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Royaume-Uni le marché des vins
Synthèse réalisée par Hervé HENROTTE de l’Agence Winalia
pour le compte de Wine 4 Trade à l’occasion du 14ème Salon Professionnel de Londres
French Wine Discoveries mardi 19 Janvier 2016
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Population totale : 64.510.000 Accroissement naturel : 0,6% Densité : 267 habitants/km² Population urbaine : 82,3% Population des principales villes (banlieue inclue) : Londres (12.090.000); Birmingham (1.919.000); Manchester (1.886.000); Leeds (1.181.000); Newcastle (1.065.000); Glasgow (957.000); Liverpool (944.000). Origines ethniques : Blancs 92,1% (dont Anglais 83,6%, Ecossais 8,6%, Gallois 4,9%, Irlandais 2,9%), Noirs 2%, Indiens 1,8%, Pakistanais 1,3%, mixtes 1,2%, autres 1,6%. Religion : Anglicans 46,3%, Catholiques 21,5%, Musulmans - Sunnites 10,8%, Sikhs 4,2%, Protestants 2,6%, Hindous 1,4%, Juifs 1,3%, Autres 11,9%. Monnaie : Livre sterling (GBP) 1 £ = 1,35 €, 1 € = 0,74 £ (déc. 2015)
Le Royaume-Uni est la septième économie du monde. Après cinq ans de crise, l'économie britannique a rebondi fortement depuis 2013, affichant une croissance économique de 3,1% en 2014 tirée par la consommation des ménages (plus de 60% du PIB) et la reprise du crédit. Une consolidation de la croissance est attendue en 2015, avec des prévisions de l'ordre de 2,8% du PIB. Si le Royaume-Uni est l’un des plus petits producteurs de vin au sein de l’Union Européenne, il est devenu le premier importateur de vins conditionnés en valeur et en volume dans le monde. La culture viti-vinicole anglaise est profondément ancrée dans l’histoire du Royaume-Uni et ses activités de négoce sont connues pour avoir orienté au fil du temps les productions de l’Ancien, puis du Nouveau Monde (Bordeaux, Cognac, Porto, l’exemple classique reste les crus classés du Médoc).
Avec une population de 64,5 millions d'habitants, le Royaume-Uni est le sixième marché mondial pour la consommation de vin (récemment dépassé par la Chine) qui s'est élevée à 1.303 millions de litres en 2014, soit 20,2 litres par habitant et 5% de la consommation mondiale de vin, ce qui correspond en fait à 17 % des flux mondiaux. Cette consommation a augmenté de plus de 65% entre 1995 et 2010 mais s’est stabilisée depuis. La France reste le
premier pays fournisseur du Royaume-Uni en valeur (34% de part en marché en 2014) mais le troisième en volume (16%), derrière l’Italie et l'Australie.
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1 - La consommation
Dans ce pays traditionnellement buveur de bière, plus de 50% de la
population britannique disait boire régulièrement du vin en 2011. Selon le panel de WDR, 46% des consommateurs ont une préférence pour le vin. 68% des adultes
britanniques boivent du vin tranquille et parmi eux 58% (soit
28,1 millions de personnes) sont des consommateurs réguliers de
vin.
Cette consommation varie en fonction de l'âge. Selon Nielsen, les
personnes qui boivent le plus de vin sont les plus de 50 ans. Les femmes
sont les premiers consommateurs de vins et cette tendance s'accentue. Près de 70% des femmes déclarent consommer du vin (au moins une bouteille par mois), contre 62% des
hommes. Les femmes entre 35 et 54 ans appartenant à une classe sociale supérieure sont celles qui consomment le plus de vin blanc. Les hommes entre 45 et 64 ans appartenant à la même classe supérieure représentent la population qui consomme le plus de vin rouge et de
rosé. Les consommateurs de vin effervescent sont les jeunes entre 18 et 34 ans.
La consommation de vin dépend également de la catégorie socio-professionnelle. En effet, vu le prix élevé du vin vendu au Royaume-Uni, ce sont les classes moyennes et supérieures
qui consomment le plus de vin. Cependant, on peut observer une progression des volumes consommés par les couches sociales intermédiaires au détriment des classes sociales
supérieures et inférieures : - Classes supérieures et moyennes supérieures : 39,4% ;
- Classes moyennes inférieures : 32,2% ; - Classes des ouvriers qualifiés : 15,2% ;
- Classes des ouvriers non qualifiés : 13,3%. De plus, la consommation de vin est plus élevée dans le Sud du Royaume-Uni, plus
particulièrement dans la région de Londres et le Sud-est de l'Angleterre. Cette région est très largement sur-consommatrice par rapport à la moyenne nationale.
Le vin se boit très majoritairement à domicile (80%) et il accompagne le repas dans 70% des cas. Dans les bars, restaurants ou pubs, on sert le plus souvent du vin européen, mais les vins
du Nouveau Monde sont de plus en plus présents.
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1960 70 80 90 2000 2010
2014 : 20,2 litres/an/hab
Évolution de la consommation britannique de vins. Consommation totale, y compris mousseux
Sources : WDT, OIV, IWSR, Winalia
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Par ailleurs, 36% des femmes boivent du vin au pub ou au restaurant contre 21% des
hommes qui restent dans leur ensemble plus fidèles à la bière. Les jeunes boivent plus particulièrement du vin effervescent (le Prosecco faisant parti des dernières tendances).
Chez les femmes, le vin blanc à même détrôné la lager (bière) en fréquence de consommation au pub ou dans les bars.
Longtemps réservé à quelques happy-few londoniens, le vin fait désormais partie intégrante
de la culture anglaise. Pour preuve, le Wine o’clock : 15 % des britanniques déclarent boire régulièrement une bouteille de vin seul, à domicile.
Les Britanniques consomment un peu plus de vins rouges que de blancs. Le rosé, longtemps perçu comme un produit de niche, tend à augmenter, notamment chez les jeunes femmes grâce aux gros efforts promotionnels de Gallo. Le pink et aujourd’hui tendance et son développement se fait au détriment du rouge, la part du blanc restant stable.
Pour les vins tranquilles, les parts de marché des
vins rouges étaient de 47% en 2013, contre 39% pour les vins blancs et 14% pour les vins rosés.
Plus de 80% des ventes se font dans des
bouteilles en verre de 75 cl. Les vins en "bag-in-box" représentent environ 10% des ventes. Cette tendance est à la hausse grâce à l'augmentation de la consommation de vin à domicile.
Le consommateur en apprécie l'aspect pratique. On trouve également des conditionnements supérieurs au litre et des petits conditionnements (25 cl) mais très marginalement. Les bouchons en liège sont de moins en moins présents, les bouchons synthétiques et surtout les capsules devenant de plus en plus fréquents. Le consommateur préfère toujours le bouchon de liège mais s’accommode de plus en plus des autres modes de bouchage, plus pratiques à l’usage. De grandes marques californiennes et australiennes ont introduit avec succès les capsules à vis avec un packaging esthétique lesquels sont aujourd’hui devenues monnaie courante. Aujourd’hui, 50 % des volumes vendus en GMS ont un bouchage à vis.
Le prix est le facteur le plus important dans la décision d'achat des consommateurs après le
choix du type de vin (rouge, rosé ou blanc). Le "prix psychologique" d'une bouteille de vin pour le consommateur britannique varie entre 3,5 et 5 £ selon les origines, pour un achat en
grande surface. Dans les magasins spécialisés, ce prix varie entre 6 et 8 £. Les consommateurs deviennent - depuis plusieurs années - de plus en plus "aventureux" dans
leur choix des vins, choisissant en fonction des cépages, des marques, des régions… La jeune clientèle consomme de plus en plus de vin de façon informelle, en apéritif, lors de soirées, etc. Ceci peut s'expliquer par le marketing efficace de certains vins, notamment des vins
Rouge 47 %
Rosé 14 %
Blanc 39 %
Source : Nielsen
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australiens, dont la promotion est faite de telle façon que les jeunes se reconnaissent dans
ce type de boisson qui est à la mode. Les vins européens, en particulier les vins français, sont perçus comme moins faciles d'accès
par de nombreux consommateurs. Le consommateur a l'impression qu'il faut connaître le cépage d'un vin et son producteur pour pouvoir l'apprécier et donc l'acheter. Les cépages les
plus populaires sont dans l’ordre : le Pinot grigio, le Merlot, le Sauvignon blanc, le Cabernet-Sauvignon et le Shiraz (ou la Syrah).
Le marché s'oriente aujourd'hui autour de deux axes : une offre destinée à des
consommateurs dont le pouvoir d’achat est menacé, et une offre plus différenciée destinée à des consommateurs moins fragilisés par le contexte économique ou recherchant des achats « plaisirs » plus économiques qu’une sortie au restaurant ou un voyage. Quelle que soit l’origine, la qualité rime souvent avec l’authenticité, l’histoire d’un produit ou d’un mode alimentaire. L’offre française avec ses produits de terroir dispose pourtant de nombreux points forts et d’une gamme importante de produits à valoriser sur le marché britannique.
Source : Intrastat, Douanes britanniques, données 2014
Grace au Champagne et aux grands crus de Bordeaux (en partie réexportés), la France reste largement le premier fournisseur du Royaume-Uni en valeur. Par contre, elle n’est plus qu’à la troisième place en volume, devancée par l’Australie en 2010 puis par l’Italie plus récemment qui a fait une percée significative sur ce marché depuis 5 ans. Il faut néanmoins relativiser la progression italienne car ses expéditions comportent une partie de vins californiens mis en bouteille en Italie. Il n’en demeure pas moins qu’avec 16 % du marché, la France n’a plus aucun leadership sur le marché britannique. La mode cette année est aux Sauvignons de Nouvelle-Zélande, incontestablement qualitatifs, aux rouges italiens de moyenne gamme et au Prosecco dont la production en cuve close ne tire pas forcément le marché vers le haut mais dont le prix le rend très populaire notamment chez les jeunes.
France
16,0 %
Australie 17,2 %
Espagne 10,1 %
Afriq du S 7,5%
Italie 20,6 %
Autres
28,5%
Les principaux fournisseurs en volume
N-Z 6,4 %
France 34,9 %
Espagne 8,1 %
Australie
8,3 %
Italie
18,6 %
Autres 24,3 %
Les principaux fournisseurs en valeur
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2 - La distribution Le marché du vin britannique est le marché le plus compétitif d´Europe. Les acheteurs de la GMS font partie des meilleurs professionnels du milieu. Ce sont de véritables experts qui connaissent tout sur la qualité du produit et sur son élaboration, et réalisent une véritable synthèse de la diversité de l´offre mondiale. Le off-trade (ventes à emportées) domine le marché des vins au Royaume-Uni. Un petit nombre de grands acheteurs (environ 10 chaînes de supermarchés et magasins spécialisés) y font la loi. Cette concentration rend les relations à long terme importantes si l’on veut s’établir correctement sur le marché anglais. Les chaînes de supermarchés se livrent de plus en plus une guerre sans merci notamment sur les prix. Si Waitrose se positionne sur un segment plus haut de gamme, les autres se concentrent sur les vins en vrac à bas prix et
enchaînent les promotions. Les own labels (mdd) continuent à se développer et ont gagné en popularité, les consommateurs britanniques les considérant comme des étiquettes de
qualité.
Après les difficultés rencontrées par Oddbins et Nicolas, Thierry’s, premier importateur de vins français transformé en Watermill Wines après d'importantes difficultés financières, comptabilité créative chez Tesco, tensions entre Majestic et ses fournisseurs, fusion de Bibendum et PLB.... La distribution de vin au Royaume-Uni traverse une zone de turbulences. Il semble qu'il y ait une révolution dans l'air car le système a atteint
ses limites, la pression à la baisse des prix a été poussée tellement
loin que les enseignes et autres chaînes y ont perdu leurs marges. Le modèle d'achats négociés au plus bas prix ne suffit plus au dynamisme des ventes et les promotions systématiques érodent les marges des enseignes. Les portefeuilles des enseignes sont gonflés, car elles assortissent leurs achats de contribution des fournisseurs à leurs actions de promotion. Celles -ci multiplient donc les références et le consommateur s’y perd. Selon Nielsen, 75% du vin est distribués par le circuit «off-trade» qui inclut les chaînes développant de multiples formats (appelées ici «GMS») avec une augmentation des petits
Sources : Nielen, CBI , redressées Winalia
Off-Trade 75%
E-commerce 8%
GMS 60%
Catering 5%
On-Trande 12%
Cavistes 8%
Autres 7%
Répartition du marché par circuits de distribution
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formats de proximité, la distribution spécialisée, les cavistes indépendants et les enseignes
du groupe COOP.
A l’intérieur des chaînes développant de multiples formats (Convenience Store, Supermarché, Superstores, Hypermarché, etc.) se trouvent les quatre enseignes leaders du
marché qui sont Tesco (le n° 1), Sainsbury’s, Asda ou Morrisson, ainsi que des enseignes développant des positionnements différenciés comme Waitrose ou Mark & Spencer. Le
groupe Coop (COOP et Somerfield) englobe aussi quelques petites chaînes franchisées liées à des grossistes et des stations-service. La grande distribution dicte le marché compte tenu
des volumes importants qu´elle peut acheter. Elle se comporte de plus en plus comme un discounter : 80 % des ventes y sont réalisées sous forme promotionnelle. Les marques de distributeur font, quant à elles, 25% des ventes. Les frais de référencement élevés, les ristournes et promotions obligatoires, les contributions financières diverses (prospectus, anniversaire…) peuvent être problématiques, nécessitent un bons calculs de prix et comportent des risques élevés. Si les grandes chaînes traditionnelles connaissent une période difficile (Cf Oddbins passant de 278 à 37 points de vente ou Nicolas), un grand nombre de cavistes indépendants
émergent au Royaume-Uni. Ils se différencient en proposant un assortiment plus adapté à une clientèle locale, souvent sophistiquée, avec une approche marketing innovante. Il y a
environ 2000 détaillants indépendants au Royaume-Uni, dont près de la moitié d'entre eux sont spécialisés dans le vin, répondant ainsi à l'intérêt croissant des cons ommateurs pour le
vin en proposant des origines inhabituelles, des cépages inconnus, de la biodynamie, du fairtrade, des gueules de vignerons... Ce circuit présente incontestablement des
opportunités pour les petits opérateurs mais à condition d’être cohérent et digne de confiance dans l’offre commerciale. Engagez un partenariat à long terme avec un
importateur britannique et veuillez à la disponibilité de vos produits. En cas de rupture ou de disponibilité insuffisante, l’acheteur cherchera un autre fournisseur et ne reviendra pas.
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Les ventes via Internet se développent rapidement avec une croissance annuelle de 20 %
depuis six ans. Les chaînes de GMS et de cavistes ont leurs sites de ventes en ligne mais il existe parallèlement des sites indépendants souvent plus dynamiques que les premiers. Les
vins vendus par correspondance sont de vins de qualité, principalement des vins français , avec des prix moyens nettement plus élevés que ceux vendus en grande distribution. Cette
tendance est un signe fort de confiance des consommateurs anglais dans une période où les ventes en magasins spécialisés ont tendance à stagnées.
Les achats de vin hors frontières sont beaucoup moins sous les feux de l’actualité car en
sensible diminution mais n’en reste pas moins négligeables. Calais reste un des principaux spots d’achat mais la Belgique a fortement progressé en raison d’une taxation plus avantageuse sur les cigarettes qui a détourné une partie des acheteurs faisant spécifiquement le voyage pour un ravitaillement massif. Ces ventes représentent 10 à 12 % du marché britannique mais sont en partie comptabilisées dans les statistiques britanniques car réalisées pour un tiers par des enseignes anglaises.
3 - Les importateurs
Comme dans tous les pays européens, il existe un nombre important d’opérateurs au Royaume-Uni dont le rôle dans l’importation et/ou la distribution est extrêmement variable
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d’une entreprise à l’autre. Ce pays offre néanmoins une particularité : une grande partie des
grands comptes, les majors de la grande distribution en particulier, ne travaille pas en direct avec leurs fournisseurs étrangers mais a recours aux services d’agences spécialisées pour
faire l’interface.
- Importateurs-Distributeurs : ces importateurs sont des entreprises majeures, généralement d’échelle nationale, parfois liées à des grands groupes comme Constellation
ou Pernod Ricard. Parmi ceux-ci, citons John E Fells, Enotria, Alliance,
- Agences d’importation : Les Agents sont des sociétés indépendantes qui négocient au nom de leurs clients et agissent comme intermédiaires entre l’acheteur et le vendeur. Les agents ne prennent pas la propriété des produits et n’ont pas de stock. La commission d'un agent varie de 3-5% pour les gros volumes à 10% pour les petites quantités. Les agents sont toujours actifs sur le marché mais leur rôle est en diminution (cf. la disparition de Thierry’s). Cependant, les grands comptes de la distribution moderne sont approvisionnés par des agences spécialisées qui développent une offre en vins de plus en plus complète et ont la capacité de pouvoir s’associer avec d’importants exportateurs afin de mettre au point une stratégie d’approvisionnement sur plusieurs canaux de la distribution. Ces agences
possèdent à l’occasion leurs propres gammes (branding) de vin (voir leurs propres vignobles) et commercialisent de véritables Marques Distributeurs pour avoir une chaîne
courte de valeur et d'approvisionnement. Buckingham Schen ou Accolade Wines en sont de bons exemples.
- Agents de coordination : opérateurs de plus petite taille se spécialisant dans les accords
commerciaux exclusifs avec des producteurs. Ils proposent une commercialisation traditionnelle, en se concentrant sur un type de réseau de distribution en particulier.
- Grossistes régionaux : ces importateurs approvisionnent une clientèle locale, de manière traditionnelle. Ce ne sont pas que des importateurs, ils font à l’occasion appel à des intermédiaires, comme des importateurs d’importance nationale. Morgenrot à Manchester en est un bon exemple. Bien que les grossistes régionaux demeurent un canal important au Royaume-Uni, leur rôle est en déclin. - Détaillants importateurs : Il s’agit soit de chaînes de distribution spécialisée procédant à un approvisionnement direct soit dans certains cas de détaillants individuels s’approvisionnant
en direct comme Berry Bros. & Rudd.
- Cash and Carries (C&C) sont un type de grossiste qui approvisionnent surtout le secteur horeca. Ils présentent de bonnes opportunités pour les vins haut de gamme et les vins
inconnus ou de spécialité.
Réexportations : Les exportations britanniques de vins ne sont pas négligeables et se sont élevées à plus d’un millions d’hectolitres en 2014 pour une valeur totale de 754 millions d'USD. Les vins britanniques ne représentent naturellement qu’une très faible part de ce commerce, les exportations étant constituées principalement de vins réexportés. A lui seul,
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Hong-Kong a représenté près de 40 % de la valeur totale des vins exportés, certains
opérateurs ayant une activité importante dans le commerce des grands crus classés de Bordeaux.
Mise en bouteille au Royaume-Uni : dans une optique à la fois de réduction des coûts mais
aussi de réduire l’empreinte carbone, Jacob’s Creek, Constellation, Fosters EMEA et Bibbendum ont développé des unités de conditionnement au Royaume-Uni pour des vins en
provenance d’Australie, des Etats-Unis, d’Amérique du Sud et d’Afrique du Sud. Une partie de ces vins est ensuite réexportée vers le reste de l’Europe.
4 - La réglementation douanière et fiscale
Les taxes sur les boissons alcoolisées sont particulièrement élevées au Royaume-Uni. Elles
arrivent à la troisième place du classement des taxes pratiquées dans l’Union Européenne, derrière l’Irlande et la Finlande, pour les vins tranquilles et même à la seconde pour les vins
effervescents.
En 2014, les droits d'accise par hectolitre s'élèvent à : - Taux standard pour les vins tranquilles : 266,72 GBP/hl ;
- Taux standard pour les vins effervescents : 341,63 GPB/hl ; - Taux standard pour les vins fortifiés entre 15 et 22% vol : 355,59 GPB/hl ; - Il existe des taux réduits pour les vins tranquilles n'excédant pas 5,5% vol et les
effervescents inférieurs à 8,5% vol.
Nous vous invitons à vérifier ces taux, susceptibles d’être modifiés : http://ec.europa.eu/taxation_customs/index_en.htm#
Une fiscalité lourde, pénalisant les entrées de gamme
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Si les vins ne proviennent pas d’un Etat Membre de l’Union Européenne, ils sont alors soumis à une taxe supplémentaire aux droits d’accises, les droits de douanes.
La TVA est actuellement de 20 %. Elle s’applique à la valeur totale des biens (droits d’accise
compris). Avant le 4 janvier 2011, la TVA sur les boissons alcoolisées (dont les vins) était de 17,5 %, les distributeurs ont globalement essayé de ne pas répercuter ce prix sur les
consommateurs au début 2011.
5 - La formation du prix
Exemples de formation du prix d’une bouteille de 750 ml de vin tranquille
Prix départ HT 1,50 € 2 € 5 € 10 €
Transport et assurances 0,50 0,50 0,50 0,60
Accises 2,51 2,51 2,51 2,51
Marge importation 15-20% 0,80 0,88 1,40 2,29
Marge détail 30-35% 1,70 1,91 3,06 5,00
TVA 20% 1,40 1,56 2,49 4,08
Prix de vente TTC en Euros 8,41 € 9,36 € 14,96 € 24,48
Prix de vente TTC en Livres £ 6,22 £ 6,93 £ 11,07 18,12
1 € = 0,74 £
Coefficient multiplic. en € x 5,60 x 4,7 x 3 x2,5
Coefficient multiplic. en £ x 4,15 x 3,46 x 2,21 x 1,81 Montants moyens, donnés à titre indicatif Source Winalia
Le prix moyen d’une bouteille de vin tranquille sur le marché britannique stagne, notamment en raison des nombreuses promotions organisées par les distributeurs anglais.
Ce prix moyen était, en 2014, d'environ £ 5 soit un peu plus de 6,4 €. Les rouges sont traditionnellement plus chers en moyenne que les blancs mais cet écart tant à s’amenuiser
progressivement. Environ 70 % des vins rouges ont été achetés entre £ 4 et £ 7 (5,13 et 8,97 €) et 80 % des vins blancs le sont entre £ 3,75 et £ 7 (4.80 et 8.97 €). Notons toutefois que le segment en plus forte croissance est celui des vins commercialisés au-dessus de 7 GBP. En grande distribution, la grande majorité des vins sont vendus entre £ 3 et £ 8 selon les pays d'origine. D’après IRI, 43% des vins rouges, 45% des vins blancs et 47% des vins rosés sont vendus dans une fourchette de prix comprise entre £ 4 et 5,5.
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Le Royaume-Uni est resté en 2014 le 2ème marché mondial (derrière les Etats-Unis mais
devant la France) pour la consommation de vins vendus à plus de 10 USD (8,90 €) la bouteille.
6 - Les contrats commerciaux En droit anglais, un contrat ne prend pas nécessairement une forme écrite. Coexistent en
effet des contrats écrits, des contrats oraux et des contrats partiellement écrits et partiellement oraux. Un contrat conclu oralement a, théoriquement, la même valeur qu'un
contrat écrit si toutes les parties se sont mises d’accord sur les termes du contrat. Toutefois, dans le cas d'un litige, la forme écrite permet d’interpréter plus aisément quelles étaient les
intentions des parties.
Au Royaume-Uni, il n’existe pas d’équivalent au code du commerce français régissant de manière exhaustive les relations commerciales et contractuelles entre les parties prenantes.
Cette politique non-interventionniste de la part du Parlement britannique donne ainsi davantage de liberté aux entreprises dans la manière d’appréhender et de définir leurs
relations commerciales. Il est donc nécessaire de définir dans chaque contrat toutes les spécificités du rapport commercial unissant les parties. Par conséquent, le texte d’un contrat
britannique est plus long et détaillé qu’un contrat français. En cas de litige, si l’une des deux parties contractantes a omis d’introduire dans le contrat une clause protectrice de ses droits, le juge tranchera en sa défaveur, sans lui accorder le bénéfice du doute. Ainsi, les contrats
doivent être rédigés avec le plus grand soin.
Un contrat de droit français est donc fortement conseillé mais si votre partenaire souhaite faire référence au droit britannique, l’assistance de juristes (solicitors) spécialisés en droit
anglais est fortement conseillée et l'utilisation de contrats types français est à éviter.
7 - La production britannique de vin Avec 135 exploitations viticoles commerciales, la surface viticole a plus que doublé en 7 ans pour atteindre 2000 hectares et la production, bien que marginale, connaît une croissance exponentielle. Si la production totale en 2014 est de 4,7 millions de litres (6,3 millions de bouteilles dont 90 % de vins blancs), trois fois plus élevée qu’il y a une vingtaine d’années et en progression de
40% par rapport à 2013, elle ne représente que 0,36 % de la consommation nationale. Les effervescents, ouvertement copiés sur le modèle champenois, représentent deux tiers de la
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production même si les blancs tranquilles tirent leur épingle du jeu : vifs et fruités, ils sont
volontiers comparés à notre muscadet ou petit chablis.
Attention à ne pas confondre les English Wines, produits à partir de raisins anglais et les British Wines, produits à partir de moûts importés.
L’histoire de la viticulture en Angleterre est pour le moins mouvementée : importée par les
romains, les vignes furent tantôt abandonnées par les saxons, reprises par les Chrétiens puis ravagées par les Vikings… La viticulture a commencé en Grande Bretagne à l’époque
romaine, entre les Ier et le IIIème siècle après JC. Cependant, la production viticole est restée très anecdotique jusqu’à la fin du XXe siècle. La production commerciale du vin commence réellement après la deuxième guerre mondiale. Pendant les années 1960, le vignoble britannique se développe de manière notable, grâce aux techniques de vinification modernes et à l’usage de cépages hybrides plus résistants aux conditions climatiques septentrionales. A partir de 1970, de nouveaux vignobles ont été créés, utilisant ces nouvelles techniques pour produire des vins blancs uniques et caractéristiques. Durant les vingt dernières années, l’essor de la production viticole en Grande Bretagne s’est manifesté par la création de plus de 350 vignobles. Certains parlant même, changement climatique
oblige, de futur « Champagne », les vins pétillants anglais gagnant de plus en plus en réputation.
Bien que la majeure partie du vignoble se trouve dans le sud de l'Angleterre, on peut trouver quelques vignobles au Pays de Galles, dans le Yorkshire et jusqu'à Durham.
Au début, la plupart des cépages plantés dans les vignobles britanniques étaient d’orig ine
allemande. Petit à petit, des cépages d’origine française ont également été introduits. Le cépage hybride Bacchus (Silvaner x Riesling x Müller-Thurgau) couvre plus de 70% de la
surface totale plantée. Le réchauffement climatique (1 degré gagné en 50 ans) mais surtout les progrès récents de la lutte contre les maladies de la vigne, le développement de cépages hybrides adaptés au climat froid et humide et une meilleure maitrise des vinifications permettent aujourd’hui aux Anglais de produire des vins avec une immense fierté dont la presse et les grands gourous médiatiques se font largement écho.
AC Nielsen, AWBC, CBI, Commission Européenne, Comtrade, Decanter, DGDDI, Douanes
britanniques, Drinks Business, Export Entreprises, Harpers, Intrastat, IRI, IWSR, OIV, ProFound, Tentchev Consulting, Ubifrance, Vitisphere, WDT, Winalia, Wine Business International, Wine Institute, Winemarkets, WSTA.
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