carnets numéro 24

28
DANS CE NUMÉRO Regroupement privé : de plus en plus dynamique Regroupement cégep : une convention collective ne règle pas tous les problèmes DOSSIER RÉUSSITE SCOLAIRE Santé, sécurité et environnement : notre bilan et nos perspectives La lutte contre l’homophobie, bien vivante à la FNEEQ Négociation regroupée : un nouveau contrat de travail à Rimouski Une campagne de visibilité du XXI e siècle Comité femmes : sur la route des militantes Internationale de l’Éducation : première conférence des femmes Vers le 63 e Congrès de la CSN Les forums sociaux : lieux de rassemblement des altermondialistes Journées de réflexion de la CSN : pensons maintenant l’éducation de demain !

Upload: france-desaulniers

Post on 10-Mar-2016

228 views

Category:

Documents


0 download

DESCRIPTION

La revue de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec

TRANSCRIPT

Page 1: Carnets numéro 24

DANS CE NUMÉRO

Regroupement privé : de plus en plus dynamiqueRegroupement cégep : une convention collective

ne règle pas tous les problèmes

DOSSIER RÉUSSITE SCOLAIRESanté, sécurité et environnement : notre bilan et nos perspectives

La lutte contre l’homophobie, bien vivante à la FNEEQNégociation regroupée : un nouveau contrat de travail à Rimouski

Une campagne de visibilité du XXIe siècleComité femmes : sur la route des militantes

Internationale de l’Éducation : première conférence des femmesVers le 63e Congrès de la CSN

Les forums sociaux : lieux de rassemblement des altermondialistesJournées de réflexion de la CSN :

pensons maintenant l’éducation de demain !

Page 2: Carnets numéro 24

2 CARNETS 24 – PRINTEMPS 2011

SOMMAIRE

3 Regroupement privé :Un regroupement de plusen plus dynamique

5 Regroupement cégep :Une convention collective nerègle pas tous les problèmes

8 DOSSIER RÉUSSITE SCOLAIRE

16 Santé, sécurité etenvironnement : Notre bilanet nos perspectives

17 La lutte contre l’homophobie,bien vivante à la FNEEQ

18 Négociation regroupée :Un nouveau contrat de travailà Rimouski !

19 J’enseigne à l’université et…Une campagne de visibilitédu XXIe siècle

20 Comité femmes :Sur la route des militantes

21 Internationale de l’Éducation :Première conférence desfemmes

22 Vers le 63e Congrès de la CSN !

25 Les forums sociaux :Lieux de rassemblement desaltermondialistes

26 Journées de réflexion de laCSN : Pensons maintenantl’éducation de demain !

CARNETS est une publication de la Fédérationdes enseignantes et des enseignants du Québec. LaFNEEQ–CSN représente près de 27 000 membresdans les cégeps, les établissements privés et les uni-versités. Au Québec, elle est l’organisation syndicalela plus représentative de l’enseignement supérieur.

FNEEQ–CSN1601, av. De Lorimier, Montréal (QC) H2K 4M5Tél. : 514 598-2241 – Téléc. : 514 [email protected] – www.fneeq.qc.ca

Rédactrice en chef :Micheline ThibodeauCoordination et rédaction : France DésaulniersRévision : Ariane BilodeauCollaborations : Isabelle Bouchard, DominiqueDubuc, Odette Lefrançois, Carole Morache, GéraldPageau, Laval Rioux, Kathryne Savard, CarolineSenneville, Claire Tremblay, Jean Trudelle,Claude VaillancourtPhoto de la couverture : Catherine LefebvreGraphisme: Brunel Design, Dominique CloutierImpression : Opale impressionsTirage : 8 800 exemplairesDépôt légal : Bibliothèque et Archives nationalesdu Québec, Bibliothèque et Archives du Canada.ISBN-13 978-2-923606-18-7Cette publication est imprimée sur du papier faitde fibres recyclées. Notre forêt nous tient à cœur.

ÉDITO

Plusieurs ont pu avoir le réflexe, face aux soulèvementspopulaires en Tunisie, en Égypte et au Bahrein, de trouverconfortable la démocratie au sein de laquelle nous vivons.Et, soit, la démocratie constitue un certain rempart contre l’ex-ploitation éhontée, par une petite oligarchie, de l’essentieldes ressources et des richesses produites par une nation.

Mais il n’en est pas moins utile de se rappeler que le prin-cipe démocratique, dans les sociétésmodernes, souffre d’unprofond déficit qui va en s’accentuant.

Pour être authentique, une démocratie doit permettre àcelles et à ceux qui l’exercent de poser des choix éclairés et

porteurs de conséquences. Or, trois cancers rongent les démocraties modernes, avecplus ou moins de virulence, mais peut-être particulièrement en Amérique du Nord.

Le premier, la capacité pour les citoyennes et les citoyens d’exercer des choix éclairés,repose sur l’accès à une information pertinente, condition incontournable à la possibi-lité de choisir. Au Québec, au Canada et plus encore aux États-Unis, la concentrationdu pouvoir médiatique entre les mains d’entreprises à but lucratif qui, partant, défen-dent politiquement des intérêts bien particuliers, handicape plus que sérieusement cetaccès à une information complète. En Europe, des médias de gauche, fondés il y long-temps et capables de rejoindre le grand public, peuvent relayer des idées progressistes.Pour des raisons culturelles et historiques, ce n’est pas le cas en Amérique du Nord,si bien que l’accès du citoyen ordinaire à d’autres idées que celles de la soupe néoli-bérale est pour le moins restreint. Comment, dans ces circonstances, croire en la pos-sibilité d’alternatives viables et comment y adhérer ? Soutenues par une brochette im-pressionnante d’économistes sérieux, les idées portées par l’Alliance sociale et par laCoalition opposée à la tarification et la privatisation des services publics n’ont trouvéqu’un écho simpliste et chenu dans les médias québécois. Ces idées ont pourtant étéavalisées dans des organisations qui représentent, au basmot, plusieurs centaines demil-liers de personnes, et largement débattues dans leurs rangs! Comment ne pas penser quecette barrièremédiatique ne relève pas du parti pris? Comment concevoir une démocratieréelle sans circulation de propositions alternatives?

Le second problème concerne le rétrécissement du registre des possibles politiques.Pour grandir et survivre, les partis politiques ont besoin d’argent, et les subsides vien-nent surtout, en définitive, de ceux qui en ont et qui gagnent à perpétuer un systèmeéconomique qui les avantage. Dès lors l’espace politique « finançable» a tendance à seréduire. Voilà en bonne partie pourquoi, au Québec, le Parti Québécois et le Parti libé-ral, au-delà de la question nationale, se ressemblent beaucoup. Témoin aussi de cettesituation, la timidité des réformes qu’a pu se permettre le président démocrate BarackObama. Contraints par des impératifs de financement, les partis politiques ne peuventse permettre d’aller trop loin dans les changements proposés.

Finalement, il faut citer l’éloignement grandissant du citoyen du pouvoir réel. Les gouver-nements nationaux agissent dorénavant dans un contexte mondialisé où les forceséconomiques occultent le pouvoir politique local, ce qui rend le vote individuel bien éloi-gné de la gouvernance réelle.

Dans ce contexte, il nous apparaît important de souligner le formidable travail de sensi-bilisation et d’informationmené par l’Alliance et la Coalition, cet hiver, en prélude à lama-gnifiquemanifestation du 12mars. Plusieurs syndicats de la FNEEQ ont eu à cœur de pré-parer la mobilisation par une kyrielle d’activités visant à diffuser cette idée fondamentaleque d’autres choix sont possibles : il s’agit peut-être d’un travail pour l’instant souterrain,

mais il compte pour beaucoup. En face d’un déficit démocratique quipourrait facilement décourager, il s’agit d’un travail essentiel depremière ligne, qui peut seul permettre d’espérer.

Jean Trudelle, président de la FNEEQ

PHOTO:NATHB

Une démocratie à refaire

Page 3: Carnets numéro 24

Odette LefrançoisDéléguée à la coordination du regroupement privé

De l’automne 2007 à l’automne2010, le regroupement privé s’estenrichi de cinq nouveaux syndi-cats, incluant les membres des syn-dicats du Collège Champagneurde Rawdon, du Campus Notre-Dame-de-Foy de Saint-Augustin desDesmaures, du Collège Mont-Saint-Louis de Montréal, de la Queen ofAngels Academy de Dorval et, fina-lement, des enseignantes et desenseignants de musique de l’ÉcoleVilla Maria de Montréal.

À l’image du regroupement privé,les syndicats qui se joignent à nousont des cultures et un environne-ment très diversifiés. Ils ont cepen-dant en commun le besoin d’unencadrement et d’un suivi syndical.Pour le personnel qui n’avait jamaisété syndiqué, les défis sont encore

plus importants. En effet, il y a peude vie syndicale possible en l’ab-sence d’une convention collective;c’est pourquoi la négociation decelle-ci monopolise presque toutesles énergies du nouveau syndicat.

La mobilisation

L’arrivée de ces cinq nouvelles enti-tés syndicales ne constitue pas ensoi la source première du dyna-misme de nos syndicats. Déjà, la

coordination avait fourbi ses armespour susciter une plus grandecohésion au sein du regroupement.En leur fournissant des outils denégociation, entre autres, par descomparatifs de conventions, lessyndicats moins bien «nantis », sedonnaient comme objectif d’amé-liorer leurs conditions de travail.Lors des réunions du regroupe-ment, beaucoup de discussions onttourné autour de cette question : lesgains des uns doivent profiter aux

CARNETS 24 – PRINTEMPS 2011 3

PHOTO:NATHB

REGROUPEMENT PRIVÉ

Un regroupementde plus en plus dynamique

L’arrivée de cinq nouveaux syndicats, depuis l’automne 2007, la mobilisation accrue lors desnégociations, incluant le vote de journées de grève, la parution d’un Carnet pour le regroupementprivé, la campagne de visibilité pour les syndicats, l’implication de plus en plus importante desmembres aux différentes instances et aux comités de la fédération et, finalement, l’adoption, auprintemps 2010, de la proposition d’harmonisation des conventions collectives pour nos syndicats;voilà qui démontre bien le dynamisme grandissant au sein du regroupement privé !

PHOTO:CATHERINELEFEBVRE

Page 4: Carnets numéro 24

4 CARNETS 24 – PRINTEMPS 2011

autres. Mais négocier de meilleuresconditions rencontre souvent l’op-position de la partie patronale. Etc’est une mobilisation plus activequi a très souvent fait la différence.En effet, il n’est plus rare mainte-nant de voir des assemblées géné-rales voter des journées de grèvecomme moyens de pression, ce quidans le passé ne se produisait passouvent, pour ne pas dire rarement.Sans avoir toujours eu à exercer lagrève, il n’en demeure pas moinsqu’à chaque fois, la négociation adébloqué et l’entente de principe aété obtenue.

L’implicationau sein de la fédération

Les membres du regroupementdémontrent également un intérêtaccru pour les activités de la fédéra-tion. Un syndicat local actif pou-vant compter sur des conditions detravail meilleures peut plus facile-ment s’ouvrir aux diverses activitésde la fédération. La présence aucongrès de la FNEEQ du printemps2009 des dix-neuf membres et destreize syndicats qui y ont assisté,qui ont participé activement auxdiscussions et qui se sont exprimés

sur leur réalité d’enseignantes etd’enseignants du primaire et dusecondaire, démontre bien cettenouvelle vitalité. De plus, tous lespostes disponibles aux membres duregroupement privé ont été com-blés, assurant ainsi une représenta-tivité à la fédération. Quant auxdifférentes formations offertes, soitpar les conseils centraux, soit par laFNEEQ, sont dorénavant couruespar les syndicats.

La résolutiondu printemps 2010

Enquête sur la violence en milieu detravail, campagne de visibilité poursensibiliser les membres au rôleessentiel de leur syndicat, participa-tion très active aux réunions duregroupement, outils de négocia-tion, stratégies de mobilisation :toutes ces activités ont amené leregroupement privé à effectuer untournant majeur au printemps2010. Il faut, pour pleinement ensaisir l’impact, se rappeler qu’ilexiste autant de conventions collec-tives différentes qu’il existe de syn-dicats; que chaque établissement estdifférent tant par sa situation géo-graphique, ses effectifs étudiants ou

sa santé financière, qu’il faut tenircompte de tous ces facteurs quandvient le temps de négocier. Malgrécela, les membres du regroupementprivé ont décidé d’adopter une pro-position qui stipulait :

«Que les membres du regroupementprivé mandatent la coordination afin demettre en place un processus d’élabora-tion de demandes communes, en colla-boration avec les personnes conseillères,portant sur les sujets suivants :

• les droits parentaux;

• les activités syndicales,incluant les libérations;

• les différents types de congé(congés sociaux, congés demaladie, congés différés).»

Cette nouvelle orientation constitueune étape importante vers une plusgrande harmonisation des conven-tions collectives. Bien évidemment,cette démarche exigera une coordi-nation étroite entre les syndicats etleur personne conseillère, mais nouscroyons que le partage d’informa-tion et le dynamisme qui animenten ce moment nos syndicats, estprésage d’une nouvelle solidarité etd’une plus grande unité. !

PHOTO:CATHERINELEFEBVRE

Page 5: Carnets numéro 24

CARNETS 24 – PRINTEMPS 2011 5

Micheline ThibodeauVice-présidente de la FNEEQResponsable du regroupement cégep

Une nouvelleconvention collective…

Nous sommes au terme du proces-sus de négociation. Une négociationdite ciblée qui s’est déroulée enFront commun, le plus large del’histoire syndicale des secteurs pu-blic et parapublic. Nous avons biensûr réglé certains problèmes de lour-deur de la tâche, dans un horizon decinq ans, puisque les nouvelles res-sources seront ajoutées graduelle-ment. Nous avons, dans le cadred’une négociation pour laquellenous nous étions volontairementdonné un échéancier serré, référé àplusieurs comités paritaires des pro-blèmes dont les solutions deman-dent des analyses complexes, entreautres, la tâche en Soins infirmiers

et dans les techniques lourdes de lasanté, les conditions de travail desenseignantes et des enseignantschargés de cours à la formationcontinue, l’impact sur la tâche del’arrivée de plusieurs jeunes ayantdes troubles d’apprentissage, dedéficit d’attention ou de santémentale, pour n’en nommer quequelques-uns. Nous avons aussiamélioré la rémunération en débutde carrière. Par ailleurs, l’actualisa-tion de la convention au regard destâches des coordinations départe-mentales a été une contrepartie po-tentiellement coûteuse, si nous nesommes pas vigilants.

Le processus menant à l’écriture desdispositions de l’entente de principea été long et ardu. Certaines modi-fications étaient complexes et ontdemandé du temps de réflexion etdes travaux complémentaires, parexemple, les dispositions concer-nant le calcul de l’ancienneté et del’expérience et l’avancement accé-léré dans les premiers échelons. Parcontre, d’autres problèmes ont étérésolus par des mesures transitoires,comme l’ajout de 92 enseignantséquivalents temps complet pourl’année 2010-2011. Enfin, la com-préhension d’ajouts de ressourcespour l’encadrement des étudiantes

PHOTO:M

ICHELGIROUX

PHOTO:BRUCE

TOOMBS

Bien que le chantier de la négociation soit terminé, le regroupement cégep seramobilisé par les suites dela négociation au cours des prochainsmois. Production du bilan de la négociation,mises à jour des guidesde convention, session de formation sur les modifications des dispositions de la convention, etc. Toute-fois, au-delà de ce travail immédiat, les travaux des comités de la convention s’intensifieront et d’autresdossiers, dont certains sont exposés dans cet article, monopoliseront nos énergies. Puis, dans les pro-chaines années, nous aurons àmener une réflexion plus large sur l’ensemble de notre profession afin depréparer la prochaine négociation.

REGROUPEMENT CÉGEP

Une convention collectivene règle pas tous les problèmes

Page 6: Carnets numéro 24

6 CARNETS 24 – PRINTEMPS 2011

et des étudiants a causé des diffi-cultés d’application importantes.

Le regroupement cégep a dû mettrede la pression pour accélérer le pro-cessus de transposition en texteconventionné des éléments de l’en-tente de principe. Ce fut efficace.Nous avons réussi à terminer les tra-vaux dans les délais qui permettentle processus de la distribution desressources enseignantes entre lescollèges et ensuite entre les dépar-tements pour l’année 2011-2012.

Concernant l’épineux dossier deséchelons 18-19-20, c’est une inter-vention de la présidente de la CSNauprès de celle du Conseil du trésorqui a permis de régler le problème,du moins à court terme.

n’empêche pas le grandretard dans l’évaluation denotre catégorie d’emploi

Le processus d’équité salariale acomme objectif d’assurer un salaireéquivalent à des femmes occupantdes emplois équivalents à des em-plois masculins. Pour y arriver, lescatégories d’emplois masculines etféminines ont été évaluées à la suited’une entente entre l’intersyndicaleet le Conseil du trésor sur une mé-thode d’évaluation. Cette opérationterminée, les correctifs salariaux ontété apportées rétroactivement à2001. La loi prévoit que, à tous lescinq ans, il faut procéder à une opé-ration de maintien de l’équité. Lesenseignantes et les enseignants decégep ont été classé parmi les caté-gories sans prédominance appelée

aussi catégorie mixte. De ce fait, no-tre catégorie n’a pas été évaluée parla nouvelle grille convenue. Cetteévaluation devait se faire après lestravaux d’équité, puis après le dé-cret de 2005 et maintenant leConseil du trésor nous dit que cesera après les travaux de maintiende l’équité salariale. Espérons quecette fois, il tiendra parole car notrepatience dépasse le seuil de la tolé-rance.

n’empêchepas les problèmesde distorsion de lastructure salariale

Par ailleurs, pendant que les travauxde «clause à clause» se déroulaient,l’opération «maintien de l’équité sa-lariale » imposée par la Loi surl’équité salariale a eu comme consé-quence de réduire encore une foisl’écart entre l’échelon 17 et leséchelons des détenteurs de maî-trise et de doctorat. Ces dernierséchelons n’étant pas partagés pourcelles et ceux qui enseignent dansles commissions scolaires, les cor-rectifs du maintien de l’équité ne s’yappliquent pas. Rappelons que lesenseignantes et les enseignants duprimaire et du secondaire formentune catégorie féminine alors quecelles et ceux des cégeps formentune catégorie mixte.

La situation est inacceptable quandon sait que l’enseignement collégialrelève de l’enseignement supérieur.Difficile d’accepter d’être à la remor-que des enseignants du primaireet de secondaire; on comprendraitmieux de l’être à celle des professeursd’université !

n’empêche pasles problèmes derecrutement et demaintien en emploi

Le comité de négociation a menéune enquête auprès des syndicats duregroupement cégep afin de mieuxconnaître la situation d’embauche

PHOTO:BRUCE

TOOMBS

Page 7: Carnets numéro 24

CARNETS 24 – PRINTEMPS 2011 7

et de maintien en emploi des nou-velles enseignantes et des nouveauxenseignants.

Parmi les causes évoquées, men-tionnons l’embauche massive enraison des nombreux départs à la re-traite ou de l’augmentation du nom-bre d’étudiantes et d’étudiants. Aussi,dans plusieurs disciplines, les meil-leures conditions de travail et surtoutde rémunération pour des emploisdemandant les mêmes qualifica-tions jouent en notre défaveur.

Les conséquences de cette situationsont nombreuses, en voici quelques-unes : manque de stabilité deséquipes départementales, report decours le soir ou encore à une sessionultérieure, scissions de tâche pourpermettre soit des surtâches pourcertains enseignants ou l’embauchede retraités sans compter l’engage-ment de personnes n’ayant pas lesexigences requises pour l’emploi.

Considérant que la situation estgrave et qu’elle risque de se dété-riorer dans les prochaines années,nous avons présenté lerésultat de nos travauxau Comité patronal denégociation des collèges(CPNC), demandant l’ou-verture d’un chantier surl’ensemble du problème.

n’empêche pasdes ouverturesarbitraires decentres d’étudescollégiales

Nous avons toujours favo-risé l’ouverture de centred’études lorsque l’accès àl’enseignement supérieurétait en cause. L’immensitédu territoire québécois, nedoit pas constituer, lorsquec’est possible, un obstacleà l’accès aux études collé-giales. Nous menons destravaux depuis plus devingt ans pour que les pro-grammes soient correc-

tement financés sur l’ensemble duterritoire, peu importe le nombred’étudiantes et d’étudiants inscrits.Nous avons toujours soutenu quece n’est pas aux professeurs des ré-gions de payer de leurs conditionsde travail pour garantir l’accès auxétudes. Les étudiantes et les étu-diants ne doivent pas non plus enfaire les frais par une qualité de ser-vices (orienteurs, psychologues,aide à l’apprentissage, bibliothèque,etc.) réduite.

C’est la raison pour laquelle nousavons conclu une première lettred’entente pour le Centre d’études deChibougamau, reconnaissant lesparticularités propres à un centred’études en région éloignée.

C’est la raison pour laquelle nousavons formé le comité « des petitescohortes », afin d’analyser à fond lasituation et de proposer des solutions.Certaines sont venues dans le règle-ment de la convention collective.

C’est la raison pour laquelle nousavons déposé des griefs à La Tuque

et à Mont-Tremblant parce que desenseignantes et des enseignantsdispensant de l’enseignement ré-gulier avaient les conditions de tra-vail de celles et de ceux de la for-mation continue. Nous sommes àrégulariser la situation par lettresd’entente.

Voilà maintenant que le ministèrede l’Éducation, du Loisir et du Sportautorise l’ouverture des centresd’études, non plus pour favoriserl’accès à l’enseignement collégial,mais pour qu’un collège s’approprieles effectifs d’un autre collège situédans une zone limitrophe. C’estnotamment le cas du centre deVaudreuil qu’ouvrira le Collège deValleyfield. Après avoir demandéune rencontre avec les personnesen charge du dossier, la réponse estvenue : la décision a été prise enhaut lieu, point à la ligne.

Bien sûr, nous n’en resterons pas là,pas plus dans ce dossier que dans lesautres chantiers qui nous tiennentà cœur et qui ont une incidence di-recte sur la qualité de l’enseigne-

ment collégial.

Il est important de souli-gner qu’une telle démar-che demande un engage-ment accru de la part dessyndicats. C’est à un exer-cice conjoint de coordi-nation que sont conviésles syndicats et les per-sonnes conseillères syn-dicales pour travailler deconcert à cette finalité.Nous croyons que le re-groupement et les syndi-cats qui le composentsont prêts à relever cenouveau défi, qu’ils enseront plus forts et, plusimportant encore, que lesmembres des syndicatslocaux en bénéficierontdirectement par de meil-leures conventions col-lectives. !

PHOTO:BRUCE

TOOMBS

Page 8: Carnets numéro 24

Or, les chiffres du décrochage sco-laire (au secondaire) sont inquié-tants et ceux de l’abandon scolaire(cégeps et universités) le sont toutautant. Dans l’ensemble du Qué-bec, entre 2004 et 2008, 59,1% desjeunes ont obtenu leur DES ou leurDEP après 5 ans et 70,5 % après7 ans1. C’est dire que 3 jeunes sur 10se retrouvent sans même un di-plôme de secondaire à l’âge de17 ans ! Au cégep, les taux d’obten-tion de diplôme ne sont guère plusreluisants. Déjà, moins de 60% desfinissants du secondaire accèdentau collégial; les taux d’obtentiondes diplômes, deux années après letemps prévu, avoisinent bon anmal an les 60%.

S’il existe un consensus en éduca-tion actuellement, c’est certaine-ment celui qu’il faut faire mieux auchapitre de la réussite scolaire. Maisil y a loin de la coupe aux lèvres.

Un dossier complexe

La problématique en elle-même estcomplexe. Il est universellement ad-mis que les facteurs de persévérance

et de réussite scolaire sont multipleset interreliés parfois de manièrecomplexe. On peut certes identifierdes éléments plus déterminants queles autres (le milieu socio-économi-que, par exemple), mais il reste queles mesures à préconiser pour amé-liorer les choses ne peuvent être quesystémiques, et que, compte tenu del’ampleur du problème, elles néces-sitent un investissement social im-portant... investissement qui sup-pose nécessairement, au départ, uneffort financier non négligeable.

Or dans la dernière chronique ducomité école et société, on signa-lait qu’un « sondage Senergis - LeDevoir, réalisé en décembre 2010,montre que la première prioritépour les Québécois est la santé alorsque l’éducation n’arrive au premierrang que pour 6 % des répondants.C’était aussi le cas en 2008 dans unsondage semblable. À ce moment,c’était l’économie et l’emploi quiarrivaient en première place avec35 % des répondants et la santéétait citée par 29 % 2.»

Le consensus social à l’égard del’urgence d’agir reste donc diffuset, dès qu’on entre dans le champdu « comment », les avis divergent.Ainsi, le gaspillage social que consti-tuent des taux d’abandon et d’échecsélevés, ou de faible taux de persévé-rance, ne génère pas spontanémentune volonté politique et sociale à lamesure du problème.

Pire : le contexte sociopolitique nefavorise pas une réflexion ouverte etcitoyenne sur l’ensemble de la ques-

tion. À titre de seul exemple, citonsla présence d’un réseau d’écolessélectives (privées, ou publiques àprojets particuliers), qui accentuele problème du décrochage dans dessegments les plus vulnérables de lapopulation.

L’environnement politique actuelne facilite pas non plus les choses.Amener plus de jeunes à la réussitecoûterait nécessairement cher, à unmoment où les gouvernements dedroite veulent plutôt réduire les dé-

8 CARNETS 24 – PRINTEMPS 2011

Dossier > réussite scolaire

La réussite scolaire a toujours été un sujet de préoccupationmajeure dans lemonde de l’éducation.Elle l’est devenue encore davantage au sein des sociétés modernes, où le «savoir » est devenu unpasseport incontournable d’épanouissement social : difficile aujourd’hui d’imaginer, pour un jeunesans une solide formation qualifiante, la perspective d’une vie satisfaisante, autonome etgratifiante, ainsi qu‘une participation pleine et entière à la vie citoyenne.

PHOTO:NATHB

Jean TrudellePrésident de la FNEEQResponsable du comite école et société

PHOTO:CATHERINELEFEBVRE

Page 9: Carnets numéro 24

penses publiques. Ce qui les amène,selon nous, à chercher des solutionsde façade (des réformes pédago-giques, de structures ou de gestion).Ce qui les pousse aussi, parfois, àvouloir culpabiliser les parents, lesjeunes des milieux défavorisés eux-mêmes. Ou alors les professeurs,alors que nous n’avons qu’une obli-gation de moyen, déjà fort restreintecompte tenu de nos conditions detravail. Ce qui les conduit aussi, à«privatiser», par le moyen de parte-nariats public-privés sociaux, la lutteau décrochage. Par ailleurs, en pa-rallèle, des problématiques nou-velles se dessinent : attitude clienté-liste des étudiantes et des étudiants,surnotation, apparition de fonda-tions privées dans le décor, etc.

Le tableau est sombre, mais il resteque l’on ne peut pas, comme fédé-ration d’enseignantes et d’ensei-gnants, ne pas se sentir interpellés.Nous devons souscrire à l’impératifsocial d’une amélioration des taux

de réussite et de persévérance sco-laire, et nous devons nous commet-tre sur les grandes lignes des actionsà poser dans ce domaine. C’est lesens du mandat adopté lors ducongrès de la FNEEQ, en juin 2009.

Comment allons-noustravailler?

Un premier survol de la probléma-tique de l’abandon et du décrocha-ge scolaire a été soumis au conseilfédéral de décembre. Le dossierspécial du présent Carnets proposedes réflexions sur quelques facettesde la question.

Pour le comité école et société, il im-porte dans un premier temps, de dé-blayer le terrain des responsabilitésrespectives qui incombent aux diffé-rents intervenants de l’éducation :l’État, les parents, les enseignanteset les enseignants, les établissements,la société civile et, il va sans dire,l’étudiante ou l’étudiant lui-même.

Ce premier exercice devrait nous per-mettre de mieux situer, ensuite, lesorientations que pourra prendre lafédération dans ce dossier.

Compte tenu de l’ampleur de cedernier, le comité école et société vamettre en place, pour la fin d’avril,un cadre informel de consultationet de discussions, avec les membresdes trois regroupements, sur la based’une première mouture des orien-tations à adopter pour une appro-che syndicale de la réussite. Le moisde mai sera consacré aux ajuste-ments nécessaires, avant que lesrecommandations soient soumisesau bureau fédéral, puis au conseilfédéral de juin 2011. !

________________________________1 Source : Michel Perron, Conférencedonnée à l’Institut national d’adminis-tration publique, 10 décembre 2009

2 Bélair-Cirino, Marco, «La santé, prio-rité des Québécois » Le Devoir, 28 dé-cembre 2010.

La démocratisation de l’éducationsupérieure est sans conteste une vic-toire importante pour notre société.Toutefois, dans les faits, cette plusgrande accessibilité ne provoque paspar la réussite universelle des effec-tifs étudiants qui fréquentent nos

cégeps. En effet, même si on travailleavec force, passion et professionna-lisme, 40% n’obtiendront pas leurdiplôme dans les délais prévus.

Les mesures d’aideà la réussite

Et pourtant, les collèges ont mis enplace, par le biais des plans d’aide àla réussite, une myriade de moyenspour soutenir les étudiants. Pensonsaux formules de tutorat par lespairs, aux ajustements des horaires,

aux cours de mise à niveau, aux ate-liers de réussite, aux visites indus-trielles, aux salles d’étude, etc. Ilfaut aussi considérer que le soutienindividuel offert par les enseignan-tes et les enseignants (heures de dis-ponibilité, réponses aux courriels,etc.) est déjà important et que celleset ceux qui en profitent en sontsomme toute satisfaits.

________________________________1 http://www.meirieu.com/

DICTIONNAIRE/educabilite.htm

CARNETS 24 – PRINTEMPS 2011 9

PHOTO:FRANCE

DÉSAULNIERS

Isabelle BouchardComité école et société FNEEQ

Au collégial : une obligation de moyens non de résultats !Une fois ce postulat – toutes les étudiantes et tous lesétudiants peuvent réussir – et son corolaire – c’est l’étudianteou l’étudiant qui réussit – énoncé, force est de constater que lesefforts considérables déployés pour la réussite au collégial ne sesont pas traduits en une réussite universelle. Certes, noussouhaitons la réussite de tous nos étudiantes et nos étudiants,mais certains y parviennent et d’autres pas.

Page 10: Carnets numéro 24

10 CARNETS 24 – PRINTEMPS 2011

Pour excellentes, utiles et nécessai-res qu’elles soient, chacune des me-sures d’aide a ses limites. Prenonsl’exemple des centres d’aide, qui sesont multipliés depuis quelques an-nées. Il arrive qu’un étudiant soitinvité concomitamment à fréquen-ter six centres d’aide : en français,en langue seconde, en philosophie,en mathématiques, en méthodolo-gie et, parfois, en formation spéci-fique. On peut déjà se dire que, siun jeune a besoin d’aide sur autantde sujets différents, son parcoursrisque fort d’être difficile ! Isolé-ment, l’existence de chaque centred’aide est tout à fait louable, maisleur multiplication peut être pro-blématique. Les étudiantes et lesétudiants en difficulté doivent fairele choix entre des centres d’aidedont les horaires de fréquentationsont parfois en conflit, et ce, enfonction de leurs propres difficultés.Ce choix implique qu’ils soient enmesure d’identifier leurs propres fai-blesses, ce qui n’est pas toujoursévident.

De manière plus fondamentale,s’assure-t-on de prendre en considé-ration que la motivation s’acquiertsouvent en fonction de la tâcheà accomplir ? N’est-ce pas un troplourd défi pour un étudiant des’attaquer à l’ensemble de ses lacu-nes ? S’il peut recevoir un enseigne-ment individualisé, peut-il alorsquestionner la pertinence d’aller enclasse ? L’ensemble de ces mesuresprofitent-elles vraiment à ceux quien ont le plus besoin ? Devrait-onles rendre obligatoires ?

Les limites denotre contrat de travail

Il est remarquable que certainsveuillent rendre les enseignantes etles enseignants imputables de laréussite, une volonté qui se trans-forme parfois en véritable pression.Or, faut-il rappeler que l’étudiante

ou l’étudiant reste le principal res-ponsable de sa réussite ? Nous nepouvons avoir qu’une obligationde moyens, et il faut aussi tenircompte des limites de nos condi-tions de travail.

Dans les faits, un enseignant decégep peut avoir à sa charge 160étudiants, ce qui laisse, de touteévidence, très peu de place pourun encadrement authentique deceux-ci. Le plus souvent, l’aide auxétudiants se fait à l’extérieur dela classe. C’est à se demander sicelle-ci est encore le principal lieud’apprentissage, du développementet de la réussite ? Est-ce que les dif-ficultés des étudiants sont si diffé-rentes de l’un à l’autre ?

L’effet du système

Si l’ensemble des mesures pour ai-der la réussite ne produisent pastous les effets souhaités, ce n’estpeut-être pas seulement imputableaux limites intrinsèques de celles-ci. D’autres facteurs, tels les effetsdu travail rémunéré, doivent aussiêtre considérés. Dans la société mo-derne, on pousse très tôt les jeunesà la consommation et il ne faut passe surprendre de leur propension àprivilégier un travail rémunéré. Lescollégiennes et les collégiens sontde plus en plus nombreux à occu-per un emploi, ce qui explique enpartie pourquoi le temps de diplo-mation a tendance à s’allonger. Levéritable drame, ce n’est peut-êtrepas de ne pas obtenir son diplômedans le temps requis. C’est de nepas l’obtenir du tout !

Au-delà de ces considérations, ilnous faut aussi réfléchir aux exi-gences reliées à la réussite. L’intérêtpour les études, la confiance en soiet la motivation, c’est bien connu,s’acquièrent lentement au fil du par-cours scolaire. Or le cégep arrive as-sez tard dans ce parcours et il est

difficile pour l’appareil collégial decombler un retard chez les étudian-tes et les étudiants admis.

Par ailleurs, en 2008, dans un soucid’une plus grande accessibilité, lesexigences et les conditions d’entréeau cégep se sont assouplies, sanspour autant que soient mis enplace des mesures de suivi desconséquences de cette opération.Dans ce contexte, il est difficile desavoir si les lacunes de préparationsont effectivement compensées par« l’effet collégial ». Dans un autreregistre, on peut noter que les exi-gences d’entrée sur le marché dutravail, pour les finissantes et les fi-nissants de DEC techniques, sontaussi de plus en plus élevées. Lesprogrammes ont été ajustés enconséquence, ce qui fait que les cri-tères de performance sont de plusen plus pointus et les exigences deréussite souvent rehaussées.

L’ensemble de la situation, au col-légial, génère un danger que nousestimons plus qu’important. Lesbesoins actuels du marché du travail(comme l’indiquent les taux de pla-cements faramineux dans les pro-grammes techniques) sont énormes.Il y a fort à parier que les pressionsvont continuer à s’exercer sur lesystème collégial pour qu’il «pro-duise » davantage. Comment celase traduira-t-il concrètement? Vou-dra-t-on accentuer pernicieusementle glissement vers une obligationde résultats au lieu d’une obliga-tion de moyens, via les plans deréussite, les redditions de comptede nature exclusivement quanti-tative ou même une paie au mériteévoquée par certains ? Collective-ment, quel véritable sens vou-lons-nous donner à la réussite ?Diplômer ? Diplômer dans les dé-lais prévus ? Apprendre, se déve-lopper, s’humaniser ? Une réflexions’impose… et c’est urgent ! !

Dossier > réussite scolaire

Page 11: Carnets numéro 24

L’école privée est devenue pour plu-sieurs le canal privilégié de la réus-site. En payant pour l’éducation deleurs enfants, les parents serontpresque assurés d’une importanteplus-value : leur garçon ou leur fillesortira de l’école secondaire qualifiéet diplômé. Certes, le succès n’estpas garanti et les élèves ne devrontpas négliger de fournir de bons ef-forts. Mais l’école privée, selon sonpropre discours, s’assurera de créerun climat favorable à l’étude et àl’épanouissement intellectuel. Lemarketing intensif de plusieurs deces écoles va dans ce sens : «Un pré-sent pour le futur », « une écolede vie… pour la vie ! », « Une réfé-rence internationale », « respect,responsabilité, autonomie, rigueuret fierté », disent les slogans dequelques grandes écoles privées deMontréal. Ces écoles vendent doncune image de marque basée sur la

notion d’excellence, jalonnée mêmeparfois par la réussite étalée dequelques anciens célèbres.

La réalité de l’école privée au Qué-bec est bien sûr plus complexe,comme permet de le constater la di-versité des établissements des syn-dicats membres du regroupementprivé de la FNEEQ. Ainsi, les voca-tions de ces écoles sont très diverses :si certaines sont très sélectives,plusieurs autres, surtout en région,acceptent la plupart des élèves.D’autres encore se spécialisent pourdes élèves en difficulté d’appren-tissage, ou enseignent, au collégial,des techniques de pointe. Les visa-ges de la réussite sont donc multi-ples dans ces établissements auxobjectifs différents.

Vers une écolevéritablement inclusive

Mais il reste que les pratiques sélec-tives posent de façon plus large laquestion de la réussite. Répétonsqu’elles ne sont d’ailleurs pas le seullot de l’école privée : plusieurs écolespubliques ont créé des programmeseux aussi hautement contingentés,qui accentuent le problème.

Les bons élèves sont ainsi retiréstoujours en plus grand nombre ducursus régulier de l’école publiquequi se retrouve avec une concentra-

tion forte d’élèves handicapés endifficulté d’adaptation ou d’appren-tissage (EHDAA). Sans les élèvesdoués, qui sont une stimulationpour leurs camarades moins moti-vés, avec des enseignantes et des en-seignants dont la tâche se com-plique et devient plus épuisanteparce qu’ils font face à une plusgrande disparité d’élèves aux be-soins divers, plusieurs écoles pu-bliques n’ont plus les conditionsidéales pour assurer la réussite à lamajorité — même si elles y parvien-nent malgré tout. Quant aux élèvesdoués, gagnent-ils vraiment à suivreun parcours particulier ? Rien nesemble le prouver.

Le système sélectif transforme ausside manière insidieuse la notionmême de la réussite. Celle-ci se dé-place : au lieu d’être la sanctiond’une fin de parcours scolaire, elledevient associée à une conditiond’entrée, témoins les tests d’admis-sion des écoles les plus prestigieuses— trop longtemps mises en valeurpar des palmarès comme celui de larevue Actualité, dont on se réjouit dela disparition. Ces tests demandentune préparation spéciale et se trans-forment en épreuve initiatique: celleou celui qui les réussit non seule-ment fera la preuve de ses grandescapacités intellectuelles, mais seraretiré du parcours perçu comme ris-qué dans les grandes polyvalentes, et

CARNETS 24 – PRINTEMPS 2011 11

Dans les écoles privées : sélection et équitéAu Québec, le taux élevé de décrochage est devenu une préoccupation sociale importante. Il estsouvent associé à certaines polyvalentes en milieu urbain, surpeuplées et aménagées dans deslieux inhospitaliers, où se concentrent des problèmes qui ont attiré l’attention : taxage, consom-mation de drogue, indiscipline. Devant ces constats navrants, répercutés par les grands médias,plusieurs parents hésitent à envoyer leurs enfants à l’école publique. On a ainsi assisté depuis unedizaine d’années à un déplacement notable des effectifs scolaires du public vers le privé, ce quisépare davantage les élèves faibles des élèves forts. Un changement amplifié par certaines écolespubliques qui, voulant émuler la formule du privé, ont créé des programmes particuliers etsélectifs. Socialement, gagne-t-on à cette forme de ségrégation?

PHOTO:ATTACQUÉBEC

Claude VaillancourtComité école et société FNEEQ

Page 12: Carnets numéro 24

Dossier > réussite scolaire

12 CARNETS 24 – PRINTEMPS 2011

Nous ne nous arrêterons ici que surles effets d’un seul de ces change-ments qui a un lien direct avec laréussite : l’augmentation impor-tante des effectifs étudiants. Fini letemps ou l’université pouvait n’am-bitionner qu’à la formation d’uneélite restreinte, dans une société quin’en avait pas besoin davantage. Àpartir des besoins du marché dutravail jusqu’à l’ambition légitime

des jeunes de trouver pleinementleur place dans la société, toutconcourt aujourd’hui à faire desétudes universitaires le lot d’unefraction grandissante de la popula-tion. À cet égard, la démocratisa-tion souhaitée lors de la fondationde l’Université du Québec est loind’être achevée. Comment l’univer-sité répond-elle à cette demandeaccrue ? Qu’en est-il, dans ce nou-veau contexte, de sa mission d’en-seignement ?

Un rendez-vous manqué

La première observation qui frappedans l’évolution du monde univer-sitaire, c’est l’accent nouveau mis

sur la recherche aux dépens, disentcertains, de l’enseignement. Auxprises avec un « mal financement»,mais lancées par ailleurs dans uneconcurrence effrénée à la « clien-tèle », les universités semblent ac-corder une importance prioritaire àla recherche, à son financement età sa commercialisation. Pourtant,l’évolution exponentielle du savoirhumain éloigne d’autant les pre-miers pas universitaires du savoirde pointe, alors que l’on devrait ac-corder une importance accrue à laformation de départ.

Traditionnellement, l’étudiante oul’étudiant universitaire est consi-déré comme entièrement autono-

profitera d’un environnement quifacilitera son succès.

À l’intérieur de ce système, l’élèvedevra se préoccuper de sa cote R quilui permettra, si elle est suffisam-ment élevée, d’avoir accès aux fa-cultés contingentées des universi-tés. Cette cote de rendement créeune hiérarchie de la réussite en dé-terminant les plus méritoires parmiles diplômés. De nombreux élèvesdemeurent préoccupés par cettecote R qui les encourage non seule-ment à réussir, mais à réussir mieuxet aux dépens des autres.

Plusieurs plaident en faveur de cemoyen de résoudre le problèmecomplexe de l’admission dans lesprogrammes contingentés. Notreidée n’est pas de lancer un débat,malgré le fait qu’il faudrait peut-

être l’entreprendre un jour. Maisnous pouvons constater à quelpoint la sélection a créé un systèmescolaire à deux vitesses, qui posede façon très différente la questionde la réussite. D’une part, dans lesécoles publiques non sélectives, lesélèves évoluent dans un milieuprivé de ses bons éléments ; la réus-site y est surtout vue comme la sim-ple obtention d’un diplôme, ce quin’est jamais gagné, étant donné lehaut niveau de décrochage scolaire.D’autre part, dans les écoles sélec-tives, la réussite est facilitée par desconditions avantageuses, mais setrouve dramatisée pour certains parune concurrence plus nette entreles élèves.

Sûrement avons-nous échoué, jus-qu’ici, à concevoir et à mettre enplace un système scolaire équita-

ble, qui accorde une chance égale àtoutes et à tous et qui donne lemême sens au mot « réussite ». Ilfaudrait donc continuer, ainsi quenous l’avons fait à diverses reprises,à remettre en question le systèmede sélection des élèves, largementpratiqué dans certaines écoles pri-vées, quitte à ce que les ensei-gnantes et les enseignants de cesécoles perdent l’avantage d’ensei-gner à des classes formées majori-tairement de jeunes privilégiés.

La position de la FNEEQ, qui consisteà intégrer progressivement les écolesprivées au réseau public, tout enéliminant la sélection, permettraitd’accomplir un pas important dansl’établissement d’un système sco-laire plus juste. !

À l’université : refaire ses devoirsPeut-on, en 2011, concevoir l’université québécoise de la même manière qu’il y a40 ans ? Depuis la Révolution tranquille, plusieurs changements majeurs se sont pro-duits autour du monde universitaire. La FNEEQ réclame depuis longtemps des Étatsgénéraux sur l’avenir des universités afin de permettre unemise à jour desmissions deces dernières, missions qui peut-être ne peuvent plus se décliner de la même manièredans une société du savoir.

PHOTO:FRANCE

DÉSAULNIERS

Laval RiouxComité école et société FNEEQ

Page 13: Carnets numéro 24

CARNETS 24 – PRINTEMPS 2011 13

me et seul responsable de sa réus-site. Ceci étant, rien n’empêche lesétablissements d’offrir des servicesd’accompagnement où les servicesaux étudiants, les responsables aca-démiques, les enseignantes et lesenseignants ont leur part de respon-sabilité. Cependant, dans le milieuuniversitaire, force est de constaterque les ressources de soutien etd’encadrement ont évolué de façoninégale. Les auditoriums remplis dedizaines et de dizaines d’étudianteset d’étudiants restent monnaie cou-rante dans les grosses universités.Les chargé-es de cours, dorénavantresponsables de plus de 50% de laformation au premier cycle, nedisposent souvent pas des espacesphysiques nécessaires pour lesrencontrer.

Pourtant, les chargés-es de cours re-vendiquent depuis longtemps demeilleures conditions d’enseigne-ment, gage de meilleures condi-tions d’apprentissage. Déjà, au dé-but des années 1990, ils ont amorcéune réflexion sur les conditions deréussite, analyse qui a mené à lamise en place des programmes d’in-tégration pédagogique, d’abord àl’UQAM, puis dans les autres éta-blissements. L’objectif derrière cetterevendication était que les chargé-esde cours puissent effectuer destâches liées à l’enseignement, endehors du cadre strict du cours pourlequel elles et ils avaient été em-bauchés. Ces programmes, dont lesobjectifs avoués sont l’améliorationde la qualité de l’enseignement etl’encadrement pédagogique desétudiants, permettent de réaliserdifférents types de projets selon lesbesoins spécifiques des secteurs :aide en français; tutorat pour lesnouveaux étudiants; accompagne-ment des étudiants dans leur che-minement de programme; organi-sation de formation pour les ensei-gnants; participation à des comitéspédagogiques ou à des révisions deprogrammes, etc.

Au fil des ans, quelques universitésont également mis en place des ser-vices ou des comités de pédagogieuniversitaire, qui soutiennent lesenseignants en leur offrant des for-mations ou des lieux de rencontrespour échanger sur leurs pratiquespédagogiques. Les chargé-es decours sont également actifs au seinde ces comités, comme à l’UQARoù la personne responsable de cecomité est une chargée de cours.

Toutefois, ces ressources d’aide et desoutien demeurent insuffisantes. Lesétudiantes et les étudiants, de pro-venance très diversifiée, arriventsouvent à l’université avec une pré-paration inégale qui doit être com-pensée rapidement. Les chargé-es decours, bien que voués à la réussite decelles et de ceux qu’on leur confie,se sentent souvent dépassés par lalourdeur de la tâche. On ne peutpasser sous silence tout le problèmede la condition financière des étu-diantes et des étudiants, souventobligés d’occuper un emploi poursubvenir à leurs besoins. Droits descolarité, frais afférents et nécessitéde survie représentent souvent unobstacle parfois insurmontable à lapersévérance, et il n’est pas éton-nant de voir alors s’allonger la duréedite normale des études.

Un nouveau rapportà la réussite

En marge de cette situation, déjàproblématique en elle-même, se dé-veloppe également au sein des uni-versités une relation bien particu-lière quant à la réussite. Le modeparticulier de financement, basé surle nombre d’inscriptions, a conduità concevoir les étudiantes et les étu-diants comme des « clients » qui,pour être satisfaits, doivent obtenirla marchandise… c’est à dire le di-plôme. On excusera cette méta-phore si peu exagérée, mais il resteque les pressions existent, à certainsendroits, pour abaisser les standards

de réussite. Cette attitude, que n’ai-derait en rien une hausse des droitsde scolarité, a des effets pervers :évaluation des enseignements re-vancharde, négociation pour la ré-vision des notes, et aussi une sur-notation des travaux étudiants parles enseignants. Dans un petit livre-choc (voir encadré), J. Côté et A.Allahar décrivent ce phénomène,qui a de quoi inquiéter.

Sommes-nous en train d’assister àun véritable glissement des mis-sions universitaires, vers une mar-chandisation accrue du savoir ?Comment et sur quelles bases doit-on ajuster le tir ? !

La surnotationDans La Tour de papier, L’uni-versité, mais à quel prix ? deuxauteurs, Côté et Allahar, décri-vent un phénomène relatif à laprogression des étudiantes etdes étudiants dans les univer-sités américaines et cana-diennes depuis vingt ans. Ilsconstatent des écarts irrégu-liers dans la courbe normaled’évaluation des performancesréelles : les cotes supérieuresA et B apparaissent gonfléesoutre mesure, ce qui permet àplus de personnes d’accéderaux cycles supérieurs. Cettetendance devrait, selon les au-teurs, êtremise en lien avec lesévaluations de l’enseignementen vigueur, ainsi qu’avec lahausse des droits de scolaritéuniversitaires. Il est possibleque cette pratique s’étendeaussi dans les collèges et lesuniversités québécoises, maisaucune enquête ne peut encoreen témoigner.____________________Côté, James L. et Allahar, Anton N. :La tour de papier : L’université,mais à quel prix ?, Les ÉditionsLogiques, 2010.

Page 14: Carnets numéro 24

14 CARNETS 24 – PRINTEMPS 2011

Les fondations privées dans l’éducation :le cas de la Fondation Lucie et André ChagnonCertains voient dans les piétine-ments de la lutte au décrochageet les difficultés d’améliorer lestaux de réussite scolaire, la confir-mation de l’inefficacité et del’incapacité du gouvernement etdu secteur public à obtenir les ré-sultats rapides et probants.

S’inscrivant dans la stratégie miseen avant par la Banque mondiale etde l’OCDE, des hommes d’affairesquébécois ont décidé de s’impli-quer et d’intervenir directementauprès du MELS.

C’est ainsi que Jacques Ménard,président du conseil d’administra-tion de la BMO a créé un « Grouped’action sur la persévérance et laréussite scolaires » dont les propo-sitions ont fortement influencé lespolitiques gouvernementales en lamatière.

Parallèlement, André Chagnon dé-cide en 2009 d’investir par le biaisd’une fondation, une partie desprofits de la vente de Vidéotrondans un programme sur la persévé-rance scolaire. Ce nouveau type dephilanthropie d’affaires mérite

qu’on s’y arrête d’autant plus quel’État québécois applaudit cette ini-tiative et en fait la promotion en yinvestissant des fonds publics.

La Fondation Lucie et AndréChagnon (FLAC) affiche de louablesintentions. Ces gens n’ont que debonnes intentions, semble-t-il. Surle site de la Fondation Chagnon,on peut lire que celle-ci souhaite«contribuer au développement et àl’amélioration de la santé par laprévention de la pauvreté et de lamaladie en agissant principalementauprès des enfants et de leurs pa-rents. » Elle veut agir « dans troisdomaines que sont le développe-ment des jeunes enfants, la pro-motion des saines habitudes de vieet la persévérance scolaire. »1

La FLAC a ainsi créé un «Projet surla persévérance scolaire » qui senomme Réunir Réussir (R2). Notonsau passage que l’on ne parle plus icide lutte au décrochage mais biend’un manque de persévérance chezles jeunes. Ce changement de voca-bulaire reflète à notre avis un réali-gnement de cible. On ne vise plus lephénomène du décrochage scolaire(avec ses causes multiples et com-

plexes) mais la responsabilisation in-dividuelle des jeunes et des parents.

C’est dans le cadre de la Stratégied’action jeunesse 2009-20142 que legouvernement Charest et la FLACont conclu une entente afin de sou-tenir les efforts de mobilisationpour la réussite éducative desjeunes. Il s’agit de réunir le milieuscolaire, les parents, les municipa-lités, le milieu des affaires et de lasanté ainsi que des organismescommunautaires. Avec un budgetglobal de 50 millions de dollars(dont 25 millions de fonds publics),le projet sur la persévérance sco-laire est la plus petite des quatreinitiatives partenariales entre legouvernement du Québec et la fa-mille Chagnon.3

Pourquoi questionnercette œuvre charitable ?

Même si pour certains ce type d’ini-tiative doit être encouragée et sa-luée, nous pensons que cette intru-sion d’un acteur privé dans un do-maine public soulève de sérieusesquestions. On n’en est pas à cestade-ci à regarder la méthode,mais le phénomène.

Dossier > réussite scolairePHOTO:FRANCE

DÉSAULNIERS

PHOTO:CATHERINELEFEBVRE

Gérald PageauComité école et société FNEEQ

Page 15: Carnets numéro 24

CARNETS 24 – PRINTEMPS 2011 15

Ces questions sont délicates. Enl’absence d’un plan gouvernemen-tal d’envergure contre le décro-chage, ainsi que d’investissementssubstantiels pour y arriver, com-ment pourrions-nous tourner ledos aux apports philanthropiques ?

Pourtant cet apport n’est pas « gra-tuit »; sur le plan de la maîtrised’œuvre et des principes, il consti-tue un glissement des responsa-bilités du public vers le privé. Ladimension sociale de la probléma-tique est évacuée, les acteurs de pre-mière ligne que sont les enseignan-tes et les enseignants ne sont pasconsultés sur les approches et onvoit poindre à l’horizon la problé-matique de l’obligation de résultat,tout à fait incompatible, nous sem-ble-t-il, avec le monde de l’éduca-tion. On peut aussi se demanderce qu’il adviendrait de ces effortssi la fondation décidait de s’en reti-rer : la pérennité des projets n’estpas garantie.

Les conditions d’admissibilité aufond du R2 méritent qu’on s’y attarde:le projet soumis doit répondre, entreautres, aux exigences suivantes4 :

• s’inscrire dans les priorités d’in-tervention de la FLAC et de R2,qui ne sont pas nécessairementcelles des organismes ou du Mi-nistère;

• s’intégrer à une « instance régio-nale mobilisée » (IRM) intersec-torielle, contrôlée par la FLAC;

• l’organisme doit accepter d’être« accompagné » par un responsa-ble de territoire;

• de plus, les résultats du projetdoivent être mesurables à courtou à moyen terme.

Dans ces conditions, plusieursquestions se posent :

D’abord, qui doit décider des orien-tations et des priorités sociales ? LaFLAC fixe elle-même ses priorités.

Cette nouvelle façon de faire la cha-rité s’inscrit clairement dans le déve-loppement d’une nouvelle gouver-nance qui substitue l’acteur privé àl’acteur public. R2 comme les autresinterventions de la FLAC vont à l’en-contre des principes que nous avonstoujours défendus à savoir qu’il in-combe à l’État d’assumer l’universa-lité, la maitrise d’œuvre et la gestiondes services publics en général et del’éducation en particulier.

Le gouvernement encourage et par-ticipe financièrement à ces initia-tives sans que la FLAC n’ait aucuncompte à rendre au gouvernementou à la communauté. L’imputabi-lité ne vaudrait-elle que pour lesorganismes communautaires ?

Même si habituellement les syndi-cats sont exclus des projets de laFLAC, un syndicat de la FNEEQ arécemment été interpellé pourparticiper à une instance régionalede concertation sur la persévérancescolaire et sur la réussite éducativemise sur pied par la FLAC. D’autressyndicats seront éventuellementsollicités. Dans cette situation,quelle attitude adopter ? Participer,négocier ou boycotter ?

Dans un contexte de remise en ques-tion du rôle de l’État, même si cetype d’intervention du privé dansl’éducation est relativement nou-veau et rare pour le moment, il noussemble nécessaire d’examiner de prèsle phénomène et éventuellement deprendre position. Comme fédération,ne devrions-nous pas demanderun moratoire sur l’établissementde partenariats de ce type et dénon-cer publiquement l’absence de débatpublic concernant ce changementde gouvernance ? !

1 Réunir réussir (R2) se consacre à soutenir les démarches de mobilisation et d'action régionales et locales en persévérance scolaire; lecourtage et le partage des connaissances et des bonnes pratiques; la persévérance scolaire des clientèles autochtones; la création d'unespace interrégional menant à un réseau d'échanges de pratiques pour les jeunes. IRM.http ://www.reunirreussir.org/volets-d-action.aspx

2 http ://www.saj.gouv.qc.ca/strategie/index.html3 Les trois autres projets sont : Québec en forme, Québec Enfants, Soutien aux proches aidantes et aidants.4 Pour plus de précisions sur les critères d’admissibilité, consultez le site de R2 : http://www.reunirreussir.org/demande-de-soutien.aspx

PHOTO:CATHERINELEFEBVRE

Page 16: Carnets numéro 24

16 CARNETS 24 – PRINTEMPS 2011

Rappelons qu’en novembre 2008,la fédération a adopté sa politiquecadre en environnement. À l’épo-que, cette politique était audacieuse.Elle misait sur le fait qu’en optantpour des pratiques plus respec-tueuses de l’environnement dansune perspective de développementdurable, la FNEEQ montrait la voieà suivre à ses syndicats... et mêmepeut-être à d’autres fédérations ! Parla suite, dans le but de concrétiserles objectifs énoncés, le projet demettre sur pied une politique d’ap-provisionnement responsable (PAR)a vu le jour. Cette nouvelle politi-que, qui sera adoptée au conseilfédéral de juin, vise à systématiserles actions en ce qui concerne laconsommation. Il s’agit en fait d’unoutil concret qui permet aux respon-sables des achats de la fédérationde faire des choix judicieux, en sebasant sur deux catégories de critè-res bien précis : les impacts sociauxet environnementaux. Évidem-ment, la FNEEQ avait déjà le soucide sélectionner ses fournisseurs en

tenant compte de paramètres quiont inspirés la PAR. Par exemple, lafédération cherche constamment àfavoriser le travail syndiqué, quirespecte les normes internationaleset qui assure des conditions de tra-vail décentes. De plus, elle accordeune importance grandissante aufait que ses fournisseurs soient da-vantage enclins à réduire leurempreinte écologique. Par le faitmême, la FNEEQ traduit en actionsconcrètes les principes qui aurontdes impacts positifs à la fois surl’environnement et sur la société.

Session de formation

En novembre dernier, le comitésanté, sécurité et environnementa donné une session de formationportant sur l’inspection des lieuxde travail. Le but d’une telle dé-marche était de sensibiliser lesmembres des comités locaux auxdifférentes dispositions du règle-ment sur la santé, la sécurité autravail. Afin que les participantssoient outillés adéquatement poureffectuer eux-mêmes les inspec-tions dans leurs milieux de travailrespectifs, les rudiments néces-saires à une telle tâche leur ont étéprésentés.

Nos projets d’avenir

Dans la foulée de cet exercice, lecomité va organiser, lors du pro-chain conseil fédéral, un dîner-ren-contre destiné aux membres descomités santé, sécurité et environ-nement des syndicats. Ces derniers

seront invités, pour l’occasion, àinclure ces personnes dans leur dé-légation. Il s’agira d’une première àla FNEEQ et le comité espère quecette rencontre permettra de mieuxcerner le rôle des militantes et desmilitants qui siègent sur les comi-tés paritaires locaux, ainsi que dedonner un nouveau souffle à l’ac-tion syndicale dans ce dossier im-portant et de revitaliser notre réseaudes responsables santé, sécurité etenvironnement.

Finalement, notons que la rencon-tre CSN Bilans et perspectives, ennovembre 2011, sera un événementmajeur pour le comité. En effet, lorsde cette rencontre, tous les comitésde santé et sécurité de la confédé-ration auront l’occasion de partagerleurs expériences et de discuterd’enjeux majeurs. Le comité FNEEQcompte profiter de son atelier fédé-ratif pour relancer la question de lasanté mentale en milieu de travail.Il serait illusoire de croire que, dansle domaine de l’éducation, les chosesse sont améliorées à ce niveau. Mal-gré la sensibilisation et la préven-tion en milieu de travail, les casd’épuisement professionnel conti-nuent de se multiplier.

C’est pourquoi le comité a pourobjectif de revisiter la session deformation qu’elle a donnée il y aquelque temps afin de l’actualiser.Il s’agira, entre autres choses, deprévoir des mécanismes de réinser-tion au travail ainsi que des outilsconcrets de prévention. !

SANTÉ, SÉCURITÉ ET ENVIRONNEMENT

Notre bilan et nos perspectivesLe comité santé, sécurité et environnement de la FNEEQ a été très actif

cette année, et il le sera aussi d’ici le conseil fédéral de juin,pour lequel il prépare une activité bien spéciale.

Kathryne SavardComité santé, sécurité et environnement

PHOTO:FRANCE

DÉSAULNIERS

Page 17: Carnets numéro 24

CARNETS 24 – PRINTEMPS 2011 17

La FNEEQ est fière de faire partiedu comité organisateur de ce col-loque et de la délégation large deses membres qui vont y participer.Parce qu’il s’agit d’une responsabi-lité sociale importante qui prendtout son sens en éducation, la luttecontre l’homophobie est un dos-sier important pour la FNEEQ, tantpour les étudiantes et les étudiantsqui fréquentent les établissementsoù nous enseignons que pour nosmembres faisant partie des minori-tés sexuelles.

La volonté politique de la FNEEQ àcet égard est claire et ses actionss’inscrivent dans cette optique. Àtitre d’exemple, la chercheure LineChamberland, de l’UQAM, a été in-vitée à quelques reprises pour pré-senter ses travaux, axés sur l’état deslieux en matière d’homophobie etde ses impacts, dans les milieux detravail en général mais aussi, en par-

ticulier, dans le milieu de l’éduca-tion, tant au niveau secondaire quecollégial.

Dans le domaine de la lutte contrel’homophobie, le chantier est encorevaste. L’égalité juridique au Canadavient à peine d’être totalement at-teinte, en 2005, pour les lesbienneset pour les gais. Ce n’est cependantpas encore tout à fait le cas pour lespersonnes transsexuelles ou trans-genres.

La première difficulté à laquelle seheurtent souvent les militantes etles militants, c’est le déni de l’exis-tence d’une problématique d’ho-mophobie dans leur milieu, si cen’est pas carrément le déni de laprésence même de personnes desminorités sexuelles dans leurs clas-ses ou parmi leurs collègues. Malgréles avancées juridiques, l’égalité so-ciale n’est pas du tout atteinte et lerefuge du « placard » est encore ce-lui qui semble le plus sécuritaire,pour beaucoup de personnes desminorités sexuelles.

Reconnaissant cette réalité, le mi-nistère de la Justice a institué saPolitique québécoise de lutte contrel’homophobie et un groupe intermi-nistériel planche actuellement sur leplan d’action qui découlera de cettepolitique. La lutte contre l’homo-phobie, c’est l’affaire de toutes etde tous, car c’est une question dedroits humains fondamentaux.

Mais nous pouvons et nous devonsagir de notre côté sur le terrain. Ilrelève de la responsabilité concrètedes syndicats de s’affirmer claire-ment et explicitement contre l’ho-mophobie, afin que leurs membreséventuellement victimes de discri-mination homophobe soient suffi-samment en confiance pour recou-rir aux services de leur comité exé-cutif.

Malheureusement, à ce chapitre etpour l’instant du moins, il a été dé-montré que les travailleuses et lestravailleurs victimes d’homophobiene se sentent pas plus en confianceavec leur syndicat qu’avec leur em-ployeur (Chamberland, 2008).

À la FNEEQ, convaincus de l’effica-cité d’un rejet explicite de l’homo-phobie, nous recommandons à nossyndicats affiliés de pousser lesconseils d’administration de leurétablissement à adopter une réso-lution ou une déclaration contrel’homophobie. Évidemment, nousles invitons également à adopter enassemblée générale une résolutionsimilaire et à souligner périodique-ment cette prise de position par desactivités de sensibilisation.

Les syndicats ayant fait cette démar-che sont invités à devenir membredu Réseau des alliéEs-CSN, un gestequi sera souligné lors de la présen-tation du bilan du Comité nationalLGBT de la CSN, en mai prochain. !

La lutte contre l’homophobie,bien vivante à la FNEEQ

Cette édition de Carnets paraît à quelques jours d’un important colloque organisé pour faire le point et pouragir contre l’homophobie dans le réseau de l’éducation. Sous le thème Briser le silence une responsabilitéà partager, ce colloque va réunir plus de 400 participantes et participants du monde de l’éducation; il vapermettre une réflexion en profondeur sur l’état de la lutte contre l’homophobie, un échange d’idées sur lesactions àmettre en place dans tous les milieux et contribuer demanière importante à dynamiser la volontéde changer lesmœurs dans le domaine de l’homophobie, une entreprise qui est loin, très loin d’être achevée.

PHOTO:FRANCE

DÉSAULNIERS

Dominique DubucEnseignante au cégep de Sherbrooke

Page 18: Carnets numéro 24

18 CARNETS 24 – PRINTEMPS 2011

Sur le plan salarial, le nouveaucontrat prévoit des augmentationsd’un peu plus de 16% étalées sur lesquatre années de la convention,soit jusqu’en 2014. Le taux moyend’une charge de cours à l’UQARsera alors de 9380 $. De plus, le mon-tant forfaitaire pour l’achat de ma-tériel passera de 70 $ à 75 $ par coursà compter de 2012. L’entente prévoitégalement une indemnité de départà la retraite pour les personnes endouble emploi dont le principalemployeur n’est pas l’UQAR etl’ajout de congés de compassion. Ladistance à parcourir pour bénéficierde la rémunération du temps de dé-placement a été réduite de 50 km,passant à 150 km et une rémunéra-tion sera dorénavant accordée auxpersonnes en période de probationpour leur participation aux activitésde pédagogie universitaire.

En plus de la bonification de quelquesclauses normatives, les parties sesont engagées à discuter en sous-

comité les questions de congé entraitement différé, de modificationde la clause des exigences de quali-fication pour l’enseignement selonun modèle en édification à l’Uni-versité du Québec à Chicoutimiainsi que de l’utilisation de l’Intra-net pour l’attribution des cours.

L’Université s’est également engagée àtravailler de concert avec le syndicatpour la bonification du régime de re-traite ainsi qu’à poursuivre les discus-sions pour instaurer un régime d’as-surance invalidité de longue durée.

Selon Louise Bérubé, présidentedu SCCCUQAR, cette entente per-met d’atteindre les objectifs fixéspar l’Assemblée générale tout en as-surant l’ouverture nécessaire pourpoursuivre les travaux sur des sujetsimportants qui exigent une concer-

tation avec les autres syndicatsde chargés de cours, comme le ré-gime de retraite et l’assurance in-validité.

Rappelons que le SCCCUQAR est ledeuxième syndicat de l’actuel cyclede négociation regroupée à conve-nir d’une entente après le Syndicatdes chargées et chargés de cours del’Université de Montréal. Au mo-ment d’écrire ces lignes, les Syndi-cats des chargés de cours de l’Uni-versité du Québec en Outaouais,de l’Université Laval et de l’Éduca-tion permanente de l’UniversitéConcordia sont en pourparlersavec leur employeur pour le renou-vellement de leur convention col-lective. Quant aux chargés de coursde l’Université du Québec à Mont-réal, ils amorcent la préparation deleur négociation. !

NÉGOCIATION REGROUPÉE

Un nouveau contrat de travailà Rimouski !

Les membres du Syndicat des chargées et chargés de cours de l’Universitédu Québec à Rimouski (SCCCUQAR) ont adopté le 21 février dernierl’entente de principe intervenue entre leurs représentants et l’UQAR.

Claire TremblayDéléguée à la coordinationdu regroupement université

PHOTO:M

ICHELGIROUX

PHOTO:BRUCE

TOOMBS

Page 19: Carnets numéro 24

CARNETS 24 PRINTEMPS 2011 19

Pourquoi une telle campagne?

Eh bien, disons que nous avonssenti le besoin de rendre compte dela richesse que représentent leschargés de cours, les tuteurs en for-mation à distance, les superviseursde stages, les chargés d’enseigne-ment, ceux de formation pratique,les chargés de clinique et les ac-compagnateurs ou coachs en for-mation musicale. Nous croyonsqu’ils sont encore peu et malconnus de la population en géné-ral et parfois même de la commu-nauté universitaire.

Ce sont eux qui côtoient dans unegrande proportion les étudiantes etles étudiants de premier cycle, c’estdonc dire qu’ils sont souvent unpremier contact avec l’université.On estime que près de 60 % deschargés de cours des universités cu-mulent plus de 15 ans d’expérience

de travail à l’extérieur de l’univer-sité et que le même pourcentage aacquis plus de 15 ans d’anciennetécomme chargé de cours, on nes’étonnera pas de la diversité deleurs expertises et de leurs activitésprofessionnelles ! Certains en fontleur unique profession, d’autres lajumelle à un autre emploi ou à desactivités de recherche et de créa-tion, mais tous ont un point com-mun: ils aiment enseigner.

Quels sont les moyens utilisés ?

Bien sûr, nous avons produit desoutils de visibilités traditionnels :affiches, bannières et signets, maisnous avons voulu également luidonner un élan résolument actuelet nous avons fait en sorte d’inscrirela campagne dans les médias élec-troniques. Nous avons créé un siteWeb dédié, chargesdecours.com,dans lequel on peut, entre autres,visionner des vidéoclips de quatreporte-paroles. Nathalie Ebnoether,tutrice à la Télé-université et char-gée de cours à l'UQAM, NicoleTardif, chargée de cours à l'UQAR età l'Université Laval, CarolineMartin, chargée de cours à l'UQATet Thomas Collombat, chargé decours à l'Université de Montréal ytémoignent de leur engagement. Deplus, le site est une plateforme évo-lutive et tous les chargés de cours quile souhaitent peuvent y contribuer

pour relater la façon dont leur expé-rience bonifie leur enseignement.On y inscrit également des nouvellesles mettant en scène. Nous avonségalement conçu une page Face-book afin de partager la campagneet de divulguer des événements, dementionner des publications, desprix, des mentions, bref, les bonscoups réalisés.

Et quels sont les objectifs ?

Nous souhaitons que cette cam-pagne de visibilité en soit une devalorisation et le reflet de ce quenous sommes. Et si nous avonschoisi de nous inscrire dans lamouvance des médias sociaux,c’est que nous croyons que cela fa-vorisera une diffusion plus large denotre message et une meilleurecompréhension du rôle des char-gées et chargés de cours dans lesuniversités au Québec. C’est im-portant, d’autant plus que le lan-cement de cette campagne s’inscritau début d’un cycle de négociationregroupée et que la question desconditions de travail des chargéeset chargés de cours est en lien di-rect avec la reconnaissance de leurapport à l’enseignement universi-taire. Bref, nous tenons à avancersans gêne que la contribution deschargés de cours est essentielle auxuniversités et qu’ils y sont pré-sents… pour longtemps ! !

J’enseigne à l’université et…Une campagne de visibilité du XXIe siècleLe regroupement université de la FNEEQ a profité de la Journée nationale des chargés de cours, que l’on soulignedepuis plusieurs années le 22 novembre, pour lancer une nouvelle campagne de visibilité. Afin de faire connaîtrela diversité des expertises et des expériences des chargées et chargés de cours ainsi que leur impact sur la qualitéde la formation offerte par les établissements universitaires, cette campagne est menée principalement dans lesmédias sociaux. Entretien avec Claire Tremblay, déléguée à la coordination du regroupement université.

PHOTO:JULIADAUS

France DésaulniersConseillère aux communications

Page 20: Carnets numéro 24

20 CARNETS 24 – PRINTEMPS 2011

La question de l’égalité entre leshommes et les femmes est égale-ment d’actualité à la CSN. En effet,lors du conseil confédéral de mars2010, cette dernière a adopté unemise à jour du Programme d’accès àl’égalité (PAE), renommé Program-me pour l’accès à une représenta-tion équitable des femmes (PAREF).La CSN a adopté un plan d’actionpour faire connaître ce programmequi comprend notamment, à partirde l’automne 2011, une campagnede sensibilisation auprès des syndi-cats affiliés. Le comité femmes pré-voit recevoir les responsables de lacondition féminine de la CSN lorsd’un prochain conseil fédéral.

Nos actions actuelles

Déjà, le 7 juin 2010, les discussionsavec les militantes ont fait émerger

des pistes significatives relatives auxmotivations qui les amènent à mili-ter. Plusieurs mentionnent être tom-bées dans la marmite très jeunes !Filles de militants, de syndicalistes,elles ont été mises en contact avecdes valeurs sociales fortes au sein deleur famille. Un grand nombre mi-litait déjà dans les associations étu-diantes et leur engagement syndicalest en continuité. Toutes se disentanimées par un désir de défendreles droits individuels et collectifs.D’autres précisent qu’elles ont com-mencé à s’impliquer parce qu’on lesavait sollicitées (certaines à plusieursreprises) et le plus souvent, on adû les convaincre qu’elles avaientles compétences pour occuper desfonctions au sein du syndicat !

Du côté des obstacles, la concilia-tion famille-travail est un des élé-ments importants identifiés parles participantes. Nombreuses sontcelles qui ont précisé que leur enga-gement syndical a été possible àpartir du moment où les enfants«ont été plus grands». Cet obstacleprend encore plus d’importancelorsque cet engagement demandedes déplacements et des réunionsen dehors des heures habituelles detravail ou sur plusieurs jours. Laméconnaissance de l’action syndi-cale et la perception du syndicalismecomme étant un lieu de confronta-tion dans lequel les femmes ne se

sentent pas très à l’aise ont égale-ment été mentionnés comme freinsà leur engagement.

La tournée actuelle nous amène àrencontrer les syndicats en prove-nance de nos trois regroupementsdans plusieurs régions du Québec.Si les mêmes constats ressortent denos échanges, d’autres s’ajoutent,et un rapport complet sera produità la fin de nos rencontres et présen-té au conseil fédéral.

Toutefois, on peut d’ores et déjàaffirmer que ces actions du comitéfemmes pour aller à la rencontredes militantes et des militants de laFNEEQ sont des plus instructives.Elles nous permettent de mesurerles enjeux de la militance des fem-mes et nous amènent à discernerdes moyens et des actions à déve-lopper pour soutenir les syndicatset les femmes dans leur action syn-dicale. !

GRAPHISME:NATHALIEBLOUIN

COMITÉ FEMMES

Sur la route des militantesDepuis l’automne 2010, lesmembres du comité femmes sonten tournée, elles ont visité, ou visiteront, une quinzaine desyndicats. Nous souhaitons obtenir le portrait de lamilitancedes femmes dans les organisations syndicales, de relever cequi les motive à militer et aussi d’identifier les obstacles àleur participation. Par ces rencontres,nous voulons identifier les moyens quela FNEEQ peut développer pour favoriseret éventuellement augmenter la présencedes femmes tant aux instances fédéra-tives que dans celles des syndicats. Cettetournée, ainsi qu’un dîner discussion tenule 7 juin 2010 lors du conseil fédéral,correspondent à undesmandats de notre

plan de travail qui est de « viser à hausser et à renforcer laprésence des femmes dans les structures et les instancesdes syndicats et de la fédération », car bien que les femmesforment lamoitié dumembership de la FNEEQ, cette propor-tion n’a jamais été atteinte dans nos instances.

Les membres du comité femmessont : Raymonde Simard, chargéede cours, Université du Québec àRimouski, regroupement univer-sité, Annie Pomerleau, enseignante,École Pasteur, regroupement privé,CaroleMorache, enseignante, CollègeMontmorency, regroupement cégep,Caroline Senneville, secrétaire géné-rale, FNEEQ, responsable politique

PHOTO:FRANCE

DÉSAULNIERS

CaroleMoracheComité femmes FNEEQ

Page 21: Carnets numéro 24

CARNETS 24 – PRINTEMPS 2011 21

En termes d’égalité des sexes, lesprogrès sont certes visibles, maislents et inégaux. Alors que nombrede pays ont mis, ou sont en train demettre en place des législations vi-sant à assurer l’égalité des sexes, onobserve bien trop souvent que cela

ne se reflète pas toujours dans la viequotidienne des femmes et desfilles. Ainsi, encore aujourd’hui,70 % des personnes analphabètesdans le monde sont des femmes.

Participation des femmesà la vie syndicale

Comme notre fédération, l’IÉ sepréoccupe également de la place desfemmes dans ses syndicats affiliés etdans ses propres structures. Laconférence a livré les résultats d’unevaste consultation parmi les affiliésde l’IÉ et a constaté que, plus le lieude pouvoir est important, moins ony retrouve de femmes. Par exemple,le nombre de vice-présidentes de-meure toujours plus important quecelui de présidentes. Sans surprisenon plus, on constate que partoutdans le monde, les femmes sont

surreprésentées en enseignementpréscolaire et primaire, et beaucoupmoins présentes en enseignementsupérieur et en recherche. Ainsi,dans le monde, seulement 29% deschercheurs sont des femmes.

Responsabilité syndicale

Enfin, la conférence a reconnu lerôle et la responsabilité des syndi-cats à la création d’un monde ancrédans l’égalité des genres, mais a éga-lement souligné que ce rôle seraitplus crédible si les syndicats travail-laient et parvenaient à établir cetteégalité dans leurs propres rangs. !

Caroline SennevilleSecrétaire générale de la FNEEQResponsable du comité femmes

PHOTO:NATHB

PHOTO:INTERNATIONALEDE

L’ÉDUCATION

INTERNATIONALE DE L’ÉDUCATION

Première conférence des femmesC’est sous le thème «Objectif égalité » que près de 400 femmes en provenance de 87 pays se sontréunies à Bangkok pour la première Conférence des femmes de l’Internationale de l’Éducation (IÉ).

Bien que toujours préoccupée par la question de l’égalité des genres, c’était la première fois que l’IÉréunissait ses membres féminins pour discuter notamment de l’accès à l’éducation des filles et desfemmes ainsi que de la participation des enseignantes à leur vie syndicale. Ces discussions vont servirde base pour l’élaboration de résolutions et d’un plan d’action qui seront présentés lors du 6e Congrèsmondial de l’IÉ devant se tenir en juillet 2011.

Page 22: Carnets numéro 24

22 CARNETS 24 – PRINTEMPS 2011

Le congrès de la CSNapproche à grands pas...

CC. : Oui et la conjoncture nousamène à prendre acte du cynismeincroyable qui prévaut au sein de lasociété québécoise ! À la CSN, nouscroyons que nous sommes une

force vive et que nous sommes uneorganisation qui peut transformerles choses. On veut proposer desidées, on veut se projeter dansl’avenir, dessiner le genre de sociétéque nous voulons. Je souhaite sur-tout un congrès ultra stimulantpour les délégué-es. Nous aime-rions, qu’à l’issue du congrès, nousayons dégagé un très fort consen-sus quel que soit le secteur d’acti-vité, la taille du syndicat, que nousrepartions avec un plan de matchet que tous ensemble on aille dansla même direction.

Des grands thèmes ?

On veut s’attaquer à redéfinirquelques éléments d’un pacte so-cial avec deux ou trois théma-tiques. On veut quelque chose de

concret, quelques axes sur lesquelsnous pourrons nous déployer.

Notre axe central, c’est la lutte auxinégalités. C’est ce qui est au cœurde notre mission et cette questions’accentue dans la conjoncture ac-tuelle. On le voit dans les milieux detravail, avec l’éclatement des statutsd’emploi. On le voit avec la mon-dialisation, avec la dernière crise.On le voit dans la société où il y ades attaques énormes contre l’État,son rôle de redistribution, et contreles services publics.

Un deuxième axe, c’est le modèle dedéveloppement de société. On veutquelque chose d’intégré, proched’un concept de développement du-rable. Nous avons des défis à relever.Par exemple, dans le secteur manu-facturier, il y a une crise importante,mais il y a aussi un espace à utiliserpour penser le secteur manufactu-rier de demain. Comment «verdir»davantage les emplois? Commentorienter les productions vers de sec-teurs porteurs d’avenir? Commentdévelopper des emplois de qualité?

Dans le modèle de développement,il y a aussi la prise de conscience.Nous voulons penser des projets dedéveloppement qui interpellentl’ensemble de la société, qui sont enphase avec nos valeurs et qui sontune source de richesse collective.On doit être porteur d’une nouvelle

Vers le 63e Congrès de la CSN !Un congrès, pour une organisation, c’est toujours unmoment charnière. Unmoment-clé pour recomposer les forceset repenser l’action collective. Le congrès de la CSN ne fait pas exception, et cela s’avère d’autant plus exact cetteannée, alors que lemouvement syndical est fortement interpellé. Claudette Carbonneau, présidente sortante dela CSN, et Jacques Létourneau, adjoint au comité exécutif, nous tracent les grandes lignes des travaux préparatoires.

PHOTO:JULIADAUS

PHOTO:MICHELGIROUX

France DésaulniersConseillère aux communications

Page 23: Carnets numéro 24

vision, d’un nouveau modèle dedéveloppement qui arrime mieuxles préoccupations sociales, envi-ronnementales et qui est capablede consolider des choses tout enétant créatif. Il faut amorcer unepremière réflexion sur l’autonomieénergétique du Québec.

Le troisième axe, c’est le syndica-lisme lui-même. Il nous faudra pré-ciser la question de l’unité, et je nepense pas ici à l’unité organique !Il y a une volonté qui s’exprime ausein du mouvement syndical etc’est de resserrer les liens et de s’en-tendre sur un certain nombre dechoses. En ce sens, la fondation del’Alliance sociale est un bel exem-ple. Je trouve que cela doit dépasserle cadre du mouvement syndical etaller vers le mouvement commu-nautaire. On veut se pencher égale-ment sur nos «performances» ennégociation, sur nos approches, surnotre rapport de force, sur la mobi-lisation, sur l’international…

Autour de ces trois axes, il y a ma-tière à nous redéfinir comme acteurde transformation, telle une forceagissante et rassembleuse, non seu-lement pour les membres de la CSN,mais également pour l’ensemble dela société.

JL. : Quand on fait l’analyse de laconjoncture, un mot nous vient entête, le mot crise. Il y a une multi-tude de crises : économique, envi-ronnementale, alimentaire – dansune moindre mesure chez nous –,politique, si on regarde commentvont les choses partout dans lemonde et qu’on assiste à la montéede la droite dans les pays occiden-taux. On pourrait être découragé,mais je crois que cela milite aucontraire pour un congrès qui seraporteur d’espoir. Nous, ce qu’ondit, c’est justement, un peu à l’ins-tar du congrès de la Confédérationsyndicale internationale de juin2010, c’est qu’il faut des perspec-tives sur lesquelles nous pouvonsagir, construire et proposer un

certain nombre de chantiers syndi-caux accessibles. Nous voulons vé-rifier avec les militantes et les mili-tants si ce qu’on propose est faisa-ble ou non ! Les propositions quenous soumettrons seront nouvelles,nous ne voulons pas voter ce qui l’adéjà été ! Lors du dernier congrès,on parlait déjà de la financiari-sation de l’économie, on posait laquestion de la responsabilité sociale

des entreprises, on posait la ques-tion environnementale. Ce qu’onveut en 2011, c’est aller plus loin.On veut que les syndicats s’appro-prient ces questions et nous seronslà pour les accompagner, les outil-ler. Voilà le défi, et cela nécessite uneffort de concertation. À l’issue ducongrès, cela sera clair. Nous nevoulons pas adopter une panopliede résolutions qui resteront debelles intentions !

CC. : Honnêtement, dans la sociétéquébécoise, le syndicalisme est deplus en plus perçu comme un outild’analyse, lié au renouvellement dumouvement syndical. Nous avonsune vision, on pense les choses au-trement. La jonction avec les jeunesgénérations est nécessaire. Les me-sures pragmatiques sont attirantes

et essentielles. Nous avons une belleoccasion à saisir !

Par exemple, si je pense à la réflexionentourant le commerce équitable.C’est là une vision du monde, dupartage de la richesse, il y a là unepart d’idéalisme. Eh bien, plus dutiers des syndicats membres de laCSN se sont mis en marche sur cettequestion ! C’est changer le mondeun geste à la fois. Pour moi, c’estune vision du monde, c’est la capa-cité de porter des idéaux qui entraî-nent des changements.

Pourquoi participer au congrès

C’est une question essentielle ! LaCSN, sans ses syndicats, et sans pré-sence sur le terrain pour changerles choses, ne serait qu’un conceptabstrait. La participation des délé-gué-es est un maillon indispensablede l’action syndicale. Entre la CSNet ses syndicats, il y a une relationdynamique ! On veut mesurer lajustesse de certains points de vue,on veut être à l’écoute de sugges-tions. Nous apportons des recom-mandations et les propositions quenous adopterons seront élaboréespar l’ensemble des délégué-es enplénière et en ateliers. Et c’est ce quidevient un levier pour transformerles choses.

JL. : Pour situer le mouvement syn-dical comme acteur de changementsocial, il faut que le rapport aux

CARNETS 24 – PRINTEMPS 2011 23

PHOTO:MICHELGIROUX

PHOTO:M

ICHELGIROUX

Page 24: Carnets numéro 24

syndicats s’exerce au congrès. Sinon,on a un problème! Je pense qu’ilfaut inviter les délégué-es au congrèsà s’exprimer ouvertement. Est-ceque nos revendications misentjuste? Le congrès, c’est un exercicefondamental.

Les syndicats,une force de changement

CC. :Nous devons faire en sorte queles propositions se traduisent enactions. Il y en a qui disent que lemouvement syndical est trop fort,ce sont des gens auxquels les opi-nions que l’on émet déplaisent.D’autres perçoivent que l’on n’a pasla force que l’on veut nous prêter…Cela m’amène à dire qu’il faut quenos propositions se concrétisent.Sommes-nous aussi performantsdans l’action que dans l’analyse ?C’est la question que je souhaiteposer et le congrès est l’endroit pouren débattre !

JL. Par exemple, tôt ou tard, il vafalloir changer nos modes de pro-duction énergétiques. On connaîtles enjeux. Alors, est-ce qu’on doitsubir ces enjeux ou proposer desmodèles alternatifs? Bien sûr, la ges-tion de la convention collective estnécessaire, mais on pourrait stimu-ler la quotidienneté syndicale pourdes actions concrètes. Par exemple,on pourrait mesurer l’empreinteécologique de notre travail. Il fautprendre le temps de penser pouragir autrement. Il faut réfléchirnotre action syndicale.

CC. : Un moyen important de lalutte aux inégalités, c’est la défensedes services publics, notamment laquestion de l’éducation. C’est unélément des plus structurants etporteur pour générer plus d’égalitédans une société, pour permettreaux individus de développer leurpotentiel et de pouvoir y jouer unrôle. La FNEEQ et la CSN ont tra-

vaillé pour faire en sorte que l’édu-cation soit une priorité nationale. Ily a un espace au congrès pour dis-cuter de cette question. Alors que70 % des nouveaux emplois vontnécessiter une formation postse-condaire collégiale ou universitaire,dans un contexte où l’on fait le dé-bat sur l’augmentation des droitsde scolarité avec les impacts pourles enfants de la classe moyenne,il faut se questionner. Une étudede l’OCDE démontre que c’est lamixité qui demeure un gage deréussite. Ce n’est pas un blâme pourles gens qui envoient leurs enfantsà l’école privée, le débat n’est pas là.Mais il y a quand même un phéno-mène inquiétant et une réflexion àfaire là-dessus. !

C’est donc un rendez-vous !Note : le 11 mars, Claudette Carbonneauannonçait lors du conseil confédéralqu’elle ne solliciterait pas un nouveaumandat à la présidence.

24 CARNETS 24 – PRINTEMPS 2011

Page 25: Carnets numéro 24

Les altermondialistes pensentqu’un autre monde est possible.Ils sont nombreux, ils viennentde différents courants de gauche,ils veulent élargir l’action poli-tique au-delà des partis et depouvoir politique.

Micheline ThibodeauVice-présidente de la FNEEQResponsable du comité d’action internationale

Depuis 2001, année du premierForum social de Porto Alegre, les fo-rums sociaux qu’ils soient thémati-ques, régionaux ou internationaux,respectent la Charte des principesdu Forum social mondial. Rappe-lons-en quelques-uns : oppositionau néolibéralisme, ouverture à toutcourant idéologique pour des projetsalternatifs, absence formelle departis politiques. Ces forums consti-tuent des espaces ouverts de discus-sion. Bien sûr, quelques conférencess’y tiennent, mais fondamentale-ment ce sont les ateliers autogérésqui constituent les lieux d’échangesentre les participantes et les parti-cipants. Ce fonctionnement répondaux objectifs de favoriser le plusd’échanges d’expériences et depoints de vue entre les altermon-dialistes de toute origine, de créerdes convergences et des nouvellesalliances stratégiques.

Forummondial pourl’éducation en PalestineEn octobre 2010, une délégation decinquante Québécoises et Québé-cois, dont une vingtaine de mem-bres de la FNEEQ, a participé auForum mondial pour l’éducationqui s’est déroulé en Palestine. Ceforum avait deux objectifs : échangersur nos pratiques, réfléchir sur lesorientations éducatives avec des en-seignantes et des enseignants venusde partout et permettre à des Pales-tiniennes et à des Palestiniens d’y

participer, étant emprisonnés dansleurs territoires militairement occu-pés. Le deuxième objectif était demontrer notre solidarité envers lepeuple palestinien dans sa lutte pourla reconnaissance de leur pays, volé.Notre séjour fut bref, mais intense.Parler d’éducation à la paix, à la jus-tice, montrer l’importance de laCharte des droits de l’homme dansun contexte d’occupation militaire,de violence, d’apartheid manifesteest le signe pour ce peuple d’unemaîtrise de la volonté de préparerun avenir fondé sur des principes dejustice, d’équité et d’égalité entre lespersonnes et entre les peuples. Bienau-delà du ressentiment et de lavengeance. Bien au-delà de la haine.Tant les échanges avec les Palesti-niennes et les Palestiniens que ceque nous y avons vu : vol des terrespar l’implantation continue de co-lonies de peuplement, rationne-ment de l’eau d’un côté du murseulement, intimidation violenteet constante. L’indignation fut unsentiment partagé par tous lesmembres de la délégation.

Forum social mondial de DakarEn janvier, la FNEEQ a participé auForum social international de Dakar.Une dizaine de personnes faisaientpartie de la délégation de la CSN etenviron 200 Québécoises et Québé-cois ont participé au forum. Ce futlà encore une expérience très im-portante. D’une part nous avons étésensibilisés à la situation politique etsurtout économique du continentafricain. Les exigences du Front mo-nétaire international et de la Banquemondiale par l’application de lapolitique d’ajustement structurel(PAS), font des ravages. Les inégali-tés entre les riches et les pauvressont de plus en plus criantes, ame-nant leurs cortèges de misère hu-maine : violence, inégalité entre leshommes et les femmes, analphabé-

tisation, soins de santé réservées àune élite.

Les ateliers regroupaient des partici-pantes et des participants de tous leshorizons, ceux auxquels nous avonsparticipé portaient sur la situationdes femmes, sur l’accès à l’éducation,dans bien des cas il s’agit d’accès àl’école primaire, des nombreusescrises planétaires : financières, écolo-giques, alimentaires, etc. Nous avonsaussi participé aux ateliers portantsur la Palestine, plus particulière-ment sur la campagne BDS, où nousavons interpellé tous les participants(beaucoup de représentants afri-cains) sur l’importance de la mon-dialisation de la campagne. Ajou-tons que la tenue d’un Forum socialportant sur la Palestine en 2012, àPorto Alegre devrait se réaliser.

L’un des ateliers, organisé par laConfédération syndicale internatio-nale à laquelle est affiliée la CSN, por-tait sur la pertinence pour les organi-sations syndicales de participer à cesévénements. À l’instar de plusieursintervenants, Louis Roy, vice-prési-dent de la CSN, a affirmé la nécessitéde participer au FSM pour construirecet autre monde possible avec l’en-semble des mouvements sociaux.L’isolement syndical n’est pas lechoix de la CSN, ici comme ailleurs.Point de vue que nous partageons.

Prochain Forum socialà Montréal ?Enfin, il y a dans l’air la possibilitéque le prochain Forum social inter-national se tienne à Montréal, à l’été2013. Ce serait une première dansl’hémisphère Nord. Au Québec,nous avons maintes fois fait ladémonstration de notre engage-ment altermondialiste : manifesta-tion contre la guerre en Irak, Forumdes peuples de 2001, forums sociauxrégionaux, etc. !

CARNETS 24 – PRINTEMPS 2011 25

LES FORUMS SOCIAUX

Lieux de rassemblement des altermondialistes

Page 26: Carnets numéro 24

26 CARNETS 24 – PRINTEMPS 2011

Jean Trudelle et France Désaulniers

Dans le cadre de cette opération demise à jour, le Groupe de travail surles politiques en éducation organisait,les 15 et 16 mars dernier, deux jour-nées de réflexion sur les grands en-jeux qui nous attendent, conviantmilitantes et militants de tous sessecteurs à penser maintenant l’édu-cation de demain. Plus de 140 per-sonnes, dont plusieurs dizaines dedélégué-es de la FNEEQ, ont répon-du à l’appel et les commentairesrecueillis, à la suite de ces journées,étaient plus qu’enthousiastes.

Les journées ont débuté par unebrève allocution de ClaudetteCarbonneau, présidente de la CSN,qui a réaffirmé les principes qui onttoujours été à la base des interven-tions de la CSN en matière d’édu-cation, en particulier l’égalité deschances et l’importance d’un réseaupublic offrant une éducation uni-verselle, gratuite et de qualité. Afinde faciliter une contribution activedes participantes et des participants,les deux journées de réflexion ontété surtout axées sur des discus-sions en ateliers.

Deux conférences très appréciées

En ouverture, deux chercheurs ontété invités à livrer le contenu deleurs réflexions. Le premier confé-rencier, Maxime Ouellet, chargé decours au département de sociologiede l’UQAM et chercheur associé àl’Institut de recherche en informa-

tion socio-économique (IRIS) a sou-levé le paradoxe que constitue l’ex-pression « économie du savoir ».Selon lui, il s’agit de notions anti-nomiques, en ce sens que le savoirn’est pas un bien exclusif, commel’est par exemple un outil qu’unepersonne ne peut utiliser si quel-qu’un d’autre s’en sert. À moins dedérives majeures, le savoir n’a paspar essence une valeur d’échange.Mais les tendances observées dansle milieu de la recherche universi-taire, vers laquelle se tournent deplus en plus les entreprises privéespour diminuer les coûts et les risquesde l’innovation, laisse songeur à cetégard. Le recours à cette forme desous-traitance, dans un contexte oùles retombées des applications com-mercialisables profitent essentielle-ment aux entreprises, ne constitue-t-il pas un détournement de la mis-sion des universités en matière derecherche ?

Le deuxième conférencier était PaulBélanger, professeur à la Faculté dessciences de l’éducation de l’UQAM etbien connu à la CSN; il a présenté savision des enjeux qui entourentl’éducation tout au long de la vie. Àson avis, les déterminants de la per-sévérance scolaire dépassent le cadrede l’école et incluent plusieurs fac-teurs socioéconomiques qu’il fautprendre en compte… au plus tard àla naissance de l’enfant ! Pour lui, laconstruction de soi et du savoircommence dès les premiers mois dela grossesse, ainsi qu’à la petite en-fance; ce constat, ajouté à celui des

bouleversements récurrents dansle monde du travail, milite en fa-veur d’une conception du droit àl’éducation qui puisse embrasserl’ensemble du parcours d’une vie.M. Bélanger a insisté sur l’impor-tance d’inclure dans les conventionscollectives des dispositions permet-tant d’une part, la formation et leperfectionnement, et d’autre part lacréation de comités paritaires sur laformation. Voilà qui peut donnerun sens concret au droit de se déve-lopper tout au long de la vie, uneorientation qui relève, selon lui, durespect et de la dignité des person-nes. Il a terminé son exposé par unecritique de l’accès à la formation con-tinue dans les cégeps, dont il dé-nonce l’accès très limité… un constatque nous partageons entièrement.

Denise Boucher, vice-présidente dela CSN, a indiqué, en conclusion desprésentations, que pour la CSN,l’éducation constituait un pôlecrucial dans la société, que la CSN atoujours milité en faveur de son ac-cessibilité et de sa démocratisation.

Des échanges dynamiques

À la suite de cette mise au jeu, qua-torze ateliers se sont tenus, centréssur quatre thèmes : les bouleverse-ments et les remises en question desécoles québécoises, le collégial etson renouveau et enfin, le rôle et lesdéfis du monde universitaire.

Plusieurs sujets furent abordés sousle thème de l’égalité des chancespour toutes et pour tous : décrocha-

JOURNÉES DE RÉFLEXION DE LA CSN

Pensons maintenantl’éducation de demain !Consciente de l’importance primordiale que doit prendre l’éducation pour l’avenir dela société québécoise, la CSNs’est attelée l’automnedernier à la tâchedemettre à joursaplateformeenéducation. Lesprincipes fondateurs de celle-ci, adoptée en 1991, sonttoujours d’actualité, mais la plateforme méritait d’être revue, non seulement pouractualiser les positions de la CSN en regard du contexte,mais aussi pour en favoriserle partage, l’analyse et l’enracinement.Rappelons que la compositionmultisectoriellede la CSNoffre aux syndicats d’enseignantes et d’enseignants un forumextraordinairepour faire connaître leur vision de l’éducation et pour faire valoir leur expertiseprivilégiée, basée sur un contact quotidien avec la réalité du terrain.

Le Groupe de travail sur les poli-tiques en éducation de la CSN estcomposé de représentantes et de re-présentants des conseils centraux etdes fédérations qui comptent desmembres dans le secteur de l’éduca-tion, soit la Fédération des profes-sionèles (FP), la Fédération desemployées et employés de servicespublics (FEESP) ainsi que de la Fédé-ration nationale des enseignantes etdes enseignants duQuébec (FNEEQ).

Page 27: Carnets numéro 24

CARNETS 24 – PRINTEMPS 2011 27

ge scolaire et accès aux diplômes,intégration des élèves handicapésou ayant des troubles d’apprentis-sage ou de santé mentale. Une mul-titudes de préoccupations ont faitl’objet d’échanges et de débats : lesous-financement du système d’édu-cation, les besoins de la formationtechnique et de la formation profes-sionnelle, la persévérance et la réus-site au collégial et à l’université, laprivatisation et les nouvelles formesde concurrence, les effectifs émer-gents, les droits de scolarité, le déve-loppement régional et économi-que, l’avenir de la recherche uni-versitaire… du pain sur la planchepour les rédacteurs de la futureplate-forme, qui ne manquerontcertainement pas de contenu !

Les discussions ont permis l’iden-tification de nouvelles lignes deforces, en vue des orientations queprendra la CSN dans sa nouvelleplate-forme. Les ateliers ont permisde riches échanges entre les person-nels des différents ordres d’ensei-gnement et de membres des fédéra-tions du secteur privé. Il semble clair,à la lumière des échanges, que l’édu-cation publique a besoin aujour-d’hui, et ce, plus que jamais d’unevalorisation sur la place publique.Plusieurs participantes et participantsont vivement dénoncé la vision uti-litariste de plus en plus présente ausein du réseau de l’éducation. S’ilapparaît évident que les travailleuseset les travailleurs ont besoin d’unaccès à la formation tout au long dela vie, l’éducation est trop souventvue sous la seule lorgnette des be-soins du marché du travail.

Deux journées bien remplies

En conférence de clôture, ChristianNadeau, professeur de philosophie àl’Université de Montréal, a porté unregard critique et captivant sur laconception de l’éducation qui estdéfendue par la droite morale auQuébec et au Canada, invitant lemouvement syndical à mieux affir-

mer ses convictions et à chercheren éducation comme dans d’autreschamps, en réponse au populismeambiant, à ramener de manièresystématique le débat public surles questions de fond. Les échangesont été fructueux et alimenteront

la réflexion des mem-bres du Groupe de travailsur les politiques en édu-cation qui entrepren-dront rapidement laphase suivante du tra-vail, soit la rédactiond’une nouvelle plate-forme dont on projettele lancement, après unevalidation notammentauprès des fédérations,lors du Conseil confé-déral de décembre 2011.

«Nous sommes persuadés que cesdeux journées auront permis d’ap-porter un nouvel éclairage à notreréflexion quant au présent et à l’ave-nir de notre système d’éducation,»a conclu Denise Boucher. !

Quelques nominations

Marc Rochette, enseignant au collège F.X.-Garneau, a été élu membredu bureau fédéral. Éric Kirouac, du Syndicat des professeur-es ducollège François-Xavier-Garneau a été élu au comité confédéral deslesbiennes, gais, bisexuels, transgenres (LGBT) de la CSN et finalement,Guillaume Fournier, enseignant au cégep de Saint-Laurent est nou-vellement élu membre du comité école et société de la FNEEQ !

Le virage médias sociaux!Constatant les immenses possibilités qu’offrent lesréseaux sociaux, la fédération a pris la décision d’êtreprésente sur Facebook. La page qu’elle y a créée n’apas pour but de remplacer ses autres outils d’infor-

mation, mais plutôt d’offrir des nouvelles plus ponctuelles, plusactuelles, d’ici et d’ailleurs. Si vous utilisez déjà Facebook, nous vousinvitons à ajouter la page de la FNEEQ à la liste de celles que vous« aimez »; si vous ne le faites pas encore, voilà une bonne occasion devous y mettre !

www.facebook.com/FneeqCSN

Nous sommes également sur Twitter, que nous appri-voisons à petits pas. Ce medium permet de diffuserrapidement de l’information à caractère ponctuel, en140 caractères.

www.twitter.com/FneeqCSN

Les fneequeries

PHOTO : MICHEL GIROUX

Page 28: Carnets numéro 24