CAT{ADIAN JOURMLOF SOIL SCIENCEVol. 53 May 1973 No. 2

CARACTERISATION D'UN PODZOL HUMO.FERRIQUE, LUVISOLIQUE, ETLITHIQUE A ESPRIT.SAINT, COMTE DE RIMOUSKI, QUEBEC

GERARD LAFLAMME,I ROGER BARIL,, Ct CHRISTIAN DE KIMPEs

'Le MinistDre de I'agriculture du Qudbec,"Ia F'acultd des sciences de I'agriculture et de I'alimentationde l(Jniversitd Laval, et "station de recherches, Agriculture Canada, Ste-Foy, Qudbec. Contribution

numdro 153 (Universiti Laval) et numlro 28 (Station de recherches, Agriculture Canada),regu Ie 2I juin 1972, accepti le 22 fev. 1973.

Lerr-elrtvrn, Grnlno, Be,nrr,, Rocrn aND DE Krurr, CnnrsrrlN. 1973. Caracte-risation d'un podzol humo-ferrique, luvisolique, et lithique i Esprit-Saint, comt6de Rimouski, Qu6bec. Can. J. Soil Sci. 53: 145-154.

La r6action, la pr6sence d'un horizon Ae gris pAle d brun trds p61e, la teneur enmatidre organique, en fer et aluminium libres extraits par le pyrophosphate,I'oxalate et le dithionite d6montrent que le sol Esprit-Saint possdde, selon lescritdres en usage, au Canada, un horizon B podzol. Par ailleurs, la teinte relative-ment plus pAle, la texture plus fine, la structure poly6drique fortement d6velopp6e'et les enduits plasmiques sur les pddes de l'horizon B t6moignent de l'horizonBt des sols luvisoliques, d'oir la pr6sence d'un horizon Bft. L'alt6ration relative-ment faible des micas en chlorite et en montmorillonite dans les horizons sup6-rieurs du solum et les critdres mentionn6s pr6c6demment attestent de la pr6senced'un podzol en pleine 6volution au sein d'un luvisol. Le terme de podzol humo-ferrique luvisolique est pr6f6r6 d celui de podzol textural d6ji utilis6 pour d6-signer les sols intergrades semblables.

A study based on some morphological, physical, chemical, and mineralogicalanalyses showed the development of a podzol-luvisol soil intergrade at Esprit-Saint, in Rimouski County. The strongly acid reaction, a white depleted Aehorizon, relatively large accumulations of illuvial organic matter, iron- and alumi-nium-free oxides in various extracts identified a podzol B horizon. However, arelatively pale color, a finer texture, strong subangular structure, and evident claycoatings on peds were evidence of the Bt horizons of the Canadian Luvisolicsoils. This sort of horizon would qualify as a Bft horizon. The relatively slightweathering of micas into chlorite and montmorillonite in the solum and the afore-mentioned criteria would indicate a Podzol evolution within a Luvisol. It is sug-gested that the former "Textural Podzol" concept be reconsidered. The termLuvisolic Humo-Ferric Podzol is suggested for similar soil intergrades.

INTRODUCTION fer et d'alumine et en argile. La pr6sence de

En 1g5g, le National soil Survey Committee I'argile illuvi6e, retenue comme critdre di-(NSSC) introduisait sur la suggestion de agnostique dans les sols gris bois6s, ne se

Millette et Langmaid du Nouveau-Bruns- rencontre pas dans les podzols, sauf dans

wick,dontlestravauxp6dologiquesneparur- certains podzols orthiques (Brydon 1965)'

ent que plus tard (Millette it rangmaid ces sols furent donc consid6r6s au point de

1964), un nouveau sous-groupe de solJassez vue g6n6tique comme des intergrades entre

singulier: le podzol textural, c'est-i-dire, un les podzols d'une part' et les gris bois6s

poJzol poss6dant un B-illuvial enrichi en d'autre part (NSSC 1958)' Ces derniers sont

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sur certains sols de la Nouvelle Ecosse assezsemblables au podzol textural invitaient cesauteurs d 6liminer le sous-groupe de podzoltextural.

La pr6sente 6tude a pour but de recon-sid6rer la place que pourrait occuper lepodzol textural dans le systdme canadien declassification des sols. A ce propos, un profild'un podzol du Qu6bec, celui de la s6rieEsprit-Saint, comt6 de Rimouski, form6 surdes mat6riaux calcaires assez semblables b.

ceux qui ont form6 maints sols du Nouveau-Brunswick, a 6t6 soumis b des 6tudes d6-taill6es aux points de vue morphologique,physique, chimique, et min6ralogique. A lasuite de prospections pr6liminaires dans lescomt6s de Rimouski et Matane i I'extr6mit6sud-est du Qu6bec, il est permis d'assumerque des profils semblables seront retrouv6sen assez grand nombre sur des mat6riauxg6ologiques identiques.

MATERIEL ET METHODESIre solUn monolithe ainsi que des 6chantillons de tousles horizons du profil du sol Esprit-Saint ont6t6 pr6lev6s ir 4.6 km au nord de l'6glised'Esprit-Saint, dans le comt6 de Rimouski, i lacrois6e de la latitude 48"05'nord et de la longi-tude 68"32' ouest. I-e site choisi est i une alti-tude de 240 m environ au-dessus du niveau dela mer. Il repr6sente la partie relativement con-vexe du terrain vallonn6 dont la pente varie de5-l2Vo. Le sol Esprit-Saint est bien drain6. Lav6g6tation qu'il supporte est constitu6e de sapinbaumier (Abies balsamea (L.) Mill.), d'6pinetteblanche (Picea glauca Moench (Voss)), de bou-leatr (Betula papyrifera Marsh.), d'6rable ir 6pis(Acer spicatum (Lam.)), de cerisier de Pennsyl-vanie (Prunus pensylvanica (L.f.)), de saules(Sa/ix sp.), et de fougEres.

Le mat6riau originel est constitu6 d'un loamlimoneux reposant directement sur un roc cal-caire faisant partie de la formation Trinitd (La-joie 1962). Celle-ci est constitu6e de calcairefinement cristallin, fissurd, de oouleur gris pAled gris, et dispos6 en couches dont 1'6paisseurvarie de 7.3-7.5 cm (0.5-3 pouces). Le roccalcaire contient plus de 80Vo de limon. Parmiles roches associ6es, restreintes aux calcairesdits ruban6s, on observe aussi des couches im-portantes de conglom6rats calcareux pouvantatteindre 30 cm (1 pied) d'6paisseur. I-es cal-caires de la formation Trinit6 se seraient form6sau cours de la p6riode ordovicienne de I'drepal6ozoique.

Le description du profilHorizon: L-H Profondeur: 7.5-0 cm

DescriptionHumus brun trds fonc6 (l0YR 2/2, h), brun

trds fonc6 (l0YR 3/2, s); amorphe, trds fri-able. Racines fibreuses, abondantes fines etmoyennes. Limite abrupte; pH 4,2,

Ae 0-5 cmLoam argileux limoneux jaune rouge (7.5YR

6/6, h), gris pdle entrem6l6 avec mat6riaubrun trds pdle (10YR 7/l et 7/3, s); poly6-drique subangulaire, fine, forte, trds friable.Horizon trds poreux et d6li6. Limite trdsabrupte, irr6guliEre; pH 4.6.

Bft" 5-10 cmArgile limoneuse brun jaune (10YR 5/6, h),

brun jaune pdle (IOYR 6/4, s); poly6driquesubangulaire, fine, forte, friable. Pas d'argiloplasmique visible )L la surface des pddes.Limite graduelle, r6gulidre; pH 4.6.

Bft2 10-17.5 cmArgile limoneuse brun fonc6 (7.5YR 5/6, h),

brun pAle (10YR 6/3, s); poly6drique sub-angulaire, fine ir grossiEre, friable. Mince filmd'oxydes de fer !r la surface des pddes. Limitegraduelle, r6gulidre; pH 4.6.

Bfts 17.5-22.5 cmArgile limoneuse brun jaune (10YR 5/4' h),

brun pile (10YR 6/3, s); poly6drique sub'angulaire, trds grossibre, forte, friable. Ap-parition et accumulation d'enduits plasmiquesir la surface des pddes et dans les canaux decouleur plus grise que I'int6rieur des pEdes.

Limite graduelle, r6gulidre; pH 4.6.

Bftn 22.5-27.5 cmArgile limoneuse brun jaune (10YR 5/4, h),

brun pdle (10YR 7/3, s); poly6drique sub-angulaire, forte, friable. Forte accumulationd'enduits plasmiques; la diff6rence de couleurentre la matrice et le plasma est plus ac-centu6e. Limite graduelle, r6guliEre; pH 4.9.

BC, 27.5-35 cmLoam limoneux brun fonc6 (10YR 4/3, h),

brun jaune pdle (10YR 6/4, s); massive,ferme; fragments de roches non d6compos6es;extrOmement calcaire. Pr6sence d'enduitsplasmiques. Limite diffuse, rdguliEre; pH 7.0,

Rk, 35-60 cmRoc extr€mement calcaire, massif, ferme, avec

enduits plasmiques bariol6s et calcaire se-condaire le long des racines. Limite diffuse,r6guli0re. Aprds broyage: loam limoneuxbrun jaune (10YR 5/4, h), brun jaune pAle(10YR 6/4, s); pH 7.3.

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LAFLAMME ET AL,_L,EVOLUTION D'UN PODZOL DANS UN LUVISOL I47

Rk2 60-105 cm

Roc extr6mement calcaire, massif, trds ferme.Limite diftuse, r6guliEre. Aprds broyagerlimon (limon ou silt, c'est-)r-dire, ayant plusde 80Vo de limon et moins de l2Vo d'argile.lbrun jaune (10YR 5/4' h), brun jaune piltr(IOYR 6/4, s); pH 7.5.

Rk, 105* cm

Roc extrOmement calcaire, massif, trbs ferme.Limite diffuse, r6guliEre. Aprds broyage: li-mon (limon ou silt, c'est-ir-dire, ayant plus dt:

8O% de limon et moins de l2Vo d'aryLle)brun jaune (10YR 5/4, h), brun jaune pikr( 10YR 6/4, s); pH 7.4.

Les analyses

La m6thode utilis6e pour I'analyse granulomd-

trique est celle de la pipette de Kilmer elAlixander (1949) avec une addition de 2 mld'acide ac6tique glarcial au d6but pour d6truirt:les carbonatei (Borrrget et Tanner 1953)' Les

densit6s apparentes ont 6t6 d€termin6es au labo-ratoire sui- six 6chantillons par horizons pr6'lev6s au champ avec I'aide de cylindres dt:

cuivre (4.4 X 7.6 crnl. I-es mesures de porositd

ont 6t6 faites en suiivant la m6thode de Leameret Shaw (1941). La r:6action des sols a 6t6 d€-

termine par la m6lhode de Clark (1965) dans

une sotruiion de Oa.Cl, 0.01 M. Les cations6changeables et la capacit6 d'6change effectivt>

ont 6t6 d6termin6s sur les extraits d'une solu-tion de NaCl 2 N solon la m6thode de Clarll(19(;5) et Clark et al' (1966). Les capacit6r;d'6change totales, inorganiques, ou organiquesont 6t6 d6termin6eti ,sur les extraits de la solu-tion des sels Ca (r).Ac), * CaCl,, ir pH 7.0'

avarrt et aprds oxydation avec HO, (Clark etal. :t966).

La teneur en ma.tiere organique totale a 6td

mesur6e par oxydation avec le bichromate dt:potrLssium. Les carbonates ont 6t6 d6termin6spar neuftalisation avec l'acide chlorhydrique(Richards 1964). Irs pourcentages de fer etd'al,rmine ont 6t6 €valu6s sur trois extraits dif-f6rents: I'extrait auL dithionite (Mehra et Jack-son 1960); I'extrait b I'oxalate acide d'am-morrium (McKeague et Day 1966); et I'extraitau tpyrophosphate rler Na (Bascomb 1968). I-t:fer et I'aluminium totaux ont 6t6 d6termin6spar digestion avec IJCIO* (Bray et Kurtz 1945).

L'analyse min6ralogique qualitative de la frac-tion argileuse a 6ti6 faite par diffraction desrayons-X (Tube au Cu, 40 kV, 20 mA et l "2 o/mill-). La m6thode suivie pour I'analysr:quantitative des mirr6raux argileux est celle pro-pos(le par Alexiades et lackson (1966).

RESULTATS ET DISCUSSION

Analyses physiqueeD'aprbs I'analyse granulom6trique, le limonest la fraction min6rale dominante dans leshorizons Ae, BC, et dans le mat6riel parentalcalcaire, Les carbonates ne furent pas com-pldtement enlev6s dans les horizons BCr etRk. De plus, I'argile enregistre des gainsnotables dans les horizons illuviaux Bft. Lerapport des pourcentages d'argile des hori-zons B/Ae excdde L.2, ce qui est suffisant,d'aprbs le NSSC (1970), pour qualifler leshorizons B de B-argilliques. En outre, dansles horizons Bft' et Bftn, on constate unenrichissement en argile fine et des enduitsargilliques i la base de I'horizon argillique.

Les valeurs obtenues pour la densit6 ap-parente dans les horizons Ae et Bft sontassez semblables et inf6rieures d celles deshorizons BC et Rk (tableau 1): ce qui faitque Ia densit6 apparente la plus forte necoincide pas n6cessairement avec les hori-zons d'accumulation d'argile. La porosit6totale est plus 6lev6e dans les horizons sup6-rieurs du solum que dans les horizons inf6-rieurs BC et Rk calcaire (tableau 1). Parailleurs, le rapport de la porosit6 capillairesur la porosit6 totale, exprim6 en pour-centage (tableau 1), est plus grand dans leshorizons argilliques Bft' et Bft+ Cette aug-mentation peut 6tre attribu6e au bouchagedes pores du sol par I'argile illuvi6e (Hornet Rutledge 1965). Rochefort (1969) a ob-serv6 un ph6nomdne analogue dans les hori-zons Btx de certains podzols i fragipan duQu6bec.

Analysee chimiquesI-e tableau 2 montre une r6action extr6me-ment acide dans les horizons du solum com-parativement au mat6riau originel extr6me-ment calcaire, d'otr on peut d6duire que lelessivage a 6t6 trbs intense.

Les oxydes libres de fer et d'aluminium ex-traits par le dithionite (Fe") donnent desvaleurs sup6rieures, et par ordre d6croissant,)r celles obtenues avec I'oxalate (Fe.,) et lepyrophosphate (pyro) de Na i pH 10(tableau 2). Quant au fer et i I'aluminiumtotaux on y observe une forte augmentationdans les horizons du solum par rapport aumat6riau originel riche en calcaire.

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LAFI.AMME ET AL.-L,EVOLUTION

l,es quatre horizons B du sol Esprit-Saintont des teneurs enr Fe et Al extraits i I'oxa-late qui excBdent <le 0.8Vo au moins cellede I'horizon C (tat,leau 2). Ils correspondent,en raison de leur matidre organique (MO)inf(,rieure it 5% et du rapport MO/Fe".inf(,rieur A 20 NSSC 1970), i des horizonsB podzol, plus sp6cifiquement d un Bf.

I)'autre part, slrr la base de I'aluminiumextlait iL I'oxalate (McKeague et Day 1969),aucun de ces horizons n'est un B podzolpuir;que les valeurs ne d6passent pas 0.37Voet sont inf6rieures ii la limite de O.6Vo.

I'our mieux carract6riser les horizons Bpodzol, Bascomb (1968), McKeague (1967),et l4cKeague et a.l. (1971) ont sugg6r6 d'uti-Iise: le pyrophosl:hate, car il semble pluss6lectif des formr:s de fer et d'aluminiumconrplex6es ) la matidre organique en mi-gra.ion. Selon McKeague (1967) une valeursup6rieure iL 0.6:i% de Fe et Al extraitsaverl ce r6actif esit caract6ristique de cettesorle d'horizon. Les donn6es obtenues mon-trent que les quatre horizons B du solEsprit-Saint r6pondent i cette exigence.

I)e plus, il apparait indispensable demieux d6finir ces horizons avec les diff6rentsrapports des oxydes que Blume et Schwert-marrn (1969) ont propos6 pour caract6riserle 13rand groupe ar:rquel un sol appartient.Darrs l'horizon B podzol, le rapport Fe-Ox/Fe-D est 6lev6, d6passe 0.7, et peut atteindresouvent celui de 1. Les rapports Fe-D/argiledans les podzols rnontrent des valeurs maxi-mums et minimurns dans les horizons B etC, respectivement, Les rapports Fe-Ox/Fe-D des horizons Bft, calcul6s sur une basesans carbonates e:t matidre organique sontfaitrles et inf6rieurs i 0.34; les rapportsFe-D/argile sont plut6t constants dans leshorizons Bft (tableau 2) mais tendent icroitre au niveau du roc calcaire. La distri-bution du rapport Ire-D/argile est semblableiL cr:lle de Fe,-o (tableau 3). C'est sans doutedfi i un accroissement du fer total des sili-catr:s au niveau ,Iu roc calcaire. De plus,les rapports Fe-C)x/Fe-D i la surface duprofil sont les pllus fortes, soient 0.39 et0.33, valeurs se comparant plut6t d cellesdes horizons de surface des luvisols. Lessurlaces (Ae) des podzols montrent g6n6-rakrment des vale,urs minimums. Bref. le sol

D'uN PoDzoL DANs uN LUvIsoL 149

Esprit-Saint se comporte plut6t comme unluvisol. Quant )L la coloration brun pdle(10YR 6/ 4 d 4/ 3 i sec) assez uniforme dansles horizons Bft, on peut dire qu'elle se

rapproche de celie des B argilliques plut6tque de celle des B podzols, surtout des pod-zols orthiques.

Par ailleurs, la r6action du solum est tresfortement i extr6mement acide mais le de-

916 de saturation y est 6lev6. La diff6renceentre la capacit6 d'6change cationique i pH7.0 et la capacit6 d'6change cationique effec-

tive i pH naturel du sol d6passe 8'0 m6ql100 g (tableau 3), poun trois des quatre hori-zons Bft (Clark et al. 1966; NSSC 1970).

De m6me, trois des horizons Bft d6passent,pour la capacit6 d'6change d6pendante de lamatidre organique, I'exigence minimum re-quise de 6 mlq/ 100 g pour d6finir un hori-zon B podzol (Clark et Nichol 1968). Cettedernidre mesure est sp6cialement recom-mand6e par ces derniers auteurs pour lessols i texture flne, c'est-i-dire, ceux dont lateneur en argile excdde 15% (tableavx I et2). La forte saturation en bases de I'horizonAe pr6sente une certaine anomalie et estpeut-Otre due au feu et aux conditions 6co-logiques du milieu.

Analyses mineralogiquesDlnnnecuoN DES RAYoNs-x. Cette partie dutravail a 6t6 faite au d6partement de 96o-logie de I'Universit6 Laval et a port6 sur lafriction argileuse. On a appliqu6 les traite-ments suivants aux 6chantillons: saturationavec Mg, s6chage d I'air et glyc6rolation,saturation avec K, s6chage i I'air, et ensuite

chauffage pendant 2 h i 400 et 500 C.

Parmi les min6raux non phylliteux' on aidentifi6 les carbonates dans I'horizon Rkpar la raie A 3.03 A et le quartz dans lamajorit6 des horizons par les raies i 3.33 et

4.25 A. Il faut cependant, noter que dans

les horizons sup6rieurs, le pourcentage de

quartz 6tait faible car la raie d 4.26 A 6taitpeu prononc6e (fi9. 1).

Les micas constituent une partie im-portante de la fra^ction argileuse. En effet,les pics d 10 et 5 A gont 6lev6s dans tout leprofil. Le pic i 10 A est de forme asym6-trique et s'6tale vers les bas angles, ce quisuggdre des micas du type illite.

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LAFLAMME ET AL._L,EVOI-UTION D'UN PODZOL DANS UN LUUSOL 151

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Fig. 1. Diffractogramme des rayons-X d.es fractions argileuses des horizons Ae et Bfq du solEsprit-Saint. (1) Traitement du MgClr; (,2) traitement au MgCl, et glyc6rol; (3) traitement aucitrate de Na i 100 C et saturation au MgCl,; et (4) traitement au citrate de Na i'100 C et glyc€rol.

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Le pourcentage de chlorite, cara^ct6ris6par des r6flexions d, 14,7,3.5, et 2.8 A tendi croitre avec la profondeur. D'autre part,la persistance de la raie I 14 A aprds satura-tion au potassium et aussi une diminutiond'intensit6 avec accroissement relatif du picn 10 A aprds chauffage d 400 C suggdrequ'il y aurait de la vermiculite dans les6chantillons, mais en faible quantit6.

La saturation des argiles par Mg et en-suite le traitement au glyc6rol n'ont pas per-mis d'identifier de min6ral gonflant. Pour6liminer la possibilit6 de min6raux chlori-tis6s. les 6chantillons ont 6t6 trait6s aucitrate de Na d 100 C (Tamura 1958) poursupprimer les hydroxypolymdres d'alumini-um entre les feuillets. Aprds ce traitementet une nouvelle saturation au Mg et traite-ment au g1yc6rol, un faible pic a pu 6treidentifi6 dans la r6gion 16-16.5 A (fig. 1).Ceci suggbre que la montmorillonite pr6-sente dans les 6chantillons est impliqu6edans la constitution de min6raux interstrati-fl6s. L'absence d'ordres sup6rieurs d'un telmin6ral permet de douter qu'il s'agit d'unmin6ral interstratifi6 16gulier.

C'est dans les horizons Bft qu'on a extraitla quantit6 maximale d'aluminium des min6-raux chloritis6s (tableau 4). Ces valeurs sontfaibles par rapport d d'autres podzols duQu6bec mais t6moignent cependant d'un d6-but de podzolisation.

ANlrysn euANTrrATrve. Les mat6riaux am-orphes (tableau 5) comptent pour assez peudans les min6raux de la fraction argileuseen excluant le quartz et repr6sentent desmat6riaux r6sistant soit comme ciment entreles particules ou comme enduits i la surfacedes cristaux. Les micas constituent Ia frac-

tion la plus importante, ce qui 6tait d6jiapparu lors de I'analyse de spectres derayons-X. Dans les horizons sup6rieurs, onpeut relier les processus d'alt6ration d ladiminution du pourcentage des micas (Jack-son et al. 1952\. Les min6raux 2:1 non-gonflants se transforment en min6raux gon-flants,' principalement la vermiculite dansl'horizon Ae et la montmorillonite dans leshorizons spodiques. Cette 6volution desmicas en vermiculite et en montmorilloniteest faible et ne semble pas affecter la chlorite.

Les analyses min6ralogiques confirment6galement que le sol Esprit-Saint a simul-tan6ment des caract6ristiques du luvisol etdu podzol. En effet, I'horizon Ae tend imontrer une 6volution peu prononc6e dumica en vermiculite et une concentrationassez constante de la chlorite dans les hori-zons A et B, ce qui correspond aux caract6-ristiques min6ralogiques d'un luvisol. D'autrepart, la formation de montmorillonite dansl'horizon Ae est une caract6ristique des pod-zols (McKeague et Brydon 1970; Brydon etal. 1968).

CONCLUSIONLe sol Esprit-Saint possbde, par sa morpho-logie et plusieurs propri6t6s physiques etmin6ralogiques, les caract6ristiques de I'hori-zon B-argillique des luvisols. Par ses propri-6t6s chimiques, il satisfait aussi aux exi-gences de I'horizon B-podzol des sols pod-zoliques. On se trouve par cons6quent en faced'horizons qu'on peut d6signer par Bft. Detels horizons auraient selon nous, leur placedans la nomenclature des horizons du sol.

Le concept de "podzol textural" a d6jn6t6 propos6 mais fut abandonn6 ensuite(NSSC 1958, 1968). Il est certain qu'on setrouve i la limite de deux ordres mais l'6ten-

Tableau 4. Al et Fe extraits au citrate de Na ) 100 C (Tamura 1958)

HorizonProfondeur

(cm)AI

(mdq/100 g)Fe

(mdq/l00 g)

AeBftrBft: * BftaBftaBCRkrRkz t Rka

u-55-10

10-22 .5zz.J-zl.J27 .5-s5

35-6060-105

13.947.346.445.918.618.69.3

1.76.34.9J.+2.21.30.9

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LAFI-AMME ET AL.-L,EVOLUTION D,UN PODZOL DANS UN LUVISOL

Tableau 5. Analys;e mindralogique quantitative du sol Esprit-Saint (ofi)t basde sur la mdthoded'Alexiades et Jackson (1966)

Matdriaux amorphes

153

HorizonProfondeur

(c-) FezOr Alroa Sio2Vermi- Montmo-culite rillonite Chlorite Kaolinite Illite

AeBftjBft, + Bft3Bft4BCRkrRk, + Rk3

0-5 0.25-10 0.2

10-22.5 0.222.5-27.5 0.227 .5-35 0.1

35-60 0.260-105 0.2

1.0 1.01.0 1.31.0 1.20.9 1.40.1 1.20.3 0.90.1 0.8

A

2LIII

1

l6t619t9l6l4IJ

J2

21

22

811996

4

69

68

1A

76/d

fSur une base sans quartz.

due g6ographique de tels sols en justifiel'6tude et la classification. Afin d'atteindreune terminologie taxonomique plus con-forme i un niveau 6lev6 de g6n6ralisationPour ce sol intergrade, on pourrait substituerle terme "podzol humo-ferrique luvisolique"d celui de "podzol textural."

D'autre part, selon les normes du Comit6des sols du U.S. I)epartment of AgricultureSoil Survey Staff (1960, l97I) le sol Esprit-Saint se classe parmi les Boralfs, soit uncertain Haploboralf qu'on pourrait qualifierde spodique pour y faire ressortir le carac-tdre ambivalent d'Alflsol et de Spodosol.

Etant donn6 que le dernier processus quis'est install6 dans ce sol est celui de la pod-zolisation, il nousi aurait paru raisonnableque ce sol soit prioritairement class6 parmiles spodosols, mais la contrainte actuelle ence qui concerne la forte teneur en argile etla teneur relative en oxydes libres de fer etd'aluminium nous en emp6che.

Pour terminer, il nous semble que le solEsprit-Saint fourn.it un exemple i la th6oriede formation des sols de Simonson (1959),selon laquelle tous les processus p6dog6n6-tiques sont op6rants dans les sols mais dif-fdrent progressivernent dans le "continuum"sol par leur intensit6 respective. Dans cesol, I'illuviation des sesquioxydes, de la ma-tidre organique et de l'argile semblent sesuivre ou se produire simultan6ment.

REMERCIEMENTSLes auteurs tiennent i remercier le docteur R.Ledoux, du d6partement de g6ologie de I'Uni-versit6 Laval et le <locteur G. A. Bourbeau. dud6partement des sols de I'Universit6 Laval pourleurs conseils judicieux au cours de ces travaux.Nous tenons ir remercier 6galement Sen Tran

et D. Tremblay pour leur collaboration dansles analyses. Enfin, nos remerciements trBs sin-cdres au Conseil des recherches agricoles duQu6bec et au Conseil canadien des recherches(CNR) pour leur aide financidre.

LITTERATURE CITEEALEXIADES, C. A. et JACKSON, M. L.1966. Quantitative clay mineralogical analysis ofsoils and sediments. 14th Nat. Conf. Clays ClayMinerals. 35-52.BASCOMB, C. L. 1958. Distribution of pyro-phosphate extractable iron and organic carbonin soils of various groups. J. Soil Sci. 19: 251-268.BLUME, H. P. et SCHWERTMANN, U. 1969.Genetic evaluation of profile distribution ofaluminium, iron and manganese oxides, SoilSci. Soc. Amer. Proc. 33: 438-444.BOURGET, S. J. et TANNER, C. B. 1953. Re-moval of organic matter with sodium hypo-bromite for particle-size analysis of soils. Can.J. Agr. Sci. 33: 579-585.BRAY, R. H. et KURTZ, L. T. 1945. The de-termination of total, organic and availableforms of phosphorus in soils. Soil Sci. 59:439-445.BRYDON, J. E. 1965. Clay illuviation in someorthic podzols of eastern Canada. Can. J. SoilSci.45: 127-138.BRYDON, J. E., KODAMA, H. et ROSS, G.J. 1968. Mineralogy and weathering of theclays in Orthic Podzols and other podzolic soilsin Canada. Trans. 9th Int. Congr. Soil Sci. 3:4l-51.CLARK, J. S. 1965. Extraction of exchangeablecations from soils. Can. J. Soil Sci. 45: 3Il-322.CLARK, J. S., McKEAGUE, J. A. et NICHOL,W. E. 1966. The use of pH-dependent cationexchange capacity for characterizing the Bhorizons of brunisolic and podzolic soils. Can.J. Soil Sci. 46: 16l-166.

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