catéchèses credo - complet

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AUXERRE SENS DIOCESE Catéchèses du Pape Benoit XVI et du Pape François Le Credo Le credo Le Credo Le Credo Le Credo

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Catéchèses données par le pape Benoit XVI puis le pape François sur le Credo.Ces catéchèses ont été données entre janvier et décembre 2013.

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Page 1: Catéchèses Credo - complet

AUXERRESENS

DIOCESE

Catéchèses du Pape Benoit XVI et du Pape François

Le CredoLe credo

Le Credo

Le CredoLe Credo

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Je crois en un seul Dieu, le Père tout puissant,créateur du ciel et de la terre, de l’univers visible et invisible,

Je crois en un seul Seigneur, Jésus Christ,le Fils unique de Dieu, né du Père avant tous les siècles :

Il est Dieu, né de Dieu,lumière, née de la lumière,vrai Dieu, né du vrai DieuEngendré non pas créé,

de même nature que le Père ;et par lui tout a été fait.

Pour nous les hommes, et pour notre salut,il descendit du ciel;

Par l’Esprit Saint, il a pris chair de la Vierge Marie, et s’est fait homme.

Crucifié pour nous sous Ponce Pilate,Il souffrit sa passion et fut mis au tombeau.

Il ressuscita le troisième jour,conformément aux Ecritures, et il monta au ciel;

il est assis à la droite du Père.Il reviendra dans la gloire, pour juger les vivants et les morts;

et son règne n’aura pas de fin.Je crois en l’Esprit Saint, qui est Seigneur et qui donne la vie;

il procède du Père et du Fils.Avec le Père et le Fils, il reçoit même adoration et même gloire;

il a parlé par les prophètes.

Je crois en l’Eglise, une, sainte, catholique et apostolique.Je reconnais un seul baptême pour le pardon des péchés.

J’attends la résurrection des morts, et la vie du monde à venir.

Amen

Symbole de Nicée

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Je crois en Dieu, le Père tout-puissant, Créateur du ciel et de la terre.Et en Jésus Christ, son Fils unique, notre Seigneur ;

qui a été conçu du Saint Esprit, est né de la Vierge Marie,a souffert sous Ponce Pilate, a été crucifié, est mort et a été enseveli, est descendu aux enfers ; le troisième jour est ressuscité des morts,

est monté aux cieux, est assis à la droite de Dieu le Père tout-puissant, d’où il viendra juger les vivants et les morts.

Je crois en l’Esprit Saint, à la sainte Église catholique, à la communion des saints, à la rémission des péchés,

à la résurrection de la chair, à la vie éternelle.

Symbole des Apôtres

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Chers frères et soeurs,

En cette Année de la foi, je voudrais aujourd’hui commencer à ré-fléchir avec vous sur le Credo, c’est-à-dire sur la profession de foi solennelle qui accompagne notre vie de croyants. Le Credo com-mence ainsi : “Je crois en Dieu”. C’est une affirmation fondamen-tale, apparemment simple dans son caractère essentiel, mais qui ouvre au monde infini de la relation avec le Seigneur et avec son mystère. Croire en Dieu implique l’adhésion à Lui, l’accueil de sa Parole et l’obéissance joyeuse à sa révélation. Comme l’enseigne le Catéchisme de l’Église catholique, “la foi est un acte personnel : la réponse libre de l’homme à l’initiative de Dieu qui se révèle” (n. 166). Pouvoir dire que l’on croit en Dieu est donc à la fois un don — Dieu se révèle, va à notre rencontre — et un engagement, c’est une grâce divine et une responsabilité humaine, dans une expérience de dialogue avec Dieu qui, par amour, “parle aux hommes comme à des amis” (Dei verbum, n. 2), nous parle afin que, dans la foi et avec la foi, nous puissions entrer en communion avec Lui.

Où pouvons-nous écouter Dieu et sa parole ? C’est fondamentale-ment dans l’Écriture Sainte, où la Parole de Dieu devient audible pour nous et alimente notre vie d’“amis” de Dieu. Toute la Bible raconte la révélation de Dieu à l’humanité ; toute la Bible parle de foi et nous enseigne la foi en racontant une histoire dans laquelle Dieu conduit son projet de rédemption et se fait proche de nous les hommes, à travers de nom-

Je crois en Dieu

Audience pontificale du pape Benoit XVI du 23 janvier 2013

“la foi est un acte personnel : la réponse libre de l’homme à

l’initiative de dieu qui se révèle”

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breuses figures lumineuses de personnes qui croient en Lui et qui se confient à Lui, jusqu’à la plénitude de la révélation dans le Seigneur Jésus.

À cet égard, le chapitre 11 de la Lettre aux Hébreux, que nous ve-nons d’écouter, est très beau. On y parle de la foi et les grandes figures bibliques qui l’ont vécue sont mises en lumière, devenant un modèle pour tous les croyants. Dans le premier verset, le texte dit : “La foi est le moyen de posséder déjà ce qu’on espère, et de connaître des réalités qu’on ne voit pas” (11, 1). Les yeux de la foi sont donc capables de voir l’invisible et le coeur du croyant peut espérer au-delà de toute espérance, précisément comme Abraham, dont Paul dit dans la Lettre aux Romains qu’ “espérant contre toute espérance, il a cru” (4, 18).

Et c’est précisément sur Abraham que je voudrais m’arrêter et arrê-ter notre attention, car c’est lui qui est la première grande figure de référence pour parler de foi en Dieu : Abraham le grand patriarche, modèle exemplaire, père de tous les croyants (cf. Rm 4, 11-12). La Lettre aux Hébreux le présente ainsi : “Grâce à la foi, Abraham obéit à l’appel de Dieu: il partit vers un pays qui devait lui être donné comme héritage. Et il partit sans savoir où il allait. Grâce à la foi, il vint séjourner comme étranger dans la Terre promise ; c’est dans un campement qu’il vivait, ainsi qu’Isaac et Jacob, héritiers de la même promesse que lui, car il attendait la cité qui aurait de vraies fonda-tions, celle dont Dieu lui-même est le bâtisseur et l’architecte” (11, 8-10).

L’auteur de la Lettre aux Hébreux fait ici référence à l’appel d’Abra-ham, raconté dans le Livre de la Genèse, le premier livre de la Bible. Que demande Dieu à ce patriarche ? Il lui demande de partir en abandonnant sa terre pour aller vers le pays qu’il lui indiquera. “Pars de ton pays, laisse ta famille et la maison de ton père, va dans le pays

que je te montrerai” (Gn 12, 1). Comment au-rions-nous répondu, nous, à une sem-

blable invitation ? Il s’agit en effet d’un départ à l’aveugle, sans savoir

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où Dieu le conduira ; c’est un chemin qui demande une obéissance et une confiance radicales, auxquelles seule la foi permet d’accéder. Mais l’obscurité de l’inconnu — où Abraham doit aller — est éclairé par la lumière d’une promesse ; Dieu ajoute à son ordre une parole rassurante qui ouvre devant Abraham un avenir de vie en plénitude : “Je ferai de toi une grande nation, je te bénirai, je rendrai grand ton nom... En toi seront bénies toutes les familles de la terre” (Gn 12, 2.3). La bénédiction, dans la Sainte Écriture, est liée avant tout au don de la vie qui vient de Dieu et se manifeste tout d’abord dans la fécondité, dans une vie qui se multiplie, passant de génération en génération. Et à la bénédiction est liée aussi l’expérience de la possession d’une terre, d’un lieu stable où vivre et grandir en liber-té et en sécurité, en craignant Dieu et en construisant une société d’hommes fidèles à l’Alliance, “un royaume de prêtres, une nation sainte” (cf. Ex 19, 6).

C’est pourquoi Abraham, dans le projet divin est destiné à devenir “le père d’un grand nombre de peuples” (Gn 17, 5 ; cf. Rm 4, 17- 18) et à en-trer dans une nouvelle terre où habi-ter. Pourtant Sara, sa femme, est stérile, elle ne peut avoir d’enfants ; et le pays vers lequel Dieu le conduit est loin de sa terre d’origine, il est déjà habité par d’autres populations, et il ne lui appartiendra jamais vraiment. Le narrateur biblique le souligne, bien qu’avec une grande discrétion : lorsque Abraham arrive sur le lieu de la promesse de Dieu : “ Les Cananéens étaient alors dans le pays” (Gn 12, 6). La terre que Dieu donne à Abraham ne lui appartient pas, il est un étranger et il le restera toujours, avec tout ce que cela comporte : ne pas avoir de visées de possession, sentir toujours sa propre pauvreté, tout voir comme un don. Cela est aussi la condition spirituelle de qui accepte de suivre le Seigneur, de qui décide de partir en accueillant son appel, sous le signe de sa bénédiction invisible mais puissante. Et Abraham, “père des croyants”, accepte cet appel, dans la foi. Saint Paul écrit dans la Lettre aux Romains : “Espérant contre toute espérance, il a cru, et ainsi il est

“espérant contre toute espérance, il a cru”

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devenu le père d’un grand nombre de peuples, selon la parole du Seigneur: Vois quelle descendance tu auras ! Il n’a pas faibli dans la foi : cet homme presque centenaire savait bien que Sara et lui étaient trop vieux pour avoir des enfants ; mais, devant la promesse de Dieu, il ne tomba pas dans le doute et l’incrédulité : il trouva sa force dans la foi et rendit gloire à Dieu, car il était pleinement convaincu que Dieu a la puissance d’accomplir ce qu’il a promis” (Rm 4, 18-21).

La foi conduit Abraham à parcourir un chemin paradoxal. Il sera béni mais sans les signes visibles de la bénédiction : il reçoit la pro-messe de devenir un grand peuple, mais avec une vie marquée par la stérilité de sa femme Sara ; il est conduit dans une nouvelle patrie mais il devra y vivre comme un étranger ; et l’unique possession de la terre qu’il lui sera consentie sera celle d’un lopin de terre pour y enterrer Sara (cf. Gn 23, 1-20). Abraham est béni parce que dans la foi, il sait discerner la bénédiction divine en allant au-delà des appa-rences, en ayant confiance dans la présence de Dieu même lorsque ses voies lui paraissent mystérieuses.

Que signifie cela pour nous ? Lorsque nous affirmons : “Je crois en Dieu”, nous disons comme Abraham : “J’ai confiance en toi ; je m’abandonne à toi, Seigneur”, mais pas comme à Quelqu’un à qui avoir recours uniquement dans les moments de difficulté ou à qui consacrer certains moments de la journée ou de la semaine. Dire “Je crois en Dieu” signifie fonder sur Lui ma vie, faire en sorte que sa Parole l’oriente chaque jour, dans les choix concrets, sans peur de perdre quelque chose de moi. Lorsque, dans le rite du baptême, on demande par trois fois : “Croyez-vous” en Dieu, en Jésus Christ, dans l’Esprit Saint, la Sainte Église catholique et les autres vérités de foi, la triple réponse est au singulier : “Je crois”, parce que c’est mon existence personnelle qui doit être transformée avec le don de la foi, c’est mon existence qui doit changer, se convertir. Chaque

fois que nous participons à un baptême, nous devrions nous demander comment nous vivons quo-

tidiennement le grand don de la foi.

Abraham, le croyant, nous enseigne

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la foi ; et, en étranger sur terre, il nous indique la véritable patrie. La foi fait de nous des pèlerins sur terre, insérés dans le monde et dans l’histoire, mais en chemin vers la patrie céleste. Croire en Dieu nous rend donc porteurs de valeurs qui souvent, ne coïncident pas avec la mode et l’opinion du moment, cela exige de nous d’adopter des critères et d’assumer des comportements qui n’appartiennent pas au mode commun de penser. Le chrétien ne doit pas avoir peur d’aller à “contre-courant” pour vivre sa foi, en résistant à la ten-tation de s’“uniformiser”. Dans un grand nombre de nos sociétés, Dieu est devenu le “grand absent” et à sa place, il y a de nombreuses idoles, des idoles très diverses et surtout la possession et le “moi” autonome. Et les progrès importants et posi-tifs de la science et de la technique également ont introduit chez l’homme une illusion de toute puissance et d’auto-suffisance, et un égocentrisme croissant a créé de nombreux déséquilibres au sein des rapports interpersonnels et des comportements sociaux.

Pourtant, la soif de Dieu (cf. Ps 63, 2) ne s’est pas éteinte et le mes-sage évangélique continue de retentir à travers les paroles et les oeuvres de tant d’hommes et de femmes de foi. Abraham, le père des croyants, continue d’être le père de nombreux enfants qui ac-ceptent de marcher sur ses traces et qui se mettent en chemin, en obéissance à la vocation divine, en ayant confiance dans la présence bienveillante du Seigneur et en accueillant sa bénédiction pour se faire bénédiction pour tous. C’est le monde béni de la foi auquel nous sommes tous appelés, pour marcher sans peur en suivant le Seigneur Jésus Christ. Et il s’agit d’un chemin parfois difficile, qui connaît également les épreuves et la mort, mais qui ouvre à la vie, dans une transformation radicale de la réalité que seuls les yeux de la foi sont en mesure de voir et d’apprécier pleinement.

Affirmer “Je crois en Dieu” nous pousse alors à partir, à sortir continuellement de nous-mêmes, précisément comme Abraham, pour apporter dans la réalité quotidienne

“la foi fait de nous des pèlerins sur terre”

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dans laquelle nous vivons la certitude qui nous vient de la foi: c’est-à-dire la certitude de la présence de Dieu dans l’histoire, aujourd’hui aussi : une présence qui apporte vie et salut, et nous ouvre à un ave-nir avec Lui pour une plénitude de vie qui ne connaîtra jamais de fin.

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Chers frères et sœurs !

Dans la catéchèse de mercredi dernier, nous nous sommes arrêtés sur les paroles initiales du Credo : “Je crois en Dieu”. Mais la profes-sion de foi précise cette affirmation: Dieu est le Père tout-puissant, Créateur du ciel et de la terre. Je voudrais donc réfléchir à présent avec vous sur la définition première et fondamentale de Dieu que le Credo nous présente : Il est le Père.

Il n’est pas toujours facile aujourd’hui de parler de paternité. En par-ticulier dans le monde occidental, les familles désagrégées, les oc-cupations professionnelles toujours plus prenantes, les préoccupations et souvent la difficulté d’équilibrer le budget familial, l’invasion dissipante des mass media au sein de la vie quo-tidienne sont parmi les nombreux facteurs qui peuvent empêcher une relation sereine et constructive entre pères et fils. La communication devient parfois difficile, la confiance vient à manquer et le rapport avec la figure paternelle peut devenir problématique ; de même qu’il devient problématique également d’imaginer Dieu comme un père, n’ayant aucun modèle de réfé-rence adéquat. Pour ceux qui ont fait l’expérience d’un père trop autoritaire et inflexible, ou indifférent et peu affectueux, ou même absent, il n’est pas facile de penser avec sérénité à Dieu comme un Père et de s’abandonner à Lui avec confiance.

Mais la révélation biblique aide à surmon-ter ces difficultés en nous parlant d’un Dieu qui nous montre ce que signi-

Je crois en Dieu, le Père tout puissantAudience pontificale du pape Benoit XVI du 30 janvier 2013

“l’amour de dieu le père ne fait jamais défaut, il ne se lasse

jamais de nous ; il est amour qui donne jusqu’au bout, jusqu’au

sacrifice du fils.”

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fie véritablement être “père” ; et c’est surtout l’Évangile qui nous révèle ce visage de Dieu comme Père qui aime jusqu’au don de son propre Fils pour le salut de l’humanité. La référence à la figure paternelle aide donc à comprendre quelque chose de l’amour de Dieu qui demeure toutefois infiniment plus grand, plus fidèle, plus total que celui de n’importe quel homme. “Quel est d’entre vous — dit Jésus pour montrer aux disciples le visage du Père — l’homme auquel son fils demandera du pain, et qui lui remettra une pierre ? Ou encore, s’il lui demande un poisson, lui remettra-t-il un serpent ? Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus votre Père qui est dans les cieux en donnera-t-il de bonnes à ceux qui l’en prient !” (Mt 7, 9-11; cf. Lc 11, 11-13). Dieu est pour nous un Père parce qu’il nous a bénis et choisis avant la création du monde (cf. Ep 1, 3-6), il a fait de nous réellement ses fils en Jésus (cf. 1 Jn 3, 1). Et, comme Père, Dieu ac-compagne avec amour notre existence, en nous donnant sa Parole, son enseignement, sa grâce, son Esprit.

Il est — comme le révèle Jésus — le Père qui nourrit les oiseaux du ciel sans qu’ils aient à semer et à moissonner, et revêt de couleurs merveilleuses les fleurs des champs, avec des vêtements plus beaux que ceux du roi Salomon (cf. Mt 6, 26-32 ; Lc 12, 24-28) ; et nous — ajoute Jésus — nous valons bien plus que les fleurs et les oiseaux du ciel ! Et si Il est si bon au point de faire “lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes” (Mt 5, 45), nous pourrons toujours, sans peur et dans un abandon total, nous confier à son pardon de Père quand nous nous trompons de chemin. Dieu est un Père bon qui accueille et embrasse le fils perdu et repenti (cf. Lc 15, 11sq), il donne gratuitement à ceux qui demandent (cf. Mt 18, 19 ; Mc 11, 24 ; Jn 16, 23) et offre le pain du ciel et l’eau vive qui fait vivre pour l’éternité (cf. Jn 6, 32.51.58).

C’est pourquoi l’orant du Psaume 27, entouré par ses ennemis, assiégé par des méchants et des

calomniateurs, alors qu’il cherche de l’aide du Seigneur et l’invoque, peut donner son témoignage plein de foi

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en affirmant : “Si mon père et ma mère m’abandonnent, le Seigneur m’accueillera” (v. 10). Dieu est un Père qui n’abandonne jamais ses enfants, un Père bienveillant qui soutient, aide, accueille, par-donne, sauve, avec une fidélité qui dépasse immensément celle des hommes, pour s’ouvrir à des dimensions d’éternité. “Car éternel est son amour !” comme continue à le répéter comme une litanie, à chaque verset, le Psaume 136 en reparcourant l’histoire du salut. L’amour de Dieu le Père ne fait jamais défaut, il ne se lasse jamais de nous ; il est amour qui donne jusqu’au bout, jusqu’au sacrifice du Fils. La foi nous donne cette certitude, qui devient un roc sûr pour la construction de notre vie : nous pouvons affronter tous les moments de difficulté et de danger, l’expérience de l’obscu-rité de la crise et du temps de la dou-leur, soutenus par la confiance que

Peinture de Rembrandt“Le retour du Fils prodigue”

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Dieu ne nous laisse jamais seuls et est toujours proche, pour nous sauver et nous conduire à la vie éternelle.

C’est dans le Seigneur Jésus que se montre en plénitude le visage bienveillant du Père qui est aux cieux. C’est en le connaissant Lui que nous pouvons connaître aussi le Père (cf. Jn 8, 19; 14, 7), c’est en le voyant Lui que nous pouvons voir le Père parce qu’il est le Père et le Père est en Lui (cf. Jn 14, 9.11). Il est “image du Dieu invisible” comme le définit l’hymne de la Lettre aux Colossiens, “le premier-né par rapport à toute créature... le premier-né d’entre les morts”, “par qui nous sommes rachetés et par qui nos péchés sont pardonnés” et par qui advient la réconciliation de toutes les choses, “sur la terre et dans les cieux, en faisant la paix par le sang de sa croix” (cf. Col 1, 13-20).

La foi en Dieu le Père demande de croire dans le Fils, sous l’action de l’Esprit, en reconnaissant dans la Croix qui sauve la révélation définitive de l’amour de Dieu. Dieu est pour nous un Père en nous donnant son Fils ; Dieu est pour nous un Père en pardonnant notre péché et en nous conduisant à la joie de la vie ressuscitée ; Dieu est pour nous un Père en nous donnant l’Esprit qui nous rend fils et nous permet de l’appeler, en vérité, “Abba, Père” (cf. Rm 8, 15). C’est pourquoi Jésus en nous apprenant à prier nous invite à dire “Notre Père” (Mt 6, 9-13 ; cf. Lc 11, 2-4).

La paternité de Dieu, alors, est amour infini, tendresse qui se penche sur nous, faibles enfants, ayant besoin de tout. Le Psaume 103, le grand chant de la miséricorde divine, proclame : “Comme est forte la tendresse du père pour ses fils, la tendresse du Seigneur pour qui le craint ! Il sait de quoi nous sommes pétris, il se souvient que nous sommes poussière” (vv. 13-14). C’est précisément notre petitesse, notre faible nature humaine, notre fragilité qui devient un appel à la miséricorde du Seigneur pour qu’il manifeste sa grandeur et ten-

dresse de Père en nous aidant, en nous par-donnant et en nous sauvant.

Et Dieu répond à notre appel, en

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comme père, dieu désire que nous devenions ses fils

envoyant son Fils, qui meurt et ressuscite pour nous ; il entre dans notre fragilité et fait ce que l’homme n’aurait jamais pu faire seul : il prend sur Lui le péché du monde, comme un agneau innocent et nous rouvre la route vers la communion avec Dieu, fait de nous de vrais enfants de Dieu. C’est là, dans le Mystère pascal, que se révèle dans toute sa luminosité le visage définitif du Père. Et c’est là, sur la Croix glorieuse, qu’advient la manifestation pleine de la grandeur de Dieu comme “Père tout-puissant”.

Mais nous pourrions nous demander : comment est-il possible de penser à un Dieu tout-puissant en regardant la Croix du Christ ? A ce pouvoir du mal, qui arrive au point de tuer le Fils de Dieu ? Nous voudrions certainement une toute-puissance divine selon nos sché-mas mentaux et nos désirs : un Dieu “tout-puissant” qui résolve les problèmes, qui intervienne pour nous éviter les difficultés, qui l’em-porte sur les puissances adverses, change le cours des événements et annule la douleur. Ainsi, aujourd’hui, différents théologiens disent que Dieu ne peut pas être tout-puissant, autrement il ne pourrait pas y avoir autant de souffrance, autant de mal dans le monde. En

réalité, face au mal et à la souffrance, pour beaucoup, pour nous, il devient problématique, difficile, de croire en un Dieu le Père et le croire tout-puis-sant ; certains cherchent refuge dans

des idoles, en cédant à la tentation de trouver une réponse dans une présumée toute-puissance “magique” et dans ses promesses illusoires.

Mais la foi en Dieu tout-puissant nous pousse à parcourir des sen-tiers bien différents: apprendre à connaître que la pensée de Dieu est différente de la nôtre, que les voies de Dieu sont différentes des nôtres (cf. Is 55, 8) et que sa toute-puissance aussi est différente: elle ne s’exprime pas comme une force automatique ou arbitraire, mais elle est marquée par une liberté amoureuse et pater-nelle. En réalité, Dieu, en créant des créa-tures libres, en donnant la liberté, a renoncé à une partie de son pou-

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voir, en laissant le pouvoir de notre liberté. Ainsi, Il aime et respecte la réponse libre d’amour à son appel. Comme Père, Dieu désire que nous devenions ses fils et que nous vivions comme tels dans son Fils, en communion, en pleine familiarité avec Lui. Sa toute-puissance ne s’exprime pas dans la violence, elle ne s’exprime pas dans la destruction de tout pouvoir adverse comme nous le désirons, mais elle s’exprime dans l’amour, dans la miséricorde, dans le pardon, dans l’acceptation de notre liberté et dans l’appel inlassable à la conversion du cœur, dans une attitude qui n’est faible qu’en appa-rence — Dieu semble faible, si nous pensons à Jésus Christ qui prie, qui se fait tuer. Une attitude faible en apparence, faite de patience, de douceur et d’amour, démontre que telle est la vraie façon d’être puissant ! Telle est la puissance de Dieu ! Et cette puissance vaincra ! Le passage du Livre de la Sagesse s’adresse ainsi à Dieu : “Tu as pitié de tous les hommes, parce que tu peux tout. Tu fermes les yeux sur leurs péchés, pour qu’ils se convertissent. Tu aimes en effet tout ce qui existe… Mais tu épargnes tous les êtres, parce qu’ils sont à toi, Maître qui aimes la vie” (11, 23-24a.26).

Seul celui qui est vraiment puissant peut supporter le mal et faire preuve de compassion ; seul celui qui est vraiment puissant peut pleinement exercer la force de l’amour. Et Dieu, à qui toutes les choses appartiennent, car tout a été fait par Lui, révèle sa force en aimant tout et tous, dans une attente patiente de notre conversion à nous, les hommes, qu’il désire avoir comme fils. Dieu attend notre conversion. L’amour tout-puissant de Dieu ne connaît pas de limites, au point qu’“il n’a pas refusé son propre Fils, il l’a livré pour nous tous” (Rm 8, 32). La toute puissance de l’amour n’est pas celle du pouvoir du monde, mais elle est celle du don total, et Jésus, le Fils de Dieu, révèle au monde la véritable toute-puissance du Père en donnant sa vie pour nous pécheurs. Voilà la véritable, authentique et parfaite puissance divine : répondre au mal non par le mal mais par

le bien, aux insultes par le pardon, à la haine meur-trière par l’amour qui fait vivre. Alors le

mal est vraiment vaincu, parce qu’il est lavé par l’amour de Dieu ; alors la mort est définitivement vaincue

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car elle est transformée en don de la vie. Dieu le Père ressuscite le Fils : la mort, la grande ennemie (cf. 1 Co 15, 26), est engloutie et privée de son poison (cf. 1 Co 15, 54-55), et nous, libérés du péché, nous pouvons accéder à notre réalité de fils de Dieu.

Donc, quand nous disons ”Je crois en Dieu, le Père tout-puissant”, nous exprimons notre foi dans la puissance de l’amour de Dieu qui, dans son Fils mort et ressuscité, vainc la haine, le mal, le péché et nous ouvre à la vie éternelle, celle des fils qui désirent être pour toujours dans la “Maison du Père”. Dire “Je crois en Dieu, le Père tout-puissant”, dans sa puissance, dans sa manière d’être Père, est toujours un acte de foi, de conversion, de transformation de notre pensée, de toute notre affection, de toute notre manière de vivre.

Chers frères et sœurs, demandons au Seigneur de soutenir notre foi, de nous aider à trouver vraiment la foi et de nous donner la force d’annoncer le Christ crucifié et ressuscité et de le témoigner dans l’amour à Dieu et à notre prochain. Et que Dieu nous accorde d’ac-cueillir le don de notre filiation, pour vivre en plénitude les réalités du Credo, dans l’abandon confiant à l’amour du Père et à sa toute-puissance miséricordieuse qui est la véritable toute-puissance et qui sauve.

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Chers frères et sœurs!

Le Credo, qui commence en qualifiant Dieu de “Père tout-puissant”, comme nous avons médité la semaine dernière, ajoute ensuite qu’Il est le “Créateur du ciel et de la terre”, et il reprend ainsi l’affirmation avec laquelle commence la Bible. Dans le premier verset de l’Écri-ture Sainte, en effet, on lit : “Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre” (Gn 1, 1) : c’est Dieu l’origine de toutes les choses et dans la beauté de la création se déploie sa toute-puissance de Père qui aime.

Dieu se manifeste comme Père dans la création, en tant qu’origine de la vie, et, en créant, il montre sa toute-puissance. Les images utilisées par l’Écriture Sainte sont à cet égard suggestives (cf. Is 40, 12 ; 45, 18 ; 48, 13 ; Ps 104, 2.5 ; 135 ,7 ; Pr 8, 27-29 ; Jb 38-39). Comme un Père bon et puissant, il prend soin de ce qu’il a créé avec un amour et une fidélité qui ne font jamais défaut, disent les Psaumes à plusieurs reprises (cf. Ps 57, 11 ; 108, 5 ; 36, 6). Ainsi la création devient-elle le lieu où connaître et reconnaître la toute-puissance de Dieu et sa bonté, et elle devient un appel à notre foi de croyants pour que nous proclamions Dieu comme Créateur. “Grâce à la foi — écrit l’auteur de la Lettre aux Hébreux —, nous compre-nons que les mondes ont été organisés par la parole de Dieu, si bien que l’univers visible provient de ce qui n’apparaît pas au regard”

(11, 3). La foi implique donc de savoir reconnaître l’invisible en en découvrant la trace dans

le monde visible. Le croyant peut lire le grand livre de la nature et en com-prendre le langage (cf. Ps 19, 2-5) ;

Je crois en Dieu : le Créateur du ciel et de la terre,

le Créateur de l’être humainAudience pontificale du pape Benoit XVI du 6 février 2013

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mais la Parole de la révélation, qui suscite la foi, est nécessaire pour que l’homme puisse parvenir à la pleine conscience de la réalité de Dieu comme Créateur et Père. C’est dans le livre de l’Écriture Sainte que l’intelligence humaine peut trouver, à la lumière de la foi, la clé d’interprétation pour comprendre le monde. En particulier, le pre-mier chapitre de la Genèse occupe une place spéciale, avec la pré-sentation solennelle de l’œuvre créatrice divine qui se déploie au fil de sept jours : en six jours, Dieu porte à son achèvement la création et le septième jour, le samedi, il cesse toute activité et se repose. Jour de la liberté pour tous, jour de la communion avec Dieu. Et ainsi, avec cette image, le livre de la Genèse nous indique que la pre-mière pensée de Dieu était de trouver un amour qui réponde à son amour. La deuxième pensée est ensuite de créer un monde matériel où placer cet amour, ces créatures qui en liberté lui répondent. Une telle structure, donc, fait en sorte que le texte soit scandé par cer-taines répétitions significatives. Par six fois, par exemple, est répétée la phrase: “Et Dieu vit que cela était bon” (vv. 4.10.12. 18.21.25), pour conclure, la septième fois, après la création de l’homme : “Et Dieu vit tout ce qu’il avait fait : c’était très bon” (v. 31). Tout ce que Dieu crée est beau, plein de sagesse et d’amour ; l’action créatrice de Dieu porte de l’ordre, elle insère de l’harmonie, elle donne de la beauté. Dans le récit de la Genèse, il apparaît ensuite que le Sei-gneur crée avec sa parole : par dix fois on lit dans le texte l’expres-sion “Dieu dit” (vv. 3.6.9.11.14. 20.24.26. 28.29). C’est le mot, le

Logos de Dieu qui est à l’origine de la réalité du monde et en disant : “Dieu dit” fut ainsi soulignée la puissance effi-cace de la Parole divine. Ainsi chante le Psalmiste : “Le Seigneur a fait les cieux par sa parole, l’univers, par le souffle de

sa bouche... Il parla, et ce qu’il dit exista ; il commanda, et ce qu’il dit survint” (33, 6.9). La vie apparaît, le monde existe, parce que tout obéit à la Parole divine.

Mais notre question aujourd’hui est : à l’époque de la science et de la tech-nique, cela a-t-il encore un sens de

“nous ne sommes pas dieu, nous ne nous sommes pas faits seuls”

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parler de création ? Comment devons-nous comprendre les récits de la Genèse ? La Bible ne se veut pas un livre de sciences natu-relles ; elle veut en revanche faire comprendre la vérité authentique et profonde des choses. La vérité fondamentale que les récits de la Genèse nous révèlent est que le monde n’est pas un ensemble de forces opposées entre elles, mais il a son origine et sa stabilité dans le Logos, dans la Raison éternelle de Dieu, qui continue à soutenir l’univers. Il y a un dessein sur le monde qui naît de cette Raison, de l’Esprit créateur. Croire qu’à la base de tout il y aurait cela, éclaire chaque aspect de l’existence et donne le courage d’affronter avec confiance et avec espérance l’aventure de la vie. Donc l’Écriture nous dit que l’origine de l’être, du monde, notre origine n’est pas l’irrationnel et la nécessité, mais la raison et l’amour et la liberté. D’où l’alternative : ou la prio-rité à l’irrationnel, à la nécessité, ou la priorité à la raison, à liberté, à l’amour. Nous croyons en cette dernière position.

Mais je voudrais dire un mot également sur ce qui est le sommet de toute la création : l’homme et la femme, l’être humain, l’unique “capable de connaître et d’aimer son Créateur” (Gaudium et spes, n. 12). Le Psalmiste, en regardant les cieux, se demande : “À voir ton ciel, ouvrage de tes doigts, la lune et les étoiles que tu fixas, qu’est-ce que l’homme pour que tu penses à lui, le fils d’un homme, que tu en prennes souci ?” (8, 4-5). L’être humain, créé avec amour par Dieu, est une bien petite chose devant l’immensité de l’univers ; parfois, en regardant fascinés les immenses étendues du firmament, nous aussi, nous avons perçu nos limites. L’être humain est habité par ce paradoxe : notre petitesse et notre finitude coexistent avec la grandeur de ce que l’amour éternel de Dieu a voulu pour lui.

Les récits de la création dans le Livre de la Genèse nous introduisent également dans ce do-

maine mystérieux, en nous aidant à connaître le projet de Dieu sur l’homme. Ils affirment avant tout que

“l’être humain a origine parce que dieu insuffle le souffle de vie dans

le corps modelé de la terre”

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Dieu modela l’homme avec la poussière tirée du sol (cf. Gn 2, 7). Cela signifie que nous ne sommes pas Dieu, nous ne nous sommes pas faits seuls, nous sommes terre ; mais cela signifie aussi que nous venons de la bonne terre, grâce à l’œuvre du bon Créateur. À cela s’ajoute une autre réalité fondamentale : tous les êtres humains sont poussière, au-delà des distinctions opérées par la culture et par l’his-toire, au-delà de toute différence sociale ; nous sommes une unique humanité modelée avec l’unique terre de Dieu. Il y a ensuite un deuxième élément : l’être humain a origine parce que Dieu insuffle le souffle de vie dans le corps modelé de la terre (cf. Gn 2, 7). L’être humain est fait à l’image et ressemblance de Dieu (cf. Gn 1, 26-27). Nous portons alors tous en nous le souffle vital de Dieu et chaque vie humaine — nous dit la Bible — est placée sous la protection par-ticulière de Dieu. C’est la raison la plus profonde du caractère invio-lable de la dignité humaine contre toute tentation de juger la personne selon des critères utilitaristes et de pouvoir. Être à l’image et ressem-blance de Dieu indique également que l’homme n’est pas refermé sur lui, mais a une référence essentielle en Dieu.

Dans les premiers chapitres du Livre de la Genèse, nous trouvons deux images significatives : le jardin avec l’arbre de la connaissance du bien et du mal et le serpent (cf. 2, 15-17 ; 31 1-5). Le jardin nous dit que la réalité dans laquelle Dieu a placé l’être humain n’est pas une forêt sauvage, mais un lieu qui protège, nourrit et soutient ; et l’homme doit reconnaître le monde non pas comme une propriété à piller et à exploiter, mais comme don du Créateur, signe de sa volonté salvifique, don à cultiver et à protéger, à faire croître et déve-lopper dans le respect, dans l’harmonie, en en suivant les rythmes et la logique, selon le dessein de Dieu (cf. Gn 2, 8-15). Puis, le serpent est une figure qui dérive des cultes orientaux de la fécon-dité, qui fascinaient Israël et constituaient une ten-tation constante d’abandonner l’alliance mystérieuse avec Dieu. À la lumière de cela, l’Écriture Sainte présente la

“aucun homme n’est refermé sur lui-même, personne ne peut vivre

uniquement de lui et pour lui”

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tentation que subissent Adam et Ève comme le cœur de la tentation et du péché. Que dit en effet le serpent ? Il ne nie pas Dieu, mais il insinue une question dissimulée : “Alors, Dieu vous a dit : “Vous ne mangerez le fruit d’aucun arbre du jardin ?”” (Gn 3, 1). De cette fa-çon, le serpent suscite le doute que l’alliance avec Dieu est comme une chaîne qui lie, qui prive de la liberté et des choses plus belles et précieuses de la vie. La tentation devient celle de construire tout seul le monde dans lequel vivre, de ne pas accepter les limites du fait d’être créature, les limites du bien et du mal, de la moralité ; la dépendance de l’amour créateur de Dieu est vue comme un poids dont il faut se libérer. Cela est toujours le cœur de la tentation. Mais lorsque le rapport avec Dieu est faussé, à travers un mensonge, en se substituant à lui, tous les autres rapports sont altérés. Alors, l’autre devient un rival, une menace : Adam, après avoir cédé à la tentation, accuse immédiatement Ève (cf. Gn 3, 12) : les deux se cachent de la vue de ce Dieu avec lequel ils conversaient en toute amitié (cf. 3, 8-10) ; le monde n’est plus le jardin dans lequel vivre en harmonie, mais un lieu à exploiter et dans lequel se cachent des pièges (cf. 3, 14-19). La jalousie et la haine envers l’autre pénètrent dans le cœur de l’homme : un exemple en est Caïn, qui tue son frère Abel (cf. 4, 3-9). En allant contre son créateur, en réalité l’homme va contre lui-même, il renie son origine et donc sa vérité : et le mal entre dans le monde, avec sa lourde chaîne de douleur et de mort. Et ainsi, ce que Dieu avait créé était bon, même très bon, après ce libre de choix de l’homme en faveur du mensonge contre la vérité, le mal entre dans le monde.

Je voudrais souligner un dernier enseignement des récits de la créa-tion : le péché engendre le péché et tous les péchés de l’histoire sont liés entre eux. Cet aspect nous pousse à parler de celui qu’on ap-pelle le “péché originel”. Quelle est la signification de cette réalité, difficile à comprendre ? Je voudrais seulement donner quelques élé-

ments. Tout d’abord, nous devons considérer qu’au-cun homme n’est refermé sur lui-même,

personne ne peut vivre uniquement de lui et pour lui. Nous recevons la vie de l’autre et pas seulement au

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moment de la naissance, mais chaque jour. L’être humain est rela-tion : je ne suis moi-même que dans le toi et à travers le toi, dans la relation de l’amour avec le Toi de Dieu et le toi des autres. Eh bien, le péché signifie perturber ou détruire la relation avec Dieu, c’est là son essence : détruire la relation avec Dieu, la relation fon-damentale, se mettre à la place de Dieu. Le Catéchisme de l’Église catholique affirme qu’avec le premier péché l’homme “s’est préféré lui-même à Dieu, et par là même, il a méprisé Dieu : il a fait le choix de soi-même contre Dieu, contre les exigences de son état de créature et dès lors contre son propre bien” (n. 398). Une fois la rela-tion fondamentale perturbée, les autres pôles de la relation sont eux aussi compromis ou détruits, le péché détruit les relations, et ainsi il détruit tout, car nous sommes relation. Or, si la structure relation-nelle de l’humanité est perturbée dès le début, chaque homme entre dans un monde marqué par cette perturbation des relations, il entre dans un monde perturbé par le péché, par lequel il est personnelle-ment marqué ; le péché initial porte atteinte à la nature humaine et la blesse (cf. Catéchisme de l’Église catholique, nn. 404-406).

Et l’homme tout seul, une seule personne ne peut pas sortir de cette situation, elle ne peut pas se racheter toute seule ; ce n’est que le Créateur lui-même qui peut rétablir les justes relations. Ce n’est que si Celui dont nous nous sommes éloignés vient vers nous et nous tend la main avec amour, que les justes relations peuvent être re-nouées. Cela a lieu en Jésus Christ, qui accomplit exactement le parcours inverse de celui d’Adam, comme le décrit l’hymne dans le deuxième chapitre de la Lettre de saint Paul aux Philippiens (2, 5-11) : alors qu’Adam ne reconnaît pas qu’il est une créature et veut se mettre à la place de Dieu, Jésus, le Fils de Dieu, est dans une rela-tion filiale parfaite avec le Père, il s’abaisse, il devient le serviteur, il parcourt la voie de l’amour en s’humiliant jusqu’à la mort en croix, pour remettre en ordre les relations avec Dieu. La Croix du Christ devient ainsi le nouvel arbre de la vie.

Chers frères et sœurs, vivre de foi signifie reconnaître la grandeur de Dieu et ac-cepter notre petitesse, notre condi-

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tion de créature en laissant le Seigneur la combler de son amour, pour qu’ainsi s’accroisse notre véritable grandeur. Le mal, avec son poids de douleur et de souffrance, est un mystère qui est illuminé par la lumière de la foi, qui nous donne la certitude de pouvoir en être libérés : la certitude qu’être un homme est un bien.

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Chers frères et sœurs, bonjour,

Aujourd’hui, nous reprenons les catéchèses de l’Année de la foi. Dans le Credo, nous répétons cette expression : “Il ressuscita le troi-sième jour, conformément aux Écritures”. C’est précisément l’évé-nement que nous célébrons : la Résurrection de Jésus, cœur du mes-sage chrétien, qui a retenti depuis le début et a été transmis afin qu’il parvienne jusqu’à nous. Saint Paul écrit aux chrétiens de Corinthe : “Je vous ai donc transmis en premier lieu ce que j’avais moi-même reçu, à savoir que le Christ est mort pour nos péchés selon les Écri-

tures, qu’il a été mis au tombeau, qu’il est ressuscité le troisième jour selon les Écritures, qu’il est apparu à Céphas, puis aux Douze” (1 Co 15, 3-5). Cette brève confession de foi annonce précisément le Mystère pascal, avec les premières apparitions du Ressuscité à Pierre et aux Douze : la Mort et la Résurrection de Jésus sont précisément le cœur de notre espérance. Sans cette foi dans la mort et dans la résurrection de Jésus, notre

espérance sera faible, ce ne sera pas même une espérance, et c’est précisément la mort et la résurrection de Jésus qui sont le cœur de notre espérance. L’apôtre affirme : “si le Christ n’est pas ressuscité, vaine est votre foi ; vous êtes encore dans vos péchés” (v. 17). Mal-heureusement, souvent on a tenté d’obscurcir la foi dans la Résurrec-tion de Jésus, et parmi les croyants eux-mêmes se sont insinués des doutes. C’est un peu une foi “à l’eau de rose” comme on

Il ressuscita le troisième jour, conformément aux Écritures

Audience pontificale du pape François du 3 avril 2013

“la résurrection nous ouvre à l’espérance la plus grande, car elle ouvre notre vie et la vie du monde à l’avenir éternel de dieu, au bonheur total, à la certitude

que le mal, le péché, la mort peuvent être vaincus”

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dit ; ce n’est pas une foi forte. Et cela par superficialité, parfois par indifférence, occupés par mille choses que l’on considère plus im-portantes que la foi, ou encore en raison d’une vision uniquement horizontale de la vie. Mais c’est précisément la résurrection qui nous ouvre à l’espérance la plus grande, car elle ouvre notre vie et la vie du monde à l’avenir éternel de Dieu, au bonheur total, à la certitude que le mal, le péché, la mort peuvent être vaincus. Et cela conduit à vivre avec davantage de confiance les réalités quotidiennes, à les affronter avec courage et application. La Résurrection du Christ illu-mine d’une lumière nouvelle ces réalités quotidiennes. La Résurrec-

tion du Christ est notre force !

Mais comment la vérité de foi de la Résurrection du Christ nous a-t-elle été transmise ? Il y a deux types de témoi-gnages dans le nouveau Testament : certains sont sous la forme de profes-sion de foi, c’est-à-dire de formules

synthétiques qui indiquent le cœur de la foi ; d’autres en revanche sont sous la forme de récit de l’événement de la Résurrection et des faits qui y sont liés. La première : la forme de la profession de foi, par exemple, c’est celle que nous venons d’écouter, ou encore celle de la Lettre aux Romains dans laquelle saint Paul écrit : “Si tes lèvres confessent que Jésus est Seigneur et si ton cœur croit que Dieu l’a ressuscité des morts, tu seras sauvé” (10, 9). Dès les premiers pas de l’Église, la foi dans le Mystère de mort et de Résurrection de Jésus est bien établie et claire. Mais aujourd’hui, je voudrais m’arrêter sur la seconde forme, sur les témoignages sous la forme de récit, que nous trouvons dans les Évangiles. Avant tout, nous observons que les pre-miers témoins de cet événement furent les femmes. À l’aube, elles se rendirent au sépulcre pour oindre le corps de Jésus, et trouvent le premier signe : le tombeau vide (cf. Mc 16, 1). Vient ensuite la

rencontre avec un Messager de Dieu qui annonce: Jésus de Nazareth, le Crucifié, n’est pas

ici, il est ressuscité (cf. vv. 5-6). Les femmes sont poussées par l’amour et elles savent accueillir cette annonce

“la résurrection du christ est notre plus grande certitude ; c’est

le trésor le plus précieux ! ”

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avec foi : elles croient, et immédiatement la transmettent, elles ne la gardent pas pour elles, elle la transmettent. La joie de savoir que Jésus est vivant, l’espérance qui remplit le cœur, ne peuvent pas être réprimées. Cela devrait également être le cas dans notre vie. Nous ressentons la joie d’être chrétiens ! Nous croyons dans un Ressuscité qui a vaincu le mal et la mort ! Nous avons le courage de “sortir” pour apporter cette joie et cette lumière dans tous les lieux de notre vie ! La Résurrection du Christ est notre plus grande certitude ; c’est le trésor le plus précieux ! Comment ne pas partager ce trésor, cette certitude, avec les autres ? Elle n’est pas seulement là pour nous, mais pour la transmettre, pour la donner aux autres, la partager avec les autres. C’est précisément là notre témoignage.

Un autre élément. Dans les professions de foi du Nouveau Testa-ment, seuls des hommes sont rappelés comme témoins de la Résur-rection, les apôtres, mais pas les femmes. C’est parce que, selon la loi judaïque de cette époque, les femmes et les enfants ne pou-vaient pas rendre un témoignage fiable, crédible. Dans les Évan-giles, en revanche, les femmes ont un rôle primordial, fondamental. Nous pouvons ici saisir un élément en faveur de l’historicité de la Résurrection : s’il s’agissait d’un fait inventé, dans le contexte de cette époque, il n’aurait pas été lié au témoignage des femmes. En revanche, les évangélistes rapportent simplement ce qui s’est passé : ce sont les femmes qui sont les premiers témoins. Cela nous dit que Dieu ne choisit pas selon les critères humains : les premiers témoins de la naissance de Jésus sont les pasteurs, des personnes simples et humbles ; les premiers témoins de la Résurrection sont les femmes. Et cela est beau. Et c’est un peu la mission des femmes : des mères, des femmes ! Rendre témoignage aux enfants, aux petits-enfants, que Jésus est vivant, il est le vivant, il est le ressuscité. Mères et femmes, allez de l’avant avec ce témoignage ! Pour Dieu c’est le cœur qui compte, combien nous sommes ouverts à Lui, si nous sommes comme les enfants qui ont confiance. Mais cela nous fait aussi réfléchir sur la manière dont les femmes, dans l’Église et dans le chemin de foi, ont eu et ont aujourd’hui aussi un rôle parti-culier en ouvrant les portes aux Sei-

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gneur, en le suivant et en communiquant sa Face, car le regard de la foi a toujours besoin du regard simple et profond de l’amour. Les apôtres et les disciples ont plus de difficultés à croire. Les femmes non. Pierre court au sépulcre, mais il s’arrête à la tombe vide ; Tho-mas doit toucher de ses mains les blessures du corps de Jésus. Dans notre chemin de foi aussi, il est important de savoir et de sentir que Dieu nous aime, de ne pas avoir peur de l’aimer : la foi se professe avec la bouche et avec le cœur, avec la parole et avec l’amour.

Après les apparitions aux femmes, d’autres suivent : Jésus se rend présent de manière nouvelle : il est le Crucifié, mais son corps est glorieux ; il n’est pas revenu à la vie terrestre, mais à une condition nouvelle. Au début, ils ne le reconnaissent pas, et ce n’est qu’à tra-vers ses paroles et ses gestes que leurs yeux s’ouvrent : la rencontre avec le Ressuscité transforme, elle donne une force nouvelle à la foi, un fondement inébranlable. Pour nous aussi, il existe de nombreux signes où le Ressuscité se fait reconnaître : l’Écriture Sainte, l’Eucha-ristie, les autres sacrements, la charité, ces gestes d’amour qui portent un rayon du Ressuscité. Laissons-nous illuminer par la Résurrection du Christ, laissons-nous transformer par sa force, pour qu’à travers nous également, dans le monde, les signes de mort laissent place aux signes de vie. J’ai vu qu’il y a de nombreux jeunes sur la place. Les voilà ! Je vous dis : portez de l’avant cette certitude : le Seigneur est vivant et marche à nos côtés dans la vie. Telle est votre mission ! Portez de l’avant cette espérance. Soyez ancrés à cette espérance : cette ancre qui est dans le ciel ; tenez ferme la corde, soyez ancrés et portez de l’avant l’espérance. Vous, témoins de Jésus, portez de l’avant le témoignage que Jésus est vivant et cela nous donnera de l’espérance, donnera de l’espérance à ce monde un peu vieilli par les guerres, par le mal, par le péché. En avant les jeunes !

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Chers frères et sœurs, bonjour !

Au cours de la dernière catéchèse, nous nous sommes arrêtés sur l’événement de la Résurrection de Jésus, dans lequel les femmes ont eu un rôle particulier. Aujourd’hui, je voudrais m’arrêter sur sa portée salvifique. Que signifie la Résurrection pour notre vie ? Et pourquoi notre foi est-elle vaine sans elle ? Notre foi se fonde sur la Mort et la Résurrection du Christ, précisément comme une maison s’appuie sur des fondements : si ils cèdent, toute la maison s’écroule. Sur la Croix, Jésus s’est offert lui-même en assumant nos

péchés et en descendant dans l’abîme de la mort, et dans la Résurrection, il les vainc, les ôte, et nous ouvre la voie pour renaître à une vie nouvelle. Saint Pierre l’exprime de façon synthétique au début de sa première lettre, comme nous l’avons écouté : “Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ :

dans sa grande miséricorde, il nous a engendrés de nouveau par la Résurrection de Jésus Christ d’entre les morts, pour une vivante espérance, pour un héritage exempt de corruption, de souillure, de flétrissure” (1, 3-4).

L’apôtre nous dit qu’avec la Résurrection de Jésus, quelque chose d’absolument nouveau a lieu : nous sommes libérés de l’escla-vage du péché et nous devenons fils de Dieu, c’est-à-dire que nous sommes engendrés à nouveau à une vie nouvelle. Quand cela se réalise-t-il pour nous ? Dans le sacrement du baptême. Par le passé, il se recevait normalement par immersion. Celui qui devait être baptisé descendant dans le grand bassin du baptistère, quittant ses vêtements, et l’évêque ou le prêtre lui versait par

Portée salvifique de la RésurrectionAudience pontificale du pape François du 10 avril 2013

“l’esprit saint réalise en nous cette nouvelle condition

de fils de dieu.”

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trois fois l’eau sur la tête, le baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Puis, le baptisé sortait du bassin et revêtait le nouvel ha-bit, blanc : c’est-à-dire qu’il naissait à une vie nouvelle, en se plon-geant dans la Mort et la Résurrection du Christ. Il était devenu fils de Dieu. Saint Paul, dans la Lettre aux Romains, écrit : vous « avez reçu un esprit de fils adoptifs qui nous fait nous écrier : “Abba ! Père !” » (Rm 8, 15). C’est précisément l’Esprit que nous avons reçu dans le baptême qui nous enseigne, nous pousse, à dire à Dieu : “Père”, ou mieux, “Abba !”, ce qui signifie “papa”. Tel est notre Dieu : c’est un papa pour nous. L’Esprit Saint réalise en nous cette nouvelle condi-tion de fils de Dieu. Et cela est le plus grand don que nous recevons du Mystère pascal de Jésus. Et Dieu nous traite comme ses enfants, il nous comprend, nous pardonne, nous embrasse, nous aime, même lorsque nous nous trompons. Dans l’Ancien Testament, le prophète Isaïe affirmait déjà que même si une mère oubliait son fils, Dieu ne nous oublie jamais, à aucun moment (cf. 49, 15). Et cela est beau !

Toutefois, cette relation filiale avec Dieu n’est pas comme un tré-sor que nous conservons dans un coin de notre vie, mais elle doit croître, elle doit être nourrie chaque jour par l’écoute de la Parole de Dieu, la prière, la participation aux sacrements, en particulier de la pénitence et de l’Eucharistie, et la charité. Nous pouvons vivre en fils ! Telle est notre dignité — nous avons la dignité de fils. Nous com-porter comme de véritables fils ! Cela signifie que chaque jour, nous devons laisser le Christ nous transfor-mer et nous configurer à Lui ; cela signifie vivre en chrétiens, chercher à Le suivre, même si nous voyons nos limites et nos faiblesses. La tentation de laisser Dieu de côté pour nous mettre nous-mêmes au centre est toujours présente et l’expérience du péché blesse notre vie chrétienne, notre condition d’enfants de

Dieu. C’est pourquoi nous devons avoir le courage de la foi et ne pas nous laisser guider par

la mentalité qui nous dit : “Dieu ne sert pas, il n’est pas important pour toi”, et ainsi de suite. C’est précisé-

“le seigneur ressuscité est l’espérance qui ne fait jamais

défaut, qui ne déçoit pas ”

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ment le contraire : ce n’est qu’en nous comportant en enfants de Dieu, sans nous décourager pour nos chutes, pour nos péchés, en nous sentant aimés par Lui, que notre vie sera renouvelée, animée par la sérénité et par la joie. Dieu est notre force ! Dieu est notre espérance !

Chers frères et sœurs, nous devons être les premiers à avoir cette ferme espérance et nous devons en être un signe visible, clair, lumi-neux pour tous. Le Seigneur Ressuscité est l’espérance qui ne fait jamais défaut, qui ne déçoit pas (cf. Rm 5, 5). L’espérance ne déçoit pas. Celle du Seigneur ! Combien de fois dans notre vie les espé-rances s’évanouissent-elles, combien de fois les attentes que nous portons dans notre cœur ne se réalisent pas ! Notre espérance de chrétiens est forte, sûre, solide sur cette terre, où Dieu nous a appe-lés à marcher, et elle est ouverte à l’éternité, parce qu’elle est fondée sur Dieu, qui est toujours fidèle. Nous ne devons pas oublier : Dieu est toujours fidèle ; Dieu est toujours fidèle avec nous. Être ressus-cités avec le Christ au moyen du baptême, avec le don de la foi, pour un héritage qui ne se corrompt pas, nous conduit à rechercher davantage les choses de Dieu, à penser davantage à Lui, à le prier davantage. Etre chrétiens ne se réduit pas à suivre des commande-ments, mais veut dire être en Christ, penser comme Lui, agir comme Lui, aimer comme Lui ; c’est Le laisser prendre possession de notre vie et la changer, la transformer, la libérer des ténèbres du mal et du péché.

Chers frères et sœurs, à ceux qui nous demandent raison de l’espé-rance qui est en nous (cf. 1 P 3, 15), nous montrons le Christ Ressus-cité. Nous le montrons à travers l’annonce de la Parole, mais surtout à travers notre vie de ressuscités. Nous montrons la joie d’être des enfants de Dieu, la liberté que nous donne la vie en Christ, qui est la véritable liberté, celle qui nous sauve de l’esclavage du mal, du péché, de la mort ! Tournons-nous vers la Patrie céleste, nous au-rons une lumière et une force nouvelles également dans notre engagement et dans nos diffi-cultés quotidiennes. C’est un service précieux que nous devons rendre à

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notre monde, qui souvent ne réussit plus à lever les yeux vers le haut, qui ne réussit plus à lever les yeux vers Dieu.

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Chers frères et sœurs, bonjour !

Dans le Credo, nous trouvons l’affirmation que Jésus “est monté au ciel, il est assis à la droite du Père”. La vie terrestre de Jésus atteint son sommet lors de l’événement de l’Ascension, c’est-à-dire quand il passe de ce monde au Père et est élevé à sa droite. Quelle est la signification de cet événement ? Quelles en sont les conséquences pour notre vie ? Que signifie contempler Jésus assis à la droite du Père ? A ce propos, laissons-nous guider par l’évangéliste Luc.

Partons du moment où Jésus décide d’entreprendre son dernier pèle-rinage à Jérusalem. Saint Luc remarque : “Comme le temps appro-chait où Jésus allait être enlevé de ce monde, il prit avec courage la route de Jérusalem” (Lc 9, 51). Alors qu’il “monte” vers la ville sainte, où s’accomplira son “exode” de cette vie, Jésus voit déjà l’objectif, le Ciel, mais il sait bien que la voie qui le ramène à la gloire du Père passe à travers la Croix, à travers l’obéissance au des-sein divin d’amour pour l’humanité. Le Catéchisme de l’Église catholique affirme que “l’élévation sur la croix signifie et annonce l’élévation de l’Ascension au ciel” (n. 661). Nous aussi, nous devons avoir clairement à l’esprit que, dans notre vie chrétienne, entrer dans la gloire de Dieu exige la fidélité quotidienne à sa volonté, même quand elle demande un sacrifice, quand elle demande parfois de changer nos programmes. L’Ascension de Jésus eut lieu concrè-tement sur le Mont des Oliviers, près du lieu où il s’était retiré en prière avant la passion pour rester en profonde

... est monté au ciel,il est assis à la droite du Père ...Audience pontificale du pape François du 17 avril 2013

“la prière nous donne la grâce de vivre fidèles au projet de dieu.”

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union avec le Père : encore une fois, nous voyons que la prière nous donne la grâce de vivre fidèles au projet de Dieu.

À la fin de son Évangile, saint Luc rapporte l’événement de l’As-cension de manière très synthétique. Jésus conduisit les disciples “jusque vers Béthanie et, levant les mains, il les bénit. Tandis qu’il les bénissait, il se sépara d’eux et fut emporté au ciel. Ils se proster-nèrent devant lui, puis ils retournèrent à Jérusalem, remplis de joie. Et ils étaient sans cesse dans le Temple à bénir Dieu” (24, 50-53) ; ainsi parle saint Luc. Je voudrais remarquer deux éléments du récit. Tout d’abord, au cours de l’Ascension, Jésus accomplit le geste sa-cerdotal de la bénédiction et les disciples expriment sûrement leur foi par la prosternation, ils s’agenouillent en baissant la tête. Cela est un premier point important : Jésus est le prêtre unique et éternel qui avec sa passion est passé par la mort et le sépulcre, qui est ressuscité et qui est monté au Ciel ; il est auprès de Dieu le Père, où il intercède pour toujours en notre faveur (cf. He 9, 24). Comme l’affirme Jean dans sa Première Lettre, Il est notre avocat : qu’il est beau d’entendre cela ! Quand quelqu’un est appelé chez le juge ou passe en procès, la première chose qu’il fait est de chercher un avocat pour qu’il le défende. Nous, nous en avons un qui nous défend toujours, il nous défend des menaces du diable, il nous défend de nous-mêmes, de nos péchés ! Très chers frères et sœurs, nous avons cet avocat : n’ayons pas peur d’aller à Lui pour demander pardon, pour deman-der sa bénédiction, pour demander miséricorde ! Il nous pardonne toujours, il est notre avocat : il nous défend toujours ! N’oubliez pas cela ! L’ascension de Jésus au Ciel nous fait alors connaître cette réalité si réconfortante pour notre chemin: dans le Christ, vrai Dieu et vrai homme, notre humanité a été conduite auprès de Dieu ; Il nous a ouvert le passage ; Il est comme un chef de cordée quand on escalade une montagne, qui est arrivé au sommet et qui nous guide à Lui en nous conduisant à Dieu. Si nous lui confions notre vie, si

nous nous laissons guider par Lui nous sommes cer-tains d’être entre des mains sûres, entre

les mains de notre sauveur, de notre avocat.

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Un deuxième élément : saint Luc rapporte que les Apôtres, après avoir vu Jésus monter au ciel, rentrèrent à Jérusalem “avec une grande joie”. Cela nous semble un peu étrange. En général, quand nous sommes séparés de nos parents, de nos amis, pour un départ définitif et surtout à cause de la mort, il y a en nous une tristesse natu-relle, parce que nous ne verrons plus leur visage, nous n’entendrons plus leur voix, nous ne pourrons plus jouir de leur affection, de leur présence. En revanche, l’évangéliste souligne la profonde joie des apôtres. Mais pourquoi ? Justement parce que, avec le regard de la foi, ils comprennent que, bien que soustrait à leurs yeux, Jésus reste pour toujours avec eux, il ne les abandonne pas et, dans la gloire du Père, il les soutient, les conduit et intercède pour eux.

Saint Luc raconte l’événement de l’Ascension également au début des Actes des apôtres, pour souligner que ce fait est comme l’anneau qui rattache et relie la vie terrestre de Jésus à celle de l’Église. Ici, saint Luc évoque aussi la nuée qui soustrait Jésus à la vue des dis-ciples, qui restent à contempler le Christ pendant son ascension vers Dieu (cf. Ac 1, 9-10). Deux hommes vêtus de blancs interviennent alors et les invitent à ne pas rester immobiles à regarder le ciel, mais à nourrir leur vie et leur témoignage de la certitude que Jésus revien-dra de la même manière qu’ils l’ont vu monter au ciel (cf. Ac 1, 10-11). C’est précisément l’invitation à partir de la contemplation de la Seigneurie du Christ, pour avoir de Lui la force de porter et de témoigner l’Évangile dans la vie de tous les jours : contempler et agir, ora et labora enseigne saint Benoît, sont tous deux nécessaires à notre vie de chrétiens.

Chers frères et sœurs, l’Ascension n’indique pas l’absence de Jésus, mais nous dit qu’il est vivant au milieu de nous de manière nouvelle ; il n’est plus dans un lieu précis du monde comme il l’était avant l’Ascension ; à présent, il est dans la Seigneurie de Dieu, présent en tout lieu et en tout temps, proche

“n’ayons pas peur d’aller à lui pour demander pardon, pour

demander sa bénédiction, pour demander miséricorde !”

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de chacun de nous. Dans notre vie, nous ne sommes jamais seuls : nous avons cet avocat qui nous attend, qui nous défend. Nous ne sommes jamais seuls : le Seigneur crucifié et ressuscité nous guide ; avec nous, il y a beaucoup de frères et sœurs qui, dans le silence et dans l’anonymat, dans leur vie de famille et de travail, dans leurs problèmes et difficultés, dans leurs joies et espérances, vivent quo-tidiennement la foi et apportent, avec nous, au monde la Seigneurie de l’amour de Dieu, en Jésus Christ ressuscité, monté au Ciel, avocat de notre cause. Merci.

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Chers frères et sœurs, bonjour !

Dans le Credo, nous professons que Jésus “reviendra dans la gloire pour juger les vivants et les morts“. L’histoire humaine a commencé avec la création de l’homme et de la femme à l’image et ressemblance de Dieu et se conclut par le jugement dernier du Christ. Souvent, on oublie ces deux pôles de l’histoire, et surtout, la foi dans le retour du Christ et dans le jugement dernier n’est parfois pas si claire et solide dans le cœur des chrétiens. Au cours de sa vie publique, Jésus s’est souvent arrêté sur la réalité de sa venue ultime. Aujourd’hui, je vou-drais réfléchir sur trois textes évangéliques qui nous aident à entrer dans ce mystère : celui des dix vierges, celui des talents et celui du jugement dernier. Tous les trois font partie du discours de Jésus sur la fin des temps, dans l’Évangile de saint Matthieu.

Rappelons avant tout que, avec l’Ascension, le Fils de Dieu a apporté au Père notre humanité rachetée par Lui et il veut l’attirer à lui, appe-ler le monde entier à être accueilli entre les bras ouverts de Dieu afin que, à la fin de l’histoire, la réalité tout entière soit remise au Père. Il y a toutefois ce “temps immédiat” entre la première venue du Christ et la dernière, qui est précisément le temps que nous vivons. C’est dans ce contexte du “temps immédiat” que s’insère la parabole des dix vierges (cf. Mt 25, 1-13). Il s’agit de dix jeunes filles qui at-tendent l’arrivée de l’Époux, mais celui-ci tarde et elles s’endorment. À l’annonce soudaine que l’Époux arrive, elles se pré-parent toutes à l’accueillir, mais tandis que cinq d’entre elles, prévoyantes, ont de l’huile pour alimenter leurs lampes,

... reviendra dans la gloire pour juger les vivants et les morts ...

Audience pontificale du pape François du 24 avril 2013

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les autres, insensées, se retrouvent avec leurs lampes éteintes parce qu’elles n’en ont pas ; et tandis qu’elles en cherchent, arrive l’Époux et les vierges insensées trouvent la porte qui conduit à la fête nup-tiale fermée. Elles frappent avec insistance, mais désormais il est trop tard, l’Époux répond : je ne vous connais pas. L’Époux est le Seigneur, et le temps d’attente de son arrivée est le temps qu’il nous donne, à nous tous, avec miséricorde et patience, avant sa venue finale ; c’est un temps de veille, un temps où nous devons garder allumées les lampes de la foi, de l’espérance et de la charité, où garder le cœur ouvert au bien, à la beauté et à la vérité; un temps à vivre selon Dieu, car nous ne connaissons ni le jour, ni l’heure du retour du Christ. Ce qui nous est demandé est d’être préparés à la rencontre — préparés à une ren-contre, à une belle rencontre, la rencontre avec Jésus — qui signifie savoir reconnaître les signes de sa présence, garder notre foi vivante, avec la prière, avec les Sacrements, être vigilants pour ne pas nous endormir, pour ne pas oublier Dieu. La vie des chrétiens endormis est une vie triste, ce n’est pas une vie heureuse. Le chrétien doit être heureux, la joie de Jésus. Ne nous endormons pas !

La deuxième parabole, celle des talents, nous fait réfléchir sur le rapport entre la façon dont nous employons les dons reçus de Dieu et son retour, lorsqu’il nous demandera comment nous les avons uti-lisés (cf. Mt 25, 14-30). Nous connaissons bien la parabole : avant son départ, le maître remet à chaque serviteur des talents, afin qu’ils soient bien utilisés pendant son absence. Il en remet cinq au pre-mier, deux au deuxième, et un au troisième. Pendant son absence, les deux premiers serviteurs multiplient leurs talents — il s’agit d’anciennes monnaies — tandis que le troisième préfère enterrer le

sien et le remettre intact au maître. À son retour, le maître juge leurs œuvres : il loue les deux

premiers, tandis que le troisième est chassé dans les ténèbres, parce qu’il a gardé caché le talent par peur, se

“un chrétien qui se referme sur lui-même, qui cache tout ce que le seigneur lui a donné n’est pas un

chrétien !”

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refermant sur lui-même. Un chrétien qui se referme sur lui-même, qui cache tout ce que le Seigneur lui a donné est un chrétien... Ce n’est pas un chrétien ! C’est un chrétien qui ne rend pas grâce à Dieu pour tout ce qu’il lui a donné ! Cela nous dit que l’attente du retour du Seigneur est le temps de l’action — nous sommes dans le temps de l’action — le temps où mettre à profit les dons de Dieu non pas pour nous-mêmes, mais pour Lui, pour l’Église, pour les autres, le temps où chercher toujours à faire croître le bien dans le monde. Et en particulier en ce temps de crise, aujourd’hui, il est important de ne pas se refermer sur soi-même, en enterrant ses talents, ses richesses spirituelles, intellectuelles, matérielles, tout ce que le Seigneur nous a donné, mais de s’ouvrir, d’être solidaires, d’être attentifs à l’autre. Sur la place, j’ai vu qu’il y a de nombreux jeunes : est-ce vrai ? Y a-t-il de nombreux jeunes ? Où sont-ils ? À vous, qui êtes au début du chemin de la vie, je demande : avez-vous pensé aux talents que Dieu vous a donnés ? Avez-vous pensé à la façon dont les mettre au service des autres ? N’enterrez pas les talents ! Misez sur les grands idéaux, les idéaux qui élargissent le cœur, les idéaux de service qui rendront féconds vos talents. La vie ne nous a pas été donnée pour que nous la conservions jalousement pour nous-mêmes, mais elle nous a été donnée pour que nous l’offrions. Chers jeunes, ayez une grande âme ! N’ayez pas peur de rêver de grandes choses !

Enfin, un mot sur le passage du Jugement dernier dans lequel est décrite la deuxième venue du Seigneur, quand il jugera tous les êtres humains, vivants et morts (cf. Mt 25, 31-46). L’image utilisée par l’évangéliste est celle du pasteur qui sépare les brebis des chèvres. À droite sont placés ceux qui ont agi selon la volonté de Dieu, en secourant leur prochain qui a faim, qui a soif, qui est étranger, nu, malade, emprisonné — j’ai dit “étranger” : je pense aux nombreux étrangers qui sont ici dans le diocèse de Rome : que faisons-nous pour eux ? — alors qu’à gauche vont ceux qui n’ont pas secouru leur prochain. Cela nous dit que nous serons jugés par Dieu sur la charité, sur la manière dont nous l’aurons aimé chez nos frères, en particulier les plus faibles et démunis. Assurément, nous devons toujours bien garder à l’esprit que

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nous sommes justifiés, nous sommes sauvés par la grâce, par un acte d’amour gratuit de Dieu qui nous précède toujours ; tout seuls nous ne pouvons rien faire. La foi est avant tout un don que nous avons reçu. Mais pour porter des fruits, la grâce de Dieu demande toujours notre ouverture à Lui, notre réponse libre et concrète. Le Christ vient nous apporter la miséricorde de Dieu qui sauve. Il nous est deman-dé de nous confier à Lui, de répondre au don de son amour par une vie bonne, faite d’actions animées par la foi et par l’amour.

Chers frères et sœurs, envisager le Jugement dernier ne doit jamais nous faire peur ; au contraire, cela nous pousse à mieux vivre le présent. Dieu nous offre avec miséricorde et patience ce temps, afin que nous apprenions chaque jour à le reconnaître chez les pauvres et chez les petits, afin que nous nous prodiguions pour le bien et que nous soyons vigilants dans la prière et dans l’amour. Que le Seigneur, au terme de notre existence et de l’histoire, puisse nous reconnaître comme des serviteurs bons et fidèles. Merci.

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Chers frères et sœurs, bonjour !

Le temps pascal que nous sommes en train de vivre dans la joie, gui-dés par la liturgie de l’Église, est par excellence le temps de l’Esprit Saint donné “sans mesure” (cf. Jn 3, 34) par Jésus crucifié et ressus-cité. Ce temps de grâce se conclut par la fête de la Pentecôte, où l’Église revit l’effusion de l’Esprit sur Marie et sur les apôtres réunis en prière au cénacle.

Mais qui est l’Esprit Saint ? Dans le Credo, nous professons avec foi : “Je crois en l’Esprit Saint qui est Seigneur et qui donne la vie”. La première vérité à laquelle nous adhérons dans le Credo est que l’Es-prit-Saint est Kyrios, Seigneur. Cela signifie qu’il est vraiment Dieu comme le sont le Père et le Fils, objet, de notre part, du même acte d’adoration et de glorification que celui que nous adressons au Père et au Fils. L’Esprit Saint, en effet, est la troisième personne de la Très Sainte Trinité ; il est le grand don du Christ Ressuscité qui ouvre notre esprit et notre cœur à la foi en Jésus comme le Fils envoyé par le Père, et qui nous guide à l’amitié, à la communion avec Dieu.

Mais je voudrais m’arrêter surtout sur le fait que l’Esprit Saint est la source intarissable de la vie de Dieu en nous. L’homme de tous les temps et de tous les lieux désire une vie pleine et belle, juste et bonne, une vie qui ne soit pas menacée par la mort, mais qui puisse mûrir et grandir jusqu’à atteindre sa plénitude. L’homme est comme un marcheur qui, à travers les déserts de la vie, a soif d’une eau vive, jaillissante et fraîche, capable de désaltérer en pro-fondeur son désir intime de lumière, d’amour, de beauté et de paix. Nous ressentons tous ce désir ! Et Jésus

Je crois en l’Esprit Saint qui est Seigneur et qui donne la vie

Audience pontificale du pape François du 8 mai 2013

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nous donne cette eau vive : c’est l’Esprit Saint, qui procède du Père et que Jésus répand dans nos cœurs. “Je suis venu pour qu’on ait la vie, et qu’on l’ait surabondante”, nous dit Jésus (Jn 10, 10).

Jésus promet à la Samaritaine de donner une “eau vive”, en sura-bondance et pour toujours, à tous ceux qui le reconnaissent comme le Fils envoyé par le Père pour nous sauver (cf. Jn 4, 5-26 ; 3-17). Jésus est venu nous donner cette “eau vive” qu’est l’Esprit Saint pour que notre vie soit guidée par Dieu, soit animée par Dieu, soit nour-rie par Dieu. C’est ce que nous voulons dire, lorsque nous disons

que le chrétien est un homme spiri-tuel: le chrétien est une personne qui pense et agit selon Dieu, selon l’Esprit Saint. Mais je me pose une question : et nous, est-ce que nous pensons se-lon Dieu ? Est-ce que nous agissons selon Dieu ? Ou nous laissons-nous guider par beaucoup d’autres choses

qui ne sont pas vraiment Dieu ? Chacun de nous doit répondre à cette question au plus profond de son cœur.

Nous pouvons maintenant nous demander : pourquoi cette eau peut-elle désaltérer en profondeur ? Nous savons que l’eau est es-sentielle à la vie ; sans eau, on meurt ; l’eau désaltère, lave, féconde la terre. Dans la Lettre aux Romains, nous trouvons cette expres-sion : “L’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous fut donné“ (5, 5). L’“eau vive”, l’Esprit Saint, Don du Ressuscité qui établit sa demeure en nous, nous purifie, nous éclaire, nous renouvelle, nous transforme parce qu’elle nous rend participants de la vie même de Dieu qui est Amour. C’est pourquoi l’apôtre Paul affirme que la vie du chrétien est animée par l’Esprit et par ses fruits, qui sont “amour, joie, paix, longanimité, serviabilité,

bonté, confiance dans les autres, douceur, maîtrise de soi” (Ga 5, 22-23). L’Esprit Saint nous intro-

duit dans la vie divine comme “fils du Fils unique”. Dans un autre passage de la Lettre aux Romains, que nous

“l’esprit même se joint à notre esprit pour témoigner que nous

sommes fils de dieu.”

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avons rappelé plusieurs fois, saint Paul le synthétise par ces mots : “En effet, tous ceux qu’anime l’Esprit de Dieu sont fils de Dieu. Aussi bien n’avez-vous pas reçu un esprit d’esclaves pour retomber dans la crainte ; vous avez reçu un esprit de fils adoptifs qui nous fait nous écrier : “Abba ! Père !”. L’Esprit même se joint à notre esprit pour témoigner que nous sommes fils de Dieu. Et si nous sommes fils, nous sommes aussi héritiers : héritiers de Dieu, et cohéritiers du Christ, puisque nous souffrons avec lui pour être aussi glorifiés avec lui“ (8, 14-17). Voilà le don précieux que l’Esprit Saint met dans nos cœurs : la vie même de Dieu, une vie de véritables fils, une relation d’intimité, de liberté et de confiance dans l’amour et dans la miséricorde de Dieu, qui a aussi pour effet de nous donner un regard nouveau sur les autres, qu’ils soient proches ou éloignés, que nous voyons toujours comme des frères et sœurs en Jésus, à respecter et à aimer. L’Esprit Saint nous apprend à regarder avec les yeux du Christ, à vivre notre vie comme le Christ a vécue la sienne, à comprendre la vie comme le Christ l’a comprise. Voilà pourquoi l’eau vive qu’est l’Esprit Saint désaltère notre vie, parce qu’il nous dit que nous sommes aimés de Dieu comme des fils, que nous pouvons aimer Dieu comme ses fils et que, avec sa grâce, nous pouvons vivre en fils de Dieu, comme Jésus. Et nous, écoutons-nous l’Esprit Saint ? Que nous dit l’Esprit Saint ? Il dit : Dieu t’aime. Il nous dit ceci. Dieu t’aime. Dieu t’aime vraiment. Et nous, est-ce que nous aimons Dieu et les autres, comme Jésus? Laissons-nous guider par l’Esprit Saint, laissons-le parler à notre cœur et nous dire ceci : que Dieu est amour, que Dieu nous attend, que Dieu est le Père, il nous aime comme un véritable Père, il nous aime vraiment et ceci, seul l’Esprit Saint le dit à notre cœur. Soyons attentifs à l’Esprit Saint, écoutons-le et avançons sur ce chemin d’amour, de miséricorde et de pardon. Merci.

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Chers frères et sœurs, bonjour.

Dans le Credo, immédiatement après avoir professé la foi dans le Saint-Esprit, nous disons : “Je crois en l’Église une, sainte, catholique et apostolique”. Il y a un lien profond entre ces deux réalités de foi : c’est le Saint-Esprit, en effet, qui donne vie à l’Église, guide ses pas. Sans la présence et l’action incessante du Saint-Esprit, l’Église ne pourrait pas vivre et ne pourrait accomplir le devoir que Jésus Ressuscité lui a confié d’aller et de faire des disciples de toutes les nations (cf. Mt 28, 18). Évangéliser est la mission de l’Église, pas seu-lement de certains, mais la mienne, la tienne, notre mission. L’apôtre Paul s’exclamait : “Malheur à moi si je n’annonce pas l’Évangile !” (1 Co 9, 16). Chacun doit être évangélisateur, surtout à travers sa vie ! Paul VI soulignait qu’“évangéliser est la grâce et la vocation propre de l’Église, son identité la plus profonde. Elle existe pour évangéli-ser” (Exhort. ap. Evangelii nuntiandi, n. 14).

Qui est le vrai moteur de l’évangélisation dans notre vie et dans l’Église ? Paul VI écrivait avec clarté : “C’est Lui le Saint-Esprit qui, aujourd’hui comme aux débuts de l’Église, agit en chaque évangé-lisateur qui se laisse posséder et conduire par Lui, et met dans sa bouche les mots que seul il ne pourrait trouver, tout en prédisposant aussi l’âme de celui qui écoute pour le rendre ouvert et accueillant à la Bonne Nouvelle et au Règne annoncé” (ibid., n. 75). Pour évan-géliser, alors, il est nécessaire encore une fois de s’ouvrir à l’horizon de l’Esprit de Dieu, sans craindre ce qu’il peut nous demander et

où il nous conduit. Ayons confiance en Lui ! Il nous rendra capables de vivre et de témoigner de notre foi, et il illu-minera le cœur de ceux que nous

Je crois en l’Église une, sainte, catholique et apostolique

Audience pontificale du pape François du 22 mai 2013

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rencontrons. Telle a été l’expérience de Pentecôte : les apôtres, réu-nis avec Marie au Cénacle, “virent apparaître comme une sorte de feu qui se partageait en langues et qui se posa sur chacun d’eux. Alors, ils furent tous remplis de l’Esprit Saint : ils se mirent à parler en d’autres langues, et chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit” (Ac 2, 3-4). Le Saint-Esprit, en descendant sur les apôtres, les fait sortir de la pièce où ils étaient enfermés par crainte, il les fait sor-tir d’eux-mêmes, et les transforme en annonciateurs et témoins des “merveilles de Dieu” (v. 11). Et cette transformation opérée par le Saint-Esprit se reflète dans la foule accourue sur place et provenant “de toutes les nations qui sont sous le ciel” (v. 5), parce que chacun écoute les paroles des apôtres comme si elles étaient prononcées dans sa propre langue (v. 6).

Il y a ici un premier effet important de l’action du Saint-Esprit qui conduit et anime l’annonce de l’Évangile : l’unité, la communion. À Babel, selon le récit biblique, avait commencé la dispersion des

peuples et la confusion des langues, fruit du geste de vanité et d’orgueil de l’homme qui voulait construire, uni-quement par ses forces, sans Dieu, “une ville, avec une tour dont le som-

met soit dans les cieux” (Gn 11, 4). À la Pentecôte, ces divisions sont surmontées. Il n’y a plus d’orgueil envers Dieu, ni de fermeture des uns envers les autres, mais il y a l’ouverture à Dieu, il y a le fait de sortir pour annoncer sa Parole : une langue nouvelle, celle de l’amour que le Saint-Esprit reverse dans les cœurs (cf. Rm 5, 5) ; une langue que tous peuvent comprendre et qui, accueillie, peut être exprimée dans toute existence et dans toute culture. La langue de l’Esprit, la langue de l’Évangile est la langue de la communion, qui invite à surmonter fermetures et indifférence, divisions et conflits. Nous devrions tous nous demander : comment est-ce que je me laisse guider par le Saint-Esprit de manière que ma vie et mon témoi-gnage de foi soit d’unité et de communion ? Est-ce que je porte la parole de réconciliation et d’amour qu’est l’Évangile dans les milieux où je vis ? Parfois, il semble

“ayons confiance en lui !”

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que se répète aujourd’hui ce qui est arrivé à Babel : divisions, inca-pacité de se comprendre, rivalités, jalousies, égoïsme. Moi, que fais-je avec ma vie ? Est-ce que je fais l’unité autour de moi ? Ou est-ce que je divise, à travers les commérages, les critiques, les jalousies ? Que fais-je ? Pensons à cela. Apporter l’Évangile, c’est annoncer et vivre nous les premiers la réconciliation, le pardon, la paix, l’unité et l’amour que le Saint-Esprit nous donne. Souvenons-nous des paroles de Jésus : “Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c’est l’amour que vous aurez les uns pour les autres” (Jn 13, 34-35).

Un deuxième élément : le jour de la Pentecôte, Pierre, rempli du Saint-Esprit, se met debout “avec les onze” et “à voix haute” (Ac 2, 14) et “avec franchise” (v. 29) annonce la bonne nouvelle de Jésus, qui a donné sa vie pour notre salut et que Dieu a ressuscité d’entre les morts. Voilà un autre effet de l’action du Saint-Esprit : le courage d’annoncer la nouveauté de l’Évangile de Jésus à tous, avec fran-chise (parousie), à haute voix, à chaque époque et en chaque lieu. Et cela a lieu aujourd’hui aussi pour l’Église et pour chacun de nous: du feu de la Pentecôte, de l’action de l’Esprit Saint, se libèrent tou-jours de nouvelles énergies de mission, de nouvelles voies à travers lesquelles annoncer le message du salut, un nouveau courage pour évangéliser. Ne nous fermons jamais à cette action ! Vivons avec humilité et courage l’Évangile ! Témoignons de la nouveauté, de l’espérance, de la joie que le Seigneur apporte dans la vie. Ressen-tons en nous “la joie douce et réconfortante d’évangéliser” (Paul VI, Exhort. ap. Evangelii nuntiandi, n. 80). Car évangéliser, annoncer Jésus, nous donne de la joie ; en revanche, l’égoïsme nous donne de l’amertume, de la tristesse, nous abat ; évangéliser nous élève.

Je ne fais que mentionner un troisième élément, qui cependant est particulièrement important : une nouvelle évangélisation, une Église

qui évangélise doit toujours partir de la prière, de la demande, comme les apôtres au Cénacle,

du feu du Saint-Esprit. Seul le rapport fidèle et intense avec Dieu permet de sortir de ses propres fermetures

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et d’annoncer avec parousie l’Évangile. Sans la prière, notre action devient vide et notre annonce est sans âme, et n’est pas animée par l’Esprit.

Chers amis, comme l’a affirmé Benoît XVI, aujourd’hui l’Église “sent surtout le vent de l’Esprit Saint qui nous aide, nous montre la vraie voie ; et ainsi, avec un nouvel enthousiasme, nous sommes en che-min et nous rendons grâce au Seigneur” (Discours à l’assemblée ordinaire du synode des évêques, 27 octobre 2012). Nous renou-velons chaque jour notre confiance dans l’action du Saint-Esprit, la confiance qu’Il agit en nous, Il est en nous, il nous donne la ferveur apostolique, il nous donne la paix, il nous donne la joie. Laissons-nous guider par Lui, nous sommes des hommes et des femmes de prière, qui témoignent avec courage de l’Évangile, en devenant dans notre monde des instruments de l’unité et de la communion avec Dieu. Merci.

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Chers frères et sœurs, bonjour,

Dans le “Credo”, nous disons “Je crois en l’Église une”, c’est-à-dire que nous professons que l’Église est unique et cette Église est en soi unité. Mais si nous regardons l’Église catholique dans le monde, nous découvrons qu’elle comprend presque 3000 diocèses présents sur tous les continents : tant de langues, tant de cultures ! Ici, il y a des évêques de nombreuses cultures différentes, de nombreux pays. Il y a l’évêque du Sri Lanka, l’évêque d’Afrique du Sud, un évêque d’Inde, il y en a beaucoup ici... Des évêques d’Amérique latine. L’Église est présente dans le monde entier ! Et pourtant, les milliers de communautés catholiques forment une unité. Comment est-ce possible ?

Nous trouvons une réponse synthétique dans le Catéchisme de l’Église catholique, qui affirme : L’Église catholique présente dans le monde “a une seule foi, une seule vie sacramentelle, une seule succession apostolique, une espé-rance commune et la même charité” (n. 161). C’est une belle définition, claire qui nous oriente bien. Unité dans la foi, dans l’espérance, dans la charité, unité dans les sacrements, dans le ministère. Ce sont comme des piliers qui soutiennent et maintiennent l’unique grand édifice de l’Église. Partout où nous allons, même dans la paroisse la plus petite,

dans l’angle le plus reculé de cette terre, il y a l’unique Église. Nous sommes chez nous, nous sommes en famille, nous sommes

Je crois en l’Église uneAudience pontificale du pape François du 25 septembre 2013

“unité dans la foi, dans l’esparéance, dans la charité,

unité dans les sacremtns, dans le ministère.”

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entre frères et sœurs. Et cela est un grand don de Dieu ! L’Église est une pour tous. Il n’y a pas une Église pour les Européens, une pour les Africains, une pour les Américains, une pour les Asiatiques, une pour ceux qui vivent en Océanie, non, c’est la même partout. C’est comme dans une famille, on peut être loin, éparpillés dans le monde, mais les liens profonds qui unissent tous les membres de la famille demeurent solides quelle que soit la distance. Je pense, par exemple, à l’expérience de la Journée mondiale de la jeunesse à Rio de Janeiro : dans cette foule infinie de jeunes sur la plage de Copacobana, on entendait parler tant de langues, on voyait tant de traits de visage très différents entre eux, on rencontrait des cultures différentes, et pourtant il y avait une profonde unité, il se formait une unique Église, on était unis et on le sentait. Demandons-nous tous, moi, comme catholique, est-ce que je sens cette unité ? Ou bien ne m’intéresse-t-elle pas, parce que je suis replié sur mon petit groupe ou sur moi-même ? Suis-je au nombre de ceux qui “privatisent” l’Église pour leur propre groupe, pour leur propre nation, pour leurs propres amis ? Il est triste de trouver une Église “privatisée” par cet égoïsme et ce manque de foi. C’est triste ! Lorsque j’entends que de nombreux chrétiens dans le monde souffrent, suis-je indifférent ou est-ce comme si l’un des membres de ma famille souffrait ? Lorsque je pense ou que j’entends dire que de nombreux chrétiens sont per-sécutés et donnent aussi leur vie pour leur foi, est-ce que cela touche mon cœur ou est-ce que cela ne m’atteint pas ? Suis-je ouvert à ce frère ou à cette sœur de la famille qui donne sa vie pour Jésus Christ ? Prions-nous les uns pour les autres ? Je vous pose une question, mais ne répondez pas à voix haute, unique-ment dans votre cœur : combien de vous prient pour les chrétiens qui sont persécutés ? Combien ? Que chacun réponde dans son cœur. Est-ce que je prie pour ce frère, pour cette sœur qui est en difficulté, pour confesser et défendre sa foi ? Il est important de regarder en dehors de son propre enclos, de se sentir Église, unique famille de Dieu !

Accomplissons un autre pas et de-

“humilité, douceur, patience, amour pour conserver l’unité !”

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mandons-nous : cette unité a-t-elle des blessures ? Pouvons-nous blesser cette unité ? Malheureusement, nous voyons que sur le che-min de l’histoire, même maintenant, nous ne vivons pas toujours l’unité. Parfois apparaissent des incompréhensions, des conflits, des tensions, des divisions, qui la blessent, et alors l’Église n’a pas le visage que nous voudrions, elle ne manifeste pas la charité, ce que Dieu veut. C’est nous qui créons des déchirements ! Et si nous regardons les divisions qui existent encore parmi les chrétiens, les catholiques, les orthodoxes, les protestants... nous ressentons la dif-ficulté de rendre pleinement visible cette unité. Dieu nous donne l’unité, mais nous avons souvent du mal à la vivre. Il faut chercher, construire la communion, éduquer à la communion, à surmonter les incompréhensions et les divisions, en commençant par la famille, par les réalités ecclésiales, également dans le dialogue œcumé-nique. Notre monde a besoin d’unité, c’est une époque où nous avons tous besoin d’unité, nous avons besoin de réconciliation, de communion et l’Église est la Maison de la communion. Saint Paul disait aux chrétiens d’Éphèse : “Je vous exhorte donc, moi le prison-nier dans le Seigneur, à mener une vie digne de l’appel que vous avez reçu : en toute humilité, douceur et patience, supportez-vous les uns les autres avec charité ; appliquez-vous à conserver l’unité de l’Esprit par ce lien qu’est la paix” (4, 1-3) ? Humilité, douceur, patience, amour pour conserver l’unité ! Telles sont les routes, les véritables routes de l’Église. Ecoutons-les une fois de plus. Humilité contre la vanité, contre l’orgueil, humilité, douceur, patience, amour pour conserver l’unité. Et Paul poursuivait : un seul corps, celui du Christ que nous recevons dans l’Eucharistie ; un seul Esprit, le Saint-Esprit qui anime et recrée sans cesse l’Église ; une seule espérance, la vie éternelle ; une seule foi, un seul Baptême, un seul Dieu, Père de tous (cf. vv. 4-6). La richesse de ce qui nous unit ! Et il s’agit d’une véritable richesse : ce qui nous unit, pas ce qui nous divise. Telle est la richesse de l’Église ! Que chacun se demande aujourd’hui : est-ce

que je fais croître l’unité dans la famille, dans la paroisse, dans la communauté, ou est-

ce que je suis un bavard, une bavarde ? Est-ce que je suis un motif de divi-sion, de malaise ? Vous ne savez pas

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le mal que font à l’Église, aux paroisses, aux communautés, les com-mérages ! Ils font mal ! Les commérages blessent. Avant de commé-rer un chrétien doit se mordre la langue ! Oui ou non ? Se mordre la langue : cela nous fera du bien, car la langue se gonfle et ne peut plus parler et ne peut plus commérer. Est-ce que j’ai l’humilité de recoudre avec patience, avec sacrifice, les blessures faites à la com-munion ?

Enfin, le dernier passage de manière plus approfondie. Et c’est une belle question : qui est le moteur de cette unité de l’Église ? C’est le Saint-Esprit que nous avons tous reçu dans le Baptême et aussi dans le sacrement de la confirmation. C’est le Saint-Esprit. Notre unité n’est pas avant tout le fruit de notre assentiment ou de la démocratie dans l’Église, ou de notre effort pour nous entendre, mais elle vient de Lui qui fait l’unité dans la diversité, car le Saint-Esprit est harmonie, il crée toujours l’harmonie dans l’Église. Il est une unité harmonique dans une aussi grande diversité de cultures, de langues et de pensée. C’est le Saint-Esprit qui est le moteur. C’est pourquoi la prière est importante, elle qui est l’âme de notre engagement d’hommes et de femmes de communion, d’unité. La prière à l’Esprit Saint, afin qu’il vienne et qu’il fasse l’unité dans l’Église.

Demandons au Seigneur : Seigneur, donne-nous d’être toujours plus unis, de n’être jamais des instruments de division ; fais que nous nous engagions, comme le dit une belle prière franciscaine, à appor-ter l’amour là où existe la haine, à apporter le pardon là où se trouve l’offense, à apporter l’union là où règne la discorde. Ainsi soit-il.

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Chers frères et sœurs, bonjour !

Dans le “Credo”, après avoir professé : “Je crois en l’Église une”, nous ajoutons l’adjectif : “sainte” ; c’est-à-dire que nous affirmons la sain-teté de l’Église, et il s’agit d’une caractéristique qui est présente depuis le début dans la conscience des premiers chrétiens, qui s’appelaient simplement “les saints” (cf. Ac 9, 13.32.41 ; Rm 8, 27 ; 1 Co 6, 1), parce qu’ils avaient la certitude que c’est l’action de Dieu, l’Esprit Saint qui sanctifie l’Église.

Mais dans quel sens l’Église est-elle sainte, si nous voyons que l’Église historique, dans son chemin au fil des siècles, a eu tant de difficul-tés, de problèmes, de moments sombres ? Comment une Église faite d’êtres humains, de pécheurs, peut-elle être sainte ? Des hommes pé-cheurs, des femmes pécheresses, des prêtres pécheurs, des religieuses pécheresses, des évêques pécheurs, des cardinaux pécheurs, un Pape pécheur ? Tous. Comment une telle Église peut-elle être sainte ?

Pour répondre à cette question, je voudrais me laisser guider par un passage de la Lettre de saint Paul aux chrétiens d’Éphèse. L’apôtre, en prenant comme exemple les rela-tions familiales, affirme que “le Christ a aimé l’Église : il s’est livré pour elle, afin de la sanctifier” (5, 25-26). Le Christ a aimé l’Église, en se donnant tout entier sur la croix. Et cela signifie que l’Église est sainte parce qu’elle procède de Dieu qui est saint, lui

est fidèle et il ne l’abandonne pas au pouvoir de la mort et du mal (cf. Mt 16, 18). Elle est

sainte parce que Jésus Christ, le Saint de Dieu (cf. Mc 1, 24), est uni de fa-çon indissoluble à elle (cf. Mt 28, 20)

Je crois en l’Église une, sainte

Audience pontificale du pape François du 2 octobre 2013

“le christ a aimé l’église : il s’est livré pour elle, afin de la

sanctifier”

Page 53: Catéchèses Credo - complet

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; elle est sainte parce qu’elle est guidée par l’Esprit Saint qui purifie, transforme, renouvelle. Elle n’est pas sainte en vertu de nos mérites, mais parce que Dieu la rend sainte, elle est le fruit de l’Esprit Saint et de ses dons. Ce n’est pas nous qui la rendons sainte. C’est Dieu, l’Esprit Saint, qui dans son amour rend l’Église sainte.

Vous pourriez me dire : mais l’Église est formée de pécheurs, nous le voyons chaque jour. Et cela est vrai, nous sommes une Église de pé-cheurs ; et nous pécheurs sommes appelés à nous laisser transformer, renouveler, sanctifier par Dieu. Il y a eu dans l’histoire la tentation de certains qui affirmaient : l’Église est seulement l’Église des purs, de ceux qui sont entièrement cohérents, et les autres doivent être éloi-gnés. Cela n’est pas vrai ! Cela est une hérésie ! L’Église, qui est sainte, ne refuse pas les pécheurs ; nous tous, elle ne nous refuse pas. Elle ne refuse pas car elle appelle tous, elle les accueille, elle est ouverte également à ceux qui sont le plus éloignés, elle ap-pelle chacun à se laisser entourer par la miséricorde, par la tendresse et par le pardon du Père, qui offre à tous la possibilité de le rencontrer, de marcher vers la sainteté. “Mais, Père, moi je suis un pécheur, j’ai commis de grands péchés, comment puis-je sentir que je fais partie de l’Église ?”. Cher frère, chère sœur, c’est précisément cela que désire le Seigneur ; que tu lui dises : “Seigneur, je suis ici, avec mes péchés”. L’un d’entre vous est-il ici sans péché ? Personne, personne d’entre nous. Nous portons tous avec nous nos péchés. Mais le Seigneur veut nous entendre dire : “Pardonne-moi, aide-moi à marcher, transforme mon cœur !”. Et le Seigneur peut trans-former le cœur. Dans l’Église, le Dieu que nous rencontrons n’est pas un juge impitoyable, mais il est comme le Père de la parabole évan-gélique. Il peut être comme le fils qui a quitté la maison, qui a touché le fond de l’éloignement de Dieu. Lorsque tu as la force de dire : je veux rentrer à la maison, tu trouveras la porte ouverte, Dieu vient à ta rencontre parce qu’il t’attend toujours, Dieu t’attend toujours, Dieu t’embrasse, il t’embrasse, et se réjouit. Ainsi est le Seigneur, ainsi est la tendresse de notre Père céleste.

“la sainteté consiste à laisser agir dieu”

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Le Seigneur veut que nous fassions partie d’une Église qui sait ouvrir ses bras pour accueillir tous, qui n’est pas la maison de quelques-uns, mais la maison de tous, où tous puissent être renouvelés, transformés, sanctifiés par son amour, les plus forts et les plus faibles, les pécheurs, les indifférents, ceux qui se sentent découragés et perdus. L’Église offre à tous la possibilité de parcourir la voie de la sainteté, qui est la voie du chrétien. Elle nous fait rencontrer Jésus Christ dans les Sacrements, en particulier dans la confession et dans l’Eucharistie. Elle nous com-munique la Parole de Dieu, elle nous fait vivre dans la charité, dans l’amour de Dieu envers tous. Demandons-nous, alors : nous laissons-nous sanctifier ? Sommes-nous une Église qui appelle et accueille à bras ouverts les pécheurs, qui donne courage, espérance, ou sommes-nous une Église fermée sur elle-même ? Sommes-nous une Église où l’on vit l’amour de Dieu, où l’on fait attention à l’autre, où l’on prie les uns pour les autres ?

Une dernière question : que puis-je faire, moi qui me sens faible, fragile, pécheur ? Dieu te dit : n’aie pas peur de la sainteté, n’aie pas peur de viser haut, de te laisser aimer et purifier par Dieu, n’aie pas peur de te laisser guider par l’Esprit Saint. Laissons-nous toucher par la sainteté de Dieu. Chaque chrétien est appelé à la sainteté (cf. Const. dogm. Lumen gentium, nn. 39-42), et la sainteté ne consiste pas avant tout à faire des choses extraordinaires, mais à laisser agir Dieu. C’est la rencontre de notre faiblesse avec la force de sa grâce, c’est avoir confiance dans son action qui nous permet de vivre dans la charité, de tout faire avec joie et humilité, pour la gloire de Dieu et au ser-vice du prochain. Il y a une phrase célèbre de l’écrivain français Léon Bloy ; dans les derniers moments de sa vie, il disait : “Il n’y a qu’une seule tristesse dans la vie, celle de ne pas être saints”. Ne perdons pas l’espérance dans la sainteté, parcourons tous cette voie. Voulons-nous être saints ? Le Seigneur nous attend tous, les bras ouverts ; il nous at-tend pour nous accompagner sur cette voie de la sainteté. Vivons avec

joie notre foi, laissons-nous aimer par le Seigneur... Demandons ce don à Dieu dans la prière,

pour nous et pour les autres.

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Chers frères et sœurs, bonjour !

“Je crois en l’Église une, sainte, catholique... ”. Aujourd’hui, nous nous arrêtons pour réfléchir sur cette Note de l’Église : disons catho-lique, c’est l’Année de la catholicité. Avant tout, que signifie ca-tholique ? Ce mot dérive du grec “kath’olòn”, qui veut dire “selon le tout”, la totalité. Dans quel sens cette totalité s’applique-t-elle à l’Église ? Dans quel sens disons-nous que l’Église est catholique ? Je dirais selon trois significations fondamentales.

La première. L’Église est catholique parce que c’est l’espace, la mai-son dans laquelle est annoncée la foi tout entière, dans laquelle le salut que nous a apporté le Christ est offert à tous. L’Église nous fait rencontrer la miséricorde de Dieu qui nous transforme parce qu’en elle est présent Jésus Christ, qui lui donne la véritable confession de foi, la plénitude de la vie sacra-mentelle, l’authenticité du ministère ordonné. Dans l’Église, chacun de nous trouve ce qui est nécessaire pour croire, pour vivre en chrétiens, pour devenir saints, pour marcher en tout lieu et en toute époque.

Pour donner un exemple, nous pouvons dire que c’est comme dans la vie de famille ; dans la famille, à chacun de nous est donné tout ce qui nous permet de croître, de mûrir, de vivre. On ne peut croître seuls, on ne peut marcher seuls, en s’isolant, mais on marche et on croît dans une communau-té, dans une famille. Et il en est ainsi dans l’Église ! Dans l’Église, nous

Je crois en l’Église une, sainte, catholique

Audience pontificale du pape François du 9 octobre 2013

“l’église est catholique, parce qu’elle est la maison de tous.”

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pouvons écouter la Parole de Dieu, certains que c’est le message que le Seigneur nous a donné ; dans l’Église, nous pouvons rencon-trer le Seigneur dans les Sacrements qui sont les fenêtres ouvertes à travers lesquelles nous est donnée la lumière de Dieu, des ruisseaux auxquels nous puisons la vie même de Dieu ; dans l’Église, nous ap-prenons à vivre la communion, l’amour qui vient de Dieu. Chacun

de nous peut se demander aujourd’hui : comment est-ce que je vis dans l’Église ? Lorsque je vais à l’église, est-ce comme si j’étais au stade, à un match de football ? Est-ce comme si j’étais au cinéma ? Non, c’est autre chose. Com-ment vais-je à l’église ? Comment est-ce

que j’accueille les dons que l’Église m’offre, pour croître, pour mûrir comme chrétien ? Est-ce que je participe à la vie de communauté ou est-ce que je vais à l’église en me repliant sur mes problèmes, en m’isolant des autres ? Dans ce premier sens, l’Église est catholique, parce qu’elle est la maison de tous. Tous sont fils de l’Église et tous sont dans cette maison.

Une deuxième signification : l’Église est catholique parce qu’elle est universelle, elle est présente dans chaque partie du monde et an-nonce l’Évangile à chaque homme et chaque femme. L’Église n’est pas un groupe d’élite, elle ne concerne pas seulement quelques per-sonnes. L’Église n’a pas de fermetures, elle est envoyée à la totalité des personnes, à la totalité du genre humain. Et l’unique Église est présente également dans ses plus petites parties. Chacun peut dire : dans ma paroisse est présente l’Église catholique, parce qu’elle aussi fait partie de l’Église universelle, elle aussi possède la plénitude des dons du Christ, la foi, les sacrements, le ministère ; elle est en com-munion avec l’évêque, avec le Pape et elle est ouverte à tous, sans distinction. L’Église n’est pas seulement à l’ombre de notre clocher,

mais elle embrasse une vaste étendue de personnes, de peuples qui professent la même foi, se

nourrissent de la même Eucharistie, sont servis par les mêmes pasteurs. Se sentir en communion avec toutes

“l’église est catholique, parce qu’elle est universelle.”

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les Églises, avec toutes les communautés catholiques petites ou grandes du monde! Comme cela est beau ! Puis sentir que nous sommes tous en mission, petites ou grandes communautés, nous devons tous ou-vrir nos portes et sortir pour l’Évan-gile. Demandons-nous alors : qu’est-ce que je fais pour communiquer aux autres la joie de rencontrer le Seigneur, la joie d’appartenir à l’Église ? Annoncer et témoigner la foi n’est pas l’affaire de quelques-uns, mais concerne également moi, toi, chacun de nous !

Une troisième et dernière pensée : l’Église est catholique, parce qu’elle est la “Maison de l’harmonie” où unité et diversité savent se conjuguer ensemble pour être une richesse. Pensons à l’image de la symphonie, qui veut dire accord, harmonie, divers instrument jouent ensemble ; chacun conserve son timbre unique et ses caracté-ristiques de son s’accordent sur quelque chose de commun. Ensuite, il y a celui qui dirige, le chef d’orchestre, et dans la symphonie qui est exécutée tous jouent ensemble en “harmonie”, mais le timbre de chaque instrument n’est pas effacé ; au contraire, la particularité de chacun est valorisée au maximum !

C’est une belle image qui nous dit que l’Église est comme un grand orchestre dans lequel il existe une grande variété. Nous ne sommes pas tous pareils et nous ne devons pas être tous pareils. Nous sommes tous divers, différents, chacun avec ses qualités. Voilà ce qui est beau dans l’Église : chacun apporte ce qui lui appartient, ce que Dieu lui a donné, pour enrichir les autres. Et entre les membres il existe cette différence, mais c’est une différence qui n’entre pas en conflit, qui ne s’oppose pas ; c’est une variété qui se laisse fondre en harmonie par l’Esprit Saint ; c’est Lui le véritable “Maître”, il est Lui-même harmonie. Et ici nous nous demandons : dans nos communautés vi-vons-nous l’harmonie ou nous disputons-nous entre nous ? Dans ma communauté paroissiale, dans mon mouvement, celui dans lequel j’appartiens à l’Église, y a-t-il

“l’église est catholique, parce qu’elle est la ‘maison de

l’harmonie’.”

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des commérages ? S’il y a des commérages il n’y a pas d’harmonie, mais une lutte. Et cela n’est pas l’Église. L’Église est l’harmonie de tous : il ne faut jamais commérer l’un contre l’autre, jamais se dis-puter ! Acceptons-nous l’autre, acceptons-nous qu’il existe une juste diversité, que celui-ci soit différent, que celui-ci pense d’une ma-nière ou d’une autre — dans la même foi on peut penser différem-ment — ou tendons-nous à tout uniformiser ? Mais l’uniformité tue la vie. La vie de l’Église est diversité, et quand nous voulons plaquer cette uniformité sur tous, nous tuons les dons du Saint-Esprit. Prions le Saint-Esprit, qui est précisément l’auteur de cette unité dans la diversité, de cette harmonie, pour qu’elle nous rende toujours plus “catholiques”, c’est-à-dire membres de cette Église qui est catho-lique et universelle ! Merci.

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Chers frères et sœurs, bonjour !

Quand nous récitons le Credo, nous disons “Je crois en l’Église une, sainte, catholique et apostolique”. Je ne sais pas si vous avez déjà ré-fléchi sur la signification qu’a l’expression “L’Église est apostolique”. Peut-être, une fois ou l’autre, en venant à Rome, avez-vous pensé à l’importance des apôtres Pierre et Paul qui ont donné leur vie pour apporter et témoigner de l’Évangile.

Mais c’est davantage que cela. Professer que l’Église est apostolique signifie souligner le lien constitutif qu’elle entretient avec les apôtres, avec ce petit groupe de douze hommes que Jésus appela un jour à lui, il les appela par leur nom, pour qu’il restent avec Lui et pour les envoyer prêcher (cf. Mc 3, 13-19). “Apôtre”, en effet, est un mot grec

qui veut dire “mandaté”, “envoyé”. Un apôtre est une personne qui est man-datée, est envoyée faire quelque chose et les apôtres ont été choisis, appelés et envoyés par Jésus, pour continuer son œuvre, c’est-à-dire prier — c’est le pre-

mier travail d’un apôtre — et, deuxièmement, annoncer l’Évangile. Cela est important, parce que quand nous pensons aux apôtres nous pourrions penser qu’il sont allés uniquement annoncer l’Évangile, faire un grand nombre d’œuvres. Mais dans les premiers temps de l’Église, il y a eu un problème parce que les apôtres devaient faire beaucoup de choses et alors ils ont constitué les diacres, pour ré-server aux apôtres plus de temps pour prier et annoncer la Parole de Dieu. Lorsque nous pensons aux successeurs des apôtres, aux évêques, y compris au Pape car lui aussi est un évêque, nous devons nous demander si ce

Je crois en l’Église une, sainte, catholiqueet apostolique

Audience pontificale du pape François du 16 octobre 2013

“apôtre” est un mot grec qui veut dire “mandaté”, “envoyé”

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successeur des apôtres, en premier lieu, prie et ensuite s’il annonce l’Évangile : c’est cela être apôtre et c’est pour cette raison que l’Église est apostolique. Nous tous, si nous voulons être des apôtres comme je l’expliquerai à présent, nous devons nous demander : est-ce que je prie pour le salut du monde ? Est-ce que j’annonce l’Évangile ? C’est cela l’Église apostolique ! C’est un lien constitutif que nous avons avec les apôtres.

En partant de là, justement, je vou-drais souligner brièvement trois signi-fications de l’adjectif “apostolique” appliqué à l’Église.

L’Église est apostolique parce qu’elle est fondée sur la prédication et la prière des apôtres, sur l’autorité qui leur a été donnée par le Christ lui-même. Saint Paul écrit aux chrétiens d’Éphèse : “Vous êtes citoyens du peuple saint, membres de la famille de Dieu, car vous avez été intégrés dans la construction qui a pour fondations les apôtres et les prophètes; et la pierre angulaire c’est le Christ Jésus lui-même” (2, 19-20) ; il compare donc les chrétiens à des pierres vivantes qui forment un édifice qui est l’Église, et cet édifice est fon-dé sur les apôtres, comme piliers, et la pierre qui soutient le tout est Jésus lui-même. Sans Jésus l’Église ne peut pas exister ! Jésus est vrai-ment la base de l’Église, le fondement ! Les apôtres ont vécu avec Jésus, ils ont écouté ses paroles, ils ont partagé sa vie, ils ont surtout été témoins de sa mort et de sa résurrection. Notre foi, l’Église que le Christ a voulue, ne se fonde pas sur une idée, elle ne se fonde pas sur une philosophie, elle se fonde sur le Christ lui-même. Et l’Église est comme une plante qui a grandi au fil des siècles, s’est dévelop-pée, a porté des fruits, mais ses racines sont bien plantées en Lui et l’expérience fondamentale du Christ qu’ont eue les apôtres, choisis

et envoyés par Jésus, arrive jusqu’à nous. De cette pe-tite plante jusqu’à aujourd’hui, ainsi l’Église

est dans le monde entier.

Mais demandons-nous : comment

notre foi, l’église que le christ a voulue, ne se fonde pas sur une

idée, [...], elle se fonde sur le christ lui-même.

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est-il possible pour nous de nous unir à ce témoignage, comment peut parvenir jusqu’à nous ce que les apôtres ont vécu avec Jésus, ce qu’ils ont écouté de Lui ? Voilà la deuxième signification du terme “apostolicité”. Le Catéchisme de l’Église catholique affirme que l’Église est apostolique parce qu’“elle garde et transmet, avec

l’aide de l’Esprit Saint, l’enseignement, le bon dépôt, les saines pa-roles entendues des apôtres” (n. 857). L’Église conserve au cours des siècles ce trésor précieux, qui est l’Écriture Sainte, la doctrine, les sacrements, le ministère des pasteurs, de sorte que nous puissions être fidèles au Christ et participer à sa vie même. C’est comme un fleuve qui coule dans l’histoire, se développe, irrigue, mais l’eau qui coule est toujours celle qui part de la source, et la source c’est le Christ lui-même : Il est le Ressuscité, Il est le Vivant, et ses paroles ne passent pas, car Il ne passe pas, Il est vivant, aujourd’hui Il est parmi nous ici, Il nous entend et nous parlons avec Lui et Il nous écoute, Il est dans notre cœur. Jésus est avec nous, aujourd’hui! Telle est la beauté de l’Église : la présence de Jésus Christ parmi nous. Pensons-nous quelquefois combien est important ce don que le Christ nous a fait, le don de l’Église, où nous pouvons le rencontrer ? Pensons-nous quelquefois que c’est précisément l’Église sur son chemin au cours de ces siècles — malgré les difficultés, les problèmes, les fai-blesses, nos péchés — qui nous transmet l’authentique message du Christ ? qui nous donne la sécurité que ce en quoi nous croyons est réellement ce que le Christ nous a communiqué ?

La dernière pensée: l’Église est apostolique car elle est envoyée ap-porter l’Évangile au monde entier. Elle continue sur le chemin de l’histoire la mission même que Jésus a confiée aux apôtres : “Allez donc ! De toutes les nations faites des disciples, baptisez-les au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit ; et apprenez-leur à garder tous les commandements que je vous ai donnés. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde” (Mt 28, 19-20). Tel est ce que Jésus nous a demandé de

l’église est apostolique car elle est envoyée apporter l’évangile au

monde entier

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faire! J’insiste sur cet aspect de la missionnarité, car le Christ invite tous à “aller” à la rencontre des autres, il nous envoie, nous de-mande de nous remuer pour apporter la joie de l’Évangile ! Encore une fois demandons-nous : sommes-nous missionnaires à travers notre parole, mais surtout notre vie chrétienne, notre témoignage ? Ou sommes-nous des chrétiens enfermés dans notre cœur et dans nos Églises, des chrétiens de sacristie ? Des chrétiens uniquement en paroles, mais qui vivent comme des païens ? Nous devons nous poser ces questions, qui ne sont pas un reproche. Moi aussi je me le dis à moi-même : comment suis-je chrétien, vraiment à travers le témoignage ?

L’Église a ses racines dans l’enseignement des apôtres, témoins au-thentiques du Christ, mais elle regarde vers l’avenir, elle a la ferme conscience d’être envoyée — envoyée par Jésus —, d’être mission-naire, en portant le nom de Jésus à travers la prière, l’annonce et le témoignage. Une Église qui se ferme sur elle-même et sur le passé, une Église qui regarde uniquement les petites règles d’habitudes, d’attitudes, est une Église qui trahit sa propre identité ; une Église fermée trahit sa propre identité ! Alors, redécouvrons aujourd’hui toute la beauté et la responsabilité d’être Église apostolique ! Et rap-pelez-vous : Église apostolique parce que nous prions — première tâche — et parce que nous annonçons l’Évangile à travers notre vie et nos paroles.

Page 63: Catéchèses Credo - complet

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Chers frères et sœurs, bonjour !

Aujourd’hui, je voudrais parler d’une très belle réalité de notre foi, celle de la “communion des saints”. Le Catéchisme de l’Église ca-tholique nous rappelle que cette expression recouvre deux réalités : la communion aux choses saintes et la communion entre les per-sonnes saintes (n. 948). Je m’arrête sur cette seconde signification : il s’agit d’une vérité parmi les plus réconfortantes de notre foi, car elle nous rappelle que nous ne sommes pas seuls mais qu’il existe une communion de vie entre tous ceux qui appartiennent au Christ. Une communion qui naît de la foi ; en effet, le terme “saints” se réfère à ceux qui croient dans le Seigneur Jésus et sont incorporés à Lui dans l’Église par le baptême. C’est pour cette raison que les premiers chré-tiens étaient appelés aussi “les saints” (cf. Ac 9, 13.32.41 ; Rm 8, 27 ; 1 Cor 6, 1).

1. L’Évangile de Jean atteste que, avant sa Passion, Jésus pria le Père pour la communion entre les disciples, avec ces mots : “Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as en-voyé” (17, 21). L’Église, dans sa vérité la plus profonde, est commu-nion avec Dieu, familiarité avec Dieu, communion d’amour avec le Christ et avec le Père dans le Saint-Esprit, qui se prolonge en une communion fraternelle. Cette relation entre Jésus et le Père est la “source” du lien entre nous chrétiens: si nous sommes intime-ment insérés dans cette “source”,

La communion des Saints (1)

Audience pontificale du pape François du 30 octobre 2013

l’église, [...], est communion avec dieu, familiarité avec dieu,

communion d’amour avec le christ et avec le père dans le

saint-esprit, qui se prolonge en une communion fraternelle.

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dans ce foyer ardent d’amour, alors nous pouvons devenir vraiment un seul cœur et une seule âme entre nous, parce que l’amour de Dieu brûle nos égoïsmes, nos préjugés, nos divisions intérieures et extérieures. L’amour de Dieu brûle aussi nos péchés.

2. Si existe cet enracinement dans la source de l’Amour, qui est Dieu, alors le mouvement réciproque se vérifie lui aussi : des frères à Dieu ; l’expérience de la communion fraternelle me conduit à la communion avec Dieu. Être unis entre nous nous conduit à être unis avec Dieu, nous conduit à ce lien avec Dieu qui est notre Père. Cela

est le deuxième aspect de la commu-nion des saints que je voudrais souli-gner : notre foi a besoin du soutien des autres, notamment dans les moments difficiles. Si nous sommes unis la foi

devient forte. Qu’il est beau de nous soutenir les uns les autres dans l’aventure merveilleuse de la foi ! Je dis cela parce que la tendance à s’enfermer dans le privé a influencé aussi le domaine religieux, si bien que très souvent on a du mal à demander l’aide spirituelle de ceux qui partagent avec nous l’expérience chrétienne. Qui d’entre nous tous n’a pas fait l’expérience des incertitudes, des désarrois et même de doutes sur le chemin de la foi ? Nous en avons tous fait l’expérience, moi aussi : cela fait partie du chemin de la foi, cela fait partie de notre vie. Tout cela ne doit pas nous surprendre, parce que nous sommes des êtres humains, marqués par des fragilités et des limites ; nous sommes tous fragiles, nous avons tous des limites. Toutefois, dans ces moments diffi-ciles il faut avoir confiance en l’aide de Dieu, à travers la prière filiale, et, dans le même temps, il est important

de trouver le courage et l’humilité de s’ouvrir aux autres, pour demander de l’aide, pour de-

mander de nous donner un coup de main. Combien de fois avons-nous fait cela avant de réussir à résoudre

si nous sommes unis,la foi devient forte

cette union entre nous, [...]c’est une union spirituelle qui naît du

baptême et qui n’est pas brisée par la mort,

Page 65: Catéchèses Credo - complet

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le problème et trouver Dieu une nouvelle fois ! Dans cette commu-nion — communion veut dire commune-union — nous sommes une grande famille, où toutes les composantes s’aident et se sou-tiennent entre elles.

3. Et venons-en à un autre aspect : la communion des saints va au-delà de la vie terrestre, elle va au-delà de la mort et dure pour tou-jours. Cette union entre nous, va au-delà et continue dans l’autre vie ; c’est une union spirituelle qui naît du baptême et qui n’est pas brisée par la mort, mais, grâce au Christ ressuscité, elle est destinée à trouver sa plénitude dans la vie éternelle. Il existe un lien profond et indissoluble entre ceux qui sont encore pèlerins dans ce monde — entre nous — et ceux qui ont franchi le seuil de la mort pour entrer dans l’éternité. Tous les baptisés ici-bas sur terre, les âmes du purgatoire et tous les bienheureux qui sont déjà au paradis forment une seule grande famille. Cette communion entre la terre et le ciel se réalise en particulier dans la prière d’intercession.

Chers amis, nous avons cette beauté ! C’est une réalité qui nous appartient, à tous, qui nous rend frères, qui nous accompagne sur le chemin de la vie et qui nous fait nous retrouver une autre fois là-haut, dans le ciel. Avançons sur ce chemin avec confiance, avec joie. Un chrétien doit être joyeux, avec la joie d’avoir tant de frères baptisés qui marchent avec lui; soutenu par l’aide des frères et des sœurs qui suivent cette même route pour aller au ciel ; et aussi avec l’aide des frères et des sœurs qui sont au ciel et qui prient Jésus pour nous. Allons de l’avant sur cette route avec joie !

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Chers frères et sœurs, bonjour !

Mercredi dernier, j’ai parlé de la communion des saints, entendue comme communion entre les personnes saintes, c’est-à-dire entre nous croyants. Aujourd’hui, je voudrais approfondir l’autre aspect de cette réalité : vous vous souvenez qu’il y avait deux aspects : l’un, la communion, l’unité entre nous et l’autre aspect la communion aux choses saintes, aux biens spirituels. Les deux aspects sont étroi-tement liés entre eux ; en effet, la communion entre les chrétiens grandit à travers la participation aux biens spirituels. En particulier nous considérons : les sacrements, les charismes et la charité (cf.

Catéchisme de l’Église catholique nn. 949-953). Nous grandissons en unité, en communion avec : les sacrements, les charismes que chacun reçoit de l’Esprit Saint et avec la charité.

Tout d’abord, la communion aux Sacrements. Les Sacrements expri-ment et réalisent une communion effective et profonde entre nous, car en eux nous rencontrons le Christ Sauveur et, à travers Lui, nos frères dans la foi. Les Sacrements ne sont pas des apparences, ce ne sont pas des rites, mais ils sont la force du Christ ; c’est Jésus Christ présent dans les Sacrements. Quand nous célébrons l’Eucharistie c’est Jésus vivant qui nous réunit, fait de nous une communauté, nous fait adorer le Père. Chacun de nous en effet, à travers le Baptême, la Confirmation et l’Eucharistie, est incorporé au Christ et uni à toute la communauté des croyants. Ainsi, si d’un côté c’est l’Église qui “fait”

les Sacrements, de l’autre, ce sont les sacre-ments qui “font” l’Église, l’édifient, en engendrant de nouveaux fils, en les ajoutant au peuple saint de Dieu, en

La communion des Saints (2)

Audience pontificale du pape François du 6 novembre 2013

les sacrements ne sont pas des apparences

Page 67: Catéchèses Credo - complet

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renforçant leur appartenance.

Chaque rencontre avec le Christ, qui dans les sacrements nous donne le salut, nous invite à “aller” et communiquer aux autres un salut que nous avons pu voir, toucher, rencontrer, accueillir, et qui est vraiment crédible, parce qu’il est l’amour. De cette manière, les sacrements nous poussent à être missionnaires, et l’engagement apostolique d’apporter l’Évangile dans tous les milieux, même les plus hostiles, constitue le fruit le plus authentique d’une vie sacra-mentelle assidue, car elle est participation à l’initiative salvifique de Dieu, qui veut donner à tous le salut. La grâce des sacrements ali-mente en nous une foi forte et joyeuse, une foi qui sait se surprendre des “merveilles” de Dieu et sait résister aux idoles du monde. C’est pourquoi, il est important de faire la communion, il est important que les enfants soient baptisés rapide-ment, qu’ils soient confirmés, parce que les sacrements sont la présence de Jésus Christ en nous, une pré-sence qui nous aide. Il est important, quand nous nous sentons pécheurs, de s’approcher du sacrement de la Réconciliation. Quelqu’un dira peut-être : “Mais j’ai peur, parce que le prêtre va me bastonner“. Non, le prêtre ne te bastonnera pas. Sais-tu qui tu rencontreras dans le sacrement de la Réconciliation ? Tu rencontreras Jésus qui te pardonne ! C’est Jésus qui t’attend là ; et cela est le sacrement qui fait grandir toute l’Église .

Un deuxième aspect de la communion aux choses saintes est celui de la communion des charismes. Le Saint-Esprit dispense aux fidèles une multitude de dons et de grâces spirituelles ; cette richesse, di-sons, “imaginative” des dons du Saint-Esprit est finalisée à l’édifica-tion de l’Église. Les charismes — un mot un peu difficile — sont les cadeaux que nous offre le Saint-Esprit, aptitudes, possibilités... Des cadeaux offerts non pas pour qu’ils soient cachés, mais pour en faire part aux autres. Ils ne sont pas offerts pour le bénéfice de qui les reçoit, mais pour l’utilité du

les charismes sont des grâces particulières, offertes à certains

pour faire du bien à beaucoup d’autres.

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peuple de Dieu. Si un charisme, en revanche, un de ces cadeaux, sert à s’affirmer soi-même, on peut douter qu’il s’agisse d’un au-

thentique charisme ou qu’il soit fidè-lement vécu. Les charismes sont des grâces particulières, offertes à cer-tains pour faire du bien à beaucoup d’autres. Ce sont des dispositions, des inspirations et des élans intérieurs, qui naissent dans la conscience et dans

l’expérience de personnes précises, qui sont appelées à les mettre au service de la communauté. En particulier, ces dons spirituels vont au bénéfice de la sainteté de l’Église et de sa mission. Nous sommes tous appelés à les respecter en nous et chez les autres, à les ac-cueillir comme des encouragements utiles pour une présence et une œuvre féconde de l’Église. Saint Paul mettait en garde : “N’éteignez pas l’Esprit” (1 Th 5,19). N’éteignons pas l’Esprit qui nous offre ces cadeaux, ces aptitudes, ces vertus si belles qui font croître l’Église.

Quelle est notre attitude face à ces dons de l’Esprit Saint ? Sommes-nous conscients que l’Esprit de Dieu est libre de les donner à qui il veut ? Les considérons-nous comme une aide spirituelle, à travers laquelle le Seigneur soutient notre foi et renforce notre mission dans le monde ?

Et venons-en au troisième aspect de la communion aux choses saintes, c’est-à-dire la communion de la charité, l’unité entre nous qui fait la charité, l’amour. Les païens, en observant les premiers chrétiens, disaient : mais comme ils s’aiment, comme ils ont de l’af-fection entre eux ! Ils ne se haïssent pas, ils ne parlent pas mal les uns des autres. Cela est la charité, l’amour de Dieu que le Saint-Es-prit met dans notre cœur. Les charismes sont importants dans la vie de la communauté chrétienne, mais ce sont toujours des moyens

pour grandir dans la charité, dans l’amour, que saint Paul place au dessus des charismes (cf. 1

Co 13, 1-13). En effet, sans l’amour, même les dons les plus extraordi-naires sont vains ; cet homme gué-

les charismes [...] sont toujours des moyens pour grandir dans la

charité, dans l’amour.

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rit les personnes, il possède cette qualité, cette autre vertu... mais a-t-il l’amour et la charité dans son cœur ? S’il l’a tant mieux, mais s’il ne l’a pas il ne sert pas à l’Église. Sans l’amour, tous ces dons et charismes ne servent pas à l’Église, car là où il n’y a pas l’amour, il y a un vide qui est rempli par l’égoïsme. Et je me pose la question: si nous sommes tous égoïstes, pouvons-nous vivre en communion et en paix ? Non, nous ne pouvons pas, c’est pourquoi l’amour qui nous unit est nécessaire. Le plus petit de nos gestes d’amour a de bons effets pour tous ! Vivre l’unité dans l’Église et la communion de la charité signifie donc ne pas chercher son propre intérêt, mais partager les souffrances et les joies de nos frères (cf. 1 Co 12, 26), prêts à porter les poids de ceux qui sont plus faibles et pauvres. Cette solidarité fraternelle n’est pas une figure rhétorique, une façon de dire, mais elle est une partie intégrante de la communion entre chrétiens. Si nous la vivons, nous sommes dans le monde un signe, un “sacrement” de l’amour de Dieu. Nous le sommes les uns pour les autres et nous le sommes pour tous ! Il ne s’agit pas seulement de cette menue charité que nous pouvons nous offrir mutuellement, il s’agit de quelque chose de plus profond : c’est une communion qui nous rend capables d’entrer dans la joie et dans la douleur des autres pour les faire sincèrement nôtres.

Et souvent nous sommes trop secs, indifférents, détachés et, au lieu de transmettre la fraternité, nous transmettons la mauvaise humeur, la froideur, l’égoïsme. Et avec la mauvaise humeur, la froideur, l’égo-ïsme on ne peut pas faire grandir l’Église ; l’Église ne grandit qu’avec l’amour qui vient du Saint-Esprit. Le Seigneur nous invite à nous ouvrir à la communion avec Lui, dans les sacrements, dans les cha-rismes et dans la charité, pour vivre de manière digne de notre voca-tion chrétienne !

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Chers frères et sœurs, bonjour !

Dans le Credo, à travers lequel chaque dimanche nous faisons notre profession de foi, nous affirmons : “Je reconnais un seul baptême pour le pardon des péchés”. Il s’agit de l’unique référence expli-cite à un sacrement à l’intérieur du Credo. En effet, le baptême est la “porte” de la foi et de la vie chrétienne. Jésus Ressuscité laissa cette consigne aux Apôtres : “Allez dans le monde entier, proclamez l’Évangile à toute la création. Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé” (Mc 16, 15-16). La mission de l’Église est d’évangéliser et de remettre les péchés à travers le sacrement baptismal. Mais revenons aux paroles du Credo. L’expression peut être divisée en trois points : “je reconnais” ; “un seul baptême“ ; “pour la rémission des péchés”.

1. “Je reconnais”. Qu’est-ce que cela veut dire ? C’est un terme solennel qui indique la grande importance de l’objet, c’est-à-dire du Baptême. En effet, en prononçant ces mots, nous affirmons notre véritable identité de fils de Dieu. Le Baptême est, dans un certain sens, la carte d’identité du chrétien, son acte de naissance, et l’acte de nais-sance de l’Église. Vous connaissez tous le jour où vous êtes nés et vous fêtez votre anniversaire, n’est-ce pas ? Nous fêtons tous notre anniversaire. Je vous pose une question, que j’ai posée d’autres fois,

mais je la pose encore ; qui d’entre vous se rappelle de la date de son baptême ? Levez la main

: ils sont peu nombreux (et je ne le de-mande pas aux évêques, pour qu’ils n’aient pas honte...). Mais faisons

Je reconnais un seul baptême pour le pardon des péchés (1)

Audience pontificale du pape François du 13 novembre 2013

“qui d’entre vous se rappelle de la date de son baptême ?”

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une chose : aujourd’hui, quand vous rentrez chez vous, demandez quel jour vous avez été baptisés, cherchez, car il s’agit du deuxième anniversaire. Le premier anniversaire est celui de la naissance à la vie et le deuxième anniversaire est celui de la naissance à l’Église. Ferez-vous cela ? C’est un devoir à faire à la maison : chercher le jour où je suis né à l’Église, et rendre grâce au Seigneur parce que le jour du baptême, il nous a ouvert la porte de son Église. Dans le même temps, notre foi dans la rémission des péchés est liée au baptême. Le sacrement de la pénitence ou confession est, en effet, comme un “deuxième baptême”, qui renvoie toujours au premier pour le consolider et le renouveler. Dans ce sens, le jour de notre baptême est le point de départ d’un très beau che-min, un chemin vers Dieu qui dure toute la vie, un chemin de conversion qui est sans cesse soutenu par le sacrement de la pénitence. Pensez à cela : quand nous allons nous confesser de nos faiblesses, de nos péchés, nous allons demander le pardon de Jésus, mais nous allons aussi renouveler le baptême avec ce pardon. Et cela est beau, c’est comme fêter le jour du baptême dans chaque confession. La confession n’est donc pas une séance dans une salle de torture, mais c’est une fête. La confession est pour les baptisés ! Pour garder propre la tunique blanche de notre dignité chrétienne !

2. Deuxième élément : “un seul baptême”. Cette expression rap-pelle celle de saint Paul : “Un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême” (Ep 4, 5). Le mot “baptême” signifie littéralement “im-mersion”, et en effet, ce sacrement constitue une véritable immer-sion spirituelle dans la mort du Christ, dont on ressuscite avec Lui comme nouvelles créatures (cf. Rm 6, 4). Il s’agit d’un bain de ré-génération et d’illumination. Régénération parce qu’il réalise cette naissance par l’eau et par l’Esprit sans laquelle personne ne peut entrer dans le royaume des cieux (cf. Jn 3, 5). Illumi-nation parce que, à travers le baptême, la personne humaine est emplie de la grâce du Christ, “lumière véritable,

“le baptême nous illumine de l’intérieur à travers la lumière de

jésus”

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qui éclaire tout homme” (Jn 1, 9) et qui écrase les ténèbres du péché. C’est pour cela que, dans la cérémonie du baptême, on donne une bougie allumée aux parents, pour exprimer cette illumination ; le baptême nous illumine de l’intérieur à travers la lumière de Jésus. En vertu de ce don, le baptisé est appelé à devenir lui-même “lumière” — la lumière de la foi qu’il a reçue — pour ses frères, en particulier pour ceux qui sont dans les ténèbres et n’entrevoient aucune lueur de clarté à l’horizon de leur vie.

Nous pouvons nous demander : le Baptême, pour moi, est-il un fait du passé, isolé dans une date, celle que vous chercherez aujourd’hui, ou une réalité vivante, qui concerne mon présent, à chaque instant ? Te sens-tu fort, avec la force que te donne le Christ par sa mort et sa résurrection ? Ou te sens-tu abattu, sans force ? Le baptême donne force et lumière. Te sens-tu illuminé, avec cette lumière qui vient du Christ ? Es-tu un homme, une femme de lumière ? Ou bien es-tu une personne obscure, sans la lumière de Jésus ? Il faut prendre la grâce du baptême, qui est un don, et devenir lumière pour tous !

3. Enfin, une brève mention du troisième élément : “pour la rémis-sion des péchés”. Dans le sacrement du baptême, tous les péchés sont remis, le péché original et tous les péchés personnels, ainsi que toutes les peines du péché. Avec le baptême, on ouvre la porte à une réelle nouveauté de vie qui n’est pas opprimée par le poids d’un passé négatif, mais qui est déjà touchée par la beauté et la bonté du Royaume des cieux. Il s’agit d’une intervention puissante de la misé-ricorde de Dieu dans notre vie, pour nous sauver. Cette intervention salvifique n’ôte pas sa faiblesse à notre nature humaine — nous sommes tous faibles et nous sommes tous pécheurs — ; et elle ne nous ôte pas la responsabilité de demander pardon chaque fois que nous nous trompons ! Je ne peux pas être baptisé plusieurs fois, mais je peux me confesser et renouveler ainsi la grâce du baptême. C’est

comme si je faisais un deuxième baptême. Le Sei-gneur Jésus est si bon et il ne se lasse jamais

de nous pardonner. Même lorsque la porte que le baptême nous a ouverte pour entrer dans l’Église se referme

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un peu, à cause de nos faiblesses et de nos péchés, la confession la rouvre, précisément parce qu’elle est comme un deuxième baptême qui nous pardonne tout et nous illumine pour aller de l’avant avec la lumière du Seigneur. Allons de l’avant ainsi, joyeux, parce que la vie doit être vécue avec la joie de Jésus Christ : et c’est une grâce du Seigneur.

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Chers frères et sœurs, bonjour !

Mercredi dernier, j’ai parlé de la rémission des péchés, en me réfé-rant en particulier au Baptême. Aujourd’hui, nous poursuivons sur le thème de la rémission des péchés, mais en référence à ce que l’on appelle le “pouvoir des clés”, qui est un symbole biblique de la mission que Jésus a donnée aux apôtres.

Nous devons rappeler avant tout que le protagoniste du pardon des péchés est l’Esprit Saint. Dans sa pre-mière apparition aux apôtres, au Cé-nacle, Jésus ressuscité fait le geste de souffler sur eux en disant : “Recevez l’Esprit Saint. Ceux à qui vous remet-trez les péchés, ils leur seront remis ; ceux à qui vous les retiendrez, ils leur

seront retenus” (Jn 20, 22-23). Jésus, transfiguré dans son corps, est désormais l’homme nouveau, qui offre les dons de Pâques fruit de sa mort et de sa résurrection. Quels sont ces dons ? La paix, la joie, le pardon des péchés, la mission, mais surtout, il donne l’Esprit Saint qui est la source de tout cela. Le souffle de Jésus, accompagné par les paroles avec lesquelles il communique l’Esprit, indique la trans-mission de la vie, la vie nouvelle régénérée par le pardon.

Mais avant de faire le geste de souffler et de donner l’Esprit, Jésus montre ses plaies, dans les mains et sur le côté : ces blessures repré-sentent le prix de notre salut. L’Esprit Saint nous apporte le pardon de

Dieu “en passant à travers” les plaies de Jésus. Ces plaies qu’Il a voulu conserver; en

ce moment également, Lui qui est au Ciel, fait voir au Père les plaies avec

La rémission des péchés (2)

Audience pontificale du pape François du 20 novembre 2013

jésus nous appelle à vivre la réconciliation également

dans la dimension ecclésiale, communautaire.

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lesquelles il nous a rachetés. En vertu de ces plaies, nos péchés sont pardonnés : ainsi, Jésus a donné sa vie pour notre paix, pour notre joie, pour le don de la grâce dans notre âme, pour le pardon de nos péchés. Il est très beau de regarder ainsi Jésus !

Et venons-en au deuxième élément : Jésus donne aux apôtres le pouvoir de pardonner les péchés. Il est un peu difficile de com-prendre comment un homme peut pardonner les péchés, mais Jésus donne ce pouvoir. L’Église est dépositaire du pouvoir des clés, d’ou-vrir ou de fermer au pardon. Dieu pardonne chaque homme dans sa miséricorde souveraine, mais Lui-même a voulu que ceux qui appartiennent au Christ et à l’Église, reçoivent le pardon à travers les ministres de la communauté. À tra-vers le ministère apostolique, je suis touché par la miséricorde de Dieu, mes fautes me sont pardonnées, et la joie m’est donnée. De cette façon, Jésus nous appelle à vivre la réconciliation également dans la dimension ecclésiale, communautaire. Et cela est très beau. L’Église, qui est sainte et qui a aussi besoin de pénitence, accompagne notre chemin de conversion pour toute la vie. L’Église n’est pas patronne du pouvoir des clés, mais elle est servante du ministère de la miséri-corde et se réjouit toutes les fois qu’elle peut offrir ce don divin.

De nombreuses personnes ne comprennent sans doute pas la dimen-sion ecclésiale du pardon, parce que domine toujours l’individua-lisme, le subjectivisme, et nous aussi chrétiens en souffrons. Certes, Dieu pardonne chaque pécheur repenti, personnellement, mais le chrétien est lié au Christ, et le Christ est uni à l’Église. Pour nous chrétiens, c’est un don en plus, et il y a également un engagement supplémentaire : passer humblement à travers le ministère ecclé-sial. Nous devons valoriser cela; c’est un don, un soin, une protec-tion et c’est également la certitude que Dieu m’a pardonné. Je vais voir mon frère prêtre et je dis : “Père, j’ai fait cela...”. Et lui répond : “Mais moi je te pardonne ; Dieu te pardonne”. À ce moment, je suis sûr que Dieu m’a pardonné

l’église [...] est servante du ministère de la miséricorde

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! Et cela est beau, cela signifie avoir la certitude que Dieu nous par-donne toujours, ne se lasse pas de pardonner. Et nous ne devons pas nous lasser d’aller demander pardon. On peut ressentir de la honte à dire ses péchés, mais nos mères et nos grands-mères disaient qu’il vaut mieux devenir rouge une fois que jaune mille fois. On rougit une fois, mais nos péchés nous sont pardonnés, et l’on va de l’avant.

Enfin, un dernier point : le prêtre instrument pour le pardon des péchés. Le pardon de Dieu qui nous est donné dans l’Église, nous est transmis par l’intermédiaire du ministère de notre frère, le prêtre ; lui aussi un homme, qui comme nous a besoin de miséricorde, il de-vient vraiment instrument de miséricorde, en nous donnant l’amour sans limite de Dieu le Père. Les prêtres aussi doivent se confesser, même les évêques : nous sommes tous pécheurs. Le Pape aussi se confesse tous les quinze jours, parce que le Pape aussi est un pé-cheur. Et le confesseur entend les choses que je lui dis, me conseille et me pardonne, parce que tous nous avons besoin de ce pardon. Parfois, il arrive d’entendre quelqu’un qui soutient se confesser di-rectement auprès de Dieu... Oui, comme je le disais tout à l’heure, Dieu t’écoute toujours, mais dans le sacrement de la Réconciliation il envoie un frère t’apporter le pardon, l’assurance du pardon, au nom de l’Église.

Le service que prête le prêtre comme ministre, de la part de Dieu, pour pardonner les péchés est très délicat et exige que son cœur soit en paix, que le prêtre ait le cœur en paix ; qu’il ne maltraite pas les fidèles, mais qu’il soit doux, bienveillant et miséricordieux ; qu’il sache semer l’espérance dans les cœurs et, surtout, qu’il soit conscient que le frère ou la sœur qui s’approche du sacrement de la Réconciliation cherche le pardon et le fait comme tant de personnes s’approchaient de Jésus pour qu’il les guérisse. Il vaut mieux pour le prêtre qui n’aurait pas ces dispositions d’esprit qu’il n’administre pas

ce Sacrement tant qu’il ne se corrige pas. Les fidèles pénitents ont le droit, tous les fidèles ont le

droit de trouver chez les prêtres des serviteurs du pardon de Dieu.

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Chers frères, comme membres de l’Église, sommes-nous conscients de la beauté de ce don que nous offre Dieu lui-même ? Sentons-nous la joie de ce soin, de cette attention maternelle que l’Église nourrit à notre égard ? Savons-nous la mettre en valeur avec sim-plicité et assiduité ? N’oublions pas que Dieu ne se lasse jamais de nous pardonner ; à travers le ministère du prêtre, il nous serre dans une nouvelle étreinte qui nous régénère et nous permet de nous relever et reprendre à nouveau le chemin. Parce que cela est notre vie : nous relever sans cesse et reprendre le chemin.

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Chers frères et sœurs,

Je désire mener à terme les catéchèses sur le “Credo”, qui se sont déroulées au cours de l’Année de la foi, qui s’est conclue dimanche dernier. Dans cette catéchèse et dans la prochaine je voudrais consi-dérer le thème de la résurrection de la chair, en saisissant deux de ses aspects tels que les présente le Catéchisme de l’Eglise catho-lique, c’est-à-dire notre mort et notre résurrection en Jésus Christ. Aujourd’hui, je m’arrête sur le premier aspect, “mourir en Christ”.

Il existe communément parmi nous une manière erronée de consi-dérer la mort. La mort nous concerne tous, et elle nous interpelle de manière profonde, en particulier quand elle nous touche de près, où quand elle frappe les petits, ceux qui sont sans défense d’une manière qui nous semble “scandaleuse”. J’ai personnellement tou-jours été frappé par cette question : pourquoi les enfants souffrent-ils ? Pourquoi les enfants meurent-ils ? Si elle est comprise comme la fin de tout, la mort effraie, anéantit, se transforme en une menace qui détruit chaque rêve, chaque perspective, qui brise chaque relation et interrompt chaque chemin. Cela se produit quand nous considé-rons notre vie comme un temps compris entre deux pôles : la nais-sance et la mort ; quand nous ne croyons pas à un horizon qui va au-delà de la vie présente ; quand on vit comme si Dieu n’existait pas. Cette conception de la mort est typique de la pensée athée, qui interprète l’existence comme le fait de se trouver par hasard dans le monde et de s’acheminer vers le néant. Mais il existe aussi un athéisme pratique, qui est une manière de vivre uniquement pour

ses propres intérêts et de vivre seulement pour les choses terrestres. Si nous nous lais-

sons prendre par cette vision erronée de la mort, nous n’avons pas d’autre

La résurrection de la chair (1)

Audience pontificale du pape François du 27 novembre 2013

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choix que celui d’occulter la mort, de la nier, ou de la banaliser, pour qu’elle ne nous fasse pas peur.

Mais le “cœur” de l’homme, le désir d’infini que nous avons tous, la nostalgie de l’éternel que nous avons tous se rebellent devant cette fausse solution. Et alors, quel est le sens chrétien de la mort ? Si nous regardons les moments les plus douloureux de notre vie, quand nous avons perdu une personne chère — nos parents, un frère, une sœur, un conjoint, un enfant, un ami —, nous nous aper-cevons que, même dans le drame de la perte, même déchirés par le détachement, de notre cœur s’élève la conviction que tout ne peut pas être fini, que le bien donné et reçu n’a pas été inutile. Un instinct puissant existe en nous, qui nous dit que notre vie ne finit pas avec la mort.

Cette soif de vie a trouvé sa réponse réelle et fiable dans la résur-rection de Jésus Christ. La résurrection de Jésus ne donne pas seu-lement la certitude de la vie au-delà de la mort, mais elle illumine également le mystère même de la mort de chacun de nous. En effet, l’Église prie : “Si nous sommes attristés par la certitude de devoir mourir, nous sommes réconfortés par la promesse de l’immortali-té future”. Voilà une belle prière de l’Église ! Une personne tend à mourir comme elle a vécu. Si ma vie a été un chemin avec le Seigneur, un chemin de confiance dans son immense miséricorde, je serai préparé à accepter le moment ultime de mon existence ter-restre comme l’abandon définitif plein de confiance entre ses mains accueillantes, dans l’attente de contempler face à face son visage. C’est la plus belle chose qui puisse nous arriver : contempler face à face ce visage merveilleux du Seigneur, le voir comme Il est, beau, plein de lumière, plein d’amour, plein de tendresse. Nous allons jusqu’à ce point : voir le Seigneur.

Dans cet horizon, on comprend l’invitation de Jésus à être toujours prêts, vigilants, en sachant que la vie dans ce monde nous est don-née également pour préparer l’autre vie, celle avec le Père céleste. Et il existe pour cela une voie sûre : bien se prépa-

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rer à la mort, en étant proches de Jésus. Telle est la sécurité : je me prépare à la mort en étant près de Jésus. Et comment fait-on pour être près de Jésus ? Avec la prière, dans les sacrements et aussi dans la pratique de la charité. Rappelons-nous qu’il est présent chez les plus faibles et nécessiteux. Il s’est lui-même identifié à eux, dans la célèbre parabole du jugement dernier, quand il dit : “Car j’ai eu faim et vous m’avez donné à manger, j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire, j’étais un étranger et vous m’avez accueilli, nu et vous m’avez vêtu, malade et vous m’avez visité, prisonnier et vous êtes venus me voir. [...] Dans la mesure où vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait” (Mt 25, 35-36.40). C’est pourquoi une voie sûre est de retrouver le sens de la charité chrétienne et du partage fraternel, de prendre soin des plaies corpo-relles et spirituelles de notre prochain. La solidarité en compatissant à la douleur et en donnant l’espérance constitue les prémisses et la condition pour recevoir en héritage ce Royaume préparé pour nous. Qui pratique la miséricorde ne craint pas la mort. Pensez bien à cela : qui pratique la miséricorde ne craint pas la mort ! Vous êtes d’ac-cord ? Nous le disons ensemble pour ne pas l’oublier ? Qui pratique la miséricorde ne craint pas la mort. Et pourquoi ne craint-il pas la mort ? Parce qu’il la regarde en face dans les blessures de ses frères, et il la dépasse avec l’amour de Jésus Christ.

Si nous ouvrons la porte de notre vie et de notre cœur à nos frères les plus petits, alors notre mort aussi deviendra une porte qui nous introduira au ciel, dans la patrie bienheureuse, vers laquelle nous nous dirigeons, en souhaitant ardemment demeurer pour toujours avec notre Père, Dieu, avec Jésus, avec la Vierge et avec les saints.

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Chers frères et sœurs, bonjour !

Aujourd’hui, je reviens encore sur l’affirmation : “Je crois en la ré-surrection de la chair”. Il s’agit d’une vérité qui n’est pas simple et certainement pas évidente car, en vivant plongés dans ce monde, il n’est pas facile de comprendre les réalités futures. Mais l’Évangile nous illumine : notre résurrection est étroitement liée à la résurrec-tion de Jésus ; le fait qu’Il est ressuscité est la preuve que la résur-rection des morts existe. Je voudrais alors présenter certains aspects qui concernent le rapport entre la résurrection du Christ et notre résurrection. Il est ressuscité, et parce qu’il est ressuscité, nous aussi, nous ressusciterons.

Avant tout, l’Écriture Sainte elle-même contient un chemin vers la pleine foi en la résurrection des morts. Celle-ci s’exprime comme foi en Dieu créateur de tout l’homme — âme et corps — et comme foi en Dieu libérateur, le Dieu fidèle à l’alliance avec son peuple. Le prophète Ezéchiel, dans une vision, contemple les sépulcres des déportés qui sont rouverts et les os desséchés qui revivent grâce à l’infusion d’un esprit vivifiant. Cette vision exprime l’espérance dans

la future “résurrection d’Israël”, c’est-à-dire dans la renaissance du peuple vaincu et humilié (cf. Ez 37, 1-14).

Jésus, dans le Nouveau Testament, porte à son accomplissement cette

révélation et lie la foi en la résurrection à sa propre personne, en disant : “Je suis la résurrection et la vie” (Jn 11, 25). En effet, c’est le Seigneur Jésus qui ressuscitera le dernier jour ceux qui auront cru en Lui. Jésus est venu parmi nous, il s’est fait homme comme nous en tout, à l’ex-ception du péché; de cette façon, il

La résurrection de la chair (2)

Audience pontificale du pape François du 4 décembre 2013

nous sommes disciples de celui qui est venu, qui vient chaque jour et

qui viendra à la fin.

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nous a pris avec lui sur son chemin de retour au Père. Lui, le Verbe incarné, mort pour nous et ressuscité, donne à ses disciples l’Esprit Saint comme acompte de la pleine communion dans son Royaume glorieux, que nous attendons vigilants. Cette attente est la source et la raison de notre espérance : une espérance qui, si elle est cultivée et gardée — notre espérance, si nous la cultivons et la gardons — devient lumière pour illuminer notre histoire personnelle et égale-ment l’histoire communautaire. Souvenons-nous en toujours : nous sommes disciples de Celui qui est venu, qui vient chaque jour et qui viendra à la fin. Si nous réussissons à garder cette réalité plus pré-sente à l’esprit, nous serons moins fatigués par le quotidien, moins prisonniers de l’éphémère et plus disposés à marcher avec un cœur miséricordieux sur la voie du salut.

Un autre aspect : que signifie ressusciter ? Notre résurrection à tous aura lieu le dernier jour, à la fin du monde, par l’œuvre de la toute-puissance de Dieu, qui restituera la vie à notre corps en le réunissant à l’âme, en vertu de la résurrection de Jésus. Telle est l’explication fondamentale : parce que Jésus est ressuscité, nous ressusciterons, nous avons l’espérance dans la résurrection parce qu’Il nous a ou-vert la porte à cette résurrection. Et cette transformation, cette trans-figuration de notre corps est préparée dans cette vie par la relation avec Jésus dans les Sacrements, en particulier l’Eucharistie. Nous qui dans cette vie sommes nourris par son Corps et par son Sang, nous ressusciterons comme Lui, avec Lui et à travers Lui. Comme Jésus est ressuscité avec son corps, mais n’est pas retourné à une vie terrestre, ainsi, nous ressusciterons avec nos corps qui seront transfigurés en corps glorieux. Mais ce n’est pas un mensonge ! Cela est vrai. Nous croyons que Jésus est ressuscité, que Jésus est vivant en cet instant. Mais vous, vous croyez que Jésus est vivant ? Et si Jésus est vivant, pensez-vous qu’il nous laissera mourir et qu’il ne nous ressuscitera pas ? Non ! Il nous attend, et parce qu’Il est ressuscité, la force de sa

résurrection nous ressuscitera tous.

Un dernier élément : dans cette vie déjà, nous avons en nous une parti-cipation à la Résurrection du Christ.

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S’il est vrai que Jésus nous ressuscitera à la fin des temps, il est éga-lement vrai que, sous un certain aspect, nous sommes déjà ressus-cités avec Lui. La vie éternelle commence déjà en ce moment, elle commence tout au long de la vie, qui est orientée vers ce moment de la résurrection finale. Et nous sommes déjà ressuscités, en effet, à travers le Baptême, nous sommes insérés dans la mort et la résur-rection du Christ et nous participons à la vie nouvelle, qui est sa vie. C’est pourquoi, en attendant le dernier jour, nous avons en nous-mêmes une semence de résurrection, comme anticipation de la ré-surrection pleine que nous recevrons en héritage. C’est pour cela également que le corps de chacun de nous est un écho d’éternité, et doit donc toujours être respecté ; et surtout, la vie de tous ceux qui souffrent doit être respectée et aimée, afin qu’ils sentent la proximité du Royaume de Dieu, de cette condition de vie éternelle vers la-quelle nous nous acheminons. Cette pensée nous donne espérance : nous sommes en chemin vers la résurrection. Voir Jésus, rencontrer Jésus : telle est notre joie ! Nous serons tous ensemble — pas ici sur la place, ailleurs — mais joyeux avec Jésus. Tel est notre destin !

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Chers frères et sœurs, bonjour.

Je voudrais aujourd’hui commencer la dernière série de catéchèses sur notre profession de foi, en traitant de l’affirmation “Je crois en la vie éternelle”. Je m’arrête en particulier sur le jugement dernier. Mais nous ne devons pas avoir peur : écoutons ce que dit la Parole de Dieu. À cet égard, nous lisons dans l’Évangile de Matthieu : Alors le Christ “viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui, alors il siégera sur son trône de gloire. Toutes les nations seront rassemblées devant lui ; il séparera les hommes les uns des autres, comme le berger sépare les brebis des chèvres : il placera les brebis à sa droite, et les chèvres à sa gauche. [...] Et ils s’en iront, ceux-ci au châtiment éternel, et les justes, à la vie éternelle” (Mt 25, 31-33.46). Quand nous pensons au retour du Christ et à son jugement dernier, qui manifestera, jusqu’à ses dernières conséquences, le bien que cha-cun aura accompli ou aura omis d’accomplir durant sa vie terrestre, nous sentons que nous nous trouvons face à un mystère qui nous dépasse, que nous ne réussissons même pas à imaginer. Un mystère qui, presque instinctivement, suscite en nous un sens de crainte, et peut-être même d’inquiétude. Cependant, si nous réfléchissons bien sur cette réalité, celle-ci ne peut qu’élargir le cœur d’un chrétien et constituer un grand motif de réconfort et de confiance.

À cet égard, le témoignage des premières communautés chrétiennes retentit d’une manière plus que jamais suggestive. En effet, celles-ci avaient l’habitude d’accompagner les célébrations et les prières par l’acclamation Maranathà, une expression constituée par deux

paroles araméennes qui, selon la manière dont elles sont prononcées, peuvent être

comprises comme une supplication : “Viens, Seigneur !”, ou bien comme une certitude nourrie par la foi :

Je crois en la vie éternelleAudience pontificale du pape François du 4 décembre 2013

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“Oui, le Seigneur vient, le Seigneur est proche”. C’est l’exclamation dans laquelle culmine toute la Révélation chrétienne, au terme de la merveilleuse contemplation qui nous est offerte dans l’Apocalypse de Jean (cf. Ap 22, 20). Dans ce cas, c’est l’Église-épouse qui, au nom de l’humanité tout entière et en tant que prémisses de celle-ci, s’adresse au Christ, son époux, impatiente d’être enveloppée par son étreinte : l’étreinte de Jésus, qui est plénitude de vie et pléni-tude d’amour. C’est ainsi que nous embrasse Jésus. Si nous pensons au jugement dernier dans cette perspective, toute peur et hésitation disparaît et laisse place à l’attente et à une joie profonde : ce sera précisément le moment où nous serons finalement jugés prêts pour être revêtus de la gloire du Christ, comme d’un vêtement nuptial, et être conduits au banquet, image de la communion pleine et défini-tive avec Dieu.

Un deuxième motif de confiance nous est offert par la constatation que, au moment du jugement, nous ne serons pas laissés seuls. C’est Jésus lui-même, dans l’Évangile de Matthieu, qui préannonce que, à la fin des temps, ceux qui l’auront suivi prendront place dans sa gloire, pour juger avec lui (cf. Mt 19, 28). Ensuite l’apôtre Paul, en écrivant à la communauté de Corinthe, affirme : “Ne savez-vous pas que le peuple saint jugera le monde ? À plus forte raison les affaires d’ici-bas !” (1 Co 6, 2-3). Comme il beau de savoir qu’en cette cir-constance, en plus du Christ, notre Paraclet, notre Avocat auprès du Père (cf. 1 Jn 2, 1), nous pourrons compter sur l’intercession et sur la bienveillance de tant de nos frères et sœurs plus grands qui nous ont précédés sur le chemin de la foi, qui ont offert leur vie pour nous et qui continuent à nous aimer de manière indicible ! Les saints vivent déjà aux côtés de Dieu, dans la splendeur de sa gloire en priant pour nous qui vivons encore sur la terre. Quel réconfort suscite dans notre cœur cette certitude ! L’Église est vraiment une mère et, comme une maman, elle cherche le bien de ses enfants, en particulier de ceux qui sont le plus loin et le plus affligés, jusqu’à ce qu’elle trouve sa plénitude dans le corps glorieux du Christ avec tous ses membres.

Une suggestion supplémentaire

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nous est offerte par l’Évangile de Jean, où l’on affirme explicitement que “Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. Celui qui croit en lui échappe au Jugement, celui qui ne veut pas croire est déjà jugé, parce qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu” (Jn 3, 17-18). Cela signifie alors que ce jugement dernier est déjà à l’œuvre, il commence maintenant, au cours de notre existence. Ce jugement est prononcé à chaque instant de la vie, comme réponse à notre accueil avec foi du salut du Christ présent et actif, ou bien de notre incrédulité, avec la fermeture sur nous-mêmes qui s’ensuit. Mais si nous nous fermons à l’amour de Jésus, c’est nous-mêmes qui nous condamnons. Le salut est de s’ouvrir à Jésus, et Lui nous sauve ; si nous sommes pécheurs — et nous le sommes tous — nous lui de-mandons pardon et si nous allons à Lui avec cette envie d’être bons, le Seigneur nous pardonne. Mais pour cela, nous devons nous ou-vrir à l’amour de Jésus, qui est plus fort que toutes les autres choses. L’amour de Jésus est grand, l’amour de Jésus est miséricordieux, l’amour de Jésus pardonne ; mais tu dois t’ouvrir et s’ouvrir signifie se repentir, s’accuser des choses qui ne sont pas bonnes et que nous avons faites. Le Seigneur Jésus s’est donné et continue à se donner à nous, pour nous combler de toute la miséricorde et de la grâce du Père. C’est donc nous qui pouvons devenir, dans un certain sens, les juges de nous-mêmes, en nous auto-condamnant à l’exclusion de la communion avec Dieu et avec nos frères. Ne nous lassons donc pas de veiller sur nos pensées et sur nos comportements, pour goûter dès à présent la chaleur et la splendeur de la face de Dieu — et cela sera très beau — que dans la vie éternelle nous contemplerons dans toute sa plénitude. Allons de l’avant en pensant à ce jugement qui commence maintenant, qui a déjà commencé. Allons de l’avant, en faisant en sorte que notre cœur s’ouvre à Jésus et à son salut ; allons de l’avant sans peur, car l’amour de Jésus est plus grand et si nous demandons pardon de nos péchés, Il nous pardonne. Jésus est ainsi.

Allons de l’avant avec cette certitude, qui nous conduira à la gloire du ciel !

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Sommaire

Symbole de Nicée 2

Symbole des Apôtres 3

Je crois en Dieu 5Audience pontificale du pape Benoit XVI du 23 janvier 2013

Je crois en Dieu, le Père tout puissant 11Audience pontificale du pape Benoit XVI du 30 janvier 2013

Je crois en Dieu : le Créateur du ciel et de la terre, le Créateur de l’être humain 18Audience pontificale du pape Benoit XVI du 6 février 2013

Il ressuscita le troisième jour, conformément aux Écritures 25Audience pontificale du pape François du 3 avril 2013

Portée salvifique de la Résurrection 29Audience pontificale du pape François du 10 avril 2013

... est monté au ciel, il est assis à la droite du Père ... 33Audience pontificale du pape François du 17 avril 2013

... reviendra dans la gloire pour juger les vivants et les morts ... 37Audience pontificale du pape François du 24 avril 2013

Je crois en l’Esprit Saint qui est Seigneur et qui donne la vie 41Audience pontificale du pape François du 8 mai 2013

Je crois en l’Église une, sainte, catholique et apostolique 44Audience pontificale du pape François du 22 mai 2013

Je crois en l’Église une 48Audience pontificale du pape François du 25 septembre 2013

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Je crois en l’Église une, sainte 52Audience pontificale du pape François du 2 octobre 2013

Je crois en l’Église une, sainte, catholique 55Audience pontificale du pape François du 9 octobre 2013

Je crois en l’Église une, sainte, catholique et apostolique 59Audience pontificale du pape François du 16 octobre 2013

La communion des Saints (1) 63Audience pontificale du pape François du 30 octobre 2013

La communion des Saints (2) 66Audience pontificale du pape François du 6 novembre 2013

Je reconnais un seul baptême pour le pardon des péchés (1) 70Audience pontificale du pape François du 13 novembre 2013

La rémission des péchés (2) 74Audience pontificale du pape François du 20 novembre 2013

La résurrection de la chair (1) 78Audience pontificale du pape François du 27 novembre 2013

La résurrection de la chair (2) 81Audience pontificale du pape François du 4 décembre 2013

Je crois en la vie éternelle 84Audience pontificale du pape François du 4 décembre 2013

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Source : site internet du Vatican

En couverture : Pèlerinage provincial de Pontigny, © Wendy Corniquet

Mise en page et diffusion : Service Communication du diocèse Sens-Auxerre

Août 2014