joue les mères fouettardes. Si je pouvais, je la ramènerais dans mes
bagages.Abbyretourneàsesoccupationsaprèsm’avoirfaitunclind’œilcomplice.Àpeineest-ellepartie
queBrittnieetWhittneys’installentàcalifourchonsurlebancenattendantquejeprenneplaceentreelles.Au lieudequoi, jeprends l’assiettequ’aapportéeAbbyet jecommenceàpicorerdedansenrestantdebout.Cequin’apasl’airdedécouragercesdemoiselles.Etàenjugerparlamanièredontellesregardentlerestedesinvités,ellesvontsemettreàjouerlescommères.Etpeut-êtrequecequejevaisapprendremeserautile.Jenesuispasdéçu.Whittneycroiselesjambesets’agitenerveusement.—Alors,commeça,vousêtesl’invitédeCassidy?J’opine,mêmesicen’estpasréellementlecas.Jen’aipasétéinvité,etsûrementpasparCassidy.
Peut-êtrequ’AbbyauraitdûpréciserquejesuisletypequitraqueCassidy.Maisquelquechosemeditquecelanedécourageraitpasnonpluscesdeux-là.—DeCalifornie?demandeBrittnie,pleined’espoir. (Jehochela têteànouveau.Elleajusteson
top…pourm’endonnerunpeuplusàvoir.)Oh,j’adoreraisallerlà-bas.J’adoreraisallern’importeoù,dumomentquejenerestepasàStonington.—Pourquoi?répliqueWhittneyenlevantlesyeuxauciel.Tureviendrais.Toutlemondefinitpar
revenir.Aprèsavoiravalémabouchéedesalade,jedemandefinalement:—Ahbon?Commentça?—Vousn’êtespasd’ici,vousnepouvezpascomprendre,répondunevoixbourruederrièremoi.
(JemeretourneetjemeretrouvenezànezavecDuffWhalen.)Filez,vousdeux.Onaàparler.Bienquecelasemble leurdéplaire,BrittnieetWhittneyobéissent.Unbref instant, jesongeà les
supplierdenepasmelaissertoutseulavecDuff.Àvraidire,ilmefaitunpeupeur.Encoreunefois,je ne sais pas trop ce queCassidy lui a dit surmon compte,mais je ne suis pas à l’aise avec lui.Pourquoi suis-je aussi nerveux ? Je sais commentgérer des types comme lui. J’ai séduitDieu saitcombien de parents de sportifs. Cela ne devrait pas être différent. Mais ça l’est. C’est le père deCassidy.
Effectivement. C’est le père de Cassidy. Et je sais à quel point cela irrite la fille quand elle estconvaincuequ’onessaiede l’apaiserouqu’onnerespectepascequiest importantpourelle.Etdetouteévidence,cepetitvillagedepêcheursestimportantpourl’hommequiyavécutoutesavie.Jeposemonassietteetleregardedroitdanslesyeux.—Aidez-moiàcomprendre,alors.Ilmedévisageunmoment,puisilhochelatête.—Regardezautourdevous,dit-ilendésignantl’assistance.Vousnepouvezprobablementpasle
savoirquandvouslesvoyez,maisbeaucoupdecesjeunesgenssonttrèsinstruits.Celui-là,là-bas,dit-il en désignant un blond qui bavarde avec ses potes, il est allé à l’université et il a décroché undiplômed’ingénieur.Vous savezcequ’il a fait, après? Il est revenuet ilpêche lehomardcommenoustous.—Pourquoi?demandé-je,surpris.Uningénieur,c’estbienpayé.—Unpêcheurdehomardsl’estencoreplus.—C’estvrai?Ehbien…—La plupart de ces gars commencent à sortir avec leur père l’été de leurs quatorze ans et ils
gagnent leurargent toutseuls.Voussavezcequec’estdevousbaladeravecautantde fricdans lespochesàquatorzeans?Je n’en sais rien. À quatorze ans, je traînais dans les stades et j’épiais les conversations entre
joueurs,entraîneursetagentspourapprendrelesrudimentsdumétier.Jen’avaispasd’argent,j’avaisfaimlamajeurepartiedutemps,etjeportaisdesvêtementsquejetrouvaisdanslesfriperies.—Évidemment, certains le claquent et legaspillent.Mais s’ils sont intelligents, ils lemettentde
côtépour s’acheter leurproprebateauet leurmatériel.Ceuxqui font celaquittentgénéralement lelycéeavantd’êtrediplômés,et c’est trèsbienétantdonnéqu’ilsgagnenténormémentd’argent toutseuls. (Il soupire.) Et certains se servent de cet argent pour aller à l’université, mais comme jedisais…—Ilsfinissentparrevenirici.—C’estça.Pêcherlehomard,c’estcequ’ilsconnaissent.C’estdel’argentpropreethonnêtement
gagné.Maiscen’estpasquepourçaqu’ilsreviennent.Voyez-vous,Stonington,c’estunmodedevie.Lesrèglessontdifférentesdans lemondeextérieur,alors laplupartn’arriventpasàs’ensortir. Ilspartentpeut-êtreavecdegrandsespoirsetl’enviedes’éloignerd’ici,maisauboutd’unan,deuxtoutauplus,ilsreviennentlàoùestleurplace.Ilposesagrossepaluchesurmonépauleavecunregardquienditlong.—Ma petite fait partie des rares exceptions. C’est la femme la plus têtue et déterminée que je
connaisse,etquandelleest faceàundéfi,elle le relève.Toutça,continue-t-ilavecungeste large,c’estpourma femme,paspourCassidy.Etmêmesi jene ledirai jamais àma femme, jen’aipasenviequemafillerevienneici.Àvraidire,jenecroispasquequelqu’unquiestpartideStoningtondepuissilongtempspuisseyrevenir.Pasdemanièredéfinitive,jeveuxdire.Elleachangé.Etçan’ariendemauvais.Jesuisfierdecequ’elleestdevenue.—Pourquoivousmeditestoutça,alors?Il sourit, et pour la première fois depuis notre rencontre, j’ai l’impression que nous avons en
communquelquechosequin’estpasencoreévidentpourmoi.—Vouslecomprendrezquandellelecomprendra.Etlemomentvenu,n’oubliezpas:l’océanlà-
basestimmense.Etildébordedecasiersremplisd’appâtsappétissants.(Iléclated’unriretonitruantetunpeuinquiétantenm’assenantunetapesurlebras.)Etméfiez-vousdeWhittetBritt,dit-ilenseretournantpourlesdésignerdumenton.Ellesvoustournentautourcommedeuxvautoursdepuisqueje lesaienvoyéesbalader.Ellessont lanumérodeuxet lanuméro trois.Cassidyest lanuméroun.Ellesessaientdeprendrelaplace.Quoi?Là,ilyaquelquechosequejenecomprendspas.—Jesuissûrquevousêtesentraindemedirequelquechosedetrèsimportant,maisjen’aipasla
moindreidéedecequec’est,monsieur.—Jevousaiditquec’étaitunmondedifférent,ici.Ilyaunehiérarchiechezlescélibataires.Les
garssontclassésselonleursrevenus,leurtalentdepêcheur.Etlesfillesselonleurbeauté.CassidyestlanumérounetCasey,étantd’unefamilleancienne,estlenuméroun.C’étaitentenduqu’ilsfiniraientensemble tous les deux, mais quand Cassidy est partie, la donne a changé. Maintenant qu’elles’intéresseàvous,lesautresfillesvontessayerd’attirervotreattention.(Ilsecouelatête,incrédule.)Cesgaminssemarchentdessuspourdécrocherceluioucellequiestleplushautdansleclassement.Votremeilleuramiestcapabledevouspiquervotrecopinesousvotrenez,sivousnefaitespasgaffe.Évidemment,jen’aijamaiseuàmeméfierdeThomas,c’estunmecsûr.—Monsieur,Cassidyetmoinesommespas…Jenesaispascommentfinirmaphrase,maiscen’estpasnécessaire.Duffcomprend.—Oui,ehbien,rappelez-vouscequejeviensdevousdireetvousnefinirezpascommeappâtà
homards.Etaprèsm’avoircolléunetapesurl’épaule,ilretourneàsonposte.Etcommeparhasard,BrittnieetWhittneyrefontleurapparition.—Nousrevoilààà,chantonnelapremière.—Jevoisça,constaté-jeavecunsourirenarquois.Brittniemereprendparlebrasencollantsesnichonscontremoi.—Et si on vous emmenait ailleurs ?On vousmontrerait des cachettes secrètes où on pourrait
mieuxfaireconnaissance,touslestrois?demande-t-elled’untonlourddesous-entendus.Jeglousseenmedisantqu’elles sontmignonnesdemeproposerquelquechosequ’ellescroient
que jene connaispas.Ellesont tort.Lesplans à trois, c’est bon,mais en fait, c’est beaucoupplusfatigantpourl’homme,puisqu’ildoits’occuperdedeuxfillesalorsqu’ellesserépartissentlatâche.Ilsuffitdefairelecalculpourvoirquecen’estpastrèsjuste.Maisjenesuispasunamantparesseux.Etiln’yadanslesparagesqu’uneseulefemmequipuisse
en attester.Une seule femme pour qui celam’intéresse deme donner autant demal. Et elle est del’autre côtéde lapelouse, en traind’observer un autre couple plongédans cequi semble être uneconversationdistrayante.CaseyetMia.PourCassidy,celacommenceàdevenirunehabitude.Peut-êtremêmeuneobsession.
Quinemeplaîtguère.Saposturem’estbeaucouptropfamilière.Jeladevineénervéeetelleabeaucoupdemalàcontenir
l’énergiequibouillonneenelle.Finalement,elledétournesonattentiondeCaseyetMia,maisilestévident qu’elle cherche à la fixer sur autre chose. Tournant la tête d’un côté et de l’autre, à larecherchedequelquechose–oupeut-êtredequelqu’un–,elles’arrêtequandnosregardssecroisentetjecomprendsqu’elleatrouvé.Saciblelocalisée,Cassidysetourneetsedirigeversmoiàgrandspas.
EllefusilleduregardBrittnieetWhittney,quiontprofitédemadistractionpoursemontrerencoreplusamicales,pournepasdireentreprenantes.Etc’estlàquejecomprends…Nomd’unchien.Ellevaleségorger.Oubienc’estmoiquivaisêtrelavictime.Dansuncascomme
dansl’autre,unmeurtrevaêtrecommis.Sij’étaisuntrouillard,jem’empareraisd’unedesfillesenguisedebouclier,maisceneseraitpasbien.Arrivéedevantnous,elleredresselesépaulesetseplantedevantBrittnie.—Excuse-moi, fait-elle en agitant lamain au-dessusde l’opulentepoitrinequedévoileBrittnie,
maisilfautquejel’emprunteuninstant.Vat’exhiberailleurs.Houla!Puisellemeprendlamainetm’entraîneàsasuite.—Oùm’emmenez-vous?Jesuisprêtàprendrelerisquedeposerdesquestions.—Loind’ici.Génial,onneretrouverapasmoncorps.Jecommenceàégrenermentalementlesnomsdesgensquisaventoùjesuis.Demi,Sasha,Quinn?
Non, ils l’aideraient sûrement à dissimuler son crime. Ben ? Non, il ne dirait rien pour pouvoirprendremaplace.Chaz?Demimenaceraitdelesluicouperetelleseraitcapabledelefaire.Landon?Oui!Landonestunsoldatetilestimeraitsûrementqu’ilestdesondevoirdedénoncerlecrime.Mais peut-être qu’il y a une explication logique et que je dois gardermon sang-froid et la lui
demander.Jecroiselesdoigts.—Pourquoi?—Parcequejeveuxm’éloignerd’ici.—Pourquoidois-jevenir?Laquestionestlégitime.Etjemesentiraismieuxsijeconnaissaislaréponse.—Parcequejeveuxêtreloind’iciavecvous.Aumoins,elleaditqu’ellevoulaitêtreavecmoi,pasqu’ellevoulaitmetuer.Cependant,j’estime
nécessairedeluifaireremarquerquesonabsencenevapaspasserinaperçue.—Vousêtesl’invitéed’honneur.Vousnecroyezpasqu’onvaselanceràvotrerecherche?—C’estprobable,maisonnemetrouverapas.Vousnonplus.—C’estbiencequejecraignais,marmonné-je.
9
Cassidy
JenesuispasDorothy.Jen’aipasdesouliersenrubisnidepetitchienprénomméTotonideTanteEm.MaisStoningtoncommenceàressemblerdeplusenplusàOz.Touslesgensquejeconnaissontlà, familiers,maisdifférents.Lesmêmesnoms,visageset lieuxm’entourent,mais toutcedont j’aienvie,c’estdem’arracherlapeaucommesiellen’étaitpasàmoi.Commesijen’étaispaschezmoi.Deshordesdegensnecessentdeveniràmoipourmesouhaiter labienvenueà lamaisonetme
direquejesuispartiebeaucouptroplongtemps.Touséprouventlebesoindemeracontertoutcequileurestarrivédepuismondépart–commesimonabsenceavaitétélacausedeleursproblèmesetquemonretourallaitbrusquementtoutarranger.Ceenquoiilssetrompent.Etjenesuispasrentréepourtoujours,nomd’unchien.Commecettevieillesensationd’étouffementquejepensaisavoirlaisséederrièremoiestderetour,
jecherchenaturellementl’uniquepersonnequiajusqu’icisum’enprotéger.Casey.Jemehaussesurlapointedespiedsetsautilletoutensillonnantlafouleetjefinisparl’apercevoir.
Ilestsousl’érablegéant,unpiedposésurunbanc,accoudésursongenou,décontractécommeàsonhabitude.Àn’enpasdouter,ilparlebateauxethomardsavecundesespotes,carilagitelesmainsetquesonmagnifiquesouriremefaitoublierlesconversationsautourdemoi.C’estalorsquelafoules’écarteetquejevoisqu’iln’estpasencompagniedesescopains.IlestavecMia.JenotementalementdevérifierdanslesréservationscombiendetempscetteMiacompteséjourner
cheznous,carellecommenceàoccuperunpetitpeutropmonCasey.Franchement,decombienderenseignementspeut-elleavoirbesoinpourécriresonidiotdebouquin?EtilyachezellequelquechosequineutraliselesixièmesensdeCasey,luiquisait toujoursquandj’aibesoindelui,carj’aibeaumeconcentrer de toutesmes forcespourqu’il se tourne etme regarde, il nebougepas. J’aibesoin de lui. C’est mon Épouvantail, mon Bûcheron en Fer-Blanc, mon Lion, mon Toto et messouliersderubisàluitoutseul.Maispourlemoment,c’estcommesijecriaisdansledésert,cariln’entendriendutout.Jesuisfurieuse,dépitéeetjalouse.Jesuisvexéeetjeveuxseulementrentrerchezmoi.Saufqueje
nesaisplusoùc’est,chezmoi.Maisjesaisquipeutm’aideràleretrouver.LeMagicien,évidemment.Je scrute de nouveau la foule et je le trouve. Contrairement à Casey, Shaw est déjà en train de
m’observer.Peut-êtrequej’aienvoyémesondesdedamoiselleendétresseàlamauvaisepersonne.Celadit,envoyantlesdeuxsingesvolantsquileharcèlent,BrittnieetWhittney,jemedisquec’estpeut-êtreluiquiaenvoyéleSOS.CoupantcourtàlaconversationdontMrs.Paddockfait touteseulelesfrais, jetraverselejardin.
Shaw continue de me regarder tout le long du chemin, mais il me semble percevoir comme unsoupçondepeur.C’estprobablementmafaute.J’airetroussélesbabinesenvoyantBrittniefrottersesnichonscontrelui.Ilestàmoi,c’estlaseulechoseiciquim’appartienneencore,etpersonnenevam’empêcherdelerevendiquer.J’empoigneShawetl’entraîneavecpouruniqueidéedemeretrouverseuleavecluiquelquepart.Il
posedesquestions,auxquellesjeréponds,maisjenesuispasd’humeuràbavarder.Cequejeveux,c’estquelquechosed’excitant.QuelquechosequivamerappelerquelemorneetternequotidiendeStoningtonn’estpaslemien.Nousnousmettonsdoncenroutesurlaroutedebriquesjaunespourgagnerleparcvoisin,etnous
nenousarrêtonsqu’unefoisarrivésàlaCitéd’Émeraude,l’uniquelieudedistractiondeStonington.Lacageàécureuilsoùjejouaisquandj’étaispetiteaétéremplacéeparuneinstallationplusgrandeetplusélaboréecomposéedepasserelles,filets,balançoiresettoboggans.Ilyaaussiunecabaneavecuntoitvert.C’estnotredestination.—Allez,dis-jeàShawenmedirigeantversl’échellequejecommenceàgravir.—Vousessayezderevivrevotreenfance?semoque-t-il.—C’estcomplètementl’inverse,enfait.D’unpasvif, jefranchislepontsuspenduetparviensàlacabane.Jemeretourne,pensantqueje
vaisvoirShawtoujoursenbas,maisiln’enestrien.Ilm’asuivie,sansvraimentsavoirpourquoijeveux qu’il m’accompagne. C’est du Shaw tout craché. Il prend des risques, il relève des défis, iln’hésitepasàselancer.Ilmegalvanise.J’aienvied’êtrecommelui.Maisplusquetouteautrechoseencetinstant,j’aienviedemegriserenlesentantenmoi.—Etmaintenant?demande-t-ilunefoisqu’ilm’arejointe.Jel’empoigneparledevantdesachemiseetletireversmoienmehaussantsurlapointedespieds
pourluirépondreparunbaiserquidevraitluifairecomprendrelebutdenotreescapade.Ilmerendmonbaiser,etm’étourditdeseslèvresetdesalangue.MonDieu,cetypesaits’yprendre.Commejen’aiaucuneintentiondeperdredutemps,jecontinuesurmalancéeetjelefaisreculer
enlepoussanttoutenm’activantsursaceinture.Unefoisquejesuisdanslapartiedelacabanequimeconvient,jeglisselamaindanssonpantalonpourempoignerfermementsabitelongueetépaisse.Shawmesaisitlebrasetinterromptbrusquementsonbaiser,maisilnesedérobepas.—Holà,holà!Ici?Enpleinair?Sans prêter attention à ses réticences, je le chauffe en continuant de le caresser sur toute la
longueur.—Oui.Ici.Ettoutdesuite.Parcequej’aienviedevous.—Etsiquelqu’unnousvoit?Ilabeauposerdesquestions,ilsuitlerythmedemamain.Oui,ilaenvieaussi.Jemepencheenavantetl’embrassedanslecou.—N’ayezpaspeur,Shaw.Toutlemondeestaupique-nique.—N’ayezpaspeur,qu’ellemedit,glousse-t-il.Jesuisunétrangerdansunevillequin’apasde
postedepoliceetdont la fillepréféréeveutque je la saute surunecageàécureuils, alorsque leshabitants pourraient à tout moment quitter le pique-nique donné en son honneur et venir noussurprendre.Ilproteste,maislatêtequ’ilrejetteenarrièrepourmepermettredel’embrassertoutàmonaiseest
uneinvitationàcontinuer.—Ilsneviendrontpas,luichuchoté-jeàl’oreilletoutenluimordillantlelobeetendéboutonnant
sonpantalondontjebaisselafermetureÉclair.Illaisseéchapperunrâletoutenmepétrissantlesfesses.—Ilspourraient.Jefaisglissersonjeanetreculed’unpaspouradmirerlegroslot.LabitedeShawvautlecoup
d’œil.Jesoupireàlaperspectivedelaprendreenmoi.—Jem’enfiche.Etjesuissincèrequandjerépondsça.J’enlèvemachemise,gardantmondébardeur,puisjel’étale
surlebancdeboisavantdepousserShawpourqu’ils’assoiedessus.— Je vous assure que votre père m’a menacé de me réduire en appât pour homards, dit-il en
enlevantsonpantalon.Ilfinitparsetairequandjel’enfourcheetcommenceàfrottermachattesursabite.—S’ilvousplaît?Jemebalanced’avantenarrièrepourimprégnersabitetoutenluimordillantdélicatementlalèvre.
MonDieu,maisquec’estbon,cequejesensentremescuisses.Etceslèvressontsidélicieuses.Shawm’empoignelescuisses,puislesfesses.—Pas lapeinededemander,dit-ild’unevoix rauque.Vouspouvezavoircequevousvoulez. Il
suffitdeleprendre.(Jelisundéfidanssonregardtandisqu’ilencouragemonmouvement.)Qu’est-cequevousvoulez,Cassidy?Jesoulèveleshanchesetinclinemoncorpsdemanièreàcequesabitepuissemepénétrer.—Vous,dis-jeavantdemelaisserretombersurlui.Je gémis à cette sensation qui me dilate et me remplit. Shaw en fait autant et cela ne fait que
décuplermonplaisir.Cramponnéeàsesépaules,j’onduleau-dessusdelui,pourfaireentrersabitedeplusenplusprofondémentjusqu’àcequejesoishabituéeàlatailledesonsexe.Shawm’enlaceetm’attirecontreluitoutenfourrantsonnezentremesseinsencorecouverts.—Cen’estpasmoiquevousdésirez,c’estmabite,corrige-t-il.Peuimportequecesoitvraioupas.ÊtrederetouràStoningtonaprèsuneaussi longueabsence,
c’est comme gambader en songe dans un champ de coquelicots et il est temps pour moi de meréveiller.Peut-êtrequeShawaeuunebonneidéeenrefusantd’affronterpendantdesannéeslavéritédesonexistenceetendonnantàvoirauxgenscequ’ilvoulaitleurfairecroire.Lestoursdepasse-passe,lesillusions…c’estmagiqueet impressionnant,etpersonnenepeutdirequeShawMatthewsestquelqu’undeterne.C’estlemagicienetjeveuxvivredanssonmonde.Emmenez-moiloind’ici,c’estcequej’aientête,mêmesijen’osepasledireàvoixhautedepeur
qu’ilseméprenne.MaisShawabrusquementacquisledondeliredansmespensées–quelquechosequ’ilvafalloirquej’étudiedeprèsplustard,quandjeneseraipasentraindechevauchercetypequiaunebiteénorme.Ilmesaisitparleshanchesetprendlescommandespourmefairealleretvenird’avantenarrièreafinquemonclitorisbénéficiedecedélicieuxfrottementquej’adoretant.
—Bonsang,pourquoijenesuisjamaisrassasiédevous?La sensation est partagée. Même dans cette ville où chaque endroit est peuplé du souvenir de
quelqu’und’autre, je nedésirequeShawet jen’en ai jamais assez. Jedevraisme sentir coupable,maisiln’enestrien.Pourquoileserais-je?Casey, lui,n’apas l’airdeculpabiliserpuisqu’ilpassetoutsontempsavecquelqu’und’autre.Shawmesoulèveetmerassoitsursabite,commepourmefairereveniràlaréalité…etàlui.C’est
efficace.J’ouvrelesyeuxetjelevois,leslèvresentrouvertesetlespupillesdilatées,lefrontperlédesueurmalgré l’air frais duMaine. Je l’empoignepar les cheveux et lui renverse la tête en arrièrepour découvrir son cou. Et oui, je prendsmême du plaisir à entendre le grognement que cela luiarracheetsesmainsquisecrispentsurmeshanches.Ilvamefairedesbleusetilneleregretterapas,carjelesaimérités.Oui,emmenez-moiloind’ici…JamaisCaseyn’accepteraitcela.Ilpréféreraitquelquechosedeplusromantiqueetrespectable.Il
meferaitl’amour,mecaressanttendrementlevisageetlescheveuxtoutenmurmurantdeschosesquimeferaientdes trucspartout. Ilplongeraitsonregarddans lemienpourypuiserunesignificationplusprofonde…toutcommelefaitShawencetinstant,jem’enrendsbrusquementcompte.Du coup, une tornade de pensées semet à tourbillonner sousmon crâne. Les visages des deux
hommeslesplusimportantsdemaviesesuperposentcommedeuxuniversquis’entrechoquent.Oùcommencel’unetoùfinitl’autre?Monhérosestdevenuceluidontondoitmesauveretmonennemiestàprésentmonsauveteur.Cen’estpascequejevoulais.Etcen’estabsolumentpascequ’ilmefaut.—Non,luidis-jeavantdefermerlesyeuxetd’enfouirmonvisagedanslecreuxdesoncou.—Non,quoi?demandeShaw.(Ilm’imite,maisjemecramponneàsesépaulesenrefusantdeme
redresser.)Vousvenezdemedemanderdevousemmenerloind’ici.Qu’est-cequevousvoulezdire?Zut.Jenem’étaispasrenducomptequej’avaisparléàvoixhaute.MonDieu,qu’est-cequ’ildoit
penser.—Vousalleztoutgâcher,marmonné-je.Jevousenprie,non.Jesuisauxabois.J’aibesoindecelienquim’apportelaplénitude.Mesgestessefontprécipitéset
maladroitspourassouvircebesoinégoïste.MaispasShaw.Ilsetaittandisquejelechevauche,maisilesttroptard.J’aibeaufaire,jenepeuxeffacerdemonespritlamanièredontilm’aregardée.Ilavuquelquechosededifférentenmoi.Oubienc’estmoiquivoisquelquechosededifférentenluiàprésent.Disparus,sonarrogance,sonégoïsme,lesalaudquej’avaisfinipardétester.Quanddonclegrandetpuissantmagicienest-ildevenuunsimplebonhommecachéderrièreunrideau?—Hé!Ilmesecouegentimentdenouveau,d’unevoixtropdoucepourquejel’ignore.Jecèdeetredresse
latêtepourqu’ilpuissemevoir.Shawprendmonvisageentresesmainsetlescrutepourychercherlaréponseàunequestionmuette.J’imaginequ’illatrouve,carunelueuréclairesesyeux.—Jenevaisriengâcherdutout,dit-ilenmecaressantlalèvredupouce.Servez-vousdemoi.Etc’estlelienqu’ilmefallait.Avecuneferveurrenouvelée,jereprendsmesondulationsd’avant
enarrière,glissantsursabitecommesimavieendépendait,carc’estbiendecelaqu’ils’agit.Shawm’embrasse langoureusement, sa languesemêlantà lamienneau rythmedemeshanches.
Puislâchepriseetmelaisseprendrelecontrôle.C’estexactementcequ’ilmefaut.
Jelechevauche.Sansménagement.Mesgenouxmefontmal,éraflésparleboisàtraverslafineétoffedemachemise.Maisjel’observe.JenequittepasShawdesyeux,mêmesijesaisquejevaisleregretterplustard.C’estmabouéedesauvetage,c’estgrâceàluiquejem’échapped’unmondequine tient plus debout. Peut-être que ce n’est pas lemagicien, en définitive. Peut-être que c’estmonKansas.
Shaw
C’estpresqueàlatombéedelanuitqueCassidyetmoirentronsàWhalenHouse.Unefoisqu’elles’estépuiséesurmabite,jelaserredansmesbrasetj’attends.Jenesaispaspourquoi.Sansdoutequej’ai l’impression de bien faire. Je ne jouis même pas et cette fois, je m’en contrefiche. Pourcommencer,nousn’avonspasdemouchoirsenpapiernirienetjenevaispasmerépandrepartoutdansunecabanedegosses–ceseraitdégoûtantetgrossier–etjenejouisjamaisdansunefemme,car je n’ai pas un tempérament de futur père. Et deuxièmement – raison probablement la plusimportante–,danscequis’estpasséentrenous,cen’étaitpasmoiquicomptais.C’étaitCassidyetcedontelleavaitbesoin.Jel’aisudèsl’instantoùj’aivudanssesyeuxceregarddésespéréquandellem’ademandédel’emmenerloin.Jenesaistoujourspascequ’ellevoulaitdire,maispeuimporte.CassidyWhalen est la personne la plus sensée que je connaisse. Chez elle, tout est logique et
professionnel, cen’est pas legenredegaminequi se laissegouvernerpar ses émotions.Si tel estpourtantlecas,elles’esttrèsbiendébrouilléepourlecacher.Pasaujourd’hui.Aujourd’hui,jenesaispasdansquelétatd’égarementellesetrouvait,maiscelasevoyaitdanssesyeux.C’estsûrementpourcelaqu’onditqu’ilssontlemiroirdel’âme.Ellen’avaitplustoussesesprits.Elleétaitsensdessusdessous,déchiréepardes tourments intérieurs,et j’aiétéplusqu’heureuxde la laisserseservirdemoipourretrouverunpeud’équilibre.Si ça cen’est pas la preuvequeShawMatthews« évolue» et devient humain…Mamère serait
vraimentfière–siellesesouciaitdemoi.CelledeCassidy,c’est tout lecontraire,enrevanche.Etc’estprécisémentpourcelaqu’elleseprécipitesurelleàpeinenousavonsunpieddanslamaison.—Cassidy,monDieu,maisoùétais-tupassée?Celanefaitquedeuxjoursqu’elleasonfauteuilroulant,maisAnnaWhalenlepilotecommeune
prodelaF1.Peut-êtrequejedevraislaprendresouscontratsijamaisjemedécideàmelancerdanscesport.—Nesoispasconstammentsurmondos,maman,s’agaceCassidycommeunegamineirritable.
Shawetmoiétionsfatiguésdetoutcemonde,alorsnoussommesallésfaireuntour.Tout ce monde ? Si elle s’est volatilisée aujourd’hui, c’est peut-être plutôt parce qu’elle avait
l’impressiond’étouffer.Parcequ’elle était aubout du rouleau, sans aucundoute.Qu’elle ne savaitplusoùelleenétait.Entoutcas,ellesavaitoùelleétaitquandelleétaitassisesurmoietqu’elleaeuunorgasmephénoménal.Toutcommeceuxquej’aieusavecellejusqu’ici.Quandnousbaisonsensemble,c’esttoujoursfabuleux.Cassidy s’apprête à gagner l’arrière de lamaison,mais Anna refuse de la laisser s’échapper à
nouveauetlasuit.
—Ahbon?Tuétaisfatiguée?Ehbien,c’estmoiquiaiétéobligéedetetrouverdesexcuses.Toutlemondevoulaitvoirl’invitéed’honneur,maiselleétaitintrouvable.Sanscompterqu’ilyavaittoutun tas de choses à faire ici, mais heureusement, Casey et Mia ont donné un coup de main.Franchement,Cass,jenesaispasoùtuaslatête.Cen’estpastongenrede…Savoixdécroîtàmesurequelesdeuxfemmess’éloignent.J’aiunpeudepeinepourCassidy,mais
d’unecertainemanière,jesuisaussijaloux.Jepouvaisdisparaîtredurantdesjours:mamèrenes’estjamaissouciéedesavoiroùj’étais.D’unautrecôté,jecomprendsmaintenantdequiCassidytientsonénergie.—Vousavezprislabonnedécision.Jeme retourne et trouve Duff appuyé au chambranle de la porte de la cuisine, un canif et une
pommeàlamain.—Pardon?C’estlaseulechoseàdireàunhommearméd’uncouteaudontonvientdelaisserlafillesautersur
votrebitedansunlieupublicetdontonignores’ilestaucourant.Ilcoupeunquartierdepommeetlaglissedanssaboucheendésignantlecouloirdumenton.—Denepasavoirajoutévotregraindesel,explique-t-il.Jemeretiensd’essuyerlasueurquiperlesurmonfront.—Oui,çaavaitl’airunpeutendu.—Mafemmevadirecequ’elleasurlecœur,Cassvas’excuser,etpuistoutirabien.(Ilcoupeun
autremorceauqu’ilmetend,maisquejerefusepoliment.)Vousavezprisuneautrebonnedécision,aujourd’hui.—Laquelle?Jem’abstiensdetouteallusionàcequenousavonsfaitensemblesafilleetmoi,carj’imagineque
cen’estpasdecelaqu’ilveutparler.—Vousavezbienfaitdel’emmenerfaireuntourcetaprès-midi.Ahsi,c’estdeça.—Jen’aipasvraimenteulechoix.C’estellequim’aentraîné.Etellenes’estpasarrêtéelànonplus,maislàencore,jenepensepasqueceseraitprudentd’en
parler.Dufféclatederire.—C’estmafilletoutcraché!Elleressembleplusàsamèrequ’elleveutbienl’avouer.Chaquefois
queCaseyet elle faisaientdesbêtises, c’est lui qui s’accusait.Mais je savais bien cequ’il en était.Cassidyportaitlaculotte,danscetterelation.Elle la portait peut-être avec Casey, mais avec moi, elle l’enlève, plutôt. Mais là encore, je
m’abstiensdetouteremarque.—Peut-êtrequ’iln’aimaitpasdiscuter,avancé-je.—Etvous,si?—Oui, jecroisbien. (Puis,mepenchant, jecontinueenbaissant lavoix.)Ne luiditespas,mais
c’estlaseulequisoitcapabledem’enremontrer.C’estlavérité.Etàbiendeségards.SentantlafatiguedelajournéeetconscientquejedoiscontacterDenveravantdedormir,j’étouffe
unbâillement.
—Ehbien,jecroisquejevaisallermecoucher.—Qu’est-cequevousavezprévupourdemain?demandeDuffavantquej’aieeuletempsdefaire
unpas.—Jenesaispastropencore.Pourquoi?Ilseredresseetvientmecollerunetapedansledos.—Passezunebonnenuitdesommeil.Jevaisvousemmenerenmer,demainmatin,mongars.Ona
besoind’uncoupdemain.Bonsang.Quelqu’unm’avuavecCassidyetàl’heurequ’ilest,demain,jeseraientraindedormir
aveclespoissons.Maisbon…ilm’adonnédu«mongars».Lesassassinssont-ilsaussiaffectueuxavecleursfuturesvictimes?Peut-êtrequeoui,quandcesontdestueurspsychopathes.Avantquej’aieletempsdedéclinerpolimentl’offre,Duffestdéjààlamoitiéducouloir.Detoute
évidence,jen’aipasvoixauchapitre.EtsiCassidyportelaculotte,c’estdesonpèrequ’elleahéritécela,pasdesamère.
10
Cassidy
Impossible de savoir ce quim’a réveillée d’aussi bonne heure,mais j’ouvre l’œil avant tout lemonde.Etpasmoyendemerendormirmalgrétousmesefforts.Ducoup,plutôtquedecontinueràmetourneret retournerdansmonlit, jemelèvepéniblement,sans tropsavoirceque jevaisfaire.J’ai bien l’idée de passer rendre une petite visite à Shaw dans sa chambre, mais quandmaman aterminésonsermonhiersoir,j’aidécouvertquepapaavaitl’intentiondel’emmenerenmeretjen’aipasenviequenousnousfassionspincer.Peut-êtrequejedevraiscourirausecoursdeShawetl’empêcherd’êtretourmentéparmonpère,
maislavéritéestquejesuistrèspréoccupéeetqu’unpeudesolitudemepermettraderéfléchir.Jemerendsdoncdansl’uniqueendroitquim’atoujoursserviderefuge.Jedescendslecouloirauparquetciréglacésousmespiedsnus.Unefoisaubout,j’ouvreuneporte
quipourraitdonnersurunechambrequelconque,maisiln’enestrien.Elledébouchesurunescalierencolimaçonmenantàunesortedenid-de-pietoutenhautdelamaison.C’estunepetitepiècevitréejouissantd’unevuepanoramiquesurtoutStonington,leportycompris.Celaaétémonrefuge,celuioùCaseyetmoiallionspourêtreseulsquandnousavionsbesoindefuirlaréalitéousimplementunendroitvraimentsympapourseroulerdespelles.Jemedemandecombiendefoisilyestmontésansmoidepuisquejesuispartie.Combiendefois
ilyestvenuenpensantàmoi,enregrettantquejesoisàdesmilliersdekilomètresdelàaulieud’êtreensacompagnie.Peut-êtrepasuneseule,enfindecompte.Jem’installe sur lebanccapitonné rougequepapaa installédans laparoi,pose le coude sur le
reborddelabaievitréeetcontempleleport.Àl’horizon,l’aubecommenceàpeineàcolorerdesesrosesetorangespoudréslecielviolacéoùscintillentencoredesétoiles.Lesfeuxrougesetvertsdesbateauxparsèmentleport,tandisquelesmouettessechamaillentdanslesillagedesembarcationsquiseglissentsansunbruitdanslapaisibletranquillitéd’unenouvellejournée.Stoningtonestvraimentmagnifique.Pourlesgensdel’extérieur,c’estunesortederêvepeint,de
cartepostale,ouundécordecinéma.Maiscetendroitexisteréellement.Peut-êtrequ’ilafalluquejelequitteafind’enappréciertoutelabeauté.En bas, la jetée grouille d’activité, des dockers chargent le matériel pour les pêcheurs qui
commencent à arriver les uns après les autres dans leurs camionnettes.Casey doit être parmi eux.
Maismonpèreégalement,ainsiqueShaw.Seigneur, l’expression deShawhier, l’éclat de ses yeux bleus… Jeme suis servi de lui comme
d’unebouéedesauvetageaprèsavoirvuCaseyencompagnied’uneautrefemme.Et ilm’a laisséefaire.Jecroisqu’iladûs’enrendrecompte,maisilnem’apasretenue.L’opinionquej’aideShawMatthewsévoluelentement.Peut-êtrequecen’estpaslesalaudégoïstequej’aitoujourscru.Peut-êtrequec’estmoil’égoïste.Àlamanièredontilm’aregardéeencetinstant,j’aicomprisimmédiatementqu’il m’aurait donné tout ce que je lui aurais demandé. Il me regarde comme cela souvent, cesdernierstemps.Je dois fermer les yeux pour balayer cette image avant qu’elle me submerge encore.
«Désorientée»,lemotn’estpasassezfortpourdécrirel’étatdanslequeljesuisencemoment.Jenepeuxpasmepermettredemelaisseraller.Jenepeuxpasallerau-delàdecequec’estcenséêtre.Dusexeet riendeplus.Si jem’autoriseàavoirdessentimentspour lui, jevais fairecourirunrisqueénormeàmoncœur.Casey,enrevanche,c’estuneautreaffaire.C’estlaconstantesurlaquellej’aitoujourspucompter.
Laseulepersonneautourdemoiquiseratoujoursdemoncôté,quoiqu’ilarrive.Peut-êtrequej’aitoujours tenu pour acquis que cela ne changerait jamais, qu’il ne cesserait de m’attendre, où quej’aille.—Waouh!Turamènestoutàtoi,CassidyRose.Tuesincroyablementégoïste,dis-jeàhautevoix,
pourbienimprimerenmoicesmotscruels.Peut-êtrequeShawetmoiavonsplusdepointscommunsquejeneveuxbienl’admettre.ParcequeleschosesontbienchangéentreCaseyetmoi.Nousavonschangé.Mêmesi,danslesfaits,nousavonsrompuilyalongtemps,quandj’aiquittélaville,jenecroispas
quej’aievraiment intégrél’idée,dansmonespritetplusencoredansmoncœur,quenousn’étionsplus ensemble. Le voir se comporter avec une autre comme ilm’a toujours traitée, enme faisantmêmepasserausecondplan,celam’afaitsouffrirplusquejen’auraispensé.Etjeconnaisceregard.IlregardeMiacommeilmeregardaitnaguère.Lesourirequ’illuiadresse,aveccepétillementdansl’œil,commes’ilregardaitl’étoilelapluséclatanteduciel…c’estlesourireauquelj’étaislaseuleàavoirdroit.J’ai été remplacée.Mais lui aussi l’a été, finalement.C’estShaw, après tout, vers qui jeme suis
tournée, quand je me suis effondrée en voyant que Casey m’ignorait. Enfin, c’était purementphysique,non?Seigneur,jen’arriveplusàsavoir.Cen’estpascommesijeprévoyaisdereveniràStoningtonpourdebon.Jen’aiaucundésird’être
avecCasey,physiqueouautre.Jesaisquecelanetientpasdebout,cequej’éprouve,maisjeneveuxpasleperdre,toutsimplement.Etjesuisentraindeleperdre,monrefuge.Jelesens.Touteslesfoliesqui ont accompagné ce jeu du chat et de la souris entre Shaw et moi, mon incapacité à séparerdésormais le physiquede l’émotionnel, tout celamedonne enviedem’accrocher désespérément àquelquechosedefamilier.Casey,c’estlasécurité.MaisCaseyn’estplusàmoi.Est-ilàMia?Etsic’estlecas,celaveut-ildirequejel’aitotalementperdu?Etvoilàquelaconfusionmonted’uncranoudeux.Je tire sans doute des conclusions précipitées concernantCasey etMia.Casey a toujours été un
gentilgarçon.Oui,c’estcela.Ilesttoutsimplementgentilavecuneétrangère.Pasvrai?Çaneveutriendiredutout.Miaestunauteurderomansd’amourquiécritl’histoired’unpêcheurdehomards,
etquellemeilleuremanièredeserenseignersursonsujetquedes’adresseràquelqu’undontc’estlemétier ? EtCasey en rajoute sûrement pour lui faire plaisir : le jeune héros fringant, un peumaldégrossi,avecseslargesépaulesetsonsplendidesourire,soncorpsparfait,savoixgraveetdesyeuxtellementbeauxetsincèresquetouteslesfemmessontimmédiatementchavirées.Sanslemoindredoute,Mias’est laisséeprendreàsoncharme.C’est l’effetqu’ilasurtoutesles
femmes.Pourunpeu,j’aipresquedelapeinepourlechagrinquecelavainévitablementluicausersielle se laissealler à croirequ’ilpuisseêtre à elle.Beaucoupont essayéet échoué. Je suis la seuleexception.PourlebiendeMia,j’espèrequ’ellevaobtenirtouslesrenseignementsdontelleabesoinetficherlecampdeStonington.Parcequepersonneneresteici,àmoinsd’yêtrené.Seulement,voilà,c’estmoiquiailesentimentdenepasêtred’ici,cesdernierstemps.Toutcequi
estfamiliermeparaîtunpeuétrangeretcelanemecorrespondplus.Ouplutôt,c’estmoiquinesuisplus àma place ici.Ce qui soulève la question : une fois que l’on a quitté sa ville natale, peut-onvraimentyrevenir?Peu importe. Je n’ai pas l’intention de revenir. Du moins, pas autrement que pour des visites
occasionnelles. Du coup, il faut que je comprenne pourquoi je suis jalouse deMia. Caseymérited’êtreheureux.C’estcequejedésirepourlui.Peut-êtrequejen’aijamaisimaginéqu’ilpuissel’êtresansmoi.Etmoiquibaiseavecunautre,enfin!Unautrepourquij’éprouvedessentimentspastrèscohérents.Dequeldroitserais-jejalouse?—Mince,Cassidy.Jemepasselamainsurlevisage,dépitéeetagacéeparmonproprecomportement.Jesuisrevenue
àmonpointdedépartsansavoirentrevulamoindresolution.MonDieu,j’aihâtederetourneràSanDiegoetretrouvermesamisetmonboulot.C’estcelama
vie, désormais.Aumoins, là-bas, je suis trop occupée pourme laisser absorber parmes pensées.S’arrêter pour réfléchir, ce n’est pas toujours une bonne chose. Il arrive qu’on réfléchisse trop.Surtoutquandonfinitparserendrefolleainsiqueceuxquivousentourent.Çasuffit.Étantdonnéquemamèreatoujoursditquel’oisivetéétaitlamèredetouslesvices,jedécidederedescendredonneruncoupdemainetpréparerledéjeunerpourl’uniquepensionnairerestéeàlamaison.Etpeut-être…quisait, jelasonderaipoursavoircequ’ilyaentreelleetmonpetitcopain.Euh,
monex-petitcopain.Enfin,bref.Jemelèvepéniblementetjen’encroispasmesyeuxenapercevantlebateaudemonpèrequisort
duportavec,àsonbord,unmembred’équipageinattendu.IlyaencoredanslapiècelalanterneetlesjumellesqueCaseyetmoiutilisionsdansnotre adolescencepour épier les gens. Jem’emparedesjumellespourvérifiercequ’ilenest.C’estCaseyMichaels l’autrepersonneàbord.Celadit, j’auraispuledevineràsaposture,façon
Poséidon,souveraindesmers.—Oh,voilàquin’augureriendebon,murmuré-jepourmoi-même.Maisd’ici,jenepeuxrienyfaire,àpartformuleruneprièresilencieusepourqueShawrevienne
en un seul morceau et ne finisse pas en chair à pâté pour les requins. Cela lui apprendrait à meharceler et àmesuivrede l’autrecôtédupays.La seulemanièrepour luid’en réchapper, c’estdefermersagrandegueule,cequinerisquepasd’arriver,j’ensuissûre.Oh,etpuistantpis.Jeverraibienplustardcequ’ilressortiradecetteexcursionenmerchargéede
testostérone.Pourlemoment,moiaussi,jevaisalleràlapêche.Aprèstout,medocumenteràfondsurunsujetquimepassionne,c’estcequejefaislemieux.
Aumêmemoment,jeremarquequelquechosedebizarresurlequai.Lesdockersnepréparentpasle matériel pour décharger la cargaison au retour des bateaux. Ils sont en train de tout ranger etd’arrimerlesgrues.C’estcequ’ilsfontquandungrainmenace.Jejetteuncoupd’œilverslelargeetjevoislesbateauxseprépareràl’affrontereuxaussietnons’occuperàreleverlescasiers.Jemetournesurmadroiteetc’estseulementlàquejeremarquelesnuagesnoirsquiarriventdu
sud-est.Toutelapaisibletranquillitéquej’airemarquéen’étaitriend’autrequelecalmeprécédantlatempête.Bonsang.Bienque jen’yaiepas fait attention sur lemoment, étantpréoccupéeparautrechose,moncerveautrèsorganiséaenregistrécequemedisaitMrs.Paddockaupique-nique,ettoutmerevient.Ellemeparlaitd’unouraganquimenaçait.Nousnesommespasprêts,c’estlapenséequimevientàprésent.Decombiendetempsdisposons-
nous ? Il y a tellement de choses à faire etWhalenHousen’a pas été sécurisée.Àmoins que si ?C’étaitdecelaquemamanparlaithiersoir?Nomd’unchien.Maintenantjesaispourquoijemesuisréveilléed’aussibonneheure.Moninconscientyaveillé,alorsquejeneprêtaispasattentionàcequim’entoure,tellementj’étaisoccupéeàanalysermessentimentsetmesémotions.Nousallonsymettrebonordresur-le-champ.Ilesttempsdeseressaisiretdefairequelquechose
deproductifetd’utile.Jepasseàlasalledebainspourunerapidetoilette.Jemebrosselesdents,mechange,puisjeme
précipite enbaspourvoir comment seportemaman.Laquelle est évidemmentdéjà réveillée et entrainderegarderlesinformationsàlatélévisiondanslesalon.—Bonjour,Cass, dit-elle avecun sourire inquiet avantde tapoter l’accoudoir du canapé auprès
duquelelleaarrêtésonfauteuil.—Qu’est-cequisedit?demandé-jeenm’asseyant.Ellemefaitsignedemetairependantquelaprésentatricereprendlaparole.Harmony Hale est plantée derrière son bureau avec un sourire rayonnant comme si la Nature,
saisiedefolie,n’avaitpasdécidédes’enprendreàStonington.— LeMaine doit se préparer au pire. La tempête tropicale Ayla a été reclassée en ouragan de
catégorie1 et se rapprochedes côtes.Pour en savoirdavantage,voyonscequ’il enest avecnotrespécialistemétéo,KippEdgington.Kipp?Lacamérapasseàungrandtypesvelteauxdentséclatantesetcouvertd’autobronzant.Kippn’est
manifestementpasduMaine.—En effet,Harmony. Tout lemonde a le regard tourné vers le ciel, et avec raison. (Ilmontre
diverspointssurlacartesituéederrièrelui.)Latrajectoireactuelled’AylatraverselesîlescôtièresduMaine, mais on ignore actuellement si elle atteindra le continent. Bien qu’il soit inhabituel deconnaîtreunemenacedecetteampleuràunepériodeaussiprécocedel’année,lestempératurespluschaudes que de saison enregistrées le long des côtes sud et est dans l’Atlantique ont fourni lesconditions idéales.Etnevousméprenezpas,chers téléspectateurs,cette tempêtea lepotentielpourdevenirunvéritablefléau.Ellerisqued’êtrereclasséeencatégorie2ou3d’icipeu.Cela,cesontlesmauvaises nouvelles, enchaîne-t-il. Les bonnes, c’est que le front chaud qui remonte du golfe duMexique va nous empêcher d’être ensevelis sous la neige. Les inondations constituent encore unrisque,bienentendu,ainsique lesdégâtscauséspar levent,maisaumoins,quandcetépisodeserapassé,nousn’auronspasàluttercontrelescongères.Ilcontinuesesexplicationsmétéorologiques,maisjesuisdéjàenmodeurgence.—Qu’est-cequ’ilresteàfaire?demandé-jeàmamère.
Ellemeregarde,d’unairdéterminéetserein.—Lepetitdéjeuner,secontente-t-ellederépondre.Etsurce,elledesserrelefreindesonfauteuiletentreprenddesedirigerverslacuisine.—Maman?Latempête?—Ellen’empêchepasnospensionnairesd’avoirfaim,répond-elle.Etpuisétantdonnéquenousne
savonspascombiendetempsilresteavantqu’onaitunecoupuredecourant,ilfautqu’ons’occupedepréparerquelquechosequiseconserveraletempsquel’électricitérevienne.Manger?C’estcelaquilapréoccupe?—Mais,etlamaison?Elles’arrêteetfaitpivoterlefauteuilpourseretournerversmoi.Impressionnante,lamanœuvre.—Tun’as donc rien entendude ce que je t’ai dit hier soir ? Pendant que tu gambadais dans la
nature, tout le monde a donné un coup de main pour préparer la maison. Notre pensionnaire ycompris.Interloquée,jeregardelesfenêtresdusalon.Lesvoletstempêtesn’ontpasencoreétéfermés,mais
ilsontétéinstallés.Commentcelaa-t-ilpum’échapperquandShawetmoisommesrentréshiersoir?Seigneur,peut-êtrequetoutcesexeavecShawcesdernierstempsm’adéréglélecerveau.Shaw!—PapaaemmenéShawreleverlescasiers,n’est-cepas?Mamanadéjàfaitdemi-touretestpresquearrivéeàlacuisine.J’accélèrelepaspourlarattraper.—Ilavaitbesoind’uncoupdemain,Cass.Lapaniquemesaisit.Jesaisàquelpointlahouleestmauvaisequandunetempêteapproche,etc’est
pireencoreaularge.—MaisCaseyestlàpourça!—Caseyestaveceux,dit-ellesansmeregarder.Tut’inquiètesautantpourluiaussi?—Quoi?Maisjen’aipasbesoindem’inquiéterpourCasey,maman.Ilal’habitude.PasShaw.Je
nesaismêmepass’ilestdéjàmontésurunbateau,etencoremoinsdurantunetempête.Ilpourraitnepasenréchapper!—Arrêtede te fairedusouci, répondmamèreavecungestedésinvolte.Tusaisque tonpèreet
Caseyveillerontsurlui.Monpère?Oui.Casey?Ehbien,jenepeuxpasenêtreaussisûre.Ilesttrèsprotecteur,etavectout
cequejeluiaiditdemalsurShawetnosquerellesàSanDiego…Ilsepeutqu’onn’entendeplusjamaisparlerdeShaw.—Bonjour!claironned’unevoixbientropenjouéel’autrepensionnairedeWhalenHousealors
quenousentronsdanslacuisine.MiaMorganestassisedevantl’îlotcentral,tenantdanssesdoigtsmenusunetassedecafébrûlant,
commesielleseprélassaitdevantunfeudecheminée.Sescheveuxnoirstombentencascadesursesépaulesenveloppéesd’unplaidencrochetenguisedechâle.—Alors,commeça,noshommessontsortisbraver lesélémentspourque toutsoitprêtpour la
longue nuit qui nous attend, dit-elle d’une voix rêveuse, nous laissant seules toutes les trois à lesattendreenfaisantcequenouspouvons.Parquoifaut-ilcommencer?—Noshommes?répété-jeenhaussantunsourcil.
Lesourireextatiquedisparaîtetellerougit,gênée.—Oh,excusez-moi,jevoulaissimplementdireque…Ellen’achèvepas,etcen’estpasnécessaire.Jesaiscequ’elleveutdire.Elleessaiesimplementde
fairesonintéressante,cequipeutmarcheravecn’importequid’autre,maispasmoi.Etunechoseestsûre,«nos»hommesnesontpaslesnôtres.Cesontmonpère,monmeilleuramietmon…ehbien,peuimportecequ’estShaw,maisilestàmoi.C’estdumoinscequeditmonbas-ventre.Etilsfonttouspartiedemonhistoire.Unehistoirequidevientmouvementée,auproprecommeaufiguré.Meshommessontsortissurunemercapricieusedansdesconditionsdangereusesetjeveuxqu’ilsrentrenttoussainsetsaufsàlamaisonavantquelesélémentssedéchaînent.MissMiaMorganabesoinderedescendresurterre.Nousnesommespasdansunromanàl’eaude
rose.WhalenHousen’estpasunbungalowdansleVermont.Iln’yapasdefeudecheminéedevantlequelsepelotonner,nousnenousbarricadonspaspouréviteruneromantiquetempêtedeneige,etellenevapasseblottirtoutenueavecCaseysousunecouverturepourseréchauffer.C’estseulementquandmamanmedonneuncoupdecoudedanslescôtesquejemerendscompte
quejefoudroieMiaduregardcommepourladéfierd’oserrajouterunseulmot.EncorequeMianemeregardepas.Elleabaissélatêted’unairsoumisetfixesatassedecafécommesidescrevettesétaiententraind’yfaireunballet.Jemeraclelagorgeetdétendsmesmusclesprêtsàl’attaque.Maisqu’est-cequim’apris?—Non,jesuisdésolée,cen’estpascequejevoulaisdire.(Jemenseffrontémentcommeunevraie
pro.JecroisqueShawdéteintsurmoi.)Jem’inquiètesimplementpoureux.Mamanmeprendgentimentlamain.—Toutirabien,Cass.Nous,enrevanche,ilfautquenousnousmettionsautravail.
Shaw
ÀDetroit,lesseulsàêtreréveillésà4heuresdumatinsontlesvoleurs,lesmeurtriers,lesvioleurs,lesprostituées, lesdrogués et lespoliciersquiontpour tâchede les surveiller.Tous ceshorriblesindividusprospèrentlanuitetjusqu’àl’aube.ÀStonington,iln’yaquelespêcheursetlesdockersquisontdesortie.Etilsnesontpasmoinseffrayants.QuandDuffetmoiarrivons,noustrouvonsCaseyquinousattendsurlajetée.Cecrétinfaitexprès
denousdirequ’ilestlàdepuisunboutdetemps,maisDuffluiexpliquequenousavonseuquelquespetitsproblèmesd’habillementcematin,ayantdûnousmettreàdeuxpourquejepuisseenfilersonsurpantalonencaoutchouc,sonjeanetsachemiseélimésdeuxfoistropgrandspourmoi.J’étaisloind’avoirapportéunetenuecomplètepourchalutier.QuantàCasey,ils’estapparemmentdéjàoccupéd’arrimersonbateauenprévisiondelatempêteetilseproposepouraiderDuffàenfaireautant.Celaaurait été bien d’être au courant avant de revêtir tout cet accoutrement, mais je crois que Duffm’auraitquandmêmeemmené.JelefaispourCassidy,etparcequecelaal’airtrèsimportant.Jen’aijamaisvudeprèsunetempêtetropicale.Jenesavaismêmepasquecesfichusmachinsremontaientaussi loinaunord.Maisjeveuxbiendonneruncoupdemaindanslamesuredemescapacités.Entoutcas,ceserasûrementuneaventurequejen’oublieraipasdesitôt.
Ilfaitsombre,froidethumide,lamerestdeplusenplusagitéeetjemanquedeglisserdixfoisenessayantdedescendrel’échelledecoupée.Ilnemanqueraitplusquejetombeetquejemefendelecrâne,etquecelam’arriveenplusdevantlepèredeCassidyetsonex-petitcopainseraitencoreplushumiliant.Nevousméprenezpas:jesuisundur,maisundurdelarue,alorsquecesdeux-làsontdesmarins.
Jemesuisbattucontredesvoyous.EuxsebattentcontreMèreNature.Donc,danslesfaits,cesontdesmauviettes,parcequelesvraisdursnes’attaqueraientpasàunefemme.Unefoisquenousavonschargénotrematériel–etjeseraisincapabledevousdirecommenttout
cela s’appelle –,Duff semet à la barre et lemoteur démarre en rugissant.Malgré le grondementsourd,c’estlebourdonnementdepluspetitsmoteursquifilentànoscôtésquejeremarqueleplus.—Pourquoilesautressontdansdesbateauxpluspetits?JeregretteaussitôtlaquestionenvoyantqueCaseymeregardecommesij’étaisidiot.Jemecrispe
unpeu,carjedétestequ’onmeprennepourundemeuré.—Vousvoulezparlerdesyoles?Oui,bon,commentvoulez-vousquejeconnaisseletermetechnique?—Leursbateaux,ce sontceuxqui sontancrésdans labaie. Ils font l’aller-retourenyole,parce
qu’ilsnepeuventpass’amarrerauport.—Pourquoi?—Parcequeceprivilègeestréservéauxdescendants.—Lesdescendants?C’est-à-dire?Àunmoment, je commence à posermes questionsmoins par simple curiosité quepour agacer
Casey.Etçamarche.Ilprendlamouche.— Les descendants, ce sont les membres des plus anciennes familles, ceux qui pêchent depuis
longtemps. Le quai où ils s’amarrent leur est réservé. Duff est un descendant.Mon père aussi. Etquandilprendrasaretraite,ceseramoiledescendant.—Alors,votrebateauestàl’ancredanslabaieaussi?J’auraismieuxfaitdenepasposerlaquestion.Iltendlebrasversunbateaud’unblancéclatantavecdeslignesbleues.—Oui,ilestjustelà.LenomÉtoile filante estélégammentcalligraphiésur lapoupe. Jemecrispeencoreplusenme
rappelantuneétoilefilanteidentiquetracéesurlahanchedeCassidyaveclenomdecetabrutiinscritdessous.Cedoitêtrel’équivalentdestatouagesjumeaux,chezeux.—Bellebête,non?demandeCasey.Jenepeuxquehocherlatête,car,oui,Cassidyestbelle,effectivement.—C’estlemomentdesemettreenroute,lesgars,nouscrieDuffdepuislabarre.Letempschange
plusvitequeprévu.Fautpasqu’onselaisseprendreaupiège.Caseysautedesonperchoirettiresurl’amarreàlaproue.—Vousêtesprêt?demande-t-ilendésignantlapoupe.Jenelesuispasdutout,maispasquestiondel’avouer.Jevaistirerladeuxièmeamarre.
—Biensûr.Çanedoitpasêtresiterrible,non?réponds-jeenhaussantlesépaules.Ilnes’agitjamaisquedetirerunecorde.J’entendsCaseyetDuffglousserdansmondos.—Jepensequevousallezvousrendrecompteparvous-mêmedecequecelafait.Lebateaus’élancebrutalementetjemanquedeperdrel’équilibreunefoisdeplus,alorsqueCasey
estrestésansbroncheràlaprouedanssaposedecapitaineMorgan.Dansquoimesuis-jeencorefourré?
11
Shaw
Cequiétaitencorehierunocéantoutbleuestdevenud’unnoircharbonneuxquedesvaguesauxcrêtesblanchesdéchirentirrégulièrement.Lesbouéestressautentetpenchentparfoistellementquejeme dis qu’elles ne se redresseront jamais. Les nuages qui se sont lentement accumulés sontmaintenantau-dessusdenous,cachantlesoleiletnousplongeantdansl’obscurité.JedoisavouerquejesuisintimidéparlapuissancebrutaledeMèreNature.À une demi-douzaine de milles de la pointe d’Isle au Haut, Duff lutte contre un courant
particulièrement violent. Même moi, je peux voir le savoir-faire nécessaire pour manœuvrer cebateau,etiln’enmanquepas.Ilvaavoirdroitàmonrespectéternel.Caseyavaitditquejemerendraiscompte«parmoi-mêmedecequecelafait»etjenesuispas
déçu.J’ai travaillédur toutemavie, j’enaibavéchaqueminuteetchaque jourdansmonboulot,mais
seulementpsychologiquement.Là?C’estdutravailphysiquepur.SeptcentscasiersenacieràhisseràborddubateaudeDuff.Septcentspiègesremplisd’eauetlestésquiexigentdanslesbiceps,ledosetles épaules la force et lesmuscles d’un championolympiqued’haltérophilie. Je ne connais pas depommade ou de liniment qui pourront soulager la douleur que je ressens partout, mais je medébrouillebienpourlecacher.Enfin,jecrois.Nous sommes accablés par le vent et la pluie.Une pluie glacée qui vous transperce et qui vous
fouetteàenlaisserdesmarquessurlapeau.Etétantdonnéquelebateauestsecouédanstouslessenscommeuncanarddanslebaind’ungossesurexcité,jepeuxajouteràcelaunmaldemercarabiné.Etbiensûr,Caseyl’aremarqué.—Vousavezl’airunpetitpeuvertsurlesbords,monvieux.Vousferiezbiendevousasseoir,dit-il
pendantqueDuffmanœuvrehabilementjusqu’àl’emplacementsuivant.Ledernier,Dieumerci.Jeredresselesépaulesetj’afficheunmasquestoïque.J’ail’habituded’enporterunlaplupartdu
temps.Cettefois-ci,ilfautsimplementquej’aillelechercheraufonddemonsacàmalice.J’aibeauavoir peur pourma vie, pas question de laisser Casey s’imaginer que je ne peux pas affronter lamêmechosequelui.Iln’apasencoretranspirénimontrélemoindresignedefatigueetilsetientsurcebateausecouéentoussenscommeuncow-boydressantunchevalsauvage.Jenepeuxmeconsolerqu’enconstatantqu’ilestaussitrempéquemoi.Maiscelaluivamieux,celadit.
Jeledéteste.Jeréprimemonenviederépandremestripessurtoutlepontetluifaislesouriredontjegratifie
toutclientpotentiel.Celuiquiassuredemonaplombetdemonaudace.Ilnemebattrapas.Personnenemebatjamais.SaufqueCassidym’adéjàbattu,danslesfaits,maisjesuissortivictorieuxaufinal.—ShawMatthewsnesedéfilejamais,dis-je.— Cassidy avait raison vous concernant, sourit-il en secouant la tête. Vous êtes vraiment
égocentrique.—Ellevousaditça?—Ellemedittout.Sonexpressionestlourdedesous-entendus,maisjedoutequ’elleluiaitditquejel’avaissautéeen
maintesoccasions.Jemedemandes’ilferaitautantlemalins’ilétaitaucourant.—Maismêmesiellen’avaitriendit,jem’enseraisrenducomptedèsl’instantoùvousavezparlé
devousàlatroisièmepersonne.Lebateaus’arrêtedevantl’emplacementsuivantetCaseyetmoiallonshisserlescasiers.Plusvite
ilsserontàbord,plusvitenouspourronsrentreràterreetc’estmonobjectifdumoment.Jedoissûrementavoirl’aird’univrognequierredanslaruequandjetraverselepont,maisj’ai
renoncéàmarcherdroitetjeconsidèrequ’atteindrel’autrecôtésansm’étalerlesquatrefersenl’airestunexploitpersonnel.—Jenevoisriendemalàavoirunehauteopiniondesoi-même.Ilsetrouvequejemeconsidère
commeuntypeplutôtgénial.—Vousêtesbienleseul.Ilattrapelefilinetletireàluiavantdel’accrocheràlagrue.—C’estcensévouloirdirequoi,ça?Caseyagrippelepremiercasierets’interromptpourmeregarder.—Pourquoivousêteslà,aufait?—Pourlamêmeraisonquevous,réponds-jeavecdésinvolture.J’aideDuff.—Non, pas là, sur le bateau. Là, à Stonington. Et vous n’avez pas gagné le droit d’appeler cet
hommeparsonprénom,alorsabstenez-vous.Ayezunpeuderespect.Waouh!C’estlegenredesortiequimefoutenrogne.Jeregardeducôtéde«Mr.Whalen»pour
voir sa réaction etm’excuser, sauf que je le trouve en train de tenir la barre, l’air perdudans sespensées. Mais Casey m’a demandé autre chose, il m’a posé une question dont je n’entrevois laréponsequemaintenant.—Jesuislàparcequejenepouvaispaslalaissers’enfuir.MesparolesmechoquenttoutautantqueCasey,apparemment.—SiCassfuyaitquelquechose,c’étaitvous.Maisnevoussurestimezpas.Lavérité,c’estqu’elle
couraitretrouverquelquechose.—Vouscroyezquevouslaconnaissezsibienqueça,hein?Ilhausseunsourcil.—Vouscroyezquevouslaconnaissezneserait-cequ’unpeu,vous?Cassetmoi,onestdesamis
d’enfanceetdesamoursd’adolescence.Jelaconnaismieuxquepersonne.
—Ahbon?Ehbien,vousn’auriezpasremarquéquecelal’agacequevouspassiezautantdetempsavecMia?Parcequemoi,oui.Casey hisse brutalement le dernier casier sur le pont et se redresse, crispé et tendu. L’attitude
défensiveclassique.—Maispourquivousvousprenez,merde?—Pourceluiquifaitattention.Vousdevriezessayer,detempsentemps.Çaasesavantages.Peut-êtrequej’enaitropdit,maisjem’enfiche.Jenecessederevoirledésespoirquej’ailudans
lesyeuxdeCassidyhiersoiretdemerappelercommentelles’estcramponnéeàmoi.Et toutcelaaprèsl’avoirvuelecœurbrisé,parcequ’elleavaitaperçucetypeavecuneautrefemme,cetypeenquielleavaittantconfiance.—Cassidyvousdétesteetlesujetestclos.Retournezauboulot.Casey empoigne le casier suivant et le fait glisser dansma direction. Sans prêter attention à la
douleurcuisantequej’éprouvedanstousmesmuscles,jelesoulèvecommes’ilnepesaitriendutoutetjel’empilesurlesautres.—Peut-êtrequevousavezraison.Peut-êtrequ’ellemedéteste,effectivement.Maisvoussavezce
qu’on dit. La frontière estmince entre la haine et l’amour. Sauf que dans ce cas, il faudrait plutôtparlerdedésir.Jemetournepourluidécochermoncélèbresouriresarcastique,saufquejesuisaccueilliparun
sacrécoupdepoingenpleine face.Pasmoyendemeprépareràquelquechoseque jen’aipasvuvenir,maisàquoij’auraisdûm’attendre.Ilmefaitl’effetd’uneboulededémolitiondansunbâtimenten briques, mais en plus rapide. Une douleur fulgurante irradie aussitôt ma mâchoire et je medemande si elle n’a pas été déboîtée.Qu’est-ce qu’ils ont tous ces gens avec leur propension à laviolence ?ÀDetroit, jem’attendais à ce genre de choses.Mais dans une petite ville de pêcheurs,nettementmoins.Duffbrailledepuislabarrequelquechosequejenedistinguepastantmonoreillebourdonne,mais
celan’a aucune importance.Là, je vois rouge et la colèrebouillonnedansmesveines.Retrouvantmonéquilibre,jebalanceundirectàCasey.Ilesquive,maisj’enchaîneaussitôtavecunuppercutaumentonquileprojetteenarrière.Le bateau penche de côté. Surtout, rester debout. Si j’ai appris quelque chose dans les rues de
Detroit,c’estqu’ilnefautjamaislaisservotreadversairevousfairetomber.Maistoutseliguecontremoi:lamétéo,l’océan,leponttrempéetlesintentionsdeCasey.Ilseprécipitesurmoietmeplaqueau sol.Nous nous étalons tous les deux contre les casiers à homards que j’avaisméticuleusementempilés.L’undescoinsenaciers’enfoncecruellementdansmondos,cequin’arrangerien.Fatiguédetoutescesconneries,j’empoigneCaseyparlecoldesonstupidesuroîtetjelerepousse
detoutesmesforces.Celamedonneassezdetempspourmerelever,maisdansmoneffort,l’undescasiersmecognelecrâne.CelaasuffiàCaseypourseressaisiretreveniràlacharge.Jemeprépareàl’impact,conscientque,cettefois,jevaisfinirlesoufflecoupé,maisilm’estimpossibledeprévoircequivam’arriver.Alorsque j’étais fermementcampésurmespieds, la seconded’après, jeme retrouveàboire la
tasse. J’ai été projeté par-dessus bord et l’océanm’engloutit. Instinctivement, je réagis et remonte,prenantune longuegouléed’airàpeineai-je refait surface.Aumême instant, jevoisunemurailled’eau qui se dresse devantmoi. Elle s’écrase surmoi avec une telle force que jeme retrouve denouveausousl’eau.Jemedébatsdeplusbelle,sanstropsavoirdansquelledirectionestlehaut,maisbien décidé à le trouver. À force de m’agiter, je finis par ressortir de l’eau et reprendre ma
respiration.Jenedevraispasmedonner tantdepeine.Lamer joueauchatetà lasourisavecmoi.Profitant
d’unmoment de répit, je me retourne en tous sens, cherchant le bateau de Duff du regard. Il esttoujourslà,maisj’aiétéentraînétrèsloin.—Ici!hurlé-je.Enfin,jecroisquejehurle.Étantdonnélaquantitéd’eausaléequej’aiavalée,j’ailavoixéraillée
etlagorgeàvif.Et c’est alors qu’une autrevagueme submerge.Celle-là est encoreplusgrosse, plusviolente et
décidéeàmefairepasserparlefond.Medébattantentoussens,j’essaiedereprendreunpeud’air.Toutestsombre.Jenevoispluslalumièredelasurfaceetj’ailespoumonsenfeu.Maispasmoyende respirer. Car ce serait signer mon arrêt demort. Et une chose est sûre :Mère Nature n’a pasl’intentiondemelâcher.Arriveunmomentoùjesuistropépuisépourbougerlesbras.Jenesaismêmepassijelesagite
danslebonsens,detoutefaçon.Ensuite,cesontmesjambesquim’abandonnent.Toutcommenceàdevenirflouet jemerendsbrusquementcomptequec’estainsiqueShawMatthewsvamourir.J’aisurvécuàSevenMileetàuneexistenceoùlesobstaclessesontaccumuléscontremoi,toutcelapoursuccomberdevantuneforceàlaquelleonnepeutrésister.Finalement,jepeuxêtrebattu.Etc’estlecas.Je laisse échapper le souffle que je retenais, je renonce et je lâche prise. C’est étrange comme
l’océanestcalmesousletumultedelasurface.Ceseraunpaisiblerepospourmadépouille.Etj’aipresquel’impressionqu’ilmeprenddanssesbrasalorsquejesombre.
Casey
J’auraisdûlelaissersenoyer.Vraiment,j’auraisdû.J’yaisongé,j’aimêmepenséàl’explicationquejedonneraisàCassidyetauxautorités.«Oh,zut!Ilesttombépar-dessusbordetiln’yatoutbonnementpaseumoyendelerécupérer.
Quellepertetragique.»Voilàcequej’auraisdit,enbaissantlatêteetenfaisantminedem’envouloird’avoirétéincapabledelesauver.Mais je suis un héros, bon sang. Depuis toujours. Dumoins, c’est comme ça que Cassidym’a
toujoursvu.Ets’ilyaunechosequinem’estjamaisarrivéeetquejenesupporteraispas,c’estdesavoirquejel’aidéçue.Parfois,c’estvraimentnuldedevoirêtreleplusfort.Mettantma vie en danger, je plonge dans cet abysse glacial et je nage dans la direction où j’ai
aperçuShawpourladernièrefois.Çan’ariend’évident.Lesélémentssontcontremoi,maisjesuisunmarinetparconséquent,unexcellentnageur.Sansoublierquejesuiscostaud.Jeplongeet,plusbas,j’aperçoislesuroîtjaunetropgrandpourlui.Avecunpeudechance,ilesttoujoursdedans,carjenevoisriend’autre.Letempsquej’arriveàlui,ilestinerte.Livide,leslèvresbleutées,ondiraituncadavrequiflotte
dansleréservoird’unlaboratoire.Jenesaisvraimentpassionpourralerameneràlui,maisentout
cas,jevaism’assurerqu’ilnesoitpasperduenmer.J’empoignesamainetjeremonteverslasurfaceenleremorquant.Seigneur,j’ailespoumonsen
feu.LepharedubateaudeDuffperce l’obscuritécomme la lumièreauboutd’un tunnel.Ce seraitréussi,sinousmourionstouslesdeuxici.Bonsang,laseulechosequej’aientête,c’estqueCassidyseraiteffondréedenousperdrel’unetl’autreaumêmemoment.Rassemblant toutesmesforces,et ilm’enfautavec lepoidsmortquereprésenteShaw, jesurgis
horsdel’eaucommeunmarsouinetjeprendsunegrandegouléed’air.Lesvaguesontencoreenflé,etilfautquejefasseattention,tandisquejenageensoutenantlatêtedeShawhorsdel’eau.Encorequecelan’aitpasgrandeimportance,carapparemment,legarsnerespireplus.Duff est penché sur le bastingage, prêt à le hisser à bord, et c’est une sale situation, car il ne
manqueraitplusquelepauvrefinisseàl’eaucommeShawetmoi.C’estunvieuxloupdemer,celadit,doncilyapeuderisquesqu’ilperdel’équilibre.—Ilestenvie?crie-t-ilpar-dessusleventetlapluie.—Jecroispas!Une fois arrivé au bateau, j’empoigne l’échelle de corde queDuff a jetée et je hisse Shaw à sa
hauteur. Je l’aide autant que je peux,mais ce n’est pas grand-chose, étant donné l’énergie que j’aidépensée rien que pour le ramener jusqu’ici. Quand Duff manque de tomber à son tour, j’ai unbrusquesursautd’adrénalineetd’unedernièrepoussée,jeparviensàfairebasculerShawsurlepont.Letempsquejesortedel’eauàmontour,Duffestdéjàentraindetenterdeleranimer.—BonDieu!s’exclame-t-il.Lecœurnebatplus!Je le laisse s’occuper du bouche-à-bouche, car il n’est pas question que j’embrasse ce connard,
maisjeluiouvresonsuroîtpourpouvoirluifaireunmassagecardiaque.Trentetentativesplustard,Duffcherchedenouveaulepouls.Rien.—Continue!hurle-t-ilenabandonnantsonposteetenretournantprendrelabarre.Merde.Jepoursuislemassagecardiaque.—Qu’est-cequetufais?Ilnerespiretoujourspas,dis-je.—Jefouslecampd’icietjenousramèneàlamaison.Maintenant,sauvesaputaindevie!Le moteur accélère et le bateau s’élance comme un hors-bord sur une vague. Je m’efforce de
maintenirShawtoutenessayantderamenercesalaudàlavie.Ravalantmafierté,jeluipincelenezetposemabouchesurlasiennepourinsufflerdel’airdanssespoumons.Jem’enfiche.Iln’yauraquemoipoursavoirquemeslèvresonttouchélessiennes.MêmesiShaws’ensort,ilnes’ensouviendrapasetj’emporteraicesecretdansmatombe.Jemebaisseetcollel’oreilleàsabouche,guettantunsouffle,maispasmoyend’entendrequoique
cesoitaveclemugissementduvent,lefracasdesvaguesetlegrondementdumoteur.Jecherchesonpoulsàtâtons,maisayantlesdoigtsgeléscommetoutlerestedemapersonne,quidoitêtreauborddel’hypothermie,jenesensriendutout.Je reprendsmonmassage cardiaque et finalement,Shawest saisi d’unequintede toux et crache
l’eauquiencombraitsespoumons.Lagorgedecepauvregarsvaluifaireunmaldechienpendantles jours suivants. Il ouvre tout grands des yeux paniqués et pendant un bref instant, je perçois saterreur.Nevoulantpasm’êtredonnétoutcemalpourlevoirs’étouffer,jeleroulesurlecôtéetlelaissetoutexpulser.Quelquesminutesplustard,ilseredresse,continuantàtousser,maisbienvivant.Je luiassèneunebonneclaqueentre lesomoplates, justepour l’aider–enfin, sionveut–,puis jem’écartepourluilaisserdelaplace.
Ilrelèvelatêteetmefoudroieduregard.—Quoi?Vousnemeremerciezpasdevousavoirsauvélavie?—Excusez-moi, répond-il, essoufflé.Merci surtoutpour le coupdepoingquim’a faitbasculer
par-dessusbord,connard.—Derien,mecontenté-jederépliqueravecunsourirenarquois.J’auraisdûlelaissersenoyer.Lemoteur commence à ralentir et jeme relève, voyant que la jetée se rapproche.Ainsi quema
mère,MiaetCassidy.Évidemment.Ellesaccourentversnous,l’airpaniquéetinquiet.Jen’aijamaisvumamèrecouriraussivite. Jene l’ai jamaisvuecourirdu tout,àvraidire.Maiscen’estpas lapremièrefoisquejevoisCassidyeffrayéeainsi.C’étaitilyalongtemps.Nousvenionsdesortirtouslesdeuxsurleparkingd’unmagasinquand
deuxapprentisdélinquants,JeremyetKennedy–commentonpeutvouloirêtreunpetitduravecunprénompareil,d’ailleurs?–m’ontbraquéavecunflinguepouruneembrouilledepêche.Ilss’étaientaventurésunpeu trop loindans lesemplacementsdema familleet je leuravaiscoupé leurs filins.Rienàfoutred’eux.Nideleurflinguedemauviette.Lequelflingueétaitpartidurantl’échauffouréeetla balle s’était logée dansmon épaule.Même blessé, j’avais filé à ces gamins une leçon qu’ils nerisquaient pas d’oublier. On se frotte pas aux descendants. Nous autres descendants, on est desdingues.Maisceregardeffrayéàlapenséedemeperdreadésormaisunautreobjet.Cassidyestpresqueen
larmesquandelleaperçoitShaw.—Oh,monDieu!Dégagezdelà!crie-t-elleauxdockersquis’efforcentdenousamarrer.Aumomentoùelles’apprêteàmontersurlebateau,Duffl’arrête.—Pasquestionqu’onsoitobligédeterepêcheraussi.Resteoùtues.—Quoi?Quiesttombéàl’eau?Shaw!Vousallezbien?Quequelqu’unappellelessecours!Ouais,mercidet’inquiéterpourmoi,Cass.Jevaisbienaussi.—Non,n’appelezpersonne!s’écrieShaw.Jevaisbien.—Vousn’avezpasl’air.Papa,ilfautqu’on…—Non,ilaraison,lacoupeDuffenarrêtantlemoteur.Çan’auraitaucunsens,detoutefaçon.Il
leur faudrait trop longtemps pour arriver ici, surtout avec la tempête qui déferle sur nous. Il fautqu’onremonteàlamaison,toutdesuite.DuffetmoiattendonsqueShawdébarque,aidédeCassidyetdemamère,puisnousleuremboîtons
le pas. Selon les instructions de Duff, les dockers se mettent en devoir d’arrimer le bateau enprévisiondelatempête,pendantquejeregardecevoleurdemèreetdepetiteamiesefaireescorterjusqu’àWhalenHouseoùilvasansaucundoutefairel’objetdetoutesleursattentions.Miaresteavecmoietessaiedeparaîtrecalmeetpleined’assurancealorsquesonregardtrahittout
autrechose.C’estcequej’apprécietantchezelle.Elleadesyeuxéblouissants,maisilssonttellementsincèresquejen’aijamaisàmedemandercequ’elleaentête.Ellefrissonneetcroiselesbraspourseréchauffercommeellepeut.Deboutsouslapluiebattante,
sescheveuxdégoulinantsetcollésauvisage,ellemedemanded’unetoutepetitevoix:—Casey?Toutvabien?Enfin,quelqu’unmontreunpeudecompassionetsesoucieduhérosdélaissé.
C’est alors que jeme comporte d’unemanière inattendue. Toujours très protecteur, cette fois àl’égardd’uneautrefemme,jepasselebrasautourdel’épauledeMiaetl’attirecontremoi.Jen’aipasbeaucoupdechaleuràluioffrir,maisellepeutprendretoutcequej’ai.—Çava.Rentronsàl’abri.
12
Cassidy
J’aifaitlescentpasdanslamaisonenallantd’unefenêtreàl’autre,guettantlebateaudemonpère.L’ouraganAylaestdéjàdéchaînéetpasseencatégorie2enunriendetemps.AbbyetThomassontvenusnous tenircompagnie,carnosdeuxfamillesfont toujours toutdeconcert.Etsinousdevonsmourir,ceseraensembleaussi.JemeretiensdehurleràThomasquec’étaitàluid’alleraidersonfilsetmonpère,carjesaisqu’il
était occupé à sécuriser leurmaison avant de venir et qu’il n’aurait doncpas pu leur prêtermain-forte,mêmes’ilavaitvoulu.Etl’envienedevaitpasluienmanquer.MamanetAbbysesontactivéesencuisineetm’ontchassée,carjelesagaçaisàtournerenronden
me tordant les mains. Mia a eu le droit de rester, en revanche, car elle a « tellement envied’apprendre»et«saprésenceestunplaisir».Jecroisquejelesaifoudroyéesduregardensortant.Jen’aipasbesoind’apprendreàcuisiner.J’aipeut-êtrepassébeaucoupdetempsdansmonenfancesurlesquais,maisquandjen’yétaispas,j’étaisdanslacuisineavecmaman.Elleytenait.Peuimporte.Jesuiscontented’avoirletempsdescruterleport,mêmesic’estseulementdepuisla
fenêtredusalon.Lecielestdeplusenplusnoiràchaquesecondequipasseet lapremièreaverseadéjàatteint le
rivage.Maislepire,c’estlevent.Monimaginations’emballeetjevoisdéjàlebateauchavirerousebriserendeuxavantd’êtreenglouti.Etl’eau…legolfeduMaineestabsolumentglacialauprintemps.Peuimportequeleprésentateurmétéoaitditquelatempératureétaitélevéepourlasaison,celanechangerienpourl’océan.Jesuissoulagéequandj’aperçoisenfin lebateaudemonpèrepar-delà lesrues inondées.Plus il
approche,plusjemeconvaincsquequelquechosecloche.Jemeprécipitedenouveauaunid-de-pie,sansprêterattentionàmamanquimecriederalentirsouspeinedemeromprelecou,commeellelefaisaitquandj’étaispetite.Unefoisenhaut,jereprendslesjumellesetjeconstatequejenemesuispas trompée. Shaw est allongé sur le pont etCasey est penché sur lui. Sans réfléchir un instant jedévalelesescaliers.MaisAbbymebarrelecheminunefoisquejesuisarrivéeenbas.—Oùcrois-tualler?Ilyaunouragandehors,tuasoublié?
—Désolée,Abby,dis-je en labousculantpourouvrir laporte.Tupourrasmecrierdessusplustard,maisilssontenmeretquelquechosecloche.—Quelquechosecloche?(Jen’aipasl’intentiondelapaniquer,maisjen’aipasle tempsdela
rassurer,surtoutquejenelesuisguèremoi-même.)Jeviensavectoi.—Moiaussi,ditMiaensurgissantdelacuisine,d’oùellenousépiaitsûrement.Peu importe. Jeme fiche bien d’elle, en cemoment. Je sais que je devrais convaincreAbby de
rester,maisjen’aiqu’uneidéeentête:retrouverShaw.Jem’élance.Aussivitequejepeux,sautantpar-dessuslesflaquesetlesobstacles,sansprêterattentionàlapluieetauvent.Jenevoisquemonobjectif,lebateaudemonpèreetsespassagers.L’und’euxenparticulier.J’aiunpincementdecœurquandj’arriveaubateauetquejevoislapâleurdeShaw.Seslèvressont
décolorées,ilfrissonne,ilauneentailleaufrontetlamâchoireunpeutuméfiée.J’essaiedem’approcherdelui,maispapanel’entendpasdecetteoreille.Enplus,pasmoyendeles
convaincre d’appeler une ambulance, mais mon père a une bonne raison pour cela. Je suissimplement heureuse que tout lemonde soit sain et sauf et revenu à bonport.Et je ne désire plusqu’unechose:ramenerShawàlamaisonetvérifierparmoi-mêmesitoutvabien.Abby est évidemment de la partie. Ellem’aide à ramener Shaw qui ne répond à aucune de nos
questions.—Ilnes’estrienpassé.Jevousexpliqueraiplustard,dit-ilcommesicen’étaitriendutout.Jesuis
geléetjeveuxjusterentrer.Monpèrearéussiànousrattraper,étantdonnéquenousmarchonslentementpourménagerShaw.
Ilmontelarampejusqu’àl’entrée,oùThomasestentraindevérifierlesvolets.JetienslaportepourAbbyetShaw,maismonpèrem’arrêtealorsquejem’apprêteàlessuivre.—Cass,occupe-toidecalfeutrerlesfenêtres,dit-ilenmedésignantl’autrecôtédelamaison.—Maispapa,Shaw…—Tout irabien,mecoupe-t-il.Abbys’occupede lui.Nousn’avonsplusbeaucoupde temps.Va
fairecequejet’aidit,ajoute-t-ild’untonsansréplique.—Attends,oùestmaman?demandé-jeàThomas,quiestoccupéàfermerunvoletenpoussantle
loquetd’uncoupdepaume.—Occupéeàcequ’ellesaitfairelemieux:setordrelesmainsetsefaireunsangd’encretouten
restantcolléedevantlesinfosennousdonnantdeminuteenminutedesnouvellesdelamétéo,commesionnesavaitpasquec’estunefoutuetempête.Et il reste une dernière personne dont je dois m’inquiéter, même si, à ce que je vois, ce n’est
vraimentpaslapeine.CaseyetMiaarriventàleurtour,Miablottiecontrelui.Etcen’estpaspourlesoutenir.Peut-êtreque jeme suis trompée.Peut-êtrequemonauteurde romansà l’eaude rosevafinirparl’obtenir,enfindecompte,soncâlinsousunecouvertureavecmonCaseydevantunfeudecheminée.Je claque un volet en les regardant d’un œil noir quand ils arrivent sur la véranda. Casey le
remarqueets’écartebrusquementdeMiaavecunairnavré.Iladebonnesraisonsd’êtredésolé.Pasàcause de Mia, mais pour Shaw. Parce que je parierais jusqu’à mon dernier sou que c’est lui leresponsabledecesblessures.Ducoup,quandilseprécipitepourm’aideràfermerlesautresvolets,jel’arrêted’ungeste.—Jemedébrouilletrèsbientouteseule.
Ils’arrête,manifestementchoquéquejenelelaissepasjouerleshérosavecmoicettefois-ci.—Laisse-moit’aider,Cass.—Jet’aiditquej’yarrivaistrèsbientouteseule.Contente-toiderentreravectatrèschèreamie.
(Là, jefaismouche.Surlesdeux.CaseyetMia.Et jen’ensuispasmécontente.)Jem’occuperaidevousplustard.—Trèsbien,répond-ilsansinsister.Faiscommetuveux.—Commetoujours,marmonné-jeenmeremettantautravail.Je ne me rappelais plus que la maison comportait autant de fenêtres. Cela dit, je me demande
comment j’ai pu l’oublier, étant donné que leur nettoyage était l’une de mes corvées mensuellesquandj’étaispetite.Cen’estpasgrave.Jevaisprofiterdecetempspourmecalmer,maiscelanedurepas,carmonpère,nesupportantpasdevoirsapetitefilledehorsparce tempsdechien,meditderentrer.Jesautesurl’occasion,impatientedevoircommentseporteShawetd’apprendreenfincequis’estpassé.En arrivant, je le trouve en pleine conversation avecAbby. Il a ôté ses vêtements trempés et est
enveloppédansunecouverturethermique.Commejeneveuxpaslesinterrompre,jen’entrepasetlesécoutedepuislecouloir.—Jesaisquecelanemeregardepas,maisl’expressionquej’ailuesurlevisagedeCassidyquand
ellel’avuavecuneautrefemmeaupique-nique…Illuiavraimentfaitdelapeine.Qu’ellel’avoueoupas.—Etellenerisquepas,répondAbby.—Jenesaispaspourquoicelam’aautanttroublé.—Ehbien,peut-êtrequevousapprécieznotrepetiteCassidyplusquevousnelepensiez,ditAbby
enimbibantd’alcoolunmorceaudecoton.—Franchement,jel’aitoujoursappréciée.Admirée,même.Elleestbelleetintelligenteetelleade
l’humour.(Brusquement,ilsetaitcommes’ilserendaitcomptequ’ilenatropdit.)Siellesavaitquejevousaiconfiécela,elletrouveraitlemoyendel’utilisercontremoi.—Votresecretnerisquerienavecmoi,souritAbby.Maintenant,nebougezpas,celavapiquerun
peu.Shawtressailleetsiffleentresesdentsquandelletamponnelablessure.Quelbébé.— Désolé, mon petit. Cela vous rappelle sûrement l’époque où votre mère vous soignait vos
bobos,hein?Onpourraitcroirequeçapiquemoinsavecl’âge,maisnon.—Non,çanemerappellerien.Lafemmequim’adonnénaissancen’étaitpasvraimentunemère,
voussavez.Sinousavionseuunearmoireàpharmacie,ellem’auraitditdemedébrouillertoutseul.Ilabeauglousser,onsentbienquelesouvenirestdouloureuxpourShaw.J’aienviedeleprendredansmesbras.Etaussid’ajoutersasaletédemèreàlalistedesgensque
j’aimeraisbaffer.Abbyreposesoncotonets’assiedsurletabouretfaceàlui.—Ungarçonabesoind’unemère,monpetit.Jen’arrivepasàimaginerqu’unefemmenepuisse
pasavoirenviedevousavoircommefils,mais ilyenacertainesquinesontpasfaitespourcela.Heureusementpourvous,j’aiénormémentd’amouretd’attentionàoffrir.Alors,sijevousadoptaisofficieusement?Shawad’abordl’airabasourdi,puisilprendl’expressiond’unenfantémerveillé.
—Jecroisqueçameplairaitbeaucoup,dit-ilavecunechaleurdanslavoixquej’entendspourlapremièrefois.Abbyadroit à l’étreinteque j’aurais voulu lui offrir,mais je ne suismêmepas jalouse. Je suis
heureusequ’elles’occupede lui.Mais jenesaispas tropcommentCaseyvaprendrecelaquand ill’apprendra.—Waouh!s’exclameShawunefoisqu’ellel’alâché.Lecoupentraîtrequem’aflanquévotrefils
envalaitlapeine.—Ilvousafaitça?nousécrions-nousenchœur,Abbyetmoi.ShawetAbbyseretournentets’aperçoiventdemaprésence.JedoisressembleràCarriedurantle
baldulycée,mapeaud’Irlandaiseécarlatecommedusangdecochontellementjesuisfurieuse.Uncoup en traître ? Ce n’est pas comme ça qu’on se bat, ici. On affronte nos adversaires et on lesprévient de cequi les attend, parceque c’est la seulemanièredeprocéder. Je suis scandaliséequeCasey,plusqu’aucunautre,aitfaituncouppareil.Etilvadevoirsubirmacolère.—Calme-toi,Cassidy,ditAbby,conscientedecequirisqued’arriver.—Abby,n’essaiemêmepasdeledéfendre,lapréviens-je.—Jen’ysongeaispas.Jeveuxjustequetutecalmes.Toutlemondeestsainetsaufetc’estleplus
important.—Ahbon?Toutlemondevabien?Shawabasculépar-dessusbord!—Cen’estpasàcauseducoupentraître,répond-il,dédouanantainsiCasey.— Non ? demandé-je, une main sur la hanche. Et si vous me racontiez comment c’est arrivé,
alors?Shaws’apprêteàrépondre,puisilseravise.—Peu importe.Ce qui compte c’est que je sacheme débrouiller tout seul,Cassidy. Je n’ai pas
besoinquevouspreniezmadéfense.—Si,çaimporte.Etsivousnemeleditespas,j’iraisimplementposerlaquestionàCasey,dis-je
entournantlestalonspourallertrouvercegranddadais.—Cassidy!crie-t-ilenselevantd’unbond.—Laissez-lafaire,entends-jeAbbyluidireenmontantl’escalier.Écoutezvotremère,pourcette
fois,monpetit.Oui,Shaw,écoutezvotremère.MalgrémacolèrecontreCasey,Shawm’attendrit.JesaistrèsbienoùCaseysetrouveetjenemesuispastrompée.Maisjesuissurprisedevoirqu’il
n’est pas seul dans notre nid-de-pie. J’ai la réponse à la question que jeme posais tout à l’heure.Caseyestvenuiciavecd’autresfemmes.Celamemetenfureurqu’ilaitprofanécelieuquiétaitsacrépournous.Ilestànous,cenid-de-pie,pasàluietàMia.Pourtant,enouvrantlaportedel’escalierquimènelà-haut,j’entendsdistinctementlavoixdelaromancière.Caseyaduculot.Nousallonsvoirs’ilenauraencoreunefoisque j’enaurai finiavec lui.Mais
avant,jetendsl’oreille.Mial’abienfaittoutàl’heure,pourquoijemegênerais?—Vousêtestoujoursamoureuxd’elle,est-elleentraindeluidire.C’esttoutàfaitnormalquevous
soyezbouleverséparlasituation.—Jemesuismisencolère. Jen’auraispasdû. Je jureque jen’avaispas l’intentionde le faire
tomberàl’eau.
—Mais c’est vous qui l’avez secouru,Casey.Vous avez risqué votre vie pour sauver la sienne.Celafaitdevouslehéros,pasleméchant.Jel’imagineentraindebattredesfauxcilsdevantlui.Bon,d’accord,jenepeuxpasprouverqu’ils
sontfaux.Maisilslesontforcément.Etdansuncascommedansl’autre,cespectaclem’écœure.ElleestsûrementconvaincuedejouerlesLoisLaneavecsonSuperman.—Elleneleverrapascommeça,enrevanche.Cen’estqu’unequestiondesecondesavantqu’elle
rappliqueicietqu’ellem’encolleune.—Jecroisquevousvousfaitesunemontagnedepasgrand-chose.Non,MissMorgan, pas du tout. Et vous devriez vous occuper de vos affaires avant de finir en
victimenumérodeux.—VousneconnaissezpasCassidyaussibienquemoi,plaisanteCasey.Quandelleestencolère,
houlàlà!—Ehbien,ellevouscrieradessus.Etalors?—Non,ellenecrierapas.Jepréférerais.Ellem’envoudraàmort.Je souris intérieurement enme rappelant quelques-unes de nos chamailleries quand nous étions
ados.Unefois,j’avaispassétoutunmoisàluirépondreuniquementparmonosyllabesetsansjamaisleregarder.Toutcelaparcequ’ilavaitévitémescoupsdefilpendanttouteunejournéeetquej’avaisdécouvertquec’étaitparcequ’ilavaiteuunappeldeBrittniequiluiavaitditquesavoitureétaitenpanne,quesonpèreétaitpartienmeretqu’ellenesavaitpasquiappelerd’autre.Ehbien,n’importequi,saufmonpetitami.Maiscequim’avaitrenduefurieuse,c’estqu’ilaitdécrochépourelleetpaspourmoi,etqu’ilnem’aitpasappeléeavantdesortirdechezluipourm’expliquercequisepassait.C’étaitlouchecommejamaisetpuisqu’ilnepouvaitpasmeparlerautéléphone,ehbien,jerefuseraisde lui parler tout court. Oui, j’étais allée un peu loin, mais nous étions ados, n’oublions pas. EtcommeCaseyn’avaitjamaisrecommencé,jediraiquecelaluiavaitservideleçon.—Oh.Lecoupdusilence,encore?demandeMia.Quoi?elleestaucourant?Bonsang,maisilluiadonnétouslesdétailsdenotrevie?—Exactement,répondCasey.Detouteévidence,c’estlaréponseàsaquestionmaisaussiàlamienne.—Ehbien,sij’étaiselle…commenceMia.(Ha!Tuaimeraisbien,hein!)Jevoudraisquevousme
disiezlavéritésurcequis’estpassé,cequivousamisencolère.Elleabesoindesavoircequevouséprouvez.Etsiellen’éprouvepaslamêmechose,aumoinsvouslesaurezetvouspourrezfinalementtournerlapage.Apparemment,écriredesromansà l’eauderose larendcompétentepourfairede la thérapiede
couple.Maisbiensûr.Celasembleêtreunmomentpaspirequ’unautrepourm’enmêler.Jefaisconnaîtremaprésence
enmontantbruyammentlesmarches.CaseyetMiasetaisent,etquandj’arriveenhaut,jelestrouveentraindemefixer.Ehbien,s’ilsnesontpasmignonscommetout,assisl’unàcôtédel’autre,genoucontregenouet
lesjambescroisées?Aumoins,ilsnesontpastoutnus,mêmesijemedemandes’ilssesontchangésensembleunefoisrevenusavecleursvêtementstrempés.Lalanternealluméeéclaired’unelueurromantiquelesdeuxtourtereaux.Ceserait ledécor idéal
pourl’unedesscènesd’amoursirupeusesdeMias’iln’yavaitlevacarmeépouvantabledelapluie
quicriblelesvitresetduventquimugitetsecouelesmontantsdesfenêtres.LatempêteAyladébouleenvilleetelleestdemauvaispoil.Maiscequimepréoccupedavantage,c’estlatempêteintérieure.Cellequej’aidanslecœuretsous
moncrâne.—J’aimeraistedireunmot,déclaré-jeàCaseyencroisantlesbrassurmapoitrine.Enprivé,siça
net’ennuiepas.Etmêmesiçat’ennuie,jem’enfiche.Miapose lamainsur legenoudeCaseycommesic’était legeste leplusnatureldumonde.J’ai
enviedeladélogerd’unrevers,maisjemeretiens.—Àtoutàl’heure?luidemande-t-elle.Il hoche la tête avec un sourire rassurant. Ce n’est pas le sourire qu’il me donnait, mais il ne
ressembleàaucundessouriresquejeluiconnais.Surce,elleselèveets’apprêteàpartir,prudentemalgrétoutessessimagrées.Jenem’écartepasetjelalaissemecontourner,cequiestgrossier,maislà,jen’aipasenvied’être
polie.Puisqu’elles’estmanifestementsuffisammentdocumentéepourpouvoirécriretoutunromansurmoi, elledevrait comprendremonhumeuretnepas leprendrepour elle.Bon, jem’excuseraiplus tard. Je n’ai franchement aucune raison d’être fâchée contre elle. Je suis juste jalouse,déraisonnablement. C’est le couplet classique : « Je ne te désire plus, mais je ne veux pas quequelqu’und’autre teprenne.»Peut-êtreque leshommesont raison.Peut-êtreque les femmes sontvraimentfolles.Entoutcas,jesaisquejesuislimite,là.Caseys’estlevépourvenirmerejoindreetafourrésesmainsdanslespoches,lesépaulesbasses.
Ilalemêmeregardqueladernièrefoisquenousnoussommesditadieu.Quechaquefoisquenousnoussommesséparés.C’étaittoujourscommes’ilsedisaitquecettefois-làseraitladernière.Etbienque j’aie enviede lui hurler dessuspour cequ’il a fait àShaw, instinctivement, jeveuxm’assurerqu’ilvabien.Iln’apasdebosses,debleusnid’entaillessurlevisageouailleurs.Ilneboitepas,etilnegrimace
pasquandildoitfaireunmouvement.Ilal’aird’allerparfaitementbien.Sijeneleconnaissaispas,jediraisquerienn’estarrivé.Jeluiprendslementonentrelesdoigtsetluitournelevisaged’uncôtéetdel’autrepourêtresûre
qu’iln’avraimentaucunemarque.—Ilaréussiàt’enmettreun?Ilrecule,montrantenfinunpeudegêne.—Oui.Unsacréuppercutaumenton.Jecroismêmequejemesuisébréchéunemolaire.—Oh.Désolée,dis-jesanslepenservraiment.Tuveuxquejejetteuncoupd’œil,oubientapetite
copines’enestdéjàoccupée?Illèvelesyeuxaucieletseretourneversmoi.—Cass…—Quoi?—Cen’estpasmapetitecopine,dit-ilensedétournantetensecouantlatête.—Ahnon?Parcequevousavezl’airinséparables,jetrouve.Depuisquejesuislà,tupassestout
ton temps avec elle, alors que d’habitude c’est avec moi. Enfin, vous finissiez pratiquement vosphrasesl’unl’autreaudîner,Casey.Etensuite,elles’estprécipitéesurlequaitoutàl’heure,tellementinquiète pour son grand costaud de pêcheur qu’elle a éprouvé le besoin de te raccompagner elle-
même…blottiecontretoicommesituétaissonpetitami.—Ahoui?rétorque-t-ilenmeregardantenfindroitdanslesyeux.Qu’est-cequeçapeuttefaire?
Tutesouciaisbienplusdececonnardquedemoi!Jenesaispassic’estcequ’ilvientdemedire,maisjemefâchevraiment.—Parcequetuluiascolléuncoupdepoingentraître,Casey!Vraiment?Pourquoi?Pourquoitu
asfaituntrucpareil?(Ilessaiederépondre,maisjesuissiénervéequejenelelaissepasenplacerune.)Çanetesuffisaitpasquepapaettoil’ayezentraînéenmerenpleinetempête,ilafalluquetuailleschercherlabagarrepar-dessuslemarché!Tunet’esmêmepasbattuloyalement!—Jenevoulaispasle…essaie-t-ilànouveaudesedéfendre.—Etvousaveztouslesdeuxfiniàl’eau!Tuauraispuyrester,Casey!Shawaussi!C’étaitd’une
bêtise ! Et tout ça pour quoi ? Je sais que Shaw a une grande gueule et, crois-moi, il y a des tasd’occasionsoùj’aieuenviedeluiencolleruneenpleinefaceet,d’ailleurs,jel’aifaitunefois,maisc’étaitmérité.Maistoi?Tuvauxmieuxqueça.Tuvauxmieuxqu’uncoupentraître,CaseyMichaels.Alors,dis-moi…Qu’est-cequit’aconduitàt’abaisseràcepoint?Caseynerépondpas.Ilsecontentederesterlà,lesdentsserrées,ensecouantlatête,sansmêmeme
regarderdanslesyeux.Jesensqu’ilaenviedemedirequelquechose,maisqu’ilseretient.Etplusceladure,plusj’enrage.—Crachelemorceau!Seigneur,ilmeclouelebecd’unregardfuribard.—Trèsbien.Jet’aivue,Cassidy.Jet’aivueavecluidansleparc.Entraindebaiser.Je suis abasourdie et réduite au silence.Une grimace peinée déforme le visage deCasey et son
chagrinmetranspercelittéralement.Jesensmoncœurquisebrisepourlui.Pire,quivoleenéclats.—Oh,monDieu,Casey.Jesuistellementdésolée.J’essaiedeleprendredansmesbras,maisjem’arrêteenlevoyantreculer.—Non.Qu’est-cequej’aifait?—Jen’avaispasl’intentionde…Cettefois,c’estmoiquisuisincapabledeterminer.—Tuimaginescequeçaapumefairedesavoirquejet’aiattenduetoutcetempspourfinirparte
voiravecunautre?Jesuislà,moi!s’exclame-t-ilenponctuantchaquemotd’uncoupsursapoitrine,avecuneviolencequimefaitfrémir.J’aitoujoursétélà.Àattendre.Commeleplusgrandcrétindumonde.Je ne sais pas quoi dire. Je ne crois pas avoir jamais imaginé que Caseym’attendait. Cela dit,
commentaurais-jepunepasremarquercela?Ilatoujoursétédisponiblepourmoiquandj’appelais,il a toujours trouvé du temps quand je venais. Il n’y avait jamais d’autre femme, il ne parlait pasd’autresrelations,etnousfaisionsl’amourchaquefoisquejerevenais.JeconnaissuffisammentbienCaseypoursavoirqu’iln’auraitpasfaitcelas’ilyavaiteuquelqu’und’autredanssavie.—Jecroyaisquetu ledétestais.Tucomprendsquejesoissurpris.Commentonpeutdétesterun
mecetbaiseravecluidansunparcpourenfants?Cesontdesquestionslégitimes.Letonestagressif,maisjesaisqu’ilestsimplementblessé.—Jenesaispas,dis-jeensecouantlatête.Maisjeneledétesteplus.
—Ehbien, tantmieux, répond-ilen levant lesbrasauciel.Contentquevousayez réussiàvousentendre.J’espèrequetunet’espasprisd’échardesdurantlamédiation.Ça,cen’étaitpasnécessaire.—Casey,netecomportepasenidiot.— En idiot ? Tu n’as pas entendu ? Je t’ai attendue, Cassidy. J’ai perdu des années à attendre
quelquechosequin’étaitriendutout.Àm’attendre ?Ehbien, je suis sûrequec’estungeste romantiqueque sanouvelle amiepourra
apprécier.Peut-êtremêmequ’ellesepâmera.Maismoi?Jesuisunefillequibouge.Jen’attendsrien.Sijedésirequelquechose,vraiment,jeprendsl’initiative.J’aidoncdumalàcomprendrecequ’ilmeditalors,quesoncomportementestdiamétralementopposé.—C’estunchoixquetuasfait,Casey,luirappelé-je.TuesrestéiciàStoningtonettum’aslaissée
partiràl’autreboutdupayscommencerunenouvellevie.Loindelatienne.— Je t’ai donné ce que tu voulais, Cassidy. Comme toujours. Et je continue encore jusqu’à
aujourd’hui. Qu’est-ce que j’étais censé faire ? Te suivre à San Diego et faire l’époux qui attendsagementàlamaison?—Non.Tuétaiscensém’aimersuffisammentpourmedemanderderester.Cesparolesfranchissentmeslèvresmalgrémoi.Jenesavaismêmepasquejepensaiscela.Peut-
êtrequemalgrétousmeseffortspourêtreindépendanteetautonome,jemesuisconvaincuequesadécisionmeconviendraittoujours.—Oh,Cass…soupire-t-il.Tunecomprendspas?Jet’aimaisassezpourtelaisserpartir.—Eneffet.C’estcequetuasfait.Tum’aslaisséepartir,Casey.Et tuasattendu.(Jemarqueune
pause.)MaisShaws’estlancéàmapoursuite.Laphrasesemblefairemouche.Jem’enveuxdeleblesser,maisc’estlavérité.—Ilnet’aimepas,dit-ild’unevoixsourde,maisquej’entendstrèsbien.Moi,jet’aime.—Jesais.—Alorsqu’est-cequetuveux,maintenant?Quituveux?Jemepasselesmainssurlevisage,dépitéeparlasituation,parmoi-même,parcettequestion.—Jen’ensaisrien.Jenesaispasoùj’ensuis,encemoment.Shawestunvraiégocentrique laplupartdu temps,mais ilm’amontréune facettedifférenteces
derniers jours. Casey a toujours été l’homme que tous veulent être, foncièrement bon, et cela nechangeraprobablementpas.N’importequellefemmedansmasituationlechoisirait,maisjenesuispasn’importequellefemme.J’ai besoind’unhommequime laissevivre en toute indépendance, prendremesdécisions toute
seuleetassumermeserreurs.Etenmêmetemps,quelqu’unquisaitinstinctivementquandmesauverdemoi-même,quandinterveniretdire:«Çasuffit.Laisse-moifaire.»J’aibesoind’êtreàlabarredansmavie…endehorsdulit.Maisdanslelit,jeveuxêtredominée,dévoréeetanéantie.Maislesmursdelachambrepeuvent-ils
empêcherqueceladéteignesurmesémotionsetmaraison?Caseyestlechoixleplussûr.Maisiln’estpasShaw.—Eh bien,moi, je sais où j’en suis. Je désire lamême chose et lamême personne que depuis
toujours: toi.(Ils’approche,meprenddanssesbrasetm’attirecontresapoitrinetoutenpliantles
genouxpoursemettreàmahauteuretmeregarderdroitdanslesyeux.)Tum’asmanqué,machérie.Tonparfum,tapeau…tasaveur.Sonhaleineestchaudeetsuave,commelescookiesd’Abbyàpeinesortisdufour,dont l’arôme
appétissantmetitillelessensetmedésarçonneencoreplus.Jefermelesyeux,conquiseparcequejeconnaissibien.Puisjesensseslèvressurlesmiennes,
douces et souples, se tendre dans leurmuette supplication de lui rendre son baiser. Ce baisermemanquait.Caseymemanquait.Etbienquemonespritmesoufflequecen’estpasraisonnable,quejevaisleregretter,jecèdeetl’embrasse.Àl’instantoùmeslèvress’écartent,lapassiondeCaseyprendledessus.Ilsaisitmonvisageentre
sesmainsetletientcommes’ilavaitpeurquejeluiéchappes’ilmelâche.Jeposemesmainssurlessiennesavecl’intentiondefaireprécisémentcela,maisaulieudequoi,jelesguidejusqu’àmataille.Puis je leprendspar lecouet l’attirecontremoi, renversant la têtepour luioffrirmaboucheafinqu’ilretrouvecettesaveurquiluiatantmanqué.Etilnes’enprivepas.Noslanguess’enlacentetjefondsenlui.LesbaisersdeCaseyonttoujoursétéanimésparsapassionpourmoi,etjelasensencetinstant.Miaavujuste.Ilesttoujoursamoureuxdemoi.Etd’aprèscequejesensdurciretsecollercontremonventre,ilmedésireencoreaussi.Sesmainsglissentsurmesfessesetilmesoulèvepourquej’enroulelesjambessurseshanches.Je
me rends, je succombeà sonbaiser, à cemondeque j’ai connuautrefois.Mondos touche lebanccapitonné et Casey s’allonge sur moi. Ses lèvres quittent ma bouche et commencent à descendre,brûlantes, le long de mon cou, tandis que sa bite dure frotte lentement et puissamment monentrejambe.—C’estcommeçaquejel’aime,souffle-t-ildansmoncou.C’estalorsquejeflippe.CesontlesparolesdeShaw,maiscen’estpassavoix.—Arrête…Casey,arrête,dis-jeenlerepoussantetenmedégageant.Caseyseredresse,maisilnes’éloignepastotalement.Ilalesoufflecourtetilestmanifestement
encoretoutexcité,cequimedonnel’impressiond’êtrelapireallumeusedumonde.Maiscequejeremarqueleplus,c’estl’expressionpeinéequicreusesonbeauvisageviril.Ondiraitquejeviensdelegifler.—Pourquoi?Qu’est-cequinevapas?—Jenepeuxpas,dis-jeensecouantlatête.Excuse-moi,maisjenepeuxpas,c’esttout.—Àcausedelui?—Non.Oui.Jeveuxdire,non.(Jemelèved’unbondengrognant,énervéeetagacéecontremoi-
même.Jerespireunboncoupet jereprends.)Jenepeuxpasparcequecen’estpasbien,Casey.Jet’aime.Çanechangerajamais.Maislamanièredontjet’aime,elle,achangé.Jeme rappelle d’une fois où j’étais avec Shaw et où j’avais l’impression de tromper Casey. À
présent, lasituationest inversée.QueShawéprouve lamêmechosepourmoioupas,peu importe.J’éprouvequelquechosepourlui.Etbienquejenesachepasvraimentcequec’est,jesaisquejevaisdevoirledécouvrir.Enattendant,cen’estpasjustedetraiterCaseycommeunepoirepourlasoif.Ilatoujoursétémon
repère ; l’unique personne toujours prête àme rattraper si je tombais. Peut-être que je lui laissaismiroiterinconsciemmentquelquechoseafinqu’ilconservecerôle,sijamaisquelquechosetournaitmal dans ma vie. Ce n’est pas juste et ce n’est pas bien. Et je refuse de lui faire vivre cela pluslongtemps.
Caseyserassoit,lesépaulesbasses.—Alors,çayest?C’estfinientrenous?—Non,çan’estpasça,Casey.Tuesmonmeilleurami.Tul’astoujoursété.Nousnesommestout
simplement pas faits pour être ensemble d’une autre manière. (Je marque une pause, pas pour lelaisserdigérerouparcequej’attendssaréaction,maisparcequ’ilyaautrechosequejedoisluidireetquej’aidumalàexprimer.Iln’estplusmonCasey.Jedoisluirendresaliberté.)Tueslibre,Casey.Vraimentlibre.Soisheureux.C’esttoutcequej’aitoujoursvoulupourtoi.—EttuvasêtreheureuseavecShaw?C’estunequestionà laquelle jenepeuxpasrépondre.Pasencore.JenesaispassiShawveutde
moi.Jenesaispassij’aienviedelui.Jenesaistoutsimplementrienpourl’instant,maisentoutcas,jeneveuxpasqueCaseycontinuedem’attendre.Jeluifaisunsourireetmepenchepourdéposerunbaisersurlajouedemonmeilleurami.Jemerendscomptealorsquec’estuniquementcegenredebaiserquenousallonsdésormaiséchanger.Jeluiessuielajoueduboutdupouceenmeredressant,puis:—Jeseraiheureusedesavoirquetuesheureux.Etjesuissincèrequandjeluidisça.
13
Cassidy
Je suis absolument épuisée, ayant émotionnellement subi desmontagnes russes toute la journée,sans oublier le stressmental lié aux décisions concernantmon avenir et la fatigue physique de lapréparation de Whalen House en prévision de l’ouragan Ayla. Malgré les mugissements et lessifflementsdelatempêtequivientd’atteindrelescôtes,jen’aiqu’uneenvie,c’estmetraînerjusqu’àmonlitetmeterrersouslescouverturesjusqu’àcequetouscesdramessoientterminés.Jeviensdeterminerdeprendremadouche;j’enfilechemisedenuitetpetiteculotteetjem’installe
confortablementparmiunemyriaded’oreillers,quandonfrappeàmaporte.Avecunsoupiragacé,jerepousse la couette, sors du lit et vais accueillir d’un pas lourd l’intrus qui s’aventure dans monrepaire.C’est Abby. Encore que cela ne me surprenne guère, à vrai dire. Avec ce fichu ouragan, c’est
normalquelesparentss’inquiètent.—TuasdelachancequecesoitmoietpasAnna,dit-elleenvoyantmonagacement.Sielleavait
pumonterenfauteuiljusqu’ici–etcrois-moi,elleaessayé–,ellet’auraitligotéeettraînéepourteramenerenbas.Cen’estpasexagéré.Mamèreenseraitcapable.—Bonsang,Abby,tupeuxluidemanderdesecalmer,s’ilteplaît?Jesuisdanslamaison,saineet
sauve.Siletoitcommenceàs’arracher,jeprometsquejedescendrai.Maispourlemoment,jeveuxjustequ’onmelaisseenpaix.—Trèsbien.Jevais fairemonpossible,dit-elle,compréhensive.Oùestmongarçon?Tuenas
laisséassezpourquejepuissel’enterrer?—Jen’aipaslevélepetitdoigtsurlui.(Enfin,si,maissansviolence.)ChercheMiaetjesuissûre
quetuletrouveras.EtShaw?Ilvabien?—Ilenavaitl’airquandjesuispasséelevoir,répond-elleenhaussantlesépaules.Encoreunpeu
ébranlé,absorbédanssespenséespeut-être,maisphysiquement,toutvabien.—Mercideceque tuas faitpour lui,Abby.Jenecroispasque tuaiesconsciencedecequeça
signifiepourlui.—J’enaiplusconsciencequetun’imagines,rétorque-t-elleavecunclind’œilenmetapotantla
joue.Vatereposer,mapetite.Jevaisveillersurlamaison.Etmetsunpantalon,aucasoùilfaudraitficherlecampenvitesse.Elletournelestalonsetjerefermelaportederrièreelle.Audiablelepantalon.Jeretourned’unpas
traînantjusqu’aulitquimefaitsignedelerejoindreetjemepelotonnesouslacouetteenessayantdemeviderl’espritetdefairevenirlesommeil.Maisplusjem’yefforce,pluslespenséesfourmillentsousmoncrâne.Ai-jepris labonnedécisionconcernantCasey?Oui,sansconteste.Laplupartdes femmesn’ont
jamaislachancedetrouverl’hommeidéal.Moi,pourlecoup,j’enaideux.Choisirentreeuxn’apasétéfacile,maisquandjeprendslapeined’analyser,jeperçoislesdifférencesentremonmeilleuramietl’outsider.TandisqueCaseym’atoujourslaisséletempsetlalatitudedefairemeschoix,Shawmemalmène.
TandisqueCaseysoutienttoutesmesdécisionssansdiscuter,Shawnemelaissepasmereposersurmes lauriers etme lancedenouveauxdéfis.AlorsqueCasey estmonplus ardent supporter,Shawm’accompagne dans ma course jusqu’à la ligne d’arrivée quand je relève ces défis. Et alors queCaseym’aaidéeàfaçonnerlafemmequejesuisdevenue,Shawm’aaidéeàcomprendrecellequejevoulaisêtre.Oui, Shaw est l’outsider, celui auquel personne ne pensait, mais qui a réussi à franchir les
éliminatoires, malgré ses états de service guère impressionnants. Maintenant que j’ai une vued’ensemble, jemerendscompteque jene joueplus lesarbitres,maisque jesuis l’équipeadverse.Sera-t-ilceluiquiremporteramoncœur?Onfrappedenouveauàmaporte,cequimemethorsdemoi.Bonsang,mamanadûse laisser
tomberde son fauteuil et clopiner jusqu’ici. Jeme lèvedenouveauet gagne laportedupas irritéd’une gamine prête à piquer sa crise.Mais quand j’ouvre, ce n’est pasmamère que je trouve.NiAbby.Je manque de tomber à la renverse en essayant de m’écarter devant Shaw qui entre dans ma
chambreentrombe.Sinotrehistoiremouvementéem’aapprisquelquechose,c’estquelorsqueShawMatthewsestdanstoussesétats,commec’estlecasencetinstant,unaffrontementtoutsaufdiscretvas’ensuivre. Je refermedonc laporte, en espérantque levacarmede l’ouraganAyla empêchera lesparents etCasey d’entendre. SurtoutCasey. Il ne faut surtout pas que je lui donne une raison pourenfoncerlaporteetvenirterminerlabagarrequ’ilsontcommencéedanslajournée.JemeretourneetShawesttellementprèsquejemanquedemecogneràsapoitrine.Maiscelane
m’empêche pas de remarquer à quel point son jean tombe scandaleusement bien sur ses hanches,souligne ses cuisses et laprotubéranceaumilieu.SonT-shirtblancest tendu sur sapoitrine et sesépaulesmuscléesetsoncolmouleparfaitementsoncou.Pourlapremièrefoisdetoutemavie,j’aienviedelaissermamarquesurunhomme.Celui-cienparticulier.Làaussi,ilyaunedifférencedansmamanièredeconsidérerShawetCasey.AvecCasey,j’avais
envie de me blottir dans le confort de ses bras. Mais Shaw, j’ai envie de lui grimper dessus etd’enfoncermesdentsenlui.Et j’aienviequ’ilmerepoussepourquecenesoitpassifacile.Ilyaquelque chosedemalsain là-dedans, voire de dérangeant.Enmême temps, c’est la seule et uniquepersonnequiréussitàmerendredingue.À en juger par son expression, ce n’est pas le moment d’attaquer. Il n’arbore pas son sourire
insolent, ne crispe pas la mâchoire et ne hausse pas le menton d’un air supérieur. Son regardflamboie,mais ilyaquelquechosededélicatdanssesyeux. Iln’estpasvenupourquenousnousquerellions.Alors,qu’est-ilvenuchercher?
—J’aifrôlélamortaujourd’huietcelam’afaitprendreconsciencedequelquechose.J’aiunpincementdecœuretl’idéequeShawpuissemourirmerendmalade.Jen’aiprobablement
pasréfléchiàlamanièredontcetteexpériencel’aaffecté,cequiestincroyablementbêtedemapart.Cen’estpasdemoiqu’ils’agitenl’occurrence,maisdelui.Ilfautquejetrouvelemoyend’arrangercela.—Shaw,commencé-je.Ilm’arrêted’ungesteetmeprendparlesépaules,fermement,maissansbrutalité.—Non,laissez-moiterminer.Sinon,jen’arriveraijamaisàtoutsortir.—D’accord,dis-jeenbaissantlesyeuxversmonépaule.Ilsedétend,commes’ils’étaitrenducomptedecequ’ilvientdefaire.— J’ai faillimourir aujourd’hui et j’étais tout seul.Comme je l’ai été durant toutema vie. J’ai
toujourscruquecelanemegêneraitpas,maisjemetrompais.(Ilmarqueunepauseetmeprendlevisagedanslesmains.)Cassidy,jeneveuxplusêtreseul.Pascettenuit.Niaucuneautre.Avantquejepuissedigérercequ’ilvientdedire,Shawm’embrasse.Etbienquetoutsoncorpssoit
tendu,ses lèvressont tendres.Jen’arrivepasà identifiercequiestdifférent,maisquelquechoseaindiscutablementchangé.Peut-êtrequec’estparcequ’il a frôlé lamort.Oubien l’ouraganqui faitrageau-dehors.Oubienc’estlatempêteintérieurequiagiteShawetquifinitpars’exprimer.Àl’opposédeladouceurdesabouche,lesdoigtsdeShaws’agrippentfermementàmeshanches.
C’estalorsqu’ilempoignemachemisedenuitetinterromptsonbaiserpourlafairepasserau-dessusdematêteavantdeplaquerànouveauseslèvressurlesmiennes.Ilesttoujourshabilléetmêmesijenedésireriendavantagequechangercela,c’estShawquimènelebal.Ilmefaitreculertandisquesabouchedescendsurmoncou,mesépaules,lavalléequiséparemes
seins,qu’ilfinitparpousserl’uncontrel’autrepourendévorersuccessivementchaquetéton.Quandj’atteinsleborddulit,sesmainsabandonnentmapoitrinepours’emparerdemesfesses,mehisseretm’asseoirsurlematelas.Sescheveuxbrunshirsutessontlaseulechosequejevois,tandisqu’illaissetombersatêtesurmonventreetpoursuitsadescente…—Oh,monDieu,gémis-jeensentantlachaleurdesabouchemouillermaculotte.Enfin,sabouchen’estpeut-êtrepaslaseuleresponsable,moncorpsasansdouteaussisonmotà
dire,mais,monDieu,cethommesaitcommentéveillertoutcequifaitdemoiunefemme.Ilfautquejevérifiequ’iln’yapasuneciblestratégiquementplacéesurcetteculotte,carShawaréussiàtrouvermonclitorissanslemoindreproblème.Ilétaitpourtantbiencaché.J’empoignesescheveuxàdeuxmainsetjemecramponne.Cetteinterruptiondemesréflexionsest
bienvenue,envérité.MêmesijenesaispastrèsbiencommentjepourraispenseràquoiquecesoitquandShawcommenceàmefairesonpetitnuméro…toutcelaàtraversmapetiteculotte.J’essaiedem’allongerafindesavourerlecadeauquim’estfait,maisShawmarmonneun«mmm-
mmm»étoufféetmemaintientfermementenplace.Jefaisdonccequen’importequelleautrefemmeferaitdansmasituation.Jeleregarde,etjeneleregrettevraimentpas.Satêtebougeàunrythmelentetrégulierpendantquesalanguemefaitl’amour.Puis,enfin,lapetiteculotteestécartéeetilenfoncedeuxdoigtsprofondémentenmoi.Jemecambreet,cettefois,ilmepermetdem’allongersurlematelas.Desalangue,seslèvreset
ses dents, il entreprend de me rendre folle. Il fait aller et venir ses doigts, tantôt légers, tantôtprofonds,afinderesterimprévisible.Jen’ytiensplus.Jenesupporteplusqu’ilsoitaussiloinetjenesupporte plus cette fichue culotte qui l’empêche de faire autre chose que me titiller à m’en faire
perdrelatête.Jepourraisjouir.Etjesuiscertainequec’estl’intentiondeShaw,maisjeneveuxpas.Jeveuxque
cesoitsabitequimefasseconnaîtremonpremierorgasmeavecluicesoir.—Shaw,j’aienviedevous.Jevousveux.Ils’interromptetl’espaced’unmoment,jechangepresqued’avispourlelaissercontinuer.Maisil
meregardeaveccetaird’abandonalliéàuneavidelueurdedésirdansleregardetcelamedonnelachairdepoule.—Vousm’avezdéjà,répond-ilavecuneconvictiontranquille.Jenesaispascequ’ilyadanslechoixdesesparoles,maisjemeredresseetprendssonvisage
entremesmainspourl’embrasseretmegoûtersurseslèvres.Ilfautqu’ilsachequ’ilm’aluiaussi,etc’est ce que j’essaie de lui faire comprendre avec ce geste aussi simple que passionné. Car mesparolesn’ontaucunsenssansunepreuvephysique.Ilempoignemescuissesetm’attireverslui,etjesenslachaleurdesapoitrineàtraversceT-shirt
entoutpointaussiagaçantquemastupidepetiteculotte.Ilfautqu’elledisparaisse:jel’attrapeetlafais passer par-dessus sa tête. Comme il se rassoit et me regarde d’un air interrogateur, j’y vaisfranchement.—Jevoulaisdirequejevousveuxenmoi.Monancienrivaletdésormaisamantselèvesursespiedsnus.Sansmequitterdesyeux,ildéfaitle
bouton de son jean et baisse sa braguette. Je contemple sa poitrine ciselée, les ondulations de sesabdominaux et les courbes de sa ceinture d’Apollon. Je prends le risque de tendre la main et decaresserduboutdesongleslalignedepoilsquidescenddesonnombrilàsonpubis.Shawrespirelonguementtandisquesonventretressaillesousmesdoigts.Ilestsibeau.Etimpatient.Faisantglissersonjeansurseshanchesétroites,ils’endébarrassed’uncoupdepiedetseredresse.
Sabiteaussiestdresséepourmoi,mesuppliantpresquedelagoûter,tellementellepointeversmoi.Maiscen’estpaslemoment,carShawsepencheetmeforceàm’allongerànouveau.Tantmieux,carlorsqu’ilglissesesdoigtssouslaceinturedemaculotteettiredessus,jen’aimêmepasletempsdeleverlesfessespourl’aider.Iln’apasbesoind’unassistant:ilveutsimplementquejesoisnuepourlui.Alorsqu’ilmerejointsurlelit,ilmeredressecontrelesoreillerstoutensesoutenantd’unemain.
Puis il aungestebien tropdélicatpour leShawMatthewsque j’ai toujours connu.Tendrement, ilpasselesdoigtsdansmescheveuxpourlesécarterdemonvisage,presqueméthodiquement,commepourenfaireunhalorougeoyantautourdematête.Lesveinesdesonavant-brassontsifascinantesquejenepeuxendétournerleregardniréprimer
unefurieuseenviedelesgoûter.Alors,égoïstement,jemesers,malanguesuivantuneveinegonfléede sang qui palpite sous la peau. Shaw pousse un gémissement entre protestation et approbation,commes’ilhésitaitentrem’arrêterafinderestermaîtredu jeu,oum’encouragerafindeperdre lecontrôle.Jerefermemabouchesursapeaupourluifaireunsuçon,etc’estlàqu’ilprendsadécision.Avec
l’insistancedominatriced’unlion,ilsepencheetécartemabouchedesonbrasafindepouvoirsaisirmalèvreentresesdents.Ilpeutfairecequebonluisemble.Jel’aimetelqu’ilest.Saufque…jenel’aimepas,si?Confondrel’amouravecledésirestunpiègedanslequeljerefuse
detomber.Pasavecunhommequialepouvoirdem’anéantir.PasavecunhommecommeShaw.Son épaisse crinière de lion est douce entremes doigts. Je l’empoigne et tire pour tenter de le
forceràlibérermalèvreavantdemefairesaigner,maisiln’yapasdevictoireàremporterici.Parbonheur,l’appétitdeShawpourlachairlaisselaplaceàcettetendreetpourtantardentepassionqu’ilm’amontréequandilestentrédansmachambre.Glissantungenoupuisl’autreentrelesmiens,ilmeforceàécarterlesjambespourpouvoirs’y
installer. Et mon Dieu, sa bite s’étale, lourde et épaisse, sur ma cuisse. Son baiser s’intensifie,devenantpresqueimpossibleàsuivrejusqu’aumomentoù,sanscriergare,il l’interromptpourmeregarder.Lesoufflecourt,jesuiscertainequejedoissemblerdéconcertée,étourdie,tandisquel’airdevienttorrideentrenous.C’estalorsqu’ilmepénètre.Songlandlargeforcemachatteserréeetmepréparepourrecevoir
l’épaisse hampe. Je retiens mon souffle devant cette intrusion tellement puissante qu’elle en estpresquedouloureuse.Mais ladouleurva rapidementdécroîtrepour laisser laplaceauplaisir. J’ensuisarrivéeànerienattendredemoinsetShawnem’ajamaisdéçue.Unefoisqu’ilestentièrementenmoi,ilentreprenddemerempliraveclenteur,avantdeseretirerà
nouveau.Lecoupsuivantestaccompagnéd’un frottementdélibérépour stimulermonclitoris.Oh,quec’estdélicieux!Je ferme lesyeux,m’offrant toutentièreà laprésencedeShawsurmapeau,dansmonesprit et
mon corps, le laissant s’enfouir de plus en plus dans un lieu que je ne l’aurais jamais imaginéoccuper:moncœur.—Non,Cassidy.Jevousaiditquejenevoulaispasêtreseul.Ilfautquevoussoyezlàiciavecmoi
encetinstant.Passeulementphysiquement,maisdetouteslesfaçonsimaginables.Regardez-moi.Jenesaispastrèsbiencommentinterprétercesparoles,maisjesaisque,mêmesicelarisquede
medétruireauboutducompte,j’aienviedeluidonnertoutcequ’ilpeutmedemander.—D’accord,murmuré-jeenhochantimperceptiblementlatête.Jenesuismêmepassûrequ’ill’aitentendudanslegrincementdesvoletsetlefracasdesdébrisqui
s’abattentsurletoit,maisquelquechosedoitleconvaincrequetoutestpossible,carlamanièredontilbougeenmoi,dont ilm’embrasse…Que lesdieuxaientpitiédemonâmequandelle traverserapourgagnerl’autremonde.CarcenouveauShawseramamort.Bienquenousvenions seulementdecommencer,nousdevonsnous interromprepour reprendre
notre souffle et cela ne nous dissuade pas de vouloir aller plus loin. Il m’embrasse à nouveau,longuement, sonfrontposésur lemienentrechaquebaiser, le regard fixésurmes lèvres.C’est legenredebaiserquivousmontedroitàlatêteetvousfaitoubliertoutlereste,ycompriscommentrespirer.Le cerveauprivéd’oxygène, je suis tout étourdie et je doisme tenir pournepas tomber.Maisilesttroptard.Jesuisdéjàtombée,etlachuteestdure.Iln’yapasdefiletdesécuritéetc’estunechutesansfin.Jen’aiplusqu’àespérerqueShawseralàpourmerattraper.Jemecramponneàlui,lescuissesenserrantseshanchespourtenterdelecollerplusencorecontre
moi. Ses mains encadrent mon visage tandis que mes doigts tentent de lui agripper les cheveux.Comme cela ne suffit pas, je passe les bras sous les siens pour me tenir à ses épaules. Enfin, lasécurité.Quelquechoseàquoimecramponner.Quelquechosequimerendmonéquilibre.Jeveuxcontrôlerlejeuplusencore,maisShawnemelaissepasfaire.Chaquefoisquej’essaiede
conduirelesébats,ilfaitmontrededominationetcontrechacundemesgestesens’écartantouenmemordillantlalèvre.Non.MonDieu.Jenepeuxpaslelaisserfaire.Jenepeuxpasluilaisserautantdecontrôleetjenepeuxpasluidirequ’ilacepouvoir.Sijamaisilsavaitcequej’éprouve,s’ilsavait
quejesuisamoureusedelui…Monsouffles’arrêtedansmagorge.Amoureusedelui.Allonsbon.Tout s’arrêtedèsque j’enprendsconscience,commesiunedivinitéavait figé lemouvementdu
monde.Toutestimmobile.Trop.Mêmeleventhurlantetlapluiebattantesesontcalmés.Shawralentitsesmouvements,seshanchesabandonnentleursva-et-vientpourseconcentrersurle
frottement.Ilestsiprofondémentenmoi.Tellementloinenmoi.Plusqu’ilnel’ajamaisété.—C’estl’œilducyclone,murmure-t-il.Maiscen’estpasencoreterminé.Enfait,toutvaredevenir
violent.Vousêtesprête?Je sais qu’il parle d’Ayla, mais je ne peux m’empêcher de songer que la phrase s’adapte
parfaitementàtoutcequisepasseentrenousencetinstant.—Non,jenecroispasquejelesois.Maisjen’aijamaisreculédevantundéfi.Etjesuissincère.—C’estcommeçaque je l’aime,murmure-t-ilensefrottantcontremoiavecune lenteuretune
forcequimanquedemedonnerunorgasme.Mafemme.Puis ilenfouitsonvisagedansmoncou, lemordilleet l’aspire…pourmefaireunemarque.Sa
femme.Dieumevienneenaide,maisc’estbiencequejesuis.Jelaisseglissermesmainslelongdesondos,fascinéeparlesmusclestendus,jusqu’aumoment
où j’atteins son cul. Je ferme les yeux etme remémore ses fesses telles que je les ai vues dans lemiroirlorsqu’ilm’asautéedanslasalledebainsdujetprivé.Saufqu’ilnemesautepas,àprésent.Ilmefait l’amour.Peut-êtrequec’estuneillusionquejemefais,causéeparunespritencoreébranléparlarévélationquejeviensd’avoir,maismêmesic’est lecas, jem’enfiche.Jemelaissealleràcroirequ’ilm’aimeluiaussi.Mêmesicelanedurequecetinstant.J’enfoncemes ongles dans ses fesses divines, sentant les muscles se bander sousmes doigts à
chacundesesmouvements.Plusprès.Jeveuxqu’ilsoitencoreplusprès.Alors,jesoulèvelesjambesjusqu’àcequemesgenouxarriventàlahauteurdesescôtesetjel’enenserretoutenempoignantsesfessespourl’attirerencoreplusenmoi.—Putain, cequevousêtesbonne,murmureShawdansun râleàmonoreille. Jeveux rester en
vouséternellement.Pourtoujours.MonDieu,moiaussij’aimeraistellementqu’ilresteenmoi.Maisjenepeuxpasleluidire.Cela
luidonneraitbeaucouptropdepouvoirsurmoi.Mêmesi,àvraidire,illedétientdéjà.Sonpubismassemonclitorisavecunedélicieuseinsistancequifaitmonterleplaisirenmoi.Jene
pourraispasleretenir,mêmesijevoulais.Etjeneveuxpas.Jeveuxjouirsursabite,jeveuxqu’ilsentemonorgasmel’attirerenluietjeveuxfairejaillirlesien.Jesenssurmoilachaleurdesapeau,rendueplusbrûlanteparlafièvredesapassionqueparle
sangquicouledanssesveines.Chaquecoupdereinsponctuéd’unrâlem’emmèneplusloin,sabiteépaisse s’enfonçant délibérément en moi pour aller titiller follement ce point où se concentre leplaisir. Ildoitêtregonfléà forced’être stimulé,gonfléetprêtàexploser.Oh,mais je suisprêteàconnaître un double orgasme, l’un grâce à mon point G et l’autre grâce au frottement sur monclitoris.—Shaw,jesuispresque…gémis-je,incapabledeterminermaphrase.—Jesais,monange.Moiaussi.J’essaiedevousattendre,maisvousêtestellementétroite…Ils’interromptetpousseunlongrâletoutens’enfonçantencoreenmoi.(Jeluimordsl’épauleetil
secabre.)—Bonsang,nefaitespasça!Vousallezmefairejouir.Jem’en fiche. Je suis aubordde l’orgasmeet celadéclencheenmoiune sortede frénésie. J’ai
enviedeledévorer,desentirsachairentremesdentsetdesavourersapeausalée.Jem’attaqueàsoncou, que je suçote tandis que monte en moi le gémissement de l’orgasme. C’est alors que Shawredouble d’énergie et que ses va-et-vient m’ébranlent de la tête aux pieds. Comprimés sous sapoitrine,mestétonsdurcissontdélicieusementendoloristandisquemesbattementsdecœursontdeplusenplusdéchaînés.Je pousse un gémissement qui doit vibrer dans tout son corps. Chacun de sesmuscles se raidit
encoreplus,tandisquesesfessessecrispentsousmesmains.Ilabesoinquejeluilaisseunpeudemargedemanœuvre.Jecommenceàdesserrerl’étaudemescuisses,maisilm’arrête:—Non.Tenez-vousàmoi,Cassidy.Nemelâchezpas.Jeresserremonétreinteenondulantsousluienrythmeaveclesmouvementsdeseshanches.Oh,
monDieu…sonpubisruisselantquifrottecontremonclitoris,sabitegonfléedesèvequipalpiteenmoi et le grognement de plaisir qui résonne dans mon oreille… Je n’ai d’autre choix que d’ysuccomber.Mon geignement est d’abord sourd, puis il enfle enmême temps quemon orgasme.C’estmon
clitorisquim’offrelapremièrevaguedeplaisir,suivieaussitôtparcellequemeprocuremonpointG.Shawseredressepourcontemplermonvisage.—Oh,putain,murmure-t-ilavantdeplaquersabouchesurlamiennedansungémissement.Je lasens.Lachaleurdesonsperme.Passurmonventrenisurmacuisse.Non,sonorgasmese
fondaveclemien,toutaufonddemoi.Etalorsquesesmouvementsralentissentprogressivement,jesensmachattequisecontractesursabitetoutencontinuantdesavourerleplaisirqu’ilmedonne.Puis,enfin,lebaiserdeShawsefaitmoinscharnel,plustendre.Sabouchesefaitplusdouceetsa
langue moins impérieuse. Et après avoir tiré une dernière fois sur ma lèvre, il se redresse pourreprendresonsouffleetmepermettred’enfaireautant.Ilnebougepas,maisjesensencoresabitequipalpiteenmoietc’estlasensationlaplusintense
qu’ilm’ait jamaisétédonnédeconnaître.Presqueaussi intensequesamanièredemeregarder, leslèvresentrouvertes,encorehaletant,desgouttesdesueurperlantsur toutsoncorps.Maiscequejeremarque le plus, c’est son expression à la fois perplexe et pensive. Il n’est pas le seul à êtredéconcerté.Jesenssonabsenceavantmêmequ’ilsesoitcomplètementretiré,maisjesuistoujourscomblée.Je
laisseretombermesjambesafinqu’ilpuisseroulersurlecôté,maisilnechangepasdeposition.Qu’est-cequ’ilyadanssamanièredemeregarderquimefaitdanserdespapillonsdansleventre?—Vousvoulezquejem’enaille?demande-t-il.Jen’aimêmepasbesoinderéfléchir.J’aiassezréfléchicesoirpourtenirtouteunevie.Etsicette
nuitestlaseulequejevivraiainsiavecShaw,jelaprends.Sansaucunregret.Alors,ensecouantlatête,jeréponds,sincère:—Jeneveuxplusêtreseulenonplus.Lesourirequiéclairesonvisagemecoupepresquelesouffle.Puisilselaisseretombersurledos,
glisse un bras sous mes épaules pour me ramener contre lui et me forcer à poser la tête sur sa
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Mia
Jememetsrapidementautravaildansmachambreetjegriffonnetouslesdétailsdelatempêtequifait rage dehors. Je couche par écrit tout ce que je vois et entends : en effet, si je dois décrire unouraganplustard,jepourraileraconterdemonproprepointdevue,cequirendralerécittoutàfaitauthentiquepourmeslecteurs.Maisl’ouragann’estpaslaseulechosedontjeprendsnote.Caseyaeuuneréactionémotionnelleviolentequiaeupourconséquenceunebagarre,unhommeà
lamerquiafrôlélamortetlechagrindeperdrel’uniquefemmeaumondepourlaquelleilajamaiséprouvéquelquechose.Enfin,dumoins,jecroisqu’ill’aperdue.Ill’avuedesespropresyeuxbaiseravecunautrehomme,nomd’unchien!Etsij’aiapprisquelquechosesurCaseyàforcedel’étudier,c’estqu’iln’yapasplusloyalquelui,etqu’ilexigequecesoitréciproque.Jesuisaussichoquéequeluiparcetintéressantretournementdesituation:Cassidyquis’acoquine
avec un homme qu’elle est censéemépriser.Nous avons tellement parlé d’elle et de ce qu’ils ontpartagétouslesdeuxquej’ail’impressiondelaconnaîtrepersonnellement.Mêmesi,àvraidire,ellem’intimideconsidérablement.Ellepossède tout :une famillequi l’aimeet la soutient,unecarrièreexceptionnelle, la notoriété dans sa ville natale, et un petit ami (pardon, ex-petit ami) qui est unevéritableperlerare.Commenta-t-ellepurenonceràtoutcela?Lesgensmefascinent.Comprendrecequilesmotive,voilàcequim’obsède.J’étudielamanière
dont tel individumarche, parle, s’habille, se comporte. Ses gestes, ses mimiques, ses mots et sesinflexions,sesdécisions…tout.Toutcequifaitdechacundenousunêtresingulier.Nonseulementj’étudie tout cela dans le présent, mais aussi dans le passé. Nous sommes le produit de notreenvironnement.Lamanièredontnousréagissonsauxsituationsestconditionnéeenpartieparnotregénétique,enpartieparlecontextedanslequelnousavonsgrandietenpartieparlesleçonsquenousavons tiréesparnous-mêmes.Toutcequenous faisonsaétéprogramméàunmomentdonnéet jechercheàconnaîtretouscesfacteurs.C’estunjeu,uneénigmeàrésoudre.Maismieuxconnaîtrecesgens–mieuxconnaîtreCasey–amisfinàcejeupourmoi.C’estréel.
Sesémotionssontréelles.Etj’aivoulusimplementvivredanssonunivers.J’aidoncfaitcepourquoijesuisleplusdouée.J’aiécritsurlesujet.Àl’intérieurdecespagesderéflexionpersonnelle,c’estmoiquitienslescommandes.Jesuisenmesuredesentirsesmains,savourersesbaisers,apaiserses
peurscachées…Jepeuxluioffriruneviedecontedefées.Etimaginerqu’ellesedérouleraenmacompagnie.Etcelamêmesilafrontièreentrecequiprovientdemonimaginationetcequirelèvedelaréalitécommenceàêtredeplusenplusfloue.CaseyetCassidysontdespersonnagesdefictionauseind’unmondeartificielproduitparunesprit
romantique en surchauffe. C’est le rêve de tout écrivain de pouvoir toucher ses personnages etinteragiraveceuxd’unemanièretangibleetréelle.Mespersonnages,JaysonBassetJanellKain,ontprisviesousmesyeuxetjesuissubmergéed’excitation.Biensûr,celasignifiepeut-êtreaussiquejesuis devenue bien trop familière avec leurs modèles du monde réel, une proximité que Casey etCassidynepourraientpascomprendreetnepartagentsûrementpas.Àtous lescoups, ilsvoientenmoiunefollequ’ilsdoiventjugerbeaucouptropintrusive.Espéronsqu’ilsmelaisserontpoursuivremapetitefantaisieencoreunpeupourquejepuissearriverauboutdemonmanuscrit.J’aurais déjà dû être partie,maisAnna s’est blessée et Caseym’a annoncé queCassidy était en
routepourrentrerici.JenepouvaispaspartirsansrencontrercettefemmeetvoirsielleressembleàmaJanell.J’avouequ’aprèstouteslesdiscussionsquenousavonseuessurelle–toutel’admirationdontelleafaitl’objet,concernantsabeauté,sontalent,saréussite,sonabsolueperfection–,j’auraispresquedel’affectionpourelle.Enrevanche,ellenem’apprécieguère.Cassidy n’est pas du tout réceptive à mon égard, mais j’essaie de ne pas le prendre
personnellement.Après tout, je suisuneétrangèreet j’aipasséénormémentde tempsavec sonex-petitami,lequelnecomprenaitpasqu’ilétaitunex,sij’enjugeparnosconversations.C’estpourtantsiévident.Caseyestencorefouamoureuxd’elle.Ilseraitprêtàdécrocherlalunepourelle.J’aimeraisbienquequelqu’unenfasseautantpourmoi.Uncoupfrappéàmaportemefaitsursauteretjemanquedetomberdemonlit.Cequid’ailleurs
finitparm’arrivervraimentquandj’essaiedemeleveretm’emmêledanslesdraps.Unautrecoupretentit,pressant,cettefois.Seigneur,aveclatempêtequifaittoujoursrage,j’espèrequ’iln’estrienarrivédegrave.Je finis par retrouvermon équilibre et je vais ouvrir enme répétant d’arrêter de trop réfléchir.
C’estvraimentunemauvaisehabitudechezmoi.Maismoninstinctreprendledessusquandj’ouvreetquejevoisquiestplantésurleseuil.C’estCasey, qui respire avec ceproverbial « calmeprécédant la tempête ». Ironie du sort, étant
donnécellequimugitdehors.Cesyeuxbleuclairquipromettaientnaguèreconfortetsécuritésontcesoir de la couleur sombre de la baie et font penser à un marin perdu en mer qui cherchedésespérémentàs’accrocheràtoutcequilui tombesouslamainpourpouvoirregagnerlerivage.Oh,c’estbientrouvé,ça.Oùai-jefourrémoncalepin?Avalant lenœudque j’aidans lagorge, jedécidedeparlerplutôtquede rester lesbrasballants
commeuneidiote.—Quelquechosenevapas?— Oui, quelque chose ne va pas du tout, dit Casey d’une voix encore plus rocailleuse que
d’habitude,maisavecuncôtémenaçantetterriblementsexy.Jesuisforcéedereculerquandilentreetrefermelaportecommes’ilétaitchezlui.Ilyaquelque
chosedanssesyeuxquichangetoutetquim’excite,toutenéveillantlapeurenmoi.—Vousm’avezdéclaréquelamanièredontquelqu’unembrasseenditlongsurcettepersonne.J’opine.Allantdroitaubut,ilmesaisitparlanuqueetm’immobiliseencollantsabouchesurlamienneet
en la forçantdesa langue. Iln’ya riendedélicatdanscebaiser.Pasde légermordillementdemalèvre,desuçotementpréliminaireaucoinde labouche,pasdecaressede la languepour implorermonaccordcommeonle litdanslesromansà l’eauderose.Iln’yadanssongestenidouceurnilenteur.C’estsidifférentdel’hommequ’ilmesemblaitconnaître,maisc’estcependantexactementtelquejem’yattendais.Ilsereculeetl’intensitédesonregardvadepairaveccebaiser.—Etqu’avez-vousapprisdecelui-ci?Jedéglutisdenouveau,puisjesorslapremièrechosequimeviententête:—Vousavezbesoindebaiser.Jen’enrevienspasdemonaudace.— Exact. Alors, si vous ne voulez pas en faire les frais, vous avez intérêt à le faire savoir
maintenant.Jenedispasunmot.Mêmesijelevoulais,meslèvresrefuseraientd’obéir.Maisildoitavoirvuà
monexpressionquej’étaisconsentante,carl’atmosphèredéjàélectriques’embrasepourunechoseàlaquellejenesuispeut-êtrepaspréparée.—Déshabillez-vous.J’obéis, pas parce que je suis terrorisée, mais parce que j’ai surtout peur qu’il puisse changer
d’avissijen’obtempèrepas.Jeveuxlesoulager.JemedépêchedoncdedéfairemonjoggingetmonT-shirt trop grand, et je remercie le ciel d’avoir pris une douche et laissé de côté petite culotte etsoutien-gorge.Unefoiscelafait,jerestesurplace,toutenueetgauche,attendantqueCaseyenaitfaitautant.Jeveuxl’aider,jeleferaisvolontiers,maisquelquechosemeditqueceneseraitpasbienvenu.Caseyseredresseetjerestebouchebée.Jedoisbaver,même.Nomd’unchien,cetypeestencore
plus splendide nu que le Jayson que j’ai pu imaginer dansmes rêves les plus insensés. Et je doisavouerqu’ilsontéténombreuxdepuisquejesuissurcetteîle.Caseyaunepoitrinerobusteetample,avecunepetitetouffedepoilsentrelespectoraux,desbrasauxveinessaillantesetlatraînéedepoilsquidescenddesonnombrilmériteraittoutunchapitreàelleseule.Maisjen’aipasletempsd’écrire,carunpeuplusbas,jevoisuntrophéedegranitquiméritetoutemonattention.LesexedeCaseysedresse,longetépais,etjeledévoreduregard.Ilneprendpasletempsdemedétaillerautant.J’ensuispresquereconnaissante.Jenesuispasfaite
commelesfemmesdemesromans.Jen’aiqu’unbonnetBetjen’aipasunetailledeguêpe.Jesuismoyenne–nimaigrenigrosse–,unpeulourdeàforcederesterassisedevantmonordinateurtoutelajournéeetdemalmanger.Caseymeprendparlebras,meconduitverslelitetmeretourne.Ilestd’uneefficacitéredoutable.
Celameplaît.Puis ilmepoussedoucementet jeme retrouvecouchéeàplatventre sur lematelas.Celameplaîtaussi.—Vousêtesprête?—Oui.Etmêmeplus.Sans la moindre préparation – même si, à vrai dire, je ruisselle déjà –, Casey s’enfonce
profondémentenmoi.—Oh,monDieu,oui…murmuré-jeenmecambrant.—Pasunmot,dit-ilensepenchantenavant.(Lachaleurdesoncorpsmebrûleraitpresqueledos.)
Etjevousconseilledevouscramponner.Jesenssabitequiseretired’uncoup,etjemanquedeprotesterbienqu’ilm’aitordonnélesilence,
mais j’ai de nouveau droit à la délicieuse douleur de chaque centimètre qui s’enfonce enmoi. Lacadenceaccélèreetlapuissancedesescoupsdereinsestdeplusenplusexigeante.Ilaraison:ilfautquejemecramponne,etducoup,j’agrippelesdraps.Samanièredemecouvrirdetoutsoncorps,d’enfoncersesdentsparfaitesdanslapeaudemonépaule…c’estcharnel,intense.Sublime.Ilmesaisitparlecouetmecloueaulit.Jesuispriseaupiègeetincapabledebouger.Jenevoispas
sonbeauvisageburiné,cequisignifiequ’ilnepeutpasvoirlemien.Etc’estprécisémentainsiqu’ilveutquecesoit.Cependant,j’entendsnettementlesgrognementsàmonoreille.Jefermelesyeuxetjelaissecebruit,lasensationdesoncorpsetsonodeurm’entraînerdansmonrêve,làoùj’aienregistréchaquenuancedemonJayson,etlesdeuxhommessefondentenunseul.Toutcommedanssonbaiser, ilyaunedéterminationàcesva-et-vientrapideset réguliers. Ilne
dévie pas de l’angle qu’il a choisi, il ne se perd pas en lents frottements. Il ne s’attache pas àmedonnerduplaisir.Ilcherchelesien,maisjenepeuxm’empêcherdemedemandersiceplaisirvaluiapporterautrechosequedelapeine.Je neme fais aucune illusion sur le sens de tout cela. Sa bite est enmoi parce qu’il est tombé
follementamoureuxdelafemmesurgiedenullepartaumomentoùilétait leplusdésespérédesavie.Cen’estmêmepasparcequejesuissivoluptueuseetséduisantequ’ilnepeuttoutsimplementpasmerésister.Etcen’estpasnonplusmoninsolencequil’étourditetluidonneenviedem’apprendrelesbonnesmanières.Caseyn’estpasJaysonBassetjenesuispasJanellKain.Maisj’aitoutdemêmeenviedelui.Arrachée àmonmonde imaginaire et ramenée sansménagement à la réalité, je suis interloquée
quand la sublime bite qui occupaitma chatte si avide disparaît d’un coup. Et encore plus lorsqueCaseymesoulèvecommesij’étaisaussilégèrequ’uneplumeetquejemeretrouveàcalifourchonsurcefauve.Sans avoir apparemment besoin que je l’aide, Casey guide mes hanches jusqu’à ce qu’il m’ait
totalement embrochée à nouveau. Je gémis, savourant une fois de plus cette sensation. Mais mapersonnenecomptepas,etj’enailapreuvequandilcommenceàmefairecoulisserdebasenhautsur sa bite, dans un va-et-vient aussi rapide que brutal. J’en suis réduite à me cramponner à sesépaulesetlelaisserfairecequebonluisemble,aussiparadoxalequesoitlaposition.Entantquefemmeetauteurderomanssentimentaux,j’aitoujoursconsidéréqu’enchevauchantun
homme,unefemmeexprimeladominationqu’elleexercesurlui,lapossibilitédeprendreleschosesenmain.Cen’esttoutbonnementpaslecasavecCasey.Commeunchevaldébridé,iln’enfaitqu’àsatête.Ilestsauvageetlibre,sesmusclessouplessaillentàchaquemouvementetseshalètementssontaussi puissants que l’énergie qui l’anime.Casey est devenu un étalon qui ne connaît ni clôtures nientraves.Enfin.Ilfautquej’écrivecela.Jevaislesimmortaliser,luietcemoment,danslespagesdel’undemes
livres.Car celaméritede l’être.Enbon écrivain, jemémorise chaque infimedétail – ses robustesépaulescontractées,sesmainsimplacablesquim’empoignent,lecaldeleurspaumessurmesfesses,l’exquisesensationdansmonanusàchaquefoisqu’ilmesoulève,etleclaquementdespeauxl’unecontrel’autrelorsquejeretombe.Maisplusquetout,jevaissaisiretgarderdansmonespritchaquenuanced’émotionbrutequejelisdanscesyeux,aussibleusqu’unmarlinprisàl’hameçonquitentedésespérémentdes’échapper.Carsesgestesontbeauparaîtrelibres,cequedisentsesyeux,c’estunetoutautrehistoire.
Je suis rivée à son regard, incapable dem’en détourner de peur demanquer quelque chose decapital.CequeCaseyvoitquandilmeregarde,cen’estpasdutoutmoi.Àlaplacedesternescheveuxchâtains, il voit d’éclatantes boucles auburn luisantes.Au lieu de la peau ambrée, il voit un ivoireimmaculé. Et à la place des yeux bruns si communs, il voit des pupilles couleur de feuilles auprintemps.Cequ’ilvoit,cellequ’ilvoit,c’estCassidy.Sesmainsdesserrentleuremprisesurmesfesses,maislabitequiestenmoin’arienperdudesa
raideur.QuandCaseycessedemefairecoulissersur lui, jemedemandes’ilachangéd’avisetneveutplusachevercequ’ilacommencé.J’arrêtealorsmoiaussidebougeretj’attendsqu’ilmedisededescendre.Iln’enfaitrien.Aulieudecela,ilm’attireenavantparleshanches,m’encourageantàprendrelescommandes,à
bougercommejeledésire…àlechevaucher.Moncœurs’emballedansmapoitrine,jesuisgriséepar l’opportunitéquim’estoffertedepossédercethomme.Jen’ai riendésiréd’autredepuisnotrepremièrerencontre.Caseyestgrand,avecdelargesépaules,robusteetpuissant,c’estunemontagnequimedonneenviedesortirmonattiraild’alpinismepourlegravirjusqu’ausommet.Maisjesuisparvenuejusque-lààmaîtrisermespulsions,intimidéeparsasimpleprésence,luiauprèsdequijemesensminuscule.Àprésent,ilestentremescuisses,ettoutecetteforcebruteestàmaportée.Jesaisisdonccetteoccasionquin’arrivequ’unefoisdanslavieetj’acceptecequ’ilm’offre.Jemepencheenavantetpositionnemeshanchespourmieuxglisser,avantd’ondulerd’avanten
arrièreàunrythmequiestbeaucoupplussensuelquelescoupsdeboutoirqu’ilm’aassenés.Jeneveuxpasqu’ilsedéfouledesacolère.Jeveuxqu’ilsesentedésiré,vénéré.Jel’étreinsetenfouismonvisagedanssoncou.Quandjel’entendspousserunlentsoupiretqu’ilinclinelatêtepours’offriràmoi, j’enprofitepleinement.Mais je saisque jedoisprendregardedenepas l’effrayer.Alors, jeprendsmon temps, je le suçote délicatement, en faisant attention pour ne pas laisser demarque. Iln’estpasàmoi.Jenefaisquel’emprunter.Quandmeslèvresemprisonnentlelobedesonoreilleetquemesdentslemordillent,iltressaille.
Jem’enhardisdemesavoircapabledefaireunteleffetàcethomme.J’aitrouvésonpointfaibleetj’aiachevémesrecherches.Maisjen’enaipastoutàfaitterminéaveclui.Ilresteautrechosequejedésireetquejen’aipaseul’occasiondefaire.C’estunrisque,maisquivautlapeined’êtrepris.Jetitilleunefoisdeplussonoreilledansl’espoirdelemettredansunétatplusréceptif,puisjedéposedesbaiserslelongdesamâchoiresculptéejusqu’àsabouche.Caseynem’apas embrasséedepuis l’uniquebaiserdudébut. Jene suismêmepas sûrequ’il va
accepter de recommencer ; peut-être que c’est un geste trop intime pour qu’il le supporte. MaisembrasserCaseyn’estpasmonintention.Jeveuxsimplementenfoncermesdentsdanssafichuelèvresicharnue.Alors,d’unmouvementdehanches,jeprendssabiteauplusprofonddemoi,jerespireunboncoupet,oublianttouteprudence,jeplaquemabouchesurlasienne.EtmonDieu,oui!Caseyposesesgrossesmainssurmondosetmeserrecontreluitandisquesa
languechercheladouceurréconfortantedelamiennedansunsuavebaiserquim’enivre.Jelesensenmoi,plusdurquejamais,sapeaunuebrûlecontrelamienne,iln’estquevirilité.L’espaced’unbrefinstant,jem’enhardisàfairecommesijepouvaisleplieràmavolonté.Jel’enlaceetluiempoignelescheveuxpourluirenverserlatêteenarrièreetleforceràlibérermabouche.Puisj’ose.Jeprendscettelèvretentatriceentremesdentsetl’érafleenlamordillant.Casey grogne. Pas pour me mettre en garde, mais pour approuver. Je lui fais mon plus beau
sourire enjôleur, le genre que les héroïnes effrontées de mes livres décochent à leur partenairemasculinpour lesrendrefousdedésir,et je lemordsànouveau.Cettefois, jenemeretirepas.Jepoursuis lebaiser, je ledirige et je luimontre l’effet que cela fait d’êtredominé.Peut-être suis-je
douce,maisinnocente,sûrementpas.Cettenuitestsansdoutelaseuleoccasionquis’offreàmoideleposséderainsi,alors,jevaistoutfairepourquecesoitaussimémorablepourluiquepourmoi.Jeme cramponne à ses épaules et jeme sers aumieux demon corps pour lui faire plaisir. La
cambruredemesreinsmemetdanslapositionparfaitepourchevauchersalongueetépaissebitetoutencontinuantdetitillerseslèvresenlesfrôlantdemontéton.Jeveuxqu’ils’enempare,etc’estcequ’ilfait.Casey capture la pointe dressée entre ses dents et l’érafle enme faisant délicieusement souffrir.
Bienquej’aielaprudencedenepasdireunmot–ilnem’atoujourspasdonnélapermission–,jelaisseéchapperungémissement.Encore.J’enveuxencore.Comprenantcequecelasignifie,ilprendle téton entièrement dans sa bouchepour le lécher et le téter tout enme regardant.Quelque chosechangedanssonregardetj’entrevoisl’hommequisedévoueauplaisirdesapartenaire.Jeleregardepasserd’unseinàl’autreetlespétrirdesesmainspuissantesetcalleuses.Chacunede
mes ondulations titille mon point G et fait monter mon plaisir de plus en plus haut, comme unascenseur qui fonce jusqu’au dernier étage d’un gratte-ciel. L’impatience d’atteindre la destinationfinales’ajouteàcelledecettelongueascension,maisjesaisquelorsquelesportess’ouvriront,monorgasmedéferlera.Deuxièmeétage…troisième…quatrième…J’accélèrel’allure,concentréesurlasensationqueprocureàmonclitorisgonflélatouffedepoils
sur lepubisdeCasey.Commeellemechatouille toutenstimulantceboutonhypersensible, jem’ycolledeplusenplus.Jesuistellementhypnotiséeparl’expressiondansleregarddeCasey,sabouchesurmesseins,chaqueinfimedétaildesabitegonfléeprofondémentenfouieenmoi,quejen’aipasremarquéquejememordaislalèvreaupointdemefairesaigner.Cinquièmeétage…sixième…septièmeciel.La destination est atteinte. À peine les portes s’ouvrent-elles que l’ascenseur retombe dans une
chutevertigineusequienvoiedesvaguessuccessivesdeplaisir jusquedanslamoindreterminaisonnerveusedemoncorps.J’ailasensationd’avoirlapoitrinelégèreetvide,presqueglacéetantlesangarefluédansmonbas-ventrepourexploseretserépandredansmesveinescommeunfeudebroussedévastanttoutsursonpassage.Jemepâmeetdéfaille,griséedebonheur.J’aiàpeineremarquéquejem’étaisimmobiliséequandCaseyprendlarelèveetmesaisitparles
hanchespourprolonger leplaisir.Lesparoisdemachattese refermentsursabite incroyablementdurepourlaserreretl’attirer,lesupplierdemerejoindredansceroyaumequelesamantsdoiventpartager.Etc’estexactementcelaquenoussommes,j’ensuisconvaincue.Jusqu’aumomentoùj’ouvreles
yeuxetquejesuisforcéederetomberunefoisdepluslespiedssurterre.Lechangementquej’avaisentrevuquelquesinstantsplustôtadisparu,commes’ilétaitbrutalement
revenuàuneréalitéquim’échappe.Disparu,ledouxCasey,remplacéparledésespéré.Nospositionschangentànouveau.Allongéesurledos,lesbrasramenésderrièrematêteetclouésaumatelas,jemesenstransportée.
Oui,c’estcequejedésire.—Écartezencore!ordonne-t-il.Je suis à ses ordres,mais il neme laisse pas le temps d’obéir. Il passe unbras sous un demes
genoux et m’ouvre les cuisses à sa convenance. Il pivote sur ses hanches et son énorme bite quipénètre à nouveau enmoime combledélicieusement.Seigneur, si seulement j’avais le pouvoir de
revenirenarrièreafinderessentircelaànouveau.Bonsang,maissasublimebiteestgigantesqueet…sublime.Maissurtout,elleestinlassabledans
son égoïste entreprise. Chacun des violents coups de boutoir queme donneCaseyme projette enarrièreencoreetencore.Bienqu’ilsoitbrutal,jesavourecesva-et-vient.Maiscommeaudébut,ilsnesontpasfaitspourme
donnerduplaisir,maispourqu’ilenprenne.Jenesuisriendeplusqu’uneparticipanteconsentante.Ilpeutseservirdemoiàsaguise. Jem’enmoque. J’ai justeenviede lesentir,de legarderenmoi,d’avoiravecluiceliensiéphémèresoit-il.Sonplaisirestlemien.LesgrognementsdeCaseysefontpluspressants,sescoupsdereinsplusinsistantsetlacadencede
plusenplusdirecteetprécipitée.Puis,finalement,sabitequittemachatteetretombelourdementaucreux dema cuisse. Je la sens palpiter à chaque giclée de son orgasme et je savoure la sensationcharnelledesesdentsdansmoncoutandisquesonspermebrûlantserépandsurmapeau.Lesyeuxclos, je leserrecontremoi,car jesaisque jeneconnaîtraiplus jamaiscettesensation.
J’aimeraispouvoirdirequedurantcetuniquemoment, ilestàmoi.Maisiln’enestrien.Ilneserajamaisàmoi,carilseratoujoursàelle.Quelleidiote,maisquelleidiote,cetteCassidyWhalen.S’arrachantàmonétreinte,Caseyroulesurleflancpours’allongeràcôtédemoi.Lafraîcheurqui
règnedanslachambren’estpastrèsagréablesurmapeauenfiévréeetjemerendssoudaincomptequejesuistoutenue.JerisqueunregardversCaseyetletrouve,unbrasau-dessusdelatête,lesyeuxfermés,encorehaletantettentantdereprendresonsouffle.J’aienviedeposermatêtesursoncœurpourenentendrelesbattementsassourdissants.Demeblottirdanslecreuxdesonbrasetdepassermajambepar-dessuslessiennestoutendéposantsurtoutsoncorpsdesbaisersreconnaissants.Maisjen’enfaisrien,carjenepeuxpas.Cen’estpasmonpetitamietnousnesommespasamants.Noussommeslà,c’esttout.Caseyouvrebrusquement lesyeuxet se tourneversmoi. Il a certainementdû sentir lepoidsde
monregard.Jemedétourne,pas trèssûredecequ’il fautdiredans lesilencegênéquis’ensuit,nimêmesijedoisparler.J’ailaréponsequandilselèved’unbond,empoignesonpantalonetl’enfileprécipitamment sansmême prendre la peine de le boutonner. Il s’assoit sur le rebord du lit pourmettreseschaussettesetsesgrosseschaussures,sansmeregarderniproférerunmot.Unefoisqu’ilaterminé, il se lève et ramasse sa chemise en tournant vers moi son dos musclé, taillé comme lacollerettedéployéed’uncobraencolère.—Désolé,dit-ilavantdesehâterdesortir.Unefoisquej’aientenduledéclicdelaportequisereferme,j’oseenfinluirépondre:—Pasmoi.
15
Shaw
J’aiàpeinefermél’œildelanuit.Pasàcausedelatempête,maisparcequej’airéfléchiausensdelavie.OK,peut-êtrequej’exagèreunpeu,maispasdebeaucoup.J’aifailliperdrelaviehier,aprèstout. Ce genre de truc a tendance à vous amener à faire un bilan de votre existence. Pas un bilanmatériel de ce que je convoite depuis toujours,mais de ces trucs plus importants dont parlent lesbouquins de développement personnel. Des trucs comme la famille, le bonheur, l’épanouissementpersonnel, les valeurs fondamentales…et le temps – celui quime reste et lamanière dont je vaisl’utiliser.Jusque-là,jeconsidéraistoutcelacommedesconneries.Plusmaintenant.Àprésent,aulieud’unhangarremplidejouetsrutilants,jenevoisqu’unvasteetvainespacevide.Inutilededirequejenesuispastrèsfierdecequejesuisdevenu.Malgré tous mes efforts pour ne pas être comme mes parents, mon égoïsme m’a fait leur
ressembler en touspoints.Monpère cupide etmamèreobsessive et droguée étaient tous lesdeuxnichésàl’intérieurd’unbébéjouffluquin’étaitpaslajoied’uncouple,maisplutôtl’incarnationduregret.Sijem’étaisnoyédanscetocéan,ShawMatthewsn’auraitrienlaisséderrièrelui.Jamais je n’ai eu envie de cela, jamais cela ne m’a effleuré. Mais maintenant, cela m’obsède.
Qu’est-cequiachangé,bonsang?Toutcequej’aidanslacabocheestsensdessusdessous.Pour couronner le tout, j’ai joui dans Cassidy. Et ce n’est pas le genre de connerie que je fais
habituellement.Du coup, j’essaie de comprendre la raison demongeste, et surtout pourquoi c’estavecCassidyquec’estarrivé.Celasuffiraitpourexpliquermoninsomnie,maisilyaaussilefaitqueje ne n’aie pas voulumanquer une seconde de cette femme endormie dansmes bras. Lamanièreparfaitedontelles’estblottiecontremoi,sarespirationetmêmesesgrimacesattendrissantesm’ontcombléetrenduheureux.Heureux,combléetdésarçonné.Dormirtoutseulseraitvraimenttropnul.Cassidys’agitedanssonsommeiletseblottitencorepluscontremoi,alorsqu’elleadéjàlatête
surmapoitrine,lesjambesemmêléesauxmiennes,sesseinsmagnifiquescollésàmonflancetsonbraspassésurmataille.Merde,jesouris?Ehoui,jesouris.Jemetourneverselleetdéposeunbaisersursonfronttoutencaressantsescheveux,raviqu’elle
réagisseparunsoupirdesatisfactioncommesiellen’avaitattenduquecetteattention.Quecesoitlecasoupas,peu importe.Elle l’a,monattention,entièrement.Etcomme leperversque je suis sans
doute,jehumesescheveuxparcequesonparfumesttoutsimplementfantastiqueetqu’ilasurmoiuneffetinexplicable.Je vais la faire mienne. Bien que je sois terrifié à la perspective qu’elle me rejette. Si elle
m’accepte,siellemedonneneserait-cequ’unechancedefairemespreuves,jeveilleraiàcequ’ellene le regrette jamais. Bon Dieu, je suis prêt à renoncer au titre d’associé chez Striker SportsEntertainment,cetitrepourlequelmapetiteMissGlaçonetmoiavonsétéaucoudeàcoude,parceque je saisquec’est la seule façonpossibled’être ensembleauvuet au sude tous. Jem’en fiche.CassidyWhalenenvautsacrémentlapeine.Oui,ShawMatthewsaunnouvelobjectif,deveniruntypebien,quelqu’unqu’elleserafièred’avoir
comme homme.Mais le plus génial, c’est que je ne vais pas changer simplement pour la rendreheureuse:jevaislefairepourledevenirmoiaussi.Etiln’yariend’égoïstelà-dedans.Mais il fautprocéderparordre.D’abord, jedoisvoirAbby,quise trouveêtre la femme laplus
gentille dumonde et qui est en train deme faire changer d’avis sur la questiond’avoir un enfant.Seigneur,jevaisfinirparmefaireunecrampeàforcedesourireenpermanence.Même si je sais qu’Abby a Thomas et Casey pour s’occuper d’elle, j’ai pris moi aussi cette
responsabilitéenverselle.C’estunemissionqu’unfilsdignedecenom–adoptifoupas–endosseavecfierté,aprèstout.Ellevaêtrefièredemoi,etjevaismêmeessayerdem’entendreavecCasey,car je sais que cela la rendra heureuse. Non pas que je sois obligé de lui lécher les bottes sousprétextequelarivalitéentrefrèrescen’estpasuneblague,maisquandmême.Nousavonsquelquechoseencommun,àprésent.Enplusdufaitd’avoirbaiséaveclamêmefemme.Etpuisquepenseràcedétailmerendronchon,jelebalaieunebonnefoispourtoutesdemonesprit.Cassidyestmanana,Abbyestmamèreetriend’autren’ad’importance.Pointbarre.SaufquejevaisdevoirréveillerCassidypourpouvoirm’extirperdulit.Cen’estpasquej’enaie
envie–oh,sûrementpas–,maisnousnepouvonspasresteréternellementcommecela:onvaavoirbesoindemoipourréparerlesdégâtscausésparl’ouraganetjetiensàparticiper.Leproblème,c’estquejesuistoutchoseàl’idéedelaréveiller.EtsiellealamêmeréactionquelelendemaindenotrenuitensembleàDetroit?Celanem’apasaffectéàcemoment-là,maisàprésentj’aidéconnéetj’aidessentimentspourelle.C’estdrôle, lessentiments :c’est fragileetonest facilementblessé.C’estbienpourcelaquej’aiévitéd’enavoirjusqu’ici.Non,jenevaispasmeréfugierderrièrecettemuraille.Siellepiqueunecrise,ellelapiquera.Je
ferai avec et je trouverai lemoyende tourner la page.Mais je respecterai ses désirs.Dans un cascommedansl’autre,jenepeuxpaséviterl’inévitable.Jebougedélicatementl’épaulepourlaréveiller.—Machérie?demandé-jeàmi-voixpournepaslafairesursauter.Oui,jel’aiappelée«machérie».Etalors?—Mmm?fait-elleens’étiranttellementquesescheveuxretombentsursonvisage.—Machérie,dis-jeenlesécartant,ilfautqu’onselève.— Non, marmonne-t-elle de cet air boudeur qui me donne envie de lui sauter dessus et de
l’embrasserpassionnément.—Oooh,roucoulé-jecommelamauviettequejesuisapparemmentdevenu.Onn’auraitpasencore
sommeil?Ellegardelesyeuxfermés,maisellerépond.Enseblottissantencoreplusprès.—Non,jesuisjustetropbien,jen’aipasenviedebouger.
Zut.Jenevaispaspouvoirlaforcer.Saufquejesuisobligé.— Je serais ravi de te laisser ici pour l’éternité,mais la vérité, c’est que la réalité nous attend
dehorsetqu’avantlongtemps,tonpèrevarappliqueraussi.(Jemepencheverselleavecdesairsdeconspirateurs.)Etjevaistedirequejen’aipasenviedemefairesurprendretoutnuaulitaveclafilledeDuffWhalenquandilviendrafrapperàmaporte.—Ilneferariendutout,glousse-t-elle.Ilt’aimebien.—Ahbon?Ilm’aimebien?J’avouequej’aiunpeudemalàdigérercettenouvelleinformation.Jesuistombéàl’eaudubateau
de ce bonhomme pendant une bagarre avec un type qu’il considère comme faisant partie de safamille,bonsang.Ahoui,sanscompterquejesautesafillerégulièrement.Cassidyhochelatêteetsajouemefrôledélicieusementlapoitrine.Ellen’apasl’airdeflippernon
plus.Absolumentpas.—Ettoi?Tum’aimesbienaussi?—Peut-êtreunpetitpeu,marmonne-t-elleavecunsourirequimeravit.Merde,ellem’aimebien,quoi.—Ahbon?Peut-êtreunpetitpeu?l’imité-je,cequilafaitdenouveauglousser.Ilvafalloirquejelapunissepours’êtremoquéedemoi.D’unemain,jeluichatouillelescôteset
de l’autre, j’en fais autant à l’aisselle. Cassidy fait un bond et se débat, ouvrant tout grands sesmagnifiquesyeuxverts,etdévoileseséclatantesdentsblanchesenriantàgorgedéployéeetenfaisantuneespècedegrognementpasmignondutout.Mais,bonDieu,commeelleestbelle.Profitantdel’occasion,jerouleavecelleetprendslapositiondominantetoutencontinuantdela
chatouiller.Cassidyritdeplusbelleetmeclaquevainementlesépaulesensedébattanttoujourspourécartermesmains.Uncoupdegenoumefrôlel’entrejambeetjeparvienstoutjusteàéviterl’accidentenmetordant,sibienquejemeretrouveentresescuisses.Ellerenverselatêteenarrière,sescheveuxéparssurl’oreiller,etdeslarmesd’extaseperlentau
coindesesyeux.J’aimerais tellementqu’ellesoitperpétuellementainsi.C’estseulementquandellecommenceàs’essoufflerquej’abrègesonsupplice.Avantqu’elleaitletempsdeseressaisir,jeprofitedemapositionpourlapénétrer.Oui,jebande
déjàcommeuntaureau:n’oublionspasquenoussommesnusetquenoussommesentraindenousbagarrergentiment.Cegenredechoseàtendanceàexciterunbonhomme.Cassidy étouffe un cri, mais elle ne proteste pas. Son rire irrépressible est remplacé par un
gémissement qui me donne envie de jouir sur-le-champ. Bon sang, mais ce que je l’aime, cettefemme.—Qu’est-cequ’ilya?demande-t-elle.C’estseulementlàquejemerendscomptequejesuisimmobileetquejelacontemple.Mêmesije
suis en train de pénétrer une femme splendide qui m’excite comme jamais, je comprendsbrusquementpourquoijesuisaussidécontenancé.Serait-cequejel’aime?—Chéri?Çava?demandeCassidy,l’airinquiet,tandisquesesonglesfrôlentlescheveuxsurma
tempedansungesteattendrissant.Ellem’aappelé«chéri»…Etvoilàque jemesensbrusquementcomme leGrinchunmatinde
Noëletquemoncœurtripledevolume.
—Oui,unecrampeàlajambe.Absurde,commemensonge,enplus.MaisjeneveuxpastenterlediablesousprétextequeCassidy
ne flippe pas, et être en train de pénétrer la femme demes rêves n’est pas lemoment idéal pourbafouillerquelquechosesansavoirunpeuréfléchiavant.Jen’aijamaisaimépersonneendehorsdemoi-même.Est-cequejesaiscequeçasignifie?Ayant faitminede soulagermacrampe, jeme ressaisisetprends le rythmequiaeu l’airde lui
plaire cette nuit. Profond et insistant, avec un frottement qui nous rapproche autant que le peuventdeuxêtreshumainssansentamerlapeau.Maisjeseraisprêtàm’écorchervifsiellemeledemandait.Mon Dieu, ce qu’elle est bonne sur ma bite – chaude, étroite et douce à la fois. C’est trop de
bonheuretjevaisjouirbientropvitesijecontinuecommecela.C’estfaciled’yremédier:jeroulesur le côté afinqueCassidy se retrouve surmoi,positionà laquelle ellen’étaitmanifestementpaspréparée.Maisbon,commenousavonsdéjà faitpasmaldegalipettescematin,unedeplusoudemoinsnechangerapasgrand-chose.Cassidygloussedevantmabrusquerieetsachatteseresserreàchaquecontractiondesonventre.Je
commenceàsongeràmillemanièresdel’ameneràcontinuerainsi,maiscen’estpasnécessaire,carelle est à califourchon surmoi, les ongles enfoncés dansma poitrine. Ses cheveuxme frôlent levisage et sesmagnifiques seins ronds aux pointes durcies ne demandent qu’à être pris enmain etcueillis.Peu importe laposition ;peu importequimène ladanse ;peu importeque jesoisounonsubmergéparlesémotions.Ellemefaittoutsimplementdestrucsqu’aucuneautrefemmenem’avaitfaitsjusqu’ici.Etj’enaiconnubeaucoup,desfemmes.CassidyWhalenestàpart.CassidyWhalenest…cellequ’ilmefallait.Alors,jelalaisseprendrelesrênes,car,àvraidire,c’estcequ’elleatoujoursfait.Ellememène
parleboutdunez,pournepasdireautrechose.Oui,jel’aime,bonsang.Maintenant,ilfaudraitquejetrouveunmoyendeleluidire.
16
Casey
Jesuisunconnard.Dansladouche,alorsquel’eautambourinesurmoncrâne,jemerendscomptequ’avoirouvertle
robinet d’eau chaude à fond ne sera toujours pas suffisant pourme décrasser dema connerie. Jepourrais aller me plonger dans une marmite d’eau bouillante. Peut-être que je devrais toutsimplementmefoutrelefeu.Oumieuxencore,m’attacheràunpieusurunbûcherenpleincentre-villeetlaisserlapopulacehargneusearméedefourchesmebrûlerviftoutenmeforçantàregarderMiadanslesyeux.Jemesuisservid’elle.Toutbonnement.Mia.LadouceetinnocenteMia.Elleneméritaitpaslamanièredontjel’aitraitéecettenuit.Elleatoutsimplementétéprisedansle
feucroisédelagrandiosetragédiedeCaseyetCassidy.Enfin,c’estplutôtuncessez-le-feu.CarleschosesentreCassidyetmoisesontbrutalementarrêtées.Celadit,c’estarrivéilyalongtemps,doncce n’est pas aussi brutal que je voudrais le croire. Jeme suis juste accroché à quelque chose quin’existaitplus.Jecroisquenousnousysommesaccrochéstouslesdeux.Maismoiplusqu’elle.Je ne suis sorti avec personned’autre queCassidy, je n’y aimêmepas songé, à vrai dire.Mais
Mia?Elleestarrivée icicommeuneboufféed’air frais.Avec toute son innocenceaubeaumilieud’unenvironnementapparemmentinviolé.Sesyeuxdebiche,unebeauténaturellequin’apasbesoindemaquillagepourdissimulercequ’elleestvraiment,descheveuxquiflottentautourdesonvisagecommelesvaguesquidansentsurl’océanpartempscalme,etlephysiqued’unesirène.C’estunrêvedevenuréalitépourn’importequelmarin.Etjel’aigâché.Jementiraissijedisaisquejenemedoutaispasquejel’attirais.Jelesavais,jel’avaissentiàde
subtils indices.Samanièredesepencherlégèrementversmoipourserapprocher.Demeregardercommesi je lui avaisdécroché la lune.Cequ’elledisait, lesexpressionsqu’ellechoisissait étaienttrèsintimesetfamilièrestoutennel’étantpas.C’étaitincroyablementagréabledebavarderavecelleetquandelles’intéressaitàmoi, jenepensaisvraimentplusdu toutàCassidy.Etd’ailleurs,c’étaitpourçaqueCassidyétaiténervée,non?Bon sang. Je n’avais pas prévu ça, même si je n’ai pas à me creuser la tête pour comprendre
pourquoi.
Donc, contrairement à toutes les femmes que j’ai connues jusqu’ici,Mia était suspendue àmeslèvres. Je pensais que c’était uniquementparcequ’elle sedocumentait pour son roman,mais il luiarrivait souventdeposerpapieret stylopourmieuxm’écouter.Avecelle, jemesentais important,commesi j’étais lamoitiéd’untout.Jeneveuxpasdireparlàquejenemesentaiscompletquesij’avais Cassidy à mon bras, mais disons que là, j’étais quelqu’un qui avait sa propre histoire àraconter.Jecroisqueçam’asurprismoi-même.Queçaamodifiélafaçondontjemepercevais.Maisçanem’apasempêchéd’essayerdesauverceque jepouvaisdemarelationavecCassidy.
Nousétionsensembledepuistoujoursetjepensaisqueçadureraitjusqu’ànotredernierjour.Alors,quandCassidym’asurprisavecMiadanslenid-de-pie,unendroitquiétaitnotrerefugeànous,jemesuis senti coupabled’yavoiramenéuneautre femme.Et j’aibienvu ladéceptionsur levisagedeCassidy.Elleétaitjalouse.Etçam’arenduencoreplusmalàl’aise.Jel’avaisvueaveccesalaud,etdansleparcpourenfants,enplus.Celuioùonallaitquandonétait
gosses.MaCassidyétaitdanslesbrasd’unautrehomme.Untypequ’elleétaitcenséemépriser.Etpasseulementça,maiselleétaitentraindeselefaire.Toutcequejecroyaissavoiravoléenéclatsàcetinstant.Çaauraitdûêtremoi.Moi,lemecquil’attendaitpourexaucersesrêvesetdanslesbrasduquelelle
reviendrait,puisquec’étaitsaplace.Maisjem’étaistrompé.Etellem’avaitlaissédanscenid-de-pieen train de bander comme un taureau. On aurait pu penser que me briser le cœur m’aurait faitdébanderaussitôt,maispasdutout.Etilfallaitquejetrouveunmoyend’évacuertoutça.MiaaétébientropcontentedejouerladoubluredeCassidy.Maisquelquepartaumilieudecette
baised’enfer,quelquechoseabrusquementchangé.C’estellequej’aivue.J’aivuMiaquimevoyaitmoi.C’estcequ’ellevoulait,c’estmoiqu’elledésirait.Etjen’aipaspusupporterça,aveclablessureque venait deme faireCassidy.Et le pire, c’est que jeme sentais bien avecMia.Comment c’étaitpossible?EnsortantdemachambreàWhalenHouse,j’entendslesvoixdenosparentsenbas.Jenesaispas
pourquoi,maisjen’aipastropenviedelesvoirtoutdesuiteetjepréfèremonterdanslenid-de-pieévaluerlesdégâtscausésparl’ouraganAyla.Latempêteafinipars’éloigner,quelquepartaumilieudelanuit,etpourautantquejesache,àlamaison,toutlemondeestindemne.Mêmesijem’enveuxd’avoirlaisséMiatouteseulecettenuit,jesaisquejenepouvaispasresteravecelleaprèslamanièredontjem’étaiscomporté.Ilfaitsombredanslecouloir,maisunraidelumièreestvisiblesouslaported’unechambre.Celle
deMia.Elleestréveillée.Maconsciencerefusequej’évitelaconversationqu’ilfautquej’aieavecelle.Jeluidoisunesacréeexcuse,etmêmesijesaisquejenepourraipastrouverlesmotsraffinésqu’ellemérite,mieuxvautuneexcusepastrèsbienformuléequepasdutout.Repousseràplustardn’estpasunebonnechose,etplusj’attends,pirejemesentirai.Jeprendssurmoietdécidederéglerlaquestionunebonnefoispourtoutes.Je fais grincer les lames du parquet sous mon poids en m’avançant à la rencontre de ce qui
m’attend de l’autre côté de cette porte. Elle sera parfaitement dans son droit si elle refuse mesexcuses,etelleatouteslesraisonsdemebalancerunelampeàlatête.Etjesupporteraicelacommeunhommeparceque,quoiqu’elleexigeenréparation,jevaisleluidonner.Nevoulant pas attirer l’attentionde lamaisonnée sur ce qui va se passer,même si jemérite un
sermondeleurpart,jefrappelégèrement.—Entrez!répondunevoixàl’intérieur.Jemeféliciteégoïstementqu’ellesoitdugenrediscret.
Jepousselaported’unemaintremblante.Bonsang,cequejesuismalàl’aise.C’estunepremièrepourmoi.Enmêmetemps,jen’aijamaisétéobligéd’implorerlepardondeCassidyetj’aitoujourssuqu’ellemel’accorderaitsijerampais.MaisavecMia,jenesaispastropsurquelpieddanser.Endehorsde la lueurblanchede l’écrandevantMia, la chambre estplongéedans lapénombre.
Évidemment,puisquel’électricitéaétécoupéeaubeaumilieudelatempête.Lalumièreesttoutjustesuffisantepourquejevoiequelesdrapssonttoujoursfroissésetendésordre,et jemedemandesielle amouillé l’oreiller de ses larmes. Seigneur, rien que d’imaginer cette scène, j’en ai le cœurserré.Oui,jesuisunconnard,jesais.MaisonnesedouteraitderienenregardantMia.Assiseentailleurdanslefauteuildevantlebureau,ondiraituneétudiantequiessaiedésespérément
d’acheverunedissertationjusteavantd’allerencours.LeT-shirttropgrand,lejoggingetlechignonen bataille ne parviennent pas à faire oublier sa beauté. C’est comme ça, avec Mia. Elle estincroyablementbelle,sansavoirbesoindesedonnerlemoindremal.—Bonjour.Elle ne me regarde pas et je ne peux vraiment pas lui en vouloir. Elle continue de pianoter
énergiquement sur le clavier de son portable. C’est son outil de travail et c’est probablementuniquementpourcelaqu’ellenemel’apasbalancéàlafigurecettenuit.—Bonjour.Vousvousêteslevéedebonneheure,dis-je,estimantqu’uneévidenceestlameilleure
manièredelancerlaconversation.—Vousvoulezdirequejeveilletard,corrige-t-elle.Elleamanifestementpasséunenuitblanche.—Vousnevousêtespascouchée?Putain,c’estmafaute.Jesuisvraimentpirequ’unconnard.Jesuisleroidescons.—Ehbien,quandl’inspirationestlà,ilfautlasuivreourisquerdelaperdrepourtoujours.Lalumièreduportablen’estpascharitablepoursonvisagehabituellementangéliqueetjevoisles
cernesbleutéssoussesyeux.—Vousavezl’airfatigué,avancé-jeprudemment.Ellehausselessourcilssanspourautantsedétournerdesonécran.—Ahbon?Jenemesenspasfatiguée,moi,répond-elleavecunriresansenthousiasme.Etpuis
c’estunpeudifficilededormiravecunouraganquifaitragedevantvotrefenêtre.Bon,etavecça,jesuisleplussalauddetoutel’île.Unconnardetunsalaud,c’estunsacrémélange.—Merde.Vousdeviezêtreterrifiée.J’auraisdûresteravecvous.Ellefinitparseredresseretsedétournerdesonécranpourmeconsacrertoutesonattention.—Casey,franchement…nesoyezpastropsévèreenversvous-même.(Ellesourit,etjejurequela
chambre s’éclaire malgré les fenêtres condamnées et l’électricité coupée.) Je n’ai pas eu peur. Etavantquevousn’abordiez lesujet, jen’étaisabsolumentpascontrariéeparcequis’estpasséentrenoushier soirnonplus. Jen’aipaspudormir,parceque Jaysonétaitd’humeurbavardeetqu’il afalluquejemelibèrel’esprit.—Jayson?C’estsonpetitcopain?Lajalousiepointesonnez,alorsquejel’aibannieaprèsavoirfaillinoyer
unhommeàcaused’unefemme.
—Oh,jenevousenaijamaisparlé,fait-elleenlevantlatête,touteexcitée.(Ellesepencheenavantetcommenceàs’animer.)JaysonBass,c’estcommecelaques’appellemonpersonnageprincipal.Jevousjurequejenesuispasfolle.Lesvoixquej’entendsdansmatête,c’esttoutàfaitnormalpourlesécrivains.Jenemeprendspaspouruneprophétesse.Enfin,c’estcequeditmapsy,ajoute-t-elleavecunclind’œil.(Jen’aijamaisvuexpressionplusattendrissante.Elleposel’indexsurlafossettedesonmenton et poursuit.) Enfin, on ne peut pas totalement écarter cette hypothèse quand on a autant depersonnalitésqui gambadent là-dedans.Mmm. (Elle penche la tête sur le côté.) Peut-être qu’écrirenoussertàdissimuleruntroubledelapersonnalitémultipleetquenousréussissonsàfaireillusion.Elleéclated’unrirecristallinquimefaitfrissonner,tantilestdélicat.Cequiestvraimentbizarre,
étantdonnéqu’unrire,cen’estpasquelquechosedetangible.—Alorsvousêtesrestéeàécriretoutelanuit?demandé-je,puisqu’unsalauddoubléd’unconnard
nepeutqu’imaginerquec’estàcausedelui.—Oui!C’estmonpetitrefugedouillet.Elleseretourneverslebureauetseremetàécrire.MonDieu,maiscettefemmetapeàlavitessede
lalumière.—Votrepetitrefugepourvousprotégerdel’ouragan,hein?Etpasseulementdel’ouragan:dessalaudscommemoiaussi.SiMia pouvait entendre les voix des salauds dans sa tête, elle ne serait probablement pas aussi
calme.—Mon petit refuge est toujours là. Le temps qu’il fait dehors n’y change rien. Écrire est une
manièredem’évader.Vouscomprenezcequejeveuxdire?C’estl’équivalentdepêcherpourvous,j’imagine.Ehbien,elleaviséjustesurcecoup-là.Maisc’estsûrementàcausedemoiqu’elleaeubesoinde
s’évader.Bienquejesoisincapablederevenirenarrièreettouteffacer,mêmelesbonsmoments,jesaisqu’ilfautquejetrouveunmoyenderéparerl’irréparable.—Ilfautquejem’excusepourhiersoir,bafouillé-jeavantdeperdretoutmoncourage.Ellecontinuedefixersonécran,imperturbable.—Vousdevezouvousvoulez?—Lesdeux.Ellesepencheunpeupourrelirecequ’elleaécrit,maiselleréussitquandmêmeàmerépondre.—N’enfaitesrien.Jevousassure.Celam’aénormémentinspirée.D’aprèsl’intonation,ilestdifficiledediresielleestsincèreoupas.—Vouspouvezmeregarder,s’ilvousplaît?—Jelepeux,etjevaislefaire,répond-elleavecunsourireeffronté.Laissez-moisimplementle
temps de sauvegarder ceci, dit-elle en déplaçant sa souris et en cliquant. Alors ? demande-t-ellefinalementaprèsavoirreferméleportable.Jelaregardedanslesyeux,nonseulementpourvoircommentelleréagitàcequejeluidis,mais
aussiparcequ’unhommedoitsecomporterainsiquandilavoueseserreurs.—Jeneveuxpasquevousmedétestiez.Elleposelesbrassurlesaccoudoirsetcroiselesdoigts.— Mais pourquoi voudriez-vous que je vous déteste ? Vous n’avez pas entendu ? Cela m’a
beaucoupinspirée.Jedevraisvousremercier.Là,jenem’yattendaispas.—Inspirée?J’avouequejesuisperplexe.Jenemesuismêmepasdonnébeaucoupdemal.Cettepetitepartiede
jambesenl’airaétéagréable,maispassensationnelle.Sij’aiuneautreoccasion,jesuissûrqu’elles’ensouviendra.Maisoui,jeveuxremettrelecouvert.Queçafinissedanssonbouquinoupas.— Oh, incontestablement. (Elle penche la tête sur le côté et me scrute un instant avant de
poursuivre.)Comme vous ne voyezmanifestement pas de quoi je parle, je vais vous proposer unmarché. Je suis prête à vous raconter tout ce que j’ai écrit, si vousme promettez de ne pas vousfâcher.Jen’aipasvraimentledroitdemefâcher,maiscommejel’aiditplustôt,jeveuxbienluiaccorder
toutcequ’elledemandesiçapeutlaréconforter.Etpuisjedoisavouerquejesuiscurieux.—D’accord.— Non, vous devez dire que vous le promettez, reprend-elle en pointant vers moi un index
impérieuxquimontrequ’elleneplaisantepas. (J’endéduisque jedoisprononcercesmotsàhautevoix pour la satisfaire. Jem’apprête à le faire, quand ellem’interrompt.)Avant que vous parliez,sachezquejeprendslespromessestrèsausérieux.Alors,sivousditesquevouslepromettez,ilfautquevoussoyezsincère.Jesoupire,cequiluifaithausserlessourcils,etfinisparmurmurer:—D’accord.(Jem’assoissurlelitfaceàelle,poselescoudessurlesgenouxetprononcelesmots
qu’elleademandés.Passeulementparcequ’elleveutlesentendre,maisaussiparcequejelespense.)Jevousprometsdenepasmefâcher.Le sourire qui se peint sur ce ravissant visageme donne envie de lui promettre tout ce qu’elle
désire.—Bon.Alors,Jaysonvientdedécouvrirquelafemmequ’ilaime,JannellKain,nel’aimeplus.Et
lasituationestunpeucompliquéeparcequeJanellestamoureused’unautrehomme.Waouh ! Elle est vraiment en train d’écrirema vie. Jem’attendais à ce qu’elleme parle d’une
extraordinairepartiedejambesenl’airouqu’ellemeracontequeletypes’estcomportéensalaud.Maisquemoncœurbriséserved’inspiration, jenesaispastropquoienpenser.Maisbon,commeMias’esttoujoursmontréetrèsperspicaceencequimeconcerne,jesuiscurieuxdevoircommenttoutcelasedénouedanscettehistoirequ’ellea«inventée».Parcequedanscegenred’histoire,ilyatoujoursunproblèmesuividesasolution,non?—Etqu’est-cequefaitJayson,alors?questionné-je.—Mmm…fait-elleensemordantlalèvre.Ehbien…euh…ilcoucheavecuneautrefemme.Bon sang. C’est ce qui s’appelle rouvrir des blessures. Les miennes ne sont pas seulement
ouvertes : le sangcoule. Jenesuispas fâché.Vraimentpas. J’aientièrementméritécecoupque jeviensdeprendredanslesdents.—Pourquoiilaagicommeça?C’est là que je vais pouvoir savoir ce que penseMia de ce que je lui ai fait. Ce sera peut-être
pénibleàentendre,maisjedoissavoir.Bonsang,jepréféreraisquandmêmequ’ellenemeregardepasaveccetaircompatissant.—Parce qu’il est blessé et frustré, et qu’il a simplement besoin d’éprouver autre chose que du
chagrin.L’entendredirecelaàhautevoix,c’estcommesielleavaitrépanduduselsurmaplaie.Celame
brûleatrocement,parcequec’estvrai.Etàtraversmapeine,jenepeuxm’empêcherd’éprouverdel’admirationpourMia.Nonseulementcettefemmeécritdeslivressurlesgens,maiselleliteneuxcommedansunlivreouvert.Maispuisquelavérité,c’estlavérité,jelâchetout.Mêmesic’estbrutal.—Alors,ilsesertd’uneautrefemmepouroublierlapremière?Quelenfoiré…—Jenevoispasçacommeça,etlafemmequiaétésonexutoirenonplus.«Exutoire.»C’estintéressantqu’elleaitchoisiceterme.Jemedemandesic’estcommeçaqu’elle
s’estvuequandelles’estregardéedanslemiroircematin.Parcequeçanemeconvientpasdutout.—Ahbon?Etelles’appellecomment,cettefemme?—Maria,répond-elled’unepetitevoixaprèsunsilence.Maria…Mia…Non,celanepeutpasêtreunecoïncidence.—Mariasaitqu’elleaétéutiliséeetçaneluifaitrien?Sonregardsevoileet leboutdesonnezrosit.Merde.Elleadumalàseretenirdepleurer.Elle
déglutit,puiselleseforceàsourireavantderépondre.—Biensûr.Elle,elleadel’affectionpourlui.Etpuis…(Ellebatdescilscommepourchasserdes
larmes.)…lesamis,c’estfaitpourquoi?Foutaises. Je mériterais des coups de pied au cul. N’importe quel connard qui fait pleurer
quelqu’un d’aussi vertueux queMia lemérite. Elle a un cœur d’or, elle n’est que bonté et elle nemérite pas qu’on la fasse pleurer. Jamais. Personne ne peutme convaincre du contraire. Pourtant,c’est ce que j’ai fait. Je l’ai sautée enméprisant totalement ses sentiments. Quel genre d’ami agitcommeça?Etpuis,jen’aijamaisvuMiacommesimplementuneamie.Elleestquelquechosequejen’arrivepasàexpliquer.Elleest…unepossibilité.Jemelaisseglisserdulitettombeàgenouxdevantelle.—Mia,quandvousmeregardez,qu’est-cequevousvoyez?Il lui faut un moment pour répondre. Un moment durant lequel elle a l’air de me détailler
entièrementavantdeterminerparmesyeux.Etquandelleyplongelessiens,c’estcommesielleytrouvaitlaréponse.—JevoisJayson…leproduitdemonimagination,riendeplus.Jenesaispaspourquoi,maisçanemeplaîtpas.—Voussavez,quandvousêtesarrivéeendisantquevousvouliezmequestionnerpourlelivreque
vous étiez en train d’écrire, j’ai cru que vous étiez en quête de détails pratiques sur la pêche et lequotidiend’unpêcheurdehomards.Jenepensaispasquevousalliezvousmettreàécriresurmavie.—Honnêtement, cen’était pasmon intention.MaisCasey, vous êtes l’archétypeduhérosviril :
vousavezdesdéfautstoutenétantparfait;vousêtespleind’assurance,sansêtreeffronté;passionnépar ce que vous faites ; doué de force et de volonté ; intelligent sans être prétentieux ; vous avezl’allure d’un mauvais garçon avec le cœur d’un gentil garçon ; vous êtes dominateur sans êtreagressif;etvousêtesuntrèsbonamant.Cettedernièreréflexionfait tressaillirmabitedansmonjean.Hum.Jen’aipaslecouragedelui
direqu’unhérosvirilneseserviraitjamaisd’unefemmepourenoublieruneautre.Miadoitvoirdansmonsilencepensifquejemesensinsulté,carellereprend:—Jevaisjetertoutlemanuscrit.Jevouslepromets.Tantpispourlecontrat.Jeneveuxpasvous
offenserouvousdonnerl’impressionquevotrevieaétéétaléeaugrandjour.Ce n’est pas du tout ce que je désire.À vrai dire, je suis honoré qu’ellem’ait estimé digne de
devenirlesujetdesonroman.Etm’enfairelehéros?Ehbien,jenemesenspastrèshéroïqueencemoment.Maisquoiqu’ilensoit,c’estcommeçaqu’ellemevoit.Peut-êtrequ’elleestlaseule.Etjetiensàcequeçacontinue.Puisquej’aipuavoirunaperçudesonespritmerveilleusementcréatif,jemedemandesilesréponsessontdissimuléesquelquepartdanscegénie.—Non,vousnedevezpaslejeter.Maispeut-êtrequevouspouvezm’aiderpourquelquechose.Elledéglutitetcelaattiremonattentionsursoncouquej’aienvied’embrasser.—Cequevousvoudrez,répond-elledoucement.—Dites-moicequiarriveàJayson.—Vouslesavezbien,Casey…VousêtesJayson.—Non,pasça.Jeveuxdire,cequiluiarriveàlafindulivre?—Ilpartdanslesoleilcouchant,ilvitheureuxetilabeaucoupd’enfants,évidemment.—Avecqui?Unpauvresourirepassesurseslèvresetsesjouesrosissent.—Devinez.—Maria?—Oui.Ilesttoutcequ’elleatoujoursdésirésansjamaissavoircequ’ellecherchait.—Jenevoispascommentc’estpossibleaprèscequ’illuiafait.Peut-êtrequevousdevriezjustele
tuer.—C’estimpossible,dit-elleenriant.—Pourquoidonc?Ellecontinuedesourireetilpassedanssonregardquelquechosequimefaittressaillir.— Parce que, à partir du moment où une femme écrivain tombe amoureuse de vous, vous ne
pouvezpasmourir,idiot.Jehausselessourcils.—Vousêtesamoureusedemoi?Euh,jeveuxdiredeJayson?corrigé-je.—Jesuisamoureusedetousmespersonnages.—Mia…Ellemecoupeprécipitamment.—Casey,neflippezpas,jevousenprie.Jesuisuneromantique.Cen’estpasgrave,jevousassure.
Celam’arriveconstamment–avecmespersonnagesfictifs,pasleshommes,etjefinistoujoursparm’enremettre.Jevouslepromets.Vousn’avezpasàredouterquej’aierêvéunscénariodébridéetquejeveuillequ’ildevienneréalité.Ets’ilestexactquelafrontièreesttrèsminceentrelegénieetlafolie, etquenous sommesenpermanencesur le fildu rasoir, jene suis jamais tombéeducôtédel’illusion.J’aiparfaitementconsciencequejenesuispasMariaet jesaispertinemmentcequis’estvraimentpassécettenuit.Vousaviezbesoindecoucheravecune femmeet j’ai étéheureused’être
cettepersonne.Etpuiscelaafaitavancermonintrigueetj’aieuquelquesorgasmesphénoménauxparlamêmeoccasion.Alors, tout va bien. Personne n’en veut à personne. (Elle se tait et reprend sonsouffleavantdedemander:)N’est-cepas?Sansqu’elles’yattende,jelaprendsparlatailleetl’attirecontremoi,l’obligeantàdécroiserles
jambesetà lespasserautourdemeshanches.Exactementcommeje ledésirais.Puis je l’embrasse.Elle m’a dit qu’elle était capable de connaître les sentiments d’un homme à la manière dont ilembrasse,etc’estcommeçaquejeluiaifaitcomprendrehiersoirquej’avaisenviedebaiser.Cettefois,jel’embrassepourluifairecomprendreautrechose.Ses lèvres sont si douces, si dociles sous lesmiennes, et lorsque j’approfondis ce baiser, elle y
répond.Songémissementdescendtoutdroitjusqu’àmabite,puisellepasselesbrasautourdemoncouennoyantsesdoigtsdansmescheveux.Ellesecambreetappuiesurmapoitrinesachattedontjesens immédiatement lachaleurà traversmachemise.Cen’estpasunexutoire.Etc’estplusqu’unepossibilité.Miaest…tout.Je me dégage légèrement pour lui laisser le temps de reprendre son souffle. Elle continue de
m’enlaceretappuiesonfrontsurlemien.—Waouh,chuchote-t-elle.Jesouris:monmessageaétéreçu.—Vousn’avezpaslemaldemer,n’est-cepas?demandé-jealorsquejesaistrèsbienquenon.Ellesecoueimperceptiblementlatêteensemordillantlalèvre.—Casey,soyezsûrdevous.Sivouscherchezseulementàl’oublier…—Jesuissûr,assuré-je,refusantqu’ellesefassedetellesidées.Quelhommenevoudraitpasvivre
heureux?Accordez-moilebonheur,MiaMorgan.—Vousavezfaitlamoitiéduchemin,répond-elleenmegratifiantd’unchasteetdélicatbaiser.—Ahbon?Elleéclatederireetmoncœurs’envolecommeunoiseau,unavion,uneballe,commes’ilpouvait
sauter au-dessus des gratte-ciel. Je vais être son héros incarné, même si c’est plutôt elle qui m’asauvé.Maisjevaismebattrepourelleparcequejesaisqu’elleenferaitautant.Nouspouvonsdevenirun
fabuleuxduo.Peuimporte,dumomentquenouspouvonsluttercontren’importequiensemble.ElleenWonderwomanavecsonlassodoréetmoienSupermanavecunecaperougeflottantdanslevent.Non,jenemefaispasd’illusion.EllevaquitterStonington,toutcommel’afaitCassidy.Jelesais.
Maiscettefois,jenevaispaslaisserledestindécider.Cettefois,jevaismeremueretfairetoutpourconvaincreMiaderester.
17
Shaw
Onparletoujoursducalmeavantlatempête,maispersonnenesoulignejamaiscombienlesilencequisuitpeutêtreassourdissant.Cassidyetmoisommesbienà l’abridansnotrechambre,maisau-delàdecesquatremursnousguettelaréalité.Jel’aiprévenue.Laseulemanièredesavoircequ’ilenest,c’estd’ouvrirlaporteetdesortirvoir.Ensemble.Juste après avoir pris une douche. Ensemble. Pour ce faire, je suis obligé d’aller chercher
discrètement des vêtements dans ma chambre, mais nous réussissons notre coup sans nous faireprendre. Jeneveuxplusque cequenouspartageons continued’être secret,mais je ne sais pas cequ’elleenpense.Jen’aipasl’intentiond’allerlecriersurlestoitsnonplus.D’autantquejen’enaimêmepasparléàCassidy,maisj’ail’intentiondelefairetrèsrapidement.Deluienparler,pasdelecriersurlestoits.Ceseraitexcessif.Alorsqu’elle terminedenouerses lacets,Cassidy lève lesyeuxversmoietmefaitungracieux
sourire.MonDieu,elleréussitàêtresexyenmettantsimplementdesbaskets.Celafait,elleselèveetroulesonjoggingjusqu’auxgenoux,dévoilantsesmolletsmusclés.Jelui
demanderaisbiensielleapenséàapportersestalonsaiguilles,maiscelarisqueraitdemedétournerdelatâchequim’attend.—Alors,prêtàallerconstaterlesdégâts?demande-t-elle,lesmainssurleshanches.Elleparlesûrementde la tempête,maisenréalité, laquestionpourraitaussis’appliqueràcequi
s’est passé entre nous la nuit dernière. Quand on vient de frôler la mort et d’avoir une prise deconscienceémotionnellealorsqu’ons’esttoujourstarguédenejamaisrienéprouver,ilyadequoiseposerdesquestions.Celavaêtretrèscompliqué.Surtoutsi,pourelle,c’esttoujoursuniquementdusexesanslendemain,exactementcommeceladevaitêtredepuisledébut.Je prends unmoment pour admirer son épaule dénudée, grâce au sweat à col enV trop grand
qu’elleachoisideporter,jeluidonneuneréponsequipeuts’appliquerauxdeuxsituations:—Commentpeut-onêtreprêtpourunechosepareille?Je ne le suis pas, c’est sûr,mais n’ayant jamais reculé devant aucundéfi, je sais que je vaisme
lancer–danslesdeuxcas.—C’estvrai,répond-elle,debonnehumeurmalgréletravailquinousattend.Alors,allons-y.
J’ouvrelaporteetm’effacepourlalaisserpasser,carc’estcequ’ungentlemandoitfairedevantunedame.Quecelle-cisacheoupasqu’elleestsienne.Maisàpeineavons-nousmisunpieddanslecouloirquenoustombonsnezànezsurCaseyetMia,côteàcôteexactementcommenous.Iln’yapas lemoindreéchangedesalutationsnid’ailleurs lemoindremot,mais je remarque le
regardentreCassidyetCasey. Justeavantqu’ellemeprenne lamainet enlacemesdoigtsavec lessiens.Celamesurprend,maisDieumerci,pasassezpourmefairefaireunebêtise.Enrevanche,jesouriscommeunidiot,parceque,oui,c’estmoiqu’elleachoisietquelapositiondemâledominantm’estassurée.C’estalorsqueCaseyprendà son tour lamaindeMia.Ah.Deuxmâlesdominants sur lemême
territoire ? Eh bien, voilà un concept nouveau et intéressant. Un autre étant le tendre sourirequ’échangentCaseyetCassidy,suiviparlelongregardévaluateurdontilmegratifie,concluparunhochementdetêterespectueux.Jecomprendsparfaitementlemessage:j’aiintérêtàsacrémentbienm’occuperd’elle.Etc’estjustementcequejecomptefaire.C’est amusant la quantité d’informationsqui peuvent être échangées entre quatre personnes sans
qu’unseulmotsoitprononcé.MaisilesttoutàfaitclairqueCaseyestavecMia,queCassidyestavecmoietqueCaseyetCassidysontsincèrementheureuxdelasituation.Toutestdoncpourlemieux.Casey etMia étant les plus proches de l’escalier, c’est cette dernière qui s’y dirige la première,
Caseyàsescôtés.Cassidyetmoilessuivonsetnousdescendonsdeuxpardeux,commelescouplesd’animaux débarquant de l’arche de Noé après le Déluge. C’est une image de circonstance, étantdonnélespéripétiesqueMèreNaturenousafaitendurerpendantlanuit.Nous entrons l’un après l’autre dans la cuisine où les parents sont déjà en train de s’affairer et
quatrepairesd’yeuxsetournentverslesnouveauxcouples.Etlàencore,pasunmot.Abby,Thomas,DuffetAnnavoienttrèsbiencequ’ilsontdevanteuxetremarquentnotammentavecintérêtlesmainsquisetiennent.Jenotementalementqu’ilvafalloirfairecelapartoutoùj’iraiavecCassidyafinquetoutlemondesachequ’elleestmapropriété.Le visage d’Abby s’éclaire d’un sourire approbateur devant la tournure qu’ont prise les
événements. Pour Casey et moi. Je ne remarque pas vraiment ce que les autres pensent, carl’approbationd’Abbyesttoutcequicomptepourmoi.Enfin,d’AbbyetdeDuff,évidemment.Ilmeladonneàsamanière.Iltapebruyammentdanssesmainsetromptfinalementlesilence.—Bon,alors,voyonscequ’ilenest.NousnousécartonspendantqueDuffpousselefauteuildesonépouseverslaporte.Unefoistout
lemondedevant,Cassidymeregardeetsoupire,pasvraimentpréparéeàconstaterlesdégâtslaisséspar la tempête dans sa ville natale. Je presse sa main dans la mienne, et sur ce, nous fermons lamarche.Le soleil matinal éclatant contraste avec la maison plongée dans l’obscurité à cause des volets
fermésetde l’électricitécoupée,et lesmouettespiaillentcomme tous les jours.Maispour leshuitpersonnesqui se tiennent côte à côte sur lavéranda, chacune totalement sous le choc causépar cequ’ellesdécouvrent,ilestévidentquec’esttoutsaufunejournéeordinaireàStonington.Sa situation sur le flanc de la colline, ainsi que ses robustes fondations, ont permis de sauver
WhalenHouse.D’autresmaisonsn’ontpaseucettechance.QuandonregardeversMainStreet,onadumalàdétermineroùcommencetellepropriétéetoùfinittelleautre.Lesruessontjonchéesdetasd’algues,debranchesd’arbres,debardeauxarrachésauxtoitsetauxmurs,dedétritus,mais,cequiestplussurprenant,ilyaaussidesarbresdéracinésquisesontabattussurdesbâtiments,desmaisons
dévastéesdontlecontenus’estrépandudanslesruesouflottedansleport.LapuissancedeMèreNatureforcelerespect.Lamanièredontellechoisitquellesfamillesperdent
tout, lesquelles subissent des dégâtsmineurs et lesquelles sont épargnées est une véritable énigme.NousnesavonstoujourspascequeWhalenHouseasubicommedommages,carnousnesommespasallésplusloinpourinspecterlesalentours,maiscelanepeutenaucuncasêtreaussigrave.Quelques-uns des habitants sont déjà sortis et s’affairent. Des personnes âgées secouent la tête,
incrédules,tandisquedesmèresserrentleursenfantscontreellesoulesaidentàenjamberdestasdedécombres.L’instinctprend ledessuset je lâche lamaindeCassidypouralleraidercesgens, toutcommeCaseyquiestdéjàenchemin.Maisjem’arrêtetoutnetenentendantreniflerderrièremoi.Jejetteuncoupd’œilpar-dessusmonépauleetjemefigeenvoyantunelarmeroulersurlajoue
d’AnnaWhalen.Lamère demapetite copine a le cœur brisé pour sa ville. Je suis effondré. Il nes’agitpasd’unenégociationquiacapotéoud’ungroscontratmanqué,maisd’uneréellecatastrophe.C’estvraimenthorrible.—Toutvas’arranger,machérie,tuverras,ditDuffenposantunemainrassurantesurl’épaulede
safemme.
18
Cassidy
LatempêteAylaaétéunesacréegarce.Enatteignantlacatégorie4avantdetoucherlescôtes,elleadéferlésurStoningtonendévastanttout,nelaissantquasimentplusquedesconfettisdanssonsillage:maisonsréduitesenmiettes,vieschambouléesetruinées.Ettoutcelasanssesoucierlemoinsdumondedeceuxquirestentpourramasserlesdébris.Cependant,leshabitantsdeStoningtonnes’apitoientpassurleursort.Cesontdesgenscoriaces,
opiniâtresetbiendéterminésàcontinuerleurvieetsauvegardercequienreste.Stoningtonvas’ensortir.Nousallonstousnousensortir.Danslesheuresquisuiventlafindelatempête,nouspassonsparlescinqphasesdudeuil:déni,
colère,négociation,dépressionetacceptation.C’estdans ladernièrequenousnousmontronssousnotremeilleurjour.Lenettoyageadéjàcommencéet,parmiracle,l’électricitéestrevenue.Espoireténergie sont les fondations sur lesquelles cette île a étébâtie, et aucunouragann’a lepouvoird’ychangerquoiquecesoit.Lesviesontétéépargnées.Aucunevictimen’estàdéplorer,etc’estsurtoutl’orgueildespêcheurs
quiaétéblessé.Ilsontbeauêtretousrivaux,ilsseserrentlescoudespourlebiendelacommunauté.Jesuisfièred’enfairepartie.BienquejesoisrevenueàStoningtonentraînantlespiedsetenmaugréant,jemerendscompteque
jen’ensuisjamaispartie.Unequasi-laissequ’onm’amiseàlanaissancem’ytientattachéeet,mêmesij’aitirédessusaussiloinquej’aipu–jusqu’àl’autreboutdupays,enfait–,elleesttoujoursreliéeàStonington.Jelèvelenezdutasdedécombresquejesuisentraindetrieretj’essuiemonfrontruisselantde
sueur.Ilfaitchauddehors,l’airétouffantestchargéd’humiditéetlesoleiltapetellementquec’estàse demander ce qui lui prend.Le ciel d’unbleu azur est strié deminces traînées denuagesblancscommesilemondesetrouvaitdansunécrindemarbrebleu.Derrièremoirésonneungrognementguttural,dugenrequ’unhabituédessallesdegymferaiten
soulevantunebarrechargéedetroisfoissonpoids.ShawetCaseyétantdanscecoin-là,jemetournepour voir s’ils ne sont pas en train de se sauter à la gorge. Imaginez ma surprise quand je lesapperçoissouleverensemblelesrestesdutoitdelacapitainerieduport.
VoilàqueShawMatthews,unhommequines’estjamaissouciédepersonned’autrequelui-même,participeàl’effortgénéral.Etmonamilepluscher,l’hommequiluiabalancéunedroiteentraîtrehier,esten trainde luidonneruncoupdemain.Oui, lescatastrophesnaturellessontdévastatrices,maisellessemblenttoujoursréunirdesgensqu’onn’auraitjamaisimaginésensemble.Jesuisfièredemesdeuxhommes.Àcôtédemoi,Mias’efforced’extirperunmicro-ondesd’unénormetasdeboue.Elleymettoute
sonénergieetjepressenslerésultatavantmêmequ’elleperdel’équilibreettombelesfessesdanslaboue.Maisjenemeréjouispasdesonmalheur.Simesbonshommessontassezgrandspourenterrerlahachedeguerre,j’ensuiscapableaussi.Appuyée sur le micro-ondes en question, je tends la main à Mia. Elle lève les yeux, d’abord
interloquée,puisellesourit.JecomprendsaisémentcequeCaseyvoitenelle.Elleestvraimentjoliedanslegenresimpleetdiscret,charmantecommetoutettotalementlegenredeCasey.Sanscompterqu’elleestauteurderomanssentimentaux,doncjesuissûrequ’ilsauras’yprendre.Miaprendmamainetunetrêveesttacitementconclueentrenousalorsquejel’aideàserelever.—Alors,vousetCasey…mmm?fais-je.(Lesourirequiéclairesonvisageéclipselesoleilqui
illumine notre ciel demarbre.Oh, oui, elle est folle de lui. Et elle baisse les yeux comme si ellevoulaitque jenevoiepasàquelpoint.Etcommeiln’enestpasquestion, je lui relève lementon.)C’esttrèsbien,luiassuré-je.Franchement.Ilvousadorevraiment.—Vouscroyez?demandeMiaenseretournantverslui.—Oh,oui,dis-jeenriant.Faites-moiconfiance,personneneleconnaîtmieuxquemoi.C’estmon
meilleurami,etcelanechangerajamais,maisjesuisvraimentauxangespourvous.Elleentreprenddetenterd’essuyerlabouedesonpantalon.—Merci.Celaveutdirebeaucoup,venantdevous.Jedécidedel’aiderenluiessuyantlajoue.SasituationavecCaseyestencoretoutenouvelleetje
suis sûre qu’elle ne voudrait pas qu’il la voie dans un état pareil. Les filles doivent se serrer lescoudes dans ce genre de circonstances, après tout.Àmoins d’être une garce, et auquel cas, on enrajouteunpeu.Maisjenesuispasd’humeuràjouerlesméchantes.—Vousvoulezunconseil?luiproposé-je.—Oh,certainement!s’empresse-t-ellederépondre.—Nelemenezpasenbateau.CaseyestStonington.C’estchezlui,ici,etilneconnaîtriend’autre,
luiexpliqué-jetoutenenlevantlabouequimaculesescheveux.Jenesaispastropcommentpourraitfonctionnerunerelationàdistanceentrevousdeux,maissivousvenezsouventetquevousluirestezfidèle,jevousprometsqu’illeseraaussi.—Jevousprometsdeprendresoindelui,Cassidy.Aussilongtempsqu’ilmelaisserafaire.—Vousavezintérêt,plaisanté-jeensouriant.Oh,ets’ilfaitdesbêtises,refusezdeluiparler.Ilne
supportepas.Çamarcheàtouslescoups,ajouté-jeavecunclind’œilcomplice.Aumêmeinstant,mamèrem’appelledepuislamaison.—Cass,vadireàtonpèrequesondînerestprêt.Lesautresaussi,vouspouvezvenirvousremplir
lapanse.—OK,maman!Oùilest,d’ailleurs?demandé-jeenregardantvainementautourdemoi.—Làoùilvatoujoursquandilessaiedesedéfiler.—Jevois!
Je sais qu’elle exagère, car elle est comme cela. En plus, mon père ne fuit jamais sesresponsabilités.Ildisparaîtpouréchapperàsesremontrances,etc’est toujourspouralleraumêmeendroit:laplage.Avantquej’aieeuletempsdedirequoiquecesoit,Miaprendlesdevants:—Allez-y.Jevaism’occuperdesautres.C’est legenrede fillequiprend leschosesenmain.J’aimebien.Ellesauras’occuperdeCasey,
vraiment.—Nevousinquiétezpaspourlaboue.Lesgarsd’iciaimentbienqu’unefemmen’aitpaspeurde
sesalirunpeulesmains,luiconfiai-je.Etj’entreprendsdefairerentrermonpèreaubercailenl’appâtantaveclespetitsplatsmitonnéspar
maman.
Shaw
Il y a quelques semaines, quelqu’un quim’aurait vume salir lesmains avec les habitants d’unvillagedepêcheursn’enauraitpascrusesyeux.Nomd’unchien,jen’enseraispasrevenunonplus.Je n’en reviens toujours pas,maisme voilà en train de prêtermain-forte àmes semblables. Et lemieux?C’estqueje lefais justeàcôtédutypequim’enacolléunepasplustardqu’hier.Et jeneveuxmêmepasessayerdemevengerdecetteinvolontairetentatived’homicide.Enrevanche,cequejevoudraisbien,c’estunverredethéglacéetmanana.— Tous ensemble, maintenant, les gars ! aboie Thomas une fois que quatre types et moi nous
sommesmisenpositionpoursouleverletoitdelacapitainerie.Àtrois,nousdonnonstoutcequenousavonsetnousparvenonsàleredressersuffisammentpour
queCaseypuissefairepasserdessousdescâblesenacierdestinésàêtrefixésàunegrue,laquellesechargeradelehisser.CettesaloperiepèsedestonnesettousmesmusclessedonnentpourqueCaseypuisse accomplir sa tâche sans danger.Malheureusement, de l’autre côté, quelqu’un glisse et perdl’équilibre.—Holà!Holà!crieThomasquis’élancepourprendresaplaceavantquel’ouraganAylafassesa
premièrevictime,sonproprefils.Sortez-ledelà!Caseyestjustedevantmoietletoitquipèsesursesjambesneluilaissepaslemoindreespacepour
bouger.Ilrestedemarbre,alorsquejesuissûrqu’ildoitmentalementdiresesprières.—Unpeuplusd’espace!crié-je.Avecunderniersursautd’énergie,jesoulèveencoredetoutesmesforcesdubrasgauchetouten
tendant l’autre pour que Casey le saisisse. Samain gantée se referme sur lamienne et il lève degrands yeux vers moi, le front plissé de détermination. Un grognement féroce s’échappe de mapoitrine,medonnantuneforcequejen’auraisjamaiscruposséder,etjetiresursonbras.Unesecondeplustard,letoits’écraseausolenfaisantvolertoutuntasdedébris.Jejetteunbref
coupd’œilsurmadroiteetjevoisCaseyallongé,sainetsauf,surlecimentauprèsdemoi,quifixeleciel,haletant.
Thomasvientvoircomments’enestsortisonfils.—Çava,mongars?demande-t-il.Casey hoche la tête et Thomas m’assène une grande claque dans le dos assortie d’un « bon
boulot»,puisilnousdonnelapermissiond’allerfaireunepausependantqu’ilretourneharanguerseshommes.Caseyetmoiéchangeonsunregardcommesisonpèreavaitperdula tête,puisnouséclatonsde
rire.Puisjerespirecalmement,letempsdemeremettre,etjetendsdenouveaulamainàCasey.Ilyadanssonregardlevéversmoiquelquechosequimefaitgonflerlecœurdefierté.Sansun
mot,nousvenonsdeconclureunetrêvequiaccompagneuneconfiancenouvelle.Illasaisitetsehissedebout.—Merci,monpote,dit-ilens’époussetantd’ungeste instinctifquinechangepasgrand-choseà
sonétat.—Vousenavezfaitautantpourmoi,luirappelé-je.Ilglousse.C’estunpeuunemanièred’avouerparlamêmeoccasionquec’estàcausedeluique
j’aifailliêtreenvoyéadpatres,maisjenerelèvepas.—Onestquittesalors.—Oui,sûrement,dis-je,unpeumalàl’aise,carilyaencoreunénormedétailàrégler.Aufait,
concernantCassidy…commencé-je.Avantquej’aiepupoursuivre,ilmeregardedroitdanslesyeuxetdemande:—Vousl’aimez?Méthodiquement, il retire son gant en tirant un doigt après l’autre.Bon sang, voilà qu’on va se
lancerdansledeuxièmeround.—Je…euh…J’esquive,pasparcequej’aipeurdelui,maisparcequejenesuispasentièrementsûrquejeveux
aborderlesujettantquejen’aipasparléavecCassidydessentimentsquej’éprouve.—Bon,sivousvoulezpasqu’onenparle,jerespecteça,dit-ilenglissantlepremiergantsousson
aisselleetens’attaquantaudeuxième.Maissivousl’aimez,faudravousbattrepourelle.Soyezpasunidiotcommemoienlalaissantpartir.Vouspigez?(J’opine,conscientqu’illuifautunsacréaplombpouradmettrequ’ilacommisuneerreur.)PourcequiestdeCassidyetmoi,continue-t-il,vousfaitespasdebile.Çaavaitrienàvoirdutoutavecvous.Enfindecompte,c’estCassidyquiétaitbeaucouptroppourmoi.(Iléclatederiremalgréluietsecouelatête.)Bonsang,cequ’elleesttêtue.Elleadorese chamailler.C’était clairement elle qui portait la culotte dans notre relation.Moi, ilme faut unefemmeunpeuplusdocile.Unequiestdisposéeàêtreunegentillepetitefemmesijelatraitecommeuneprincesse.Vousvoyez?J’éclatederireàmontour.—EtMiaestcommeçaavecvous?Ilprendlesdeuxgantsdansunemainetposelepoingsurlahancheenregardantverslamaison.Je
meretourneetvoisMiaquidescendversnousd’unpasguilleret.—Peut-être,répondCaseyavecunsouriregourmand.—Ehbien,c’estparfait,alors,dis-je,m’apercevantquejesuisenquelquesorteheureuxqu’ilse
satisfassedelasituation.
Cassidy
LaplagedeStoningtonn’aabsolumentriendecommunaveccellesdeSanDiego.D’abordparcequ’elles sont innombrables à San Diego, alors qu’il n’y en a qu’une seule ici. Les plages deCaliforniesontgénéralementplatesetsablonneuses,celledeStoningtonestprincipalementcomposéedegrosrochers.Cequiluipermetderemporterlapalme,c’estsabeauténaturelleetpure,sanslesmilliersdevisiteursquotidienset leursdéchets.Saufaujourd’hui,cependant.Àcaused’Ayla, ilyadesdébrispartout.Celadit, les algueset lebois flotté fontun spectaclebienplusagréableque lesordures.Jetrouvemonpèreassissursonrocherpréférédonnantsurlacrique,oùdesvaguesétonnamment
modesteslèchentlapierre.Jesaisavantd’arriveràsahauteurqu’ilaunepoignéedegaletsplatsaussilissesquesesmainssontrêches.Monpèreestunmanueldepuistoujours,unpeuabruptàl’extérieur,maisaussidouxqu’ungaletàl’intérieur,etilprendtoujoursletempsd’apprécierlesmerveillesdelanature,petitesetgrandes.Jemesuissouventdemandécequiluipasseparlatêtequandilvients’asseoiricitoutseul,maisje
nepeuxpasmepermettredeleluidemander.Ilaledroitdeméditercommeilveut,contrairementàcequepeutpensersonépouse.Sansunmot,jem’assoisàcôtédeluisurlerocher,nevoulantpasdérangersatranquillitéalors
quelavilleoùilvitestàcepointsensdessusdessous.Ilnesetournepasversmoi,nechangepasd’expression.Ilsecontentedetendrelamainetdemeproposerundesesgalets,quejeprendssanshésiter.Jemerappelleavoirétéenvoyéeiciparmamèremaintesetmaintesfoisétantenfantpourvenir
cherchermonpère,maisaussiavoirprétextéqu’elle ledemandait, simplementpourpouvoir resteraveclui.Ilatoujoursaimém’appelersonpetitcanard:ils’amusaitparfoisàmarcherenzigzagpourmevoirlesuivrepasàpas,cequejefaisaissansfaillir.J’adoremamère,vraiment,maisjesuisunefille à sonpapa. Il fallait souventqu’il joued’astucepourpouvoir sortir de lamaison sansque jem’élancederrièrelui.Jepiquaisunecolèrequandjem’enapercevaisenfinetjepartaisquandmêmeàsarecherche.Àvraidire,ilyavaitdesfoisoùjerestaisassisetoutelajournéesurlequaiàattendrequ’ilrentredelapêche.C’estàcausedemonpèrequej’adorelesport.Assisesursesgenouxdanssonfauteuilpréféré,je
l’écoutaism’expliquerlefootballcommesitoutsavoirsurlesujetpouvaitvousdonnerunavantageen cas de catastrophe nucléaire. Et j’avaismêmemon tabouret àmoi auMaggie, l’unique pub deStonington.Lesoleilscintillesursabarbe,faisantressortirl’orangedorédesesoriginesirlandaises.—Tu te rappelles la fois où tu as parié avec les gars du pubque je pouvais réciter la liste des
joueursdeDallas?C’étaiten1993,jecrois.—Ouaip.Attaquants,défenseursetremplaçants,complète-t-ilavecunsourirepleindefierté.Ila
falluqu’onlefasseduranttroissaisonsavantquecescrétinscomprennentquetuétaisunprodige.Ona gagné plein de sous avec cette vieille astuce. Encore plus quand tu étais capable de donner lesstatistiques de n’importe quel joueur dont ils te disaient le nom. (Il se met à rire et me tapote legenou.) Je savais que tu ferais degrandes choses.Merci dene jamaism’avoir dénoncé à tamère,ajoute-t-ilavecunebourradeaffectueuse.—Mercidem’avoirdonnélamoitiédesbénéfices,réponds-jeenluidonnantuncoupdecoude.
Et il éclatedenouveaude rire,parcequevousvousdoutezbienque je l’avais fait chanterpourpouvoirobtenirmapart.Mon pèreme serre contre lui pour que je posema tête sur son épaule, et c’est comme si nous
avionssoudainremontéletempsetquej’étaisredevenuesonpetitcanard.Lavieétaitbeaucoupplussimplequandjen’avaisqu’àmecontenterdelesuivre.S’arrangerpourdupermamèreetépaterlesgarsdechezMaggie,c’étaitunechose, trouvercommentembobinerShawpourqu’ilneconnaissepasmessentimentspourlui,c’estunetoutautrepairedemanches.—Qu’est-cequitetracasse,monpetitcanard?—Lesgarçons,réponds-je,sincère,avecunlongsoupir.—Beurk,fait-ilenmerepoussant.Lesgarçonssontdégoûtantsetilsontdespoux!Jenepeuxm’empêcherd’éclaterderire.—Papa,arrête.—Pourquoi?C’estcequetudisaisquandtuétaispetite.(Iljetteungaletdansl’eau.)Etj’enétais
biencontent,àl’époque.—Ettunel’esplusmaintenant?—Tamèreveutdespetits-enfants,répond-ilenhaussantlesépaules.Jemedisquecen’estpeut-
êtrepasunesimauvaiseidée.—Oh,monDieu.Elledéteintsurtoi,soupiré-jeenlevantlesyeuxauciel.—Bon,parle-moide tonproblèmedegarçon, alors,dit-il en jetantunautregalet.Caseyet toi,
vousvousêtesarrangés?Jelancemongaletaussi,maisiltombeavecunplouflamentableaulieudericocher.J’aiperdula
main.—Onarompu.—Jen’avaispasremarquéquevousvousétiezremisensemble.—Onnel’étaitpas.C’estjuste…c’estcompliqué.Jeretenteunlanceretc’estencorepireladeuxièmefois.—Lesaffairesdecœurlesontgénéralement,monpetitchou.Ilcontempleauloinlesvaguelettesprobablementcauséesparunetortuequis’agitesouslasurface.
Jemedemandeàquilabestiolevaallerracontercequ’elleentend.—Vousavezétéélevésensemble,alorslesgenssesontfaitdestasd’idéessurcequeseraitvotre
avenir.Leproblème,c’estquecen’estpasparcequetun’avaisconnuqueluiquetuneconnaîtraispersonned’autre.Ilmedonneunautregaletpourquejefasseunnouvelessai.Jemeplanteencore.—Tulancescommeunefille,semoque-t-il.Toutestdanslepoignet.Commeça.Illancesongaletquiricochecinqfoisavantdesombrer.—Prétentieux.Ilritdenouveau,puisilreprendsonsérieux.—Jenesaispas si tu te rappelles,maisquand tuavais septans, je t’aiamenéeexactementàcet
endroitpourtemontrercommentilfallaits’yprendre.(Ilsepencheetchuchoted’unairfinaud:)Tuétaisbienplusdouéeàl’époque.
—Tuparles,soupiré-jeenlerepoussant.—Quoi qu’il en soit, tu as levé le nez versmoi et tum’as dit qu’il y avait dans les villes des
bâtimentsquiétaientfaitsaveccettepierre–iltapotelegranitsurlequelnoussommesassis–etquetuauraisbienaimélesvoir.Jesuisrestésurlecul,parcequejenevoyaispascommenttuavaispusavoirdequoiétaientfaitscesbâtiments,maisbon,ilfautdirequetuastoujoursététrèsintelligente.—Jem’ensouviens,dis-jeenriant.Maisjenesaispluscommentj’aiapprisça,enrevanche.Ilmeregardeetjevoisdanssesyeuxqu’ilaquelquechoseàmeconfier.—Tu te rappelles que je t’ai demandé dans quel endroit dumonde tu avais envie d’aller ? (Je
secouelatête.)Moisi.Jen’aijamaisoublié.Jem’ensouviendraitoujours.Tuasrépondu:n’importeoùsaufici.(Ilsetait,l’airpensif.)C’estlàquej’aisuquejet’avaisperdue.Qu’ilfallaitquejefassetoutmonpossiblepourquetuquittescerocher.Leboutdemonnezcommenceàmechatouiller.C’estdepuistoujourslesignequeleslarmesne
vontpastarderàcoulermalgrétousmesefforts.—Tunem’aspasperdue,papa.—Jesaisbien.Tun’asjamaisétéàmoi.C’estmoiquisuisàtoi,mapetitechérie.Une larme rebelle glisse sur ma joue. Mon père n’a jamais été un sentimental. Soit il est très
sérieux,soitiln’estqu’éclatsderire.C’estlàunefacettedesapersonnequejen’avaisencorejamaisvue. Ni quand j’ai quitté Stonington pour aller à l’université, nimême quand je suis partie à SanDiego.Ilsouritetmereprendparl’épaulepourmeréconforterenmeserrantcontrelui.—Jesaisquej’aiétéunvieuxbonhommeentêtéquiavaittroppeurdelaisserpartirsafille.Etj’en
suis désolé. On a le droit de s’installer ailleurs qu’à Stonington, Cass. Tout comme c’est permisd’aimerquelqu’und’autrequeCasey.SituveuxpartirdanslesoleilcouchantavecShaw,vas-y.Maisn’oubliepasd’oùtuviens.Et c’est ainsi que le lien quime retenait ici se brise.Mon pèreme libère.Même si je n’ai pas
l’impressiondepouvoirprendreencoremonessor.—Jel’aime,papa.J’aimeShaw,avoué-je.Ce n’est pas si déplaisant deme l’entendre dire à haute voix. Le ciel ne s’assombrit pas, l’eau
devantnousnesechangepasensang,desdémonsnes’échappentpasdesportesdel’enferetcen’estpaslafindumonde.Etmalanguenesedécrochepas,figurez-vous.Alors,pourquoisuis-jeencoreaussiterrifiée?—Jesaisbien.Maislui?Parfois,monpèreestplusfutéquejenel’imagine.Saquestionestlaréponseàlamienne.Shawne
saitpascequej’éprouvepourluietjesuisterrifiéedeleluidire.C’esttoutbonnementaffreuxd’êtrerejetée.J’hésite:jenesaispastropsijepeuxmedévoileretrisquerqueShawmeconsidèrecommeunepitoyablelycéenneamoureused’unchanteurdeboysband.—Jenepeuxpasluidire.—Etpourquoidonc?—Parcequejeneveuxpasqu’ilmeprennepouruneidiote.Jesaisquej’airépondud’untonboudeurdegamine.Maisunefemmequiestenprésencedeson
père, si adulte qu’elle s’imagine être, quoi qu’elle ait pu faire ou vivre, a toujours le droit deredevenirlafillettequipleuraitsursonépaule.Unpèresaitcommenttoutarranger.Peut-êtreparce
quec’estleseulhommedontl’amourpourelleresteratoujoursinconditionnel.—Ah,machérie…ladernièrechosedontonpourraitt’accuser,c’estd’êtreidiote.Tunel’espas.
Etluinonplus.D’ailleurs,tupourraisbienêtresurprisedecequ’ilterépondra.— Il me dira probablement que je suis virée, réponds-je en tripotant un fil qui dépasse sur sa
manche.C’estmonchef,àprésent,finalement.—Ahbon?s’étonnemonpère.Etdepuisquand?—Quand j’aiperdu lecontratDenverRockford. Ilestdevenuassocié,donc,dans les faits,c’est
monchef.—Tul’asperduoutuyasrenoncé?—Tuesaucourant?Questionné-jeenmeredressant.Maiscomment?—CassidyRose,glousse-t-il,tueslapersonnelapluscompétitivequejeconnaisse.Pasquestion
quequelqu’untebattequandtuveuxquelquechose,mêmes’ilesttrèsmalin.Tuasrenoncéauposted’associéparcequetamèreavaitbesoindetoiici.C’estbiença?—Pasquestionquetuluidises,grondé-jeenagitantunindexmenaçant.—Net’enfaispaspourça.Ceseranotrepetitsecret,merassure-t-il.Toutcommemeservirdema
filleuniquepourgagnerquelquesparisdansunpuboùunegaminen’arienàfaire.—Tantmieux.Ondevraitrentreravantqueledînersoitfroidetqu’elleenvoieunepatrouillepour
nousramenerdeforce.—Oui,tuassûrementraison,dit-ilensautantdurocher.Jem’apprêteàenfaireautant,maismonpèremeprendpar la tailleetm’aideàdescendre.Tout
comme il le faisait quand j’étais petite.Etmême si je sais que cela lui démolit le dos, je pose lesmains sur ses épaules et je me laisse faire. C’est mon père ; mon amour inconditionnel, moncompliceetleseulhommequimepassetousmescaprices.Ilnemeresteplusqu’àaffronterShawunefoisquejeserairedevenuelafemmequemonpèrem’a
permisdedevenir.
19
Shaw
AnnaWhalen est aussi une championne en cuisine. Je repartirai de Stonington gras comme unporcelet,mais tant pis. Je vais demander à Ben deme réserver des séances privées avec l’un descoachs de ma salle de sport quand je rentrerai, et cela réglera le problème. En attendant, je vaissavourercespetitsplatsmaisonaussilongtempsquejelepourrai.Tourteaupoulet,pommesaufourettomatesvertessontaumenu,arroséesdudélicieuxthéglacé
d’Abby.Jesuisauparadis,etjevaissûrementavoirbesoindeprendreunetrèslonguedoucheetdemecouchertôtdèsledînerterminé.Maisjenerisquepasderetrouvermonlitdebonneheureétantdonnétoutcequ’ilresteàfairedehors.Caseyetmoiavonstravailléensembletoutelajournéesansunsoupçond’animosité.Etaprèsnotre
petitediscussion,touteslestensionsentrenoussesontenvolées.Oh,ilyauratoujoursdesrivalitésdemâlesdominants,maisjerespectelemecetlaplacequ’iloccupelégitimementdanslaviedeCassidy.Jecomprends.Ilssontamis, ils l’ont toujoursétéet ils leseronttoujours.Sanscompterqu’ilssontquasimentdelamêmefamille.Jenevaispasm’interposer.Caseyetmoinouscomprenons,désormais.Cassidyn’estpasaucourant,etpeut-êtrequejenelui
diraijamais,maisilajouélesprotecteurstoutàl’heureenmedisantquej’aiintérêtàbienlatraiter.Sinon…Jenepeuxpasmalprendrecettemenaceàpeinevoilée,carjelavoispourcequ’elleestetjesuisheureuxqu’elleaitquelqu’unquitientsuffisammentàellepourvouloirlaprotéger.Ilal’airdifférent,etjesaisquejelesuismoiaussi.Enpartieparcequej’aifrôlélamorthier,eten
partie parce que lamère de Caseym’a officieusement adopté – ce qui n’a pas du tout l’air de legêner–,maissurtoutparcequej’aisoudainementprisconsciencedemessentimentspourCassidyetque je les ai reconnuspourcequ’ils sont.L’amour,bon sang.Çavouschangeunhomme.Parfoispour le meilleur, parfois pour le pire. Comme je suis presque certain que l’homme que j’étaisjusqu’iciétaitlepire,désormaiscelanepeutêtrequemieux.Siellenem’écrabouillepasdèsqu’elleauradécouvertcequ’ilenest.Cetruc, l’amour,c’estdévirilisant,maintenantquej’ypense.Peut-êtrequejedevraisgardermes
sentimentspourmoi.—Ehbien,ilétaittempsquevousvousdécidiezànousrejoindre.D’oùest-cequevoussorteztous
lesdeux?demandeAnna,quin’aimeapparemmentpasceuxquiontl’audaced’êtreenretard.
Commesijenesavaispasdéjàquimanqueàcôtédemoi.JelèvelenezetjevoisCassidyquientreaubrasdeDuff,commesisonpèreremontaitlatravéede
l’églisepourlaconduireàl’autellejourdesonmariage.Uneidéequejechasseauplusvitedemonesprit, car il n’est pas question de mariage. Du moins, pas si je fais partie de son avenir. Nonseulement je ne suis pas fait pour être père,mais à causedu couple raté formépar l’hommeet lafemmequim’ontdonnélavie,jenecroispasnonplusàl’institutiondumariage.Malgrétout,moncœur bondit dansma poitrine quand je la vois. Je comprends alors qu’il vam’être impossible degardermesnouveauxsentimentspourmoi,parcequecelavade toute façon finirpar sortir tôtoutard.C’estdireàquelpointilssontviolents.Les cheveux deCassidy s’échappent de sa queue-de-cheval, elle transpire et elle est couverte de
poussière–etelleestplussexyquejamais.Bonsang.—Netefâchepas,maman.OnrentraitquandpapaaaperçuJaxcoincésurunarbreetilatenuàce
qu’ons’arrêtepourl’aideràdescendre.—QuiestJax?demandeMia.—LechatdeMrs.Jones,répondCasey.—Tuauraisdûlevoir,maman.Papaaétéunvraihéros.Tuauraisétéfièredelui.Cassidydonneunbaisersurlajoueàsonpèrequivientdes’asseoir.—Jesuistoujoursfièredelui,rétorqueAnna,satisfaitedeleurexcuse,avantdepréparerl’assiette
desonmari.Commentelleréussitàprépareràdîneraussibienenétantclouéedanssonfauteuil,celaresteun
mystèrepourmoi.Cassidyfaitunclind’œilcompliceàsonpèrequandsamèrealedostourné,puiselles’installeà
son tour. Juste à côtédemoi.Mais ellement commeune arracheusededents, cette petite futée. Jemanquedem’étoufferenvoulantcamouflermonriresousunequintedetoux.Abbyremarquemonmanège,mais elle neme trahit pas.Et figurez-vousque lamaindeCassidy atterrit surma cuisse,commesic’étaitlegesteleplusnaturelaumonde.—Désolée,murmure-t-elleenmevoyantfixersamain.Elles’apprêteàlaretirer,maisjeposelamiennedessuspourlagarderàsaplace.Lachaleurdesapaumepénètrel’épaisseétoffedemonjeanetmefaitfrissonnerpartout.Cequi
n’arrangepasmonvagueàl’âmesentimental.Iln’yariendesexuellà-dedans.Samainestjustelàsouslamienne.Àlaplacequiluirevient.Unesonnerieretentitdansl’entrée–quelquepartducôtéducomptoirdelaréception,j’imagine–
et tout lemonde se retourne comme si c’était une énigme.C’est une sonnerieparticulière, commecelle d’un téléphone à cadran. Étant donné qu’Anna Whalen est vieux jeu, je suppose que c’estexactementdecelaqu’ils’agit.—Ehbien,ondiraitqueletéléphoneestrétabli,ditThomas.C’estmalélevéd’appelerdurantle
dîner,malgrétout.C’estétrangequ’ildisecela,étantdonnéqueWhalenHouseestuneentreprise,maisjemedisque
cela fait sans doute partie des choses qui ne se font pas à Stonington. Les petites villes ont leursrègles.Annacommenceàs’essuyerlesmainssursontablier,maisAbbyselève.—J’yvais,machérie.Donnesonassietteàtonmari.
—Qu’est-cequeçadonneducôtédesquais?demandeCassidyàCasey.Ilhausselesépaulesetavaleavantderépondre.—Ça avance.Shawetmoi onvaprendre le bateaudemainpour aller y jeter un coupd’œil. Je
penseques’ilyadesdégâts,ceserapasgrand-chose.—Voilàquevousvouscomportezcommedesadultes,s’étonne-t-elleenmecaressantlacuisse.Jenepeuxqueleverlesyeuxaucieldevantsaréflexion.—Iln’yapasdequoienfairetoutunplat,Whalen.Jesuiscapabled’oublierlepassé.—Shaw?m’appelleAbbydepuisl’embrasuredelaportedelacuisine.Unjeunehommedunom
deBenvousdemandeautéléphone,transmet-elle,intriguée.Jenem’yattendaispas,maisc’estnormal.IlyaquelquechoseàStoningtonquivousfaitoublier
que le monde extérieur existe. Je suis un agent sportif – pardon : associé chez Striker SportsEntertainment–etjenesuispasalléaubureaudepuisuncertaintemps.Jemesuisretrouvépile-poilau milieu d’un ouragan. Et je n’ai pas pensé à appeler mon assistant pour lui donner de mesnouvelles.Jesuisvraimentlargué.Jem’essuieleslèvres,repoussemachaiseenvitesseetmelèveenm’excusantdecetteinterruption.
Avantdequitterlapièce,jen’oubliepasdefaireunpetitbaiserchasteàCassidy.—Jevaisleurdirequevousallezbienaussi,dis-je,cequimevautunsourirereconnaissant.Unefoisdans l’entrée, jem’assoisdans le fauteuilderrière lecomptoiret jeporte lecombinéà
monoreille.—Ben?—Oh,vousvoussouvenezdemonprénom?mereproche-t-ilavecinsolence.—Oui,maisjepourraisoublierdesignertesnotesdefrais,situveux,répliqué-je.Qu’est-cequ’il
ya?—Monvieux,ilfautquevousreveniez.Sijen’étaispasresponsabledesonattitudeplusquedécontractéeavecmoi,jel’égorgerais.—Ben,jesuistonpatronetdepuispeudirecteurassociédel’agencedanslaquelletutravailles.Ne
m’appellepas«monvieux».Qu’est-cequisepasse?—Wadeestsurlesnerfs,monsieur.Ilappuiesurcederniermot.C’estunpeumieux,maispastellement.—Etpourquelleraisonest-ilsurlesnerfs?—LeColoradopasse son temps à l’appeler parcequeDenverne s’est toujourspasprésenté au
campd’entraînement.Matensionmonted’uncran.—Quoi?Etcommentçasefait?—J’aimeraispouvoirvousledire,maisilnerépondpasquandjel’appelle.—Ehbien,pourquoitunem’aspasappelé,alors?Celaauraitpourtantétélachoseàfaire.—J’aiessayé.Vousvousrappelez?çanecaptepas, làoùvousêtes.Jevousaienvoyédeuxou
troise-mailsaussi,maisapparemmentvousn’avezpasconsultévotreboîte.Bonsang,ilm’acoincé.J’aivraimentétéendessousdetoutsurcecoup-là.
— Ça fait deux jours que j’essaie d’appeler ce numéro, mais les lignes ont sûrement dû êtrecoupéesdurantl’ouragan,non?C’estl’excusequej’aidonnéeàMr.Price,entoutcas,maisjenesaispascombiendetempsjevaispouvoirluifaireavalerça.Je vois d’ici Wade en train de faire les cent pas dans son bureau comme un lion en cage en
desserrantsacravateetens’efforçantde trouverdesexcusespourDenveretpourmoi.Jesuissûrqu’ildoitaussipasmalbraillerettaperdupoingsurlatable.Cequidoitterrorisertoutlepersonnel.—OùestDenver?demandé-je,exaspéréetunpeupaniquémoiaussi.—Paslamoindreidée.Jesuismêmealléchezlui,maispersonnen’aouvert.Merde.SiDenvern’estpasdéjàmort,jevaisl’égorger.Ilestprobablementterrédenouveaudans
unpenthouse àVegaspour fuir lemonde. Ilme semblait pourtant qu’il avait fini par accepter sonhomosexualité et s’apprêtait à faire soncomingout– il estvraiquecelapeut êtreuneperspectiveterrifiante.J’espèrequ’iln’apasdécidédeprendrelemaquis.—D’accord,écoute.Jevaisessayerdelechoperetdevoircequ’ilenest.Enattendant,ilfautque
tumeréservesunvolderetour,dis-je,espérantquejevaispouvoirquitterl’îleetgagnerl’aéroport.Lesroutessontdéjàmauvaises,maisenajoutant lesarbreset les lignesélectriquestombés,elles
vontêtretotalementimpraticables.Étonnamment,laminusculebagnolequej’ailouéeasurvécuàlatempêteauprixdequelquesrayuresetbosses,maisc’estloind’êtreun4×4.—Jem’enoccupe,répond-il.Sicen’estpastropvousdemander,pensezàrelevervosmails,parce
quec’estcommeçaquejevaisvousenvoyerlesinfosderéservation.Benpousselebouchonunpeuloin,maisjevaisêtreindulgent,carjel’aimérité.Celadit,jesuisen
modesituationdecrise.—AssurezàWadequejem’occupedetoutetquejevienslevoirdèsquej’auraiatterri.Pigé?—Oui.Underniertruc,patron.—Oui?Jemeprépareàd’autresmauvaisesnouvelles,mêmesijenesuispassûrdepouvoirenencaisser
davantage.—Jesuisvraimentcontentquevousalliezbien,dit-ild’untonsincère.(Jenepeuxjamaisluien
vouloirbienlongtemps,àcepetit.)CommentvaCassidy?— Tout le monde va bien ici, Ben. Merci d’avoir demandé, réponds-je, tout aussi sincère.
Maintenant,fonce.Ilfautquejem’occupederetrouvercettedivadequarterback.Etsurce,jeraccroche.Puisjemeprendslatêtedanslesmains.J’aiunesacréemigrainequime
guette.Stoningtonm’aramolli.—Toutvabien?C’est la voixdeCassidy. Je redresse la tête et je suis vraiment content de la voir, car je ne sais
absolumentpascommentjevaissortirdecettepagaille.—Non,pasvraiment.Denveradisparu.—Oh,zut,fait-elle,sincèrementinquiète.Vousvoulezquej’appellesamère?Malgrémapanique,jeluifaisungrandsourire.Cettefemmenelaissepasdemesurprendre.Jeme
détends.— Vous voulez bien le faire ? Ça m’aiderait vraiment si vous pouviez découvrir où il est. Je
m’occuperaidurestedepuisici.
—Biensûr,pasdeproblème.Jevaischerchermonportable.LenumérodeDelilahestdessus.Elles’apprêteàpartir,maisjeluiattrapelamainetl’attireàmoipourdéposerunbaisersurses
délicieuseslèvres.—Merci.Aveclesourirequ’ellemefait,jemesensmillefoismieux.—Noussommesdanslamêmeéquipe,Shaw,medit-elleavecunclind’œilavantdes’enaller.Etc’estsacrémentvrai.Uninstantplustard,CassidyarécupérélenumérodeDelilahRockfordetl’appelle.Delilahn’est
quetropheureusedetéléphoneràsonfilspourlehouspillerenleprévenantquejevaisl’appeleretqu’ilaintérêtàmerépondre.Et,coupdechance,lewifidelavilleétantdenouveauopérationnel– intermittent, aumieux–, jepeux joindreDenverparFaceTime. J’adore la technologie.Mêmeunepetiteville commeStoningtonenabesoind’unemanièreoud’uneautrepourpouvoir continueràfonctionner.Revenudansma chambre, je lance l’appli surmon téléphone et appelleDenver.Deux sonneries
plus tard, il répond. Sans doute que les grands costauds superstars du sport ont peur de subir lecourrouxdeleurmère.—Salut,mec!Commentçava?demande-t-ilavecunsourireniais.Ilestvautrésurdesoreillers,torsenu,manifestementaulit.Jejetteuncoupd’œilàlapenduleet
calculeledécalageentrecôtesouestetest.Iln’estque14heures.—Denver,bonsang,monpote?Vousêtescenséêtreaucampd’entraînementdansleColorado,
m’étonné-je,sachantquec’estl’approchecopain-copainquimarchelemieuxaveclui.—Ouais, jesais.Jem’occuped’affairespersonnellesimportantes,répond-ilavecunhaussement
desourcilstoutendésignantuneformeblottiecontreluisouslesdraps.—Bravo.Alors,vousjouezvotrecarrièrepourdeshistoiresdecul?—Pasn’importequelcul,rectifieunevoixfamilière.Laformesemetàbouger,puisunbrasapparaîtetrepousselesdraps.—Quinn!m’exclamé-je,souslechoc.—Salut,Shaw,dit-ilavecunsouriremalicieuxtandisqueDenverleprendparl’épaule.Jesuisstupéfait.—Nomd’unchien!Depuiscombiendetempsçadure?QuinnposelatêtesurlapoitrinedeDenveretlèvelesyeuxverslui.—Depuiscombiendetemps,àtonavis,chéri?—Jenesaispas,répondDenverenluicaressantaffectueusementlebras.Onestqueljour?—Oh, on s’en fiche, répondQuinn en se blottissant contre lui. Ce qui compte, c’est qu’on est
inséparablesetqu’ons’amusefollementdepuisquevousêtespartistouslesdeux.Nevenezpasnousgâchernotrebonheur,Shaw.—Gâcher votre bonheur ? répété-je, sidéré. La seule personne qui gâche quelque chose, c’est
DenveravecuncontratqueCassidyetmoinoussommesdonnéunmaldechienàluidécrocher.Jesuiscontentquevoussoyezheureux,maisDenver,vousnepouvezpasrisquer toutevotrecarrièrecommeça.—Mon pote, je suis Denver Rockford, dit Rocket Man, rappelle-t-il, comme si c’était le plus
important. Le quarterback le plus convoité. Vous avez oublié ? Manquer quelques joursd’entraînementnevapasmerendremoinssensationnelet leColoradovacontinuerdemefairedulèche-cul.Jemepasseunemaindanslescheveuxetsurlevisage.—Vousallezêtremisàl’amende,dis-je.—Etalors?fait-ilavecunsourireinsolent.J’aipleindefric.Jedécidedem’attaqueràcequicomptelepluspourlui:lesapparences.—Vousallezpasserpourunfumiste.Untypequis’enfout.Etpasseulementvous,maismoiaussi.
ToutcommeStrikerSportsEntertainment…l’agenceoùjeviensdedevenirassociéparcequejevousaisigné.Oubienvousavezoublié?Enfin,monvieux,soyezsympa.Jevaismefaireécorchervifàcausedeça.Sivousn’allezpasàl’entraînement,jevaisprobablementperdremonboulot.—Chéri,tunepeuxpaslelaissersefairevirer.Cen’estpasquetonagent,c’estnotreami.Etpuis
c’estlepetitplanculdemacoloc’.Ellemetuera.Fais-lepourmoi.S’ilteplaît,minaudeQuinn.—Maisj’aienvied’êtreavectoi,supplieDenver.Jen’airiencontresespréférencessexuelles.Quinnpourraitêtreunefillequej’estimeraistoujours
que les geignements deDenver sont un spectacle comique de la part d’un homme qui a une telleréputationdanslemondedufootball.—Etsi j’allaisdans leColoradoavec toi?proposeQuinnavantd’ajouterd’unair lascif : je te
regarderaidepuislesgradinstemettreensueur.—OK,concèdeDenver.Jeveuxteprésenteràmesparents,detoutefaçon.LevisagedeQuinns’éclaire.—C’estvrai?—Biensûr,monchéri,confirmeDenverenleserrantcontrelui.C’est probablement une conversation à laquelle je ne suis pas censé prendre part, mais je suis
contentde lesvoirheureux tous lesdeux.SurtoutensachantàquelpointQuinnasouffertquesonprécédentamant,Daddy,l’aitcachépendantsilongtemps.Ilaenfinquelqu’unquiestassezfierpourlerevendiquercommesien.—Merveilleux,dis-je,soulagédepouvoirannonceràWadequel’incendieestéteint.Voussautez
dansl’aviondemain?—Voussavezbienquejenesupportepasl’avion,faitremarquerDenver.Sapeuresttellequ’ilestforcédesebourrerdesédatifspourpouvoirmonteràbord.—Oh,net’inquiètepas,monchéri,intervientQuinn.Jeserailàpourtedistraire.—Parfait.Alors…demain?Pasquestionquejelelâchetantqu’iln’apasconfirmé.—Oui,onpeutfairecommeça,concèdeDenver.Désolédevousavoirposédesproblèmes,mon
pote.—Pasgrave,Rocket.J’ail’habitudedejoueraupompier,luiassuré-je.J’appelleleColoradopour
lesprévenirquevousêtesenroute.—EtditesàCassqu’ellevam’entendrepournepasavoirprisdemesnouvelles,ajouteQuinn.— D’accord. Amusez-vous bien, mais n’oubliez pas de prendre cet avion, insisté-je avant de
raccrocher.
Profitantdusignalwifiquifonctionne,jerelèvemese-mails.Benm’aenvoyélesinfospourmonvol.C’estdansdeuxjours.Ilprécisequel’aéroportadûsuspendresesopérationspournettoyeraprèsl’ouragan.C’estjouable,maisvoilàquejetergiverseunpeu.JevaisdevoirlaisserCassidy.EtaussiAbbyettoutelavilledeStonington.J’aipresquel’impressiondelesabandonner.C’est impossible à éviter. Il faut que je rentre pour prendrema place de directeur associé chez
StrikerSportsEntertainment,unpostequejemesuisdonnétoutlemaldumondeàobteniretauqueljenesuispasprêtàrenoncer.SaufpourCassidyWhalen.Qui,ironiedusort,estlaseulepersonnequivoulaitm’enpriver.Jesecouelatête.Ledestinnousjouedesacréstours,parfois.Mais je ne vais pas sauter le pas tant que je ne sais pas ce qu’elle éprouvepourmoi. Si elle se
contentedemerireaunezparcequej’aidessentimentssérieuxpourelle,pasquestionderenonceràmonrêve.Noussommesdoncapparemmentàladeuxièmemi-tempsetilneresteplusquequelquessecondes de jeu. Tout peut être remis en question. Si Cassidy est mon wide receiver, je suis sonquarterback et il n’y a plus qu’une seule chose à faire : lancer le ballon et espérer qu’elle va lerattraperetmarquer.Etc’estexactementcettepenséequim’entraînedanslecouloirdudeuxièmeétagejusqu’aumoment
oùjemeretrouvedevantsaporte.
20
Cassidy
Lecoupfrappéàmaporteétaitattendu.Oudumoins,espéré.Shawadéclaréqu’ilnevoulaitplusêtreseuletjesuisvraimentheureusequecettedécisionnesoitpassimplementlefruitd’unmomentdedésespoirpassager,suiteàl’ouraganetàsaquasi-noyade.Unefoisdouchéeetparfumée,lesjambeslissescommeilsedoit,jemeregardeunedernièrefois
danslemiroir–enlevantlesyeuxaucieldevanttantdechichis–etjevaisluiouvrir.Ilestsurleseuil,luiaussifraiscommeunerose,vêtud’unsimpleT-shirtgrisrasducouetsexyet
d’unjeanquiluimouleleshanches.Seigneur,qu’ilestmagnifique.Etsilencieux.—Salut,lancé-jeavecunsourirechaleureux.Pourquoia-t-ill’airaussinerveux?—Salut,répond-il.Ilmedétaillesiattentivementdespiedsàlatêtequejesenssurmapeauunechaleurcommes’ily
avaitposélesmains.Pourtant,ilnebougepasetnedittoujoursrien.Ilcommenceàmemettremalàl’aise,plusquejenelesuisdéjà.—Quelquechosenevapas,Shaw?—Non,dit-ildansunsourireenmeregardantenfindanslesyeux.Jemedemandaisjuste…Alors,
euh…vousvouliezêtreseule,cesoir?Oh,Dieumerci,soupiré-jeintérieurement,soulagée.—Pasdutout,m’exclamé-jeenriant.Enfait,venez,jeveuxvousmontrerquelquechose.(Jelui
prends lamain et le happe quasiment d’un coup à l’intérieur avant de le traîner jusqu’à la fenêtreouverte.Jemebaissepoursortirsurletoitenprenantgardedenepasglisser.)Faitesattention,dis-jeàShawenluilâchantlamainpourqu’ilpuissemesuivresansencombre.Je longe l’auvent avant de gravir la pente en me penchant en avant pour répartir mon poids
équitablement.C’estdéjàdifficiled’ordinaire,maisAylaayantarrachéquelquesbardeaux,onadumalàtrouveroùposerlepied.Ilfaudraquejepenseàenparleràpapa.Jejetteuncoupd’œilpar-dessusmonépauleetjem’aperçoisqueShawn’apasbougé.—Qu’est-cequevousfichez?
Seigneur,voilàqu’ilrecommenceavecsonpetitsouriresexy.—J’admirelavue.—Ehbien,elleestencoremieuxdelà-haut,sivousarrêtezdetraîner,dis-jeenriant.Ilpenchelatêtedecôtéets’humecteleslèvresencontemplantmesfesses.—Jenesuispasd’accord.Jepréfèrecellequej’aid’ici,MissWhalen.—Shaw!m’indigné-jeenmeredressantbrusquementcommesicelaallaitcachermesfesses.Sauf que ce brusque mouvement ne réussit qu’à me faire perdre l’équilibre. Je me rattrape de
justesse,maisjesurprendsl’expressionalarméedeShaw,effrayéparlaperspectivedemachute.—Çasuffit,maintenant.Onredescend,ordonne-t-ilcommesic’étaitluilechef.Cequ’il est,dans les faits.MaisàSanDiego,pasàStonington.Avecunsourirenarquois, je lui
lanceavecdéfi:—Sivousavezpeur,avouez-le!Shawpoussecegrognementquej’aientendutantdefoisquandjelecaresseetquinemanquepas
demerendretoutechose.Àtelpointquejecommenceàenvisagerdebaisersurletoitdelamaisondemesparents avantdedéciderque le contactdesbardeaux surmes fessesnuesne seraitpas trèsagréable.Revenue au niveau du chien-assis central, celui de la fenêtre de ma chambre, je m’assois à
califourchon et j’attends queShawvienneme rejoindre. J’avoue que j’en profite pour lorgner sesavant-brasmusclés,tandisqu’ilgrimpeetsamanièredesepencherenavantpourgarderl’équilibre,cequim’offreunevueimprenablesurceculquim’obsède.Quandilarriveenfinàmahauteur,ilprendlaseuleplacequireste:àchevaljustederrièremoi.
Puisilserapprochepourmesaisirparlatailleetmeserrercontresapoitrine.Jesuisravie.—Pasquestionquevoustombiez.C’esttoutcequ’iltrouvecommeprétexte.Commes’illuienfallaitun.Etnousrestonsassislà.Caseyetmoiavionslenid-de-piecommerefugeànous,maiscetendroitestmonpetitsecretàmoi.
Personnen’estjamaismontéiciavecmoi.Jusqu’àmaintenant.Je renverse la tête en arrière et la pose sur l’épaule de Shaw pour contempler le ciel. Les
innombrables étoiles scintillent dans un spectacle que domine un clair de lune éclatant. Une petitebrisetièdeetrégulièresouffledusuddelabaie.Jesoupire.Jemesensdansmonélémentetjeprofitedecemomentprivilégiépourrassemblermoncourage.Lechantdesgrillonsestpresqueassourdissant.Àmoinsquecenesoitqu’uneimpressiondueau
silence qui règne entre Shaw et moi. J’avais tellement de choses à dire, et maintenant que noussommesseuls,jenetrouveplusmesmots.Jesorsdonclapremièrechosequimevientàl’esprit.—Enfait,sionneregardepasenbas,onpourraitcroirequ’iln’yajamaiseudetempêteetfaire
commesirienn’étaitarrivé.Shawécartetendrementmescheveux,puisilposesajouecontremonoreille.Sonhaleinebrûlante
mechatouillelapeauavantqu’ilydéposeunlégerbaiser.—Voulez-vousfairecommesirienn’étaitarrivépourautrechoseaussi?Je ferme les yeux, grisée par la sensation de ses paumes à l’intérieur de mes cuisses. Entre le
panorama et les coquineries qu’il est en train de me faire dans le cou et à l’oreille, je suis tout
étourdie.—Non,chuchoté-je.—J’adorevraimentcelegging,dit-ilenrapprochantdoucementlesmainsdemonentrejambe.Ça
tientchaud?Parcequejetrouvequec’est…torride.Ilcaressefurtivementmachatteetleboutdesesdoigtstrouvelaciblesansfaillir.J’étouffe un cri enme cambrant et toute pensée rationnelle disparaît tandis que jemurmure un
«Oui,s’ilvousplaît».Jepassemesmainssoussescuissesetmecramponne,enivréed’êtreassisedans une position aussi précaire au bord d’un toit tandis que cet homme dont je ne serai jamaisrassasiéemedonnel’impressionquej’aidesailes.—MonDieu,voussentezsibon,dit-ileninspirantprofondémenttoutencontinuantdemecaresser
àtraverslelegging.Salangueglissedansmoncouetunchapeletdebaisersmoitesy laisseunsillagebrûlantquela
brise rafraîchit à peine.Moncorps tout entier fourmille et j’ai la chair depoule.Sapersonne, sesmains,sasimpleprésencesuffisentàmefaireperdrelatête.Qu’est-cequejevais luidire?Jedécidequecelan’apasd’importance.Enfin,si,maiscelapeut
attendre,carlamaindeShaws’égaresurmonventreetsefaufilesouslaceinturedemoncollant.Jemeraidiscommelefonttouteslesfemmespourrentrerleventrelorsqu’unhommeletouche.PuisShaws’insinuedansmapetiteculotteetmecaresse.Ilposelapaumesurmachatteetglisselesdoigtsentrelesplisdechairpourleslubrifier.Shawest
unmaîtredansl’artdudoigté,telunguitaristevirtuosequipincelescordesdesoninstrumentpourentirerlaplusbellemélodiejamaiscomposée.D’avantenarrière,encoreetencore,rapide,puislent.Sesmouvements s’accompagnent d’unepression changeante et déliée.La symphoniequ’il crée estaffolanteetimprévisible,maiselleestharmonieuse.Jesenssabitedurcircontremesreins.Ilestprêtetilaenviedejouir,maissonseulsoucisemble
êtredemedonnerduplaisir.Celanevapastardersisesdoigtsinsistent.Il mordille et titille le lobe de mon oreille, puis il descend de nouveau le long de mon cou.
J’entendssonsouffle,jelesensrespirerdansmondos.Iladorecela,iladoremefairevoirencoreplus d’étoiles qu’il n’y en a dans le ciel. J’ouvre les yeux et lève la tête en rêvant de les toucher.Pendantcetemps,Shawmepoussedeplusenplusaubordduplaisir,commesij’étaisaussilégèrequ’uneplumeetquejeflottaisdansununiversinfini.C’estpresqueimpossiblededécrireunorgasme.Maispascesoir.Cesoir,c’estcommes’élancer
depuislasurfacedelaluneettendrelesbrasverslapluslointaineétoiledelagalaxie,puislaserrercontremoipourlalaisserbrûlerdanslaplusdélicieusebéatitude.Jeposeunemainsurlasienneetluisaisislatêtedel’autreavantdetournermonvisageversson
couetretenirmonsouffle.L’orgasmedéferlesurmoidansungémissementétoufféquin’estdestinéàn’êtreentenduquedeluiseul.Cenedoitpasêtretrèsagréablepourluidesentirmamainluitordrequasimentlecou,maisiln’a
pas l’air d’en être gêné.En fait, il change de position et prendmon visage de samain libre pourm’embrasservoluptueusement.Ilmecoupelesouffle,maiscen’estpaslapremièrefois.Ilaledroit.Puisqu’ilpossèdedéjàmoncœur,jen’aipasbesoinderespirer.Ilsedégageenfrottantdoucementleboutdesonnezsurlemienavantd’enembrasserlebout.—Rentrons,dit-il.Franchement,jenesuispassûrequemesjambesserontassezsolidespourredescendrelelongdu
toit,maisjesaisque,grâceàShaw,jerentreraisaineetsauve.Jeluiconfiedoncmonsort,quelquechosequejen’auraisjamaisimaginéfaireavantceséjouràStonington,etjelelaissemeconduire.Unefoisquenoussommesrevenusà l’intérieur, il ferme la fenêtreet se retourneversmoi. Ila
l’airmalàl’aise,commes’ilavaitquelquechoseàmedire.Oubienc’estqu’ilafollementenviedebaiser.Jejetteuncoupd’œilàsonentrejambe,maislabossequej’yaivutoutàl’heureadisparu.—Qu’est-cequinevapas?demandé-je.—Jecroisqu’ilfautqu’onparle,dit-ilensepassantunemaindanslescheveux.Houla.Cegenredephraseneprésagejamaisriendebon.Ducoup,mevoilàmoiaussi inquiète,
tandis quemille scénarios se bousculent dansma tête et que j’essaie de trouver une solution à unproblèmedont j’ignoreencorelanature.Est-ce lemomentoù ilestcensémeplaquer?L’orgasmequ’ilm’adonnéétait-illedernier?—Attendez,dis-je.Jene suispas toutà faitprêteà le laisserpartir avantde luiavoir faitpartdeceque j’éprouve,
mêmesijenesuispasdutoutsûrequecelapuisselefairechangerd’avis.Maissijeneleluidispas,jesaisquej’auraiénormémentdemalàrassemblerànouveaulecouragepourlefaire.—Celanepeutplusattendre,Cassidy,explique-t-ilenmarchantdelongenlarge.Jedoisretourner
àSanDiego,maisjen’irainulleparttantquejen’auraipasexprimécequej’aisurlecœur.Ils’enva.Jenesaispaspourquoicelamechoqueàcepoint.Cen’estpascommesinouspouvions
rester ici éternellement. Mais cela me donne l’impression que la bulle dans laquelle nous noussommesréfugiéssurcettepetiteîleestsurlepointd’éclater.Jemesuispluàcroirequejem’étaiséchappée;jemesuisretrouvéedansl’étatd’espritdeStoningtonetj’aicruquelemondeextérieurn’existaitplus.Ilestpourtantbienlàetjen’aipasd’autrechoixquedereveniràuneréalitéquimeregardedroitdanslesyeux.—Trèsbien.Ditescequevousavezàdire,alors.—Écoutez, il y a beaucoup de choses qui se sont produites ces derniers jours – ces dernières
semaines, en fait – et tout s’est passé vraiment très vite. Tellement que j’ai énormément demal àsuivreetquetoutesttrèsconfusdansmatête.Toutcequejeconnaissais,monmodedeviedanssonensemble, toutcelaaétébousculé.Jenesaispassurquelpieddanser,qui jesuisnicequejeveuxêtre.Maisjesaisquecequ’ilyaentrenousdoitchanger.Iln’estpas le seulpourqui tout est trèsconfuset cediscours incohérentnevapasarranger les
choses.—Essayezdemedireleschosessimplement,Shaw.—Jeveuxdavantage,Cassidy.C’esttranchant.Onnepeutpasfaireplusprécis.Lalumièresefaitenmoi.Lavéritédureetglaciale.—Jenevoussuffispas.(Jemarqueunsilence,letempsderéaliserlasituation.)J’aiparfaitement
comprislemessage.— Manifestement pas, renchérit-il. Parce que c’est davantage de vous que je veux, Cassidy.
Davantage,c’est-à-diredemanièrepermanente.Jefroncelessourcils,pastrèssûred’avoirsaisisonmessage.Jenevoudraissurtoutpastirerde
conclusionsprécipitéessansavoireudesprécisions,carsijemetrompe,j’aurail’aird’uneidiote–etjen’enaipasdutoutenvie.
Shawdoitavoirsentimonmalaise.—Mamanièredevivretoutentièreachangé…àcausedevous.Vousnecomprenezpas?Toutce
quej’aitoujoursconnu,c’étaitlecombat.J’aidûmebattrepoursortirdelamouise.J’aidûmebattrepour avoir un toit au-dessus de la tête et de quoi manger. J’ai dûme battre pourmonter dans lahiérarchie.Etmebattreaussipourprouverquej’enétaisdigne.Jesuisfatigué,Cassidy.Jesuislasetjeneveuxplusmebattre.Saufsijelefaispourresteràvoscôtés.Saufsic’estpourconquérirvotrecœur.—Nemeditespascela,Shaw.Neleditespassivousnelepensezpas.— Je le pense vraiment. (Il s’avance vers moi et me prend le visage dans les mains avant de
plonger son regard dans le mien.) Je vous aime. Je n’ai jamais aimé personne. Vous me croyezégoïste,maislavérité,c’estquejenemesuismêmejamaisaimémoi-même.Jesuispétrifiée.MaislesparolesdeShawontmislefeuenmoi.Jesuisabasourdie.Etpeut-êtreun
petitpeudésorientée.Mince,c’estsûrementl’effetquecelafaitquandonestenétatdechoc.LesyeuxbleusdeShawvirentaugris.—Jevousenprie,ditesquelquechose.Envoilàunebonneidée.—Jenesaispasquoidire.Maisqu’est-cequejeraconte?Biensûrquejesaisquoidire!Alors,pourquoilesmotsrefusent-
ilsdesortir?Ilmelâcheetrecule.—Oh,monDieu. Jemesuis totalement ridiculisé. (Il se tournevers la fenêtre,puisdenouveau
versmoi,exaspéré.)Jeviensdevousavouerquejevousaimeetvousmerépondezquevousnesavezpasquoidire?Son regardm’implore, avec une sorte de désespoir et de vulnérabilité que je n’y avais encore
jamais vus. C’est comme un homme qui semeurt d’une blessure qu’il s’est lui-même infligée enpleine poitrine et qui change brusquement d’avis et voudrait revenir en arrière. Et je suis la seulepersonnequisoitenmesured’empêchersoncœurdeseviderdesonsang,maisjesuistropterrifiéepouragir.Est-il sincère ? De toutes les femmes qui ont dû entrer et sortir de sa vie, pourquoi serais-je
différente?Irritédemevoirtergiverser,Shawsecouelatête,dépité,ettournelestalons.Etcela,jenepeuxpas
lesupporter.Àvraidire,celameterrifieencoreplusquedetenterdepansercetteplaiebéante.Jefermelesyeuxetjeravalemafiertépourprononcerdeuxmotsqui,j’espère,serontsuffisants.—Shaw,arrêtez.Ilobéit,maisilmetourneencoreledos.—Pourquoi?—Parcequ’ilyaunmilliondechosesquejevoudraisvousdireencetinstant,etquetoutmevient
en tête en même temps. Mais je sais que si vous franchissez cette porte, je n’aurai plus jamaisl’occasiondevouslesdire.Surtoutlaplusimportantedetoutes.Ilseretourneettoutenluiexigeuneréponseàcettequestionquin’apasencoreétéposée.—Alors,dites-le.Qu’est-cequivouseffraieàcepoint?
Ilfautqu’ilcomprennemapeur,mêmesijenelacomprendspasmoi-même.— Si je le fais, cela changera tout. Il ne sera pas possible de revenir en arrière. Vous le
comprenez?—C’estvousquinecomprenezpas,dit-ilenhaussantlesépaulesetensecouantlatête,exaspéré.
Cetteballequejeviensdelancerm’adéjàfaitfranchirlepointdenon-retour,detoutefaçon.Vousavezréussiàl’intercepter,alors,renvoyez-la.—Cen’estpasunjeu,Shaw.—Vousavezraison,Cassidy.Cen’estpasunjeu.Alors,arrêtezdejoueravecmoi.Brusquement,jecomprendspourquoijesuisaussiterrifiéedeluidirecequej’aisurlecœur.Etil
esttempsqu’illesacheaussi.— Shaw Matthews, vous êtes prétentieux, dominateur, mélodramatique, têtu et vaniteux. Vous
enfreignez toutes les règles, vous croyez que vous pouvez sortir de n’importe quelle situation enembobinantlesgenspardebellesparoles,etlaplupartdutemps,vousnecomprenezmêmepaslesémotionshumaineslesplusélémentaires.—Ehbien,nevousretenezpas.Dites-moicequevousavezsurlecœur.—Vousêtesunrisque…Ilbaisselesyeuxetjenesupportepasdelevoirainsi.Alors,jem’approchelentementetjelèvesonmentonsculptépourqu’ilvoielavéritéinscritesur
monvisage.—Maisvousêtesunrisquequej’aitoujoursvouluprendre.Nemelefaitespasregretter,c’esttout.Unsourirevictorieuxluimontejusqu’auxoreillesquandilmeprendparlatailleetm’attirecontre
lui.—Alors,vousm’aimezbien,hein?—Unpetitpeu,peut-être.—Ah,justeunpetitpeu?fait-ilenhaussantunsourcil.J’éclatederirecarilesttropmignonpourêtrehonnête.Ilm’aconquise,jesuisàlui…corps,âme
etcœur.—Tais-toietembrasse-moi.—Pasavantquetul’aiesdit.—Bon,trèsbien,réponds-jeenfeignantl’agacement.Jet’aime.Voilà.Tuesheureux,àprésent?— Extrêmement. Surtoutmaintenant que je comprends enfin la véritable définition du bonheur.
C’estàtoiquejeledois.—Nemeprendspaspourunegamine.—Maispasdutout,rit-il.Jetepréfèrenettementtellequetues.—Çacommenceàdevenirbeaucouptroplarmoyant,réponds-je,presquesérieuse.Shawm’empoignelescheveuxetmerenverselatêteenarrièrepourmeforceràleregarderdans
les yeux. Puis il m’embrasse passionnément tout en mordant ma lèvre, avant de joindreimpérieusement ma langue à la sienne. Et je le laisse faire… Parce qu’il n’y a qu’un seul ShawMatthewsetqu’ilestàmoi.Unefoisqu’ilaconclusadémonstration,ilseredressepourposersurmoiunregardbrûlantde
désir.Jesensunebosseparticulièrementproéminentecontremonventre.— Tu as raison, dit-il. (Il lâche mes cheveux et d’un geste vif comme l’éclair, il empoigne la
ceinturedemonleggingetlebaissesansménagement.)Baissez-voussurcefichulit,MissWhalen.Jevaisbaiservotrejoliepetitechattejusqu’àvousfairejouir,etensuite,jevousdéfoncerailabouchejusqu’àcequecesoitmontour.Oui,nousnousaimons.Noussommestrèsclairssurcettequestion,àprésent.Maiscelaneveutpas
direpourautantquenotredynamiquesexuelledoitchangerlemoinsdumondeàcausedecela.Alors,jefaiscommetoujours:jerelèvelementond’unairdedéfietjejoueleseffrontées.—Vousn’avezpasàmedirecequej’aiàfaire.Shawfaitcepetitsourireencoininsolentetsexyquej’adore.Ledéfiestrelevé.Ilm’empoignepar
les hanches,me retourne et d’unemain sur le dos,me pousse dans la position que je refusais deprendre.Puisilmemaintientenplacependantqu’ilenlèvesonpantalon,sansjamaisvoirlesouriresatisfaitquej’aisurleslèvres.D’un coup de reins rapide et brutal et qui aurait très bien pume faire très mal, il me pénètre.
J’auraisétéprojetéedel’autrecôtédulits’ilnemetenaitpas,maisjenemeplainspas.Ilestàmoietjesuisàluietiln’estpasquestionqu’ilensoitautrement.Unefoisqu’ilestentièrementenmoi,ilsepenchesurmondosetm’enveloppejusqu’àcequesa
bouchesoitsurmonoreille.—Montitrededirecteurassocié indiquetout lecontraire.Etvouspouvezpariervotredélicieux
petitculquejevaisenprofiterpleinement.Etavecdescoupsdeboutoirlentsetpuissants,ilmebaise.Sesbraspasséssouslesmienspourme
saisirparlesépaules,ilveilleàcequejenepuissepasluiéchapper.Nonquejeleferaissij’enavaislapossibilité,car j’aime le sentir toutprèsdemoietentendreseshalètementset sesgémissementsrésonnerdansmesoreilles.Sescoupsdereinssontcourtsetprécisetsesdentsmefrôlentlanuque.Jejouisetlespalpitations
demachattesontencoreplusprononcéesgrâceàl’épaisseurdesabite.—Jevousenprie,dit-iltoujoursaussiégocentrique.Surce,ilmelâchelesépaulesetseredresseavantd’empoignermeshanchesetmelabourerplus
violemmentencore.— Et ce fichu tatouage va être enlevé à peine nous aurons atterri à San Diego, ordonne-t-il,
apparemmentpastrèsravidevoirlesouvenirdeCaseyàcetendroit.Vousêtesàmoi,putain.Oui,jesuisàluietjeseraiheureusedesatisfairecetteexigencequin’enestpasvraimentune.Nous
allonsdevoirnousoccuperderéglerdestasdechoseslorsquenousseronsrevenusdanslemonderéel. Même si, pour l’heure, il s’occupe surtout de me donner un autre orgasme. C’est sontempérament possessif qui l’y pousse. Je détesterais presqueme l’avouer, car j’ai toujours été unefemme très indépendante, mais cela neme gêne pas d’être soumise avec lui. Uniquement dans lachambre, évidemment.En dehors ?Eh bien, c’est une autre histoire, une autre affaire et une autrepartiedecequenoussommes.Quandmondeuxièmeorgasmedécroît,labitedeShawabandonnemachatteetilmeretourneface
àlui.Ilsebranled’unemainetsonexpressionseradoucit.—Jet’aime,dit-ilavecunetendressequejeluiairaremententendue.—Moiaussi,jet’aime.
Etcelasevoitdansmesyeuxaussi,carjesuissincère.—Tantmieux.Maintenant,sucemabite,ordonne-t-ilenposantl’autremainsurmonépauleeten
meforçantàmebaisser.Etcelaaussi,j’adore.Jem’agenouille,lelaisseposerlamainsurl’arrièredematêteetavancersonglandjusqu’àmes
lèvres.Levoyantencorehumide,jetirelalanguepourygoûter,gestequiluiarracheungémissementapprobateur.Shawesttrèsvoyeur.Ilaimeregarderetilapprécielespectacle.Alors, jeleluioffre.Faisanttournermalangueautourdugland,jefermelesyeuxetgémisensentantmasaveursurlui.—BonDieu,cequec’estsexy,souffle-t-il,haletant.Je lève les yeux vers lui et je sens de nouveauma chatte exposéemouiller quand je le vois se
mordrelalèvre.Commej’aienviedelamordremoiaussi,jemerisqueàunpetitgestedominateur:jetiresursonbraspourleforceràsebaisseretmelâcheravantdeluiattraperlatêteàdeuxmainsetl’embrasser.Jesuisàpeuprèssûrequ’ilmelaissefaireparcequ’ilaenviedemegoûteraussi,maisj’ai à peine commencé qu’il percemonpetit jeu à jour et essaie de se dégager. Je suis toute fièred’avoirréussiàleretenirassezlongtempspourmordrecettelèvresucculentequejeconvoitaisetleforceràpresqueseladéchirerpourselibérer.—Assez,dit-ilenseredressant.Il passe la langue sur ses lèvres pour vérifier qu’il ne saigne pas etme foudroie du regard en
voyantleplaisirquejeprends.—Ahoui?Tutecroismaligne?demande-t-il.(Jehochelatête.)Enlèvetonchemisier.J’obéis,puisjepasselamaindansmondospourdégrafermonsoutien-gorgedontjem’empresse
demedébarrasser.—C’est comme ça que je l’aime, approuve-t-il.Maintenant, voyons si tu as l’air toujours aussi
malignequandtut’étouffesavecmabite.Suce-moi.Ilmesaisitdenouveaul’arrièreducrâneetenfoncesabiteentremeslèvres.—Ouvreplusgrand,ordonne-t-il.Jem’exécute,lelaissantmeremplirlaboucheavecsonénormebitejusqu’àcequ’ilnepuissealler
plusloin.Ilmerécompensed’un«c’estbien».Mêmesinousjouonstouslesdeuxnotrerôle,Shawveilleànepasêtretropbrutal.Ilconnaîtmes
limites,etbienqu’illesfrôle,ilnevajamaistroploin.Ilcommencesesva-et-vientdansmaboucheàlacadencequiluiconvientlemieux.Jem’efforcede
suivreetjemedébrouilleplutôtbien,maiscen’estpasuneminceaffairequedel’accueillir.Ilm’aideenbranlantlapartiedesabitequinepeutentrerdansmabouche,toutcelasansmequitterdesyeux.Les veines de ses bras sont dilatées et les tendons crispés ondulent souplement sous sa peau à
chaquemouvement.Ilcommenceàhaleter,laboucheentrouverte,etjedevinequ’ilvabientôtjouir.MonDieu,j’aimeraistantpouvoirvoirsesmagnifiquesfessessecrisperpendantqu’ilmedéfoncelabouche,maisjen’yaipasdroit.Cen’estpasgrave,carjepeuxvoirsonvisage:lessourcilsfroncésdeconcentration, sescheveuxépars sur son front, et sesyeuxbleusquimecontemplentcommesij’étaislafemmelaplusbelleetlaplusséduisantedumonde.C’est alors qu’il fait ce petit bruit que j’attends. Une sorte de geignement qui se transforme en
grognementsourd.Sabitegonfléeenfleencoredansmaboucheetjemeprépare,mêmesijen’aipastrèsenviequ’ilmejouissedanslabouche.Jesuisprêteàlelaisserfairepourluifaireplaisir.Mais
Shawrévèleunefoisdeplussadélicatesseendécidantderespectermapréférencesurlaquestion:ilse retire et continue de se branler énergiquement jusqu’à ce que son sperme jaillisse et que lasubstancebrûlanteetcrémeusegiclesurmesseinsnus.Jetrouvesexylebruitqu’ilafaitavantdejouir,maiscen’estrienàcôtédeceluiquiaccompagne
sonorgasme.J’adore.Àtelpointquejemefichecomplètementqu’ilm’aitinondélesseins.Jesuisprêteàdonneràcethommetoutcequ’ildésire.Etjesaisqu’ilferademêmepourmoi.Lavieestparfoiscruelle.Shawenestlapreuvevivante.Etc’estidiotdevouloirl’affronterseul,
mêmesinousavonstouslesdeuxprouvéquenousensommescapables.Maispourquoipersisterseulquandonn’yestpasobligé?Mêmedesgensaussiindépendantsquenousontbesoind’unautresurquicompteretquisoitprêtàtout.EtjesuisheureusequeShawtiennecerôlepourmoi.Carsijedoisaffronterlemondeavecquelqu’unàmescôtés,jenevoispasquienseraitplusdignequelui.Nous avons commencé comme les pires rivaux d’un point de vue professionnel, mais nous
sommesdevenusenquelquesortepartenairessurunplanpersonnel.Et,oui,cepartenariatpersonnelestunrisque,maisquivautlargementlapeined’êtrepris.Nosmentors,WadePriceetMontyPrather,seraientfiersdenous.Mêmes’ilsn’ontpasvraimentbesoind’êtreaucourantdesdétailscroustillants.Shawetmoipouvonslesgardercommenotrepetitsecretànous.
Épilogue
Deuxmoisplustard…
Mia
Lesmatinssont incontestablementmonmomentpréférédela journée.AssiseàmonbureauavecmonordinateurdevantmoietunevueimprenablesurStoningtonetlabaiedePenobscot,jepeuxvoirlesoleilpoindreàl’horizontoutenlaissantlibrecoursàmonimaginationdéchaînée.L’installationdansmanouvellemaisonestunrêvedevenuréalitéetleshabitantsdeStoningtonm’ontaccueillieàbrasouvertscommesij’étaisl’unedesleurs.Et puisque nous parlons d’eux, je suis totalement remplie d’admiration pour ces gens. En deux
mois,lenettoyageaprèslepassagedel’ouraganAylaaétéachevéetlestravauxdereconstructiondesquelquesmaisonsetcommerceséprouvésparlatempêtesontbienavancés.Letourismen’apaspâtietlesecteurdelapêcheauhomardn’amêmepassouffert.Toutsembleredevenunormal.Jenepensepasqu’uneautrevilleauraitpufairepreuved’autantderésistance,maisjecroisquelesinsulairesduMainesontfaitsdecebois-là.J’aiessayédem’inspirerdeleurténacitéencequiconcernemacarrière.Alorsqueserapprochela
datederemisedumanuscritsurlequeljetravaille,jesenslapaniquemonter.Lesmotsontdeplusenplusdemalàveniretjen’aipasdenouvellespéripétiesàraconter.Jesuistrèsendessousdunombredepagesquejesuiscenséefournirselonmoncontrat.Celametracasse.Etplusjem’inquiète,plusjesuisstressée.Etplusjesuisstressée,plusj’aidemalàécrire.Peut-être que j’aurais dû attendre d’avoir achevémon roman avant de déménager. Peut-être que
j’aurais été moins distraite par ma vie privée et plus concentrée sur ma carrière. Mais je suisPoissons,etlesPoissonssontconnuspourleurtempéramentexcessivementromantiqueetrêveur,cequiestaussiutilequenéfastepourmonmétier.Mêmesi,endéfinitive,avecuneviedésormaisplusstable,jesuisassezinstalléepourpouvoirmeplongerdansmontravailetquelesmotsmeviennentplusfacilement.J’espèresimplementquecen’estpastroptard.Unetassedecaféavectroissucrettesetunegénéreusedosedelaitàlacannelleglissecommepar
miracledevantmoi.
—Bonjour,mabeauté,murmureunevoixensommeilléeàmonoreille.Jesourissansavoirbesoinderegarderd’oùvientcettevoix,mêmesi j’enaiévidemmentenvie.
Toutesmesinquiétudesconcernantmadatederemisedumanuscrits’envolentdèsl’instantoùjemeretournepourvoirceluiquipartagemamaison.Casey.MonCasey.Ilestencoretoutébouriffé–cepourraitêtredûàsonoreiller,maisjesaisquecesontmesdoigts
lescoupables–etsabarbeesttoutebroussailleusecommejel’aime.Ilesttorsenu,maisilaréussiàenfilersonpantalondepyjamafavori–mêmesijelepréfèresans–etilsentencorelesexe.—Bonjour,beaugosse.Il sepencheetmedonne legenredebaiserquimefaitchavirer,puis il jetteuncoupd’œilpar-
dessusmonépaulepourvoircequej’aiécrit.—Attends,jesuisàpeuprèscertainquec’estcequ’onafaithiersoir.—C’esttoutàfaitexact,monsieur,confirmé-je.Tuesmamuse,aprèstout.Celadit,jesuiscoincée
surcettepartiedelascène.Jeremontedansletextepourluimontrerledébutmanquant.Illitl’endroitquejeluiindique,avec
unintérêtaussisincèrepourmontravailquel’estlemienpourlesien.Etilnetardejamaisàmefairedessuggestionspourl’histoireet,commec’estunhomme,ilyatoujoursuneoudeuxpropositionsdemeurtre.Cequiestunpeumacabrepourunromansentimental,maisentoutcas,ilessaie.—Mmm, ehbien, voyons si je peux t’apporter unpeud’inspiration, susurre-t-il avecune lueur
coquinedansleregard.Avecle temps, ils’intéresse(et il lesapprécieaussibeaucoup)auxfacettes lesplussexydemon
travail.Aprèstout,c’estluiquienrécoltetouslesavantages.Ilretournemonfauteuilversluietsemetàgenouxtoutenglissantlesdoigtssouslaceinturede
mon pantalon pour l’enlever. Je glousse en levant les fesses pour lui faciliter la tâche.MonDieu,commej’aimelamanièredontcethommem’inspire.Je ne sais pas très bienoù atterritmapetite culotte une fois qu’il l’a lancée à l’autre bout de la
chambre,maisenmêmetemps,jem’enfichecomplètement.Caseym’adéshabilléeetm’aécartélesjambesafindepouvoircouvrirdebaisersl’intérieurdemescuisses.Etmêmesijesuisparfaitementconscientequec’estsabouchequimelèchelapeau,jefermelesyeuxetlelaissem’entraînertoutaufonddemoi,làoùleshistoiresdefictionprennentvie.Jesuisunefillechanceuse,unesacréeveinarde,etlui,c’estunhommevraimenttrèsdoué.Ilm’attrapeetmetireenavantsibienquemesfessessontauborddelachaise.Etc’estlàqu’ilme
lèche.Caseynesepressejamaisquandilmedévorelachatte.Ilaimesavourersonmomentetjenesuis
quetropheureusedelelaisserfaire.Deseslèvresdouces,ilembrasselégèrementmonclitoris,etsalangueestgénéreuseentrelesplisdechair.Deuxgrosdoigtssefaufilentenmoietillesfaitalleretvenir,d’abordaveclenteur,puisdeplusenplusviteàmesurequejem’habitueàleurprésenceetunefoisqu’ilatrouvémonpointG.C’estunexpertenlamatière,désormais.D’abordtrèstraditionnelaudébutoùnousfaisionsl’amour,j’airéussiàleconvaincredes’ouvriràdenouvellesexpériences,cequi a ouvert la voie à de tout nouveaux plaisirs, non seulement pour nous, mais aussi pour mespersonnages.Ilglissesonpoucedansmoncul,gestequimecontraintàluiempoignerlescheveuxtellementle
plaisirqu’ilmeprocureest immense.Sabouchesurmonclitoris, sesdoigtsdansmachatteet sonpoucedansmonculvontrendretrèscourtletrajetquivameconduireàunorgasmeexceptionnel.
Satêtes’agiteentremesjambesetsescheveuxmechatouillentlescuissesquienserrentsonvisagebrûlant.Mais c’est sabarbequime titille comme jamais. Il le sait et il enprofitedèsqu’il en a lamoindreoccasion.Toutencontinuantdetétermonclitoris,illaisseéchapperungémissementquandjeluiempoigne
les cheveux. C’est un avertissement, qu’il sait que je vais ignorer, car mon châtiment sera marécompense.Sesdoigtss’enfoncentplusencoreenmoietsabouchedevientplusinsistantetandisquesonpoucecommenceàentreretsortir.— Chéri… Oh, mon Dieu… Continue ! l’imploré-je en sachant très bien qu’il ne compte
absolumentpass’arrêter.Sesdoigts et sonpouce s’activentdeplus enplusvite. J’écarte les jambespour lui laisserde la
place, car ce n’en sera que plus avantageux pourmoi si je lui accorde toute liberté.Casey nemedéçoitpas.J’oubliemespersonnagesetleurhistoireetj’ouvrelesyeuxpourleregardertandisquesalangueetseslèvresfontdeschosesindiciblesàmonclitorisetquelesmusclesdesesbrassecrispenttellementilsefaitinsistant.Sonpoucequittemoncul,maiscelam’estégal,carc’estlaseulefaçondontilpeutmepénétrerconvenablementdetoutelalongueurdesesdoigts.Etjeprécisequ’ilssontaussilongsqu’épais.C’estsabouchequirenonceensuitequandilseredressepourcontemplerlerésultatultimedeson
acharnement. Casey connaît mon corps comme personne. Tout indique que mon orgasme estimminentetiladoremevoirruisselersursesdoigts.Ils’enfonceenmoiavecencoreplusd’ardeuretsesdoigtsclaquentsurmeschairstoutenm’ébranlantdelatêteauxpieds.Moncœurbat lachamadeet j’ai lesoufflecourt.Monventresecrispeet je laissemonorgasme
déferleravecungémissementrauqueetretentissant.Caseyregarde.Ilregardeetsepourlèche.Etlorsquejejouis,ilretiresesdoigtsetlesenfoncedans
sabouche.Unautreorgasmemefoudroieetmêmesil’instinctmedictedefermerlesyeuxetdemecambrer,jen’enfaisrien.CarjesuishypnotiséeparlespectacledeCaseyentremescuisses.Ilcontinuedemebesognerdelabouchejusqu’àcequejeretombe.Puis,avecundernierbaisersur
monclitorisàvif,ilserassoitavecunsourireespiègle.Ilserelève,sebaisseetm’embrasseàpleinebouchepourquejepuissemesentirsurseslèvres.—Écrisça,mechuchote-t-ilàl’oreilleavantdequitterlapièced’unpasguilleret,avecl’assurance
del’hommequisaitqu’ilestdésormaisdanssondroit.—Jet’aime!crié-jeaprèslui.—Moiaussi!
Cassidy
Avoiruneliaisonavecsonchefn’estpasquelquechosedefacileàgérer.Maispourl’instant,toutsepassebien.Shawetmoicontinuonsdenouschamaillercommeavant, toutennousréservantdesmomentsprivilégiésdansl’intimité.Àvraidire,lesdisputesnefontquedécuplernotredésirmutuel.Nousnesommespasdugenrenunucheetc’estnotreattitudevindicativel’unenversl’autrequinousapoussésdanslemêmelit.Toutsepassedonccommed’habitude.Saufqu’aprèsm’avoirrenverséesur
unbureaupourm’apprendrelesbonnesmanièresàcoupsdebitesousprétextequejel’airidiculisédevantlescollègues,ilconclutparun«jet’aime».DepuismonretourdeStonington,nouspassonstoutesnosnuitsensemble.AprèsledépartdeShaw
pourSanDiego, je suis restéequelques jourspour aidermesparents, jusqu’aumomentoù ils ontpratiquement dûme flanquer à la porte etme coller de force dans l’avion pour que je reparte leretrouver. Apparemment, sans lui, j’étais d’humeur changeante et je les rendais dingues. Allezcomprendre.Ilsontpassédesannéesàmeculpabiliserdenepasrentreràlamaisonassezsouvent,toutcelapourmefairecomprendreaujourd’huiquej’abusedeleurhospitalité.Maisj’aiétéheureusederetrouvermonquotidien.Etj’avaishâtedemeblottirdenouveaudansles
brasdeShaw.J’aipassétoutesmesnuitspelotonnéecontrelui.Tantôtchezlui,tantôtchez-moi.Nousn’avons pas commis l’erreur de nous installer ensemble,mais nous avons laissé des affaires chezl’unetchezl’autre,genrepyjamasetbrossesàdents.ShawaréussiàconserversonpostededirecteurassociéchezStrikerSportsEntertainmentmalgré
la catastropheque labrèvedisparitiondeDenver a failli provoquer.Catastrophedontmoncoloc’,Quinn, a été le centre. Je suis heureuse pour Quinn. Denver a fait son coming out durant uneconférence de presse, etmalgré les commentairesméprisants auxquels nous nous attendions tous,Quinn,luietleurrelationontsurvécu.Lanouvelleaétésurtoutesleslèvrespendantàpeuprèsunmois,puis leschosesontfiniparsecalmer.Franchement, j’aicruqueDenverseraitdéçuquandlecirqueseraitterminé,maiscommeilfaitlesunesàcausedesesexploitssurleterrain,ilestsatisfaitd’êtredenouveausouslefeudesprojecteurs.Ilcherchevraimentàfaireparlerdelui.Quinnn’estpasenreste,etcelafaitd’euxlecoupleparfait.Etpuisquenousparlonsdeperfection…LandonetSashasonttoujoursensemble.Ils’occuped’elle
commeun parfait gentleman doit traiter une dame, et les seules larmes qu’elle verse sont de joie.Franchement,nousnousattendonstousàcequ’illademandeenmariaged’unjouràl’autre.Landonétantunromantiquequiavancemasqué,jeneseraispaslemoinsdumondesurprise.Cequimesurprend,c’estqueChazsesoitenfinraisonnéetaitacceptésasituationfinancièrepour
pouvoirproposeràDemide sortir avec lui.Lapetite cochonneétait tellementexcitéequ’elle s’estdonnéeàluilepremiersoir–faitqueSasha,Quinnetmoiluirappelonsàlamoindreoccasion.Etelleenprofiteenretourpoursevanterdesestalentsaulit.Tantmieuxpourelle.LeMonkeyBusinessest toujoursnotrerepaireet ilestdeplusenplusfréquenté.Bienquenotre
tablesoittoujoursréservéeetsurveilléeparnotrebarmanpréféré,Chaz.Cetraitementdefaveurestvraiment agréable. C’est notre petit refuge, notre deuxième maison. C’est donc là que nous noustrouvonsassisaujourd’hui,commen’importequelautrejour.Laseuledifférence,c’estquecelafaitlongtempsquejen’aipasbuunebièrebienfraîche.Jemedemandemêmesijevaislasupporter.Cela fait quelques semaines que je ne suis pas dansmon assiette. Rien de plus que des nausées
passagères.Jelesaiattribuéesaustressduvoyageetàl’obligationdemeréhabituerprécipitammentàlaviedeSanDiegotoutendevantrattrapertoutleboulotlaisséenplanpendantmonabsence.Etlesdossiers se sont entassés. Non qu’Allie n’ait pas fait tout son possible pour garder un semblantd’ordre.Certainsdemesclientsexigentsimplementundialoguepermanentavecleuragentetnesontsatisfaitsqu’enparlantànulautrequemoi.Celanemegênepas,maiscelam’épuiseenpermanence.Shaw,aubaravecLandonetChaz,estdevantunebièrefrappéequimemetl’eauàlabouche.Enfin,
jenesaispassic’estlavuedeShawouduverrequimedonnedesenvies,maiscommejenepeuxpasvraimentsautersurShawici,jedécidedemerabattresurlabière.Ilmesuffitd’unhochementdetêtedanssadirectionpourqueChazcomprenneetm’enfasseglisserunesurlecomptoir.
La bouteille glacée dansmamain et l’arôme du houblon quime titille les narinesme donnentvraimentenvied’ygoûter.J’aiàpeineletempsdelaporteràmeslèvresqu’onmel’arrache.Avecungrondement,jejetteunregardcourroucéàlacoupable,Demi.— Pas question, objecte-t-elle en passant la bouteille à sa complice, Sasha, qui la donne à un
Landonperplexe.Aumêmemoment,laclochettedelaportetinteetQuinnfaitsonapparition.Lepasguilleret,ilse
dirigedroitversnousenjetantunregardnoiràdeuxclientsquionteulemalheurderestersursonchemin.—Jel’ai,dit-ilenbrandissantunsacenpapiermarron.Allez,onyva.— Arrêtez, les filles, c’est idiot, gémis-je en voyant Demi et Sasha se lever d’un bond et
abandonnernotretable.—Cen’estpasidiot.Tuasacceptédelefaire,merappelleDemi.Vraiment,jelesdéteste,parfois.—Trèsbien,soupiré-jeenmelevant.Finissons-en,commeçaj’aurailapaix.TelleprésidentdesÉtats-UnissouslaprotectiondesServicessecrets,jemeretrouveencadréepar
mesamisquim’escortentjusqu’auxtoilettesaufonddelasalle.Sashapousselaporteenboisverni,passelatêteàl’intérieur,puislaressort.—Lavoieestlibre,annonce-t-elle.Demi jette un coup d’œil vers le bar et, satisfaite que notre brusque disparition soit passée
inaperçue, me pousse à l’intérieur. En dehors des toilettes pour handicapés, il n’y a qu’une autrecabineetunlavabo.End’autrestermes,cen’estpasassezgrandpourcontenirquatrepersonnesauxfortespersonnalités,maisnousnousyentassonstoutdemême.Commes’iln’étaitpassatisfaitdel’inspectiondeSasha,Quinnvérifiequ’iln’yapersonnedansles
W-C.—Tiens,dit-ilenmetendantlesachet.Aumême instant, la porte d’accès aux toilettes s’ouvre et une grande bonne femme sans forme
entre.Oudumoinsessaie-t-elle.—Non!Occupé!luidéclareQuinnenretenantlaportepourqu’ellenes’ouvrepasdavantageet
enluifaisantsignederetournerd’oùelleestvenue.Lafemmereculeenmaugréant.—Vousn’avezmêmepasledroitd’êtrelà-dedans.Cesontlestoilettesdesdames.Unemainsurlahanche,Quinnluimetlespointssurlesi,enlatoisant:—Machérie,jesuisplusdamequevousneleserezjamais.Vousnetrompezpersonneavecvotre
soutien-gorge rembourré. Peut-être que si vous épiliez vos jambes velues… Et votre moustache,ajoute-t-ilsournoisement.—Commentosez-vous!s’exclamelafemme.— Comme j’ose ? s’indigne Quinn. Comment vous, vous osez ! Je sais que les modes sont
cycliques,maisvous essayezdenous ramener à la préhistoire.Vous devriez avoir honte,madamePierrafeu.Allezplutôtvousoccuperdevotremari,conclut-ilenagitantl’indexsoussonnezavantdelafairesortirdeforce.DemileféliciteetSashaaunfourire.Puistoustroisreportentleurattentionsurmapersonneetme
considèrentenhaussantlessourcils.Jelèvelesyeuxaucielensoupirant.Ilsnevontpasmelâcher.—OK,trèsbien!Jetournelestalonsetentredanslacabine,talonnéeparletrioquirestelààmefixer.—Ça vous ennuierait deme laisser ? demandé-je en leur faisant signe de reculer pour que je
puissefermerlaporte.Seigneur,cequ’ilssontmalélevés.—Cecaractèreirritablenefaitqueconfirmernossoupçons,lanceDemiàtraverslacloison.Je l’imiteavec insolence,mêmesiellenepeutpasmevoir,mais jem’exécute.Neserait-ceque
pour leur prouver simplement qu’ils se trompent. Je sors le contenu du paquet, baisse ma petiteculotte et me mets en position. Une fois que j’en ai terminé, je me relève et j’attends. Encore etencore.—C’estl’heure!crieSasha.D’unemaintremblante,jem’emparedupetitstickroseetblancetlislerésultat.Quandj’ouvrelaporte,ilsseprécipitentsurmoietnemelaissentpaspasser.Jenepeuxqueles
regardersansunmot.Unsilencedemorttombedanslapièce.Quinnestlepremieràbouger.Lentement,ils’approchepourjeteruncoupd’œilaustick.—Qu’est-cequeçadit?demandeDemi.—Madameaunpolichinelledansletiroir.Etzut.
Remerciements
J’airéfléchipendantdesmillionsd’heuresauxnomsquej’allaiscitericienpassantenrevuetouslesgenshabituels.Etmêmesijecomptebienlesciter–oui,parcequ’ilsm’ontsoutenue–,j’aidécidédelefaired’unemanièrequileurpermettradesavoir–etàvousaussi,lecteurs–l’impactqu’ilsontvéritablementeusurcelivre.Dansmesprécédents remerciements, j’aiditque les livresavaientétédifficilesàécrire,maisce
n’étaitriendutoutàcôtédecelui-ci.Vraiment.Etpasparcequel’histoireoulespersonnagesétaientcomplexes.Cettefois,c’étaitpersonnel.Trèsintime.Jevousépargnerailesdétailssordides,maistoutce qui m’est arrivé – tout ce que j’ai laissé m’arriver – pendant que j’écrivais ce livre peut êtrerésuméàuneseuleetuniqueraison:j’avaisoubliéquij’étais.Dansma vie étaient présentes une quantité de personnes précieuses qui se sont efforcées deme
remettre sur les rails – PatriciaDechant,Whittney Sherman,KimberlyRackley,MaureenMorgan,JanellRamos,MelanieEdwards,BrittnieDay etBobbieButler – et si leurs efforts ont retourné lasituationparcequ’ellesmeconnaissentmieuxquequiconque, j’aidûrésoudre touteseulecertaineschoses.Cequiaexigéénormémentdetempsetd’énergie,alorsquejepeinaisàtrouverlesmotspourraconterl’histoirequej’avaisentête.Pasuneseconde,jen’aitenupouracquisel’occasionquim’étaitdonnée,bienqu’unécrivainreste
toujoursunêtrehumainenmesuredetraversertoutseullestragédiesdelavie.Leschamboulementsquiarriventdanslaréalitépeuventavoirdesconséquencesdirectessurlelivrequ’ilécrit.Dèslors,dansceromansontéparpillésdesfragmentsdemonâme.VouslesretrouverezdanslesmomentsdeconfusiondeCassidy,quandShawcomprendcequiestvraimentimportantdanslavie,quandCaseyapprend à lâcher prise, quandMia fuit la réalité, et dans la tempête qui bouleverse la vie de gensinnocents.Mon éditrice incroyablement compréhensive, Shauna Summers, et mon agent, Alexandra
Machinist,m’ontsoutenuecommevousn’imaginerezjamais.Jen’aifranchementpasdemotspourlesremercierdes’êtremontréesaussiconciliantesetd’untelsoutien.Unmotenparticulier:merci,Shauna,dem’avoirdonné la libertédem’exprimeretdem’avoir faitconfiancepour raconterunehistoirevraie.La révélation est arrivée au moment où – en tant qu’auteur de romans sentimentaux – j’avais
commencé à croire que les romances de contes de fées ne sont qu’une fiction. Le destinm’a faitconnaîtreunhommequiatoutremisenquestionetm’afaitchangerd’avis.Merci,monSuperman,de
m’avoirpermisdecroiredenouveauauxcontesdefées.Moncheminementincroyablementdifficileversmonaccomplissementindividuelaétéuncombat
de tous les instants, mais j’en suis sortie victorieuse. Alors, retenez bien la leçon,Mrs. Parker…n’oubliezplusjamaisquivousêtes.
C.L. Parker est née à Los Angeles. Avant de se consacrer pleinement à sa carrièred’écrivain,elleaservipendantdeuxansàlabasenavaledeNorfolkenVirginie.SasérieMillionDollarestunvéritablebest-sellerauxÉtats-UnisetaétépubliéeenexclusivitéauLivredePoche.C.L.Parkervitaujourd’huidansleKentuckyavecsesdeuxfilsetsonchien.
Titreoriginal:GETTINGROUGH
Couverture:©SteffenLachmann/GalleryStock.
©C.L.Parker,2016.©LibrairieGénéraleFrançaise,2016,pourlatraductionfrançaise.
ISBN:978-2-253-11022-4
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Épilogue-Deuxmoisplustard…Mia
Remerciements