article de recherche scientifique 2013/2014 · morale, la loi, les coutumes ainsi que toutes les...
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Article de recherche scientifique 2013/2014
« Mesure de l'adaptation culturelle des sites web touristiques français et chinois »
Emeline Got
Master 2 Stratégies de Communication Parcours Ingénierie de la Documentation technique multilingue
Tutrice universitaire : Dacia Dressen Hammouda
Résumé
Le tourisme est un métier qui se situe en plein cœur de la notion d'interculturalité tant différentes cultures s'y croisent à longueur de journée et communiquent que ce soit via l'échange d'informations orales, ou la transmission d'un message à l'écrit. Mais s’il est parfois difficile d'échanger un message entre deux personnes du même milieu et parlant la même langue, cela est encore plus délicat entre deux personnes de cultures et/ou de langues différentes. Les professionnels du tourisme, se doivent donc d'accueillir des personnes aux univers et cultures différents, en leur proposant des supports adaptés à leur mode de vie, à leur façon de parler, ainsi qu'à leur vision du monde. L'objectif de notre étude est donc de comparer interfaces chinois et interfaces français, pour répondre à la question suivante: comment proposer à des touristes français et chinois, une interface web polyvalente ? Pour répondre à cette question, nous baserons notre recherche sur les différentes études ayant déjà fait un lien entre les dimensions d'Hofstede et le domaine du web design. Les résultats de notre étude ont mis en évidence les principales caractéristiques des sites web touristiques des deux pays, et prouvent qu'il est préférable de se fier sous certaines limites aux dimensions d'Hofstede pour localiser son site web, certaines interfaces n'étant pas le reflet exact de ses dimensions culturelles. Mots-clés : interculturalité, interface, localisation, mondialisation, webdesign
Abstract
Tourism industry is located in the heart of the concept of interculturality, as different cultures meet there all day long and communicate either through the exchange of verbal information, or transmission of writing message. But if it is sometimes difficult to exchange a message between two people from the same cultural background and speaking the same language, it is even more difficult between two people from different cultures and / or languages. As a consequence, professionals of the tourism industry will have to welcome people from totally different cultures, providing them with medias adapted to their own lifestyle, their way of talking, and their worldview. The aim of our study is to compare Chinese and French interfaces to answer the following question: how can we possibly provide French and Chinese tourists, with a multipurpose web interface? To answer this question, we based our research on the various studies already linked to Hofstede's principles, adapted to the field of web design. The results of our study highlighted the main characteristics of both kind of touristic websites, and showed that it is preferable to rely with some limits to Hofstede's dimensions in order to localise a website, as some interfaces are not the accurate reflection of his cultural dimensions. Keywords : interculturality, interface, website localisation, globalisation, webdesign
1. Introduction 1.1 Le concept d'interculturalité :
1.1.1 Qu'est ce que la culture ? La culture est une notion difficilement définissable tant il en existe de définitions. L'anthropologue britannique Edward B. Tylor, déclare dans son ouvrage Primitive Culture qu'il s'agit d'un "ensemble complexe comprenant les connaissances, les croyances, l'art, la morale, la loi, les coutumes ainsi que toutes les autres capacités et habitudes acquises par l'homme en tant que membre de la société" (1873). Autrement dit, la logique, le langage, le droit, l'art, la religion, la gastronomie, les manières, le style vestimentaire, les formes de politesse, l'éducation, la possibilité d'accéder au système scolaire ou non, l'opinions des parents, le système politique en place (monarchie, république , dictature), le passé historique du pays/de la région, sont autant de facteurs définissant notre culture. La culture défini donc une part de notre identité, elle peut nous influencer dans nos choix, notre manière de penser, de se comporter en société et d'appréhender la vie. "Ce sont nos acquisitions, nos imitations, notre éducation qui font de nous des hommes au point de vue psychique", affirme Karl Jaspers en 1913. Nous pouvons prendre l'exemple de notre langage qui pas n'est pas inné, ni héréditaire, il est donc le fruit d'un héritage culturel (Encyclopédie Universalis, Nature et Culture, 1990). Dans son ouvrage "Eloge de l'anthropologie", Levi Strauss parle de la culture en disant "Les hommes communiquent au moyen de symboles et de signes" (Levi Strauss, éloge de l'anthropologie). La culture est donc cryptée, sans son code (langage, art, manières, droit,...) on ne peut la comprendre. S'ouvrir à une culture différente, à un nouveau langage, de nouveaux rites, c'est donc apprendre à déchiffrer ces symboles et ces signes. 1.1.2 La culture, une question de point de vue
Puisque toutes les composantes de notre culture font de nous des êtres différents et puisque notre culture obéit à certains codes, nous avons des points de vue et des approches très différentes pour aborder certaines situations de la vie, ou décrypter certains messages, qu'ils soient visuels ou gestuels.
Figure 1 Illusion d'optique jeune/vieille femme
Figure 2 Illusion d'optique coupe/visage
"C'est ce que l'on appelle "schemas" en anglais. Ces schémas culturels, images mentales que nous créons à différentes étapes de notre vie, influencent notre interprétation et peuvent causer de sérieux problèmes de compréhension et de courtoisie (RituRaju, 2008 ) Par exemple, chaque personne verra les illusions d'optiques ci-dessus selon ses propres codes, et tout le monde ne verra pas la même image, n'interprètera pas le message véhiculé de la même façon. Concernant la gestuelle, certains gestes ou certaines actions, pourront paraitre anodins dans certaines cultures et être très mal interprétés, voire grossières dans d'autres. Des gestes aussi simples que celui de tendre sa carte de visite lors d'affaires commerciales, sont extrêmement millimétrés en Asie alors qu'il constitue un geste plutôt banal en Occident. Ne pas respecter les règles de politesse au moment de la remise de la carte pourrait être extrêmement impoli voire grossier et pourrait aller jusqu'à la perte d'un contrat si l'interlocuteur se sent offensé (Geoffrey J.S. Hart, 2006). De même, si le geste de l'autostoppeur est des plus communs en France, il constitue un geste obscène dans de nombreux pays comme la Turquie, le Brésil ou encore la Grèce; et le signe "Ok", des plongeurs sous-marins constitue une véritable menace de mort en Tunisie et une insulte en Allemagne. De la même façon, si éructer à la fin du repas est très impoli en France, cela représente une véritable marque de politesse dans les pays Arabes.1 Il existe une multitude d'exemples comme ceux-ci qui nous démontrent à quel point il est important de s'ouvrir à l'autre en essayant de bien comprendre les différents points de vues et les différents codes culturels, en particulier pour les personnes travaillant dans des environnements interculturels. 1.2 Le tourisme, au cœur de l'interculturalité 1.2.1 Le tourisme, une pratique en plein boom Le tourisme est aujourd'hui une des raisons poussant de plus en plus les cultures à se mélanger, à découvrir l'autre, son patrimoine, son mode de vie, sa culture. Le développement et l'évolution des moyens de transport ces dernières années, on facilité son essor. Les peuples se déplacent de plus en plus, puisqu'il est désormais possible de se rendre presque sur n'importe quel point du globe et ce en à peine 24h. En effet, le tourisme a connu un développement très important ces 60 dernières années avec "une hausse quasi ininterrompue"(OMT, 2012). Et cela ne semble pas près de s'arrêter. Les chiffres de l'OMT nous révèlent que le monde a connu une hausse de près de 4,6% de touristes internationaux entre 2010 et 2011 passant de 939 millions en 2010 à 983 millions en 2011. La France est d'ailleurs le pays le plus visité au monde selon les données de L'OMT, suivi des Etats-Unis, de la Chine, de l'Espagne, de l'Italie, de la Turquie, du Royaume Uni, de l'Allemagne, de la Malaisie et du Mexique. En France, nos visiteurs n°1 en 2011 étaient nos voisins du Royaume Uni, suivis des Allemands, des Belges, des Italiens, des Hollandais, des Suisses, des Espagnols, des Américains, des Australiens et des Chinois (OMT, 2012). Nous constatons donc que des peuples de cultures très variées parcourent le monde dans le but de nous découvrir, et il ne s'agit pas uniquement de nos voisins limitrophes. De même cela représente tout de même une somme importante, le secteur du tourisme est donc un secteur à ne surtout pas négliger et qu'il faut continuer à entretenir la curiosité de nos visiteurs potentiels. De plus, en 2011, la France comptait 81 411 touristes étrangers, représentant 137,6 milliards d'Euros de recettes (comprenant entre autres congrès, visites, produits touristiques, hôtels,...) soit 7,12% de son PIB. L'île de France comptait 243 000 emplois touristiques en 2011 représentant 5,9% de l'emploi total de la région, et 28,4% de l'emploi touristique 1http://voyages.orange.fr/reportages/dossiers/petit-guide-des-bonnes-manieres-en-voyage/ces-gestes-a-eviter-a-l-etranger/le-signe-ok-est-une-menace-de-mort-en-tunisie.html# http://www.bien-voyager.com/les-signes-et-gestes-a-eviter-en-voyage-dans-le-monde/
Français.(OMT 2012) La zone Europe est elle aussi très prisée puisque plus de la moitié des touristes internationaux s'y déplacent (OMT, 2012). La France se situe donc en plein cœur de ce brassage culturel, c'est pourquoi l'étude que nous nous apprêtons à réaliser à toute son importance dans le but d'aider les professionnels du tourisme à comprendre les attentes de nos visiteurs afin d'améliorer leurs supports touristiques. Mais quant est-il au niveau mondial ? Les recettes du tourisme international s'élevaient à 1 030 milliards de dollars en 2011 contre 928 milliards de dollars en 2010. Ces recettes ont a nouveau augmenté de 4% en 2012 (soit 1075 milliards de dollars). Le secteur ne semble donc pas encore prêt à s'essouffler malgré la crise qui est pourtant bien présente et met à mal les budgets vacances de bon nombre d'entre nous. Dans le cas contraire, cela serait dramatique tant le secteur compte pour de nombreux pays, contribue grandement à sa promotion et à une grande partie de ses revenus, participe à la création d'emplois et d'entreprises, et constitue même une des principales source de recettes pour certains (OMT, 2012). Pour ces raisons, les entités touristiques ont tout intérêt à soigner leurs différents supports de communication touristique. De plus, la compétition touristique pourrait encore s'accroitre dans les prochaines années à venir puisque de nouvelles destinations émergent parmi de le top 10 des destinations les plus prisées comme la Turquie ou la Malaisie, qui n'occupaient respectivement que la place 52 et 25 en classement des pays les plus visités, et se hissent à présent dans le top 10 du classement (6eme pour la Turquie, 9eme pour la Malaisie)( OMT, 2012). D'après les prévisions de l'OMT, un grand nombre de ces pays émergeants sont appelés à devenir des destinations de plus en plus visitées dans les prochaines années et pourraient connaitre une forte augmentation touristique d'ici 2030, peut être même bien plus importante que les destinations phares actuelles . Le tourisme ne semble donc pas près de s'essouffler malgré les conditions économiques difficiles, et l'OMT prévoir même une augmentation d'environ 43 millions de touristes internationaux supplémentaires chaque année jusqu'en 2030. 1.2.2 La communication touristique pour un public interculturel Aux vues du contexte économique actuel, la place de la communication touristique devient donc de plus en plus importante dans la stratégie touristique des pays et représente désormais un véritable défi pour les gouvernements en place. En effet, il est donc important pour tous ces pays récepteurs de touristes de stimuler la demande afin d'encourager les touristes internationaux à inciter à la découverte et au voyage. Ainsi de nombreux de pays ont lancés des campagnes publicitaires touristiques télévisuelles, qui grâce à leur diffusion dans de nombreux pays ont pu découvrir sur leurs écrans de télévision des spots publicitaires touristiques parmi les plus vus en France par exemple, l'Espagne, l'Irlande, la Tunisie, la Grèce, ou encore l'Egypte. L'objectif étant de faire rêver nos touristes potentiels par le biais d'images de paysages, de mets, de loisirs typiques, de musiques. Ces clips touristiques ont la particularité d'avoir très peu de paroles voire aucune (mis à part un slogan dans la langue du pays) et laissent place aux images, ou à la musique. On remarquera que tout semble faire appel aux sens (l'ouïe pour la musique, la vue pour les images, le gout et l'odorat pour les mets gastronomiques), quelque chose d'inné chez l'espèce humaine quelque soit sa culture. On remarquera que la destination n'est révélée qu'à la fin du clip pour susciter l'intérêt du téléspectateur en le poussant à se poser la question pendant plusieurs secondes. L'objectif étant de "vendre du rêve" en faisant voyager mentalement le téléspectateur. Les réseaux sociaux sont également un moyen très efficace et rassembleur pour créer une véritable petite communauté interculturelle virtuelle. Les pages Facebook de sites touristiques permettent de partager ses impressions, représentant un véritable livre d'or virtuel. Il s'agit
également d'un moyen de communication efficace pour faire la promotion de son patrimoine auprès des étrangers. Une étude menée par un comparateur de vols en Europe (Skyscanner, 2011), a révélé que le réseau social Facebook jouerai un rôle majeur auprès de ses utilisateurs, influençant 52% d'entre eux dans leur choix de destinations touristiques. De plus, 88% des personnes interrogées ont déclaré accéder régulièrement aux albums de leurs amis pour y regarder leurs photos de vacances2. Les sites web sociaux tels que Youtube ou Picasa, extrêmement consultés partout dans le monde, et très en vogue en ce moment, sont également fréquemment utilisés comme outils de promotion, puisqu'ils donnent plus de visibilité en permettant de montrer un maximum du potentiel de son pays ou de sa ville par le biais de vidéos ou de photographies. Certains plans de communication on également été mis en place pour attirer grand nombre de touristes étrangers comme le Japon en 2010 qui a énormément souffre de la catastrophe du Tsunami et de Fukushima. Afin de pouvoir relancer son tourisme, le Japon a préparé une opération de communication touristique de grande envergure en proposant d'offrir 10 000 billets d'avion aux touristes étrangers de tout horizons, pour le Japon. Malheureusement, malgré l'énorme engouement suscité par la proposition auprès des touristes du monde entier, le ministère des finances japonais n'a pas validé la proposition, les actions de reconstruction des zones endommagées étant jugées prioritaires.3 Enfin, nous trouvons les sites web touristiques. N'importe quel touriste du monde entier peut découvrir virtuellement son futur lieu de vacances, éventuellement réserver son hôtel en ligne, consulter les brochures proposées en différentes langues, consulter le calendrier des évènements, ou les itinéraires touristiques proposés. Tous ces supports sont de véritables vitrines 2.0, et vont être consultées par des milliers de touristes de part le monde, de cultures différentes. Il est donc prépondérant de bien soigner ces vitrines, exposées aux yeux du monde et de les adapter à ce public interculturel. Il est donc important de pouvoir comprendre l'influence des différents facteurs culturels sur notre manière de communiquer et de nous comporter. Car en effet, connaître ces différents facteurs, plus particulièrement dans le domaine du tourisme est prépondérant afin de pouvoir interagir de manière efficace avec le touriste et construire une offre touristique percutante, puisque " le locuteur aura tendance à utiliser les références issues de sa propre culture pour analyser le message produit par son interlocuteur" (Narcy-Combes, 2012). Comprendre ce qui sépare les cultures et ce qui les rapproche, apprendre à analyser les différents codes et symboles des cultures nous entourant, leur manière d'appréhender la vie et leurs relations avec les autres, voilà le grand défi de l'interculturalité. Ainsi certains auteurs se sont démarqués pour avoir voulu mettre en lumière les variations différences culturelles, afin de nous aider à mieux comprendre l'autre et son raisonnement face à la "vie". Différents modèles théoriques du concept de la culture et des échanges interculturels ont donc été développés. Ces théories ont ainsi permis de dégager un certain nombre de variables culturelles et ont ainsi permis le lancement de nombreuses recherches autour du sujet (Ford. Kotze) -voir Tableau 1 ci dessous-. Nous nous baserons sur les 6 dimensions de Geert Hofstede pour mener notre analyse.
2 http://www.skyscanner.fr/actualites/52-des-internautes-planifient-leurs-vacances-grace-facebook 3 http://www.ici-japon.com/7001-le-japon-offre-10-000-billets-davion http://voyages.blogs.ouest-france.fr/archive/2012/01/05/japon-billets-gratuis-touristes-blogueurs.html
1.3 La base théorique: les dimensions d'Hofstede 1.3.1 Individualisme / collectivisme : Les marqueurs principaux d'une culture individualiste sont la liberté, l'importance de la vie personnelle, les récompenses matérielles au travail (attitude plus matérialiste), et la propension à relever des défis. Les individus issus de cultures individualistes auront l'’habitude d’adopter un comportement individualiste dans les différentes parties de leur vie, que ce soit d’un point de vue personnel comme professionnel. On s’occupe de soi avant tout, éventuellement de la famille proche, mais c’est tout. Les sociétés individualistes prônent la liberté de tous, que soit la liberté d’opinion, d’expression, de la presse, politique, et veillent à protéger la vie privée de leurs citoyens. En contre partie, elles attendent d’eux qu’ils soient totalement indépendants, et puissent se débrouiller seuls. Dès leur naissance, les individus issus de cultures collectivistes apprennent à travailler en groupe, les valeurs telles que le travail d’équipe, la cohésion, et la loyauté. La famille tient une place très importante pour eux, et ils s’attachent à maintenir l’harmonie au sein de cette dernière. Les sociétés issues de cultures collectivistes ont tendance à envahir la vie privée de ses citoyens, en pensant avant tout au bien de tous et de la société en général, plutôt qu’à celui de l’individu. Elles valorisent également l'entrainement, l'amélioration des conditions physiques et intellectuelles (Marcus, Aaron and Gould, Emilie West (2000). 1.3.2 Contrôle de l’incertitude Les individus issus de cultures à fort degré de contrôle de l'incertitude montrent plus facilement leurs émotions, parlent fort, et assez sont actifs. Ils peuvent se trouver agressifs face à des situations ambigües, et donc besoin d'être guidés dans certaines situations, ou besoin d'explications détaillées. En revanche, les individus issus de cultures avec un degré plus faible de contrôle de l'incertitude seront beaucoup moins expressifs, moins anxieux et feront face beaucoup facilement aux situations ambigües, qu'ils n'essayent pas de contrôler. Ce qui est différent ou inconnu ne représente pas un danger, mais éveille plutôt la curiosité, ou au pire leur semblera ridicule (Marcus, Aaron and Gould, Emilie West, 2000). . 1.3.3 Distance hiérarchique Les sociétés à forte distance hiérarchique disposent en général pouvoir politique centralisé. Leurs organisations disposent de longues hiérarchies avec de très grands écarts de rémunération et de statut au sein de l’entreprise. Les cultures à forte distance hiérarchique sont basées sur le respect et l’obéissance, l’estime des plus anciens. Il existe donc de grandes différences au sein de la population, mais ces inégalités sont acceptées au sein de la société.
Tableau 1 Modèles théoriques de l'interculturalité (Ford, Kotze)
Au sein d'une société à faible distance hiérarchique, il existe une distance plus faible entre les patrons et les employés, ces derniers sont plus proches, et il existe plus de possibilité pour l’employé d’accéder facilement à un statut hiérarchique du même type que celui de son patron. Il y a également moins de différences de salaires entre un chef et son subordonnées. En règle générale au sein de la société, tous attendent et on un désir d’égalité sous tous ses aspects (Marcus, Aaron and Gould, Emilie West, 2000). 1.3.4 Masculinité Féminité Cet aspect fait directement référence à l’état d’esprit général des différents membres la société. Par exemple, dans une culture de type masculine, on prendra grand soin à maintenir les traditions au sein de la société : l'affirmation de soi, la concurrence, et la ténacité seront des qualités à valoriser chez les hommes, quand les femmes devront quant à elles faire preuve de tendresse et prouver une certaine aptitude à prendre soin du foyer et des enfants. En revanche, au sein des cultures de type féminines, la différence homme-femme tend à disparaître pour les mettre sur un pied quasi d’égalité. Par exemple, les hommes comme les femmes, feront à la fois preuve de tendresse à la maison et de ténacité dans le cadre professionnel. Les qualités citées précédemment ne sont donc plus réservées à un genre particulier, les frontières tendent à estomper (Marcus, Aaron and Gould, Emilie West, 2000). C’est en 1991 qu’une cinquième dimension apparait, sur la base d’une recherche menée par le docteur psychologue Canadien Michael Harris Bond, et soutenue par Hofstede. Cette étude internationale a été développée en collaboration avec des professeurs Chinois sur la base de la pensée confucéenne. Appelée Orientation à long terme (OLT), elle a été appliquée à 23 pays. Très récemment en 2010, deux nouvelles dimensions sont venues faire leur apparition substituant l’Orientation à long terme. Ce sont les travaux de Michael Minkov, réalisés sur des échantillons représentatifs de populations nationales, qui ont fait naître « Pragmatic vs Normative » et « Indulgence versus Restraint », que nous nommerons respectivement « Esprit pragmatique / Esprit Normatif », et « Indulgence / Retenue ». 1.3.5 Esprit Pragmatique et esprit Normatif Cette dimension fait référence au désir/besoin ou non de pouvoir comprendre, expliquer et maîtriser ce qu’il se passe autour de nous. Les sociétés avec un esprit normatif, ressentent un besoin très fort de maîtriser et comprendre ce qu’il se passe autour d’eux. Les individus ont un besoin intense de stabilité dans leur vie et ont une forte préoccupation quant à l’établissement de la vérité. Ils ont un respect profond pour les conventions sociales et les traditions de leur culture, et s’appliquent à obtenir des résultats rapidement. Ce sont des sociétés qui voient les choses à court-terme plutôt que de préparer l’avenir. Les sociétés avec esprit pragmatique ne ressentent pas ce besoin de tout expliquer, car elles estiment qu’il est impossible de comprendre toutes les complexités de la vie. La priorité de ses individus est de vivre une vie vertueuse au dépit de connaître la vérité sur les choses de la vie. Ils estiment que cette dernière est trop dépendante du contexte, de la situation et du temps. Ils montrent une certaine capacité d’adaptation, de persévérance pour atteindre les résultats attendus, à accepter les contradictions, et une forte propension à épargner et à investir. Ce sont des sociétés orientées vers l’avenir qui se préoccupent plus du futur que du présent ou du passé. 1.3.6 Indulgence/Retenue
Les sociétés indulgentes acceptent relativement bien la satisfaction personnelle, l’accomplissement des pulsions humaines fondamentales et naturelles, dans l’objectif de profiter pleinement de la vie et de se divertir. Les sociétés dans la retenue évitent toute satisfaction personnelle en mettant en place des normes sociales strictes. L’acquisition de valeurs importantes pendant l’éducation est primordial particulièrement tout ce qui tourne autour du travail : ne pas avoir peur de travailler dur, la frugalité, la patience et la persévérance. 1.4 Le site web : reflet des valeurs culturelles Développer un site internet multilingue destiné à un public international, requiert donc qu’il puisse être effectif et efficace dans un environnement interculturel (Robbins, Stylianou, 2001). Certaines études nous ont d'ailleurs prouvé que les sites web avaient tendance à refléter de manière considérable les valeurs présentes dans la culture de ce dernier (Singh et Matsuo, 2004). En effet, on peut observer des similarités entre les interfaces de sites web de même zones géographiques, pays supposés être proches culturellement parlant. Les sites web universitaires Européens contiendront par exemple assez peu de marqueurs métaphoriques et orienteront leur design pour refléter au maximum le profil des étudiants, alors que les sites web universitaires des pays de l'Extrême Orient seront plus chargés de métaphores culturelles assez fortes. Il en va de même pour la présentation des pages web de ces sites qui, comme s'il existait certaines "tendances" culturelles, diffèreront selon la zone géographique. De même, certaines études nous ont prouvé que les sites web avaient tendance à refléter de manière considérable les valeurs présentes dans la culture de ce dernier (Singh et Matsuo, 2004). L'exemple des sites web d'entreprises Japonaises et Américaines est probant. On trouve sur les sites web japonais, d'avantage de représentations faisant référence au collectivisme (avec la présence de photos représentant des familles, ou des groupes de personnes, des programmes de fidélisation pour la clientèle, ou des groupes de discussion), à la longue et riche tradition japonaise ainsi qu'à l'harmonie (couleurs vives et riches, nombreux éléments esthétique avec des décors naturels, présence de papillons, fleurs de cerisiers), ou encore des références à la masculinité avec une claire distinction entre le rôle des hommes et des femmes à travers les images du site (les femmes sont présentées comme femmes au foyer, mères ou épouses, opératrices téléphoniques, ou encore mannequins alors que les hommes sont présentés en position de force et de pouvoir). L'analyse de Singh et Matsuo a également mis en évidence la façon dont les sites web japonais prêtent une grande attention à la politesse envers leurs clients, depuis de simples salutations ou remerciements jusqu'aux vœux de santé et de bonheur. En revanche, si l'aspect culturel sous-entendu nationalité est le plus souvent développé dans les analyses, l'aspect religieux, notion qui forme une partie importante de la culture l'est beaucoup moins. Car en effet, les utilisateurs d'une même culture mais de foi différente pourront avoir des intérêts différents ou une utilisation différente de l'interface. Ils réagiront de manière différente aux éléments de l'interface et auront des modèles mentaux différents, une navigation différente, ou une interaction différente avec l'ordinateur (Ishak et Jaafar, 2012). Les sites web des destinations touristiques semblent donc être en plein cœur de ces différentes questions que pose la notion d'interculturalité, d'autant plus qu'ils représentent le premier contact entre le touriste potentiel et la destination touristique (Viallon et Henneke-Lange, 2011).
1.5 Le problème : l’adaptation trop littérale et les stéréotypes Le problème de ces sites, est que très souvent, on y constate des traductions littérales de la version originale, et les sites ne sont que très peu ou pas adapté à la culture du pays cible. En effet, l'adaptation culturelle des sites n'est que très peu pratiquée et ne semble pas encore considérée comme une véritable nécessité par les métropoles (Vialon, Henneke-Lange, 2011). Par conséquent, si les utilisateurs ne se sentent pas en confiance, sur le site, ne le comprenne pas, ne trouvent pas les informations recherchées assez rapidement, ils fuient le site, et la ville ou la région perd des touristes potentiels, et donc une potentielle entrée d'argent. Une autre erreur à ne pas commettre en utilisant la localisation, est celle du stéréotype. Les web développeurs ont souvent tendance à tomber dans ce piège, en se référant simplement à des théories interculturelles comme celles d'Hofstede pour jauger leur localisation, et non pas à des études concrètes. Leur intention est louable, mais très souvent les résultats ne sont pas probants. Une des conséquences possibles, les utilisateurs ayant le même contexte culturel que les webdesigners utiliseront l'interface de manière plus rapide et efficace que la culture cible (Marina Lin, 2008). 1.6 Hypothèses Cela nous montre donc l'importance de réaliser une étude afin de relever les principales spécificités des interfaces de sites web touristiques français et chinois, en terme de navigation, d'architecture de l'information, de design et de les confronter par la suite aux dimensions culturelles d'Hofstede. Sur sont site internet4, ce dernier met a disposition un outil comparateur permettant de comparer deux pays sélectionnés selon l'évaluation qu'il en a faite à travers ses différentes dimensions. Voici donc les résultats de son analyse :
Figure 3 Evaluation France/Chine Hofstede
4 http://geert-hofstede.com/countries.html
Dans l'objectif de répondre à la question de recherche suivante : "comment proposer à des touristes français et chinois, une interface web polyvalente ?", et en nous basant sur le cadre théorique et les différentes étude citées précédemment, nous émettrons les hypothèses suivantes : H1: Les interfaces web des cultures à fort degré de contrôle de l'incertitude auront un système de navigation plus optimisé, intuitif et épuré que celles avec un faible degré de contrôle de l'incertitude. H2: Les interfaces web des cultures à l'esprit pragmatique auront une interface plus minimaliste et une densité informationnelle moindre que celles à l'esprit normatif. H3: Les interfaces web des cultures à forte distance hiérarchique contiendront plus d'informations relatives à l'activité économique, au domaine de l'entreprise ou à la politique que celles avec une faible distance hiérarchique. H4: Les interfaces web des cultures de type collectiviste contiendront plus de représentations collectives et d'outils pour la collectivité que celles de type individualiste. H5: Les cultures de types masculines marqueront plus de différences hommes/femmes et porteront moins d'intérêt à l'esthétisme et au design que les cultures féminines. H6: Les cultures avec un fort degré de retenue contiendront plus de références culturelles/intellectuelles, que de références aux loisirs, divertissement, activités physiques. H7: On constatera un clivage très important entre les interfaces des sites touristiques français et des sites touristiques chinois puisque leurs cultures respectives sont presque opposées.
2. Méthodologie de la recherche L’objectif de la présente étude est d’analyser les variables culturelles entre les sites web touristiques français et les sites web touristiques chinois, avec l’objectif de répondre à la problématique suivante : comment proposer à des touristes français et chinois, une interface web polyvalente ? De nombreuses études ont déjà cherché à comprendre comment les différentes dimensions théoriques, comme celles développées par Hofstede ou Hall pouvaient être représentées à travers l’aspect visuel et le contenu d’un site web. Certaines variables dans le domaine de l’architecture de l’information, ou la sémiologie ont ainsi fait leur apparition et c’est sur ces critères que nous baserons notre méthodologie. C’est dans une perspective quantitative que nous mènerons cette étude, à travers l’analyse d’artefacts, en l’occurrence ici de sites internet, analysés à la fois à travers leur aspect organisationnel, leur aspect visuel, et leur contenu. 2.1 Choix des supports à analyser : les « sites web touristiques », de quoi parlons-nous ?
Quand nous parlons ici de sites web touristiques, nous faisons référence non pas aux différents sites de tours opérateurs, d’agences de voyages, de comparateurs en ligne, mais bien de sites d’Offices de Tourisme, ou de bureaux touristiques s’en rapprochant pour la Chine, qui a un système un peu différent du nôtre. Le nombre de sites à analyser a représenté une véritable interrogation pour mener à bien cette étude. À partir de combiens de sites analysés les résultats pourront-ils être représentatifs ? En effet, le choix du site à analyser est un critère prépondérant à la pertinence de l’étude, ces sites ont donc été choisis pour la popularité touristique des villes qu’ils représentent. Ils sont ainsi plus susceptibles d’être présentés pour un public international et offrent des capacités d’analyse plus importantes et plus larges sous de nombreux domaines (contenu, navigation, design, etc.). Parmi les 10 villes les plus visitées de France publiées par le magazine Sud-Ouest5 ainsi que les villes et régions de Chine les plus fréquemment conseillées sur les sites d'information pour touristes6, chacun des sites des Offices de Tourisme a été examiné selon les critères suivants : l’organisation générale des informations, le contenu, l’interactivité, et l’utilisation d’images et de couleurs (2005, W.N. Lo). Cet examen rapide permet dans un premier temps de trouver la présence ou non d’un facteur culturel commun parmi les sites observés, un état d’esprit général représentatif de la culture française ou chinoise. Cette étape a permis de réduire l’échantillon de 32 à 10 villes en tout. Un panel de 10 sites web a donc été finalement sélectionné pour réaliser l’étude: 5 sites web chinois et 5 sites web français. Ils ont été sélectionnés pour leurs différences et leur diversité, dans le but de survoler un panorama de sites les plus exhaustifs possible, et pouvoir ainsi donner une vision d'ensemble de la culture à laquelle ils font référence. Cependant, il a été convenu la possibilité éventuelle d'ajouter des sites à l'échantillon au cas où nous n'arriverions pas à saturation des données à partir des 10 sites sélectionnés (les données n'apportent plus d'élément nouveaux pour répondre à la question de recherche). 2.2 Réalisation de la grille d’évaluation : Afin d’évaluer les différents éléments de l’échantillon, nous avons mis en place une grille d’évaluation afin de mesurer les variables culturelles sous différents critères. Comme nous le disions précédemment, de nombreuses études ont déjà été réalisées dans ce domaine. Marcus et West ont démontré dès l’an 2000, la possibilité d’appliquer un certain nombre de critères inspirés par les dimensions d’Hofstede, au domaine de l’interface web et de son contenu. Leur utilisation s’est révélée efficace que ce soit pour analyser l’adaptation entre deux sites web de cultures différentes -les États-Unis et le Mexique (Singh, Baack, 2006), ou les États-Unis et le Japon (Signh, Mastsuo, 2004)-, et comprendre en quoi ils se différencient dans leurs représentations des valeurs culturelles. De nombreux auteurs ont complété leurs travaux en exportant les critères à des échantillons plus larges et en complétant la longue liste de ceux déjà existants (Robbins, Stylianou, 2001 ; Isa, Noor, Mehad, 2007 ; Baack, Singh, 2007). Nous avons donc effectué une sélection rigoureuse de ces critères en veillant à ce qu’ils puissent s’appliquer aux cas particuliers des sites web d’offices de tourisme. Il faut noter que certains critères peuvent se retrouver dans plusieurs catégories.
5http://www.planet.fr/france-palmares-des-villes-touristiques-de.262491.1607.html http://www.parcoursfrance.com/actualites/top-10-des-villes-les-plus-touristiques-hors-ile-de-france/ 6http://www.routard.com/guide/code_dest/chine.htm http://www.otchine.com/Destinations_Guilin.htm
Tableau 2 Grille de critères de la recherche Dimensions et critères Description
Collectivisme / Individualisme
Représentations Collectives
Les représentations collectives sur les photographies du site, indiquent un degré important de collectivisme. Au contraire, de nombreuses photographies de personnes représentées de manière individuelle signifieront que la culture a une tendance plutôt individualiste.
Adaptabilité
Dans le cas d’une culture a tendance collectiviste, le site proposera une certaine flexibilité avec la capacité de s’adapter en fonction des besoins utilisateurs avec la possibilité d’obtenir le même résultat de façons différentes. On peut prendre l’exemple du nombre de langues proposées par le site, les possibilités d’effectuer une recherche par différents moyens. Pour les cultures plus individualistes, le site ne proposera pas ou très peu de ces possibilités.
Outils pour la communauté
Un site de culture collectiviste offrira beaucoup plus d’outils pour la communauté, tels que la possibilité éventuelle de s’inscrire à une newsletter, la présence de forums pour échanger, une foire aux questions, la mise en avant de réseaux sociaux, etc. L’inverse signifiera une tendance plus individualiste.
Symboles identité nationale
Nous analysons des sites touristiques, il y aura forcément de nombreuses références à l’identité nationale, c’est un peu le principe de ce type de site web (images de monuments, gastronomie, etc.) Il nous faudra cependant évaluer dans quelle mesure ces dépasse les barrières d’un simple site touristique. L’omniprésence de drapeaux, symboles, sceaux, présence de l’hymne nationale par exemple, signifiera un attachement important à la dimension collectiviste. L’absence de ce genre de symboles nous indiquerons un penchant plus individualiste.
Liens vers sites web locaux
La présence de liens renvoyant vers les sites web de collectivités locales, d’artisans locaux, de partenaires, démontre un certain penchant à prendre en compte la communauté et donc une attitude plutôt collectiviste. L’absence de ce genre d’outil, une attitude plus individualiste.
Style Rhétorique officiel/formel
Le style rhétorique utilisé que ce soit pour les onglets ou le contenu aura tendance à être plutôt implicite et/ou soutenu dans les cultures collectivistes, avec d’éventuelles références ou citations officielles. Les cultures individualistes aura un style rhétorique beaucoup familier et direct.
Masculinité/Féminité
Métaphores hommes/femmes
Une des principales caractéristiques des cultures masculines est la claire séparation des genres, traduits ici par une séparation des rôles joués par l’homme et la femme à travers des images/photos. Les femmes plus représentées dans un rôle maternel, d’épouses, faisant du shopping, ou en tant que modèles dans un rôle de présentation sans pouvoir réel (mannequins potiches). Les hommes seront quant à eux représentés dans des positions de pouvoir, ou de force à travers le sport ou l’aspect professionnel. Les cultures féminines auront tendance à ne pas créer de distinguo entre hommes et femmes, à briser les clichés.
Tradition
Le thème de la tradition sera très présent sur les sites web des cultures masculines, à travers la présence d'images fortes, ou la présence de menu/pages entières consacrées aux valeurs traditionnelles (religion, politique, artisanat,…). Les cultures féminines ne porteront pas plus d’intérêt à cet aspect qu’aux autres éléments du contenu.
Esthétisme et structuration
Les cultures masculines porteront très peu d'attention au côté esthétique, design et ordonné du site web. Les cultures féminines porteront plus d’attention à l’aspect visuel, à la facilité pour trouver les informations etc.
Distance hiérarchique
Information structurée Plus la distance hiérarchique sera importante, plus l’information sera scrupuleusement présentée à l’utilisateur de manière structurée.
Références à l’ordre moral Plus la distance hiérarchique sera importante, plus on trouvera de références à l’ordre moral au sein du site web (nationalisme, religion et ses symboles).
Œil expert Plus la distance hiérarchique sera importante, plus l’importance de l’œil expert (références aux autorités, experts, certifications, références officielles, logos) sera grande.
Représentations de leaders Plus la distance hiérarchique sera importante, plus on trouvera de représentations (images, photos) de figures au pouvoir important au sein du site web.
Moyens de sécurité Plus la distance hiérarchique sera importante, plus on trouvera de moyens de sécurité, restrictions fréquentes pour les utilisateurs pour accéder à l’information.
Navigation orientée utilisateur Pro/Utilisateur lambda
Avec une distance hiérarchique importante, on utilisera les rôles sociaux des utilisateurs pour organiser l’information (ex : section manager, section professionnels du tourisme, etc.)
Informations hiérarchie
Les cultures à forte distance hiérarchique auront tendance à publier des informations sur la hiérarchie au sein de l’organisation (organigrammes, mot du président etc.). Plus la distance hiérarchique sera faible, moins on trouvera ce genre d’informations.
Contrôle de l’incertitude
Éléments guidage navigation
On trouvera pour les cultures ayant un fort contrôle de l’incertitude, la présence d’éléments de guidage à la navigation (éléments de feedback informant l’utilisateur du résultat de ses actions, éléments aidant à l’utilisateur à se situer sur le site tels qu’un fil d’Ariane, un plan de site, des groupements d’éléments facilitant la compréhension, et une certaine cohérence. Les cultures avec un degré plus faible de contrôle de l’incertitude auront tendance à beaucoup moins utiliser ce genre d’outils de facilitation à la navigation.
Indices visuels (icones, couleurs, typo)
Utilisation d’indices visuels pour faciliter la lecture (codes couleurs, icones, typographie différente, etc.) est typiquement le genre d’éléments utilisés par les cultures ayant un fort contrôle de l’incertitude. Les cultures avec un degré plus faible de contrôle de l’incertitude auront tendance à beaucoup utiliser ce genre d’indices visuels.
Expression des visages
Les visages des personnes représentées sur les différentes photos/images du site web seront très expressifs dans le cas d’une culture à fort contrôle de l’incertitude, er très peu expressifs dans le cas d’un faible contrôle de l’incertitude.
Gestion des erreurs
Les cultures ayant un degré important de contrôle de l’incertitude proposeront un système d’avertissement à l’utilisateur lorsqu’il commettra une erreur, avec un message compréhensible, et un système optimisé capable de lui fournir des astuces/conseils pour corriger cette erreur. À contrario, ce genre de système sera beaucoup moins utilisé par les cultures à faible contrôle de l’incertitude, ou avec un système beaucoup moins optimisé et plus obsolète.
Style rhétorique explicite/implicite
Le style rhétorique utilisé que ce soit pour les onglets ou le contenu aura tendance à être plutôt implicite et/ou soutenu dans les cultures collectivistes, avec d’éventuelles références ou citations officielles. Les cultures individualistes aura un style rhétorique beaucoup familier et direct.
Complexité et choix d'actions L’interface sera complexe et proposera un grand choix d’actions et de contenu pour un faible contrôle de l’incertitude, plutôt que minimaliste et épuré pour un fort contrôle de l’incertitude.
Esprit Pragmatique / Normatif
Éléments guidage navigation
Ayant un fort besoin de stabilité et de sécurité, on trouvera pour les cultures à l’esprit normatif, la présence d’éléments de guidage à la navigation (éléments de feedback informant l’utilisateur du résultat de ses actions, éléments aidant à l’utilisateur à se situer sur le site tels qu’un fil d’Ariane, un plan de site, des groupements d’éléments facilitant la compréhension, et une certaine cohérence. Les cultures à l’esprit plus pragmatique auront tendance à beaucoup moins utiliser ce genre d’outils de facilitation à la navigation.
Textes explicatifs On attendra une présence importante de textes explicatifs pour les cultures à l'esprit normatif, en quantité beaucoup moins importante
Pour réaliser la méthode d’évaluation des critères, nous nous sommes basés sur une étude de Valentina Baumgartner, à travers laquelle cette dernière a essayé de savoir quelles dimensions étaient les plus importantes dans le domaine du design des interfaces utilisateurs. Pour la partie quantitative de sa recherche, elle a utilisé un questionnaire avec des réponses sous forme d’échelles. Chaque critère de chaque dimension sera donc évalué sur une échelle de 1 à 5 : 1 pour Inexistant, 2 pour Peu important, 3 pour Incertain, 4 pour Relativement important, et 5 pour Très important. Exemple : un degré de collectivisme de niveau 1 signifiera que l’interface présenté a plutôt un profil individualiste (voir Annexe 1: Grille de critères). Cette méthode chiffrée nous permettra de faire une moyenne pour chaque dimension, et faire ainsi ressortir une tendance culturelle générale pour le site évalué. Nous verrons dans la partie discussion et analyse si nos résultats concordent avec les prévisions d’Hofstede, et en quoi ces résultats peuvent nous permettre d’apporter des réponses à notre problématique. La récolte des données s’est effectuée sur une semaine. Les sites ont été visualisés uns par un, dans un premier temps dans leur globalité en effectuant une navigation survolée, puis dans le détail en prenant soin de visiter tout le contenu présent sur le site. La grille de critères a été le principal support utilisé lors de l’analyse, sachant qu’une partie « commentaires » était prévue en complément, afin d’apporter quelques précisions à l’évaluation chiffrée, ou de noter d’éventuelles variables qui auraient été absentes de la liste de critères que nous avions établis.
3. Résultats et Analyse 3.1 Résultats L’analyse à partir de la grille de critères, nous a permis dans un premier temps de faire ressortit une tendance générale quant au webdesign des sites web touristiques français et chinois. Nous n’avons pas eu besoin d’élargir notre échantillon, les résultats récoltés au bout des 10 analyses n’apportant pas de données nouvelles à notre étude. Tableau 3 Évaluation des sites chinois
Shanghai Hong-Kong Yunnan Hangzhou Xi’an Moyenne
Degré Collectivisme
(moyenne) 2,8/5 3/5 2,5/5 3,5/5 3,3/5 3.02
Représentations collectives 2 4 2 3 1 Adaptabilité 2 5 1 3 5
pour les cultures à l'esprit pragmatique.
Indulgence / Retenue
Loisirs/Culture
On trouvera de nombreuses références (images, photos, éléments de menus) aux activités de type loisir/divertissement pour les cultures indulgentes, et des références plus axées vers les activités dites plus « intellectuelles », ou culturelles pour les cultures dans la retenue.
Expression des visages
Les visages des personnes représentées sur les différentes photos/images du site web seront très expressifs dans le cas d’une culture indulgente, et très peu expressifs dans le cas d’une culture dans la retenue.
Outils communauté 4 4 1 2 1 Symboles identité nationale 2 2 2 4 4 Liens vers sites locaux 5 2 4 4 5 Rhétorique officiel/formel 2 1 5 5 4 Degré de Masculinité
(moyenne) 2,3/5 3,7/5 3,3/5 4,3/5 3/5 3.32
Métaphores H/F 1 5 4 4 1 Tradition 2 2 4 5 4
Absence esthétisme/structuration 4 4 2 4 4 Distance hiérarchique
(moyenne) 3,1/5 1,7/5 3/5 3,6/5 3,6/5 3
Information structurée 4 4 1 4 3
Références à l’ordre moral 1 2 4 5 5 Œil expert 4 1 4 5 4 Représentations leaders 2 1 2 5 3 Moyens de sécurité 4 2 5 1 1 Navigation orientée utilisateur Pro/lambda 3 1 1 1 5 Informations hiérarchie 4 1 4 4 4 Degré de contrôle de l’incertitude (moyenne) 2,3/5 4/5 1,8/5 1,5/5 1,7/5 2.26 Éléments guidage navigation 3 4 1 1 2
Indices visuels 3 4 2 1 2 Expression des visages 1 4 3 1 1 Gestion des erreurs 3 4 1 1 1 Messages explicites 3 4 3 3 3 Simplicité et minimalisme 1 4 1 2 1 Degré de Normatisme
(moyenne) 4/5 3/5 3/5 2,5/5 3,5/5 3.2
Éléments guidage navigation 3 4 1 1 2 Textes explicatifs 5 2 5 4 5 Degré de retenue
(moyenne) 4/5 2,5/5 3,5/5 4,5/53,3 3,5/5 3.6
Prédominance activités culturelles sur loisirs 3 3 4 5 4 Visages peu expressifs 5 2 3 4 3
Tableau 4 Évaluation des sites français
Toulouse Carcassonne Bordeaux Paris La Rochelle Moyenne Degré Collectivisme
(moyenne) 2,5/5 3,7/5 2,7/5 2,3/5 3,2/5 2.88
Représentations collectives 2 2 4 1 4 Adaptabilité 5 4 4 4 4 Outils communauté 5 5 4 3 4 Symboles identité nationale 1 4 2 2 2 Liens vers sites locaux 1 4 1 2 4 Rhétorique officiel/formel 1 3 1 2 1
Degré de Masculinité
(moyenne) 1,3/5 2,3/5 1,3/5 2/5 1,3/5 1.64
Métaphores H/F 1 1 1 1 1 Tradition 2 5 1 2 2
Absence esthétisme/structuration 1 1 2 3 1 Distance hiérarchique
(moyenne) 2/5 2,1/5 1,6/5 2/5 2,3/5 2
Information structurée 4 4 2 2 4
Références à l’ordre moral 1 2 1 2 4 Œil expert 1 4 2 2 1 Représentations leaders 1 1 1 1 1 Moyens de sécurité 1 1 1 1 2 Navigation orientée utilisateur Pro/lambda 5 2 2 3 3 Informations hiérarchie 1 1 2 3 1 Degré de contrôle de l’incertitude (moyenne) 3,7/5 2,8/5 3,5/5 2,8/5 4,2/5 3.4 Éléments guidage navigation 4 4 2 3 4
Indices visuels 4 4 5 2 4 Expression des visages 4 1 4 2 4 Gestion des erreurs 2 1 4 4 4 Messages explicites 4 2 4 4 5 Simplicité et minimalisme 4 5 2 2 4 Degré de normatisme
(moyenne) 3/5 3/5 2/5 3,5/5 3/5 2.9
Éléments guidage navigation 4 4 2 3 4 Textes explicatifs 2 2 2 4 2 Degré de retenue
(moyenne) 3/5 2,5/5 2.5/5 2.5/5 3/5 2.2
Prédominance activités culturelles sur loisirs 4 4 3 3 2 Visages peu expressifs 2 1 2 2 4
3.2 Interprétation des résultats : quelles différences ? Figure 3 Evaluation France/Chine Hofstede Figure 4 Résultats de l'étude France/Chine
Densité informationnelle Les sites web chinois se différencient de loin des sites français par leur densité informationnelle. Sur les sites français les contenus des pages sont plutôt brefs et vont droit au but, même pour la partie historique d’une ville avec un passé important et une réelle histoire, telle que Carcassonne. La culture L’aspect culturel est beaucoup plus mis en avant sur les sites web touristiques chinois. La partie dédiée aux loisirs y est toujours moindre à côté des nombreuses informations sur les différentes activités culturelles proposées par la ville. On trouve très fréquemment des onglets spécialement dédiés à la culture, et les textes explicatifs y sont très complets. Les sites web français sont assez différents sur ce point et mettent beaucoup plus en avant les activités de type loisirs, farniente, détente, l’aspect vacances, mais n’en oublient pas pour autant la culture. Chaque aspect tient une place à part égale au sein du site. L’organisation et la navigation Les sites touristiques français et chinois sont respectivement organisés de manière très différente. En chine, la présence de nombreux menus, horizontaux, verticaux, et autres encarts donnent la possibilité au touriste d’accéder à l’information de multiples façons différentes. De ce fait, il n’est pas toujours évident de savoir à première vue vers quel menu/lien se diriger pour trouver réponse à notre requête. De plus, l’absence régulièrement de fil d’Ariane ou de plan de site rend la navigation sur le site d’autant plus difficile. Sur les sites français, les onglets sont beaucoup moins nombreux, l’information est donc plus regroupée et plus facile à trouver, et la présence systématique d’un fil d’Ariane ou d’un plan de site facilite grandement la navigation. Le business et les figures d’influence Les sites web touristiques français comme chinois réservent une partie de leur site aux utilisateurs professionnels tels que la presse ou les entreprises. L’histoire s’arrête là pour la France, mais la Chine va beaucoup plus loin et il n’est pas rare des trouver sur bon nombre de sites touristiques, des informations plus axées politiques. Sur le site web de la région de Yunnan, nous avons pu par exemple trouver une lettre ouverte du directeur du comité de développement touristique, faisant partie intégrante du menu : « leader message ». De même sur le site de l’office de tourisme d’Hangzhou, avec la présence d’un article très détaillé sur les propos tenus par l’ancien président Chinois concernant la ville, accompagnés de sa photo et la possibilité d’écouter son discours. On y trouve également un élément du menu spécialement dédiée à l’aspect « Business », dans lequel est détaillé le développement économique de la ville et ses principales entreprises. L’aspect esthétique : L’aspect esthétique des sites touristiques chinois et français constitue leur différence majeure. Les sites web touristiques français ont de manière générale un design assez moderne et utilisent des aspects esthétiques tels que l’on peut les trouver sur les supports de communication actuels (tablettes, smartphones,…), tant au niveau des couleurs, que des icônes, ou de la navigation. Ces derniers semblent donc semblent donc avoir adapté leurs contenus afin de se tourner vers un choix de supports plus vastes : le site est clairement conçu pour être utilisé facilement à la fois sur ordinateur, sur tablette ou sur smartphone. Les sites web touristiques chinois ont quant à eux un design plus « old-school », et semblent pour la
plupart ne pas avoir suivi l’évolution important qu’ont suivi les interfaces web ces dernières années. Le design des icônes utilisées par les deux cultures respectives sont l’illustration parfaite de cette évolution : Icônes Françaises Icônes Chinoises Enfin, nous pourrons noter la grande homogénéité concernant la présentation et l’agencement dans informations dans la page pour les sites touristiques français. Le tout est cohérent et chaque page est présentée de la même manière que la précédente. Les sites web touristiques chinois utiliseront plutôt un aspect visuel différent pour chaque élément du menu pour les différencier. L’inconvénient : lorsque le menu contient un trop grand nombre d’éléments, on ne sait plus où on est. Les moyens de sécurité : Sur les sites web touristiques chinois, nous notons un contrôle important au niveau de la sécurité des informations. Très fréquemment, le site demande à l’utilisateur de se connecter à son compte pour pouvoir accéder à l’information. Les sites web français d’offices de tourismes n’ont pas ce genre de pratiques, excepté pour l’aspect « achat en ligne ». À première vue, peu de surprises donc, les interfaces des sites web touristiques correspondent plutôt bien aux concepts décrites dimensions d’Hofstede : une distance hiérarchique plus importante pour la chine, un indice d’individualisme plus important pour la France, un indice de masculinité plus important pour la chine, un contrôle de l’incertitude plus important pour la France, et un degré d’indulgence plus important pour la France que pour la Chine. Nous pouvons en conclure que notre méthode d’analyse est plutôt fiable et ainsi les résultats légitimes. Cependant, l’analyse des résultats nous permet de mettre en relief certains points pour le moins surprenants, particulièrement concernant l’aspect collectivisme et pragmatisme. La Chine est en effet réputée pour son habitude à prendre en considération le groupe et non l’individu, ainsi que son aptitude à ne pas chercher à comprendre ou expliquer tout ce qu’il se passe autour de nous. De même, Hofstede évalue la France comme un pays a tendance très individualiste. Hors, ça n’est pas du tout ce qui est reflété à travers les résultats de notre analyse sur les sites touristiques. Le collectivisme : On remarque donc des taux de collectivisme très proches, entre la Chine et la France, chose étonnante puisque l’analyse d’Hofstede marquait un écart très important entre ces dernières. . En effet Hofstede évalue la Chine comme une société très collectiviste, où les individus se sentent appartenir à un groupe et prennent soin les uns des autres en échange de leur loyauté mutuelle, pour l’intérêt et la considération qu’ils portent au groupe avant de penser à eux-mêmes(Hofstede, 2014).Cela se reflète à travers l’engagement collectif des employés pour leur organisation, et le travail coopératif entre collègues. De même, sans relations à long terme, il est très difficile de faire affaires avec une entreprise chinoise. Cette philosophie est étroitement liée à la notion confucéenne qui prône l’harmonie sociale, et met un accent particulier sur la communauté (Rogers, 2008).
Les représentations « humaines : Il est donc étonnant de ne retrouver que très peu de références à cet aspect « collectivisme » au sein des sites web touristiques Chinois. On y trouve très peu d’images faisant référence à la famille, ou au groupe. En revanche, on retrouve beaucoup plus fréquemment ce genre de photos sur les sites français, ce qui est pour le moins étonnant pour un pays censé être individualiste. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les photographies ou images de personnes sont très peu présentes sur les sites touristiques chinois qui préfèrent mettre en valeur leurs paysages et leurs monuments, mettre en valeur la richesse de leur territoire. Sur les sites touristiques français, les hommes sont les véritables acteurs et moteurs du site. Ils sont très régulièrement représentés sur les photographies, tous âges confondus, on les fait témoigner pour parler de leur ville et susciter l’intérêt. Révéler le visage du tourisme sous son aspect humain peut être intéressant pour montrer au touriste une autre facette de la ville qu’il est susceptible de visiter, en dehors de l’aspect culture/divertissement, l’aspect vie dans la ville. Les touristes au cœur des préoccupations : Autre aspect étonnant pour la dimension du collectivisme, la capacité des sites web touristiques français à être plus attentifs aux besoins utilisateurs que ceux de leurs homologues chinois. Nous pourrions croire le contraire tant la notion de groupe a une importance significative dans cette culture, mais les outils collectifs sont pourtant moins nombreux. Pour illustrer nos propos, nous pouvons prendre l’exemple du lien social, avec présence très importante sur de nombreux réseaux sociaux (Facebook, Twitter, Youtube, Flickr, Vine, Instagram, Google +), la présence quasi systématique d’une newsletter à laquelle s’inscrire, la prise en compte du statut de l’utilisateur avec la possibilité d’effectuer une recherche selon son profil (« famille », « amis », « couples », « jeunes », « touriste en situation de handicap », le contenu s’adapte au profil sélectionné). On trouve également sur les sites touristiques français la présence d’outils pour faciliter la vie du touriste, tels que des convertisseurs de devises et de surfaces, des brochures consultables en ligne, la possibilité d’adapter l’interface en faisant grossir ou réduire le texte de la page, ou encore la possibilité de personnaliser l’affichage des résultats d’une recherche (en liste, en colonnes ou en grilles). Prise en compte de l’utilisateur touriste et des différents supports sur lesquels il peut venir consulter (lorsque l’on visite un endroit, on a pas forcément son ordinateur partout avec soi, son smartphone ou sa tablette oui). Même si les sites web touristiques Chinois ne disposent pas actuellement des outils utilisés par les français, ils ne négligent pas pour autant la rubrique « Informations Pratiques ».Très présente dans chacun des sites, on y trouve des informations à la fois très générales sur la Chine et la ville à visiter (démographie, climat, etc), mais aussi sur le bon comportement à adopter et la philosophie de leur culture. Nous pourrons noter également sur certains sites web touristiques chinois, leur capacité à adapter leur interface en fonction de la langue sélectionnée. Malheureusement, la localisation effectuée sur le site est peu souvent efficace. Ces derniers points sont néanmoins la preuve que l’utilisateur-touriste n’en ai pas totalement négligé. Les systèmes de recherche et messages d’erreurs La plupart des sites web touristiques chinois observés ne disposaient pas de système de recherche, ou de systèmes très basiques ne proposant aucune personnalisation des résultats. Cela est d’autant plus étrange sachant que le site s’adresse à des touristes étrangers qui pourraient ne pas savoir s’orienter au sein du site. La grande majorité des sites français disposent d’un système de recherche optimisé avec la possibilité d’affiner sa recherche ou la possibilité de trier les résultats par pertinence, ordre alphabétique, choisir le nb de résultats
par page, etc.). On notera cependant la présence de signaux ayant pour but de prévenir l'utilisateur du site web des erreurs éventuelles ou actions irréversibles sur le site web, à la fois sur les sites chinois et les sites français. En revanche, les sites web français possèdent un système capable de guider l'utilisateur afin qu'il corrige son erreur en lui adressant des conseils pour corriger l’erreur commise. L’interaction avec le touriste-utilisateur Autre fait étonnant, les sites web touristiques français sont plus en interaction avec l’utilisateur par le biais de l’utilisation d’applications interactives, la possibilité de créer un carnet de bord personnalisé directement à partir des pages du site web, la présence de messagerie instantanée pour pouvoir échanger avec un conseiller en direct. On notera également l’aspect commercial, beaucoup plus développé en France qu’en chine, avec la possibilité d’acheter des « packs séjours », réserver des hôtels directement sur le site de l’office de tourisme. Le pragmatisme : La Chine, avec un score de 87 évalué par Hofstede pour cette dimension, est censé avoir un degré de pragmatisme très élevé. Autrement dit, il s’agit d’une culture où les individus ne ressentent pas un besoin d’expliquer tout ce qu’il se passe autour d’eux, mais au contraire acceptent la vie comme elle vient. Ils ont également la capacité d’adapter leurs traditions aux évolutions qui les entourent. Nous attendions donc d’une culture come celle-ci qu’elle utilise très peu de textes, et n’utilisent que très peu d’éléments de guidages à la navigation. Sur ce dernier point, L’exception d’Hong Kong : Hong-Kong est l’unique élément de l’échantillon chinois à se détacher, puisqu’elle diffère en tous points avec les autres sites chinois. Nous sommes face à une interface beaucoup plus moderne, qui correspond à ce que l’on peut voir sur les sites web touristiques français. Les icones utilisées sont des icônes similaires à celles utilisées par les sites français ou européens, les couleurs sont utilisées de manière pertinente de façon à mettre en valeur les informations, on y trouve la présence de réseaux sociaux (facebook, twitter, youtube) et une inscription possible à une newsletter, un plan de site, un fil d’Ariane, une carte interactive, la possibilité d’adapter la taille du texte ou de créer un carnet de route. Que ce soit en terme de contenu, de navigation, d’organisation et architecture de l’information, le site se rapproche plus de l’échantillon français que de l’échantillon chinois. 3.3 Discussion Que pouvons-nous donc en déduire ? Est –il seulement possible de proposer à des touristes de cultures tant opposées, des interfaces polyvalentes, et si oui, comment ? Il semble presque impossible de proposer une seule et unique interface qui puisse satisfaire à la fois les touristes chinois et français tant elles sont différentes. La solution, serait de créer deux interfaces bien différentes pour les français, et pour les chinois. En se basant sur les résultats de cette étude, il serait tout à fait possible de concevoir des types d’interfaces auxquelles seraient habitués les touristes. Le principal problème est que cela demanderait un travail considérable. Il faudrait à la fois adapter le contenu (images et textes), l’interface (couleurs, icones), le système de
navigation et d’architecture de l’information, tout cela en faisant appel à un entreprise de localisation efficace. Bien entendu le principal problème est que cela demande un travail important, cela implique donc des délais et coûts importants, peu d’offices de tourisme débloqueront les moyens suffisants à ce genre de projet, pourtant nécessaire. Un touriste qui trouve ses informations rapidement, reste sur le site et le consulte fréquemment, est un touriste qui viendra certainement dépenser son argent dans la ville ou la région. La communication réalisée autour d’une ville ou d’une région est un point indispensable à ne pas négliger, si elle veut gagner en attractivité. Le retour sur investissement pour ce genre de projet demande donc à réflexion. Le deuxième problème, d’autant plus important, est le phénomène de la mondialisation. En effet, nous vivons dans un monde où les cultures sont de plus en plus amenées à se croiser et s’entremêler, ce qui influence certainement notre perception des choses. Grâce à sa grande visibilité et sa capacité à s’étendre au delà des frontières, Internet ne peut qu’être influencé par le phénomène de mondialisation. Cela peut avoir deux types de conséquences sur les tendances dans le domaine du web design. D’une part, l’homogénéisation des interfaces avec des interfaces web de plus en plus similaire, d’autre part cela peut encourager les individus d’une culture ou d’un pays à se raccrocher à leur identité culturelle ou nationale (Maynard, Tian, 2004). Notre étude en est la preuve puisque l’on a pu constater cette ambivalence pour les sites chinois. L’écart entre les cultures du point de vue de l’interface web semble donc se réduire de plus en plus pour certains, ou se détacher clairement pour d’autres en se rattachant à des variantes culturelles fortes. Les sites français quant à eux semblent connaitre une homogénéisation certaine de leurs interfaces, et proposent de plus en plus d’outils ou de services pour la collectivité. L’évolution future des sites web chinois semble incertaine, difficile donc de savoir de quelle manière adapter son interface. Il serait souhaitable de compléter cette étude par une recherche de type qualitative auprès d'utilisateurs français et chinois afin de connaître leurs attentes en terme d'interfaces web (design, organisation, navigation, images, etc.).
4. Conclusion Les résultats de cette étude nous ont prouvé la nécessité de ne pas uniquement se baser sur les concepts théoriques pour la localisation de sites web à finalité touristique. En effet, 2 des 5 hypothèses que nous avions émises ont été remises en cause par notre analyse (H2 et H4). Pour la chine issue d'une culture pragmatique et collectiviste, l'interface aurait logiquement dû être dépourvue de longs textes explicatifs, plus épuré, et les représentations collectives et les outils numériques pour la collectivité plus présents. Les résultats nous ont prouvé l'inverse. Les autres hypothèses (H1, H3, H5 et H6) se sont quant à elles révélées exactes. Le conseil que nous pourrions donc donner aux futurs professionnels du tourisme souhaitant optimiser l'efficacité de leurs interfaces, serait d'effectuer une première étape d'analyse des interfaces du pays cible comme nous l'avons fait ici, afin de proposer un site web efficace et sur lequel ils vont rester plus longtemps. Cependant, il faut noter que le contexte actuel, celui de la mondialisation, semble mener doucement les interfaces du monde entier à une certaine homogénéisation. Nous recommandons donc de pousser la recherche encore plus loin à travers une étude qualitative afin de recueillir l'avis d'individus directement issus des cultures du pays cible quant à leurs attentes pour ce genre de site (interface, contenu, etc.).
Annexe 9: Page d'accueil Carcassonne Annexe 10: Page d'Accueil Paris
Paris- version chinoise
Paris- version française