bernard lahire… · 2013. 11. 5. · bernard lahire mondepluriel...
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Bernard Lahire
Mondeplurielpenserl’unitédessciencessociales
Éditions du seuiL25, bd romain-rolland, Paris XiVe
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forcedel’ordre
cetouvrageestpubliédanslacollection«lacouleurdesidées»
isbn978-2-02-10 -
©ÉditionsduSeuil,mars2012
lecodedelapropriétéintellectuelleinterditlescopiesoureproductionsdestinéesàuneutilisationcollective.Toute représentationou reproduction intégraleoupartielle faiteparquelqueprocédéquecesoit, sans leconsentementde l’auteuroudesesayantscause,est illiciteetconstitueunecontrefaçonsanctionnéeparlesarticlesl.335-2etsuivantsducodedelapropriétéintellectuelle.
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introduction
cequim’intéresseestd’avoirdevantmoi,transparents,lesfondementsdesédificespossibles.
l.Wittgenstein,remarques mêlées(flammarion,«Gf»,2002,p.59).
apostrophes,le21décembre1979,surladeuxièmechaînedetélévisionfrançaise.Bernardpivotreçoitunhistorien,unsociologueetunromancier:fernandBraudel,pierreBourdieuetMaxGallo.Aprèsquelquesminutesd’entretienaveclepluscélèbredesestroisinvités,fernandBraudel,àproposdelaparution des trois volumes deCivilisation matérielle, éco-nomie et capitalisme (xve-xviiie siècle),l’animateurdonnelaparoleàpierreBourdieu,quivientdepublierLa distinction. Critique sociale du jugement,afinqu’illivresonsentimentsurlavasteentreprise–embrassantl’espacemondialetcouvrantquatresiècles–de l’historien.demanière trèscourtoise, lesociologueémetcependantd’embléeuneremarquequimontresadéfianceàl’égarddel’histoiredelalonguedurée.«pourlesociologue,dit-il, l’étudedutempslong,delalonguedurée,donne paradoxalement l’impression d’absence d’histoire.»prenantl’exempledela«symboliquedupouvoir»,c’est-à-direde«toutcequisertàexprimerladomination,àlamanifester»(les «grands sacres» ou les «cérémonies par lesquelles laroyautéaffirmaitsadomination»),ilsoulignelefaitque«lecapitalismes’estexprimé,souscerapport-là,dansdeslangages
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extrêmementdifférents»etque,pourcetteraison,«lalonguedurée en matière de culture [lui] paraît cacher d’énormesdifférences».privilégiant l’étude des structures culturelles, politiques,
économiques,etc.,relativementinvariantes,l’histoiredutempslonglissenécessairementunesériededifférences,dediscon-tinuités ou de ruptures qui scandent l’histoire des sociétés.le temps long, soutient le sociologue, c’est donc l’absenced’histoireou soneffacement.Sousune formeextrêmementpolicée,lachargeestobjectivementtrèsrude.carreprocheràunhistoriendenierlemouvementdel’histoireestunemanièredecontesterassezradicalementsadémarche.laréponsedef.Braudelconsisteàaffirmersereinementquelesdifférencesdontparlelesociologuenesedonnentàvoiretneprennentsens que sur la base d’un socle commun que l’histoire delongueduréeaprécisémentpourobjectifd’étudier:«Jecom-prendsbien,mais c’est pour dépasser les différences.c’estpourdépasserlesdistinctions,lesdifférenciations.lalonguedurée,c’estunesortedereconnaissancedelabaseparrapportàlaquelleonjugeradureste.etdansledomainedelaculture,lalongueduréerègneets’impose.»dialoguedesourds.onpourraitchercheràdéterminerqui,
del’historienoudusociologueprésentscejour-là,avaitraison.Maisest-ilpertinentdesedemander,defaçonaussigénéraleetabstraite,quiaraisonetquiatort?existe-t-ilunpointàpartirduquelonpourraitêtreenmesurededirecequ’ilestpréférabledefaire:privilégierl’étudedesgrandesstructuresculturellesinvariantesoubienseconsacreràl’étudedelavariationdesmodalitésparlesquelless’exercelepouvoirsymbolique?leproblèmedecegenrededébatrésidedanslefaitquelespro-tagonistesfontsouventcommesila«culture»étaitunobjetbiendéterminéduréelattendantd’êtrecommentéetinterprétécorrectementpardessavants.or,sif.Braudeletp.Bourdieunepensentpaslesphénomènesculturelsdelamêmemanière,c’estqu’ilsneseposentpaslesmêmestypesdequestionet
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necherchentpasvraimentàconnaîtrelesmêmeschoses:ilsnepartagentpaslesmêmesintérêts de connaissance.cequedit,sans ledire,p.Bourdieuàf.Braudel,c’estaufondquel’échelled’observationqu’ilaadoptéeetlaséquencetempo-rellesurlaquelleiltravailleneluipermettentpasderendrevisiblesetd’étudierlesphénomènesquil’intéressent,lui,entantquesociologuedesformesdedominationetdesfonctionssocialesdelaculture.ceenquoiilaparfaitementraison.Maisfaut-ilendéduirequef.Braudelavaittortetqueleschercheursdoiventdoncabandonnerl’étudedesphénomèness’installantsur la longue durée?c’est, sans nul doute, ce que pensaitp.Bourdieuaumomentoùiladressaitsaremarqueàl’histo-rien.et c’est lamêmeconvictionqui lepoussera, quelquesannéesplustard,àaffirmer:
dans l’état actuel de la science sociale, l’histoire de longuedurée est, je pense, undes lieuxprivilégiésde laphilosophiesociale.chezlessociologues,çadonnelieutrèssouventàdesconsidérationsgénéralessurlabureaucratisation,surleprocessusderationalisation,lamodernisation,etc.,quiapportentbeaucoupdeprofitsocialàleursauteursetpeudeprofitscientifique1.
Maistrancherenfaveurdusociologue,ceseraitfairecommesif.Braudelcherchaitàéclairerlemêmetypederéalitécultu-rellequep.Bourdieu.or, ilpeut,de soncôté, lui répondrequelesociologuetravailletrop«dansl’instant»etnevoitpasquecequ’ilétudien’estqu’unemanifestationdephénomènesrécurrentsquis’inscriventdansunetrèslonguedurée.Sanslereculdutempslong,l’œilnevoitplusquelechatoiementdesgoûtsetdespratiquesdel’époque,etresteaveugleàlatoiledefondquin’évoluequetrèslentement.en d’autres circonstances, les rôles de l’historien et du
sociologue auraient d’ailleurs pu être totalement inversés.face à unhistorien privilégiant le «tempsde l’actualité»,
1. p.Bourdieu,Choses dites,paris,Minuit,1987,p.56.
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l’enchaînement rapidedes événements, l’agitationhumaineet l’intentionnalité des acteurs, les gestes et les discourscirconstanciésdefemmesetd’hommesprisdansl’urgencedel’action, lesociologuepourrait toutaussibienluirepro-chersamyopie:voulantcollerdemanièretoutepositivisteau réel, il ne peut voir qu’un ensemble depetits faits dis-séminés, non hiérarchisables, et manque ainsi son objet.À l’encontre de l’histoire événementielle,mais aussi d’unecertainemicrosociologiedes interactionsqui interdit de lamêmefaçondevoirlesstructurespluslargesdanslesquellesprennent place les rencontres sociales circonstanciées detoutenature,lesociologuepeutinvoquerlesstructuresrela-tivement invariantesde l’espacedes rapports de classe, dumarchéouduchamp.ladiversitédesmanièresdefairedel’histoire,delasocio-
logieoudel’anthropologie(pournes’entenirqu’àcestroisgrandessciencescousines,maisleproposvautbienau-delà)est révélatrice de l’hétérogénéité des points de vue et des intérêts de connaissance, c’est-à-dire des questions queleschercheursseposentoudesproblèmesqu’ilsentendentplus ou moins explicitement résoudre. Mais l’absence deréflexivitésurcettehétérogénéitécontribueàcacherlapro-fondeunitéquirelielesdiverstravauxrelevantdudomainedes scienceshumaines et sociales.une telle unité de fondapparaîtraitavecbeaucoupplusd’évidencesilessavantsnecherchaientpasà imposer leurmanièrede fairecomme laseulemanièrepossible (correcte,pertinente,heuristiqueouféconde). rapporter les modèles théoriques ou les grillesd’analyseauxniveaux de réalité socialevisés,auxéchelles d’observation adoptées, aux types d’objets étudiés et auxproblèmes que l’on soulève à leur sujet, c’est se donner lapossibilitéd’yvoirplusclairdansladiversitéetderessaisirlesdifférents travauxde recherchecommeautantde réali-sationspartiellesd’unprogrammeplusgénérald’étudedescomportementshumains.
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le sentiment d’éparpillement des travaux des scienceshumaineset socialesnevient toutefoispas seulementde ladiversitédesmanièresdeconstruirelesobjetsd’étude.ilestaussi leproduitde la trèsgrandedivisionsocialedutravailscientifique en disciplines séparées (avec des sciences du«psychisme»,dessciencesdu«langage»,dessciencesdela«société»,etc.)etensecteursspécialisésauseindechaquediscipline. une telle hyperspécialisation scientifique, quiamènedeschercheursdifférents(dedisciplinesdifférentesoudelamêmediscipline)àétudierséparémentchaquedomainedepratiques,chaquesecteurdelaviesociale,etàformulerdesthéoriespartiellesdel’acteur,nefaitqu’accompagneraveuglé-ment le longprocessushistoriquededifférenciationsocialedesactivités.prisdanscemouvementdedifférenciation,quicaractériselessociétésmodernes,lessavantssontdemoinsenmoinsenmesured’enétudierleseffets.commentpouvoirdes-sinerunevued’ensembledumondesociallorsquetoutpoussechaquecatégoriedechercheursàgarder lenezcollé sur lefonctionnementdepetitesparcellesdecemonde?commentconserveruneconceptioncomplexedesindividusensociétélorsquelesdécoupagesdisciplinairesd’abord,lesspécialisa-tionsinternesensuite,contraignentleschercheursàtravaillersur des dimensions à chaque fois spécifiques des pratiquesindividuelles?commentmaintenirunhautniveaudecréati-vitéscientifiquelorsqu’uneconceptionétroiteduprofessionna-lismeconduitinsensiblementversunespécialisationpousséeetunenormalisationdesrecherchesetdeschercheurs?répondre à l’ensemble de ces questions, c’est prendre à
bras-le-corps les enjeux et les défis des sciences humaineset sociales contemporaines en essayant de renouer avec lesgrandes ambitions scientifiques originelles –celles d’ÉmiledurkheimoudeMaxWebernotamment–toutenévitantlarégressionverslesformesempiriquementparesseusesetthéo-riquementprétentieusesdepenséede la«totalité»oude la«complexité».
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faire le deuil de la «grande théorie sociale» ou de la«théoriegénéraledusocial»n’impliquepasl’abandondetoutprogrammescientifiqueambitieux.releverledéfid’unetelleambition exige cependant de proposer des réponses adap-téesàl’étatproblématiquedesscienceshumainesetsocialesexistantes. il faut notamment admettre que le programmescientifiqueenquestionnepuissejamaisdonnerlieuqu’àdesaccomplissements empiriques le plus souvent imparfaits etpartiels.Maislesdifférentstravauxempiriquesexistantsn’ontpaslemêmesensselonqu’ilssontprésentéscommedestra-vauxparfaitsetcompletsenleurgenreouqu’ilssontconçusetluscommedesréalisationsparticulièresdetelleoutellepartied’unprogrammescientifiquegénéral.ceprogramme,quirépondàlaquestiondesavoirpourquoi
lesindividusagissentcommeilsagissent,pensentcommeilspensent,sententcommeilssentent,etc.,peutserésumerenuneformulescientifiqueassezsimple:passéincorporé+contexted’actionprésent=pratiques.cettedernièrecondensel’inten-tionderechercheconsistantàpenserlespratiquesaucroise-mentdesdispositionsetcompétences incorporées (produitsdelafréquentationplusoumoinsdurabledecadressociali-sateurspassés)etducontextetoujoursspécifiquedel’action(chapitre1).laquestioncentralequesoulèvecetouvrageportepluspar-
ticulièrementsurunepartiedecette formulescientifique,àsavoircelledescadres pertinents d’actiondanslesquelslesacteursdoiventêtresituéssil’onveutcomprendreteloutelcompartiment,telleoutelledimensiondeleurspratiques.ellen’est,encesens,pasindépendantedelaquestionsociologiquecentraleconcernantladifférenciationsocialedesfonctionsetdesdomainesd’activité:lemondesocialaconnuunlongpro-cessusdedifférenciationdedomainesdepratiquesetcelaadesconséquences–dontleschercheursdoiventtenircompte–surlastructurationdesactionshumainesquis’inscriventdansdes logiques contextuelles toujours spécifiques.Mais cette
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différenciation objective dans l’espace sociohistorique réeln’estpas la seule raisonde lavariationdes cadresd’actionretenusparleschercheurs,deleurtailleetdeleurnature,etnotammentdelanaturedesélémentsconsidéréscommeper-tinentsenleursein.pourrésumerladoubleattitudequiseralamiennetoutau
longdecetouvrage,jediraisquejesuisàlafoisprofondé-ment convaincu que le réel sociohistorique existe indépen-dammentdessavantsqui l’étudient,qu’iln’estpas informe,qu’iln’attendpas«sagement»l’éclairagedeschercheurspourstructurerobjectivementlescomportementshumainsetqu’ilrésistemêmeàcertainsessais(malheureux)d’interprétationsscientifiques, et que les modèles théoriques qui entendentenrendreraisonsonttoujoursdesconstructionsquipeuventvarierenfonctiondesintérêtsdeconnaissance,deséchellesd’observationetdesniveauxderéalitésocialevisés.ilyabiendeschosesàdécouvrirdanslemondesocial,desrégularités,des récurrences, des déterminismes de toutes sortes, maiscesdécouvertesnepeuventsefairequ’autraversouàpartirdeconstructionsquicomportentunepartd’arbitraireducôtédeceuxquilesélaborententantqu’ilssontporteursd’intérêtsde connaissancevariés. inversement, lesmodèlesd’analysesontbientoujoursdesconstructions,maiscesconstructionsnesevalentpastoutes,sontplusoumoinspertinentesenfonc-tiondecequel’onchercheàmettreenévidence,et,lorsqueleschercheursontlesoucidelapreuveempirique,ellesrencon-trent toujoursdesrésistancessurle«solraboteux»duréel.conception épistémologique indissociablement réaliste etconstructiviste (ounominaliste).lesdeuxpositions,qued’aucunss’échinentàrendreincom-
patiblesmaisquinelesontpas,permettentd’organiserration-nellement ladiscussionsur lescontextesd’action.ilya,eneffet, deux grandes manières de concevoir le «contexte»danslequels’inscriventetsecomprennentlesdifférentstypesd’action:unemanièreréaliste,quiconstatel’existence,ausein
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dumondesocial,demicrocosmesspécifiques,s’interrogesurlesprocessushistoriquesdeformationoudetransformationdecesmicrocosmes,etc.(chapitres2et3);unemanièrenomi-naliste,quiprendencomptelavariationdeséchellesd’obser-vationetdespointsdevuedeconnaissancedeschercheursetquiconsidèrequel’opérationdecontextualisationréaliséeparlechercheurdépendfondamentalementdecequ’ilchercheàmettreenlumière(chapitre4).dansuneperspectivestrictementréaliste,ledécoupagedu
contexteestconsidérécommeunprocessushistorique réel,objectivable,etl’onpeutmontrerquelesacteurseux-mêmesapprennentàintérioriserlesensdeslimitescontextuellesetdurespectdesfrontières,oubienencorequ’ils luttententreeuxpourdéfiniroùcommenceetoùfinitl’universdanslequelilsagissent.lescontextespertinentsd’actions’imposentalorsaux chercheurs en tant que microcosmes existant dans laréalitésociale.lessavantsdoiventessentiellementseconsa-crer à l’étude des processus de différenciation du mondesocial et analyser les propriétés spécifiques des différentsmicrocosmesdifférenciésainsique lamanièredontchacund’entreeuxfonctionne.ilsn’ontpasparticulièrementdechoixd’échelled’observationetdecontextualisationàfairepuisquelacontextualisationqu’ilsopèrentestdictéeparl’existencede«contextesréels».leschamps,lesmondes,lesinstitutionsoulesorganisationssont,decepointdevue,bien réels,et leschercheurspeuvent sedemander à leurproposquelles sontlesconditionssociohistoriquesdeleurapparition.ilspeuventaussis’interrogersurlamanièredontunchampouunmondesedifférencientaucoursdutempsensous-champsousous-mondesspécifiques.l’aboutissementidéald’unteltravailderechercheconsisteraitàdonneràvoirl’ensembledesmicro-cosmesetdeleursrelationsd’interdépendancecomposantlaconfigurationsocialeglobale.Maiscetteconceptionréalisteadeslimites,quiappellent
inévitablementune réflexionplusnominaliste, soucieusede
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prendreencomptelesopérationsdeconstructionscientifiqueducontexteetdesélectiondestraitspertinentsdel’analyse(lestypesd’acteursretenusainsiquelestypesderelationoude dimension des pratiques privilégiés).considéré de cettemanière, ledécoupageducontextedépendde lanaturedesproblèmes posés, d’un certain nombre de choix théoriquesetméthodologiques faits par les chercheurs et, au bout ducompte,desexpériencessocialespersonnellessurlesquellesilss’appuientpourfairelasciencedumondesocial.commel’écrivaitludwigWittgenstein,«ilyadesproblèmesauxquelsjeneviensjamais,quinesontpasdansmaligne,nefontpointpartiedumondequiestlemien1».laréalitéesttoujoursinter-rogéeàpartirde«pointsdevueparticuliers»(Weber).or,cespointsdevue,quisontaussides«présuppositions“subjec-tives”»,onteux-mêmesunesociogenèseliéeauxexpériencessocialisatricesdeschercheurs.cesontcesexpériencessocia-lisatricesquiontorientéleurregard,leurattention,guidéleurcuriositéetleursintérêtsdeconnaissance.c’estavecellesetparfoiscontreellesqu’ilsfontdelascience,maisjamaissanselles.lasocialisationscientifiquearrivanttardivementdansl’expériencebiographiquedeschercheurs,iln’estd’ailleurspastrèsétonnantpourunsociologuedeconstaterqu’ellenepeuteffacertotalementleseffetsdessocialisationsantérieures.on voit bien, par exemple, que certaines utilisations
du concept de champ ou de sous-champ font davantagedépendre l’opération de contextualisation des intérêts deconnaissancedeschercheursquedel’objectivitéd’undécou-page très clairement attesté dans la réalité sociale.faut-il,pour comprendre telle ou telle activité scientifique, parexemple de nature «biologique» dans un laboratoire rat-tachéàunegrandeécole,situercetteactivitédanslechampdes grandes écoles? faut-il plutôt la positionner dans lechampuniversitairedanssonensemble?Serait-ilpréférable
1. l.Wittgenstein,remarques mêlées,op. cit.,p.62.
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deseconcentrersurlechampscientifiquenationaldelabio-logie, qui peut intégrer des laboratoires de grandes entre-prisesprivées?oubienencoreneserait-ilpaspluspertinentde reconstruire un champ scientifique biologique interna-tional? pour chacune de ces options, la question se posemême de savoir dans quellemesure la réalité sociohisto-riquedeschosess’organisevéritablementsouslaformed’un«champ».Au-delà de la question du «champ», on pourrait se
demandersilecontextepertinentn’estpasplutôtle«mondede la sciencebiologique» (au sensdeHowardS.Beckeroud’Anselml.Strauss)avecl’ensembledesacteurs,chercheursounonchercheurs,quipermettentàlasciencedesefaire?oubien,commeleprétendunecertainesociologiedessciences,s’ilnes’agitpasdulaboratoireentantqu’institutionetmicro-groupedetravailréel?ouencores’iln’estpaspréférabledeprivilégierl’étudedesinteractionsentrequelqueschercheursconcernésdulaboratoireoudelaconfigurationsocialequ’ilsformententreeux?d’autres,enfin,s’interrogerontplutôtsurlestrajectoiressocialesetlescarrièresacadémiquesdescher-cheurs enquestionet sur le fait qu’ilsn’auraientpas eu leshypothèsesqu’ilsont eues sans la fréquentationde telleoutelle institution scientifique, à telou telmomentcléde leurparcours (e. g. le casdeclaudelévi-Straussdiscutant aveclelinguisteromanJakobsonànewYorken1941etentirantprofitpourledéveloppementd’uneanthropologiestructurale).lechoixlepluspertinentdépendraendéfinitivedutypedepratiquesoudefaitsquel’onentendprécisémentcomprendreetdudegrédefinessed’analysequel’onveutatteindre:com-prendreuneactivitéscientifiquepouréclairerlesphénomènesdeconcurrenceinternationaleentresavants,comprendrecom-mentsefabriquentaujourlejourlesénoncés,lesintuitions,leshypothèsesou les expériences scientifiques, comprendrela logique individuelleoucollectivedeschoixdes sujetsderecherche,etc.
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chaqueconceptsociologiquedésignantuntypedemicro-cosme dans l’espace social global, national ou interna-tional (champ, jeu,monde, institution, organisation, cadrede l’interaction,classe,groupeoumicrogroupe),engageunniveauderéalitésociale,uneéchelled’observationdumondesocialplusoumoins larges,ainsiqu’unesélectiondesélé-ments observés parmi l’infinité des éléments observablespossibles.lesthéoriesempiriqueslesplusstructurées,telleslesthéoriesdeschamps(Bourdieu)etdesmondes(Becker),incluentmêmetouscesaspects: la théoriedeschampsestune théorie plusmacrosociologique que l’étude des inter-actions situées ou des institutions et elle se concentre surlesluttespourl’appropriationoula(re-)définitionducapitalspécifiqueentreagentsdeschamps; la théoriedesmondessupposeunniveaude réalité socialeàpeuprès semblable,mais elle privilégieune échelle d’observation souvent plusmicroscopiqueets’intéresseàunréseaud’acteursbeaucoupplusdiversifié(enfait,l’ensembledesacteursparticipantàladivisiondutravaildanslesecteurconcerné).onverraqued’autres théories du social –qui portent leur attention surlesinstitutions,lesorganisationsoulesinteractions–fixentleurséchellesd’observation,maispeuventdonnerlieuàdesrecherchestrèsdifférentes1etmêmecontribueràlaconnais-sancedesmacrostructuressociales.rendreraisondespratiquesetdesreprésentationsd’acteurs
historiques donnés suppose un certain nombre d’opérationsscientifiques,parmilesquellesl’opérationdecontextualisation
1. lesanalysesd’interactions,parexemple,peuventporterdiverse-mentsurlestoursdeparole,lesimplicites,lesprésuppositions,lespro-céduresinterprétativesoulessavoirspartagésparles«interactants»,surlesrituelsdeprésentation,surlesphénomènesdecode switchingetdecode mixinglorsquelesinteractantsutilisentplusieurslangues,surl’articulationentrelespratiquesetlesparolesdanslecoursd’uneaction,surl’articulationdesacteursetdesobjetsoudispositifstechniques,surlestensions,lesrapportsdeforceoulesrapportsdedominationquitramentleséchangesverbaux,etc.
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estsansdoutel’unedespluscruciales.pourdonneruneidéeprécisedelachaîneargumentativequejevaism’efforcerdedéployertoutaulongdecetouvrageàcesujet,j’enprésenteraiicilesprincipauxmaillons:–pour interpréter correctement les faits et gestes des
acteurs, les scienceshumaineset socialesdoivent s’efforcerdesedemander,d’unepart,cequ’engagentlesacteursdansleur action, en fonction de leurs expériences passées cris-tallisées sous la formedecompétencesetdedispositionsàagir,àcroire,àpenser,àsentir,et,d’autrepart,cequel’actiondoitauxcontraintesspécifiquesdechaquecontexted’action.cetteexigencepeutsecondenserdanslaformulesuivante:dispositionsoucompétences+contexte=pratiques.–lasecondepartiedecetteformuleenjointauxsciences
humaines et sociales de contextualiser les pratiques desacteurs;cesderniersinscriventtoujoursleursactionsdansdescontextes, globaux ou locaux,spécifiques.–ladéfinitiondecescontextesdépendàlafoisdesdyna-
miques historiques de différenciation de domaines relati-vement séparéset spécifiquesqui sont à l’œuvreau seindel’espacesocialetdesintérêtsdeconnaissancedeschercheurs.–lesfaitsdedifférenciationsocialedesdomainesd’activité
sontadmisparunegrandemajoritédesociologues,quellequesoitlatraditionsociologiqueàlaquelleilsappartiennent.–produitsdeladifférenciationsociale,touslesmicrocosmes
sociauxobservablesnesontpasdeschampsoudesmondeset,malgréleurairdefamille,lechampetlemondenerenvoientpasauxmêmesréalitéssociales.–lathéoriedeschampsdoitêtrespécifiéeetcomplexifiée
enopérantdesdistinctionsentredifférentstypesdechamps(e. g. leschampsdeproductionculturellenegarantissantpasàlamajoritédeleursparticipantsuneprésencepermanenteenleurseindoiventêtresoigneusementdistinguésdeschampsquirémunèrentdesagentspermanents1).
1. lecasde l’univers littéraire,qu’onpeutconsidérercommeunexemple parmi d’autres d’univers artistiquemais certainement pas
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–il est légitimed’étudier lemonde social àdeséchellesvariées pour comprendre des niveaux de réalité socialedifférents (le monde, le champ ou le système, le groupe,l’institution,l’organisation,l’interactionoul’individusingu-lier)etd’analyserdesaspectsoudesdimensionsvariésdespratiques.Jenesaispasexactementàquelgenreserattachecelivre
ets’ilestimportantd’essayerdelepréciser.S’ilnereposepassuruneenquête inédite, iln’estpasdépourvude référencesàdestravauxempiriques,ceuxquej’airéalisésouanimésetsans lesquels jen’auraispaséprouvé lanécessité, etparfoismême l’urgence,decertainespropositionsconceptuellesoudecertainesmisesaupoint,commeceuxdenombreuxautreschercheurs (anthropologues, historiens, philosophes, lin-guistes,géographes,politistes,psychologues,psychanalystesetsociologues).unlivreconstitueunemanièrederelierdesœuvresdupassécommeduprésentetdelesfaireparlerautre-mentqu’ellesneparlaientjusque-là.commenombred’autressavants, je fréquente autant les morts et les étrangers quelesvivantset lesproches.Àuneépoqueoù l’ona tendanceàdonner leprimataux«derniersparus», avecuneextraor-dinaire facultéd’amnésiequi amèneà juger«nouvelles»et«originales»devieillesrengaines,etoùl’onmultiplie–sousprétextede«valorisationdelarecherche»–lesoccasionsderencontresentrechercheursquipassentparfoisplusdetempsàparlerencolloque,aveccettefameuse«ivressedel’inexac-titude»dontparlaitGastonBachelard,qu’àchercher,ilneme
commeunchampdeproductionculturelleidéaltypique(engommanttouteslesspécificitésquileséparentdel’ensembledeschampsdepro-ductionacadémiques,universitairesou scientifiques), sera fréquem-mentsollicitétoutaulongdecetouvrage.celatientbienévidemmentàmonpropreparcoursderecherche,quim’aamenéàtravaillersurcedomainedepratiquesparticulier.celaestliéaussiaufaitqueleconceptde«champlittéraire»asuscitédenombreuxtravaux,enfrancecommeàl’étranger,et,cequiestplutôtrare,quelquesinterrogationscritiques.
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semblepas inutilederappeler lacentralitédes travauxet lanécessitéde la fréquentation lente, rigoureuseetprécisedestextes1.cet ouvrage ne propose pas une théorie de la société en
bonneetdueforme.leslivresquinousprésententdessortesdetableauxobjectifsdumondesocialdonnantl’impressiondesortirdunéantouduchapeaud’unmagicienmeparaissentd’unautretemps.untempsoùledegréderéflexivitédessavantsétait infiniment plus faible et où leur degré d’inconscienceacadémiquepouvaitatteindredessommets.untempsoùl’onpouvaitdéconnecterlesimagesdumondesocialproposéesdesinstruments(conceptsetméthodes)misenœuvreetdespointsdevuedeconnaissanceengagés.Sileprésentouvragen’estpasthéoriqueencesens,ilestcependantleproduitd’unevolontédeprendredeladistanceparrapportàl’étatactueldesscienceshumainesetsocialesetdes lignesdeclivagequi les traver-sentensedonnantlapossibilitéd’entrevoirl’unitécachéed’unespaceapparemmenttrèsmorcelé.ilaaussipourbutdemieuxposercertainsproblèmesnévralgiquesdecesdisciplinesenlesformulantdelamanièrelaplusrigoureusepossible,afindeclarifiercertainesquestionsquirestentsouventimplicitesouconfusesdanslapratiquedeschercheurs.Tenirdevantsoi,«transparents»,les«fondementsdesédificespossibles»,maisprécisémentdanslebutd’«éleverunédifice»aussijustequepossible:voilàlatâche,voilàl’horizon.
1. Jean-claudepasseronparlait, ilyadéjàvingtansdecela,des«consensusdepolitesse,multipliés[…]par laviedecolloque»quiont noyé les «fonctions de clarification théorique» dans une sorted’«espéranto diplomatiqueoù l’intervenant commencepar affirmerqu’ilprolongelapenséedel’interlocuteuravantdedirelecontraire».J.-c.passeron,Le raisonnement sociologique. L’espace non-poppé-rien du raisonnement naturel,paris,nathan,1991,p.139.
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uneforMuleScienTifiqueunificATrice
1
uneformulescientifiqueunificatrice
comprendre pourquoi des individus particuliers, ano-nymesoucélèbres,oudesgroupessociaux,petitsougrands,fontcequ’ilsfont,pensentcequ’ilspensent,sententcequ’ilssentent, disent ce qu’ils disent, voilà condensé en quelquesmots l’ambitieuxobjectifdes scienceshumaineset sociales–sociologie,histoire,anthropologie,géographie,linguistique,économie,etc.–depuisqu’ellesexistenten tantquesavoirssavants.cetobjectif,ilmesemblequecessciencesl’atteignentd’autantplusprécisémentetavecd’autantplusdepertinencequ’ellessaisissentlespratiquesaucroisementdespropriétés sociales des acteursetdespropriétés sociales des contextesdanslesquelsilsinscriventleursactions.etsil’onveutpousserlaréflexionthéoriqueunpeuplusloinetsedonnerlesmoyensdepenserplusconsciemmentetplussystématiquementl’arti-culationentrelesacteursetlescontextes,ilestnécessairedenommeretdedécrire lesdirectionsde recherchequi sous-tendentl’opérationd’articulationenquestion.
Les pratiques entre dispositions et contextes
en l’occurrence, tout chercheur qui s’efforce, dans desrecherchesempiriquesdéterminées,d’atteindrelepoint d’équi-libre explicatifentre,d’unepart,l’étudedespropriétéssocialesincorporéesdesacteurset,d’autrepart,celledespropriétés
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sociales objectivées des contextes, combine inévitablementundispositionnalismeetuncontextualisme.comprendrelespratiquesoulescomportements(gestes,attitudes,paroles)parunereconstructiondestypesdedispositionsmentalesetcom-portementalesincorporéesdontsontporteurslesacteurs(pro-duitdel’intériorisationdesexpériencessocialespassées)etdescaractéristiquesdescontextesparticuliers(naturedugroupe,del’institutionoudelasphèred’activité,typed’interactionouderelation)danslesquelsilsévoluentest,àmonsens,lavoielaplusjuste,lapluscomplexeetlaplusrentablescientifiquementqueleschercheurssontenmesuredemettreenœuvre.quelesréalisationsempiriquesdeceuxquiadhèrentàun
telprogrammesoient toujours imparfaitesetneparviennentqu’exceptionnellement au point d’équilibre parfait –pourdes raisonsqui tiennent souventautantàdesquestionspro-saïquesde temps limitéde la recherche, d’accès restreint àcertainesdonnéesempiriquesoud’obstacles sociauxdiversdans lamise enœuvredesméthodesqu’àdesmanquesdebonnevolontéoudesérieuxdeschercheurs–nedevraitpasremettre en cause la validité générale dumodèle théoriquedispositionnaliste-contextualiste.dans tous les cas, celanejustifieenrienlespectaclequenousdonnentsouventàvoirles«communautéssavantes»,àsavoirledécoupagedesdif-férents élémentsduproblèmeà résoudreenautantdeposi-tionsthéoriques(etparfoismêmedisciplinaires)séparéesquis’opposentlesunesauxautres.onaassistéainsiaucoursdesvingtdernièresannées,enfrance,auretoursurledevantdelascènescientifiquede«pragmatistes1»jouantle«contexte»,ouplutôtuncertain typedemicrocontexteprochedeceluidéfinipar l’interactionnismeou l’ethnométhodologie, contreles«dispositions»etcaricaturantunesociologiedisposition-nalistequi,desoncôté,s’étaitdéjàconsidérablementaffaiblie
1. Autoproclaméscommetelsetdontlecaractèreréellementprag-matistedestravauxmeparaîtsouventassezcontestable.
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uneforMuleScienTifiqueunificATrice
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aveclamultiplicationdestravauxmettantdavantagel’accentsurles«champs»oules«institutions»quesurles«habitus»,l’usageréelet ledegrédeprécisionduconceptd’habitusseréduisantcommeunepeaudechagrin.leschercheursagissentsouventcommelesquatreaveugles
rencontrantunéléphantquemetenscènelaparaboleindienne.chacunenatouchéunepartie,lepremierprétendquel’élé-phantestpareilàunetrèsgrandefeuilleouàunénormeéven-tail, ledeuxièmeditqu’il ressembleàunecolonneouàunpilier,letroisièmelecompareàunejarreetledernierpensequel’éléphantestunanimalprocheduserpent:voilàcequedevient un éléphant lorsque l’on considère séparément sonoreille,l’unedesespattes,sonventreetsatrompe.cetétatdechosesnerépondpasàdeslogiquesintrinsèque-
mentscientifiques,maisdavantageàdeslogiquesdeconcur-renceetde«nécessité»d’existerdistinctivement,etsurtoutdesedistinguerdelamanièrelaplusrapideetlaplustonitruantepossible.quanduncamp théorique semble temporairementdominer,ilnefautpasattendretrèslongtempsavantdevoirapparaîtreuncampopposé,qui,plutôtqued’essayerdes’appro-prierlesacquisdestravauxréalisés,préfèrerevendiquerunepositionradicalementnouvelle.laradicalitéétantlaconditionde lavisibilité laplusnette, tousceuxquivisentplusàêtrevisiblesqu’àrésoudredesproblèmesscientifiquesontintérêtàuncertainradicalismethéorique.commencerparincorporerlesacquisdetravauxdontonsouhaiteparailleurssedistin-guersurunesériedepoints,c’estprendrelerisquedenepasêtresuffisammentremarquéetmisenlumière.c’estpourcelaquenombred’auteurs«tordentlebâtondansl’autresens».cefaisant,lesintellectuelstémoignent,naïvement1,davantagede
1. «naïvement», car cela déclenche l’indignation scientifique etmorale de tous ceux qui pensent qu’admettre une telle chose c’estavouer et, dumême coup, banaliser un certain opportunisme intel-lectuel. pour cette raison, on ne cesse d’assister dans l’univers desscienceshumainesetsocialesàdesentreprisesdecritiquesradicales
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leurdépendanceàl’égarddeleursconcurrentsquedeleursoucid’allerversunpeuplusdevérité(oudesubtilitéetdecom-plexité).etl’onauracomprisque,étantdonnélamanièredontfonctionnentsocialementlesuniversintellectuels,les«tordeursdebâton»ontencoreunbelavenirdevanteux.pour résumer la démarche scientifique indissociablement
dispositionnalisteetcontextualiste,onpeuténoncerlaformulesuivante:
dispositions+contexte=pratiques
lespratiquesconsidérées(qu’ils’agissed’un«choix»ali-mentaireouvestimentaire,sportifoupolitique,d’uncomporte-mentscolaireouéconomique,sexuelouculturel,professionneloufamilial,etc.)nesecomprennentdoncquesi l’onétudie,d’unepart,lescontraintes contextuellesquipèsentsurl’action(cequelecontexteexigeousollicitedelapartdesacteurs)et,d’autrepart,lesdispositionssocialementconstituéesàpartirdesquelleslesacteursperçoiventetsereprésententlasituation,etsurlabasedesquellesilsagissentdanscettesituation.dansunetelleformule,onserendcomptequesilespratiquespeu-vents’observeret s’enregistreren tantque réalitésprésentesetsilescontextesd’actionsontobjectivablesparlechercheurenconsidérantles«règles»deleurjeu,lesspécificitésdeleurfonctionnement,lanaturedesrelationsquis’ydéploient(quifont que le contexte scolaire se distingue du contexte reli-gieuxoupolitique,maisaussique lemicrocontextescolairedelasalledeclassesedistinguedumicrocontextescolairede
del’adversaire,suiviesquelquesannéesplustardpardesautocritiques.lesauteurscumulentainsilesprofits:ceuxassociésàl’acteinauguraldedistinction,puisceuxattachésauprésupposécourageouàlapré-tendueluciditédeceluioudecellequiavoueenpartieses«fautes»ouses«exagérations».Maisquedetempsperduetqued’énergiedisperséedanscesmouvementsdebalancierquirépondentauxseuleslogiquesdelacompétitionàcourtterme.
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forcedel’ordre
l’espritsociologiqueLa découverte, 2005
laconditionlittéraireladoubleviedesécrivains
La découverte, 2006
laraisonscolaireÉcoleetpratiquesd’écriture,entresavoiretpouvoir
Presses universitaires de rennes, 2008
lacognitionauprismedessciencessociales(dir.avecclauderosental)Éditions des archives contemporaines/Éditions scientifiques, 2008
franzKafkaÉlémentspourunethéoriedelacréationlittéraire
La découverte, 2010
cequ’ilsvivent,cequ’ilsécriventMisesenscènelittérairesdusocialetexpériencessocialisatricesdesécrivains
(dir.)Éditions des archives contemporaines/Éditions scientifiques, 2011
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TABle
Le Seuil s’engagepour la protection de l’environnement
Ce livre a été imprimé chez un imprimeur labellisé Imprim’Vert, marque créée en partenariat avec l’Agence de l’Eau, l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie) et l’UNIC (Union Nationale de l’Imprimerie et de la Communication).La marque Imprim’Vert apporte trois garanties essentielles :• lasuppressiontotaledel’utilisationdeproduitstoxiques;• lasécurisationdesstockagesdeproduitsetdedéchetsdangereux;• lacollecteetletraitementdesproduitsdangereux.
rÉAliSATion:curSiVeSÀpAriSiMpreSSion:norMAndieroToS.A.S.ÀlonrAi
dÉpôTlÉGAl:MArS2012.n°106459(000000)imprimé en France
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