audit externe des institutions de microfinance

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guide pratique, comptabilité, finance, questionnaire d'audit, analyse des risques, microfinance, audit externe

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Page 1: Audit externe des institutions de microfinance

GROUPE CONSULTATIF D’ASSISTANCE AUX PLUS PAUVRES[PROGRAMME DE MICROFINANCE]

Audit externe desinstitutions de microfinanceGuide pratique

Volume 2

À l’usage des auditeurs externes

Série « Outil technique » n° 3Décembre 1998

Page 2: Audit externe des institutions de microfinance
Page 3: Audit externe des institutions de microfinance

TTaabbllee ddeess mmaattiiÚÚrreess

Avant-propos ixRemerciements xiSigles et abréviations xii

Chapitre 1 Introduction 11.1 Destinataires et utilisation du guide 31.2 Limites du guide pratique 41.3 Organisation du volume 5

Chapitre 2 Audit des institutions de microfinance : une vue d’ensemble 72.1 Les diffĂ©rents types de service 7

2.1.1 Audit annuel des Ă©tats financiers 72.1.2 Examen sur la base de procĂ©dures convenues 82.1.3 Mission d’audit spĂ©ciale 8

2.2 Le processus de contractualisation 92.3 Les normes d’audit et les normes comptables 102.4 Les Ă©tapes du processus d’audit 10

Chapitre 3 Comprendre le secteur de la microfinance 133.1 Contexte et historique de la microfinance 133.2 Les méthodologies de crédit en microfinance 14

3.2.1 Les diffĂ©rences entre la microfinance et l’activitĂ© de crĂ©ditclassique 14

3.2.2 Les différents types de méthodologies de crédit dansla microfinance 16

3.3 Les diffĂ©rents types d’institutions engagĂ©es dans la microfinance 183.4 Les opĂ©rations dĂ©centralisĂ©es et les contrĂŽles internes 203.5 Les problĂšmes de fraude 21

Chapitre 4 Planifier l’audit 254.1 AcquĂ©rir une connaissance des activitĂ©s des institutions

de microfinance 254.1.1 Les entretiens 254.1.2 Les visites 274.1.3 L’examen des rapports et documents 27

4.2 Comprendre les normes et les méthodes comptables 274.2.1 Les normes comptables 284.2.2 Les méthodes comptables 284.2.3 Institution financiÚre ou institution à but non lucratif ? 28

4.3 Comprendre les systĂšmes comptables et les systĂšmes de contrĂŽleinterne 28

iii

Page 4: Audit externe des institutions de microfinance

iv AUDIT EXTERNE DES INSTITUTIONS DE MICROFINANCE - GUIDE PRATIQUE, VOLUME 2

4.3.1 Les systĂšmes comptables 294.3.2 Les systĂšmes de contrĂŽle interne 29

4.4 Évaluer le risque d’audit 294.4.1 Le risque inhĂ©rent 294.4.2 Le risque liĂ© au contrĂŽle 314.4.3 Le risque de non-dĂ©tection 32

4.5 DĂ©finir le seuil de signification 324.6 Évaluation de l’audit interne et relations avec les auditeurs internes 34

Chapitre 5 Obtention de la preuve d’audit : aperçu 375.1 Principaux soldes de comptes 375.2 Identification des erreurs potentielles pour chaque solde de compte 385.3 Identification des risques d’exploitation pour chaque solde de compte 385.4 Identification des risques d’audit pour chaque solde de compte 395.5 Mise en Ɠuvre des tests de procĂ©dures 405.6 Mise en Ɠuvre des contrĂŽles substantifs 405.7 DĂ©finition des Ă©chantillons 41

5.7.1 Échantillonnage pour les tests de procĂ©dures 425.7.2 Échantillonnage pour les contrĂŽles substantifs 42

5.8 Obtention de déclarations de la direction 43

Chapitre 6 Obtention de la preuve d’audit : le portefeuille de crĂ©dits 456.1 Quelles sont les caractĂ©ristiques du portefeuille d’une institution

de microfinance ? 456.2 Risques d’exploitation 48

6.2.1 Le risque de contrepartie 486.2.2 Le risque de fraude 486.2.3 Le risque de taux et le risque de change 50

6.3 Risque d’audit 506.4 Les tests de procĂ©dures 50

6.4.1 Tests de procédures au siÚge 516.4.2 Tests de procédures au niveau des bureaux locaux 546.4.3 Tests de procédures à travers les visites aux clients 57

6.5 ContrÎles substantifs 586.5.1 ContrÎles de détail 586.5.2 Procédures analytiques 61

6.6 Tests sur les intĂ©rĂȘts Ă  recevoir et le produit des intĂ©rĂȘts 616.6.1 IntĂ©rĂȘts Ă  recevoir 616.6.2 Test du produit des intĂ©rĂȘts 62

6.7 Procédures convenues pour le portefeuille de crédits 63

Chapitre 7 Obtention de la preuve d’audit : provisions pour crĂ©ancesdouteuses et abandons de crĂ©ances 65

7.1 L’importance des provisions pour crĂ©ances douteuses 657.2 La nĂ©cessitĂ© des abandons de crĂ©ances 687.3 Tests de procĂ©dures 69

7.3.1 Exactitude du rapport 69

Page 5: Audit externe des institutions de microfinance

7.3.2 ProblÚmes de versements calculés 707.3.3 Les provisions pour créances douteuses 71

7.4 ContrÎles substantifs 727.4.1 ContrÎles de détail 727.4.2 Procédures analytiques 72

7.5 Conformité aux lois et réglementations 73

Chapitre 8 Obtention de la preuve d’audit : disponibilitĂ©s etcomptes assimilĂ©s 75

8.1 Risques potentiels d’exploitation 758.1.1 Le risque d’illiquiditĂ© 758.1.2 Le risque de fraude 76

8.2 Risques d’audit potentiels 778.3 Tests de procĂ©dures 77

8.3.1 Test de sĂ©paration des tĂąches 778.3.2 Test du flux de trĂ©sorerie dans l’organisation 788.3.3 Test des procĂ©dures de rapprochement bancaire 78

8.4 ContrĂŽles substantifs 78

Chapitre 9 Obtention de la preuve d’audit : les fonds propres 819.1 Les risques d’exploitation potentiels 82

9.1.1 Le risque fiduciaire 829.1.2 Le risque réglementaire 82

9.2 Tests de procédures 839.3 ContrÎles substantifs 83

Chapitre 10 Obtention de la preuve d’audit : dettes à court termeet charges à payer 85

10.1 Tests de procédures 8610.1.1 Sur les dettes à court terme 8610.1.2 Sur les charges à payer 86

10.2 ContrÎles substantifs 8710.2.1 ContrÎles de détail 8710.2.2 Procédures analytiques 87

Chapitre 11 Obtention de la preuve d’audit : encours d’épargne et dĂ©pĂŽts 8911.1 Risques d’exploitation potentiels 9011.2 Tests de procĂ©dures 9011.3 ContrĂŽles substantifs 90

11.3.1 ContrÎles de détail 9011.3.2 Procédures analytiques 91

Chapitre 12 Obtention de la preuve d’audit : les produits et charges 9312.1 Risques potentiels 9312.2 Tests de procĂ©dures 9412.3 ContrĂŽles substantifs 94

TABLE DES MATIÈRES v

Page 6: Audit externe des institutions de microfinance

Chapitre 13 Rapport d’audit 9713.1 Le rapport d’audit 97

13.1.1 Opinion sans rĂ©serve 9813.1.2 Opinion sans rĂ©serve avec observation(s) 9813.1.3 Opinion avec rĂ©serve 9913.1.4 ImpossibilitĂ© d’exprimer une opinion 10013.1.5 Opinion dĂ©favorable 101

13.2 Note Ă  la direction 101

Encadrés4.1 Résumé de la norme ISA 400 sur les systÚmes comptables et

les systÚmes de contrÎle interne 304.2 Résumé de la norme ISA 400 sur le risque inhérent et le risque

lié au contrÎle 314.3 Un exemple de risque lié au contrÎle dans une institution

de microfinance 324.4 Résumé de la norme ISA 320 sur le caractÚre significatif 324.5 Exemple de calcul du seuil de signification pour une institution

de microfinance 334.6 Exemple d'utilisation du travail d'audit interne 355.1 RĂ©sumĂ© de la norme ISA 400 sur le risque de non-dĂ©tection 405.2 RĂ©sumĂ© de la norme ISA 400 sur les tests de procĂ©dures 415.3 RĂ©sumĂ© de la norme ISA 520 sur les procĂ©dures analytiques 415.4 RĂ©sumĂ© de la norme ISA 530 sur le sondage en audit 436.1 Exemples d'expĂ©riences de fraude dans des institutions de microfinance 496.2 ÉlĂ©ments possibles de la politique de crĂ©dit d'une institution

de microfinance 526.3 Exemples d'Ă©lĂ©ments de dossiers de prĂȘts Ă  tester 566.4 Exemples de points Ă  soulever lors des visites aux clients 586.5 Exemples de dĂ©finition de la taille de l'Ă©chantillon pour les visites

aux clients 6013.1 Exemple de rapport d'audit exprimant une opinion sans réserve 9813.2 Exemple de paragraphe d'observation 9913.3 Exemple de paragraphe d'observation relatif à la continuité

d'exploitation 9913.4 Exemple d'opinion avec réserve due à une limitation de l'étendue

des travaux d'audit 10013.5 Exemple d'opinion avec réserve du fait d'un désaccord sur les

méthodes comptable (méthodes comptables inappropriées ) 10013.6 Exemple d'impossibilité d'exprimer une opinion due à une

limitation de l'étendue des travaux d'audit 10113.7 Exemple d'opinion défavorable due à un désaccord sur les

procédures comptables (présentation inappropriée) 102

Schéma4.1 La chaßne idéale de transmission de l'information pour l'audit interne 35

vi AUDIT EXTERNE DES INSTITUTIONS DE MICROFINANCE - GUIDE PRATIQUE, VOLUME 2

Page 7: Audit externe des institutions de microfinance

Tableaux4.1 Premiers éléments à considérer pour planifier l'audit d'une

institution de microfinance 264.2 Exemples de seuils de signification 334.3 Travailler avec les auditeurs internes dans une institution

de microfinance 345.1 Exemples d'erreurs potentielles dans les soldes comptables 387.1 Exemple de balance ùgée avec provisionnement pour créances

douteuses correspondant 67

TABLE DES MATIÈRES vii

Page 8: Audit externe des institutions de microfinance
Page 9: Audit externe des institutions de microfinance

AAvvaanntt--pprrooppooss

La microfinance dĂ©signe la prestation de services bancaires pour les pauvres. Aucours des vingt derniĂšres annĂ©es, ce secteur a connu une vĂ©ritable rĂ©volution, plu-sieurs dizaines d'institutions de microfinance ayant dĂ©montrĂ© qu'il Ă©tait possiblede proposer de tels services sur une base financiĂšrement pĂ©renne. Ayant rĂ©ussi Ă dĂ©velopper des activitĂ©s rentables financĂ©es par des ressources commerciales, cesinstitutions sont dĂ©sormais en position d'Ă©tendre la portĂ©e de leurs services auxpauvres, bien au-delĂ  des limites inhĂ©rentes au financement restreint des bailleursde fonds et des gouvernements. Dans ce contexte, les institutions de microfinanceportent un intĂ©rĂȘt croissant Ă  la gestion et Ă  l'information financiĂšres.

Le Groupe consultatif d'assistance aux plus pauvres (CGAP, Consultative Groupto Assist the Poorest) est un consortium de bailleurs dont l'objectif est de promou-voir les programmes de microfinance pérennes dans le monde. Nous pensons queles audits externes constituent un outil performant d'amélioration de la qualité etde la crédibilité de l'information et de la gestion financiÚres des institutions demicrofinance. ParallÚlement, nous avons observé que les institutions, les bailleurset les auditeurs investissent beaucoup de temps et d'argent dans les audits, sans ob-tenir en contrepartie une garantie de transparence et de fiabilité des informationsauditées. Les audits sont souvent un bon moyen de contrÎler l'affectation desfonds des bailleurs, mais sont moins souvent réalisés dans l'objectif d'obtenir uneimage fiable de la santé des services financiers de l'institution.

Le CGAP a conçu ce guide pratique pour aider les clients d'audit, c'est-à-dire lesadministrateurs et dirigeants d'institutions de microfinance, les bailleurs de fonds,les établissements créditeurs des institutions de microfinance et les investisseurs, àdemander des audits qui répondent mieux à leurs besoins, et pour aider les cabinetsd'audit à comprendre certains des aspects propres aux activités de microfinance. Lesecteur de la microfinance présente en effet à plusieurs égards des différences fon-damentales par rapport à l'activité bancaire commerciale et à d'autres secteurs plusfamiliers aux auditeurs.

Ce guide faisant figure de pionnier, nous sommes convaincus que l'expĂ©riencea un rĂŽle important Ă  jouer dans son amĂ©lioration. C'est pourquoi nous portonsun grand intĂ©rĂȘt aux remarques du personnel des cabinets d'audit et des institu-tions de microfinance, ainsi qu'Ă  celles des bailleurs de fonds qui auront mis enpratique les conseils donnĂ©s dans ce guide. Nous n'ignorons pas que ces personnessont trĂšs occupĂ©es, et qu'il ne leur sera pas facile de trouver un moment pour nousfaire part de leurs remarques concernant cet ouvrage. Nous savons cependant quenombre d'entre eux partagent notre conviction quant Ă  la valeur humaine pro-fonde des projets de microfinance, et nous espĂ©rons qu'ils auront Ă  cƓur de contri-buer Ă  l'amĂ©lioration de cet outil Ă  l'occasion de nouvelles Ă©ditions.

ix

Page 10: Audit externe des institutions de microfinance

x AUDIT EXTERNE DES INSTITUTIONS DE MICROFINANCE - GUIDE PRATIQUE, VOLUME 2

Veuillez faire part de tous vos commentaires et suggestions Ă  Richard Rosenberg([email protected]) ou Ă  Jennifer Isern ([email protected]). LenumĂ©ro de tĂ©lĂ©phone du CGAP est le 1 202-473-9594, numĂ©ro de fax : 1 202-522-3744, adresse postale : SecrĂ©tariat du CGAP, World Bank, Room Q 4-023,1818 H Street NW, Washington, DC 20433, USA.

Mohini MalhotraDirecteur général

Groupe consultatif d'assistance aux plus pauvres (CGAP)DĂ©cembre 1998

Page 11: Audit externe des institutions de microfinance

RReemmeerrcciieemmeennttss

Ce guide pratique a été préparé avec la collaboration de Deloitte Touche TohmatsuInternational. Robert Peck Christen et Richard Rosenberg du CGAP ont parti-cipé à la rédaction de cet ouvrage et ont assuré sa relecture complÚte. JenniferIsern et Ira Lieberman du CGAP ont revu l'ensemble de l'ouvrage et y ont contri-bué par d'utiles remarques. La traduction française a été réalisée par Karin Barletet GeneviÚve Nguyen (pour GRET-CIRAD) et par Laurence Rouget-Le Clech(HORUS) ; la relecture a été assurée par Christine Poursat et Anne-Claude Creusot(GRET-CIRAD), par Nathalie D'Ambrosio-Vitale et Tiphaine Crenn (CGAP)et par Laurence Rouget-Le Clech (HORUS). La mise en page et le suivi de fa-brication de la version française ont été assurés par HélÚne Gay (GRET).

Les auteurs tiennent à remercier les membres de la direction et du personneldes institutions de microfinance visitées au cours de la préparation de ce guide,PRODEM et FIE en Bolivie, FINCA et CERUDEB en Ouganda, et BRAC et BuroTangail au Bangladesh, sans oublier les différents cabinets d'audit qui ont étéconsultés.

xi

Page 12: Audit externe des institutions de microfinance

SSiigglleess eett aabbrréévviiaattiioonnss

CGAP Groupe consultatif d'assistance aux plus pauvres (Consultative Groupto Assist the Poorest)

IAS Normes comptables internationales (International Accounting Standards)IMF Institution de microfinanceISA Normes d'audit internationales (International Standards on Auditing)ONG Organisation non gouvernementalePCGR Principes comptables généralement reconnusSIG SystÚme d'information de gestion

xii

Page 13: Audit externe des institutions de microfinance

CHAPITRE 1

IInnttrroodduuccttiioonn

Ce bref chapitre expose les objectifs de ce guide, Ă©met des suggestionspour son utilisation et souligne ses limites.

Le secteur de la microfinance − qui concerne la prestation de services bancaires pourles pauvres − a connu un plein essor ces vingt derniĂšres annĂ©es. En 1997, on es-timait Ă  7 000 le nombre d'institutions de microfinance (IMF) dans le monde of-frant des crĂ©dits de faible montant aux micro-entreprises, des services de dĂ©pĂŽtadaptĂ©s aux besoins des mĂ©nages pauvres, et d'autres services financiers comme lestransferts. Jusqu'ici la plupart de ces institutions sont des organisations non gou-vernementales (ONG) Ă  but non lucratif. Cependant un certain nombre decoopĂ©ratives d'Ă©pargne et de crĂ©dit, notamment en Afrique, offrent dĂ©sormais desservices de microfinance et quelques Ă©tablissements financiers agrĂ©Ă©s, ainsi quecertaines banques commerciales, commencent Ă  s'introduire sur le marchĂ©.

Actuellement, les principales sources de financement des institutions de mi-crofinance sont les bailleurs de fonds et les gouvernements. Mais les institutionsde microfinance les plus importantes s'aperçoivent que la demande de leur clientĂšledĂ©passe de loin l'offre limitĂ©e de fonds octroyĂ©s par les bailleurs de fonds et gou-vernements. ParallĂšlement, elles ont montrĂ© qu'elles pouvaient fournir des ser-vices en microfinance sur une base financiĂšre pĂ©renne : les clients trouvent un telintĂ©rĂȘt dans les services proposĂ©s par ces institutions qu'ils sont prĂȘts Ă  en payerle prix. Lorsqu'une institution de microfinance devient financiĂšrement pĂ©renne,elle peut commencer Ă  financer ses crĂ©dits avec les dĂ©pĂŽts et avec d'autres sourcescommerciales de capitaux. Ainsi, elle Ă©chappe aux limites inhĂ©rentes au finance-ment par les bailleurs de fonds, tout en assurant un service d'Ă©pargne sĂ»r et com-mode pour ses clients.

Dans ce contexte, les conseils d'administration et les dirigeants des institutionsde microfinance, ainsi que leurs bailleurs de fonds, sont plus attentifs aux rapportsfinanciers de ces institutions. Traditionnellement, les audits externes constituentle principal moyen de garantir l'exactitude et la pertinence de ces rapports. Cependant,l'expĂ©rience a montrĂ© que les audits externes parviennent rarement Ă  produire unexamen satisfaisant de la situation financiĂšre et des contrĂŽles internes de l'institu-tion − notamment en ce qui concerne les informations relatives au portefeuille decrĂ©dits. Il existe trois principales raisons Ă  ces limites des audits externes :

● Les clients qui commanditent des audits externes − administrateurs, dirigeantset bailleurs de fonds − ne savent souvent pas ce qu'ils peuvent attendre ou non

1

Les audits externes

parviennent rarement

Ă  produire un examen

satisfaisant de la

situation financiĂšre

d'une institution de

microfinance −notamment en ce qui

concerne son

portefeuille de crédits

Page 14: Audit externe des institutions de microfinance

de ces audits. Ils ne savent pas non plus quelles procĂ©dures spĂ©ciales, dĂ©bordantdu cadre des audits ordinaires, peuvent ĂȘtre nĂ©cessaires pour aborder certainesquestions, ou quels termes de rĂ©fĂ©rence employer pour faire comprendre leursbesoins Ă  l'auditeur.

● Les bailleurs de fonds proposent souvent des termes de rĂ©fĂ©rence dans le cadred'audits externes, mais ceux-ci se concentrent habituellement sur la confor-mitĂ© aux accords de prĂȘt ou de subvention passĂ©s entre l'institution et le bailleur,ou l'examen de l'affectation spĂ©cifique des fonds du bailleur, plutĂŽt que lasantĂ© financiĂšre de l'institution de microfinance auditĂ©e.

● Peu d'auditeurs externes ont une rĂ©elle expĂ©rience de la microfinance. Ils com-prennent par consĂ©quent rarement les caractĂ©ristiques propres aux activitĂ©s demicrofinance, qui requiĂšrent des procĂ©dures d'audit diffĂ©rentes de celles em-ployĂ©es pour des activitĂ©s financiĂšres traditionnelles.

Les audits d'institutions de microfinance posent Ă©galement un autre problĂšme :les auditeurs et le personnel de ces institutions consacrent souvent trop de tempsĂ  des questions non essentielles par rapport aux principaux risques caractĂ©risantl'activitĂ© de microfinance. Les cabinets d'audit ont tendance Ă  confier les auditsd'institutions de microfinance au personnel junior, et ce personnel s'emploie sur-tout Ă  vĂ©rifier la conformitĂ© des comptes de l'institution avec une liste dĂ©taillĂ©e d'obli-gations comptables et opĂ©rationnelles − qui ne sont pas toutes pertinentes pourĂ©valuer la fiabilitĂ© des informations financiĂšres de l'institution, ainsi que la sĂ©cu-ritĂ© ou l'efficacitĂ© de ses activitĂ©s.

C'est pourquoi ce guide met l'accent sur une approche de l'audit « fondée surle risque » : l'auditeur externe doit évaluer l'importance relative des différents do-maines de risques et fonder la plus grande partie de son travail d'audit sur les do-maines les plus significatifs pour l'institution concernée. Par exemple, une docu-mentation volumineuse sur le crédit ou des procédures d'approbation à différentsniveaux sont ordinaires dans les banques commerciales traditionnelles, mais peu-vent se révéler totalement inappropriées dans le cadre d'une institution de mi-crocrédit. Et distinguer les points cruciaux des points moins importants requiertune capacité de jugement dont l'auditeur ne peut faire preuve que s'il comprendl'activité d'une institution de microfinance. La plupart des auditeurs devrontprendre beaucoup de temps pour apprendre à connaßtre le fonctionnement des ins-titutions de microfinance, mais cela leur évitera en contrepartie de perdre du tempsà élaborer des tests portant sur des données secondaires.

Il a Ă©tĂ© fait rĂ©fĂ©rence plus haut aux « caractĂ©ristiques propres » Ă  l'activitĂ© demicrofinance. La plupart de ces caractĂ©ristiques ont trait au portefeuille de crĂ©dits.Le portefeuille de crĂ©dits constitue la principale source de problĂšmes sĂ©rieux, pro-blĂšmes qui ne sont pas toujours immĂ©diatement dĂ©celables et peuvent mĂȘmeĂ©chapper Ă  l'attention des dirigeants, parfois jusqu'Ă  ce qu'il soit trop tard pourles rĂ©soudre. Les procĂ©dures traditionnelles d'audit des Ă©tats financiers ne per-mettent pas de dĂ©tecter les faiblesses habituelles des portefeuilles de microfinance.Ainsi les chapitres qui, dans chaque volume, traitent des procĂ©dures d'examen des

2 AUDIT EXTERNE DES INSTITUTIONS DE MICROFINANCE : GUIDE PRATIQUE, VOLUME 2

Les procédures

traditionnelles d'audit

des Ă©tats financiers

ne permettent pas

de détecter les faiblesses

des portefeuilles

de microfinance

Page 15: Audit externe des institutions de microfinance

portefeuilles de crédits, comptent parmi les plus importants de ce guide. Ces cha-pitres, plus que tous les autres, contiennent des informations qu'il est difficile detrouver ailleurs. Les auditeurs et les clients des cabinets d'audit doivent donc lesexaminer tout spécialement.

Les lecteurs de ce guide s'apercevront que celui-ci consacre beaucoup plus d'at-tention aux activités de crédit des institutions de microfinance qu'à leur activité d'é-pargne. Ceci ne signifie pas pour autant que le crédit est plus important que l'é-pargne pour la clientÚle pauvre. En réalité, le contraire est souvent vrai. De nombreusesinstitutions de microfinance souhaitent acquérir le statut d'institution financiÚreagréée, non seulement pour avoir accÚs aux ressources commerciales, mais aussi pourpouvoir offrir des services d'épargne à leur clientÚle cible. Les services d'épargne nesont cependant traités ici que briÚvement pour les raisons suivantes : peu d'institu-tions de microfinance sont habilitées à recevoir des dépÎts, et l'audit des opérationsd'épargne des institutions de microfinance, contrairement à celui des opérations decrédit, est quasiment similaire à celui mené dans les banques commerciales.

L'annexe A est un autre élément clé de ce guide : elle présente des lignes di-rectrices pour le contenu et la présentation des états financiers des institutions demicrofinance. Si ces indications sont suivies, elles permettront aux lecteurs desétats financiers d'une institution de microfinance de juger facilement de la capa-cité de cette institution à développer ses activités au-delà des limites inhérentesaux fonds de subvention restreints des bailleurs de fonds.

1.1 Destinataires et utilisation du guide

Ce guide est divisé en deux volumes, chacun s'adressant à un public précis. Levolume 1 s'adresse tout particuliÚrement aux clients des audits externes, parmilesquels les administrateurs, les dirigeants et le personnel des institutions de mi-crofinance, ainsi qu'aux investisseurs extérieurs, notamment les bailleurs de fonds.Les sujets abordés dans le volume 1 sont les suivants :

● Ce que l'on peut attendre − ou non − des audits externes.● La relation entre les fonctions d'audit interne et d'audit externe.● Les diffĂ©rentes prestations que l'on peut demander aux auditeurs externes,

dont les missions d'audit spéciales et les missions d'audit sur la base de procé-dures convenues.

● Comment commanditer un audit, et notamment comment rĂ©diger les termesde rĂ©fĂ©rence et choisir le cabinet d'audit.

● Les problĂšmes spĂ©cifiques associĂ©s aux portefeuilles de crĂ©dits des institutionsde microfinance.

● Comment les audits sont conduits.● Comment interprĂ©ter les rapports d'audit.

Le volume 2 s'adresse aux auditeurs externes. On y trouve une prĂ©sentation dusecteur de la microfinance dans son ensemble − des concepts gĂ©nĂ©raux qui de-

INTRODUCTION 3

Ce guide est divisé

en deux volumes,

chacun s'adressant Ă 

un public précis

Page 16: Audit externe des institutions de microfinance

vront ĂȘtre complĂ©tĂ©s par un apprentissage approfondi des pratiques de ce secteuret de la mĂ©thodologie propre Ă  l'institution de microfinance auditĂ©e. Le volume 2contient Ă©galement des conseils concernant un certain nombre de problĂšmes spĂ©-cifiques liĂ©s Ă  l'audit des institutions de microfinance. Les auditeurs externes trou-veront probablement utile de lire Ă©galement le volume 1, dans la mesure oĂč ilcontient des informations qui ne sont pas reprises dans le volume 2.

Les deux volumes sont susceptibles d'intĂ©resser Ă©galement les autoritĂ©s de rĂ©-glementation et de supervision. Face au dĂ©veloppement du secteur de la microfi-nance, les autoritĂ©s de supervision bancaire de nombreux pays sont contraintesde trouver une solution Ă  la question de la supervision des institutions de micro-finance. L'expĂ©rience a clairement montrĂ© qu'une supervision efficace de ces ins-titutions exigeait un ajustement prĂ©alable des procĂ©dures de rĂ©glementation et decontrĂŽle appliquĂ©es aux intermĂ©diaires financiers traditionnels. Ce guide n'a pasla vocation d'un manuel de contrĂŽle, mais son contenu pourrait ĂȘtre utile Ă  l'Ă©la-boration d'un tel manuel. En tout cas, les superviseurs responsables du contrĂŽled'institutions de microfinance auront la possibilitĂ© de se rĂ©fĂ©rer eux-mĂȘmes ou derenvoyer leurs auditeurs au prĂ©sent guide.

Une série d'annexes viennent illustrer les informations exposées dans les deuxvolumes.

1.2 Limites du guide pratique

Ce guide pratique n'est pas un manuel de comptabilité. Il donne quelques indi-cations sur les systÚmes comptables et les contrÎles internes. Les institutions de mi-crofinance doivent avoir mis en place leurs propres rÚgles comptables, leurs propresmanuels et systÚmes de contrÎle interne avant de commanditer un audit externe.

Ce n'est pas non plus un manuel d'audit. Il ne doit ĂȘtre utilisĂ© que pour com-plĂ©ter les normes d'audit en vigueur et la mĂ©thodologie interne du cabinet d'au-dit, ceci dans le cadre lĂ©gal et rĂ©glementaire applicable Ă  l'institution auditĂ©e.

Bien que ce ne soit pas un manuel d'audit, une institution de microfinance de-mandant un audit pourra y trouver un appui au niveau du processus contractuel.Avant de passer un contrat avec l'auditeur, le client pourra prĂ©alablement de-mander Ă  celui-ci de lire le guide pratique et lui indiquer les principaux Ă©lĂ©mentsqu'il ne pense pas devoir mettre en Ɠuvre pour des raisons pratiques, de coĂ»t, oude contradiction avec les normes rĂ©glementaires.

4 AUDIT EXTERNE DES INSTITUTIONS DE MICROFINANCE : GUIDE PRATIQUE, VOLUME 2

Le volume 2 s'adresse aux auditeurs de diverses institutions de microfinance et de paysdiffĂ©rents. Dans la mesure oĂč ces auditeurs prĂ©sentent une expĂ©rience et un degrĂ© d'ex-pertise trĂšs variables, il a Ă©tĂ© difficile de proposer un niveau de discussion adaptĂ© Ă  tousles lecteurs. Les auditeurs expĂ©rimentĂ©s trouveront, par exemple, peu d'intĂ©rĂȘt dans larevue des principes gĂ©nĂ©raux d'audit. Nous espĂ©rons toutefois que ces auditeurs com-prendront la raison de l'inclusion de ces Ă©lĂ©ments dans le guide, et s'intĂ©resseront auxĂ©lĂ©ments relatifs aux enjeux spĂ©cifiques de l'audit des institutions de microfinance.

Page 17: Audit externe des institutions de microfinance

1.3 Organisation du volume

Les chapitres 2 Ă  5 de ce volume proposent une vision globale du secteur de lamicrofinance et des audits d'institutions de microfinance, et prĂ©sentent, en par-ticulier, une analyse des diffĂ©rences entre les institutions de microfinance et lesĂ©tablissements bancaires classiques. Ces chapitres prĂ©sentent les normes d'audit etprocĂ©dures les plus adaptĂ©es Ă  l'audit d'institutions de microfinance. Les audi-teurs qui n'ont encore jamais effectuĂ© d'audit d'institution de microfinance ouqui se trouvent dans des pays oĂč il n'existe pas de normes nationales d'audit, doi-vent examiner attentivement les chapitres 2 Ă  5. Les auditeurs plus expĂ©rimentĂ©sseront sans doute dĂ©jĂ  familiarisĂ©s avec les Ă©lĂ©ments qui y sont prĂ©sentĂ©s.

Les chapitres 6 à 13 contiennent des informations certainement utiles à tousles auditeurs, car ils fournissent des indications spécifiques sur l'obtention de lapreuve d'audit pour les soldes comptables clés des institutions de microfinance.

INTRODUCTION 5

Page 18: Audit externe des institutions de microfinance

CHAPITRE 2

AAuuddiitt ddeess iinnssttiittuuttiioonnss ddeemmiiccrrooffiinnaannccee :: uunnee vvuuee dd’’eennsseemmbbllee

Ce chapitre décrit les différents types de services que les institutionsde microfinance et les bailleurs de fonds sont en droit d'attendre desauditeurs externes. Il présente également rapidement, en introduc-tion aux chapitres qui suivent, le processus d'audit d'une institutionde microfinance.

2.1 Les différents types de services

Le « client » d'un service d'audit peut ĂȘtre l'institution elle-mĂȘme, ou un inves-tisseur extĂ©rieur, tel qu'un bailleur de fonds, un prĂȘteur, ou un actionnaire po-tentiel. Les bailleurs de fonds imposent gĂ©nĂ©ralement des exigences supplĂ©men-taires par rapport aux termes de rĂ©fĂ©rence habituels d'un audit.

La mission d'audit d'une institution de microfinance consiste généralementen une combinaison de plusieurs services parmi les suivants :

● Audit annuel des Ă©tats financiers.● Examen sur la base de procĂ©dures convenues.● Mission d'audit spĂ©ciale.

2.1.1 Audit annuel des états financiersL'audit d'une institution de microfinance est en apparence proche de celui d'uneinstitution financiÚre classique. Les institutions de microfinance accordent descrédits, ont d'importantes réserves de liquidité, et une proportion généralementfaible d'actifs immobilisés. Il existe cependant des différences importantes entreles audits de ces deux types d'institutions. La maniÚre d'octroyer et de gérer les cré-dits des institutions de microfinance est trÚs différente de celle des banques. Deplus, de nombreuses institutions de microfinance mÚnent leur activité financiÚreavec un statut légal d'organisation non gouvernementale (ONG) à but non lucratif,et sont largement financées par des subventions et lignes de crédit fortement sub-ventionnées. Cette association unique entre activités financiÚres et statut d'ONGcrée des différences importantes au niveau des états financiers des institutions demicrofinance et dans la maniÚre de les auditer.

L'auditeur doit

s'assurer avant le début

de sa mission que les

attentes du client

de l'audit sont explicites

7

Page 19: Audit externe des institutions de microfinance

Souvent, les institutions de microfinance et les bailleurs de fonds ne savent pasquels sont les domaines couverts par un audit des états financiers, surtout lorsquel'institution est auditée pour la premiÚre fois.

C'est pourquoi l'auditeur doit s'assurer, avant le dĂ©but de sa mission, que lesattentes du client de l'audit sont explicites, et clairement exposĂ©es dans les termesde rĂ©fĂ©rence ou l'accord d'engagement. (Étant donnĂ© les conseils proposĂ©s dansle volume 1 et les caractĂ©ristiques des institutions de microfinance, les auditeursdoivent s'attendre Ă  ce que les termes de rĂ©fĂ©rence des audits d'Ă©tats financiers desinstitutions de microfinance soient particuliĂšrement dĂ©taillĂ©s. L'annexe C pro-pose un exemple de termes de rĂ©fĂ©rence.)

Dans la mesure oĂč les institutions de microfinance ont des niveaux de dĂ©ve-loppement organisationnel et de capacitĂ© de gestion financiĂšre variables, la noteĂ  la direction1 peut ĂȘtre un Ă©lĂ©ment particuliĂšrement utile de l'audit. Le volume 1suggĂšre qu'une note Ă  la direction soit systĂ©matiquement demandĂ©e dans les au-dits d'institutions de microfinance. Les auditeurs externes doivent donc y prĂȘterune attention particuliĂšre.

2.1.2 Examen sur la base de procédures convenuesLes systÚmes de suivi du portefeuille de crédits constituent le domaine le plus ris-qué de l'activité des institutions de microfinance, et posent des problÚmes diffé-rents de ceux relatifs aux portefeuilles de crédits des banques commerciales. Unaudit des états financiers classique ne permet souvent pas de réunir suffisammentd'éléments probants2 pour juger de la qualité des systÚmes de suivi du portefeuilleet de l'information d'une institution de microfinance. Les procédures d'audit ha-bituelles peuvent passer à cÎté de certains domaines de risques importants dus àune information inadéquate sur le portefeuille ou à des pratiques trompeuses.L'auditeur peut alors manquer de données fiables pour évaluer la pertinence desprovisions pour créances douteuses.

Pour cette raison, le volume 1 encourage les clients d'audit d'institutions de mi-crofinance Ă  porter une attention particuliĂšre aux Ă©valuations des systĂšmes de suividu portefeuille. Une partie du travail nĂ©cessaire Ă  ces Ă©valuations peut sortir du cadrede l'audit des Ă©tats financiers, et donc ĂȘtre intĂ©grĂ©e dans un examen sur la base deprocĂ©dures convenues ou dans une mission d'audit spĂ©ciale sur les systĂšmes d'in-formation de gestion ou sur les contrĂŽles internes. L'annexe C prĂ©sente un exemplede termes de rĂ©fĂ©rence sur les procĂ©dures d'Ă©valuation des systĂšmes de suivi duportefeuille de crĂ©dits et de l'information financiĂšre.

2.1.3 Mission d'audit spécialeLes institutions de microfinance demandent souvent des missions d'audit spéciales.Dans la majorité des cas, elles sont requises par un bailleur de fonds désireux decontrÎler l'affectation de ses fonds et de s'assurer du respect des termes de son ac-cord avec l'institution de microfinance (le chapitre 4 du volume 1 encourage les

8 AUDIT EXTERNE DES INSTITUTIONS DE MICROFINANCE : GUIDE PRATIQUE, VOLUME 2

Le volume 1 encourage

les clients d'audit

Ă  porter une attention

particuliĂšre aux

Ă©valuations des systĂšmes

de suivi du portefeuille,

certaines d'entre elles

pouvant sortir du cadre

d'un audit ordinaire

des Ă©tats financiers

Page 20: Audit externe des institutions de microfinance

bailleurs de fonds Ă  limiter ce type d'exigences dans la mesure du possible). Le bailleurprĂ©cise souvent lui-mĂȘme les termes de rĂ©fĂ©rence correspondant Ă  ce travail.

Dans d'autres cas, l'institution peut demander une mission d'audit spĂ©ciale deses systĂšmes de contrĂŽle interne ou d'information de gestion. (Comme nous l'avonsvu, la majeure partie du travail nĂ©cessaire pour garantir la valeur du portefeuilled'une institution et l'adĂ©quation de ses provisions pour crĂ©ances douteuses consisteen l'examen de ses systĂšmes d'information de gestion et de contrĂŽle interne. Unemission d'audit spĂ©ciale de ces systĂšmes peut ĂȘtre effectuĂ©e si le client demandedes Ă©valuations et analyses qui dĂ©passent le cadre habituel d'un audit des Ă©tats fi-nanciers.) Le volume 1 conseille aux clients d'audit de demander aux auditeurs ex-ternes de les aider Ă  dĂ©finir l'Ă©tendue des travaux de la mission d'audit spĂ©ciale.

Les exigences des bailleurs obligent parfois les institutions Ă  recourir Ă  plu-sieurs audits, ce qui peut s'avĂ©rer inutilement redondant et inefficace. Il existetoutefois une certaine tendance des bailleurs Ă  s'orienter vers une approche d'« auditunique » (voir discussion dans le paragraphe 4.1. du volume 1). Dans le cas oĂč l'exi-gence de plusieurs audits conduit Ă  faire appel Ă  diffĂ©rents cabinets d'audit, il estessentiel de veiller Ă  leur coordination.

2.2 Le processus de contractualisation

Le processus de contractualisation dans le cas de l'audit d'une institution de mi-crofinance peut diffĂ©rer de celui relatif Ă  d'autres institutions. Comme nous l'avonssoulignĂ© auparavant, une institution de microfinance peut n'avoir jamais Ă©tĂ© au-ditĂ©e, ou un bailleur peut participer au processus de contractualisation. De plus,de nombreuses institutions cherchent Ă  lier avec leur auditeur externe une relationcontractuelle Ă©largie, comprenant un appui soit Ă  l'audit interne, soit Ă  la mise enplace de systĂšmes comptables, soit encore Ă  d'autres activitĂ©s du dĂ©partement fi-nancier. Cette relation est gĂ©nĂ©ralement souple et plutĂŽt libre de tout engagementformel. Elle doit toutefois ĂȘtre dĂ©finie avec prĂ©caution, afin de minimiser lesconflits Ă©ventuels par rapport Ă  l'objectivitĂ© de l'audit externe.

Étant donnĂ© leurs budgets limitĂ©s, dans certains cas, et l'orientation sociale deleur activitĂ©, les institutions de microfinance peuvent favoriser des cabinets d'auditexterne fournissant gratuitement un certain nombre de leurs services, ou offrant desservices en plus de ceux inclus dans les termes de rĂ©fĂ©rence. Certains cabinets d'au-dit sont prĂȘts Ă  accepter une mission moins lucrative parce qu'ils dĂ©sirent soutenirla vocation humanitaire des institutions de microfinance, ou parce qu'il s'agit poureux d'un moyen d'affirmer leur position dans un secteur en pleine croissance.

Les auditeurs doivent consulter le chapitre 4 du volume 1, qui apporte dessuggestions détaillées sur les demandes d'audit d'institutions de microfinance. Parexemple, les clients sont encouragés à demander aux auditeurs potentiels de par-ticiper à une étude préliminaire de l'institution et de faire une présentation oralede leur proposition d'audit. En particulier, il est conseillé aux clients de demanderà l'auditeur de lire ce guide avant la contractualisation de l'audit, et d'indiquer par

AUDIT DES INSTITUTIONS DE MICROFINANCE : UNE VUE D’ENSEMBLE 9

De nombreuses

institutions

de microfinance

n'utilisent

pas de référentiel

comptable

Page 21: Audit externe des institutions de microfinance

Ă©crit les principaux Ă©lĂ©ments du guide qui, selon lui, ne doivent pas ĂȘtre mis enƓuvre pour des raisons de faisabilitĂ©, de coĂ»t ou d'incompatibilitĂ© avec les normesen vigueur. Toute proposition de dĂ©viation importante doit faire l'objet d'une dis-cussion prĂ©alable avec le client.

2.3 Les normes d'audit et les normes comptables

Pour la rĂ©alisation d'un audit d'institution de microfinance, l'auditeur externedoit normalement se conformer aux normes d'audit du pays dans lequel il rĂ©a-lise l'audit. Dans les pays oĂč de telles normes n'existent pas, l'auditeur doit seconformer aux Normes internationales d'audit (ISA), publiĂ©es par la FĂ©dĂ©rationinternationale des experts-comptables (IFAC, International Federation ofAccountants)3.

Dans un audit des Ă©tats financiers, l'auditeur doit Ă©mettre une opinion qui dĂ©-termine si les Ă©tats financiers prĂ©sentent sincĂšrement, dans tous leurs aspects si-gnificatifs, la situation financiĂšre de l'institution, en conformitĂ© avec un rĂ©fĂ©ren-tiel comptable reconnu, tels que les principes comptables gĂ©nĂ©ralement reconnusau niveau national, ou les Normes comptables internationales. Mais les auditeursdoivent savoir que de nombreuses institutions n'utilisent pas de rĂ©fĂ©rentiel comp-table. En effet, mĂȘme lorsqu'une institution affirme suivre les « principes comp-tables gĂ©nĂ©ralement reconnus », il est toujours difficile de savoir si ces principesse rĂ©fĂšrent aux normes nationales, Ă  celles d'un pays occidental, ou encore auxNormes comptables internationales. L'annexe B prĂ©sente une rĂ©flexion plus ap-profondie sur les normes comptables et les normes d'audit.

2.4 Les Ă©tapes du processus d'audit

En raison de la taille limitĂ©e des institutions de microfinance, du caractĂšre nonrĂ©glementĂ© de leurs activitĂ©s, et de l'Ă©troitesse des budgets qu'elles consacrent auxaudits, il peut ĂȘtre tentant pour l'auditeur de rĂ©aliser un audit trĂšs rapide. Lesauditeurs externes ne doivent pourtant pas sous-estimer la complexitĂ© des au-dits d'institutions de microfinance. Plusieurs Ă©lĂ©ments peuvent constituer devĂ©ritables dĂ©fis en matiĂšre d'audit : leurs mĂ©thodologies de crĂ©dit inhabituelles,leur nombre important d'opĂ©rations de crĂ©dit, et la dĂ©centralisation gĂ©ogra-phique et opĂ©rationnelle de leurs activitĂ©s. Ces difficultĂ©s peuvent ĂȘtre accen-tuĂ©es, dans de nombreuses institutions de microfinance, par la faiblesse descontrĂŽles internes et par le manque d'expĂ©rience de l'auditeur dans le secteur dela microfinance.

Bien que chaque cabinet d'audit possÚde ses propres procédures, ce volume pro-cure des conseils qui sont spécifiques aux institutions de microfinance (et conformesaux Normes internationales d'audit), pour chaque étape du processus d'audit :

10 AUDIT EXTERNE DES INSTITUTIONS DE MICROFINANCE : GUIDE PRATIQUE, VOLUME 2

Les auditeurs externes

ne doivent pas sous-

estimer la complexité

des audits d'institutions

de microfinance

Page 22: Audit externe des institutions de microfinance

AUDIT DES INSTITUTIONS DE MICROFINANCE : UNE VUE D’ENSEMBLE 11

● Comprendre le secteur de la microfinance (chapitre 3)● Planifier l'audit (chapitre 4)● Obtention de la preuve d'audit (chapitres 5 à 12)● Le rapport d'audit (chapitre 13)

Notes

1. Note du traducteur : « note à la direction » se dit aussi « lettre de recommandations ».2. Note du traducteur : le terme « éléments probants » est équivalent au terme « preuve

d'audit ».3. La liste des Normes internationales d'audit peut ĂȘtre obtenue en s'adressant Ă  la

Fédération internationale des comptables, International Federation of Accountants, 535Fifth Avenue, 26th floor, New York, NY 10017, USA ; tél. : 1-212-286-9344, fax :1-212-286-9570 ; adresse web : http://www.ifac.org. Il en existe une traduction française :Normes internationales d'audit, publiées par l'IFAC, sous la direction de Claude Charron.

Page 23: Audit externe des institutions de microfinance

CHAPITRE 3

CCoommpprreennddrree llee sseecctteeuurrddee llaa mmiiccrrooffiinnaannccee

Ce chapitre offre une description gĂ©nĂ©rale du secteur de la microfi-nance, tout en dĂ©taillant certains aspects d'un intĂ©rĂȘt plus spĂ©cifiquepour les auditeurs. Sont traitĂ©s : le contexte et l'historique de la mi-crofinance, les mĂ©thodologies de crĂ©dit, les diffĂ©rents types d'institu-tions de microfinance, les opĂ©rations dĂ©centralisĂ©es et les contrĂŽles in-ternes, ainsi que les problĂšmes de fraude.

3.1 Contexte et historique de la microfinance

Les micro-entreprises, entreprises de trÚs petite taille employant une à dix per-sonnes, représentent une source importante de revenu et de travail pour les po-pulations pauvres. Dans les pays en développement, 30 à 80 % de la populationtravaille dans des entreprises de ce type. Les micro-entrepreneurs ont des activitésde production (dans l'agriculture ou le textile, par exemple), de commerce (commele petit commerce de rue), et de service (comme la restauration). Les micro-en-treprises partagent généralement les caractéristiques suivantes :

● elles sont informelles, c'est-Ă -dire qu'elles ne sont pas enregistrĂ©es ou agrĂ©Ă©espar les autoritĂ©s compĂ©tentes, et ne paient aucun impĂŽt sur leurs activitĂ©s ;

● elles utilisent des technologies plus traditionnelles que modernes ;● elles sont gĂ©rĂ©es par leur propriĂ©taire ;● elles ne tiennent pas de registre comptable formel, et ne distinguent pas les

comptes du ménage de ceux de l'entreprise.

Les micro-entrepreneurs n'ont traditionnellement pas accĂšs aux prĂȘts ban-caires. Les crĂ©dits dont ils ont besoin, compris gĂ©nĂ©ralement entre 25 et 1 000dollars, sont trop faibles pour ĂȘtre Ă©conomiquement rentables pour les banquesclassiques. La plupart des banquiers considĂšrent les micro-entrepreneurs commeune clientĂšle beaucoup trop risquĂ©e, en raison de leur incapacitĂ© Ă  produire desgaranties matĂ©rielles, de la façon dont ils gĂšrent leur comptes, et de leur statut in-formel. Les sources de crĂ©dit accessibles aux micro-entrepreneurs se limitent ainsiaux membres de la famille, aux commerçants et autres prĂȘteurs informels qui, engĂ©nĂ©ral, pratiquent des taux d'intĂ©rĂȘt extrĂȘmement Ă©levĂ©s.

Au cours des vingt derniÚres années, un large panel d'institutions, principale-ment des organisations à but non lucratif et à vocation sociale, ont néanmoinsdéveloppé des méthodes qui leur permettent d'accorder des crédits à des micro-

La microfinance

assure aujourd'hui le

revenu et le bien-ĂȘtre

de dizaines de millions

de clients

13

Page 24: Audit externe des institutions de microfinance

entrepreneurs et Ă  d'autres clients pauvres Ă  un coĂ»t raisonnable, tout en parve-nant Ă  maintenir un taux de remboursement Ă©levĂ©. Dans beaucoup de pays endĂ©veloppement, la microfinance a connu un essor remarquable : elle assure au-jourd'hui le revenu et le bien-ĂȘtre de dizaines de millions de clients.

Les grandes institutions pionniĂšres de microfinance ont dĂ©montrĂ© que l'offrede services de ce type peut ĂȘtre financiĂšrement pĂ©renne. L'utilisation du capitalempruntĂ© par les clients pauvres est si productive, qu'ils sont capables, et prĂȘts Ă payer des taux d'intĂ©rĂȘts suffisants pour couvrir le coĂ»t total de ces services.Plusieurs dizaines d'institutions de microfinance ont dĂ©jĂ  des activitĂ©s suffisam-ment rentables pour permettre une croissance exponentielle, financĂ©e par des res-sources commerciales. Le dĂ©partement de microfinance de la banque d'État BankRakyat Indonesia sert prĂšs de 20 millions de clients et gĂ©nĂšre des bĂ©nĂ©fices Ă©normes.Les ONG engagĂ©es avec succĂšs dans la microfinance en Asie, en Afrique, et enAmĂ©rique latine, se convertissent en banques commerciales ou en institutions fi-nanciĂšres. ParallĂšlement, dans plusieurs pays, les banques commerciales privĂ©essont elles-mĂȘmes attirĂ©es par le secteur de la microfinance.

Aujourd'hui, il existe des milliers d'institutions de microfinance dans le monde.Peu d'entre elles ont atteint la pĂ©rennitĂ© financiĂšre, mais beaucoup espĂšrent y par-venir. Leur motivation reste avant tout sociale, mais elles espĂšrent que l'atteinte dela rentabilitĂ© leur permettra d'Ă©tendre leurs activitĂ©s bien au-delĂ  de ce que leur per-mettent les fonds limitĂ©s versĂ©s par l'État ou les bailleurs de fonds. Ce dĂ©veloppe-ment leur ouvre la perspective d'une clientĂšle de plusieurs centaines de millionsd'emprunteurs pauvres. Dans ce contexte, les institutions de microfinance et lesbailleurs qui les financent accordent une importance croissante aux performances etĂ  l'information financiĂšres. (Pour plus d'informations sur la microfinance, les auditeurspourront consulter la bibliographie fournie en annexe I. Les institutions de micro-finance et les bailleurs pourront proposer des rĂ©fĂ©rences bibliographiques complĂ©-mentaires, la littĂ©rature sur la microfinance se dĂ©veloppant trĂšs rapidement.)

3.2 Les méthodologies de crédit en microfinance

Les institutions de microfinance sont différentes des banques, mais le sont égale-ment les unes des autres.

3.2.1 Les diffĂ©rences entre la microfinance et l'activitĂ© de crĂ©ditclassiqueLe succĂšs de la microfinance est essentiellement liĂ© au caractĂšre innovant des mĂ©-thodologies de crĂ©dit, qui ont Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©es Ă  la fois pour rĂ©duire le coĂ»t de pe-tits prĂȘts non garantis accordĂ©s Ă  un grand nombre de clients pauvres, et pour main-tenir des taux de remboursement Ă©levĂ©s. Bon nombre de mĂ©thodologies reconnuesont Ă©voluĂ© ; celles qui fonctionnent bien sont celles qui se sont ajustĂ©es Ă  la de-mande de la clientĂšle de l'institution, Ă  son environnement, et Ă  sa philosophie1.

14 AUDIT EXTERNE DES INSTITUTIONS DE MICROFINANCE : GUIDE PRATIQUE, VOLUME 2

Certaines techniques

qui fonctionnent

bien pour l'audit de

banques classiques

se révÚlent inadaptées

aux institutions de

microfinance, surtout

en ce qui concerne

l'analyse du portefeuille

Page 25: Audit externe des institutions de microfinance

Ces innovations mĂ©thodologiques peuvent toutefois ĂȘtre sources de problĂšmespour des auditeurs habituĂ©s Ă  l'examen de banques traditionnelles. Certaines tech-niques qui fonctionnent bien pour l'audit de banques classiques se rĂ©vĂšlent in-adaptĂ©es aux institutions de microfinance, surtout en ce qui concerne l'analysedu portefeuille.

La mĂ©thodologie de crĂ©dit des banques traditionnelles, surtout dans les payspauvres, se fonde en gĂ©nĂ©ral sur les actifs, et repose largement sur le gage et autresgaranties matĂ©rielles pour assurer le remboursement. À l'opposĂ©, en microfinance,les mĂ©thodologies de crĂ©dit qui fonctionnent reposent, pour leur part, davantagesur le profil individuel : l'Ă©valuation des crĂ©dits est centrĂ©e sur la volontĂ© et la ca-pacitĂ© des clients Ă  rembourser, plus que sur les actifs pouvant ĂȘtre saisis en cas denon-remboursement. MĂȘme si certaines institutions de microfinance prennentdes garanties matĂ©rielles en dĂ©pĂŽt, ces derniĂšres constituent rarement le fonde-ment de leurs dĂ©cisions d'octroi de prĂȘt.

Cette approche centrée sur le profil individuel peut se mettre en pratique deplusieurs maniÚres. Presque toutes les institutions de microfinance font des cré-dits de montants progressifs. Le premier crédit accordé est de faible montant, afinde minimiser le risque. Le remboursement régulier par le client des premiers cré-dits est aux yeux de l'institution une garantie suffisante pour augmenter le mon-tant des crédits suivants. La motivation des clients à rembourser correctement re-pose essentiellement sur un contrat implicite d'accÚs à des services futurs : autrementdit, les clients prévoient une relation durable avec l'institution, qui leur donnenon seulement l'assurance d'un accÚs aux crédits futurs, mais aussi celle de délaisrapides (à cet égard, la microfinance présente des similitudes avec le systÚme descartes de crédit).

Pour renforcer la motivation Ă  rembourser, les meilleures institutions adop-tent une attitude trĂšs stricte Ă  l'Ă©gard des impayĂ©s ; elles font passer un messagefort aux clients, indiquant que le non-remboursement entraĂźnera non seulementl'interdiction d'accĂ©der Ă  des crĂ©dits ultĂ©rieurs, mais aussi de multiples embarraset difficultĂ©s liĂ©s Ă  des mesures de recouvrement Ă©nergiques. Pour ceux qui ne sontpas familiers de la microfinance, les mesures de recouvrement appliquĂ©es par lesmeilleures institutions de microfinance peuvent paraĂźtre extrĂȘmes, dans la mesureoĂč elles peuvent aller jusqu'au harcĂšlement des clients en retard. Mais dans la plu-part des pays, cette extrĂȘme rigueur s'est avĂ©rĂ©e nĂ©cessaire pour maintenir le res-pect des engagements contractuels et pĂ©renniser des services Ă  un type de clientĂšlerisquĂ©e. Les institutions de microfinance en bonne santĂ© communiquent ce mes-sage avant mĂȘme que leurs clients prĂ©sentent des problĂšmes de remboursement.La plupart organisent ainsi des sessions de formation pour les nouveaux clients afinde leur montrer le fonctionnement du systĂšme de crĂ©dit, et pour souligner leurvolontĂ© d'un remboursement rapide.

Cette motivation forte Ă  rembourser permet aux institutions de microfinanceen bonne santĂ© de maintenir de faibles taux de non-remboursement. Dans lemĂȘme temps, la nature de cette motivation, de mĂȘme que l'absence de garantiesmatĂ©rielles, rendent les institutions de microfinance particuliĂšrement sensibles Ă 

COMPRENDRE LE SECTEUR DE LA MICROFINANCE 15

Page 26: Audit externe des institutions de microfinance

des crises de non-remboursement, lorsque la confiance des clients dans le renou-vellement des crédits est remise en cause. Par exemple, un retard non prévu dansl'accÚs aux fonds des bailleurs, peut retarder l'octroi de crédits par une institutionde microfinance, et entraßner de ce fait des problÚmes de non-remboursement.

Dans de nombreux programmes, la motivation Ă  rembourser dĂ©pend aussi enpartie de la pression sociale. Quand les clients dĂ©couvrent que d'autres n'ont pasremboursĂ© leurs prĂȘts, ils sont moins disposĂ©s Ă  rembourser le leur. Non seule-ment ils ressentent moins de pression sociale pour rembourser, mais les problĂšmesde recouvrement de l'institution rĂ©duisent Ă©galement leur confiance dans la pos-sibilitĂ© d'accĂ©der Ă  de nouveaux prĂȘts, qu'ils remboursent ou non celui en cours.En l'absence d'une rĂ©ponse immĂ©diate et trĂšs stricte de la part de l'institution demicrofinance, les problĂšmes d'impayĂ©s peuvent trĂšs vite devenir incontrĂŽlables, etce beaucoup plus rapidement dans le cas d'une institution de microfinance quedans celui d'une banque commerciale normale.

Tous ces facteurs rendent cruciales pour la viabilité d'une institution de mi-crofinance, une information et une gestion rapides et fiables des retards. Toutes lesinstitutions de microfinance ne sont pas compétentes dans ce domaine. En réalité,les impayés sont de loin la premiÚre cause de faillite des institutions. L'informationsur les impayés destinée aux personnes extérieures est souvent erronée, parfois parmégarde et parfois délibérément. Plus important, les systÚmes d'information in-ternes peuvent laisser les dirigeants des institutions dans l'ignorance, jusqu'à ce quele problÚme des impayés devienne incontrÎlable. C'est pourquoi les auditeurs d'ins-titutions de microfinance doivent accorder une attention particuliÚre aux poli-tiques, aux pratiques, et aux systÚmes de gestion et d'information sur les impayés.

3.2.2 Les diffĂ©rents types de mĂ©thodologies de crĂ©dit dansla microfinanceLes mĂ©thodologies de crĂ©dit peuvent ĂȘtre classĂ©es en deux grands groupes, les modĂšlesde crĂ©dits individuels et les modĂšles de crĂ©dits Ă  des groupes. Beaucoup d'institutionsde microfinance accordent des crĂ©dits directement Ă  des individus, sans aucuneforme de sĂ©lection mutuelle ou de garantie de groupe. Davantage que les mĂ©thodologiesde groupe, celles de prĂȘts individuels peuvent avoir recours Ă  des garanties matĂ©-rielles, comme le nantissement des actifs, terrains et constructions, ou encore desappareils mĂ©nagers, lorsque c'est possible. Cependant, la lĂ©galitĂ© et la pratique de cetype de mesures de garantie sont souvent remises en cause. Dans la pratique, la plu-part des institutions de microfinance prĂ©fĂšrent adopter des techniques de sĂ©lectionfondĂ©es sur une Ă©valuation de l'individu, comme dĂ©crit ci-dessus.

La plupart des institutions de microfinance pratiquent, sous une forme ousous une autre, le crĂ©dit aux groupes. Le modĂšle le plus rĂ©pandu exige des clientsqu'ils forment eux-mĂȘmes de petits groupes solidaires, constituĂ©s gĂ©nĂ©ralement dequatre Ă  six membres, qui sont voisins, ou qui exercent des mĂ©tiers dans le mĂȘmequartier ou dans le mĂȘme secteur d'activitĂ©. Puisque les membres du groupe doi-

16 AUDIT EXTERNE DES INSTITUTIONS DE MICROFINANCE : GUIDE PRATIQUE, VOLUME 2

Les auditeurs

d'institutions de

microfinance

doivent accorder une

attention particuliĂšre

aux politiques,

aux pratiques, et aux

systĂšmes de gestion

et d'information sur

les impayés

Page 27: Audit externe des institutions de microfinance

vent se porter garants les uns des autres, ce systÚme de sélection mutuelle renforcela confiance de l'institution envers chacun d'eux. Les membres d'un groupe peu-vent aussi aider l'institution de microfinance à collecter le remboursement declients récalcitrants.

Les caisses villageoises et groupes de solidarité, fréquents dans les zones rurales etdans les programmes ciblant spécifiquement les femmes, s'adressent à des groupesplus larges comprenant de 20 à 50 emprunteurs. L'institution de microfinanceaide les groupes à s'organiser et enseigne aux membres comment mettre en placeleur « mini-banque ». L'institution de microfinance accorde généralement un seulcrédit au groupe, qui le redistribue ensuite entre ses membres. Plus tard, le groupecollecte les remboursements des membres et transmet le montant total à l'insti-tution de microfinance. Ces modÚles font souvent appel à l'épargne obligatoire.L'épargne accumulée est parfois utilisée pour constituer un « compte interne »dans lequel le groupe puise pour accorder des crédits additionnels à ses membresou à des personnes extérieures2. Ici encore, le groupe peut aider à détecter lesrisques d'impayés, et à renforcer la discipline de remboursement.

Il existe de nombreux modĂšles de groupes de crĂ©dit solidaire. La plupart deces modĂšles impliquent des relations moins Ă©troites entre les emprunteurs et lesagents de crĂ©dit que dans les programmes individuels, ce qui permet d'ailleurs auxagents de gĂ©rer un nombre plus important de clients. Dans la mĂ©thodologie de crĂ©-dit aux groupes, et plus particuliĂšrement dans le cas de groupes de grande taille,les agents de crĂ©dit ont tendance Ă  mener une analyse minimale des caractĂ©ris-tiques individuelles du client ou de son activitĂ©. Cette analyse est plutĂŽt implici-tement dĂ©lĂ©guĂ©e aux autres membres du groupe, qui ont une connaissance les unsdes autres plus complĂšte que ne peut l'ĂȘtre celle des agents de crĂ©dit.

Certaines institutions de microfinance combinent des modĂšles de crĂ©dit auxgroupes et des modĂšles de crĂ©dits individuels. Ils offrent des crĂ©dits de groupe auxclients nouveaux et ayant besoin de faibles sommes, et des crĂ©dits individuels auxanciens clients ayant besoin de prĂȘts plus importants.

Tous les modĂšles de microcrĂ©dit modernes reposent sur l'Ă©valuation du risqueindividuel. Tous les modĂšles Ă  succĂšs ont dĂ©veloppĂ© des procĂ©dures simples et dĂ©-centralisĂ©es pour maintenir de faibles coĂ»ts, aspect essentiel pour des institutionsqui doivent gĂ©rer de nombreux crĂ©dits de trĂšs faible montant. Lorsque les audi-teurs examinent les techniques de microcrĂ©dit pour la premiĂšre fois, ils sont sou-vent surpris par l'apparence informelle des procĂ©dures de contrĂŽle interne. La do-cumentation sur les prĂȘts est extrĂȘmement simple. Les documents sur les garantiesmatĂ©rielles et autres garanties ont souvent une valeur plus symbolique que rĂ©elle.L'analyse financiĂšre de l'activitĂ© du client est souvent rudimentaire, peu docu-mentĂ©e, voire inexistante. Les dĂ©cisions d'octroi de crĂ©dits sont prises aux niveauxinfĂ©rieurs de la hiĂ©rarchie, et c'est souvent le mĂȘme agent de crĂ©dit qui accorde lescrĂ©dits et qui a la responsabilitĂ© de collecter les remboursements. Ces pratiques sontessentielles pour garantir l'efficacitĂ© d'une institution de microfinance, mĂȘme sicertaines d'entre elles crĂ©ent des risques potentiels.

COMPRENDRE LE SECTEUR DE LA MICROFINANCE 17

Les auditeurs sont

souvent surpris par

l'apparence informelle

des procédures

de contrĂŽle interne

Page 28: Audit externe des institutions de microfinance

Les procédures d'octroi de crédits des institutions de microfinance sont ainsitrÚs différentes de celles des banques. Si les procédures et les contrÎles des banquesclassiques étaient imposés sans distinction aux institutions de microfinance, lescoûts induits atteindraient un niveau inconciliable avec leur activité. La qualité duportefeuille des crédits diminuerait au lieu de s'améliorer, car une procédure d'oc-troi de crédit trop lourde rend le service beaucoup moins attrayant aux yeux desclients, réduisant leur motivation à rembourser.

3.3 Les différents types d'institutions engagées dans la microfinance

La microfinance présente une grande diversité de structures institutionnelles.Comme mentionné précédemment, la plupart sont des ONG à but non lucratif.

Certaines institutions à statut d'ONG ont été mises en place avec pour seul ob-jectif d'offrir des services de microfinance. Dans d'autres cas, des ONG ont d'abordcommencé à offrir des services non financiers, pour décider ensuite d'inclure le mi-crocrédit dans leurs programmes. Ces institutions continuent souvent d'offrir lesdeux types de services, sans pour autant faire de distinction nette au niveau de lagestion comptable et administrative des différents services. Ce type d'organisa-tion ne pose pas nécessairement problÚme à l'auditeur pour exprimer une opi-nion sur les états financiers de l'institution. En revanche, il peut s'avérer impos-sible pour le lecteur de ces états financiers de juger de la santé des activités demicrofinance, à moins que des comptes non consolidés ne soient également pré-sentés, avec une allocation des produits et charges différente pour les activités fi-nanciÚres et non financiÚres (voir annexe A).

Les ONG non financiÚres qui ajoutent le microcrédit à leur activité réalisentsouvent que, en raison de la demande et d'autres facteurs, le service financier tendà prendre le dessus sur les autres services. Ces ONG peuvent alors décider d'aban-donner leurs services non financiers, ou d'organiser leurs activités financiÚres ausein d'une entité distincte.

Ces derniÚres années, certaines ONG de microfinance ont atteint un niveaud'efficacité et de rentabilité suffisant pour regrouper toutes ou partie de leurs ac-tivités dans une institution financiÚre agréée et spécialisée en microfinance. Cetteinstitution agréée prend souvent la forme d'une société commerciale à but lucra-tif. Malgré cela, cette société commerciale agréée conserve sa motivation sociale,et il est rare que des investisseurs privés engagent une partie importante de leursressources personnelles dans ses fonds propres. Cette absence de proportion si-gnificative de capitaux privés à but lucratif a des conséquences sur la gouvernanced'une institution de microfinance, qui seront abordées plus loin.

Certaines coopératives d'épargne et de crédit offrent aussi des services de mi-crofinance. Comme les autres institutions de microfinance, de nombreuses co-opératives ont été établies par des groupes avec des visées sociales, pour servir desindividus ayant un accÚs limité au secteur financier formel. Dans les pays pauvres,les clients des coopératives de crédit appartiennent généralement à la petite classe

18 AUDIT EXTERNE DES INSTITUTIONS DE MICROFINANCE : GUIDE PRATIQUE, VOLUME 2

La plupart

des institutions de

microfinance

sont des ONG Ă 

but non lucratif

Page 29: Audit externe des institutions de microfinance

moyenne, mais certains sont plus pauvres. Certaines coopĂ©ratives financent leursactivitĂ©s par un capital provenant de leurs propres ressources : les crĂ©dits sont fi-nancĂ©s par l'Ă©pargne des membres plutĂŽt que par des sources extĂ©rieures. D'autrescoopĂ©ratives empruntent des fonds Ă  des prĂȘteurs de second rang ou Ă  des bailleurs,afin d'augmenter leurs fonds d'Ă©pargne mobilisĂ©e. Elles sont, Ă  la diffĂ©rence desONG, la propriĂ©tĂ© de leurs membres. Chaque membre dispose d'une voix pourl'Ă©lection des membres du conseil d'administration. Les coopĂ©ratives d'Ă©pargneet de crĂ©dit sont gĂ©nĂ©ralement agrĂ©Ă©es par un organisme gouvernemental. Dansles pays pauvres, cet organisme est gĂ©nĂ©ralement responsable de toutes les coopĂ©-ratives, la plupart Ă©tant des coopĂ©ratives de production ou de commercialisation.Cet organe de supervision n'a pratiquement jamais de capacitĂ© rĂ©elle de contrĂŽlefinancier. Toutefois, plusieurs pays ont placĂ© les coopĂ©ratives d'Ă©pargne et de crĂ©-dit sous l'autoritĂ© de l'organe de contrĂŽle bancaire.

Certaines mutuelles d'épargne et de crédit comptent aussi des clients de la mi-crofinance parmi leurs membres. Ces mutuelles sont la propriété de leurs épargnants,et sont souvent supervisées par des autorités financiÚres gouvernementales ; maiscette supervision n'est pas toujours efficace.

Des dĂ©partements de banques commerciales, qu'elles soient propriĂ©tĂ© de l'É-tat ou privĂ©es, reprĂ©sentent une part modeste mais croissante de l'offre de servicesde microfinance.

La plupart des institutions de microfinance ne possÚdent pas le type de capi-tal à risque présent dans les banques privées traditionnelles. Leurs fonds propressont généralement constitués de :

● subventions accumulĂ©es ;● nombreux petits dĂ©pĂŽts rĂ©alisĂ©s par les membres ;● prises de participation d'organisations Ă  but non lucratif ou d'organismes in-

ternationaux ;● prises de participation de taille modeste à vocation sociale de la part de per-

sonnes privĂ©es ;● report Ă  nouveau.

La majorité des institutions de microfinance ont en commun le fait que leur struc-ture de gouvernance n'est pas dominée par des investisseurs ayant engagé des mon-tants importants de capital privé à risque. Le conseil d'administration des insti-tutions de microfinance peut comprendre des entrepreneurs expérimentés, maisleur motivation est généralement plus philanthropique que commerciale.Contrairement à ceux des entreprises privées, motivés par la maximisation du pro-fit, les conseils d'administration des institutions de microfinance sont moins at-tentifs à la rigueur des procédures de contrÎle interne, à l'efficacité des systÚmesd'information de gestion, et aux performances financiÚres. Dans la pratique, denombreux conseils d'administration d'institutions de microfinance délÚguent laplupart de leurs responsabilités à la direction. Les auditeurs doivent donc considé-rer cette éventualité et ses conséquences, lorsqu'ils sont amenés à évaluer le risqued'engagement.

COMPRENDRE LE SECTEUR DE LA MICROFINANCE 19

La plupart des

institutions

de microfinance ne

produisent pas le type

d'Ă©tats financiers

qui est habituel dans

le secteur commercial

Page 30: Audit externe des institutions de microfinance

Parce qu'elles ne possÚdent pas de capital à risque, et comptent peu d'ac-tionnaires à la recherche d'une maximisation du profit, la plupart des institu-tions de microfinance ne produisent pas le type d'états financiers qui est habi-tuel dans le secteur commercial. Dans la majorité des cas, elles produisent des étatsfinanciers audités uniquement pour satisfaire aux exigences des gouvernementset bailleurs de fonds. Trop de bailleurs se préoccupent du contrÎle de l'affecta-tion de leurs fonds et du respect des termes du contrat passé avec l'institution,au lieu de s'intéresser à la pérennité et aux performances financiÚres de l'institu-tion. Généralement, les institutions de microfinance considÚrent les états finan-ciers audités comme une exigence formelle à satisfaire le plus rapidement et avecle moins d'effort possible, au lieu de les considérer comme de véritables outils degestion et de contrÎle interne.

En consĂ©quence, les principes comptables et les Ă©tats financiers des institu-tions de microfinance ne sont frĂ©quemment pas conformes aux normes gĂ©nĂ©rale-ment reconnues. En fait, beaucoup d'institutions de microfinance ne produisentmĂȘme pas d'Ă©tats financiers annuels. D'autres font appel Ă  un auditeur pour pro-duire ces Ă©tats destinĂ©s Ă  une utilisation externe. Un des premiers dĂ©fis posĂ©s Ă  laplupart des auditeurs d'institutions de microfinance est de comprendre les mĂ©-thodes et principes comptables appliquĂ©s aux diffĂ©rents comptes. Ceux-ci ne sontgĂ©nĂ©ralement pas appliquĂ©s de façon uniforme d'un compte Ă  l'autre. Les insti-tutions de microfinance enregistrent souvent3 les produits selon les principes decomptabilitĂ© de caisse4, et les charges selon les principes de comptabilitĂ© d'enga-gement5. Ils passent des crĂ©dits en perte de maniĂšre sporadique. Leur politiquede provisionnement pour crĂ©ances douteuses, lorsqu'elle existe, n'est pas toujoursfondĂ©e sur une analyse raisonnĂ©e du profil de risque de leur portefeuille. Lescharges sont souvent classĂ©es en fonction des accords avec le bailleur, plutĂŽt qued'ĂȘtre comptabilisĂ©es dans des comptes en fonction de la performance financiĂšrede l'institution.

Notre but n'est pas de peindre un tableau sombre des institutions de microfi-nance. Un nombre croissant d'institutions commence Ă  comprendre que la pĂ©-rennitĂ© financiĂšre est un objectif rĂ©alisable, qu'atteindre cet objectif leur permetd'accroĂźtre considĂ©rablement leur clientĂšle au sein des populations pauvres, et quecet objectif ne peut ĂȘtre atteint que si elles accordent plus d'attention Ă  leurssystĂšmes comptables, d'information et de contrĂŽle interne. Pour comprendre laclientĂšle des institutions de microfinance, l'auditeur a besoin de savoir oĂč l'insti-tution se situe dans l'Ă©ventail des institutions dĂ©crites ici.

3.4 Les opérations décentralisées et les contrÎles internes

Les institutions de microfinance gĂšrent un nombre important de petites opĂ©rations.De plus, celles qui opĂšrent dans des zones rurales ou sur l'ensemble du territoired'un pays ont gĂ©nĂ©ralement une clientĂšle et des agences trĂšs dispersĂ©es, y comprisdans des zones oĂč l'accĂšs aux systĂšmes bancaire et de communication est trĂšs dif-

20 AUDIT EXTERNE DES INSTITUTIONS DE MICROFINANCE : GUIDE PRATIQUE, VOLUME 2

Certains dirigeants

des institutions

de microfinance

sous-estiment

l’importance des

systĂšmes de contrĂŽle

interne et de

suivi de l’information

financiĂšre

Page 31: Audit externe des institutions de microfinance

ficile. Ces caractĂ©ristiques obligent les institutions de microfinance Ă  assurer destransferts importants de liquiditĂ©s. De mĂȘme, les communications entre siĂšges etagences peuvent ĂȘtre limitĂ©es.

Dans une agence décentralisée, le nombre généralement réduit d'employés peutlimiter le degré de séparation des tùches. Par ailleurs, il n'est pas toujours facile d'é-quiper ces agences en ordinateurs et de les connecter au siÚge. Les employés desagences n'ont, par conséquent, pas accÚs aux systÚmes informatiques de gestioncomptable et de suivi du portefeuille, et sont obligés d'effectuer les opérations ma-nuellement. De telles limitations compliquent l'élaboration de contrÎles internes.Plusieurs autres facteurs ont un impact sur les contrÎles internes :

● afin de pouvoir gĂ©rer de petites opĂ©rations de maniĂšre efficace, les institutions demicrofinance subissent d'Ă©normes pressions pour rĂ©duire leurs coĂ»ts, et ce parfoisau dĂ©triment de contrĂŽles internes efficaces, de systĂšmes d'information de ges-tion appropriĂ©s, et d'une supervision gĂ©nĂ©rale suffisante de l'institution ;

● la plupart des dirigeants des institutions de microfinance ont Ă©tĂ© davantage formĂ©sen sciences sociales qu'en gestion de l'entreprise. Avant qu'ils ne s'engagent dansla microfinance, ces dirigeants ont le plus souvent accumulĂ© une expĂ©rience dansdes projets Ă  caractĂšre social, plus que dans des institutions financiĂšres. LeurpassĂ© professionnel ne les a donc pas toujours sensibilisĂ©s Ă  la nĂ©cessitĂ© des contrĂŽlesinternes, ou de la gestion financiĂšre et de suivi de l'information financiĂšre ;

● beaucoup d'institutions de microfinance ont connu une croissance rapide, detelle sorte que les systĂšmes et les contrĂŽles ont rapidement atteint leurs limites.Les auditeurs doivent ĂȘtre conscients de cette dynamique lorsqu'ils auditent desinstitutions de microfinance se dĂ©veloppant rapidement.

3.5 Les problĂšmes de fraude

Un grand nombre d'observateurs pensent que les institutions de microfinanceayant une motivation sociale ne sont pas ou peu concernées par les problÚmes defraude. Malheureusement, l'expérience a montré que cela n'est pas nécessairementvrai. Des services de microfinance efficaces requiÚrent une décentralisation im-portante de pouvoir, et des structures simples d'octroi et de gestion des crédits, quipeuvent augmenter les opportunités de fraude pour les employés. C'est pourquoide nombreuses institutions de microfinance rencontrent des problÚmes de fraudedans les premiÚres années. La fraude peut se présenter sous la forme d'un seul grosproblÚme ou d'une série de petits problÚmes.

Les clients des audits ont facilement tendance Ă  surestimer la capacitĂ© des au-dits externes Ă  prĂ©venir et Ă  dĂ©tecter la fraude dans les institutions de microfi-nance. Les auditeurs externes examinent l'information financiĂšre et le fonction-nement administratif afin de dĂ©terminer s'ils sont conformes aux normes comptableset aux politiques et procĂ©dures internes de l'institution de microfinance. Dans lamesure oĂč le risque de fraude provient d'un dĂ©faut de conformitĂ©, le travail de

COMPRENDRE LE SECTEUR DE LA MICROFINANCE 21

Page 32: Audit externe des institutions de microfinance

l'auditeur externe peut constituer un premier niveau de contrĂŽle de la fraude.Mais la non-conformitĂ© aux normes utilisĂ©es par l'auditeur pour son Ă©valuationn'est pas la principale source de fraude et de risque de portefeuille dans les acti-vitĂ©s de microfinance. MĂȘme lorsque les auditeurs se sont dĂ»ment assurĂ©s que lesemprunteurs ont signĂ© leur contrat de prĂȘt, que les remboursements ont Ă©tĂ© en-registrĂ©s, et que tous les documents sont en ordre, la fraude peut rester indĂ©tectĂ©e.

Les sources principales de fraude dans les activitĂ©s de microcrĂ©dit sont les prĂȘtsfantĂŽmes, les pots de vin et autres manƓuvres de corruption, et le non-enregis-trement des remboursements effectuĂ©s par les clients. Ces risques sont accrus dansle cas de politiques de refinancement inappropriĂ©es. L'examen des documents nepermet pas toujours de dĂ©tecter ce type de manƓuvres frauduleuses.

Pour illustrer ce point, prenons l'exemple des prĂȘts fantĂŽmes. Un agent de crĂ©-dit corrompu peut accorder des prĂȘts Ă  une entreprise fictive, Ă  une entreprise quisert de « couverture » ou Ă  des emprunteurs qui offrent des pots de vin substan-tiels (sans doute dans l'espoir que le recouvrement ne sera pas rigoureusement ap-pliquĂ©). Dans tous ces cas, l'agent de crĂ©dit dĂ©tourne Ă  son profit une part im-portante du flux de trĂ©sorerie. Cette pratique peut continuer ainsi, au fur et Ă mesure que les agents de crĂ©dit gĂ©nĂšrent une pyramide de nouveaux prĂȘts fantĂŽmesafin de rembourser les anciens, et aboutir finalement Ă  un chĂąteau de cartes. Lesdettes accumulĂ©es peuvent, au bout du compte, devenir tellement importantesqu'il devient impossible pour l'agent de crĂ©dit de manipuler les remboursements,et la fraude finit par ĂȘtre dĂ©tectĂ©e Ă  cause des impayĂ©s.

Il est difficile de dĂ©tecter la fraude car l'agent de crĂ©dit est le seul responsablede la mise en place et du suivi des crĂ©dits, tant que les retards des remboursementsn'atteignent pas une proportion telle qu'une autre personne prenne le relais. Cecipeut prendre des semaines, voire des mois si l'organisation est laxiste sur les condi-tions de remboursement. Le seul moyen de distinguer un retard ordinaire d'un re-tard frauduleux est d'envoyer une personne autre que l'agent de crĂ©dit chez leclient. À ce stade, la pression exercĂ©e sur le client pour le remboursement peutpermettre de rĂ©vĂ©ler la vĂ©ritable nature frauduleuse du prĂȘt. La personne qui ef-fectue cette dĂ©marche doit avoir les mĂȘmes compĂ©tences que l'agent de crĂ©dit enmatiĂšre de gestion de la clientĂšle.

Les procĂ©dures d'audit traditionnelles, externes ou internes, parviennent rare-ment Ă  dĂ©tecter ce type de fraude, parce qu'elles ne prĂ©voient pas de visites auxclients. Ces procĂ©dures tendent Ă  se focaliser sur les contrats de prĂȘt et les rem-boursements en numĂ©raire. Tant que les prĂȘts fantĂŽmes sont remboursĂ©s, il n'y aaucune trace de la fraude, alors mĂȘme que le montant rĂ©el de la dette irrĂ©cou-vrable augmente. Lorsque les remboursements commencent Ă  prendre du retard,c'est au mĂȘme agent de crĂ©dit, initiateur de la fraude, qu'il incombe de les rĂ©cla-mer (du moins dans un premier temps). Ensuite, le dossier est transmis au servicede recouvrement, mais rarement Ă  l'auditeur interne.

Les mesures de contrÎle de la fraude mises en place au niveau opérationnelsont souvent plus efficaces qu'une vérification ex-post par l'auditeur interne. Si lesprocédures opérationnelles sont laxistes, les agents de crédit peuvent, par exemple,

22 AUDIT EXTERNE DES INSTITUTIONS DE MICROFINANCE : GUIDE PRATIQUE, VOLUME 2

Les sources principales

de fraude dans les

activités de microcrédit

sont les prĂȘts fantĂŽmes,

les pots de vin et

autres manƓuvres de

corruption, et le

non-enregistrement

des remboursements

effectués par les clients

Page 33: Audit externe des institutions de microfinance

dĂ©tourner les remboursements qu'ils ont collectĂ©s. Il leur suffit pour cela de ne pasles enregistrer. Il peut se passer un temps considĂ©rable avant qu'un superviseur nes'aperçoive que les remboursements sont en retard et fasse lui-mĂȘme une vĂ©rifi-cation auprĂšs du client. En revanche, lorsque les procĂ©dures opĂ©rationnelles im-posent des contrĂŽles stricts sur les recouvrements, comme dans de nombreuxsystĂšmes de caisses de crĂ©dit villageoises, ce type de fraude est rĂ©duit au minimum.

Par exemple, Ă  l'Association pour la promotion sociale (ASA, Association forSocial Advancement), systĂšme de caisses de crĂ©dit villageoises au Bangladesh, les agentsde crĂ©dit se rĂ©unissent tous les matins et inscrivent sur un tableau la somme de-vant ĂȘtre collectĂ©e dans la journĂ©e. À la fin de la journĂ©e, ils se rĂ©unissent Ă  nou-veau pour inscrire le montant effectif des remboursements perçus. Toute diffĂ©-rence est notĂ©e par le groupe et donne lieu Ă  une visite du coordinateur de la caissedĂšs le lendemain. Ce suivi trĂšs strict rĂ©duit considĂ©rablement les possibilitĂ©s defraude. Bien qu'ASA ait des auditeurs internes qui font une double vĂ©rification desregistres, le premier contrĂŽle interne est effectuĂ© par le personnel opĂ©rationnel(voir Ă©galement le paragraphe 3.2 du volume 1).

La plupart des institutions de microfinance n'emploient pas d'auditeurs in-ternes, ou lorsqu'elles le font, l'indĂ©pendance de l'auditeur interne est parfois com-promise par la structure organisationnelle de l'institution. Les auditeurs internes,mĂȘme lorsqu'ils sont sĂ©rieux et font preuve d'indĂ©pendance, ne peuvent pas tou-jours dĂ©tecter la fraude, du fait de leur orientation comptable traditionnelle. Ilsont plutĂŽt habituellement un rĂŽle de contrĂŽleur : ils vĂ©rifient que les normescomptables sont respectĂ©es, que les procĂ©dures administratives sont correctementappliquĂ©es. C'est une fonction essentielle. Mais les auditeurs internes, ou toutautre personne de l'organisation, doivent Ă©largir cette fonction en mettant aupoint des programmes de travail ou des procĂ©dures opĂ©rationnelles permettantde rĂ©duire le risque de fraude mentionnĂ© plus haut.

Une des solutions envisageables est de crĂ©er un dĂ©partement des risques d'exploita-tion ou une unitĂ© d'audit opĂ©rationnel. Cette unitĂ© pourrait ĂȘtre confiĂ©e Ă  des per-sonnes ayant une expĂ©rience d'agent de crĂ©dit ou de recouvrement. Celles-ci pour-raient se rendre chez les clients ayant un retard important et faire par ailleurs desvisites surprises Ă  un certain pourcentage des autres clients. Une telle unitĂ© contri-buerait Ă  dĂ©tecter et dĂ©courager la fraude, et Ă  mettre en Ă©vidence les dĂ©rives dange-reuses par rapport Ă  la mĂ©thodologie de l'institution, dĂ©viances qu'il serait nĂ©cessaired'aborder au niveau de la formation du personnel. Elle permettrait Ă©galement d'iden-tifier les dĂ©rives bĂ©nĂ©fiques par rapport Ă  cette mĂ©thodologie, susceptibles d'ĂȘtre in-corporĂ©es dans la dĂ©finition des produits de l'institution de microfinance.

Bien sĂ»r, d'autres approches sont possibles. L'essentiel est que le risque defraude (et de portefeuille) dans les institutions de microfinance puisse ĂȘtre contrĂŽlĂ©par des systĂšmes opĂ©rationnels et non pas seulement par les procĂ©dures tradi-tionnelles d'audit interne ou externe.

D'un point de vue d'audit classique, les institutions de microfinance peuventmontrer une certaine faiblesse dans leurs contrÎles internes. Elles ne produisentpas, et ne doivent pas produire, les documents administratifs et le processus hié-

COMPRENDRE LE SECTEUR DE LA MICROFINANCE 23

MĂȘme lorsqu'ils sont

sérieux et font preuve

d'indépendance, les

auditeurs internes ne

peuvent pas toujours

détecter la fraude dans

une institution

de microfinance

Page 34: Audit externe des institutions de microfinance

rarchique de prise de dĂ©cision caractĂ©ristiques des banques commerciales. Maisles institutions de microfinance, ayant de bons rĂ©sultats, exercent un contrĂŽle rap-prochĂ© sur leurs agents de crĂ©dit et leurs caissiers, qui sont les employĂ©s les plusfrĂ©quemment Ă  l'origine de la fraude. MĂȘme si ce type de contrĂŽles ne contientpas tous les Ă©lĂ©ments que les auditeurs sont habituĂ©s Ă  voir, ils ont l'avantage d'ĂȘtretrĂšs simples et sont donc adaptĂ©s aux opĂ©rations de petite envergure. Dans une ins-titution de microfinance, le vol d'un montant significatif d'argent par dĂ©tourne-ment de remboursements ou octroi de prĂȘts fantĂŽmes, requiert un schĂ©ma defraude continu, qui peut normalement ĂȘtre dĂ©tectĂ© par de bons contrĂŽles internes,avant que la fraude ne devienne trop importante.

Notes

1. Pour plus de détails concernant les méthodologies de crédit, se reporter à l'ouvragede Charles Waterfield et Ann Duval, CARE Savings and Credit Sourcebook (New York : PACTPublications, 1997).

2. GĂ©nĂ©ralement, la caisse villageoise toute entiĂšre, et non les membres individuels, estconsidĂ©rĂ©e comme client par l'institution de microfinance et enregistrĂ©e en tant que tel dansles documents de crĂ©dit et comptables. LĂ  oĂč ce mode de fonctionnement prĂ©vaut, l'au-diteur externe n'aura pas Ă  analyser les opĂ©rations internes Ă  la caisse villageoise. Cependant,certaines opĂ©rations internes peuvent prĂ©senter un risque Ă©ventuel d'impayĂ©s sur l'obligationde la caisse villageoise vis-Ă -vis de l'institution de microfinance. Par exemple, un grandnombre de membres peuvent ĂȘtre en situation d'impayĂ©s et l'institution de microfinancepeut ne pas ĂȘtre au courant de ce problĂšme pendant un certain temps, tout simplementparce que la caisse villageoise a utilisĂ© ses ressources propres pour couvrir les retards de sesmembres. Il sera sans doute trop tard pour rĂ©soudre le problĂšme, si l'on attend que ces res-sources s'Ă©puisent. C'est la raison pour laquelle l'auditeur doit vĂ©rifier si les agents de crĂ©-dit des institutions de microfinance font un suivi suffisant des opĂ©rations internes descaisses villageoises, de maniĂšre Ă  pouvoir dĂ©tecter les problĂšmes avant qu'ils ne devien-nent trop sĂ©rieux. Il faudrait toutefois examiner les institutions de microfinance au caspar cas, pour Ă©valuer si ces risques sont suffisamment importants pour justifier ce travail.

3. Enregistrer les revenus en comptabilitĂ© de caisse et les charges en comptabilitĂ© d'en-gagement n'est pas forcĂ©ment inappropriĂ© pour certaines institutions de microfinance.Cette pratique peut ĂȘtre motivĂ©e par un certain conservatisme ou par l'incapacitĂ© de l'ins-titution Ă  comptabiliser les intĂ©rĂȘts Ă  recevoir. L'important pour l'auditeur est de retenirque l'institution n'applique pas forcĂ©ment les mĂȘmes mĂ©thodes comptables Ă  tous lescomptes, et qu'il doit donc veiller Ă  comprendre comment chaque compte est traitĂ©.

4. Note du traducteur : « comptabilité de caisse » se dit aussi « comptabilité de trésorerie ».5. Note du traducteur : « comptabilité d'engagement » se dit aussi « comptabilité

d'exercice ».

24 AUDIT EXTERNE DES INSTITUTIONS DE MICROFINANCE : GUIDE PRATIQUE, VOLUME 2

Page 35: Audit externe des institutions de microfinance

CHAPITRE 4

PPllaanniiffiieerr ll’’aauuddiitt

Ce chapitre offre une description générale des activités à planifierpour l'audit d'une institution de microfinance. Ces activités com-prennent l'acquisition d'une connaissance des activités de microfi-nance, la compréhension des méthodes et des normes comptables, lacompréhension des systÚmes comptables et de contrÎle interne, l'éva-luation des risques d'audit, la définition du caractÚre significatif, l'é-valuation et l'établissement de relations avec les auditeurs internes.

4.1 Acquérir une connaissance des activités des institutionsde microfinance

Pour comprendre les activitĂ©s des institutions de microfinance, l'auditeur externedoit prĂȘter attention aux Ă©lĂ©ments suivants : principales prĂ©occupations des diri-geants concernant les objectifs et stratĂ©gies de l'institution, structure organisa-tionnelle de l'institution, fonctionnement de son activitĂ©, rĂ©sultats d'exploitation,capacitĂ© Ă  s'autofinancer, principales opĂ©rations et autres Ă©vĂ©nements Ă©conomiquessusceptibles d'affecter ses Ă©tats financiers, problĂšmes comptables et changements deses mĂ©thodes comptables, et sources de financement.

Pour obtenir ces informations, l'auditeur doit rencontrer les dirigeants de l'ins-titution, visiter au moins une agence, et examiner les rapports et autres documents.

4.1.1 Les entretiensL'auditeur doit rencontrer les principaux dirigeants de l'institution, y compris ledirecteur général, le responsable du service financier ou le directeur financier, leresponsable du crédit et des activités, et le responsable des systÚmes d'information.

C'est aussi le moment pour l'auditeur externe de s'entretenir une premiÚre foisavec le personnel chargé de l'audit interne, les membres du conseil d'administra-tion, et les principaux actionnaires ou bailleurs de fonds, si ceux-ci ont des sujetsde préoccupation qui doivent faire l'objet de missions d'examen sur la base deprocédures convenues ou de missions d'audit spéciales. Durant ces entretiens, l'au-diteur doit avoir en mémoire la liste des éléments présentés dans le tableau 4.1.

AprÚs ces premiers entretiens, l'auditeur doit évaluer le risque d'engagement.Ce risque est largement déterminé par le risque d'audit, c'est-à-dire le risque qu'unauditeur exprime une opinion incorrecte du fait que les états financiers présententde nombreuses anomalies significatives.

25

Pour planifier l'audit,

l'auditeur doit

rencontrer les dirigeants

de l'institution, visiter

au moins une agence

et examiner les rapports

et autres documents

Page 36: Audit externe des institutions de microfinance

26 AUDIT EXTERNE DES INSTITUTIONS DE MICROFINANCE : GUIDE PRATIQUE, VOLUME 2

TABLEAU 4.1Premiers Ă©lĂ©ments Ă  considĂ©rer pour planifier l’audit d’une institutionde microfinance

Facteurs ÉlĂ©ments Ă  considĂ©rer pour l’audit

FFaacctteeuurrss iinntteerrnneess

Structure organisationnelle ● Qui sont les dĂ©cideurs clĂ©s (membres du conseild'administration, directeur gĂ©nĂ©ral, bailleur de fonds,contrĂŽleur de gestion) ?

● Quelle est leur attitude par rapport à l'audit externe ?

Objectifs ● Quels sont les objectifs d'exploitation de l'institution ?● Quels sont les objectifs sociaux de l'institution ?

ActivitĂ©s ● Quels sont les principaux types de produits, financierset non financiers ?

● Comment fonctionnent les activitĂ©s de crĂ©dit ?● Comment les produits financiers et non financiers

sont-ils liĂ©s entre eux ?● Comment l'institution dĂ©veloppe-t-elle et

contrÎle-t-elle les procédures ?

SystĂšmes d'information ● Compte tenu du niveau d'activitĂ©, les systĂšmesd'information de gestion sont-ils suffisammentdĂ©veloppĂ©s ?

Finance ● Comment la fonction financiĂšre est-elle structurĂ©e, etquel est l'engagement de l'institution dans le domainefinancier ?

● Qui assure la surveillance financiĂšre des activitĂ©s decrĂ©dit ?

● Comment la performance de l'institution est-ellemesurĂ©e et qui est responsable devant qui ?

ComptabilitĂ© ● Quelles sont les principales politiques comptables ?● Sont-elles cohĂ©rentes avec les pratiques du secteur ?● Quelle est la mĂ©thode comptable adoptĂ©e, est-elle

appropriée ?

Personnel ● L'institution pratique-t-elle une rotation excessive dupersonnel ?

● Le personnel est-il qualifiĂ© pour ses fonctions, enparticulier les fonctions financiĂšres et comptables ?

● La formation du nouveau personnel est-elle adaptĂ©e ?

FFaacctteeuurrss eexxtteerrnneess

Industrie ● Qui sont les principaux concurrents de l'institution,et comment la direction gùre-t-elle cette concurrence ?

Économie ● Dans quelle mesure l'institution est-elle affectĂ©epar ou exposĂ©e Ă  l'inflation, aux variations de tauxd'intĂ©rĂȘt, aux fluctuations monĂ©taires, et auxinstabilitĂ©s macro-Ă©conomiques ?

Lois et rĂ©glementations ● Qui rĂ©glemente ou supervise l'institution ?● Y a-t-il une nouvelle loi ou rĂ©glementation qui s'est

appliquée à l'institution ?

Page 37: Audit externe des institutions de microfinance

Le risque d'engagement peut ĂȘtre potentiellement trĂšs Ă©levĂ© pour l'audit d'uneinstitution de microfinance. En effet, de nombreuses institutions connaissent unecroissance rapide sans avoir ni le personnel, ni les contrĂŽles, ni les systĂšmes adĂ©-quats pour soutenir cette croissance. De plus, beaucoup d'institutions affectent desbudgets restreints aux services d'audit, de sorte que les auditeurs peuvent estimerqu'il ne leur est pas possible de rĂ©aliser tous les tests nĂ©cessaires dans la limite dubudget allouĂ©.

Si les premiÚres investigations révÚlent un niveau de risque d'engagement in-acceptable, l'auditeur peut rendre un grand service à l'institution et à ses bailleursen refusant la mission et en expliquant les raisons de ce refus à tous les intéressés.

4.1.2 Les visitesL'auditeur externe doit visiter plusieurs agences et bureaux régionaux pour acqué-rir une meilleure compréhension des activités de l'institution et des responsabilitésdécentralisées. Les auditeurs peuvent effectuer quelques visites initiales au stade dupré-engagement, et davantage de visites pendant la phase de planification.

4.1.3 L'examen des rapports et documentsL'auditeur doit Ă©galement examiner les rapports et autres documents pour avoir unemeilleure comprĂ©hension des activitĂ©s de l'institution. À moins qu'ils ne soient pasdisponibles, les documents suivants peuvent ĂȘtre utiles :

● les Ă©tats financiers prĂ©cĂ©dents auditĂ©s ou non ;● les budgets et planifications stratĂ©giques ;● les rapports d'activitĂ© mensuels, y compris les tableaux de flux de trĂ©sorerie, les

statistiques de crĂ©dits, et les rapports sur les impayĂ©s ;● les accords de prĂȘt et de subvention ;● les Ă©valuations faites par les bailleurs de fonds ;● les rapports d'Ă©valuation et la correspondance provenant des autoritĂ©s de rĂ©-

glementation.

Une rĂ©flexion approfondie sur les rapports appropriĂ©s pour une institution demicrofinance, selon sa taille et son Ăąge, se trouve dans le manuel de CharlesWaterfield et de Nick Ramsing intitulĂ© Handbook for Management InformationSystems for Microfinance Institutions (SystĂšmes d'information de gestion pour lesinstitutions de microfinance − Guide pratique) ; voir annexe I pour les dĂ©tails.

4.2 Comprendre les normes et les méthodes comptables

Les normes et mĂ©thodes comptables des institutions de microfinance peuvent nepas ĂȘtre conventionnelles, et demandent par consĂ©quent une attention particuliĂšrede la part des auditeurs.

PLANIFIER L’AUDIT 27

Si le risque

d'engagement est trop

élevé, l'auditeur

doit refuser la mission

et expliquer les raisons

de ce refus Ă  l'institution

et à tous les intéressés

Page 38: Audit externe des institutions de microfinance

4.2.1 Les normes comptablesL'auditeur externe doit déterminer quelles normes comptables l'institution utilise.Beaucoup d'institutions de microfinance ne suivent pas les normes nationales ouinternationales.

4.2.2 Les mĂ©thodes comptablesPendant la phase de prĂ©-engagement, l'auditeur externe doit demander Ă  la direc-tion de l'institution quelle mĂ©thode comptable elle utilise. Parfois le service decomptabilitĂ© de l'institution n'est pas en mesure de rĂ©pondre Ă  cette question.Beaucoup d'institutions ont adoptĂ© la comptabilitĂ© d'engagement, parfois sous uneforme modifiĂ©e. Cette mĂ©thode comptable est conforme aux normes imposĂ©es parla plupart des organismes comptables. Mais quelques institutions continuent Ă  uti-liser la comptabilitĂ© de caisse. Les auditeurs doivent savoir qu'il peut ĂȘtre dansl'intĂ©rĂȘt des petites institutions de microfinance d'enregistrer leurs activitĂ©s, sur-tout le produit des crĂ©dits, selon une comptabilitĂ© de caisse, tout en tenant comptedes propositions d'ajustement faites en fin d'annĂ©e par l'auditeur externe. Beaucoupd'institutions de microfinance n'appliquent pas une mĂ©thode comptable uniformed'un compte Ă  l'autre, ce qui complique davantage le travail de l'auditeur.

4.2.3 Institution financiĂšre ou institution Ă  but non lucratif ?En dernier lieu, l'auditeur externe doit regarder la façon dont l'institution se considĂšre :comme une institution financiĂšre ou comme une organisation Ă  but non lucratif.Cette vision a souvent des implications pour la comptabilitĂ©. La motivation socialeest Ă  l'origine de la plupart des activitĂ©s de microfinance. Par consĂ©quent, la majo-ritĂ© des institutions de microfinance commencent en tant qu'organisations Ă  butnon lucratif. ComparĂ©es aux entreprises, les organisations Ă  but non lucratif pro-duisent gĂ©nĂ©ralement des rapports financiers qui reflĂštent moins rigoureusementleurs performances financiĂšres. Certaines ne produisent mĂȘme pas d'Ă©tats financiersannuels. La majoritĂ© utilise la comptabilitĂ© de caisse et ne tient pas compte des amor-tissements, des ajustements par rapport Ă  l'inflation, des provisions pour risque dechange, des provisions pour charges sociales, et autres Ă©lĂ©ments similaires. On trouve,Ă  l'autre extrĂȘme, des institutions de microfinance qui Ă©voluent vers un statut agrĂ©Ă©.En tant qu'institutions financiĂšres rĂ©glementĂ©es, ces institutions doivent se confor-mer non seulement aux principes comptables gĂ©nĂ©ralement reconnus, mais aussiaux rĂ©glementations prĂ©cises qui rĂ©gissent les Ă©tablissements bancaires.

4.3 Comprendre les systĂšmes comptables et les systĂšmesde contrĂŽle interne

L'auditeur externe doit acquĂ©rir une comprĂ©hension des systĂšmes comptables et decontrĂŽle interne de l'institution Ă  travers :● des discussions avec les dirigeants et le personnel Ă  diffĂ©rents niveaux ;

28 AUDIT EXTERNE DES INSTITUTIONS DE MICROFINANCE : GUIDE PRATIQUE, VOLUME 2

Beaucoup d'institutions

de microfinance

n'appliquent pas une

méthode comptable

uniforme d'un compte

Ă  l'autre

Page 39: Audit externe des institutions de microfinance

● l'examen de documents tels que les manuels de procĂ©dures, les descriptions depostes, et les organigrammes ;

● l'examen des rapports produits par le service comptable ;● l'observation des activitĂ©s de l'institution, y compris les opĂ©rations informa-

tiques et le traitement des crédits au siÚge et dans les agences (encadré 4.1).

4.3.1 Les systÚmes comptablesLes opérations comptables des institutions de microfinance sont généralement dé-centralisées. L'activité d'une agence est souvent comptabilisée au niveau régional,puis transmise de façon périodique (généralement tous les mois) au siÚge. Ce der-nier est généralement responsable de la production d'états financiers consolidés.Dans certaines institutions, toute la comptabilité est assurée au niveau du siÚge.

4.3.2 Les systĂšmes de contrĂŽle interneUne institution de microfinance a besoin d'un systĂšme de contrĂŽle interne solideafin de garantir le succĂšs de son fonctionnement. Cependant, la majoritĂ© des ins-titutions de microfinance prĂ©sentent des faiblesses importantes Ă  ce niveau, et l'au-diteur doit par consĂ©quent porter une attention particuliĂšre Ă  l'Ă©valuation du systĂšmed'organisation du contrĂŽle interne. Beaucoup de conseils d'administration d'ins-titutions de microfinance sont passifs, et la structure de gouvernance a tendance Ă ĂȘtre laxiste. C'est la raison pour laquelle le systĂšme d'organisation du contrĂŽle in-terne de l'institution dĂ©pend, en grande partie, du niveau d'engagement et decompĂ©tence de sa direction.

4.4 Évaluer le risque d'audit

Comme pour tout autre audit, l'auditeur externe doit évaluer explicitement lerisque d'audit, c'est-à-dire la possibilité d'exprimer une opinion incorrecte surl'exactitude des états financiers de l'institution, tant au niveau des états financiersqu'au niveau des soldes de comptes.

Le risque d'audit présente trois composantes : le risque inhérent, le risque lié aucontrÎle, et le risque de non-détection. Au niveau des états financiers, les principauxrisques à déterminer sont le risque inhérent et le risque lié au contrÎle (encadré 4.2).

4.4.1 Le risque inhĂ©rentIndĂ©pendamment du systĂšme de contrĂŽle interne, certains risques inhĂ©rents pro-viennent de la nature mĂȘme de la microfinance et des compĂ©tences des dirigeantsdes institutions de microfinance. Par exemple, dans beaucoup d'institutions :● les dirigeants ne comprennent pas parfaitement les procĂ©dures de crĂ©dit car ils

ont été formés à travailler dans le domaine social plutÎt que dans le domainefinancier ;

PLANIFIER L’AUDIT 29

L'auditeur doit

porter une attention

particuliĂšre Ă 

l'Ă©valuation du systĂšme

d'organisation du

contrĂŽle interne de

l'institution

Page 40: Audit externe des institutions de microfinance

30 AUDIT EXTERNE DES INSTITUTIONS DE MICROFINANCE : GUIDE PRATIQUE, VOLUME 2

ENCADRÉ 4.1RĂ©sumĂ© de la norme ISA 400 sur les systĂšmes comptableset les systĂšmes de contrĂŽle interne

Les systĂšmes comptablesL'auditeur doit acquĂ©rir une connaissance suffisante du systĂšme comptable, dont :● les principaux types d'opĂ©rations relatives aux activitĂ©s de l'institution ;● l'origine de ces opĂ©rations (agences ou siĂšge) ;● les principaux enregistrements comptables, documents justificatifs, et postes des

Ă©tats financiers ;● le processus d'Ă©tablissement des documents comptables et financiers, de l'origine

des principales opérations ou autres événements jusqu'à leur présentation dans lesétats financiers.

Le systÚme de contrÎle interneUn systÚme de contrÎle interne se réfÚre à toutes les politiques et procédures adoptéespar les dirigeants de l'institution pour aider à garantir, autant que possible, la conduiteordonnée et efficace de ses activités. Les contrÎles internes incitent à se conformer auxpolitiques de gestion, contribuent à la protection des actifs, la détection et la pré-vention de la fraude et des erreurs, à l'exactitude et l'intégralité des enregistrementscomptables, et à la préparation, dans les délais, d'une information financiÚre fiable.Le systÚme de contrÎle interne va au-delà des aspects directement liés aux fonctionsdu systÚme comptable et prend en compte le systÚme d'organisation du contrÎle in-terne et les procédures de contrÎle.

L'organisation du contrĂŽle interne est le comportement gĂ©nĂ©ral, le degrĂ© de sensi-bilisation et les actions des responsables concernant le systĂšme de contrĂŽle interne et sonimportance. Le systĂšme d'organisation du contrĂŽle interne a un impact sur les procĂ©-dures de contrĂŽle spĂ©cifiques. Un systĂšme d'organisation solide, comprenant par exempledes contrĂŽles stricts du budget et une fonction d'audit interne efficace, peut complĂ©-ter des procĂ©dures de contrĂŽle spĂ©cifiques de maniĂšre significative. Mais, mĂȘme solide,il ne peut pas par lui-mĂȘme garantir l'efficacitĂ© du systĂšme de contrĂŽle interne. Les fac-teurs pris en compte par le systĂšme d'organisation du contrĂŽle interne comprennent :● la fonction du conseil d'administration et de ses comitĂ©s ;● la philosophie de gestion et le mode de fonctionnement ;● la structure organisationnelle de l'institution et les mĂ©thodes de rĂ©partition du

pouvoir et des responsabilitĂ©s ;● le systĂšme de contrĂŽle de gestion, y compris la fonction d'audit interne, les poli-

tiques de gestion du personnel, les procédures, et la séparation des tùches.Les procédures de contrÎle sont les politiques et procédures (complémentaires au

systĂšme d'organisation du contrĂŽle interne) que la direction a Ă©tablies pour atteindreles objectifs spĂ©cifiques de l'organisation. Ces procĂ©dures de contrĂŽle comprennent :● l'enregistrement, la vĂ©rification et l'approbation des rĂ©conciliations ;● la vĂ©rification de l'exactitude arithmĂ©tique des enregistrements ;● le contrĂŽle des systĂšmes informatiques de gestion de l'information, grĂące, par

exemple, à la mise en place de contrÎles des changements effectués au niveau desprogrammes informatiques et de l'accÚs aux fichiers de données ;

● l'existence et la vĂ©rification des comptes d'ajustement et des soldes aprĂšs inventaires ;● l'approbation et le contrĂŽle des documents ;● la comparaison des donnĂ©es internes avec l'information provenant de sources extĂ©-

rieures ;● la comparaison des contrîles de caisse, de titres, et d'inventaires avec les enregis-

trements comptables ;● la limitation de l'accĂšs physique direct aux actifs et aux enregistrements comptables ;● la comparaison des rĂ©sultats financiers avec les montants budgĂ©tisĂ©s.

Page 41: Audit externe des institutions de microfinance

PLANIFIER L’AUDIT 31

Des politiques et

procédures défaillantes

peuvent entraĂźner un

risque important lié au

contrĂŽle pour les

audits d'institutions

de microfinance

ENCADRÉ 4.2RĂ©sumĂ© de la norme ISA 400 sur le risque inhĂ©rentet le risque liĂ© au contrĂŽle

Le risque inhérentLe risque inhérent existe quelle que soit la nature du systÚme de contrÎle interne. Ildépend en premier lieu de la nature des activités et des compétences de la directionde l'institution. Les risques inhérents peuvent apparaßtre au niveau des états financierset au niveau des soldes de compte.

Au niveau des états financiers, les risques inhérents comprennent les élémentssuivants : l'intégrité de la direction, l'expérience et la compétence de la direction, lespressions fortes exercées sur la direction qui pourraient l'inciter à présenter des étatsfinanciers inexacts, la nature des activités (technologie, dispersion géographique desactivités), et les conditions économiques et concurrentielles.

Au niveau des soldes de compte, les risques inhérents englobent le degré de ju-gement intervenant dans la détermination des soldes de compte, la sensibilité des ac-tifs aux pertes et détournements (comme les liquidités et les immobilisations), et lesopérations ne faisant pas l'objet d'un traitement classique.

Le risque liĂ© au contrĂŽleL'Ă©valuation prĂ©alable du risque liĂ© au contrĂŽle sur les assertions relatives aux Ă©tats fi-nanciers doit ĂȘtre importante, sauf si l'auditeur peut identifier des contrĂŽles internesrelatifs aux assertions qui soient capables de prĂ©venir ou dĂ©tecter et corriger une ano-malie significative, et s'il peut envisager d'effectuer des tests de procĂ©dures pour sou-tenir l'Ă©valuation.

● la comptabilitĂ© est assurĂ©e par un personnel ayant peu d'expĂ©rience de la comp-tabilitĂ© en partie double, des Normes comptables internationales, etc. ;

● les activitĂ©s de l'institution sont dĂ©centralisĂ©es et gĂ©ographiquement dispersĂ©es,souvent dans des rĂ©gions reculĂ©es sans infrastructure adĂ©quate.

4.4.2 Le risque lié au contrÎleDes politiques et procédures défaillantes peuvent entraßner un risque important liéau contrÎle dans le cadre d'audits d'institutions de microfinance. Pourtant lescontrÎles internes sont cruciaux pour les institutions de microfinance. Lorsque lecontrÎle interne présente des faiblesses trop importantes, l'audit de l'institutionpeut devenir impossible.

Si le risque lié au contrÎle est élevé, l'auditeur externe doit évaluer si l'on peutavoir recours à des contrÎles substantifs approfondis, et si cette approche est éco-nomiquement acceptable pour l'institution (encadré 4.3).

En plus d'une évaluation approfondie des contrÎles internes, l'auditeur externedoit tester les contrÎles réalisés au niveau des soldes de comptes (grand livre). Maisavant de procéder à ces tests, les auditeurs externes doivent expliciter leur com-préhension et leurs évaluations des systÚmes, en utilisant des listes de contrÎle, desdescriptifs, et des organigrammes (les tests de procédures sont présentés dans lechapitre 5).

Page 42: Audit externe des institutions de microfinance

4.4.3 Le risque de non-dĂ©tectionLe risque de non-dĂ©tection, c'est-Ă -dire le risque que des anomalies significativesne soient pas dĂ©tectĂ©es par l'auditeur, doit ĂȘtre dĂ©terminĂ© pour chaque solde decompte ; ce risque dĂ©pend de l'Ă©valuation faite du risque inhĂ©rent et du risque liĂ©au contrĂŽle. Le chapitre 5 aborde cette relation plus en dĂ©tail.

4.5 DĂ©finir le seuil de signification

La dĂ©finition des seuils de signification est cruciale pour dĂ©terminer la nature, l'Ă©-tendue, et le calendrier des procĂ©dures d'audit. Un seuil de signification est unelimite au-delĂ  de laquelle les erreurs potentielles sont considĂ©rĂ©es comme problĂ©-matiques. Si la somme des anomalies non corrigĂ©es identifiĂ©es durant l'audit dĂ©-passe le seuil de signification, l'auditeur peut ĂȘtre dans l'impossibilitĂ© d'Ă©mettreune opinion sans rĂ©serve (encadrĂ© 4.4).

Le seuil de signification est inversement proportionnel au risque d'audit. Plusle risque d'audit, c'est-à-dire la combinaison du risque inhérent, du risque lié aucontrÎle et du risque de non-détection, est évalué comme important, plus le seuil

32 AUDIT EXTERNE DES INSTITUTIONS DE MICROFINANCE : GUIDE PRATIQUE, VOLUME 2

ENCADRÉ 4.3Un exemple de risque liĂ© au contrĂŽle dans une institution de microfinance

Une des politiques des institutions de microfinance prĂ©voit que les agents de crĂ©ditobtiennent l'accord du responsable de l'agence avant d'octroyer un crĂ©dit. La preuved'audit de ce contrĂŽle interne est la signature du responsable de l'agence sur les dos-siers de demande de prĂȘts. L'auditeur dĂ©couvre qu'un agent de crĂ©dit a accordĂ© unnombre significatif de crĂ©dits sans cet accord. À la suite d'enquĂȘtes supplĂ©mentaires,l'auditeur se rend compte que les nouveaux employĂ©s n'ont pas Ă©tĂ© avertis de cetteprocĂ©dure d'agrĂ©ment. L'auditeur conclut en consĂ©quence qu'il existe un niveau Ă©levĂ©de risque liĂ© au contrĂŽle.

ENCADRÉ 4.4RĂ©sumĂ© de la norme ISA 320 sur le caractĂšre significatif

Une information est significative si son omission ou son inexactitude est susceptibled'influencer les dĂ©cisions Ă©conomiques prises par les utilisateurs sur la base des Ă©tatsfinanciers. Le caractĂšre significatif dĂ©pend de la taille de l'Ă©lĂ©ment ou de l'erreur Ă©va-luĂ©e dans les circonstances spĂ©cifiques de son omission ou de son inexactitude. LecaractĂšre significatif constitue donc un seuil ou une borne plutĂŽt qu'un critĂšre qua-litatif que cette information doit possĂ©der pour ĂȘtre utile.

L'auditeur doit considérer l'éventualité que des anomalies sur des montants rela-tivement faibles puissent avoir, globalement, un impact significatif sur les états finan-ciers. Par exemple, une erreur au niveau d'une procédure de fin de mois peut indi-quer une anomalie significative potentielle, si cette erreur est reproduite chaque mois.

Page 43: Audit externe des institutions de microfinance

de signification sera bas. Autrement dit, seul un faible niveau d'anomalies noncorrigées est acceptable.

Le seuil de signification dépend des facteurs déterminants identifiés pendant laplanification de la mission. Un facteur déterminant des états financiers est un fac-teur sur lequel les utilisateurs des états sont le plus susceptibles de porter leur at-tention, compte tenu de la nature de l'institution. L'identification des facteursdéterminants est affaire de jugement professionnel.

Les facteurs dĂ©terminants, qui peuvent ĂȘtre utilisĂ©s pour dĂ©terminer le seuil de si-gnification, sont par exemple le rĂ©sultat net, le total des actifs, les produits, et les fondspropres (tableau 4.2). Les seuils de signification peuvent varier entre 2 et 10 % d'unfacteur dĂ©terminant. Aux États-Unis, certains auditeurs externes utilisent, commebase de seuil de signification pour une banque commerciale, 2 % du total des actifs.Pour une institution dont les contrĂŽles internes sont faibles, l'auditeur peut dimi-nuer le taux acceptable d'anomalies significatives Ă  1 % du total des actifs. Il n'existepas de normes gĂ©nĂ©rales pour dĂ©finir les seuils de signification en microfinance (en-cadrĂ© 4.5). Les auditeurs des institutions de microfinance utilisent parfois le total desactifs comme facteur dĂ©terminant et Ă©tablissent Ă  2 % le seuil de signification.

PLANIFIER L’AUDIT 33

Il n'existe pas

de normes générales

pour définir les

seuils de signification

en microfinance

TABLEAU 4.2Exemples de seuils de signification (en %)

ContrÎle interne fort ContrÎle interne faibleFacteur déterminant (risque faible) (risque élevé)

RĂ©sultat net 10 5Total des actifs 2 1Produits 3 1Ressources propres 5 1

ENCADRÉ 4.5Exemple de calcul du seuil de signification pour une institutionde microfinance

L'auditeur externe décide d'utiliser le total des actifs de l'institution de microfinance(1 000 000 $) comme facteur déterminant. Par ailleurs, l'auditeur considÚre lescontrÎles internes comme faibles au vu de l'expansion massive de l'institution. Par consé-quent, l'auditeur utilise 1 % du total des actifs pour déterminer le seuil de significa-tion pour l'audit.

Total des actifs 1 000 000 $Degré significatif 1 %

Seuil de signification 10 000 $

Si, lors du processus d'audit, l'auditeur découvre que le total des anomalies dé-passe 10 000 $, alors il peut conclure que les anomalies sont susceptibles d'influen-cer les décisions économiques prises sur la base des états financiers. Dans une telle si-tuation, l'auditeur ne peut pas émettre une opinion sans réserve.

Page 44: Audit externe des institutions de microfinance

L'Ă©valuation par l'auditeur du seuil de signification et du risque d'audit, lorsde la planification de l'audit, peut changer aprĂšs Ă©valuation des rĂ©sultats desprocĂ©dures d'audit. Ceci peut ĂȘtre dĂ» Ă  un changement de circonstances, ou Ă  uneĂ©volution des connaissances de l'auditeur, suite Ă  l'audit. Par exemple, si l'auditest prĂ©vu avant la fin de l'exercice, l'auditeur anticipera les rĂ©sultats des activitĂ©set la situation financiĂšre. Si les rĂ©sultats effectifs diffĂšrent substantiellement decette estimation, l'Ă©valuation du seuil de signification et du risque d'audit peutĂȘtre modifiĂ©e.

4.6 Évaluation de l'audit interne et relations avec les auditeursinternes

L'auditeur externe doit considérer le travail des auditeurs internes pendant la phasede planification de l'audit. Les auditeurs internes évaluent et supervisent les systÚmescomptable et de contrÎle interne. L'audit interne est un élément essentiel pour ga-rantir un systÚme de contrÎle interne solide, et également un outil important deréduction, de détection, et d'investigation de la fraude (voir paragraphe 3.5, no-tamment l'argument selon lequel les institutions de microfinance nécessitent un ser-vice d'audit interne plus élargi que ce que proposent les procédures traditionnelles).

L'auditeur externe doit Ă©valuer l'audit interne pour deux raisons :

● une fonction d'audit interne efficace apporte une assurance sur les contrîlesinternes ;

● les auditeurs internes peuvent aider l'auditeur externe à mener l'audit (tableau 4.3).

Les grandes institutions de microfinance doivent avoir leurs propres auditeursinternes. Les institutions de taille plus modeste peuvent trouver plus économiqued'externaliser cette fonction (voir paragraphe 3.1 du volume 1). Mais beaucoupd'institutions n'ont pas de fonction d'audit interne, souvent parce que les diri-geants estiment que cette fonction n'est pas nécessaire ou qu'ils n'ont pas lesmoyens de la financer. Cependant, lorsque les institutions se développent et sou-

34 AUDIT EXTERNE DES INSTITUTIONS DE MICROFINANCE : GUIDE PRATIQUE, VOLUME 2

L'auditeur externe

doit considérer le

travail des auditeurs

internes pendant la

phase de planification

de l'audit

TABLEAU 4.3

Travailler avec les auditeurs internes dans une institution de microfinance

Domaines clés Assistance possible des auditeurs internes aux auditeurs externes

Liquidités ContrÎles de caisses à l'improvisteExamen des réconciliations réalisées durant l'année

PrĂȘts Visites des clients par rotationExamen des documents dans les dossiers de prĂȘt

Dettes Examen des accords de detteExamen de la conformité aux clauses contractuelles relatives aux dettes

Financements des bailleurs VĂ©rification des imputations de fondsExamen du respect des accords avec les bailleurs

Page 45: Audit externe des institutions de microfinance

PLANIFIER L’AUDIT 35

haitent obtenir un statut agréé, la loi ou les réglementations peuvent imposer lamise en place d'un service d'audit interne.

Lorsqu'il existe une fonction d'audit interne, l'auditeur externe doit évaluerson objectivité, sa portée, ses compétences techniques, et sa rigueur. Cette éva-luation doit inclure un examen de l'organisation du service, de son personnel, desa finalité, de ses rapports et de ses programmes.

Les conflits potentiels doivent ĂȘtre Ă©valuĂ©s. Par exemple, si le service d'auditinterne rend compte de son travail au service qu'il est en train d'auditer, la ques-tion de l'objectivitĂ© des conclusions du service d'audit interne se pose. Une tellesituation peut considĂ©rablement diminuer la valeur accordĂ©e au travail de l'audi-teur interne par l'auditeur externe. Dans l'idĂ©al, le service d'audit interne doitrendre compte de son travail directement au conseil d'administration ou au comitĂ©d'audit, s'il en existe un (schĂ©ma 4.1).

Si l'auditeur externe estime, à la suite d'une évaluation préalable, que le ser-vice d'audit interne est fiable, il doit tester le travail effectué par ce service afin deconfirmer cette évaluation. Ceci est généralement réalisé en effectuant un nou-veau test sur un échantillon des travaux effectués par l'auditeur (encadré 4.6).

Lorsqu'il existe une

fonction d'audit

interne, l'auditeur

externe doit Ă©valuer son

objectivité, sa portée, ses

compétences techniques,

et sa rigueur

SCHÉMA 4.1La chaĂźne idĂ©ale de transmission de l’information pour l’audit interne

Conseild’administration

Note : Certaines fonctions d'audit interne rendent compte de leurs travaux au directeur financierpour tous les aspects administratifs tels que le personnel, les salaires, et les charges salariales.

ENCADRÉ 4.6Exemple d’utilisation du travail d’audit interne

Une institution de microfinance a un auditeur interne qui rend compte de son travail di-rectement au conseil d'administration, et est jugĂ© comme compĂ©tent et fiable par l'audi-teur externe. En dĂ©but d'annĂ©e, l'auditeur interne, en accord avec l'auditeur externe, dĂ©-cide de tester 100 dossiers de prĂȘt et de rendre visite aux clients chaque trimestre. Quatrecents prĂȘts seront donc testĂ©s durant l'exercice. À la fin de l'exercice, l'auditeur externe peutdĂ©cider de tester Ă  nouveau 20 % du travail de l'auditeur interne, c'est-Ă -dire 80 dossiersde prĂȘt. Si aucune erreur n'est dĂ©celĂ©e, l'auditeur externe pourra s'appuyer sur les rĂ©sul-tats des tests pour l'ensemble des 400 prĂȘts testĂ©s par l'auditeur interne durant l'annĂ©e.

Service d’auditinterne

Directeurfinancier

Directeurgénéral

Page 46: Audit externe des institutions de microfinance

CHAPITRE 5

OObbtteennttiioonn ddee llaa pprreeuuvvee dd’’aauuddiitt :: aappeerrççuu

Ce chapitre donne un bref aperçu du processus d'obtention de la preuved'audit pour les principaux soldes comptables d'une institution de mi-crofinance. Ce processus comprend : 1) pour chaque solde de compte,l'identification des erreurs potentielles, et l'analyse des risques d'ex-ploitation ainsi que du risque d'audit, 2) l'exécution de tests de procé-dures, 3) la réalisation de contrÎles substantifs, 4) la définition de l'é-chantillonnage et 5) l'obtention de déclarations de la direction.

L'auditeur externe doit programmer et effectuer les tests permettant de valider lesassertions faites par la direction sur les Ă©tats financiers. Ces assertions explicites etimplicites peuvent ĂȘtre classifiĂ©es comme suit :

● ExhaustivitĂ© − il n'y a pas d'Ă©lĂ©ments d'actif ou de passif, ou d'opĂ©rations nonenregistrĂ©s.

● Exactitude (dĂ©signĂ© par « mesure » dans les Normes internationales d'audit(ISA) − les montants des opĂ©rations enregistrĂ©es sont exacts.

● ValiditĂ© (dĂ©signĂ©e par « existence » et « droits et obligations » dans les ISA) −les opĂ©rations enregistrĂ©es sont valides.

● Rattachement (dĂ©signĂ© par « occurrence » dans les ISA) − les opĂ©rations sontenregistrĂ©es dans la bonne pĂ©riode.

● Évaluation − les Ă©lĂ©ments d'actif et passif sont correctement Ă©valuĂ©s.● PrĂ©sentation − les postes sont dĂ©crits conformĂ©ment aux normes applicables Ă 

l'information financiĂšre.

L'auditeur doit vérifier ces assertions pour chacun des principaux soldes de comptes.

5.1 Principaux soldes de comptes

Au moment de l'établissement du planning de sa mission, l'auditeur externe doitprocéder à l'identification des principaux soldes de comptes de l'institution. Ceux-ci comprennent habituellement les postes suivants :

● L'encours de crĂ©dits et les provisions pour crĂ©ances douteuses sont les soldes lesplus importants pour les institutions de microfinance : ils regroupent en effetla plus grande partie des actifs de l'institution et constituent la principale sourcede risque d'erreurs.

L'encours de crédits et

les provisions pour

créances douteuses sont

les soldes comptables

les plus importants

d'une institution de

microfinance

37

Page 47: Audit externe des institutions de microfinance

● Les disponibilitĂ©s et comptes assimilĂ©s sont importants parce que les institutionsde microfinance ont souvent des montants Ă©levĂ©s d'avoirs en caisse, ou entransfert, manipulĂ©s de façon assez informelle.

● Les fonds propres (subventions ou capital) requiĂšrent une attention particuliĂšredu fait que la plupart des institutions de microfinance sont financĂ©es par desbailleurs de fonds.

● Les dettes Ă  court terme et charges Ă  payer sont importantes parce qu'elles sontsusceptibles d'ĂȘtre sous-Ă©valuĂ©es.

● Les encours d'Ă©pargne et dĂ©pĂŽts peuvent constituer un solde comptable impor-tant dans certaines institutions.

● Les produits et charges sont Ă  examiner attentivement, car leur traitement n'estpas toujours adaptĂ©.

Des indications spécifiques sur l'audit de chacun des principaux soldes decomptes sont fournies dans les chapitres 6 à 12.

5.2 Identification des erreurs potentielles pour chaque solde de compte

L'auditeur externe doit identifier les erreurs potentielles pour chaque solde comp-table. Celles-ci correspondent aux assertions sur les états financiers, classifiées audébut de ce chapitre (tableau 5.1). Les erreurs potentielles pour chaque soldecomptable sont traitées dans les chapitres 6 à 12.

5.3 Identification des risques d'exploitation pour chaque soldede compte

Outre les erreurs potentielles énumérées ci-dessus, l'auditeur externe doit déter-miner si d'autres facteurs sont susceptibles d'augmenter le risque d'anomalie.

38 AUDIT EXTERNE DES INSTITUTIONS DE MICROFINANCE : GUIDE PRATIQUE, VOLUME 2

Outre les erreurs

potentielles, l'auditeur

externe doit déterminer

si d'autres facteurs sont

susceptibles d'augmenter

le risque d'anomalie

TABLEAU 5.1

Exemples d’erreurs potentielles dans les soldes comptables

Assertion Erreur potentielle

ExhaustivitĂ© Des Ă©lĂ©ments d’actif ou de passif, opĂ©rations ou Ă©vĂšnementsne sont pas enregistrĂ©s

Exactitude Des opérations ou évÚnements sont enregistrés de maniÚre inexacte(montants erronés)

ValiditĂ© Certaines opĂ©rations enregistrĂ©es ne sont pas valides, ou l’élĂ©mentd’actif ou de passif enregistrĂ© n’appartient pas Ă  l’entitĂ©

Rattachement Les opérations sont enregistrées dans la mauvaise période

Évaluation Les Ă©lĂ©ments d’actif ou de passif ne sont pas correctement Ă©valuĂ©s

Présentation Les agrégats comptables sont mal présentés

Page 48: Audit externe des institutions de microfinance

Les principaux risques d'exploitation des institutions de microfinance comprennent :

● le risque de crĂ©dit : risque qu'un emprunteur ne rĂšgle pas la totalitĂ© de sa dette,Ă  l'Ă©chĂ©ance ou ultĂ©rieurement ;

● le risque de taux : risque de pertes dĂ» Ă  la sensibilitĂ© des rĂ©sultats aux variationsdes taux d'intĂ©rĂȘt ;

● le risque d'illiquiditĂ© : risque de pertes dĂ» Ă  l'Ă©ventuelle incapacitĂ© de l'institu-tion Ă  faire face Ă  ses obligations par manque de liquiditĂ©s ;

● le risque de change : risque de pertes dĂ» aux fluctuations des taux de change entremonnaie nationale et monnaies Ă©trangĂšres ;

● le risque fiduciaire : risque de pertes dĂ», par exemple, Ă  une incapacitĂ© Ă  conser-ver les dĂ©pĂŽts en garde ou Ă  une nĂ©gligence dans la gestion des actifs de tiers(tous les risques prĂ©cĂ©demment Ă©numĂ©rĂ©s sont extraits de la norme ISA 1006) ;

● le risque de fraude : risque de pertes dues à la fraude interne ou externe.

Les risques d'exploitation spécifiques à chacun des principaux soldes de comptessont traités dans les chapitres 6 à 12.

5.4 Identification des risques d'audit pour chaque solde de compte

L'auditeur doit procĂ©der Ă  l'identification des risques d'audit au niveau du soldedes comptes. Le point de dĂ©part est le risque inhĂ©rent et le risque liĂ© au contrĂŽle,identifiĂ©s au niveau des Ă©tats financiers, comme on l'a vu dans le chapitre 4. Unefois ces risques apprĂ©ciĂ©s, l'auditeur doit Ă©valuer le risque liĂ© au contrĂŽle pour chaquesolde de compte. L'Ă©valuation du risque liĂ© au contrĂŽle conditionne la nature et l'Ă©-tendue des tests de procĂ©dures et des contrĂŽles substantifs Ă  mettre en Ɠuvre.

Par exemple, si l'Ă©valuation rĂ©vĂšle que le risque liĂ© au contrĂŽle est Ă©levĂ©, l'auditeurse fiera moins aux tests de procĂ©dures. En outre, si le risque liĂ© au contrĂŽle est Ă©levĂ©,le niveau acceptable maximum du risque de non-dĂ©tection − c'est-Ă -dire le risque queles contrĂŽles substantifs ne permettent pas d'identifier les erreurs (voir encadrĂ© 5.1) −est plus bas. L'auditeur choisira donc de mettre en Ɠuvre ces contrĂŽles substantifs.

Si, au contraire, le risque lié au contrÎle s'avÚre faible, l'auditeur peut davan-tage se fier aux tests de procédures. Avec un risque lié au contrÎle faible, un ni-veau de risque de non détection plus élevé est acceptable, et l'étendue des contrÎlessubstantifs sera moindre.

Dans le cadre de l'audit d'une institution de microfinance, cette relation (entrerisque liĂ© au contrĂŽle d'une part et tests de procĂ©dures et contrĂŽles substantifsd'autre part) peut conduire Ă  un dilemme. Du fait que les contrĂŽles internes dansune institution de microfinance sont souvent faibles, les auditeurs peuvent Ă©valuerle risque liĂ© au contrĂŽle comme Ă©tant Ă©levĂ© et ne pas se fier aux tests de procĂ©-dures. Dans cette situation, l'auditeur choisit normalement de s'appuyer sur descontrĂŽles substantifs. Cependant si l'institution de microfinance possĂšde un largeportefeuille de crĂ©dits, mettre en Ɠuvre de nombreux contrĂŽles substantifs seraitĂ  la fois difficile pour l'auditeur et d'un coĂ»t prohibitif pour l'institution.

OBTENTION DE LA PREUVE D’AUDIT : APERÇU 39

Si l'évaluation révÚle

que le risque lié

au contrÎle est élevé,

l'auditeur se fiera

moins aux tests de

procédures

Page 49: Audit externe des institutions de microfinance

5.5 Mise en Ɠuvre des tests de procĂ©dures

Les tests de procédures sont réalisés afin de déterminer si l'auditeur externe peutse fier aux contrÎles internes (encadré 5.2). L'auditeur doit effectuer des tests deprocédures pour chacun des principaux soldes de comptes, afin d'évaluer l'or-ganisation des comptes et des systÚmes de contrÎle interne (c'est-à-dire déter-miner s'ils sont correctement conçus pour prévenir ou corriger les erreurs) et lefonctionnement effectif des contrÎles tout au long de la période. Des conseilssur les tests de procédures pour chaque solde de compte sont donnés dans leschapitres 6 à 12.

5.6 Mise en Ɠuvre des contrîles substantifs

Les contrÎles substantifs sont réalisés dans le but d'obtenir des éléments probantsdirects supportant les soldes de comptes. L'auditeur externe doit effectuer descontrÎles substantifs pour chacun des principaux soldes comptables. Les deuxtypes de procédures sont : 1) des contrÎles portant sur le détail des opérations etdes soldes, 2) des procédures analytiques.

Les contrÎles détaillés permettent habituellement de tester plus efficacementles postes de bilan. En revanche, les procédures analytiques sont généralementpréférables pour évaluer les comptes d'exploitation parce qu'elles détectent plusefficacement les erreurs potentielles (encadré 5.3). Les contrÎles substantifs, pourchaque solde de compte, sont traités dans les chapitres 6 à 12.

40 AUDIT EXTERNE DES INSTITUTIONS DE MICROFINANCE : GUIDE PRATIQUE, VOLUME 2

L'auditeur doit

effectuer des tests de

procédures pour chacun

des principaux soldes de

comptes, afin d'Ă©valuer

l'organisation des

comptes et des systĂšmes

de contrĂŽle interne

ENCADRÉ 5.1RĂ©sumĂ© de la norme ISA 400 sur le risque de non-dĂ©tection

Le risque de non-dĂ©tection est le risque que les contrĂŽles substantifs mis en Ɠuvre parl'auditeur ne permettent pas de dĂ©tecter une erreur qui pourrait ĂȘtre significative. LescontrĂŽles substantifs doivent ĂȘtre suffisamment Ă©tendus pour rĂ©duire le risque denon-dĂ©tection, et donc le risque d'audit, Ă  un niveau acceptable. MĂȘme si l'auditeurexamine de façon exhaustive les soldes de comptes ou une catĂ©gorie d'opĂ©rations, ily a toujours un risque de non-dĂ©tection car la plupart des Ă©lĂ©ments probants condui-sent davantage Ă  des dĂ©ductions qu'Ă  des conclusions.

Le risque de non-dĂ©tection est inversement proportionnel au cumul du risqueinhĂ©rent et du risque liĂ© au contrĂŽle (le risque inhĂ©rent et le risque liĂ© au contrĂŽlesont dĂ©finis dans l'encadrĂ© 4.2). Par exemple, lorsque le risque inhĂ©rent et celui liĂ©au contrĂŽle sont Ă©levĂ©s, l'auditeur ne doit accepter qu'un faible niveau de risque denon-dĂ©tection, afin de rĂ©duire le risque d'audit Ă  un niveau acceptable. Pour Ă©tablirun faible niveau de risque de non-dĂ©tection, l'auditeur devra rĂ©aliser plus de contrĂŽlessubstantifs. Inversement, quand le risque inhĂ©rent et le risque liĂ© au contrĂŽle sontfaibles, l'auditeur peut accepter un niveau de risque de non-dĂ©tection plus Ă©levĂ© touten rĂ©duisant le risque d'audit Ă  un niveau acceptable. Ainsi, le nombre de contrĂŽlessubstantifs Ă  mettre en Ɠuvre sera plus rĂ©duit.

Page 50: Audit externe des institutions de microfinance

5.7 DĂ©finition des Ă©chantillons

Les auditeurs utilisent des techniques d'échantillonnage car il est difficile de réa-liser des tests de procédures ou des contrÎles substantifs sur l'ensemble de la po-pulation des postes comptables qui forment un état financier. Les techniques d'é-chantillonnage utilisées pour les tests de procédures peuvent différer de cellesutilisées pour les contrÎles substantifs.

OBTENTION DE LA PREUVE D’AUDIT : APERÇU 41

Les auditeurs utilisent

des techniques

d'Ă©chantillonnage car

il est difficile de réaliser

une Ă©valuation de

l'ensemble de la

population des postes

comptables qui forment

un Ă©tat financier

ENCADRÉ 5.2RĂ©sumĂ© de la norme ISA 400 sur les tests de procĂ©dures

Les tests de procédures comprennent :

● l'examen des documents justifiant les opĂ©rations et d'autres faits visant Ă  ras-sembler des Ă©lĂ©ments probants sur le bon fonctionnement des contrĂŽles internes(par exemple, la vĂ©rification qu'une opĂ©ration a Ă©tĂ© autorisĂ©e) ;

● des demandes d'informations sur les contrĂŽles internes qui ne laissent pas de traceĂ©crite vĂ©rifiable (par exemple pour dĂ©terminer qui effectue rĂ©ellement chaquetĂąche et pas seulement qui est censĂ© l'effectuer) et l'observation de ces contrĂŽles ;

● une vĂ©rification des contrĂŽles internes (par exemple rĂ©conciliation des comptesbancaires) afin de s'assurer qu'ils ont Ă©tĂ© correctement effectuĂ©s par l'entitĂ©.

L'auditeur doit obtenir la preuve de l'audit au moyen de tests de procédures afinde justifier toute évaluation du risque lié au contrÎle d'un niveau inférieur à un risqueélevé. Plus l'évaluation du risque lié au contrÎle est faible, plus l'auditeur devra pou-voir démontrer que les systÚmes comptables et de contrÎle interne sont correctementconçus et fonctionnent efficacement.

ENCADRÉ 5.3RĂ©sumĂ© de la norme ISA 520 sur les procĂ©dures analytiques

Les procédures analytiques comparent l'information financiÚre d'une organisationavec par exemple :

● les informations comparables des exercices prĂ©cĂ©dents ;● les rĂ©sultats prĂ©vus de l'organisation, tels que des budgets ou des prĂ©visions, ou

des Ă©valuations de l'auditeur, par exemple l'estimation de la charge d'amortis-sement ;

● les informations concernant un secteur d'activitĂ© similaire, telles que la compa-raison du ratio ventes/crĂ©ances clients de l'organisation par rapport Ă  la moyennedu secteur ou par rapport Ă  d'autres organisations comparables opĂ©rant dans lemĂȘme secteur.

Les procédures analytiques examinent également les relations :

● entre des Ă©lĂ©ments des informations financiĂšres dont on s'attend Ă  ce qu'ils soientconformes Ă  un modĂšle prĂ©visible fondĂ© sur l'expĂ©rience de l'organisation, telsque les pourcentages de marge brute ;

● entre des informations financiùres et les informations non financiùres correspon-dantes, comme le rapport entre charges de personnel et effectifs.

Page 51: Audit externe des institutions de microfinance

5.7.1 Échantillonnage pour les tests de procĂ©duresPour les tests de procĂ©dures, l'auditeur externe utilise gĂ©nĂ©ralement un Ă©chan-tillonnage statistique. Certains cabinets travaillent selon une approche Ă  deux ni-veaux. L'auditeur choisit dans un premier temps un nombre prĂ©dĂ©terminĂ© d'opĂ©-rations constituant l'Ă©chantillon. Si une erreur est dĂ©celĂ©e dans ce premierĂ©chantillon, l'auditeur dĂ©finit un autre Ă©chantillon.

5.7.2 Échantillonnage pour les contrĂŽles substantifsLa dĂ©finition de l'Ă©chantillon pour les contrĂŽles substantifs se fait en deux temps :la dĂ©finition de la taille de l'Ă©chantillon et la sĂ©lection de l'Ă©chantillon. La mĂ©-thode peut ĂȘtre statistique ou non statistique.

Dans le cas de l'Ă©chantillonnage statistique, la taille de l'Ă©chantillon est obte-nue par une fonction mathĂ©matique qui combine le seuil de signification, l'Ă©va-luation du risque de non-dĂ©tection et la taille du solde de compte. [Les cabinetsd'audit peuvent dĂ©finir la fonction mathĂ©matique de diffĂ©rentes façons. Les lec-teurs souhaitant des informations plus dĂ©taillĂ©es peuvent consulter des manuelsd'audit ou de statistique. Le chapitre 6 donne par ailleurs un exemple de dĂ©fini-tion de la taille de l'Ă©chantillon pour l'Ă©valuation du portefeuille de crĂ©dits d'uneinstitution de microfinance.] Une fois la taille de l'Ă©chantillon dĂ©terminĂ©e, les Ă©lĂ©-ments Ă  Ă©valuer doivent, si possible, faire l'objet d'une sĂ©lection statistique pourconstituer un Ă©chantillon reprĂ©sentatif. Les mĂ©thodes de sĂ©lection statistique −alĂ©atoire, systĂ©matique et au hasard − sont traitĂ©es dans l'encadrĂ© 5.4.

L'échantillonnage non statistique est utilisé lorsqu'il n'est pas possible d'obtenirun échantillon par une méthode statistique et que l'auditeur a une trÚs bonneconnaissance de la population. Par exemple, l'auditeur pourra avoir recours à unéchantillon non statistique s'il sait que pour un solde de compte (disons le comptede créances) de 100 clients, 10 comptes couvrent 80 % de la valeur totale. L'auditeurréalisera son évaluation sur les gros comptes et n'examinera que quelques-uns descomptes restants, considérant que la valeur totale des comptes restants n'est passuffisamment élevée pour justifier un échantillonnage statistique.

Les mĂ©thodes d'Ă©chantillonnage statistique sont rarement utilisĂ©es dans les au-dits d'institutions de microfinance. Nombreux sont les auditeurs qui ont recoursĂ  des Ă©chantillonnages non statistiques, voire mĂȘme Ă  des mĂ©thodes moins prĂ©cises,et qui appliquent leurs procĂ©dures d'audit Ă  tous les Ă©lĂ©ments partageant une ca-ractĂ©ristique commune : par exemple, tous les Ă©lĂ©ments dĂ©passant un certain mon-tant en dollars. D'aprĂšs la norme ISA 530, cette approche n'est pas considĂ©rĂ©ecomme un sondage en audit, parce que les rĂ©sultats obtenus sont peu susceptiblesd'ĂȘtre valables pour la fraction de population examinĂ©e ou la population dans sonensemble. Ce type d'Ă©valuation non standard peut ou non permettre de dĂ©tecterdes erreurs significatives, mais il est gĂ©nĂ©ralement difficile de justifier le critĂšre desĂ©lection utilisĂ©. Étant donnĂ© le grand nombre d'opĂ©rations de crĂ©dit rĂ©alisĂ©es parles institutions de microfinance, l'audit du portefeuille de crĂ©dits doit toujoursĂȘtre fait selon une mĂ©thode d'Ă©chantillonnage statistique.

42 AUDIT EXTERNE DES INSTITUTIONS DE MICROFINANCE : GUIDE PRATIQUE, VOLUME 2

Étant donnĂ© le grand

nombre d’opĂ©rations

de crédit réalisées par

les institutions de

microfinance, l’audit

du portefeuille de crédits

doit toujours ĂȘtre

fait selon une méthode

d’échantillonnage

statistique

Page 52: Audit externe des institutions de microfinance

5.8 Obtention de déclarations de la direction

La norme ISA 580 prĂ©voit que l'auditeur doit obtenir de la direction de l'ins-titution de microfinance une reconnaissance de sa responsabilitĂ© en matiĂšre d'Ă©-tablissement des Ă©tats financiers. La preuve de cette responsabilitĂ© peut ĂȘtre consti-tuĂ©e par les procĂšs-verbaux du conseil d'administration, un exemplaire signĂ© desĂ©tats financiers, ou une lettre d'affirmation.

OBTENTION DE LA PREUVE D’AUDIT : APERÇU 43

ENCADRÉ 5.4RĂ©sumĂ© de la norme ISA 530 sur le sondage en audit

Les trois éléments principaux en matiÚre de sondage en audit sont : la taille de l'é-chantillon, la sélection de l'échantillon et l'évaluation des résultats.

Définition de la taille de l'échantillonPour définir la taille d'un échantillon, l'auditeur doit prendre en compte le risqued'échantillonnage, l'erreur tolérable et l'erreur escomptée.

● Le risque d'Ă©chantillonnage est le risque que la conclusion Ă  laquelle parvientl'auditeur sur la base d'un Ă©chantillon sĂ©lectionnĂ© puisse ĂȘtre diffĂ©rente de cellequi aurait Ă©tĂ© obtenue si l'Ă©valuation avait portĂ© sur l'ensemble de la population.Plus le risque d'Ă©chantillonnage acceptĂ© par l'auditeur est faible, plus la taille del'Ă©chantillon devra ĂȘtre importante.

● L'erreur tolĂ©rable est l'erreur maximale que l'auditeur peut accepter dans une po-pulation tout en concluant que les rĂ©sultats du sondage ont atteint l'objectif de l'au-dit. L'erreur tolĂ©rable doit dĂ©pendre du seuil de signification fixĂ© par l'auditeur. Plusl'erreur tolĂ©rable est faible, plus la taille de l'Ă©chantillon sera importante.

● L'erreur escomptĂ©e est l'erreur que l'auditeur s'attend Ă  trouver dans une popula-tion. Si l'auditeur s'attend Ă  une erreur, il devra sĂ©lectionner un Ă©chantillon plusgrand afin de s'assurer que l'erreur rĂ©elle n'est pas supĂ©rieure Ă  l'erreur tolĂ©rable fixĂ©e.

Sélection de l'échantillonL'auditeur doit sélectionner un échantillon représentatif de la population. Les méthodesde sélection courantes sont :

● la sĂ©lection alĂ©atoire. Cette mĂ©thode repose sur la base statistique la plus forte etdoit ĂȘtre utilisĂ©e dans la mesure du possible. Tous les Ă©lĂ©ments de la populationont la mĂȘme chance d'ĂȘtre sĂ©lectionnĂ©s ;

● la sĂ©lection systĂ©matique. Cette mĂ©thode sĂ©lectionne les Ă©lĂ©ments en appliquantun intervalle constant entre chaque sĂ©lection, par exemple toutes les vingt piĂšcescomptables ;

● la sĂ©lection au hasard. Cette mĂ©thode est une alternative Ă  la sĂ©lection alĂ©atoire.

Évaluation des rĂ©sultatsAprĂšs avoir effectuĂ© des tests de procĂ©dures et des contrĂŽles substantifs sur un Ă©chan-tillon, l'auditeur doit :

● analyser toutes les erreurs dĂ©tectĂ©es dans l'Ă©chantillon ;● projeter ces erreurs Ă  l'ensemble de la population ;● rĂ©Ă©valuer le risque d'Ă©chantillonnage.

Suite à cette démarche, l'auditeur peut envisager d'étendre les procédures d'audit.

Page 53: Audit externe des institutions de microfinance

Lors d'un audit, la direction sera amenĂ©e Ă  faire de nombreuses dĂ©clarations Ă l'auditeur, spontanĂ©ment ou en rĂ©ponse Ă  des demandes spĂ©cifiques. L'auditeurpeut exiger une dĂ©claration Ă©crite sur des Ă©lĂ©ments qui revĂȘtent un caractĂšre si-gnificatif pour les Ă©tats financiers.

Outre l'établissement des états financiers, la direction est également responsabledes politiques et procédures d'identification, d'évaluation et de consignation deslitiges, revendications et assertions faites. En outre, elle doit garantir la confor-mité de l'institution à la législation et réglementation en vigueur.

La direction d'une institution de microfinance reconnaĂźt gĂ©nĂ©ralement les res-ponsabilitĂ©s Ă©numĂ©rĂ©es plus haut dans une lettre d'affirmation de la direction adressĂ©eĂ  l'auditeur. Cette lettre porte habituellement la mĂȘme date que le rapport d'au-dit et est signĂ©e par les cadres dirigeants de l'institution. Si la direction refuse defournir les dĂ©clarations demandĂ©es par l'auditeur, ceci peut constituer une limi-tation de l'Ă©tendue des travaux d'audit qui fait obstacle Ă  la formulation d'uneopinion sans rĂ©serve. L'annexe F donne un exemple de lettre d'affirmation de ladirection.

44 AUDIT EXTERNE DES INSTITUTIONS DE MICROFINANCE : GUIDE PRATIQUE, VOLUME 2

Page 54: Audit externe des institutions de microfinance

CHAPITRE 6

OObbtteennttiioonn ddee llaa pprreeuuvvee dd’’aauuddiitt ::llee ppoorrtteeffeeuuiillllee ddee ccrrĂ©Ă©ddiittss

Ce chapitre dĂ©crit la façon dont l'auditeur externe doit procĂ©derpour obtenir la preuve d'audit sur l'encours de crĂ©dits − le solde decompte le plus important d'une institution de microfinance (la pro-vision pour crĂ©ances douteuses, Ă©lĂ©ment crucial de l'encours, est traitĂ©dans le chapitre 7).

[En supplĂ©ment Ă  ce chapitre, l'auditeur pourra examiner le chapitre 5 du vo-lume 1. Un certain nombre d'informations contenues dans ce chapitre sont rĂ©pĂ©tĂ©esici, mais certains Ă©lĂ©ments importants ne le sont pas. Le dĂ©but et la fin de ce cha-pitre notamment, adressent aux clients des conseils qui sembleront peut-ĂȘtre dis-cutables : il leur est conseillĂ© de s'entretenir de maniĂšre approfondie avec leur au-diteur pour s'assurer que l'Ă©valuation de leur encours de crĂ©dits est suffisante pourgarantir avec fiabilitĂ© la qualitĂ© du portefeuille.]

6.1 Quelles sont les caractéristiques du portefeuilled'une institution de microfinance ?

L'encours de crédits est l'un des soldes comptables les plus importants de toutétablissement de crédit. Cet encours comprend habituellement la plupart des ac-tifs de l'institution et le potentiel d'anomalie est élevé. En cela, les institutions demicrofinance ne diffÚrent pas des autres établissements de crédit.

Cependant les opĂ©rations de crĂ©dit des institutions de microfinance ont des ca-ractĂ©ristiques propres que les auditeurs externes doivent comprendre, car elles ontdes consĂ©quences sur le processus d'audit. La plupart de ces caractĂ©ristiques sontdĂ©crites dans d'autres chapitres des volumes 1 et 2, mais les principales peuventĂȘtre rĂ©sumĂ©es comme suit :

● Les institutions de microfinance octroient de nombreux petits crĂ©dits et reçoi-vent par consĂ©quent un grand nombre de remboursements de faible montant.De plus, les opĂ©rations des institutions sont souvent largement dispersĂ©es. C'estpourquoi les institutions de microfinance ont besoin de structures opĂ©ration-nelles simples et dĂ©centralisĂ©es pour ĂȘtre efficaces. Ces facteurs rendent plus dĂ©-licat le maintien de systĂšmes efficaces d'information et de gestion du portefeuille.

45

Les opérations de

crédit des institutions

de microfinance

ont des caractéristiques

propres que les

auditeurs externes

doivent comprendre

Page 55: Audit externe des institutions de microfinance

● La dĂ©centralisation implique qu'un petit nombre de personnes participe auprocessus d'approbation, de dĂ©caissement, de suivi et de recouvrement des crĂ©-dits. Ceci peut augmenter les opportunitĂ©s de fraude ou de dĂ©viances par rap-port aux politiques fixĂ©es. La dĂ©centralisation peut Ă©galement augmenter lerisque d'erreur ou de manipulations frauduleuses lors du transfert de l'infor-mation des agences au siĂšge.

● Pour traiter efficacement de petites opĂ©rations, les institutions de microfinancesont obligĂ©es de rĂ©duire fortement leurs coĂ»ts, parfois au dĂ©triment de contrĂŽleset d'informations adĂ©quats sur le portefeuille, ou de la supervision des clientset agents de crĂ©dit.

● Les portefeuilles des institutions de microfinance sont souvent en croissancerapide. Cette croissance exerce une pression sur les systĂšmes et peut masquer desproblĂšmes de remboursement. Un portefeuille en croissance rapide est com-posĂ© d'un pourcentage important de crĂ©dits en dĂ©but de remboursement. Orles problĂšmes d'impayĂ©s sont plus frĂ©quents en fin de cycle de remboursement.

● GĂ©nĂ©ralement, les institutions n'aiment pas faire de provisions pour les crĂ©ancesdouteuses ou passer ces derniĂšres en perte. Ils veulent maintenir une bonneimage de l'institution aux yeux des observateurs extĂ©rieurs, notamment desbailleurs de fonds. Les institutions de microfinance peuvent considĂ©rer − sou-vent Ă  tort − qu'elles ne peuvent pas passer un crĂ©dit en perte sans envoyer auclient et Ă  l'agent de crĂ©dit un message indiquant au premier qu'il peut arrĂȘ-ter d'essayer de rembourser, et au second qu'il peut cesser les tentatives de re-couvrement. Par ailleurs, la plupart des institutions de microfinance ne paientpas d'impĂŽts, de sorte que le provisionnement ne reprĂ©sente pas pour elles unallĂšgement d'impĂŽt par la rĂ©duction du revenu imposable.

● Pour les raisons Ă©numĂ©rĂ©es ci-aprĂšs, les systĂšmes d'information des institu-tions destinĂ©s au suivi opĂ©rationnel des crĂ©dits sont rarement intĂ©grĂ©s dansleurs systĂšmes comptables.

Il est important de distinguer trois systÚmes qui influent sur le portefeuille decrédits d'une institution de microfinance. Le systÚme comptable et le systÚme desuivi des crédits produisent de l'information. Le systÚme de gestion des créditscorrespond aux politiques et procédures qui régissent les opérations de crédit. Enpratique ces systÚmes peuvent se chevaucher, mais en théorie ils sont distincts.

Le systÚme comptable reçoit des informations sur chaque opération de créditmais son but est de produire une information globale qui alimente les états fi-nanciers.

Le systĂšme de suivi des crĂ©dits est concentrĂ© sur l'information affĂ©rente auxprĂȘts individuels, dont :

● l'identitĂ© du client ;● le montant dĂ©caissĂ© ;● les conditions du prĂȘt, comme le taux d'intĂ©rĂȘt, la commission, la date d'Ă©-

chéance, etc. ;

46 AUDIT EXTERNE DES INSTITUTIONS DE MICROFINANCE : GUIDE PRATIQUE, VOLUME 2

Idéalement,

le systĂšme de suivi

des crédits doit

contenir ces

informations non

seulement pour

les crédits en cours,

mais aussi pour

les anciens crédits

Page 56: Audit externe des institutions de microfinance

● l'Ă©chĂ©ancier de remboursement (montants et dates) ;● le montant et la date des remboursements perçus ;● le montant et la balance ĂągĂ©e des crĂ©dits en retard ;● l'encours de crĂ©dits.

Idéalement, le systÚme de suivi des crédits doit contenir ces informations nonseulement pour les crédits en cours, mais aussi pour les anciens crédits. En pra-tique, la plupart des institutions de microfinance ne conservent pas cette information,du moins sous une forme exploitable, pour les crédits recouvrés ou passés en perte.Ceci constitue une lacune importante.

L'objet principal du systĂšme de suivi des crĂ©dits est de fournir des informationspertinentes pour l'administration du portefeuille, indĂ©pendamment du fait que cetteinformation alimente ou non les Ă©tats financiers. Certaines des donnĂ©es retenuespar le systĂšme de suivi des crĂ©dits sont Ă©galement retenues directement par le systĂšmecomptable − par exemple, les dĂ©caissements, les remboursements ou les intĂ©rĂȘtsĂ©chus (Ă  noter que le systĂšme comptable et le systĂšme de suivi des crĂ©dits peuventretenir des donnĂ©es relatives aux crĂ©dits Ă  des moments diffĂ©rents et Ă  partir desources diffĂ©rentes, ce qui peut mener Ă  des divergences entre les deux systĂšmes).

Certaines donnĂ©es du systĂšme de suivi des crĂ©dits n'alimentent qu'indirecte-ment le systĂšme comptable et les Ă©tats financiers − comme l'information sur lesimpayĂ©s qui est utilisĂ©e pour estimer les dotations aux provisions dans le systĂšmecomptable. D'autres donnĂ©es du systĂšme de suivi des crĂ©dits n'entrent jamais dansle systĂšme comptable − par exemple l'identitĂ© des clients ou les Ă©chĂ©anciers deremboursements.

Le systÚme de gestion des crédits n'est pas un systÚme d'information, maisplutÎt l'ensemble des politiques et procédures, écrites ou non écrites, qui régissentles opérations de crédit de l'institution de microfinance. Il comprend :

● le marketing de prĂȘt ;● l'Ă©valuation des clients et des prĂȘts ;● la taille et les conditions du prĂȘt ;● l'approbation du prĂȘt ;● le traitement des dĂ©caissements et des remboursements par les agents de crĂ©-

dit et les caissiers ;● l'enregistrement des dĂ©caissements et des remboursements dans le service d'en-

registrement ;● la supervision des clients ;● les politiques de recouvrement pour les crĂ©dits en retard ;● le rĂ©Ă©chelonnement des crĂ©dits en retard ;● les contrĂŽles internes, Ă  la fois opĂ©rationnels et ex post.

IdĂ©alement, le systĂšme de suivi des crĂ©dits doit ĂȘtre parfaitement intĂ©grĂ© ausystĂšme comptable. En pratique, c'est rarement le cas. Les institutions de micro-finance ne peuvent pas utiliser les logiciels intĂ©grĂ©s conçus pour les banques parce

OBTENTION DE LA PREUVE D’AUDIT : LE PORTEFEUILLE DE CRÉDITS 47

En pratique, le systĂšme

de suivi des crédits

n'est pas parfaitement

intégré au systÚme

comptable

Page 57: Audit externe des institutions de microfinance

que leurs systĂšmes de crĂ©dit sont trop diffĂ©rents de ceux des banques. Plusieurs lo-giciels intĂ©grĂ©s ont Ă©tĂ© conçus pour les institutions de microfinance, mais ils of-frent rarement l'appui technique local immĂ©diat qui est indispensable lors de mo-difications ou de pannes inĂ©vitables du systĂšme. En consĂ©quence, de nombreusesinstitutions pensent qu'un systĂšme comptable standard (informatisĂ© ou manuel)peut ĂȘtre adaptĂ© Ă  leurs besoins spĂ©cifiques mais qu'en ce qui concerne le systĂšmede suivi des crĂ©dits, elles doivent concevoir sur mesure leur propre systĂšme (en-core une fois, informatisĂ© ou manuel)1.

6.2 Risques d'exploitation

Les principaux risques d'exploitation associés au portefeuille de crédits d'uneinstitution sont le risque de crédit, le risque de fraude et le risque de change.

6.2.1 Le risque de crĂ©ditLe risque que les emprunteurs ne rĂšglent pas la totalitĂ© de leur dette constitue lerisque principal pour une institution de microfinance. Bien que de nombreusesinstitutions rĂ©ussissent Ă  maintenir bas les taux d'impayĂ©s et de perte, les capa-citĂ©s de remboursement de leurs clients peuvent ĂȘtre bien plus volatiles que cellesde la clientĂšle des banques commerciales. Les problĂšmes de remboursement peu-vent monter en flĂšche de presque zĂ©ro Ă  des niveaux intolĂ©rables en quelques mois.C'est pourquoi les systĂšmes de gestion et de contrĂŽle des remboursements sont aucƓur de l'activitĂ© d'une institution de microfinance.

Les institutions de microfinance sont rarement exposĂ©es au risque de concen-tration du crĂ©dit que l'on trouve dans les banques commerciales. Étant donnĂ© legrand nombre de petits crĂ©dits caractĂ©risant les institutions de microfinance, lescrĂ©dits Ă  un mĂȘme client ou Ă  des emprunteurs proches reprĂ©sentent rarement unpourcentage dangereux de l'encours ou du capital. Cependant certaines institu-tions de microfinance rencontrent des problĂšmes lorsqu'elles octroient des crĂ©-dits plus importants pour lesquels leur mĂ©thodologie de crĂ©dit est inadaptĂ©e. Parexemple, si une institution de microfinance dont la mĂ©thodologie a Ă©tĂ© conçue pourdes crĂ©dits de 500 $, commence Ă  octroyer des crĂ©dits de 10 000 $ Ă  de nouveauxclients, il est trĂšs probable que cela pose de sĂ©rieux problĂšmes.

6.2.2 Le risque de fraudeLe risque de fraude constitue une menace sérieuse pour la plupart des institutionsde microfinance (encadré 6.1 ; voir aussi paragraphe 3.5). Une mauvaise sépara-tion des tùches (par exemple entre décaissement et enregistrement), des contrÎlesinternes faibles, des agences géographiquement dispersées, et des processus d'ap-probation décentralisés sont autant de facteurs favorisant la fraude. Presque toutes

48 AUDIT EXTERNE DES INSTITUTIONS DE MICROFINANCE : GUIDE PRATIQUE, VOLUME 2

Les auditeurs doivent

identifier les faiblesses

des systĂšmes de contrĂŽle

qui augmentent les

opportunités de fraude

Page 58: Audit externe des institutions de microfinance

les institutions de microfinance font, à un moment ou un autre, l'expérience deproblÚmes de fraude associée au portefeuille. Pour la plupart, cela n'atteint pasdes proportions épidémiques. Mais d'autres ont moins de chance.

Les auditeurs externes doivent s'assurer que leurs clients comprennent bien que,mĂȘme si le processus normal des activitĂ©s d'audit peut permettre d'identifier cer-tains cas de fraude, la dĂ©tection de la fraude ne constitue pas l'objectif premier del'audit. Les auditeurs doivent plutĂŽt identifier les faiblesses des systĂšmes de contrĂŽlequi augmentent les opportunitĂ©s de fraude. Hormis la dĂ©tection de certains typesde fraude au niveau de la caisse ou de la gestion de trĂ©sorerie, caractĂ©ristiques detout Ă©tablissement bancaire, les auditeurs externes ne sont pas les plus Ă  mĂȘme dedĂ©tecter les types de fraude que les institutions de microfinance rencontrent habi-tuellement. Par exemple, les institutions de microfinance constatent souvent que :

● les remboursements de crĂ©dits sont dĂ©tournĂ©s avant d'avoir Ă©tĂ© enregistrĂ©s ;● un agent de crĂ©dit crĂ©e des groupes ou des emprunteurs fictifs et effectue des

dĂ©caissements Ă  leur nom ;● le prĂȘt octroyĂ© est effectif mais une partie du montant dĂ©caissĂ© revient Ă  l'agent

de crĂ©dit sous forme de pot de vin ;● les prĂȘts sont dĂ©livrĂ©s Ă  des amis ou Ă  la famille des employĂ©s de l'institution.

Étant donnĂ© le volume des opĂ©rations effectuĂ©es, de tels cas de fraude peuventfacilement Ă©chapper Ă  l'attention de l'auditeur externe, en particulier si l'audit neprĂ©voit pas de nombreuses visites aux clients. Avec un nombre adĂ©quat de visites

OBTENTION DE LA PREUVE D’AUDIT : LE PORTEFEUILLE DE CRÉDITS 49

ENCADRÉ 6.1Exemples d’expĂ©riences de fraude dans des institutions de microfinance

Une institution de microfinance africaine est actuellement encore aux prises avec unproblĂšme de fraude dĂ©couvert il y a plus de deux ans. Cette institution, crĂ©Ă©e en1994, est une caisse de crĂ©dit solidaire fonctionnant avec des agences situĂ©es dans lacapitale et dans une rĂ©gion Ă©loignĂ©e. L'encours de crĂ©dits s'est rapidement dĂ©veloppĂ©,atteignant 670 000 $ en 18 mois. Mais en avril 1996, un directeur supplĂ©ant (rem-plaçant le directeur qui Ă©tait en dĂ©placement), et un nouveau systĂšme de gestion desdonnĂ©es, ont permis de mettre Ă  jour un plan d'emprunteurs fictifs. Ces emprun-teurs « fantĂŽmes » reprĂ©sentaient un tiers des clients de l'institution. La direction ex-pliqua cette crise en citant plusieurs facteurs : croissance incontrĂŽlĂ©e, distance tropimportante entre le personnel de crĂ©dit opĂ©rationnel des agences rĂ©gionales et le per-sonnel technique et dirigeant de la capitale, mise en Ɠuvre laxiste des mesures decontrĂŽle de caisse et des recommandations en matiĂšre d'informations comptables.

De mĂȘme, une grande institution de microfinance d'AmĂ©rique latine n'a pas en-core achevĂ© de rĂ©soudre un sĂ©rieux cas de fraude dĂ©couvert en 1995. En 1994, l'en-semble du personnel d'un bureau rĂ©gional s'est associĂ© Ă  l'auditeur interne de l'ins-titution et au personnel d'une banque commerciale pour dĂ©tourner 914 000 $ sousforme de crĂ©dits Ă  des clients fictifs. La fraude n'a pas Ă©tĂ© dĂ©tectĂ©e par les auditeursd'un cabinet d'audit appartenant aux « Big Six », ni par les membres d'une Ă©quiped'Ă©valuation qui a reconnu l'agence rĂ©gionale comme l'une des unitĂ©s les plus per-formantes de l'institution de microfinance.

Page 59: Audit externe des institutions de microfinance

aux clients, un auditeur peut ĂȘtre capable de dĂ©tecter une organisation d'emprun-teurs fictifs ou de dĂ©tournement de remboursements. Mais l'identification d'autrestypes de fraude peut nĂ©cessiter d'obtenir des informations que le client ne veut pasrĂ©vĂ©ler ; un auditeur externe est peu susceptible d'ĂȘtre formĂ© Ă  une telle tĂąche.

6.2.3 Le risque de taux et le risque de changeLes institutions de microfinance sont exposĂ©es au risque de taux si elles dĂ©finis-sent des taux d'intĂ©rĂȘts fixes pour les crĂ©dits Ă  long terme et si elles ont Ă  faire faceĂ  une augmentation des coĂ»ts des ressources sur le court terme.

Plus couramment, les institutions de microfinance sont exposĂ©es au risque dechange. La plupart d'entre elles prĂȘtent Ă  leurs clients en monnaie locale mais fi-nancent leur portefeuille avec des crĂ©dits de bailleurs libellĂ©s en monnaie Ă©trangĂšre.Si la monnaie locale est soumise Ă  une forte dĂ©valuation, il peut en rĂ©sulter pourl'institution un coĂ»t financier important auquel elle n'est pas prĂ©parĂ©e.

6.3 Risque d'audit

Le portefeuille de crĂ©dits est le domaine dans lequel le risque d'audit est le plusĂ©levĂ© dans une institution de microfinance. Étant donnĂ© le grand nombre de pe-tits crĂ©dits accordĂ©s Ă  des emprunteurs trĂšs dispersĂ©s, la mise en Ɠuvre de contrĂŽlessubstantifs trĂšs Ă©tendus peut se rĂ©vĂ©ler difficile et coĂ»teuse. C'est pourquoi les ins-titutions de microfinance ont intĂ©rĂȘt, dans la mesure du possible, Ă  mettre l'ac-cent sur les tests de procĂ©dures.

6.4 Les tests de procédures

Les tests de procĂ©dures appliquĂ©s aux soldes des comptes de crĂ©dits sont habi-tuellement effectuĂ©s au siĂšge, dans les bureaux de distribution (y compris lesagences mais aussi parfois les antennes rĂ©gionales et le siĂšge), et par l'intermĂ©diairede visites aux clients. Les paragraphes suivants donnent des dĂ©tails sur les tests Ă ces trois niveaux. Les suggestions Ă©mises ne sont pas exhaustives et n'ont pas nonplus pour but de se substituer au dĂ©veloppement d'un programme d'audit dĂ©taillĂ©pour une institution spĂ©cifique. Suivant la structure de l'institution, une procĂ©-dure dĂ©crite dans le paragraphe concernant le bureau de distribution devra sansdoute plutĂŽt ĂȘtre mise en Ɠuvre au niveau du siĂšge, et vice versa.

Si les tests effectuĂ©s sur les contrĂŽles internes rĂ©vĂšlent que l'auditeur ne peutpas se fier Ă  ces contrĂŽles, celui-ci devra immĂ©diatement en informer les dirigeantsde l'institution ainsi que le conseil d'administration. Les faiblesses importantesdevront faire l'objet de discussions, de mĂȘme que les ajustements du programmed'audit qui s'avĂšreront nĂ©cessaires si l'auditeur doit continuer l'audit et Ă©mettreune opinion.

50 AUDIT EXTERNE DES INSTITUTIONS DE MICROFINANCE : GUIDE PRATIQUE, VOLUME 2

Si les tests effectués sur

les contrĂŽles internes

révÚlent que l'auditeur

ne peut pas se fier Ă  ces

contrĂŽles, celui-ci devra

immédiatement en

informer les dirigeants

de l'institution ainsi

que le conseil

d'administration

Page 60: Audit externe des institutions de microfinance

OBTENTION DE LA PREUVE D’AUDIT : LE PORTEFEUILLE DE CRÉDITS 51

6.4.1 Tests de procédures au siÚge

POLITIQUES ET PROCÉDURES DE CRÉDIT

On ne saurait exagĂ©rer l'importance de politiques et procĂ©dures de crĂ©dit non seu-lement clairement dĂ©finies, mais aussi rĂ©ellement mises en Ɠuvre Ă  tous les ni-veaux d'opĂ©rations d'une institution de microfinance.

Dans les grandes institutions de microfinance, ces politiques doivent norma-lement ĂȘtre documentĂ©es dans des manuels. Dans tous les cas, il est crucial queces politiques soient comprises et mises en pratique par tous.

Au niveau du siÚge de l'institution de microfinance, l'auditeur devra examinerla documentation et s'entretenir avec le personnel pour tester des politiques etprocédures précises. Une liste d'éléments possibles à analyser est proposée dansl'encadré 6.2.

Certaines institutions de microfinance demandent Ă  leurs agents de crĂ©dit des'assurer que leurs clients affectent rĂ©ellement le montant des crĂ©dits Ă  l'objet an-noncĂ©. De nombreux experts en microfinance doutent de l'intĂ©rĂȘt d'une telle su-pervision de l'affectation des crĂ©dits. Les institutions de microfinance et les audi-teurs peuvent souhaiter aborder cette question en dĂ©cidant des efforts Ă  consacrerĂ  l'Ă©valuation de la conformitĂ© Ă  ce type de politique de suivi.

Une fois que l'auditeur a clairement compris, et si nécessaire explicité, les po-litiques de crédit de l'institution, il doit tester la conformité à ces politiques, prin-cipalement au niveau des bureaux de distribution.

SYSTÈMES D’INFORMATION

Comme on l'a vu, les institutions de microfinance ont − en thĂ©orie et gĂ©nĂ©rale-ment en pratique − deux systĂšmes d'information : un systĂšme comptable et unsystĂšme de suivi des crĂ©dits (voir paragraphe 6.1). Les deux ne sont gĂ©nĂ©ralementpas parfaitement intĂ©grĂ©s.

Les tests de procĂ©dures mis en Ɠuvre pour le systĂšme comptable d'une insti-tution de microfinance sont Ă  peu prĂšs similaires Ă  ceux qui sont rĂ©alisĂ©s dans lesautres Ă©tablissements financiers. Le systĂšme de suivi des crĂ©dits d'une institutionrequiert en revanche une attention particuliĂšre. Parce que les contrĂŽles substan-tifs portant sur le dĂ©tail des portefeuilles des institutions de microfinance sontlourds, il est nĂ©cessaire que les auditeurs et les dirigeants puissent s'appuyer entoute confiance sur le systĂšme de suivi des crĂ©dits.

Le systĂšme de suivi des crĂ©dits doit ĂȘtre crĂ©dible aux yeux des dirigeants et dupersonnel de l'institution. Si dans l'organisation personne ne s'attend Ă  ce que lesystĂšme de suivi des crĂ©dits soit fiable Ă  99 %, le personnel aura tendance Ă  ĂȘtremoins consciencieux. Les situations et les tendances qui devraient ĂȘtre interprĂ©tĂ©escomme des signaux d'alarme sont parfois ignorĂ©es parce qu'elles sont considĂ©rĂ©escomme des problĂšmes techniques internes au systĂšme d'information plutĂŽt quecomme de vĂ©ritables problĂšmes relatifs Ă  la qualitĂ© du portefeuille. Et lorsque lepersonnel pense que la plupart des anomalies rĂ©sultent de problĂšmes inhĂ©rents ausystĂšme d'information, la fraude est plus tentante parce qu'elle est moins suscep-

Si dans l'organisation,

personne ne s'attend

Ă  ce que le systĂšme de

suivi des crédits soit

fiable Ă  99 %,

le personnel aura

tendance Ă  ĂȘtre moins

consciencieux

Page 61: Audit externe des institutions de microfinance

tible d'ĂȘtre dĂ©tectĂ©e rapidement. C'est pourquoi le systĂšme de suivi des crĂ©ditsdoit ĂȘtre testĂ© Ă  trois niveaux : exactitude, sĂ©curitĂ© et efficacitĂ©.

Tester l'exactitude signifie vĂ©rifier si le systĂšme de suivi des crĂ©dits reflĂšte cor-rectement les dĂ©caissements de crĂ©dits, les remboursements perçus et l'Ă©tat desremboursements Ă  jour dans les encours de crĂ©dits. La plus grande partie de cestests peut ĂȘtre effectuĂ©e au niveau des bureaux de distribution.

L'auditeur doit Ă©galement tester la sĂ©curitĂ© du systĂšme de suivi des crĂ©dits.Dans le cas oĂč le systĂšme est informatisĂ©, l'auditeur doit examiner des Ă©lĂ©mentstels que : les caractĂ©ristiques internes de sĂ©curitĂ© du logiciel informatique, l'envi-

52 AUDIT EXTERNE DES INSTITUTIONS DE MICROFINANCE : GUIDE PRATIQUE, VOLUME 2

ENCADRÉ 6.2ÉlĂ©ments possibles de la politique de crĂ©dit d’une institutionde microfinance

Identité des clients

● Âge● Nombre d'annĂ©es d'activitĂ©â— DegrĂ© d'indĂ©pendance de l'activitĂ©â— Pas de casier judiciaire

Capacité de remboursement

● MĂ©thode d'Ă©tablissement de la capacitĂ© de remboursement● Niveaux minimums de la capacitĂ© de remboursement● Fluctuations de la capacitĂ© de remboursement● Type d'activitĂ© Ă  financer

Historique du crédit

● Historique du remboursement avec le programme● Historique du remboursement avec d'autres programmes● Historique du remboursement avec des services de base tels que eau ou Ă©lectricitĂ©

Taille du crédit et montant des remboursements réguliers relatifs aux indicateurs cléstels que :

● Fonds de roulement● Total des ventes● Revenu net● PrĂȘts et remboursement de crĂ©dits antĂ©rieurs● Garantie matĂ©rielle

Méthodologie d'octroi des crédits

● Nombre des membres des caisses de crĂ©dit villageoises ou de crĂ©dit solidaire● Relations entre les membres des groupes● Taux de croissance des montants des prĂȘts● Relation entre montants des prĂȘts et Ă©pargne obligatoire● Taille des prĂȘts des autres clients et remboursements (dans les groupes solidaires)

Structure des taux d'intĂ©rĂȘts et commissions

ProcĂ©dures d'approbation des prĂȘts

Procédures de suivi des crédits en retard

Politiques de refinancement ou de rééchelonnement des crédits en retard

Page 62: Audit externe des institutions de microfinance

ronnement externe de sĂ©curitĂ© du matĂ©riel informatique, les mesures de sĂ©curitĂ©pour l'accĂšs aux systĂšmes de suivi de portefeuille, les procĂ©dures de correction desdonnĂ©es sur les opĂ©rations, les procĂ©dures de sauvegarde et vĂ©rification d'intĂ©gritĂ©de la sauvegarde, et les mesures de sĂ©curitĂ© concernant les fichiers de sauvegarde.Lorsque le systĂšme de suivi des crĂ©dits est manuel, l'auditeur doit examiner lesprocĂ©dures de contrĂŽle interne relatives Ă  la prĂ©paration et Ă  la vĂ©rification des re-gistres d'opĂ©rations, la sĂ©curitĂ© physique des registres comptables, et les condi-tions dans lesquelles les opĂ©rations peuvent ĂȘtre modifiĂ©es.

MĂȘme si l'information est exacte et sĂ»re, elle prĂ©sente peu d'intĂ©rĂȘt tant quele personnel, Ă  tous les niveaux de l'organisation, ne la reçoit pas en temps utilesous forme de rapports intelligibles et n'utilise pas les donnĂ©es que contiennentces rapports. C'est pourquoi l'auditeur doit aussi Ă©valuer l'efficacitĂ© du systĂšme desuivi des crĂ©dits, Ă  la fois au siĂšge et dans les bureaux de distribution. Les em-ployĂ©s et les clients de l'institution de microfinance obtiennent-ils l'informationdont ils ont besoin, au moment oĂč ils en ont besoin, sous une forme appropriĂ©eĂ  leur besoin spĂ©cifique, sans les noyer dans des dĂ©tails inutiles ? Utilisent-ils lesrapports qui sont produits ? Le problĂšme le plus courant et le plus dangereux pou-vant arriver avec le systĂšme de suivi des crĂ©dits est que les agents de crĂ©dit et lesdirigeants n'obtiennent pas les informations relatives aux retards de rembourse-ment sous une forme qui facilite leur suivi immĂ©diat.

Lors d'un audit annuel, les auditeurs devront donc prĂȘter attention Ă  l'exacti-tude, la sĂ©curitĂ© et l'efficacitĂ© du systĂšme de suivi des crĂ©dits. Le volume 1 conseilleaux clients des audits de demander que ces points soient commentĂ©s dans la noteĂ  la direction. Cependant y prĂȘter attention n'Ă©quivaudra pas Ă  un examen ap-profondi du systĂšme de suivi des crĂ©dits, notamment en ce qui concerne la sĂ©cu-ritĂ© et l'efficacitĂ©. Un examen approfondi exigerait de mettre en Ɠuvre des procĂ©-dures convenues ou une Ă©tude du systĂšme d'information menĂ©e sĂ©parĂ©ment parl'auditeur ou un autre consultant.

Lors de l'évaluation du systÚme de suivi des crédits, l'auditeur doit considérerplusieurs autres questions spécifiques aux institutions de microfinance. Lorsqu'ilmet en lumiÚre des déficiences, il doit en faire part dans la note à la direction(pour plus d'informations sur ces questions, voir le paragraphe 5.3 du volume 1,ainsi que le paragraphe 7.3 de ce volume sur le traitement des problÚmes de ver-sements calculés).

● Le systĂšme de suivi des crĂ©dits donne-t-il des informations sur les crĂ©dits en re-tard − dont la balance ĂągĂ©e − qui soutiennent de façon adĂ©quate les dĂ©cisions deprovisionnement et d'abandon de crĂ©ances (ce sujet est traitĂ© dans le chapitre 7) ?

● Le systĂšme de suivi des crĂ©dits conserve-t-il une synthĂšse des informations re-latives aux remboursements des clients dont le crĂ©dit a Ă©tĂ© recouvrĂ© ? Cettemesure est souhaitable pour plusieurs raisons. Cela permet l'analyse historiquedes impayĂ©s sur le portefeuille qui sert Ă  l'analyse du provisionnement. Celapeut influencer les dĂ©cisions de renouvellement de prĂȘt Ă  un client. Cela peutĂ©galement contribuer Ă  dĂ©celer des pratiques de refinancement inappropriĂ©es.

OBTENTION DE LA PREUVE D’AUDIT : LE PORTEFEUILLE DE CRÉDITS 53

Lors d'un audit annuel,

les auditeurs devront

prĂȘter attention Ă 

l'exactitude, la sécurité

et l'efficacité du systÚme

de suivi des crédits

Page 63: Audit externe des institutions de microfinance

● Si l'institution rĂ©Ă©chelonne des crĂ©dits − c'est-Ă -dire reporte leurs Ă©chĂ©ances −lorsque des clients ont des difficultĂ©s de remboursement, ces crĂ©dits sont-ils si-gnalĂ©s et classĂ©s dans une catĂ©gorie distincte ? Ceci doit ĂȘtre fait car les crĂ©ditsrĂ©Ă©chelonnĂ©s sont ceux qui prĂ©sentent le plus grand risque (ce point ainsi queles deux suivants ne s'appliquent pas si l'auditeur a constatĂ© que l'institutionne pratique jamais de rĂ©Ă©chelonnement ou n'octroie jamais de nouveaux crĂ©-dits Ă  des emprunteurs dĂ©faillants).

● Le systĂšme de suivi des crĂ©dits signale-t-il clairement les cas de refinancement −c'est-Ă -dire lorsque les crĂ©dits en retard sont acquittĂ©s par l'Ă©mission de nou-veaux prĂȘts ?

● Le systĂšme de suivi des crĂ©dits signale-t-il les cas de prĂȘts parallĂšles octroyĂ©s Ă des clients qui ont des difficultĂ©s de remboursement sur d'autres prĂȘts ?

● Si un crĂ©dit a Ă©tĂ© remis Ă  jour, ou remboursĂ© par un chĂšque, par le reçu d'unĂ©quipement ou par toute autre garantie matĂ©rielle, est-il toujours signalĂ© commecrĂ©dit en retard jusqu'Ă  ce que le montant dĂ» ait Ă©tĂ© effectivement perçu ? LesystĂšme de suivi des crĂ©dits signale-t-il ce type d'Ă©vĂšnements ?

AUDIT INTERNE

L'auditeur doit Ă©valuer le dĂ©partement d'audit interne de l'institution, si elle ena un, et effectuer des tests pour dĂ©terminer sa fiabilitĂ©. Il doit en particulier jugersi l'institution de microfinance a − ou doit avoir − un dĂ©partement d'audit opĂ©-rationnel du type de celui dĂ©crit au paragraphe 3.5, tout en gardant Ă  l'esprit leslimites de l'application des procĂ©dures traditionnelles d'audit interne aux porte-feuilles de microfinance.

POLITIQUE D’INTÉRESSEMENT

L'auditeur doit Ă©galement Ă©valuer la façon dont l'institution de microfinance me-sure les performances des agents de crĂ©dit, ou des agences, en matiĂšre de gestiondu portefeuille de crĂ©dits, en particulier si des primes incitatives ou des promo-tions y sont associĂ©es. Par exemple, si l'on donne une grande importance Ă  l'ac-croissement du volume des crĂ©dits − particuliĂšrement si l'on n'exige pas en contre-partie des taux de remboursement Ă©levĂ©s − les mesures incitatives peuvent pousserles agents de crĂ©dit Ă  accorder trop de crĂ©dits risquĂ©s.

6.4.2 Tests de procĂ©dures au niveau des bureaux de distributionL'auditeur doit tester les contrĂŽles du portefeuille de crĂ©dits au niveau des bu-reaux de distribution, habituellement les agences (dans certaines institutions, l'oc-troi de crĂ©dits individuels est aussi assurĂ© par les antennes rĂ©gionales et le siĂšge).Les bureaux locaux doivent ĂȘtre visitĂ©s soit une fois par an, soit selon un principede rotation (comme on l'a vu, l'auditeur peut choisir de s'appuyer sur une partiedu travail effectuĂ© par les auditeurs internes). Ces visites sont cruciales, non seu-lement pour tester la conformitĂ© aux politiques et procĂ©dures de crĂ©dit de l'insti-tution, mais Ă©galement pour Ă©valuer le dispositif de contrĂŽle Ă  ce niveau2.

54 AUDIT EXTERNE DES INSTITUTIONS DE MICROFINANCE : GUIDE PRATIQUE, VOLUME 2

C’est l’auditeur, et non

la direction, qui

doit choisir les agences

Ă  visiter

Page 64: Audit externe des institutions de microfinance

OBTENTION DE LA PREUVE D’AUDIT : LE PORTEFEUILLE DE CRÉDITS 55

C'est l'auditeur, et non la direction, qui doit choisir les agences à visiter. Laplupart des institutions de microfinance ont quelques agences « modÚles » qui sontbien supérieures aux autres. Il n'est pas étonnant de constater que c'est habituel-lement dans ces agences modÚles que l'on emmÚne les visiteurs.

L'auditeur doit visiter un nombre suffisant de bureaux locaux pour constituerun Ă©chantillon vraiment reprĂ©sentatif. Certains auditeurs ne visitent que 5 Ă  10 %des agences d'une institution de microfinance au cours de l'exercice comptable.Celles-ci sont en outre choisies plutĂŽt pour des raisons de commoditĂ© logistiqueque par souci d'obtenir un Ă©chantillon reprĂ©sentatif. Souvent, ce sont toujours lesmĂȘmes agences qui sont visitĂ©es annĂ©e aprĂšs annĂ©e. MĂȘme en supposant que lesauditeurs effectuent rĂ©ellement la rotation de leurs visites, Ă  raison de 10 % desagences chaque annĂ©e, la couverture de l'ensemble des agences ne serait assurĂ©equ'au bout de dix ans − ce qui est Ă  peine suffisant pour satisfaire aux conditionsd'Ă©chantillonnage.

Pour les institutions de microfinance ayant peu d'agences, les auditeurs doi-vent s'efforcer de les visiter toutes chaque annĂ©e. Pour celles qui en ont beaucoup,les auditeurs doivent les visiter toutes dans un dĂ©lai de deux Ă  trois ans. S'il existeun dĂ©partement d'audit interne, toutes les agences devront ĂȘtre visitĂ©es, soit parl'auditeur externe, soit par l'auditeur interne, Ă  chaque exercice.

Dans la mesure du possible, les visites ne devront pas ĂȘtre annoncĂ©es. Cet effetde surprise rend plus difficile pour les dirigeants d'agences ou de bureaux rĂ©gio-naux la dissimulation de difficultĂ©s Ă©ventuelles.

Au niveau des bureaux de distribution, les contrĂŽles internes doivent ĂȘtre testĂ©sen utilisant un Ă©chantillon de crĂ©dits (les mĂ©thodes d'Ă©chantillonnage sont traitĂ©esdans le chapitre 5). L'auditeur doit sĂ©lectionner l'Ă©chantillon Ă  partir d'une listecomplĂšte des crĂ©dits − dont le total s'accorde avec les chiffres du grand livre. Encoreune fois, c'est Ă  l'auditeur − plutĂŽt qu'Ă  la direction − de rĂ©aliser cette sĂ©lection.

Les auditeurs doivent examiner un nombre statistiquement significatif de crĂ©-dits pour rĂ©concilier les montants dĂ©caissĂ©s, les sommes perçues, les dates de rem-boursement et l'Ă©tat de remboursement des crĂ©dits. Ils doivent dĂ©terminer si les opĂ©-rations ont Ă©tĂ© correctement enregistrĂ©es aux dates oĂč elles ont Ă©tĂ© effectuĂ©es, si lesystĂšme de portefeuille rĂ©partit correctement les remboursements dans les comptescorrespondants, et si le capital restant dĂ» indiquĂ© pour les crĂ©dits dans le systĂšmede suivi est correct Ă  la lumiĂšre des termes des documents de prĂȘts et des politiquesde crĂ©dit de l'institution de microfinance.

Généralement, l'auditeur doit examiner les enregistrements d'opérations et lescomparer aux comptes spécifiques du registre, aux échéanciers de remboursementfixés, aux grandes lignes de la politique de crédit et aux rapports actualisés de suivides impayés produits par le systÚme de suivi des crédits.

L'auditeur doit évaluer la pertinence des approbations, examiner les niveauxanormalement élevés d'impayés ou d'abandon de créances dans certains groupesd'agents de crédit, les rééchelonnements, et les augmentations excessives de lataille des crédits renouvelés.

Page 65: Audit externe des institutions de microfinance

L'exhaustivitĂ© et la conformitĂ© des dossiers de prĂȘts aux politiques et procĂ©duresde l'institution doivent ĂȘtre Ă©valuĂ©es. L'encadrĂ© 6.3 donne des exemples d'Ă©lĂ©-ments qui peuvent ĂȘtre testĂ©s, suivant les procĂ©dures de l'institution.

Lors de son Ă©valuation au niveau des bureaux locaux, l'auditeur doit particu-liĂšrement vĂ©rifier que les pratiques de crĂ©dit de l'institution de microfinance sontconformes aux politiques et procĂ©dures qu'elle a dĂ©finies. Il n'est pas rare d'observerun « dĂ©calage mĂ©thodologique » dans les institutions de microfinance, notam-ment lorsque la formation et la supervision du personnel n'ont pas suivi l'expan-sion rapide de l'institution. Dans une structure dĂ©centralisĂ©e, les agents de crĂ©ditcommencent souvent Ă  prendre des dĂ©cisions qui vont Ă  l'encontre des principeset des techniques de crĂ©dit fondamentaux de l'institution. Par exemple, les mon-tants de crĂ©dits octroyĂ©s Ă  de nouveaux emprunteurs, ou encore les augmenta-tions de la taille des crĂ©dits renouvelĂ©s Ă  un mĂȘme emprunteur, peuvent atteindredes niveaux dangereux − en particulier si les agents de crĂ©dit sont poussĂ©s Ă  prĂ©-senter un portefeuille en croissance rĂ©guliĂšre. Cette situation engendre un risquede crĂ©dit car elle autorise les clients Ă  atteindre trĂšs rapidement les limites de leurcapacitĂ© de remboursement.

Il est également courant que le comité de crédit soit réduit à une pure forma-lité, si bien que les crédits ne sont pas réellement discutés. Lorsque l'examen parles pairs n'est plus efficace, des décisions de crédit hasardeuses peuvent augmen-ter le risque de contrepartie.

La conformitĂ© Ă  certains Ă©lĂ©ments de la mĂ©thodologie de crĂ©dit, tels que laconstitution et la taille des groupes, ou la nature des relations entre les membresde chaque groupe, doit Ă©galement faire l'objet d'une Ă©valuation. En outre, les au-diteurs doivent prĂȘter une attention toute particuliĂšre aux mesures rĂ©ellement misesen Ɠuvre pour le suivi des crĂ©dits en retard, pour vĂ©rifier notamment que l'informa-tion sur les impayĂ©s est rapidement dĂ©livrĂ©e aux agents de crĂ©dit, et que des visitesimmĂ©diates sont faites aux emprunteurs dĂ©faillants. Les institutions de microfinance

56 AUDIT EXTERNE DES INSTITUTIONS DE MICROFINANCE : GUIDE PRATIQUE, VOLUME 2

Lors de son Ă©valuation

au niveau des bureaux

locaux, l'auditeur

doit particuliĂšrement

vérifier que les

pratiques de crédit

de l'institution

de microfinance sont

conformes aux

politiques et procédures

qu'elle a définies

ENCADRÉ 6.3Exemples d’élĂ©ments de dossiers de prĂȘts Ă  tester

● Demande initiale indiquant toutes les parties impliquĂ©es dans un prĂȘt (autre queles prĂȘts individuels) avec tous les garants.

● Information sur le client et son activitĂ© indiquant la conformitĂ© aux Ă©lĂ©ments clĂ©sde la politique de crĂ©dit de l'institution.

● Analyse de la trĂ©sorerie indiquant les sources de remboursement probables (lorsquece point, ou un des points prĂ©cĂ©dents, comporte des calculs, l'auditeur doit vĂ©ri-fier ces calculs).

● Approbation par l'agent de crĂ©dit et par le comitĂ© ou le superviseur de crĂ©dit.● Document de crĂ©dit signĂ© (contrat de prĂȘt) stipulant les conditions de rembour-

sement et les taux d'intĂ©rĂȘt (plusieurs institutions de microfinance conservent lesoriginaux dans des coffres ignifuges plutĂŽt que dans les dossiers de prĂȘt des clients).

● Historique du crĂ©dit du client.● Documentation sur les mesures de suivi des clients dĂ©faillants.

Page 66: Audit externe des institutions de microfinance

OBTENTION DE LA PREUVE D’AUDIT : LE PORTEFEUILLE DE CRÉDITS 57

qui ne prennent pas de mesures agressives pour lutter contre les impayés ne sur-vivent généralement pas longtemps.

L'auditeur doit s'assurer que la direction de l'institution a bien compris que lestests que l'on vient d'Ă©numĂ©rer sont effectuĂ©s en tant que tests de procĂ©dures. LesproblĂšmes potentiels rencontrĂ©s au cours de la rĂ©alisation de ces tests limitĂ©s doi-vent ĂȘtre signalĂ©s dans la note Ă  la direction, et peuvent justifier la mise en Ɠuvrede contrĂŽles substantifs plus Ă©tendus que prĂ©vu initialement.

6.4.3 Tests de procĂ©dures Ă  travers les visites aux clientsLes auditeurs externes des banques commerciales ont l'habitude d'envoyer descourriers de confirmation aux clients. Mais la plupart des clients des institutionsde microfinance sont illettrĂ©s, et plus nombreux encore sont ceux qui n'ont pasaccĂšs aux services postaux. C'est pourquoi les auditeurs externes des institutionsde microfinance doivent localiser et contacter directement un Ă©chantillon declients. Les visites ont pour but de confirmer l'existence du client et de vĂ©rifierque les dĂ©tails relatifs au prĂȘt indiquĂ©s dans les dossiers sont effectifs et exacts.

Les visites aux clients, mĂȘme en tant que composante des tests de procĂ©dures, fontpartie intĂ©grante de l'audit d'une institution de microfinance. Suivant le degrĂ© defiabilitĂ© du travail effectuĂ© dans ce domaine par les auditeurs internes de l'institu-tion, ou le dĂ©partement des risques d'exploitation, la nĂ©cessitĂ© de visites aux clientspeut augmenter de façon significative les efforts et le coĂ»t de l'audit externe.

Les visites aux clients ne doivent pas ĂȘtre annoncĂ©es, sinon les agents de crĂ©-dit pourraient prĂ©parer les clients Ă  cette visite en leur indiquant comment dissi-muler d'Ă©ventuels problĂšmes.

Les questions qui doivent ĂȘtre abordĂ©es lors des visites sont Ă©numĂ©rĂ©es dans l'en-cadrĂ© 6.4. Cette liste nĂ©cessite d'ĂȘtre adaptĂ©e aux politiques et procĂ©dures dechaque institution. L'auditeur doit Ă©viter de poser des questions trop directes. Parexemple, il ne doit pas demander « rĂ©alisez-vous 50 $ de ventes chaque mois ? »mais plutĂŽt « Ă  combien se montent vos ventes chaque mois ? ». Ensuite, si la rĂ©-ponse du client est trĂšs Ă©loignĂ©e de ce qui est indiquĂ© dans le dossier de prĂȘt, ladiffĂ©rence devra faire l'objet d'une enquĂȘte.

Beaucoup d'entrepreneurs du secteur informel sont rĂ©ticents quand il s'agitde discuter franchement de leurs revenus avec des Ă©trangers. Si l'auditeur note desdiffĂ©rences entre l'information qu'il a obtenue des clients et celle figurant dans ledossier de prĂȘt, il devra exercer son jugement pour dĂ©terminer s'il existe vĂ©ritablementun problĂšme important.

Dans l'idĂ©al, la premiĂšre sĂ©rie de visites aux clients devra ĂȘtre faite au cours dutroisiĂšme trimestre de l'exercice, car leur objectif est de tester les contrĂŽles in-ternes. Les autres visites seront probablement nĂ©cessaires aprĂšs la fin de l'exercice,pour confirmer les soldes de clĂŽture.

La taille de l'Ă©chantillon pour la premiĂšre sĂ©rie de visites sera probablementplus rĂ©duite que pour la seconde, et doit ĂȘtre traitĂ©e comme pour tout autre test

Les visites aux clients,

mĂȘme en tant que

composante des tests de

procédures, font partie

intégrante de l'audit

d'une institution de

microfinance

Page 67: Audit externe des institutions de microfinance

de procédures (la définition de la taille de l'échantillon pour les contrÎles sub-stantifs de confirmation des soldes de clÎture est traitée dans le chapitre 6.5.1).

6.5 ContrĂŽles substantifs

Les contrÎles substantifs testent les soldes des comptes de crédits à la clÎture del'exercice, au moyen de contrÎles de détail et de procédures analytiques.

6.5.1 ContrÎles de détail

VISITES AUX CLIENTS ET ÉCHANTILLONNAGE

Pour tester le solde de fin d'exercice du compte de crédits, l'auditeur teste une sé-lection de crédits. Comme pour les tests de procédures, c'est l'auditeur plutÎt que

58 AUDIT EXTERNE DES INSTITUTIONS DE MICROFINANCE : GUIDE PRATIQUE, VOLUME 2

ENCADRÉ 6.4Exemples de points à soulever lors des visites aux clients

● Obtenir la confirmation de l'identitĂ© (il ou elle). Demander Ă  vĂ©rifier ses papiersd'identitĂ© s'il en a.

● Interroger le client sur les informations personnelles figurant dans le dossier de prĂȘt,en particulier sur les Ă©lĂ©ments qui ont fortement motivĂ© l'approbation du crĂ©dit.

● Interroger le client sur les informations relatives Ă  son activitĂ©, et sur d'autressources de trĂ©sorerie qui apparaissent dans le dossier de prĂȘt pour justifier la tailledu prĂȘt et des remboursements.

● Demander au client s'il a un crĂ©dit en cours avec l'institution.● Interroger le client sur sa comprĂ©hension du montant et des conditions du prĂȘt,

y compris sur l'échéancier et le montant des remboursements qu'il est supposéfaire. Inclure le détail de tout dispositif d'épargne obligatoire.

● Demander au client s'il a effectuĂ© des paiements en lien avec l'obtention du prĂȘt,ou tout autre paiement (par exemple, Ă  l'agent de crĂ©dit). L'objectif est de dĂ©tec-ter une fraude Ă©ventuelle.

● Interroger le client sur la comprĂ©hension qu'il a de sa propre comptabilitĂ© au ni-veau de l'encours de prĂȘt et de l'encours d'Ă©pargne.

● Demander au client s'il sait si son prĂȘt est Ă  jour, et si non, depuis combien detemps il est dĂ©faillant.

● VĂ©rifier le livret d'Ă©pargne du client, si cela est possible. L'auditeur doit examinerles dĂ©pĂŽts sur le livret et les reporter ensuite sur le grand livre de l'institution demicrofinance (ainsi que le rapport d'impayĂ©s, si le client n'est pas Ă  jour).

● Demander au client quel gage ou autre garantie il a fourni pour le crĂ©dit. DemanderĂ  voir − et Ă©ventuellement Ă  photographier − les garanties matĂ©rielles qui restenten sa possession.

● DĂ©terminer si les prĂȘts prĂ©cĂ©dents du client ont Ă©tĂ© totalement remboursĂ©s en ar-gent − ou plutĂŽt en utilisant le montant d'un nouveau crĂ©dit, par chĂšque, ou enfournissant une garantie matĂ©rielle. Comparer cette information Ă  celle figurantdans le systĂšme de suivi des crĂ©dits de l'institution de microfinance.

● Demander si un ou plusieurs proches du client ont des crĂ©dits en cours octroyĂ©spar l'institution.

Page 68: Audit externe des institutions de microfinance

la direction qui doit faire cette sélection, en constituant un échantillon à partir d'uneliste de crédits conforme au grand livre.

LĂ  encore, les visites surprises aux clients constituent un Ă©lĂ©ment essentiel descontrĂŽles de dĂ©tail. Comme indiquĂ© dans l'encadrĂ© 6.1, des problĂšmes sĂ©rieux,devant normalement ĂȘtre dĂ©celĂ©s au cours d'un audit annuel, peuvent rester indĂ©-tectĂ©s si l'on n'effectue pas un nombre adĂ©quat de visites aux clients.

La taille de l'échantillon relatif aux visites aux clients, pour l'évaluation dessoldes de fin d'exercice, est normalement supérieure à celle de l'échantillon pourles tests de procédures (encadré 6.5). Certains auditeurs rendent visite à 10 % desclients actifs. Il n'y a cependant pas de norme universelle concernant le pourcen-tage de la clientÚle à visiter. La taille de l'échantillon dépend du seuil de signifi-cation fixé et des conclusions de l'auditeur sur la fiabilité des contrÎles internes(conclusions fondées sur l'évaluation initiale du systÚme d'organisation du contrÎleinterne et sur les résultats des tests de procédures réalisés à un stade antérieur).

Si les tests de procédures ont révélé que l'institution a une unité d'audit interneopérationnel ou un département de risque d'exploitation fonctionnant bien (voirparagraphe 3.5), l'auditeur externe peut réduire le nombre de visites en s'appuyantsur le travail réalisé par cette unité.

POSTES D’AJUSTEMENT

Les institutions de microfinance traitent un grand nombre de crĂ©dits et, commeon l'a dĂ©jĂ  vu, la plupart des systĂšmes de suivi des crĂ©dits ne sont pas parfaite-ment intĂ©grĂ©s dans les systĂšmes de grand livre. C'est pourquoi il n'est pas rare deconstater des diffĂ©rences de rĂ©conciliation. Ces diffĂ©rences peuvent ou non ĂȘtre in-quiĂ©tantes.

Par exemple, de nombreux programmes de microfinance prĂ©voient que lesremboursements des clients soient dĂ©posĂ©s dans des banques, pour des raisons desĂ©curitĂ©. Comme les banques attendent gĂ©nĂ©ralement plusieurs jours avant d'en-voyer les documents relatifs aux remboursements perçus, les institutions de mi-crofinance peuvent requĂ©rir auprĂšs des clients une copie de l'attestation de dĂ©pĂŽtde remboursement. Une fois reçue cette copie de l'attestation, le systĂšme de suivides crĂ©dits enregistre le remboursement. Il en rĂ©sulte un dĂ©calage temporaire avecle systĂšme comptable, qui n'enregistre l'opĂ©ration qu'ultĂ©rieurement, quand labanque envoie sa copie de l'attestation de dĂ©pĂŽt. Cependant, lorsque cette attes-tation de la banque arrive, elle peut ĂȘtre incomplĂšte ou affectĂ©e Ă  un compte in-correct, de sorte que certains remboursements restent dans des comptes d'attentejusqu'Ă  ce qu'ils soient complĂštement soldĂ©s. Si, au bout d'un certain temps, ungrand nombre d'opĂ©rations s'accumulent dans des comptes d'attente non rigou-reusement contrĂŽlĂ©s, des distorsions majeures peuvent survenir, rĂ©vĂ©lant une fai-blesse du systĂšme de gestion des crĂ©dits Ă  laquelle il faut remĂ©dier.

Un autre problĂšme de rĂ©conciliation peut survenir lorsque le systĂšme de suivides crĂ©dits applique automatiquement des pĂ©nalitĂ©s de retard sous forme d'intĂ©rĂȘtspour les remboursements en retard, alors qu'en pratique l'institution ne les fait paspayer Ă  ses clients.

OBTENTION DE LA PREUVE D’AUDIT : LE PORTEFEUILLE DE CRÉDITS 59

Page 69: Audit externe des institutions de microfinance

60 AUDIT EXTERNE DES INSTITUTIONS DE MICROFINANCE : GUIDE PRATIQUE, VOLUME 2

ENCADRÉ 6.5Exemples de dĂ©finition de la taille de l’échantillon pour les visites aux clients

L'exemple simplifié ci-dessous montre comment définir la taille d'un échantillonpour l'évaluation du solde du compte de crédits en fin d'exercice par des visites auxclients. Il ne se veut en aucun cas normatif. Cet exemple se fonde sur les principesd'échantillonnage statistique représentatif. Pour des indications plus complÚtes, consul-ter des manuels d'audit et de statistique.

Supposons qu'une institution de microfinance a un total d'actif de 1 000 000 $,dont 900 000 $ d'encours brut de crédits. L'institution a 3 000 clients, dont le mon-tant moyen de crédit est de 300 $.

Si on utilise un seuil de signification Ă©gal Ă  1 %, et que la valeur de rĂ©fĂ©rence estle total de l'actif, alors le niveau de signification est de 1 % de 1 000 000 $, soit10 000 $. La taille de l'Ă©chantillon peut alors ĂȘtre calculĂ©e en divisant le solde decompte total par le niveau de signification (ou l'intervalle d'Ă©chantillonnage). Dansce cas, la taille de l'Ă©chantillon sera :

Solde de compte 900 000 $= = 90 sélections (3,3 % des clients de l'institution)

Intervalle d'Ă©chantillonnage 10 000 $

À condition qu'aucun crĂ©dit ne soit supĂ©rieur Ă  l'intervalle d'Ă©chantillonnage de10 000 $, les 90 sĂ©lections Ă©quivaudront Ă  90 crĂ©dits (3,3 % des clients de l'institu-tion). Ainsi, l'auditeur devra rendre visite Ă  au moins 90 clients.

La dĂ©finition du niveau de signification (ou de l'intervalle d'Ă©chantillonnage) doitdĂ©pendre de l'Ă©valuation que l'auditeur a faite de la fiabilitĂ© des contrĂŽles internes.Les cabinets d'audit n'ont pas tous la mĂȘme approche de cette Ă©valuation.

Par exemple, si l'auditeur a une grande confiance dans les contrĂŽles internes del'institution, le niveau de signification peut ĂȘtre portĂ© Ă  12 000 $ (soit 1,2 % de l'en-semble des actifs). La taille de l'Ă©chantillon dans ce cas sera :

Solde de compte 900 000 $= = 75 sélections (2,5 % des clients de l'institution)

Intervalle d'Ă©chantillonnage 12 000 $

Si l'auditeur ne peut pas se fier totalement aux contrĂŽles internes relatifs au soldedu compte de crĂ©dits − ce qui est la situation la plus plausible lors d'un audit d'ins-titution − le niveau de signification devra ĂȘtre rĂ©duit Ă  6 000 $ (soit 0,6 % des ac-tifs). La taille de l'Ă©chantillon est alors supĂ©rieure :

Solde de compte 900 000 $= = 150 sélections (5,0 % des clients de l'institution)

Intervalle d'Ă©chantillonnage 6 000 $

Si l'auditeur estime que les contrĂŽles internes de l'institution ne sont absolumentpas fiables, le niveau de signification devra ĂȘtre rĂ©duit Ă  4 500 $ (soit 0,45 % des ac-tifs). La taille de l'Ă©chantillon est :

Solde de compte 900 000 $= = 200 sélections (6,7 % des clients de l'institution)

Intervalle d'Ă©chantillonnage 4 500 $

Pour les institutions de microfinance dont la clientĂšle est rĂ©duite, les niveaux designification devront ĂȘtre plus bas pour obtenir le niveau requis de confiance statis-tique. Il existe inĂ©vitablement pour tout Ă©vĂ©nement un Ă©lĂ©ment subjectif dans l'Ă©va-luation des contrĂŽles internes et le choix des niveaux de signification, ce qui rend im-possible la recommandation de tailles d'Ă©chantillon spĂ©cifiques dans ce guide pratique.

L'auditeur externe

doit déterminer si les

différences de

réconciliation décelées

correspondent Ă  des

faiblesses systématiques

Page 70: Audit externe des institutions de microfinance

Lorsque l'institution calcule les intĂ©rĂȘts selon la mĂ©thode de l'amortissementdĂ©gressif, cette diffĂ©rence engendre souvent un petit solde d'impayĂ©s sur le princi-pal qui correspond aux pĂ©nalitĂ©s d'intĂ©rĂȘts non collectĂ©es. Ces diffĂ©rences peuventdemeurer non Ă©lucidĂ©es jusqu'Ă  ce que le crĂ©dit soit totalement remboursĂ© (sans lerecouvrement des intĂ©rĂȘts de pĂ©nalitĂ©) et supprimĂ© du systĂšme de suivi des crĂ©dits.

L'auditeur externe doit déterminer si les différences de réconciliation déceléescorrespondent à des faiblesses systématiques et à un problÚme majeur dans le fonc-tionnement des contrÎles internes, ou bien s'il ne s'agit que d'erreurs mineures ac-ceptables et inévitables pour tout volume important d'opérations.

Si les divergences sont suffisamment importantes pour ĂȘtre considĂ©rĂ©es comme si-gnificatives, l'auditeur doit demander Ă  la direction de les expliquer et de rĂ©concilierles comptes afin que l'audit puisse ĂȘtre poursuivi. Si la direction n'est pas en mesurede le faire, l'auditeur ne pourra pas exprimer une opinion sans rĂ©serve. MĂȘme si les di-vergences ne dĂ©passent pas le seuil de signification, elles peuvent ĂȘtre rĂ©vĂ©latrices d'unsĂ©rieux dĂ©calage entre les systĂšmes qui doit ĂȘtre mentionnĂ© dans la note Ă  la direction.

6.5.2 ProcĂ©dures analytiquesDu fait qu'une grande confiance est accordĂ©e aux contrĂŽles d'une institution, lesprocĂ©dures analytiques substantives sont des tests importants pour la fin de la pĂ©-riode comptable. L'auditeur externe doit considĂ©rer le solde du compte de crĂ©-dits Ă  la fin de cette pĂ©riode et le comparer avec le solde de crĂ©dits qui a Ă©tĂ© sou-mis aux tests de procĂ©dures. En outre, les donnĂ©es du portefeuille de crĂ©dits pourl'exercice en cours doivent ĂȘtre comparĂ©es Ă  celles des exercices prĂ©cĂ©dents. Lesfluctuations significatives doivent faire l'objet de discussions avec la direction.

L'auditeur peut aussi procĂ©der Ă  une classification des Ă©lĂ©ments du portefeuilleen les sĂ©parant par strates dans le cadre d'une analyse de tendance et de caractĂ©-ristiques. Les critĂšres de classification du portefeuille pourront ĂȘtre, par exemple,le type de crĂ©dit, le type de client ou d'activitĂ©, ou encore la localisation gĂ©ogra-phique. La comparaison de ces sous-populations et des tendances d'Ă©volution deleurs activitĂ©s ou soldes peut ĂȘtre analysĂ©e. Plus l'analyse est dĂ©taillĂ©e, et plus la pro-babilitĂ© que l'Ă©chantillonnage ait produit une image reprĂ©sentative du portefeuille,et qu'aucune anomalie significative ne subsiste, est Ă©levĂ©e.

6.6 Tests sur les intĂ©rĂȘts Ă  recevoir et le produit des intĂ©rĂȘts

Dans la mesure oĂč les intĂ©rĂȘts constituent la principale source de revenus d'uneinstitution de microfinance, ils doivent ĂȘtre testĂ©s consciencieusement.

6.6.1 IntĂ©rĂȘts Ă  recevoirSi l'institution comptabilise les intĂ©rĂȘts Ă  recevoir pour des raisons comptables, le soldedes intĂ©rĂȘts Ă  recevoir (Ă©chus mais non versĂ©s) doit ĂȘtre testĂ© de pair avec le solde des

OBTENTION DE LA PREUVE D’AUDIT : LE PORTEFEUILLE DE CRÉDITS 61

L'auditeur

doit déterminer si

l'institution de

microfinance stoppe la

comptabilisation

des intĂ©rĂȘts Ă  recevoir,

et annule les intĂ©rĂȘts

échus mais non payés,

pour les crédits dont le

recouvrement est

fortement improbable

Page 71: Audit externe des institutions de microfinance

comptes de crĂ©dits. L'auditeur externe doit comprendre les politiques de compta-bilisation des intĂ©rĂȘts Ă  recevoir de l'institution et juger si elles sont raisonnables. Ildoit en particulier dĂ©terminer si la politique de l'institution stoppe la comptabili-sation des intĂ©rĂȘts Ă  recevoir, et annule les intĂ©rĂȘts Ă©chus mais non payĂ©s, pour lescrĂ©dits dont le remboursement a un retard tel que le recouvrement des sommes duesest fortement improbable. Si l'auditeur juge la politique de comptabilisation desintĂ©rĂȘts Ă  recevoir et de contre-passation raisonnable, il doit vĂ©rifier qu'elle est ap-pliquĂ©e Ă  tous les crĂ©dits sans exception. En l'absence d'une politique saine et systĂ©-matiquement appliquĂ©e, le produit des intĂ©rĂȘts peut s'avĂ©rer fortement surestimĂ©.

6.6.2 Test du produit des intĂ©rĂȘtsLe produit des intĂ©rĂȘts doit Ă©galement ĂȘtre Ă©valuĂ© lors du test du portefeuille decrĂ©dits, de façon analytique ou par des tests de dĂ©tail.

La meilleure mĂ©thode est le recours Ă  un examen analytique, rĂ©alisĂ© en effec-tuant une estimation indĂ©pendante des revenus et en la comparant avec les soldesrĂ©els enregistrĂ©s par le client. Un des types d'examen analytique consiste Ă  com-parer le produit des intĂ©rĂȘts de la pĂ©riode en cours avec ceux de la pĂ©riode prĂ©cĂ©-dente, en prenant en compte les changements survenus dans le portefeuille − telsque la croissance − entre les deux pĂ©riodes. Il existe une procĂ©dure plus puissante,qui devrait ĂȘtre mise en Ɠuvre dans pratiquement tous les audits d'institutionsde microfinance, appelĂ©e analyse des Ă©carts de rendement, consistant Ă  comparer leproduit rĂ©el des intĂ©rĂȘts avec une estimation indĂ©pendante du rendement que de-vrait normalement produire le portefeuille sur la base des conditions de prĂȘt et dela taille moyenne du portefeuille sur la pĂ©riode.

En analysant les conditions des contrats de prĂȘts de l'institution de microfinance,l'auditeur peut dĂ©duire une valeur thĂ©orique du rendement des intĂ©rĂȘts − corres-pondant au montant des revenus que le portefeuille devrait produire si tous lesintĂ©rĂȘts Ă©taient payĂ©s Ă  temps et conformĂ©ment au contrat.

Ce rendement thĂ©orique doit ĂȘtre comparĂ© au montant du produit rĂ©el desintĂ©rĂȘts enregistrĂ© Ă  chaque pĂ©riode (pour ce faire les divers frais et commissionssur crĂ©dits pourront ĂȘtre soit intĂ©grĂ©s au produit des intĂ©rĂȘts, soit traitĂ©s Ă  part. Sile rendement thĂ©orique diffĂšre selon la taille des crĂ©dits accordĂ©s par l'institutionde microfinance, le calcul de la moyenne pondĂ©rĂ©e peut permettre une estima-tion globale du rendement. La comparaison entre rendement thĂ©orique et ren-dement rĂ©el doit ĂȘtre faite sur une base mensuelle, ou alors, si elle est effectuĂ©esur une base annuelle, se fonder sur une moyenne mensuelle de l'encours de crĂ©-dits). Cette analyse rĂ©vĂšle souvent un large Ă©cart entre le produit que devrait nor-malement gĂ©nĂ©rer l'institution et le produit rĂ©el. Par exemple, une institution quirecouvre ses crĂ©dits par des remboursements mensuels peut avoir un taux contrac-tuel effectif de 2,5 % de l'encours moyen par mois, alors que les intĂ©rĂȘts qu'elleperçoit rĂ©ellement ne se montent qu'Ă  1,5 % par mois.

Dans l'idĂ©al, l'analyse des Ă©carts de rendement doit ĂȘtre effectuĂ©e pour chaquetype de crĂ©dit. Cependant les systĂšmes d'information des institutions de micro-

62 AUDIT EXTERNE DES INSTITUTIONS DE MICROFINANCE : GUIDE PRATIQUE, VOLUME 2

Le rendement

thĂ©orique des intĂ©rĂȘts

sur l'encours doit

ĂȘtre comparĂ© avec le

produit réel des

intĂ©rĂȘts enregistrĂ©

Page 72: Audit externe des institutions de microfinance

finance permettent rarement une classification analytique du produit des intĂ©rĂȘtsen fonction des types de crĂ©dits. Lorsqu'une analyse par type de crĂ©dit est sou-haitable, il est plus pratique de la rĂ©aliser grĂące Ă  des contrĂŽles de dĂ©tail.

Cette analyse de l'écart de rendement doit normalement s'inscrire dans le cadrede l'évaluation des comptes de revenus. Elle est mentionnée ici car la principalecause d'un écart de rendement étant les impayés, ce test permet un recoupementdes données sur la qualité du portefeuille4.

D'autres situations peuvent Ă©galement contribuer Ă  gĂ©nĂ©rer un Ă©cart de ren-dement. Si une institution de microfinance se dĂ©veloppe trĂšs rapidement, le pro-duit des intĂ©rĂȘts peut ĂȘtre infĂ©rieur au rendement thĂ©orique parce qu'un largepourcentage de son portefeuille est composĂ© de nouveaux crĂ©dits dont le premierremboursement n'est pas encore Ă  Ă©chĂ©ance. Parfois, un Ă©cart de rendement s'ex-plique par une indication erronĂ©e du montant du solde de l'encours de crĂ©ditsdans le systĂšme comptable. Les erreurs commises au cours des annĂ©es prĂ©cĂ©dentespeuvent se reporter d'annĂ©e en annĂ©e, si le solde de l'encours de crĂ©dits est ac-tualisĂ© en ajoutant des dĂ©caissements et en soustrayant des remboursements etabandons de crĂ©ances, sans vĂ©rification indĂ©pendante.

Si l'auditeur n'est pas en mesure de rĂ©aliser une estimation analytique globaledu produit escomptĂ©, il est possible de rĂ©soudre la question de l'Ă©cart de rende-ment au moyen de contrĂŽles de dĂ©tail. Dans ce cas, on sĂ©lectionne un Ă©chantillonde prĂȘts et on recalcule le produit des intĂ©rĂȘts escomptĂ© pour la pĂ©riode sur la basedes termes des contrats de prĂȘt. Le montant du produit escomptĂ© est ensuite re-cherchĂ© dans le systĂšme afin de vĂ©rifier la concordance avec la balance gĂ©nĂ©rale.Lorsqu'un Ă©cart de rendement substantiel a Ă©tĂ© identifiĂ©, de tels contrĂŽles de dĂ©-tail permettent parfois de rĂ©vĂ©ler sa cause. Si l'auditeur choisit d'effectuer descontrĂŽles de dĂ©tail, ces contrĂŽles doivent couvrir la totalitĂ© de la pĂ©riode auditĂ©e.

Si ces contrÎles font apparaßtre un écart de rendement important, l'auditeurdevra en rechercher la cause et rédiger un rapport. S'il ne parvient pas à identifiercette cause, il devra l'indiquer clairement dans son rapport d'audit ou dans uneannexe aux états financiers.

6.7 Procédures convenues pour le portefeuille de crédits

L'annexe D fournit des exemples de procédures pour l'évaluation de deux élé-ments clés de la gestion de portefeuille : le rapport sur les impayés et la confor-mité aux politiques et procédures de crédit de l'institution de microfinance.Certaines des procédures présentées dans cette annexe peuvent coïncider aveccelles qui sont normalement conduites dans le cadre d'un audit annuel d'étatsfinanciers.

Le volume 1 de cet ouvrage conseille aux clients de discuter avec l'auditeurpour dĂ©terminer quelles procĂ©dures sont pertinentes pour une institution de mi-crofinance, et dans quelle mesure celles qui sont pertinentes doivent ĂȘtre incluesdans le cadre courant de l'audit d'Ă©tats financiers.

OBTENTION DE LA PREUVE D’AUDIT : LE PORTEFEUILLE DE CRÉDITS 63

AprĂšs discussion avec

l'auditeur, le client doit

décider s'il désire

inclure des procédures

convenues pour le

portefeuille de crédits

Page 73: Audit externe des institutions de microfinance

Une fois ces points clarifiĂ©s, le client doit dĂ©cider s'il souhaite inclure dans lecontrat des procĂ©dures convenues qui dĂ©passent l'Ă©tendue des travaux d'audit d'Ă©-tats financiers. De telles procĂ©dures peuvent ĂȘtre requises pour trois raisons :

● elles sont souhaitĂ©es par le client bien qu'elles ne s'inscrivent pas dans le cadrenormal des travaux d'audit ;

● elles sont rĂ©alisĂ©es dans le cadre normal des travaux d'audit, mais le client sou-haite qu'elles soient effectuĂ©es de maniĂšre plus approfondie − par exemple, enutilisant un Ă©chantillon plus large que celui que l'auditeur aurait normalementsĂ©lectionnĂ© ;

● elles ne diffĂšrent pas de celles rĂ©alisĂ©es dans le cadre normal des travaux d'au-dit, mais le client souhaite une documentation Ă©crite sur les contrĂŽles spĂ©ci-fiques effectuĂ©s et les rĂ©sultats obtenus, qui n'est normalement pas fourniedans le rapport d'audit d'Ă©tats financiers.

Notes

1. Les institutions de microfinance qui prĂ©voient de revaloriser leur systĂšme d'infor-mation de gestion et qui sont prĂȘtes Ă  y investir des efforts importants pourront consul-ter l'ouvrage de Charles Waterfield et Nick Ramsing, SystĂšmes d'information de gestion pourles institutions de microfinance − Guide pratique (traduction française, Paris : Gret, pour leCGAP, 1999).

2. Certaines des tĂąches dĂ©crites dans ce paragraphe pourront ĂȘtre effectuĂ©es plus effi-cacement par les auditeurs internes de l'institution. Ceux-ci ont gĂ©nĂ©ralement une meilleureconnaissance des Ă©lĂ©ments en jeu, et cette connaissance permet d'ordinaire une efficacitĂ©plus grande en ce qui concerne les opĂ©rations quotidiennes, la formation des agents de crĂ©-dit, et la conception des produits et des systĂšmes.

3. On trouvera une méthode de calcul des rendements théoriques dans le documentintitulé CGAP Occasional Paper 1, « Microcredit Interest Rates », qui est consultable sur

le site web du CGAP − http://www.cgap.org/occasional/occ1/occ1.htm − ou disponible en an-glais, français (Les taux d’intĂ©rĂȘt applicables aux microcrĂ©dits) ou espagnol au CGAP, 1818H Street N.W., Room Q 4022, Washington, DC 20433, USA.

4. Une mĂ©thode de calcul de l'impact d'un niveau donnĂ© d'impayĂ©s sur l'Ă©cart de ren-dement d'une institution de microfinance est donnĂ©e dans l'ouvrage de Martin Holtmannet Rochus Mommartz, Technical Guide for Analyzing the Efficiency of Credit-Granting Non-Gouvernmental Organizations (NGOs) (SaarbrĂŒcken : Verlag fĂŒr EntwicklungspolitikSaarbrĂŒcken GmbH, 1996).

64 AUDIT EXTERNE DES INSTITUTIONS DE MICROFINANCE : GUIDE PRATIQUE, VOLUME 2

Page 74: Audit externe des institutions de microfinance

CHAPITRE 7

OObbtteennttiioonn ddee llaa pprreeuuvvee dd’’aauuddiitt ::pprroovviissiioonnss ppoouurr ccrrĂ©Ă©aanncceess ddoouutteeuusseesseett aabbaannddoonnss ddee ccrrĂ©Ă©aanncceess

Ce chapitre donne des conseils pour évaluer la pertinence de la poli-tique de provisions pour créances douteuses d'une institution de mi-crofinance. Il traite également briÚvement de certaines questions re-latives à l'abandon de créances (dans le cas de crédits irrécouvrables).Les premiers paragraphes proposent des informations générales surces deux aspects, et les suivants portent sur les tests de procédures etles contrÎles substantifs correspondants.

7.1 L’importance des provisions pour crĂ©ances douteuses

Les provisions pour crĂ©ances douteuses inscrites dans les Ă©tats financiers des ins-titutions de microfinance sont souvent trĂšs inadaptĂ©es. Pourtant, les auditeurs ex-ternes Ă©mettent souvent des opinions sans rĂ©serve sur les Ă©tats financiers de cesinstitutions, sans avoir suffisamment approfondi − et encore moins Ă©valuĂ© −, leurpolitique de provisionnement. En 1996, Corposol, la plus grande institution demicrofinance colombienne, s'est retrouvĂ©e au bord de la faillite Ă  cause d'une dĂ©tĂ©-rioration de la qualitĂ© de son portefeuille qui avait Ă©tĂ© fortement sous-estimĂ©e lorsde l'audit annuel, effectuĂ© pourtant par la filiale d'un cabinet d'audit appartenantaux « Big Six ». Le montant de l'encours de crĂ©dits Ă©tabli dans les Ă©tats financiersde Corposol s'est avĂ©rĂ© surestimĂ© de plusieurs millions de dollars.

Tous les audits d'institution de microfinance doivent prĂ©voir une Ă©valuationconsciencieuse des provisions pour crĂ©ances douteuses. Sans un provisionnementadĂ©quat pour les pertes probables, l'encours de crĂ©dits du bilan peut ĂȘtre vĂ©rita-blement faussĂ©. En outre, le provisionnement pour crĂ©ances douteuses affecte di-rectement la rentabilitĂ© d'une institution de microfinance parce qu'il apparaĂźt sousle poste « dotation aux provisions pour crĂ©ances douteuses » dans le compte de rĂ©-sultat. Enfin, un provisionnement adaptĂ© pour crĂ©ances douteuses au bilan donneune bonne indication initiale sur la capacitĂ© de l'institution Ă  gĂ©rer l'aspect le plusrisquĂ© de son activitĂ© : les impayĂ©s.

La majeure partie de l'exposé qui suit est consacrée au provisionnement « scien-tifique », fondé sur une balance ùgée du portefeuille en cours et une analyse de la per-

65

Tous les audits

d'institution de

microfinance doivent

prévoir une évaluation

consciencieuse

des provisions pour

créances douteuses

Page 75: Audit externe des institutions de microfinance

formance historique des donnĂ©es du portefeuille des annĂ©es prĂ©cĂ©dentes. Les petitesinstitutions de microfinance auront intĂ©rĂȘt Ă  prĂ©fĂ©rer un systĂšme moins Ă©laborĂ©.Quelle que soit l'approche, l'essentiel est que la politique de provisionnement dĂ©-pende Ă  la fois de l'historique des pertes et de la situation actuelle du portefeuille.

Une petite institution peut simplement provisionner un pourcentage fixe deson encours, fondĂ© sur l'expĂ©rience globale des pertes des annĂ©es prĂ©cĂ©dentes.Parfois, un certain pourcentage de chaque crĂ©dit est provisionnĂ© au moment dudĂ©caissement. Dans ce cas, l'institution doit faire des vĂ©rifications occasionnellespour s'assurer que le montant cumulĂ© des provisions reste adaptĂ© au total de l'en-cours. Dans d'autres cas, les crĂ©dits ne sont pas provisionnĂ©s individuellement aumoment oĂč ils sont octroyĂ©s, mais les provisions sur l'ensemble du portefeuillesont rĂ©guliĂšrement ajustĂ©es de façon Ă  ĂȘtre maintenues Ă  un pourcentage adĂ©quat.

Lorsque ces mĂ©thodes simples sont utilisĂ©es, le pourcentage provisionnĂ© doitĂȘtre fondĂ© sur les taux historiques de pertes (du moins dans les cas oĂč l'institutionest suffisamment ancienne pour avoir des donnĂ©es historiques). C'est pourquoil'auditeur doit examiner la façon dont ces taux de pertes ont Ă©tĂ© dĂ©terminĂ©s. Lepourcentage de provisionnement doit se fonder sur les montants passĂ©s en pertechaque annĂ©e, par rapport Ă  l'encours de crĂ©dits moyen de l'annĂ©e. Cependant,comme on va le voir plus loin, de nombreuses institutions de microfinance n'ontpas une pratique d'abandon de crĂ©ances trĂšs volontariste ni cohĂ©rente. Dans ce cas,le pourcentage de provisionnement doit ĂȘtre liĂ©, non pas aux abandons de crĂ©ancesenregistrĂ©s, mais Ă  la part rĂ©elle des anciens crĂ©dits qui se sont avĂ©rĂ©s irrĂ©couvrables.

Une fois le taux historique de pertes approximativement estimĂ©, il faut aussiprendre en compte la situation courante du portefeuille pour dĂ©terminer le pro-visionnement. Si le niveau d'impayĂ©s actuel est supĂ©rieur Ă  ce qu'il a Ă©tĂ© dans lepassĂ©, le provisionnement doit ĂȘtre fixĂ© Ă  un niveau plus Ă©levĂ© que le taux histo-rique de pertes. Cela est Ă©galement vrai si l'institution de microfinance estimequ'un autre facteur (comme une crise Ă©conomique) est susceptible de rĂ©duire laprobabilitĂ© de recouvrement des crĂ©dits en cours.

La pertinence des méthodes de provisionnement dépend de la qualité du por-tefeuille de l'institution. Si les auditeurs externes estiment que les niveaux de re-tard et d'impayés sont réellement trÚs bas, il est moins important de procéder àdes évaluations approfondies et à l'ajustage minutieux du pourcentage de provi-sionnement de l'institution.

Les grandes institutions de microfinance, ou celles qui se préparent à une fortecroissance, doivent considérer l'approche plus scientifique du provisionnement,qui est habituelle dans le secteur bancaire. Cette approche nécessite de segmen-ter le portefeuille de crédits en classes d'ancienneté, c'est-à-dire en catégories, enfonction du nombre de jours de retard depuis le dernier remboursement, et dedéfinir ensuite un pourcentage de provisionnement différent pour chaque catégorie,en fonction du niveau de risque estimé.

Les catĂ©gories retenues doivent ĂȘtre dĂ©finies en fonction de la frĂ©quence deremboursement des crĂ©dits (disons hebdomadaire ou mensuelle) et des donnĂ©esclĂ©s du processus de suivi des crĂ©dits en retard. Par exemple, si le directeur d'agence

66 AUDIT EXTERNE DES INSTITUTIONS DE MICROFINANCE : GUIDE PRATIQUE, VOLUME 2

Page 76: Audit externe des institutions de microfinance

intervient dans le suivi aprĂšs 90 jours, cela peut constituer un point de repĂšre dansla balance ĂągĂ©e. Les crĂ©dits qui sont en retard, ne serait-ce que d'un jour, doiventĂȘtre impĂ©rativement distinguĂ©s des crĂ©dits sains. Un exemple de balance ĂągĂ©e, avecles pourcentages de provisionnement pour chaque classe d'anciennetĂ©, est donnĂ©dans la tableau 7.1. Dans cet exemple, le pourcentage de provisionnement est appli-quĂ© Ă  l'encours total des crĂ©dits de chaque catĂ©gorie (portefeuille Ă  risque) et pas seu-lement au montant des remboursements en retard.

Le pourcentage de provisionnement fixé pour chaque classe d'ancienneté dé-termine le total des provisions pour créances douteuses. Dans une institution demicrofinance agréée, la balance ùgée et les pourcentages de provisionnement sonthabituellement imposés par l'autorité réglementaire, de sorte que l'auditeur n'a qu'àvérifier si le provisionnement de l'institution est conforme à la réglementation.

Dans les institutions de microfinance non agrĂ©Ă©es, la mĂ©thode la plus couranteconsiste Ă  fonder les pourcentages de provisionnement sur une analyse historiquedes performances du portefeuille. Selon cette mĂ©thode, l'institution sĂ©lectionneune sĂ©rie de crĂ©dits d'une pĂ©riode antĂ©rieure, suffisamment reculĂ©e dans le tempspour que le rĂ©sultat final sur la majoritĂ© des crĂ©dits soit connu. Cette sĂ©rie de crĂ©-dits est segmentĂ©e selon la mĂȘme balance ĂągĂ©e que celle utilisĂ©e pour le porte-feuille actuel. Ensuite, l'institution dĂ©termine, pour chaque catĂ©gorie de cette sĂ©riehistorique, quel pourcentage des crĂ©dits n'a pas Ă©tĂ© recouvrĂ©. Ces pourcentagessont alors appliquĂ©s, dans les mĂȘmes catĂ©gories, pour le provisionnement du por-tefeuille actuel, Ă  moins qu'un changement important survenu dans le portefeuillene requiĂšre des pourcentages diffĂ©rents1.

La plupart des institutions de microfinance ne sont pas en mesure de produirece type d'analyse historique. Les donnĂ©es concernant les anciens crĂ©dits n'exis-tent plus, car de nombreuses institutions ont malheureusement l'habitude d'Ă©li-miner les prĂȘts du systĂšme d'information de gestion une fois recouvrĂ©s. Quand lesdonnĂ©es existent encore, il est souvent impossible de les convertir sous la formerequise pour l'analyse. Dans ce cas, les pourcentages de provisionnement de l'ins-titution sont gĂ©nĂ©ralement laissĂ©s Ă  l'apprĂ©ciation de la direction. L'auditeur peuttester ces pourcentages de provisionnement en sĂ©lectionnant un Ă©chantillon d'an-ciens crĂ©dits, afin de vĂ©rifier si les montants effectivement recouvrĂ©s sur ces crĂ©-dits correspondent aux estimations rĂ©alisĂ©es par l'institution.

Lorsque les donnĂ©es historiques de pertes ne sont pas disponibles, les institutions demicrofinance font parfois une estimation du provisionnement pour crĂ©ances douteusesen se fondant sur l'indicateur de « taux de recouvrement » qui divise les montants ef-fectivement perçus pendant une pĂ©riode donnĂ©e par les montants qui arrivent Ă  Ă©chĂ©anceselon les conditions du contrat de prĂȘt durant la mĂȘme pĂ©riode. Il est tentant de sup-poser qu'un taux de recouvrement de 97 %, par exemple, Ă©quivaut Ă  un taux de pertesannuel de 3 % de l'encours. Mais il s'agit d'une grave erreur, car c'est oublier : 1) quele taux de recouvrement est fondĂ© sur les montants dĂ©caissĂ©s, qui peuvent ĂȘtre pratiquementdeux fois supĂ©rieurs Ă  la valeur de l'encours apparaissant dans les comptes de l'insti-tution, et 2) que le montant des pertes indiquĂ© par le taux de recouvrement est pro-duit Ă  chaque cycle de crĂ©dit et non chaque annĂ©e. Pour une institution proposant des

OBTENTION DE LA PREUVE D’AUDIT : PROVISIONS POUR CRÉANCES DOUTEUSES ET ABANDONS DE CRÉANCES 67

La meilleure politique

de provisionnement

au monde ne saurait

produire des résultats

fiables si elle

est appliquée à une

information erronée

sur le portefeuille

TABLEAU 7.1Exemple de balance ùgéeavec provisionnementpour créances douteusescorrespondant

Situation Pourcentagedu crédit de provisionnement

Non rééchelonnéÀ jour 0Retard de 1 à 30 jours 10Retard de 31 à 90 jours 25Retard de 91 à 180 jours 50Retard de plus de 180 jours 100

RééchelonnéÀ jour 10Retard de 1 à 30 jours 25Retard de 31 à 90 jours 50Retard de plus de 90 jours 100

Page 77: Audit externe des institutions de microfinance

crédits à trois mois remboursés sur une base hebdomadaire, un taux de recouvrementcourant de 97 % équivaut à une perte de 22 % de l'encours moyen chaque année.

MĂȘme lorsque les auditeurs estiment que la politique de provisionnementd'une institution de microfinance est pertinente, ils doivent vĂ©rifier qu'elle estcorrectement mise en pratique.

Plus important encore, mĂȘme la meilleure politique de provisionnement aumonde ne saurait produire des rĂ©sultats fiables si elle est appliquĂ©e Ă  une informationerronĂ©e sur le portefeuille. Comme on l'a dĂ©jĂ  vu, la premiĂšre dĂ©marche de l'au-diteur doit consister Ă  vĂ©rifier l'exactitude de l'information du systĂšme de suivides crĂ©dits concernant les montants et les situations d'impayĂ©s.

7.2 La nécessité des abandons de créances

La plupart des institutions de microfinance n'ont pas de politique d'abandon decréances définie. Les abandons de créances sont souvent faits de façon non volon-tariste et arbitraire. Une institution de microfinance peut avoir le sentiment, sou-vent à tort, que reconnaßtre ouvertement un crédit comme une créance douteuserevient à envoyer aux agents de crédit et aux clients un message indiquant que l'ins-titution ne s'intéresse plus au recouvrement de cet encours de crédits. C'est pour-quoi l'institution préfÚre conserver le crédit en retard dans ses comptes. Commela plupart des institutions de microfinance sont des organisations à but non lucra-tif, et ne paient pas d'impÎts sur le revenu, elles ne sont pas concernées par les me-sures fiscales incitatives qui pourraient les encourager à l'abandon de créances.

Par exemple, au Guatemala, une institution a reportĂ© toutes ses crĂ©ances dou-teuses sur ses registres pendant des annĂ©es, faisant grimper l'indicateur de risquedu portefeuille Ă  prĂšs de 15 %. Ce qui signifie que 15 % de ses encours de crĂ©-dits Ă©taient considĂ©rĂ©s comme des crĂ©dits Ă  problĂšmes − parmi lesquels 9 sur 10avaient un retard de plus de 180 jours, donc Ă©taient peu susceptibles d'ĂȘtre re-couvrĂ©s. Si l'institution avait passĂ© en perte chaque annĂ©e tous les crĂ©dits ayant unretard supĂ©rieur Ă  180 jours, son taux de portefeuille Ă  risque n'aurait Ă©tĂ© que de1,5 %. Cependant, l'institution ne voulait pas corriger cette distorsion parce quecela aurait entraĂźnĂ©, d'un seul coup, une perte Ă©norme dans son compte de rĂ©sul-tat. Au lieu de cela, l'institution a continuĂ© d'Ă©viter de passer ses crĂ©ances douteusesen perte, surestimant ainsi ses produits et ses actifs, et faisant apparaĂźtre son por-tefeuille courant plus mauvais qu'il ne l'Ă©tait rĂ©ellement.

Lorsqu'une politique d'abandon de crĂ©ances a Ă©tĂ© dĂ©finie dans une institution,l'auditeur doit dĂ©terminer si elle est correcte. S'il n'existe en revanche aucune po-litique dans ce domaine, l'auditeur doit en proposer une. Cette politique doittenir compte du fait que, dans la plupart des pays pauvres, le recouvrement parvoie juridique de crĂ©dits de petite taille n'est pas rentable. Les institution de mi-crofinance peuvent engager une procĂ©dure judiciaire Ă  l'encontre de leurs clientsdĂ©faillants, mais les frais de justice dĂ©passent gĂ©nĂ©ralement le montant Ă  recouvrer,ce qui entraĂźne un recouvrement net nĂ©gatif. Les crĂ©dits doivent ĂȘtre passĂ©s en

68 AUDIT EXTERNE DES INSTITUTIONS DE MICROFINANCE : GUIDE PRATIQUE, VOLUME 2

Si une institution

de microfinance n'a

pas de politique

d'abandon de créance,

l'auditeur doit

en proposer une

Page 78: Audit externe des institutions de microfinance

OBTENTION DE LA PREUVE D’AUDIT : PROVISIONS POUR CRÉANCES DOUTEUSES ET ABANDONS DE CRÉANCES 69

perte lorsque la probabilité de recouvrement devient trÚs faible, ce qui arrive sou-vent bien avant que les recours légaux n'aient été épuisés.

En supposant que l'institution de microfinance ait une politique d'abandon decréances rationnelle, la question suivante est de savoir si celle-ci est correctementappliquée. Dans le cas d'une banque commerciale normale, l'auditeur externe ef-fectue un examen détaillé de chaque abandon de créances, le confrontant à la po-litique et aux réglementations en vigueur. Une telle approche ne serait probable-ment pas rentable dans le cadre d'un audit d'institution de microfinance ; on secontentera donc de tester un échantillon modeste de crédits passés en perte.

Tout audit des Ă©tats financiers d'une institution de microfinance doit inclureun examen des pratiques d'abandon de crĂ©ances. Cependant le caractĂšre signifi-catif de cette question, ainsi que la somme d'efforts Ă  y consacrer, dĂ©pendra de laqualitĂ© du portefeuille de l'institution. Dans les cas oĂč les impayĂ©s sont rĂ©elle-ment faibles, la question de l'abandon de crĂ©ances est moins significative pour lesĂ©tats financiers dans leur ensemble.

Les Ă©tats financiers auditĂ©s doivent toujours comporter une explication claireet prĂ©cise de la politique et des pratiques d'abandon de crĂ©ances et de provision-nement (voir annexe A). Lorsqu'aucune politique n'a Ă©tĂ© dĂ©finie, ou que l'audi-teur a des doutes quant Ă  sa pertinence, cela doit ĂȘtre notifiĂ© Ă  l'endroit appropriĂ©âˆ’ dans la note Ă  la direction, les Ă©tats financiers, ou mĂȘme dans l'opinion Ă©criteĂ©mise par l'auditeur, suivant la gravitĂ© et le caractĂšre significatif du problĂšme.

7.3 Tests de procédures

L'auditeur doit examiner de prĂšs le systĂšme comptable et le systĂšme d'informa-tion de suivi des crĂ©dits pour dĂ©terminer s'ils sont Ă  jour et exacts. Les tests deprocĂ©dures mis en Ɠuvre dans ce domaine doivent porter sur :

● l'exactitude du rapport sur les crĂ©dits en retard ;● les problĂšmes de versements calculĂ©s, c'est-Ă -dire le traitement des crĂ©dits qui

sont mis à jour par des moyens autres que le remboursement en argent de lasomme due (par exemple, par refinancement, restructuration, émission d'uncrédit parallÚle, remboursement par chÚque ou par dépÎt de garantie) ;

● le provisionnement pour crĂ©ances douteuses de l'institution de microfinance.

7.3.1 Exactitude du rapportL'auditeur externe doit tester l'exactitude du rapport sur les impayĂ©s, y comprisla balance ĂągĂ©e des crĂ©dits en retard. La plus grande partie de ce travail peut ĂȘtrefaite en lien avec les tests de procĂ©dures portant sur le portefeuille de crĂ©dits (voirchapitre 6).

Pour vérifier l'exactitude mathématique du rapport sur les impayés (balance ùgéecomprise), le calcul manuel peut s'avérer trÚs fastidieux. Si le rapport sur les im-

L'auditeur doit

examiner les politiques

et procédures de

l'institution en matiĂšre

de rééchelonnement

des crédits

Page 79: Audit externe des institutions de microfinance

payés de l'institution est produit par ordinateur, l'auditeur doit penser à le véri-fier en utilisant une technique d'audit assisté par ordinateur. Dans ce cas, lesdonnées du rapport sont chargées dans Lotus 1-2-3 ou dans Microsoft Excel. Enutilisant un logiciel SQL, comme ACL ou Easytrieve, l'auditeur peut, à partir del'information sur les impayés, recalculer les positions, re-établir la balance ùgée,et recalculer les dotations aux provisions pour créances douteuses nécessaires.

7.3.2 ProblÚmes de versements calculésLes rapports sur les impayés des institutions de microfinance présentent souventdes crédits comme sains, ou les traitent comme des crédits recouvrés, alors queles clients n'ont en fait pas versé l'argent correspondant aux remboursements dus(pour plus de détails sur ce sujet, voir les paragraphes 5.2.4 et 5.2.5 du volume 1et le paragraphe 6.5.1 de ce volume).

Lorsqu'un client est dĂ©faillant sur un crĂ©dit, la plupart des institutions rĂ©Ă©-chelonnent (restructurent) le crĂ©dit en ajoutant des intĂ©rĂȘts non payĂ©s au soldeprincipal et en crĂ©ant un nouvel Ă©chĂ©ancier de remboursement. Le crĂ©dit re-structurĂ© peut ĂȘtre prĂ©sentĂ© comme sain dans le rapport sur les impayĂ©s, ce qui donneune mauvaise indication de son niveau de risque rĂ©el. De toute Ă©vidence, un crĂ©-dit qui a Ă©tĂ© rĂ©Ă©chelonnĂ© prĂ©sente plus de risques de non-remboursement qu'uncrĂ©dit qui est remboursĂ© rĂ©guliĂšrement conformĂ©ment aux conditions du contrat.

L'auditeur doit examiner les politiques et procédures de l'institution en ma-tiÚre de rééchelonnement des crédits. Celles-ci doivent fournir des réponses clairesaux questions suivantes :

● Quelles conditions doivent ĂȘtre rĂ©unies pour justifier le rĂ©Ă©chelonnement ?● Combien de fois un client peut-il obtenir un rĂ©Ă©chelonnement de son crĂ©dit ?● À qui revient la responsabilitĂ© d'approuver un rĂ©Ă©chelonnement ?● Comment un crĂ©dit qui a Ă©tĂ© rĂ©Ă©chelonnĂ© est-il comptabilisĂ© ?● La comptabilisation du produit des intĂ©rĂȘts est-elle stoppĂ©e jusqu'au verse-

ment des remboursements consĂ©cutifs au rĂ©Ă©chelonnement ?● Un crĂ©dit rĂ©Ă©chelonnĂ© est-il automatiquement classĂ© dans la catĂ©gorie « sain » ou

existe-t-il une catégorie distincte pour signaler son niveau de risque plus élevé ?

Certaines institutions de microfinance interdisent tout simplement le rĂ©Ă©che-lonnement. Dans les institutions qui l'autorisent, les politiques et procĂ©dures doi-vent ĂȘtre suffisamment souples pour soutenir occasionnellement un client dans unesituation rĂ©ellement difficile, mais aussi suffisamment strictes pour prĂ©venir lesabus. De nombreuses institutions ont de sĂ©rieux problĂšmes d'impayĂ©s qui sontmasquĂ©s, dĂ©libĂ©rĂ©ment ou non, par un usage exagĂ©rĂ© du rĂ©Ă©chelonnement. Il n'estpas rare de trouver des cas oĂč 15 Ă  20 % (voire plus) de l'encours ont Ă©tĂ© rĂ©Ă©che-lonnĂ©s, alors que l'institution a apparemment un taux d'impayĂ©s trĂšs faible.

L'auditeur doit également vérifier si les politiques et procédures de rééche-lonnement sont correctement appliquées dans la pratique. C'est une tùche relati-vement simple si le rapport sur les impayés distingue ou signale les crédits qui ont

70 AUDIT EXTERNE DES INSTITUTIONS DE MICROFINANCE : GUIDE PRATIQUE, VOLUME 2

Les vérifications

sont plus difficiles Ă 

effectuer lorsque

le systĂšme de suivi des

crédits ne distingue pas

les crédits rééchelonnés

des autres crédits

Page 80: Audit externe des institutions de microfinance

OBTENTION DE LA PREUVE D’AUDIT : PROVISIONS POUR CRÉANCES DOUTEUSES ET ABANDONS DE CRÉANCES 71

été rééchelonnés, car il est alors facile de sélectionner un échantillon de créditsrééchelonnés pour évaluation. Cette derniÚre est en revanche plus difficile à réa-liser lorsque le systÚme de suivi des crédits ne distingue pas les crédits rééchelonnésdes autres crédits. Dans ce cas, l'auditeur a la possibilité de sélectionner un échan-tillon plus large de crédits présentés comme sains et d'examiner l'historique desremboursements pour identifier les cas de rééchelonnement (des détails sur lesprocédures à suivre dans ce type d'évaluation sont donnés dans l'annexe D).

Un autre problĂšme courant de versement calculĂ© est le remboursement d'uncrĂ©dit en retard par refinancement, c'est-Ă -dire qu'un nouveau crĂ©dit est accordĂ©au client dĂ©faillant pour rembourser son crĂ©dit en retard, ou par Ă©mission d'un crĂ©-dit parallĂšle dont le montant est utilisĂ© pour mettre Ă  jour le crĂ©dit en retard. LĂ encore, l'Ă©valuation est relativement simple si, et ce n'est pas souvent le cas, lesystĂšme de suivi des crĂ©dits de l'institution signale ces faits. Sinon, le seul moyenest de sĂ©lectionner un Ă©chantillon de crĂ©dits prĂ©sentĂ©s comme sains et de vĂ©rifierl'historique des remboursements sur les crĂ©dits antĂ©rieurs accordĂ©s au client.Lorsqu'il y a eu un problĂšme de remboursement ou mĂȘme un remboursementanticipĂ© sur un crĂ©dit antĂ©rieur, l'auditeur doit chercher Ă  en dĂ©terminer les rai-sons. Si l'institution ne conserve pas les donnĂ©es concernant les crĂ©dits antĂ©rieursdans le systĂšme d'information, cette procĂ©dure peut s'avĂ©rer extrĂȘmement lourde.

Les crĂ©dits sont parfois remboursĂ©s sous forme de chĂšques (dont des chĂšquespostdatĂ©s ou provenant de tiers) ou par le dĂ©pĂŽt de garanties matĂ©rielles commedes machines. Dans ce cas, le rapport sur les impayĂ©s peut prĂ©senter le crĂ©ditcomme sain, avant mĂȘme que le chĂšque ou la garantie n'aient Ă©tĂ© convertis en ar-gent. Le montant en question disparaĂźt du portefeuille de crĂ©dits et rĂ©apparaĂźtdans un autre compte, tel que crĂ©ances diverses ou immobilisations corporelles,oĂč il peut demeurer longtemps. L'actif peut ne jamais ĂȘtre converti en argentcomme le nĂ©cessiterait le remboursement total du crĂ©dit, mais les impayĂ©s ou laperte sur crĂ©ances induite ne sont pas signalĂ©s dans le systĂšme de suivi des crĂ©-dits. Cela pose particuliĂšrement problĂšme dans le cas de garanties matĂ©riellescomme les machines, car elles sont souvent vendues pour un montant infĂ©rieur Ă leur valeur de garantie. Si le systĂšme d'information ne met pas en Ă©vidence ce typede situations anormales, la recherche de leur Ă©ventuelle existence entraĂźne les com-plications que l'on a vues plus haut.

7.3.3 Les provisions pour créances douteuses Les questions associées au provisionnement pour créances douteuses sont détailléesdans le paragraphe 7.1. L'auditeur doit clairement identifier les politiques et procé-dures de l'institution de microfinance en la matiÚre (ou éventuellement leur ab-sence). Lorsque ces politiques sont claires, il doit déterminer si elles sont adé-quates, sans oublier leur cohérence vis-à-vis de l'historique des performances duportefeuille de l'institution.

AprÚs avoir évalué la politique de provisionnement de l'institution, l'auditeurdoit vérifier qu'elle est correctement appliquée en examinant un échantillon de cré-

Page 81: Audit externe des institutions de microfinance

dits, généralement en lien avec l'autre évaluation portant sur le portefeuille decrédits, traitée dans le chapitre 6.

7.4 ContrĂŽles substantifs

L'auditeur doit soumettre les pratiques de provisions et d'abandons de créancesde l'institution de microfinance à des contrÎles de détail et des procédures ana-lytiques.

7.4.1 ContrĂŽles de dĂ©tailÀ la fin de l'exercice, l'auditeur doit faire une sĂ©lection dĂ©taillĂ©e de crĂ©dits spĂ©ci-fiques en fonction du seuil de signification dĂ©fini pour l'institution. Cet Ă©chan-tillon de crĂ©dits doit ĂȘtre contrĂŽlĂ© afin de confirmer le solde des provisions pourcrĂ©ances douteuses Ă  la fin de l'exercice. Si les tests de procĂ©dure confirment quel'auditeur ne peut pas se fier aux contrĂŽles internes de l'institution sur les provi-sions pour crĂ©ances douteuses, l'Ă©chantillon sĂ©lectionnĂ© pour les contrĂŽles sub-stantifs devra ĂȘtre plus large. En outre, l'auditeur externe devra examiner un Ă©chan-tillon d'impayĂ©s d'anciens crĂ©dits, ou de crĂ©dits de l'annĂ©e prĂ©cĂ©dente, et dĂ©terminerla façon dont ces impayĂ©s sont traitĂ©s.

Dans le cadre des contrÎles de détail, l'auditeur doit tester tous les éléments duprovisionnement pour créances douteuses parmi lesquels :

● Provisions pour crĂ©ances douteuses en dĂ©but de pĂ©riode.● Nouvelles dotations aux provisions.● Abandons de crĂ©ances.● Provisions pour crĂ©ances douteuses en fin de pĂ©riode.

Lors de l'évaluation des abandons de créances, l'auditeur doit se poser les ques-tions suivantes :

● Pourquoi l'abandon de crĂ©ances a-t-il Ă©tĂ© nĂ©cessaire ?● Les emprunteurs ont-ils contractĂ© plusieurs crĂ©dits auprĂšs de l'institution ?● Qui a autorisĂ© l'abandon de crĂ©ances ?● L'autorisation est-elle en conformitĂ© avec la politique dĂ©finie ?● L'abandon de crĂ©ances a-t-il Ă©tĂ© correctement signalĂ© dans les comptes ?

7.4.2 ProcĂ©dures analytiquesDans le cas d'un audit de banque commerciale, les procĂ©dures analytiques sub-stantives se prĂȘtent bien Ă  l'Ă©valuation des provisions pour crĂ©ances douteuses.Ceci n'est pas toujours vrai pour les institutions de microfinance. Comme les crĂ©-dits des institutions de microfinance ont souvent moins d'un an et que les donnĂ©esrelatives aux crĂ©dits ne sont pas toujours fiables, les auditeurs peuvent rarement

72 AUDIT EXTERNE DES INSTITUTIONS DE MICROFINANCE : GUIDE PRATIQUE, VOLUME 2

L'auditeur doit

sélectionner un

échantillon de crédits

afin de confirmer

le solde des provisions

pour créances

douteuses Ă  la clĂŽture

de l'exercice

Page 82: Audit externe des institutions de microfinance

OBTENTION DE LA PREUVE D’AUDIT : PROVISIONS POUR CRÉANCES DOUTEUSES ET ABANDONS DE CRÉANCES 73

s'appuyer sur des analyses de tendance concernant les périodes précédentes pourétablir une prévision de la période auditée.

Si les analyses de tendance sont fiables, l'auditeur pourra établir des prévisionset tendances pour :

● le pourcentage d'abandons de crĂ©ances sur l'ensemble des crĂ©dits ;● les recouvrements ultĂ©rieurs de montants passĂ©s en perte, comme pourcentage

des abandons de crĂ©ances ou du total des crĂ©dits ;● les schĂ©mas d'impayĂ©s, y compris la balance ĂągĂ©e des crĂ©dits en retard, comme

pourcentage de l'encours, ou les concentrations d'impayés (par exemple paragence, par région ou par type de crédit).

On dĂ©cidera, pour chaque institution de microfinance, si ces procĂ©dures ana-lytiques valent la peine d'ĂȘtre mises en Ɠuvre.

7.5 Conformité aux lois et réglementations

Dans le cas d'institutions de microfinance agréées, les auditeurs doivent vérifierque les provisions pour créances douteuses sont conformes aux pourcentages deprovisions et autres dispositions imposées par les autorités réglementaires. Lorsqu'uneinstance de réglementation impose un pourcentage de provisions, celui-ci s'ac-compagne souvent d'une restriction sur le capital. Par exemple, en Amérique la-tine, certains organes de supervision des banques imposent des provisions pour tousles crédits ayant un retard supérieur à 90 jours, ainsi qu'une restriction sur le ca-pital d'un montant équivalent.

Note

1. Pour de plus amples informations sur les provisions pour créances douteuses et lesabandons de créances, voir le paragraphe 2.2.2 de l'ouvrage de Robert Peck Christen,Banking Services for the Poor : Managing for Financial Success (Somerville, Mass. : AccionInternational, 1997).

Page 83: Audit externe des institutions de microfinance

CHAPITRE 8

OObbtteennttiioonn ddee llaa pprreeuuvvee dd’’aauuddiitt ::ddiissppoonniibbiilliittĂ©Ă©ss eett ccoommpptteess aassssiimmiillĂ©Ă©ss

Les institutions de microfinance traitent et transfÚrent généralementleurs liquidités de façon assez informelle, ce qui fait des disponibi-lités et assimilés un solde de compte important dans le cadre d'unaudit externe. Ce chapitre donne des indications sur les pratiquesd'audit d'institutions de microfinance en matiÚre de décaissement etd'enregistrement des opérations en numéraire.

Les disponibilitĂ©s et comptes assimilĂ©s comprennent les avoirs en banque et les avoirsen caisse au siĂšge et dans les agences. De nombreuses institutions de microfinancemaintiennent des soldes de trĂ©sorerie relativement Ă©levĂ©s dans les agences pourconserver les liquiditĂ©s nĂ©cessaires au dĂ©caissement d'un grand nombre de petitscrĂ©dits. Si l'institution accepte les dĂ©pĂŽts d'Ă©pargne, les avoirs en caisse de l'agencedoivent ĂȘtre suffisants pour couvrir les retraits. L'absence de banques commer-ciales dans certaines rĂ©gions, l'impossibilitĂ© d'effectuer des virements Ă©lectroniques,et les problĂšmes de sĂ©curitĂ© qu'implique le transport de liquiditĂ©s contribuent Ă©ga-lement Ă  augmenter le niveau des avoirs en caisse. L'auditeur externe doit exami-ner attentivement les procĂ©dures et politiques de l'institution en matiĂšre de trai-tement et d'enregistrement des liquiditĂ©s, en particulier dans les opĂ©rations effectuĂ©espar les caissiers et aux guichets.

8.1 Risques potentiels d'exploitation

Dans le domaine des disponibilités et comptes assimilés, les principaux risquesd'exploitation pour une institution de microfinance sont le risque d'illiquidité etle risque de fraude.

8.1.1 Le risque d'illiquiditĂ©Le risque d'illiquiditĂ© peut ĂȘtre plus important pour les institutions de microfi-nance que pour les banques commerciales ou toute autre activitĂ©. En l'absence degaranties matĂ©rielles, la motivation des clients des institutions de microfinance Ă rembourser leurs crĂ©dits, est Ă©troitement liĂ©e Ă  leur espoir que de bonnes perfor-

Le risque d'illiquidité

peut ĂȘtre plus important

pour les institutions

de microfinance

que pour les banques

commerciales ou toute

autre activité

75

Page 84: Audit externe des institutions de microfinance

mances de remboursement seront récompensées par un accÚs facilité au renou-vellement de crédits. Lorsqu'une crise d'illiquidité oblige une institution à diffé-rer le renouvellement de crédits, l'information circule vite, et cela aboutit souventà d'importants impayés en série sur l'encours de crédits des autres clients.

La plupart des institutions de microfinance dépendent fortement du finance-ment des bailleurs de fonds. Or la taille et la fréquence des subventions octroyéespar ces bailleurs ne sont pas toujours adaptées aux besoins des institutions. Enoutre, les retards imprévus de décaissement des subventions sont courants et nefacilitent pas la planification des flux de trésorerie pour les institutions.

La plupart des bailleurs insistent pour que leurs fonds soient gĂ©rĂ©s dans uncompte bancaire exclusivement rĂ©servĂ© Ă  cet effet. Dans le cas de bailleurs mul-tiples, ou de projets diffĂ©rents financĂ©s par le mĂȘme bailleur, l'institution est obligĂ©ede gĂ©rer plusieurs comptes bancaires, ce qui complique encore davantage la ges-tion de ses liquiditĂ©s. Ainsi, une institution peut se retrouver face Ă  un problĂšmed'illiquiditĂ© mĂȘme lorsqu'elle a des avoirs, si les restrictions imposĂ©es par lesbailleurs l'empĂȘchent d'utiliser ces fonds pour subvenir Ă  ses besoins immĂ©diats.Il est quelquefois possible pour les institutions de microfinance de remĂ©dier Ă  cetype de difficultĂ©s en utilisant un systĂšme sophistiquĂ© de comptabilitĂ© par originedes fonds similaire Ă  la comptabilitĂ© par centre de coĂ»t.

La mauvaise circulation de l'information entre les agences de l'institution demicrofinance et le siĂšge peut Ă©galement compliquer la gestion des liquiditĂ©s. Ladirection doit obtenir des informations financiĂšres rĂ©guliĂšres de la part des agences,pour s'assurer que les soldes sont corrects et pour contrĂŽler la prĂ©sence Ă©ventuelled'activitĂ©s inhabituelles nĂ©cessitant une enquĂȘte.

Pour Ă©valuer le risque d'illiquiditĂ©, l'auditeur doit dĂ©terminer si l'institution main-tient des soldes de trĂ©sorerie prudents (qui peuvent ĂȘtre proportionnellement plusĂ©levĂ©s que dans d'autres activitĂ©s pour les raisons Ă©voquĂ©es plus haut) et si l'insti-tution est dotĂ©e d'un systĂšme adĂ©quat de projection des emplois et ressources detrĂ©sorerie. Si l'auditeur dĂ©cĂšle des faiblesses Ă©videntes, il doit en faire mentiondans la note Ă  la direction. ParallĂšlement, l'institution doit bien comprendre quel'auditeur n'est pas responsable de l'exactitude des projections sur l'avenir.

8.1.2 Le risque de fraudeLa fraude, interne et externe, ainsi que le vol sont des risques importants pourles institutions de microfinance. La plupart des systĂšmes de sĂ©curitĂ© des institu-tions sont peu sophistiquĂ©s. L'absence de vigiles ou de camĂ©ras de sĂ©curitĂ© dansles agences expose particuliĂšrement les institutions aux vols. Une fois qu'une ins-titution a Ă©tĂ© identifiĂ©e comme une cible facile, les vols peuvent se rĂ©pĂ©ter tantque des mesures de sĂ©curitĂ© drastiques n'ont pas Ă©tĂ© prises − des mesures qui in-duisent souvent des changements radicaux dans les procĂ©dures de rembourse-ment. L'auditeur externe doit s'enquĂ©rir des Ă©ventuels problĂšmes de vol ren-contrĂ©s par l'institution.

76 AUDIT EXTERNE DES INSTITUTIONS DE MICROFINANCE : GUIDE PRATIQUE, VOLUME 2

L'auditeur doit

chercher à déterminer

si le systĂšme

d'organisation du

contrĂŽle interne

favorise la fraude ou

la collusion

Page 85: Audit externe des institutions de microfinance

La fraude interne peut prendre la forme suivante : des guichetiers « emprun-tent » des fonds dans leur caisse et falsifient leur compte caisse Ă  la fin de la journĂ©e,parfois de connivence avec les responsables de l'agence. Les institutions qui char-gent les agents de crĂ©dit de collecter les remboursements doivent mettre en placedes contrĂŽles stricts des liquiditĂ©s afin de garantir l'enregistrement et la rĂ©affecta-tion rapide des montants collectĂ©s. Les institutions de microfinance doivent aussifaire face Ă  la fraude externe − par exemple une personne se faisant passer pour unclient peut utiliser un livret d'Ă©pargne volĂ© pour effectuer un retrait.

MĂȘme si la fraude potentielle sur les opĂ©rations de trĂ©sorerie ne peut jamais at-teindre des sommes trĂšs Ă©levĂ©es dans une institution de microfinance, la rĂ©pĂ©ti-tion de ce type d'agissements finit par crĂ©er de rĂ©els problĂšmes. La rĂ©pĂ©titiond'actes frauduleux rĂ©sulte gĂ©nĂ©ralement de contrĂŽles internes laxistes. L'auditeurdoit chercher Ă  dĂ©terminer si le systĂšme d'organisation du contrĂŽle interne favo-rise la fraude ou la collusion. Si les contrĂŽles sont inadaptĂ©s, l'auditeur doit lementionner dans la note Ă  la direction.

8.2 Risques d'audit potentiels

L'une des causes principales du risque liĂ© au contrĂŽle est l'absence d'une sĂ©para-tion nette des tĂąches relatives aux opĂ©rations de trĂ©sorerie. L'employĂ© qui mani-pule les liquiditĂ©s ne doit pas ĂȘtre responsable de l'enregistrement ni de la rĂ©con-ciliation de ces flux sur le grand livre. Les guichetiers peuvent remplir leurs propresbordereaux de trĂ©sorerie, mais un employĂ© indĂ©pendant doit effectuer un contrĂŽlede caisses chaque soir pour s'assurer que les soldes enregistrĂ©s sont exacts.Nombreuses sont les institutions qui ne disposent pas de suffisamment de per-sonnel pour sĂ©parer ces tĂąches. Dans ce cas, le dĂ©partement d'audit interne doitrĂ©guliĂšrement vĂ©rifier les opĂ©rations au niveau des agences.

8.3 Tests de procédures

L'auditeur doit effectuer trois types de tests de procédures sur le poste disponibi-lités et comptes assimilés.

8.3.1 Test de séparation des tùchesL'auditeur doit examiner la séparation des tùches ou des contrÎles internes pour lesopérations de trésorerie. Ceci implique de déterminer si la manipulation et l'enre-gistrement des liquidités, dans les agences et au siÚge, sont effectués par des personnesdifférentes. Cependant, comme cela a déjà été constaté, dans les institutions sou-mises à des contraintes de ressources il peut n'y avoir qu'une seule personne res-ponsable à la fois du traitement et de l'enregistrement des liquidités (cette situation

OBTENTION DE LA PREUVE D’AUDIT : DISPONIBILITÉS ET COMPTES ASSIMILÉS 77

L’auditeur doit tester

les procédures de

contrĂŽle des flux de

trésorerie

Page 86: Audit externe des institutions de microfinance

doit ĂȘtre prise en compte lors de l'Ă©valuation, non seulement des opĂ©rations de trĂ©-sorerie, mais aussi de l'encours de crĂ©dits et des soldes de comptes de dĂ©pĂŽt).

Si l'institution a des auditeurs internes, leur travail doit ĂȘtre pris en considĂ©-ration lors des Ă©valuations des contrĂŽles sur les disponibilitĂ©s. Le dĂ©partementd'audit interne doit rĂ©guliĂšrement effectuer des contrĂŽles de caisse Ă  l'improviste.Ces dĂ©comptes doivent ĂȘtre examinĂ©s et contrĂŽlĂ©s par l'auditeur externe. S'iln'existe pas de dĂ©partement d'audit interne ou si les procĂ©dures de contrĂŽle decaisse ne sont pas effectuĂ©es, l'auditeur externe doit s'en charger lui-mĂȘme et men-tionner cette lacune dans la note Ă  la direction.

8.3.2 Test du flux de trésorerie dans l'organisationL'auditeur doit tester les procédures de contrÎle des flux de trésorerie (y compris lesdécaissements et les reçus) au sein de l'institution et au niveau des agences et du siÚge.

En outre, les institutions utilisent des comptes « inter-agences » qui compor-tent des soldes « dĂ» Ă /Ă  recevoir de » pour les transferts entre agences. Ces comptesdoivent ĂȘtre rĂ©conciliĂ©s, au moins Ă  chaque fin de mois. L'auditeur doit vĂ©rifierque ces rĂ©conciliations sont effectuĂ©es et doit les tester.

8.3.3 Test des procĂ©dures de rapprochement bancaireEnfin, l'auditeur doit tester les procĂ©dures de rĂ©conciliation entre comptes de l'ins-titution de microfinance et autres Ă©tablissements financiers. Il doit prĂȘter parti-culiĂšrement attention Ă  l'examen des relevĂ©s de compte et des soldes de rappro-chement concernant des montants importants, si il y a lieu. Les grands postesd'ajustement n'ont normalement pas de raison d'ĂȘtre Ă  moins que d'importantstransferts de disponibilitĂ©s ne surviennent Ă  la fin de la pĂ©riode.

Généralement, si les agences dépendent de bureaux régionaux, les rapproche-ments bancaires sont effectués par les comptables régionaux et vérifiés par le siÚge.L'auditeur doit tester ces procédures de vérification.

8.4 ContrĂŽles substantifs

Il est difficile de mettre en Ɠuvre des procĂ©dures analytiques pour les comptes detrĂ©sorerie des institutions de microfinance. L'auditeur doit effectuer des contrĂŽlesde dĂ©tail sur les avoirs en banque et les encaisses. En ce qui concerne les avoirs enbanque, l'auditeur doit demander Ă  l'institution de prĂ©parer des attestations ban-caires pour tous les comptes maintenus dans d'autres banques Ă  la fin de la pĂ©riodecomptable. Ces attestations doivent porter le nom et le numĂ©ro du compte etconfirmer l'information sur les soldes Ă  la date indiquĂ©e. Toute la correspondance− demandes d'attestations et rĂ©ponses − doit circuler directement entre les banqueset l'auditeur, sans intermĂ©diaire. Chaque compte courant doit faire l'objet d'unrapprochement entre les relevĂ©s bancaires et le grand livre de l'institution. Tous les

78 AUDIT EXTERNE DES INSTITUTIONS DE MICROFINANCE : GUIDE PRATIQUE, VOLUME 2

Page 87: Audit externe des institutions de microfinance

postes d'ajustement doivent ĂȘtre expliquĂ©s et, s'ils sont significatifs, l'auditeur doitdemander Ă  consulter la documentation. Tous les relevĂ©s bancaires, Ă  dater de lafin de la pĂ©riode comptable jusqu'Ă  la fin de l'audit sur place, doivent ĂȘtre de-mandĂ©s et contrĂŽlĂ©s. Le contrĂŽle des relevĂ©s bancaires postĂ©rieurs peut permettred'identifier des dettes non enregistrĂ©es.

En ce qui concerne les avoirs en caisse, l'auditeur doit contrĂŽler les documentsrelatifs aux contrĂŽles de caisse effectuĂ©s Ă  l'improviste. À la fin de la pĂ©riode comp-table, les avoirs en caisse doivent ĂȘtre comptabilisĂ©s par une personne qui n'estpas impliquĂ©e dans les opĂ©rations quotidiennes de l'agence. Les transferts entreagences doivent ĂȘtre examinĂ©s et rĂ©conciliĂ©s avec le grand livre. Un examen descomptes d'attente de trĂ©sorerie doit ĂȘtre rĂ©alisĂ© si ceux-ci sont frĂ©quemment uti-lisĂ©s et font l'objet d'une balance ĂągĂ©e, ou si l'auditeur ne parvient pas Ă  rĂ©conci-lier Ă©tats bancaires et comptes de trĂ©sorerie. Une fois les soldes de trĂ©sorerie au-ditĂ©s, l'auditeur externe doit s'assurer que les disponibilitĂ©s n'ont pas Ă©tĂ© surestimĂ©eset qu'elles ont Ă©tĂ© correctement Ă©tablies dans les Ă©tats financiers.

Enfin, s'il n'y a ni sĂ©paration des tĂąches, ni contrĂŽles internes adĂ©quats, l'au-diteur doit Ă©tendre ses contrĂŽles Ă  l'examen du registre des remboursements enretard : c'est-Ă -dire vĂ©rifier que ces remboursements ont Ă©tĂ© effectivement versĂ©s(Ă  l'agent de crĂ©dit), en rendant visite aux clients en retard et en s'informant dumontant restant dĂ» sur leur crĂ©dit et des remboursements effectuĂ©s Ă  ce jour. Cesvisites peuvent ĂȘtre faites en mĂȘme temps que celles ayant pour but de contrĂŽlerle solde de l'encours de crĂ©dits (voir le chapitre 6).

OBTENTION DE LA PREUVE D’AUDIT : DISPONIBILITÉS ET COMPTES ASSIMILÉS 79

L'auditeur doit

effectuer des contrĂŽles de

détail sur les avoirs en

banque et les encaisses

Page 88: Audit externe des institutions de microfinance

CHAPITRE 9

OObbtteennttiioonn ddee llaa pprreeuuvvee dd’’aauuddiitt ::lleess ffoonnddss pprroopprreess

Ce chapitre aborde quelques-uns des problÚmes spécifiques qui peu-vent se poser lors de l'audit des fonds propres d'une institution de mi-crofinance.

La composition de la partie du bilan consacrĂ©e aux fonds propres d'une institu-tion de microfinance dĂ©pend du statut juridique de l'institution. Dans le cas d'uneinstitution ayant le statut d'organisation Ă  but non lucratif, l'actif net de l'insti-tution est gĂ©nĂ©ralement considĂ©rĂ© comme ses ressources, et est formĂ© d'un en-semble de subventions cumulĂ©es et de bĂ©nĂ©fices ou pertes mis en rĂ©serves. Cesressources ne peuvent pas ĂȘtre distribuĂ©es Ă  des personnes privĂ©es. La rĂ©glemen-tation ou le statut de l'organisation prĂ©voit ce qu'il advient de ces ressources dansle cas d'une dissolution. Une institution de microfinance ayant le statut de so-ciĂ©tĂ© anonyme prĂ©sente en revanche des comptes de fonds propres classiques, re-flĂ©tant les droits des actionnaires sur la sociĂ©tĂ©.

Les exigences formulĂ©es par les bailleurs de fonds peuvent influencer le traite-ment des comptes de fonds propres. Une subvention non conditionnelle ne faitqu'augmenter les ressources de l'institution. Mais certains bailleurs font des sub-ventions conditionnelles, prĂ©voyant le remboursement en cas d'Ă©vĂšnements spĂ©-cifiques. L'institution peut enregistrer une subvention conditionnelle comme unedette jusqu'Ă  ce que la condition soit levĂ©e, soit par l'expiration de l'accord deprojet, soit par la notification Ă©crite du bailleur indiquant que les fonds ne sontplus soumis Ă  condition. À ce moment-lĂ , la subvention est inscrite dans le comptede fonds propres.

Certains bailleurs exigent que l'institution ajuste ses bĂ©nĂ©fices de sorte Ă  faire ap-paraĂźtre de façon implicite la subvention du bailleur sous la forme d'un taux d'intĂ©rĂȘtinfĂ©rieur au taux du marchĂ©. Ce qui signifie que l'institution doit enregistrer une chargesupplĂ©mentaire sur son compte de rĂ©sultat, et une entrĂ©e correspondante dans uncompte de capital sĂ©parĂ© qui reflĂšte la subvention. Certaines institutions font d'elles-mĂȘmes apparaĂźtre dans leurs Ă©tats financiers cette forme de capitalisation, et doi-vent ĂȘtre autorisĂ©es Ă  continuer ainsi si les normes locales le permettent.

Dans la plupart des pays ayant connu une forte inflation, on requiert des ins-titutions de microfinance qu'elles utilisent une comptabilité d'inflation, qui réduitles produits et les bénéfices mis en réserves pour tenir compte de la perte de va-

81

L'institution

peut enregistrer une

subvention

conditionnelle comme

une dette jusqu'Ă  ce que

la condition soit levée

Page 89: Audit externe des institutions de microfinance

leur réelle des actifs financiers due à l'inflation. Dans d'autres pays, certaines ins-titutions adoptent volontairement cette méthode. Si les états financiers de l'ins-titution auditée présentent de tels ajustements, l'auditeur doit vérifier les calculsqui s'y rapportent.

Certaines institutions fournissent des informations financiÚres à des bases dedonnées sectorielles ou des agences de notation sous une forme permettant la miseen évidence des effets de l'inflation et les différents types de subventions dans leursrésultats financiers. Les bailleurs de fonds demandent de plus en plus à obtenir cetype d'information. Les auditeurs externes doivent se référer à l'annexe A, dans la-quelle il est vivement recommandé que ce type d'information apparaisse dans lesétats financiers des institutions ou dans leurs annexes. Ces ajustements sont im-portants pour deux raisons :

● ils permettent une comparaison pertinente des performances d'institutions opĂ©-rant dans des pays diffĂ©rents, ou avec des structures de financement diffĂ©rentes ;

● ils permettent aux analystes de juger de la capacitĂ© potentielle d'une institu-tion Ă  accroĂźtre ses activitĂ©s en utilisant des ressources non subventionnĂ©es.

Lorsque les normes comptables ne permettent pas l'introduction de ces ajuste-ments dans le corps principal des Ă©tats financiers, ils doivent ĂȘtre prĂ©sentĂ©s dans lesannexes de ces Ă©tats. Quelle que soit la localisation de cette information, l'auditeurexterne a la charge de vĂ©rifier qu'elle ne comporte aucune erreur significative.

9.1 Les risques d'exploitation potentiels

Les deux principaux risques d'exploitation liés aux comptes de fonds propres desinstitutions de microfinance sont le risque fiduciaire et le risque réglementaire.

9.1.1 Le risque fiduciaireLes capitaux d'une institution de microfinance prĂ©sentent un risque fiduciaireparce que les bailleurs exigent souvent que leurs fonds soient sĂ©parĂ©s des autres fondset activitĂ©s de l'institution. Par exemple, si un bailleur de fonds restreint l'affec-tation de ses fonds Ă  des programmes Ă©ducatifs ou des programmes de crĂ©dits spĂ©-cifiques, l'institution doit distinguer ces fonds Ă  la fois dans ses comptes de trĂ©-sorerie et ses fonds propres grĂące Ă  un systĂšme de comptabilitĂ© par origine desfonds. Si l'institution ne respecte pas les exigences du bailleur, elle risque de ne plusĂȘtre financĂ©e dans l'avenir par ce bailleur et peut mĂȘme avoir l'obligation lĂ©galede rembourser les fonds dĂ©jĂ  reçus.

9.1.2 Le risque réglementaireLe risque réglementaire en matiÚre de capitaux est élevé pour les institutions quisont soumises à la réglementation des autorités financiÚres, généralement les ins-

82 AUDIT EXTERNE DES INSTITUTIONS DE MICROFINANCE : GUIDE PRATIQUE, VOLUME 2

Les Ă©tats financiers

des institutions de

microfinance doivent

contenir l'information

nécessaire au calcul

des ajustements liés à

l'inflation et aux

subventions

Page 90: Audit externe des institutions de microfinance

titutions qui acceptent les dépÎts. Pratiquement tous les organes de contrÎle im-posent des niveaux de capitaux et des ratios d'adéquation des fonds propres mi-nimums pour favoriser la sécurité et la santé des institutions. En outre, il est sou-vent demandé aux établissements réglementés de mettre en réserve un certainpourcentage de leur surplus de capital (bénéfices non distribués). Le non-respectde ces recommandations peut avoir de graves conséquences, allant jusqu'à la fer-meture de l'institution.

9.2 Tests de procédures

Lors de l'évaluation des comptes de fonds propres d'une institution, l'auditeurexterne doit examiner les procédures de contrÎle relatives à :

● l'autorisation du conseil d'administration pour toutes les opĂ©rations de capi-taux non rĂ©currentes ;

● la classification des ressources affectĂ©es et non affectĂ©es ;● la conformitĂ© Ă  d'autres exigences imposĂ©es par les bailleurs dans leurs accords ;● le respect des lois et rĂ©glementations relatives Ă  l'adĂ©quation des fonds propres,

y compris le calcul des exigences réglementaires sur la constitution de fondspropres.

9.3 ContrĂŽles substantifs

Lors de l'audit des comptes de fonds propres des états financiers, les auditeursdoivent examiner les bénéfices de l'année en cours ou les pertes enregistrées dansle report à nouveau, et les autres contributions en capital faites par des bailleursou des actionnaires.

L'auditeur externe doit demander Ă  l'institution de prĂ©parer un calendrier quidĂ©bute avec les soldes d'ouverture de fonds propres et dĂ©taille toutes les opĂ©ra-tions effectuĂ©es pendant l'exercice. Les soldes de clĂŽture figurant sur le calendrierdoivent ĂȘtre conformes aux donnĂ©es du bilan.

Certaines institutions enregistrent les subventions directement dans les fondspropres sans les faire passer dans le compte de rĂ©sultat. En outre, de nombreusesinstitutions convertissent les prĂȘts Ă  long terme des bailleurs en fonds propres sansrendre compte de l'opĂ©ration dans le compte de rĂ©sultat. Si les principes comp-tables locaux autorisent ces pratiques, l'auditeur externe doit s'assurer qu'elles sontmentionnĂ©es et clairement explicitĂ©es dans les annexes des Ă©tats financiers.

L'auditeur externe doit effectuer des contrĂŽles de dĂ©tail sur les opĂ©rations liĂ©esaux capitaux. Étant donnĂ© l'importance que revĂȘtent les comptes de fonds propres,les techniques d'Ă©chantillonnage sont rarement utilisĂ©es : le contrĂŽle doit portersur l'ensemble des opĂ©rations.

OBTENTION DE LA PREUVE D’AUDIT : LES FONDS PROPRES 83

Page 91: Audit externe des institutions de microfinance

CHAPITRE 10

OObbtteennttiioonn ddee llaa pprreeuuvvee dd’’aauuddiitt ::ddeetttteess àà ccoouurrtt tteerrmmee eett cchhaarrggeess àà ppaayyeerr

Les institutions de microfinance sont susceptibles de sous-estimer lesdettes à court terme et charges à payer, parce qu'elles n'ont générale-ment pas de politiques bien définies, ou les appliquent de façon in-cohérente, et ont des activités décentralisées. Ce chapitre fournit desindications sur les procédures permettant de déceler les erreurs dansce domaine.

Si les dettes à court terme et charges à payer ne sont généralement pas des do-maines de risques majeurs pour les banques commerciales, elles le sont en revanchedavantage pour les institutions de microfinance qui n'ont pas de politiques biendéfinies ou ne les appliquent pas de façon cohérente.

Les problÚmes liés aux dettes à court terme s'expliquent par le fait que les ins-titutions de microfinance décentralisent leurs activités. Les problÚmes de com-munication ou de systÚme d'information de gestion peuvent conduire à l'enre-gistrement d'acquisitions par les agences dans une période incorrecte, créant ainsiune erreur de « rattachement ».

Les institutions n’utilisent pas toutes la comptabilitĂ© d'engagement. Beaucouputilisent la comptabilitĂ© de caisse. D'autres ont une approche plus conservatriceconsistant Ă  comptabiliser les charges Ă  payer mais pas les intĂ©rĂȘts Ă  recevoir. Ence qui concerne les charges Ă  payer, les problĂšmes peuvent survenir au niveau :

● de la comptabilisation des charges d'intĂ©rĂȘts Ă  payer ;● de l'ajustement des charges d'intĂ©rĂȘts aux dĂ©valuations monĂ©taires ;● de la comptabilisation des charges salariales Ă  payer.

Les charges d'intĂ©rĂȘts Ă  payer sont gĂ©nĂ©ralement liĂ©es Ă  un emprunt commer-cial de l'institution ou aux intĂ©rĂȘts dus aux dĂ©posants. Il arrive que, dans certainesinstitutions, les charges d'intĂ©rĂȘts Ă  payer ne soient pas calculĂ©es correctement.Dans le cas d'emprunts commerciaux, l'auditeur externe doit dĂ©terminer, en se fon-dant sur les conditions de l'emprunt et le taux annoncĂ©, ce qui reste dĂ» mais quin'est pas encore versĂ© aux prĂȘteurs Ă  la fin de la pĂ©riode comptable. Les chargesd'intĂ©rĂȘts Ă  payer sur les dĂ©pĂŽts peuvent ĂȘtre plus difficiles Ă  contrĂŽler. L'auditeureffectue gĂ©nĂ©ralement ces contrĂŽles par des procĂ©dures analytiques. Si des donnĂ©esincorrectes rendent les procĂ©dures analytiques difficiles, il peut ĂȘtre plus appropriĂ©

85

Les problÚmes liés aux

dettes Ă  court terme

s'expliquent par le fait

que les institutions

décentralisent leurs

activités

Page 92: Audit externe des institutions de microfinance

de rĂ©aliser des contrĂŽles de dĂ©tail sur les comptes individuels. Pour les empruntscomme pour les dĂ©pĂŽts, les charges d'intĂ©rĂȘts Ă  payer sont gĂ©nĂ©ralement testĂ©es aumoyen de contrĂŽles substantifs.

Certaines institutions de microfinance sont exposĂ©es Ă  la volatilitĂ© des mon-naies Ă©trangĂšres. En raison des dĂ©valuations monĂ©taires, les charges d'intĂ©rĂȘts Ă payer sont parfois sous-estimĂ©es. L'auditeur doit donc prendre connaissance desfluctuations monĂ©taires qui ont eu lieu au cours de la pĂ©riode comptable et dĂ©-terminer leurs effets sur les dettes Ă  payer telles que les charges d'intĂ©rĂȘts.L'application et l'exactitude de ces taux doivent faire l'objet de contrĂŽles sub-stantifs. Enfin, l'auditeur doit vĂ©rifier que ces ajustements sont clairement men-tionnĂ©s dans les annexes aux Ă©tats financiers.

Lors de son Ă©valuation des charges Ă  payer, l'auditeur doit prĂȘter une atten-tion particuliĂšre aux charges salariales, qui sont proportionnellement Ă©levĂ©es pourles institutions de microfinance. De nombreuses institutions ont une obligationde paiement d'avantages sociaux Ă  la fin de l'annĂ©e qui n'est pas toujours comp-tabilisĂ©e. La charge constituĂ©e par des jours ouvrĂ©s mais pas encore payĂ©s Ă  l'em-ployĂ© requiert une comptabilisation. Les charges salariales doivent ĂȘtre soumisesĂ  la fois Ă  des tests de procĂ©dures et Ă  des contrĂŽles substantifs.

10.1 Tests de procédures

10.1.1 Sur les dettes à court termeLes tests de procédures ont pour but de vérifier les dettes à court terme. L'auditeurexterne doit sélectionner un échantillon de décaissements et contrÎler les élémentssuivants :

● authenticitĂ© ;● autorisation ;● enregistrement dans la bonne pĂ©riode ;● exactitude arithmĂ©tique ;● rapprochement entre commandes et factures ;● montant des versements (suivant les registres de contrĂŽle) ;● sĂ©paration des tĂąches.

10.1.2 Sur les charges à payerLes charges salariales à payer font l'objet de tests de procédures, qui doivent por-ter sur :

● le nombre d'heures travaillĂ©es validĂ©es ;● les primes et rĂ©munĂ©rations incitatives validĂ©es ;● le total des heures reportĂ© par les employĂ©s sur les registres de paye ;● le taux de rĂ©munĂ©ration des employĂ©s et validation correspondante ;

86 AUDIT EXTERNE DES INSTITUTIONS DE MICROFINANCE : GUIDE PRATIQUE, VOLUME 2

Les charges salariales

doivent ĂȘtre soumises Ă 

la fois Ă  des tests

de procédures et à des

contrĂŽles substantifs

Page 93: Audit externe des institutions de microfinance

● la recherche d'Ă©ventuels employĂ©s « fantĂŽmes ».

10.2 ContrĂŽles substantifs

10.2.1 ContrÎles de détailL'auditeur externe doit demander à l'institution de lui fournir une liste complÚtede toutes les vérifications effectuées à dater de la fin de la clÎture de l'exercice jus-qu'à la fin de l'audit sur place, ainsi qu'un registre détaillé des dettes à court terme.Ce registre doit répertorier chaque facture, avec la date de la prestation de chaqueservice, et le montant de la dette. En outre, l'auditeur doit comprendre la mé-thode employée pour chacune des charges à payer enregistrées à dater de la fin dela période comptable.

L'auditeur doit vĂ©rifier que le solde des dettes Ă  court terme n'est pas sous-Ă©valuĂ©, c'est-Ă -dire que l'institution a bien comptabilisĂ© toutes ses dettes. Il peutpour cela procĂ©der en recherchant d'Ă©ventuelles dettes non enregistrĂ©es. L'auditeurdoit aussi contrĂŽler un Ă©chantillon de registres de vĂ©rification pour la pĂ©riodepostĂ©rieure Ă  l'exercice. Pour chaque sĂ©lection, l'auditeur doit pouvoir consulterla documentation s'y rapportant et dĂ©terminer si le montant de la facture a Ă©tĂ© cor-rectement inclus ou exclu des soldes de dettes Ă  court terme ou charges Ă  payer Ă la clĂŽture de l'exercice. Si la prestation de service est antĂ©rieure Ă  la clĂŽture de lapĂ©riode comptable, la facture doit ĂȘtre inscrite sur la liste des dettes Ă  court termede l'institution. L'auditeur doit contrĂŽler que les factures concernant des servicesdont la prestation est postĂ©rieure Ă  la fin de la pĂ©riode comptable ont bien Ă©tĂ© ex-clues (du dĂ©tail) des dettes Ă  court terme et charges Ă  payer. Toute contradictionentre commandes et factures doit ĂȘtre notĂ©e.

Les charges d'intĂ©rĂȘts Ă  payer et les ajustements monĂ©taires correspondantsdoivent faire l'objet de contrĂŽles substantifs Ă  la fin de la pĂ©riode comptable. Lesauditeurs externes combinent gĂ©nĂ©ralement ces contrĂŽles avec ceux portant surles emprunts et les dĂ©pĂŽts.

10.2.2 ProcĂ©dures analytiquesIl arrive que les soldes des charges Ă  payer se fondent sur une estimation de la di-rection. Dans ce cas, l'auditeur externe doit rĂ©aliser sa propre estimation des chargeset la comparer avec celle enregistrĂ©e par l'institution. Une estimation indĂ©pen-dante de la masse salariale peut ĂȘtre rĂ©alisĂ©e en s'appuyant sur une norme moyennede masse salariale obtenue par une source indĂ©pendante. L'auditeur peut se fierau registre de paye si les tests de procĂ©dures ont montrĂ© que les contrĂŽles internessur la masse salariale sont efficaces.

OBTENTION DE LA PREUVE D’AUDIT : DETTES À COURT TERME ET CHARGES À PAYER 87

Les charges d'intĂ©rĂȘts Ă 

payer et les ajustements

monétaires

correspondants doivent

faire l'objet de contrĂŽles

substantifs Ă  la fin

de la période comptable

Page 94: Audit externe des institutions de microfinance

CHAPITRE 11

OObbtteennttiioonn ddee llaa pprreeuuvvee dd’’aauuddiitt ::eennccoouurrss dd’’ééppaarrggnnee eett ddĂ©Ă©ppĂŽĂŽttss

De nombreuses institutions de microfinance commencent Ă  dĂ©velop-per des services d'Ă©pargne. Étant garantes de l'argent du public, cesinstitutions doivent ĂȘtre rĂ©glementĂ©es. Ce chapitre donne aux audi-teurs externes quelques indications relatives aux caractĂ©ristiques descomptes d'Ă©pargne d'une institution de microfinance.

De nombreuses institutions de microfinance ne proposent que des services de crĂ©-dits et n'acceptent pas les dĂ©pĂŽts d'Ă©pargne ni d'autres formes de dĂ©pĂŽt du public.D'autres imposent l'Ă©pargne obligatoire comme condition d'obtention d'un crĂ©-dit : les emprunteurs doivent dĂ©poser un certain montant d'Ă©pargne soit avantd'obtenir le crĂ©dit, soit pendant la durĂ©e du crĂ©dit. En thĂ©orie, un tel systĂšmen'est pas rĂ©ellement un service de dĂ©pĂŽt pour le client. Il est plutĂŽt considĂ©rĂ©comme un coĂ»t supplĂ©mentaire du crĂ©dit, sous la forme d'un dĂ©pĂŽt de contrepartie.Ces dĂ©pĂŽts peuvent ĂȘtre effectuĂ©s dans une banque commerciale, mais ils sont leplus souvent collectĂ©s par l'institution. MĂȘme si l'institution garde en dĂ©pĂŽt sonĂ©pargne, le client n'en reste pas moins un emprunteur qui doit gĂ©nĂ©ralement plusĂ  l'institution que l'institution ne lui doit. Il ne se trouve donc pas dans une po-sition de risque net. C'est pourquoi les autoritĂ©s financiĂšres n'imposent gĂ©nĂ©ra-lement pas aux institutions qui collectent une Ă©pargne obligatoire d'ĂȘtre agrĂ©Ă©es.

Si l'épargne obligatoire est gardée en dépÎt dans l'institution, l'auditeur ex-terne doit demander un exposé clair des rÚgles qui régissent les comptes corres-pondants et contrÎler qu'elles sont correctement appliquées. Lorsque ces rÚglessont ambiguës, cela peut encourager la pratique consistant à prélever de l'argentsur le compte du client pour couvrir les remboursements de son crédit, sans sonaccord exprÚs. Ce problÚme peut s'avérer particuliÚrement compliqué dans le casde groupes de caution solidaire, lorsque l'épargne d'un membre est utilisée pourcouvrir le remboursement du crédit d'un autre membre.

Un nombre croissant, bien qu'encore faible, d'institutions de microfinancecherchent dĂ©sormais Ă  attirer l'Ă©pargne volontaire du public, y compris celle desclients qui ne sont pas emprunteurs. Les services d'Ă©pargne volontaire peuventĂȘtre trĂšs intĂ©ressants pour les clients pauvres qui n'y ont gĂ©nĂ©ralement pas accĂšs,faute de structures de dĂ©pĂŽt adaptĂ©es Ă  leurs besoins. Cependant, les institutionsqui proposent ces services peuvent exposer les dĂ©posants Ă  de sĂ©rieux risques. La

89

L'auditeur externe

doit demander un

exposé clair des rÚgles

qui régissent les comptes

d'Ă©pargne obligatoire

Page 95: Audit externe des institutions de microfinance

plupart des institutions de microfinance n'ont en effet pas les systÚmes, ou une ges-tion de portefeuille suffisamment solide pour garantir des services d'épargne vo-lontaire sûrs et de qualité. C'est pourquoi la réglementation locale requiert habi-tuellement qu'une institution de microfinance soit agréée et supervisée par lesautorités financiÚres avant de commencer à collecter de l'épargne volontaire. Uneinstitution agréée doit se doter de systÚmes élaborés pour pouvoir se conformeraux normes comptables réglementaires.

11.1 Risques d'exploitation potentiels

La collecte de l'Ă©pargne volontaire induit des risques rĂ©glementaires et des risquesd'illiquiditĂ©. La gestion des disponibilitĂ©s doit ĂȘtre rĂ©guliĂšrement soumise Ă  uneanalyse approfondie visant Ă  garantir que l'institution est en mesure d'honorer ra-pidement les demandes de retrait.

11.2 Tests de procédures

En ce qui concerne le compte d'épargne, l'auditeur doit effectuer des tests deprocédures sur les opérations réalisées par le guichetier (ou caissier) de l'institu-tion et sur les autres activités de manipulation des liquidités. Sont particuliÚre-ment importantes : les opérations aux guichets, les demandes de dépÎts sur comptesindividuels, et la séparation entre dépÎts et remboursements de crédits. L'auditeurdoit en outre vérifier le respect des lois et réglementations en vigueur.

11.3 ContrĂŽles substantifs

11.3.1 ContrĂŽles de dĂ©tailL'approche traditionnelle consistant Ă  envoyer des lettres de confirmation aux dĂ©-posants est peu susceptible de constituer un contrĂŽle efficace de l'Ă©pargne d'uneinstitution de microfinance, sauf lorsque celle-ci a peu de dĂ©posants, mais qui ontdes montants d'Ă©pargne importants. Les visites de clients sont requises pour contrĂŽ-ler l'Ă©pargne dans le cas d'institutions ayant de nombreux petits dĂ©posants.L'auditeur peut associer contrĂŽle de l'Ă©pargne et contrĂŽle de l'encours de crĂ©ditsau cours d'une mĂȘme visite, du moins pour les dĂ©posants qui sont Ă©galement em-prunteurs. Lors de ces visites, l'auditeur doit vĂ©rifier le livret d'Ă©pargne du clientet contrĂŽler les Ă©ventuelles diffĂ©rences avec l'information relative au compte dedĂ©pĂŽt de l'institution. Toute diffĂ©rence doit faire l'objet d'une enquĂȘte.

La taille de l'échantillon pour les visites de clients doit dépendre du seuil designification fixé au cours de l'établissement du programme d'audit (voir cha-pitre 4). La taille de l'échantillon relatif à l'épargne sera probablement inférieureà celle de l'échantillon pour les crédits. Par exemple, si la taille de l'échantillon

90 AUDIT EXTERNE DES INSTITUTIONS DE MICROFINANCE : GUIDE PRATIQUE, VOLUME 2

Les visites de clients

sont requises pour

contrĂŽler l'Ă©pargne

dans le cas d'institutions

ayant de nombreux

petits déposants

Page 96: Audit externe des institutions de microfinance

pour les crĂ©dits est Ă©gale Ă  100, la taille de l'Ă©chantillon pour les dĂ©pĂŽts d'Ă©pargnesera peut-ĂȘtre de 50. L'auditeur doit donc pouvoir obtenir 50 confirmations dedĂ©pĂŽts d'Ă©pargne au cours des 100 visites rendues aux emprunteurs (en suppo-sant que la moitiĂ© au moins des emprunteurs sont Ă©galement dĂ©posants). Les au-diteurs doivent cependant ĂȘtre conscients que les dĂ©posants sĂ©lectionnĂ©s de cettemaniĂšre peuvent ne pas ĂȘtre reprĂ©sentatifs de l'ensemble des Ă©pargnants.

Si l'auditeur procÚde par sélection aléatoire, le nombre de visites à effectuersera supérieur. Pour décider de l'emploi de cette méthode, l'auditeur doit arbitrerentre les considérations de coûts et la plus grande fiabilité des données de l'é-chantillon.

11.3.2 ProcĂ©dures analytiquesL'auditeur externe doit examiner les informations de tendance relatives Ă  l'Ă©pargne.DĂ©terminer le montant moyen de l'Ă©pargne par membre, par agence, et au total,est un exercice analytique trĂšs utile, de mĂȘme que le recalcul des charges d'intĂ©rĂȘtssur l'Ă©pargne totale.

OBTENTION DE LA PREUVE D’AUDIT : ENCOURS D’ÉPARGNE ET DÉPÔTS 91

Page 97: Audit externe des institutions de microfinance

CHAPITRE 12

OObbtteennttiioonn ddee llaa pprreeuuvvee dd’’aauuddiitt ::lleess pprroodduuiittss eett cchhaarrggeess

Ce chapitre traite des considérations spécifiques à l'audit des chargeset produits d'une institution de microfinance.

Les produits d'exploitation d'une institution de microfinance comprennent lesintĂ©rĂȘts sur crĂ©dits, les commissions sur demande et ouverture de crĂ©dit, et lesintĂ©rĂȘts sur placements. En outre, certaines institutions enregistrent les subventionsdans leurs produits. L'auditeur externe doit s'assurer que les subventions sont en-registrĂ©es conformĂ©ment Ă  l'accord de subvention, que les subventions d'exploi-tation sont sĂ©parĂ©es des produits d'exploitation, et qu'une prĂ©sentation adĂ©quateen est faite dans les annexes aux Ă©tats financiers.

Certaines institutions proposent des services non financiers, tels que des for-mations dans le domaine de la gestion d'entreprise ou de la santĂ©, en plus de leursservices financiers. Elles peuvent recevoir des subventions pour soutenir ces ser-vices non financiers. Dans ce cas, le produit de ces subventions, ainsi que toutes lescharges qui sont associĂ©s Ă  ces services, doivent ĂȘtre sĂ©parĂ©es des produits et chargesliĂ©s aux services financiers, que ce soit dans les Ă©tats financiers ou dans les annexes.

Les charges d'exploitation comprennent les frais administratifs et financiers.Traditionnellement, les charges administratives, telles que salaires, loyers, servicescommuns, frais de déplacement et amortissement, représentent dans une institu-tion de microfinance un pourcentage plus élevé des charges totales que dans unebanque. Dans les institutions de microfinance, les charges administratives vontde 10 à 100 % (voire plus) de l'encours total.

La rĂ©partition des charges d'exploitation sur les programmes peut ĂȘtre dictĂ©epar les bailleurs. Dans de nombreuses institutions de microfinance, l'allocationde charges indirectes ou charges du siĂšge aux programmes est rudimentaire.

L'auditeur externe doit particuliĂšrement prĂȘter attention Ă  la prĂ©sentation ducompte de rĂ©sultat. Il doit encourager l'institution Ă  suivre la Norme comptableinternationale (IAS) n° 30 sur la « PrĂ©sentation des Ă©tats financiers des banqueset Ă©tablissements financiers assimilĂ©s », ainsi que l'annexe A de ce guide.

12.1 Risques potentiels

Il arrive que les institutions calculent ou enregistrent le produit des intĂ©rĂȘts d'unemaniĂšre non conventionnelle. Lorsqu'une institution constate le produit des

Il arrive que les

institutions calculent

ou enregistrent le

produit des intĂ©rĂȘts

d'une maniĂšre

non conventionnelle

93

Page 98: Audit externe des institutions de microfinance

intĂ©rĂȘts sur la base d'une comptabilitĂ© de caisse, l'auditeur peut ĂȘtre amenĂ© Ă  pro-poser un ajustement Ă  la clĂŽture de l'exercice.

Lorsqu'elles octroient un crĂ©dit, de nombreuses institutions capitalisent le totaldes intĂ©rĂȘts dus dans le compte de l'encours de crĂ©dits, avec le principal du crĂ©dit, sanscrĂ©er de compte d'intĂ©rĂȘts Ă  recevoir en contrepartie. Comme on l'a vu dans le pa-ragraphe 6.6, certaines institutions continuent de comptabiliser les intĂ©rĂȘts Ă  rece-voir sur les crĂ©dits en retard, longtemps aprĂšs que les remboursements ont cessĂ© et quele recouvrement de ces montants comptabilisĂ©s est devenu improbable.

Souvent, les institutions ne calculent pas correctement les amortissements suractifs immobilisĂ©s. Des actifs tels que des ordinateurs ou des logiciels sont passĂ©sen charges alors qu'ils devraient ĂȘtre inclus dans le capital et ĂȘtre amortis. Dansd'autres cas, les dons en Ă©quipement sont inscrits directement au bilan, de sorteque le coĂ»t rĂ©el de l'amortissement n'apparaĂźt jamais dans le compte de rĂ©sultat.En fonction du seuil de signification, l'auditeur peut ĂȘtre amenĂ© Ă  effectuer descontrĂŽles substantifs sur les mĂ©thodes d'amortissement, les durĂ©es de vie utile etl'exactitude mathĂ©matique des charges d'amortissement.

Les charges du siĂšge peuvent ĂȘtre affectĂ©es de façon incorrecte Ă  diverses acti-vitĂ©s. En outre, les employĂ©s sont parfois rĂ©munĂ©rĂ©s Ă  des barĂšmes diffĂ©rents deceux indiquĂ©s dans leur dossier personnel.

12.2 Tests de procédures

Les tests de procĂ©dures sur les charges et produits sont gĂ©nĂ©ralement effectuĂ©sconjointement aux tests sur les soldes de comptes qui couvrent les activitĂ©s. Parexemple, les tests de procĂ©dures sur les crĂ©dits couvrent Ă©galement les soldes descomptes de produit des intĂ©rĂȘts et commissions. Se reporter au chapitre 6 pour ledĂ©tail des tests de procĂ©dures sur le portefeuille de crĂ©dits.

12.3 ContrĂŽles substantifs

Les soldes des comptes de charges et produits se prĂȘtent aux contrĂŽles substantifslors de l'audit des soldes des comptes d'actif ou de passif. Par exemple, le contrĂŽleanalytique du produit des intĂ©rĂȘts est abordĂ© dans le chapitre traitant des questionsrelatives au portefeuille de crĂ©dits (voir chapitre 6). De mĂȘme, les subventions fi-gurant dans les produits peuvent ĂȘtre vĂ©rifiĂ©es lors de l'examen des comptes defonds propres (voir chapitre 9).

Les charges d'exploitation peuvent ĂȘtre contrĂŽlĂ©es par des procĂ©dures analytiquesou des contrĂŽles de dĂ©tail. Cette deuxiĂšme approche implique d'examiner la do-cumentation correspondante ainsi que les chĂšques annulĂ©s sur des charges enre-gistrĂ©es. L'approche analytique peut consister Ă  rĂ©aliser une estimation fondĂ©e surdes donnĂ©es indĂ©pendantes et Ă  comparer cette estimation avec les charges rĂ©elle-ment enregistrĂ©es par l'institution. Par exemple, on peut Ă©tablir une estimation des

94 AUDIT EXTERNE DES INSTITUTIONS DE MICROFINANCE : GUIDE PRATIQUE, VOLUME 2

Souvent, les institutions

ne calculent

pas correctement les

amortissements

sur actifs immobilisés

Page 99: Audit externe des institutions de microfinance

charges d'amortissement en comparant la durée de vie moyenne de chaque caté-gorie d'actif sélectionnée avec le solde moyen de chaque catégorie d'actif à l'exer-cice précédent. Si les estimations de l'auditeur externe sont correctes, la chargeréelle doit se trouver dans la fourchette d'estimation prédéfinie.

La pertinence de la classification des charges doit ĂȘtre contrĂŽlĂ©e par procĂ©-dure analytique Ă  des niveaux diffĂ©rents. Par exemple, le pourcentage des chargesd'exploitation de l'agence peut ĂȘtre comparĂ© au pourcentage de l'encours de crĂ©-dits qu'elle gĂšre.

OBTENTION DE LA PREUVE D’AUDIT : LES PRODUITS ET CHARGES 95

Page 100: Audit externe des institutions de microfinance

CHAPITRE 13

RRaappppoorrtt dd’’aauuddiitt

Ce chapitre porte sur le rapport d'audit, sur l'opinion exprimée parl'auditeur, et également sur la note à la direction, élément crucialdu rapport d'audit d'une institution de microfinance.

Lorsque tous les contrĂŽles ont Ă©tĂ© effectuĂ©s et Ă©valuĂ©s, et que l'auditeur externe adĂ©terminĂ© si les Ă©tats financiers ont Ă©tĂ© prĂ©parĂ©s conformĂ©ment Ă  un rĂ©fĂ©rentielcomptable pertinent, celui-ci doit ĂȘtre en mesure d'Ă©mettre une opinion Ă©crite surles Ă©tats financiers dans leur ensemble. Cette opinion constitue l'Ă©lĂ©ment essen-tiel du rapport d'audit.

13.1 Le rapport d'audit

Selon la norme ISA 700, le rapport d'audit doit comporter les éléments suivants :

● IntitulĂ©â— Destinataire● Paragraphe de prĂ©sentation ou d'introduction (comportant l'identification des

états financiers audités et le rappel des responsabilités respectives de la direc-tion de l'institution et de l'auditeur)

● Paragraphe portant sur l'Ă©tendue de l'audit (faisant rĂ©fĂ©rence aux normes ISAou aux normes ou pratiques nationales applicables, et dĂ©crivant le travail ef-fectuĂ© par l'auditeur)

● Paragraphe d'opinion (indiquant l'opinion exprimĂ©e par l'auditeur sur les Ă©tatsfinanciers)

● Signature de l'auditeur● Date du rapport● Adresse de l'auditeur

Le paragraphe d'opinion est l'élément essentiel du rapport d'audit. L'auditeurexterne peut émettre plusieurs types d'opinion :

● Opinion sans rĂ©serve● Opinion sans rĂ©serve avec observation(s)● Opinion avec rĂ©serve● ImpossibilitĂ© d'exprimer une opinion● Opinion dĂ©favorable

97

La note Ă  la direction

est un élément crucial

du rapport d'audit

d'une institution de

microfinance

Page 101: Audit externe des institutions de microfinance

13.1.1 Opinion sans réserveL'auditeur émet une opinion sans réserve lorsqu'il est satisfait des éléments audités, danstous leurs aspects significatifs, et conformément aux termes de référence définis :

● L'information financiĂšre a Ă©tĂ© prĂ©parĂ©e en utilisant un rĂ©fĂ©rentiel comptableacceptable, appliquĂ© de maniĂšre cohĂ©rente. L'information financiĂšre est conformeaux rĂ©glementations en vigueur et aux exigences statutaires.

● L'image reflĂ©tĂ©e par l'information financiĂšre dans son ensemble est conformeĂ  la connaissance que l'auditeur a de l'activitĂ© de l'organisation ou de l'agence.

● L'information financiĂšre est, dans tous ses aspects significatifs, prĂ©sentĂ©e defaçon appropriĂ©e.

● Les exigences additionnelles requises dans les termes de rĂ©fĂ©rence ont Ă©tĂ© sa-tisfaites.

L'encadré 13.1 présente un exemple d'opinion sans réserve.

13.1.2 Opinion sans rĂ©serve avec observation(s)Le rapport d'un auditeur peut ĂȘtre modifiĂ© par l'ajout d'un paragraphe « d'ob-servation », pour mettre en lumiĂšre un Ă©lĂ©ment affectant les Ă©tats financiers. Ceparagraphe est gĂ©nĂ©ralement inclus aprĂšs le paragraphe d'opinion et doit explici-

98 AUDIT EXTERNE DES INSTITUTIONS DE MICROFINANCE : GUIDE PRATIQUE, VOLUME 2

ENCADRÉ 13.1Exemple de rapport d’audit exprimant une opinion sans rĂ©serve

Au destinataire

Nous avons audité le bilan de l'institution de microfinance Essor au 31 décembre19XX, ainsi que le compte de résultat et les flux de trésorerie pour l'exercice clos àcette date. Ces états financiers relÚvent de la responsabilité de la direction de l'insti-tution. Notre responsabilité consiste à exprimer une opinion sur ces états financierssur la base de notre audit.

Nous avons effectué notre audit conformément aux Normes internationales d'au-dit. Ces normes requiÚrent que l'audit soit planifié et réalisé en vue d'obtenir l'assu-rance raisonnable que les états financiers ne comportent pas d'anomalie significative.Un audit consiste à examiner, sur la base de tests, les éléments justifiant les donnéesprésentées dans les états financiers. Un audit consiste également à évaluer les principescomptables appliqués et les estimations significatives faites par la direction, ainsi quela présentation des états financiers dans leur ensemble. Nous estimons que notreaudit constitue une base raisonnable à l'expression de notre opinion.

À notre avis, les Ă©tats financiers donnent une image fidĂšle et sincĂšre de (ou « prĂ©-sentent sincĂšrement, dans tous leurs aspects significatifs ») la situation financiĂšre del'institution Essor au 31 dĂ©cembre 19XX, ainsi que du rĂ©sultat de ses activitĂ©s et desmouvements de trĂ©sorerie pour les exercices clos Ă  ces dates, conformĂ©ment auxNormes internationales d'audit.

Nom

Date

Adresse

Page 102: Audit externe des institutions de microfinance

tement préciser qu'il ne remet pas en cause l'opinion exprimée par l'auditeur.L'encadré 13.2 présente un exemple de paragraphe d'observation.

La poursuite de l'activitĂ© d'une organisation dans un « avenir prĂ©visible » estprĂ©supposĂ©e lors de la prĂ©paration des Ă©tats financiers. L'« avenir prĂ©visible » couvregĂ©nĂ©ralement une pĂ©riode qui ne doit pas excĂ©der un an Ă  dater de la clĂŽture desĂ©tats financiers auditĂ©s. Si cette supposition est injustifiĂ©e, l'organisation peut nepas ĂȘtre en mesure de rĂ©aliser ses actifs Ă  la hauteur des montants enregistrĂ©s, et ilpeut y avoir des modifications dans le montant et les dates d'Ă©chĂ©ance de ses dettes.Dans ce cas, et en supposant que les informations adĂ©quates soient prĂ©sentĂ©esdans les Ă©tats financiers, le rapport d'audit doit comporter un paragraphe d'ob-servation relatif Ă  la continuitĂ© d'exploitation. Voir l'exemple de l'encadrĂ© 13.3(si les informations ne sont pas fournies, l'auditeur doit exprimer une opinionavec rĂ©serve ou une opinion dĂ©favorable ; voir ci-dessous).

13.1.3 Opinion avec réserveDans certaines circonstances, l'auditeur externe peut choisir d'émettre une opinionavec réserve. Une telle opinion résulte généralement soit d'une limitation de l'é-tendue des travaux d'audit, soit d'un désaccord avec la direction concernant lebien-fondé des procédures comptables ou la pertinence de la présentation des étatsfinanciers. L'auditeur doit se référer à l'ISA 700 qui stipule :

Une opinion avec rĂ©serve doit ĂȘtre exprimĂ©e lorsque l'auditeur estime ne paspouvoir donner une opinion sans rĂ©serve, et que le dĂ©saccord avec la direction

RAPPORT D’AUDIT 99

ENCADRÉ 13.2Exemple de paragraphe d’observation

À notre avis... (le reste de la formule est identique Ă  celle du paragraphe d'opinion)Sans remettre en cause l'opinion sans rĂ©serve exprimĂ©e, nous attirons votre attention

sur l'annexe X des états financiers. L'institution a conclu un accord avec les autoritésde supervision bancaire selon lequel elle doit maintenir un ratio d'adéquation desfonds propres de X %.

ENCADRÉ 13.3Exemple de paragraphe d’observation relatif Ă  la continuitĂ© d’exploitation

À notre avis... (le reste de la formule est identique Ă  celle du paragraphe d'opinion)Sans remettre en cause l'opinion sans rĂ©serve exprimĂ©e, nous attirons votre attention

sur l'annexe X des états financiers. L'institution a subi des pertes nettes de XXX du-rant l'exercice clos au 31 décembre 19XX, et à compter de cette date, les dettes cou-rantes de l'institution sont supérieures à son actif circulant de XXX, et l'ensemble deses éléments de passif excÚde le total de ses éléments d'actif de XXX. Cette situation,ainsi que les problÚmes exposés dans l'annexe X, soulÚvent des doutes importants quantà la continuité d'exploitation de l'institution.

Page 103: Audit externe des institutions de microfinance

ou la limitation de l'étendue de l'audit n'ont pas une importance ou des consé-quences telles qu'elles justifieraient l'expression d'une opinion défavorable oul'impossibilité d'exprimer une opinion.

Les encadrés 13.4 et 13.5 illustrent deux types d'opinion avec réserve.

13.1.4 Impossibilité d'exprimer une opinionDans certaines circonstances, l'auditeur peut formuler une impossibilité d'expri-mer une opinion. Dans ce cas, l'auditeur doit se référer à l'ISA 700 :

Une impossibilitĂ© d'exprimer une opinion doit ĂȘtre formulĂ©e lorsque la consĂ©-quence possible d'une restriction de l'Ă©tendue des travaux d'audit a une im-portance telle que l'auditeur n'est pas parvenu Ă  obtenir une preuve d'auditsuffisante et adĂ©quate pour pouvoir se prononcer sur les Ă©tats financiers.

Par exemple, une impossibilité d'exprimer une opinion est justifiée si les au-diteurs n'ont pas pu obtenir la preuve d'audit suffisante sur les crédits, la tré-

100 AUDIT EXTERNE DES INSTITUTIONS DE MICROFINANCE : GUIDE PRATIQUE, VOLUME 2

ENCADRÉ 13.4Exemple d’opinion avec rĂ©serve due Ă  une limitation de l’étenduedes travaux d’audit

À l'exception de la question Ă©voquĂ©e dans le paragraphe suivant, nous avons effectuĂ©notre audit selon les... (le reste de la formule est identique Ă  celle du paragraphe surl'Ă©tendue)

Nous n'avons pas assisté aux contrÎles de caisse au 31 décembre 19XX, cette dateprécédant notre nomination comme auditeurs de l'institution. Compte tenu de lanature des documents conservés par l'institution, nous n'avons pas été en mesure devérifier ce montant par d'autres procédures d'audit.

À notre avis, sous rĂ©serve des consĂ©quences des ajustements qui auraient pu, le casĂ©chĂ©ant, se rĂ©vĂ©ler nĂ©cessaires si nous avions Ă©tĂ© en mesure de vĂ©rifier le montant desdisponibilitĂ©s, les Ă©tats financiers donnent une image fidĂšle et...

ENCADRÉ 13.5Exemple d’opinion avec rĂ©serve du fait d’un dĂ©saccordsur les mĂ©thodes comptables (mĂ©thodes comptables inappropriĂ©es)

Nous avons effectué notre audit selon les... (le reste de la formule est identique à celledu paragraphe sur l'étendue)

Comme nous l'avons exposĂ© dans l'annexe X sur les Ă©tats financiers, ceux-ci nereflĂštent pas la valeur des actifs immobilisĂ©s. Cette pratique, Ă  notre avis, n'est pasconforme aux Normes internationales d'audit. Les actifs immobilisĂ©s pour l'exerciceclos au 31 dĂ©cembre 19XX devraient ĂȘtre de XXX. En consĂ©quence, les actifs im-mobilisĂ©s devraient ĂȘtre Ă©tablis et les rĂ©serves devraient ĂȘtre augmentĂ©es de XXX.

À notre avis, sous rĂ©serve des consĂ©quences sur les Ă©tats financiers du problĂšme sou-levĂ© dans le paragraphe ci-dessus, les Ă©tats financiers donnent une image fidĂšle et...

Page 104: Audit externe des institutions de microfinance

sorerie ou d'autres comptes d'une telle importance. L'encadré 13.6 en fournitun exemple.

Si une institution impose de sérieuses restrictions à l'étendue des travaux de l'au-diteur au cours de la phase de planification de la mission d'audit, et si l'auditeurestime que de telles restrictions justifient une impossibilité d'exprimer une opi-nion, il doit normalement refuser la mission d'audit, à moins que son statut nel'oblige à l'accepter.

13.1.5 Opinion défavorableD'aprÚs l'ISA 700, une opinion défavorable :

... doit ĂȘtre exprimĂ©e lorsque le dĂ©saccord a une consĂ©quence telle que l'auditeurestime qu'une rĂ©serve ne suffirait pas Ă  qualifier la nature incomplĂšte et trom-peuse des Ă©tats financiers.

Une opinion dĂ©favorable doit ĂȘtre exprimĂ©e si la mĂ©thode comptable utilisĂ©eest inacceptable et entraĂźne une distorsion de l'information financiĂšre de l'insti-tution. L'encadrĂ© 13.7 prĂ©sente un exemple d'opinion dĂ©favorable.

13.2 Note Ă  la direction

Produit complémentaire du processus d'audit externe, la note à la direction iden-tifie les problÚmes et faiblesses apparus au cours de l'audit, et propose des re-commandations constructives qui peuvent aider la direction à mieux gérer les ac-tivités de l'institution et à consolider les contrÎles internes.

Ce document communique les résultats de l'auditeur au conseil d'adminis-tration ou au comité d'audit de l'institution.

RAPPORT D’AUDIT 101

ENCADRÉ 13.6Exemple d’impossibilitĂ© d’exprimer une opinion due Ă  une limitationde l’étendue des travaux d’audit

Nous avons audité le bilan de l'institution de microfinance Essor au 31 décembre 19XX,ainsi que le compte de résultat et les flux de trésorerie pour l'exercice clos à cette date.Ces états financiers relÚvent de la responsabilité de la direction de l'institution. (Laphrase indiquant la responsabilité de l'auditeur est omise)

(Le paragraphe concernant l'étendue des travaux d'audit est soit omis, soit mo-difié selon les circonstances)

(Un paragraphe décrivant la limitation de l'étendue des travaux d'audit est ajoutécomme suit : )

Nous n'avons pas pu confirmer l'existence d'un nombre significatif de crédits sélec-tionnés pour les tests, en raison des limitations imposées à l'étendue de nos travaux parl'institution.

En raison de l'importance des questions exposées dans le précédent paragraphe,nous ne sommes pas en mesure d'exprimer une opinion sur les états financiers.

Page 105: Audit externe des institutions de microfinance

L'auditeur externe doit porter beaucoup d'attention à la préparation de la noteà la direction. Cette lettre est particuliÚrement importante pour les institutionsde microfinance, qui ont souvent des contrÎles internes faibles. Trop souvent, lesauditeurs rédigent une note à la direction standard, abordant des problÚmes géné-raux sans apporter vraiment de solution aux problÚmes spécifiques de l'institu-tion, ni beaucoup de conseils concrets à la direction pour résoudre ces problÚmes.

Avant de rédiger la version définitive de la note à la direction, l'auditeur doitsoumettre une premiÚre version à la direction, de façon à ce qu'elle puisse luifaire part de ses remarques. Un exemple de note à la direction est présenté dansl'annexe H.

102 AUDIT EXTERNE DES INSTITUTIONS DE MICROFINANCE : GUIDE PRATIQUE, VOLUME 2

ENCADRÉ 13.7Exemple d’opinion dĂ©favorable due Ă  un dĂ©saccord sur les procĂ©durescomptables (prĂ©sentation inappropriĂ©e)

Nous avons réalisé notre audit selon... (le reste de la formule est identique à celle duparagraphe sur l'étendue)

(Paragraphe(s) dĂ©crivant le dĂ©saccord)À notre avis, et en raison de l'incidence des questions exposĂ©es dans le(s) para-

graphe(s) précédent(s), les états financiers ne donnent pas une image fidÚle de (ou ne pré-sentent pas sincÚrement) la situation financiÚre de l'institution au 31 décembre 19XX,ni des résultats de ses activités et de ses flux de trésorerie pour l'exercice clos à cette date,et ne sont pas conformes aux principes comptables généralement reconnus.