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Le mental, un constituant de Citta, la conscience B.K.S. Iyengar La psychologie du Yoga Prashant Iyengar L’esprit yogique au quotidien Geeta Iyengar ASSOCIATION FRANçAISE DE YOGA IYENGAR ® N°10 Été 2009 Association Française de Yoga Iyengar - 141 avenue Malakoff - 75116 Paris Tél. 01 45 05 05 03 - www.yoga-iyengar.asso.fr ® - Edition : août 2009 - Imprimé sur du papier blanchi sans chlore. AUM ŚRĪ KRSNĀYA NAMAH ŚRĪ KRSNA YANTRA (I)

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    Le mental, un constituant de Citta,

    la conscienceB.K.S. Iyengar

    La psychologie du Yoga Prashant Iyengar

    L’esprit yogique au quotidien Geeta Iyengar

    ASSOCIATION FRANçAISE DE YOGA IYENGAR®

    N°10Été 2009

    Association Française de Yoga Iyengar - 141 avenue Malakoff - 75116 ParisTél. 01 45 05 05 03 - www.yoga-iyengar.asso.fr

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    AUM ŚRĪ KRSNĀYA NAMAH

    ŚRĪ KRSNA YANTRA (I)

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    Yogasara est édité par l’Association Française de Yoga Iyengar 141 avenue de Malakoff - 75116 Paris - Tél. 01 45 05 05 03 [email protected] - www.yoga-iyengar.asso.fr

    DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Faeq Biria

    COORDINATION : Stéphanie Reillaudoux

    TRADUCTION : Laurence Bommelaer-Giraud, Marie-Laurence Cros, Sylive Terree

    RELECTURE : Corine Biria, Monica Kunz

    Ont participé à ce numéro :Philippe Oliviero, Isabelle Mullie, Philippe Welter

    CRÉATION GRAPHIQUE : A la campagne !

    CRÉDITS PHOTOGRAPHIQUES : Blanca et Catalina, Gilles Flament, Molka Madaoui, Carmen Rival, Soni Photo à Pune

    ISSN : 1 253 9805

    Ndlr : Pour des raisons techniques, nous n’avons pas pu maintenir, dans certains cas, la translittération correcte des mots sanskrits. Nous prions les lecteurs avertis de bien vouloir nous en excuser.

    SommaireInvocation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 2

    Éditopar S. Faeq Biria . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 3

    Le mental, un constituant de Citta, la conscience par B.K.S. Iyengar . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 4-7

    La psychologie du Yoga par Prashant S. Iyengar . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 8-13

    L’esprit yogique au quotidien par Geeta S. Iyengar . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 14-25

    A propos des 90 ans de Guruji par Isabelle Mullie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 26-27

    Fiche technique Dwi Pada Viparita Dandasana . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 28-31

    Liste des associations de Yoga Iyengar dans le monde . . . . . .p. 32Liste des professeurs par ordre alphabétique . . . . . . . . . p. 33-36Liste des professeurs par département . . . . . . . . . . . . . .p. 37

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    ÉditorialTITRE

    en attente texte

    S.F. Biria

    Invocation

    KRSNA MANTRAJe salue Krsna, dont la grâce peut rendre au muet le langage,

    au cul de jatte la capacité d’escalader les montagnes (les obstacles de la vie)

    Ô, Personnification de la béatitude suprême, dont la nature est la plénitude, Salutations à Toi

    ŚRĪ KRSNA STUTIMūka ․m Karoti vācālam pa ․ngu ․m langayate girim

    Yatk ․rpā tamaha ․m vande paramānanda mādhavamGīta Dhyānam, 8

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    Le mental, un constituant de Citta, la consciencePar BKS IyengarTraduction de Marie-Laurence Cros

    Dans ce court essai, Guruji BKS Iyengar explique les différents types de souffrances, leurs causes et le rôle de citta, la conscience, dans l’élimination de ces souffrances. Il explique clairement les constituants de cette conscience, et de quelle manière le mental-même en fait partie.

    Ce texte est une version révisée de l’article publié dans Astadala Yogamala Vol. 1.

    Le yoga ne se contente pas d’analyser la souffrance mais remonte jusqu’à sa racine. Ce que l’on appelle la souffrance, ce sont les afflictions ou klesa. Il existe cinq types d’afflictions qui sont soit visibles et identifiables, soit invisibles, occultées et non-identifiables.

    Les cinq types d’afflictions :

    Avidya, l’ignoranceAsmita, l’égocentrismeRaga, l’attachement au plaisir et à l’aviditéDvesa, l’aversion, la haine ou la malveillanceAbhinivesa, l’égoïsme ou la peur de perdre les joies de la vie.

    Avidya et asmita sont des défauts intellectuels, raga et dvesa sont des défauts émotionnels, quant

    à abhinivesa, c’est un défaut instinctif.Ces défauts tendent à confirmer que l’être humain est constitué d’une tête, d’un cœur et de vie. Il doit ainsi user de son pouvoir de discrimination pour obtenir la clarté de l’intelligence, la stabilité émotionnelle dans la tourmente de la vie quotidienne et transformer les peurs instinctives en un état d’être fondé sur l’intuition et l’absence de peur.Le yoga permet de contrôler et de sublimer ces défauts grâce à la perception directe, à l’imagination et à l’analyse qui permet de faire la part des choses. Il explique le processus de réaction à ces afflictions, éclaire les causes de la souffrance et offre des moyens pratiques de l’éradiquer. Ainsi, le yoga permet au pratiquant de faire l’expérience d’un état de béatitude sans mélange.

    Etant donné que les afflictions et les émotions, comme le plaisir et la joie, font partie des mouvements de la conscience, la sublimation de la conscience et de la volonté par le biais de l’effort conscient est la clé pour libérer le soi de la philosophie de la souffrance et de la joie.

    Dans les Yoga Sutra de Patanjali, le yoga est défini comme «citta vrtti nirodhah» (YS. I.2), c’est-à-dire l’arrêt de toute forme de pensée, qu’elle soit interne ou externe,

    qu’elle surgisse de façon volontaire ou involontaire.

    Qu’est-ce que citta ?

    Nous utilisons habituellement le mot «mental» pour décrire plusieurs choses, comme par exemple l’inspiration, l’aspiration, le désir, la force de volonté, l’intelligence, la raison et la conscience. Tout cela est considéré comme relevant du mental. Mais dans la terminologie yogique, citta est une notion à part qui englobe trois éléments entrelacés : le mental, l’intellect et le «je», qui affirme que «je sais». Le mental a le pouvoir de rassembler et de sentir. Mais il n’a pas de pouvoir déterminant.

    L’intellect a ce pouvoir de discrimination, de raisonnement et permet d’accéder à la connaissance déterminante. C’est pourquoi les sages de l’Inde appellent le mental manomaya kosa (l’enveloppe du corps mental), et l’intellect vijnanamaya kosa (l’enveloppe de l’intellect) alors que les savants occidentaux rangent ces deux couches dans la sphère psychologique.

    L’intellect ou buddhi, étant le véhicule le plus proche du Soi, s’enorgueillit d’être le vrai Soi. C’est cela qui crée la conscience du «je». L’ensemble de ces trois véhicules : le mental, l’intellect et le «je» ou «moi» émanent du contenu mental et gravitent autour de lui.Ils s’arrêtent de fonctionner lorsque les vibrations de citta sont sous contrôle. Alors, le soi rayonne de lui-même comme un témoin sans être pris dans le tourbillon des épreuves de la vie.

    Aujourd’hui, nous utilisons le mot «mental» pour qualifier citta. Le mental est celui qui classe, coordonne et canalise les impressions rassemblées du monde extérieur par l’intermédiaire des sens de perception et celles expérimentées de l’intérieur par les organes d’action. Ces expériences créent différentes vagues de pensées divergentes qui attirent le mental vers le plaisir sensoriel et l’attachement.

    Graduellement, ces désirs aspirent à toujours plus et le mental devient un instrument pour les satisfaire. S’ils ne sont pas contrôlés, ils entraînent toute une chaîne de souffrances comme la peur, la suspicion, l’indécision, diverses fluctuations qui font que le mental reste immature, avec comme résultat des échecs, des souffrances et des désillusions qui rendent l’individu fragile et inconstant.

    Lorsque, grâce à un mental discipliné, ces fluctuations sont maîtrisées, elles font place au bonheur. Afin de tirer le meilleur du mental, il faut connaître son fonctionnement et sa pensée.

    La nature du mental et la manière de le cultiver

    Par nature, le mental est divisé. D’un côté, il est pris dans les plaisirs du monde extérieur, et de l’autre il cherche à s’en affranchir. Plusieurs facteurs contribuent à le diviser davantage. Il y a les maladies physiques, le manque de disposition mentale, l’illusion, l’isolement, la douleur, la tristesse et le désespoir.

    Afin de surmonter tous les obstacles qui se dressent sur le chemin de l’entraînement du mental, depuis l’état de mollesse (mrdu) à l’état de raffinement (niruddha), il faut pratiquer des disciplines éthiques, physiques,

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    mentales et intellectuelles. Ces disciplines conduisent le mental vers un état unifié, éliminant ainsi les troubles émotionnels, intellectuels et instinctifs. Elles transforment ensuite cet état unifié en connaissance intuitive pure, laquelle émerge du Soi.

    Ainsi l’état mental dualiste (dvaita) est canalisé vers un état moniste (advaita) qui est à la fois dynamique, positif et clair dans son approche de la vie.

    Le pratiquant de yoga perçoit la sérénité (vivesa advaita) dans toute chose –animée ou non– comme une création de Dieu (lila) et s’abandonne totalement à cette Âme suprême.

    L’amitié, la compassion, la joie et l’indifférence face à l’échec

    conduisent à un mental paisible

    En dehors de la pratique des huit aspects du yoga, Patanjali énumère d’autres qualités requises pour le développement d’un mental paisible. Ce sont l’amitié, la compassion, la joie et l’indifférence face à l’échec.

    Nous devrions nous réjouir de côtoyer le maître du mental, le Soi. Mais lorsque ce mental devient un instrument abusant le corps sans respecter aucun principe, nous devrions le mépriser. Patanjali demande aussi d’avoir la foi, du courage, une mémoire vive et une conscience aiguisée qui ne peut s’épanouir dans le laisser-aller.

    Le mental se cultive et s’affranchit de l’ignorance pour évoluer vers la connaissance (avidya à vidya), puis de la connaissance à la connaissance juste et auspicieuse (vidya à savidya), de l’ego ou l’être égoïste dominé par rajas vers l’être pur dominé par sattva (asmita à sasmita), puis de l’être pur vers le Soi ou purusa (sasmita à nirasmita). L’état instinctif (abhinivesa) se transforme alors en état intuitif (purusa jnana).

    Seul un mental développé en finesse par la culture du yoga peut faire l’expérience de cet état où tout est pur, éternel et de toute beauté.

    Texte original : Yoga Rahasya Vol.13, n°4; 2006

    Sarasvati, déesse de la connaissance et de la sagesse

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    La psychologie du yogaPar Prashant S. IyengarTraduction de Marie-Laurence Cros

    Dans cet exposé, Sri Prashant Iyengar utilise sa maîtrise de la rhétorique pour expliquer la psychologie dans les systèmes de pensée indiens et se réfère brièvement aux Yoga Sutra de Patanjali. Il commente également les différents états de la conscience et le chemin d’évolution possible à travers la pratique du yoga.

    Exclure le mental du sujet du yoga, c’est comme voir l’océan sans eau. L’océan ne peut être imaginé sans eau. Il en va de même en ce qui concerne le yoga et le mental.

    La psychologie dans la pensée indienne comparée à la psychologie occidentale Pour commencer, vous devez savoir que ce l’on entend par psychologie dans le système de pensée indien est aux antipodes de ce qui est considéré comme la psychologie occidentale. En règle générale, la psychologie occidentale est comprise comme une science du comportement (NDT: Behaviourism), ce qu’elle est à la base. Elle a tendance à se borner à l’étude des instincts du monde vivant en général et de l’humain en particulier.

    L’ensemble de la psychologie occidentale s’est en quelque sorte intéressé aux tendances subconscientes, impures et primaires de l’être humain. Bien que la psychologie indienne traite

    aussi des réactions du mental face aux expériences, aux sensations et à la connaissance, son postulat est différent, essentiellement parce qu’elle part du principe que même le mental empirique est une cristallisation spatiale et porteuse de limites de l’esprit cosmique.

    L’esprit cosmique étant l’objet d’étude de la métaphysique, la psychologie est non seulement dépendante de la métaphysique mais devient partie intégrante de la métaphysique hindoue. C’est pourquoi la psychologie indienne ne s’est pas développée comme une science à part.

    Cela ne signifie pas pour autant que la psychologie ait été désapprouvée par les penseurs indiens. Le fait est que l’objet de la psychologie est le mental empirique. Toutefois, il n’est pas en soi, différent de l’esprit cosmique. Le mental empirique trouve son origine dans l’esprit cosmique. Tout comme les grands principes universels sont étudiés par la métaphysique, la psychologie a été traitée en tant qu’élément métaphysique secondaire, n'étant par conséquent pas considérée à part. Traiter séparément la psychologie serait une recherche erronée. La psychologie occidentale ne tient jamais compte du mental original, qui n’est autre que l’esprit cosmique, et limite son investigation au subconscient

    du psychisme humain, où elle se retrouve enlisée.

    Etant donné que la psychologie fait partie intégrante de tous les darsana (système philosophique), elle a été abordée de façon très variée par chaque système. Cependant, la psychologie du Yoga Darsana a émergé de façon spécifique. De plus, la psychologie indienne est aisément imprégnée de principes religieux et théologiques, ancrée comme elle l'est dans la métaphysique des darsana.

    La psychologie indienne a également analysé la réaction du mental humain face à l’univers et sa connaissance. Elle a exposé

    le processus de gnose, ou psychologie de la perception. Elle a aussi étudié la psychologie de l’illusion et de l’hallucination. La psychologie du yoga est allée bien au-delà de ce qui a été dit précédemment. Elle a analysé les processus mentaux et développé des méthodes pour éduquer le mental grâce à l’étude des différents états de conscience.

    La psychologie du yoga a analysé les processus

    mentaux et développé des méthodes pour éduquer

    le mental grâce à la compréhension des différents

    états de conscience

    La forme de la conscience est la forme du mental en tant que potentiel d’activité derrière l’activité psychique, mentale, sensorielle et motrice. Elle est aussi le réceptacle des impressions résultant de cette activité. A la base, tout état de conscience est la résultante d’une vibration et forme la structure première de chaque individu. C’est pourquoi on pourrait l’appeler la forme substantielle de l’individu au niveau psychique.

    Les différents états de conscience en réponse aux expériencesA chacune de ses expériences, l’être humain réagit par les états de conscience suivants:

    La conscience d'exhibition : celle qui crée les penchants et engage la personne de façon excessive dans les affaires de l'existence, de manière flamboyante. Elle décuple l’ego, l’hypocrisie, l’orgueil et l’ostentation.

    La conscience d'inhibition : celle qui incite à se retirer de la vie mondaine et des affaires. Elle est inappropriée si elle est

    due au désespoir, au rejet ou à la frustration. Elle est juste si elle résulte d’une forme de modération.

    La conscience d'endurance :elle conduit la personne à faire l’expérience de la douleur et de la joie et permet d’accéder à la connaissance expérimentale.

    La conscience punitive : elle se développe à partir de l’abattement et du remord face à des péchés commis. Il s’ensuit que des actes d’expiation sont entrepris délibérément pour se purifier de ces péchés et entreprendre une régénération de soi.

    La conscience réactionnaire : elle entraîne le désir et l’attachement pour tout ce qui est du registre du plaisir, ou l’aversion et la haine pour tout ce qui relève de la souffrance. Elle entraîne la personne sur la pente glissante de la vallée du péché.

    Les cinq états décrits ci-dessus entraînent des réactions humaines face à la sensation, la connaissance ou l’expérience.

    Les états de conscience évolués grâce aux pratiques du yoga

    La conscience physique : à ne pas confondre avec la conscience du corps qui est la résultante d’un complexe narcissique, lié à un état épicurien. La conscience physique est un éveil qui irradie de chacune des cellules du corps, celles-ci ayant été rendues intelligentes et animées de la force de vie. Elle aide le pratiquant de yoga à acquérir une sensibilité subjective dans chaque partie de son corps.

    La conscience physiologique : elle aide le pratiquant de yoga à atteindre une sensibilité aiguisée du système organique interne comprenant les souffles vitaux et les centres physiques, psychiques, nerveux et sensoriels.

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    La conscience mentale : vision par laquelle on peut percevoir son propre mental. Elle est indispensable à l’auto-analyse et à l’étude de soi dans les aspects heuristiques du yoga.

    La conscience intellectuelle ou conscience corticale : là encore, c’est un aspect propre à la psychologie du yoga dans le sens où il existe des variations de densité dans les ondes corticales cérébrales. Le yogi peut induire un état hypo- ou hyperactif dans les différentes zones physiologiques du corps humain grâce à l'interaction avec la force vitale ou prana.

    La conscience psychologique : c'est un état particulier aux pratiques mentales du yoga. Ici, le pratiquant fait de ses sens

    et de son cerveau l'objet des différentes actions en yoga, et observe les états physiologiques et psychologiques. Il apprend ainsi à faire les ajustements nécessaires grâce à des interactions physiologiques, psychologiques, neurologiques et biologiques.

    La conscience de l'ego : c’est la vision de la substance cosmique au cœur de soi. C’est le lieu de toutes les activités volontaires internes ou externes. Cette vision résulte d’un mouvement centripète du contenu mental.

    La conscience spirituelle : c’est l’inclination à s’engager dans la recherche du principe de la conscience qui est un principe externe, immuable, immobile, sans forme et de nature spirituelle.

    La conscience théiste : c’est uniquement la conviction intellectuelle de l’existence d’un être divin ou la croyance mentale en Dieu. Cependant, c’est un tremplin vers la vertu et l’évolution spirituelle. Cette conscience différencie la personne croyante de la personne athée et profane, attachée à la matière et au temps.

    La conscience religieuse : ici, la conscience spirituelle se dégage du théisme et devient capable d’envoyer des impulsions électriques des neurones vers les terminaisons musculaires, osseuses ainsi que vers la peau de la personne. Les impulsions émotionnelles sont développées à partir de la conscience théiste à un niveau intellectuel. Chimiquement, c’est une impulsion

    extatique. Au niveau neurologique, psychologique et physique, ce sont des impulsions électriques. C’est l’état d’intoxication mystique que connaissent les saints.

    La conscience de l’unité : c’est la vision du principe spirituel unique et identique dans tous les êtres, qu’en dernière analyse il n’y a pas lieu de différencier ou de discriminer.

    La conscience extatique : c’est la conscience cristalline et immaculée de samadhi.

    Ces états sont subjectifs, ils sont la conséquence d'un retrait en soi. Le but de la psychologie du yoga n’est pas tant de normaliser les tendances anormales que de transcender et transfigurer les tendances normales.

    La conscience née du yoga

    Le yoga vise à la sagesse par les processus de connaissance ainsi que par un mysticisme intuitif et des révélations extatiques. C’est pourquoi il détermine un autre ensemble de types de conscience comme:

    La conscience intuitive : développement d’une faculté intuitive qui permet au yogi d’accéder à toute forme de connaissance et lui en donne l’accès instantané par le biais d'éclairs de conscience.

    La conscience extatique : état de béatitude ou d’enstase que connaît le yogi lorsque sa conscience est absorbée à l’intérieur de lui-même.

    La conscience de révélation :développement d’une faculté de connaissance essentielle appelée ritumbara prajna, décrite dans YS I.48, grâce à laquelle le yogi a

    la vision du subtil, du voilé et du distant.

    Les Yoga Sutra en rapport avec la psychologie

    Le système du yoga est essentiellement pragmatique dans son approche. C’est pourquoi toutes les pratiques font l’objet d’une analyse psychologique.La psychologie du samadhi est le terrain principal d’investigation du

    système du yoga. Elle présente un schéma psycho-physique rationnel menant à cet état. Une pratique mentale permettant d’accéder à samadhi (état de transe) est mentionnée dans les YS I.33 à I.46. La psychologie de l’état de transe est expliquée dans sampatti (YS I.41 à I.46)1. Dans le troisième chapitre, il est question de la psychologie du contrôle du mental, nommée «les trois volets de citta parinama» (Y.S. III.9 à III.12)2.

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    Le deuxième chapitre s’ouvre sur le kriya yoga et mentionne la méta-psychologie du yoga. Les klesa ou afflictions ne trouvent pas leur source dans le mental empirique mais dans le mental cosmique. Elles influencent constamment tous les êtres depuis la nuit des temps.

    Avidya, la connaissance pervertie, n'est pas une perversion de nature psycho-temporelle ou intellectuelle. C’est une illusion méta-psychique. Dans le même chapitre traitant de karma vipaka (les fruits de l’action), Patanjali décrit la relation entre la psychologie et la méta-psychologie. On peut dire ici que la psychologie ne s’intéresse qu’aux mouvements du mental des êtres humains tandis que la méta-psychologie traite de la transmigration du mental qui est éternel.

    Le troisième chapitre des Yoga Sutra traite de la branche de

    parapsychologie, décrivant les pouvoirs yogiques tels que les perceptions extra-sensorielles.

    Le quatrième chapitre, traitant de la transmigration du corps subtil, parle de l’évolution méta-psychique qui permet de changer de caste au moment d'une nouvelle naissance. A noter ici que la substance méta-psychique est la même dans les mondes infernaux et dans les mondes célestes. Le quatrième chapitre établit également que le mental est de nature matérielle dans la mesure où il est constitué des trois guna3.

    L'ensemble du texte des Yoga Sutra traite du mental et montre combien celui-ci fait partie intégrante du yoga. Il ne peut y avoir de yoga sans la présence du mental.

    Texte original : Yoga Rahasya Vol.13, n°4; 2006

    1/ NDT : état d’esprit équilibré, qui a atteint samadhi et qui brille de sa pureté.2/ NDT : transformation par le contrôle du contenu mental en nirodha parinama, samadhi parinama et ekagrata parinama.3/ NDT : Guna : elles sont les qualités principales inhérentes à toutes les formes de la création: sattva, qualité de pureté et de lumière; rajas, qualité de force et de dynamisme; tamas, qualité d'inertie et d'obscurité.

    Krsna, le seigneur du Yoga

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    L'esprit yogique au quotidienPar Geeta S. IyengarTraduction de Sylvie Terrée

    En tant que pratiquants de yoga, nous nous trouvons parfois dans l'impossibilité d’investir le temps souhaité à notre pratique du fait d'autres obligations dans notre existence. Il arrive aussi que nous soyons distraits de notre pratique. Comment contrôler le mental? Quel est le rôle de la pratique quotidienne du yoga? Qu’est-ce qu’un esprit yogique? Smt. Geeta S. Iyengar a évoqué cette question très concrètement lors de son voyage aux Etats-Unis en 2001. Son discours est encore d’actualité. Dans la transcription abrégée de cet exposé, Geeta Iyengar donne des précisions sur la composition de citta, la conscience ; nous présente un chemin de transformation du mental par la pratique quotidienne; nous instruit pour construire sur ce capital de base qu’est le citta, né avec nous ; et nous offre une méthodologie claire pour comprendre ce qui, dans la science du yoga, amène ce changement.

    Nous pratiquons tous le yoga, nous y prenons plaisir. Quelquefois nous en bénéficions, d’autres fois nous ne ressentons rien. Nous faisons ce genre de comparaisons et cependant nous continuons de pratiquer. Si nous sautons un jour de pratique, nous savons qu’il nous manque quelque chose. Cela prouve en soi l'importance de la pratique quotidienne du yoga.

    Parfois, il semble que nous avons tant à faire que nous ne pouvons simplement pas tout accomplir. Parfois, les obligations familiales ou autres tâches à caractère professionnel, empiètent sur notre temps de pratique. Mais si nous pouvons faire intervenir notre esprit yogique, nous réalisons en toute sagesse qu’en effet nous sommes capables de pratiquer pour amener ce changement en nous.

    Nous nous habituons à notre mental, nous connaissons les différents tours qu’il nous joue, nous en percevons les fluctuations,

    nous savons qu’il est faible parfois et d’autres fois très fort. Le mental possède deux tendances: l’une le porte vers l’extérieur et l’autre vers l’intérieur. Vyasa, le commentateur des Yoga Sutra de Patanjali, y fait référence. Il affirme que le mental suit deux chemins, l’un tourné vers l’extérieur et nommé vyutthana citta, l’autre allant vers l’intérieur et nommé samahita citta.

    Si le mental a la capacité d’aller vers l’extérieur, il a aussi la capacité d’aller vers l’intérieur. Par conséquent, un des chemins est celui de bhoga ( joies des sens) et l’autre, celui de yoga. Vyasa nous donne également l’espoir de pouvoir parcourir le chemin, si tant est que nous nous trouvons sur le bon, celui qui permet de se tourner vers l’intérieur. S’il n’y avait que le chemin pour rentrer en soi, et bien, les portes du yoga nous resteraient fermées une fois que nous sommes dehors ! Mais elles ne sont pas fermées, elles sont ouvertes.

    Puisque le mental a deux directions distinctes, c’est plus facile à comprendre. Prenez l’exemple d’un tissu blanc : on y verra facilement un trait noir. Un trait blanc sur un tissu noir se voit aussi facilement. De la même manière, puisque le mental a deux directions, il est facile de comprendre laquelle va vers l’intérieur et laquelle, vers l’extérieur.

    Le mot «citta», conscience, vous est familier. Quand nous utilisons le mot «mental», il s'agit d’un recoin externe extrême, une fenêtre de la conscience vers l’extérieur. Par contre, quand nous utilisons le mot «conscience», nous parlons de la totalité de notre faculté mentale.

    Nous avons l’intelligence, nous avons la perception de notre propre existence, par laquelle nous appréhendons le monde extérieur ou le monde intérieur, conscients du «je». Si je me réfère à moi-même en relation avec le monde extérieur, je dis de moi-même «je suis untel». Si je me réfère à moi-même en relation avec le monde intérieur, je dis «je fais ceci de telle manière», «je suis ainsi». Et ce «je» que nous avons tous, fait lui aussi partie de la conscience. Ainsi, cette faculté mentale, la conscience, contient l’intelligence, l’ego que nous appelons «je» ou «la conscience du moi» et le mental. Citta est notre vrai capital,

    notre héritage, notre richesse, ce que nous possédons en propre et que nous portons en nous.

    La conscience, citta, contient l’intelligence, l’ego et le

    mental. Elle est notre vrai capital,

    notre richesse.

    Nous voyons la nature à l’extérieur. Nous voyons la nature qui a été contrôlée, ou dans laquelle il se passe quelque chose. Il y a derrière elle une certaine énergie, un certain pouvoir. Nous recevons cette énergie, qui alimente ainsi notre conscience.

    Nous savons que nous héritons de ce corps physique par nos parents, la science moderne explique comment nous naissons à l’existence. Mais nous héritons

    aussi d’une conscience. Celle-ci vient de l’intelligence cosmique aussi appelée ego cosmique ou mula prakrti. En lisant Lumière sur les Yoga Sutra de Patanjali, écrit par Guruji, vous verrez qu’il y explique en détail notre entrée dans l’existence. C'est de cette mula prakrti, la matière primordiale, que nous héritons la conscience.

    Si l’on veut connaître l’esprit yogique, il faut comprendre ses fondements. Sinon, la première question sera : d’où vient le mental ? Cette conscience est entrée dans l’existence à travers la matière primordiale par le véhicule de l’énergie cosmique, de l’intelligence cosmique. Si nous savons ceci, nous savons ce qu'il y a à faire et comment aller de l'avant.

  • 16 17

    Comme je l’ai dit plus tôt, citta a deux mouvements. Lorsqu’il se dirige vers l’extérieur, il s’appelle vyutthana citta et lorsqu’il retourne vers l’intérieur, samahita citta. Ce dernier est en équilibre alors que vyutthana citta est en léger déséquilibre parce qu’il va dans des directions différentes.

    Quelles sont ces voies et quels sont les sentiers qui mènent à l'extérieur ? Prenez l’exemple d’une route qui relie une destination à une autre. Pour revenir, il faut faire demi-tour. La route est la même mais au retour vous roulerez de l’autre côté de la chaussée. De la même manière, dans notre corps nous avons une route, et il faut rester du bon côté de la route. Il faut éviter de rouler du mauvais côté et risquer de se faire mal. Quels sont ces chemins ?

    Citta possède sa propre stabilité, sa propre mobilité et

    sa propre lumière.

    Citta, qui a hérité de sa « richesse », des attributs de la matière primordiale, prakrti, est constituée des trois guna : sattva,

    rajas et tamas. Citta a ses qualités propres. En d’autres termes, il possède sa propre stabilité, sa propre mobilité et sa propre lumière. Comme le corps, nous pouvons le maintenir stable.

    Vous êtes assis pour m’écouter. Imaginez que vous êtes en train de vous promener : je ne vous aurais pas parlé. Et si j’avais moi-même été en train de me déplacer, et bien, je n’aurais pas pu vous tenir ce discours. Il y a de la stabilité parce que je suis assise. Vous êtes assis, vous m’écoutez et de ce fait, vous avez une certaine stabilité. Au besoin, nous pouvons avoir de la mobilité, nous pouvons marcher pour sortir, nous pouvons nous activer s’il y a quelque chose à faire. Telles sont les qualités à l’œuvre en nous. Il y a quelque chose en nous qui nous guide soit vers la stabilité soit vers la mobilité.Il y a en chacun de nous un degré de compréhension, une certaine intelligence. Il y a une forme de compréhension derrière les actes que nous posons ou derrière le choix de ne pas agir. Cela s’appelle sattva. Les guna sattva, rajas et tamas résident en nous dans des proportions qui peuvent fluctuer.

    C’est à partir de ces trois guna1 que nous façonnons le canal, la route pour la partie du mental qui regarde vers l'extérieur : il s’agit de notre corps physique, de notre corps physiologique, des systèmes nerveux, respiratoire, circulatoire, digestif, excrétoire et glandulaire. Notre mental traverse tous ces chemins. Nous pensons que le mental n’est qu’un instrument qui nous fait fonctionner, mais il a ses propres voies.

    Notre système digestif nous indique ce qu’il faut et ce qu’il ne faut pas manger. Quelquefois, ce qui est savoureux ne convient pas. Nous aimons le chocolat, mais le système digestif nous dit d’arrêter ! Donc, il y a bien une connaissance. Il y a bien aussi ce que l’on pourrait appeler un support ou un véhicule et que nous nommons le corps élémentaire.

    Ce corps élémentaire est constitué de cinq composants : la terre, l’eau, le feu, l’air et l’éther. Tous ces éléments sont présents dans chaque cellule, en proportions diverses. C’est pourquoi les cellules de l’estomac diffèrent de celles des reins et que les cellules des reins et de l’estomac diffèrent de celles du cerveau. C’est ainsi qu’est formé le corps élémentaire et cependant, il possède des chemins que notre mental peut emprunter.

    Nous avons des organes de perception: yeux, oreilles, narines, langue et peau. Ces cinq jnanendriya ont leurs propres voies qui nous permettent de goûter, sentir, voir, entendre et toucher. Il s’agit donc d’un chemin supplémentaire que notre mental parcourt et par lequel nous communiquons avec le monde extérieur.

    Imaginons une cellule et ses projections cytoplasmiques. Imaginons que la conscience est une cellule avec ses projections cytoplasmiques. La conscience se projette vers l’extérieur et s’étend. Les projections du mental fonctionnent comme un responsable de communications. Il nous fait faire la visite : «voici la montagne, voici l’Institut, c’est ici que les gens viennent apprendre le yoga…». Ceci est communiqué au mental par l’intermédiaire des organes de perception. Et le mental relaie cette information à la conscience. Toutes ces voies nous relient au monde extérieur. Tout ce que nous apprenons, tout ce que nous comprenons, tout ce que nous voyons, tout ce dont nous essayons de nous souvenir,

    passe par ces voies. C’est ce qu’on appelle vyutthana citta.

    La conscience reçoit toute cette information et doit alors se mettre au travail. Elle commence par faire des distinctions entre ceci et cela, entre ce qui est bon et ce qui est mauvais. Il y a un processus de pensée interne. En voyant ceci ou cela, nous dirons peut-être : «C’est très beau» ; la conscience sait ce qui est beau. La conscience possède cette faculté particulière, cachée, qui parle en nous. Elle nous questionne : «Pourquoi as-tu dit cela ? A quoi pensais-tu ?». Il s’agit de la faculté mentale qui saisit des objets du mental tourné vers l'extérieur, pour le repenser. C’est là que commence la vraie interaction. Il y a dans cette interaction quelque chose qui nous élève, c’est la conscience.

    Ici, il ne faut pas que cette partie du mental se complaise dans quoi que ce soit. Citta implore la conscience : «Utilise ton jugement, est-ce juste ou pas ?» ou «Dois-je me complaire dans ceci ou l’éviter ?». Il nous permet de voir les différentes facettes des choses.

    C’est ainsi que la conscience nous amène vers le yoga. Une voix en nous demande si nous souhaitons nous abandonner aux plaisirs (bhoga) ou si nous cherchons autre chose, plus en profondeur. L’esprit yogique est cette voix. Ce que je veux dire c’est que nous avons tous un esprit yogique, sans exception. C’est pourquoi Patanjali mentionne cinq qualités de la conscience : ksipta, muda, viksipta, ekagrata, nirodha2.

    C’est comme un héritage. Nous n'héritons que de ce que nous lèguent nos ancêtres. Il y a une limite à cet héritage. Imaginons que mes parents ont de l’argent. Je ne peux hériter d’eux que

    ce qu’ils possèdent, je ne peux m’attendre à plus ou à autre chose.De la même manière, cette conscience existe avec ces différentes qualités en chacun d'entre nous. Elle se caractérise par sa passivité, ses fluctuations, son pouvoir de confrontation, d'attention, de discipline. Elle possède aussi une capacité intrinsèque à se détourner de la direction prise par le mental qui regarde vers l'extérieur et ainsi, à s’intérioriser profondément. Nous en héritons, et c’est là que commence la pratique du yoga. Même si nous avons un mental faible (muda citta), nous héritons malgré tout de cet esprit yogique. Nous communiquons tous en nous-même avec cette intelligence cosmique, qui peut être très faible chez les uns ou très forte chez d'autres.

    Nous possédons tous cet esprit yogique mais il est

    présent en intensité variable chez chacun d'entre nous.

    En pratiquant, nous devons chercher comment mûrir et approfondir. Nous pouvons le faire malgré un héritage réduit. D’ailleurs, même si nous héritons de quelque chose, nous ne pouvons pas vivre toute notre vie sur cette richesse. Il nous faut aussi apprendre à gagner par nous-mêmes. Nous étudions à l’école, à l’université, nous trouvons un travail, nous faisons notre propre vie. Nous cherchons à voir quelle activité nous intéresse et nous avançons dans cette direction. Ainsi, nous nous construisons à partir d’un deuxième niveau de richesse. Nous héritons de quelque chose et nous devons parvenir à quelque chose d’autre. Ces deux niveaux se rencontrent dans la conscience. Peut-être pouvons-nous épargner notre héritage en atteignant un

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    objectif par notre propre effort. C'est pourquoi nous appelons cette conscience citta sampat. Sampat signifie la propriété ou la richesse. Cette conscience est notre propriété. C’est notre bien et il est de notre devoir de le faire prospérer.

    Nous savons tous comment gagner de l’argent pour faire grossir notre fortune matérielle. Mais nous ne savons pas comment faire prospérer notre conscience. L’esprit yogique ne s’achète pas avec des euros, cependant nous pouvons acquérir une conscience plus riche, non pas avec une monnaie quelconque mais grâce à la sadhana, notre quête, et à abhyasa, notre pratique régulière. Ainsi, cette richesse peut augmenter.

    C’est ici qu’ashtanga yoga entre en jeu, avec ses huit piliers :

    yama, niyama, asana, pranayama, pratyahara, dharana, dhyana et samadhi3. Maintenant, réfléchissons. Si je ne détiens que quelques euros dans mon porte-monnaie, je vais dans un magasin où j’acquiers des biens pour le montant dont je dispose. Si j’ai peu d’argent, j’évite les magasins chers, je me contente du lèche-vitrines. Je regarde toutes ces belles choses, en sachant bien que je ne pourrai acheter qu’en fonction de mes ressources. Pour le reste, je dirai «Oublions ! Ce n'est pas pour moi».

    Nous pouvons accroître notre capital d'esprit yogique

    par la pratique d’asana et pranayama.

    C’est similaire en ce qui concerne yama, niyama, asana, pranayama,

    pratyahara, dharana, dhyana et samadhi. Nous les acquérons petit à petit. Nous ne pouvons pas tout avoir, cela dépendra de notre capacité. Alors, si vous vous demandez comment construire cet esprit yogique, rendez-vous compte que nous avons en nous un capital et qu’à partir de lui, nous bâtissons. Les pratiques d’asana et de pranayama sont notre capital de départ. Il nous faut travailler pour l’accroître. C’est uniquement ainsi que l’on parvient à une compréhension véritable. Elle naît graduellement de la pratique. Il s’agit d’autre chose que de techniques enseignées par les professeurs. Certes, ils vous expliquent le comment de l’action, vous guidant vers le discernement entre ce qui est correct et ce qui ne l’est pas. Nous adoptons ces méthodes et les répétons. Comme pour toute activité, il existe une méthodologie de base à appliquer.

    Mais tout ne dépend pas de la technique.

    Vous allez faire Tadasana. Vous vous concentrez sur vos deux pieds, vous ressentez la posture, vous observez où sont les jambes, où sont les genoux, leur alignement, dans quelle direction va l’étirement, si oui ou non vous vous étirez, si votre épaule, votre poitrine, vos côtes sont correctement placées. C’est ainsi que commence le travail de réflexion et vous vous efforcez de retrouver Tadasana dans d’autres postures. Lorsque vous faites ce Tadasana, à un moment donné vous vous percevez en équilibre. Vous commencez à vous rendre compte que vous avez réparti le poids du corps physique mais aussi le poids du mental également entre les deux côtés. Lorsque vous êtes en Tadasana, s’il y a plus de poids sur le pied gauche et que la jambe gauche est crispée, le côté gauche du torse se raccourcit et vous sentez immédiatement une perturbation.

    Se corriger peut prendre beaucoup de temps. C’est une autre question. Mais vous percevez que quelque chose est incorrect même si vous ne savez pas comment corriger. Vous savez avec certitude qu’il y a quelque chose d’incorrect qu’il faut corriger. C’est quand vous réfléchissez ainsi que l’esprit yogique se forge. Cela signifie que les affaires ont commencé. Vous avez commencé à gagner votre argent. Peut-être un petit peu aujourd’hui, un peu plus demain et ainsi, vous forgez votre esprit par les asana.

    Quand on exécute les postures debout, on étire le corps, on étire les bras, on se plie, on se tourne, on trouve l’extension de la colonne vertébrale, on sent qu’on s’est redressé, que la poitrine s’est

    élevée. Quelquefois, vous arrivez en classe fatigués, mais après les postures debout, vous vous sentez bien. D’autres fois, vous arrivez avec le mental apathique et la vie revient. Dans une certaine mesure, l’état dépressif a disparu.

    Que se passe-t-il au moment où la vie vient à vous, quand vous vous rendez compte que vous étiez léthargique et que maintenant vous avez retrouvé votre vitalité? Il y avait une douleur au genou, et la douleur est partie. Lorsque vous commencez à réfléchir de cette manière, c’est que vous avez déjà commencé à construire votre esprit yogique. Supposez que vous faites vos postures debout vraiment très bien, vous vous sentez euphorique, la poitrine ouverte. La légèreté du corps envoie un message à votre mental, à un autre niveau, pour vous signaler que lui aussi est léger et rafraîchi. Ce que vous ressentiez comme de la lourdeur dans le corps reflétait la torpeur de votre mental. Quelquefois, cette lourdeur dure quinze jours, un mois, trois mois. Vous verrez que le changement arrive réellement et qu'il s’installe. C’est comme ça que le mental se construit.

    Les Upanisad disent que le mental est formé de trois éléments, à savoir la nourriture, karma -nos actions- et jnana - la connaissance que nous acquérons. C’est pourquoi notre processus de pensée, nos habitudes doivent être organisées convenablement pour pouvoir élaborer cet esprit yogique graduellement.

    Pour en venir à la connaissance et au karma, lorsque vous venez en classe et commencez votre pratique, pendant ces moments-là vous êtes une tout autre personne. A l’extérieur, vous êtes peut-être en querelle, en

    conflit, mais dès le moment où vous entrez en classe, cet aspect est complètement effacé. Votre objectif en assistant aux cours de yoga est bien différent de ce que votre mental extériorisé cherche de son côté. Le «je» ou l’ego est tiré dans une direction différente. Si vous êtes patron au bureau, l’ego fonctionne autrement. A partir du moment où vous n’êtes plus dans ce rôle et que vous venez au cours, votre ego change de plan. Si vous amenez avec vous cet ego (du patron) au cours, vous n’obtiendrez rien ici. C’est ainsi que nous développons l’esprit yogique.

    Supposons que vous faites des extensions vers l’arrière comme Viparita Dandasana, Urdhva Dhanurasana, ou des asana dans les cordes, vous percevrez qu’en plus des effets sur le corps physique, elles ont toutes un impact différent sur le mental. Si vous observez attentivement, vous remarquerez que la raideur et les douleurs disparaissent pour être remplacées par la souplesse des articulations, et que l'on

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    obtient également autre chose. C’est l’énergie vitale, un sentiment de joie et de bien-être qui vient de l’intérieur. Ce sont tous ces éléments qui, en réalité, servent à élaborer notre esprit yogique. Faites-en l’expérience, c'est extrêmement important.

    Nous sommes impatients d’obtenir les effets de notre pratique, confondant cela avec la richesse. Que va m'apporter ceci ? Comment vais-je bénéficier de cela ? C'est en fonction des résultats que vous évaluez les avantages bénéfiques des asana et du pranayama. Mais si vous en absorbez l'expérience, vous réaliserez que vous en retirerez beaucoup plus.

    Ne pensez pas seulement aux avantages que vous apportent

    asana et pranayama, absorbez l’expérience de

    chaque asana et de chaque pranayama, observez comment le mental se

    modifie.

    Non seulement, les maladies et les problèmes disparaissent, mais le mental change et en bénéficie. Vous obtenez la joie, le calme. Vous avez sûrement remarqué que soudain, les activités du cerveau s'apaisent en faisant Sarvangasana. En Ardha Halasana vous observez que votre cerveau est assoupi, comme si vous vous reposiez au lit. En Savasana, vous avez l’impression de ne plus être de ce monde. Toutes ces expériences vous viennent en fonction de l’état de conscience que vous avez. Je pense qu'à ce stade je peux vous affirmer l’importance de la méthode que Guruji nous a donnée, les différentes manières de procéder dans chaque asana qu’il nous a enseignées ; un jour

    nous pratiquons les postures debout contre le mur, un autre jour contre « le cheval » (trestler) et un jour sans support. Vous ressentez la joie d'avoir acquis quelque chose puis vous vous retrouvez soudain en équilibre sur les mains, vous ressentez un sentiment de légèreté et de plénitude intérieure. Qu’est-ce ? Vous avez déjà acquis tant de richesse.

    Vous pouvez vous imaginer ce que serait actuellement votre pratique si vous en étiez restés à la méthodologie des postures comme décrites dans les premiers ouvrages sur le yoga. Maintenant, il est possible d’aborder tout l’éventail de celles exposées dans Lumière sur le Yoga car les méthodes et techniques ainsi que les multiples détails sur la manière de les exécuter nous ont été enseignés par Guruji. Ils constituent en eux-mêmes une richesse et un cadeau qu’il nous a fait. Sans cela, toutes nos possibilités seraient restées limitées.

    Guruji aide les uns et les autres de manière différenciée. Aux

    personnes âgées il indique en Trikonasana : «Appuyez votre main sur une brique ou allez contre le mur». Aux enfants il dit : «Sautez avec moi et faites vite». Ainsi, l’enfant et la personne âgée bénéficient tous deux de la richesse de la posture.

    De même qu’il y a citta sampat, il y a kaya sampat. Kaya est le corps et sampat la richesse. Le corps a sa propre richesse sous la forme de puissance, force, endurance ; il détient ses capacités propres. Ses euros! Nous pouvons faire fructifier ce capital par la pratique régulière. On perçoit très certainement le changement après quelques années de pratique.

    En venant ici, on m’a raconté que cette ville était célèbre pour ses églises et ses bars. Yoga et bhoga sont tous deux présents ici. À chaque coin de rue il y a l’un ou l’autre. Il ne tient qu’à nous de décider d’aller au bar ou à l’église. Il est évident que l’esprit yogique et la pratique nous mèneront vers l’église plutôt que vers le bar. C’est ainsi que vient le changement. Nous avons la faculté de discerner entre ceci et cela, puis de décider si nous voulons des expériences spirituelles, des expériences élevées ou des expériences plus terre-à-terre. C’est ce que nous apporte la pratique.

    Prenez par exemple yama, niyama et asana. Lorsque l’on pense à la science yogique, on réfléchit à ce que sont les yama : ahimsa, satya, asteya, brahmacarya, aparigraha4. Ce sont de grands mots et ils nous intimident. En tant qu’êtres humains, nous ne pouvons affirmer que nous allons suivre strictement la voie de ahimsa, la non violence ou celle de satya, la sincérité. Quelquefois nous sommes obligés de mentir. Si je n’avais pas voulu venir ici,

    je vous aurais dit quelque chose comme : «Veuillez m’excuser, mais je ne me sens pas bien». Patanjali dit qu'il nous faut suivre ces cinq yama. Ils sont la base sur laquelle se construit l’esprit yogique.

    Aparigraha est l’absence d’avidité. Ne pas accumuler ou tout amasser. Imaginons que vous suiviez cette voie, alors vous vous débarrassez de tout ce qui n’est pas nécessaire et ne gardez que l’indispensable. Si vous cultivez cet état d’esprit, vous êtes déjà sur le chemin de yama. Vous comprenez l'idée d’aparigraha. Mais si cette compréhension est absente, alors vous vous égarez. On ne peut pas se juger soi-même. C’est là qu’il faut « filtrer ». Comment développer cette faculté ? Par asana et pranayama.

    Brahmacarya est le contrôle de nos désirs, de nos envies, un contrôle sur nos besoins. Ce contrôle viendra lui aussi par la pratique des asana et du pranayama. Si vous y réfléchissez, le changement se produit dans une grande mesure.

    Le processus de faire marche arrière est difficile. Vous pouvez rouler vite mais il vous faudra ralentir pour pouvoir faire marche arrière. Si vous-même devez inverser votre marche, il faudra bien réfléchir. Il faudra définir dans quelle direction aller. Il faudra savoir si vous avez la place, il faudra savoir à quel moment et à quel endroit inverser la marche. Cultiver l’esprit yogique est comme passer la marche arrière en voiture. Ce processus est dosé afin que le moteur ne cale pas, mais que le véhicule poursuive sa route. Dans la pratique des asana et du pranayama, on avance un peu plus avant de faire une marche arrière. C’est ainsi que les asana et le pranayama nous forgent moralement, physiquement et mentalement.

    C’est pourquoi Guruji nous demande de ne pas relâcher la pratique de Sirsasana et Sarvangasana. Si vous n’y parvenez pas, faites au moins Setu Bandha Sarvangasana ou Viparita Karani. Les inversées

    nous permettent de contrôler le mental et le système endocrinien. C’est le plus grand don que nous ait fait Guruji. Même si notre pratique quotidienne ne comporte pas tous les asana, il est essentiel de maintenir une pratique régulière des inversées. Après avoir atteint un certain niveau dans la pratique posturale, le pranayama doit être abordé.

    La pratique des postures inversées permet de contrôler notre mental et notre système

    endocrinien

    Guruji affirme que la pratique du pranayama n’est pas indispensable au début mais qu’à partir d’un certain stade il est nécessaire de le faire en Savasana. Il nous enseigne ici à comprendre notre mental. Si vous n'arrêtez pas de bouger, vous ne saurez pas où commencer à vous stabiliser. Si vous activez votre mental sans arrêt, vous ne saurez pas où le pacifier. Notre pratique doit nous permettre d’obtenir un certain équilibre du mental. Prenez conscience de ce que vous découvrez dans votre pratique. Cherchez à en connaître les effets. Pas uniquement les effets mentionnés dans le livre. Trouvez par vous-même comment celle-ci affecte votre système mental.

    Parfois, nous avons des douleurs et des problèmes en pratiquant, mais nous persévérons. Les douleurs et les problèmes sont peut-être présents à un certain niveau mais nous savons néanmoins qu’au delà de cela, nous arrivons à un résultat. C'est ainsi que se forge l'esprit yogique.

    Ce travail est à appliquer de manière quotidienne. Peut-être disposons-nous seulement d'une heure ou deux. Chacun selon ses

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    possibilités. Telle personne est dotée d’un muda citta, telle autre d’un viksipta citta. Alors nous leur demandons de consacrer quinze minutes à la pratique. Il y a ceux qui travaillent seulement physiquement et avec force. Ils disent être léthargiques autrement. Faites-leur faire des postures debout en sautant pendant 5 à 10 minutes et ils se sentiront rechargés. Il y a ceux qui sont paresseux et ne veulent rien faire. Faites-les rester en Setubandha, en Viparita Dandasana ou en Supta Baddha Konasana avec supports. La léthargie disparaîtra. Si c'est de la mobilité ou un esprit alerte que vous voulez, vous pouvez l'obtenir. Si vous voulez un mental passif, vous l'obtenez. Tout ceci est basé sur des expériences. Quelles que soient les sensations acquises durant cette heure ou deux de pratique, emportez-les avec vous dans le quotidien. C'est là que commence la discipline.

    Il ne s'agit pas de se lever à minuit et de dire: «Bien, maintenant j'ai envie de faire des asana, je m'y mets». Il y a une façon de faire, un processus, des restrictions. Tout repas doit se prendre au moins quatre heures auparavant. Il ne s'agit pas de manger et de se mettre à faire des asana une heure plus tard. Vous ne préparez pas votre esprit yogique de cette manière. Cette nourriture absorbée se prépare à la digestion, pour votre corps physique. La nourriture est destinée tout d’abord au corps, le corps élémentaire, le corps cellulaire. Faites la distinction. Imaginez que vous avez mangé une nourriture lourde à digérer. Elle ne passe pas, même au bout d'un long moment. Alors, sachez que quelque chose viendra à manquer dans votre pratique. Certains aliments doivent être évités. Vous vous en rendez compte: «Je n’aurais pas dû manger ceci quand mon système me disait de ne pas le manger.» Vous aimez peut-être cet aliment mais votre corps vous mettait en garde.

    C’est ainsi que citta sampat, votre conscience, vous aide à comprendre et que vous commencez à changer. Puis vient un jour où vous dites : «Je ne peux pas manger cela ou alors peut-être dimanche, qui est mon jour sans pratique.» Vous souhaitez vous alimenter simplement au quotidien. Même si je ne parle que de nourriture, le mental doit être forgé par la pratique. Ceci signifie que vous nourrissez la conscience par ces voies externes pour que la conscience digère.

    Tout ce que nous pratiquons au quotidien nous mène sur un plan différent. C’est ainsi que citta ajoute à la richesse que nous avons héritée du corps d’origine, la matière primordiale. Nous commençons à recueillir

    la richesse de cette matière primordiale externe, laquelle nourrit à son tour la conscience.

    Notre pratique laisse des empreintes en nous. Si vous faites l’expérience du silence en Savasana pendant un moment, cette empreinte sera véhiculée par la conscience. Le vyutthana citta, le mental dirigé vers l’extérieur, s’imprègne alors de samahita citta, qui vous amène vers l’intérieur. Ce processus de récolte d’impressions vous rend porteur des effets de votre pratique et ainsi, votre conscience s’enrichit. Au-dessus de cette conscience se trouve viveka, la conscience discriminative, capable de distinguer le bon et le mauvais, la réalité et l’illusoire. C’est de la philosophie au quotidien.

    Imaginez que vous avez à choisir entre aller au théâtre, au cinéma, au concert ou au cours. Si vos empreintes sont appropriées, le mental décidera d’aller au cours de yoga. Ou alors, il dira : «Puisque je ne peux pas aller au cours de yoga aujourd’hui, les horaires se chevauchant, je vais terminer ma pratique ce matin. Puis j’irai au concert.» Cela montre que les empreintes anciennes sont encore présentes en vous, le mental ne pouvant pas se transformer subitement.

    Il doit être élaboré progressivement, comme on donne à manger petit à petit à un bébé. Même si vous souhaitez voir votre enfant robuste et joli, vous ne le forcez pas à avaler tout le biberon. Vous savez bien que ce n’est pas la manière de procéder. On le nourrit petit à petit, quand il a faim. De même, c’est ainsi qu’il faut nourrir son mental. On ne s’improvise pas yogi de première classe. On peut se dire musicien de première classe ou artiste de première classe. Mais

    aucun yogi ne dira : «Je suis un yogi de première classe», parce qu’il n’y a pas de première classe.

    Quand Guruji est venu ici, il n’a jamais affirmé qu’il fût yogi de première classe et qu’il faille le suivre. Il a dit : «Voici ce que je sais. Faites de même et vous en tirerez peut-être des bénéfices, comme moi». Il a dit : «Ceci est mon expérience, essayez et voyez ce que vous en tirez». Il nous a transmis toutes ses expériences, ce qu’il a senti, ce qu’il a appris, ce qu’il a compris. De la même manière, nous nous construisons progressivement. Ce n’est pas une question du nombre d’heures de pratique mais plutôt de savoir ce que l’on peut digérer. Comme dans les travaux pratiques en laboratoire de sciences, on découvre les combinaisons chimiques des éléments et leurs résultats. On prend note, on étudie, on essaie de s’en souvenir et de retrouver cette connaissance au moment opportun. C’est de cette manière que vous ferez grandir votre connaissance de la chimie.

    Similairement, nous devons observer le côté pratique des asana et du pranayama et veiller à faire une feuille de route pour la journée. Certes, il faut s’occuper de la famille et du travail mais sans cesser d’être à la fois détaché intérieurement et présent à notre tâche. Ce qui doit être fait doit l’être correctement, sans doute. Cependant, le détachement du mental est indispensable pour aller vers une pratique yogique.

    Assurez-vous de vous lever suffisamment tôt le matin pour le pranayama. Si vous avez une journée très chargée, vous ne trouverez peut-être pas un moment pour respirer ! Alors, respirez le matin et absorbez de l’énergie. En fonction de l’énergie acquise par la pratique, vous saurez si vous avez vraiment expérimenté le calme pendant le pranayama. Ensuite vous emportez avec vous cette sensation pour le reste de la journée. Vous serez moins dérangé, moins perturbé. Vous aurez de l’énergie pour accomplir votre travail. C’est ainsi que l’esprit

    yogique doit être cultivé. Le mental gravite autour du yoga. Vous trouvez alors une liberté intérieure pour votre pratique.

    L’esprit yogique doit être cultivé de manière à graviter autour du yoga. Vous trouvez

    alors une liberté intérieure dans la pratique.

    La pratique n’est plus un fardeau pour votre esprit. Notre manière très disciplinée de planifier notre journée, d’allouer le temps pour ce que nous décidons de faire, nous révèle que nous portons des empreintes yogiques. Ce n’est pas comme penser à ahimsa, la non violence et porter un panneau dans la rue sur lequel est inscrit «Je suis la voie de ahimsa» ! Nous devons découvrir en nous-même la manière d’établir des rapports avec autrui, que nous soyons violent ou non violent. Me suis-je mis(e) en colère pour rien ou avais-je une bonne raison? Si vous ressentez de la colère contre quelqu’un, mettez-vous à sa place et cherchez ce que vous auriez fait

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    dans sa situation. C’est comme ça qu’on élabore.

    Mes amis, j’espère que vous comprenez ce que je viens d’expliquer, la manière de porter cet esprit yogique. D’une part il est notre héritage, puisque le yoga est entré en nous. Le yoga ne se refuse à personne. Le yoga n’a pas décidé de vous laisser de côté, pour favoriser quelqu’un d’autre à la place. D’autre part, Guruji nous a donné une méthode qui nous permet de bénéficier de la grande richesse du yoga. Apprenons à en faire l’expérience et à le ressentir objectivement à l’intérieur de nous. Veillons à faire l’union entre la richesse héritée et la richesse acquise et assurons-nous de grandir et de nous discipliner. Si vous pratiquez bien, le mental discipliné ne permet pas au mental indiscipliné d'entrer en vous. Soupesez. Si votre mental est plutôt indiscipliné, il est difficile que ça fonctionne. Le mental indiscipliné l’emporte. Pour donner plus de poids au mental discipliné, construisez votre pratique correctement.

    Il y a la purification de l’esprit (karma suddhi), la purification du corps (kaya suddhi), la purification du mental (mana suddhi), la purification de la conscience (citta suddhi). L’esprit yogique se cultive en traversant ce processus de purification, de filtration. Le filtrat est l’esprit yogique. C’est ainsi que nous avons à apprendre et à comprendre. Continuez de pratiquer et évaluez votre équilibre, détectez si votre esprit est plutôt discipliné ou non. Ainsi, vous vous rendrez peut-être compte que vous avez commencé à vous discipliner. Vous n’êtes plus ce que vous étiez auparavant. Ne vous comparez pas aux autres mais à vous-même. C’est pourquoi j’ai dit plus haut qu’un yogi ne dira

    pas «Je suis un yogi de première classe».

    En fonction de vos capacités, vous avez hérité de la conscience qui vous est propre, mais à partir de là vous devez la développer. Tout le monde en est capable car nous sommes guidés par Guruji et Patanjali. En comprenant cela, nous comprenons beaucoup. En menant un style de vie approprié nous nous construisons et acquérons cet esprit yogique.

    Quoi que fasse le monde, si vous êtes sage, vous saurez juger. Si notre citta sampat est forte, notre conscience sera très forte et nous saurons faire preuve de discernement. Gardons ceci à l’esprit et invoquons le sage Pantanjali afin d’hériter et d’acquérir plus de richesse, le yoga sampat.

    1/ NDT : les trois guna sont les qualités de la nature : lumineuse et pure, mobile et active, obscure et inerte.2/ NDT : ksipta : distrait, muda : faible, viksipta : agité, ekagrata : concentré, nirodha : contrôlé.3/ NDT : les huit piliers du yoga, selon Patanjali : yama, les commandements moraux universels ; niyama, la purification de soi par la discipline; asana : la posture ; pranayama : l’expansion de l’énergie vitale par le contrôle du souffle; pratyahara : retrait et émancipation de l’esprit de la domination des sens et leurs objets ; dharana : concentration ; dhyana : contemplation ; samadhi : état d’union avec l’objet de contemplation.4/ NDT : les cinq commandements moraux universels : ahimsa : la non violence; satya : la sincérité, l’amour de la vérité ; asteya : le non vol ; brahmacarya : la vie de célibat et d’étude ; aparigraha : la non convoitise.

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    A propos des quatre-vingt-dix ans de GurujiPar Isabelle Mullie

    En décembre dernier ont été organisées à Pune et Bellur deux semaines de célébrations en l'honneur des quatre-vingt-dix ans de B.K.S. Iyengar. Ces festivités ont rassemblé environ trois cents élèves et disciples étrangers et plus d'un millier d'élèves et de disciples indiens de Pune, Mumbai ou Bangalore, venus rendre hommage à leur Maître et le remercier d’avoir tant contribué à enrichir leur vie. Certains parmi nous ont eu la chance de participer à ce moment privilégié.

    Il n’y a pas de mots pour décrire le dévouement des organisateurs, des proches de B.K.S. Iyengar, qui ont aidé Guruji à rendre cet événement possible et qui, par la grâce du Maître, ont vraiment fait un sans faute !

    La plupart d’entre eux sont connus des Français car déjà venus enseigner lors de nos conventions. En tout premier lieu, Rajvi Mehta qui, telle une déesse aux mille bras, était présente sur tous les fronts, mais aussi Jawahar Banghera, Birjiu et Arti Mehta, M. Pandurang Rao, le secrétaire de B.K.S. Iyengar que connaissent bien ceux qui se sont rendus à Pune, ainsi que Ratanlal Shah, l’invité de notre convention d’Evian en 2004, ami de longue date de la famille et auquel Geeta a rendu un hommage très

    émouvant. Des dizaines d’autres personnes ont aidé à la réalisation de ces manifestations, nous les remercions toutes du fond du cœur.

    Toute la famille Iyengar - frères et sœurs de Guruji, ses enfants, ses petits enfants dont Abhijata, sa petite-fille, à qui il enseigne beaucoup, fut présente à tous les instants, proche des participants et à la disposition de tous. Ils offrirent plusieurs repas, à la fois majestueux et simples et discutèrent avec ceux qui allaient vers eux.

    Nous avons ainsi eu l'occasion de découvrir le Guruji que nous décrivent toujours ceux qui vivent près de lui, mais que ceux qui le voient de plus loin ne connaissent pas souvent : un homme simple, humble et joyeux, heureux de donner le bonheur autour de lui.Lors des réunions autour de Guruji, il y a toujours la pratique posturale, que ce soit celle de Guruji lui-même qui comble nos yeux et notre âme, ou bien celle qu'il nous fait vivre à travers les enseignements qu'il dirige. Cette année, pour la première fois, pas de pratique posturale. Je suis convaincue que beaucoup d'entre nous (dont moi) étaient un peu dubitatifs devant

    ce projet: comment une réunion Iyengar peut-elle se réaliser sans pratique ? Mais quelle nourriture de l’âme, quel enseignement et quelle pratique nous reçûmes !

    La rencontre a consisté en trois jours à Pune et un voyage dans le Sud de l’Inde, à Mysore et Bellur, véritable pèlerinage auquel Guruji avait convié ceux qui souhaitaient l’accompagner.

    A Pune, une conférence de Geeta nous a rappelé le message de la Bhagavad Gita : le yoga est partout, tout ce que nous avons à faire, faisons-le sans penser aux fruits de nos actions ; ainsi, nous conquerrons notre nature, nous verrons plus clair, nous résoudrons nos problèmes ; chaque action doit être réalisée avec la pureté du corps et aussi la pureté du mental. Un film splendide a été réalisé, qui relate la vie du Maître, Leap of Faith, ainsi qu’une exposition extrêmement documentée et riche sur B.K.S. Iyengar, sa vie, son apport au yoga, qui tourne maintenant à travers le monde.Un moment majestueux fut une démonstration de vingt enfants intitulée The Power of Innocence. Toutes les postures étaient réalisées sur des chorégraphies enjouées. Les enfants s’étaient surpassés avec bonheur. Ils furent félicités un à un par Guruji. Les

    spectateurs ne pouvaient savoir qui était le plus ému de tous : les enfants félicités par leur Maître ou Guruji que l’on sentait très touché.

    A l'occasion de spectacles de musique, de danse et de théâtre, B.K.S. Iyengar a rendu hommage à l'art et à la beauté et nous a fait vivre des moments de partage inoubliable :- un concert-récital du grand virtuose Pandit Hari Prasad Chaurasia, maître de la flûte bansuri, l’instrument de Krishna.- une démonstration-conférence de Smt Mandakini Trivedi, danseuse de Mohini Attam qui, à travers son exposé à la fois pédagogique et poétique et les démonstrations de l’une de ses élèves venue l’accompagner, a mis en lumière tout le système de discipline du corps et de l’esprit, normalement caché derrière l’art ; un système à la fois esthétique, symbolique et yogique.- une pièce de théâtre : Le Prophète de Khalil Gibran, joué admirablement par le très célèbre comédien Naseeruddin Shah. Même si le thème est vaste, un grand moment de la pièce était consacré à la maladie et à la vieillesse. L’acteur, accompagné d’un jeune enfant, exprimait combien même malade, même âgé, l’homme peut vivre autrement l’esprit de la vieillesse et de la

    maladie, et rester un homme debout et joyeux.

    Dans le sud de l’Inde, un grand nombre de participants ont pu découvrir Bellur, le village natal de Guruji, auquel il consacre depuis de nombreuses années beaucoup de temps et d’argent. Il y a fait édifier le premier temple dédié à Patanjali, le père du yoga. Les villageois étaient là pour accueillir les participants, pleins d’étonnement et de surprise, ainsi que les enfants, garçons et filles portant leur uniforme, présents dans leur école et nous ouvrant leurs classes. Le yoga fait partie de l’enseignement et ils ont été heureux de nous montrer leur pratique. Plusieurs visites de temples ou de lieux historiques à Mysore nous révélèrent l’héritage de l’histoire et la grande beauté de ce pays.

    Ces deux semaines ont été un hommage de Guruji aux valeurs du yoga. Il a été honoré lui-même bien sûr, et s’est trouvé au centre des cérémonies religieuses, mais il n'a cessé de nous donner une leçon de fraternité, d'humanité, de joie, de simplicité et de rire et, devant ce grand nombre d’enfants, il nous a encore montré son bonheur et sa vocation de transmettre.

  • 28 29

    Dwi pada viparita Dandasana Fiche technique

    « Allongez-vous sur le dos. Pliez les coudes et placez les paumes des mains près des épaules, comme pour Urdhva Dhanurasana. Ensuite, levez le buste. Reposez le sommet de la tête au sol et entrecroisez les doigts ».

    Voici l’explication la plus simple et élémentaire pour exécuter Dwi Pada Viparita Dandasana, mais rares sont les personnes capables comme Guruji d’accomplir cette posture, surtout lors des premières tentatives. La plupart d’entre nous n’y parviendra pas et finira par la faire avec force gémissements et grognements, accompagnés de toutes sortes de grimaces.

    Dans cet article, Arti H. Mehta décrit et rassemble les ajustements subtils et les techniques de Dwi Pada Viparita Dandasana enseignés par Guruji lors de ses cours.

    «Une action intense induit une intelligence intense»Guruji BKS Iyengar

    Il y a quatre jambes dans Dwi Pada Viparita Dandasana, comme une table est en équilibre sur quatre pieds. Les deux bras, coudes posés au sol, et les deux jambes, pieds posés au sol constituent les quatre «jambes». Pour être en équilibre dans cet asana, les quatre «jambes» doivent saisir le sol de manière harmonieuse, ce qui n’est pas le cas habituellement.

    Quand vous commencez à vous observer dans cet asana, vous trouverez qu’une «colline» s’est formée là où les vagues de vos pensées se dirigent et qu’une «vallée» s’est creusée dans la région qui est négligée. Comparez par exemple, la «colline» au milieu du bras antérieur qui regarde vers l’avant (où les vagues de pensées sont allées se loger) à la «vallée» dans les mollets. Sentez la chair entre le ligament externe du genou et la cuisse externe, pour amincir la proéminence du bras. Les yeux regardent mais l’esprit ne peut pas divaguer si vous élevez uniquement la conscience. Dans Dwi Pada Viparita Dandasana, vous devenez introverti.

    «Si les cellules intellectuelles frappent le crâne physique quand vous pratiquez Dwi Pada Viparita Dandasana, cela signifie que le cerveau

    s’est dilaté à l’intérieur et qu’il a quitté sa position, et vous

    ne savez pas ce qui se passe dans votre corps»

    Une attention accrue doit être développée vers certaines régions du corps lorsque vous pratiquez cette posture.

    LA TÊTE

    •Levez la tête pour que lesneurones du cerveau restent à leur place et ne frappent pas le crâne. Au moment où vous sentez

    le cerveau toucher le crâne, alors décollez la tête du sol (le cerveau se retirera) et refaites la posture. •Soulevez la tête. Ouvrez lescapsules des deltoïdes pour venir en avant. Pacifiez le cerveau, rapprochez le crâne des paumes de mains.

    LES COUDES

    •Rapprochez les coudes etsaisissez le sol avec la chair de l’intérieur du coude (intérieur de l’avant-bras et tête interne du coude). Vous glisserez si l’extérieur du coude touche le sol.•Soulevez les fessiers depuisl’intérieur des coudes. Rapprochez les pieds de vous et pressez les coudes au sol. •Allongez le ligamentducoudepour qu’il ne s’affaisse pas sur l’avant-bras. LES BRAS SUPÉRIEURS

    •FaitesunTadasana vertical du haut de la face interne du bras vers le haut de l’aisselle interne afin de créer un appui en cas de glissement.•Renforcezlesfibresdelapartiesupérieure du biceps et des deltoïdes pour que les coudes restent au sol et pour éviter de glisser quand vous tendez les jambes.•Décollez la têteetavancez lesdeltoïdes puis placez le sommet de la tête au sol.

    LES DOIGTS

    •Quand vous entrecroisezles doigts, les monticules des paumes de mains (à la racine des doigts) sont compressés. Cette compression est plus forte dans Dwi Pada Viparita Dandasana que dans Sirsasana. Le mental ne doit jamais quitter ces monticules.

    LES CÔTES LATÉRALES

    •Placez les paumes près desépaules comme dans Urdhva Dhanurasana. Guidez votre intelligence sur les côtes latérales.

    •Encréantdel’espaceentrelescôtes, soulevez le tronc et placez la tête au sol. Chargez les côtes latérales pour qu’elles se meuvent vers le haut et ensuite croisez les doigts. Les côtes latérales doivent rester alertes.

    LES CÔTES FLOTTANTES

    •Levezlescôtesflottantesquandvous croisez les doigts. La partie postérieure des côtes flottantes

    doit se rapprocher de la partie frontale des côtes flottantes.•Lescôtesflottantespostérieuresforment la base. Ne bougez pas la partie frontale des côtes flottantes. Mobilisez d’abord la base puis croisez les doigts. Stabilisez les bras.•Quand vous reculezsoudainement les jambes, les côtes flottantes s’effondrent. Chargez la partie postérieure des côtes flottantes pour tendre vos jambes.

    « Ce ne sont pas les jambes qui doivent s’étirer mais

    le milieu des reins qui doit s’élever »

    LA POITRINE

    •Ouvrez lapartiesupérieuredela poitrine vers la partie inférieure. Rapprochez les pieds de vous et augmentez la hauteur du tronc.•Neprojetezpaslapoitrine.Siellevient trop en avant cela signifie que le coccyx ne monte pas. Levez le

    coccyx et la poitrine restera dans une position verticale.•Augmentezleflotd’intelligencede la poitrine vers le pubis, en élevant l’arrière des cuisses.•Depuis l’aisselle de poitrine(non pas l’aisselle du bras), élevez la poitrine d’encore environ un centimètre et demi.

    « Quand l’énergie des bras est reliée à la poitrine et quand

    l’énergie des jambes est reliée à la poitrine, c’est ce qu’on

    décrit comme la totalité ou la divinité dans l’action »

    LE DISQUE DE LA CONSCIENCE Mesurez la hauteur du disque de la conscience (le centre émotionnel) par rapport au sol.Le disque de la conscience a tendance à s’affaisser lorsque vous tendez les jambes.Les rayons de soleil ne peuvent pas toucher la terre s’il y a des nuages. De même, si votre esprit est brumeux, alors les rayons

  • 30 31

    du disque de la conscience ne peuvent pas toucher les pieds qui sont au sol. Donc, ne vous permettez pas de vous effondrer. Maintenez la hauteur du disque de la conscience lorsque vous tendez les jambes.

    LES FESSIERS

    •Relâchez les fessiers loin ducoccyx en roulant les côtés externes des genoux vers l’intérieur.

    •Relevez au maximum le bordexterne des fessiers, et non le centre, par le biais de l’intelligence. Si vous les levez de cette manière, vous n’aurez aucun mal au dos.

    •Les fessiers doivent resterséparés du centre (coccyx) quand vous maintenez la posture et lorsque vous en descendez.

    LE COCCYX

    •Avec les muscles de l’arrièrede la cuisse, rendez le coccyx

    circulaire. La pointe du coccyx doit se mouvoir vers le nombril. Maintenez cette saisie et reculez les jambes.

    « La face externe du haut des jambes, dans Dwi

    Pada Viparita Dandasana, ne devrait pas aller vers

    l’extérieur »

    LES JAMBES

    •L’énergie doit monter vers leplafond et non pas descendre, lorsque vous étirez les jambes.

    •Pressezlestalonsetrapprochezla ceinture pelvienne de la poitrine. Les jambes sont alors plus proches du cœur.

    •Lorsquevoustendezlesjambes,ne touchez pas à la colonne vertébrale. Le bord externe des fessiers doit être plus élevé que le centre.

    •Reculez vos jambes enmaintenant la hauteur du tronc. Si le tronc s’affaisse, n’allez pas plus loin.

    « Eduquez et reliez chaque partie avec les autres.

    Rapprochez le bas du genou du cœur, le haut du genou du cœur, le milieu de la cuisse

    du cœur. Lorsque cela vient, c’est le signe que les jambes peuvent s’étirer un peu plus en arrière. La proximité avec le cœur doit être maintenue »

    LES AINES

    •Soulevezlestendonsdesainespour étirer une jambe après l’autre.

    LES CUISSES

    •Eduquezl’arrièredelacuisseenpermettant à la peau de sentir la chair. Maintenez ce contact. C’est cette saisie qui permet de tendre la jambe.•Roulezlescuissesversl’intérieur.•Elargissezl’arrièredescuisses.

    « Tourner les genoux vers l’extérieur n’est pas Dwi Pada Viparita Dandasana. Tourner les genoux vers l’intérieur est

    Viparita Dandasana »

    LES GENOUX

    •Ilyatroisverrousdansl’asana : le premier aux coudes, le second dans les poignets, le troisième dans les genoux. •VerrouillezlegenoucommedansUtthita Trikonasana, en levant et étirant le genou interne, de l’arrière du ligament interne vers l’intérieur de la cuisse arrière.•Faites Tadasana sur le coin supérieur du genou interne.•Verrouillez cet endroit etamenez-y l’intelligence.

    •Aspirez le ligament du genoudans le genou.

    LES JAMBES INFÉRIEURES

    •L’énergiedelajambeinférieuredoit se diriger vers le plafond et non pas vers les pieds.

    LES MOLLETS

    •Elargissezlesmusclesdumollet.Ne les rétrécissez pas.

    •Tournezl’intérieurdesmusclesdu mollet vers le talon externe pour que le gros orteil s’agrippe au sol.

    LES PIEDS

    •Laisseztouslescoins*desdixorteils toucher le sol. Vous aurez alors les jambes de Tadasana.

    •Ecartezlégèrementlespiedsetroulez les métatarses à l’intérieur, vers le sol, pour que les jambes roulent vers l’intérieur.

    « Ces ajustements vous aideront à progresser pour

    passer d’une posture arrière à Dwi Pada Viparita

    Dandasana »

    Extrait des enseignements donnés par GURUJI lors des cérémonies pour ses

    80 ans et du Jubilée d’argent de l’Institut.

    Extrait de YOGA RAHASYA vol 11, N°4; 2004

    Photos : Harper Collins

    Traduit par Laurence Bommelaer.

    *NDT:internesetexternes

  • 32 33

    Liste des associations nationales de Yoga Iyengardans le monde (Liste non exhaustive)

    Liste des professeurs (adhérant à l’AFYI et au Logo) 2008 - 2009

    Afrique du SudChairlady, Central Committee: Denise RundleTelephone: +27 (0)11 467 2106 Mobile: +27 (0)83 457 [email protected]://www.bksiyengar.co.za

    AllemagneIyengar Yoga-Vereinigung Deutschland e.VPappelallee 24 - 10437 [email protected]: (+49) 030 - 54 71 40 30Fax: (+49) 030 - 54 71 40 32http://www.iyengar-yoga-deutschland.de/

    [email protected]://iyengaryoga.asn.au

    Belgiquehttp://www.iyengaryoga.be/fr

    [email protected]://www.iyengaryogacanada.com

    Danemarkhttp://www.hoeks.dk/yoga/Ce site n’est plus actif

    EspagneAsociación Española de Yoga IyengarC/ Gran Vía 31-7º 6 - 28013 MadridTél y Fax : (+34) 91 531 90 95http://www.aeyi.org/

    Grande-Bretagne & IrlandeIyengar yoga association of the United KingdomPhone : (+44) 0753 0779084http://www.iyengaryoga.org.uk

    IsraëlIyengar Yoga Association of IsraelP.O.Box 14450 Tel [email protected]://www.iyengar-yoga.org.il

    ItalieAssociazione Light on Yoga ItaliaVia Fra Paolo Sarpi, 8/a50136 FirenzeTel : (+39) 055-674.426Fax: (+39) [email protected]://www.iyengaryoga.it/

    Japonhttp://www.iyengar-yoga.jp/bksCe site n’est pas consultable en anglais.

    Nouvelle-ZélandeIYANZPO Box 849Hamilton - New Zealandhttp://www.iyengar-yoga.org.nz

    Pays-BasIyengar Yoga Vereniging NederlandsContact : Anneke TimmerTel (+31) [email protected]://www.iyengaryoga.nl

    Polognehttp://www.joga.org.plCe site n’est pas consultable en anglais.

    Russiehttp://www.yoga.ruCe site n’est pas consultable en anglais.

    SuisseIyengar-Yoga-Vereinigung SchweizCH-3000 [email protected]://www.iyengar.ch

    États-UnisIYNAUS (Iyengar Yoga National Association of the United States)1300 Clay Street, Suite 600Oakland - California 94612Tel : (+1) 888 344-0434http://www.iynaus.org

    Liste alphabétique des enseignants certifiés

    AIDUR-LITTEE RégineALSM - 34 rue de Sacquenville27000 Saint Michel-EvreuxTel : 02 32 34 69 34/mobile : 06 65 81 77 47 E-mail : [email protected]

    AMODEI Marielle, Yoga HuitPlaisance du Touch et ToulouseTel : 05 61 07 40 37/mobile : 06 89 13 23 93E-mail : [email protected]

    ASKARI Maryam17, rue de Crussol - 75011 ParisMobile : 06 86 78 19 17E-Mail : [email protected] Web : www.yogaboutiqueparis.com

    AUBERT - LORILLARD Marie Anne Centre de Yoga Iyengar15 quai des Marans - 17000 La Rochelle Mobile : 06 64 98 52 50 E-mail : [email protected]

    BALIER SophieCentre de danse du Marais41 rue du Temple - 75004 ParisTel : 06 66 28 59 32E-mail : [email protected]

    BAUDE Annie Centre Saint Thomas d'Aquin14 boulevard Raspail - 75007 Paris Tel : 01 42 42 30 81/mobile : 06 19 64 52 11E-mail : [email protected]

    Centre de Yoga Iyengar de Paris35 avenue Victor Hugo - 75116 ParisTel : 01 45 00 28 48E-mail : [email protected] web : www.sfbiria.com

    BERNARD Chantal Centre de Yoga Iyengar de Rouen6 rue Saint Denis - 76000 RouenTel : 02 35 98 10 26E-mail : [email protected]

    BERNTROP Corine19, rue des Chartreux - 69001 LyonTel : 04 78 28 23 44E-mail : [email protected]

    BERTAULD Monica Centre de Yoga Iyengar de Chatou 81 Avenue Gambetta - 78400 Chatou Tel : 01 30 53 11 22E-mail : [email protected] web : www.yogatma.net

    BIRIA Corine Centre de Yoga Iyengar de Paris35 avenue Victor Hugo - 75116 ParisTel : 01 45 00 28 48E-mail : [email protected] web : www.sfbiria.com

    BIRIA FaeqCentre de Yoga Iyengar de Paris35 avenue Victor Hugo - 75116 ParisTel : 01 45 00 28 48E-mail : [email protected] web : www.sfbiria.com

    BISHOP Dominique Rossas - 26310 ValdrômeTel : 04 75 21 41 09

    BLUCHET ValérieCentre de Yoga Iyengar de StrasbourgTennis Club de Strasbourg20 rue Pierre de Coubertin67000 StrasbourgMobile : 06 72 07 64 48E-mail : [email protected]

    BOERNER ConstanceChef Lieu 01360 SutrieuTel : 04 79 87 25 47E-Mail : [email protected]

    BOK WillyCentre de Yoga BKS Iyengar 155 rue Philippe Baucq1040 Bruxelles, BelgiqueTel : 0032 2 345 35 60E-mail : [email protected]

    BOMMELAER-GIRAUD Laurence 11, rue Chasseloup-Laubat - 75015 ParisTel : 08 71 13 72 77/mobile : 06 03 02 77 77 E-mail : [email protected] web : www.freewebs.com/yogaiyengar

    BOYER CathyCentre de Yoga Iyengar de Montpellier5 bis, Enclos Tissié-Sarrus34000 MontpellierTel : 04 67 58 79 85E-mail : [email protected] web : www.centre-yoga-iyengar-montpellier.com

    BREGENTZER Titanne23, rue de la Régence1000 Bruxelles, BelgiqueE-Mail : [email protected]

    BREMBILLA Laura17 rue Xaintrailles - 75013 ParisTel : 01 53 61 03 52/mobile : 06 20 74 49 56E-mail : [email protected]

    BRUGERE CathyClair Accueil8, avenue des Argonautes - 17110 Saint Georges de DidonneTel : 06 65 34 39 11E-Mail : [email protected]

    BURKE Joyce5 chemin du pont Cournanel11300 LimouxTel : 04 68 74 33 48E-Mail : [email protected]

    CAILLEUX JulienMontreale Via Monte Cengio 937128 Verone, ItalieMobile : 06 81 59 68 78

    CALLEJA NicoleMaison pour tous34330 Fraisse sur AgoutE-Mail : [email protected]

    CARON Jean-Luc17, rue Le Bua - 75020 ParisMobile : 06 16 92 22 47E-mail : [email protected]

    Centre de Yoga Iyengar de Paris35 avenue Victor Hugo - 75116 ParisTel : 01 45 00 28 48Site web : www.sfbiria.com

    CASTILLON Marie-Christine YogaStudio33, rue du passage 75 - 34000 MontpellierTel : 04 34 35 60 92/Mobile: 06 85 20 26 20E-mail : [email protected] web : www.iyengar-yogastudio.com

    CEGARRA Matilde18 Marché aux Porcs1000 Bruxelles, BelgiqueE-Mail : [email protected]

    CHARLEBOIS Johanne18, rue d'Albanie - 1050 Saint GillesE-Mail : [email protected]

    CHARVOLIN CatherineLes Cabirottes3 rue de l'Oiselière - 69009 LyonTel : 03 85 51 17 80/mobile : 06 75 43 10 72 E-mail : [email protected]

    Ecole de danse Demi-lune21 avenue Joannès Hubert - 69160 TassinTel : 03 85 51 17 80/mobile : 06 75 43 10 72 E-mail : [email protected]

    CIEKANSKI Annie 47750 BoeMobile : 06 78 93 73 45E-mail : [email protected] Site web : www.annieciekanski.com

  • 34 35

    CLAUDEL NathalieCentre de Yoga Iyengar de Tours31, rue Girard Vasson, 37100 Tours47 rue Parmentière, 37520 La RicheMobile : 06 71 89 91 39E-Mail : [email protected]

    CONNEN Marie-JoséAssociation Sadhanarue Victor Hugo66250 St Laurent de la SalanqueTel : 04 68 92 38 34

    CONNOTE Benoît158 rue du Montenegro, 1190 Bruxelles, BelgiqueE-Mail : [email protected]

    CORBREJAUD Hubert Centre de Yoga Iyengar de Nantes 26, bd Albert Thomas - 44000 NantesTel : 02 40 40 53 25E-mail : [email protected]

    COUSIN Nathalie Centre de Yoga Iyengar de Chatou 81 Avenue Gambetta - 78400 ChatouTel : 01 39 62 69 02

    Ecole Sainte Anne MontessonTel : 01 30 53 11 22E-mail : [email protected]

    CROS Clarisse85 allée des Fermes74300 Araches la FrasseCluses (74); Carroz (74)Tel : 04 50 90 38 19/mobile : 06 83 89 59 26E-mail : [email protected]

    CROS Marie-Laurence 28, rue Etienne Marcel, 75116 ParisMobile : 06 80 07 25 96 E-mail : [email protected]

    Centre de yoga Iyengar de Paris35, avenue Victor Hugo - 75116 Paris Tel : 01 45 00 28 48/mobile : 06 80 07 25 96E-mail : [email protected] web : www.sfbiria.com

    DAUZOU EstelleAnjaliom144, Bld de la Vilette - 75019 ParisTel : 06 71 11 50 40E-mail : [email protected]

    DE BUSSY Christine Université indépendante de Vichy18, rue du 4 septembre - 03200 VichyTel : 06 74 53 94 57E-mail : [email protected]

    Cours de Yoga Iyengar58, rue du port - 63000 Clermont FerrandTel : 04 73 36 69 45/mobile : 06 74 53 94 57E-mail : [email protected]

    DE LORENZO CITRON CristinaAtelier de Yoga Iyengar30-32, rue de la Vallée - 44190 ClissonTel : 02 40 56 99 73/mobile : 06 64 37 68 90E-mail : [email protected]

    DEBESSE Karine69400 Villefranche sur Saone Tel : 04 74 62 08 29/Mobile: 06 98 72 46 57E-Mail : [email protected]

    DENAIS SylvieEspace Horizons Yoga31, boulevard A. Buisson - 63500 IssoireMobile : 06 68 94 96 39E-mail : [email protected] Web : www.espace-horizons-yoga.fr

    DIOT PatriciaCentre de yoga aquitain18 rue de la Marne - 33130 Bègles Bordeaux4, allée de Bellem - 33950 Lège Cap FerretMobile : 06 85 54 76 58Site Web : www.etreaunaturel.fr

    DRIVIERE Lydie Centre de Yoga Iyengar de Tours31, rue Girard Vasson - 37100 ToursTel : 02 47 41 07 00E-mail : [email protected]

    DURRLEMAN-LOCHON JulietteChemin de l'oie38700 Le Sappey en ChartreuseTel : 06 31 85 21 39E-mail : [email protected]

    FILIZZOLA Alice170, avenue de Koënig PK6 98800 Nouméa, Nouvelle CalédonieMobile : 06 87 89 53 92E-Mail : filizzola.alicemail.com

    FROMENTIN MichèleCentre de Yoga Iyengar de Chatou81 Avenue Gambetta - 78400 Chatou

    Ecole Sainte Anne MontessoTel : 01 30 53 11 22

    6, Vieux Chemin de Sartrouville95240 Cormeilles en ParisisTel : 33 (0)1 56 47 28 18E-mail : [email protected]

    GALLAND Jocelyne Yoga Centre Nation2, passage Turquetil - 75011 Paris Tel : 01 42 55 66 59/mobile : 06 63 10 47 97E-mail : [email protected]

    GALVAIRE Gé