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Camille Goujon. Cruci Fiction Extrait de Voir & Dire http://www.voir-et-dire.net/?Camille-Goujon-Cruci-Fiction Camille Goujon. Cruci Fiction - Saint-Merry et les artistes invités - ...présentés antérieurement - Date de mise en ligne : lundi 4 février 2013 Description : Copyright © Voir & Dire Page 1/13

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Page 1: Camille Goujon. Cruci FictionCamille Goujon. Cruci Fiction Surprenant : Camille Goujon projette deux sc�nes de la vie du Christ (son bapt�me et sa crucifixion) sur un vitrail

Camille Goujon. Cruci Fiction

Extrait de Voir & Dire

http://www.voir-et-dire.net/?Camille-Goujon-Cruci-Fiction

Camille Goujon. Cruci Fiction- Saint-Merry et les artistes invités - ...présentés antérieurement -

Date de mise en ligne : lundi 4 février 2013

Description :

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Page 2: Camille Goujon. Cruci FictionCamille Goujon. Cruci Fiction Surprenant : Camille Goujon projette deux sc�nes de la vie du Christ (son bapt�me et sa crucifixion) sur un vitrail

Camille Goujon. Cruci Fiction

Surprenant : Camille Goujon projette deux scènes de la vie du Christ (son baptême et sa crucifixion) sur un vitrail. Alors que l'esthétique contemporaine de ce

médium d'église privilégie l'abstraction ou l'écriture dessinée, la plasticienne utilise un autre médium, le dessin animé, et détourne tous les codes traditionnels.

Cette oeuvre réjouit les enfants mais peut heurter paradoxalement la sensibilité des adultes : un Christ dont le baptême ressemble à une douche, une « crucifiction

» sur des poteaux électriques et un Christ qui meurt dans la violence. Cette oeuvre flirte avec l'hubris, l'excès et la « bad painting ». Une église aurait-elle

légitimité à ouvrir des sujets aussi sensibles à une forme aussi contemporaine de l'art ? Oui certainement, et ici le jubilatoire s'ancre dans la profondeur et réveille

le visiteur.

À voir absolument !

À lire le vigoureux entretien avec Camille Goujon en fin d'article (>>>)

Voir & Dire

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Camille Goujon. Cruci Fiction

Surprenant : Camille Goujon projette deux scènes de la vie du Christ (son baptême et sacrucifixion) sur un vitrail. Alors que l'esthétique contemporaine de ce médium d'égliseprivilégie l'abstraction ou l'écriture dessinée, la plasticienne utilise un autre médium, ledessin animé, et détourne tous les codes traditionnels.

Cette oeuvre réjouit les enfants mais peut heurter paradoxalement la sensibilité des adultes :un Christ dont le baptême ressemble à une douche, une « crucifiction » sur des poteauxélectriques et un Christ qui meurt dans la violence. Cette oeuvre flirte avec l'hubris, l'excès etla « bad painting ». Une église aurait-elle la légitimité à ouvrir des sujets aussi sensibles à uneforme aussi contemporaine de l'art ? Oui certainement, et ici le jubilatoire s'ancre dans laprofondeur et réveille le visiteur.

À voir absolument !

À lire le vigoureux entretien avec Camille Goujon en fin d'article

L'oeuvre

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Camille Goujon. Cruci Fiction

Sur un écran semi-opaque épousant parfaitement la forme ogivale d'un vitrail translucide, sont projetées, en untemps très court, deux scènes en dessin animé de la vie du Christ :

Le baptême : Jean-Baptiste lui verse délicatement de l'eau sur la tête à l'aide d'une coquille. Et brusquement, toutse détraque : les gouttes se transforment en une véritable douche, le Christ est revêtu d'un habit d'eau.

La crucifixion : le Christ est crucifié sur de vieux poteaux électriques des années 50-60 dans un paysagetranquille où les nuages passent paresseusement avec en arrière-plan deux centrales nucléaires crachant leurvolutes blanches. Cette introduction décalée de la mort du Christ dans notre temps contemporain serait presqueétrangement paisible, jusqu'à ce qu'un événement se produise : un court-circuit secoue le supplicié et du sang sortde ses mains et ses pieds (et non de son côté comme il est écrit dans les Textes). Comme dans la scèneprécédente, le fluide rouge coule à flot et recouvre le corps. Puis tout s'arrête, le corps sur la croix reprend sonaspect de départ.

Un blanc : la boucle reprend.

Le tout dure deux minutes !

Le fluide, à savoir l'eau, le sang, la peinture, ainsi d'ailleurs que l'image filmique, s'exprime de façons multiples dansune esthétique cohérente.

Une oeuvre totalement actuelle

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Camille Goujon. Cruci Fiction

À l'époque des écrans, alors que le cinéma retrouve ses racines (le muet, le dessin animé), alors que la BD a lestatut du 9e art, Camille Goujon utilise tout son talent de dessinatrice pour peindre à l'huile des centaines d'imagessur verre et les recomposer en film, non pas pour enfant mais pour église, non pas dans un but catéchétique maisdans le cadre d'une esthétique s'affirmant à côté d'une autre, celle du XIXe.

Alors qu'à cette époque, les grands récits religieux et républicains primaient en peinture, voire s'affrontaient, et sontsouvent incompréhensibles à nos contemporains, avec « Crucifiction », le jeu de mot (de notre époque) dit le projet :raconter une petite histoire. Camille Goujon appartient à cette génération de jeunes plasticiens qui, depuis dix ansdans le monde entier, ont imposé le retour du narratif, de l'historiette dessinée ; mais ici elle n'est pas dans le conte.Sa griffe est celle de l'humour ; ici elle aborde la question du religieux. Ce travail fait parie d'une série en coursqu'elle a commencée avec le déluge (l'eau encore...)

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Camille Goujon. Cruci Fiction

La brièveté est tout autant celle du tweet que du dessin animé : rétrécir le temps du visiteur, frapper son imaginairesollicité par bien d'autres messages visuels. Il s'agit d'être efficace !

Les thèmes sont familiers dans l'oeuvre de l'artiste : l'eau et sa place dans notre monde, le risque d'en manquer,l'objet de multiples conflits régionaux. Les deux centrales nucléaires sont les signes d'un autre axe de sa réflexion :dire l'énergie, le gâchis que nous en faisons, le risque d'en manquer. Et après que sera notre vie en société ?Camille Goujon est dans le questionnement de l'écologie politique. Ici, elle y introduit la question du sens proposépar le christianisme.

Une douche d'eau, un vêtement de sang coulant : on frise la pensée de l'excès, celle de l'hubris dans l'art, analyséeavec force par Jean Clair. L'excès pour pénétrer le sens ; ici elle frise l'esthétique contemporaine du spectacle, oùl'imaginaire de l'artiste se transforme en fantasme incongru. Il y a des traces de « bad paintings », qui à son origines'opposaient à un art bourgeois ou ultra codé, mais son dessin est hautement contrôlé et fixe ses limites : le lieu, uneéglise.

Le détournement des codes

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Camille Goujon. Cruci Fiction

Les vitraux laissent passer la lumière au service de la couleur et d'oeuvres composées avec des morceaux de verre.Symboliquement, la lumière vient de Dieu, d'en haut, de l'extérieur et éclaire les fidèles réunis pour prier. Ici, laperspective est détournée : la lumière vient de l'intérieur et éclaire l'extérieur, le monde. C'est ainsi que le projet initialde Camille Goujon devait être vu de la rue avoisinante, ce qui n'a pas pu « voir le jour » pour des questionstechniques... Mais une autre symbolique est introduite : la lumière (l'appareil vidéo) vient de la splendide chaire duXVIIIe, qui était le lieu de la parole ! La parole d'une artiste sur les textes évangéliques s'exprime sur un vitrailparticulier : une toile de cinéma reprenant la forme exacte des fenêtres de l'église, la modernité épousant alors latradition.

Les chapelles Nord de Saint-Merry, ont fait l'objet de restaurations par des commandes publiques après lesendommagements produits par les émeutes parisiennes de 1832. Le style de leurs fresques, peintures et vitraux esttraversé par une piété, des figures pleines de bons sentiments, exprimant des modèles à suivre. Camille Goujon sesaisit de cette tradition du dessin réaliste, de la référence passée, connue et crédible, mais son trait ne recherchepas la perfection, le film transgresse le dessin, l'incident (la douche, le court-circuit) crée une rupture dans laperception statique. Les bons sentiments sont subvertis par les codes du divertissement en mouvement.

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Camille Goujon. Cruci Fiction

Les églises sont raidies par le sérieux du sens, par le tragique des messages, par l'encouragement aux bellesvaleurs. Les artistes ont pourtant parfois pris de la liberté avec la commande ; ainsi, Saint-Merry est pleine de cesinitiatives créatrices, la frise du XVIe, la fresque de sainte Marie l'Égyptienne. Mais Camille Goujon transgresse ànouveau les codes et introduit un peu de cocasse et de burlesque comme beaucoup d'autres artistes, Magritte et latradition belge en étant de bons exemples. La vidéaste ne fait pas des gestes gratuits ou blasphématoires, maisouvre des fenêtres de représentation où du sens peut alors s'engouffrer. Rien d'ironique dans ce récit de crucifixionmais une allusion entre le supplice du Christ il y a deux millénaires avec celle des tortures électriquescontemporaines.

Les deux scènes sont les plus fréquemment abordées dans l'art occidental. Or les propos de l'artiste réveillent ici lasensibilité contemporaine endormie par tant de siècles de représentation. Camille Goujon est dans le respect desénoncés et des valeurs. Il n'y a aucune trace de provocation.

Une vision théologique ?

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Camille Goujon. Cruci Fiction

Camille Goujon n'est pas dans vision une théologique précise. Son propos est de dire, dans le sillage de biend'autres artistes. Elle aborde les questions à partir de recherches iconographiques poussées. Avec ses partis prisesthétiques elle rejoint cependant bien des interprétations et souligne certaines vérités.

Les deux saynètes ouvrent et ferment la mission du Christ sur terre. Elles sont fondamentales. L'artiste n'aborde pasla question de sa résurrection, elle traite de sa vie humaine. Elle réactualise la représentation que l'on a faite de cesdeux évènements et oblige le croyant à interpréter et à produire du sens.

Les textes évangéliques multiplient les références à l'eau et au sang, jusqu'au geste du centurion qui perce le côtédu supplicié, d'où sortent l'eau et le sang. Ici, l'artiste prend une liberté face à cette description mais est dans lajustesse en traitant de manière analogique les flots de liquides qui recouvrent le corps du Christ. Sa vision est alorsforte : c'est tout l'être qui est recouvert, qui est plongé. D'ailleurs les Textes parlent de baptême d'eau et de sang.

Si la mort du Christ est représentée dans sa grande violence, elle est conforme à bien des ouvrages de théologienscontemporains.

Entretien avec l'artiste

V&D : En 2010, à l'occasion de l'exposition d'été, V&D avait envisagé que tu exposes une de tes installations autourdu thème de l'eau. Or, tu es revenue avec un tout autre projet que tu as appelé au dernier moment : Crucifiction.Comment as-tu été amenée à imaginer un tel projet ?

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Camille Goujon. Cruci Fiction

C G : Je cherchais un projet qui s'intègre complètement dans l'église aussi bien dans l'architecture que parsa thématique. Enfin, une nuit je me suis réveillée avec une idée lumineuse :

Il fallait créer un miracle à Saint-Merry !

Le lendemain, je suis allée méditer cela dans l'église. En admirant son architecture, ses peintures, sculptures, la musique, la mise en scène, le vêtement du prêtre... j'ai alors réalisé que le catholicisme avaitinventé la Société du spectacle... des siècles avant Guy Debord ! Le catholicisme est la seule religion qui acompris l'importance de la communication par l'image bien avant l'invention du marketing de la « religion »capitaliste. La seule chose que l'église n'ait pas exploitée c'est l'image animée.

C'est alors que j'ai remarqué ces vitraux vierges, puis en faisant le tour de l'église, ce vitrail qui illustre unsaint faiseur de miracles ... J'ai alors pris conscience que le vitrail est l'ancêtre du cinéma, la lumière quitraverse une surface transparente colorée, est le même procédé que la lumière du projecteur traversant lapellicule. Le vitrail est une lanterne magique intégrée à l'architecture, la course du soleil donne le mouvementaux personnages... Or depuis quelques mois j'expérimentais à l'atelier un procédé de réalisation de peintureanimée sur verre... C'est ainsi que le projet de vitrail animé m'est apparu comme une évidence. J'avais trouvémon miracle : donner l'illusion que la scène du vitrail s'anime.

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Camille Goujon. Cruci Fiction

V&D : Plusieurs lectures de cette oeuvre très originale sont possibles. Au fond, quel est ton propos ? Pourquoi, unevidéo sur un sujet religieux alors que tes autres travaux, plutôt ironiques, portent sur des questions de société ou ensont des métaphores ?

C G : La religion n'est-elle pas plus que jamais un sujet de société ? Mon travail consiste à traiter de sujetd'actualité avec humour, ce qui permet la distanciation et ouvre au dialogue. Plus une oeuvre a de niveau delecture plus elle amène à réfléchir.

Je n'ai pas reçu d'éducation religieuse, mais...

je suis façonnée par la culture judéo-chrétienne, d'autant que l'histoire de l'art s'est construite sur lesreprésentations religieuses que j'ai beaucoup étudiées. Par ailleurs, j'ai le sentiment de faire sans cesseréférence à la bible : le baptême, le déluge, la création du monde, Adam et Eve sont des sujets récurrentsdans mon travail. Je trouve très intéressant de tisser des liens entre l'ancien Testament et les problématiquesactuelles. Du Déluge au changement climatique provoquant des catastrophes naturelles, il n'y a qu'un pas...

En l'Église Saint-Merry, qui est un lieu de culte, il me semblait essentiel de traiter de thématique religieuseinscrite dans un contexte contemporain. Je me suis posée beaucoup de questions en réalisant ce travail ; jecraignais qu'il soit mal interprété à notre époque où certains extrémistes religieux ne laissent plus aux artistesla liberté de s'exprimer. Pourtant les artistes ont toujours représenté les scènes de la vie du Christ avec lescodes de leur époque, par les choix vestimentaires, les paysages, en intégrant des visages de leurcontemporain, y compris les perspectives correspondaient à des codes religieux aujourd'hui oublié. C'estainsi que j'ai choisi de représenter la scène de la Passion en crucifiant le Christ sur un poteau électrique.Notre chemin de croix aujourd'hui est une ligne à haute tension qui mène au risque d'accident nucléaire, lalumière céleste est devenue lumière électrique ... Chaque oeuvre artistique est une interprétation ; c'est ainsique j'ai choisi d'intituler ce travail Cruci Fiction.

V&D : Avant toi, ces deux scènes ont été traitées des milliers de fois dans la peinture. Comment as-tu relevé un teldéfi ? Avais-tu en tête des références particulières ? Et dans la culture vidéo ou BD ? Détournement des codes etBad painting ?

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Camille Goujon. Cruci Fiction

C G : J'avoue que ça n'a pas été facile de relever ce défi... J'ai refait chacun de ces tableaux animésplusieurs fois, je n'étais jamais satisfaite, je n'arrivais pas à me libérer de la peinture classique, idéalisée, «bien peinte ».

Pourtant...

je ne sais pas ce qu'est la « Bad Painting », et je suis assez inculte en Bande Dessinée. Par contre, jepossède beaucoup d'ouvrages de peintures religieuses, du moyen-âge au XXème siècle, c'est là que j'aipuisé mes références. Pour donner l'illusion de vitrail animé, j'ai composé mes tableaux comme des scènesclassiques de baptême et de crucifixion. Finalement j'ai réussi à dépasser mon angoisse en me référant auxpeintres du XXème siècle : Chagall, Picasso, James Ensor, Emil Nolde... m'ont aidé à assumer mon dessin.

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Camille Goujon. Cruci Fiction

V&D : Techniquement comment as-tu fabriqué une telle oeuvre ?

C G :Le film d'animation me passionne depuis toujours. Art complet s'il en est, puisqu'il est tout à la fois :dessin, sculpture, mouvement, narration, son...

À mon sens, cet art n'est pas estimé à sa juste valeur,

y compris dans l'art contemporain où il est sous-représenté hormis des artistes comme William Kentridge etDavid Shrigley.

Ces dernières années j'ai réalisé plusieurs dessins animés sur papier. Puis, j'ai commencé à expérimenterd'autres techniques. Pour ce vitrail animé j'ai utilisé un procédé que j'expérimente et perfectionne depuisplusieurs mois. Mon atelier possède une grande vitre qui sépare deux pièces. D'un côté de la vitre j'ai créé uncaisson lumineux, de l'autre je peins sur le verre à la peinture à l'huile. C'est pourquoi je défini ce travailcomme « Peinture animée » plutôt que « Dessin animé ». A chaque modification de la peinture, je prends unephoto. Ces deux scènes représentent plus de 4000 photos différentes pour à peine 2 minutes de film. Lasuccession de disparition et d'apparition picturale donne vie à la scène. En ce sens on pourrait parler d'unerésurrection de la peinture.

Cruci-Fiction from camille goujon on Vimeo.

Post-scriptum :

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