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SAMEDI 17 MAI 2014 –20H
Krzysztof Penderecki La Follia, pour violon solo
Wolfgang Amadeus MozartSonate pour violon et piano en mi mineur K. 304
André PrevinSonate n° 2 pour violon et piano
entracte
Ludwig van BeethovenSonate n° 9 « À Kreutzer »
Anne-Sophie Mutter, violon Lambert Orkis, piano
Avec le soutien de l’Institut Adam Mickiewicz dans le cadre du programme Polska Music.
www.polskamusic.pl
Ce concert est également soutenu par l’Ambassade de Pologne.
Fin du concert vers 21h45.
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Âmes sœursUne interview avec Anne-Sophie Mutter et Lambert Orkis
« Ma rencontre avec Lambert a été un véritable coup de chance. Quand nous avons commencé à nous produire
ensemble, nous avons vite remarqué à quel point nos respirations et nos phrasés s’accordaient à la perfection. »
C’est en décembre 1988 qu’Anne-Sophie Mutter et Lambert Orkis ont donné leurs premiers récitals communs en Amérique, avec d’emblée le sentiment qu’ils partageaient une sympathie musicale que tous deux savaient ne devoir jamais changer. Pour Anne-Sophie Mutter, une telle affinité est « là ou n’est pas. C’est difficile à décrire. Mais on ressent tout de suite si l’on peut véritablement dialoguer avec quelqu’un d’autre. Pour nous, cette base essentielle s’est maintenue durant nos vingt-cinq années ensemble. »
Le fait que ces deux artistes abordent leur partenariat selon un angle légèrement différent, loin de constituer un obstacle, s’est avéré en réalité extrêmement productif. Lambert Orkis était familier de longue date du répertoire contemporain comme de l’interprétation sur instrument d’époque, et cette familiarité avait influencé son approche de la musique des XVIIIe et XIXe siècles. La violoniste est convaincue que leur travail sur les sonates de Mozart et Beethoven en a énormément bénéficié. « En général, nous sommes autant aidés par ce qui différencie nos personnalités que par nos points communs, avec ce désir de soutenir l’autre de façon inconditionnelle. Nous sommes comme des funambules s’assurant que l’autre est dans la meilleure posture possible pour son triple saut périlleux avec vrille. »
Comment un tel partenariat artistique peut-il fonctionner depuis si longtemps sans le moindre murmure de désaccord ? Pour le pianiste, la question est très simple : « Nous nous apprécions, nous aimons le jeu de l’autre et sa compagnie. Cela rend les choses beaucoup plus aisées, parce que nous travaillons très dur. D’une certaine manière, j’avais été très gâté par les moments merveilleux passés avec le grand violoncelliste Mstislav Rostropovitch, lequel m’a présenté Anne-Sophie. Mais dès le début, jouer avec elle s’est avéré complètement naturel. Son jeu est d’une beauté incroyable, intelligent, son goût très sûr, même en musique contemporaine. Anne-Sophie combine un authentique plaisir de la musique avec un esprit d’aventure et une passion intense pour son sujet. De mon côté, j’aime allier virtuosité et beauté du son. Une grande partie de notre communication passe uniquement par le son. Bien sûr, nous parlons, mais très peu d’interprétation. Nous discutons de politique, de religion, de ses chiens et de mes chats – et nous ne nous fâchons jamais. »
Anne-Sophie Mutter a toujours préféré travailler avec des chefs qui avaient leurs propres idées musicales et une opinion personnelle affirmée. « Cela me semble bien plus riche qu’un chef uniquement capable de tenir l’orchestre poliment à l’arrière-plan. Dans le cas de la musique de chambre, c’est encore plus important que votre partenaire vous soumette ses propres expériences. Je suis toujours désireuse d’apprendre. Et cela n’est possible qu’avec des musiciens qui en savent plus que moi sur une pièce ou qui ont une approche différente
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de cette pièce – comme c’est le cas avec Lambert. C’est lui que je dois remercier de m’avoir fait découvrir un compositeur comme Sebastian Currier, lequel a écrit pour moi le concerto pour violon Time Machines et pour nous deux la pièce Aftersong. Lambert m’a apporté de nombreuses idées artistiques essentielles et présentée à des artistes qui sont depuis devenus des amis. »
Durant vingt-cinq ans, les deux musiciens ont exploré l’univers de nombreux compositeurs : Franck, Debussy, Fauré, Schumann, Brahms, Kreisler, Prokofiev, Respighi, Webern et George Crumb. Ils organisent leurs programmes ensemble, régulièrement aidés du professeur d’Anne-Sophie Mutter, Aida Stucki. Sans ses précieux conseils, ils n’auraient peut-être jamais découvert des trésors tels que la sonate de Respighi. Un projet central pour eux et particulièrement exigeant a été l’enregistrement de deux cycles consacrés à Mozart et Beethoven, de quatre CD chacun, parus respectivement en 2006 et 1998. « J’avais jouéla plupart des grandes pièces », se rappelle Lambert Orkis, « et Anne-Sophie en avait joué d’autres. Mais l’essentiel des sonates de Beethoven et surtout les sonates de Mozart nous étaient nouvelles. C’est pourquoi ce projet a été extrêmement surprenant pour moi. Pour être honnête, Mozart me faisait peur. Anne-Sophie m’a beaucoup aidé et lu les lettres du compositeur, nous ouvrant les yeux sur les histoires extraordinaires que ces sonates avaient à raconter. » Pour Anne-Sophie Mutter également, ces seize grandes sonates ont suscité un nombre infini de questions. « Les partitions de Mozart ne contiennent quasiment aucun indication d’exécution – il y a très peu d’indications de tempo, par exemple. C’était donc une bonne chose que nous arrivions à développer de nombreuses idées ensemble et que nous n’ayons pas décidé à l’avance dans quelle direction nous allions aller. Nous avons apporté au projet des conceptions très différentes. En général, nous sommes ouverts aux idées de l’autre et intéressés par ce que l’autre a à offrir, et chacun de nous aime mettre dans la balance quelque chose de nouveau que l’autre trouve stimulant, voire dérangeant. »
Le terme de « routine » n’a pas sa place dans leur vocabulaire, même en tournée avec cinq frontières traversées en cinq jours et dix récitals en onze jours. Après vingt-cinq ans, ils répètent encore intensément avant chaque concert, affinant parfois leurs idées musicales à la dernière minute – ce qui n’exclut pas la spontanéité du moment. « Nous prenons des risques, » dit Lambert Orkis. « L’un de nous expose le matériau musical et lui donne une couleur que nous n’avons jamais entendue auparavant. Et l’autre réagit à cela. » « Avec Lambert, je peux tout faire, accélérer jusqu’à la limite du possible et m’abandonner totalement à la joie pure du jeu. Beaucoup de grands compositeurs qui étaient eux-mêmes de talentueux interprètes jouaient toujours leurs œuvres différemment d’un concert à l’autre. Nous ne recherchons pas l’interprétation parfaite pour la reproduire ensuite durant le reste de nos jours. Nous savons grâce à de nombreux compositeurs contemporains qu’il existe diverses manières de donner vie à une partition. Quasiment tous croient en l’apport décisif de l’interprète. » Et c’est certainement vrai d’un ouvrage comme la Sonate n° 2 d’André Previn, écrite selon Lambert Orkis « avec une étincelle dans les yeux. Le mouvement final est plein d’humour, qualité trop souvent absente en musique contemporaine. André a une écriture accessible et pourtant sa musique conserve toujours sa fraîcheur et sa modernité. C’est juste qu’il ne se prend pas autant au sérieux que beaucoup de ses
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collègues. » De même, Anne-Sophie Mutter souligne le don qu’a Previn en matière de communication avec le public. « Et qui écrit de plus belles choses pour la voix et donc pour le violon ? Peu de compositeurs contemporains arrivent à donner vie aux émotions comme il le fait dans le deuxième mouvement de sa sonate. »
On peut difficilement trouver plus fort contraste entre cette pièce et La Follia de Penderecki pour violon seul, qui rappelle les modèles baroques et présente à partir de ce thème majestueux un véritable catalogue de variations aux difficultés redoutables. « Il ne laisse rien de côté : harmoniques, traits en tierces et en dixièmes, avec des sauts d’intervalles pour lesquels il faut bien attacher sa ceinture. Je pense qu’il a élevé la forme à un degré de perfection unique dans le répertoire violonistique, même si j’ai aussi pleuré sur son épaule en raison de quelques intervalles absolument injouables. »
A-t-il jamais existé un désaccord sérieux entre Anne-Sophie Mutter et Lambert Orkis? Elle rit. « À part mon frère et feu mon mari, je ne connais personne d’humeur aussi égale que Lambert. Malheureusement, je ne peux pas dire la même chose de moi. Quand j’ai faim et que je n’ai pas à manger, les choses peuvent devenir difficiles, et Lambert souffre certainement plus que moi de cela. » Le pianiste rétorque : « Je peux parfois souffrir face à un piano à queue, mais jamais à cause d’elle. »
Oswald BeaujeanTraduction française : Delphine Malik-Vernhes
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samedi 17 mai
Krzysztof Penderecki (1933)La Follia, pour violon solo
Composition : 2013.
Création : le 14 décembre 2013 par Anne-Sophie Mutter au Carnegie Hall de New York.
Durée : environ 10 minutes.
La Follia (ou folia, « folie » en italien) trouve son inspiration dans une forme de danse populaire des XVIIe et XVIIIe siècles. Comme les diverses chaconnes, passacailles et autres basses obstinées qui structurent tant d’œuvres baroques, la folia était basée sur une suite répétée d’accords ; elle était souvent associée à des ostinatos mélodiques et rythmiques. Penderecki – qui a pensé à une époque de sa vie faire carrière comme violoniste de concert – explique qu’à l’origine il avait nommé sa composition « chaconne » avant d’abandonner cette idée, pensant qu’il serait « culotté » de se mesurer à la grande Chaconne en ré mineur pour violon seul de Bach.
Penderecki utilise le motif de la folia comme thème d’un ensemble de variations conçu pour présenter à la fois le talent de l’interprète et l’ingéniosité du compositeur. Les neuf variations vont d’une danse animée de style polonais à un adagio paisible et contrapuntique rappelant les suites pour violon seul de Bach. Dans la section d’ouverture de la pièce, le violoniste introduit le rythme caractéristique long-court-long de la folia par une suite de motifs descendants joués pizzicato. Ici comme dans d’autres pièces, Penderecki souligne les intervalles de demi-ton et de triton, conférant à la musique une teinte sinueuse et chromatique. (Ces mêmes intervalles jouaient un rôle déterminant dans son Premier Concerto pour violon, écrit au milieu des années 1970.) Après une explosion de virtuosité, véritable feu d’artifice, l’œuvre revient à son point de départ sur un fa grave.
Harry Haskell© 2013 The Carnegie Hall Corporation
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Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)Sonate pour piano et violon en mi mineur K. 304
Allegro
Tempo di Menuetto
Composition : Paris mai 1778.
Durée : 14-15 minutes.
Cette sonate fait partie du groupe des six « Palatines », dédiées à la Princesse Électrice de ce titre ; deux de ces œuvres, dont celle-ci, furent écrites pendant le maussade séjour parisien qui n’apporta au jeune Mozart de vingt-deux ans aucun succès décisif. Il est rare qu’une des nombreuses sonates pour violon et piano de Mozart ait un ton principal mineur comme cette K. 304 ; assez tendue, elle précède de peu la Sonate pour piano en la mineur K. 310, si trépidante et inquiète. Sa structure en deux mouvements est atypique et elle se termine par un menuet qui n’en est pas vraiment un.
Dans le premier mouvement, l’ensemble de l’exposition, premier thème, pont, second thème adoptent un profil affirmé, dont les souplesses et les amabilités passagères s’effacent devant des percées de colère ; par moments les deux instruments s’indignent, bien ensemble, parfois à l’unisson ; la section conclusive en canon exprime une orgueilleuse maîtrise. Les ires encore contenues de l’exposition jaillissent franchement dans le bref développement, traversé de notes nerveusement répétées, dont l’impact se prolonge au début de la réexposition. Quelques inflexions tristes (la sixte napolitaine) colorent de leur amertume cette page pourtant toujours gracieuse et belle : avec Amadeus, il n’en est jamais autrement…
Le Tempo di Menuetto prend des libertés avec le schéma du menuet proprement dit : c’est un andante d’une grande délicatesse où les retours du premier thème sont toujours instrumentés différemment, pour introduire de la variété. Cette première phrase est d’abord présentée au piano seul, puis au violon : là, on s’attend au découpage conventionnel du menuet, mais Mozart laisse sa pensée se promener plus loin, détendue et rêveuse, désireuse surtout de laisser un intime morceau de musique de chambre. La phrase suivante, partagée entre les deux partenaires, retarde sa conclusion ; le piano plonge dans une « cadence » grondeuse, et le retour du thème principal ignore l’habituelle reprise. En guise de « trio » central, un discours très vertical en majeur, sorte de choral, exprime un grand calme. Le da capo, introduit par un piano confidentiel écrit une octave plus bas, est abrégé ; le violon conduit à la coda qui, malgré son charme, reste bien sérieusement en mineur.
Isabelle Werck
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samedi 17 mai
André Previn (1929)Sonate pour violon et piano n° 2
Joyous
Desolate
Brilliant, quasi cadenza
Composition : 2011.
Création : le 14 décembre 2013 par Anne-Sophie Mutter et Lambert Orkis au Carnegie Hall de New York.
Durée : environ 17 minutes.
La Sonate pour violon et piano n° 2 de Previn est une commande d’Anne-Sophie Mutter et du Klavier-Festival de la Ruhr. (Sa Première Sonate pour violon avait été écrite en 1994 pour Gil Shaham.) Divorcés en 2006 après quatre ans de mariage, Previn et Mutter n’en ont pas moins conservé une collaboration artistique fructueuse. Durant la dernière décennie, la violoniste a créé plusieurs de ses œuvres, dont le Concerto pour violon « Anne-Sophie », Tango Song and Dance et deux doubles concertos qui associent respectivement le violon à la contrebasse et à l’alto.
Comme la plupart des compositions de Previn, la Deuxième Sonate pour violon est d’une écoute agréable et aisée, imprégnée d’un élan rythmique exubérant et souvent jazzy. Les trois mouvements dessinent par leur titre – « Joyous », « Desolate » et « Brilliant, quasi cadenza » – un arc d’émotions qui reflète la symétrie traditionnelle de la sonate. Cette cohérence formelle est subtilement renforcée par la répétition de thèmes et de motifs. Ainsi, la figure mélodique incisive de quatre notes jouée par le violon au tout début de la sonate – une triade majeure descendante avec l’ajout d’une note de passage – revient plus tard au cours du premier mouvement en valeurs longues, ce qui renforce l’harmonie légèrement dissonante mais triadique dans son essence. Bien que Previn confie à chaque instrument des solos développés et souvent virtuoses, c’est bien la qualité de leur dialogue engagé qui laisse la plus forte impression.
Harry Haskell© 2013 The Carnegie Hall Corporation
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Ludwig van Beethoven (1770-1827)Sonate pour violon et piano n° 9 en la majeur op. 47 « À Kreutzer »
Adagio sostenuto. Presto.
Andante con variazioni.
Finale : Presto.
Composition : entre 1802 et 1803.
Création : le 24 mai 1803 par le compositeur et George Bridgetower.
Durée : environ 32 minutes.
À l’origine, cette sonate aurait dû s’appeler « à Bridgetower », car Beethoven la destinait au violoniste mulâtre, afro-anglais, ainsi nommé. Au début l’entente entre les deux hommes semble avoir été excellente ; comme Bridgetower suggérait à Beethoven une pertinente modification de détail, le maître, enchanté, l’a serré dans ses bras en s’écriant « Encore, mon cher Prichdauer (sic), encore ! ». Peu après, ils se sont disputés, et la dédicace fut adressée au violoniste français Rodolphe Kreutzer. Celui-ci ne joua jamais l’ouvrage qu’il déclarait « inintelligible » ; c’est finalement à Bridgetower qu’est revenu l’honneur de créer cette sonate pionnière et mal aimée ; la critique parla de « terrorisme musical ». Certes, l’œuvre est conçue pour les deux instruments avec une ambition, une vigueur, voire une fougue qui étaient inhabituelles à l’époque, en particulier pour le violon : le genre quitte le salon et entre dans la salle de concert, plus exigeante et plus spectaculaire.
Le premier mouvement épouse une forme sonate très classique mais de grandes dimensions : 10 minutes, 599 mesures. L’introduction, énigmatique, plaintive, hésitant entre majeur et mineur, est attaquée par le violon seul, gémissant en quadruples cordes.Le premier thème, en noires agressives, mène à un « pont » considérable, en plusieurs segments emportés, dialogués (dispute, ou bien confirmation des idées par chacun des instruments ?). Il n’y a pas un deuxième thème, mais plusieurs : d’abord un dolce qui introduit un bref apaisement, puis une nouvelle rafale précipitée dans l’esprit du pont,et enfin une mélodie superbe, large, où les deux partenaires se relaient, moins en rivalité qu’en bonne intelligence vers quelque haute volée. La codetta conclusive se résume aux quelques traits pleins de vivacité qu’ils se renvoient.
Le développement insiste sur l’ample deuxième thème éloquent, qui se réduit bientôt aux deux notes de sa tête, obsédantes au violon. Après le long mi qui clôt traditionnellement cette section (ici largement étalé), la réexposition, de façon très beethovénienne, se tâte, redémarre sous nos yeux de façon laborieuse. La coda lance une nouvelle mélodie lyrique puis, après avoir feint d’épuiser son énergie, s’achève sur de nouvelles fulgurances.
Entre deux mouvements énergiques, le second volet offre un havre de douceur. Il propose quatre variations sur un thème chantant et paisible, long de 54 mesures, dont la structure à deux reprises est soulignée par l’alternance piano / violon. La première variation, très pianistique, se présente en triolets piqués du clavier ; le violon se contente de quelques
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ponctuations. Les rôles s’inversent dans la variation suivante, où le violon parcourt un chemin très décoratif de triples croches que le piano soutient de ses contretemps.La troisième variation, en mineur, déroule un fil sérieux et mélancolique ; le violon chante parfois plus bas que la main droite du clavier et révèle ainsi la gravité secrète du thème. La quatrième variation retourne à un mode majeur et printanier : le clavier dans son aigu est approuvé par quelques pizzicati de son partenaire, et les ornements mélodiques sont gracieux à l’extrême. Une coda de grand format, onirique, referme l’ensemble sur un tendre échange entre les deux instruments.
Le finale (conçu au départ pour une autre sonate, la Sixième) condense ses 539 mesures en six minutes de frénétique tempo, situé entre la tarentelle débridée et le galop euphorique. Les deux instrumentistes dans leurs répliques semblent moins s’arracher les motifs que poursuivre leur but côte à côte. La forme sonate est presque à un seul thème, car le deuxième passe tout aussi vite que le premier, avec le même genre d’articulation ; le développement schématise les fragments mélodiques au travers de quelques fureurs ; les ronflements de la note mi (pédale de dominante), prolongés à souhait, introduisent un suspense très dynamique. La coda comporte un développement supplémentaire et son ralenti, peu avant la fin, ne prépare que mieux la dernière flambée du thème, foudroyante et ravie.
Isabelle Werck
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Biographies des compositeurs
Krzysztof Penderecki
Né en 1933, Krzysztof Penderecki est
devenu la figure emblématique de l’avant-
garde polonaise dans les années 1960
avec des œuvres telles que le déchirant
Thrène pour orchestre à cordes (mieux
connu pour sa dédicace, « À la Mémoire
des victimes d’Hiroshima », bien que
son inspiration première n’ait rien à
voir avec la bombe atomique) et la
Passion selon saint Luc, dans la lignée
du baroque. Célèbre pour son utilisation
de textures denses, expressionnistes
et de techniques instrumentales
inhabituelles, Penderecki a exprimé
son goût pour le drame dans l’opéra
Les Diables de Loudun, dans son Requiem
polonais et dans d’autres compositions.
Au cours des trois dernières décennies,
il a développé un langage plus lyrique
et romantique, en intégrant souvent
des éléments de styles plus anciens.
André Previn
Artiste aux talents multiples, compositeur,
chef d’orchestre, pianiste et arrangeur,
André Previn (né en 1929) est autant
à son aise dans les domaines du jazz,
de la musique de film et de la musique
populaire que ceux du concert classique
ou de l’opéra. Né à Berlin, il a émigré
avec sa famille aux États-Unis en 1939
et travaillé avec succès à Hollywood
comme compositeur de musique de
film et arrangeur. Il s’est ensuite fait
connaître comme pianiste de jazz
et classique, a dirigé divers grands
orchestres d’Amérique et d’Europe
et composé un vaste corpus de
symphonies, concertos, pièces de
musique de chambre ainsi que
deux opéras, A Streetcar Named
Desire et Brief Encounter.
Biographies des interprètes
Anne-Sophie Mutter
Née à Rheinfelden en Allemagne,
la violoniste amorce sa carrière
internationale au Festival de Lucerne
en 1976. L’année d’après, elle se produit
en soliste au Festival de Salzbourg,
sous la direction d’Herbert von Karajan.
Elle interprète autant les grandes œuvres
du répertoire que le contemporain :
Sebastian Currier, Henri Dutilleux,
Sofia Gubaïdulina, Witold Lutosławski,
Norbert Moret, Krzysztof Penderecki,
Sir André Previn et Wolfgang Rihm
lui ont ainsi dédié des œuvres.
Elle s’est produite avec les Berliner
Philharmoniker (Sir Simon Rattle),
l’Orquesta Sinfónica de Galicia (Victor
Pablo Pérez), le Pittsburgh Symphony
Orchestra (Manfred Honeck), le London
Symphony Orchestra (Valery Gergiev),
le London Philharmonic Orchestra
(Kurt Masur) ou encore le Boston
Symphony Orchestra (James Levine).
En décembre 2013, en récital avec le
pianiste Lambert Orkis au Carnegie
Hall de New York, Anne-Sophie Mutter
crée La Follia de Penderecki pour les
quatre-vingts ans du compositeur,
et interprète aussi la Sonate no 2
de Previn. En 2014, elle célèbre le
vingt-cinquième anniversaire de sa
collaboration avec Lambert Orkis
lors d’une tournée qui les conduira
en Allemagne, en France et en Suisse.
Ses enregistrements – toujours pour
Deutsche Grammophon – lui ont
valu de nombreuses récompenses :
le German Record Prize, le Record
Academy Prize, le Grand Prix du
Disque, l’International Record Prize et
plusieurs Grammies. Vient de paraître
Silver Album, comprenant La Follia de
Penderecki, la Sonate no 2 de Previn,
La Méditation de Thaïs de Massenet,
Pièce en forme de habanera de Ravel…
Son premier enregistrement du Concerto
pour violon de Dvořák, avec Manfred
Honeck et les Berliner Philharmoniker,
est sorti en octobre 2013. En 2011,
à l’occasion de ses trente-cinq ans
de carrière, Deutsche Grammophon
a publié une compilation de tous ses
enregistrements. En 2009, afin de
célébrer le bicentenaire de la naissance
de Mendelssohn, Anne-Sophie Mutter
lui rend un hommage très personnel
en mêlant musique symphonique et
musique de chambre sur CD et DVD :
la Sonate pour violon en fa majeur
de 1838, le Trio pour piano en ré
mineur op. 49, composé un an plus
tard, et le Concerto en mi mineur
de 1845. En 2008, elle crée la Fondation
Anne-Sophie Mutter, dont le but est
de promouvoir de jeunes musiciens
– une tâche entreprise par la violoniste
alors qu’elle fondait la Fondation du
Cercle des Amis d’Anne-Sophie Mutter
en 1997 ; à noter qu’avec les Mutter’s
Virtuosi, ensemble composé de quatorze
étudiants boursiers actuels et anciens
de la Fondation Anne-Sophie Mutter, elle
effectuera une tournée internationale
en 2014. Anne-Sophie Mutter met
également sa notoriété au service de
causes caritatives, et s’intéresse aux
questions de santé et de société de
notre époque. Elle soutient ces causes
en donnant régulièrement des concerts
caritatifs. Par exemple, en 2014 est
programmé un concert pour la Fondation
Lebenshilfe, qui aide les personnes
handicapées mentales ainsi que leurs
proches. En janvier 2014, Anne-Sophie
Mutter a été décorée de l’Ordre de la
Société Lutosławski de Varsovie.
En octobre 2013, elle est devenue
membre honoraire de l’Académie
BIOGRAPHIES
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des Sciences et Arts Américains.
En 2012, l’Atlantic Council lui a remis
le Distinguished Artistic Leadership
Award. En 2011, elle a reçu le Prix
Brahms, ainsi que les Prix Erich-Fromm
et Gustav-Adolf pour son implication
dans les actions sociales. En 2010,
l’Université Norvégienne des Sciences
et des Technologies de Trondheim lui a
décerné un doctorat à titre honorifique.
En 2009, elle s’est vue décerner le
Prix Européen Saint Ulrich ainsi que
le Cristobal Gabaroon Award, et, en
2008, le Prix Ernst von Siemens et
le Prix Mendelssohn de Leipzig.
Elle a reçu la Grand-Croix de l’Ordre
du Mérite de la République Fédérale
d’Allemagne, la Légion d’Honneur
Française, l’Ordre du Mérite Bavarois
et le Grand Ordre du Mérite Autrichien.
Lambert Orkis
Lambert Orkis s’est acquis une solide
réputation internationale, que ce
soit comme musicien de chambre,
spécialiste du répertoire contemporain
ou interprète sur instrument d’époque.
Depuis 1988, il se produit dans le monde
entier avec la violoniste Anne-Sophie
Mutter et a accompagné le violoncelliste
Mstislav Rostropovitch en récital
pendant plus de onze ans. Sa carrière
l’a également amené à collaborer avec
les violoncellistes Lynn Harrell, Anner
Bylsma, Daniel Müller-Schott et Han-Na
Chang, le violoniste Julian Rachlin et
l’altiste Steven Dann, ainsi qu’avec les
quatuors à cordes Vertavo, Emerson,
American, Mendelssohn, Curtis et
Manchester. Comme soliste, il s’est
produit sous la baguette de Christoph
Eschenbach, Mstislav Rostropovitch,
Leonard Slatkin, Rafael Frühbeck de
Burgos, Günther Herbig, Kenneth Slowik,
John Mauceri, Robert Kapilow et
Leon Fleisher. Primée et plusieurs fois
nominée aux Grammy Awards, sa vaste
discographie comprend des œuvres
des périodes classique, romantique et
moderne enregistrées chez divers labels.
Avec Anne-Sophie Mutter, il a réalisé
de nombreux disques pour Deutsche
Grammophon, comme l’intégrale des
Sonates pour violon de Beethoven
(Grammy Award dans la catégorie
Meilleure Performance de musique
de chambre) et de celles de Mozart
(Choc de l’année 2006). Lambert Orkis
a également enregistré en soliste des
œuvres de Schubert au pianoforte
chez Virgin Classics ainsi que des pièces
écrites pour lui par George Crumb,
Richard Wernick et James Primosch
chez Bridge Records. Il a créé le
Concerto pour piano de Wernick,
composé à son intention, au Carnegie
Hall de New York et au Kennedy Center
de Washington avec Rostropovitch
dirigeant le National Symphony
Orchestra – ensemble dont il a été
nommé pianiste permanent en 1982.
Lambert Orkis enseigne le piano
au Esther Boyer College of Music
and Dance de la Temple University
de Philadelphie, université qui l’a
décoré du Faculty Award for Creative
Achievement. Il est détenteur de
la Croix de l’Ordre du Mérite de la
République fédérale allemande.
POLSKA MUSIC
La programmation de Polska Music a pour principal objet de promouvoir le répertoire classique polonais
dans le monde. A cet effet, Polska Music diffuse les interprétations d’artistes de renommée internationale,
soutient la création de productions lyriques et de concerts, commande des œuvres auprès de jeunes
compositeurs, réalise des enregistrements, publie des ouvrages et participe à d’importantes manifestations.
C’est ainsi que Polska Music s’est associée à de grandes institutions de la scène musicale internationale,
parmi lesquelles le London Philharmonic Orchestra, le London Symphony Orchestra, le Philharmonia
Orchestra, l’English National Opera, le Royal Opera, le Berliner Festspiele, le Los Angeles Philharmonic,
le Lincoln Centre, la Salle Pleyel ainsi que les labels Deutsche Grammophon et Sony Classical.
Fondée en 2011, Polska Music est une émanation de l’Institut Adam Mickiewicz, organisme public chargé
de promouvoir la langue et la culture polonaises à l’étranger et d’encourager les échanges internationaux.
Dans le cadre de sa mission, l’Institut participe à la diffusion d’œuvres polonaises dans les grandes salles de
concert, galeries, théâtres, clubs et festivals à travers le monde. De grands événements culturels, tels que
POLSKA!YEAR au Royaume-Uni, les manifestations liées à la présidence polonaise de l’Union européenne,
l’orchestre I, CULTURE ou les célébrations du centenaire de la naissance de Witold Lutoslawski en 2013,
comptent parmi les quelque quatre mille projets auxquels l’Institut a apporté son concours à ce jour.
À travers le site culture.pl, source d’informations la plus complète et quotidiennement mise à jour sur les
grands événements culturels polonais à travers le monde, l’Institut présente un calendrier des événements
marquants, de nombreuses biographies d’artistes, des critiques, des essais, des notes de programme,
ainsi que de nombreuses institutions culturelles.
Pour de plus amples informations sur les événements culturels polonais dans le monde, consultez culture.pl
(en polonais et en anglais)
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MERCREDI 21 MAI 2014, 20H
JEUDI 22 MAI 2014, 20H
Olivier Messiaen
Le Tombeau resplendissant
Johannes Brahms
Un Requiem allemand
Orchestre de Paris
Chœur de l’Orchestre de Paris
Paavo Järvi, direction
Marita Sølberg, soprano
Matthias Goerne, baryton
Lionel Sow, chef de chœur
VENDREDI 23 MAI 2014, 20H
Einojuhani Rautavaara
Cantus Arcticus
Concerto pour violon
Claude Debussy
Prélude à l’après-midi d’un faune
La Mer
Orchestre Philharmonique de Radio France
Mikko Franck, direction
Hilary Hahn, violon
LUNDI 26 MAI 2014, 20H
Ludwig van Beethoven
Andante favori WoO57
Sonate n° 32 op. 111
Claude Debussy
Reflets dans l’eau
Poissons d’or
Frédéric Chopin
Impromptu n° 3 en sol bémol majeur op. 51
Ballade n° 4 en fa mineur op. 52
Berceuse op. 57
Scherzo n° 4 op. 54
Nelson Freire, piano
Production Piano****.
MARDI 10 JUIN 2014, 20H
Wolfgang Amadeus Mozart
Sonate pour piano n° 9
Ludwig van Beethoven
Sonate n° 8 op. 13 « Pathétique »
Frédéric Chopin
Nocturne op. 62 n° 2
Trois Valses op. 64
Trois Mazurkas op. 56
Polonaise en fa dièse mineur op. 44
Rafal Blechacz, piano
Production Piano****.
MERCREDI 11 JUIN 2014, 20H
JEUDI 12 JUIN 2014, 20H
Emmanuel Chabrier
España
Camille Saint-Saëns
Concerto pour piano n° 5 « Égyptien »
Reinhold Glière
Concerto pour harpe
Piotr Ilitch Tchaïkovski
Le Lac des cygnes (Suite)
Orchestre de Paris
Yutaka Sado, direction
Jean-Yves Thibaudet, piano
Xavier de Maistre, harpe
LUNDI 16 JUIN 2014, 20H
César Franck
Sonate pour violon et piano
Maurice Ravel
Trio avec piano, en la mineur
Franz Schubert
Trio avec piano op. 99
Guy Braunstein, violon
Zvi Plesser, violoncelle
Sunwook Kim, piano
Coproduction Piano****, Salle Pleyel.
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Salle Pleyel | et aussi…
Les partenaires média de la Salle Pleyel
MERCREDI 18 JUIN 2014, 20H
JEUDI 19 JUIN 2014, 20H
Ludwig van Beethoven
Leonore III (Ouverture)
Concerto pour piano en ré majeur
(d’après le Concerto pour violon)
Symphonie n° 7
Orchestre de Paris
Paavo Järvi, direction
Olli Mustonen, piano
MERCREDI 25 JUIN 2014, 20H
Franz Liszt
Les Préludes
Max Bruch
Concerto pour violon n° 1
Ottorino Respighi
Les Fontaines de Rome
Les Pins de Rome
Orchestre de Paris
Gianandrea Noseda, direction
Sergey Khachatryan, violon