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Information identified as archived is provided for reference, research or recordkeeping purposes. It is not subject to the Government of Canada Web Standards and has not been altered or updated since it was archived. Please contact us to request a format other than those available.

Contenu archivé

L’information dont il est indiqué qu’elle est archivée est fournie à des fins de référence, de recherche ou de tenue de documents. Elle n’est pas assujettie aux normes Web du gouvernement du Canada et elle n’a pas été modifiée ou mise à jour depuis son archivage. Pour obtenir cette information dans un autre format, veuillez communiquer avec nous.

This document is archival in nature and is intended for those who wish to consult archival documents made available from the collection of Public Safety Canada. Some of these documents are available in only one official language. Translation, to be provided by Public Safety Canada, is available upon request.

Le présent document a une valeur archivistique et fait partie des documents d’archives rendus disponibles par Sécurité publique Canada à ceux qui souhaitent consulter ces documents issus de sa collection. Certains de ces documents ne sont disponibles que dans une langue officielle. Sécurité publique Canada fournira une traduction sur demande.

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Une célébration de la réconcilation et la guérison au coeur de l'aumôrerie du Service correctionnel du Canada à la

veille du nouveau millénium

Copyright of this document does not belong to the Crown. Proper authorization must be obtained from the author for any intended use.

Les droits d'auteur du présent document n'appartiennent pas à l'État. Toute utilisation du contenu du présent document doit être approuvée préalablement par l'auteur,

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La présente collection de textes religieux et de prières témoigne de la présence de Dieu et lui rend hommage. Nous tenons à remercier les personnes dont les rêves sont racontés ici, de nous avoir fait don de leur courage qui s'appuie sur une volonté d'obtenir la liberté et la paix, en dépit de nombreux obstacles et d'une vive résistance dans la société.

Nous adressons nos remerciements à chacun des collaborateurs : ceux qui exercent leurs fonctions à titre d'aumôniers ou de bénévoles; ceux qui sont à l'écoute des victimes en quête de guérison et les délinquants, femmes ou hommes, qui purgent leur peine ou qui ont été mis en liberté et qui veulent obtenir une autre chance de devenir des membres à part entière de la société.

Nous souhaitons en particulier rendre hommage à Claire Poitras et à Johanne Racine dont les efforts inlassables ont permis de publier ce recueil de textes et à M. Françoi Leclair qui a procédé à la correction des épreuves du texte final.

— Dédicace —

Le présent ouvrage est dédié à tous ceux qui recherchent la liberté et la justice pour tous.

Le document Des aperçus de Dieu au travail est publié par la Direction générale de l'aumônerie du Service correctionnel du Canada

340, avenue Laurier Ouest, Ottawa (Ontario) K lA 0P9

—Mars 2000—

— Remerciements —

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— Table des matières —

Remerciements Dédicace Table des matières Note de la rédaction

AVANT-PROPOS

INTRODUCTION 1

SECTION I: HISTOIRES RAPPORTÉES PAR DES VOYAGEURS AU SUJET DE L'OEUVRE DE DIEU 5

INTRODUCTION : RACONTER NOTRE HISTOIRE 5 I. Les victimes d'actes criminels : les acteurs oubliés 7 2. Ilfaut un village pour rétablir les relations rompues 13 3. Les gens derrière les barreaux : des délinquants racontent leur histoire 22

4. Grâce à leur bonté : les bénévoles de l'Aumônerie du SCC 32 5. Une présence visible et compatissante : les aumôniers dans les

établissements 41

SECTION II: LAISSER L'ESPRIT S'EXPRIMER AU MOMENT DE NOTRE CHEMINEMENT COMMUN 71

LA GRÂCE DE LA CRÉATIVITÉ 73 Chapitre 1: Liturgies 74 Chapitre 2: Homélies 88 Chapitre 3 : Quelques citations 112 Chapitre 4: Poésie 115

SECTION III : NOUVEAUX POINTS DE REPÈRE SUR LA VOIE DE LA JUSTICE QUI GUÉRIT 122

INTRODUCTION : LA JUSTICE RÉPARATRICE, UNE FAÇON DE RÉTABLIR LA JUSTICE 122

Chapitre 1: Un appel public - Justice réparatrice et aumônerie 123 Chapitre 2 : Au-delà des murs : l'aumônerie communautaire 128 Chapitre 3: Les cercles de soutien : des lieux d'entraide et de

fraternisation 142 Chapitre 4 Un lieu pour s'exprimer : le processus de réconciliation

entre la victime et le délinquant 155 Chapitre 5 La justice réparatrice au programme des universités .• 160

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SECTION IV: RÉFLEXIONS, VISIONS ET RÊVES - COUP D'ŒIL SUR LA TERRE PROMISE 167

INTRODUCTION : REGARDER AU-DELÀ DE L'HORIZON 167 I. La criminalité, la peur et la foi 168 2. Les stades de réinsertion sociale des délinquantes 173 3. Le délinquant sexuel : un bouc émissaire - Réaction d'un groupe

confessionnel à la violence des justiciers 192 5. Jubilé 2000 — Demande d'amnistie pour les prisonniers 195

SECTION V: DES PROVISIONS POUR LE VOYAGE 197

I. Ouvrages 197 2. Vidéos 198 4. Sites Web 198

INDEX DES COLLABORATEURS ET ABRÉVIATIONS 199

I. COLLABORATEURS PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE 203 Il. JOURNALISTES 208 III. SUJETS DES TEXTES ORIGINAUX 209 IV. ABRÉVIATIONS ET ACRONYMES 209

— Note de la rédaction —

Les textes soumis pour le présent ouvrage étaient trop nombreux pour pouvoir être publiés. Lorsque l'ouvrage paraîtra dans le site Web de l'Aumônerie, les textes non imprimés seront affichés à titre de supplément.

L'Aumônerie approuve l'utilisation d'un langage inclusif du masculin et du féminin, mais nous avons laissé aux auteurs le choix des mots et nous n'avons pas modifié les références non inclusives.

La mention « tr » figure en regard des articles en anglais qui ont été traduits dans l'index des collaborateurs.

Nous espérons que le présent ouvrage vous inspirera autant qu'il nous a inspirés lorsque nous l'avons préparé en vue de sa publication.

Rod Carter et Christina Guest

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a a le chanoine Chris Carr

Directeur général, Aumônerie • Mars 2000 a

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Nous exprimons nos sincères remerciements à Christina Guest et à Rod Carter, réviseurs, et à tous nos collaborateurs. Ils se sont dévoués sans compter. L'Esprit saint était vraiment à l'oeuvre.

Avant-propos le Chris Carr

! Chers amis dans l'aumônerie et collègues dans le secteur ; correctionnel,

' Ill An 2000 -- Pour bon nombre d'entre vous, l'an 2000 est l'aimée du Jubilé : une grande célébration spirituelle. Pour certains, il

le symbolise l'avènement de nouvelles orientations et priorités dans , le monde. Pour sa part, la Direction générale de l'aumônerie du a Service correctionnel du Canada a décidé de célébrer ce jubilé en gla faisant état de certaines contributions exceptionnelles aux travaux • de justice pénale effectuéspar les groupes confessionnels. • (111 Le monde de la justice pénale est aujourd'hui confronté à de • nombreux défis et il semble faire l'objet de modifications en • profondeur, notamment dans le domaine de la justice réparatrice. • Dans le présent ouvrage, nous avons mis l'accent en particulier sur • les cas qui font appel à la justice réparatrice pour guérir la douleur • causée par le crime. a • J'espère que ce recueil d'histoires, d'articles et de réflexions sur la

• guérison et la réconciliation vous satisfera et vous inspirera. Ils

• jettent de la lumière sur notre vie en société et nous redonnent el espoir.

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- Introduction -

Introduction

Une Proclamation : un appel à la justice par le Comité interconfessionnel de l'aumônerie au Service

correctionnel du Canada

En comparaison avec de nombreux autres pays, le Canada est un endroit paisible et sûr. Et nous en sommes fiers. Malheureusement, la peur du crime, l'indignation croissante du public contre les effets de la criminalité sur la société et la souffrance de nombreuses victimes nous préoccupent tous. Cette situation nous incite à envisager une justice qui traite le crime en toute honnêteté et contribue à la guérison des personnes, des familles et des collectivités concernées. La peur et l'indignation, si elles continuent de croître, nuiront à notre bien-être collectif et à notre tissu social. L'augmentation de la population carcérale est le signe que l'on recourt trop à l'incarcération pour résoudre les problèmes d'ordre criminel et social. Malgré les dépenses engagées pour administrer la justice et malgré la rigueur avec laquelle celle-ci est rendue, les victimes disent que leurs besoins en matière de guérison et de sécurité ne sont pas comblés. En outre, la récidive prouve que l'approche actuelle de la justice n'est pas efficace pour guérir notre société, les victimes ou les délinquants. La pratique actuelle de la justice dans notre pays fonctionne-t-elle efficacement? Nous convenons qu'elle ne donne pas les résultats attendus et que la souffrance et la peur continuent d'augmenter.

Nous ne sommes pas les seuls à percevoir la nécessité d'une nouvelle orientation. Nous appuyons et encourageons les efforts d'un grand nombre de personnes au gouvernement, de celles qui étudient la justice pénale et aussi des citoyens qui se dévouent pour une justice qui répare les torts, comble les besoins, transforme et guérit les personnes et les collectivités touchées. Nous témoignons des principes de la justice réparatrice qui, enracinés dans les saintes Écritures et les traditions, ont été longtemps négligés, mais qui sont maintenant en voie d'être redécouverts et remis en valeur.

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— Aperçus de Dieu au travail —

Nous appuyons la justice réparatrice parce qu'elle offre une orientation favorisant une justice plus créative et satisfaisante. Elle permet de changer de cap et de mettre l'accent sur la guérison des blessures que les crimes ont causées chez les victimes, les délinquants et dans les collectivités. Nous encourageons les efforts que tous les paliers de gouvernement déploient pour appliquer les principes de la justice réparatrice dans des programmes comme les services aux victimes, la médiation entre la victime et le délinquant, la déjudiciarisation, les solutions de rechange aux peines traditionnelles et les cercles de détermination de la peine, la restitution du bien dérobé ainsi que les programmes de prévention et de traitement communautaires. À l'heure actuelle, les besoins sont beaucoup plus grands que les programmes offerts. Il faudra élaborer de nombreux programmes et projets pour pouvoir remplacer l'incarcération par d'autres mesures correctives.

Nous encourageons tout le monde à amorcer un cheminement sous le signe de l'espoir et de la guérison auquel la justice réparatrice nous appelle tous. C'est un chemin difficile qui fait passer de la peur à l'espoir, de la vengeance à la réconciliation, de la haine au pardon. La justice réparatrice ne minimise jamais l'importance des effets des crimes, ne les excuse pas ni ne les oublie. Le pardon et la réconciliation impliquent un amour libérateur, le choix de continuer malgré la souffrance, un choix qui ne réduit en aucune façon l'énormité de la faute. La justice réparatrice aide à réduire la souffrance pour favoriser la guérison et ramener les personnes touchées à la vie normale; c'est une occasion de dépassement et un chemin de guérison, mais elle ne doit jamais être imposée à quiconque. Nous travaillons et nous prions pour le rétablissement des collectivités afin que les relations entre les gens deviennent ce que Dieu voulait qu'elles soient. Nous cherchons ce que les Juifs appellent Chalom (la paix), l'harmonie et la sécurité pour tous, afin que la vengeance et la souffrance cèdent le pas à la réconciliation et à la guérison. La recherche d'une justice vraie et satisfaisante est liée pour toujours à la croissance spirituelle de toutes les Canadiennes et de tous les Canadiens. À l'inverse, la

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— Introduction —

surincarcération — typique d'un esprit vengeur et d'une mentalité répressive — durcit l'âme de notre pays.

Gouvernements du Canada, nous faisons appel à vous pour que vous résistiez à la tentation d'abaisser la justice réparatrice au rang d'une stratégie visant à réduire les coûts, plutôt que d'en faire un moyen de changer des attitudes et des vies. Nous vous mettons en garde contre la tentation d'élargir le filet de la justice en limitant le recours à la justice réparatrice aux crimes de moindre gravité, ceux dont le tribunal ne se préoccupe pas habituellement.

Nous reconnaissons l'ampleur de la tâche. S'ajoutent à ce défi les pressions économiques et politiques qui élargissent le fossé entre les riches et les pauvres. Le chômage chez les jeunes et les sombres perspectives d'avenir qui s'offrent à eux sont un terrain propice à la criminalité. La justice réparatrice, c'est la guérison de la société, et elle nous met au défi d'envisager avec courage le manque de mesures préventives et les forces économiques et politiques qui ont une incidence sur toute la collectivité. La justice réparatrice a besoin de l'appui des gouvernements et d'un public réceptif, compréhensif et compatissant, afin de créer un lieu de croissance pour une justice plus créative et satisfaisante.

Nous nous engageons à créer, dans nos lieux de culte, nos foyers et nos collectivités, l'environnement où des plants de justice réparatrice pourront croître et s'épanouir. Nous vous implorons, vous les gouvernements du Canada, de faire tous les efforts nécessaires afin de diriger notre pays sur la voie d'une justice plus créative et satisfaisante pour le bien de tout le monde. Que Dieu veille sur notre pays!

(Déclarée le 21 septembre, 1997)

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8 — Histoires apportées pas des voyageurs -

Section I: HISTOIRES RAPPORTÉES PAR DES VOYAGEURS AU SUJET DE L'CEUVRE DE DIEU

Raconter notre histoire Introduction de la section par Terry Richardson

J'ai passé les deux dernières soirées avec un ami. Nous avons appris à mieux nous connaître en racontant chacun notre histoire personnelle. Je l'ai écouté raconter sa première rencontre avec sa femme, la naissance de son premier enfant, ses doutes dans le domaine de la foi et sa carrière. J'ai raconté l'histoire de ma vie, de ma famille, de mes doutes dans le domaine de la foi et de mon ministère. Ainsi, nous nous sommes encouragés et nous nous sommes remonté le moral en nous remémorant nos racines. Nous nous sommes de nouveau rendu compte que Dieu était alors présent et qu'il l'est toujours. Il y a quelque chose de revivifiant à raconter une histoire dont l'issue est positive ou remplie d'espoir.

C'est ce que mes enfants ont toujours aimé aussi : les histoires. Les histoires de la Bible, les fables d'Ésope, les contes de fées de Grimm, les réponses à la question : « Comment c'était quand tu étais petit? ». Ou bien, nous restions étendus sur le dos et inventions des histoires au sujet des maringouins, des grenouilles ou des chats.

Les histoires nous faisaient rire ou pleurer. Parfois, nous devions nous arrêter parce que nous risquions de nous étouffer en les racontant. Il y a les histoires d'espoir comme celles qu'on trouve dans les livres populaires de la série Chicken Soup for the Soul. Il y a aussi, bien entendu, les récits de tragédies et de catastrophes et les histoires des victimes. Toutes ces histoires ne sont pas faciles à raconter et elles ne sont pas toutes inspirantes, mais il se dégage une force de chacune d'entre elles.

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- Aperçus de Dieu au travail -

L'histoire des services correctionnels ressemble à des montagnes russes. Elle contient des milliers d'autres histoires. Elle peut être sombre et difficile, et sembler remplie de frustrations et d'impasses. Cependant, à l'instar de toutes les autres histoires, le fait de la raconter donne de la force. Nous devons raconter cette histoire et toutes les difficultés et frustrations qui l'accompagnent, en ressentir les sentiments, libérer la force négative de « ce qui était » et permettre l'éclosion de l'énergie créatrice. Cacher le récit de difficultés revient à en supporter le poids et à subir indéfiniment le fardeau d'une douleur non révélée. Raconter les difficultés vécues permet de rompre le silence, de se prendre en main ; de lâcher prise et d'aller de l'avant. Racontons nos histoires respectives : qu'il s'agisse de travailler dans un établissement, de gérer d'autres personnes ou de purger une peine. Puis, laissons à Dieu le soin de créer un contexte propice à l'éclosion de choses nouvelles.

Il en est de même de votre histoire. À qui avez-vous raconté votre histoire dernièrement? Avez-vous écouté l'histoire d'une autre personne récemment? Racontez votre histoire. Vous courrez ainsi la chance de guérir ou d'enrichir la vie d'une autre personne. Comme l'a dit un sage : « Celui qui raconte l'histoire guide la culture ».

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8 — Histoires apportées pas des voyageurs —

I. Les victimes d'actes criminels : les acteurs oubliés

« En quoi consiste le pardon? Il ne concerne pas du tout l'autre personne. Le pardon vous permet de vous sentir mieux et de vivre en paix. » (Mary Bessette)

Le rêve de vengeance de la victime Wilma Derksen

Wilma et Cliff Derksen ont perdu leur enfan, qui a été assassinée par l'auteur inconnu de son enlèvement. Voici un extrait d'un article que Wilma a rédigé pour le Mennonite Reporter.

Peu après les funérailles, j'étais encore remplie de peine lorsqu'une amie vint me voir. Le thé était délicieux, la pièce était chaleureuse et tranquille. Elle me dit : « Wilma, je sais que tu as accordé ton pardon. Je ne décèle en toi aucune vengeance. Mais si tu avais le choix, qu'est-ce qui te permettrait d'obtenir justice à tes yeux? Serait-ce l'exécution? »

Jusqu'à ce moment-là, je ne m'étais jamais posé la question. Cependant, je me sentais en sécurité avec mon amie, et sa question était franche. J'ai donc décidé d'explorer mes sentiments profonds. J'ai été sidérée de m'entendre répondre : « Que dix meurtriers d'enfant meurent ... et que ce soit moi qui appuie sur la gâchette ».

J'imaginais dix personnes, le visage recouvert d'une cagoule, alignées contre un mur de briques. Et j'appuyais sur la gâchette ...dix fois. C'était une sensation délicieuse. Mais la caméra de mon imagination a continué de tourner, et j'ai vu les dix personnes tomber. J'ai vu le sang et la profanation. J'ai vu les cagoules s'enlever et le visage de ces personnes vulnérables dans la mort. Et puis, j'ai vu leurs mères, pleurant la mort de leurs fils. Et comme ma propre peine était encore toute récente, je pouvais m'identifier entièrement à elles et ressentir leur douleur aussi profondément

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- Aperçus de Dieu au travail -

que la mienne. Pire encore, j'ai vu que l'un des hommes n'avait personne pour pleurer sa mort. Il n'avait jamais su ce que c'était que d'être aimé et, à cause de moi, il ne le saurait jamais. Revenue à la réalité, j'étais accablée.

Le Christ nous a montré à mettre de la chair sur le squelette de la justice avec l'amour et le pardon. Il a enseigné que nous pouvons obtenir une guérison complète en utilisant notre douleur pour créer de l'espoir. Il savait que si nous cherchions à recourir à la vengeance pour combler notre perte, il n'en résulterait qu'un vide encore plus profond. Il nous enseigne une meilleure façon de donner une valeur et un sens à nos souffrances.

Forts de cette croyance, Cliff et moi avons essayé désespérément de planter nos petites semences d'espoir dans notre tragédie. Nous avons lancé un fonds pour la construction d'une piscine au Camp Ares. Nous avons aidé à créer un organisme Enfant-Retour à Winnipeg et nous avons raconté notre histoire pour voir si cela comblerait réellement le vide créé par la perte que nous avions subie. Rien ne saurait remplacer Candace. Mais il n'y a pas de comparaison possible entre l'agréable sensation d'appuyer sur la gâchette et la joie indicible et profonde de voir l'achèvement de la piscine, de réunir un enfant avec sa famille et de savoir que notre histoire a aidé d'autres personnes.

(Extrait d'un article du Mennonite Reporter. Reproduction autorisée)

Nos rêves se sont évanouis à tout jamais André Duchesneau

Nous étions les parents d'une belle jeune femme pleine de vie qui a été assassinée le 12 juillet 1997, à l'âge de 26 ans. Ce qu'il y a de plus insupportable et de plus traumatisant dans ce meurtre, c'est de savoir que Danielle a été sauvagement battue et privée de soins médicaux. Comment un jeune homme fort peut-il battre une jeune

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— Histoires apportées pas des voyageurs —

femme sans défense, lui infliger autant de souffrances.. .et la laisser mourir? Comment ne pas être en colère, triste ou se sentir seul devant un tel geste?

Comment mesurer la perte d'une fille, d'un enfant unique? Est-ce qu'on compte la quantité de joie qu'elle apporte même avant sa naissance? Le nombre d'années passées à l'élever et à la préparer en vue de sa vie d'adulte? Ou est-ce simplement qu'elle est devenue un prolongement de notre propre vie?

Comment mesurer l'anxiété qui vous saisit lorsqu'en rentrant vous trouvez une note de la police sur la porte : « Veuillez appeler la police de Kingston »? Ou la douleur à l'estomac ressentie en attendant l'arrivée des policiers? Comment mesurer le choc et la souffrance éprouvés lorsque l'agent de police vous dit que votre fille a été assassinée. « Mon Dieu, laissez-moi changer de place avec elle! » s'écrie votre femme. Comment mesurer la douleur qui vous perce le coeur lorsque quelqu'un soulève le drap recouvrant le corps de votre fille à la morgue, la tristesse insupportable, les pleurs angoissés au tréfonds de votre corps et de votre âme? Vous n'oubliez pas. Vous ne pouvez pas oublier.

Ce qui peut être mesuré, c'est ce qui nous a été enlevé. Notre vie ne sera jamais plus la même. Avant le meurtre, nous avions des rêves, des plans. Une partie de notre rêve s'est évanouie à tout jamais — nous ne serons jamais grands-parents. Jamais plus nous ne verrons son sourire, n'entendrons sa voix, son rire communicatif—ces moments sont partis à jamais.

Le meurtre a changé notre façon d'agir, d'éprouver des sentiments et de penser. Maintenant, chaque jour est un défi. Il faut du courage pour relever ce défi : le courage de faire face à notre douleur, de nous consoler mutuellement, de changer notre vie et de nous adapter à l'absence de Danielle. Elle a fait partie de notre vie pendant 26 ans et pas un seul moment, nous ne cesserons de penser à elle.

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Les dates d'anniversaire sont particulièrement pénibles pour les survivants, car elles constituent un rappel — nous sommes obligés de revivre sans cesse les circonstances de la tragédie. Voir une mère et sa fille qui marchent dans la rue ou assises ensemble dans un restaurant brise le coeur de ma femme. À quoi riment le matin de Noël ou les réunions familiales à Québec ou à Toronto sans notre précieuse fille?

Un enfant n'est pas censé mourir avant ses parents.. .ce n'est pas le cours normal de la vie. Il devient de plus en plus difficile chaque jour de comprendre ce qui est arrivé. Il y a des moments où nous oublions presque que nous ne la reverrons jamais. Puis, la cruelle réalité réapparaît et nous nous rendons compte que le cauchemar est réellement une réalité. Nous ne comprendrons jamais la raison de cette tragédie, car c'était un geste insensé.

Le jour où Danielle a été tuée, notre raison de vivre a disparu avec elle.

La dernière fois que nous avons parlé à Danielle, c'était vendredi, le jour avant sa mort. Nous ne savions pas que ce serait la dernière fois. Je lui ai dit que je m'en allais à la prison, à titre de citoyen bénévole, pour jouer une partie d'échecs avec un détenu. Il m'avait invité à jouer aux échecs dans sa cellule avant la messe. Danielle était très fière de moi, et moi d'elle.

On se souviendra toujours de Danielle pour sa générosité et sa gentillesse envers les autres, dans la vie comme dans la mort. Comme l'a dit le prêtre à ses funérailles, elle était plus belle à l'intérieur qu'à l'extérieur. C'était une fleur exquise, une bénédiction dont nous serons toujours reconnaissants. Les nombreux témoignages de clients et d'employés de sa banque et de personnes de toutes les couches de la société au sujet de la dignité et du respect sans condition de Danielle à leur égard nous ont réconfortés.

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- Histoires apportées pas des voyageurs -

Il n'y a pas de moment précis pour pleurer; la tristesse restera toujours. Des parents peuvent-ils surmonter la douleur causée par le meurtre de leur enfant? Non, ils apprennent seulement à survivre à la souffrance. Aucune parole ne peut faire disparaître la douleur aujourd'hui, demain ou l'an prochain. Danielle était un don précieux et merveilleux de Dieu. C'était parfois un délice de vivre avec elle; parfois, c'était difficile. Mais c'était toujours la Vie!

Elle nous manque.

(À titre de bénévole, André Duchesnea, accompagne des délinquants incarcérés dans des établissements de la région de Kingston et qui bénéficient de permissions de sortir.)

Les victimes : les orphelins de la justice Auteur inconnu

Les dirigeants des diverses confessions religieuses devraient indiquer aux responsables ecclésiastiques la meilleure façon de répondre aux besoins des familles des victimes d'un meurtre. Encore une fois, il s'agit d'une opération tout ou rien. La dernière chose que nous devons ou voulons entendre après une tragédie, c'est l'expression de sympathie ou des prières pour l'assassin et, plus important encore, nous ne voulons pas nous faire dire que nous devons pardonner à l'assassin. Il faut nous laisser le temps de tirer cette conclusion, si tant est que nous puissions y arriver. Nous devons apprendre par nous-même que Dieu finira par s'occuper du ou des meurtriers et qu'Il est le seul à décider de leur sort éternel. Tous les conseillers et, en fait, toutes les autorités, doivent se rendre compte que nous sommes remplis de haine, de peur, de vengeance, de frustration et de culpabilité — oui, de culpabilité — pour les derniers mots que nous aurions pu dire à la personne aimée assassinée, dont certains ont pu être prononcés dans un accès de colère ou par méchanceté. Essayez d'imaginer à quel point un sentiment de culpabilité de ce genre peut être terrible.

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Nous éprouvons ces sentiments pendant une certaine période, plus ou moins longtemps, selon les personnes. C'est pourquoi il n'existe pas encore de moyen standard auquel les médecins, le clergé ou les organismes de services sociaux peuvent recourir pour nous aider. Nous croyons donc que nous devons jouer un rôle important : réconforter, consoler, conseiller et appuyer, dans cet ordre. Qui est mieux placé que nous pour conseiller et aider la police, les tribunaux, les divers ordres de gouvernement, les médecins, le clergé et les organismes de services sociaux? Nous sommes ceux qui apprennent à faire face à cette tragédie violente, mais jusqu'à présent, personne ne nous a consultés pour obtenir des conseils. Nous semblons être réellement les victimes oubliées.

Les familles des délinquants : les victimes invisibles Hugh Kirkegaard

Nous avons commencé à nous rendre compte que les femmes des délinquants sont souvent, en fait, des veuves et leurs enfants, des orphelins. En outre, du fait de l'absence de l'homme, la famille fait face à de nombreuses difficultés qui rendent très précaire sa situation dans la collectivité. Les stigmates dont elle est marquée, non pas parce qu'elle a commis une infraction, mais parce qu'elle aime quelqu'un qui a commis une infraction, ont un effet très débilitant...[Une mère dit à ses amies que son fils occupe un emploi à l'extérieur de la ville] parce qu'elle sait qu'elles ne comprendront pas ce que c'est que d'avoir un fils qui attend son procès dans un centre de détention, et sera probablement condamné à quatre ou cinq ans de prison dans un pénitencier fédéral. Et cette situation s'accompagne d'une énorme douleur. De telles familles sont essentiellement des victimes, les victimes invisibles de notre système de justice.

(Extrait de The Expanding Prison, David Cayley, House of Anansi Press, Toronto, 1998, p. 301. Reproduction autorisée.)

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2. Il faut un village pour rétablir les relations rompues

Pas dans ma cour Norm Ballon

« Pour le détenu - la douleur est omniprésente et le rire est rare...»

Les gens ont peur. Leurs craintes sont attisées par les journaux et la télévision qui décrivent la criminalité comme étant « hors contrôle ». De plus, en cette année d'élection, les gens s'attendent à ce que la classe politique réprime sans pitié la criminalité. Au cours d'une journée moyenne l'an dernier, 29 233 adultes étaient incarcérés dans des établissements fédéraux ou provinciaux au Canada. Le taux d'incarcération de notre pays arrivait au deuxième rang dans le monde occidental. Cependant, l'emprisonnement résoudra-t-il réellement le problème de la criminalité au Canada? De toute évidence, si l'incarcération était la solution, les États-Unis seraient une société beaucoup plus sûre, car le taux d'incarcération de nos voisins est près de trois fois plus élevé que celui du Canada.

C'est pourquoi il importe que les groupes religieux fassent appel à la foi plutôt qu'à la peur. Selon notre foi, chaque personne est créée à l'image de Dieu; nous croyons dans le pardon, la rédemption et la réconciliation. Au lieu de qualifier les gens de « criminels » pour le reste de leur vie, nous voyons dans le délinquant un fils ou une fille, une femme ou un mari, un père ou une mère. Il s'agit d'êtres humains qui pro viennent de la collec-tivité, et la grande majorité d'entre eux retourneront à la société.

Les accepterons-nous et les aiderons-nous? L'histoire de David et de Bethsabée dans l'Ancien Testament nous en donne un bon exemple. Lors de cet incident, David démontre qu'au fond de lui-même il existait un délinquant sexuel et un meurtrier. Bon nombre de nos contemporains concluraient que toute personne qui commet ce genre d'infraction est un cas désespéré et doit être incarcérée pour le reste de ses jours. Dieu condamne David dans des termes

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très clairs parce qu'il a commis ces infractions, mais après s'être repenti auprès de Dieu, David est pardonné et ses fautes sont oubliées. Il s'établit alors des relations particulières entre Dieu et David et, dans la Bible, David est considéré comme un modèle de foi pour les générations à venir.

Pour le délinquant, la réintégration ne peut pas avoir lieu en vase clos. Il faut rétablir et renforcer les relations avec la famille et la collectivité. Ainsi, la nouvelle prison des femmes est construite en plein centre de la ville de Kitchener, et des maisons de transition agrandies sont construites à London, Hamilton, Toronto et Ottawa. Il s'agit là d'une décision logique, non seulement sur le plan de la rentabilisation, mais aussi de la justice réparatrice. Mais la peur prend souvent le dessus et alorsle leitmotiv pas dans ma cour se fait entendre avec force. Malheureusement, les groupes religieux n'échappent pas à cette attitude contraire à la charité.

Les médias décrivent les délinquants comme des monstres prêts à violer, à causer des ravages et à détruire. À titre d'aumônier depuis dix-huit ans, j'ai eu la possibilité de connaître les délinquants en tant qu'êtres humains. Ils ont un nom, des sentiments, une famille et des rêves. Lorsque notre fils avait treize mois, nous l'avons amené avec sa soeur de cinq ans en prison. Il était touchant de voir des « détenus durs » ramper sur le plancher avec l'enfant. Au fil des ans, des délinquants et leur famille sont venus nous voir à la maison. Nous nous souvenons de leur prénom — Fred, Len, Louise, Tony, Anne, Don, Liz, Joe, Sandra, Ron, Mike, Ben...

Le système de justice pénale présente un problème : il fait abstraction du visage humain de la victime et du délinquant. La crainte de la criminalité qui s'est emparée de notre société a pour effet d'aggraver la situation. Les croyants ont le choix de se laisser emporter par cette peur ou d'emprunter un chemin différent. Puisse Dieu nous accorder la grâce et le courage d'être des agents de réconciliation et d'accueillir l'ex-détenu dans la société! (Extrait de Pen Pal, décembre 1993. Reproduction autorisée)

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Avec un peu d'aide de mes amis Harry Nigh

J'ai rencontré un beau gars aujourd'hui lors d'une rencontre imprévue qui m'a rappelé la beauté et la capacité d'aide de la collectivité.

Dans un petit village près de Toronto, nous avons tenu une réunion au cours du petit déjeuner afin de planifier le Risking Community Day pour les bénévoles de l'aumônerie communautaire. Au moment de nous quitter, l'un de nos membres m'a dit : « Harry, j'aimerais que tu rencontres Bill ».

Bill achevait de manger ses oeufs et ses rôties à une table ronde près de la porte du restaurant, dans la zone-fumeurs. Bill n'affiche réellement aucune caractéristique impressionnante ou charismatique. Il s'installe à la même table tous les jours pour prendre son petit déjeuner. Mais, comme j'allais bientôt l'apprendre, les petits déjeuners de Bill sont spéciaux.

Il semble que tous les matins, un groupe d'ex-détenus se joint à lui. Il s'agit de gars que Bill est venu à connaître et à accepter, et il a rencontré certains d'entre eux lorsqu'il a dirigé un groupe de soutien dans un centre correctionnel situé à quelques milles de là. Parfois, il y a quatre gars, parfois six, parfois seulement un. Il n'y a pas de programme ou d'ordre du jour. Bill dit que le langage devient parfois grossier. À d'autres occasions, lorsqu'ils parlent de leurs enfants ou des problèmes qu'ils rencontrent avec leur ex-femme, la conversation peut devenir plus profonde et personnelle.

Bill dit : « Vous voyez cet immeuble d'habitation là-bas? » Mon ami et moi regardons l'immeuble de l'autre côté de la route. « Quatre d'entre eux environ y ont emménagé. Ils ont réussi à s'entendre pour avoir leurs enfants pendant les mêmes week-ends. Ils s'entraident et ils ne boivent pas autant lorsque leurs enfants sont avec eux! »

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Sans lui demander, je sais que Bill ne reçoit rien pour ce « programme » de soutien communautaire de base. Je peux deviner à voir la fierté qui jaillit de ses yeux que ces hommes sont comme une famille pour lui - ses garçons. Je ne peux qu'imaginer l'aide vitale que cette table ronde quotidienne et cet homme bon doivent

apporter à ces hommes qui tentent de refaire leur vie.

Je songe à tous les autres « arrangements » officieux, comme la table de Bill, qui passent inaperçus, mais qui forment de magnifiques pièces de guérison dans notre mosaïque communautaire. Après avoir passé un an comme aumônier communautaire, je peux faire observer que rien n'est plus utile à la réinsertion sociale des délinquants et des délinquantes que la contribution de Bill : consacrer du temps, être à l'écoute et être a présent.

a Nous recevons tous les jours des plaidoyers d'agents de libération conditionnelle, d'aumôniers en établissement et de psychologues en faveur de ce soutien communautaire « au cours d'une rencontre de petit déjeuner ». Un psychologue a appelé au sujet d'un homme qui a réussi à rester 8 heures à l'extérieur de la prison la dernière

(Extrait de Weavings, octobre 1998. Reproduction autorisée.)

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fois. « Cet homme n'a pas de connaissances en dehors de la a prison », a-t-il dit. Pourrions-nous lui trouver un groupe de soutien? a

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Selon la sagesse ancienne de l'Ecclésiaste, « Celui qui est seul, comment aura-t-il chaud? » (4:11) Bonne question Ecclésiaste. Bonne réponse, Bill. Que Dieu te bénisse!

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Une religieuse transmet un message de guérison à d'ex-détenus et à leurs victimes

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« Heureux ceux qui procurent la paix, car ils seront appelés fils de Dieu! » (Matthieu 5:9).

Lorsque soeur 'Marguerite Somer des Soeurs grises de l'Immaculée Conception, aumônière en établissement à la retraite, a organisé une fête d'anniversaire pour un ami en liberté conditionnelle, celui-ci a reçu un choc. « Il n'avait jamais pensé que quiconque voudrait organiser une fête en son honneur », a-t-elle dit, avec un sourire désabusé. Il était le premier délinquant auquel elle avait rendu visite pendant les 24 ans au cours desquels elle avait agi comme aumônier. Les ex-détenus éprouvent souvent un sentiment de honte et d'inadaptation qui les isole sur le plan social.

La petite religieuse à la voix douce ne ressemble pas à quelqu'un qui a consacré la plus grande partie de sa vie au travail en milieu carcéral, mais lorsqu'elle commence à parler de justice réparatrice, sa passion pour ce sujet jaillit de ses yeux gris-vert.

La justice réparatrice, explique-t-elle, consiste à « apporter la paix, ce que tous les Chrétiens sont appelés à faire. Elle favorise la guérison chez tous ceux qui sont touchés par le crime, tant les victimes que les auteurs. Elle vise à aller au-delà de la punition pour faciliter la guérison et le rétablissement d'une collectivité ».

[Soeur Somers a dit au journaliste de B. C. Catholic que,] pendant que les médias font largement état des histoires de récidivistes, ceux qui réussissent à se réadapter sont souvent ostracisés par leur famille qui ne peut pas leur pardonner la douleur et les ravages qu'ils ont causés par le passé. « Ils ne bénéficient généralement pas d'un système de soutien à l'extérieur de la prison. On fait peu pour les aider, eux ou leur famille, à rétablir l'intégrité de leur vie. C'est pourquoi nous avons désespérément besoin de bénévoles qui se

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rendent dans les prisons et qui restent en contact avec les détenus après leur mise en liberté. »

Soeur Somers enseigne l'Écriture sainte à la Luke 15 House, groupe de Burnaby pour les libérés conditionnels. Avant de travailler en milieu carcéral, elle a enseigné pendant 20 ans dans une école du centre-ville d'Ottawa. Cette année, sœur Somers a reçu l'autorisation de sa congrégation de réunir des ressources à utiliser auprès des délinquants, de leur famille et de leurs victimes dans l'archidiocèse de Vancouver. « Tous ceux qui s'occupent de justice en milieu carcéral, comme le père Gary et les conseillers des Catholic Charities Justice Services, John Zanatta et Roy McIntyre, conviennent qu'on a absolument besoin d'éducation », dit-elle.

Sœur Somers espère créer un comité de ressources pour la justice réparatrice afin que les personnes ayant une connaissance directe du système carcéral puissent échanger des idées. Les détenus, ajoute-t-elle catégoriquement, doivent être inclus. L'accroissement du nombre de bénévoles qui se rendent dans les prisons lui tient particulièrement à coeur. « Nous en apprenons davantage tous les jours, et je sens réellement que l'Esprit saint va apporter la justice réparatrice dans nos collectivités. À mon avis, notre mission en tant que chrétiens consiste à appuyer les personnes touchées par la violence, qu'il s'agisse des délinquants ou des victimes, en étant les messagers de l'amour bienfaisant de Dieu. »

(Extrait de The B.C. Catholic, page 3, 8 septembre 1998. Reproduction autorisée.)

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Un ministère auprès des familles Chris Carr

Pourquoi, à titre de personne qui cherche à suivre un cheminement spirituel, ai-je choisi de travailler avec les familles de détenus?

Travailler avec les familles des détenus constitue un défi de taille. Plus de la moitié des détenus ne reçoivent pas de visite, pas même la visite de leur famille. Ils ont rompu tous les ponts sociaux de façon alarmante. Le taux de violence dans les familles de détenus est supérieur à celui enregistré dans les autres familles. En général, les familles des détenus éprouvent des difficultés financières, elles ont de la peine et elles sont en colère, souvent contre le système de justice pénale. Habituellement, il s'agit de personnes dans le besoin, qui ont perdu tout espoir, qui sont nerveuses et qui ne peuvent pas prendre leur situation en main.

Plus le défi des besoins humains est grand, plus il est prioritaire d'intervenir sur le plan spirituel. Selon les exigences radicales de l'engagement chrétien, ce sont les pauvres qui sont bénis, les personnes en deuil qui sont réconfortées, les soumis qui héritent de la Terre, ceux qui ont faim et soif de justice qui sont exaucés. Lorsque Jésus a tenté de décrire le jugement final, il a laissé entendre que ceux qui avaient rendu visite aux indigents, y compris les prisonniers, lui avaient rendu visite. L'engagement chrétien consiste à apporter une plénitude renouvelée et la guérison au peuple de Dieu, en particulier aux personnes dans le besoin. Répondre aux besoins de la famille du détenu constitue un moyen important de répondre à cet appel spirituel dans notre vie.

Cependant, cela n'explique pas toutes les raisons de mon engagement auprès des familles. À mesure que j'ai approfondi la question et que j'ai défini mes sentiments et mes intuitions, j'ai découvert une image surprenante. J'y voyais ma dette envers une catégorie particulière de familles côtoyées à l'époque où j'étais pasteur d'une paroisse. En général, ces familles entretenaient très

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peu de relations avec l'Église officielle dans ses activités quotidiennes, mais elles venaient célébrer leurs noces dans la maison de Dieu, ce à quoi les membres du clergé contribuent souvent avec résistance et amertume. Ces familles m'ont pourtant montré que Dieu était au coeur d'un engagement très important dans la vie de son peuple. Elles m'ont rappelé que les célébrations juives importantes de l'engagement envers Dieu, comme la Pâque, ont lieu dans le foyer familial.

Puis j'ai commencé à faire des associations. Jésus a enseigné à ses disciples à s'adresser à Dieu comme au Père, comme dans une famille. Les Chrétiens considèrent les croyants comme formant la famille de Dieu, ses membres comme des frères et des soeurs, et ses dirigeants comme le père et la mère. Selon certains des auteurs du Nouveau Testament, la meilleure façon de comprendre l'amour de Dieu pour son peuple était de le comparer à un mariage couronné de succès. Les mariages réussis sont enracinés dans l'engagement de Dieu pour son peuple.

Les organismes correctionnels s'engagent souvent à inciter activement les délinquants à devenir des citoyens respectueux des lois qui doivent accepter de faire partie de la société et de respecter les conditions du contrat social. Comme les familles constituent un élément fondamental de la structure de la société, s'engager à respecter l'engagement familial contribue dans une large mesure à aider le détenu à observer le contrat social et les lois. Nos collectivités deviendront ainsi plus sûres.

Bon nombre des principaux concepts bibliques qui ont un rapport avec le concept de l'engagement ont une compréhension beaucoup plus large de la justice pénale. La droiture ne consiste pas seulement à respecter les lois, mais aussi à adopter un comportement qui respecte les relations interpersonnelles. Le mal, la méchanceté et le péché ne sont pas uniquement des infractions à une loi, mais ils révèlent en outre un comportement hostile à la collectivité, de même qu'à Dieu. « Shalom » fait partie de la nature

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lie et de l'objectif de la collectivité et comprend les idées de paix, de 111 plénitude, de santé, d'intégralité, de relations droites et • d'harmonie. La justice comprend la restauration des relations

sociales dans la relation avec Dieu.

C Si nous essayions d'atteindre l'objectif ultime de la restauration

• des relations, nous aurions recours à une utilisation plus sélective

• et plus éclairée de l'incarcération, et ainsi nous répondrions

• davantage aux besoins des personnes touchées par le crime, y

• compris les familles et les victimes, ce qui réduirait les coûts

• comme en témoignent certaines expériences. Les motifs spirituels

• qui nous incitent à travailler avec les familles nous amèneraient à

• adopter un nouveau point de vue sur la justice pénale en Amérique du Nord.

Il semble important d'ajouter que l'évaluation des résultats, quelle le qu'en soit la perspicacité ou l'utilité, n'est pas le motif • fondamental d'un engagement spirituel à servir la famille des

détenus. Le service spirituel s'enracine toujours enraciné dans C. l'expérience d'un Dieu généreux, créateur, indulgent et aimant.

Les résultats sont secondaires par rapport à la motivation d'être ulF fidèle aux dons de la grâce et à la gratitude dans lesquelles les • bonnes actions trouvent leur origine. Le serviteur spirituel annonce 1111 la bonne nouvelle et son Évangile est relativement indépendant du • succès ou de l'échec d'un programme. Comme l'a dit un leader • canadien reconnu dans le domaine de la pastorale en milieu « carcéral, M. Charles Taylor de l'Acadia Divinity College, la foi • nous protège contre l'orgueil causé par le succès, mais aussi contre • le découragement causé par l'échec. • • (Extrait de FCN Report, numéro 6, page 4.

ne Reproduction autorisée)

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3. Les gens derrière les barreaux : des délinquants racontent leur histoire

Maintenant, un prisonnier du Seigneur dont le coeur est libre Le témoignage d'un détenu : Pierre

La prison m'a permis de transformer ma vie grâce à une « rencontre ». Les aumôniers ici le savent tous. Il y a près de dix ans, le Seigneur est entré dans ma vie. À ce moment-là, j'étais « gelé » plus souvent qu'autrement, avec tout ce que cela comporte. J'étais attiré par les « péchés du monde » et j'avais mis le Seigneur de côté depuis longtemps. Lorsque j'y pense aujourd'hui, je suis certain que c'est ce qui m'a mené à la prison.

J'ai vécu dans trois pénitenciers. Je me sentais comme un vieux train rouillé qui avait déraillé. Avec l'aide des aumôniers et de bénévoles, j'ai pu redécouvrir l'amour, la bonté et la patience de Dieu. C'est comme si Dieu intervenait par l'entremise de ces personnes pour me remettre sur la bonne voie, me donner un élan et faire en sorte que je sois de nouveau en paix avec moi-même et les autres.

Merci, mon Dieu, de m'avoir permis de rencontrer ces personnes qui m'ont montré la voie à suivre. Puisse Dieu vous bénir et vous protéger. Un détenu parmi tant d'autres, Pierre

Aimer Dieu - un début Lorna DoSantos

C'est un honneur et un privilège pour moi de venir vous parler aujourd'hui. Je suis détenue à l'établissement Grand Valley pour femmes, à Kitchener. Je ne suis pas différente des autres femmes qui sont là. J'ai été mariée; j'ai deux enfants; j'ai étudié à l'université et j'avais l'emploi rêvé dans une société nationale.

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! se Histoires apportées pas des voyageurs

. to Vu de l'extérieur, j'avais tout, mais il n'y avait pas d'amour pour • Dieu dans mon cœur. a • J'ai fait la connaissance de Dieu après avoir été emprisonnée, • comme beaucoup d'autres femmes. Lorsque nous avons perdu tout 11. espoir et que nos amis et notre famille nous ont abandonnées, nous • nous rendons compte que la seule chose qui nous reste, c'est la foi. • J'ai beaucoup de choses en commun avec Job, car il a tout perdu,

• sauf sa foi, et Dieu ne l'a jamais laissé tomber. C'est une période

• sombre dans notre vie, un temps d'épreuve, un temps de réflexion.

a, Pour certains, Grand Valley ne semble pas être une bien grande • punition. Avant d'être arrêtée, c'est ce que je pensais. Mais, pensez e à l'absence de liberté : nous sommes confinées sept jours sur sept,

24 heures sur 24 dans une cour délimitée par deux clôtures où sont 4. installées des caméras qui enregistrent chacun de nos mouvements. ou Tout ce qui nous est permis d'apporter est surveillé et régi; ce que

nous lisons et écrivons est censuré et nos appels téléphoniques sont .11 surveillés. Ce que nous mangeons et ce que nous portons doit être "le approuvé la majeure partie du temps par le gouvernement, de • même que nos visiteurs. Nous apprécions beaucoup tous les alle bénévoles et tout ce qu'ils font pour nous; ils contribuent à notre • croissance spirituelle en donnant de leur temps.

• Nous marchons sur des oeufs et nous essayons d'éviter les mines 11, antipersonnelles. Privées de nos familles, nous ne pouvons pas • border nos enfants le soir. Nous ne pouvons faire de bénévolat 113 pour aucune organisation. Nos enfants paient pour nos crimes • lorsque d'autres parents ne laissent pas leurs enfants jouer avec les • nôtres, parce que leur mère est une criminelle. Les amis de mes • parents les blâment parce qu'ils n'ont pas été de bons parents. Mes

• propres amis se trouvent des raisons pour mettre fin à notre amitié.

• Certaines femmes ne peuvent aller voir les membres de leur

• famille qui sont en train de mourir.

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Même lorsque nous quittons l'établissement, notre peine n'est pas finie. Nous sommes parfois en libération conditionnelle pendant trois ans. Dans la plupart des formules de demande d'emploi, on nous demande si nous avons déjà eu un casier judiciaire. Notre crime nous hante tous les jours comme une ombre noire et épaisse. La société nous considère comme des criminelles, des vauriennes. Nous perdons notre cote de crédit, notre statut social, parfois notre logis. On nous enlève tout ce pour quoi nous avons travaillé... comme Job.

La seule chose qui reste constante et sûre pour nous, c'est Dieu. Il est là avec nous partout où nous allons et à chaque pas que nous faisons. Il est le seul qui a le droit de nous juger. Tout ce que nous vous demandons, c'est de ne pas nous juger d'après les fautes que nous avons commises. Encouragez-nous plutôt à marcher dans la lumière de Dieu. Nous sommes tous des enfants de Dieu et II nous a dit de nous aimer les uns les autres comme Il nous a aimés. Comme je dis à mes enfants, nous ne sommes pas de mauvaises personnes, nous avons fait quelque chose de mal. Nous avons fait la paix avec Dieu et nous vous demandons de la trouver dans votre cœur pour pouvoir faire la paix avec nous.

Hommage à l'Église Mustard Seed Myron Krause

Un nouvel établissement à sécurité minimale appelé Centre Grierson a ouvert ses portes au centre-ville d'Edmonton, il y a un an. L'Église Mustard Seed a accepté d'offrir des services d'aumônerie à la trentaine de détenus qui résident dans cet établissement. Une façon d'aider ces personnes consiste à prendre des dispositions pour que cinq détenus ou moins obtiennent une permission de sortir avec escorte (PSE) chaque jour. Ils se rendent au centre Mustard Seed où ils effectuent des travaux de bénévolat. Récemment, une personne a écrit une lettre à notre directeur exécutif, Neil MacLean, pour le remercier de lui offrir cette possibilité. Voici le contenu de cette lettre:

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J'ai été incarcéré pendant treize mois dans divers établissements de l'Alberta. Sans l'amour et le soutien de ma famille et de mes amis, je ne crois pas qu'on m'aurait autoris,é en ce mémorable jour d'avril 1998, à aller au centre Mustard Seed d'Edmonton pour travailler dans le cadre d'un programme communautaire de placement à l'extérieur. Neil, ce jour-là a été la première mesure vraiment positive qu'on m'a permis de prendre pendant ma période d'incarcération. J'avais de nouveau le sentiment d'être un être humain. Vous et votre Église m'avez donné la possibilité d'utiliser mes compétences en affaires pour contribuer à la prestation des services offerts au centre Mustard Seed et d'y aider des gens. Pour la première fois en plus de trois ans, j'avais l'impression d'apporter encore une fois une contribution utile à la vie d'autres personnes. J'attendais avec impatience le plaisir d'être conduit au centre Mustard Seed chaque matin pour passer la journée au bureau. À la fin de la journée, à mon retour à l'établissement, j'étais détendu et heureux — émotions que je n'avais pas connues depuis très longtemps ...

Je me rends compte que le chemin à parcourir sera semé d'embûches au moment où la société décidera du rôle qu'elle veut que je joue. Je sais que je peux relever et que je relèverai un défi valorisant dans les années à venir. Mes expériences au centre Mustard Seed m'ont préparé à faire face à ces défis avec une énergie positive et à réussir. Je tiens à exprimer mes remerciements les plus sincères à l'Église Mustard Seed d'Edmonton. Vous ne saurez jamais tout ce que vous et les gens de votre Église avez fait pour moi.

(Extrait de The Street Light, février 1998, p. 2. Reproduction autorisée.

Un prisonnier fait part de ses réflexions au sujet de Joseph

Dans un atelier de deux jours sur un théodrame, le groupe a concentré son attention sur le récit évangélique de la naissance de

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Jésus. L'un des détenus du groupe s'intéressait particulièrement à l'histoire de Joseph. Et comme il devait devenir l'acteur principal du théodrame, nous avons enregistré ses observations avant qu'il interprète le rôle de Joseph dans la Bible:

« Qu'en est-il de ce charpentier, Joseph? Que ressentait-il à ce sujet? Par exemple, Marie était enceinte, et Joseph songeait à l'épouser. Tout à coup, elle était enceinte du Seigneur. Quel genre de foi aurait-il? S'il s'agissait de l'un d'entre nous—si elle me l'avait fait — c'en serait fini. Mais quel genre de foi l'animait? Et qu'est-ce qui le faisait croire? Certaines personnes mentent ou rêvent ou imaginent qu'elles entendent une voix. Lorsque j'étais debout dans le champ un jour, j'ai dit que j'avais entendu quelque chose. Mais il n'y avait rien dans les environs.

« Qu'est-ce qui l'a amené à croire que l'enfant qu'elle portait était le Fils de Dieu? Quels sentiments éprouvait-il? Vous savez, il faut plus qu'un rêve pour croire. Comment a-t-il eu la foi? Il faut plus qu'un rêve. Je vois beaucoup de personnes rêver; je rêve. Mais il faut plus qu'un rêve pour croire. Peut-être qu'il aimait tant Marie qu'il ne voulait pas l'exposer au public. Il voulait la garder avec l'enfant. Il fallait plus qu'un rêve.

J'ai souvent pensé à Joseph. Il était une sorte de personnage clé, vous savez, même si dans la Bible, il ne joue pas un rôle aussi important que Matthieu. Il ressemble davantage à la personne humble — la personne de condition inférieure. Il a pris une décision importante. Mais il n'y avait rien d'extraordinaire à son sujet. Il n'était qu'un modeste charpentier, vous savez. Il n'était pas prophète. À mes yeux, il est une personne ordinaire, qui travaille tous les jours très fort pour gagner sa vie. »

(Extrait de Charlie Taylor's Newsletter, décembre 1998. Reproduction autorisée.)

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- Histoires apportées pas des voyageurs -

La libération de Noël Rod Carter

• Ne pas transmettre une expérience équivaut à la trahir. (Elie Wiesel) • • J'ai passé la fête de Noël 1967 dans le pénitencier fédéral de

• Collins Bay en Ontario avec 500 autres détenus. C'est très difficile al de regarder dehors ce jour-là. Il est impossible d'amorcer les • festivités au moyen des symboles habituels de la période des Fêtes

•comme les arbres de Noël, les couronnes, les cartes de souhaits

le multicolores ou les chants comme « Petit papa Noël » ou « Noël blanc ». « Blue Christmas » était une exception qui reflétait notre

• solitude de prisonniers.

• niveaux. Chaque cellule contenait un lit, une toilette, un évier, un a pupitre et une chaise. Chaque cellule et toute la prison était peinte • en vert ou jaune. Avec le temps, le fait de ne pas voir une gamme 113 variée de couleurs crée une privation sensorielle, l'un des effets les • moins dommageables de la prison. Nous complétions ce décor par • notre costume formé d'une chemise grise et de pantalons sable. Le • personnel du pénitencier portait des uniformes bleus. a • Toute la prison était entourée d'un mur en blocs de pierre surmonté fle d'un barbelé à lames. Il y avait des postes de garde rouges à

• chaque coin. Le pénitencier accueillait des détenus purgeant des

• peines d'une durée variée, et une foule de gardiens condamnés à

• travailler pendant 25 ans dans le cadre de quarts de travail.

• L'atmosphère généralement tendue se décrispait un peu à Noël, car

• une trêve non officielle (sans directives, notes de service ou ne instructions permanentes) était conclue entre nous (les détenus) et in eux (les gardiens). Les gardiens les plus grossiers étaient al différents, moins enclins aux sarcasmes et au talonnement. Les

détenus les plus agressifs observaient également cette période de a cessez-le-feu. Personne ne proférait d'injures; nous prenions congé

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le Le bloc cellulaire ou « rangée » comptait 30 cellules sur deux

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pour adopter un bon comportement. Un agent de correction particulièrement détesté a pu terminer son quart de travail sans entendre une seule insulte ou remarque désobligeante.

Certains délinquants et gardiens sont même allés jusqu'à enfreindre le Code (aucune fraternisation entre le personnel et les détenus) en se serrant la main et en conversant. Cette attitude aurait été dangereuse un autre jour de l'année. Mais la jungle de la prison s'était assoupie et la paranoïa s'était estompée. Il y avait une note sacrée dans ce milieu hostile, car Dieu n'a pas manifesté son intention de nous négliger. C'était Noël en prison, non pas un joyeux Noël, mais Noël quand même.

Permettez-moi de vous présenter certains des gars de la rangée.

René était un Canadien-français trapu et musclé. Il arborait des tatouages et des cicatrices de la tête aux pieds, un résultat de bagarres en prison et dans la rue et de luttes au moment de ses arrestations. Il approchait de la quarantaine et commençait à laisser la plupart des batailles à coups de poing aux jeunes détenus. Il m'a dit une fois : « Rod, je ressemble au vieux lanceur de baseball; je lance aussi fort qu'avant, mais la balle ne va pas aussi vite ». Comme la plupart des vieux lanceurs, guerriers et détenus, René reconnaissait donc que « vient le moment où ...». Mais il n'était certainement pas impuissant. Il a trouvé un stylo bille gravé à son nom et il a commencé à rédiger ses mémoires. C'est ainsi qu'il est sorti de prison. René a trouvé le salut dans un stylo à bille Papermate.

Il a fini par publier son autobiographie et il a reçu le Prix littéraire du Gouverneur général pour le meilleur livre canadien de l'année. Toutes les histoires de prison ne se terminent pas mal.

Chris était un bel homme bien bâti de 22 ans. Il avait les cheveux noirs, qu'il peignait vers l'arrière. Il s'intéressait aux sports et excellait au baseball. Le cas de Chris avait attiré l'attention à

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l'échelle nationale, car à l'âge de 14, il avait été la personne la plus jeune jamais condamnée à la peine de mort au Canada. Sa peine a par la suite été commuée en emprisonnement à perpétuité. L'établissement avait pris des mesures pour placer celui-ci dans un atelier stable et le loger dans une cellule d'une rangée accueillant surtout de jeunes détenus. Le bloc cellulaire était relativement calme et logeait des hommes moins versatiles.

Quelques-uns des gardiens âgés avaient pris Chris sous leur aile, probablement parce qu'ils voyaient en lui des ressemblances avec leurs propres enfants. Ils avaient adopté officieusement celui-ci, et cette attitude humanitaire lui a probablement épargné des agressions sexuelles ou physiques ou pire encore. À l'instar de bien d'autres Canadiens, ces agents étaient convaincus que Chris était innocent du crime dont il avait été reconnu coupable. Et ils acceptaient de courir des risques en son nom. Chris a été mis en liberté quelques années plus tard, il a changé de nom et s'est installé dans une autre province. L'établissement l'a mis en liberté au milieu de la nuit pour le mettre à l'abri des caméras de télévision et le protéger contre toute autre publicité oppressive. Il s'est marié et il mène une vie exemplaire.

D. J. Kingston purgeait une longue peine. Sa mère lui avait donné naissance pendant son séjour à la Prison des femmes. On dit que tous les enfants nés de détenues dont le père était inconnu recevait le nom de famille de Kingston. Je pouvais voir à l'intérieur de la cellule grâce à la réflexion de la lumière dans la fenêtre du bloc cellulaire. Il arpentait sa cellule pendant la plus grande partie de la journée. De temps à autre, il s'arrêtait pour regarder la photographie de 8" x 10" de sa mère. Elle était morte en prison, et D. J. avait été trimballé d'un foyer d'accueil à l'autre jusqu'à ce que le service correctionnel le prenne en charge pendant son adolescence, avant de le mettre en liberté pendant de brèves périodes par la suite. C'est D. J. qui veillait à ce que je reçoive mon tabac et mes journaux jusqu'à ce que ma première cantine arrive, et ce sans conditions.

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Je commençais à purger ma peine de trois ans et demi, et c'était le premier Noël que je passais en prison. J'avais 17 ans et, comme l'avait dit le juge à mon procès, « je devais ralentir », ce qui était vrai. Et si la prison apporte peu d'autres choses, elle offre certainement toutes les possibilités du monde de se livrer à une introspection. Beaucoup de personnes contemplatives estimeraient qu'il s'agit d'un endroit propice (si l'on fait abstraction de la violence). Après avoir fait un examen intérieur, j'ai reconnu que je devrais apporter un certain nombre de changements à ma vie si je ne voulais pas revenir en prison.

L'aumônier de la prison était une personne ressource dans mon voyage intérieur. Il avait établi de bonnes relations avec nous, les détenus, et dimanche après dimanche, il parlait de responsabilité, de réconciliation, de remords, de repentir, de rétablissement, de rédemption, de restitution, de renaissance et de résurrection. Il s'agissait là de termes et de concepts complexes, mais l'aumônier pouvait parler dans un langage qui nous était accessible. C'était un ex-parachutiste aux cheveux argentés, ce qui nous portait à lui faire confiance. Lentement, certains d'entre nous ont saisi ces éléments et ils se sont employés à les intégrer dans leur vie. Nous avions certainement un terrain d'essai difficile pour mettre en pratique certains de nos nouveaux principes.

L'aumônier a organisé un service religieux à la veille de Noël et il a raconté la Nativité avec une profonde émotion empreinte de solennité. Nous avons quitté la chapelle pour retourner à nos cellules afin d'attendre on ne sait trop quoi à part la solitude.

Dans une lettre que j'ai envoyée à mes parents, je leur ai écrit ce qui suit : «Le pénitencier nous a donné un sac de surprise contenant des menthes, des berlingots, des croustilles, des arachides, une livre de gâteau de Noël ainsi que des pommes et des oranges ». Et l'Armée du salut a parcouru la prison au début de la journée pour offrir à chaque délinquant un sac de Noël contenant des pommes, des tangerines, des bonbons et des noix. Nous avons

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mangé une dinde passable avec tout le tralala ainsi que de la crème glacée au dessert. Nous étions calmes dans notre cellule : nous nous reposions, nous fumions, nous lisions, nous arpentions la cellule, entourés de nos cadeaux.

Puis c'est arrivé vers 21 h, la veille de Noël. D. J. a pris son harmonica à deux dollars et il a joué les premières notes de Sainte nuit. Le bloc cellulaire s'est soulevé et a atteint quelque chose de sublime. D. J. a continué de jouer, avec la nostalgie de sa mère et de son père, des airs de personne défavorisée par la vie. Nous avons retenu notre souffle et nous avons senti l'arrivée de l'« au-delà » et l'ascension de notre cœur. D. J. nous a emmenés dans une contrée étrangère, dans une autre époque. Et ceux qui ont été emportés ont rencontré, chacun à leur façon, l'Enfant-Dieu incarné qui arrête les tempêtes personnelles, soulage les esprits tourmentés et donne espoir aux condamnés.

Noël ne sera pas emprisonné; son caractère sacré ne sera pas profané. Noël en prison se produit lorsque la paranoïa disparaît et que de rares sourires égaient les figures. Nous pleurons seuls, car en prison, on le fait en privé sans en parler. Ce soir-là, personne n'a hurlé son angoisse des cauchemars, le chœur habituel de la nuit. Nous avons dormi profondément. Ce Noël était simple et sacré, révolutionnaire et révérencieux, silencieux et bouleversant.

J'ai vécu diverses fêtes de Noël, mais jamais une fête comme celle de 1967. Une grande partie de ce Noël demeure en prison, car une partie de moi ne sera jamais mise en liberté. Chaque Noël nous ramène à un 25 décembre qui plonge profondément dans notre mémoire, dont nous devons nous souvenir. Dans mon cas, c'était celui-là. Il me permet de me sentir solidaire de ceux qui vivent un Noël glacial et froid. Et il peut nous amener à compatir avec ceux qui subissent l'épreuve du dénuement, surtout celui des deux personnages que nous entrevoyons, confinés dans des locaux inadéquats de Bethléem, et qui se préparent à recevoir l'amour de Dieu.

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(Extrait de The Observer, Église unie du Canada, décembre 1991. Reproduction autorisée. )

4. Grâce à leur bonté : Les bénévoles de l'Aumônerie du SCC

Témoignage Dominique Laperle

Je souhaite pouvoir vous communiquer ma vision de l'être humain qui fut la source principale de ma motivation à agir comme bénévole auprès des détenus.

• Je crois que tous les êtres humains sont enfants de Dieu et qu'il y a en chacun d'eux une part du divin qui demande à être reconnue.

• Je crois que le système carcéral contribue de façon tout à fait légale à maintenir la personne qui y est confiée dans des rapports de soumission: dominant/dominé; qu'il ne favorise pas l'actualisation du potentiel humain qui se trouve dans chaque personne.

• Je crois que parmi les besoins fondamentaux...il existe en chacun...le besoin d'être reconnu et d'être entendu. Ne pas reconnaître ces besoins est contribuer à la violence ou à l'auto-violence qui règne dans tous les milieux de vie.

• Je crois que Pceuvre du Christ sur la terre témoigne de l'amour de son Père envers tous les êtres vivants, quelles que soient leurs origines, leur comportement et leurs actes.

• Je crois qu'il est possible d'offrir à son prochain une présence, une écoute, un regard qui lui permet de reconnaître la part d'humain qui l'habite.

À mon avis, le service d'aumônerie et les bénévoles ont la mission de ne pas confondre l'être humain avec ses comportements. Ils doivent savoir accueillir l'autre dans sa totalité pour lui permettre

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justement de l'accompagner vers la réalisation de son potentiel humain.

En tant que bénévole, je choisis de déposer à l'entrée tout ce qui peut être susceptible de nuire à une véritable rencontre avec l'autre. Lors des rencontres 'Libre Expression', je me fais un devoir de me rendre accessible et transparente en acceptant de parler de moi, de mon vécu, de mon ressenti face au thème afin, de permettre à l'autre de se sentir au même niveau, condition essentielle à toute communication authentique.

J'ai foi en l'être humain car il est porteur de tant de possibles; et l'enfermer dans un concept ou le définir par un mot c'est pour moi un crime. Crime qui sévit partout et pour lequel il n'existe pas de sentence si ce n'est la déconnexion avec le Dieu d'amour et de pardon que je connais.

Puisse l'an 2000 apporter un regard nouveau à chacun dans la foi et la confiance qu'il n'est pas seul sur le chemin de la vie.

La capacité d'aimer

Depuis trois ans qu'elle exerce son ministère au pénitencier de Kingston, sœur Patricia Kelly fait sentir discrètement sa présence au sein du personnel de l'administration et des hommes qu'elle conseille.

« Sœur Patricia Kelly, des Soeurs de la Providence, est une présence exceptionnelle au centre régional de traitement du pénitencier de Kingston », dit le père David Hale, directeur du Service de pastorale de l'établissement. À titre de bénévole, soeur Patricia a créé en 1993 le service de pastorale au centre régional de traitement, établissement psychiatrique où sont traités jusqu'à 100 détenus sous responsabilité fédérale, incarcérés en Ontario. « Elle a accompli un travail si fantastique que l'établissement a constaté la nécessité d'avoir un aumônier sur place », affirme le père Hale.

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Il aurait été impossible d'engager le nouvel aumônier à temps partiel, le premier de l'histoire de l'établissement, sans l'exemple donné par soeur Patricia qui exerce son ministère auprès des membres de toutes les confessions religieuses, dit le père Hale. Soeur Patricia estimait qu'il valait mieux laisser le poste d'aumônier salarié à une autre personne, mais elle continue d'oeuvrer au sein du pénitencier. Le père Hale lui a demandé de mettre sur pied une unité de soins palliatifs à l'hôpital du pénitencier de Kingston. Elle se consacre aux patients qui nécessitent des soins jour et nuit, dont bon nombre souffrent de maladies terminales.

Lorsqu'elle est arrivée au pénitencier, sœur Patricia avait déjà beaucoup d'expérience. En plus d'être une infirmière autorisée, elle a été directrice du service de pastorale dans trois des hôpitaux parrainés par les Soeurs de la Providence de Saint-Vincent de Paul.

En 1981, elle a reçu son certificat d'aumônier des établissements publics... L'année suivante, elle s'est vu décerner le titre de spécialiste du ministère en établissement de l'Association canadienne pour l'éducation pastorale.

Selon le père Hale, les points forts personnels de sœur Patricia sont aussi impressionnants que ses titres. « Ne laissez pas cette attitude discrète et modeste vous tromper », dit le père Hale. « Elle est très forte et très affectueuse. Elle est ferme, mais juste, et les hommes l'apprécient. Ils l'aiment pour cette raison ».

Même si son rôle est très exigeant, soeur Patricia parle avec modestie de sa contribution. « C'était et c'est toujours une expérience valorisante qui me permet de m'épanouir sur le plan spirituel. Le succès que j'ai obtenu tient en grande partie au soutien de l'aumônier du pénitencier de Kingston, du personnel du centre régional de traitement et des détenus. J'essaie d'être une personne compatissante qui les considère comme des personnes. Je les

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comprends, je prie avec eux et parfois je ne suis qu'une oreille attentive ».

« Son principal point fort », affirme le père Hale, « est sa capacité d'aimer dans ce contexte. C'est réellement ce qu'elle fait — et c'est là le but des soins palliatifs, être l'amie de ces personnes pour qu'elles ne cheminent pas seules ».

(Article paru dans Providence Pages, printemps 1996, pages 4-5. Reproduction autorisée.)

Comment les femmes de l'Église peuvent-elles répondre aux femmes incarcérées?

Lorraine Berzins

Établissez des liens avec les femmes incarcérées. Écoutez leurs histoires et prenez conscience du fait que nous sommes sœurs. Ces femmes ont beaucoup à apprendre, mais elles peuvent nous apprendre et nous pouvons tirer parti de leurs expériences. Nos cheminements se ressemblent à de nombreux égards. Nous, de l'extérieur, ne sommes pas complètes tant que nous ne mettons pas à profit ce qu'elles ont vécu. Les femmes en prison déprécient leur propre histoire et fuient pour échapper à leur sentiment de honte, tout comme nous toutes. Mais elles ne peuvent pas fuir aussi facilement que nous. Faire face à ce qui nous a fait honte constitue un élément important du cheminement spirituel de chacun. Nous en apprenons davantage au sujet des boucs émissaires, notre propre recherche de boucs émissaires et comment nous devenons des boucs émissaires. À mesure que nous apprenons ce que ces femmes incarcérées ont connu, nous pouvons retrouver une partie de nous-mêmes.

Comme le système de justice pénale est « étranger » à la plupart des femmes, j'aimerais voir les femmes de l'Église tendre la main pour former une communauté qui aide les femmes incarcérées.

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Une communauté où les femmes en prison peuvent raconter leur histoire sans devoir plaire aux autres, où elles peuvent se sentir membres du groupe, en paix, guérir et être guéries.

(Lorraine Berzins a travaillé comme agent de gestion des cas ou travailleuse sociale à la Prison des femmes à Kingston, Ontario)

Le ministère de Gene McLellan Philip Lee

Le 18 juillet 1980, Gene MacLellan [auteur de Snowbird, qui a lancé la carrière de Anne Murray] est venu au pénitencier de Dorchester pour donner un concert devant les détenus à la chapelle. Ce devait être le jour le plus important dans la vie de Harold Shea....

MacLellan était un homme timide, humble et doté d'une grande compassion. Sa vie a été caractérisée par les actes d'altruisme qu'il a accomplis sans penser à lui-même. Il y a eu, par exemple, l'amitié qu'il a entretenue avec les garçons de la famille Shea. Harold avait rencontré MacLellan par l'entremise de son frère aîné et avait habité à la ferme du chansonnier à l'île-du-Prince-Édouard au début des années 70. MacLellan essayait d'aider les garçons isolés et troublés et faisait de longues promenades avec Harold. Les garçons de la famille Shea allaient dans les boîtes de nuit de l'île et écoutaient chanter MacLellan.

En 1975, MacLellan a vécu une conversion comme chrétien regénéré et s'est fait baptiser dans le Jourdain. Il a alors consacré sa vie à Dieu. Il a parcouru le pays pour chanter dans les pénitenciers. Les prisonniers l'ont aimé.

Un après-midi de juillet 1980, Harold Shea, couvert d'ecchymoses et de centaines de points de suture, est allé voir son vieil ami dans la chapelle de la prison. Il s'est assis dans la première rangée.

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— Histoires apportées pas des voyageurs — i MacLellan a reconnu Shea (après l'avoir confondu avec son frère

• aîné) et ils ont échangé quelques mots. « Ma vie m'a conduit là où Ô se. trouvait Gene, dans cette chapelle ». Shea a écouté MacLellan Ô interpréter ses chansons. Puis, lorsqu'un homme s'est levé pour • prêcher, Shea s'est senti mal à l'aise et est retourné dans sa cellule. III Il est revenu plus tard pour dire au revoir à son ami.

e ae « Gene a commencé à me dire que Jésus m'aimait. Il a ajouté que

• si j'acceptais Jésus dans mon cœur, je serais un homme libre, que

• les barreaux ne signifieraient plus rien, que je serais libéré. La

• seule chose à laquelle je pensais, c'était qu'il y avait trois gars

• debout en haut de la balustrade. J'espérais qu'ils n'entendaient pas ei ce qu'il me disait. J'avais honte du Christ ce jour-là. » •

MacLellan a envoyé des livres sur la conversion à Shea [pendant

•qu'il] attendait la détermination de sa peine. « J'étais rendu à un

•point où il m'était égal de vivre ou de mourir. J'ai pensé à me

•pendre pendant que j'attendais ma peine ». Il a appris en août qu'il

le devait purger 12 ans.

Le Harold Shea a commencé à lire la Bible dans sa cellule... [Il écrit] « Pendant plus de deux mois, j'ai vu Gene tous les jours debout au

• J'ai fermé mes yeux et j'ai prié; toute ma vie a défilé devant moi,

• toutes les scènes et toutes les activités, tous les crimes. J'ai vu dans

• mon esprit la croix du Calvaire et j'ai vu le Christ mourir pour

• mes péchés. Je lui ai demandé de me pardonner. J'ai vu un enfant,

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• bout de mon lit qui pointait son doigt vers moi et me disait : « Dieu • t'aime ». C'était comme si toute la cour céleste était après moi. Le • 24 septembre, je me suis dit. Si Dieu veut changer ma vie, alors je • veux changer, s'il peut me rendre différent. Alors, je me suis mis à • genoux à côté de mon lit. Je savais que je ne pouvais continuer à • vivre comme je le faisais. Je n'avais pas le choix. Je ne pourrais • jamais m'échapper, à moins d'avoir une corde ou quelque chose • d'autre. Je voulais changer, et si Dieu pouvait m'aider, j'étais prêt • à accepter son aide.

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âgé d'environ 11 ou 12 ans qui se tenait la tête entre les mains. Lorsque j'ai fini de prier, j'ai vu l'enfant se lever debout, faire huit pas et disparaître. Je crois que c'était moi quand mon père est mort. Je crois que j'étais attaché par des chaînes spirituelles. Lorsque je me suis levé, j'étais un homme libre. J'aurais pu avoir une peine de 20 ans, je m'en fichais. Je me sentais libre à l'intérieur de moi-même ». À l'automne, il a porté sa cause devant la cour d'appel de la Nouvelle-Écosse pour demander que sa peine soit réduite. Il a assuré sa propre défense dans la salle d'audience à Halifax; il s'est présenté debout, fers aux pieds et aux poignets et a lu un texte rédigé par un conseiller juridique de la prison. « Je suis un chrétien regénéré depuis le 24 septembre. Il s'est passé tellement de belles choses en moi que je n'ai pas le temps de regarder les mauvaises choses auxquelles je pensais. Je vous demande d'avoir pitié de moi. Tenez compte du fait que vous avez un homme nouveau devant vous. » Les juges avaient déjà entendu ce genre d'appel avant, mais ils ont décelé quelque chose de réel dans l'argument de Shea. Ils ont réduit sa peine pour qu'elle dure trois ans...

Après sa conversion, Harold Shea a purgé le reste de sa peine dans le calme. Il s'est senti comme un homme nouveau et s'est rapproché de Gene McLellan, l'homme qui avait changé sa vie. « Gene était le seul père que j'ai jamais connu. Il est resté assez longtemps pour rebâtir ceux qu'il aime. Je me souviens d'une fois où Gene est venu en prison et a constaté que j'allais bien. Il m'a embrassé sur la joue et m'a dit : « Je t'aime mon fils ». Je me souviendrai toujours de ses paroles. »

Shea faisait l'expérience de miracles dans sa vie personnelle, mais sa conversion ne l'a pas mené sur des chemins faciles. Au milieu des années 80, il travaillait dans les mines dans le Nord et souffrait d'une peine d'amour qu'il tentait d'oublier en prenant quelques verres et en fumant de la drogue. Il n'avait pas perdu la foi complètement, mais il était confus et souffrait de solitude.

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Il a fini par retourner à l'î.-P.-É. et manqué aux conditions de sa libération. Saoul le soir, comme son père et son grand-père l'avaient été de nombreuses fois avant lui, Shea a participé à une bagarre dans un bar de motards et s'est retrouvé avec une grave fracture de la mâchoire. Il avait la mâchoire immobilisée avec des broches, lorsqu'il s'est remis entre les mains de la police et a été immédiatement incarcéré. C'était le temps de changer, et cette fois, pour de bon; Gene MacLellan était là pour l'appuyer. Dans une de ses lettres à Harold en 1987, Gene écrivait : « Faisons un pacte, nous allons prier l'un pour l'autre au moins une fois par jour, peu importe ce que l'ennemi nous lance. Attends-toi à avoir de l'opposition, mais ne t'y arrête pas. »

Lorsqu'il a été libéré en janvier 1988, il est allé loger dans une maison de transition à Moncton et a rencontré Sylvia. Ils se sont mariés en juin 1989. Ils ont voyagé à travers le pays où ils ont travaillé dans des services de traiteur et ont gagné passablement d'argent. Ensemble, ils ont rebâti la vie de Harold. Sylvia dit simplement : « Il revient de loin. »

En septembre 1994, Gene McLellan chantait sa nouvelle chanson à Harold au téléphone ...Elle s'intitulait Looking for a Miracle (À la recherche d'un miracle).

Lorsque tu marches dans la vallée de l'ombre Et que les cieux sont tous faits de cuivre, Tu peux crier, tu peux appeler, tu peux brailler Mais ça ne sert à rien. Tu peux passer toute la nuit à genoux À pleurer pour que les choses aillent mieux. Ce qu'il te faut, c'est un miracle aujourd'hui. Lorsque tu es brisé et que ta foi n'est que cendres Et que tu ne peux plus rien faire, Que le diable est dans le coin, un sourire sur les lèvres

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Et qu'il t'injurie, Il peut lire sur tes lèvres, surveiller tes téléphones, Peut-être même lire ta pensée. Ce qu'il te faut, c'est un miracle pour ne pas lui laisser le contrôle. Nous avons besoin d'un miracle, c'est sûr. Parce qu'il n'y a rien de mieux qu'un miracle Quand tu te sens pauvre. Jusqu'à ce que les nuages de la tempête passent Et qu'un rayon de soleil passe au travers, Je chercherai un miracle, Un pour moi et un pour toi. [Traduction]

[NDLR. L'Aumônerie du SCC se réjouit avec Harold parce qu'il a obtenu le miracle qu'il attendait.]

(Extraits de la publication The New Brunswick Reader, 3 juin 1995)

Sous le couvert du déguisement Michael Card

Il souffre, il est dans le besoin; il fait partie de pauvres qu'on nous dit de nourrir. Même s'il était riche, pour nous, il est devenu pauvre. Comment a-t-il pu donner tant, quel était son but? Sous le couvert du déguisement, il s'attend à ce que nous Devinions que nous volons nos frères par tout ce que nous possédons, Et que ce n'est pas ce qu'il nous a enseigné.

Toutes les fois qu'un serviteur fidèle répond aux besoins d'un frère, Il se produit en fait un miracle: Au moment où ils se regardent, en un instant il est clair Que Jésus est visible, car tous deux ont disparu!

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Il est dans la main qui donne. Il est dans le touché qui apporte la vie aux hommes. Par conséquent, alliez le geste à la parole. Recueilliez les sans-abri, prenez soin des jeunes. Sous le couvert du déguisement, il espère que nous nous rendrons compte que Lorsque nous prenons soin des plus pauvres d'entre eux, C'est à Lui que nous rendons hommage.

(Texte remis à Rosematy Redshaw par un bénévole de l'établissement de Grand Valley)

5. Une présence visible et compatissante : les aumôniers dans les établissements

Jours de diamant, jours de pierre Rod Carter

J'ai appris au début de l'exercice de mon ministère en milieu carcéral que le fait d'être un peu fou serait une qualité utile, car l'incarnation de la folie est omniprésente en prison. Dans un pénitencier, toute vérité est relative, et la loyauté est négociable. La logique, la raison et le bon sens sont définis de façon renversante par ceux qui détiennent le pouvoir. Ils additionnent deux et deux pour arriver à 22. La valeur de la vie, lorsqu'elle est liée à un produit commun comme les cigarettes, se réduit à la valeur d'un paquet de cigarettes.

Mes journées varient. Comme le dit la chanson, il y a des jours de diamant et des jours de pierre. Un jour de pierre, j'ai emmené un détenu ensanglanté et inconscient à l'infirmerie après qu'il eut passé entre les mains d'autres détenus. Un jour de diamant, j'ai eu un entretien avec un détenu qui a reçu la parole de Dieu. J'ai partagé une bière avec des gardiens qui m'ont parlé en confiance

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de leur désillusion concernant, fait ironique, l'administration ou des collègues, et non les détenus.

Un détenu âgé d'origine grecque souffrant de la maladie d'Alzheimer est venu à mon bureau lorsqu'il s'est souvenu de qui qu'il était. En raison de son lourd accent et de sa maladie, les séances étaient difficiles. À la suite d'un pressentiment, j'ai apporté une bande de chansons grecques de Nana Mouskouri. Nous nous sommes assis et nous avons écouté la bande. Il a pleuré des larmes provoquées par le repentir, la perte de la santé et le mal du pays. Lorsque je l'appelais Zorba pour le taquiner, il riait. Nous avons trouvé un prêtre de l'Église orthodoxe grecque qui a accepté de lui rendre visite, et il a renoué avec la vie spirituelle. Il réside maintenant dans un hôpital qui lui convient.

Un détenu attardé aux années 60, dont le cerveau était brûlé depuis longtemps, avait l'habitude d'écouter des bandes de Lynyrd Skynird and Bad Company. Il m'a dit : « Lorsque je regarde dans le miroir, tout ce que je vois, ce sont des pierres tombales dans mes yeux ». Nous avons essayé d'effacer cette image en rétablissant les liens avec sa fille avec laquelle il n'avait pas été en contact depuis plus de dix ans. Une conversation téléphonique de 20 minutes et une visite par la suite l'ont aidé à enterrer les pierres tombales.

Un ancien « dur », connu pour ses aptitudes à la bataille est devenu diminué par une grave maladie. Il se sentait très vulnérable. Il a dit : « C'est comme si mon étui était vide ». Il a renoncé au titre de dur. Je l'ai aidé à chercher comment être « dur » d'une manière tendre. Il est devenu par la suite un solliciteur dynamique pour la Fondation Rêves d'Enfants. D'autres détenus appuyaient ce champion déchu, et les enfants en phase terminale en bénéficiaient.

J'encourage les détenus à commencer à vivre selon la Bible. C'est une activité risquée en prison, car les détenus doivent se demander s'ils continueront d'enjamber un détenu poignardé ou de garder silence si un ami est agressé ou assassiné. Il s'agit d'un acte de foi

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• - Histoires apportées pas des voyageurs -

. 10 sur le fil du rasoir, car le détenu reconnaît que le coeur est à la fois a à l'épreuve des balles et fragile. La véritable vie de disciple du • Christ est un facteur d'humanisation en prison. a ale (Extrait de The Observer, Église unie du Canada, septembre 1996. ge Reproduction autorisée.) • • Mon cheminement comme aumônière • par Elizabeth Cmilombe

11111 En octobre 1998, j'ai accepté un poste à l'établissement Grande ab Cache, un établissement à sécurité moyenne. D'abord et avant tout, • ce ministère a été une source de renouveau dans ma vie spirituelle,

• que je décrirai à partir de trois points de repère.

• Premièrement, l'interprétation que je fais du ministère exercé par se un aumônier consiste à observer, à écouter et à écouter encore. Je in dois écouter attentivement pour saisir tout le contexte de la vie en al établissement. La connaissance que j'en ai aujourd'hui est plus gie rationnelle et moins critique; ma perception est plus globale, plus a théologique. Ma description de tâches m'a aidée à « accepter les te choses que je ne peux changer ».

En tant qu'aumônière, je me préoccupe de la dimension spirituelle • dans la vie des gens qui sont en établissement, autant de celle des • membres du personnel que de celle des détenus. Lorsque l'on vient • me voir, j'essaie toujours de faire ressortir la dimension spirituelle • de la situaticn de la personne. Il a été important de me rappeler que • Dieu est présent dans chaque être humain et plus particulièrement • dans notre monde blessé. a • Deuxièmement, avant de devenir aumônière, je considérais tous les • prisonniers comme des délinquants qui avaient volontairement • gâché leur vie parce qu'ils avaient fait de mauvais choix. Il est 1111 difficile d'abandonner des préjugés pour se faire compatissant et

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a

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1111 compréhensif Je me rends de plus en plus compte à quel point de nombreux détenus se débattent avec ce qu'ils sont et s'efforcent de trouver un sens à la vie. Leur vie tourne souvent autour du a malheur, des pertes et de la mort, ce qui n'empêche pas certains d'entre eux de faire de mauvais choix. Je suis maintenant capable de passer outre à leur comportement et de regarder plus en - 1- - 1- - - — - profondeur, comme Jésus a été capable de voir dans le coeur des Pharisiens, entre autres.

111 Je n'appose plus d'étiquette sur tous les détenus comme je le 1111 faisais. Je les vois comme je me vois moi-même, comme des enfants de Dieu et comme des pécheurs. J'ai besoin d'être aimée et d'aimer, et eux aussi. J'ai besoin de me repentir, et eux aussi. N'avons-nous pas énormément de choses en commun? Mon ministère consiste donc beaucoup plus à les accompagner qu'à leur • donner des conseils ou à juger leurs actions.

1111 Mon rôle consiste, d'après moi, à écouter avec mon coeur et à me 11, faire l'intermédiaire compatissante et compréhensive par l'entremise de laquelle le détenu peut risquer de s'ouvrir à la grâce que Dieu lui offre. Cela ne m'empêche pas d'être parfois très a affirmative. J'essaie d'aider les détenus à reconnaître leurs points forts pour qu'ils trouvent le chemin qui mène à leur coeur. J'ai a découvert que lorsqu'ils entrent en contact avec leur cœur, ils 11. découvrent la lumière de l'Esprit qui est en eux et en font l'expérience. Lorsqu'ils commencent à écouter leur coeur, ils comprennent pleinement les paroles d'Isaïe : «Ne crains pas, car je t'ai racheté, je t'ai appelé par ton nom, tu es à moi. Si tu passes à a travers les eaux, je serai avec toi, à travers les fleuves, ils ne te submergeront pas. » (Is 43:1)

Il est stupéfiant et édifiant de voir un détenu découvrir la dimension spirituelle en lui, découvrir qu'il est l'enfant bien-aimé de Dieu. Son cheminement spirituel fait partie de son rétablissement total, et sans la dimension spirituelle, les changements ne pourraient être que superficiels, ce qui explique

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pourquoi nombre d'entre eux finissent par commettre d'autres infractions.

Finalement, je suis convaincue que Dieu me guérit dans mon ministère. Depuis que je travaille avec les prisonniers, je comprends beaucoup plus ce que cela veux dire que de me tenir humblement devant Dieu avec un coeur contrit. Je me demande constamment : Comment m'y prendre pour retrouver la sainteté de Dieu dans son peuple aujourd'hui? Écouter le cheminement psychologique et spirituel des détenus, c'est comme prendre contact avec une nouvelle façon de voir comment Jésus pardonne, guérit et sauve. Cela m'aide à approfondir ma foi et contribue à me réconcilier avec mon passé. Comme ils ont aussi besoin de se réconcilier avec leur passé, je chemine avec eux et j'offre tout ce que nous sommes à Jésus.

Lorsque les détenus viennent dans mon bureau, je prie avec eux et je suis toujours touchée par leur humilité devant Dieu. Certains ont vécu des expériences profondes avec Dieu et entretiennent une relation étroite avec leur Sauveur. Nombre d'entre eux semblent touchés par le fait que je prie avec eux et demande à Dieu d'envoyer son Esprit sur eux. J'essaie de les guider en les invitant à prier à partir d'un texte de la Bible et avec des prières qui viennent de leur coeur. Ils découvrent graduellement ce que la Bible peut devenir pour eux.

Tout cela me donne l'occasion d'approfondir ma foi en Dieu et de voir comment H travaille dans le coeur de ses enfants.

La spiritualité facilite la guérison Pauline Finch-Durichen

Avant d'entrer en fonction à titre d'aumônier à l'établissement de Grand Valley, Reno Guimond savait une chose : l'établissement fédéral pour les femmes qui ouvrirait bientôt ses portes à Kitchener

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avait touché profondément les nerfs politiques et culturels de la collectivité.

« Je veux seulement parler aux gens, parvenir à les connaître, (...) indiquer comment la prise de conscience spirituelle peut faire la différence entre se contenter de punir les délinquantes de leurs crimes et faire un pas de géant en avant, pour les guérir à la racine même de leur colère et de leur blessure ». « Qu'on soit incarcéré ou libre, la dimension spirituelle de la vie est réellement ce qui nous anime », dit-il. « Ce n'est pas fortuit si les quatre éléments de la justice non rétributive essentiels à une « bonne prison » sont de bons aliments, de bons médicaments, de bons jeux et de bonnes prières ».

« Quelle que soit la qualité de l'endroit, c'est toujours une prison », insiste-t-il en faisant état des critiques récentes formulées au sujet de la conception de style motel de Grand Valley. « Dans les prisons traditionnelles, la sentence se traduit par une punition », rappelle-t-il aux auditeurs réunis à The Cedars, premier centre du culte chrétien-juif construit conjointement au Canada. « Ils mettaient des gens derrière des murs élevés et, nous à l'extérieur, ne voulions plus nous en soucier ».

De plus, les murs physiques des prisons ressemblent souvent aux murs invisibles que les collectivités érigent par peur, haine ou ignorance. Et le fait de savoir que le monde extérieur est hostile contribue à alimenter le climat empoisonné à l'intérieur des prisons, où les détenus n'apprennent qu'à devenir de meilleurs criminels.

Pendant les mois qui ont précédé le transfèrement des détenues de Kingston à Kitchener, le père Guimond a passé beaucoup de temps avec chacune des femmes inquiètes qui se voyaient comme étant en quête de spiritualité, et il a estimé qu'une meilleure

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a - Histoires apportées pas des voyageurs

• compréhension de la religion pourrait ouvrir de nouvelles • possibilités de changement et de guérison. O a Le père Guimond est convaincu que le passage qui s'impose 11111 depuis longtemps d'un système de punition à un système de justice • réparatrice se fera sentir autant dans les prisons que dans les • collectivités qui les accueillent. En fait, la collectivité devrait être • un système de soutien continu, car la société influe non seulement • sur ce qui entraîne l'incarcération des gens, mais aussi sur ce qui fie les met en liberté et les guérit. « Nous sommes tous en contact avec

• cette réalité des prisons et du crime », affirme-t-il. «LA nier, c'est in comme passer tous les jours dans un cimetière tout en disant que la

• mort ne nous touche pas ».

• Mais le père Guimond est tout aussi conscient que la peur ainsi que le désir très humain de la vengeance peuvent constituer des

e obstacles de taille qui empêchent de combler l'écart entre les se prisons et la société, surtout dans le cas des victimes des crimes les se plus atroces. Et il ne veut pas nier la douleur de qui que ce soit.

• À ceux qui s'accrochent aux vieux modèles de la justice parce a qu'ils offraient la satisfaction limitée de voir les criminels « obtenir ce qu'ils méritent », le père Guimond oppose le défi le plus

• spirituel de tous : « Est-ce la voie à suivre? Faire de nouveau du • mal à quelqu'un qui souffrait déjà avant de commettre un crime?... • Je ne crois pas. Ma foi me dit le contraire ».

• (extrait de The Kitchener-Waterloo Record, samedi, 23 novembre 1996. a Reproduction autorisée.)

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• Engagement maximum Raque! Exner •

Certaines personnes peuvent hésiter à passer du temps avec des • délinquantes dans un établissement à sécurité maximale. Mais les •

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aumônières qui rendent visite régulièrement aux 10 femmes du pénitencier de la Saskatchewan ne voient rien d'inhabituel là-dedans. Deanna Hawkins, ministre de la Nisbet Memorial United Church, ainsi que Waltera Van Gennip et Pat Grise, qui travaillent à Kateri House, passent sept heures par jour au pénitencier local.

Elles disent que le recours à des aumônières dans le cas des délinquantes s'explique comme suit: « La plupart des actes de violence qu'elles ont subis ont été commis par des hommes — leurs frères, leur père ou leur conjoint. Elles pourraient s'opposer à la présence d'un aumônier de sexe masculin. À mon avis, bon nombre des femmes victimes de violence sexuelle provenaient de familles désunies — un grand nombre d'entre elles sont divorcées ou mères célibataires, et s'attendent à ce que les hommes soient au pouvoir et à ce qu'ils contrôlent la société ».

Selon Deanna Hawkins, faire face au pouvoir et à la problématique homme-femme n'est pas le seul fardeau de ces femmes. Elles ont quitté leur famille, elles veulent trouver du travail et elles se préoccupent des relations rompues. « Une femme et son partenaire peuvent vendre de la drogue dans la rue, mais c'est elle qui se fera arrêter. Elle finira purger une peine moindre que celle qu'il aurait été accordé. Puis elle doit décider si elle doit ou non retourner avec le même conjoint ».

Après la guérison intérieure vient la réinsertion sociale. « Nous aidons à construire un pont pour elles ». Nous les aidons à réintégrer la société, où les hommes détiennent le pouvoir et le contrôle. Nous incarnons le rappel de l'espoir et nous entretenons cet espoir », explique Deanna Hawkins, qui insiste sur l'importance d'instiller à ces femmes la confiance en soi.

Elle dit que bien des détenues récidivent. « Nous devons leur donner les outils dont elles ont besoin pour ne pas retomber dans les mêmes ornières. Elles doivent acquérir les compétences

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nécessaires pour se faire de nouveaux amis et manifester de nouveaux intérêts. Elles doivent également acquérir des capacités d'adaptation et des compétences psychosociales. Il est triste de penser que certaines jeunes délinquantes sont incarcérées dans une prison provinciale et qu'elles ne retrouvent pas le droit chemin. Puis, elles sont incarcérées dans un établissement fédéral ».

Les trois femmes ont souligné que la cause fondamentale de ce problème était le manque d'argent alloué pour aider les détenues à guérir de l'intérieur. Cependant Deanna Hawkins a observé une mentalité de survivantes chez bon nombre des femmes. «Je vois des femmes qui ne peuvent pas lire, dont les compétences professionnelles sont minimales, qui sont mères d'un petit enfant, dont le conjoint est violent... Malgré tout, il y a toujours une force, un esprit qui refuse de mourir chez ces jeunes femmes ».

(Extrait du Prince Albert Daily Herald, 22 octobre 1996. Reproduction autorisée.)

Plus vite pasteur! ou Un pasteur sur deux roues Lorne Freake

Aumônier communautaire bilingue dans le Nord-Ouest du Nouveau-Brunswick, le révérend Lome K. Freake est un motocycliste qui a un message à véhiculer. Après avoir rêvé pendant des années de conduire une moto, il a suivi le cours de sécurité pour motocyclistes et pris la route avec sa Classic XS Special 1 100 1980.

Lorne affirme que les gens ont tendance à avoir une image négative des motards, qui sont souvent perçus comme des rebelles et des hors-la-loi ou des fauteurs de troubles. Cependant, d'après certains renseignements, seulement 1 % des motards sont liés au crime organisé. Il est vrai que certains ont l'air plutôt durs, mais cela fait partie de la culture qui est associée au sport. Lome cite un

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proverbe français pour répondre au stéréotype au sujet des motards : "Ce n'est pas l'habit qui fait le moine".

Beaucoup de gens sont effrayés par les particularités vestimentaires des motards. Certains peuvent être intimidés par l'apparence de Lorne, qui porte une barbe et des vêtements de cuir. Toutefois, il rassure les gens en disant que nous sommes ce que nous sommes, peu importe ce que nous portons. Il ne s'agit pas ici de ce que voient les hommes: "Les hommes voient ce qui leur saute aux yeux, mais le Seigneur voit le coeur." (I Sam 16, 7)

Lui-même père de famille, il dit : « Beaucoup de motocyclistes sont aussi attachés à leur famille. Si j'ai deux heures libres, je consacrerai presque tout mon temps à mes enfants pour ensuite me récompenser en faisant un tour sur ma moto. C'est en fin de compte la famille qui importe le plus et elle peut en définitive être tout ce qui vous reste. »

Lome a adapté sa moto pour véhiculer des messages. Sur le réservoir à essence, il a apposé un décalque où figure une croix et une colombe ainsi que le mot « Forgiven » (Pardonné) écrit en dessous. Sur la sacoche arrière, il a mis une plaque où l'on peut lire « UCAN B 4GIVEN » (Vous pouvez être pardonné), et une autre où il est écrit : « Drug-free, free-spirited biker » (Motard sans drogue et libre). Pour ne pas être en reste : « The trumpet of the Lord will sound louder than this bike. Are you ready? » (La tompette du Seigneur fera plus de bruit que cette moto. Êtes-vous prêts?)

Lorne porte aussi quelques T-shirts intéressants où figurent des messages comme : « Community Chaplain: Please pray for me! I need the prayer and you need the practice » (Aumônier communautaire — SVP Priez pour moi! J'ai besoin de prières et vous avez besoin de pratique) et « Body piercing saved my life : Christ died for me (and You!) » (Le perçage du corps m'a sauvé la vie : le Christ est mort pour moi (et Vous!)). Lorne utilise ainsi les

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méthodes de la génération X pour lui transmettre un message d'espoir et lui faire comprendre qu'avec l'aide de Dieu, nous pouvons combattre les problèmes de drogues et d'alcool et briser le cercle vicieux de la criminalité.

Lorne espère mettre sur pied un groupe local de motocyclistes qui pourrait devenir une section locale de la « Christian Motorcyclists Association » à laquelle lui et quelques autres personnes appartiennent. Il s'agira d'un groupe interconfessionnel d'hommes et de femmes qui ont en commun une passion pour le Seigneur et pour les motos. Ce groupe permettrait aussi aux participants de contribuer à diverses activités communautaires comme des collectes de jouets à l'intention d'enfants hospitalisés ou un « motothon » en vue de recueillir de l'argent pour des missions ou des organismes de charité locaux ou d'autres organismes ayant besoin d'aide.

Pour commencer la saison du bon pied, il est prévu de tenir un service interconfessionnel dehors au printemps de l'an 2000 afin de bénir les moto. Tous les motards du Nord-Ouest du Nouveau-Brunswick et motos du Nord du Maine sont invités à y assister... avec leur moto, bien sûr.

N'oubliez pas ceux qui sont en prison, comme si vous étiez en prison avec eux

David Hale

Je crois que le point tournant pour Peter a été le Samedi saint. Chaque détenu a reçu une chandelle. La chapelle était dans l'obscurité. Le père Dave a allumé une chandelle, qui a servi à allumer la chandelle de chaque détenu jusqu'à ce que la chapelle soit illuminée. J'ai regardé Peter et il semblait redouter ce service magnifique, impressionnant et plein de signification. Je crois que pendant le service, une étincelle de lumière a jailli dans le coeur de Peter.

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Un détenu m'a écrit cette note pour m'encourager et me remercier du changement qu'il avait observé chez son ami Peter — changement qui s'est produit au cours d'un moment où il a pu, selon ses termes, saisir... Le Christ notre LUMIÈRE!

Si quelqu'un avait prédit que je serais aumônier de prison lorsque j'ai été ordonné il y a 17 ans, je n'aurais probablement pas été ordonné du tout. C'est tout un cheminement qui m'a amené à exercer mon ministère en milieu carcéral, mais après neuf ans — dont les sept dernières années au pénitencier de Kingston —je peux en toute sérénité soutenir que j'« appartiens à la prison ». Selon mon expérience, les aumôniers en milieu carcéral ont généralement leur propre histoire et font leur propre cheminement, qui passe par la faiblesse et souvent par la guérison, ce qui explique pourquoi ils exercent ce ministère rempli de compassion et fondé sur la justice réparatrice.

Les hommes et les femmes qui sont incarcérés dans nos prisons canadiennes ont tous quelque chose en commun : on ne leur a jamais enseigné à s'aimer; leur concept de soi est déformé et, par conséquent, leur vision des autres, de la vie et de Dieu l'est aussi. Ils sont à la fois victimes et agresseurs. On ne naît pas délinquant...les délinquants sont le produit d'une société, d'une Église, d'une famille malade... de relations et de systèmes dysfonctionnels. Certains détenus sont tout simplement des psychopathes — non pas sans espoir, mais certainement impuissants. Les termes « blessés » et « brisure » ont une définition très personnelle dans ce contexte.

Les aumôniers de prison sont appelés à être des personnes qui aiment sans réserve : ils ne portent pas de jugement et acceptent la personne, ils ont recours à la confrontation et sont véritablement compatissants, à l'écoute et font preuve d'empathie, ils sont provocateurs et indulgents et constituent une présence bienfaisante en prison.

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a • - Histoires apportées pas des voyageurs - • Les aumôniers des prisons œuvrent dans un milieu où il y a • plusieurs confessions religieuses. Ils doivent respecter la foi des . a personnes qui leur sont confiées. Offrir un service de pastorale aux 1111 musulmans, aux juifs, aux bouddhistes, aux adeptes de la religion

Wicca et aux athées constitue un défi et une expérience • enrichissante. La réapparition de la religion Wicca ces dernières • années a été considérée par certains comme un défi de taille. Pour

moi, les Chrétiens régénérés et les Catholiques fondamentalistes 11111 posent le défi le plus important à ma tolérance religieuse et à ma • patience, compte tenu du côté criminel de ma personnalité. • Même si l'aumônier est appelé à desservir le personnel et les • détenus, notre travail consiste surtout à venir en aide aux détenus et • à administrer les sacrements. Il s'agit d'un ministère de présence,

• visant à promouvoir l'épanouissement par l'acceptation de soi,

• l'intégration et une saine spiritualité.

• En conclusion, j'affirmerais que l'aumônier des prisons est un

• représentant de Dieu, appelé par Dieu et choisi par Dieu pour collaborer avec Jésus à l'amour des personnes blessées et les ramener dans le Royaume.

Combler le fossé Allyson Lucas

11, Une femme que j'appellerai « Velicia » avait bénéficié d'une semi- • liberté, c'est-à-dire qu'elle devait vivre dans une maison de • transition pendant un certain nombre de mois. Malheureusement, le • personnel ne comprenait pas ses façons d'agir, et elle éprouvait des • problèmes avec son agent de libération conditionnelle. En 111 désespoir de cause, elle a appelé son ancien aumônier de prison, • qui l'a dirigée vers moi. La première fois que nous nous sommes • rencontrées, elle m'a fait part de ses problèmes pendant une heure

• et demie. J'ai plaidé sa cause auprès du personnel de

• l'établissement et de son agent de libération conditionnelle afin

• d'éclaircir les malentendus et d'améliorer les communications.

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a - Aperçus de Dieu au travail - a

Lorsqu'elle a quitté la maison de transition, Velicia a appris que son nom figurait en tête de la liste d'attente des candidats à un

a logement subventionné. Toutefois, entre-temps, elle a dû résider a dans une maison de refuge. Elle était sur le point d'emménager a dans l'appartenant lorsque la société d'habitation l'a informée qu'elle ne pourrait pas le faire en raison de la nature de son crime. À la suite de mes encouragements et grâce à l'aide du personnel du • refuge, elle est allée voir son agent de libération conditionnelle, et ils ont cherché à lui trouver un logement permanent. •

Pendant son incarcération, Velicia avait fait une fausse couche et elle ne s'en était pas encore remise lorsque je l'ai rencontrée. Elle m'a demandé d'organiser un service commémoratif pour son bébé et, durant la cérémonie, j'ai lu un poème que j'avais rédigé. Elle éprouvait encore de la peine, mais le processus de guérison avait 111 déjà commencé.

a Après avoir emménagé dans son nouveau logement, elle désirait poursuivre une formation en cours d'emploi. J'avais entendu parler fle d'un programme qui lui conviendrait et je l'ai informée qu'il y avait des postes vacants. Elle a été acceptée et elle a réussi à a terminer le programme. Dans le cadre de la formation, elle a travaillé à titre de bénévole dans un refuge pour jeunes pendant quelques mois, puis elle a obtenu un emploi à temps plein.

À Noël, Velicia s'est portée volontaire lors du banquet offert aux ex-détenues et à leurs familles ainsi qu'aux bénévoles. Même si a elle a depuis été licenciée par suite de compressions du personnel, • elle est confiante de pouvoir trouver de nouveau un emploi.

• Nous avons parcouru beaucoup de chemin ensemble, et maintenant • elle m'appelle juste pour bavarder ou parler d'idées de décoration peu coûteuses ou pour être encouragée lorsqu'elle est déprimée. • Nous sommes devenues des amies.

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— Histoires apportées pas des voyageurs —

Une grande joie dans un établissement à sécurité maximale Un aumônier ravive son amour de Noël dans un établissement à

sécurité maximale. Am n Main

Il y a quelques années, j'ai fait un examen introspectif au sujet de Noël et de la signification que revêt cette fête à mes yeux. Les tracas qu'entraîne la course contre la montre qui prédomine généralement pendant cette période m'irritait quelque peu. La joie de Noël qui réchauffait ordinairement mon coeur me manquait.

J'ai fait peu de progrès jusqu'à il y a quelques années quand j'ai commencé à exercer mon ministère dans le milieu difficile d'un pénitencier fédéral. Un groupe de détenus m'a enseigné comment célébrer la naissance du Christ dans des circonstances qui étaient loin d'être réjouissantes. Il n'y avait pas de cadeaux, pas de visages radieux des membres de la famille; il y avait seulement 40 hommes, quelques chants et le Prince de la paix.

J'ai découvert ce jour-là à quel point il peut être enrichissant de célébrer la naissance de Notre-Seigneur en l'absence des avantages traditionnels. Le simple plaisir de dire « Merci, Père, de nous avoir fait don de votre Fils », m'a fait redécouvrir le vrai sens de l'Avent. Après mûre réflexion, je me suis rendu compte de la mesure dans laquelle des attitudes auxquelles ont fait face des personnes qui ont vécu l'événement original peuvent encore influer sur des personnes aujourd'hui.

Bon nombre attendaient impatiemment la venue du Messie. À cette époque de l'histoire, les Juifs attendaient leur Messie, Celui qui apporterait les changements qu'ils espéraient. Ils l'attendaient à tout moment et attendaient des nouvelles de son arrivée.

Les gens étudiaient les Écritures et tiraient leur espoir des prophéties qui influeraient sur leur avenir. Marie, Joseph, Anne et Simon attendaient le Messie à n'importe quel moment. Celui-ci est

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devenu le centre de leur vie. Ils souhaitaient ardemment recevoir ce don de Dieu. Du point de vue humain, peu de préparatifs avaient été faits en vue de son arrivée. Un voyage précipité, une étable primitive et une fête de bienvenue relativement modeste. Un grand nombre de personnes attendaient le Messie, mais peu étaient préparées et, par conséquent, elles ont raté l'événement.

Les préparatifs prennent du temps et ne sont pas faciles. Pour vous et moi aujourd'hui, cela suppose un questionnement personnel. Noël peut consister autant à « renoncer » qu'à « donner ». Les souvenirs, les regrets, la douleur et la joie sont tous des facteurs dont il faut tenir compte.

À Bethléem, ils étaient heureux de recevoir le Messie. L'ange a dit : «Je vous apporte la bonne nouvelle d'une grande joie ». Il y avait une vive émotion dans le ciel et sur terre. Les anges ont entonné des chants, les bergers baignaient dans l'allégresse. Des gens simples du peuple de Dieu sont venus célébrer lorsqu'ils ont appris la nouvelle et ils ont accueilli le Sauveur du monde.

Après avoir vu le Sauveur nouvellement né, les bergers ont glorifié et loué Dieu pour son don indescriptible. Ils étaient prêts à donner ce qu'ils avaient reçu. Les Mages n'ont ménagé ni temps ni argent pour apporter des dons à l'enfant-Dieu. Pour eux, il s'agissait d'une mission, et ils n'avaient de cesse qu'ils n'aient accompli leur tâche.

Vous et moi ne pouvons pas retourner à Bethléem pour donner des présents, mais nous pouvons Lui donner ce qu'il veut réellement. Celui qui est né dans la crèche est aujourd'hui notre Sauveur et notre Seigneur. Lorsque nous faisons don de nous-mêmes, d'autres sont heureux, et Dieu est glorifié.

Le don le plus précieux que nous puissions faire à Dieu est ce que nous sommes et tout ce que nous pouvons être en Lui. (extrait de The Pentecostal Testimony, décembre 1995. Reproduction autorisée)

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Une journée dans la vie de Craig Murphy Craig Murphy

J'ai beaucoup de plaisir à vous faire part de certaines des façons dont l'équipe de l'aumônerie de l'établissement de l'Atlantique a pu continuer d'exercer son ministère pendant la récente grève.

Comme la grève a commencé le vendredi, nous avons passé la première journée dans un lieu de travail de rechange, soit le Centre de recréation de Renous. Randy et moi avons pu faire sentir notre présence au personnel de tous les niveaux et services de l'établissement, qu'il s'agisse du personnel des services correctionnels, de la direction, du personnel ou des employés de l'entretien. Tous ont dû faire preuve de créativité dans le Centre. Il y a eu beaucoup de discussions et d'écoute, on a joué à des jeux de table et nous avons bénéficié de deux repas inoubliables.

Oui, c'est ce même vendredi que nous avons invité les membres intéressés du personnel à un repas de hots dogs chez nous. Il était amusant d'avoir sous les yeux le buffet auquel tous avaient contribué. Nous avons dansé au son de la musique, nous avons ri et nous avons parlé. Puis, le mardi, nous avons pu répéter l'expérience. Cette fois-ci, c'était des spaghetti accompagnés de pain à l'ail.

Tous ont semblé avoir du plaisir encore une fois et, même s'il n'y avait qu'une douzaine de personnes comparativement à seize le vendredi, nous nous sommes bien amusés. Cette grève était une expérience tout à fait nouvelle pour moi, mais grâce à la présence des personnes susmentionnées, à une visite sur la ligne de piquetage au cours d'une nuit et à la lecture d'ouvrages théologiques, nous avons passé à travers d'une seule pièce — si je peux m'exprimer ainsi — dans un esprit de paix.

(note à Monique Landly et John Tonks de la région de l'Atlantique - Service correctionnel du Canada)

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Hymne à l'« inutilité » Harry Nigh

Le mois dernier, un groupe de 13 aumôniers communautaires se sont réunis dans la magnifique maison du D r Ruth Alison de Terra Cotta pour discuter de la manière dont nous pourrions mieux conjuguer nos efforts et nous entraider. Sharon Chapman, de Guelph, a amorcé la réunion par les mots suivants de Henry Nouwen :

Le charpentier dit à son apprenti .• « Sais-tu pourquoi cet arbre est si gros et si vieux? » L'apprenti répondit. « Non... Pourquoi? » Puis le charpentier dit. « Parce qu'il est inutile. S'il était utile, il aurait été abattu, débité et transformé en lits, tables ou chaises. Mais vu qu'il est inutile, on l'a laissé croître. C'est pourquoi il est maintenant si grand que tu peux te reposer à l'ombre de celui-ci. »

Lorsque la valeur de l'arbre est devenue l'arbre lui-même, il était libre de croître. C'est là le pouvoir de l'espoir.

Au fil de nos discussions, un aumônier communautaire a dit que notre travail est souvent considéré comme « inutile » par le monde et l'Église. « Parfois, ce que nous faisons est inutile et il faudrait y mettre fin », a répondu un autre. « Mais il ne m'appartient pas de déterminer mon utilité. Ma responsabilité consiste à être », a ajouté un autre. C'est le charpentier qui a son propre point de vue sur l'utilité. Dieu ne jette jamais les objets brisés — il les répare et les utilise.

Vous êtes-vous sentis inutile dans votre ministère dernièrement? Je crois que Notre-Seigneur nous invite à nous convaincre de la vérité profonde que nous sommes les bien-aimés, quelles que soient vos actions ou les miennes! Pour Dieu, nous sommes « comme un arbre planté près d'un courant d'eau, Qui donne son fruit en sa

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saison, Et dont le feuillage ne se flétrit point. (Psaumes 1:3). Continuez d'être inutiles!

(Extrait Weavings, mai 1998)

Réflexions Joan Palardy

Je travaille comme aumônière catholique romaine à l'établissement de Bowden, un établissement à sécurité moyenne pour hommes, depuis 1990. Les délinquants sexuels comptent pour environ deux tiers de la population carcérale.

La question qui m'est le plus souvent posée c'est comment je fais pour travailler auprès de ce genre de gars. Lorsque je réfléchis à cette question, je me rends compte que je suis passée par un certain nombre d'étapes. Je me suis aperçue assez vite que, en tant qu'êtres humains, nous nous ressemblons beaucoup plus que nous sommes différents. Nous avons tous été créés à l'image et à la ressemblance de Dieu; comme il est écrit dans le livre de la Genèse, nous ne sommes pas seulement bons, mais très bons. La prochaine étape consistait à ne pas tenir compte de la nature du crime qui avait été commis. Ensuite, il m'a fallu passer outre à la gravité de la maladie. J'ai ensuite été capable de prendre les détenus comme ils étaient réellement : des créatures de Dieu, des personnes en chair et en os.

Cependant, l'une des différences qu'il y a entre nous, c'est que la majorité des prisonniers sont plus blessés que nous. C'est grâce à ces hommes blessés que j'ai mieux compris ce que cela signifie que de « voir le visage du Christ dans ceux que nous rencontrons ». Je crois que j'ai reçu une grâce spéciale de Dieu qui m'a permis de voir plus loin que l'infraction, de voir la personne derrière tous ses masques et de voir ses belles qualités, qui constituent ses dons. J'ai le privilège de connaître la blessure de beaucoup de personnes. Le

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Christ nous appelle à les accompagner dans leur souffrance et à les aimer dans leur intégrité.

Le travail auprès des personnes affligées occupe la majeure partie de mon ministère. À mesure que le temps passe, je suis de plus en plus convaincue que ces hommes ne pourront jamais mener une vie saine tant qu'ils n'auront pas fait face à leurs pertes. Quatre-vingt pour cent des hommes auprès desquels j'ai travaillé ont subi des pertes considérables dans leur petite enfance ou pendant leur adolescence. Dans la majorité des cas, il n'y avait personne à qui ils pouvaient dire leur douleur ou, avec les années, ils ont appris à ne parler à personne, à ne rien ressentir et à ne faire confiance à personne. Certains ont été abandonnés, ont subi des mauvais traitements de toutes sortes, ont connu de mauvaises expériences dans des pensionnats, ou ont été confrontés à la mort d'une personne très importante dans leur vie.

En tant que femme mariée, j'ai eu beaucoup d'appui de mon mari. Au départ, il était un peu inquiet de me voir travailler dans un établissement, surtout parce que je suis en contact avec beaucoup de délinquants sexuels. Toutefois, avec le temps, il a commencé à s'engager dans mon ministère. Au fil des années, nous avons tenu ensemble des célébrations de la parole, et nous animons chaque année un atelier pour les hommes et leur conjointe.

En tant qu'aumônière, j'ai eu beaucoup d'appui des autres aumôniers de la région et de l'extérieur. J'ai eu l'occasion de travailler en équipe au sein de l'Aumônerie, ce qui s'est avéré être une expérience très précieuse. J'ai beaucoup appris sur moi-même et j'ai beaucoup grandi. Cependant, il y a eu des fois où j'ai dû montrer mes capacités d'aumônière. Ces expériences ont été très pénibles pour moi, et à plusieurs reprises, je n'ai pas senti l'appui de mon groupe confessionnel.

En dépit de cela, je ne me suis pas laissée aller à penser que j'étais limitée dans mon ministère parce que je n'étais pas ordonnée.

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J'offre des services du culte; je proclame la parole de Dieu; je bénis les malades avec de l'huile; j'écoute les confessions et, au nom de Dieu, je leur pardonne; j'ai célébré des funérailles et j'ai apporté une contribution spéciale à certains des mariages qui ont eu lieu dans notre chapelle.

J'ai eu une influence dans la vie des hommes que j'ai eu le privilège de côtoyer et je continuerai d'en avoir une. Je les confronte, je leur pose des défis, je sympathise avec eux, je les écoute avec empathie, je leur tends la main chaque jour de nombreuses façons. Toutefois, ce qui est le plus important, c'est que je les aime vraiment, malgré leur passé. Le fait d'être aimés pour ce qu'ils sont est un catalyseur important de changements dans la vie de ces hommes.

Comment ma fille m'a enseigné la justice réparatrice Rosemwy Redshaw

Il y a deux ans, j'ai emmené mes jumelles, alors âgées de 7 ans, au magasin. Chacune d'elles avait de l'argent pour s'acheter une gâterie. Rebecca, qui aime profiter de son argent, a dépensé 79 cents (ce qui est beaucoup pour une petite fille de 7 ans) et s'est achetée une « KinderSurprise ». Rachel, de son côté, est plus proche de ses sous et n'a rien acheté. '

Une KinderSurprise est un chocolat en forme d'ceuf qui contient une surprise. Lorsque nous sommes revenues à la maison, Rebecca a placé son achat sur la table de bout dans la salle familiale et m'a aidée à déballer l'épicerie. À notre insu, Rachel s'était installée sur le divan à côté du chocolat. Je ne peux qu'imaginer ce qui s'est alors passé. Je suis certaine qu'elle s'est assise là pour regarder le chocolat et qu'elle a fini par le manger.

Au moment où je l'ai vue, Rachel avait mangé la moitié du chocolat. Dans ma réaction de mère outrée, j'ai appelé Rebecca et,

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les mains sur les hanches, j'ai dit : « Regarde ce qu'a fait Rachel, Rebecca! Que ferons-nous pour la punir! » Rebecca s'est tournée vers moi en disant : « Eh bien, maman, si tu me conduis au magasin, j'achèterai un autre chocolat pour que Rachel puisse avoir le sien ».

Je me suis posé la question: « Peut-on recourir à la justice réparatrice en donnant ou seulement en prenant? Peut-on aimer une autre personne pour l'amener à la droiture? Peut-on faire régner la justice en donnant ou ne peut-on faire régner la justice qu'en prenant ». Puis j'ai pensé à ce verset des Écritures que bon nombre connaissent bien.. .Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique.

Dieu a choisi de nous aimer pour nous amener à être vertueux.

Frontières Helen Tervo

Un des principaux obstacles dans le ministère que j'exerce ici au Centre psychiatrique régional (Prairies) a trait aux frontières dans les relations pastorales. Le modèle appliqué dans le domaine médical ou des traitements en général contient des frontières peut en être un de distance, de thérapie et de non-dévoilement de soi. La conception que je me fais des frontières dans le domaine des soins spirituels touche à la relation, à la présence et à un dévoilement approprié de soi-même.

Cependant, en tant que femme travaillant dans un milieu correctionnel, je suis consciente du fait que la façon dont je perçois les relations n'est peut-être pas la même que celle des patients ou détenus. Il m'a donc fallu apprendre à établir des relations pastorales, tout en étant consciente du fait que certains pourraient en abuser, et en résistant toutefois à la tentation de prendre des distances et de me tenir sur mes gardes.

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Je crois que l'un des chemins de guérison les plus puissants que peut favoriser la présence d'une femme dans une prison consiste dans une amitié sûre fondée sur le respect. Il faut pour cela s'éloigner de nos sécurités de temps en temps pour s'aventurer dans le désert spirituel et cheminer avec les patients et les détenus. Ce n'est pas possible ou, du moins, c'est deux fois plus difficile, si je ne veux pas dire au patient qui je suis ou ce par quoi je suis passée.

Comme disait saint Paul aux Romains (Rm 7, 21) : « Moi qui veux faire le bien, je constate donc cette loi : c'est le mal qui est à ma portée. » Paul parlait de son péché, mais la loi reste vraie : lorsque je commence à me révéler, je sais que je dois faire particulièrement attention à ce que ce soit pour le bien du patient ou du détenu, et non pas pour ma propre gloire ou pour mes propres besoins. Comme femme, je dois aussi reconnaître que le fait d'établir des relations comporte pour moi des risques particuliers, et je dois savoir quand je suis prête à prendre ces risques et quand je ne le suis pas.

Il y a quelques mois, je rencontrais individuellement un patient qui m'avait donné de temps à autre des signes assez évidents de comportement manipulateur. Nous avons joué au chat et à la souris pendant quelques visites, mais il y a aussi eu des moments où j'ai cru déceler une recherche authentique et une conscience qui l'ont surpris lui-même. Un jour, nous étions en train de parler de toxicomanie et je venais de dire quelque chose de particulièrement profond (que j'ai oublié!!) et il m'a dit : « Vous devez avoir eu une vraie bonne éducation et vos parents devaient être de bons pratiquants pour que tout ça soit aussi clair pour vous ».

Maintenant, je sais reconnaître une bonne parole quand j'en entends une, mais même si c'était une flatterie très évidente, il a révélé une croyance assez répandue qui veut qu'un aumônier, un psychologue ou un gardien de sécurité ait une vie sans problème.

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Il s'est agi alors pour moi d'un moment de vérité et j'ai décidé de lui dire que je connaissais le programme en 12 étapes parce que j'avais fait personnellement l'expérience de l'alcoolisme et que ce que je savais, je l'avais appris à la dure. J'ai senti que je prenais un risque en me rendant vulnérable, mais j'étais prête à le prendre. J'apprends beaucoup sur la confiance ici; faire confiance ne signifie pas que l'on soit aveugle devant la vulnérabilité, mais que l'on puisse juger des occasions favorables et les difficultés.

Je souhaite que mon rôle de ministre auprès des autres ne soit pas nécessairement considéré comme lié à mon appartenance sexuelle. Pourtant, je travaille auprès de gens qui ne sont peut-être pas capables de voir autre chose qu'une femme lorsqu'ils me regardent. S'ils n'ont pas connu d'autre chose que des relations coercitives ou des relations malsaines avec les femmes, il faut du temps pour bâtir des relations saines.

Bien que je me sois considérée comme une féministe pendant plus de 30 ans, j'ai de la difficulté à utiliser le terme « femme » lorsque je travaille. Je pense que nous, les femmes, avons un rôle à jouer sur le plan professionnel, et c'est un rôle que nous assumons en tant que personnes ayant des talents, le sexe n'étant seulement qu'un des aspects de toute notre personnalité. Je suis cependant consciente d'être perçue de façon différente parce que je suis une femme et qu'il y a des domaines où le sexe devient une question pertinente. En tant que femme occupant un poste d'aumônière, je sais que mes frontières en matière de soins spirituels sont fondées sur des valeurs différentes de celle du « système ». Cependant je me rends compte aussi que je dois savoir qui je suis et pourquoi je suis ici, pour pouvoir être efficace au sein de l'Aumônerie. Avec l'aide de Dieu et pour la gloire de Dieu...

Voici une autre anecdote « plus légère » : Après avoir conclu mon premier contrat à titre d'aumônière au CPR, j'ai fait une chose très stéréotypée. J'ai songé à ce que je porterais. Étant du genre ancienne hippie, j'ai pensé que je devrais porter certaines de mes

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robes amples pour apporter une certaine énergie féminine. Eh bien, lorsque le premier jour on m'a remis mon avertisseur portatif, toutes mes idées d'« énergie féminine » se sont envolées. Les robes amples perdent un peu de leur effet lorsqu'elles sont entourées par une ceinture et un tel dispositif (je ressemblais à un poteau d'incendie fleuri!). J'ai pris immédiatement conscience de la façon dont le système contrôle les énergies nécessaires pour se déplacer. Je porte encore des jupes de temps à autre, mais les pantalons avec poches et ceinture montée sont mes vêtements de prédilection. Mon énergie féminine doit trouver une autre forme d'expression!

Si tu faisais la paix Jean-Guy Tremblay

Le pardon est un des concepts les plus puissants, les plus créateurs, les plus subversifs qui soit. Mais un des plus difficile à vivre. Pardonner à un offenseur ou se pardonner à soi-même est une idée qui semble impossible à plus d'un. Comme prêtre, au cours de mes vingt-cinq années de ministère, j'ai eu maintes occasions de célébrer le sacrement du pardon. Toutefois, en milieu carcéral - mais aussi dans d'autres milieux - ces célébrations s'accompagnent souvent de malaises et de réticences, et suscitent mêmes parfois des réactions agressives.

Voici quelques témoignages illustrant ce propos:

- Tu dis que Dieu m'accorde son pardon. O.K., je le veux bien. Mais qu'est-ce que cela change à ma vie? Moi, je n'arrive pas à me pardonner le crime odieux que j'ai commis. Je me sens tellement coupable et honteux.

- Tu proclames que Dieu, tel un bon père aimant, m'offre son pardon. Ces paroles me font crier de rage. Quand j'entends le mot «père », j'ai envie de hurler. Mon père, ce monstre qui m'a abusé, trompé et menti si souvent, c'est lui qui doit me demander pardon.

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Penser que Dieu puisse être comme mon père, ç'a me làit suer.

- Ma mère m'a toujours traité de bâtard. Elle ne m'a jamais désiré. Je suis un accident de parcours. Entre nou, l'engueulade a toujours régné. Sur son lit de mort, je l'ai supplié de faire la paix et de m'accorder son pardon. D'un signe de tête, elle me signifia son refus. Puis elle s'est éteinte. Au même moment mourrait en moi tout espoir de retrouver la paix et de me réconcilier avec elle.

Ces paroles recueillies, parmi tant d'autres, témoignent de blessures profondes, de douleurs refoulées, de sentiments non compris et non assumés. Du même coup, elles questionnent profondément la valeur et la pertinence d'une célébration sacramentelle du pardon qui ne tient pas compte du vécu intégral de la personne. Le pardon est célébré mais il n'est pas vécu. À la sortie de la célébration le coeur et l'esprit sont toujours aussi troublés, l'âme meurtrie quête toujours sa guérison. Alors, ce fut avec une grande joie que nous avons vu élaborer et expérimenter une série d'ateliers sur le pardon visant à intégrer dans sa démarche tout le « vécu humain » des participants. Si tu faisais la paix est le titre d'une série de rencontres, conçue par Henriette Doré Mainville, à partir du livre de Jean Montbourquette, Comment pardonner. Depuis 1994, elle a animé de nombreuses sessions dans différents pénitenciers avec Claude, son époux.

Ces ateliers intenses d'une durée de trois heures chacun, adaptés pour être vécus en groupe d'une dizaine de personnes, ont été présentés à plusieurs reprises en milieu carcéral. Cette démarche sur le pardon a permis à des personnes éloignées de notre société d'apprivoiser la capacité de faire du neuf, de changer le cours des choses et de la vie.

Depuis l'automne 1994, ce sont des dizaines de détenus de longue sentence, d'autres de courte durée, et de bénévoles de différents milieux carcéraux qui ont cherché à comprendre et à vivre le

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pardon à travers les ateliers Si tu faisais la paix. Les thèmes abordés dans ces rencontres sont les suivants:

1. À qui s'adresse le pardon 2. Décider de ne pas se venger et de cesser les gestes offensants 3. Reconnaître sa blessure et sa pauvreté intérieure 4. Partager sa blessure avec quelqu'un 5. Bien identifier sa perte pour en faire un deuil 6. Accepter sa colère et son envie de se venger 7. Se pardonner à soi-même

Ces ateliers sont préparés de façon à ce que de groupes des personnes travaille en groupe selon leurs besoins sur leurs capacités à comprendre le pardon, à se pardonner elles-mêmes, et dans un deuxième temps, à pardonner à l'offenseur. À travers des échanges libres sur le pardon, des textes de réflexions des exercices de concentration et des méditations dirigées, les participants approfondissent leur compréhension du pardon, leurs comportements et leurs sentiments face à eux-mêmes. Des points de réflexion importants et profonds les aident à se libérer de leurs peurs, colère, frustrations, honte, sentiments de culpabilité, résistances, etc.

La vertu de cette démarche réside dans le fait que, utilisant un langage simple et vibrant, elle sait harmoniser la psychologie, la spiritualité et le monde des émotions et des sentiments.

Ces rencontres intenses sont l'occasion pour moi de voir, entendre et ressentir profondément l'éclatement de la blessure profonde et son processus de guérison. C'est souvent à travers des cris et des larmes, des moments de désespoir et de grande tristesse que le pardon s'installe et fait son oeuvre. Mais ce sont aussi des moments de vérité, de confiance retrouvée, de transformations inattendues... des moments de grâce.

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Avec toute la gamme de sa sensibilité, Henriette Doré Mainville a su bien décrire ce qui se vit à travers ces rencontres:

Pendant quelques semaines, ce fut un long voyage intime... profond... chacun à sa façon... La grande découverte des images et des sons... des formes et des sensations... associations, Dissociations et intégration.., du tout « rond » et exploration des critères derrière le Pardon... Des coeurs lourds au coeur léger... Des goûts amers et sucrés Des espaces perdus et retrouvés Dans ce nid... de l'âme...le coeur a parlé...entre deux polarités... Des yeux se sont dévoilés... Des émotions dénouées... Des chevilles et des poignets se sont déchaînés... Des mains se sont parlées...de Paix et de Liberté!!! Et l'Éternel s'est manifesté!!!

Pourquoi pardonner et se pardonner est-il si difficile? C'est que le pardon ne consiste pas à effacer ou à oublier le passé. Il ne supprime pas la blessure, il la guérit. Pardonner, c'est cesser de haïr. L'autre ou soi-même. C'est se libérer du désir de vengeance et du ressentiment.

Renoncer à la vengeance est difficile. Mais l'idée de vengeance soulage bien davantage que son application. La vengeance ne procure jamais les effets escomptés. Couper la main aux voleurs, émasculer le violeur d'enfant, supprimer le meurtrier, cela ne soulage personne, quoi qu'on en pense.

Mais les crimes monstrueux, dites-vous, sont-ils vraiment pardonnables? Si l'on peut aisément pardonner à l'égoïste ou au menteur, il en est autrement du meurtrier ou de l'abuseur d'enfant. L'erreur est évidemment de croire que l'horreur d'un crime exige et excuse même, dans l'esprit de certains, la peine de mort. [Mais

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réagir ainsi est en effet] enterrer toute idée que celui-ci pourrait un jour être réhabilité? N'y a-t-il pas là quelque chose de pire que la vengeance, à savoir la désespérance: cette conviction qu'un criminel ne pourra jamais changer, que l'avenir lui est bloqué à tout jamais?

S'il est difficile de commencer du neuf, d'agir sans traîner son passé, nous savons pourtant que les humains ont souvent besoin d'une seconde chance pour redevenir les acteurs de leur propre vie. On comprendra alors aisément l'importance du pardon qui ouvre la condition humaine à de nouveaux horizons. Le pardon est un défi à la fatalité! Le pardon est une porte ouverte sur le changement, un malgré-tout à toutes les désespérances du monde.

Notre expérience nous démontre que plusieurs détenus, catalogués comme « irrécupérables » ou qui semblaient fermés à toute idée de changement, ont avec le temps réussi à trouver une paix profonde, à s'épanouir humainement, à vivre en personne libre et responsable. Le pardon est toujours au cœur de leur démarche.

Le grain semé en terre Jane Warren

Il y a trois ans, Bill est venu me voir au local du « Project Reconciliation » à Kingston (Ontario). Il m'avait été envoyé par un journaliste qui voulait faire le récit des mauvais traitements qu'il avait subis et de son cheminement vers la guérison.

Bill avait trouvé un emploi à temps partiel dans un dépanneur à environ cinq kilomètres du petit motel qui lui servait de domicile. La marche qu'il devait faire en hiver pour se rendre au travail ajoutait un fardeau à son existence cruelle. Il essayait de trouver la paix et la guérison en passant des heures à étudier à la bibliothèque de l'Université Queen's. Il cherchait des réponses.

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- Aperçus de Dieu au travail -

Lorsque nous nous sommes rencontrés, il m'a fait son récit et m'a parlé de sa quête de guérison. Nous avons parlé de la compréhension qu'il avait de Dieu dans sa lutte tourmentée. Il semblait pris dans sa douleur, sans espoir d'avancer.

En fin de compte, Bill a décidé qu'il lui fallait retourner à Toronto. Sa recherche intellectuelle visant à donner un sens à sa victimisation ne lui apportait pas le soulagement qu'il espérait. Il lui fallait plus de temps pour penser à la compréhension qu'il avait de Dieu, compte tenu des mauvais traitements qu'il avait subis. La dernière fois que je l'ai vu, il est venu à l'église avec moi. Je lui ai offert de lui garder sa boîte de livres et quelques affaires personnelles. Je l'ai envoyé à l'Église baptiste située sur Walmer Road, à Toronto; je lui ai donné un peu d'argent et je l'ai accompagné jusqu'à la gare d'autobus.

Un jour froid d'hiver, Bill a quitté Kingston. Il cherchait un foyer où il pourrait passer la nuit. Je me suis couchée inquiète de son avenir. Je ne pouvais que prier pour lui. Le temps passait, et moi, je pensais toujours à lui et je continuais de prier pour lui. Un an après son départ de Kingston, j'ai appelé le journaliste pour lui demander s'il avait des nouvelles de Bill. Il n'en avait pas. Je lui ai dit que j'avais quelques affaires de Bill et que je voulais les lui rendre. J'ai laissé mon nom et mon numéro de téléphone au cas où Bill donnerait signe de vie.

Il y a deux semaines — c'est-à-dire trois ans et demi plus tard — Bill m'a appelée. Il m'a dit qu'il voulait simplement me remercier pour tout ce que j'avais fait pour lui, et que c'était grâce à ma compassion et à mon soutien qu'il avait déménagé dans un endroit où il avait réussi dans une mesure qui avait largement dépassé ses rêves. J'ai été très heureuse d'apprendre de si bonnes nouvelles, mais, en même temps, très surprise qu'il souligne si fort ce que j'avais fait pour lui. Après tout, je ne lui avais rendu visite que trois ou quatre fois et je m'étais sentie tellement impuissante de ne pouvoir l'aider. Selon Bill, les trois mois qu'il avait passés à

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ne J .

— Histoires apportées pas des voyageurs - II Kingston étaient les pires moments de sa vie. Il voit cependant que, eb

lors de cette période sombre, le Project Reconciliation était là pour 11, l'aider. Sans que j'en aie été consciente, il croit que le temps que • j'ai passé avec lui l'a aidé par la suite. Bill a maintenant trois ans • d'expérience dans l'industrie de la restauration. Il espère pouvoir

ouvrir avec un ami leur propre restaurant au début de la nouvelle • année. En outre, il croit pouvoir acheter une maison pour sa belle • femme et son bébé.

• Au moment où il quittait Kingston, Bill était un jeune homme • plongé dans la souffrance. Il n'est entré dans ma vie que pour un • instant, et il m'a laissée désespérée parce que tout ce que je • pouvais faire était de prier pour lui.

• Trop souvent, je pense à mon efficacité quand il s'agit de ceux qui

• ont fait dans leur vie des parcours incroyables, si différents du

• mien. Je réfléchis également au nombre de fois où j'ai sous-estimé la puissance de la prière.

• •

Merci à Dieu pour sa généreuse grâce et pour le témoignage de la

•puissance du Saint-Esprit.

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- Aperçus de Dieu au travail -

Des ailes brisées James Motherall

Des ailes brisées, un coeur blessé Des rêves qui n'ont pu se réaliser Des espoirs évanouis à cause du mensonge

qui m'empêchait de voir Chercher l'amour, trouver la douleur S'emmurer ou être encore blessé Plus personne ne dit la vérité Un esprit brisé, des ailes qui n'ont jamais été essayées Par peur de voler.

Comme une rose sans soleil L'esprit de dessèche simplement et meurt J'ai cherché le soleil, j'ai trouvé la pluie Je me suis sauvé pour fuir la douleur Mais je ne peux plus me cacher Mon esprit veut voler maintenant Étendre ses ailes et planer là-haut dans le ciel Jusqu'à ce que je puisse presque toucher la main de Dieu.

Comme les épines sur la rose Il y aura des périodes difficiles Alors, je Lui confierai mon coeur Dont la puissance dépasse la mienne Il me préservera et me donnera le rpos Il me guidera dans toutes mes épreuves Il sera toujours là quand j'appellerai Jésus m'aime, j'en suis sûr Parce que c'est écrit dans la Bible Jésus m'aime, j'en suis sûr.

(Voir l'image inspirée par cette chançon à la page 87)

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a Laisser l'esprit humain s'exprimer -

1 111) SECTION II: LAISSER L'ESPRIT HUMAIN S'EXPRIMER • AU MOMENT DE NOTRE CHEMINEMENT Commun

La grâce de la créativité Rod Carter e

La créativité et les qualités de chef spirituel des aumôniers en el établissement et dans la collectivité se manifestent de multiples

• façons. L'introduction de la musique et de l'art dramatique, par

• exemple, peut amener les délinquants à s'engager dans ces formes

• d'art et les aider compenser pour des occasions manquées dans le

• passé. Bon nombre d'entre eux trouvent que l'exutoire que

• constitue la rédaction de poèmes est un moyen satisfaisant

• d'exprimer leur propre créativité. Certains aumôniers composent

•également des poèmes; tous rédigent et prononcent des sermons et des homélies. La présente section célèbre ces activités créatrices : des dons de Dieu transformés en un culte au Créateur. Nous • remercions chaque collaborateur de ses oeuvres, ces offrandes bénies. •

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— Aperçus de Dieu au travail -

Chapitre 1 : Liturgies

Une liturgie d'adieu à un détenu mis en liberté Bernie Archer

Cette liturgie d'adieu a été rédigée dans un établissement à sécurité minimale où les détenus sont mis en liberté assez rapidmente. Le détenu a ainsi l'occasion de dire au revoir à ses amis, de prévoir sa mise en liberté et de s'y préparer spirituellement.

*******

Chers amis, aujourd'hui/ce soir, nous faisons nos adieux à NOM qui a fini de purger sa peine et qui quitte légalement l'établissement pour occuper la place qui lui revient dans la société. Nous avons la possibilité de lui souhaiter bonne chance et de prier Dieu le Père de l'entourer de sa protection et de son amour. Écoutons d'abord certains des nombreux versets de la Bible qui disent à NOM qu'il peut compter sur Dieu pour le guider :

Leçons des Écritures lues par l'aumônier ou un bénévole : Jérémie 29:11-14 et Isaïe 30 :19, 21, 48 :17.

Hymne approprié

Verset des Écritures (lu par le détenu mis en liberté et(ou) par l'aumônier)•

« Il m'est bon d'être humilié afin que j'apprenne tes statuts. Mieux vaut pour moi la loi de ta bouche que mille objets d'or et d'argent. (Psaumes 119: 71-72)

Mot de bienvenue des membres de la collectivité (lu par des bénévoles) :

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— Laisser l'esprit humain s'exprimer —

NOM, nous tes amis de la collectivité t'accueillons de nouveau dans nos rangs. Nous nous engageons envers toi à te prodiguer notre amour et notre soutien et à te faire bénéficier de nos prières. Lorsque tu auras besoin de nous, n'hésite pas à nous le faire savoir. Et nous prierons avec toi et la collectivité pour être prêts à accueillir tes autres frères détenus lorsqu'ils seront mis en liberté eux aussi.

Prière (lue par tout le groupe) :

Ô Dieu, refuge et force de tous ceux qui croient en toi : nous confions à tes bons soins NOM qui nous quitte. Donnes-lui du courage et aidez-le â faire preuve de prudence et de maîtrise de soi. Trouves-lui de bons amis; préserves-le de la solitude. Maintien-le sous la protection de ta providence et aide-le toujours à respecter et à aimer ton saint nom et tes lois. Nous t'adressons cette prière par l'entremise de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Amen.

Hymne approprié

Prière avec imposition des mains

Le détenu mis en liberté peut s'agenouiller au centre du cercle et laisser les autres détenus et bénévoles lui imposer leurs mains pendant la prière.

NOM, nous t'imposons les mains au nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ, en l'implorant de te soutenir, de t'accorder sa grâce et sa force pour que tu puisses accomplir sa volonté et trouver la joie et la paix. Amen.

Bénédiction (lue par tout le groupe au détenu mis en liberté) :

« Que Dieu te bénisse et te protège; Que Dieu t'illumine de son regard; Que Dieu te soutienne et t'accorde la paix. »

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Service commémoratif d'Evelyn MacKenzie, bénévole David Schantz

...La paix soit avec vous! Comme le Père m'a envoyé, moi aussi je vous envoie. Jean 20:21

Introduction

Le Christ a prononcé ces paroles lorsqu'il est apparu à ses disciples après sa résurrection. Il voulait leur rappeler qu'il avait toujours confiance en eux. Ils étaient découragés et n'avaient pas les idées claires. Comment poursuivre le travail? Qui serait leur dirigeant? Son apparition les convainquait qu'il était encore là et prêt à poursuivre l'ceuvre commencée. Il les a investis d'une mission comme il avait été lui-même envoyé.

À de nombreux égards, la mort d'Evelyn crée également un vide dans notre collectivité. Tous ceux d'entre nous qui l'ont connue ressentent ce vide. Qui prendra sa relève? Qui comblera ce vide?

La compassion dont elle faisait preuve était motivée par l'appel de Dieu. C'est comme si elle avait entendu la voix de Dieu lui disant personnellement : « Moi aussi je t'envoie ». Elle nous dirait aujourd'hui d'écouter la voix de Dieu et d'entendre le message... « moi aussi, je t'envoie ».

Dans notre prière cet après-midi, nous voulons nous rappeler à quel point son ministère était varié et complexe et nous poser la question : Répondrons-nous comme elle l'a fait? »

Lecteur 1 Notre Père qui est aux Cieux, nous te remercions de nous avoir envoyé le Christ. Son obéissance nous sert d'exemple. Même aux moments les plus sombres, lorsque ses amis l'ont renié et que la mort l'attendait, il croyait encore que ta volonté était bonne, acceptable et parfaite.

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118 - Laisser l'esprit humain s'exprimer -

I C Assemblée a Seigneur, nous confessons que nous n'avons pas toujours cru que

ta volonté était bonne et parfaite. Nous avons souvent évité de prendre soin et de nous préoccuper des autres. Mais aujourd'hui, • nous te prions de nous envoyer aussi.

• Lecteur 2 • Seigneur, nous te remercions d'avoir fait en sorte qu'Evelyn soit

• touchée par l'esprit du Christ. Elle a répondu avec obéissance à ton et appel et elle a joué son rôle de femme, de mère et d'amie. Puis, tu • l'a envoyée vers des gens qui ne semblaient pas amicaux, à des • endroits où le crime, la colère, l'orgueil, la haine et la peur font • l'objet de la plupart des conversations. Elle doit s'être demandée

• ce qu'elle pourrait faire pour ces personnes.

11. Assemblée

111 Seigneur, nous te sommes reconnaissants d'avoir fait en sorte

• qu'elle réponde à ton appel. Nous prions pour pouvoir nous aussi

• obéir à ton appel et répondre aux besoins des pauvres et des mal-

. aimés.

Ô Lecteur 3

•Seigneur, nous te remercions d'avoir fait en sorte qu'Evelyn n'oublie jamais que tu l'avais envoyée pour s'occuper des gens. C'est le contact humain qu'elle considérait comme le plus

• important. Elle ne voulait pas échanger son siège dans la chapelle 111 ou le parloir contre une chaise derrière un pupitre dans un in quelconque bureau éloigné des personnes dans le besoin.

• Assemblée • Seigneur, nous te demandons de nous aider à nous concentrer sur

les gens, à les aider à exprimer leur douleur, leurs peines, leurs • joies et leurs réalisations. • a

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- Aperçus de Dieu au travail -

Lecteur 4 Seigneur, nous te remercions d'avoir fait en sorte qu'Evelyn ne rebrousse pas chemin après avoir vu les barrières, les portes verrouillées et toutes les règles. Les prisons ne sont pas des endroits agréables; les paroles qu'on y entend sont parfois très grossières. À maintes occasions, les gardiens n'ont pas compris pourquoi elle se trouvait là. Pourtant, tu lui a donné la force et la patience nécessaires pour attendre que les portes s'ouvrent.

Assemblée Seigneur, nous te demandons de nous pardonner notre impatience. Trop souvent, nous invoquons les obstacles comme motif de ne pas faire ce que nous trouvons difficile.

Lecteur 5 Seigneur, nous te remercions d'avoir fait en sorte qu'Evelyn englobe les familles des détenus parmi les personnes avec lesquelles elle partageait l'amour de Dieu. Parfois, elle devait à cette fin faire des appels téléphoniques, rédiger des lettres d'encouragement ou assurer le transport de certaines personnes avec sa voiture.

Assemblée Seigneur, pardonne-nous lorsque nous excluons ou négligeons des personnes. Aide-nous à ne pas être partial ou injuste à l'égard de ceux qui ont besoin d'aide.

Lecteur 6 Seigneur, nous te remercions d'englober les victimes dans ton appel. Leur douleur et leur peine ne doivent pas être oubliées. Leur traumatisme doit être compris et entendu.

Assemblée Seigneur, nous te demandons de nous pardonner lorsque nous nous contentons de répondre à nos propres besoins. Aide-nous à pleurer

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- Laisser l'esprit humain s'exprimer -

avec ceux qui pleurent. Aide-nous à écouter et à désirer la justice pour toutes les personnes touchées.

Ô Lecteur 7

• Seigneur, nous te remercions d'avoir fait en sorte qu'Evelyn incite • d'autres personnes à l'imiter lorsqu'elle a accepté de répondre à • ton appel. Elle n'a pas cherché à attirer les gens vers elle • seulement. Elle croyait que ton pouvoir était plus efficace dans le • cadre du travail en équipe.

• Assemblée

• Seigneur, nous te demandons de nous pardonner lorsque nous

• désirons occuper des postes de commande par égoïsme.

• Lecteur 8

• Seigneur, nous te remercions d'avoir fait en sorte qu'Evelyn ne

• renonce pas à son ministère lorsqu'on abusait de sa bonté ou qu'on l'utilisait à mauvais escient, lorsque ceux qu'elle avait aidés

•reprenaient rapidement leurs anciennes habitudes en dehors des murs de la prison.

Assemblée Seigneur, nous te demandons de nous pardonner lorsque nous portons des jugements hâtifs, lorsque nous renonçons à notre

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mission et que nous cessons de croire qu'un changement peut se produire.

• Lecteur 9 • Seigneur, nous te remercions d'avoir fait en sorte que la maladie et • les souffrances d'Evelyn ne lui enlèvent pas sa joie et sa confiance • en toi. Elle comprenait qu'elle n'était pas à l'abri de la souffrance. • Elle a pu ainsi prendre conscience de la souffrance des autres. 111 • Assemblée

Ile Seigneur, pardonne-nous lorsque nous nous plaignons de nos

• souffrances ou que nous sommes impatients envers ceux qui

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souffrent. Aide-nous à comprendre les leçons à tirer des difficultés et de la souffrance.

Lecteur 10 Seigneur, nous te remercions d'avoir fait en sorte que beaucoup de personnes prodiguent soutien et encouragement à Evelyn lorsqu'elle n'était plus capable de s'occuper d'elle-même. Sa lutte contre le cancer ne l'a pas vaincue ni les personnes avec lesquelles elle travaillait. Sa mort nous rappelle notre propre mortalité. Elle nous rappelle que ce n'est pas le nombre d'années que nous recevons qui importe, mais ce que nous décidons d'en faire.

Assemblée Seigneur, tu nous a créés avec des dons et des talents pour que nous soyons au service de la collectivité. Nous nous consacrons à toi et nous prions pour que, à l'instar de ceux qui ont répondu à ton appel, nous puissions aussi dire : « Me voici, Seigneur, envoie-moi ». Amen

(Préparé par David Schantz pour le service commémoratif d'Evelyn MacKenzie, Centre fédéral de formation, Laval (Québec), 19 avril 1998)

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— Laisser l'esprit humain s'exprimer -

Service commémoratif : lectures adaptées (source inconnue)

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Lecture 1 :

Lecture 2 :

Lecture 3 :

Lecture 4 :

L'Éternel est près de tous ceux qui l'invoquent, de tous ceux qui l'invoquent avec sincérité. Il accomplit les désirs de ceux qui le craignent, il entend leur cri et il les sauve. (Psaumes 145: 18-19)

Réponse .• Nos yeux n'ont pas vu, nos oreilles n'ont pas entendu et notre esprit n'a pas saisi ce qui est préparé pour ceux qui aiment Dieu.

Les âmes des justes sont dans la main de Dieu. Et nul tourment ne les atteindra. Aux yeux des insensés ils ont paru mourir, leur départ a été tenu pour un malheur et leur voyage loin de nous pour un anéantissement, mais eux sont en paix. (Sagesse 3: 1-3) Réponse

Or, si nous sommes morts avec Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui. Sachant que Christ ressuscité des morts ne meurt plus, la mort n'a plus de pouvoir sur lui. (Romains 6: 8-9)

Réponse

Qui nous séparera de l'amour du Christ? Sera-ce la tribulation, ou l'angoisse, ou la persécution, ou la faim, ou la nudité, ou le péril, ou l'épée? Mais dans toutes ces choses nous sommes plus que vainqueurs par celui qui nous a aimés. Car j'ai l'assurance que ni la mort ni la vie, ni les anges ni les dominations, ni les choses présentes ni les choses à venir, ni les puissances, ni la hauteur, ni la profondeur, ni

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— Aperçus de Dieu au travail —

aucune autre créature ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu manifesté en Jésus Christ notre Seigneur. (Romains 8: 31-37)

Réponse

Lecture 5 : Nous savons, en effet, que, si cette tente où nous habitons sur la terre est détruite, nous avons dans le ciel un édifice qui est l'ouvrage de Dieu, une demeure éternelle qui n'a pas été faite de main d'homme. Nous sommes donc toujours pleins de confiance (2 Corinthiens 5: 6-8) Réponse

Lecture 6 : Voici le tabernacle de Dieu avec les hommes! Il habitera avec eux, et ils seront son peuple, et Dieu lui-même sera avec eux. Il essuiera toute larme de leurs yeux, et la mort ne sera plus, et il n'y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur, car les premières choses ont disparu. (Apocalypse 21: 1-5) Réponse

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- Laisser l'esprit humain s'exprimer -

Recommencer (Présenté par Judi Morin)

Introduction

Tout est un éternel recommencement. Quelque chose en nous ou à notre sujet change; il est temps de passer à autre chose. Le changement est rarement facile. Une amitié, un endroit prisé, un mode de vie familier disparaissent, et plus rien n'est pareil. Puisse Dieu nous accorder la patience de faire face à tous nos points tournants dans la paix.

Lectures antiphonafres (Alternance de versets bibliques et de réponses)

Réponse Voici, je fais toutes choses nouvelles! (Apoc 21:5)

Animateur Les premières choses ont disparu. (Apocalypse 21:4)

Réponse

Animateur Ainsi parle l'Éternel, ton rédempteur, ton Dieu, je t'instruis pour ton bien. (Isaïe 48:17) Réponse

Animateur Voici, j'envoie un ange devant toi, pour te protéger en chemin, et pour te faire arriver au lieu que j'ai préparé. (Exode 23:20) Réponse

Animateur Je marcherai devant toi, j'aplanirai les chemins montueux. (Isaïe 45:2) Réponse

Animateur Je changerai devant eux les ténèbres en lumière, et les endroits tortueux en plaine. (Isaïe 42:16)

Réponse

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— Aperçus de Dieu au travail —

Animateur Que votre coeur ne se trouble point. Croyez en Dieu, et croyez en moi. (Jean 14:1)

Réponse

L'extrait suivant d'une des lettres de Paul est riche de signification lorsqu'elle est communiquée avant le départ d'amis: voir Philippiens 1:3-8, 2:1-2, 4:1.

Lectures antiphonaires - (Alternance de versets bibliques et de réponses)

Réponse Oui, le bonheur et la grâce m'accompagneront tous les jours de ma vie. (Psaumes 23:6)

Animateur L'Éternel dit à Abram: Va-t-en de ton pays, de ta patrie, et de la maison de ton père, dans le pays que je te montrerai. (Genèse 12:1)

Réponse Animateur En toute circonstance, bénis le Seigneur Dieu,

demande-lui de diriger tes voies, et de faire aboutir tes sentiers et tes projets. (Tobie 4:19)

Réponse

Animateur Tout ce qui t'advient, accepte-le et, dans les vicissitudes de ta pauvre condition, montre-toi patient, car l'or est éprouvé dans le feu. (Siracide 2:4-5) Réponse

Animateur C'est le bien-aimé de l'Éternel, Il habitera en sécurité auprès de lui; l'Éte rnel le couvrira toujours, et résidera entre ses épaules. (Deut. 33:12, 27)

Réponse

Moment de silence, prière partagée

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In !a - Laisser l'esprit humain s'exprimer -

! ale Les membres du groupe pourraient vouloir exprimer leurs prières aite pour le présent et leurs espoirs pour l'avenir, ou se remémorer des

moments particuliers.

• Prière de clôture • Dieu, Père tout-puissant,

il n'y a rien qui puisse nous séparer de ta providence, ou de l'amour de Jésus-Christ, ton fils. Les saisons passent, les temps changent, mais le

• soin que tu prends de nous continue de transparaître • maintenant et souvent dans l'amour indéfectible de • nos amis.

• Dans ta bonté infinie, guide-nous sur le chemin de

• la paix.

• Protège-nous, dans nos allées et venues, maintenant

• et pour toujours. Amen

a Bénédiction: Animateur Que le Seigneur vous bénisse,

•Réponse Nous vous bénissons au nom du Seigneur.

a • Les chrétiens de différentes Églises du comté d'Allen en Indiana • ont conclu un pacte. Lorsqu'un meurtre est commis, ils se rendent • au lieu de la mort, habituellement dans les vingt-quatre heures 11111 suivantes, et ils organisent un service constitué de prières, de • chants, de partage et de reconsécration. Un des quelque quarante • services qui ont eu lieu au cours des trois dernières années s'est • tenu en prison, à la demande d'un homme incarcéré pour meurtre. • (Rod Carter a obtenu l'autorisation de reproduire et de publier des extraits de

•la cérémonie.)

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La guérison du pays Randy Creath

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- Aperçus de Dieu au travail -

Prière d'ouverture

Lecture des Écritures Psaumes 55: 9b-11, 16-17 (lecture à l'unisson ou faite par une personne)

Je vois en effet la violence et la discorde en la ville; de jour et de nuit elles tournent en haut de ses remparts. Crime et peine sont au-dedans — la ruine est au-dedans; jamais de sa grand-place ne s'éloignent fraude et tyrannie. Pour moi, vers Dieu j'appelle et Yahvé me sauve; le soir et le matin et à midi je me plains et frémis. Il entend mon cri.

Énoncé des objectifs (lu par un ou plusieurs participants)

Tout endroit est un lieu saint — car l'esprit de Dieu est présent partout. Malgré tout, même la création de Dieu peut être profanée par la haine et la violence humaines. La paix sur terre peut être rompue par des actes de colère et de destruction. Le caractère sacré de la vie humaine est violé. Le commandement « Tu ne tueras point » est violé encore et encore.

Nous venons aujourd'hui reprendre possession de cet endroit au nom d'un Dieu miséricordieux et compréhensif Nous venons demander du réconfort pour ceux qui sont en deuil. Nous venons prier pour que l'esprit de Dieu puisse guérir ceux dont le coeur a été brisé. Nous venons recommander à la vie éternelle ceux qui ont perdu la vie par suite d'un acte de violence. Nous venons prier pour que tous ceux qui commettent des actes de violence puissent un jour connaître un véritable sentiment de regret et de repentir.

Nos coeurs sont humbles et contrits - car nous aussi nous avons péché. Nous avons fait preuve de violence dans notre coeur. Nous avons été en colère, égoïstes et intolérants. Nous avons laissé échapper des occasions de compassion et de service.

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Dans cet esprit, nous reconsacrons cet endroit à la gloire de Dieu. Puissent tous ceux qui viennent ici ressentir un sentiment de paix inspiré par la divine présence. Puissent tous ceux qui seront venus aujourd'hui repartir dans un esprit d'amour.

Moments de réflexion - en souvenir de NOM et de tous ceux qui ont été touchés par cette tragédie, certains pourraient souhaiter faire part de leurs réflexions.

Chant

Lecture des Écritures Psaumes 28:6-9 (lus par une personne ou tous)

Prière de clôture (récitée par un participant désigné)

Bénédiction (peut comprendre l'aspersion d'eau bénite et un agenouillement accompagné du signe de la croix sur le sol)

Bénédiction (à l'unisson): Accomplis la justice, aime la bonté et marche humblement avec ton Dieu. Michée 6:8

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Chapitre 2: Homélies

Consolez, consolez mon peuple. (Isaïe 40) Henk Smidstra

Chaque année, à l'occasion de Noël, écouter le Messie de Handel est l'un des moments qui m'apporte le plus de bonheur. Cette année, je l'ai écouté au moins cinq fois; je l'ai maintenant sur un CD. Je m'inspire de ces thèmes messianiques évocateurs de la paix et de la bonne volonté pour me guérir et me protéger de la violence et de la tristesse tant présentes dans les nouvelles, et aussi du battage publicitaire que je vois sans cesse dans les médias. On y véhicule sans arrêt un message incitant à infliger des punitions sévères aux jeunes délinquants et à d'autres personnes. Les députés mettent à profit ces sentiments populaires pour accroître leur popularité et obtenir facilement des votes.

Je m'étonne des contradictions des chrétiens : des gens écoutent le Messie, chantent des airs de Noël et, d'un même souffle, dénoncent le système de justice en préconisant des mesures plus sévères contre le crime. « Incarcérez-les plus vite et laissez-les en prison plus longtemps, cela les redressera! » Cette attitude défie toute logique. L'expérience des États-Unis, où l'on observe une spirale des taux de criminalité et d'incarcération, devrait être suffisante pour nous montrer que la dissuasion ne fonctionne pas. Les punitions et l'incarcération ne font qu'accentuer la colère des délinquants, les priver d'un accès aux ressources et les rendre moins responsables. On ne peut pas résoudre la brutalité par la brutalité. Où est la consolation, où est l'espoir?

Une réponse douce calme la fureur. (Prov. 15:1). Je l'ai constaté ce matin à la cérémonie religieuse qui a eu lieu à l'école de mon fils. Il y avait environ 400 enfants bruyants qui commençaient à échapper à tout contrôle. L'enseignant au microphone s'est contenté de prononcé un « shhhhhhh » sonore suivi d'une longue pause de silence, et toute l'assemblée s'est calmée. Une réaction

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1111 autoritaire ne suscite pas une réponse positive. Une attitude douce i confère un pouvoir et elle n'écrase pas. En face d'un malaise social • et de la violence, nous devons agir avec sagesse et fermeté, mais • sans colère. Je sais que la violence active nos ressorts intérieurs et • qu'elle fait ressurgir la douleur de nos blessures non guéries et les Ill expériences que nous avons vécues en tant que victimes. • Cependant, en nous en prenant aux boucs émissaires à portée de la • main avec une colère vindicative, nous ne faisons qu'entretenir

l'automatisme de la revanche.

• Consoler n'est pas une séance de mouchage de nez et d'accolades

• en compagnie de personnes en sanglots, et qui donne peu de

• résultats. Consoler les gens est fondamental pour la guérison, non • seulement des victimes, mais aussi des délinquants. Après tout, la • consolation confère un pouvoir. L'origine latine, comfortare,

• signifie « renforcer, donner une force morale ». Consoler ou

• réconforter consiste à être fort avec quelqu'un, lui donner de la force. Bien entendu, permettre d'exprimer le chagrin, la colère, les

•regrets peur conduire à une catharsis. Mais nous communiquons

•également une signification et de l'espoir. À titre de guérisseur, nous enseignons des habiletés d'adaptation que la personne en a deuil n'a peut-être jamais connues, ou celle-ci n'a peut-être jamais • eu de milieu sûr pour les pratiquer. • Le nombre de conseils aux personnes en deuil que je suis appelé à prodiguer en prison est considérable. La plupart des détenus ont

• grandi dans un milieu violent et un foyer brisé. Les décès, les • divorces, les maisons d'accueil, l'adoption, les préjugés raciaux, • les attentes et les rêves perdus abondent en milieu carcéral. La • plupart des détenus se sont adaptés courageusement à la vie malgré • leur faiblesse en faisant face à leurs les craintes profondes et • accablantes. L'une des façons naturelles dont les êtres humains • réagissent à la violence consiste à encaisser le choc, à nier la réalité • et à recourir à la dissociation pour se protéger. Les détenus • réagissent souvent aux situations de façon agressive pour

• surmonter la perception de l'abandon, de l'impuissance et de la

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valeur nulle. Les jeunes deviennent des adultes paralysés qui n'ont pas les moyens requis nécessaires pour faire face au deuil et à la perte. Ils sont en proie à la colère, à la violence et à la dépression, sentiments qu'ils connaissent bien. Il leur est plus facile de se mettre en colère que de pleurer. Pourtant, ils ont besoin de consolation, car ils ont de la peine, même si en tant que victimes ils sont devenus des agresseurs. Je me demande comment rattacher ce phénomène à la constatation psychosociale selon laquelle les personnes en proie à une forte peur connaissent également une excitation sexuelle plus intense. Ces agresseurs blessés ont besoin de guérison; ils doivent acquérir des habiletés d'adaptation; par-dessus tout, ils ont besoin de la grâce et de l'espoir résultant de la vie et de l'intercession du Messie.

Le deuil est un long processus. Il m'a fallu 40 ans pour me remettre du décès de mon père. Pendant toutes ces années, mon chagrin était en suspens. Je ne pouvais pas y avoir accès; je n'en avais pas la capacité. Il a fallu que je vive des expériences personnelles traumatisantes pour que je puisse aborder les questions et les troubles intérieurs dont je n'avais qu'une vague idée. J'ai été littéralement « jeté » dans le counseling plutôt qu'en prison. En général, les prisons ne sont pas très thérapeutiques. Il s'agit d'endroits durs; la société les veut ainsi. La société veut serrer la vis aux délinquants, les endurcir, et non les dorloter.

La prison n'est guère un endroit sûr pour vivre le processus naturel de l'évacuation de la douleur. Comment les détenus peuvent-ils connaître les bienfaits promis aux personnes qui vivent un deuil lorsqu'on leur répond par la colère et un traitement dévalorisant et vindicatif? « Pourquoi vous lamentez-vous? Je vais vous donner une raison de vous lamenter! » Et comment l'incarcération d'une personne pendant des mois et des années l'aide-t-elle à manifester une attitude responsable à l'égard de la vie et de la société? Les détenus sont exclus de la société, coupés de la création et ils en viennent à craindre d'assumer leurs obligations sociales.

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Il y a quelques jours seulement, c'était Noël. Je suis certain que vous pouvez, tout comme moi, entendre encore les chants et les cantiques de Noël, et la musique qui exprime ce que les mots ne peuvent pas exprimer : l'incidence de la venue du Christ sur terre sous la forme d'un bébé. L'image du Christ qui marche sur les traces de l'humanité par amour pour nous nous offre un modèle puissant à suivre lorsqu'il s'agit de consoler les personnes égarées et faibles qui vivent dans nos collectivités et nos prisons. La fête de Noël est peut-être encore assez rapprochée pour nous renforcer par le message de paix, d'espoir et d'amour qu'elle transmet. Encore une fois, l'Esprit saint, le consolateur envoyé par le Christ, n'est pas limité dans son action par un calendrier culturel ou saisonnier.

(Extrait d'un article intitulé Chaplain's Corner dans Accord, février 1995. Henk Smidstra travaille au Centre correctionnel pour femmes de Burnaby en Colombie-Britannique.)

Péché et reconstruction Teny Richardson

Tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu (Romains 3:23)

Le petit Tommy arrivait de l'école du dimanche. La leçon avait porté sur le pardon. Au cours de l'heure du repas à la maison, Tommy a raconté à sa mère les chants, les travaux et les histoires du matin. Finalement, elle dit : « C'est parfait, Tommy, mais qu'as-tu appris d'autre? Quelle est la première chose que tu dois faire ... pour être pardonné? » Tommy sourit et dit : « Pécher! »

Tommy avait raison. C'est là que tout commence. Qu'il s'agisse de culpabilité, de victimisation, de jugement, de punition, de remords, de repentir, de réparation, de justice réparatrice,tout commence par le péché, l'infraction, la violation de la loi de Dieu ou de la société. Dans mon bureau, il y a sur le mur un dessin de Moïse qui tient les tables en pierre. Il jette un regard inquiet vers le ciel. « D'accord, dit-il, mais ils n'aimeront pas cela! »

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L'ensemble de notre système de justice veut établir l'équilibre dans notre société où le « péché » (atteinte à une autre personne, manque d'amour, dessein destructeur) est considéré comme un fait de la vie. Toute sanction, allant de l'admonestation d'un parent, « Dis à ton frère que tu es désolé! », à une peine d'emprisonnement à perpétuité prononcée par le tribunal réagit contre cette présence très réelle du péché dans notre vie et dans la vie de ceux qui nous entourent. Ainsi nous y réagissons, et puis ensuite?

Puis nous faisons face à la réalité du péché avec les ressources à notre disposition. La consternation d'un parent ou la privation de liberté ordonnée par un juge attirent certainement l'attention de celui qui a commis une erreur, mais seulement pour apporter un changement et non pour la détruire.

Puis, nous jouons tous un rôle dans ce qu'on pourrait appeler un processus de « reconstruction ». À mon avis, c'est ce qu'on entend par « correction » qui, au meilleur sens du terme, signifie « reconstruction ».

Reconstruire la sécurité dans la société pour que les victimes puissent reconstruire leur vie. Aider à reconstruire la vie du délinquant. Reconstruire les attitudes. Reconstruire les perspectives. Reconstruire les relations. Reconstruire l'espoir. Reconstruire les possibilités de vie. Les aumôniers et les aînés visent à reconstruire une base spirituelle.

Avez-vous fait face à cette réalité toujours présente du péché dernièrement? Peut-être était-ce le vôtre ou celui d'une autre personne? Considérez-le pour ce qu'il est. Faites-y face. Vous devrez probablement avoir besoin de Dieu pour y arriver. Cette aide est disponible. Puis repartez sur une nouvelle base. Reconstruisez!

(Extrait de Chaplain's Memo, novembre 1995)

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Réconciliation Rosematy Redshaw

! C Vous êtes-vous déjà fait prendre par les apparences? Vous est-il • déjà arrivé de vous apercevoir qu'une chose n'est pas ce à quoi

vous vous attendiez ou ce qu'on en disait? Durant les armées où j'ai • travaillé comme aumônière, je me suis arrêtée à l'apparence des • gens, maist j'ai été dupée par ces apparences chez des personnes

• que j'ai ensuite fini par connaître.

a • Je sais que je ne suis pas la seule parce que saint Paul dit qu'il est ab aux prises avec la même difficulté, à savoir qu'il ne doit pas se • concentrer sur les choses, mais sur le Christ. Dans ce passage, Paul ap nous invite à nous tourner vers le Christ dans le vrai sens du terme.

• Il voulait dire regarder Jésus l'homme : né dans l'obscurité, il a vécu dans des circonstances pénibles; le Messie qui subit une mort humiliante, quelle pensée ridicule!

! Après sa conversion, Paul a vu le Christ d'une toute autre manière, lm' et de même tous les autres qui l'entouraient. Il parle de cette

nouvelle façon de voir comme étant le résultat de sa nouvelle • identité : il est un homme complètement nouveau. L'apparence • extérieure, l'apparence physique de Paul reste la même et pourtant • il est devenu un être tout nouveau: le vieil homme n'existe plus. • Aussi Paul voit-il l'humanité de façon différente. Il ne voit plus les • gens comme le monde les voit. Dans un certain sens, il a un regard • nouveau. C'est radical, c'est source de transformation de la • personne. C'est l'amour qui nous pousse à regarder au-delà des • apparences pour voir en profondeur, comme Dieu voit.

• On peut penser que lorsque vous et moi amorçons ce processus

• révolutionnaire, nous voyons nous aussi les gens d'une manière

• différente; d'une façon ou d'une autre, notre vision est différente.

• Mais, en quoi est-elle différente? Ne nous arrive-t-il pas d'être si confus? Prenons un instant pour penser aux images qui nous si viennent à l'esprit et aux émotions qu'elles suscitent lorsque nous

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entendons les mots « détenu », « délinquant » « condamné ». Nos yeux voient-ils les gens sur qui on a apposé ces étiquettes de la manière dont Paul les voyait avant sa conversion ou après sa conversion? Regardons-nous l'extérieur ou l'intérieur?

Michael J. Fox a dit qu'il était plus facile de haïr une nation que de haïr une personne. De la même manière, il est plus facile de haïr un « détenu » que de haïr Maria ou Lisa ou Michelle. Si nous ne nous employons pas à aimer ces « détenus » comme des personnes, comment pouvons-nous répondre à l'appel qui nous est fait comme chrétiens?

En effet, nous sommes tous appelés à oeuvrer dans le ministère de la réconciliation. Nos différences sont évidentes; il n'y a pas de doute qu'il y a une distinction entre chaque être humain. Cependant Paul parle de notre but commun, celui de communiquer le message de la réconciliation et d'aller en profondeur pour vivre le message de la réconciliation.

Si nous voulons répondre à l'appel, nous devons détruire les images qui nous empêchent diceuvrer dans ce ministère. Nous ne pouvons plus nous évaluer d'après notre race, notre statut social, nos richesses, notre titre ou tout autre étiquette. Nous devons voir tout le monde, même ceux qui sont incarcérés, même ceux qui sont condamnés, avec les yeux du Christ. Les yeux du Christ voient avec de l'espoir; ils voient avec la foi; ils voient au-delà des apparences jusqu'à l'intérieur de la personne,ils voient les possibilités d'avenirqu'elle a en elle.

C'est ce qui est arrivé dans le cas de Zachée, chef des collecteurs d'impôt embauché par les romains pour recueillir les impôts de son peuple, et qui prélevait plus d'argent qu'il était censé faire. Qu'est-ce que les juifs ont vu? Ils ont vu un traître, un voleur, un homme de la pire espèce au milieu de son peuple. Ils ont vu un homme égoïste et cupide qui attendait pour voir celui que l'on appelait le

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▪ Messie. Toutefois, notre Seigneur l'a vu si différent. Il a même dit • qu'il irait manger chez Zachée.

a Comment Jésus pouvait-il faire pour manger avec cet homme, un voleur, un tricheur? Le fait de manger avec quelqu'un avait alors

O beaucoup plus de signification qu'il en a aujourd'hui. S'asseoir avec • quelqu'un consistait à lui exprimer son amitié, à lui exprimer sa 1111 loyauté. « Manger avec quelqu'un » signifiait « partager le pain et • le sel ». Dans de nombreuses représentations de la Cène, nous O voyons un contenant de sel renversé sur la table, car Judas s'est dit • loyal envers Jésus en mangeant avec lui et pourtant il l'a trahi.

O • Au cours de sa conversation avec Zachée, Jésus ne lui a pas dit : • « Qu'as-tu fait de mal? Repens-toi, pécheur! Je sais ce que tu as

• fait. Tu dois changer de comportement! » Il ne l'a pas condamné; il

• ne lui a pas donné d'ultimatum. Jésus a vu au-delà des apparences

• humaines, avec des yeux pleins d'espérance, de confiance, et il a e ainsi répondu à l'appel de la réconciliation. C'est l'amour, la

•loyauté, l'amitié et l'acceptation du Christ qui ont incité Zachée à dire qu'il paierait le quadruple à ceux à qui il avait fait du tort et qu'il cesserait de faire le mal.

a 111 D'après ce que dit Paul, il me semble que seuls les gens qui ont fait lie l'expérience de la réconciliation peuvent répondre à l'appel de la • réconciliation. Paul laisse entendre que seuls ceux qui savent ce

a O Clarence Jordan et Bill Doulos ont écrit dans leur publication que • « la grâce de Dieu est censée être réconfortante, mais elle peut

• aussi être source d'inconfort. Elle exige que nous l'accueillions

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• que c'est que d'être pécheur, qui connaissent la puissance et la • grandeur de la réconciliation et la grâce qu'elle comporte, qui ont • été confrontés à la gravité et à la honte de leur péché et se sont • trouvés en présence de leur propre mal peuvent répondre à cet

appel. Si vous n'avez pas fait l'expérience de la grâce, vous n'avez • pas la capacité de proclamer le message de la réconciliation, car • vous ne verrez que les apparences.

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comme une grâce, que nous nous en souvenions comme d'une grâce, et que nous en favorisions également l'accès aux autres. Lorsque nous éprouvons de l'amertume parce que Dieu est généreux envers les autres, nous minons et nous refusons la grâce qui nous est offerte. Nous sommes plutôt appelés à juger les autres comme nous avons été jugés, et à pardonner comme nous avons été pardonnés; nous devons aimer comme nous avons été aimés. Nous nous comporterons alors comme des enfants de la grâce plutôt que comme des enfants de l'arrogance. »

Vous et moi ne pouvons comprendre ce qui peut se produire dans la vie d'une personne incarcérée lorsqu'on lui fait le décompte de ses péchés. Si l'on veut en avoir une petite idée, on n'a qu'à revenir en arrière et à réfléchir aux pires choses que l'on a faites : fraude fiscale, conduite avec facultés affaiblies, tricherie, abus d'une autre personne. Imaginez-vous comment vous vous sentiriez si un rédacteur d'articles spéciaux d'un quotidien écrivait un article de fond sur l'un de vos pires actes. Imaginez-vous ce qui se passerait si chaque fois que votre nom est mentionné ou imprimé, vous étiez identifié à ce pire moment.

Je ne peux songer à décrire ce qui se passe à l'intérieur d'une personne, mais je vois l'incidence que peut avoir le fait d'être connu par les péchés qui vous sont associés : - Les femmes qui essayaient d'avancer commencent à reculer; - Les femmes qui essaient de survivre commencent à être submergés par la honte et la culpabilité; - Les femmes qui essaient de se rappeler qu'elles ne sont pas les personnes dont les médias ont parlé, et que les choses ne se sont pas passées comme elles ont été présentées dans les reportages, deviennent abattues ou confuses. - Lorsqu'elles ne sont pas sûres d'elles, elles sont paralysées par de nouvelles considérations et trouvent de plus en plus difficile de prendre des décisions parce qu'elles doutent d'elles-mêmes; - Elles passent des larmes à la douleur et de la douleur aux tourments lorsqu'elles essaient de croire qu'elles ne sont pas de

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mauvaises personnes. Une femme m'a déjà dit : «Je me considère comme une bonne personne. Comment se fait-il que de bonnes personnes font le mal? Je me considère comme une bonne personne, mais regarde où j'ai abouti. »

Jésus était pleinement conscient qu'il arrive aux gens de mal agir. « Que celui qui est sans péché lui lance la première pierre. » Il est aussi conscient que les gens qui n'agissent pas bien ont la possibilité de faire le bien. «Va et ne pèche plus. » Sa puissante et mystérieuse vision est si différente de la façon dont le monde se concentre sur les apparences. Cela signifie-t-il que la réconciliation ne tient pas compte de la justice ou qu'elle redéfinit la justice à la lumière des paroles ou des bonnes actions de Jésus?

Nous pouvons ou bien nous faire juges et essayer de rétablir — en recourant à la force — ce qui dans de nombreux cas ne peut jamais être rétabli, ou bien nous pouvons nous orienter vers l'intégrité de la personne, vers un retour à de saines relations pour elle, vers la vraie réconciliation. Nous pourrons choisir la deuxième solution seulement si nous nous abstenons de juger d'après les seules apparences.

Quel âge aurez-vous? Bo Gajda

Abram partit, comme lui avait dit Yahvé, et Lot partit avec lui. Abram avait soixante-quinze ans lorsqu'il quitta Harân. (Genèse 12:4)

Ce verset du premier livre de la Bible conclut l'histoire où Dieu demande à Abram de devenir le père d'une grande nation, qui deviendrait le peuple choisi de Dieu. En fait, par suite de sa décision de répondre à cet appel, cet homme est révéré depuis des siècles —jusqu'à nos jours — comme étant le père fondateur (dans la foi) de trois religions mondiales: judaïsme, christianisme, islam.

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Lorsqu'on songe à cette histoire, il est facile de mettre l'accent sur l'importance religieuse considérable de ce qu'Abram a fait. Mais il pourrait être plus utile pour nous personnellement de considérer la situation individuelle d'Abram.

Voici un homme de soixante-quinze ans (selon les normes nord-américaines, une personne « âgée » qui devrait avoir pris sa retraite et jouir d'une bonne pension). Il vit dans une partie du monde qui est considérée aujourd'hui comme le nord de l'Iraq. Il est respecté et riche, ayant accumulé de grands troupeaux de bétail et de nombreuses possessions matérielles. Il a la chance d'avoir une nombreuse parenté (famille et parents, même s'il n'a pas d'enfants), qui lui servent, entre autres avantages, de filet de sécurité sociale. Il est certain qu'il jouit d'un confort personnel supérieur à la moyenne. Il est également en contact avec son moi intérieur et son Créateur, sinon comment ferait-il pour reconnaître l'appel de Dieu?

Mais quel appel : une invitation à se lancer dans l'inconnu sans calendrier précis et sans carte routière prédéterminée, pour répondre à une promesse fantastique : «Je ferai de toi une grande nation, et je te bénirai; je rendrai ton nom grand ... ». Et Abram et sa femme n'avait pas encore un seul enfant pour y arriver. C'était tout un défi : rompre avec un confort constuit assidûment pendant des décennies et viser de nouveaux objectifs qu'il était difficile d'imaginer. Abram a répondu à l'appel, et tout le reste appartient à l'histoire.

Jusqu'à quel point accepterions-nous de quitter notre confort pour nous aventurer au-delà de ce qui nous est familier? Certaines personnes espèrent et souhaitent apporter des changements, faire quelque chose de nouveau — peut-être s'attaquer à d'anciens souvenirs et de vieilles blessures qui les ont touchées sur le plan psychologique ou spirituel — mais elles trouvent des façons (excuses) d'éviter de prendre le taureau par les cornes.

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Un psychiatre raconte l'histoire d'un patient qui se plaignait souvent de la chance qu'il avait ratée d'apprendre à jouer du piano, instrument qu'il aimait beaucoup. Un jour, le psychiatre lui a posé la question suivante : « Combien de temps te faudrait-il pour apprendre à bien jouer? » Il répondit : «A mon âge et avec tout ce que j'ai à faire, il faudrait trop de temps, peut-être dix ans.» « Quel âge aurez-vous si vous décidez de suivre des cours de piano? » « J'aurai soixante-cinq ans. » Le psychiatre lui répondit alors : « Quel âge aurez-vous dans dix ans si vous n'étudiez pas le piano? »

Quelle que soit l'« invitation à passer à l'action » que nous recevions à ce moment-ci de notre vie, répondons à l'appel pour être en paix avec nous et dans nos relations avec les autres.

(Extrait de Chapel Memo, mars 1999)

Pigman Harty Nigh

Voici l'histoire de Pigman.

Je ne connais pas son vrai nom, le nom que ses parents lui ont donné. Il avait adopté le surnom de « Légion », je crois, à cause de la fureur qui régnait en lui, des voix terribles qu'il entendait. Les démons qui se trouvaient dans sa tête devaient être comme un bataillon de 6 000 soldats romains qu'il voyait marcher au pas militaire à partir de son perchoir à flanc de coteau, une mer de soldats qui soulevaient la poussière en martelant le sol. Et il dit : « C'est moi —je suis une légion — ils forment une troupe tellement puissante. »

Mais je préférerais l'appeler « Pigman » — comment appelleriez-vous un homme qui vit tous les jours avec des porcs?

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Je le nomme ainsi parce qu'il me rappelle un autre ami que j'ai rencontré il y a probablement 18 ans au Centre correctionnel de Mimico. Il s'appelait Mike, mais pour des raisons que je ne peux que soupçonner, il avait adopté le sobriquet de Pigshit. Il avait plus de tatouages que n'importe quelle personne que j'avais rencontrée auparavant. Mon ami était également habité par des démons depuis que sa mère l'avait donné en adoption... et à cause de la douleur que lui causait la mort lente de son fils à l'hôpital Bloorview.

Mike, alias Pigshit, nous apportait toujours un cadeau lorsque nous organisions un dîner de Noël pour nos amis sans abri. J'hésitais toujours à lui demander d'où provenaient les cadeaux. Lorsque Mike a été abattu, j'ai présidé à son service funéraire. Par conséquent, lorsque je songe à Pigman — je songe à mon ami Mike, et je lui dédie la présente réflexion.

Pigman avait une vrai famille humaine; mais, par honte, les membres de sa famille avaient depuis longtemps tenté d'oublier qu'il en faisait partie lorsqu'il a commencé à entendre des voix, qu'il s'est tailladé les bras, qu'il a commencé à hurler comme un animal, nu, effrayant toute la collectivité.

Les gens de la ville ont fait de leur mieux pour l'empêcher de se livrer à son comportement sauvage. Ils l'enchaînaient comme un chien, le menottaient et l'entravaient, mais il réussissait toujours à se libérer en rompant les chaînes comme une ficelle. Personne n'était aussi fort que lui lorsqu'il était mu par les voix. Puis il retournait avec les porcs sur le coteau près du lac pour recommencer à hurler.

Pour Pigman, la chose qui lui rappelait le plus sa famille, c'était les porcs avec lesquels ils vivaient. Puis, une nuit, le Maître débarqua d'un bateau pour entrer dans sa vie.

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À l'heure du crépuscule, Jésus, épuisé après avoir passé la journée à enseigner aux foules et après une violente tempête sur le lac, accoste sur le rivage où Pigman, nu et recouvert de gale, le regarde accoster dans l'obscurité. Puis Pigman arrive en criant : « Laisse-moi tranquille... que fais-tu ici.. .cesse de me torturer... » et en courant après Jésus.. .mais lorsqu'il se rapproche, il tombe à ses pieds en pleurnichant... «Ne me torture pas avant mon temps ». Jésus parle à la douleur qu'il a en lui et maîtrise les voix qui le retiennent. Puis il regarde Pigman et lui demande « Quel est ton nom? »

Après la tombée de la nuit, vous n'auriez pas reconnu Pigman. Les habitants de la ville ne l'ont pas reconnu non plus — ils sont sortis en courant après avoir appris que leurs porcs s'étaient tous jetés dans le lac et qu'ils s'étaient noyés.

Il était assis sur le sol à côté du Maître; il portait des vêtements et il était propre... et il ne se mutilait pas.. .et il était tranquille.., il n'avait plus peur.

C'est à ce moment que les habitants de la ville commencèrent à avoir réellement peur... ils amenèrent Jésus à l'écart et lui dirent « Nous ne savons pas qui tu es... ou ce que tu as fait à Pigman ici, mais pourrais-tu nous laisser tranquilles... nous ne voulons pas que tu te mêles de nos affaires ».

Qui ramassera les miettes après que le gardien de la foi aura quitté la ville? Et comment pourrons-nous accepter de nouveau la réalité de Pigman comme père ou voisin? Comment peut-il encore faire partie de notre communauté? Et qui paiera pour les porcs!!!

Le maître fit ce qu'ils demandaient. Il retourna dans la barque et s'éloigna. Et Pigman? Il voulait l'accompagner. Mais Jésus lui dit de rester dans cette collectivité hostile — de raconter la façon dont Dieu l'avait rendu libre.

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Il y a un pouvoir immense dans l'attribution d'un nom — un pouvoir de donner la joie ou de causer de la peine.

L'église et le centre communautaire, qui me sert de domicile, s'appelle Welcome Inn. Il se trouve dans la partie nord de Hamilton. Nos ouailles sont des gens ordinaires qui tentent tant bien que mal de gagner leur vie dans un quartier pauvre de la ville. Nous avons connu la violence, les établissements et les tribunaux, et nous vivons tous avec des handicaps — visibles ou invisibles.

Un dimanche, j'ai demandé aux participants de se souvenir des noms que leurs parents ou les gens qui comptaient pour eux les avaient accordés: « inapte », « parasite », « attardé », « déchets inutiles », ont-ils répondu.

Quels sont les noms que vous entendez dans le silence? S'agit-il de noms qui font surgir le meilleur de vous — qui vous rappellent à quel point vous êtes une créature de Dieu fantastique et unique — une fille ou un fils bien-aimé? Ou s'agit-il de noms qui font mal et qui restent — qui vous font sentir inutiles et diminués?

Pouvons-nous entendre encore les paroles d'Évangile qui ont été lues, les noms que Dieu donne — des noms qui, si nous pouvons réellement les entendre, nous emportent par leur amour et leur passion pour nous :

«Ne crains pas, car je t'ai racheté ... Je t'ai appelé par ton nom : tu es à moi; Si tu traverses les eaux je serai avec toi, Car tu comptes beaucoup à mes yeux, tu as du prix et je t'aime. » (Isaïe 43 :1-2)

Dans l'histoire de Pigman, le moment qui me touche au fond du cœur, c'est lorsque Jésus regarde Pigman dans toute sa douleur et ses immondices et lui demande : « Quel est ton nom?, car demander son nom à une personne peut être quelque chose de très

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- Laisser l'esprit humain s'exprimer

personnel. « Je ne suis pas satisfait de l'étiquette que les autres i 111 t'ont accolée, mais qui es-tu? Je veux t'accepter comme personne, • parce que je t'accorde de la valeur ».

Cette question, « Quel est ton nom? » me donne de l'espoir — que al Jésus accepte de descendre à terre dans un endroit désolé et dénudé • de ma vie pour me rencontrer dans mes chaînes, lorsque les voix • résonnent en moi disant : « Tu ne changeras jamais... tu es un • raté ».

! Je t'ai appelé par ton nom tu es à moi... • Car tu comptes beaucoup à mes yeux, tu as du prix • elfe t'aime. • • Et pour ceux d'entre nous ici ce soir qui ont connu les endroits de

• désolation, ces endroits abandonnés de Dieu appelés prisons, à titre

• de détenus, ou de membres de familles de détenus ou de bénévoles

• — le don que nous offrons grâce à la force et à l'amour de Jésus,

• c'est d'appeler le gens par leur nom.

a Lorsque quelqu'un nous voit avec les yeux de l'amour, nous nous

•voyons avec de nouveaux yeux - lorsque quelqu'un voit ce que nous avons toujours condamné en nous et qu'il dit : « C'est correct, • tu es beau », c'est toujours un moment de guérison.

a • Lorsque la police a diffusé des renseignements au sujet de sa mise • en liberté, il a fait les manchettes de notre journal local. Le conseil

scolaire a remis des exemplaires de l'article à tous les enfants de • Hamilton-Wentworth. Après avoir obtenu sa photo à l'école, notre • fils de 9 ans a reconnu mon ami et s'est écrié : «Je le connais — il • est venu souper ici hier soir ». • • • 10.3

• • En juin dernier, un vieil ami est sorti de prison après sept ans, et il

est venu vivre à Hamilton. Beaucoup de gens de notre collectivité • voulaient qu'il reste en prison.

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Quelqu'un a informé la presse du nom de la rue où Charlie vivait et en quelques heures il y avait une photocopie de sa photo sur tous les lampadaires. La police a procédé jour et nuit à une surveillance d'infiltration coûteuse en faisant appel à deux et souvent à trois agents qui surveillaient l'avant et l'arrière de la maison. Charlie était généreux et, peu après le début de leur opération, il est sorti et a frappé à la vitre de l'une de leurs voitures et les a invités à partager un pot de café frais. C'était une scène digne de Beverley Hills Cops — ils n'ont pas trouvé ça drôle!

Nous avions décidé avant sa mise en liberté de créer un petit « cercle de soutien » pour Charlie parce qu'il n'avait pas de famille autour de lui. Nous avons appelé le groupe les « anges de Charlie » — et nous l'avons aidé à trouver un appartement, des meubles et des amis. Devions-nous inviter Charlie à se joindre à notre communauté? Les médias avaient déjà publié ma figure avec celle de Charlie, mais qu'en était-il de notre communauté?

Les membres de l'Église se sont réunis deux fois. Tous ont eu la possibilité de s'exprimer, mais je me souviens surtout des paroles d'Eleanor, qui avait vécu dans la pauvreté et qui avait été étiquetée pendant toute sa vie. « Où serais-je si Jésus ne ni 'avait pas accueillie? Comment pourrions nous refuser d'accueillir Charlie? »

L'assemblée a convenu à l'unanimité de l'accueillir et elle a établi certaines lignes directrices pour le recevoir. Un dimanche soir, peu après l'arrivée de Charlie, malgré les médias et sous les regards de la police, une vingtaine de personnes de la collectivité se sont rendues à l'appartement de Charlie et ont apporté de la nourriture, des guitares et des cadeaux pour une fête de bienvenue, pour dire très simplement : ton nom n'est pas « non désiré », « mal-aimé » ou « étranger »; nous voulons t'appeler « l'un de nous, ami, voisin ».

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• - Laisser l'esprit humain s'exprimer -

• À mon avis, cela a été un point tournant dans l'acceptation de IC Charlie. Cette simple célébration a semblé lui donner une seconde • chance.

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Un dimanche matin après la célébration, la décision de notre I • groupe s'est attirée les foudres d'un voisin en état d'ébriété qui a ne commencé à invectiver Charlie à sa sortie de l'église. Il a menacé

de le tuer, il lui a dit qu'il n'était pas bienvenu dans le quartier et • que s'il revenait, il l'abattrait. D'autres voisins sont sortis

• lorsqu'ils ont entendu les cris.

O • Notre petit groupe était ébranlé. « Mon Dieu, que faisons-nous • maintenant? » Comment tirer du positif de cet événement?

111 • Le matin suivant, notre voisin en colère m'a demandé de le

• rencontrer. Il s'est excusé des paroles qu'il avait prononcées. « Dîtes à cet homme qu'il n'a rien à craindre de moi ». Au cours de notre conversation, il a parlé de son passé et m'a montré des documents qui révélaient qu'il avait été victime d'agressions sexuelles au pensionnat de St. John's. Il était clair qu'il avait peur; il était seul pour élever deux jeunes enfants. •

• Je l'ai invité à se joindre à nous le dimanche suivant, et il est venu avec ses enfants. Deux semaines plus tard, j'ai vu John et Charlie

• se serrer la main et s'expliquer. • • Pouvez-vous imaginer ce que cela a représenté pour notre Église? • Cette expérience empreinte de peurs était devenue une expérience • empreinte de grâce. L'arrivée de Charlie parmi nous était un don à • de nombreux égards.

• En ce moment où notre société devient plus craintive et où elle • manifeste son hostilité envers ceux auxquels elle accole l'étiquette

• d'« inaptes » et d'« importuns » — réfugiés, handicapés, personnes

• malades, délinquants — ceux qui entendent l'appel de Jésus qui leur

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demande de le rencontrer dans les bas-fonds risquent de subir l'hostilité d'une collectivité en proie à la peur.

Ne crains pas, dit-il, si tu traverses les eaux, je serai avec toi JE T'AI APPELÉ PAR TON NOM Tu as du prix et je t'aime...

Les ténèbres n'ont jamais pu vaincre la lumière de celui qui nous appelle — « Ce n'est pas par la puissance, ni par la force, mais par mon Esprit », dit Yahvé.

C'est ce que nous célébrons ce soir : la fidélité et la puissance de celui qui nous appelle par amour, dans les endroits de désolation, et qui nous invite à partager ce ministère d'amour.

Que Dieu vous bénisse, vous qui luttez tous les jours pour surmonter la douleur du passé et vivre dans la confiance, qui êtes fidèles à ceux qui marchent dans les catacombes, qui effacez les étiquettes qui blessent en appelant les gens par leur vrai nom.

Bénissons Celui qui accoste dans notre vie et qui nous appelle à la plénitude... qui nous appelle par notre nom. Amen

(Sermon prononcé pendant la Semaine de la justice réparatrice de 1994 au cours d'un service parrainé par l'Aumônerie communautaire de Toronto. Textes: Marc 5: 1-20, Isaïe 43: 1-4)

La justice réparatrice : un appel de la Croix Craig Murphy

J'ai le plaisir de pouvoir vous communiquer certaines réflexions sur la justice réparatrice à l'occasion de la fin de la Semaine de la justice réparatrice. Y a-t-il une meilleure façon d'aborder le thème

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de la justice réparatrice qu'à la lumière de l'Évangile selon Luc selon la liturgie d'aujourd'hui.

Aujourd'hui, c'est la fête du Christ-Roi, le dernier jour - le sommet - du calendrier de l'Église avant le commencement de l'Avent. Nous célébrons Jésus-Christ notre Roi et nous reconnaissons que nous sommes ses loyaux sujets.

La suprématie du Christ est claire dans la deuxième lecture de ce matin tirée des Colossiens 1:13-14: «Ii nous a en effet arrachés à l'empire des ténèbres et nous a transférés dans le Royaume de son Fils bien-aimé, en qui nous avons la rédemption, la rémission des péchés ». Oui, la rédemption apportée par le « premier né de toute la création ». Et où connaissons-nous la gloire de cette rédemption d'une façon plus humiliante, mais aussi plus puissante, que sur la croix?

Le compte rendu de Luc sur la crucifixion de Jésus, du Christ notre Roi, est le seul des textes des évangiles qui traite d'un dialogue entre le Christ et les deux criminels à ses côtés. Dans l'Évangile d'aujourd'hui, l'un des criminels continue de tourner le Christ en dérision tandis que l'autre accepte la situation. Trois croix, trois hommes condamnés et, dans les derniers moments, le criminel qui est connu sous le nom de « bon larron » demande à Jésus, le roi crucifié, de se souvenir de lui lorsqu'il entrera dans son Royaume. Le Christ répond : «En vérité, je te le dis, aujourd'hui tu seras avec moi dans le paradis ».

C'est par la grâce que le « bon » larron a tenté de se racheter dans les derniers moments. Ce bon larron, c'est saint Damas, le saint patron des prisonniers, qui a tenté de faire son possible pour régler ses relations. Qui aurait pensé que ces réflexions serviraient de base à la justice réparatrice? En quoi consiste la justice réparatrice? Il s'agit simplement de « corriger les choses ». De toute évidence, quelque chose doit avoir mal tourné s'il faut corriger la situation.

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Les systèmes de justice actuels sont souvent considérés comme étant surtout punitifs, ne laissant aucune possibilité de justice réparatrice...c'est-à-dire de réconciliation. En justice réparatrice, reconnaît que l'injustice nous touche tous. Lorsque nous péchons, nous nous éloignons de Dieu et les uns des autres. Nous laissons tomber les autres qui souffrent de différentes façons. Pour cette raison, il faut essayer de rendre la justice avec la collaboration de la collectivité, des victimes et des délinquants. La responsabilisation est un principe clé; les parties concernées doivent accepter la responsabilité.

Souvent lorsque nous songeons à la « justice rendue », nous pensons aux délinquants qui purgent leur peine. Mais qu'en est-il des divers méfaits non passibles d'incarcération? Le péché ne se présente-t-il pas aussi sous diverses formes comme les disputes à la maison, les rancunes ou même la peine causée aux autres par nos actions et nos commentaires? Par conséquent, la justice réparatrice ne s'applique pas seulement aux détenus et aux victimes; elle s'applique à chacun de nous. Nous sommes appelés à pratiquer la justice réparatrice dans nos interactions quotidiennes avec notre famille, nos amis, nos collègues de travail et la collectivité.

Michée, l'un des prophètes de l'ancien Testament, proclame ce que Dieu nous demande : « Rien d'autre que d'accomplir la justice, d'aimer la bonté et de marcher humblement avec ton Dieu » (Michée 6:8). Michée semble dire que la tâche est simple, évidente. Dieu ne nous demande-t-il que cela à tous? Le D r Charlie Taylor, l'un de mes anciens professeurs, disait toujours que nous nous ressemblons tous plus que nous nous différencions. Il y a beaucoup de sagesse dans ces mots. Nous avons tous été créés à l'image de Dieu. Nous sommes tous des enfants de Dieu, et la justice réparatrice est enracinée dans la conviction théologique que chaque personne a une valeur que lui a attribuée Dieu. Personne n'est jetable. Lorsque nous choisissons la vie, notre foi nous dit que Dieu entend les cris de ceux qui souffrent. Pourtant, en tant que peuple de Dieu, nous sommes aussi appelés à répondre aux

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cris de ceux qui souffrent, et la justice réparatrice contient ce processus de guérison.

Le thème de la Semaine de la justice réparatrice de cette année est : « Y a-t-il une meilleure façon? » Personnellement, je répondrais par un retentissant « oui! » Oui, il y a une meilleure façon de « corriger les choses ». Les punitions et l'incarcération ne sont pas des solutions complètes aux problèmes. Certes, il existe des cas où l'incarcération s'impose; et oui, il y en a qui n'acceptent pas de participer au processus de la justice réparatrice. Mais dans l'ensemble, si nous en tant qu'individus commençons à réfléchir aux mots de Michée — accomplir la justice, aimer la bonté et marcher humblement avec notre Dieu — nous pouvons nous ouvrir à l'intercession de l'Esprit saint en cherchant la réconciliation. Idéalement, la guérison devrait s'opérer chez les victimes, les délinquants, leurs familles et la collectivité touchée. Si cela ne peut pas se produire, on peut tenter d'arriver à des guérisons individuelles chez les personnes concernées.

La justice réparatrice vise à corriger le plus possible la situation. Elle fait participer la collectivité, les victimes et les délinquants au processus de guérisson. Nous appartenons peut-être déjà à ces groupes. De plus, lorsque nous retournerons dans nos collectivités ce matin, après avoir fêté le Christ-Roi, adressons-nous à Jésus, Notre Seigneur, notre Sauveur, de la même façon que saint Damas, le « bon » larron l'a fait. Puisse Dieu nous accorder la force de faire ce qui est nécessaire pour chercher la justice dans notre vie et dans les collectivités où nous vivons.

(Homélie et réflexions prononcées à l'église catholique St. Raphael à Blackville, Nouveau-Brunswick, le dimanche 22 novembre 1998, fête du Christ-Roi.)

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Plan d'un sermon Conseil des églises pour la justice et la criminologie

La réconciliation avec Dieu et avec les autres

A. L'Église a reçu du Christ le mandat d'exercer le ministère de la réconciliation. 1. H Corinthiens 5 : 17-25 2. Le ministère de la réconciliation concerne-t-il

seulement les relations entre les personnes et Dieu, ou aussi les rapports humains ?

B. Jésus nous dit que pour nous réconcilier avec Dieu, nous devons d'abord nous réconcilier avec notre frère (Matthieu 18 : 15-17).

C. Notre ministère de la réconciliation s'étend au domaine de la criminalité (Luc 19 : 1-10).

1. Zachée a été sauvé (réconciliation avec Dieu) lorsqu'il a décidé de faire don aux pauvres de la moitié de ses biens et, s'il avait fait tort à quelqu'un, de lui rendre le quadruple.

2. C'est la présence de Jésus (qui va manger chez Zachée) qui provoque le changement et guérit le mal fait à d'autres humains.

II Que peut faire l'Église pour qu'il y ait réconciliation?

A. S'inspirer des directives fournies dans Matthieu 18 : 15-17. 1. Confrontation seul à seul. 2. Si cette première étape échoue, demander à

d'autres personnes d'aider à la médiation. 3. Si cela ne fonctionne pas, annoncer

publiquement que la relation est rompue.

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4. Toutes ces étapes, même celle de « l'excommunication », ont pour but de rétablir la relation rompue (voir Disciplining the Brother de Marlin Jeschke, Herald Press).

B. Transposer ce message dans le domaine de la criminalité. 1. Tenter d'organiser une confrontation seul à seul

entre la victime et le délinquant. 2. Faire appel à des médiateurs pour les aider à

résoudre le problème. 3. Chercher des moyens créateurs d'obtenir une

restitution équitable et plus encore. 4. Même si la réconciliation n'a pas lieu, traiter le

délinquant comme un « Gentil », c'est-à-dire le traiter comme Jésus traitait les Gentils et les pécheurs. Il les aimait, les fréquentait et les exhortait à revenir vers Dieu.

III En résumé. l'intervention auprès des criminels n'est pas axée sur la punition ou sur la vengeance, mais sur la réconciliation — la restauration de la paix entre Dieu et les personnes, et entre les personnes.

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Chapitre 3: Quelques citations

« Voici mon serviteur, que je soutiendrai, Mon élu, en qui mon âme prend plaisir. J'ai mis mon esprit sur lui; Il annoncera la justice aux nations. Il ne criera point, il n'élèvera point la voix, Et ne la fera point entendre dans les rues. Il ne brisera point le roseau cassé, Et il n'éteindra point la mèche qui brûle encore. » Isaïe, 42 :1-3

« Vous avez appris qu'il a été dit : «Tu aimeras ton prochain, et tu haïras ton ennemi. » Mais moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent, afin que vous soyez fils de votre Père qui est dans les cieux; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes. »Matthieu, 5 : 43-45

« La clémence ne vient pas par contrainte; Elle tombe du ciel comme la douce pluie Sur ce qu'elle domine; et son double bienfait Bénit celui qui donne et celui qui reçoit. C'est chez les grands qu'elle est la plus grande, elle sied Bien mieux que sa couronne au monarque en son trône. Du pouvoir temporel son sceptre est le symbole; C'est l'attribut de respect et de majesté Dont émanent la crainte et la terreur des rois. Mais au-dessus de cette autorité du sceptre Est la clémence; elle a son trône dans le coeur Même des rois, c'est l'attribut de Dieu lui même; Et c'est quand la clémence avec douceur tempère La justice, qu'on voit la puissance terrestre Et le pouvoir de Dieu être les plus semblables. » William Shakespeare, Le marchand de Venise

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a ab - Laisser l'esprit humain s'exprimer - II • Une peur qu'on ne peut surmonter devient un mur. ge Noah ben Shea lo•

• L'amour par sa présence, comme celui de Dieu, ne rend pas les • choses forcément plus claires, plus justes ou mieux, mais plus

! 011 acceptables, alors qu'en son absence, comme celle de Dieu, il • n'y a pas d'espoir. Atheneum

• Si vous vous méfiez de la police et craignez les criminels, il vous sera difficile d'avoir confiance en la justice. Anonyme •

ale • Rien dans la vie n'est à craindre; tout est à comprendre. Madame Marie Curie

OS ai • L'imperfection de l'être humain fait son charme. Thomas Mann

se • La liberté est la capacité de l'être humain de se prendre en

1111 main, de se façonner, de devenir ce qu'il est réellement. R. May

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• La misère engendre la sédition et le crime. Aristote

• • Il n'y a de nouveau que ce qui est oublié. Mlle Bertin

• Parfois un voisin que nous avons toujours détesté pour son

111 arrogance et st fatuité laisse échapper une remarque anodine qui nous révèle un tout autre aspect de l'homme. C'est tout un autre homme, un homme irrésolu et perplexe, un homme qui est dans le noir comme nous. W.Cather

• • S'il y a une classe inférieure, j'y suis. • S'il y a un élément criminel, j'en suis. • S'il y a une seule âme en prison, je ne suis pas libre. E. V. Debs

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• Aucun être humain ne devint extrêmement mauvais tout d'un coup. Juvénal a

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• De différents arbres sont taillées nos croix, Mais nous avons tous notre croix. Frederic Lawrence Knowles

• Méfiez-vous de ceux chez qui l'instinct de punir est puissant. Nietzsche

• La seule façon de rendre un homme digne de confiance est de lui faire confiance. La façon la plus sûre de le rendre indigne de confiance est de lui montrer la méfiance à son égard. Henry

Lewis Stimson

• Choisir des juges bienveillants, qui ne sont pas d'une bonté si absolue qu'ils oublient la faiblesse humaine. Sir Thomas Talfourd

• Nous seuls pouvons tenir notre esprit en prison. Henry van Dyke

• Aime la vérité, mais pardonne à l'erreur. Voltaire

• L'expérience est le nom que chacun donne à ses erreurs. Oscar Wilde

• Les points tournants de la vie ne sont pas des moments inoubliables. Les vraies crises prennent souvent une tournure si banale qu'elles passent inaperçues. William E. Woodward

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Il vous redonne l'espoir Si vous avez perdu tout espoir Il vous donne la force de tenir le coup En attendant de trouver l'espoir et la guérison

Si Dieu est présent dans votre vie Vous allez reprendre espoir Vous allez guérir Puis, vous allez retrouver la paix Seul Dieu peut vous donner tout cela.

le 11 juin 1999

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Laisser l'esprit humain s'exprimer -

Chapitre 4 : Poésie

Espoir et guérison Carol Andrews

L'espoir ne se trouve ni dans les choses matérielles Ni dans l'amour Ni dans l'argent L'espoir se trouve d'abord et avant tout en Dieu

La guérison n'est ni l'oeuvre des médecins Ni celle des médicaments Ni celle de la chirurgie La guérison est d'abord et avant tout l'oeuvre de Dieu

Dieu guérit le coeur brisé Il guérit le blessé Il guérit votre esprit Il guérit tout à l'intérieur de vous

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Des ténèbres à la lumière Henriette Doré Mainville

Lumière Éternelle... Éclaire ma prison... Aide-moi à quitter ce lieu d'étouffement.. .de ténèbres... Fruit des ombres de mon égo... Fais-moi sortir de mon rêve de crainte... Là où s'est installé en moi la culpabilité... Les reproches... Et l'attaque... Qui se sont organisées en moi... Comme des portes sombres...

Aide-moi à changer ma vision... Oui ma vision du monde... En permettant à mes valeurs de ressentir... Le respect... La paix... Et l'Amour... Comme une vraie réalité...

Aide-moi à franchir... Les ponts du Pardon... Pour que enfin passe... Une foi pour de bon... Les Ténèbres à la Lumière...

Réflexion Jean-Claude Bouchard

Assis un banc d'école Elle! Vient me chevaucher Dans un carrousel De petits trots

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11) — Laisser l'esprit humain s'exprimer —

le Je regarde! Les professeurs se promener • Dans une ribambelle d'activités

De Molière à Shakespeare De Descartes à Einstein

• Rien ne semble vouloir s'arrêter • , C Sur le spectre de la pensée fle Où baignent, parfois mille idées a Tu sens! Ces êtres

Qui se sont débranchés Certains, trop institutionnalisés D'autres trop marginalisés

• Déchiré en dedans

• À voir ces gens se noyer

• Tu te dis! Mon DIEU

• Donne-leur la géométrie

1111 De la réalité Celle de L'HUMANITÉ se Et dans une symphonie de phrases 11, Où valsent les mots Tu dois comprendre! Que t'exprimer et t'instruire a Sera toujours mieux que de te révolter se

• Car la révolte • Appelle les armes de cruauté • Et celles-ci seront toujours rejetées • Et mêmes enchaînées • Dans les sociétés civilisées • Voilà la réalité 11, Que tu te dois de faire naître • Au berceau de ton intimité • Si tu rêves un jour • D'une réelle liberté a a

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- Aperçus de Dieu au travail -

Sans titre Craig T. Beaton

Le vieil homme avançait dans la rue en chancelant, Torturé par la faim et grelottant de froid. Les vêtements qu'il portait étaient trop vieux et trop usés Pour le protéger de l'orage qui s'abattait sur lui. Il chancelait et vacillait, mais tenait bon, Désireux d'écourter un si long voyage. Il a survécu la plus sombre de toutes les nuits, Rempli de peur, de souffrances, et de crainte mortelle, Pour être de nouveau réchauffé par la lumière du matin, Rempli d'espoir et comblé par les merveilles de Dieu.

Sans Titre Henriette Doré Mainville

Derrière les murailles de fer! Derrière ce mur de béton! Derrière ces masques, ces regards durcis Derrière cet air d'indifférence, derrière ces gestes brusques Ce parler rapide, ce souffle court...haletant! Derrière cette écoute malveillante Derrière cette agitation Derrière cet orgueil vanité, haine, agressivité, violence Derrière ce faux sourire, derrière ces fausses paroles Derrière ce regard fuyant, qu'y a-t-il de caché? ....TOI....MOI....MON FRÈRE!

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le - Laisser l'esprit humain s'exprimer - • Laissez-moi seule

Sarah Sm))

• Coincée ici • Ce n'est pas mon choix! • Que puis-je faire? Rien. a Je n'ai pas un mot à dire.

Devant vous

• Tous les gens ont l'air gentil,

• Mais dès que vous avez le dos tourné,

• Ils vous massacrent.

Je m'asseois et j'attends

•Que ma peine prenne fin.

le Ils me disent que ce ne sera plus très long Que le bout du tunnel est en vue.

D'autres accusations seront portées a Comme ils disent.

• • Dieu existe-t-il? • Je ne le sais pas encore. • Je déteste la vie, de plus en plus. • Tout ce que je veux, c'est partir... a • Très loin d'ici, pour toujours, • Où personne ne se soucie • De ce que vous faites

• De l'endroit où vous allez

• De ce que vous dites.

• Cela m'arrivera-t-il un jour?

• Attendre et prier.

• le 9 juin 1999

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a Qu'est-ce que j'ai donc fait? • M'allonger ici et prier...

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- Aperçus de Dieu au travail -

Le Prisonnier Pat Martel

J'ai pensé à toé, de derrière les barreaux J'ai donné des baisers sur ta photo

J'ai pensé à nous et ça m'a déchiré Pris dans un remous, maudit qu'tu m'as manquée

J'ai donné des coups, j'me suis révolté Ça peut rendre fou le pénitentier Mais surtout, tu sais, Ça fait mal d'aimer Quand on n'a pas sa liberté

J'ai pensé à toé, j't'ai écrit des p'tits mots J't'ai imaginé, dénudant ta peau

Mais comment t'expliquer qu'jlai mis I'doigt su'I'bobo J'étais débranché d'avec le "gars d'en-haut"

J'ai donné des coups, je me suis révolté Les moments les plus doux, c't'avec toé quTles ai passés Mais surtout, tu sais, Ça fait mal d'aimer Quand on n'a pas sa liberté

J'ai pensé à nous, et ça m'a déchiré Pris dans un remous, maudit qu'tu m'as manqué J'sortirai au mois d'août...Ce sera enfin l'été

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Le miracle Abshira Philomena

Ce poème a été écrit par une femme qui venait de perdre un enfant à la suite d'une fausse couche.

Tu rêvais de moi bien avant que je ne devienne une partie de toi. J'étais dans ton ventre depuis longtemps. Je t'entendais chanter et pleurer. Ta voix me faisait sourire. Je sentais tes mains sur les cloisons de ma maison d'eau. Pendant cinq mois, j'ai vécu dans ton sein. Je ne sais pas pourquoi le monde n'a pas voulu de moi. Aujourd'hui, tu pleures et ton cœur est si lourd. Comme j'aurais voulu soulager ta peine et te faire rire. Tu avais de grands projets pour moi... de beaux vêtements, de bons amis, l'université. Mais ton amour me suffit. Tu voudrais caresser mes cheveux et me prendre dans tes bras, calmer mes peurs et embrasser mes bobos. Il faut que tu saches, chère maman, que tu me manques, mais que je suis maintenant blotti dans les bras de Dieu. Je sais que je te reverrai un jour. Je t'attendrai... au ciel.

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SECTION III: NOUVEAUX POINTS DE REPÈRE SUR LA VOIE DE LA JUSTICE QUI GUÉRIT

Introduction : La justice réparatrice, une façon de rétablir la justice

Judi Morin

Avez-vous remarqué à quel point les gens sont nombreux à considérer la justice réparatrice comme un programme, et non pas comme un mouvement ou comme une façon de penser ou d'agir. Je me suis longtemps demandé comment je pouvais aider les gens à voir au-delà des programmes.

Voici une pensée qui peut être inspirante : notre but est de rétablir la justice. Nous voulons agir et faire ce qu'il faut pour que notre collectivité, divisée, craintive et déconcertée, devienne une collectivité confiante, harmonieuse et pacifique. En effet, lorsque je parle de rétablir la justice et des moyens à prendre pour atteindre cet objectif, les gens sont plus réceptifs que lorsque j'évoque la justice réparatrice. Mes interlocuteurs deviennent plus créateurs lorsqu'il s'agit de trouver des façons de rétablir la justice et non pas seulement de « réparer » les torts commis. Au lieu de simplement appliquer un programme à une situation, nous trouvons des façons d'examiner les mesures à prendre pour soulager les personnes qui souffrent à cause d'un crime.

Pour la plupart d'entre nous, la justice réparatrice évoque un ou des programmes en particulier auxquels nous reconnaissons un caractère réparateur. Le fait de rétablir la justice nous aide à nous centrer sur le résultat que nous souhaitons atteindre, nous laissant le choix des moyens pour y parvenir.

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Chapitre I : Un appel public - Justice réparatrice et aumônerie

La Semaine de la justice réparatrice Christina Guest

Le tableau ci-dessous, intitulé Survol historique, rappelle bon nombre des événements qui ont conduit à l'adoption de la justice réparatrice à titre de principe qui oriente l'action des services d'aumônerie au sein du SCC. On y trouve les dates clés de l'évolution de ce qui est devenu la Semaine de la justice réparatrice. Je voudrais tout d'abord décrire brièvement la raison d'être et la portée de cette semaine.

La Semaine de la justice réparatrice est un événement annuel parrainé par le SCC, qui a lieu la troisième semaine de novembre. C'est une initiative éducative et stimulante, conçue pour promouvoir les principes et les valeurs de la justice réparatrice dans la vie quotidienne, pour renforcer la collectivité et briser, chez toutes les personnes concernées, les cycles de la violence et de la victimisation.

L'existence même d'une Semaine de justice réparatrice encourage les gens à réfléchir, à prier, à discuter et à agir de telle sorte que la vie de tous s'en trouve améliorée, surtout la vie des personnes qui ont des démêlés avec le système de justice pénale. Cette semaine favorise l'atteinte d'objectifs de réparation dans la mesure où elle incite les gens à se renseigner sur des façons plus humaines et plus rentables de rétablir l'ordre des choses, puis à les mettre en pratique et à les appuyer. Elle est également pour les gens une occasion d'échanger sur des événements et des méthodes associés à notre système de justice pénale qui vont dans le sens de la justice réparatrice.

La Semaine de la justice réparatrice a commencé en Angleterre, en 1975; elle a d'abord pris la forme du « Dimanche des prisonniers », une journée consacrée chaque année à sensibiliser la

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population à l'existence d'hommes et de femmes incarcérés, et à l'amener à se préoccuper de leur sort. Au Canada, les régions de l'Atlantique et du Québec ont institué le dimanche des prisonniers en 1980; cette journée est devenue un événement national en 1990, à la suite d'une décision prise conjointement par le Comité interconfessionnel de l'aumônerie et la Division de l'aumônerie du SCC.

En 1995, le Dimanche des prisonniers est devenu la « Semaine des prisonniers »; en 1996, l'événement a été renommé « Semaine de justice réparatrice : collectivité, victimes et prisonniers », un nom qui se voulait plus représentatif de l'intention visée. L'aumônerie et l'Unité de la justice réparatrice et du règlement des différends ont parrainé conjointement la Semaine pour la première fois en 1999 afin de mettre des ressources à la disposition du grand public et des groupes confessionnels.

Parmi les autres partenaires de l'événement figurent des victimes, des délinquants, des membres de la collectivité et des professionnels de la justice pénale qui oeuvrent chaque jour en faveur de la justice réparatrice; les groupes confessionnels représentés au Comité interconfessionnel (les groupes chrétien, juif, musulman et sikh) ainsi que des groupes autochtones. Les aumôniers du SCC, des groupes religieux et des organismes communautaires s'occupent de promouvoir la Semaine de la justice réparatrice en planifiant des activités de sensibilisation.

L'objectif qui sous-tend la distribution de ressources est de faire en sorte que les gens puissent prendre des initiatives et faire preuve de créativité dans leur propre milieu. Le matériel utilisé est préparé en collaboration avec des victimes, des ex-détenus et des groupes confessionnels. Une telle démarche entend montrer qu'il est possible de travailler ensemble dans l'intérêt d'une société plus juste; ses objectifs prioritaires sont de responsabiliser le délinquant, et de favoriser la guérison et la réconciliation de toutes les personnes en cause.

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- Nouveaux points de repère-

• Outre les initiatives mises de l'avant en Angleterre et aux États-Unis,des particuliers et des groupes, font la promotion mondiale de la Semaine de justice réparatrice en collaboration avec le Canada, et sont actifs en Irlande, au Sierra Leone, au Congo, au Nigeria, en Zambie, au Rwanda, en Afrique du Sud, en Australie, en Nouvelle-Zélande, aux Philippines et aux Fidji. (Pour de plus

O amples renseignements au sujet du lancement d'une semaine de • justice réparatrice aux États-Unis, visiter le site www.rjmn.net .)

O •

Le site Web du SCC sur la Semaine de justice réparatrice s'est • avéré un moyen de communication fort utile, d'autant plus que • l'aumônerie ne pouvait envisager d'imprimer toute l'information

• disponible. L'adresse de ce site est la suivante : WWW.CSC-

• scc.gc.caitext/forum/rjweek/mainf.shtml .

Survol historique

1984 Rapport sur l'énoncé des valeurs du SCC , Groupe de travail sur la mission et le développement organisationnel du SCC, présidé par Ole Ingstrup.

1986 Pierre Allard, dans le cadre de son doctorat en pastorale sacerdotale, présente une thèse sur la conception biblique du rôle des aumôniers, qui tient compte de l'énoncé des valeurs du SCC.

1989 Objectif stratégique 1.10 découlant de l'énoncé de mission du SCC : « S'assurer que les préoccupations des victimes soient prises en considération lorsque nous nous acquittons de nos responsabilités. » L'aumônerie a participé à l'élaboration de l'énoncé de mission.

Juin 1989 Le principe n° 3 de la Déclaration rendue publique à l'issue de la Conférence des aumôniers, affirme que le concept de la justice énoncé dans la bible est l'élément central de la pastorale sacerdotale.

1990 Fondation du Regroupement canadien pour le bien-être des familles des prisonniers et des prisonnières avec une aide importante de l'aumônerie.

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Septembre Initiation des aumôniers aux techniques de 1990 réconciliation entre la victime et le délinquant, à

Kitchener, en Ontario. Novembre Le Dimanche du prisonnier et de la prisonnière est 1990 observé pour la première fois au Canada. 1991 Premier projet pilote de médiation entre la victime et le

délinquant, réalisé dans la région du Pacifique. Août 1991

Conférence des aumôniers : « Célébrons notre mission : la justice réparatrice ».

Novembre Thème du Dimanche du prisonnier et de la prisonnière : 1991 « L'importance de la collectivité ». Novembre Thème du Dimanche du prisonnier et de la prisonnière : 1992 « Loin des yeux ... loin du coeur ». On se préoccupe du

prisonnier ou de la prisonnière en tant qu'être humain, mais aussi des victimes, des familles et des amis.

Juillet 1993

Pierre Allard et Chris Carr assistent à un atelier sur les services aux victimes.

Août 1993 Rencontre de l'American Corrections Association à Nashville : le commissaire Edwards estime que la présentation la plus importante est celle de Howard Zehr, sur la justice réparatrice.

Novembre Thème du Dimanche du prisonnier et de la prisonnière : 1993 «Un membre souffre-t-il? Tous les membres souffrent

avec lui ». Juin 1994 Thème de la Conférence des aumôniers : «Un nouveau

regard ». À l'issue de la Conférence, la Déclaration insiste sur la nécessité d'élargir le débat à l'ensemble de la collectivité, d'adopter une approche pluraliste et de reconnaître la suprématie des personnes sur les institutions.

1994 Pierre Allard fait une présentation sur la justice réparatrice en Irlande du Nord.

Novembre Thème du Dimanche du prisonnier et de la prisonnière : 1994 «La lumière brille dans les ténèbres et les ténèbres ne

l'ont pas saisie ». Février 1995 Séance de consultation sur la justice réparatrice, à

Aylmer au Québec, parrainée par Initiative canadienne de justice.

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Août 1995 Troisième conférence mondiale de l'Association internationale des aumôniers de prison (IPCA) : « La réconciliation : le défi des aumôniers de prison ».

Novembre Thème de la première Semaine des prisonniers : 1995 « Reprendre sa vie en main ». Novembre La Semaine des prisonniers change de nom et devient la 1996 Semaine de la justice réparatrice : collectivité, victimes

et prisonniers. On insiste plus particulièrement sur les préoccupations quotidiennes des prisonniers, des victimes et de leurs familles, des familles des prisonniers, sur le personnel bénévole, sur la collectivité.

1996 L' aumônerie participe (ou facilite) au financement des « cercles de soutien » pour les délinquants sexuels dont le mandat est expiré, et confie à des bénévoles de groupes confessionnels des rôles axés sur le soutien et la responsabilité.

Mars 1997

Les aumôniers participent à l'organisation du symposium « Pour parvenir à une vraie justice », à Vancouver, et y font des présentations.

Septembre Les aumôniers forment une équipe et préparent des 1997 présentations pour le congrès de 1997 de l'Association

canadienne de justice pénale dont le thème est « Défier la peur, créer l'espoir »; ils sont les hôtes d'un rally multiconfessionnel sur la justice réparatrice qui a lieu au Musée canadien des civilisations, à Hull, Québec.

Octobre 1997 Les aumôniers parrainent une séance de consultation visant à élaborer, à l'intention des bénévoles, des modèles de soutien et de responsabilité pour les délinquantes mises en liberté.

Novembre Thème de la Semaine de la justice réparatrice : « Défier 1997 la peur, créer l'espoir ». Novembre Thème de la Semaine de la justice réparatrice : «Un 1998 meilleur moyen? » Décembre La collaboration débute entre l'Aumônerie et l'Unité 1998 sur la justice réparatrice et le règlement des différends,

du SCC, afin de planifier l'édition 1999 de la Semaine de la justice réparatrice.

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Novembre Première célébration aux États-Unis de la Semaine de la 1999 justice réparatrice à l'instigation du Réseau de la justice

réparatrice en Amérique du Nord. Novembre Thème de la Semaine de la justice réparatrice : « La 1999 justice réparatrice, à nous d'agir ». C'est la première

année qu'une brochure est produite à l'intention du grand public.

Novembre Le prix de la justice réparatrice Ron Wiebe est attribué, 1999 pour une première année, à l'établissement de Ferndale

en Colombie-Britannique, pendant la Semaine de la justice réparatrice.

Chapitre 2 : Au-delà des murs : l'aumônerie communautaire

[Note de la rédaction : Sauf indication contraire, les articles du présent chapitre sont des extraits du Rapport de l'aumônerie, 1997-19981

Région de l'Atlantique

L'aumônerie communautaire en zone métropolitaine Philip J. Lewis

En 1995, on m'a demandé de rencontrer un dangereux récidiviste qui était sur le point d'être libéré du pénitencier de Saint John. J'ai rencontré l'homme en question et je l'ai aidé à se remémorer la violence sexuelle dont il avait été victime durant son enfance. Ces mauvais traitements semblaient être la source de sa propre violence de même que de ses quinze années d'incarcération et de démêlés avec les tribunaux. Peu après le début de nos rencontres, cet ex-détenu a été de nouveau incarcéré pour voies de fait avec violence, une infraction commise antérieurement. Il devait purger sa peine au pénitencier de Saint John. J'ai obtenu des autorités du: pénitencier l'autorisation de rencontrer le délinquant à toutes les semaines. Au cours de ces rencontres, j'ai aidé cet homme à comprendre les traumatismes de son enfance. Après sa libération, il est déménagé à Vancouver et, exception faite d'un accroc mineur

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à la loi, il mène depuis une vie productive dans la collectivité. Il attribue sa réinsertion sociale principalement au travail que nous avons fait ensemble.

L'aumônerie communautaire de Saint John David Hardy

L'un des faits saillants de l'armée a été la reconnaissance, par la Société John Howard (Direction générale de Saint John), du travail qu'accomplit Donald MacLean au sein de notre collectivité. Cette reconnaissance a pris la forme du Bill Galloway Resident Achievement Award. Ce prix était remis pour la première fois et c'est un grand honneur pour nous de pouvoir dire que le récipiendaire est un ex-détenu qui fait du bénévolat à l'aumônerie communautaire.

Un autre événement important cette aimée pour les services d'aumônerie a été la remise, par la Société John Howard (Direction générale de Saint John). du Harold McCullagh Community Achievement Award au pasteur David Hardy. Ce prix lui a été décerné en reconnaissance du travail accompli par l'aumônerie communautaire pour aider les délinquants tout en protégeant la collectivité.

Construction du Gene MacLellan Centre Mike Carson

Un monument unique, à la mémoire d'un grand chanteur et compositeur de l'île, Gene MacLellan, est en construction à New Glasgow, en Nouvelle-Écosse. Le service de pastorale carcérale Daybreak travaillait dans le domaine correctionnel depuis 20 ans et MacLellan y oeuvrait depuis le tout début. (Voir « Le ministère de Gene MacLellan » à la section I, 4 du présent document)

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Aperçus de Dieu au travail -

En novembre 1990, le Service correctionnel du Canada a demandé au service de pastorale carcérale Daybreak de fournir des services d'aumônerie communautaire aux détenus, aux ex-détenus et à leurs familles, dans les cinq comtés du nord de la Nouvelle-Écosse. Après avoir offert ces services depuis trois endroits situés dans deux villes différentes, il a été constaté que, pour que les services atteignent les personnes qui en avaient besoin, la meilleure façon était de les centraliser quelque part.

Grâce à un appui important de la collectivité locale, l'Aumônerie a pu acheter un établissement désaffecté de buanderie et de nettoyage à sec, sur la rue Glasgow, à New Glasgow, et est en train de le transformer pour y loger en permanence les services de pastorale Daybreak. Le pasteur Royce Harris, directeur de ces services a indiqué que le nouveau complexe de 7 000 pieds carrés abritera une chapelle, des services d'orientation, des bureaux et un dépôt de vêtements et de meubles. L'établissement accueillera également les nouvelles installations du Shepherd's Lunchroom qui s'adresse à la même clientèle.

Harris, un musicien à son propre compte, pendant longtemps l'ami de MacLellan, croit que c'est bien que le nouveau complexe porte le nom d'un homme qui a consacré une grande partie de sa vie aux détenus. Harris et MacLellan travaillaient pour la même maison de disques à Toronto. C'est Harris qui a demandé au chansonnier de l'île de l'aider à divertir les prisonniers; ensemble, ils ont fait une tournée des prisons de Kingston, en Ontario.

«En 1994, nous répétions ensemble avec un orchestre, en prévision d'un concert bénéfice qui devait avoir lieu à New Glasgow; mais je suis tombé malade, j'ai été hospitalisé et nous avons dû reporter l'événement », explique Harris. « Nous avions remis le concert à avril 1995, mais Gene est décédé en janvier. »

Lorsque l'église sera prête, les ex-détenus viendront partager avec d'autres leurs expériences de réinsertion sociale; les délinquants et

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- Nouveaux points de repère-

, • leurs familles bénéficieront ainsi d'une approche holistique. Le travail qu'accomplissent les services de pastorale est, en soi, un

• exemple à suivre. Un sondage réalisé dernièrement auprès de • services semblables des différentes régions du Canada classait les

, • services de pastorale Daybreak au quatrième rang, derrière de O grands centres métropolitains tels qu'Edmonton, Winnipeg et O Toronto.

,• (Extrait de l'édition du 16 juin 1999 du journal The Guardian. Autorisation

o obtenue de réimprimer.)

O , fo St. Luke's Renewal Centre (brochure)

« L'amour peut ouvrir les portes des prisons »

• En collaboration avec le Service correctionnel du Canada, le • Conseil chrétien de réconciliation a entrepris de construire un • centre de renouveau sur le terrain de l'établissement de Springhill. • Ce centre s'appellera St. Luke's Renewal Centre et offrira des • programmes axés sur le développement spirituel et personnel des • détenus, en particulier ceux qui purgent des peines de longue • durée. O • Saint Luc, apôtre, fut un médecin qui a consacré sa vie aux

• personnes et aux groupes mis au banc de la société. Le centre de

• renouveau, accessible à tous les détenus, sera un endroit où ils

• pourront trouver un sens à leur vie et réorienter leur existence.

O • Les prisons sont surpeuplées et très bruyantes; l'environnement n'y

• est pas propice à la réflexion tranquille sur la vie et à la recherche de sens. En ayant la possibilité de découvrir ses pensées et ses sentiments intérieurs, enfouis au plus profond d'elle-même des années durant, une personne peut s'engager dans un processus de guérison, se réconcilier avec elle-même, avec les autres et avec Dieu. Cette démarche peut être porteuse d'espoir et provoquer des ià changements durables dans ses attitudes et ses comportements.

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Un petit service de pastorale qui a fait ses preuves Lori Errington

Voici l'histoire d'un petit service de pastorale qui a fait ses preuves. Il y a cinq ans, après avoir beaucoup réfléchi et prié, Gerry Bezanson a fait un grand acte de foi. Il est entré dans le cabinet d'un médecin de Kingston, en Nouvelle-Écosse, auquel il a confié qu'il se sentait appelé à oeuvrer auprès des jeunes du secteur; il a ensuite expliqué au médecin qu'il voulait utiliser le petit bureau, voisin du sien. Le problème, c'est qu'il n'avait pas suffisamment d'argent comptant pour le louer; il se disait cependant confiant de trouver cet argent le moment venu.

Le désir de Bezanson d'aider les jeunes du secteur Kingston-Greenwood lui venait du fait qu'il connaissait fort bien les dangers auxquels s'exposaient les jeunes qui passaient leur temps dans la rue. Jeune homme, il avait eu de mauvaises fréquentations et avait connu la vie dans la rue et, bien sûr, la toxicomanie. Il avait finale-ment passé 11 ans dans un pénitencier pour des crimes qu'il avait commis afin de se procurer la drogue dont il avait alors besoin.

Bezanson affirme que sa vie a connu un tournant lorsqu'il est devenu chrétien, peu avant son arrivée en prison. Cette toute nouvelle foi l'a certes soutenu dans les 11 années suivantes de sa vie, mais les années passées au pénitencier ont aussi contribué à raffermir sa foi. « La vie est difficile au pénitencier. Ou vous marchez au pas, ou vous rompez les rangs. S'ils s'aperçoivent que vous ne marchez pas au pas, ils ne veulent pas non plus entendre ce que vous avez à dire. »

C'est sa foi profonde qui a guidé Bezanson vers le cabinet du médecin pour lui exposer sa requête. Il a dû être très convaincant, car le médecin a accepté sa proposition et lui a remis les clés du local; la halte-accueil The Haven venait de voir le jour. Au début, The Haven était surtout un local de détente contenant une table de billard, une table de ping-pong et un jeu de fléchettes. Au fur et à

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1111 - Nouveaux points de repère-

!

!le mesure que ce centre gaulait en popularité dans la collectivité. • d'autres besoins devenaient manifestes. Des ex-détenus venaient y • chercher un peu d'encouragement et aidaient à faire le lien avec • d'autres organismes de la région. Des mères célibataires s'y • présentaient, à la recherche de vêtements, de meubles et de • nourriture pour leurs enfants.

Ill Le service de pastorale a poursuivi son expansion, tant et si bien

• que le local de la rue Main n'était plus approprié. « Quelqu'un

• devait venir nous livrer des meubles et nous n'avions plus

• suffisamment de place. Ma femme et moi avons décidé d'installer

• le dépôt de vêtements dans le sous-sol de notre maison; nous avons a donc perdu notre salle de jeu pendant deux ans », se rappelle e• Bezanson en souriant.

L'immeuble qui abritait auparavant la Missionary Alliance Church était à louer avec option d'achat; la halte-accueil The Haven s'y est

a

installée en août. Les nouvelles installations comprennent une salle de jeu, une pièce pour les services de culte, une cuisine, deux salles

te

de douches et un espace de rangement au sous-sol pour les meubles et les vêtements. Et il y a encore de la place pour agrandir. Lorsque plus de 100 personnes viennent assister aux concerts

• donnés par les jeunes et aux cérémonies religieuses, ce qui arrive a de temps en temps, la salle est remplie à pleine capacité. « C'est un • problème plutôt agréable à avoir », dit Bezanson.

•• À la condition de pouvoir recruter un nombre suffisant de bénévoles adultes, on espère ouvrir plus tard cette année un refuge

• d'urgence pour les jeunes. « Nous avons l'espace nécessaire, mais nous devons trouver des adultes qui accepteraient de travailler

• ensemble afin d'aider les jeunes. » Selon Bezanson, l'appui de la • collectivité a dépassé ses espérances; sans cet appui, le service de

• pastorale n'aurait pu survivre et progresser.

(Extrait d'un article paru dans le journal The Mirror-Examiner, /e mercredi 16

décembre 1998. Autorisation obtenue de réimprimer.) a 133

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Région du Québec

Accueil Laurier Wilbrod Dionne

Je considère que mon expérience comme aumônier de pénitencier m'aide beaucoup, tant mes interventions auprès des personnes ex-détenues qu'auprès des responsables des maisons de transition ou de tout autre intervenant. J'apprends à connaître le groupe cible :

les personnes ex-détenues et en liberté conditionnelle. Progressivement je découvre leurs combats quotidiens pour se prendre en main, reconstruire leur vie et se réinsérer dans leur famille et la société.

J'ai cherché d'abord à découvrir les vrais besoins des personnes qu'on souhaite accompagner. Donc, après avoir pris connaissance de ce qui avait été fait par mon prédécesseur, je suis allé rencontrer des responsables dans une dizaine de maisons de transition, des personnes engagées soit dans le milieu carcéral ou dans des groupes communautaires. J'ai aussi rendu visite à une quinzaine d'ex-détenus. Ainsi, de nombreuses portes me sont-elles déjà ouvertes et dans les mois à venir, je projette d'aller faire la connaissance de quelques hommes en liberté conditionnelle chez eux. De plus, comme aumônier de pénitencier, je rencontre beaucoup d'hommes qui sont réincarcérés après avoir passé un temps en liberté conditionnelle et d'autres qui sont sur le point d'être libérés. Ils ont peur et ils souffrent de solitude et d'isolement. Ce sont eux qu'il faut aider. Je leur fais connaître l'Accueil Laurier.

Rapidement, j'en suis venu à une constatation d'importance :

contrairement à notre croyance que les ex-détenus, nous connaissant, téléphoneraient et viendraient volontiers à l'Accueil Laurier parler de leurs problèmes et demander de l'aide, on a constaté que de fait presque personne ne vient frapper à notre porte. En effet, notre expérience, corroborée par des études

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a Nouveaux points de repère-

• sociométriques sur le sujet, démontre qu'il est plus difficile à un f• homme, comparativement à une lemme, d'avouer qu'il a un • problème et encore plus d'admettre qu'il a besoin d'aide. Même • s'il est conscient de ses difficultés de réinsertion, un homme

I • protège jalousement son autonomie. Il croit pouvoir résoudre tout • seul ses problèmes, se croyant faible s'il admet ses besoins.

• Conséquemment, plutôt que d'attendre que les hommes viennent

• d'eux-mêmes vers nous, il nous faut plutôt aller les rejoindre dans

• leur milieu de vie. D'autre part, nous voulons aussi leur donner

• des prétextes pour venir nous voir à notre bureau ou à notre salle

• de réunion. C'est pour cette raison que nous organisons des activités qui répondent à leurs besoins. Ainsi, petit à petit, dans un climat d'accueil et de simplicité, nous croyons que des relations d'amitié et de confiance se créeront et que les ex-détenus

•parviendront alors à partager leurs difficultés et leur goût de vivre.

Un petit groupe d'anglophones nommé FAST (For Assistance and • Support in Transition) a demandé de se joindre à l'Accueil Laurier.

Nous avons accepté leur aide et ils se servent de nos locaux. Ils sont dynamiques et ils font un travail fort louable.

a Je suis fier du travail déjà accompli et je suis convaincu que • l'avenir de l'accueil Laurier s'annonce prometteur.

• • Région de l'Ontario

11111 Aumônerie communautaire de Toronto • Ham, Nigh

• Une nouvelle approche, que nous appelons Partenaires d'Emmaüs

• (Emmaus Partners), s'efforce d'orienter le travail de pastorale de

• nos bénévoles. Dans ce projet, deux bénévoles de groupes confessionnels sont invités à « accompagner » une personne qui a été affectée par un crime : un délinquant mis en liberté, un membre

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de sa famille, ou une victime. Une équipe de trois leaders clés (Eileen Henderson, Bob Scholfielcl et Allyson Lucas) m'aide à mettre le concept au point. Nous avons réussi à organiser une séance d'orientation en trois parties à laquelle ont participé 22 bénévoles, et nous nous préparons à procéder au jumelage des personnes.

Nos bénévoles s'impliquent de différentes façons : ils effectuent à tous les trois mois des visites à l'établissement de Warkworth afin d'y rencontrer les gens et les encourager; ils oeuvrent auprès des familles des détenus; ils font la promotion de la justice réparatrice dans le public; ils interviennent seul à seul auprès des délinquants mis en liberté, bon nombre par l'intermédiaire du centre correctionnel de Keele. Chaque année, nos bénévoles sont les hôtes d'importantes festivités pour les délinquants et leurs familles, les bénévoles et les employés du SCC; ces festivités comprennent des événements tels que le dîner de Noël et le dîner de Pâques, et des barbecues au cours de la saison estivale.

Dans notre service de pastorale c'est le groupe de soutien du mardi qui a la plus longue tradition. L'assistance à ce groupe varie entre 6 et 14 personnes. L'un des participants a dit de ce groupe qu'il lui offrait, chaque semaine, l'occasion d'examiner ses niveaux de compassion, d'acceptation, de frustration et de colère. Ken Weaver, Gord et Marlene Miller, ainsi que Bob et Kathy Schofield sont les principaux bénévoles du groupe.

Après nos présentations dans les églises, nous avons eu une première rencontre avec des familles dont certains membres avaient été victimes d'agressions sexuelles. Nous réfléchissons présentement à la meilleure façon de les accompagner dans ce qu'ils vivent. Il y a déjà un certain temps que nous rêvons d'offrir également aux victimes les services de notre aumônerie communautaire; ce rêve fait partie d'une vision holistique de la justice réparatrice.

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Aumônerie communautaire de Waterloo Wellington à l'intention des ex-détenus

Sharon Chapman

Environ 25 personnes ont pris contact avec nous en deux ans. Il est difficile d'évaluer le succès de nos interventions, mais la majorité de nos clients ont été capables de se stabiliser dans leur nouvelle vie. Seul un petit nombre d'ex-détenus ont éprouvé des difficultés, et même là, des progrès ont été constatés.

L'un de nos protégés portait un bracelet de surveillance électronique. Peter MacDougall était justement chez cet homme lors de la visite du surveillant de liberté conditionnelle, et il a eu l'honneur d'assister à l'enlèvement du bracelet. L'agent de probation lui a tendu une paire de ciseaux et lui a dit « C'est à toi de l'enlever », une phrase qui lui donnait beaucoup d'importance. Ce fut une cérémonie émouvante. « Plus jamais », a déclaré cet homme, et des larmes roulaient sur ses joues. Cela rappelait les chaînes dont Saint-Paul s'était libéré et il était difficile de ne pas penser à la liberté que nous ressentons tous lorsque nous parvenons à nous dégager des chaînes du péché et de la culpabilité.

Projet Espoir Allyson Lucas

En ce qui concerne le cheminement spirituel, je laisse l'initiative aux femmes avec lesquelles je travaille. J'ai rencontré R. alors qu'elle était encore incarcérée et je savais qu'elle souhaitait se joindre à un groupe confessionnel à sa sortie de prison. L'une des bénévoles du programme de traitement l'accompagne à une église locale où elle semble heureuse de se retrouver.

K. est encore en recherche sur le plan spirituel et n'est pas trop certaine en quoi consiste exactement une telle démarche. À l'issue de notre troisième rencontre, je lui ai demandé si je pouvais faire

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autre chose pour elle. Elle m'a répondu : « Prier avec moi ». J'ai prié et, à la fin, j'ai attendu. Elle m'a regardé et m'a demandé si je voulais qu'elle prie à son tour. Lorsque je lui ai dit qu'elle pouvait prier si elle le désirait, elle a décliné mon invitation. Je l'ai serrée dans mes bras et elle s'est mise à sangloter en disant : «Et merci mon Dieu pour Allyson ».

Une autre femme m'avait été recommandée par un aumônier d'établissement, mais n'a pas communiqué avec moi tant qu'elle n'a pas eu de problèmes. Elle disait ne pas être vraiment capable de parler au surveillant de liberté conditionnelle ou au personnel de la maison de transition. La première fois que nous nous sommes rencontrées, elle a parlé pendant environ 90 minutes. Depuis, nous avons rempli des demandes de logement ensemble et nous avons fait des démarches pour qu'elle obtienne de l'assistance sociale. Elle est déménagée dernièrement dans un studio et nous avons eu du plaisir à lui dénicher des articles de maison. Pendant son incarcération, elle a fait une fausse couche et le bébé a été incinéré. Elle a récupéré les cendres de son enfant il y a quelques jours; elles étaient dans un sac de plastique, lui-même placé dans une boîte. Elle m'a demandé de l'aider à trouver un contenant convenable pour y conserver ces cendres, et c'est ce que j'ai fait. Son trésor repose maintenant à l'intérieur d'un oiseau sculpté muni d'un couvercle.

Région des Prairies

Les services de pastorale de Bridge (Pastorale communautaire de la justice)

Ken From

Il est difficile d'évoquer la mort d'un ami comme un moment-phare, et peut-être faut-il la voir plutôt comme un défi. L'hiver dernier, les services de pastorale de Bridge ont vécu le décès d'un participant de longue date. Roy était bien connu des aumôniers et

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Vouveaux points de npère-

i lle le bénévoles des prisons de A l be rt a et de la Saskatchewan. Son ' • désir d'établir des liens de différents ordres avec les services d'aumônerie communautaire. à Calgary, découlait de sa

• participation aux activités de l'aumônerie pendant son séjour en • établissement. La mort de Roy a été un choc pour la plupart des • personnes qui le connaissaient bien. Elle a également suscité 1111 beaucoup de réflexions sur la place qu'occupent des services de

pastorale comme ceux de Bridge dans la vie d'un ex-détenu. • • La création de deux cercles de soutien pour des délinquants sexuels • • notoires, nouvellement libérés, a constitué le plus important défi à • relever depuis que le programme existe. Bill est sorti de prison • depuis le milieu de mars. Il a son propre appartement, travaille à

• temps plein et rencontre régulièrement les membres d'un cercle.

• Les difficultés ont été énormes pour Bill; mais il semble

• maintenant déterminé à prendre sa vie en main. Les membres du

• cercle ont dû travailler fort pour trouver des façons d'encourager

• Bill tout en sachant qu'ils devaient aussi être prêts à le confronter à

• ses comportements malsains. L'expérience a été extrêmement enrichissante pour toutes les personnes concernées. Dans ce cas et

•aussi dans un autre, l'aumônier a dû participer directement en mettant sur pied un réseau d'entraide pour les personnes qui devaient faire face à une divulgation de renseignements au public par la police.

• • La société de soutien communautaire de Gaining Ground

Louise Russell

O Cette année, Gaining Ground a accepté de relever un nouveau défi • en mettant sur pied un programme s'adressant aux jeunes à risque • de 17 à 26 ans. Ces jeunes risquent d'avoir des problèmes de • drogues et d'alcool, et d'opter pour la criminalité. Le programme a

commencé avec 17 participants. Plusieurs d'entre eux cachaient

• leur figure, et leurs émotions, derrière d'abondantes chevelures. et

• avaient une faible estime d'eux-mêmes. Plusieurs autres avaient

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beaucoup de difficulté à gérer leur colère et à s'accommoder du monde autour d'eux.

Le programme durait six mois et comprenait des séances sur la gestion du stress et de la colère, l'estime de soi, l'aptitude à communiquer, la sensibilisation aux drogues et à l'alcool, les rapports avec des personnes symboles d'autorité et le perfectionnement professionnel. Dans le cadre du programme, le groupe a remonté une fourgonnette Dodge. Cette activité a fourni aux participants l'occasion d'acquérir des compétences qui les rendaient plus aptes à occuper un emploi, de se familiariser avec l'éthique du travail et les règles de sécurité en atelier, et de découvrir l'importance du travail d'équipe. À la fin du projet, cette fourgonnette a été offerte au Centre d'accueil autochtone de Red Deer qui s'en servira pour transporter les jeunes.

Aumônerie communautaire de Saskatoon Glen Jones

Cette année, un moment-phare pour moi a été le jour où j'ai pu témoigner en faveur de Tom. J'ai rencontré Tom il y a trois ans. Il venait tout juste d'être transféré du pénitencier de la Saskatchewan à l'établissement Riverbend. Il purgeait une peine de longue durée et, dans les établissements où il avait été incarcéré, il s'était acquis une réputation de « mauvais garçon ». Je voyais qu'il était en train d'évoluer et de devenir plus mature, mais je n'étais pas très confiant qu'il puisse bénéficier un jour d'une forme ou l'autre de liberté conditionnelle.

Tom a continué de faire des efforts pour s'améliorer et a obtenu une semi-liberté à la fin de l'année dernière. Un peu plus tard, on lui a accordé une libération conditionnelle totale. Depuis, il travaille dans la collectivité, il a réussi à établir de nouvelles relations fort saines et, le printemps dernier, il a épousé une femme merveilleuse. J'ai conservé avec lui et son épouse une belle

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• - Nouveaux points de repère-

. relation d'amitié. Ce n'est là qu'un des nombreux cas où j'ai pu tissé des liens solides d'amitié dans le cadre de mon travail avec les délinquants et leurs familles. ai Un autre moment d'une importance capitale pour moi est celui où

• j'ai reçu, ce printemps, mon nom autochtone. L'événement a eu • lieu à l'aurore alors que l'Aîné Walter Linklater a présidé la 1111 cérémonie du calumet et m'a par la suite attribué, suivant de • vieilles traditions ojibway, le nom Ki Zhea Nec Gon. Ce nom • signifie chef sacré. Cette cérémonie a été pour moi une expérience • incroyable que je n'oublierai jamais.

•el • Région du Pacifique O • Aumônerie communautaire de Victoria

Marvin Goertr, pasteur, et soeur Judi Morin

Notre présence rappelle que nous sommes tous les enfants de Dieu. D'ailleurs, nous offrons des services de pastorale aux détenus en liberté conditionnelle, à leurs familles, aux employés des maisons

• de transition et aux surveillants de liberté conditionnelle, et aux victimes. Notre travail consiste entre autres à les écouter, à les observer et à les aider à être vrais dans leur recherche de

O réconciliation. Nous pouvons le faire parce que nous n'avons aucun contrôle hiérarchique sur les libérés conditionnels, sur les

• victimes ou sur les intervenants. Notre autorité nous vient du fait • que nous attestons de la puissance de l'Esprit de Dieu. O • O • Lorsque nous arrivons dans une nouvelle collectivité, dont nous • n'avons ni connaissance ni compréhension, nous avons surtout • besoin d'un réseau de personnes qui nous respectent, se

• préoccupent de notre bien-être et acceptent de passer du temps

• avec nous et de nous aider à nous adapter. Mais que se passe-t-il • lorsqu'une personne se présente dans cette « nouvelle collectivité » O • 141 O O

— Aperçus de Dieu au travail —

alors qu'elle vient tout juste de sortir de prison? A-t-elle des e besoins différents des nôtres ? Ou ses besoins sont-ils encore plus grands et plus urgents ? Bon nombre des détenus qui ont purgé une partie de leur peine à William Head m'ont avoué qu'ils étaient terrorisés à l'idée de • sortir de prison. Pour eux, l'expérience la plus effrayante est celle • de franchir la barrière et de se retrouver parmi le monde ordinaire. Après des années d'incarcération, ils ne connaissent plus personne, aucun foyer ne les attend et ils sont coupés du système de sécurité • et de soutien que leur offre la vie en prison. Un seul choix s'offre à • eux : commettre un autre crime afin d'être renvoyé en prison et retrouver la sécurité d'un milieu connu. •

Il semble difficile à croire qu'une personne veuille retourner en • prison, mais la réalité est qu'il est très difficile de franchir ces murs invisibles qui séparent ceux qui vivent « à l'intérieur » de ceux qui • vivent « à l'extérieur ». Certains ex-détenus sont tellement rejetés par les gens « de l'extérieur » qu'ils sont chassés d'un endroit à l'autre et littéralement traqués. Pour eux, la prison est préférable, mais pour pouvoir y retourner, ils doivent commettre un autre crime. Cette logique désespérante a des conséquences pour chacun 11) d'entre nous et nous semble un prix trop élevé à payer.

(Extrait de Inside-Out, le bulletin d'information de la Victoria Community Chaplaincy Services Society, Volume 5, Numéro 1, 1998)

Chapitre 3: Les cercles de soutien : des lieux d'entraide et de fraternisation •

Introduction • Hugh Kirkegaard

O C'est au pénitencier de Dorchester, où j'étais jeune étudiant béné- vole, que j'ai compris ce qu'était réellement l'Évangile. Dans la • salle (Upper Room) où nous nous réunissions, il y avait des

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1' - Nouveaux points de repère-

. bénévoles, des détenus et des aumôniers. Nous formions une belle • équipe, composée de gens de toutes origines (condamnés à perpé- 1• tuité et grands-mères, hommes d'affaires et voleurs, étudiants et 1I1) motards), tous réunis pour apprendre ensemble à être des enfants • de Dieu. La communauté que nous formions en était une d'accep-:• tation et d'amour, mais tous étaient suffisamment réalistes pour • savoir qu'il n'était pas toujours facile d'évoluer et de changer sa • vie.

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Comment faire pour revivre cette expérience, mais cette fois dans • la collectivité, lorsque des hommes et des femmes quittent la • prison pour revenir vers leurs familles et la collectivité en général;

• vers des gens qui ne sont pas toujours contents de les voir et ne

• savent pas toujours comment réagir vis-à-vis eux? Les cercles de

• soutien et d'imputabilité sont une tentative pour relever ce défi.

• L'aumônerie communautaire peut tenter de satisfaire les besoins

• spirituels du délinquant mis en liberté, mais le cercle invite ce

• dernier à se comporter autrement dans la collectivité et l'encourage

• à trouver sa place dans le monde et à vivre de manière saine et

•responsable, ce qui contribue à rendre nos collectivités plus sûres.

Depuis 20 ans, l'Aumônerie du SCC fait preuve de créativité dans les services communautaires qu'elle offre aux ex-détenus, à leurs a familles et à toutes les personnes qui ont affaire au système de

• justice pénale. L'apparition des cercles de soutien et d'imputabilité au cours des cinq dernières années a constitué un jalon important

• dans cette vision de plus en plus élargie de la pastorale • communautaire. • • Bulletin d'information M2W2 • Sheny Regier • • J'avais 12 ans lorsque ma famille a décidé de déménager dans une

• autre province, au beau milieu de l'année scolaire. Comme nous

• étions arrivés à destination pendant la fin de semaine, ce n'est que

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le lundi que nous avons pu explorer la ville et repérer nos nouvelles écoles. Nous avons pris la voiture pour nous rendre à la nouvelle école de mon frère. L'école devait prendre le temps de préparer l'horaire de mon frère; il ne commencerait ses cours que le mardi. Ensuite, nous sommes allés à mon école. Après avoir parlé au directeur, il a décidé que je pouvais rester et finir la journée en classe. Ma mère et mon frère sont rentrés à la maison et je suis restée à l'école.

Lorsque la dernière cloche a sonné, marquant la fin de la journée, tous les élèves se sont rués vers la porte afin de rentrer chez eux. Je me suis levée pour partir aussi et c'est alors que je me suis rendu compte que je ne savais pas comment retourner à la maison ni comment communiquer avec ma famille. J'étais seule. Je restais debout immobile, ne sachant plus très bien quoi faire. Je suis sortie de l'école. Je faisais quelques pas, puis je m'arrêtais, en me demandant comment j'allais rentrer chez moi. C'est alors que j'ai vu apparaître mon frère au coin de la rue où était située l'école. Il m'a souri et nous nous sommes mis en route vers la maison.

C'est le genre d'expérience que les hommes et les femmes qui ont été incarcérés pendant longtemps n'ont aucun mal à comprendre. Les détenus sont parfois transférés vers d'autres villes et séparés de leurs amis ou des membres de leur famille, qui s'occupent d'eux ou leur donnent un appui. Lorsqu'ils sont mis en liberté, ils aboutissent dans un endroit qu'ils ne connaissent pas et ils sont habituellement seuls. Personne ne leur sourit et ne vient leur indiquer le chemin pour rentrer « à la maison ».

Les cercles de soutien et d'imputablité sont un programme qui propose d'accompagner une personne sur la route qui va la conduire « chez elle ». Les personnes qui souhaitent faire partie d'un « cercle » affirment leur désir de modifier les comportements qui leur ont valu des démêlés avec le système de justice pénale. Le travail de ceux et celles qui s'efforcent d'empêcher les ex-détenus de retourner en prison ne va pas sans difficulté. Mais vous pouvez

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transformer la vie de quelqu'un en acceptant simplement de marcher à ses côtés, de lui montrer la route à suivre ou de l'aider à découvrir une nouvelle façon de vivre.

Note de la rédaction

Selon Robin J. Wilson, psychologue au SCC, les cercles de soutien et d'imputablité, un programme d'aide à la réinsertion sociale des délinquants qui mise sur la participation des groupes confessionnels, sont incontestablement l'une des nouveautés les plus excitantes du milieu correctionnel d'aujourd'hui. Enraciné dans la sagesse séculaire, le cercle offre compassion et accompagnement à une personne marginalisée par sa propre collectivité. Il s'appuie sur la prémisse voulant que tous les membres de cette collectivité partagent la responsabilité de trouver des façons d'amener tous et chacun à participer aussi pleinement que possible à la vie commune.

Le modèle a été mis au point par un groupe confessionnel qui réagissait alors aux vives inquiétudes que soulevait dans la collectivité la possibilité qu'un délinquant sexuel soit mis en liberté dans le voisinage à l'expiration de son mandat. C'est ainsi qu'a été mis sur pied le Projet de réinsertion sociale, une initiative conjointe du Comité central mennonite et de l'Aumônerie du SCC. Des collectivités de toutes les régions du pays ont décidé d'adapter ce projet à leurs propres besoins. Au fur et à mesure que les personnes impliquées dans les cercles de soutien échangent sur leurs expériences respectives, et des questions nouvelles sont soulevées, des possibilités de développement se font jour.

Au lieu de rappeler l'historique et le fonctionnement des cercles de soutien et d'imputablité, ce qui a déjà été fait ailleurs*, nous avons choisi de présenter des réflexions et des expériences de participants et participantes à la conférence nationale sur les cercles de soutien. qui a eu lieu à Paris, en Ontario, en octobre 1999. Nous avons

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également inclus des citations tirées des ouvrages de David Cayley intitulés Prison and its Alternatives et The Expanding Prison. Nous espérons que ces textes vous aideront à cerner les problèmes de vie et les questions nouvelles, concernant les victimes, les délinquants et les collectivités, qui continuent d'être soulevés au fur et à mesure que les cercles se forment autour de personnes ayant des besoins précis et complexes.

Plus loin dans le présent ouvrage, soit à la section IV.3, les lecteurs pourront lire sur ce sujet un article intitulé Le délinquant sexuel, un bouc émissaire que signe Hugh Kirkegaard

[*Manuel rédigé par le Comité central mennonite en vertu d'un contrat conclu avec le Service correctionnel du Canada au printemps de 1996.]

Conférence de Paris (Ontario) sur les cercles de soutien :

commentaires et réflexions

Un rappel de l'objectif réel Il me semble que la difficulté à laquelle nous sommes confrontés dans notre travail auprès des délinquants sexuels dont le mandat est expiré, concerne non seulement notre façon de voir ces délinquants, mais aussi notre façon de comprendre la collectivité. Nous devons trouver un juste équilibre entre nos différentes responsabilités sociales. Nous devons veiller à mettre en place des structures pour les accueillir et pour travailler avec eux dans la collectivité, de sorte qu'ils ne soient pas isolés ou obligés de recourir à de vieilles stratégies pour se tirer d'affaire. Ces personnes ont besoin d'être soutenues par la collectivité afin de trouver de nouvelles manières de faire face à la réalité. L'important, c'est de parvenir à établir un équilibre entre la responsabilité de défendre les droits du délinquant en cause tout en posant, au nom de la collectivité, des gestes qui assureront la sécurité de ses membres.

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Certains sont portés à essayer de « stabiliser ces personnes ». Tel n'est pas notre rôle. Les cercles ne sont pas des groupes de thérapie au sens classique du terme. Les membres du cercle tentent simplement d'accompagner une personne qui, autrement, ferait la route toute seule. Des spécialistes peuvent aider les bénévoles à trouver des moyens d'aider les délinquants concernés. Mais, à vrai dire, certaines des personnes sont les plus faibles ne s'amélioreront peut-être jamais.

Un cercle aux prises avec un conflit Un cercle a connu de graves tensions, ce qui a entraîné des frictions et des différends entre ses membres. Le délinquant en cause a appris que les gens pouvaient être en désaccord sans avoir recours à la violence. À la fin, les membres du cercle ont atteint un nouveau niveau de compréhension. Ils ont compris que les participants à un cercle de soutien peuvent vivre une expérience de grande chaleur humaine, mais qu'ils doivent aussi faire preuve de persévérance pour surmonter les difficultés. C'est une aventure qui exige du courage.

Un appel à l'engagement Dans l'un des cercles, le délinquant avait besoin d'être poussé dans le dos; au bout d'un certain temps, il a amélioré sa vision globale de la vie et, du même souffle, s'est transformé en tant que personne. Cela lui a pris un certain nombre d'années. Vous devez être prêt à une longue lutte, car il n'existe pas de solution miracle. Une fois que vous avez pris un engagement, vous le tenez; vous n'abandonnez pas même si vous vous interrogez parfois sur la raison pour laquelle vous vous entêtez à faire des efforts. Le délinquant est un peu comme une personne dans un fossé profond, qui tente de se hisser à la surface à l'aide d'un câble; nous, les bénévoles, sommes là pour l'encourager à ne pas lâcher et il nous arrive parfois de retenir le câble.

Un appel à la création de choix Les problèmes des femmes sont habituellement liés aux relations

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dysfonctionnelles, à l'absence d'un milieu sécurisant, à la toxicomanie ou à un logement inadéquat. Il est important que les femmes aient la possibilité de revenir dans la société afin d'apprendre des autres comment créer des choix dans leur vie, car c'est justement l'incapacité de faire des choix qui expliquent que certaines se soient retrouvées en prison.

La question de la réussite et de l'échec Dans notre domaine, il est difficile de décider qu'il y a eu réussite ou échec uniquement en fonction de la récidive; les graines que nous avons semées peuvent prendre un certain temps à germer. Si la personne en cause commet une nouvelle infraction, ce n'est pas notre réussite ou notre échec qui est en jeu.

Récit d'une difficulté rencontrée Dans un cercle de soutien, les membres ont éprouvé beaucoup de difficulté à travailler avec le délinquant concerné. Ce délinquant semblait avoir des motivations positives alors qu'il était en prison, mais il trouvait que les cinq membres du cercle lui accordaient une attention trop soutenue. Selon lui, ces cinq personnes devaient quitter le cercle pour leur propre bien. L'expérience a pris fin lorsque le délinquant a déclaré qu'il voulait quitter le cercle, trois mois après sa mise en liberté, parce qu'il avait l'impression que cela ne l'aidait pas. Il avait l'impression que les membres du cercle insistaient tous sur la responsabilité sans lui apporter de soutien; son surveillant de liberté conditionnelle et son psychologue semblaient d'accord avec sa perception des choses. Force fut de constater l'existence de problèmes de triangulation, de manipulation et de luttes de pouvoir. Ce cercle est aujourd'hui démantelé.

Faire face à l'hostilité Le défi auquel sont confrontés les groupes confessionnels est d'essayer de trouver la meilleure façon de satisfaire les besoins de délinquants avec lesquels personne d'autre ne veut avoir affaire. Ces gens, qui n'ont nulle part ailleurs où aller, viennent se joindre

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• à notre collectivité de toute façon. Le climat d'hostilité confère à notre travail un caractère impératif et même contraignant. Les cercles véritablement solidaires sont ceux situés dans les

• collectivités les plus hostiles. Les cercles continuent de nous • proposer un modèle de renforcement de notre capacité d'agir. Ils

nous évitent d'être paralysés par l'hostilité. a • Des expériences mitigées • Nous pensions que notre cercle idéal était prêt à accueillir une

première personne auprès de laquelle nous devions intervenir à son

11. retour dans la collectivité. Mais nous avons vite constaté que les ne résultats obtenus étaient variables. Ce premier délinquant a été

• réincarcéré. Un autre a tourné le dos à toutes les personnes

• impliquées dans son processus de réinsertion sociale, y compris les

• membres de son cercle de soutien. Mais l'un de nos bénévoles avait établi une bonne relation avec ce délinquant et communique

•encore avec lui.

Les membres d'un autre cercle se sont rencontrés fidèlement pendant 6 mois, mais le délinquant ne faisait pas vraiment confiance à d'autres personnes que moi-même. Il est retourné en prison, mais, encore là, l'un des membres du cercle a réussi à

• établir avec lui une relation durable. Une femme avec qui nous avons travaillé a appris à prendre soin d'elle-même. Elle avait

• demandé à être encadrée par un cercle de soutien, mais le jour • même où nous devions la recevoir, elle a été admise à l'hôpital • psychiatrique pour sa propre sécurité.

• Une conception de la réussite • Les véritables réussites sont celles qui ont permis de créer des liens • entre le délinquant et quelques-uns des bénévoles du cercle de

soutien, qui sont capables de se mettre à son écoute « là où il est • rendu ». L'échec est admissible, pourvu que le soutien fourni soit

• suffisant pour entretenir l'espoir.

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- Aperçus de Dieu au travail

jugementLe piège du "

Avant de juger les délinquants ou de trouver leurs comportements irritants, il est important de connaître leur histoire. Que savons-nous de leurs antécédents, de leur type de comportement, de leurs croyances religieuses ou de leur famille d'origine? Ce que nous proposons comme « changement » ou comme « comportement sain » ne leur convient peut-être pas du tout. Nous devons être plus conscients que ces personnes sont en voie de guérison et nous réjouir des modifications qu'elles ont déjà apportées dans leur vie, même lorsque celles-ci sont parfois difficiles à voir.

Des difficultés de tous ordres Les défis que nous avons à relever sont les suivants : ne pas nous laisser empêtrer dans la bureaucratie; trouver des solutions pour les femmes qui bénéficient d'une semi-liberté alors qu'il n'y a aucune maison de transition dans la région; nous efforcer d'améliorer nos processus d'accueil et de jumelage; maintenir un équilibre entre le recrutement des bénévoles et leur jumelage avec des délinquants.

Un appel au respect Il est très important de traiter chacun avec respect et dignité. La sympathie feinte ne donne jamais de bons résultats. Le respect est l'élément déterminant de la réussite, et il faut du temps pour établir des rapports constructifs basés sur la confiance. Paul Lobsinger, détective à l'escouade des agressions sexuelles au service de police de Toronto, y est allé du commentaire suivant : «Je vois la police tout simplement comme un prolongement de la collectivité. J'explique aux délinquants que ma priorité est d'éviter qu'il y ait des victimes, mais que je suis également prêt à les aider à atteindre leurs objectifs. »

L'importance du dialogue Les programmes de médiation entre la victime et le délinquant remettent en cause le système qui mise sur l'éloignement de ces deux personnes. Pas étonnant qu'il faille beaucoup de temps pour entrevoir la possibilité de communication entre elles. Même si le

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a • Nouveaux points de repère-

• délinquant désire assumer sa responsabilité, notre système, à fa commencer par l'avocat de la défense, n'encourage pas une telle • démarche. Comment une personne pourrait-elle envisager de dire se « qu'elle regrette ce qu'elle a fait » avant que n'ait lieu le procès?

a Des cercles pour qui? Se pourrait-il que les cercles de soutien ne conviennent pas à

• certaines personnes? Voici la réponse de Robin J. Wilson à cette

• question : « J'aimerais penser que les cercles sont pour tout le

• monde. L'important, c'est que les bénévoles aient accès à des ressources et à des renseignements sur les traits de personnalité des délinquants sexuels. Procéder à des exclusions, ce serait revenir au

• modèle de l'isolement, celui-là même que l'on cherchait à éviter en créant les cercles de soutien. Nous devons poursuivre nos efforts

• en ce sens. »

• Points saillants de l'ouvrage de David Cayley

Voici quelques réflexions que nous avons pu entendre à l'émission 111 Idées à la radio de la SRC, animé par David Cayley; cette émission

portait sur les solutions de rechange à l'incarcération et M. Cayley en a repris les principales idées dans son livre intitulé The

• Expanding Prison.

• Pierre Allard • Le christianisme est la religion la plus réaliste parce qu'elle ne nie • pas l'existence du mal. Le christianisme reconnaît la réalité du • mal; il reconnaît les conséquences désastreuses du mal. Mais, • parallèlement, il n'a pas peur d'affronter le monde du mal et • d'affirmer qu'avec l'aide de Dieu et en Jésus, nous pouvons • triompher du mal. C'est la force et la présence du Christ qui nous • permettent d'affronter le mal sans crainte.

• Je ne veux pas simplifier les choses à outrance, mais je me suis rendu compte que ce ne sont pas nos efforts individuels qui vont

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faire une grosse différence; c'est l'influence que peut avoir une collectivité croyante sur un groupe de criminels, parce que ces derniers sont à la recherche d'une nouvelle collectivité.

Hu 1g_g(irke aard La vaste majorité des délinquants sexuels sont des gens que leurs victimes connaissent assez bien. Ce ne sont pas des étrangers, et ce ne sont pas non plus des membres de la collectivité qui circulent et s'attaquent continuellement aux autres. Il faut trouver ici un juste équilibre; si nous travaillons avec ces personnes dans la collectivité, si nous les tenons responsables de leurs actes et si nous mettons en place des structures pour les accueillir et collaborer avec elles dans la collectivité, elles ne seront pas isolées ou obligées de se rabattre sur d'anciennes stratégies d'adaptation, parce qu'elles bénéficieront, dans la collectivité elle-même, du soutien dont elles ont besoin pour trouver de nouvelles façons de s'en sortir. Chaque fois que nous intervenons auprès d'un délinquant, tous ces aspects entrent enjeu. C'est vraiment une question d'équilibre car nous devons défendre les droits du délinquant en cause tout en posant, au nom de la collectivité, des gestes qui assureront la sécurité de ses membres.

Sally Boyles La panique que provoque la présence d'un pédophile dans une collectivité s'explique par l'absence de rapports avec cette personne, rapports qui permettraient sans doute de calmer les peurs. Il faut que des gens du voisinage apprennent à connaître cette personne et posent les questions qui les inquiètent le plus tant et aussi longtemps qu'ils n'obtiennent pas une réponse satisfaisante. Je pense que la peur disparaît en grande partie lorsque vous comprenez mieux une personne et apprenez à connaître ses habitudes. Je crois qu'il n'y a rien de mal à poser ces questions, même si cela est difficile. Je ne suis pas du tout favorable à une réinsertion sociale sans mesures de précaution; je crois plutôt qu'il faut demander à certaines personnes de s'occuper du délinquant et d'aider la collectivité à définir les mesures qu'elle

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- Nouveaux points de repère-

1111 peut mettre en place pour que le délinquant puisse y vivre de • manière sécuritaire.

• Lorsque j'étais petite fille, je vivais dans une minuscule O collectivité, et tout le monde savait qu'il y avait au village une O personne qui aimait « écornifler » aux fenêtres. Je savais que je

I 1111 devais garder le store de ma chambre fermé et je ne me souviens pas que cela m'ait dérangée. Autant que je sache, cette personne

• n'a jamais été incarcérée, mais tout le monde était au courant de ses tendances. Nous pourrions affirmer que l'objectif est de nous sentir suffisamment en sécurité pour ne plus avoir à y penser; ce qui me frappe cependant, c'est que cet objectif me défend d'établir

• une relation avec cette personne; et, bien sûr, cette personne avait

• des problèmes de santé mentale. Pour nous, qui disposons de

• ressources beaucoup plus importantes, la prudence consisterait

• sans doute à nous préoccuper du sort de cette personne malade.

a •

Hugh Kirkegaard Comment pouvons-nous créer ou recréer ce genre de collectivité dans laquelle ces gens peuvent vivre parmi nous selon des

al modalités qui tiennent compte du danger potentiel qu'ils représentent, tout en reconnaissant qu'ils ont eux-mêmes été

• victimes de mauvais traitements? Comment pouvons-nous créer ce a genre de collectivité qui assume ses responsabilités tout en se • rappelant que ces gens sont le fils, la fille ou le frère de quelqu'un, • qu'ils ne sont pas des étrangers venus d'ailleurs, mais qu'ils sont S des nôtres? Telle est selon moi la difficulté à laquelle nous sommes • confrontés lorsque nous intervenons auprès de délinquants sexuels • dont le mandat est expiré; et cette difficulté tient non seulement à • notre façon de voir les délinquants, mais aussi à la compréhension • que nous avons de notre propre collectivité. • • Harry Nie • L'agression d'enfants suscite une « sainte colère » au sein de la

• collectivité. Compte tenu du respect que doivent nous inspirer les

• enfants, cette colère est justifiée. C'est pourquoi, à titre de parent et

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Aperçus de Dieu au travail —

de pasteur, je devais m'assurer qu'Eddie ne soit jamais seul avec les enfants lors de ses visites à l'église et que ses services ne soient pas retenus comme gardien d'enfants — des précautions élémentaires — afin de respecter les craintes de la population. Mais je suis convaincu que, confrontée à une situation de ce genre, la collectivité est plus tolérante et créatrice, et dispose de plus de ressources qu'on ne le croit généralement. Alors, pourquoi ne faisons-nous pas preuve de plus d'imagination lorsqu'il s'agit de mobiliser la population?

Premièrement, la collectivité est paralysée par la peur. Les enfants n'étaient pas autorisés à jouer dans la rue et la police recevait de tous les quartiers de Toronto des appels de personnes qui affirmaient avoir vu Eddie alors qu'il se trouvait à Hamilton. Un sergent détective m'a confié que, cette année-là, il avait dû consacrer 10 % de son temps à ce seul cas. Une peur énorme s'empare donc des gens. Mais si la collectivité peut se mobiliser pour former une sorte de cocon autour de cette personne, un cocon de compassion, nous assurons la sécurité des enfants tout en comprenant mieux ce qui se passe. C'est une démarche possible.

L'arrivée d'Eddie à Hamilton a provoqué une telle tempête que je n'aurais probablement jamais accepté de participer au cercle de soutien, si j'avais su ce qui m'attendait. Mais j'avais dit « oui » et je me devais de résister aux grands vents; aujourd'hui, je suis en mesure d'affirmer que les cercles de soutien sont la voie à suivre, non pas seulement parce qu'ils constituent une façon prudente d'aborder une personne que l'on craint, mais aussi parce que la collectivité qui accepte cette personne dans ses rangs s'enrichit et se renforce elle-même.

Il me semble que, dans un microcosme, si les gens réussissent à combler les fossés qui les séparent et à se parler, ils peuvent réduire la peur qui les habite et se rappeler qu'ils sont tous des êtres humains.

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• 1 - Nouveaux points de repère-

• David Cayley • Voir l'être humain qui existe en chacun de nous, telle est l'idée O principale des cercles de soutien. Eddie a été secouru de ce qui ;a pouvait être un isolement total et terrifiant — de la prison de haine

dans laquelle sont enfermés les agresseurs d'enfants — et il a trouvé sa place dans une nouvelle collectivité. Grâce à cette

• collectivité, il est redevenu une personne aux yeux des autres. • ! ra (extrait de Ideas-Prison and Its Alternatives, 01996 Société Radio-Canada et

, The Expanding Prison, David Cayley, House of Anansi Press, Toronto, 1998. Reproduction autorisée) •

• Chapitre 4 Un moyen de s'exprimer : le processus de • réconciliation entre la victime et le délinquant

•• David Cayley s'entretient avec Dave Gustafson

a • Depuis 1974, des programmes de médiation entre victime et

• délinquant ont été adoptés par de nombreuses organisations de in justice pénale, partout en Amérique du Nord. [Dave Gustafson,

a l'un des pionniers canadiens en ce domaine, nous raconte ce qui

a suit pour montrer ce qu'il est possible de faire lorsque ce genre de

•programme est mis en place.]

J'avais reçu une invitation de la part par d'un groupe de femmes • d'une autre ville, qui avaient été victimes d'un violeur masqué, • maintenant en prison. Je me suis rendu dans cette ville pour les • rencontrer. Quatre d'entre elles voulaient s'entretenir avec moi du a programme de médiation entre victime et délinquant. Elles • savaient que ce programme leur permettrait peut-être d'obtenir des • renseignements sur le délinquant concerné et peut-être même de le 111 rencontrer. Elles voulaient qu'il retire son masque. Elles sentaient • le besoin de le voir, de découvrir l'être humain qui se cachait • denière le masque, car cet homme engendrait chez elles une peur • démesurée. Il hantait leurs cauchemars, occupait toutes leurs O

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pensées, jour après jour. Ces femmes ressentaient encore les séquelles d'un stress consécutif à un traumatisme, et ces séquelles se manifestaient de façon quotidienne.

L'une d'elles était incapable de dormir entre 3 heures et 5 heures de la nuit, et ce depuis neuf ans. Elle avait été agressée dans sa propre chambre à quatre heures du matin. Elle savait que l'agression avait commencé exactement à 4 h 11 parce qu'il s'était jeté sur elle devant un meuble-lavabo et heurté un radio-réveil à affichage numérique. Elle avait déjà été une mélomane, mais n'était plus capable d'écouter de la musique. Même la musique diffusée dans un supermarché, ou tout autre endroit, déclenchait une réaction chez elle. Depuis neuf ans, elle ne se servait plus de miroir, à cause du miroir du meuble-lavabo. Elle se coiffait et se maquillait sans jamais utiliser de miroir. Ces séquelles, toutes attribuables à une névrose post-traumatique, duraient depuis neuf ans. Elles ne lui laissaient aucun répit.

Une autre des femmes se dirigeait vers son propre appartement lorsque l'agresseur l'avait forcée à entrer dans la salle du courrier de l'immeuble et l'avait agressée. (Je tiens à rappeler, David, que tous ces faits sont du domaine public et que les histoires que je raconte n'ont aucun caractère confidentiel.)

Quoi qu'il en soit, ces deux femmes avaient décidé, très courageusement, de venir ici et de rencontrer cet homme à l'établissement. Il avait suivi un traitement sérieux, pendant deux ans, et nous lui avions fait subir tous les examens possibles pour nous assurer que ses motifs étaient sincères et qu'il acceptait l'entière responsabilité de ses actes. Le seul fait qu'un agresseur reconnaisse sa responsabilité marque un moment décisif de la thérapie; c'est du moins ce que nous avons pu observer dans tous les cas qui nous ont été soumis.

J'ai su que la nuit suivant la rencontre avec son agresseur en établissement la femme qui n'avait pas dormi depuis neuf ans a

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dormi comme un bébé. L'homme-démon avait été ramené à des proportions moins effrayantes. Il n'était plus ce géant absolu de tous ses cauchemars. Il était redevenu un être humain, assis devant elle, sans masque, rempli de remords; il l'avait écouté, respectueusement, et avait été manifestement très bouleversé d'entendre, pour la première fois, l'une de ses victimes parler de tout ce qu'elle avait vécu, des conséquences de son acte criminel dans l'existence de cette femme, et des ravages qu'il avait causés. Parce que son agresseur a été capable de l'écouter et parce que cette femme a pu exprimer sa colère et sa rage, et, vers la fin de la rencontre, se montrer ouverte à la possibilité d'admettre qu'il était sincère et en train de changer, peut-être a-t-elle pu l'aider dans son cheminement. Ce qui s'est passé devant nous était assez remarquable. En fait, à la fin de cette rencontre, les personnes présentes dans la pièce — et cela peut sembler un peu étrange — avaient l'impression de fouler un sol sacré sans avoir pris la peine de retirer leurs chaussures.

(Extrait de Ideas-Prison and Its Alternatives, du 17 au 28 juin 1996,01996 La Société Radio-Canada. Reproduction autorisée.)

Une réconciliation qui a tardé Lorne K. Freake

C'est par un bel après-midi ensoleillé que j'ai rencontré dans une salle d'hôpital M me A.V., que nous appellerons Aline. Elle était traitée pour des ulcères saignants, de l'anxiété et une dépression, même si quelque chose de plus grave était en jeu. Elle et son mari souffraient tous les deux d'une névrose post-traumatique.

Les maladies liées au stress dont souffrait Aline étaient dues aux abus sexuels qu'elle avait subis pendant de nombreuses années alors qu'elle était enfant. Elle avait traîné des bagages de mauvais souvenirs pendant nombre d'années et n'avait tout simplement pas pu s'en débarrasser. Aline avait récemment déposé une accusation contre l'auteur des crimes qu'elle avait subis. Ce n'était pas un

157

_ Aper çus de Dieu au travail - ab étranger pour elle: elle le connaissait depuis toujours. C'était son père, que nous appellerons Alain. a

a Alain a plaidé non coupable aux accusations, mais le juge et le jury • avaient conclu autrement. La famille était maintenant divisée et la grande majorité appuyait Alain. Des membres de la famille menaçaient, tourmentaient et harcelaient Aline. Elle était • victimisée encore une fois. Comble de malheur, une pétition a circulait dans la collectivité pour que le délinquant condamné injustement soit libéré. a

C Aline a manifesté le désir de venir à l'église pour que l'on prie pour a elle et pour que la situation se règle. Elle a prié et a accepté le • Christ comme son sauveur, et à partir de ce jour-là, les choses ont commencé à changer. Elle a fait l'expérience du pardon et a été 111 libérée de nombreux fardeaux qu'elle portait. Au cours des jours qui ont suivi, Aline a compris davantage ce qu'était la grâce de Dieu, le pardon et la réconciliation; elle a senti qu'elle voulait se 111 réconcilier avec son père. En fait, elle voulait que son père bénéficie de la même grâce et du même pardon ainsi que du nouveau départ dont elle venait de faire l'expérience. a

a Elle devait cependant faire face à une autre difficulté : son père était en prison et affirmait encore qu'il était innocent et qu'il avait a été condamné injustement. Si Dieu devait faire quelque chose, il faudrait probablement beaucoup de prière. a

a

Nous avons prié pour que la situation se règle, et trois semaines plus tard, j'accompagnais Aline, son époux et sa mère à la prison pour une rencontre avec Alain qui avait déjà été approuvée. La 11. rencontre était présidée par l'agent de gestion du cas d'Alain qui nous a permis de nous présenter et nous a dit de ne pas nous gêner pour poser des questions ou faire des commentaires.

La rencontre a d'abord été difficile. Il y a eu toutes sortes d'émotions et de commentaires, depuis la colère, la frustration et a 158

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a , - Nouveaux points de repère-

, l'amertume, en passant par le blâme et la déception. Comme mes • interventions étaient peu nombreuses et distancées, j'avais le temps • de prier intérieurement.., et j'ai prié! J'ai dit : Mon Dieu, je t'en !• prie, manifeste ta présence ici aujourd'hui; je t'en prie, fais ressortir a la vérité dans cette rencontre... et fi l'a fait. Tout à coup, des !• larmes ont commencé à couler sur les joues d'Alain et il a admis sa ele culpabilité à sa façon. Des larmes ont aussi commencé à couler des • yeux d'Aline; sa mère et elle ont exprimé une foule d'émotions. el

La peine d'emprisonnement d'Alain n'était plus un temps de

• punition, mais un temps de réadaptation et de réconciliation.

Ô • Avant de partir de la prison ce jour-là, j'ai demandé la permission • de lire un court passage de l'Écriture. Il m'a semblé que le prophète ne avait écrit exactement ce dont j'avais besoin : que le Seigneur « ne

a brisera pas le roseau ployé, il n'éteindra pas la mèche qui s'étiole. Il encouragera ceux dont le cœur vacille et qui sont tentés de

.ale désespérer. » (Is 42, 3) Je rendais grâce à Dieu parce que je me 1-wie souvenais de la référence biblique. J'ai expliqué à Alain que Dieu

travaille dans nos faiblesses et dans nos brisures, et qu'en dépit de ce qui s'était passé, Dieu avait pour lui un rôle à jouer dans son

• Quelques mois après, Alain a eu sa libération conditionnelle totale el■ et il y a eu des efforts considérables de part et d'autre dans la • famille en vue d'une réconciliation. Aline est maintenant presque • complètement guérie, délivrée du passé. Son mari et elle tiennent • actuellement un foyer d'accueil et de traitement, et leur expérience Ob leur permet d'aider d'autres personnes qui passent au travers des • mêmes difficultés. ae • Sans que personne ne s'en doute, cette situation est devenue la

• pierre angulaire de ce qui est maintenant connue sous le nom

• d'Aumônerie communautaire du Nord-Ouest du Nouveau-

• Brunswick.

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- Aperçus de Dieu au travail -

Chapitre 5 La justice réparatrice au programme des universités

Des collèges et des universités du Canada ont mis sur pied des programmes officiels d'étude des principes de la justice réparatrice. Voici une brève description des programmes existants.

• Le centre de la justice réparatrice à l'Université Simon Fraser, à Burnaby, en Colombie-Britannique. En partenariat avec des organismes communautaires et gouvernementaux, ce centre offrira des services comprenant des recherches sur les programmes et pratiques de justice réparatrice, l'élaboration de programmes, des services éducatifs (cours, séminaires, ateliers sur des thèmes touchant la justice réparatrice), l'organisation de conférences, l'élaboration de programmes à l'intention des Autochtones, l'exploration et la mise sur pied d'initiatives féministes ayant trait à la justice réparatrice et à la violence faite aux femmes et aux enfants.

Personnes-ressources :

Janis Home, University Advancement (604) 268-6607 [email protected] www.sfu.ca/advancment/ Liz Elliott, coordonnatrice, Centre for Restorative Justice (604) 291-4730 el izabeth el I iott aestit.ca www.sfu.ca/criminology/cfrj/

• Cours de premier cycle au William and Catherine Booth College, et cours de deuxième et troisième cycle à la faculté de théologie de l'Université de Winnipeg, intitulé Justice réparatrice; ces cours ont été donnés au printemps de 1999 et sont de nouveau offerts en l'an. Ces cours ont été donnés à Abbotsford, en Colombie Britannique, par Dwight Cuff, co-aumônier régional du Pacifique.

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• Université Queen, à Kingston, en Ontario Deux options s'offrent maintenant aux étudiants :

1. Un programme de trois semaines menant à un diplôme en justice réparatrice et services correctionnels, offert en mai. Ce cours intensif peut être suivi pendant trois semaines consécutives ou échelonné sur une certaine période; il est suivi d'un stage pratique de 200 heures sous supervision dans un contexte de justice réparatrice.

2. Un volet Justice réparatrice et pastorale en milieu correctionnel, qui fait partie du programme ordinaire de maîtrise en théologie, comprenant le cours Ministry in the Context of Violence. (Pour plus de détails, voir l'article ci-dessous)

Personne-ressource: Lynda Price, coordonnatrice École de théologie de l'Université Queen, Kingston ON K7L 3N6 (613) 533-6000 poste 75888 [email protected]

• Acadia Divinity College, Wolfville, Nouvelle-Écosse Un programme menant à un diplôme en aumônerie des pénitenciers et des cours de formation à distance, du niveau de la Maîtrise, à l'intention des aumôniers des pénitenciers (pour de plus amples renseignements à ce sujet, voir plus loin).

Écrire à l'adresse suivante : Doyen des étudiants, Acadia Divinity College, Wolfville, Nouvelle-Écosse BOP 1X0 ou mashleye,acadi mica

• St. Stephen's University, St. Stephen, Nouveau-Brunswick Le programme de formation en services correctionnels communautaires conduit à un diplôme d'aumônier des services

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- Aperçus de Dieu au travail -

correctionnels communautaires; pour obtenir ce diplôme. les étudiants doivent suivre des séminaires, faire des travaux, réaliser des activités de bénévolat sous supervision, et rédiger un mémoire de recherche. Ce programme, qui s'adresse aux bénévoles et aux aumôniers communautaires, vise à préparer les participants à intervenir plus efficacement auprès des ex-détenus en leur donnant une meilleure connaissance du système de justice pénale et du travail actuel d'aumônerie.

Diplôme en justice réparatrice : Rétablir des vies Rod Carter

Au printemps 1997, l'école de théologie de l'Université Queen (Kingston, Ontario) a offert un cours sur la pastorale en contexte de violence. Les inscriptions ont dépassé les attentes et un programme de justice réparatrice a ainsi vu le jour.

Le programme peut être suivi sous la forme d'une concentration, dans le cadre du programme de maîtrise ou de baccalauréat en théologie menant à un diplôme; les cours peuvent également être pris séparément. Les étudiants peuvent aussi obtenir un diplôme en suivant trois semaines de cours intensifs, à raison d'un cours par semaine (d'environ 30 heures chacun), pendant le semestre d'été.

Première semaine — La vision de la justice réparatrice. Ce cours permet à l'étudiant de se familiariser avec le système de justice pénale ainsi qu'avec certaines notions de criminologie et de victimologie, ce qui comprend les rapports hommes-femmes, les questions raciales et les problèmes liés aux classes sociales. La justice rétributive ainsi que les fondements théologiques et bibliques de la justice réparatrice sont également examinés. Une attention particulière est portée à la spiritualité et à l'éthique dans une société où règne la violence.

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- Nouveaux points de repère- *

Deuxième semaine — La justice réparatrice et le rétablissement des • relations. Ce cours étudie la justice réparatrice du point de vue des 111 principaux intéressés, c'est-à-dire les délinquants, les victimes, les 1'• familles et les collectivités. Il comporte également des réflexions à

• caractère biblique et théologique sur les conséquences d'un

• passage de la justice rétributive à la justice réparatrice, ce qui

• comprend un dialogue avec les délinquants et les victimes, ainsi qu'avec les intervenants.

a Troisième semaine — L'action de la justice réparatrice. Ce cours

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s'intéresse aux aspects bibliques et théologiques de la collectivité et de la justice, et examine les répercussions plus générales de la justice réparatrice dans la vie communautaire. Plusieurs des modèles existants sont étudiés : les cercles de conciliation, la • concertation des familles, la médiation entre la victime et le délinquant, les cercles de soutien pour les délinquants mis en 113 liberté. Une approche expérimentale permet aux étudiants de participer à des exercices d'acquisition de compétences et de se familiariser avec des applications pratiques des principes de justice

• réparatrice.

• Les trois semaines de cours sont suivies d'un stage pratique de 200 • heures sous supervision dans un contexte de justice réparatrice. Les • cours en classe, les vidéos, les discussions en groupe, les projets, • les présentations de conférenciers invités et l'expérience sur le • terrain sont autant de moyens utilisés pour aider les participants à • se familiariser avec les initiatives actuelles de justice réparatrice.

•11.

Le programme d'études menant à un diplôme s'adresse aux

• aumôniers communautaires et des établissements, aux travailleurs

• sociaux, aux avocats, aux policiers et au personnel correctionnel,

• aux pasteurs, aux délinquants, aux victimes d'actes criminels et

• aux employés d'organismes qui oeuvrent auprès des ex-détenus et des libérés conditionnels.

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-- Aperçus de Dieu au travail —

Le programme complet d'études en justice réparatrice (menant à un diplôme) a été offert pour la deuxième fois en mai 1999 et a permis d'apporter des modifications au programme qui ont eu pour effet de l'améliorer. Environ 60 étudiants se sont inscrits aux trois semaines de cours, prouvant de nouveau que la diversité de nos participants demeure l'une de nos principales forces: il y avait un bon équilibre des sexes parmi ces participants qui comprenaient des étudiants en théologie, des aumôniers communautaires et d'établissement, des aumôniers bénévoles, des délinquants, des pasteurs laïcs, un avocat, un étudiant d'un collège communautaire et un agent de police sociopréventive. Huit confessions religieuses chrétiennes étaient représentées. Notre étudiante étrangère, sœur Roseanne Ihenacho, du Nigeria, a fait une importante contribution au programme. Nous admettons qu'il nous faut maintenant faire des efforts pour recruter des participants appartenant à d'autres groupes confessionnels.

Les élèves ont fourni une évaluation du cours extrêmement positive et formulé également des suggestions d'améliorations que pourraient apporter les différents enseignants. Nous continuerons d'ajuster le programme en tenant compte de leurs observations.

Les mots « services correctionnels » n'apparaissent plus dans le titre du programme d'études en justice réparatrice. C'est une façon de reconnaître que le matériel de cours embrasse des réalités autres que celles des services correctionnels, et aussi le fait que les participants proviennent du secteur du maintien de l'ordre et d'autres secteurs, qui sont extérieurs aux services correctionnels.

Une initiative particulière mérite une mention spéciale : les étudiants inscrits cette année au programme de justice réparatrice organisent une campagne de souscription afin d'amasser des fonds pour payer les frais de scolarité d'une personne qui, autrement, ne pourrait peut-être pas s'inscrire au programme. Autant que possible, ils aimeraient que cette personne soit un Autochtone, une

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- th2 l'Cpèl"C -

le personne handicapée ou quelqu'un qui n'a pas les moyens • d'acquitter les droits exigés. • Ô L'Ontario College of Certified Social Workers a décidé d'accorder

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• des crédits d'éducation permanente aux membres de l'organisation • qui ont achevé avec succès l'une ou l'autre des semaines de cours ;• faisant partie du programme d'études en justice réparatrice. ; • Un cours d'enseignement à distance

•Charles Taylor

le comprendre l'effet de la culpabilité, de la peine et de la honte dans "IF la vie d'un prisonnier; la détenue; la liturgie; les méthodes de a counseling pastoral utilisées en prison; l'amélioration des • programmes d'aumônerie; et la justice réparatrice.

• Voici deux témoignages significatives sur ce cours:

• «Je travaille pour le Service correctionnel du Canada depuis plus • de 8 ans et c'est le cours le plus pertinent que j'aie suivi sur le sujet 113 de l'aumônerie dans les pénitenciers. Ce cours m'a donné de lie l'assurance dans mon travail de ministère pastoral auprès des

• détenus et du personnel carcéral, des victimes et des personnes-

• ressources dans la collectivité. J'ai une vie très remplie et j'ai

• beaucoup apprécié pouvoir suivre ce cours sur Internet, en restant

• chez moi, et aussi recevoir des réponses rapides à mes questions. » • Joan Palardy, aumônière, établissement de Bowden, Innisfail, a, Alberta.

• « Le cours An Introduction to Prison Ministiy a été pour moi

•beaucoup plus qu'une activité de formation. Pour trouver des

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L'Acadia Divinity College offre un cours intitulé An Introduction to Prison Ministry. Le cours comprend douze exposés magistraux couvrant différents domaines de l'aumônerie dans les pénitenciers,

• dont les suivants : une perspective historique de la punition;

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- Aperçus de Dieu au travail -

solutions aux problèmes exposés, j'ai dû regarder ce qui se passait à l'intérieur de moi-même. Ce faisant, j'étais mieux préparé à faire face aux difficultés que je rencontre dans le système carcéral et aussi dans ma propre vie. » Gordon Green, bénévole à la chapelle de l'établissement de l'Atlantique, Renous, Nouveau-Brunswick.

(Extrait du bulletin d'information de novembre 1999 sur le programme d'études à l'intention des aumôniers des pénitenciers offert à l'Acadia Divinity College, Wolfville, N.-É.)

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- Réflexions, visions et rêves -

SECTION IV: RÉFLEXIONS, VISIONS ET RÊVES - APERÇUS DE LA TERRE PROMISE

Introduction : Regarder au-delà de l'horizon Christina Girest

La traduction du verset 18 (Proverbes 29) que propose la version de la Bible du roi James semble plutôt erronée. Mais c'est l'un des premiers versets de la Bible que j'ai appris et je l'ai appris selon cette version: « Quand il n'y a pas de vision, le peuple périt.» [TRAD] (Il faudrait plutôt lire : Quand il n'y a pas de révélation, le peuple est sans frein.). Un dicton plus moderne dit à peu près la même chose : « Si vous ne savez pas où vous allez, vous n'y arriverai probablement jamais. »

Que les traductions soient exactes ou non, le verset que j'ai appris véhicule une vérité profonde, toujours d'actualité. Les personnes qui acceptent de marquer un temps d'arrêt dans une vie de plus en plus trépidante, et de faire le point, se mettent en état d'accueillir des pensées inspirées et avant-gardistes; elles sont alors capables d'avoir des visions et des rêves comme l'ont fait les disciples de la première Pentecôte, tel qu'annoncé dans la prophétie de Michée.

Voici maintenant les réflexions, les visions et les rêves de personnes qui ont pris le temps de s'arrêter pour trouver l'inspiration. Ces témoignages célèbrent la vie — la vie nouvelle et meilleure où il y a guérison et réconciliation — rendue possible grâce à la force de la spiritualité humaine.

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Aperçus de Dieu au travail —

I. La criminalité, la peur et la foi Pierre Allard

L'hiver dernier, une communauté chrétienne de Montréal m'a invité à parler de la criminalité et de la justice réparatrice. Par la suite, j'ai reçu un mot de remerciement de la personne qui m'avait invité. Le signataire de cette lettre affirmait que mes propos avaient été bien reçus. Il ajoutait cependant que, depuis lors, un crime spectaculaire avait été commis dans la région. Un membre du clergé, à la retraite, et sa femme, qui étaient tellement estimés dans leur collectivité qu'une rue de la municipalité portait leur nom, avaient été brutalement assassinés dans leur résidence; des accusations avaient été portées contre plusieurs adolescents du milieu. Mon correspondant avait écrit : «Je me demande si votre discours aurait provoqué la même réaction si vous étiez venu après le meurtre. »

Pourquoi la collectivité chrétienne aurait-elle changé d'idée au sujet de la façon d'aborder la criminalité parce qu'elle était confrontée à une réalité très difficile? Il va de soi qu'une telle réalité nous bouleverse et nous fait peur, mais devons-nous pour autant modifier notre approche? Notre réaction est-elle fondée sur le fait que les choses vont bien ou prend-elle appui sur des assises plus solides?

C'est pourquoi le crime est si troublant — il ne nous laisse pas en paix. Il nous oblige à plonger au plus profond de notre être. Mais j'espère, et je prie pour qu'il en soit ainsi, que la réaction réfléchie d'un chrétien devant un acte criminel ne se fonde pas sur la conviction qu'aucun autre couple ne sera assassiné, mais plutôt sur la question suivante : si nous n'optons pas pour une conception biblique de la justice, celle de la justice réparatrice, quelle voie emprunterons-nous?

La criminalité nous force à nous poser des questions que nous ne nous sommes jamais posées auparavant. Lorsque mon frère a été

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• - Réflexions, visions et rèves

• assassiné, cela a remué tant de choses chez nous. Ce n'était plus un il étranger qui était en cause; c'était quelqu'un de ma propre famille • et la réalité du meurtre était soudainement très proche de nous. Cet • événement a réellement chambardé ma vie. L'existence du mal est

I • parfois tellement difficile à comprendre, surtout lorsque nous fle sommes confrontés à ses manifestations les plus pénibles, qu'elle • nous bouleverse profondément.

F • Le problème, c'est que je suis coincé entre ma foi et la réalité du

• crime. D'une part, je crois fermement que chaque être humain a été

• créé à l'image de Dieu et que en quelque part, pour une raison ou

• pour une autre, une étincelle divine peut, si elle est ravivée, op changer les choses. D'autre part, il m'est donné de voir le mal dans • toute son horreur; et il m'arrive parfois de ne pas savoir comment

concilier ces deux réalités. Certains jours, je me rends compte,

• qu'en présence du mal, surtout lorsque le crime commis est il particulièrement odieux, j'ai tendance à réagir de manière a instinctive, c'est-à-dire avec violence, afin de résoudre le problème le rapidement.

112 Selon la bible, Dieu lui-même a dû lutter pour éviter de réagir ainsi. Dans Osée 11, un chapitre incroyable pour les personnes qui

• s'intéressent à toute la question de la criminalité, Dieu est excédé • devant le mal et dit :

Ceux qui les appelaient, ils s'en sont écartés : c'est aux • Baals qu'ils ont sacrifié et c'est à des idoles taillées qu'ils • ont bridé des offrandes. C'est pourtant moi qui avais appris • à marcher à Ephraïm, les prenant par les bras, mais ils • n'ont pas reconnu que je prenais soin d'eux. • • Il affirme qu'il va tous les détruire, mais il est touché et dit :

Mon coeur est bouleversé en moi, en même temps ma pitié • s'est émue. Je ne donnerai pas cours à l'ardeur de ma

a colère, je ne reviendrai pas détruire Ephraïm; car je suis

• Dieu et non pas homme.

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- Aperçus de Dieu au travail -

L'écriture sainte qui m'a le plus inspiré est le verset 13 du quatrième chapitre de la première épître de Paul aux Thessaloniciens. Paul parle de la mort en ces termes : « Nous ne voulons pas, frères, vous laisser dans l'ignorance au sujet des morts, afin que vous ne soyez pas dans la tristesse comme les autres, qui n'ont pas d'espérance. » La criminalité nous effraie surtout dans la mesure où elle nous prive de quelque chose, sans que nous n'y puissions rien. Si nous avions le choix, bon nombre d'entre nous préférerions ne jamais mourir; mais nous n'avons pas le choix. La mort survient et nous dépouille. La mort est très semblable au crime, car nous nous sentons également dépouillés lorsqu'une personne s'introduit dans notre maison et vole nos biens. Ce n'est pas la perte de biens matériels qui nous bouleverse le plus; c'est la violation de notre intimité. C'est l'envahissement de notre univers qui, lorsque poussé à l'extrême comme dans le cas d'un meurtre, bouleverse si profondément la vie que celle-ci est entièrement détruite.

Le défi qui nous attend, nous les croyants, est d'affirmer que nous avons peur du crime — il y a quelque chose de sain dans la crainte —, mais que notre peur n'est pas celle des gens sans espoir. Nous devons être tristes, mais pas comme ceux qui n'ont pas d'espérance. Cela est humain d'avoir de la peine lorsque nous perdons un être cher. Cela est humain d'avoir peur lorsque les forces du mal et de la destruction sont à l'ceuvre autour de nous. Cela est humain d'avoir peur lorsqu'un crime est commis, mais ne nous laissons pas envahir par la peur comme ceux qui n'ont pas d'espérance!

Nous devons craindre le crime d'une manière qui nous incite à approfondir notre foi et à mobiliser la communauté croyante. Lorsque la peur nous paralyse, c'est terrible; mais lorsque la peur nous mobilise, nous nous sentons plus forts. Imaginez un instant que la peur du crime nous conduise à redécouvrir l'âme humaine!

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- Réflexions-, visions ci rêves - • y en a qui disent que, dans le passé, les crimes avaient une

• motivation évidente telle que la cupidité ou la haine, alors ele qu'aujourd'hui nous en sommes rendus au « crime sans !• conscience ». Des jeunes s'entretuent dans la cour de l'école et se s'en félicitent mutuellement. Ce qui a le plus révolté les gens dans

!• le meurtre du couple retraité, à Montréal, c'est entres autres le fait

• que l'un des jeunes ait levé le doigt en voulant dire : « La belle • affaire! ». Nous sommes donc en droit de nous demander si ces

• jeunes ont une conscience.

•:

Est-il possible que la peur du crime amène les groupes

• confessionnels à se demander « Où est l'âme? ». Que dire si la peur du crime incitait nos communautés croyantes à défier notre

en société, à réclamer un renouveau? Que dire si la peur du crime in nous amenait à affirmer en termes non équivoques que le crime est

fondamentalement un problème spirituel?

En un sens, le crime est une invitation à approfondir notre foi. Lorsque je suis pris dans le tourbillon des occupations de la vie et 1111 dans celui de la politique qui entoure la criminalité, je perds toute

• vision. Lorsque je consacre plus de temps à la prière, à la réflexion • et à l'écoute des frères et sœurs, qui m'apportent une perspective 111 plus large des choses, je trouve au fond de moi le courage de • continuer à affirmer qu'en bout de ligne le bien triomphera du mal.

• Le crime est également une invitation à la solidarité. Au cours des • 25 dernières années, comme nous commencions à nous préoccuper 110 des effets du crime, ma femme et moi avons acquis la conviction • que si nous tentions d'agir seuls, nous n'allions pas survivre. Nous • avons essayé pendant quelques années et nous perdions rapidement fle du terrain. Nous avions grand besoin de nous entourer de frères et

• de sœurs désireux de partager notre vision et de répondre à l'appel

• de Dieu qui nous demandait de bâtir une collectivité porteuse

• d'espoir, qui a peur mais pas comme les gens sans espérance. Et

• c'est pourquoi notre collectivité a évolué. Aujourd'hui, je suis

• profondément convaincu que nous devons exercer une influence

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- Aperçus de Dieu au travail —

sur la collectivité où il y crime, non pas grâce à nos efforts individuels, mais grâce à ceux de la communauté croyante tout entière.

Enfin, le crime est une invitation au renouveau spirituel. Il y a quelques années, quelqu'un a dit : « Ce sera amusant de voir ce que Dieu fera dans nos pénitenciers au cours des prochaines années ». Je crois que cette personne a raison. Gardons nos oreilles ouvertes pour entendre ce qui se passe de merveilleux derrière les murs des prisons, là où des gens qui ont souffert, qui ont frôlé le mal et qui ont fait le mal sont en train de découvrir d'une manière incroyable,la seule raison qui leur permette de vivre avec eux-mêmes.

Je ne parle pas ici de la religion-spectacle ni de la religion qui incite à se replier sur soi-même. Je parle du profond renouveau spirituel qui est en train de se produire dans la vie d'un nombre croissant de délinquants. Des gens qui ont commis certains des crimes les plus terribles découvrent une espérance et une foi nouvelles. À titre de groupe confessionnel, nous devons prendre acte de ce changement et nous demander comment nous allons les accueillir et comment nous allons les écouter, parce qu'ils nous invitent à un engagement spirituel plus profond.

Puissent nos convictions au sujet de la peur et de la foi nous inciter à continuer de bâtir des collectivités dans lesquelles nous pourrons affirmer — non seulement par nos paroles, mais par nos actes — que le bien triomphera du mal (Épître de Paul aux Romains, chapitre 12, verset 21).

(extrait de la revue The Canadian Baptist, Novembre 1995. Reproduction autorisée)

172

- ReIlexions, visions et rêves -

• 2. Les stades de réinsertion sociale des délinquantes Coleen Lynch

!• Introduction se Pendant près de vingt-cinq ans, j'ai travaillé avec des délinquants dià et des ex-détenus des deux sexes. Je me suis demandée pendant ni' É longtemps ce qui contribue ou ce qui nuit à leur réinsertion sociale.

, •

Au cours des deux dernières années en particulier, j'ai eu le

I e privilège d'accompagner plusieurs délinquantes sous responsabilité fédérale de l'établissement pour femmes d'Edmonton, après leur

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Je ne prétends pas être sociologue, chercheuse ou statisticienne. • Même si je n'ai eu des contacts réguliers qu'avec un petit nombre • de femmes (10), dont cinq de façon plus intensive, je soutiens qu'il • est possible de tirer des leçons importantes de leurs expériences. • Après avoir accompagné certaines d'entre elles et en avoir observé • et écouté d'autres, j'en suis venue à la conclusion que les deux • premières années du processus de réinsertion sociale d'une • délinquante comportent quatre stades bien définis.

• Premier stade - Le premier mois Au moment de sa sortie d'un pénitencier fédéral, une délinquante pénètre dans un monde étranger. Le milieu qu'elle avait connu avant son incarcération n'est plus le même. Les prix, les modes et

• les itinéraires d'autobus ont changé, tout comme les façons

• d'obtenir des informations et même certains repères familiers. Ces

• changements concrets suffisent à lui causer de l'anxiété. De plus, il

• s'est produit des changements plus dramatiques et souvent

• déchirants dans les relations avec la famille, le conjoint, les amis,

• les connaissances et la collectivité locale.

Les femmes n'ont plus accès à l'aide immédiate ou au réconfort

a familier que leur procuraient le personnel et les programmes en milieu carcéral. Si elles bénéficient d'une semi-liberté ou d'une libération conditionnelle totale, leur plan prélibératoire peut a

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- Aperçus de Dieu au travail -

prévoir des possibilités d'études ou d'emploi, dont il leur tarde de se prévaloir. Les délinquantes en liberté surveillée, ou dont la peine est expirée, connaissent l'hostilité d'une société qui se méfie de leur passé et qui hésite à les appuyer dans leurs objectifs et leurs désirs à l'égard de l'avenir.

Le premier contact avec la liberté peut être enivrant et accueilli avec joie, mais il constitue un défi permanent. La possibilité de vivre dans un milieu moins restrictif et de s'affranchir des exigences des symboles de l'autorité s'accompagne de la forte tentation de faire ce qu'on veut avec les personnes de son choix, quelles que soient les conséquences. Les femmes qui franchissent avec succès cette étape le doivent souvent aux surveillants compréhensifs de la libération conditionnelle, aux membres de leur famille ou à leurs employeurs qui leur ont accordé une deuxième chance.

À tous les stades de la réinsertion sociale, les relations constituent un défi constant. Lorsque les femmes ne peuvent pas établir des relations différentes et plus saines, elles retournent à leurs anciens milieux et reprennent contact avec leurs anciens copains. Il en résulte des conséquences bien connues — toxicomanie, violence, déracinement, dépression, désespoir et crime. Il est essentiel de leur offrir un logement adéquat à ce stade; une nouvelle relation trop semblable ou un nouveau milieu dysfonctionnel produiront les mêmes résultats qu'auparavant : une catastrophe. Des programmes et un emploi suls ne suffisent pas, ni la bonne volonté. Les femmes qui visent à réussir à réintégrer la société ont besoin d'un milieu sûr et sans substances intoxicantes. Elles ont besoin de connaissances, d'amis et de spécialistes qui se sont engagés à favoriser l'adoption d'un mode de vie propice à la santé et au bien-être. L'une des réalités les plus fondamentales et l'un des obstacles les plus difficiles à vaincre pendant ce stade, c'est que chaque femme doit faire appel à sa volonté la plus tenace afin de trouver la force nécessaire pour continuer à mettre un pied devant l'autre et avancer.

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am ■•F

O Réflexions, visions et rêves -

• Deuxième stade - De deux à six mois • Après une période de deux ou trois mois au cours de laquelle la • délinquante réapprend à vivre dans le monde extérieur, l'étape • initiale de la lune de miel avec la liberté fait place lentement à la • routine des études ou d'un emploi, à mesure que le train-train • quotidien s'installe. Les femmes ayant des enfants trouvent cette

• étape particulièrement éprouvante. Le plaisir que leur procurait au , al début le fait de se retrouver avec leurs enfants peut commencer à

.18 s'estomper lorsqu'elles doivent répondre aux exigences constantes

• des soins à donner à de jeunes enfants ou faire face aux humeurs

• changeantes des plus vieux. Il devient alors de plus en plus difficile de réussir sur le plan psychologique à affronter les situations

a ordinaires de la vie quotidienne.

ne Les relations interpersonnelles deviennent également plus difficiles à ce stade. La joie que produisait au début le rétablissement d'anciennes relations ou l'établissement de nouvelles relations

• aboutit souvent à l'obligation astreignante d'établir des a communications franches et honnêtes et de rechercher une a guérison personnelle pour parvenir à l'épanouissement personnel. Une femme se sent souvent abandonnée lorsqu'elle se rend compte a que les espoirs de rétablissement de liens avec sa famille, son

• partenaire ou ses amis ne se concrétiseront pas. Des proches • peuvent être décédés pendant l'incarcération d'une délinquante, et • elle est maintenant en proie à des sentiments mélangés de peine, de • perte et parfois de culpabilité. La combinaison de relations • difficiles, de la lutte contre la toxicomanie et de la douleur refoulée

accroît fortement les possibilités de catastrophe.

• Pour réussir à réintégrer la société, une femme doit s'en tenir à une • discipline régulière : se conformer aux programmes de • rétablissement et viser à atteindre ses objectifs en matière d'études

• et d'emploi tout en tirant parti des possibilités de counseling et

• d'épanouissement personnels. Les spécialistes, la famille et les

101 amis jouent un rôle essentiel à ce stade, car ils peuvent prodiguer

• 175 a

a

a Aperçus de Dieu au travail - a

encouragement. motivation et inspiration lorsque la femme est sur le point de renoncer. a Troisième stade - De six à douze mois Ce stade est le point de démarcation du succès ou d'un échec désastreux. Une femme peut jouir d'un succès important dans ses a études, sur le marché du travail et dans ses relations. Elle peut commencer à réussir à intégrer le travail dans son programme de rétablissement, à rester en contact avec des personnes qui la soutiennent tout en respectant ses engagements concernant ses études et son emploi ou sur le plan social ou spirituel. Grâce à cette expérience, une femme commence à trouver une certaine satisfaction dans le fait d'avoir une vie qui vaut la peine d'être a vécue par suite des choix qu'elle fait.

Ô Cependant, une femme qui s'efforce d'honorer ses engagements envers elle-même et les autres peut estimer que les efforts à déployer pour réussir à l'extérieur de la prison ne valent pas le a coup et elle peut simplement renoncer. Le danger de replonger dans des relations malsaines, de retourner dans la rue et de retomber clans la toxicomanie constitue un défi constant que bien a des femmes ne peuvent pas relever.

Quatrième stade - De douze à vingt-quatre mois Le dernier stade est le plus dangereux même si cela peut paraître a paradoxal. Un profond désespoir ou un énorme succès peut amener a une femme à sauter de la falaise de la réinsertion sociale dans l'abîme d'un comportement autodestructeur. Si elle est encore vivante après avoir frappé les bas-fonds, elle peut se retrouver sur le chemin difficile et impitoyable de la récidive et de la réincarcération.

a La plupart des contacts établis avec des spécialistes dans le cadre de la libération conditionnelle et dans la collectivité ont maintenant été rompus. Une femme peut estimer qu'elle n'a ni le temps ni l'énergie nécessaires pour rétablir ces contacts. Elle peut

176

,

Réflexions, visions et rêves -

• également ressentir un profond sentiment de honte parce qu'elle a !ID encore une fois tout gâché et elle est trop gênée pour demander • l'aide dont elle a besoin pour repartir du bon pied. Une honnêteté • scrupuleuse avec elle-même ou ceux qui se préoccupent de son sort • peut contribuer à mettre un frein à sa chute imminente, mais pas • toujours.

• Même les femmes qui remportent le plus de succès dans leurs

• études ou sur le marché du travail peuvent devenir complaisantes,

• fatiguées à l'extrême ou apathiques, et finir par renoncer à la

• discipline quotidienne qui leur a bien servie jusque là. Après que

• les pratiques quotidiennes qui favorisent leur santé et leur bien-être

• sont abandonnées ou mises de côté, il devient dangereux

• d'emprunter la pente glissante des actions nuisibles et de leurs

• conséquences.

a Les femmes qui survivent et qui passent à travers ce stade le font grâce à leur détermination absolue de réussir. Ceux qui les aiment leur rendent davantage service en leur faisant part honnêtement de leurs observations sur les changements qu'ils remarquent chez elles. Les personnes qui les aident à se désintoxiquer doivent avoir a le courage de communiquer honnêtement leur opinion à une a femme en difficulté, tout en assurant celle-ci de leur amour et de

• leur acceptation, quoi qu'il arrive.

•1111 Conclusion

111 Il n'y a pas de solution magique à la réinsertion sociale des • délinquantes. À tous les stades des efforts qu'elle fait pour réussir, • une femme a besoin d'un milieu sûr où elle peut vivre et élever ses • enfants, de ténacité pour continuer de s'en tenir à son processus de • guérison en dépit des blessures qui peuvent s'être produites, de • formation en cours d'emploi et d'études utiles, d'un emploi • valorisant et financièrement adéquat, et de relations personnelles

• saines. Nous avons tous besoin de ces choses pour réussir notre

• vie. Pourquoi en serait-il autrement pour les délinquantes qui

• viennent de quitter la prison?

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- Aperçus de Dieu, au travail -

3. Le délinquant sexuel : un bouc émissaire Réaction d'un groupe confessionnel à la violence des justiciers

Hugli Kirkegaard et Wayne Northey (texte révisé)

Le problème

En mai 1996, un délinquant obtenait son congé d'une prison pour se rendre dans une maison de transition de Toronto. La collectivité a réagi avec colère et hostilité à sa présence dans le milieu, et a insisté auprès des fonctionnaires des services correctionnels pour qu'il soit envoyé ailleurs. Même si elle n'est pas unique en Amérique du Nord, cette situation a été particulièrement mémorable, car elle est devenue le sujet d'un film documentaire racontant les événements tels qu'ils se sont produits à l'époque.

Ce film, intitulé Hunting Bobby Oatway', fait une place importante à la controverse qui a entouré la mise en liberté d'un homme déclaré coupable d'avoir agressé des enfants et d'avoir eu des comportements incestueux, relâché après avoir passé dix ans en prison. Le film raconte l'histoire de ses victimes, décrit les mauvais traitements qu'il leur a fait subir ainsi que la violence dont il a lui-même été victime pendant son enfance, et fait également état de l'hostilité manifestée à son endroit par la collectivité et par ses compagnons de la maison de transition. Les activistes communautaires et les politiciens locaux qui réclamaient son départ allaient droit au but. « Bobby Oatway, vous n'êtes pas le bienvenu ici, personne ne veut de vous », criait un politicien local dans un porte-voix électrique, sous les applaudissements des manifestants, au délinquant effrayé qui se terrait dans la maison de transition. Par un revirement ironique des choses, l'agresseur était devenu la victime.

John Kastner a produit ce documentaire d'une durée d'une heure pour l'émission Witness du réseau anglais de la Société Radio-Canada. Le film a été présenté à la télévision pour la première fois en janvier 1997.

178

• •

Réflexions. visions el pères - 111) Cette tentative d'expulsion, qui a fini par inciter Bobby Oatway ia demander de retourner à la prison dont il avait été libéré afin de • purger le reste de sa peine, rappelle d'autres expulsions et d'autres • victimes. Les vieux tabous entourant les infractions d'ordre sexuel, • surtout contre les enfants, engendrent une « sainte peur ». Mais !II cela ne suffit pas à expliquer la réaction viscérale et violente qui • stigmatise en démons des individus tels que Bobby Oatway, qui les

lale décrit comme des être moins qu'humains et les plus odieux des

• délinquants. Il y a d'autres raisons qui expliquent ce genre de

• réactions et légitimisent la violence malheureusement trop

• fréquente à leur endroit. Vues à travers les lentilles de la théorie du ig mimétisme, ces réalités nous forcent à nous demander si les ne délinquants sexuels ne seraient pas devenus nos boucs émissaires.

so Dans le cas des infractions commises par Bobby Oatway, a impossible de nier qu'il ait imposé des douleurs et des souffrances te à ses victimes (le mal qu'il a fait est clairement expliqué dans le se film), et que ces souffrances soient réelles et regrettables, tout

comme celles des autres victimes d'agressions sexuelles. ad. Entendons-nous bien, ces choses-là ne devraient jamais arriver. Et 112 qui plus est, au lieu de nous contenter de reconnaître les torts

causés et de nous occuper seulement de l'agresseur, nous devons • aussi chercher des moyens de nous préoccuper des besoins des

victimes de ces agressions sexuelles, afin de les aider à guérir et à • se rétablir. Toutefois, la manière dont nous voyons et traitons les • auteurs de ces crimes dans nos collectivités nous apprend quelque • chose sur nous-mêmes et sur la condition humaine.

• La violence qui transforme une personne en bouc émissaire

• La violence qui transforme une personne en bouc émissaire est « une violence énigmatique qui envahit le système judiciaire lorsque ce système devient un sacrifice. Cette obscurité coïncide

• avec l'efficacité transcendantale d'une violence sainte, légale et

• légitime, par opposition à une violence injuste, illégale et in illégitime » (Girard, 1977, p.23). [TRAD] La théorie du bouc

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émissaire, mise de l'avant par Girard, englobe les formes « légitimes)> de transformation en bouc émissaire dans le cadre de notre système judiciaire' et les formes illégitimes comme le phénomène du justicier. Bobby Oatway et bien d'autres ont été victimes des deux.

Dernièrement, nous avons reçu cette lettre de détresse d'un pédophile qui avait passé plusieurs années en prison :

Y une personne à qui daignera m'aider à m'excuser, à révéler la vérité, à combattre le mythe et à guérir les plaies? Y a-t-il un dirigeant de la collectivité, un politicien, un écrivain, un « prophète » qui voudra bien m'aider? Ou se pourrait-il qu'il soit préférable, pour plaire à Dieu, de ne pas demander pardon, de laisser le mythe se perpétuer, de ne pas permettre de dire la vérité?

Cet homme, Bobby Oatway, et tous les délinquants sexuels ont été les boucs émissaires de la société en général. Le criminologue John Braithwaite évoque cette expérience comme étant une « stigmatisation honteuse » (1989), s'appuyant sur un « rituel de dégradation » (également un terme de Braithwaite, Braithwaite et Mugford, 1994) auquel le système de justice officiel et la société en général sont trop empressés de recourir. Ce rituel se traduit par l'expulsion de la personne en cause et sa transformation en bouc émissaire, ce qui déclenche un important processus de victimisation. La recherche d'un bouc émissaire commence habituellement lorsque les quatre conditions suivantes sont réunies.

Premièrement, l'unité sociale, la société, traverse une période de crise.

Deuxièmement, les crimes commis menacent l'échelle des valeurs établies dans une culture. Ces crimes transforment leurs auteurs en

2 Vern Redekop, Scapegoats, the Bible, and Criminal Justice (1993).

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boucs émissaires. Girard dit : « Tout d'abord, ce sont des crimes violents dont les victimes sont des personnes qu'il est hautement criminel d'attaquer, soit au sens absolu du terme ou en référence à la personne qui les commet : un roi, un père, le symbole de l'autorité suprême et, dans les sociétés bibliques et modernes, les membres les plus faibles de la société, ceux qui ont le moins de défense, tout spécialement les jeunes enfants. Puis, il y a les crimes sexuels : le viol, l'inceste, la bestialité. Les crimes le plus souvent évoqués transgressent les tabous les plus ancrés dans la société en cause. Enfin, il y a les crimes religieux, par exemple la profanation de l'hostie. Ici encore, ce sont les tabous les plus stricts qui sont transgressés. » [TRAD] (Girard, 1986, p. 15) Dans une culture comme la nôtre, qui accorde tant d'importance à la sexualité, il n'est pas étonnant que le délinquant sexuel devienne le paria absolu. Si le motif premier était la survie, le meurtre serait peut-être la transgression suprême. Les actes qui justifient la transformation du délinquant en bouc émissaire sont ceux qui violent ouvertement les normes de la société.

Troisièmement, l'auteur de crimes qui lui valent de devenir un bouc émissaire possède des caractéristiques qui font penser à une victime. « Selon Girard, les groupes qui répondent habituellement à ce critère sont les Juifs, les minorités ethniques et religieuses, les groupes mal intégrés à la société, les personnes physiquement ou moralement « anormales », et les marginaux jouissant de certains privilèges, les femmes, les enfants et les personnes âgées. » [TRAD] (Redekop, 1998, p. 154). Bobby Oatway et les crimes qu'il a commis correspondent à cette description. Par exemple, dans le film, ses propos sont postsynchronisés de façon à mettre en évidence un problème d'élocution, qui serait, nous a-t-on dit, la conséquence d'une maladie d'enfance. Ce handicap a marqué sa jeunesse et son adolescence.

Enfin, le bouc émissaire devient lui-même victime de violence. Dans le cas d'Oatway, comme on peut le voir dans le vidéo, ses victimes l'ont traqué pendant plus de vingt ans et ont entrepris de

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lui rendre l'existence intolérable en recourant à tous les moyens légaux à leur disposition. Certaines des pancartes que brandissaient les manifestants devant plusieurs de ses domiciles exprimaient des intentions meurtrières.

En résumé, les boucs émissaires sont des personnes différentes, vulnérables, illégitimes et puissantes. La violence du bouc émissaire provoque en retour un cycle de violence tel que la « contagion » apparaît pire que la « maladie » initiale. « Toutes les formes de violence engendrent à leur tour de la violence. » (Girard, 1977, p. 171) Aucun acte violent n'est original; il s'agit toujours d'une imitation et d'un échange. Les pénitenciers des sociétés occidentales modernes, l'arme ultime de la « guerre contre le crime », sont un exemple classique de violence réciproque.

Gil Bailie décrit l'exécution, en 1989, du tueur en série Theodore Bundy, alors que des centaines d'hommes, de femmes et d'enfants campaient à l'extérieur de la prison de Floride, dans un esprit de fête qu'un reporter a comparé à celui du Mardi gras. Ce même reporter disait de l'événement qu'il s'agissait d'un acte de brutalité commis au nom de la civilisation (1995, p. 79). Reprenant ce commentaire, Bailie affirme qu'il serait difficile de résumer plus succinctement la dynamique anthropologique sous-jacente qui était alors à l'oeuvre : un acte de brutalité commis au nom de la civilisation, une expulsion ou une exécution qui permet de retrouver l'harmonie sociale.

Le caractère caché de cette dynamique explique en partie sa force. Il n'est pas admis que la violence à l'endroit du bouc émissaire est le reflet de la violence originale. D'où ces paroles de Jésus sur la croix : « Père, pardonnez-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font » (Luc 23, 34a). À l'époque, les persécuteurs étaient convaincus d'agir comme ils le devaient. La « mauvaise » violence du bouc émissaire est, par une mystérieuse alchimie, transformée en « bonne » violence, celle de la persécution, souvent en se servant de structures légitimes. La plus évidente de ces structures,

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• en ce qui a trait à la criminalité, est le système de justice pénale • lui-même! L'action justicière en fait également partie. L'unanimité • de la foule, l'action spontanée de chacun et la catharsis de la • violence qui en résulte ramènent la paix dans la collectivité. I. • C'est précisément parce que la persécution d'un bouc émissaire • comporte une face cachée que soeur Helen Prejean a décidé d'aider • à produire la version filmée de son livre Dead Man Walking. Elle a

• écrit : « Je suis convaincue que si les exécutions étaient publiques, • la torture et la violence qu'elles comportent seraient démasquées, in et nous serions obligés de les abolir. » (1993, p. 197). Comme l'a

• montré Girard, l'histoire du christianisme est un grand démasquage de la légitimité de la violence. Pourtant, depuis le Iv e siècle, les

• sociétés dans lesquelles les chrétiens représentent la majorité de la • population ont répandu et encouragé la même violence chronique

•que celle qui a mis leur fondateur à morts!

al Le délinquant sexuel : un boue émissaire

Deux caractéristiques de la société occidentale contemporaine contribuent à faire du délinquant sexuel un bouc émissaire. En un

• sens, les deux sont le reflet du « malaise ontologique » — la crise • existentielle — qui nous habite en fin du second millénaire. La • première est l'obsession de la culture nord-américaine pour le sexe • et la sexualité. La seconde est la conséquence d'une nouvelle • économie mondiale et des incertitudes qui en font intrinsèquement • partie. • • Des spectacles télévisés comme ceux de Jerry Springer aux • inclinations sexuelles du président, la culture populaire est saturée • d'images sexuelles. L'article « Torch Song: At the peripheries of • violence and desire » (Harper's Magazine, août 1998) examine les

• 3 Dans son livre God's Just Vengeance (1996), Timothy Gorringe traite • également ce thème. Voir également Allard et Northey (à paraître) et Northey

• (1998).

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deux côtés de cette réalité. C'est le récit bouleversant d'un chroniqueur judiciaire sans cesse confronté à la noirceur de sa propre obsession sexuelle même lorsqu'il explore à titre professionnel l'univers de l'infraction sexuelle. Charles Bowen souligne la minceur de la ligne qui sépare un délinquant sexuel de la personne « moyenne » dans cette culture, dévoilant ainsi la possibilité que chacun d'entre nous obéisse à des impulsions qui lui font du tort et nuisent également aux autres.

Tel que déjà mentionné, il n'est pas étonnant que les délinquants sexuels deviennent les parias par excellence dans une telle société. Sans les limites que leur impose une saine sexualité, ils actualisent les fantasmes dont est imprégnée la mythologie de la liberté sexuelle. En agissant ainsi, ils compromettent l'ordre établi des choses, l'idée que, même si nous avons la tentation de traverser les frontières, nous ne le faisons pas. Et si nous le faisons, comme le suggère Bowen, « nous nous contenons et essayons de ne pas trop mentir ».

Dans la vie contemporaine, un second facteur alimente la crise qui fera surgir la nécessité de trouver des boucs émissaires; ce facteur est celui des conséquences du nouvel ordre économique mondial qui connaît une montée rapide. En toile de fond, l'insécurité du monde du travail et l'accroissement spectaculaire du nombre de chômeurs créent un profond bouleversement économique et social. Devant ces réalités complexes, les Bobby Oatway de nos collectivités personnifient à eux seuls tout ce qui ne va pas dans le milieu local, dans l'économie, dans nos familles et dans notre société. Ils deviennent les boucs émissaires idéaux, faits sur mesure pour les crises provoquées par une culture obsédée par le sexe d'une part, et minée par l'insécurité économique et sociale d'autre part.

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La justice réparatrice' et les cercles de soutien et d'imputabilité

1I • La vision de la justice réparatrice, qui a pris racine dans la

• communauté des croyants, de même que la dure réalité de la

• transformation des délinquants en boucs émissaires, ont engendré

• une réaction différente au dilemme que pose le retour des

• délinquants sexuels dans la collectivité à leur sortie de prison. rà Confronté à des situations difficiles, semblables à celle de Bobby • Oatway, et à la réaction virulente du public, un petit groupe de

• personnes, membres de l'Église mennonite de Hamilton, ont ' al décidé de donner un soutien à un pédophile, en 1994. Ces gens ne l'ont aidé à se trouver un endroit pour vivre, à s'établir dans la • e collectivité et se sont occupés des relations avec la police, avec les

médias et avec les activistes communautaires qui réclamaient son ! expulsion. Tous les jours, les membres de ce groupe ont visité le = délinquant libéré et lui ont apporté un soutien tout en lui remettant

la responsabilité de ses attitudes et de ses actions dans la • collectivité. Leur réaction créatrice face à cet homme déclaré • coupable d'agressions contre des enfants est devenue un modèle • dont s'est inspiré un autre groupe confessionnel, quelques mois 11) plus tard, pour s'occuper d'un autre délinquant sexuel à Toronto.

ele Ces initiatives, qui visaient d'une part à calmer les craintes de la • collectivité et, d'autre part, à satisfaire les besoins du délinquant • mis en liberté, ont conduit à la création d'un modèle aujourd'hui 1111 connu sous le nom de « cercles de soutien et d'imputabilité ». • Motivés par le désir de tenir sérieusement compte des inquiétudes • de la collectivité en matière de sécurité, les cercles refusaient • également de transformer le délinquant en bouc émissaire. Leur •

4 Les écrits sur ce sujet se sont multipliés au cours des dernières années. À ce

•jour, la meilleure étude sur le sujet est celle de Strong et Van Ness (1997), intitulée Restoring Justice. La meilleure vue d'ensemble du contexte plus

• général est celle présentée dans The Expanding Prison (Cayley, 1998). La • première étude approfondie de la question est celle de Zehr (1990), sous le titre

• Changing Lenses, considérée comme un classique. Récemment, une excellente

•bibliographie annotée a également été produite (McCold, 1997).

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préoccupation première était, et est toujours, qu'il n'y ait pas d'autres victimes. ce qui comprend les délinquants transformés en boucs émissaires. C'est pourquoi les principes directeurs énoncés dans le modèle des cercles de soutien insistent à la fois sur l'humanité du délinquant et sur celle des victimes de ses infractions, de même que sur la responsabilité qu'a la collectivité de travailler avec le premier et avec les secondes afin de favoriser la guérison de tous et une vie responsable'.

Comme ce travail est devenu de plus en plus intentionnel, et que d'autres collectivités ont décidé de s'occuper elles aussi des délinquants sexuels, le Comité central mennonite, dont les initiatives de justice réparatrice étaient innovatrices, a accepté de parrainer un projet de cercles de soutien axés sur la réinsertion sociale des délinquants sexuels dont le mandat était expiré'. Des recherches ont révélé que le nombre de délinquants sexuels détenus dans les pénitenciers canadiens avait considérablement

5 Les principes directeurs des cercles de soutien sont énoncés dans Heise et al (1995). Ils comprennent les suivants : Nous croyons en un Dieu d'amour et de réconciliation qui nous invite à être ses agents de ressourcement dans le monde. Nous reconnaissons à la fois l'humanité de la victime et celle du délinquant. Nous sommes conscients de la souffrance constante des victimes d'agression sexuelle et de leur désir de guérir. Nous accueillons le délinquant dans la collectivité et l'invitons à prendre ses responsabilités. Nous tentons d'éviter qu'il y ait d'autres victimes en réduisant la récidive chez les délinquants et en informant mieux le public dans la collectivité en général. Nous acceptons l'appel de Dieu à l'hospitalité radicale en partageant notre vie avec les autres membres de la collectivité et en prenant le risque de les aimer (p. 11 et 12). [TRAD] 6 Cette catégorie de mise en liberté, des pénitenciers canadiens, a fait son apparition dans la législation il y a une dizaine d'années, en réaction aux pressions grandissantes du public à l'effet de n'accorder aucune forme de mise en liberté sous condition ou de liberté conditionnelle aux délinquants considérés à risque élevé. Résultat, ces délinquants étaient détenus jusqu'au dernier jour de détention possible, autorisé par la loi, c'est-à-dire jusqu'à la date d'expiration du mandat.

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augmenté sur une période de vingt ans. Cette augmentation semble être le résultat d'une tolérance moindre, dans la collectivité, des agressions sexuelles et physiques, et d'une plus grande couverture médiatique de telles agressions, elle-même attribuable à ce virage dans l'opinion publique'. Le problème, c'est que même si de nombreux délinquants sexuels ont purgé leur peine en prison, ont suivi des programmes de traitement et ont demandé d'être en liberté sous condition dans la collectivité, cette dernière est demeurée intolérante à leur égard.

Le modèle qui est né de ces premières expériences est une approche communautaire, axée sur les bénévoles et appuyée par des professionnels, qui consiste à réunir entre quatre et sept bénévoles autour d'un délinquant lorsqu'il revient dans la collectivité. Des représentants de la police et d'autres professionnels, ainsi que des membres de la famille et des amis, peuvent (et se prévalent de cette possibilité) faire partie de ces cercles, de manière suivie ou « au besoin ». Le travail du cercle prend la forme de contacts quotidiens entre les bénévoles et le délinquant, dans les cafés-restaurants et ailleurs dans la collectivité, et de rencontres hebdomadaires afin de discuter des problèmes. Les membres du cercle de soutien échangent sur tous les aspects, allant de préoccupations pratiques comme la recherche d'un logement convenable à l'évolution du délinquant à l'intérieur de son « cycle de délinquance » 8 . Le cercle n'a pas de visées thérapeutiques; il s'efforce de fournir un soutien au délinquant et de l'amener à prendre ses responsabilités.

La majorité des bénévoles qui font partie des cercles de soutien appartiennent à des églises qui interviennent déjà auprès des délinquants, des réfugiés, des personnes qui accusent des retards de

7 Cette question est étudiée dans Yantzi (1998, P. 47). Il est possible de dégager un modèle établi d'infraction, propre à chaque

délinquant, en identifiant les déclencheurs qui l'entraînent dans un cycle pouvant mener à la récidive.

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développement et d'autres groupes de la société qui ont toujours été marginalisés. Ces bénévoles reçoivent une formation dans • différents domaines dont les suivants : la dynamique de groupe, les types d'infractions sexuelles, les questions juridiques connexes et les principes de la justice réparatrice. Ils s'engagent à travailler avec le délinquant (le « membre principal ») dont s'occupe le cercle; et le « membre principal » accepte aussi de collaborer avec eux. Ces engagements sont décrits dans une « alliance » dans 111 laquelle chacun expose ses attentes.

Les « membres principaux » des cercles sont des personnes qui, en raison de leur mise en liberté après l'expiration de leur mandat, 111 semblent présenter un risque élevé de récidive. En outre, ces gens ont de grands besoins, peu ou pas de soutien de la collectivité, et 111 sont des criminels notoires en puissance. Un autre critère veut qu'ils acceptent volontairement de participer aux cercles de soutien.

Le cercle est en interaction avec les professionnels qui interviennent auprès du membre principal — entre autres des a représentants de la police, des avocats et des médecins — de manière à accroître la capacité des bénévoles de soutenir le 11/ membre principal et de le responsabiliser, et à amener les professionnels à mieux comprendre le délinquant. Si nécessaire, le • cercle défend les intérêts du membre principal devant les a professionnels et d'autres personnes, notamment les propriétaires • d'habitation. Les bénévoles confrontent le délinquant aux attitudes et comportements qui risquent de lui faire commettre une nouvelle infraction. Ils agissent comme intermédiaires dans les situations de • conflit avec la collectivité, les membres de sa famille et même ses anciennes victimes. Ils aident le délinquant à résoudre ses • problèmes et ses situations de crise, et célèbrent avec lui les a différents anniversaires et jalons de son voyage de retour dans la • société. Bref, le cercle de soutien est une tentative pour « recréer la • collectivité », de manière pratique et réaliste, autour d'une personne qui, par ses propres actions, s'est « brouillée » avec elle.

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Recréer la collectivité

Au cours des cinq dernières années, le projet initial, mis sur pied à Toronto, a donné naissance à trente-deux cercles de soutien de cette ville à Hamilton. De tous les « membres principaux », deux seulement ont récidivé, l'un en commettant une infraction contre les biens et l'autre une nouvelle infraction sexuelle. Étant donné le succès remporté par cette approche, six autres projets de cercles ont vu le jour ailleurs au Canada et, au total, 45 cercles ont été créés. La plupart des cercles poursuivent leur travail pendant 18 à 24 mois, mais l'un d'eux existe depuis maintenant cinq ans.

Les membres principaux dont les performances sont faibles et les besoins considérables ont besoin du soutien à long terme d'une collectivité intentionnelle de ce genre, pour bien fonctionner dans la société. Quant aux autres, l'aide que leur offre un cercle de soutien pour se rétablir dans la collectivité est de plus courte durée. Cependant, les relations cordiales avec les amis ainsi rencontrés, qui connaissent leurs antécédents et peuvent les aider à être responsables de leurs comportements, se poursuivent longtemps après la dissolution du cercle.

Le symbole ou l'image du « cercle » a véhiculé une vision beaucoup plus inspirante qu'on ne l'espérait lorsque les participants au projet ont entrepris de satisfaire les besoins des deux premiers membres principaux. Le cercle a frappé l'imagination d'autres personnes qui ont réagi de la même façon à la nécessité de recréer une collectivité autour des délinquants qui reviennent vivre dans leur milieu, surtout, mais pas seulement, s'il s'agit de délinquants sexuels. Étant donné que les cercles englobant ces personnes chevauchent d'autres cercles composés de membres de la collectivité et peut-être même de victimes, il devient possible de vraiment recréer ou restaurer le tissu urbain de la communauté, déchiré par la violence sexuelle. Ce qui exprime

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peut-être le mieux cet espoir, c'est l'image de la mandorla 9 , l'ancien symbole celtique de la guérison, cette forme d'amande que crée le chevauchement de deux cercles ou plus — le lieu de la guérison!

Le criminologue norvégien, Nils Christie, fait observer que « beaucoup de déviances sont un mode d'expression, une tentative maladroite pour dire quelque chose. Faisons alors en sorte que le crime devienne le point de départ d'un véritable dialogue, et non d'une réaction tout aussi maladroite qui provoque une grande souffrance. » [FRAD] (1981, p. 11) De par leur nature même, les cercles de soutien et d'imputabilité cherchent à créer un espace dans lequel un véritable dialogue pourra s'engager. Dans ces cercles, le dialogue est engagé après une période de souffrance plus ou moins longue imposée par le système carcéral, au moment où le délinquant revient dans la collectivité. Là où il existe des programmes de visites en prison — comme le programme M2/W2, les groupes d'aumônerie, Fraternité des prisons, Alternatives to Violence et d'autres programmes non religieux —, ce dialogue peut commencer, et commence effectivement, alors que les délinquants sont incarcérés'.

Nombreux sont les témoins de l'hostilité de la collectivité envers des gens comme Bobby Oatway et d'autres délinquants sexuels. Comment engager un dialogue qui permet d'échapper à la violence qui transforme un délinquant en bouc émissaire et tenter de répondre aux besoins réels en présence : les préoccupations de sécurité de la collectivité et la nécessité que le délinquant dirige sa

9 « Le segment en forme d'amande qui apparaît lorsque deux cercles se chevauchent.., la mandorla est un premier pas vers la réconciliation.., elle est un prototype de règlement des différends, l'art de la guérison... » [TRAD] Robert A. Johnson (1991), Owning Your Own Shadow. Io John McKendy (1998) développe le concept du dialogue à la lumière de sa propre expérience du programme Alternatives to Violence dans les prisons. Il parle de l'importance de faire un retour sur leur vécu personnel dans le dialogue de guérison avec les prisonniers.

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vie de manière responsable? L'expérience des cercles nous a appris que lorsque le délinquant et la collectivité acceptent d'établir ce genre de dialogue, nous obtenons des résultats différents. Se pourrait-il qu'en accueillant les délinquants sexuels, ou les étrangers qu'ils nous semblent être, au lieu de les rejeter, nous soyons en train d'accepter une part de nous-mêmes''? De manière paradoxale, le délinquant sexuel a peut-être quelque chose à nous apprendre sur nous-mêmes, sur notre propre sexualité, sur notre façon de comprendre la collectivité.

Bibliographie

Bailie, Gil, Violence Unveiled: Hummity al the Crossroads, New York, Crossroad, 1995.

Bowen, Charles, « Torch Song: At the perispheries of violence and desire » dans Harper's Magasine, Vol. 297, N ° 1779, août 1998, p.43-54.

Braithwaite, John, Crime, Shame and Reintegration, New York, Cambridge University Press, 1989.

Braithwaite, John et Stephen Mugford, « Conditions of successful Reintegration Ceremonies: Dealing with Juvenile Offenders » dans The British Journal of Criminology, Volume 34, N° 2, printemps 1994, p. 139-171.

Christie Nils, Limits 10 Pain, Oxford, Martin Robertson, 1981.

Girard, René, Le Bouc émissaire, Grasset, 1982.

Girard, René, La violence et le sacré, Grasset, 1972.

Parker Palmer (1996) parle de l'importance de l'étranger en ces termes : « Non seulement l'étranger nous donne une vision plus large du monde extérieur; il nous permet aussi d'entrer plus profondément à l'intérieur de nous-mêmes. Car l'étranger représente dans nos vies des possibilités que nous voulons éviter d'affronter... Nous ne voulons pas confronter le prisonnier parce que nous connaissons nos propres crimes. Nous évitons l'étranger parce qu'il nous rappelle la précarité de notre place sur terre, il nous rappelle aussi que nous sommes des étrangers pour les autres... Et nous sommes également des étrangers pour nous-mêmes. » [TRAD] (p. 66)

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Prejean, soeur Helen, Dead Man Walking: An Eyewitness Account of the Death Penalty in the United States, New York, Vintage Books, 1993.

Redekop, Vern, A hermeneutic of Deep-Rooted Conflict: An Exploration of René Girard's Theoty of Mitnetic Desire and Scapegoating and lts Applicability to the Oka/Kanehsata: Crisis of 1990, une thèse présentée afin de satisfaire aux exigences du doctorat en philosophie à la faculté de théologie de l'Université Saint-Paul, à Ottawa, 1998.

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4 - Une vision pour le 3' millénaire Pierre Héon ei Jean Périgov

Lors d'une soirée-partage à la chapelle, la communauté des résidents, bénévoles et aumôniers de l'Établissement Cowansville s'est permis de rêver que le passage vers le troisième millénaire puisse être l'occasion de vivre le passage vers un monde plus juste et plus fraternel correspondant davantage au rêve de Dieu pour l'humanité.

Cette réflexion s'exprime par le biais de messages et de témoignages à la jeunesse, à la société et aux aumôneries des établissements carcéraux. Ces paroles sont surtout des cris de coeur qui appellent une réponse de la part de toutes les personnes de bonne volonté.

I. À la jeunesse nous adressons ces messages:

• Vous êtes notre espérance pour une société plus juste et plus fraternelle.

• Vous avez quelque chose de particulier à donner: n'attendez pas à demain, il sera trop tard.

• Apprenez à gravir des montagnes, à bâtir des ponts plutôt qu'à ériger des clôtures et des murs.

• Respectez la vie sous toutes ses formes. • Essayez de tirer profit des erreurs des aînés. • Sachez que le but de la vie n'est pas d'accumuler les richesses

matérielles mais de découvrir le trésor caché au coeur de chaque être humain. L'essentiel est invisible à nos yeux.

IL À la société nous lançons des invitations:

• Que le pardon, la tolérance, le respect soient au coeur des relations avec les détenus. Croyez en leur possibilité de changement.

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• Que les communautés deviennent des terres d'accueil non • seulement pour la réintégration des détenus, mais aussi pour a bénéficier de leur expérience et de leurs forces dans la

a construction de la société. • Que la société résiste à la tentation de faire des jeunes les

boucs-émissaires de ses erreurs. Plutôt aimez-les inconditionnellement. C'est ce que chacun souhaite pour soi. 111 • Que nos jugements ne portent pas tant sur les erreurs • commises, mais sur la reprise en main des détenus sur leur vie. • Tout être humain a quelque chose de bon en lui. Notre rôle ne a serait-il pas d'aider les détenus à le découvrir?

• Que la société garde le cap sur la famille. Ce noyau est fondamental dans la vie des êtres humains.

• Que la société investisse dans les valeurs de respect, de solidarité et de partage. a .11 • Que nous prenions conscience que les changements de société passent par le changement de coeur de l'être humain. •

a III. Aux aumôneries des établissements carcéraux a

a • Qu'elles continuent à témoigner de la foi, de l'espoir et de 11111

l'amour inconditionnel des personnes. • • Qu'elles accompagnent les détenus en vue de les aider:

- à faire la vérité dans leur vie et y trouver un sens - à résister à la solitude et au découragement - à se réhabiliter en vue de la réinsertion sociale - à approfondir leur relation à Dieu et leur vie spirituelle a

• Qu'elles sensibilisent les communautés à l'importance d'aider • les détenus à leur sortie.

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1 - Réflexions, visions et réves

5. Jubilé 2000 — Demande d'amnistie pour les prisonniers

[Note de la rédaction : À l'Aumônerie du SCC, les conversations au sujet du jubilé ont fait allusion, entre autres, à la possibilité que certaines des initiatives mises sur pied à cette occasion comprennent la mise en liberté d'un certain nombre de détenus, ne serait-ce qu'à titre symbolique. L'article qui suit n'a pas été rédigé par un membre du personnel du SCC, mais décrit comment un autre pays, la Nouvelle-Zélande, a abordé ce sujet.]

Les prisons sont les dinosaures de l'ère moderne. Dans tous les autres secteurs de la vie humaine, nous refusons de laisser prévaloir des philosophies et pratiques remontant au XIX' siècle. Dans les secteurs de la santé, de l'éducation, de la comptabilité et des services bancaires, du sport, de la vie familiale ou de la gestion des entreprises, des philosophies en évolution sont à l'origine d'orientations nouvelles de l'organisation sociale, plus en harmonie avec la pensée moderne. Mais ce n'est pas le cas dans les prisons. Dans ce domaine, nous sommes restés bloqués au XIX' siècle. Avec les résultats que l'on connaît.

Impossible de nier l'existence d'un petit nombre de délinquants <, dangereux » qu'il faut absolument retirer de la circulation pour leur propre sécurité et celle de la collectivité. En tout temps. ces délinquants représentent quelques centaines de personnes. Mais ils doivent être détenus dans des conditions humaines et encouragés à utiliser de manière constructive leurs années d'incarcération. Pour les autres, l'emprisonnement devrait être une solution de dernier recours du régime de détermination de la peine.

Les églises de Nouvelle-Zélande ont déclaré l'année 2000 année du Jubilé. L'année du Jubilé célébré tous les 50 ans, est une ancienne tradition judéo-chrétienne qui date de plus de 3 000 ans. On peut lire au chapitre 25 du Lévitique : « Vous déclarerez sainte la cinquantième année et vous proclamerez dans le pays la libération pour tous les habitants; ce sera pour vous un jubilé. » Jésus a confirmé les thèmes du jubilé dans ses enseignements

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- Aperçus de Dieu au travail -

généraux (Luc, chapitre 4).

Parmi les thèmes de l'année du jubilé figurent le rétablissement de bonnes relations, la libération des personnes en captivité et l'annulation de toutes les dettes. Ces thèmes se fondent sur la conviction que chacun a droit à un nouveau départ ainsi que sur la nécessité de s'écarter périodiquement des lois habituelles qui gouvernent la société et de penser autrement, afin de mieux mettre en pratique la compassion, la justice et la générosité.

Il y a présentement un prodigieux mouvement international, appelé Jubilé 2000, qui demande que soit effacée la dette de certains pays lourdement endettés du Tiers-monde envers des banques internationales, afin que ces pays bénéficient d'un nouveau départ et abordent le prochain siècle libérés de toute dette. Il devrait en être ainsi pour les détenus qui « payent leur dette envers la société ». Le jubilé prend appui sur les plus belles traditions de la justice et de la compassion, qui découlent de la nature même de Dieu toujours présent parmi nous. Les célébrations du prochain millénaire nous fournissent une occasion unique de mettre en application les directives de pardon et de réconciliation qui nous viennent de Dieu.

En l'honneur du millénaire et en reconnaissance du festival judéo-chrétien du jubilé de l'an 2000, nous demandons qu'une amnistie soit accordée : (a) à tous les détenus qui purgent une peine de 12 mois ou

moins; (b) à tous les détenus qui sont admissibles à un placement à

l'extérieur; (c) à toutes les détenues avec enfants à leurs charge qui ont

une peine d'emprisonnement de 2 ans ou moins à purger.

(Présentation des aumôniers de prison, membres de lÉglise Christ Church, devant le Comité de justice et de reforme du droit, mis sur pied par le parlement de Nouvelle-Zélande)

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SECTION V: DES PROVISIONS POUR LE VOYAGE

Les ressources énumérées dans cette section ne donnent qu'une petite idée de tous les documents présentement mis à la disposition de ceux et celles qui sont à la recherche de guérison et de réconciliation dans leur vie. Ces ressources se veulent des points de départ, le fil du tisserand, dont chacun se servira pour inventer un tissu résistant dans lequel seront ensuite taillées de nouvelles expériences de justice.

1. Ouvrages

- The Expanding Prison, Why Penal Systems Fail and What Can Be Done About Them, David Cayley, House of Anansi Press, Toronto, Canada, 1998

- Building Community Justice Partnerships: Community Peacemaking Circles, Sous-direction, justice applicable aux Autochtones, ministère de la Justice. Canada, 1997

- The Spiritual Roots of Restorative Justice, Michael Hadley (éd.) (Due to be published November 2000.)

- The Careless Society: Community and its Counterfeits, John McKnight, New York. Basic Books, 1995

- Scapegoats, the Bible and Criminal Justice: Interacting with René Girard, Vernon Redekop (éd.) dans « Perspectives on Crime and Justice », N° 13, Comité central mennonite, Akron, PA, 1993

- Exclusion and Embrace, A Theological Exploration of Identity, Otherness and Reconciliation, Miroslav Volf, Abingdon Press, Nashville, Tennessee, 1996

- Changing Lenses, Howard Zehr, Scottsdale, PA: Herald Press, 1990

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— Aperçus de Dieu au travail —

- My First White Friend, http://www.forgiveness-institute.org/wof sample bkreview.html

- Chicken Soup for the Prisoner's Soul, Canfield & Hansen, Health Communications Inc., Deerfield Beach, Floride, 2000.

2. Vidéos

- No One Is Dispensable, Vision TV, Rita Deverell, chef de production, 1998.

3. Bibliographies

- Paul McCold, Restorative Justice: An Annotated Bibliography, Criminal Justice Press, Monsey, NY, 1997 [Pour accès facile à cette bibliographie, voir le site http://www.restorativejustice.org/>]

- Mark S. Umbreit, Publications and Videos, Center for Restorative Justice and Mediation, School of Social Work, University of Minnesota, 383 McNeal Hall, 1985 Buford, St. Paul, Minnesota 55108 téléphone : (612) 624-4923; télécopieur : (612) 625-8224 courriel :ctr4rjmeche2.che.umn.edu Internet : http://ssw.che.umn.edu/ctr4rjni

- Restorative Justice Handbook, Corrections Compendium, Volume 23, Numéro 12, décembre 1998

4. Sites Web -The International Forgiveness Institute : http://www.forgiveness-institute.org/ -Campaign for Equity - Restorative Justice (CERJ) : http://www.cerj.org -Semaine de la justice réparatrice (SCC): www.csc-scc.gc.ca/text/forum/rjweek/mainf . shtml .

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- Index -

Index des collaborateurs et abréviations

Remerciements Dédicace Table des matières Note de la rédaction

Avant-propos - Chris Carr

Introduction : Une proclamation : un appel à la justice

Section I: HISTOIRES RAPPORTÉES PAR DES VOYAGEURS AU SUJET DE VCEUVRE DE DIEU

Introduction de la section : Raconter notre histoire - Terry Richardson

1. Les victimes d'actes criminels : les acteurs oubliés - Le rêve de vengeance de la victime - Wilma Derksen - Nos rêves se sont évanouis à tout jamais - André Duchesneau - Les victimes : les orphelins de la justice - Mont), Le ■N is - Les familles des délinquants : les victimes in ■ isibles - I lugh Kirkegaard

2. .11 faut un village pour rétablir les relations rompues - Pas dans ma cour - Norm Barton - Avec un peu d'aide de mes amis - Harry Nigh - Une religieuse transmet un message de guérison à d'ex-détenus et à

leurs victimes - Laureen McMahon - Un ministère auprès des familles - Chris Carr

3. Les gens derrière les barreaux : des délinquants racontent leur histoire

- Témoignage d'un détenu - Pierre - Aimer Dieu, un début - Lorna DoSantos - Hommage à l'Église Mustard Seed - Myron Krause - Un prisonnier fait part de ses réflexions au sujet de Joseph - .Charlie

Taylor -La libération de Noël - Rod Carter

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— Aperçus de Dieu au travail —

4. Grâce à leur bonté : les bénévoles de l'Aumônerie du SCC

— La capacité d'aimer - Patricia Kelly — Comment les femmes de l'Église peuvent-elles répondre aux femmes

incarcérées? - Lorraine Berzins — Le ministère de Gene McLellan - Philip Lee — Sous le couvert du déguisement - Michael Card

5. Une présence visible et compatissante : les aumôniers dans les établissements

— Jours de diamant, jours de pierre - Rod Carter — Mon cheminement comme aumônière - Elizabeth Coulombe — La spiritualité facilite la guérison - Pauline Finch-Durichen — Engagement maximum - Raquel Exner — Plus vite pasteur! ou Un pasteur sur deux roues - Lorne Freake — N'oubliez pas ceux qui sont en prison, comme si vous étiez en prison

avec eux - David Hale — Combler le fossé - Allyson Lucas — Une grande joie dans un établissement à sécurité maximale - Am n Main — Une journée dans la vie de Craig Murphy - Craig Murphy — Hymne à l'« inutilité » - Harry Nigh — Réflexions - Joan Palardy — Comment ma fille m'a enseigné la justice réparatrice - Rosemary

Redshaw — Frontières - Helen Tervo — Si tu faisais la paix - Jean-Guy Tremblay — Le grain semé en terre - Jane Warren

SECTION II: LAISSER L'ESPRIT HUMAIN S'EXPRIMER AU MOMENT DE NOTRE CHEMINEMENT COMMUN

Introduction : La grâce de la créativité - Rod Carter

1. Liturgies — Une liturgie d'adieu à un détenu mis en liberté - Bernie Archer — Service commémoratif d'Evelyn MacKenzie - David Schantz — Service commémoratif: lectures adaptées - source inconnue

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— Recommencer - Judi Morin — La guérison du pays - Randy Creath

2. Homélies « Consolez, consolez mon peuple » - Henk Smidstra

— Péché et reconstruction - Terry Richardson — Réconciliation - Rosemary Redshaw — Quel âge aurez-vous? - Bo Gajda

Pigman - Harry Nigh — La justice réparatrice : un appel de la Croix - Craig Murphy — Plan d'un sermon - CEJC

3. Quelques citations

4. Poésie — Espoir et guérison - Carol Andrews — Sans titre - Craig T. Beaton — Des ténèbres à la lumière- Henriette Doré Mainville — Réflexion - Jean-Claude Bouchard — Le prisonnier - Pat Martel — Sans titre - Henriette Doré Mainville — Le miracle - Abshira Philomena

SECTION III : NOUVEAUX POINTS DE REPÈRE SUR LA VOIE DE LA JUSTICE OUI GUÉRIT

Introduction : La justice réparatrice, une façon de rétablir la justice Judi Morin

1. Un appel public - Justice réparatrice et aumônerie — La Semaine de la justice réparatrice - Christina Guest — Survol historique

2. Au-delà des murs : l'aumônerie communautaire

Région de l'Atlantique — L'aumônerie communautaire en zone métropolitaine - Philip J. Lewis

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— Aperçus de Dieu au travail —

— L'aumônerie communautaire de Saint John - David Hardy —Construction du Gene MacLellan Centre - Monica McKinnon — St. Luke's Renewal Centre - Conseil chrétien de réconciliation — Un petit service de pastorale qui a fait ses preuves - Lori Errington

Région du Québec — Accueil Laurier - Wilbrod Dionne

Région de l'Ontario

— Aumônerie communautaire de Toronto - Harry Nigh — Aumônerie communautaire de Waterloo-Wellington à l'intention des

ex-détenus - Sharon Chapman — Projet Espoir - Allyson Lucas

Région des Prairies — Les services de pastorale 'Bridge' - Ken From — La société de soutien communautaire de Gaining Ground*- Louise

Russell — Aumônerie communautaire de Saskatoon - Glen Jones

Région (lu Pacifique — Aumônerie communautaire de Victoria - Marvin Goertz et Judi Morin

3. Les cercles de soutien : des lieux d'entraide et de fraternisation — Introduction - Hugh Kirkegaard — Bulletin d'information M2W2 - Sherry Regier — Note de la rédaction — Conférence de Paris sur les cercles de soutien : commentaires et

réflexions — Points saillants de l'ouvrage de David Cayley

4. Un moyen de s'exprimer : le processus de réconciliation entre la victime et le délinquant — David Cayley s'entretient avec Dave Gustafson — Une réconciliation qui a tardé - Lorne K. Freake

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— Index —

5. La justice réparatrice au programme des universités : — Des universités offrant des études en justice réparatrice - Christina

Guest — Diplôme en justice réparatrice : Rétablir des vies - Rod Carter — Un cours d'enseignement à distance - Charles Taylor

SECTION IV: RÉFLEXIONS, VISIONS ET RÊVES - COUP D'ŒIL SUR LA TERRE PROMISE

Introduction - Christina Guest

1. La criminalité, la peur et la foi - Pierre Allard 2. Les stades de réinsertion sociale des délinquantes - Coleen Lynch 3. Le délinquant sexuel : un bouc émissaire - Hugh Kirkegaard 4 - Une vision pour le 3' millénaire - Pierre Héon et Jean Périgny 5. Jubilé 2000— Demande d'amnistie pour les prisonniers

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I. Collaborateurs par ordre alphabétique

Allard, Pierre (pasteur), commissaire adjoint intérimaire, Opérations et programmes correctionnels (SCC); auparavant directeur général de l'Aumônerie (SCC) et aumônier à l'établissement de Dorchester, à Dorchester, au Nouveau-Brunswick; ordonné par la Convention baptiste de l'Ontario et du Québec.

Andrews, Carol, détenue et bénévole à la chapelle de l'établissement Grand Valley, à Kitchener, en Ontario.

Archer, Bernie (pasteur), membre du Comité interconfessionnel d'aumônerie; ordonné par la Church of the Nazarene.

Barton, Norm (pasteur), aumônier pour le SCC à l'établissement de Bath et aumônier régional adjoint (région de l'Ontario; vit présentement à Kingston, en Ontario; ordonné par la Convention baptiste de l'Ontario et du Québec.

Beaton, Craig T., une personne qui a sollicité les conseils de l'aumônerie communautaire de Toronto, qui tente d'exprimer par la poésie son désir de briser le cycle de la toxicomanie dans sa famille, et sa lutte pour y parvenir.

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— Aperçus de Dieu au travail —

Berzins, Lorraine, membre du Christian Council on Justice and Corrections; auparavant travailleuse sociale à la Prison des femmes de Kingston, en Ontario; et membre du comité permanent du Comité interconfessionnel sur la spiritualité des délinquantes; vit présentement à Ottawa, en Ontario; membre de l'Église catholique romaine.

Boucher, Jean Claude, un détenu-étudiant à l'établissement Ste-Anne-des-Plaines (SCC), à Ste-Anne-des-Plaines, au Québec.

Card, Michael, auteur d'un poème remis à l'aumônier Rosemary Redshaw par un bénévole de l'établissement Grand Valley (SCC), à Kitchener, en Ontario.

Carr, chanoine Christopher (pasteur), directeur général de l'Aumônerie du SCC; auparavant adjoint au directeur général et aumônier du Centre de détention de Montréal, Québec; vit présentement à Hull, au Québec, où il est responsible d'une communauté chrétienne de langue française; ordonné par l'Église anglicane du Canada.

Carter, Rod (pasteur), aumônier régional pour le SCC (Région de l'Ontario); auparavant aumônier à l'établissement de Joyceville, à Kingston, en Ontario; ex-détenu fédéral; ordonné par l'Église unie du Canada.

Chapman, Sharon (pasteur), aumônière communautaire à Hospitality Connection, à Guelph, en Ontario; ordonné par la Convention baptiste de l'Ontario et du Québec.

Coulombe, soeur Elisabeth, aumônière à l'établissement de Grand Cache (SCC), à Grand Cache, en Alberta; auparavant travailleuse sociale; membre de la communauté des Sœurs de la Charité de Montréal (Soeurs grises).

Derksen, Wilma, fondatrice et directrice du programme Victims' Voice (un programme national dont l'objectif est de venir en aide aux personnes perturbées par un homicide ou un crime violent); éditrice de Pathways (une revue bimensuelle publiée par le Comité central mennonite du Canada); vit à Winnipeg; membre de l'Église mennonite.

Dionne, Wilbrod, aumônier à l'établissement Leclerc (SCC), à Laval, au Québec, et aumônier à l'Accueil Laurier, une aumônerie communautaire située à Montréal, au Québec; membre de l'Église catholique romaine. DoSantos, Lorna, détenue de l'établissement Grand Valley, à Kitchener, en Ontario; conférencière lors de réunions avec des membres de la collectivité, organisées par Rosemary Redshaw, aumonière de l'établissement Grand Valley.

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Duchesneau, Christina et André, André est un bénévole qui accompagne régulièrement des détenus de l'établissement Pittsburgh, à Kingston, en Ontario; les deux sont membres de l'Église catholique romaine.

Freake, Lorne K. (pasteur), aumônier bilingue à l'emploi de l'aumônerie communautaire du nord-ouest du Nouveau-Brunswick, à Grand Falls, au Nouveau-Brunswick; ordonné par Les Assemblées de la Pentecôte du Canada.

From, Ken (pasteur par interim), aumônier communautaire aux Bridge Ministries (Community Justice Ministries), à Calgary, en Alberta; membre de l'Église mennonite.

Gadga, Bo (pasteur), aumônier à l'établissement de Rockwood, à Stony Mountain, au Manitoba; ordonné par l'Église catholique romaine.

Goertz, Marvin (pasteur), ex-aumônier à l'établissement William Head, à Victoria, en Colombie-Britannique; ordonné par l'Église évangélique luthérienne au Canada.

Guest, Christina (pasteure), agente de projet à l'administration centrale du SCC, à Ottawa, en Ontario; auparavant curée de paroisse; ordonnée par l'Église anglicane du Canada.

Hale, David (pasteur), aumônier à l'établissement de Bath, à Kingston, en Ontario; ordonné par l'Église catholique romaine.

Hardy, Dave, aumônier à l'aumônerie communautaire Saint John, à Saint John, au Nouveau-Brunswick; membre l'Église apostolique de Pentecôte.

Héon, Pierre (pasteur), aumônier à l'établissement de Cowansville, à Cowansville, au Québec; ordonné par l'Église catholique romaine.

Jones, Glen (pasteur), aumônier à l'aumônerie communautaire de Saskatoon, à Saskatoon, en Saskatchewan; ordonné par l'Église Church of God.

Kirkegaard, Hugh (pasteur), coordonnateur national des cercles de soutien et d'imputabilité, un programme parrainé conjointement par le Comité central mennonite (Ontario) et l'Aumônerie du SCC; auparavant aumônier communautaire à Toronto, en Ontario; vit présentement à Dundas, en Ontario; ordonné par la Convention baptiste de l'Ontario et du Québec.

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— Aperçus de Dieu au travail —

Krause, Myron (pasteur), directeur de l'aumônerie correctionnelle communautaire d'Edmonton (église Mustard Seed), à Edmonton, en Alberta; ordonné par la North American Baptist Church.

Laperle, Dominique, bénévole à l'établissement Ste-Anne-des-Plaines (SCC), à Ste-Anne-des-Plaines, au Québec; membre de l'Église catholique romaine.

Lewis, Monty (pasteur), fondateur et directeur du mouvement Cons for Christ, une aumônerie communautaire située à Fredericton, au Nouveau-Brunswick; ex-détenu sous responsabilité fédérale; aumônier-conseil auprès du ministère des Services correctionnels du Nouveau-Brunswick; ordonné par l'Église apostolique de Pentecôte (représentant de cette église au Comité interconfessionnel).

Lewis, Philip J., aumônier communautaire à l'aumônerie communautaire de la région métropolitaine de St. John, à St. Johns, à Terre-Neuve; membre de l'Église catholique romaine.

Lucas, Allyson, aumônière à l'aumônerie communautaire pour femmes, à Toronto, en Ontario; membre de l'Église mennonite.

Lynch, Coleen (pasteure), auparavant aumônière bénévole à l'établissement pour femmes d'Edmonton, à Edmonton, en Alberta; ex-membre du comité permanent sur la spiritualité des délinquantes (Comité interconfessionnel); curée de l'église Holy Trinity, à Edmonton; ordonnée par l'Église anglicane du Canada.

Main, Arnold (pasteur), aumônier du SCC à l'établissement Fenbrook, à Gravenhurst, en Ontario; ordonné par la Convention baptiste de l'Ontario et du Québec.

Mainville, Henriette Doré, bénévole à l'établissement de Ste-Anne-des-Plaines, à Ste-Anne-des-Plaines, au Québec; membre de l'Église catholique romaine.

Martel, Pat, ex-détenu de l'établissement de Ste-Anne-des-Plaines, à Ste-Anne-des-Plaines, au Québec.

Morin, soeur Judi, aumônière à l'établissement William Head, à Victoria, en Colombie-Britannique; membre de la communauté des Sœurs de Sainte-Anne.

Murphy, Craig, aumônier du SCC à l'établissement de l'Atlantique, à Renous, au Nouveau-Brunswick; membre de l'Église catholique romaine.

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Nigh, Harry, pasteur l'église Welcome Inn, à Hamilton, en Ontario; auparavant aumônier communautaire à Toronto, fondateur des cercles de soutien et d'imputabilité; sera bientôt ordonné par la Mennonite Conference of Eastern Canada.

Northey, Wayne, directeur exécutif de M2W2 (Man-to-Man, Woman-to-Woman) en Colombie-Britannique; ancien éditeur de la revue Accord (une publication du Comité central mennonite du Canada à l'intention des personnes oeuvrant auprès des victimes et des délinquants); membre de l'Église mennonite.

Périgny, Jean (pasteur), aumônier de l'établissement de Cowansville (SCC), à Cowansville, au Québec; ordonné par l'Église catholique romaine

Philomena, Abshira, une femme qui a sollicité les conseils de l'aumônerie communautaire pour les femmes, à Toronto.

Redshaw, Rosemary (pasteure), aumônière du SCC à l'établissement Grand Valley, à Kitchener, en Ontario; auparavant aumonière de la prison provinciale; ordonnée par l'église Church of the Nazarene.

Regier, Sherry, membre du personnel de l'organisme M2W2 (Man to Man, Woman to Woman), à Abbottsford, en Colombie-Britannique.

Richardson, Terry (pasteur), adjoint au directeur général de l'Aumônerie du SCC, ancien aumônier régional dans la région des Prairies; vit présentement à Orléans, en Ontario; ordonné par l'Église évangélique luthérienne du Canada.

Russell, Louise (par intérim), aumônière communautaire pour la société de soutien communautaire Gaining Ground (auparavant aumônière communautaire à Red Deer et pour le district), à Red Deer, en Alberta.

Seary, Sarah, une adolescente autochtone de 17 ans; vit dans une famille d'accueil; s'est adressée au pasteur Lorne K. Freake, à l'aumônerie communautaire du nord-ouest du Nouveau-Brunswick, pour obtenir de l'aide.

Shantz, David (pasteur), aumônier du SCC à l'établissement Archambault, à Ste-Anne-des-Plaines, au Québec; ordonné par l'Église mennonite.

Smidstra, Henry (pasteur), aumônier au Centre correctionnel pour femmes de Burnaby, à Burnaby, en Colombie-Britannique; ordonné par la Christian Refortned Church in North America.

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— Aperçus de Dieu au travail —

Taylor, Charles (pasteur), professeur adjoint d'Éducation pastorale clinique au Acadia Divinity College, Acadia University, à Wolfville, en Nouvelle-Écosse; ordonné par l'Église baptiste unie.

Tervo, Helen (pasteure), aumônière au Centre psychiatrique régionale du SCC, à Saskatoon, en Saskatchewan; auparavant aumônière d'hôpital; ordonnée par l'Église anglicane du Canada.

Tremblay, Jean-Guy (pasteur), aumônier à l'établissement Montée Saint-François, à Laval, au Québec; ordonné par l'Église catholique romaine.

Warren, Jane (pasteure), aumônière du Projet Réconciliation, à Kingston, en Ontario; ordonnée par la Convention baptiste de l'Ontario et du Québec.

II. Journalistes

Errington, Lori, reporter pour le journal The Mirror-Examiner, à Middleton, en Nouvelle-Écosse.

Exner, Raquel, journaliste pour le quotidien The Prince Albert Daily Herald, à Prince Albert, en Saskatchewan.

Finch-Durichen, Pauline, journaliste pour le journal Kitchener-Waterloo Record.

Lee, Philip, rédacteur en chef du New Brunswick Reader Magazine, un encart dans le Saturday Telegraph Journal, publié à Saint John, au Nouveau-Brunswick.

McKenzieKosowan, Nan, collaboratrice régulière au Christian Weekly News.

McMahon, Laureen, rédactrice attitrée au journal The B.C. Catholic, publié par l'archidiocèse de Vancouver, en Colombie-Britannique.

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I. Sujets des textes originaux

Boyles, Sara (Sally) (pasteur), présidente du Comité interconfessionnel d'aumônerie au SCC; auparavant aumônière de la province de l'Ontario; curée à Toronto; ordonnée par l'Église anglicane du Canada.

Guimond, Reno, aumônier à l'établissement pour femmes d'Edmonton (SCC), à Edmonton, en Alberta, a travaillé quelque temps à l'établissement Grand Valley, à Kitchener, en Ontario; membre de l'Église catholique romaine.

Gustafson, Dave, directeur de Community Justice Initiatives à Langley, en Colombie-Britannique, programme de réconciliation entre la victime et le délinquant; ordonné par l'Église mennonite.

Kelly, soeur Patricia, depuis qu'elle est retraitée, aumônière bénévole (SCC) à Kingston, en Ontario; a déjà été infirmière, administratrice d'hôpital et aumônière; a aidé à mettre sur pied des services d'aumônerie au Centre régional de traitement (région de l'Ontario) et une équipe pastorale des soins palliatifs (composé d'aumôniers, de bénévoles et de détenus) à l'hôpital du pénitencier de Kingston; membre de la communauté des Soeurs de la Providence de Saint-Vincent de Paul.

Shea, Harold, aumônier communautaire des Overcomer Support Groups de Sudbury, en Ontario; ex-détenu sous responsabilité fédérale; ordonné par le New Life Christian Centre.

IV. Abréviations et acronymes

CCR - Christian Council for Reconciliation Prison Ministry CEJC - Conseil des églises pour la justice et la criminologie SCC - Service correctionnel du Canada DG - Directeur général CI - Comité interconfessionnel d'aumônerie au SCC AP - Avertisseur portatif JR - Justice réparatrice SJR - Semaine de la justice réparatrice TRAD - Indique qu'un article a été traduit de l'anglais WSC - Comité permanent sur la spiritualité des détenues du Comité

interconfessionnel sur l'Aumônerie dans le SCC

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