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n Décrire les systèmes d’élevage dans leur diversité Durant l’étude 2015, J.K.Galtier a appré- hendé les pratiques «atypiques» d’éle- veurs aux objectifs très centrés sur l’autonomie et l’économie. En parallèle, il a aussi rencontré des agriculteurs ins- crits dans une démarche plus classique. Les informations recueillies ont enrichi la connaissance sur des améliorations potentielles applicables dans les sys- tèmes fourragers en Aveyron (voir GTI n°164). A l’occasion de ce travail, l’étudiant a testé 15 indicateurs pour décrypter le fonctionnement d’une exploitation. Ces critères ont pour but d’analyser la cohé- rence globale du système de production en mettant en lien les pratiques et les ré- sultats sur le troupeau, l’économie et l’environnement. Certains illustrent la conduite du sys- tème fourrager, en portant l’accent sur la ressource fourragère : - la cohérence entre la taille du troupeau et le potentiel du sol : chargement et achat de fourrage, - le pâturage : gestion et place dans l’ali- mentation annuelle, - les pratiques d’intensification du sol : apport d’azote minéral et cultures four- ragères intensives, - la part de récoltes précoces (voie hu- mide ou séchage en grange). D’autres critères précisent les perfor- mances technico-économiques et l’im- pact potentiel sur l’environnement : - la productivité des animaux et la quan- tité de concentrés distribués, - l’efficience économique globale, et plus en détail, les coûts de mécanisa- tion, d’alimentation et des fourrages pro- duits, - l’impact sur l’environnement : l’équi- valent en surface des aliments achetés et le bilan azote. Ces indicateurs permettent de faire s’in- terroger des agriculteurs (ou des conseil- lers) en positionnant des données d’exploitation par rapport à des réfé- rences. n Les agriculteurs en Références choisissent parmi un panel d’indi- cateurs Une des applications pratiques du travail de J.K. Galtier a été de faire évaluer les indicateurs étudiés aux agriculteurs des groupes Références. Pour une illustration concrète, la première présentation pre- nait en compte des cas du groupe. Cette approche n’a pas remporté la totale adhésion des participants, tant sur la forme (un diagramme) que sur le fond, à cause du nombre et de la complexité de certains indicateurs. Nécessité donc d’adapter ces indicateurs pour les rendre accessibles. Les agriculteurs en Réfé- rences ont contribué à cette recherche, avec des suggestions individuelles des éleveurs du Nord Aveyron et au cours de rencontres pour les groupes Ségala et Lé- vézou. Pour ces derniers, cela s’est fait en présentant plus de critères (26 au total) regroupés en 6 thèmes (voir ta- bleaux page 2). Chaque participant avait pour mission de choisir 2 indicateurs parmi les propositions faites dans chaque thème, en donnant 2 points à son choix n°1 et 1 point à son choix n°2. Ensuite, il commentait la signification, à ses yeux, des critères retenus. La ques- tion était ainsi formulée : «quels sont les indicateurs qui illustrent le mieux votre exploitation ou, que vous souhaiteriez connaître pour bien comprendre un éle- vage que vous visitez ?». Cette consigne associait l’objectif d’avoir un large re- gard sur une exploitation et de percevoir la stratégie du pilote. Mission Références Chambre d’Agriculture de l’Aveyron - Carrefour de l’agriculture 12026 Rodez Cedex 9 - Tél. 05 65 73 79 11 Dix indicateurs pertinents pour comprendre un système d'élevage et proposer des améliorations Dans un département où l’essentiel de la production agri- cole est issu des herbivores, il paraît indispensable d’ob- server et de comprendre les systèmes fourragers des exploitations. Tel a été l'objectif du travail réalisé en 2015 par Johan-Kévin Galtier, stagiaire ingénieur à la Mission Références de la Chambre d’agriculture. Pour caractéri- ser ces systèmes, il a testé quinze critères quantitatifs, dits aussi «indicateurs». A partir de cette base discutée et élargie, les agriculteurs des groupes Références ont choisi une dizaine de critères jugés suffisamment expli- cites pour comprendre une exploitation dans sa globalité et, au-delà, dégager d'éventuelles pistes d'amélioration. AVEYRON RÉFÉRENCES En direct des agriculteurs du réseau Juin 2016 Les agriculteurs «Références», expérimentés et crédibles Les agriculteurs en Références ont de l’expérience sur le sujet ; ils manipulent une multitude de repères acquis au cours du suivi annuel de chacun. En effet, la base du travail des groupes Réfé- rences est bien la compréhension partagée de chaque exploitation avec une découverte de la struc- ture, mais aussi une analyse des résultats, des discussions autour des marges de progrès et, au-delà, une approche des orientations stratégiques des pilotes. L’équipe Ségala dans le concret de la ferme : convivialité et sérieux nourrissent la réflexion.

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Page 1: AVEYRONRÉFÉRENCES€¦ · n Décrire les systèmes d’élevage dans leur diversité Durant l’étude 2015, J.K.Galtier a appré-hendé les pratiques «atypiques» d’éle-veurs

n Décrire les systèmes d’élevagedans leur diversitéDurant l’étude 2015, J.K.Galtier a appré-hendé les pratiques «atypiques» d’éle-veurs aux objectifs très centrés surl’autonomie et l’économie. En parallèle,il a aussi rencontré des agriculteurs ins-crits dans une démarche plus classique.Les informations recueillies ont enrichila connaissance sur des améliorationspotentielles applicables dans les sys-tèmes fourragers en Aveyron (voir GTIn°164).A l’occasion de ce travail, l’étudiant atesté 15 indicateurs pour décrypter lefonctionnement d’une exploitation. Cescritères ont pour but d’analyser la cohé-rence globale du système de productionen mettant en lien les pratiques et les ré-sultats sur le troupeau, l’économie etl’environnement.Certains illustrent la conduite du sys-tème fourrager, en portant l’accent sur laressource fourragère :- la cohérence entre la taille du troupeauet le potentiel du sol : chargement etachat de fourrage, - le pâturage : gestion et place dans l’ali-mentation annuelle,- les pratiques d’intensification du sol :apport d’azote minéral et cultures four-ragères intensives,- la part de récoltes précoces (voie hu-mide ou séchage en grange).D’autres critères précisent les perfor-mances technico-économiques et l’im-pact potentiel sur l’environnement :- la productivité des animaux et la quan-

tité de concentrés distribués,- l’efficience économique globale, etplus en détail, les coûts de mécanisa-tion, d’alimentation et des fourrages pro-duits, - l’impact sur l’environnement : l’équi-valent en surface des aliments achetés etle bilan azote.Ces indicateurs permettent de faire s’in-terroger des agriculteurs (ou des conseil-lers) en positionnant des donnéesd’exploitation par rapport à des réfé-rences.

n Les agriculteurs en Référenceschoisissent parmi un panel d’indi-cateursUne des applications pratiques du travailde J.K. Galtier a été de faire évaluer lesindicateurs étudiés aux agriculteurs desgroupes Références. Pour une illustrationconcrète, la première présentation pre-nait en compte des cas du groupe. Cetteapproche n’a pas remporté la totaleadhésion des participants, tant sur laforme (un diagramme) que sur le fond, àcause du nombre et de la complexité decertains indicateurs. Nécessité doncd’adapter ces indicateurs pour les rendreaccessibles. Les agriculteurs en Réfé-rences ont contribué à cette recherche,avec des suggestions individuelles deséleveurs du Nord Aveyron et au cours derencontres pour les groupes Ségala et Lé-vézou. Pour ces derniers, cela s’est faiten présentant plus de critères (26 autotal) regroupés en 6 thèmes (voir ta-bleaux page 2). Chaque participant avait

pour mission de choisir 2 indicateursparmi les propositions faites danschaque thème, en donnant 2 points àson choix n°1 et 1 point à son choix n°2.Ensuite, il commentait la signification, àses yeux, des critères retenus. La ques-tion était ainsi formulée : «quels sont lesindicateurs qui illustrent le mieux votreexploitation ou, que vous souhaiteriezconnaître pour bien comprendre un éle-vage que vous visitez ?». Cette consigneassociait l’objectif d’avoir un large re-gard sur une exploitation et de percevoirla stratégie du pilote.

Mission Références Chambre d’Agriculture de l’Aveyron - Carrefour de l’agriculture12026 Rodez Cedex 9 - Tél. 05 65 73 79 11

Dix indicateurs pertinents pour comprendreun système d'élevage et proposer des améliorations

Dans un département où l’essentiel de la production agri-cole est issu des herbivores, il paraît indispensable d’ob-server et de comprendre les systèmes fourragers desexploitations. Tel a été l'objectif du travail réalisé en 2015par Johan-Kévin Galtier, stagiaire ingénieur à la MissionRéférences de la Chambre d’agriculture. Pour caractéri-ser ces systèmes, il a testé quinze critères quantitatifs,dits aussi «indicateurs». A partir de cette base discutéeet élargie, les agriculteurs des groupes Références ontchoisi une dizaine de critères jugés suffisamment expli-cites pour comprendre une exploitation dans sa globalitéet, au-delà, dégager d'éventuelles pistes d'amélioration.

AVEYRONRÉFÉRENCESEn direct des agriculteurs du réseau

Juin 2016

Les agriculteurs«Références», expérimentés

et crédibles

Les agriculteurs en Référencesont de l’expérience sur le sujet ;ils manipulent une multitude derepères acquis au cours du suiviannuel de chacun. En effet, labase du travail des groupes Réfé-rences est bien la compréhensionpartagée de chaque exploitationavec une découverte de la struc-ture, mais aussi une analyse desrésultats, des discussions autourdes marges de progrès et, au-delà,une approche des orientationsstratégiques des pilotes.

L’équipe Ségala dans le concret de la ferme :convivialité et sérieux nourrissent la réflexion.

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Taille et vivabilité• Concernant la surface,les agriculteurs retiennentle nombre d’hectaresSAU : la surface, «c’est labase», «le potentiel pourproduire», «on produiraque des cultures ou bienon y conduira un trou-peau». • Le nombre d’UGB parUMO arrive largement entête pour décrire le trou-peau. Ce critère évoquefortement le travail, plusparticulièrement l’as-treinte, à la fois sous l’angle charge etbesoin. Y sont également associées lesnotions d’efficacité, de productivité,d’intensification, de niveau d’équipe-ments. Ce ratio UGB/UMO appelle ra-pidement à parler d’équilibre, c’est àdire de seuils raisonnables entre taille decheptel et main d’œuvre présente. Mais,il n’intègre ni qualité du travail, ni pré-cision sur le type de travail au-delà de laproduction de lait ou de viande. Deplus, ce critère est aussi un indicateurfort du potentiel de revenu. Les éleveursde l’Aubrac, contactés individuellement,y trouvent d’ailleurs un intérêt pour saréférence au lien entre travail et revenu.De plus, on remarquera que le volumede production de lait n’a jamais été re-vendiqué comme indicateur.• Le nombre d’unités de main d’œuvreévalue le degré de souplesse et de sécu-rité entre un travailleur seul ou en col-lectif. Toutefois, il ne donne pasd’information sur l’importance du béné-volat. A noter : pour la suite, tous les critèresétablis par UGB peuvent être ramenés àla brebis ou à la chèvre, l’UGB restantalors l’unité commune pour comparerdifférents élevages d’herbivores entreeux.

Viabilité économique• Le principal indicateur de viabilité estle disponible par UMO. «C’est le but denotre travail», «c’est ce qui reste», «notresalaire» et c’est aussi «l’expression d’unexploitant qui travaille bien ou moinsbien». Ce critère informe aussi sur la ca-pacité à investir. Les éleveurs Aubrac

confirment la place prioritaire de ce re-père. • L’EBE hors MOF ramené au produit in-forme sur l’efficacité du fonctionnementde l’exploitation : les produits de l’annéesont-ils suffisants et pas trop amputés parles dépenses pour en garder une partconséquente ? «C’est bien le rapportentre les produits et les charges» et «labanque regarde cela». En effet, labanque apprécie ainsi la technicité et laqualité de gestion et mesure égalementle potentiel pour faire face à de futurs in-vestissements.• Les annuités et le foncier sont des «en-gagements» sur le moyen terme, qui dé-pendent de «l’histoire de l’exploitation»,«de son stade de vie, croisière ou déve-loppement». Pour certains, un pourcen-tage élevé d’annuités et foncier mesureun risque. Mais, pour d’autres, c’est un«signe de dynamisme». On peut s’inter-roger sur les conséquences de cette as-sociation d’idées. • Les aides ne sont pas signalées commeinformation majeure car elles sont «in-dividuelles et subies». Elles font apparaî-tre de la dépendance, mesurée par leurpart dans le disponible : «est-il possiblede vivre sans les aides ?». Sans compterqu’au dire des agriculteurs, elles expli-quent fréquemment le prix du foncier.• La valeur ajoutée, «qui est le fruit dutravail» serait un bon indicateur maisson calcul est complexe. Mais elle variefortement selon les résultats techniqueset la conjoncture, et peut être négativepour certains types de systèmes.

Economie du troupeau• Le prix de revient est intéressant car ilintègre toutes les charges, il permet desavoir si «on est dans le vrai» par rapportau prix de vente. Mais aujourd’hui, per-sonne ne le connaît, «en dehors desgroupes Références !». Il serait préféra-ble de retenir le prix de fonctionnementou le prix d’équilibre, plus compréhen-sibles car ils relèvent de la trésorerie.Mais eux aussi sont peu répandus...

AbréviationsUMO : Unité de Main d’œuvreEBE : Excédent brut d’ExploitationFoncier : fermages et impôts foncierMOF : MSA et salaires, foncierIntrants SFP : dépenses engrais, semences,phytosanitairesMécanisation : carburant, entretien dumatériel, outillage, frais CUMA et entre-prise, amortissement

Disponible par UMO exploitant(€/UMO) 27

EBE hors MOF / produit total (%) 14

(Annuités + foncier) / produittotal (%)

14

Aides totales / produit total (%) 5

Valeur ajoutée/UMOexploitant+salarié (€/UMO) 8

Prix de revient (€/1000 litresou 100 kg VV ou kg C agneau)

22

Marge brute atelier (€/UGB) 22

Prix de vente (€/1000 litresou 100 kg VV ou kg C agneau)

14

Produit de l'atelier hors aides(€/UGB) 8

Marge brute atelier / Produit brutatelier (%)

3

Quantité de concentrés(kg par UGB)

26

Concentrés + Fourragesachetés + intrants SFP (€/UGB) 25

Pâture dans l'alimentation (%) 10

Surface importée (ha/SAU) 7

Chargement réel (UGB/ha SFP) 27

Fertilisation azotée (u N/UGB) 17

Intensification de la SFP(% récoltes précoces)

8

Energie (Mégajoule/ 1000 litresou 100 kg VV ou kgC agneau)

7

Charges de structure (€/UGB) 31

Coût de la tonne de MS produite(€/T MS) 25

Charges de mécanisation(€/ha SAU) 11

Viabilité

Résultats économiques du troupeau

Alimentation

Intensification des surfaces

Charges fixes

Le groupe Lévézou-Vallée de l'Aveyron en plein travail !

Repères choisis et hiérarchiséspar les agriculteurs

Taille et vivabilitéNombre d’UGB par UMOexploitant + salarié

24

SAU (ha) 17

SAU par UMO exploitant + salarié(ha)

15

Nombre d’UGB* 7

Nombre d’UMO exploitant+ salarié

6

Points

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• Le prix de vente résulte bien sûr de laconjoncture mais aussi de la qualité desproduits ou de la période de production,facteurs sur lesquels il est possible d’agir.• La marge brute par UGB est le meil-leur repère pour mesurer «ce que rap-porte la production de la vache ou de labrebis», car c’est un précurseur impor-tant du résultat final, qui intègre à la foisles produits et les charges opération-nelles.• Le produit est quant à lui, insuffisant.Il exprime seulement la productivité as-sociée au prix de vente.• L’efficacité, au travers du critèreMB/PB, est tout aussi imparfaite dans lecas où le produit est faible.On remarquera que la notion de pro-ductivité animale n’a été évoquée quepar un seul éleveur bovin viande, qui es-time judicieux de parler de productionde kg de viande vive par UGB.A noter : La marge brute, assez com-plexe à calculer, n’a pas été retenue aufinal en tant qu’indicateur prioritaire tan-dis que le produit par UGB a été gardéen production de viande face à la diffi-culté de mesure des kilos produits.

Impact majeur de l’alimentationLes agriculteurs ont bien mis en premierles 2 critères qui mesurent les effets dela conduite de l’alimentation.• Pour la quantité de concentré, ce se-rait encore mieux de la ramener à laquantité produite, lait ou viande, pourapprécier l’efficacité alimentaire. Pour-quoi pas un indice de consommation enproduction de viande ? Connaître laconsommation de concentré amène desréflexions sur le niveau de productivité,la période de production, la qualité desfourrages.• Le montant par UGB de concentrés +fourrages achetés + intrants SFP apporteune vision plus complète et plus écono-mique du coût alimentaire. Ce ratio in-forme aussi sur la situation vis-à-vis del’autonomie alimentaire.• Quelques agriculteurs ont retenu lepourcentage de pâture comme un fac-teur favorable à la maîtrise du coût ali-mentaire et de la mécanisation.• La surface importée est un critère nou-veau qui n’a guère été cité. Elle est défi-nie comme la surface nécessaire pour

produire tous les concentrés et fourragesachetés (avec un calcul par des rende-ments moyens). Elle a bien été comprisecomme un synonyme imagé de l’auto-nomie alimentaire et appelle les propossuivants : «c’est parce que le troupeau aaugmenté plus vite que la SAU» ou bien«vaut-il mieux importer de la surface oupayer un gros fermage ?». Certes, «ellene préjuge pas de l’efficacité finale dusystème» mais elle informe sur le risquelié à la dépendance extérieure.

Intensification et autonomie• Le chargement réel est l’indicateurunanime d’intensification du sol, le plusapproprié pour approcher l’autonomiequand il est comparé au chargement ap-parent. Bien entendu, les notions dechargement sont à relativiser selon lepotentiel de chaque zone pédoclima-tique.• L’apport d’azote apparaît comme lecritère le plus simple pour caractériserl’intensification même s’il ne présumeen rien du bon raisonnement de la ferti-lisation, et n’intègre pas l’importancedes légumineuses.Deux critères ont été éliminés : l’énergieà cause de l’absence de repères connusdes participants et la proportion de ré-coltes précoces, peu explicite.

Charges «fixes»• Le total des charges de structure dites«incompressibles» est retenu en priorité.Il indique «un niveau d’équipement»mais aussi un montant plus ou moins

lourd à honorer. Ces charges sont vécuespar les agriculteurs comme figées,presque comme une fatalité, sans actionpossible pour les réduire.• Quelques uns évoquent qu’il en estainsi pour les services (assurances, élec-tricité), parfois pour les bâtiments quandil y a eu obligation de construire oud’aménager, mais qu’il est possibled’agir sur la mécanisation. L’un d’eux ad’ailleurs dit que «la charge de mécani-sation est un indicateur du luxe !».• Cependant, les éleveurs préfèrent lecoût à la Tonne de MS produite pour lecomparer au prix d’achat du fourrage.Espérons que l’opportunité d’achat n’estpas la seule raison envisagée, alorsqu’amenuiser le coût de production dufourrage est possible… en abaissant lecoût de mécanisation.A noter : La mécanisation correspond àla variable majeure des charges de struc-tures et du coût de la tonne de MS. Pourcette raison et sa relative simplicité decalcul, ce critère sera conservé au détri-ment des autres.

Les 10 indicateurs retenus

• SAU (ha)• UGB / UMO exploitant + salarié• Disponible / UMO exploitant (€)• Annuités et foncier / Produit total (%)• EBE hors MOF / Produit total (équivalent à Apport d’argent / Re-cettes en phase de croisière) (%)

• Prix de vente en lait ou Produit brut / UGB en viande (€)• Quantité de concentrés / UGB (kg)• Azote / ha SAU (unités)• Chargement apparent et réel (UGB / ha SFP)• Charges de mécanisation / ha SAU (€)

La feuille de trésorerie «parle» aux agriculteurs

Si l’on examine la liste des indicateurs retenus par les agriculteurs en Références,on s’aperçoit qu’elle ramène à un document bien connu, utilisé depuis très long-temps et confirmé aujourd’hui encore pour son intérêt : il s’agit de la feuille detrésorerie ! Celle-ci résume avec simplicité une année économique sous l’angledes recettes et des dépenses. La plupart des critères y figurent et quelques sup-pléments d’information permettent de les compléter.

Une logique de lecture

L’ordre de présentation de l’ensembledes critères a aussi fait l’objet d’unvote. En premier, viennent les critèresdescriptifs de la surface, du troupeau etde la main d’œuvre puis l’enchaîne-ment va des repères globaux d’exploi-tation vers le détail de l’atelier.Majoritairement dans les trois groupesRéférences, les agriculteurs préfèrentappréhender en premier le disponibleet les évolutions prévisibles du mon-tant à honorer (MSA, foncier, salaires,annuités). Ensuite, ils s’intéressent auxmarges de progrès sur les produits etles charges au travers des indicateursproposés. Des éleveurs disent même :«si le disponible est suffisant, on peuts’arrêter à cette étape là».

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Cet exemple traite le cas d’une ex-ploitation bovin viande Aubrac com-parée à la moyenne des fermes suiviesdans la zone et au cas-type approprié(= situation optimisée).

Cette exploitation est dans la moyennede taille des autres fermes. Le disponiblepar UMO est correct et le volume desannuités et charges foncières sur produitest limité.Mais ces bons résultats masquent unmanque d’efficacité du système. L’EBEhors MOF / produit affiche 7 % de moinspar rapport aux autres élevages sembla-bles, ce qui représente un manque à ga-gner de 11 000 € environ pour un an.Où se cachent ces euros ? Pas du côtédu produit viande : il est bon, ce qui si-gnifie que cet élevage produit suffisam-ment de kilos de viande par UGB à unprix normal.Côté charges, la quantité de concentréspar UGB est bien maîtrisée et la simili-tude entre chargement apparent et réelmontre l’autonomie en fourrages. Restedonc à vérifier le prix du concentré, lesautres frais d’élevage et les charges liéesau sol pour les dépenses opération-nelles.Difficile de ne pas se soucier de la mé-canisation qui est souvent le poste decharges le plus important. On voit icique malgré une surface comparable àcelle des exploitations du groupe, lescharges de mécanisation sont assezélevées. Il faudra regarder la répartitionentre dépenses et amortissement pourprendre en compte la part du fonction-nement ou du niveau d’équipement in-dividuel.

Avec ces quelques critères, il y a déjà dequoi discuter avec l’éleveur et avancerdans une réflexion à propos de ses ob-jectifs et éventuellement sur l’améliora-tion de son revenu.Des repères supplémentaires ne font queconfirmer la première approche. La pro-duction est bonne mais la marge bruteest un peu faible car les postes aliments,frais d’élevage, charges du sol sont tropcoûteux. On en déduit aussi que c’est la

partie amortissements qui plombe la mé-canisation. Enfin les charges du sol,combinées à des charges de mécanisa-tion élevées et un rendement bas (donnépar le chargement), génèrent un coût dela tonne de matière sèche très élevé.C’est donc bien aux charges qu’il fau-drait en priorité consacrer du temps pouraméliorer le disponible. Sans oublier delier cette approche aux évolutions pos-sibles du chargement.

n Passer du diagnostic au conseil Tout critère technique ouéconomique permet deposer un diagnostic en lecomparant à un repère.Ce repère peut être issud’une analyse statistiqueou d’une expertise fon-dée sur l’expérience. Par exemple, 500 kg deconcentrés par UGB enbovin viande, est-cebeaucoup ? Pour répon-dre, on voit bien qu’ilfaut rapidement replacerce critère dans lecontexte de l’élevage. Deplus, faire bouger ce cri-tère ne peut s’envisagerqu’en imaginant lesconséquences sur l’équi-libre sol-troupeau, la pé-

riode de mise bas, les équipements, letravail, la filière, et l’éleveur. Cette ré-flexion constitue la vraie phase deconseil qui vient après le diagnostic. Lesdeux sont utiles mais un diagnostic sansconseil n’a que peu d’efficacité.D’où l’intérêt de proposer un ensemblede repères, limités en nombre, facile-ment compréhensibles et organisés aveclogique afin de guider l’analyse et d’in-duire des pistes de conseil. Cette de-mande vient des éleveurs eux mêmes.

Claudine Murat,Jean-Christophe Vidal,

Michel Weber,conseillers Références

Bulletin réalisé avec le concours financier de :

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Repères supplémentaires

Les 10 indicateurs retenus

Un exemple d’application pratique