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Noblesse et piété : le Couvent des Dames de Berlaymont

Jonathan Renneaux

1. Introduction

L’étude de la dévotion des nobles, sujet complexe par son apport réflexif, constitue le grand enjeu de notre recherche. Le couvent des Dames de Berlaymont, communauté religieuse reconnue tant à l’époque des Temps Modernes que pour la période contemporaine, se présente comme un lieu où l’élite nobiliaire est présente de manière importante. Étudier la piété des nobles du Cloitre de Berlaymont constitue le leitmotiv de notre travail. Le 10 août 1626, le Pape Urbain VIII promulgue une bulle pontificale dans laquelle il autorise la fondation du cloître des Dames de Berlaymont1. Cette institution religieuse doit être classée parmi les grands fers de lance dans le mouvement de reconquête religieuse des Pays-Bas espagnols au XVIIe siècle. Mirella Marini s’était livrée, récemment, à l’analyse de la dévotion nobiliaire autour de la figure d’Anne de Croÿ2. Dans la même lignée, nous proposons de réaliser une analyse afin d’étudier les formes de culte d’une élite appartenant à la noblesse.

Notre propos n’est pas de réécrire une histoire du Couvent des Dames de Berlaymont en mettant en exergue les formes de dévotion. Les derniers travaux sur ce cloître remonte à 1971, il est donc nécessaire de reprendre les sources et les réinterroger. La manière, dont ces documents sont abordés, évolue avec le temps, les interrogations critiques se sont enrichies au fur et à mesure des années.

a) État de la question

Avant de commencer nos développements, il nous semble judicieux de revenir sur quelques notions fondamentales afin de comprendre le sens de notre travail. La « dévotion » se définit, par essence, comme étant l’ensemble des formes de piété par laquelle chaque individu manifeste sa relation avec Dieu3. La prière individuelle ou collective est la forme de piété la plus répandue parmi les fidèles4.

Pour définir la noblesse5 des Pays-Bas espagnols, il n’est pas aisé de formuler une définition de cette classe sociale. L’historien belge Paul Janssens nous propose des éléments d’explication autour de la notion d’élite nobiliaire dans l’espace territorial des

1 Anderlecht, [AEAnd], Archives Ecclésiastiques du Brabant, 12253, acte de fondation du couvent de Berlaymont en 1626 accordé par le Pape Urbain III, 1626, s.f. 2 MARINI M., « Female authority in Pietas Nobilita : Hasburg alliegance during the Dutch Revolt », in Dutch Crossing, vo.XXXIV, n°1, (mars 2010), p.5-24. 3 AUER A., « Frömmigkelt », in HÖFER J., RAHNER K. (dirs), Lexikon für theologie und kirche: Faith and order bis Hannibaldis, vol. IV, Freiburg, Herder, 1960, col.400-401. 4 PERNOT M., « Dévotions », in BLUCHE Fr., Dictionnaire du Grand Siècle, nouvelle édition revue et corrigée, Paris, Éditions Fayard, 2005, p.471. 5 La définition que nous avons donnée sur l’élite nobiliaire « belges » au XVIIe siècle mérite, à plusieurs égards, d’être nuancée, mais dans un souci de clarté nous nous contenteront des explications que nous avons formulées. En complément d’informations, nous renvoyons au chapitre suivant : JANSSENS P., « Les chancelleries des Anciens Pays-Bas », in DUERLOO L., JANSSENS P., Armorial de la noblesse belge du XVe au XXe siècle (A-E), vol. I, Bruxelles, Crédit Communal, 1992, p.43-47.

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Pays-Bas espagnols. Selon Janssens, « la noblesse est la reconnaissance politique d’une élite héréditaire »6. Le plus important n’est pas le privilège en lui-même, mais bien le fait d’être privilégié. Il ne s’agit pas simplement d’une histoire de naissance, mais également d’affaires politiques. Les nobles représentent de grandes familles qui entendent obtenir un statut juridique de leur ascendance sociale7. Il faut ajouter que ce n’est qu’à partir du XVIIe siècle que le titre de noblesse est détaché de la propriété foncière8. Plus récemment, l’historien belge René Vermeir s’est livré à l’exercice de d’étudier la noblesse des Pays-Bas et sa formation9.

x Deux personnages emblématiques de la noblesse des Pays -Bas méridonaux : Florent de Berlaymont et Marguerite de Lalaing

La famille de Berlaymont appartient à la branche de la noblesse des Pays-Bas espagnols. Cette famille, très largement endogame, pratique une politique matrimoniale avec d’autres branches de la noblesse des Pays-Bas espagnols10. L’historiographie s’est intéressée à cette famille, mais force est de constater que les travaux qui existent sur le sujet sont très limités, et très anciens. Le généalogiste belge Charles Poplimont, auteur d’un dictionnaire d’héraldique belge, réalise une notice sur les Berlaymont, dont il situe les origines de cette famille au XIe siècle dans le comté du Hainaut11. L’auteur se livre à une notice biographique pour chaque membre de la famille12. Ce dictionnaire est précieux pour les informations qu’il nous délivre, mais il faut l’utiliser avec l’esprit critique le plus élémentaire.

Un autre généalogiste belge, Félix-Victor Goethals, réalise un autre dictionnaire héraldique belge13. Celui-ci réalise un travail très documenté sur toutes les familles de la noblesse belge, en prenant le soin de distinguer chaque branche au sein de chaque famille. Dans notre cas, nous apprenons que Florent de Berlaymont, l’un des deux fondateur du Couvent des Dames de Berlaymont, est issu de la Branche des Berlaymont de Floyon, dans la Province du Hainaut, chevalier de la Toison d’Or, et gouverneur du Luxembourg14. Le Général Guillaume a consacré une notice biographique au comte 6 JANSSENS P., L’évolution de la noblesse belge depuis la fin du Moyen-âge, Bruxelles, Crédit Communal, 1998, p.112. 7 Idem, p.111-112. 8 JANSSENS P., « De la noblesse médiévale à la noblesse moderne. La création dans les anciens Pays-Bas d’une noblesse dynastique (XVe-début XVIIe siècle) », in Bijdragen en Mededelingen betreffende de Geschiedenis der Nederlanden, vol.CXXIII, (2008), p.497. 9 VERMEIR R., « De (Zuid-)Nederlandse aristocratie en de vorming van een transnationale elite in de Spaans-Habsburgse samengestelde staat », in DE KOSTER M., DE MUNCK B., GREFFS H., et alii, Werken aan de stad: stedelijke actoren en structuren in de zuidelijke Nederlanden 1500-1900 : liber alumnorum Catharina Lis en Hugo Soly, Bruxelles, VUBpress, 2011, p.291-309. 10 VAN NIEUWENHUYSEN A., LAURENT R., Guide des fonds et des collections des Archives Générales du Royaume : Archives de famille et particuliers, Bruxelles, Archives Générales du Royaume et Archives de l’État dans les Provinces, 1997, p.94. 11 POPLIMONT Ch., La Belgique héraldique : recueil historique, chronologique, généalogique et biographique complet de toutes les maisons nobles reconnues de la Belgique, vol. I, Bruxelles – Paris, G. Adriaens – Imprimerie De H. Carion, 1863, p.537. 12 Idem, p.537-560. 13 GOETHALS F-V., Dictionnaire généalogique et héraldique des familles noble du Royaume de Belgique : Aa de Randerode (van der) – Cuylen ; vol. I, Bruxelles, Polack-Duviver, 1849. 14 Idem, p.310.

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Florent de Berlaymont, il précise que ce dernier s’est consacré initialement à une carrière de religieux, en occupant la fonction de chanoine-tréfoncier de la Cathédrale de Liège, avant d’embrasser une carrière militaire15. Cette courte notice s’appuie sur plusieurs travaux, mais plus particulièrement sur le Dictionnaire héraldique de Goethals.

Notre second personnage qu’il convient de présenter est Marguerite de Lalaing, épouse de Florent de Berlaymont et cofondatrice du couvent des Dames de Berlaymont. Nous avons procédé pour identifier cette protagoniste avec le Nobiliaire des Pays-Bas et du comté de Bourgogne16 de Jean Charles Joseph De Vegiano, et complété par Léon De Herckenrode. Nous savons qu’elle est la fille du Comte Philippe de Lalaing, baron d’Escornaix, Grand Bailli de Hainaut et gouverneur de Valenciennes. Elle a également eu quatre enfants17. Frédérick Lebrecht, historien français, a récemment consacré une thèse de doctorat sur la famille des Lalaing18. Dans sa recherche, il met en exergue le soutien apporté par des personnalités fortes dans la fondation du couvent des Dames de Berlaymont, il s’agit de l’Archevêque de Roermond Jacodus de Castro, et le Comte Louis d’Egmont, Prince de Gavre19. Ce chercheur précise, dans un article paru en 2010, que Marguerite de Lalaing fait sa première apparition auprès de la cour des Pays-Bas espagnols le 18 avril 1599, à l’occasion du mariage des Archiducs, et qu’elle a appartenu à la suite de l’Infante Isabelle. Il ajoute que cette dernière a exprimé la volonté depuis sa jeunesse de se consacrer au service de Dieu, et d’édifier un couvent pour soutenir la politique de restauration religieuse amorcée par les nouveaux gouverneurs des Pays-Bas espagnols20. Un élément intéressant à mettre en exergue est celui de la dévotion. Frédérick Lebrecht présente Marguerite de Lalaing comme une pieuse dévote, à l’image des Archiducs. Elle offre quotidiennement un spectacle de piété « ardent », elle s’est résolue à réciter l’office divin chaque matin21.

x Le Couvent des Dames de Berlaymont : un lieu de piété nobiliaire inexploré

Plusieurs travaux d’historiens mentionnent le Couvent des Dames de Berlaymont, mais ils n’apportent que très peu d’informations concrètes sur celui-ci.

15 GENERAL G., « Florent (comte) de Berlaymont », in Biographie nationale de Belgique, vol. II, Bruxelles, H. Thiry Van Buggenhoudt, 1868, p.255-257. Pour d’autres informations sur le personnage de Florent de Berlaymont, nous renvoyons à cette notice biographique. 16 DE VEGIANO J-Ch-J., DE HERCKENRODE L., Nobiliaire des Pays-Bas et du Comté de Bourgogne, vol. I, Gand, F. & E. Gyselynck, 1865. 17 Idem, p.1167. 18 LEBRECHT F., Un lignage de la haute noblesse des Pays-Bas : les Lalaing, de l’époque des ducs de Bourgogne à la Révolution française : rayonnement lignager, engagements politiques, gestion domaniale, Thèse de Doctorat en Histoire, inédit, Université Charles-de-Gaulle-Lille IIII, année académique 2008-2009. 19 Idem, p.360. 20 LEBRECHT F., « Les Lalaing, une famille au service des Archiducs », in BRUNEEL Cl., DUVOSQUEL J-M., GUIGNET Ph., VERMEIR R. (éds), Les "Trente Glorieuses" (circa 1600 - circa 1630) Pays-Bas méridionaux et France septentrionale ; aspects économiques, sociaux et religieux au temps des archiducs Albert et Isabelle : actes des colloques tenus à l'Université Charles de Gaulle - Lille 3, les 22-23 mars et le 5 octobre 2007, Bruxelles, Archives et Bibliothèques de Belgique, 2010, p.23-25. 21 Idem, p.26

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Nous avons soit une date pour la fondation, soit la principale mission à laquelle le couvent se consacre : l’éducation des jeunes filles22.

Le cloître des Dames de Berlaymont attire déjà l’attention, dès le XVIIe siècle, d’auteurs. Aubert Le Mire, vicaire général du Diocèse d’Anvers, a réalisé des nombreuses publications qui s’intéressent à des personnages imminents de la cour des Pays-Bas espagnols, ainsi que des histoires ecclésiastiques. Dans son Rerum Belgicarum Chronicon, il rappelle les circonstances qui ont poussé les premières religieuses à prendre l’habit, lors de la Pentecôte en 162723. Un siècle plus tard, en 1725 Cornélius Van Gestel précise dans Historia sacra et profana Archiepiscopatus Mechliniensis que le couvent se consacre à dispenser une éducation aux jeunes filles24.

En 1844, l’archiviste belge Léon de Herckenrode réalise une synthèse sur la première prévôte du couvent de Berlaymont, Marie d’Oyenbrugge. Ce travail offre des éléments biographiques sur une série de personnes présentes au sein du cloître jusqu’en 1840. Il faut également préciser que cet ouvrage se base en partie sur des archives du couvent, et présente quelques éditions de lettres échangées entre Marguerite de Lalaing et Marie d’Oyenbrugge25. Alexandre Henne et Alphonse Wauters, auteurs d’une histoire de la ville de Bruxelles, présente une notice sur le couvent mais ils ne renvoient à aucune source et littérature scientifique26. En 1854, le Docteur Prosper Vallez a également rédigé une notice sur le couvent, mais elle est remplie d’erreurs notamment sur la fondation et les origines du couvent27.

En 1875, Victor Henry, journaliste belge d’obédience catholique, réalise une nouvelle synthèse de 700 pages sur le cloître de Berlaymont. Ce travail est à critiquer à plusieurs égards, le style est romancé mais l’auteur à recours à des sources narratives de

22 Citons quelques exemples : PIRENNE H., Histoire de Belgique : La révolution politique et religieuse, le règne d’Albert et Isabelle, le régime espagnol jusqu’à la Paix de Munster (1648), Bruxelles, Maurice Lamertin, 1911, p.377 ; VERHELST D., VAN DAELEN P., La congrégation du Cœur Immaculé de Marie (Scheut) : édition critique des sources, Louvain, Leuven University Press, 1986, p.367 ; DE VROEDE M., Religieuses et béguines enseignantes dans les Pays-Bas méridionaux et la Principauté de Liège aux XVIIe-XVIIIe siècles, Louvain, Leuven university press, 1997, p.67-68; ANNAERT Ph., « L’éducation dispensée par les Ursulines aux 17e et 18e siècles », in MOSTACCIO S., DELVILLE J-P., Genre et identités aux Pays-Bas méridionaux l’éducation religieuse des femmes après le Concile de Trente : actes du Colloque international, Université de Louvain, 7 mars 2008, Louvain-la-Neuve, Académie Bruylant, 2010, p.199-200. 23 LE MIRE A., Rerum Belgicarum Chronicon, Anvers, s.n., 1636, p.487. 24 VAN GESTEL C., Historia sacra et profana Archiepiscopatus Mechliniensis. sive descriptio archi-diocesis illius, item urbium, oppidorum, pagorum, dominiorum, monasteriorum, castellorumque sub ea, in XI decanatus divisa..., vol. II, La Haye, Hagae Comitum Christianum Van Lom, 1725, p.46; Nous renvoyons également à la note 10. 25 DE HERCKENRODE L., Vie de la comtesse Marie d'Oyenbrugge, dite de Duras, première supérieure du couvent de Berlaymont à Bruxelles ;; précédée d'une Notice sur Marguerite, comtesse de Berlaymont, née comtesse de Lalaing, fondatrice du dit couvent, Bruxelles, M. Vanderborght, 1844, p.1-136. 26 HENNE A., WAUTERS A., Histoire de la ville de Bruxelles, vol. III, Bruxelles, Perichon, 1845, p.214-216. 27 VALLEZ P., « Notice archéologique sur l’ancien couvent de Berlaymont à Bruxelles », in Annales de l’Académie d’archéologie de Belgique, vol. XI, (1854), p.383-389.

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première main28. En 1908, Charles Pergameni publie un article sur la population des communautés religieuses. Il reproduit un tableau dans lequel il fournit des indications relatives à l’âge, mais aussi à la durée de l’exercice de la profession et leur présence dans Bruxelles des religieuses de Berlaymont en 179629.

En 1928, à l’occasion des 300 ans de la fondation du Couvent des Dames de Berlaymont, Monseigneur J. Schrygens réalise une synthèse sur l’histoire du cloître. Schrygens adopte une méthode d’analyse qui s’inscrit dans la lignée des historiens, il confronte des sources qui émanent des Archives Générales du Royaume, des Archives de la ville de Bruxelles et du Diocèse de Malines. Ce travail présente successivement des chapitres en suivant une ligne chronologique. Schrygens s’attache à présenter une histoire qui touche principalement le XVIIe siècle, mettant en évidence les acteurs qui ont joué un rôle déterminant dans la fondation et les premiers débuts du cloître. Il réalise aussi des chapitres qui concernent les XVIIIe et XIXe siècles, mais ils sont de moindres importances que ceux du XVIIe siècle. Un reproche que nous pouvons formuler à l’égard de ce travail est le manque de précision sur certains points dans l’histoire du couvent, et qui ont des rapports avec la noblesse. Nous avons observé ce manque de concision sur l’épisode de la dissidence des quatre sœurs qui se sont installées à Lille par exemple30. Edouard De Moreau, religieux et professeur d’histoire a proposé une notice dans son Histoire de l’Eglise de Belgique31. Il a puisé l’ensemble de ses informations dans la synthèse de J. Schrygens.

Mère Marie Cécile du Christ a écrit un autre travail de synthèse qui retrace avec précision l’histoire du Couvent des Dames de Berlaymont entre 1868 et 1943. Elle se centre principalement sur la figure de la prévôte Wivine de Wouters qui a réalisé l’union entre le couvent de Berlaymont et la Congrégation de Jupille en 193732.

L’historienne belge Lucienne Van Meerbeeck a rédigé une notice dans Le Monasticon Belge qui rassemble des informations bibliographiques, biographiques et historiques sur le couvent des Dames de Berlaymont. Son travail s’attache à étudier l’histoire du couvent mais nous n’avons aucune indication sur la piété des nobles33.

Cet état de la question est révélateur de plusieurs points. Le cloître de Berlaymont a bien été étudié principalement par des religieux, mais très peu d’historiens ont véritablement mené une étude à ce sujet. De plus, les travaux qui ont été réalisés sur le sujet sont très anciens. Enfin, la piété nobiliaire est un aspect qui n’a presque pas, 28 HENRY V., Monastère de Berlaymont, sous l’invocation de la Reyne de tous les Saints. Souvenirs historiques, Bruxelles, Closson, 1875. 29 PERGAMENI Ch., « La population des communautés religieuses de Bruxelles en 1796, d’après des documents inédits », in Bulletin de la Commission royale d’Histoire, vol. LXXVII, (1908), p.247-248. 30 SCHRYGENS J. Berlaymont : le Cloistre de la Reyne de tous les Sainct, Bruxelles, Albert Dewit, 1928. 31 DE MOREAU E., Histoire de l’Église de Belgique : l’Église des Pays-Bas 1559-1633, vol. V, Bruxelles, Éditions Universelles, 1952, p.417-418. 32 MERE MARIE CECILE DU CHRIST, Mère Marie de l’Esprit Saint, prévôte de Berlaymont 1868-1943, Tournai, Casterman, 1948. 33 VAN MEERBEECK L., « Couvent de Berlaymont à Bruxelles, puis à Ohain », in BERLIERE U., Monasticon belge : province du Brabant, t. IV, n°2, Liège, Centre national de recherches d’histoire, 1971, p.1163-1186.

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voire pas du tout, été étudiée. Il est donc nécessaire de réaliser une analyse des sources pour combler ces lacunes.

b) Questions de recherche

Le choix que nous avons pris, pour étudier la dévotion des nobles au sein du Couvent des Dames de Berlaymont, s’articule autour de deux questions de recherche. La première problématique s’intéresse à la filière de recrutement du Cloitre de Berlaymont, c’est-à-dire d’observer la présence ou non d’une élite nobiliaire ainsi que les pratiques dévotionnelles des religieuses. Le couvent a certainement structuré une partie de la noblesse des Pays-Bas espagnols, mais quelle était l’importance de cette catégorie sociale au XVIIe siècle ?

Notre seconde interrogation s’axe autour des relations entre le cloître et la noblesse. De manière plus précise, nous voulons cerner les rapports entre ces deux groupes et voir les interactions qu’il y a eues. Le Couvent a-t-il bénéficié d’un avis favorable de la part de la noblesse des Pays-Bas méridionaux, ou bien a-t-il fait l’objet de mouvements de protestation. Le cas échéant, quelle(s) était (étaient) la (les) raison(s) qui ont poussée(s) certains nobles à s’attaquer au Cloitre de Berlaymont ?

c) Présentation du corpus de sources

Dans le cadre de notre recherche, nous estimons opportun de présenter le corpus de sources constitué à cet effet. Les dépouillements, que nous avons effectués dans différents centres d’archives et bibliothèques spécialisées de Belgique, se sont avérés minutieux et fructueux. Le principal fonds d’archives qui constitue le corpus de source nous provient du Couvent des Dames de Berlaymont34, et conservé aux Archives de la ville de Bruxelles. A l’origine, les archives des Dames de Berlaymont furent conservées au couvent, mais le cloitre fut déplacé à plusieurs reprises dans le Brabant. Nous avons pu consulter ces sources grâces aux indications que Sœur Édith Pirard nous a transmises. Ces fonds d’archives contiennent une Histoire abrégée de la fondation du noble monastère des Dames dites de Berlaimont à Bruxelles avec la vie de la fondatrices et de la 1ere supérieure35, ou encore des listes des religieuses présentes dans le couvent36. C’est également dans ce même dépôt que nous avons exploité d’autres sources tout aussi précieuses.

34 ANNAERT Ph., Inventaire des Archives du Monastère de Berlaymont, déposées aux Archives de la ville de Bruxelles en 2008, Bruxelles, Archives de la ville de Bruxelles, 2008. 35 Bruxelles, [AVB], Couvent des Dames de Berlaymont, 2A3, Histoire abrégée de la fondation du noble monastère des Dames dites de Berlaimont à Bruxelles avec la vie de la fondatrices et de la 1er supérieure, 1750, 102 p. 36 Bruxelles, Archives de la Ville de Bruxelles [AVB], Couvent des Dames de Berlaymont, B1 J1, Recueil des religieuses professes. Registre des professions des religieuses et des élections prévôtes 1268-1662,1921, 54 p. ; Bruxelles, Archives de la Ville de Bruxelles [AVB], Couvent des Dames de Berlaymont, B 1 J2, Registre du Nom de toutes les religieuses du Berlaymont VIIe – XXe siècles, XXe siècle, 68 p. ; Bruxelles, Archives de la Ville de Bruxelles [AVB], Couvent des Dames de Berlaymont, B1J3-1, Berlaymont – Notes biographiques 1625 -1850, XIXe siècle, s.f. ; Bruxelles, Archives de la Ville de Bruxelles [AVB], Couvent des Dames de Berlaymont, B1J3-2, Listes des dames du monastère de

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Nous avons orienté nos recherches vers les AGR et les Archives de l’État à Anderlecht. Dans le cas des AGR, la source la plus importante que nous comptons exploiter est celle sur les marques d’honneurs, de noblesses et de piété de la famille de Berlaymont37, issue des fonds personnels de la famille de Berlaymont38. Les Archives de l’État d’Anderlecht conservent les fonds ecclésiastiques du Brabant39. Il s’agit essentiellement de documents qui concernent la fondation du couvent de Berlaymont, les constitutions régissant la communauté religieuse, ou encore un mémoire autographe de la Comtesse Marguerite de Lalaing. Dans l’espoir d’élargir notre corpus documentaire, nous avons mené des dépouillements dans d’autres fonds d’archives conservés aux AGR, et qui n’avaient pas de lien apparent avec le couvent de Berlaymont ou la famille en question. Ces recherches nous ont permis de mettre à jour avec succès des documents dans le fonds du Conseil privé espagnol40, et dans celui de l’Audiencier41.

Notre dernier dépôt d’archives est le Centre Pastoral Diocésain de Malines42. Nous avons trouvé des documents très intéressants, une nouvelle liste des religieuses présentes dans le couvent de Berlaymont43 – qu’il nous sera loisible de comparer avec les autres listes que nous disposons – ou encore un état des revenus et finances du couvent44.

Notre corpus documentaire est déjà impressionnant par sa taille, mais le souci d’être le plus précis dans notre démarche heuristique nous a poussé à mener d’autres dépouillements dans d’autres institutions scientifiques. Nous avons pu trouver des manuscrits à la Bibliothèque Royale de Belgique et à la Bibliothèque Bollandiste du Collège Saint-Michel de Bruxelles45.

Berlaymont, s.d., s.f. ; Bruxelles, Archives de la Ville de Bruxelles [AVB], Couvent des Dames de Berlaymont, B1J4, Berlaymont – notes biographiques, s.d., 152 fol. 37 Bruxelles, [AGR], Famille de Berlaymont, 5, DE LAUNOY P.-A., Relation des marques d’honneurs, de noblesses et de piété de la maison de Berlaymont, 1675, 8 fol. 38 D’HOORE B., Inventaire des archives de la famille de Berlaymont, Bruxelles, Archives Générales du Royaume, 2006. 39 D’HOOP A., Inventaire générale des Archives ecclésiastiques du Brabant, t. IV (couvents et prieurés – béguinages – commanderies), Bruxelles, Archives Générales du Royaume, 1929. 40 DE BREYNE E., Inventaire sommaire des Archives du conseil privé sous le régime espagnol, Bruxelles, Archives Générales du Royaume, 1991. 41 NELIS H., Inventaire analytique des archives de l’audience et des papiers de l’état, 2 t., Bruxelles, Archives Générales du Royaume, 1992. 42 VAN DE WIEL C., Inventaris van kloosterarchivalia in het aartsbisschoppelijk archief te Mechelen, vol. II, Bruxelles, Archives Générales du Royaume, 2002. 43 Malines, [AAM], Het Klooster Berlaymont in Brussel, 35 – 5, Aanvaarding van religieuzen tot het noviciaat en de professie 1627 – 1793, XVIIe – XVIIIe siècles, s. f. 44 Malines, [AAM], Het Klooster Berlaymont in Brussel, 37 – 7, Verslagen van de financiële toestand van 1629 tot 1635, XVIIe siècle, 8 fol. 45 Les références précises des sources manuscrites exploitées se trouveront plus loin dans le travail.

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Pour compléter ce corpus de sources, nous avons eu recours à des sources imprimées, et à des sources éditées comme la Correspondance du Nonce Giovanni-Francesco Guidi di Bagno46.

A ce stade du travail, nous souhaitons exposer plusieurs constats apparus lors de nos dépouillements. Les recherches que nous avons menées nous ont permises de trouver des documents manuscrits conservés aux Archives Départementales de Lille. Nous les avons découvert à l’aide de l’inventaire de Pierre et Anne Marie Pietresson de Saint-Aubin47. Les Archives Départementales de Lille conservent une grande quantité de pièces écrites, mais nous n’avons pas eu la possibilité de nous rendre sur place pour sélectionner, analyser et comparer ces sources avec notre corpus documentaire qui touchent à des thématiques similaires. Cette lacune heuristique ne constitue toutefois pas un obstacle majeur, et n’entache en rien la qualité des archives que nous exploiteront dans le cadre de ce travail.

Dans le cadre de notre recherche, nous devons également signaler que nous avons pris contact avec Monsieur Frédérik Lebrecht. Historien moderniste français spécialisé sur l’histoire de la famille des Lalaing, ce dernier nous a communiqué de précieuses informations, notamment heuristiques. Les archives communales de Douai conservent des fonds appartenant à la famille des Lalaing. D’après les indications que nous avons pu recueillir, ce fonds de famille contient des documents qui couvrent une large période chronologique. Ce chercheur nous a renvoyé vers d’autres fonds qui sont conservés à Enghien. Nous n’aurons toutefois pas le temps de procéder à de nouveaux dépouillements.

d) Plan du travail

Notre travail s’articule autour de deux axes. La première partie se veut une forme condensée de synthèse critique du Couvent des Dames de Berlaymont. Le but n’est pas de réécrire une histoire de la communauté religieuse, mais de mettre en exergue les spécificités et les acteurs majeurs. Nous voulons présenter une série d’éléments contextuels qui permettent de mieux appréhender notre second volet.

Dans la deuxième partie, nous nous employons à développer nos questions de recherches en prenant le soin de subdiviser chaque problématique dans le corps du texte.

46 DE MEESTER B., Correspondance du Nonce Giovanni-Francesco Guidi di Bagno (1621 - 1627). Partie 1, (1621 – 1624), Bruxelles - Rome, Palais des Académies – Institut historique belge à Rome, 1938 ; DE MEESTER B., Correspondance du Nonce Giovanni-Francesco Guidi di Bagno (1621 - 1627). Partie II, (1625-1627), Bruxelles - Rome, Palais des Académies – Institut historique belge à Rome, 1938. 47 PIETRESSON DE SAINT-AUBIN P. & A-M., Archives départementales du Nord. Répertoire numérique. Série H : Ordres religieux divers, ordres militaires, hôpitaux et établissements de bienfaisance, Avesnes-sur-Helpe, Observateur, 1943, p.233-240, [en ligne], http://www.archivesdepartementales.lenord.fr/accounts/mnesys_ad59/datas/medias/inventaires/pdf56.pdf (page consultée le 15 mars 2014 ; dernière mise à jour : non mentionnée).

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2. Contexte

a) Introduction à l’histoire religieuse du début du XVIIe siècle

L’histoire des Pays-Bas méridionaux, au début du XVIIe siècle48, est une période riche marquée par de multiples bouleversements tant sur les plans politique49 et institutionnel50, que dans le domaine religieux51. En 1598, Philippe II d’Espagne cède aux Archiducs Albert et Isabelle les Pays-Bas méridionaux. Cette cession comporte à la fois des clauses publiques et secrètes. L’Espagne conserve une influence très forte, surtout dans les domaines militaire et diplomatique52. L’arrivée des nouveaux souverains aux Pays-Bas marque le début d’un mouvement de restauration religieuse. De nombreux historiens considèrent la période archiducale comme l’âge d’or de la réforme catholique. Albert et Isabelle étaient connus pour être de pieux dévots, leurs actions au XVIIe siècle, comme l’invasion conventuelle, renouvellent et renforcent la religion catholique. De nouveaux couvents apparaissent très rapidement dans l’ensemble du territoire, tandis que les anciens ordres religieux subissent de profondes mutations53.

Il ne faut pas réduire ce mouvement de restauration religieuse comme étant la conséquence de la politique religieuse menée par les Archiducs. De nombreux évêques participent de manière énergique à la Contre-Réforme, et ils ont contribué à jeter les bases d’une réforme au sein des cadres de l’Église catholique54. Les hauts dignitaires ecclésiastiques avaient la conviction de vivre à une époque providentielle pour l’Église, il était nécessaire de restaurer la pureté, l’honneur et le prestige d’une religion et d’une

48 Il existe à ce sujet d’excellentes synthèses sur l’histoire des Pays-Bas espagnols que nous renvoyons pour tout complément d’informations ; CRESPO SOLANA A., HERRERO SÀNCHEZ M. (éds), España y las 17 Provincias. Una revisión historiográfica, Madrid, Servicio de Publicaciones Universidad de Córdoba, 2002. ; JANSSENS P. (dir), La Belgique espagnole et la Principauté de Liège (1585-1715), 2 vol. Bruxelles, La Renaissance du Livre, 2006. 49 A titre d’informations : LEFÈVRE J., « Le ministère espagnol de l’Archiduc Albert, 1598-1621 », in Bulletin de l’Académie royale d’archéologie de Belgique, vol. I, (1924), p. 202-224 ; ID., La Secrétairerie d’État et de Guerre sous le régime espagnol (1594-1711), Bruxelles, Hayez, 1934. ; DE SCHEPPER H., « The formation of government policy in the Catholic Netherlands under the Archdukes, 1596-1621 », The English Historical Review, vol. XCI, (1976), p. 241-254 ; ISRAEL I. J., « The court of Albert and Isabella, 1598-1621 », Conflicts of Empire. Spain, the Low Countries and the Struggle for World Supremacy, 1585-1713, Londres, Hambledon, 1997, p. 1-21. 50 Ce guide constitue le meilleur travail pour approcher les institutions des Pays-Bas méridionaux sur l’ensemble de l’époque moderne et sous les différents régimes mises en place : AERTS E., BAELDE M., COPPENS H., DE SCHEPPER H., SOLY H., THIJS A. K. L., VAN HONACKER K. (dirs), Les Institutions du gouvernement central des Pays-Bas Habsbourgeois, 2 vol., Bruxelles, Archives Générales du Royaume, 1995. 51 Dans ce domaine le travail d’Alexandre Pasture, bien qu’ancien, se présente comme étant la référence dans le domaine de l’histoire religieuse des Pays-Bas espagnols : PASTURE A., La Restauration religieuse aux Pays-Bas catholiques sous les Archiducs Albert et Isabelle (1596-1633), Louvain, Uystpruyst, 1925. 52 VERMEIR R., « Introduction. Un entre-deux-crises ou un âge d’or ? Les Pays-Bas méridionaux et le Nord de la France au début du XVIIe siècle », in Revue du Nord, vol. CCCLXXVII, n°4, (2008), p.651-652. 53 PUT E., « Les archiducs et la réforme catholique : champs d’action et limites politiques », in DUERLOO L., WERNER Th., Albert & Isabella. 1598-1621 : essays, Turhout, Brepols, 1998, 255-257. 54 PUT E., « La religion en Brabant espagnols (1629-1715) », in VAN UYTVEN R., BRUNEEL Cl., et alii, Histoire du Brabant. Du Duché à nos jours, Zwolle, Waanders, 2004, p.444.

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Église marquées par les divisions internes55. C’est grâce aux élites religieuses que la Contre-Réforme s’est diffusée d’abord au sommet de la société pour se répandre ensuite dans les couches populaires56.

b) La fondation du couvent des Dames de Berlaymont

La fondation du couvent des Dames de Berlaymont se rattache au contexte religieux des Pays-Bas espagnols du XVIIe siècle. Le cloitre apparait sous l’impulsion de Florent de Berlaymont57 et de son épouse Marguerite de Lalaing. Cette dernière, connue pour sa pratique pieuse de la religion58, devient veuve59 le 3 avril 1626, mais elle décide de poursuivre l’œuvre entreprise par son époux60. La volonté d’ériger un couvent de religieuses apparait dans le chef du comte et de la comtesse de Berlaymont au mois de janvier 1623. Le couple, n’ayant pas eu d’héritier male, a exprimé le souhait de fonder une communauté religieuse de l’Ordre de Saint-Dominique dans la ville de Bruxelles. Les comtes de Berlaymont avaient également comme souhait d’instaurer, dès le départ, une discipline stricte, et que les novices soient instruites par des religieuses confirmées61. L’Archiduchesse Isabelle a donné son approbation à ce projet, et conseille aux fondateurs de faire venir plusieurs dominicaines espagnoles, et ils devraient laisser le soin de choisir celles-ci par l’évêque Ségovie, Inigo de Brizula62. Devant les instances de l’Archiduchesse, le Pape Grégroire XV63 accepte d’envoyer les dominicaines espagnoles le 23 avril 162364. Le Pape avait examiné la requête des Comtes de Berlaymont en février 1623, mais il avait refusé de se prononcer avant en raison du danger que les sœurs auraient pu encourir lors le voyage65. Entretemps, le Nonce Giovanni-Francesco Guidi di Bagno avait convaincu Isabelle de remplacer les

55 CLOET M., « L’Église et son influence. Hiérarchie et Clergé », in JANSSENS P. (dir), La Belgique espagnole et la Principauté de Liège (1585-1715) : la culture et le cadre de vie, vol. II, Bruxelles, La Renaissance du Livre – Dexia Banque, 2006, p.14. 56 Ibidem. 57 La Relation des marques d’honneurs, de noblesses et de piété de la maison de Berlaymont considère le caractère pieu comme étant l’une des grandes vertus de la famille de Berlaymont, elle a toujours versé son sang pour le service de Dieu. Cette Relation met en avant le caractère pieu de la famille qui considère comme étant l’une des grandes caractéristiques de la Maison de Berlaymont. Plusieurs membres de la famille se sont engagés dans les ordres religieux, et nous rappelons que Florent de Berlaymont était l’ancien Chanoine-tréfoncier de la Cathédrale de Saint-Lambert de Liège; Bruxelles, [AGR], Famille de Berlaymont, 5, DE LAUNOY P.-A., Relation des marques d’honneurs, de noblesses et de piété de la maison de Berlaymont, 1675, fol.2-6. 58 LEBRECHT Fr., art cit., in op cit., p.26. 59 Dans le testament de Florent de Berlaymont, celui lègue une partie de ses biens et de sa fortune à Marguerite de Lalaing pour la soutenir dans la fondation du futur couvent. De plus, le testament mentionne qu’une sépulture a été dressé en hommage à Florent de Berlaymont ; Bruxelles, [AGR], Famille de Berlaymont, Testament de Florent, comte de Berlaymont, 4 février 1626, fol.3. 60 SCHRYGENS J., op cit, p.3-26. 61 « Bruxelles, 21 janvier 1623 : lettre de Bagno à Ludovisi », in DE MEESTER B., op cit, vol. I, p.283. 62 Idem, p.284. 63 Les relations entre l’Archiduchesse Isabelle et la cour papale ont été analysé dans une contribution de René Vermeir que nous recommandons pour tout complément d’informations ; VERMEIR R., « The infanta Isabel Clara Eugenia and the Papal Court, 1621-33 », in VAN WYHE C., Isabel Clara Eugenia: female sovereignty in the courts of Madrid and Brussels, Londres, Holberton, 2011, p.332-351. 64 « Bruxelles, 25 mars 1623 : lettre de Bagno à Ludovisi », in DE MEESTER B., op cit, vol. I, p.302. 65 « Rome, 18 février 1623 : lettre de Ludovisi à Bagno », in DE MEESTER B., op cit, vol. I, p.294.

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dominicaines par des religieuses de l’Ordre de Saint-Augustin66. Le monastère a été progressivement mis en place entre 1623 et 1627, mais il est intéressant de cibler quelques éléments chronologiques lors de la formation du cloître :

x 24 novembre 1624 : l’Archiduchesse Isabelle accorde, au nom du roi d’Espagne Philippe IV, l’autorisation d’installer le couvent de Berlaymont, avec clôture, de chanoinesses régulière de l’ordre de Saint-Augustin à Bruxelles67 ;

x Dès 1624, sans avoir obtenu l’approbation définitive, Margueritte de Lalaing décide de regrouper autour de la figure de Marie Duras, comtesse d’Oyenburgge et mère supérieure du Couvent des Dames de Berlaymont, les premières postulantes. Il s’agit de68 :

- Marie de Chasteleer ; - Margueritte Strenge ; - Suzanne de Savalla ; - Cécile Malaise ; - Emérentienne Benoist (sœur converse) ;

x Le 18 mai 1624 : arrivée de nouvelles religieuses, Françoise Clévis et la sœur converse Catherine Rollier.

Les comtes de Berlaymont ont prévu de verser des avoirs financiers et immobiliers conséquents afin de subvenir aux besoins du nouveau monastère. Les fondateurs se sont, notamment, engagés à débourser 100 000 florins pour construire une église et une dote annuelle de 6 000 florins69. Á partir du moment où les premières religieuses sont entrées dans le couvent, le Père Charles Scribani, recteur du Collège jésuite de Bruxelles, a accepté de rédiger la constitution du couvent. Ce texte est élaboré, dans un premier temps, par une commission d’ecclésiastiques placée sous la direction de Jean Dauvin, et ensuite, dans un second temps, par une assemblée de hauts dignitaires religieux comprenant Giovanni-Francesco Guidi di Bagno, l’archevêque de Malines Jacques Boonen, l’abbé d’Orval dom Bernard Montgaillard, Charles Scribani et le jésuite Henri Neminus70.

Le 10 août 1626, le Pape Urbain VIII approuve et sanctionne par une bulle la constitution du couvent de Berlaymont. La bulle pontificale accorde aux religieuses tous les droits et prérogatives, exemptions, usages et coutumes. De plus, la communauté

66 « Bruxelles, 27 mai 1623 : lettre de Bagno à Ludovisi », in DE MEESTER B., op cit, vol. I, p318-319. 67 Anderlecht, [AEAnd], Archives Ecclésiastiques du Brabant, 12253 bis, recueil de copies effectué en 1642 des titres et des constitutions du couvent, XVIIe siècle, fol.12. 68 SCHRYGENS J., op cit, p.69-76 ; Bruxelles, [AVB], Couvent des Dames de Berlaymont, 2A2-1, Vie de Marie Duras, première prévôte, XVIIe siècle, fol 15 69 Anderlecht, [AEAnd], Archives Ecclésiastiques du Brabant, 12253 bis, recueil de copies effectué en 1642 des titres et des constitutions du couvent, XVIIe siècle, fol.10-11 ; Bruxelles, [AGR], Conseil Privé espagnol, 1120 – farde 180 (Boetendal-Bruxelles), Dossier relatif à des requêtes des années 1624, 1652, 1656 et 1663 relatifs aux origines (octrois et amortissement) ainsi qu’aux intérêts matériels de la fondation, XVIIe siècle, s.f. 70 DE HERCKERENRODE L., Vie de la comtesse Marie d’Oyenbruge dite de Duras, première supérieure du couvent de Berlaymont a Bruxelles…, op cit, p.53 ; BROUWERS L., Carolus Scribani, een groot man van de Contra-Reformie in de Nederlanden, Anvers, Ruusbroec-Genootschap, 1961, p.409-410.

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religieuse fut placée sous la supervision de l’archevêque de Malines71. La constitution était basée sur la règle de Saint-Augustin, à laquelle les clercs y ont adjoint des éléments tirés de Saint Ignace. Les religieuses devaient mener une vie contemplative, mais aussi une vie active en se consacrant à l’enseignement. Il est intéressant de se pencher sur cette constitution qui établit une hiérarchie en distinguant trois rangs72 :

x Le premier rang : composé de chanoinesses nobles. Pour y accéder, les religieuses devaient faire preuve de quatre quartiers de noblesse du côté du père et de la mère. Elles étaient admises aux charges importantes du monastère (comme l’office divin), et elles disposaient de voix dans les délibérations capitulaires ainsi que dans l’admission de nouvelles religieuses ;

x Le deuxième rang reprend des filles « d’honnête famille ». Elles n’étaient pas obligées d’assister à l’office religieux à l’unique condition qu’elle soit chargée de former les jeunes filles ;

x Le troisième rang ou sœurs converses non voilées. Elles n’assistaient pas au chœur mais elles prononçaient les mêmes vœux solennels de chasteté, de clôture perpétuelle, de pauvreté et d’obéissance à l’archevêque de Malines et à la mère supérieure.

Il faut préciser également que la prévôte est élue par les deux tiers du Chapitre, et ces élections sont sanctionnées par l’archevêque de Malines. La mère supérieure pouvait être réélue une seconde fois, mais la constitution lui empêchait de l’être une troisième fois. Il faut, toutefois, observer une exception à cette règle, il s’agit du cas de Marie Duras qui a été élue de manière successive à quatre reprises pour une durée de trois ans. La constitution définit, entre autre, les prérogatives de la fondatrice et de ses héritiers et la fixation de la dote de chaque religieuse73.

3. La filière de recrutement au Couvent de Berlaymont (XVIIe siècle)

a) Procédure de recrutement

Avant de s’intéresser à la filière de recrutement du couvent des Dames de Berlaymont, il nous semble intéressant de présenter les procédures de recrutement. Chaque postulante prononce ses vœux avant de prendre l’habit74. Toutefois, à la différence des religieuses du premier et du second rangs, les novices du troisième rang passe un entretien sur les motivations qui les poussent à devenir sœur converse. Nous disposons de quelques documents manuscrits sur des vœux qui ont été prononcés, sous la forme de certificat. Au XVIIIe siècle, les novices sont interrogées de manière systématique, et les religieux ont jugé utile de conserver des exemplaires des entretiens 71 Anderlecht, [AEAnd], Archives Ecclésiastiques du Brabant, 12253, acte de fondation du couvent de Berlaymont en 1626 accordé par le Pape Urbain III, 1626, s.f. 72 Anderlecht, [AEAnd], Archives Ecclésiastiques du Brabant, 12253 bis, recueil de copies effectué en 1642 des titres et des constitutions du couvent, XVIIe siècle, fol.15-78. 73 Ibidem. 74 Ces vœux sont notamment répertoriés dans le registre des professes du Couvent des Dames de Berlaymont ; Bruxelles, [AVB], Couvent des Dames de Berlaymont, B1J2, Registre du Nom de toutes les religieuses du Berlaymont XVIIe – XXe siècles, XVIIe - XXe siècle, fol.1-69.

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oraux pour la procédure d’admission. Dans le cadre du XVIIe siècle, les postulantes pour le troisième rang ont dû passer un examen similaire, mais soit le couvent n’a pas jugé intéressant de les conserver, soit ils ont été détruits.

Les novices sont interrogées par l’archiprêtre de Bruxelles, et elles doivent répondre à seize questions. Ces interrogations visent à connaitre la postulante, son origine sociale et les milieux dans lesquels elle a vécu. L’archiprêtre s’intéresse à la nature des vœux et les motivations des novices à s’engager dans la vie religieuse75. Le Bollandiste P. J. Van Hecke s’est intéressé, dans une étude qu’il a consacrée en 1854, aux vœux émis par les religieuses. Il conclut son analyse sur la solennité des vœux prononcés par les novices76.

Par ailleurs, les Chanoinesses régulières ont l’obligation de verser une dote annuelle, mais la somme semble varier selon les années77.

b) Répartition des religieuses de 1628 à 1678

Nous l’avons évoqué précédemment, les religieuses sont réparties parmi trois rangs, et cette distinction se fonde sur l’ascendance de la nouvelle postulante. Si notre religieuse possède quatre quartiers de noblesse du côté du père et du côté de la mère, cette dernière intègre le rang des religieuses, que nous qualifions, de « nobles », ou de chanoinesse régulière. Dans le cas où l’ascendance noble de quatre quartiers n’est pas respectée, les postulantes entrent dans le deuxième rang, le rang des « filles de bonne famille ». Le troisième rang assimile toutes les sœurs qui ne possèdent aucune ascendance noble. Pour le XVIIe siècle, notre documentation de base78 permet de réaliser une enquête, mais à ce stade, nous devons poser plusieurs constats d’ordre méthodologique79. Le premier point relève de la qualité des informations délivrées par les sources, nous n’avons obtenu qu’un nombre limité d’indications sur certaines religieuses. Le second point s’articule sur la manière dont nous avons procédé pour essayer de combler nos lacunes. Pour identifier l’ensemble des chanoinesses, nous avons recoupé nos données avec d’autres sources manuscrites en viellant à la concordance des informations entre les documents80. Toutefois, malgré nos

75 Malines, [AAM], Het Klooster Berlaymont in Brussel, 35 – 5, Aanvaarding van religieuzen tot het noviciaat en de professie 1627 – 1793, XVIIe – XVIIIe siècles, s. f. 76 Bruxelles, [BBCSM], 827, VAN HECKE P. J., Mémoire sur la question : si les vœux émis par les chanoinesses de Saint-Augustin dites Dames de Berlaymont à Bruxelles, diocèse de Malines, sont des vœux simples ou solennels, 1854, fol.1-41. 77 Malines, [AAM], Het Klooster Berlaymont in Brussel, 37-7, Verslagen van de financiële toestand van 1629 tot 1635, XVIIe siècle, fol.1-8. 78 Bruxelles, [AVB], Couvent des Dames de Berlaymont, B1J2, Registre du Nom de toutes les religieuses du Berlaymont XVIIe – XXe siècles, XVIIe - XXe siècle, fol.1-69. 79 Ces constats méthodologiques ont été soulevés par Martine Paret et Paul Wynants ; PARET M., WYNANTS P., « La noblesse belge dans les ordres religieux et les congrégations, 1801-1960 », in Revue Belge d’Histoire contemporaine / Belgisch Tijdschrift voor Nieuwste Geschiedenis, vol. XXX, n°3-4, (2000), p.494. 80 Bruxelles, [AVB], Couvent des Dames de Berlaymont, B1J3-1, Berlaymont – Notes biographiques 1625 -1850, XIXe siècle, s.f. ; Bruxelles, [AVB], Couvent des Dames de Berlaymont, B1J3-2, Listes des dames du monastère de Berlaymont, s.d., s.f. ; Bruxelles, [AVB], Couvent des Dames de Berlaymont, B1J4, Berlaymont – notes biographiques, s.d., s.f

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recoupements, de nombreuses informations nous font défauts, nous avons du reconstruire par exemple une année de naissance approximative en déduisant l’âge de postulante à la date d’entrée dans la communauté religieuse.

Notre présentation des religieuses s’articule en deux temps, nous ciblons dans un premier temps les religieuses de sa fondation à 1678, et dans un second temps de 1679 à 1700. Pour présenter nos résultats, nous avons opté pour des tableaux synoptiques par rang qui contient comme information les noms et prénoms des religieuses, l’âge de l’entrée dans le cloître, les dates de vie et de mort (très approximatives dans certains cas), et les liens de parenté avec la noblesse. Pour collecter nos données, nous avons croisé les différentes listes que nous avions et qu’il nous a été loisible de comparer81.

Premier rang

Nom Prénom Date d’entrée dans le couvent

Age lors de l’entrée

Dates de vie et de mort

Liens avec la noblesse

Duras Marie82 13 juin 1628 41 ans

1587-1648 Père : Jérôme d’Oyenbrugge, comte de Duras, Baron de Thyne ; Mère : Yolende de Bourgogne

de Chasteler Marie 13 juin 1628 19 ans

1609-1678 Père Jean Ernest de Chasteler ; Frère : Pierre Philippe du Chasteler, Vicomte de Bavay

Françoise de Hosden 2 juillet 1629 21 ans

1608-1691 Père : Gaspard de Hosden ; Mère : Françoise de Verlaine83

Marie de Zuylen, dite d'Erpe 10 février 1630 24 ans

1606-1661 Père : Charles de Zuilen ; Mère Gislaine Destourmelles

Leonore de Lalaing 21 mars 1632 18 ans

1614-1668 Père : Charles de Lalaing ; Mère : Alexandrine de Langlée

Philippine Claire de Lalaing 2 avril 1633 17 ans

1616-1691 Sœur de Léonore de Lalaing ; Père Charles de Lalaing ; Mère :

81 Malines, [AAM], Het Klooster Berlaymont in Brussel, 35 – 5, Aanvaarding van religieuzen tot het noviciaat en de professie 1627 – 1793, XVIIe – XVIIIe siècles, s. f. ; Bruxelles, Archives de la Ville de Bruxelles [AVB], Couvent des Dames de Berlaymont, B1 J1, Recueil des religieuses professes. Registre des professions des religieuses et des élections prévôtes 1268-1662,1921, 54 p. ; Bruxelles, Archives de la Ville de Bruxelles [AVB], Couvent des Dames de Berlaymont, B 1 J2, Registre du Nom de toutes les religieuses du Berlaymont VIIe – XXe siècles, XXe siècle, 68 p. ; Bruxelles, Archives de la Ville de Bruxelles [AVB], Couvent des Dames de Berlaymont, B1J3-1, Berlaymont – Notes biographiques 1625 -1850, XIXe siècle, s.f. ; Bruxelles, Archives de la Ville de Bruxelles [AVB], Couvent des Dames de Berlaymont, B1J3-2, Listes des dames du monastère de Berlaymont, s.d., s.f. ; Bruxelles, Archives de la Ville de Bruxelles [AVB], Couvent des Dames de Berlaymont, B1J4, Berlaymont – notes biographiques, s.d., 152 fol. 82 En complément d’informations, nous renvoyons aux références suivantes : DE HERCKERENRODE L., Vie de la comtesse Marie d’Oyenbruge dite de Duras, op cit., p.1-136. 83 HEUSDAINS A., Origine des noms et des dérivés heusdains, [en ligne], http://annalain.e-monsite.com/pages/belgique-de-hosden/descendants-de-gaspard-de-hosden-debut-xvie-s.html (page consultée : le 16 avril 2014 ; dernière mise à jour : non mentionnée).

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Alexandrine de Langlée

Marie Isabelle Montmorency 4 juillet 1634 22 ans

1612-1671 Père : Jean de Montmorency, deuxième du nom ; Mère : Magdeleine de Lens

Marie Françoise Duras 28 août 1635 16 ans

1619-1678 Nièce de Maris Duras ; Père : Ernest d’Oyenbrugge ; Mère : Jeanne-Anne de la Tramerie84

Catharine Ernante 28 août 1635 32 ans 1603-1681

Marie Marguerite de Lalaing 3 mars 1636 22 ans

1614-1636 Sœur de Léonore de Lalaing et de Philippine Claire de Lalaing ; Père Charles de Lalaing ; Mère : Alexandrine de Langlée

Anne Marguerite de Celles 31 août 1636 17 ans

1619-1678

Marie Françoise de Celles 28 octobre 1640 18 ans

1622-1702 Père : Guillaume, Baron de Celles ; Mère : Jeanne de Rivière

Isabelle Françoise Augustine de Campbell 8 octobre 1641 27 ans

1614-1700 Famille d’origine anglaise ; Père : Archibald Campbell ; Mère : Anne Carmowalière ; Marraine : Claire d’Arenberg, comtesse de Gammilerio

Ernestine Bonne de Bournonville 28 octobre 1641 16 ans

1625-1680 Père : Alexandre de Capres, duc de Bournonville ; Mère : Anne de Melun

Claire Victoire de Campbell 6 juin 1645 17 ans

1628-1693 Sœur d’Isabelle Françoise Augustine de Campbell ; Père : Archibald Campbell ; Mère : Anne Carmowalière

Isabelle Claire de Hornes 21 novembre 1646 16 ans

1630-1716 Père : Philippe Lamoral, Comte de Hornes ; Mère : Dorothée de Ligne-d’Aremberg

Isabelle Claire de Celles 21 novembre 1646 16 ans

1630-1649 Sœur de Marie Françoise de Celle ; Père : Guillaume, Baron de Celles ; Mère : Jeanne de Rivière

Marie Barbe van Spaur 26 janvier 1648 31 ans 1617-1649 Ernestine De Scharenberg 21 janvier 1657 17 ans 1640-1705 Père : Ernest de

84 VAN MEERBEECK L., art cit., in op cit., p.1175.

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Louise Scharenberg et Hoepertingen

Marie Célestine de Mérode 4 décembre 1663 19 ans

1644-1718 Père : Albert de Mérode ; Mère : Marie Célestine, Baronne d’Argenteau

Marguerite de la Hamayde 4 décembre 1663 22 ans 1641-1709

Josine Walburge d'Arberg de Valengin 10 novembre 1666 17 ans

1649-1725 Père : Nicolas d’Arberg de Valengin85 ; Mère : Olympe Thérèse Marguerite Hyppolite de Gavre

Jacqueline

Walburge de la Hamaide, dite d’Ogimont 6 octobre 1670 18 ans

1652-1717 Père : Ferry de la Hamaide ; Mère : Agnès Florence de Marnix86

Deuxième rang

Nom Prénom Date d’entrée dans le couvent

Age lors de l’entrée

Dates de vie et de mort

Liens avec la noblesse

Marguerite Strenge 13 juin 1628 31 ans

1597-1670

Cécile Malaise 13 juin 1628 25 ans

1603-1650

Suzanne Savale 13 juin 1628 21 ans

1607-1662

Catherine Triste 2 juillet 1629 34 ans

1595-1666

Marie Tamrson 5 mai 1630 20 ans 1610-1678

Anna Schoust 8 février 1631 41 ans

1590-1635

Jeanne de Berlayr 21 janvier 1633 27 ans

1606-1693

Magdeleine Houlart 2 avril 1633 29 ans

1604-1675 Père : Henri Houlart ; Mère : Antoinette Roussignon

Digna van Hove 28 octobre 1640 30 ans

1610-1687 D’origine d’une famille anglaise, ancienne infirmière

Suzanne Cwake 28 octobre 1640 19 ans

1621-1705

Antoinette Strenge 28 octobre 1641 26 ans

1615-1682

Brigitte Wake 26 octobre 1645 21 ans

1624-1704

Pétronelle Van Langhenhove

26 janvier 1648 20 ans

1628-1650

85 BASTIN G., Descendants de Jean Ier de Bousies, [en ligne], http://gw.geneanet.org/nobily?lang=fr&p=jean+ier&n=de+bousies&oc=7&m=D&t=N&v=99 (page consultée : le 16 avril 2014 ; dernière mise à jour : 16 avril 2014). 86 MOINET P., Jacqueline de la Hamaide, [en ligne], http://gw.geneanet.org/surcouf64?lang=fr;pz=ophelie+marie+christine+paulette+queenie;nz=moinet;ocz=0;p=jacqueline+walburge;n=de+la+hamaide (page consultée : le 16 avril 2014 ; dernière mise à jour : le 12 avril 2014).

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Anne André Adorny 30 mai 1651 25 ans

1626-1705

Catherine Van Derborcht 22 mai 1657 19 ans

1638-1727

Françoise de la Motte 10 août 1666 19 ans

1647-1711 Apparentée à la duchesse d’Aarschot, mais aucune précision supplémentaire

Elizabeth de Betenhonen 3 mai 1671 30 ans 1631-1726

Isabelle Caroline de Feria 23 mars 1672 20 ans

1652-1710

Anne de Cautelle 16 juin 1675 33 ans

1642-1693

Troisième rang

Nom Prénom Date d’entrée dans le couvent

Age lors de l’entrée

Dates de vie et de mort

Indications supplémentaires

Catherine Rolliers 13 juin 1628 29 ans 1599-1673 Emerentienne Benoist 13 juin 1628 25 ans 1603-1668 Christiene Everarte 29 août 1630 24 ans 1606-1679 Estienne Braillard 24 octobre 1631 28 ans 1603-1677 Marguerite Malayse 24 octobre 1631 20 ans 1611-1640 Marguerite Pilson 2 avril 1633 40 ans 1597-1666 Louise Huart 28 août 1636 29 ans 1607-1657 Antoinette Dutry 28 octobre 1640 20 ans 1620-1679 Isabelle Narsis 28 octobre 1641 24 ans 1617-1690 Catherine Lefebure 28 octobre 1641 20 ans 1621-1663 Marguerite Van Wake 6 juin 1645 28 ans 1617-1652 Anne Dumont 10 juillet 1651 23 ans 1628-1709 Jeanne Bocqueau 5 mai 1654 24 ans 1630-1690 Marie Levesque 2 mai 1655 28 ans 1628-1704

Jeanne Bourgonne 4 septembre 1659 24 ans

1635-1703

Catherine Han(n)icque 9 novembre 1659 24 ans

1635-1679

Anne d'Arche 4 décembre 1663 29 ans

1634-1699

Marie Claire Hanet 20 novembre 1672 20 ans

1652-1705

Marie Anne Hamet 4 février 1676 22 ans 1654-1704

Charlotte Wautier 13 décembre 1676 23 ans

1653-1704

c) Répartition des religieuses entre 1679 à 1699

Entre 1678-1679, le couvent des Dames de Berlaymont voit une diminution importante du nombre de postulantes du premier rang. La dernière religieuse qui a accédé, selon la règle des quatre quartiers de noblesse du père et de la mère, au premier rang est Jacqueline Walburge de la Hamaide, dite d’Ogimont, et elle entre au couvent le 6 octobre 1670. Les chanoinesses sont réunies dès 1678 pour réformer les structures hiérarchiques

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définies par la constitution du couvent. La diminution du recrutement de l’élite nobiliaire est perçue par la communauté comme étant un obstacle dans la mise en place de l’office divin87. L’archevêque de Malines Alphonse de Berghes a été consulté par les chanoinesses, et il ressort qu’à ce moment nous n’avons plus que dix religieuses du premier rang, dont certaines sont soit infirmes, ou soit trop âgées pour se consacrer aux tâches88.

Pour conserver la classification que nous avons adoptée précédemment, nous avons pris le parti d’opérer une césure et de regrouper nos informations pour présenter des tableaux synoptiques similaires aux précédents.

Premier rang

Nom Prénom Date d’entrée dans le couvent

Age lors de l’entrée

Dates de vie et de mort

Liens avec la noblesse

Claire Jeanne Carenna 3 novembre 1682 19 ans 1663-1712

Père : Jean-François Carenna, seigneur de Zwijndrecht ; Mère : Isabelle Roelants89

Deuxième rang

Nom Prénom Date d’entrée dans le couvent

Age lors de l’entrée

Dates de vie et de mort

Liens avec la noblesse

Marie Leonor Lierdemans 15 juillet 1682 16 ans 1666-1686

Anne Marie Thérèse de Reul 14 octobre 1696 19 ans 1677- 1754

Fille de Gaspard de Reul, avocat au conseil du Brabant90

Troisième rang

Nom Prénom Date d’entrée dans le couvent

Age lors de l’entrée

Dates de vie et de mort

Indications supplémentaires

Marie Magdeleine Couvreur 8 juillet 1681 31 ans 1650-1739 Jeanne Mourmau 15 juillet 1682 31 ans 1651-1733

87 Bruxelles, [AVB], Couvent des Dames de Berlaymont, 1A1-11, Réunion des deux premiers rangs de religieuses en un seul (1677-1678), XVIIe siècle, fol.1. 88 Bruxelles, [AVB], Couvent des Dames de Berlaymont, 1A1-11, Information prinse au Cloistre de Berlaimont en Bruxelles selon l’ordre de sa Sainteté despechée dans la sacrée congrégation en date du 27 août 1677par Monsieur Alphonse de Berghes, Archevêque de Malines en personne, sÿ estant présent son soubsigné Vicaire général de l’armée sur la requête présentée à sa Sainteté par Monsieur le Comte d’Egmont pour faire réduire les deux premiers rangs des religieuses du dit cloistre en un, le 10 et le 12 septembre 1677, fol.1 89 VAN MEERBEECK L., art cit., in op cit., p.1177. 90 Eadem, p.1178.

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L’élite nobiliaire constitue la majorité des religieuses pour le XVIIe siècle, même si les sœurs du troisième rang forment la seconde catégorie de religieuses la plus fournie.

Sur les soixante-six chanoinesses du couvent du XVIIe siècle, un peu mois de 40% sont des membres issus de la noblesse, en respectant la règle des quatre quartiers de noblesse du père et de la mère91. Le Pape Innocent XI donne, par une bulle

91 Distribution des religieuses pour le XVIIe siècle Valeur entière Pourcentage Rang 1 23 36.5% Rang 2 19 30.15%

Rang 1 :36%

Rang 2:31%

Rang 3: 33%

Répartition des religieuses avant la réforme

1

2

3

Rang1 : 37%

Rang 2 : 30%

Rang 3: 33%

Répartition des religieuses pour le XVIIe siècle

1

2

3

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pontificale, son approbation en 1678 sur la réforme structurelle du couvent. Par l’autorité du chef de l’Église catholique, le premier et le second rangs sont rassemblés pour ne former qu’un seul92.

La réforme hiérarchique du couvent permet à ce moment-là aux postulantes du second rang d’accéder aux taches des chanoinesses régulières. La simplification du système hiérarchique a-t-elle eu une influence sur le recrutement des postulantes ? D’après notre tableau synoptique, nous avons, selon la règle des quatre quartiers de noblesse du père et de la mère, qu’une seule professe pour le premier rang. Pour le second et le troisième rang, le couvent recrute respectivement pour chaque catégorie deux nouvelles religieuses. Le couvent des Dames de Berlaymont possède comme filière de recrutement la noblesse, mais il convient de nuancer ce propos. Les chanoinesses d’ascendance noble, selon la règle des quatre quartiers de noblesse du père et de la mère, forment la catégorie de postulantes la plus fournie, mais nous constatons un affaiblissement dans le recrutement de l’élite nobiliaire.

Ce phénomène peut-il être inhérent à son environnement politique ou religieux ? Avant le lancement de la réforme structurelle du couvent des Dames de Berlaymont, une Confrérie de dévotion se développe au sein de la communauté religieuse, et organise le jour de l’Épiphanie, une fête religieuse en l’honneur des trois rois mages. Enfin, il serait intéressant d’élargir l’étude du phénomène de recrutement au XVIIIe siècle, en opérant le même type de classification adoptée ci-dessus, pour avoir une vision globale et observer si effectivement ou non, les religieuses sont membres de l’élite nobiliaire et disposent de quatre quartiers de noblesse du père et de la mère.

d) La confrérie des Saints-Rois Mages

Le 3 octobre 1665, le Pape Alexandre VII promulgue une indulgence plénière à tous les fidèles qui sont entrés dans la confrérie des Saints-Rois Mages93. Une

Rang 3 21 33.33% Total (N=100%) 63 100% Distribution des religieuses pour le XVIIe siècle Valeur entière Pourcentage Rang 1 24 37.31% Rang 2 20 29.85% Rang 3 22 32.84% Total (N=100%) 66 100% 92 « Pour ce est-il que précédant à l’exécution de ladite Bulle ainsi que par icelle nous est commandé, nous par l’autorité papale réduisons chez vous en un ordre ou en un rang, le premier et le second rang ci-destant y établis de manière que dorénavant les filles nobles et celles qui sont nées d’honorables parents, ne feront qu’un même rang : et que y ayant manquement de filles nobles, celles nées desdits honorables parents, pourront être reçues en la place desdites nobles, et tant les unes que les autres seront également admises pour le chœur sans aucune distinction, et auront une voix active et passive également pour tous les offices et dignités de votre monastère […] » ; Bruxelles, [AVB], Couvent des Dames de Berlaymont, 1A11-5, DE BERGHES A., Lettres d’Alphonse de Berghes Archevêque de Malines données à Bruxelles le 20 octobre 1678 addressées aux Dames de Berlaimont, 20 octobre 1678, fol.6. 93 « Sanctissimo Padre Alexandro VII en fecha de 3 du Octubre años 1665 à todos los Fieles Christianos, // los que consessados se mandaran escrivir en esta cofradria. Segundo Indulgencia Plenaria en el articulo de la muerte, para todos ellos que estan, o dessean ser escritos en esta Cofradria en estado de gracia, o

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indulgence plénière sera accordée chaque année le 6 janvier, lors de l’Épiphanie, à chacun des membres qui visiteront la Chapelle qui se situe au couvent des Dames de Berlaymont94. L’objectif poursuivi par la Confrérie des Saints-Rois Mages est de « renouveller tous les respects et hommages que les trois Roÿs ont rendu, ou monstré à l’Enfant Jesus en la Creche : Car nous ne les devons considerer comme personnes particulières qui […] viennent adorer le fils Dieu […] comme personnes qui représentent tout le monde, et qui viennent au nom de toute la terre »95.

Cette confrérie dispose d’un recueil d’inscriptions où nous avons pu trouver une grande quantité de noms de la noblesse96. Toutefois, il n’est pas aisé de manipuler le manuscrit pour différentes raisons, la principale est liée aux inscriptions. La signature des membres ne suit pas une ligne chronologique, les premiers noms appartiennent à des membres de la noblesse belge du XIXe siècle97. Pour manipuler l’ouvrage en question, il est nécessaire de recenser chaque membre et de les identifier, mais l’objectif de notre travail n’est pas celui-ci. En consultant le recueil d’inscriptions, nous avons pu trouver les inscriptions des religieuses de Berlaymont, chacune des membres vivantes lors de la fondation de la confrérie est inscrite98.

D’après Les Relations Véritables du 8 janvier 1678, la fête des Trois Rois Mages a rassemblé toute la noblesse de Cour au couvent des Dames de Berlaymont pour célébrer l’Épiphanie99. Il est également précisé que le Marquis de la Fuente, ambassadeur auprès du Roi d’Angleterre, a été choisi pour devenir le Prévôt de la Confrérie des Saints-Rois Mages, c’est donc un laïc qui gère la confrérie100. Le journaliste d’obédience catholique Victor Henry s’est intéressé à la dévotion des Rois Mages. Il cite plusieurs noms de grandes familles membres de la Confrérie comme les

despues de acto de Contricion, invocaren el dulcissimo nombre de jesus. » ; Bruxelles, [KBR], Réserve Précieuse, II 89.419 A III/78, AIROLDI Fr. C., Tractado de la dignidad, gracias, y indulgencias de la Cofradria [sic] de los Santos Tres Reyes, erigida en la capilla de las Damas Canonezas Regulares, de la Orden de S. Augustin, con titulo de las Hijas de la Reyna de todos los Santos, fondacion de Lalaing y Berlaymont en la villa de Brusselas ..., Bruxelles, Chez Philippe Vleugaert, 1671, fol.17-18. 94 Bruxelles, [AVB], Couvent des Dames de Berlaymont, B2N3-2, Abrégé de la dignité, graces et indulgence de la Confrérie des trois Saincts Roÿs. Érigée en la Chapelle des Chanoinesses Régulières de l’Ordre de Sainct Augustin sous le titre de Filles de la Reyne de tous les Sainct, Fondation de Lalaing et de Berlaymont, dans la ville de Bruxelles. Octroyée du très Sainct Père Alexandre VII et confirmée de Monseigneur Archevêque de Malines Alphonse de Berghes, 1665, fol.6. 95 Bruxelles, [AVB], Couvent des Dames de Berlaymont, B2N3-1, Pour la confrairie des trois Sainct Roÿs, envoyé a Rome par Monseigneur l’Internonce le 4 de septembre 1665, 4 septembre 1665, fol.1. 96 Bruxelles, [AVB], Couvent des Dames de Berlaymont, B2 N2, Registre de la confrérie des Saint Rois (1672-1962), XVIIe – XXe siècles, s.f. 97 Nous pouvons difficilement avancer des hypothèses qui expliqueraient l’agencement du manuscrit. Celui-ci aurait pu être détruit et fait l’objet d’une reconstruction à postériori mais nous avons, à de multiples reprises, constaté différentes écritures appartenant aux Temps Modernes et à l’Époque contemporaine. Nous ne pouvons pas certifier avec certitude qu’il s’agit d’un original ou d’une copie. 98 Bruxelles, [AVB], Couvent des Dames de Berlaymont, B2 N2, Registre de la confrérie des Saint Rois (1672-1962), XVIIe – XXe siècles, s.f. 99 « Bruxelles, le 8 janvier 1678 », in Les Relations Véritables, vol. XVI, (1678), p.370. 100 Ibidem.

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Arenberg, les Mérode, les Aerschot, les de Lannoy, les Lalaing,…101. Les deux évènements sont contemporains, mais il est très difficile de lier l’apparition de la Confrérie comme étant la conséquence de la baisse du nombre de religieuses nobles. De plus, nous ne voulons pas considérer le couvent et la confrérie comme deux entités opposées mais bien comme étant des communautés en résonnance dans la pratique de la dévotion.

L’historien est tributaire des sources qu’il découvre au fil de ses dépouillements, et à partir du moment où les preuves qui cautionnent ou infirment des hypothèses il est aisé de céder à de multiples suppositions qui nous sont offertes. Nous préférons souligner la contemporanéité des évènements et constater l’inconnue qui persiste dans notre analyse.

e) Les formes de dévotion

Le Couvent des Dames de Berlaymont possède un règlement qui règle chaque moment de la journée. Chacune des religieuses doit suivre scrupuleusement les règles. Mais en étudiant de plus près les lois qui régissent l’institution religieuse, nous remarquons une présence très importante de la prière à différents stades de la journée. Les religieuses ont également l’obligation d’animer le chœur à chaque messe et lire cinq fois par jour des textes pieux. Lors des jours de fêtes religieuses et le dimanche les Chanoinesses ont l’obligation de suivre un sermon après la séance de lecture pieuse de 14h102. La figure de la prévôte est certainement un point intéressant à expliquer. Seule une Chanoinesse régulière peut accéder à ce poste, et en examinant les règles du Couvent, celle-ci occupe une place centrale. La prévôte supérieure est un exemple de pieuse dévote, elle montre la ligne de conduite à suivre comme par exemple rendre visite aux malades. Le rôle de cette dernière ne se limite pas à l’illustration d’un comportement pieu, elle veille à visiter une fois par mois chaque religieuse du couvent afin d’observer l’évolution spirituelle de chacune des membres de la congrégation103.

Dans l’étude du recrutement, nous remarquons à plusieurs reprises que certaines religieuses104, avant de postuler comme sœur au couvent de Berlaymont, ont été des pensionnaires du cloître des Dames de Berlaymont. Pour forger une éducation religieuse solide dans la lignée de la réforme catholique, les enseignantes-religieuses105 se sont attachées à la pratique intensive de la prière et à l’enseignement de l’histoire de la

101 HENRY V., La dévotion aux saints Rois Mages étude hagiographique sur la Confrérie des trois Saints Rois, fondée en 1671, dans la chapelle des Dames chanoinesses à Bruxelles, rétablie en 1861, Bruxelles, Wuyts, 1870, p.33. 102 Bruxelles, [AEAnd], Archives Ecclésiastiques du Brabant, 12255, Statuts, règlements, ordonnances, XVIIe-XVIIIe siècles, s.f. 103 Ibidem. 104 La note biographique dressée par le couvent des Dames de Berlaymont mentionne par exemple que Magdeleine Houlaert a été une pensionnaire du couvent. 105 Le règlement de la Communauté insiste sur le fait que chaque religieuse-enseignante doit être pieusement instruit et être un modèle de dévotion ; Bruxelles, [AEAnd], Archives Ecclésiastiques du Brabant, 12255, Statuts, règlements, ordonnances, XVIIe-XVIIIe siècles, s.f.

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religion catholique. Chaque moment de la journée est rythmé par la pratique quotidienne de prières différentes106 :

x Dès le réveil chaque matin, les pensionnaires doivent réciter les vers suivants : « Grand Dieu je vous adore et je m’offre à vous par votre Fils bien aimé, je désire vous aimer de tout mon cœur. Ne souffrez pas que rien me sépare jamais de vous. Paster Noster. Ave Maria »107 ;

x La prière à la Sainte Trinité ; x La prière à Jésus Christ ; x La prière que Jésus Christ à enseigner ; x La salutation de l’Ange ; x Les symboles des Apôtre [sic] ; x Les commandements de Dieu ; x Les commandements de l’Église ; x Prières en l’honneur de Dieu ; x Litanies à l’honneur de la Sainte Vierge Marie, mère de Dieu ; x Psaume De profundis ; x Oraison ; x Prière aux Anges et aux Saints ; x Prières du soir ; x Litanies du nom de Jésus.

Ce manuel est accompagné de plusieurs chapitres intitulés108 :

x Abrégé des mystères109 de la foi ; x Abrégé des principaux devoirs auxquels tout chrétien doit fidèlement s’acquitter

selon sa condition et son état ; x Abrégé des devoirs du chrétien pendant la messe ; x Abrégé des devoirs du chrétien pour la confession ; x Abrégé des devoirs du chrétien pour la communion ; x Abrégé des devoirs du chrétien pour le cours de la journée ; x Abrégé des devoirs du chrétien pour se préparer à la mort.

Il faut adjoindre, à ces pratiques dévotionnelles, un enseignement religieux basé sur un cahier d’illustrations qui contient des épisodes de l’Ancien et du Nouveau Testaments110. Malheureusement, nous ne disposons pas d’un recensement111 des

106 Prieres journalieres des demoiselles pensionnaires du monastere de Berlaymont, a Bruxelles, Bruxelles, chez M. Lemaire, imprimeur-libraire, 1793, p.1-26. 107 Idem, p.1. 108 Idem, p.26-88. 109 Le sens de « mystère » renvoie à une doctrine religieuse dont la connaissance est réservée à un petit groupe d’initiés ; MICHEL A., « Mystère », in VANCANT A., MANGENOT E., AMANN É. (dirs), Dictionnaire de Théologie catholique, vol. X, n°2, Paris, Librairie Letouzey et Ane, 1929, col.2585-2599. 110 Bruxelles, [AVB], Couvent des Dames de Berlaymont, B14 M2, Cahier d’images pieuses imprimées devant servir d’illustrations au cours d’histoire sainte, s.d., p.1-28

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pensionnaires du couvent des Dames de Berlaymont pour le XVIIe siècle qui permettrait d’avoir une vision d’ensemble sur la présence de la progéniture de l’élite nobiliaire112. Nous disposons, toutefois, d’une source qui s’intéresse à l’admission des deux filles du Marquis de Frelon, dans laquelle il est mentionné que les deux nouvelles pensionnaires sont admises sur base d’une pension à verser annuellement. La somme demandée est de 270 florins par personne113.

Un deuxième constat à présenter est la postériorité des documents. En effet, les deux manuels ont été produits bien après le XVIIe siècle. Nous émettons donc l’hypothèse que les pratiques dévotionnelles étaient bien ancrées dans le couvent au XVIIe siècle et elles s’inscrivent dans l’héritage religieux de Marguerite de Lalaing. L’éducation de la communauté religieuse de Berlaymont a pour objectif de former de pieux dévôts et de futures religieuses qui pratiquent une dévotion ascétique, dans la même lignée que Marguerite de Lalaing. L’éducation religieuse est un outil destiné à assoir la dévotion parmi la noblesse. En 1750, il fut écrit une histoire abrégée du couvent mais l’auteur est anonyme. Dans son préambule, il insiste sur le caractère vertueux de chaque religieuse qui ont intégré le Cloître de Berlaymont114.

Le Couvent des Dames de Berlaymont est un également un réceptacle de reliques. Á de multiples reprises, la communauté religieuse de Berlaymont a été la bénéficiaire de restes humains de saints et de martyrs115. Des membres de la noblesse engagés dans les ordres religieux ont cédé aux chanoinesses de Berlaymont des reliques, dont les dons les plus importants sont ceux de Jean-Charles Comte de Schartzenberg, chanoine de Cologne. Un inventaire des reliques a été dressé en 1654, il recense vingt-une pièces versées par ce religieux116. Pour accentuer notre propos sur le caractère pieu et faste du couvent de Berlaymont, nous avons délibérément pris un travail de 1864 qui

111 Les Archives de l’État d’Anderlecht conservent un Manuel des recettes des pensionnaires admises dans l’établissement, mais celui-ci ne commence qu’à partir de 1724 ; Bruxelles, [AEAnd], Archives Ecclésiastiques du Brabant, 12258, Manuel de recettes de pensions des dames et demoiselles admises dans l’établissement, 1724-1795, 106 fol. 112 D’après les Relations Véritables du 14 février 1671, les pensionnaires du Couvent des Dames de Berlaymont sont principalement issues « des premières Maisons du pays » ; « Bruxelles, le 14 février 1671 », in Les Relations Véritables, vol. XIX, (1671), p.80. 113 Il faut ajouter des frais supplémentaires, entrainant une hausse importe de la somme exigée. Dans ce cas-ci, les deux nouvelles pensionnaires ont dû débourser 3010 florins pour les cinq années qu’elles ont passées. Nous pouvons déduire, sur base de ces informations, que la famille des pensionnaires doivent disposer de fonds financiers suffisants pour que leurs enfants soient acceptés, et par conséquent que nous retrouvons une part importante des enfants de la noblesse ; Bruxelles, [AGR], Conseil Privé espagnol, 1120 – farde 180 (Boetendal-Bruxelles), Estat, compte et renseigne que produit la procurante du Cloitre de Berlaymont pour les deux filles du feu Marquis de Frelon, pensionnaire audit Cloitre, depuis le 13 novembre 1656, iusques le 13 febvurier 1661, 13 février 1661, fol.1-2 114 Bruxelles, [AVB], Couvent des Dames de Berlaymont, 2A3, Histoire abrégée de la fondation du noble monastère des Dames dites de Berlaimont à Bruxelles avec la vie de la fondatrices et de la 1ere supérieure, 1750, fol.2. 115 A titre d’exemples : Bruxelles, [AVB], Couvent des Dames de Berlaymont, B5L4-1, Certificat d’authenticité des reliques de S. Grégoire, S. Augustin, … par Otto Evêque de Cyrène, XVIIe siècle, s. f. ; Bruxelles, [AVB], Couvent des Dames de Berlaymont, B5L4 -12, Certificat d’authenticité des reliques de Ste Ursule par Florent de Montmorency Rome 8 décembre 1649, 8 décembre 1649, s. f. 116 Bruxelles, [AVB], Couvent des Dames de Berlaymont, B5L4 – 48 – 2, Inventaire des reliques offertes par Jean-Charles Comte de Schartzenberg, chanoine de Cologne, 7 avril 1654, fol.1-3.

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évoque des objets d’art religieux. Le couvent dispose d’une chapelle en ébène, recouverte de morceaux de bois dorés ornés de plaques de cuivre doré. Dans la niche de la seconde chapelle se trouve une statuette de la Vierge Marie (datant de la fin du XVIe siècle), coiffée d’une couronne, porte Jésus avec son bras gauche, et tient avec sa main droite un sceptre. La couronne et le sceptre sont recouverts de pierres précieuses. Il faut également préciser que cette statue se trouve à proximité d’un grand nombre de reliques117. Le couvent de Berlaymont conserve des objets très rares comme des instruments de musique, c’est notamment le cas de la régale, un petit orgue, qui fut donné par la comtesse Marguerite de Lalaing à l’occasion de la fondation du Couvent118. Le caractère fastueux de la Chapelle du Berlaymont, la statue de la Vierge Marie, les nombreuses reliques, et les objets rares nous amènent à penser que tout est fait pour attirer un maximum de fidèles. Nous pouvons dire que la communauté religieuse de Berlaymont applique une politique de faste dans le prolongement de l’art baroque qui s’affirme comme étant le triomphe de la Contre-Réforme119.

Le couvent des Dames de Berlaymont possède un recrutement noble parmi ses religieuses et ses pensionnaires, et elle structure autour d’elle une élite nobiliaire pour différentes manifestations religieuses120.

4. Les rapports entre le Couvent des Dames de Berlaymont et la noblesse

a) Le couvent de Berlaymont, un lieu apprécié par la noblesse ?

Les rapports entretenus par l’élite nobiliaire et le couvent des Dames de Berlaymont sont-ils bons ou mauvais ? Plus exactement, quelle était la qualité des rapports entretenus par les deux groupes évoqués ci-dessus ? Dans le Libro des Memoria de la famille Cassina, une citation de Francesco Bernardino Cassino junior mérite d’être examinée121 :

117 WAELE W. J. H., Cataloque des objets d'art religieux du moyen âge, de la renaissance et des temps modernes; exposés à l'hôtel Liedekerke à Malines. Septembre 1864, 2e éd., Bruxelles, Ch. Lelong, 1864, p.31. 118 MAHILLON Ch-V., Catalogue descriptif & analytique du Musée instrumental du Conservatoire Royale de Bruxelles précédé d’un essai classification méthodique de tous les instruments anciens et méthodique, Gand, Typographie C. Annoot-Braeckman, 1880, p.47. 119 L’historienne belge Annick Delfosse rappelle que la notion de « culture baroque », malgré sa connotation esthétique et artistique, désigne un stratagème qui vise à mettre en valeur la grandeur et le triomphe de l’Église catholique par l’intermédiaire d’« une intense théâtralité » qui permet de capter et structurer autour de l’Église Romaine les dévots catholiques. De plus, nous renvoyons aux contributions et conférences données par Madame Delfosse pour tout complément d’informations ; DELFOSSE A., « Élections collective d’un ’’Patron et Protecteur’’. Mises en scène jésuites dans les Pays-Bas espagnols », in DOMPNIER B. (dir), Les cérémonies extraordinaires du Catholicisme baroque, Clermont-Ferrand, Presses Universitaires Blaise-Pascal, 2009, p.258. 120 Le 13 juin 1678, Les Relations Véritables indiquent qu’à l’occasion du jubilé – fête célébrant les 50 ans – du couvent, les religieuses ont organisé une grande célébration où « la principale noblesse de la Cour s’y estant trouvée » ; « Bruxelles, le 15 juin 1678 », in Les Relations Véritables, vol. XXVI, (1678), p.370. 121« Nel mese de ottobre fu mandata a pigliare, a Harzi, la contessa d’Egmont et, accompagata da la contessa de Gamalerio, menata a Brusselles nel monastero de sua madre, la contessa de Barlamont » ; JODOGNE P. (éd), Entre Italie et Pays-Bas méridioaux. Le « Libro de memoria » de la famille Cassina, Bruxelles, Académie Royale de Bruxelles, 2002, p.214-215.

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« Au mois d’octobre [1632], on envoya prendre, à Harzi, la comtesse d’Egmont [Marguerite de Berlaymont, fille de Florent de Berlaymont et de Marguerite de Lalaing], laquelle accompagnée de la comtesse de Gamalerio [Claire de Ligne-d’Arenberg], fut amenée à Bruxelles au couvent de sa mère, le [sic] comtesse de Berlaymont »

Les registres du couvent des Dames de Berlaymont ne mentionnent aucune des deux comtesses comme étant des chanoinesses régulières du Cloitre. Le lieu est effectivement fréquenté par la noblesse mais cette unique mention ne permet d’avoir une idée précise des rapports entretenus entre noblesse et le couvent. Les Relations Véritables n’apportent pas d’éléments explicites sur les rapports entre la communauté et les élites nobiliaires, nous apprenons néanmoins que la principale noblesse de Cour est présente de manière importante aux manifestations religieuses122. La correspondance de Philippe Chifflet mentionne également le couvent des Dames de Berlaymont comme un lieu de dévotion où est organisé au frais de la Comtesse de Berlaymont un service solennel en l’honneur de la comtesse d’Hoogstraeten123 qui appartient au même lignage que Marguerite de Lalaing.

Le couvent fait l’objet d’une donation de 4000 florins par le baron de Dorweert Jean Augustin de Schellart124. Le donateur de la rente souhaite que le couvent tienne quotidiennement une messe chantée, à la mémoire de la Baronne de Celles Dorothée Thérèse, par les Chanoinesses régulières du Couvent des Dames de Berlaymont125. Il s’agit des deux seules sources manuscrites qui mentionnent une donation et qui concernent le cloître.

Enfin, Les Relations Véritables du 14 février 1671 mentionnent que le couvent comptent parmi ses pensionnaires des membres qui sont issus des plus grandes maisons des Pays-Bas méridionaux126. Á la lumière des quelques éléments que nous venons d’exposer, le postulat de relations cordiales entre la noblesse et la communauté est tangible et que le couvent des Dames de Berlaymont a formé des liens aristocratiques très forts avec les élites nobiliaires.

b) Le décès de Marguerite de Lalaing (1650)

Le décès de Marguerite de Lalaing, en 1650, constitue certainement une rupture dans les relations amicales avec une fraction de nobles qui se structure autour de la

122 « Bruxelles, le 15 juin 1678 », in op cit., p.370. 123 « Philippe Chifflet à Bagno. Bruxelles, 9 juillet 1630 », in DE MEESTER DE RAVESTEIN B. (éd), Lettres de Philippe et Jean-Jacques Chifflet sur les affaires de Pays-Bas (1627-1639), Bruxelles, Palais des Académies, 1943, p.134. 124 Bruxelles, [AVB], Couvent des Dames de Berlaymont, B3 Q2-3-1, Lettre de constitution d’une rente d’un capital de 4000 florins par Jean Augustin de Schellart, baron de Dorweert pour la fondation d’une messe quotidienne, 3 juillet 1653, fol.1-2. 125 Bruxelles, [AVB], Couvent des Dames de Berlaymont, B3Q2-3-2, Lettre de constitution d’une rente d’un capital de 4000 florins par Jean Augustin de Schellart, baron de Dorweert pour la fondation d’une messe quotidienne, 19 mars 1654, fol.1 126 « Bruxelles, le 14 février 1671 »,, in op cit., p.80.

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personne de Louis-Philippe d’Egmont127, prince de Gavre et petit-fils de la fondatrice du Couvent des Dames de Berlaymont. C’est le père Jacques Hugues de Quarré qui est l’auteur de l’oraison funèbre prononcée à l’occasion du décès de la fondatrice du couvent des Dames de Berlaymont128.

Le Testament de Marguerite de Lalaing prévoit une répartition des biens, elle lègue à Philipe d’Arenberg, duc d’Arschot, la seigneurie de Saint-Albin et le fief du Gavène de Douai, et verse d’importantes sommes à d’autres héritiers comme par exemple à sa petite-fille Marguerite Alexandrine d’Aremberg. Le couvent des Dames de Berlaymont reçoit également 1000 florins pour que les religieuses prient quotidiennement à la mémoire de la fondatrice du Couvent129. La grande majorité de l’héritage Lalaing-Berlaymont est revenu principalement à la famille d’Arenberg, mais les biens hérités se trouvent dans un état détérioré130.

Le comte Louis-Philippe d’Egmont a intenté, sur les plans religieux et matériels, des procès contre le Couvent des Dames de Berlaymont le 30 octobre 1669. C’est sous la prévôte Léonore de Lalaing qu’éclate cette affaire131. Les différents procès menés par le Comte d’Egmont ont été jugés par différentes instances judiciaires132 comme le Grand Conseil de Malines133, ou encore le Conseil Privé134, même si son fonctionnement pour les XVIIe et XVIIIe siècle reste encore inconnu135. Louis-Philippe d’Egmont réclamait d’une part, en tant qu’héritier de la fondatrice du Cloitre de

127 Louis-Philippe d’Egmont : Chevalier d’Or de la Toison et vice roi de Sardaigne. Il épouse en 1659 Mari-Ferdinande de Croy ; DE VEGIANO J-Ch-J., DE HERCKENRODE L., op cit., p.713. 128 Bruxelles, [AVB], Couvent des Dames de Berlaymont, 2A1-3, Oraison funèbre de Mme de Berlaymont, (8 février 1651) par le Père Jean-Hugues Quarré de l’Oratoire, 8 février 1651, fol.1-8. 129 Bruxelles, [AVB], Archives historiques de la ville de Bruxelles, Registre 1364, Recueil d’actes concernant la fondation du cloitre des chanoinesses de la règle de Saint-Augustin par Marguerite de Lalaing, comtesse de Berlaymont, 1623-1678, XVIIe siècle, fol.353-357. 130 Nous tenons à remercier très chaleureusement Monsieur Frédérik Lebrecht pour le temps qu’il a su nous gratifier et des articles envoyés dans le cadre de notre recherche ; LEBRECHT Fr., « L’héritage de la famille Lalaing-Berlaymont dans les possessions de la famille d’Arenberg », in… 131 L’affaire est plus développée dans l’ouvrage de Monseigneur Schrygens : SCHRYGENS J., op cit., p.118-121. 132 Bruxelles, [AVB], Couvent des Dames de Berlaymont, 1A1-9, Procès avec le comte d’Egmont touchant la donation de Mme de Berlaymont au couvent et la validité des Constitutions (1670-1672), XVIIe siècle, fol.1-7 133 Le Grand Conseil de Malines disposait de la compétence de régler des litiges en première instance concernant les lois prises par le souverain (le respect d’une ordonnance,…). De plus, on comptait un Subsitut du Procureur rattaché à cette institution ; WIJFFELS A., « Grand Conseil des Pays-Bas à Malines », in AERTS E., BAELDE M., COPPENS H., DE SCHEPPER H., SOLY H., THIJS A. K. L., VAN HONACKER K. (dirs), Les Institutions du gouvernement central des Pays-Bas Habsbourgeois, vol. I, Bruxelles, Archives Générales du Royaume, 1995, p. 193-194. 134 Pour rappel, l’une des trois grandes attributions du Conseil Privé est d’organiser une cour de justice du prince ; DE SCHEPPER H., « Conseil Privé », in AERTS E., BAELDE M., COPPENS H., DE SCHEPPER H., SOLY H., THIJS A. K. L., VAN HONACKER K.. (dirs), op cit, vol. I, p. 296-297 - VOLCKAERT B., De leden van Geheime Raad der Zuidelijke Nederlanden onder het bewind van de aartshertogen en Filips IV, 1609-1653. Een prosopografische studie, Mémoire de Licence en Histoire, inédit, UGent, année académique 2003-2004, [en ligne], http://www.ethesis.net/geheime_raad/geheime_raad_deel_1.htm#1.2 De Geheime Raad en zijn plaats in het institutionele landschap van de Spaanse Nederlanden (page consultée le 4 mai 2013; dernière mise à jour : non mentionnée). 135 WIJFFELS A., « L’histoire de la justice : Les cours supérieurs dans les Anciens Pays-Bas (15e – 18e siècles) », in Tijdschrift voor rechtsgeschiedenis. Revue d’histoire du droit, vol.61, n°2, (1993), p.398.

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Berlaymont, 2000 florins, la rente annuelle du couvent, et d’autre part à substituer la prévôte dans son rôle temporel et spirituel au sein du couvent136. Plusieurs membres importants du clergé sont intervenus dans la défense des religieuses comme le Pape Clément X137. La situation s’est calmée sous le mandat de Marie Chatesleer comme prévôte en 1675. Un accord de « franche amitié » a été scellé entre les deux parties et a définitivement mis fin aux différends et procédures soutenus par le Comte d’Egmont. En observant de plus près cet accord, nous remarquons que le couvent des Dames de Berlaymont a été dépossédé d’une partie de ses biens mais il était libre138.

Cet épisode constitue une césure dans les relations cordiales entre le couvent et une fraction de la noblesse qui revendique la restitution d’un héritage familial.

5. Conclusion

Le couvent des Dames de Berlaymont possède un recrutement noble incontestablement même si il faut clairement distinguer deux types de noblesse, d’une part les chanoinesses du premier rang dont les membres possèdent quatre quartiers de noblesse du côté du père et du côté de la mère, et d’autre part les religieuses de bonne famille qui possède une souche d’ascendance noble. De plus ces religieuses pratiquent une piété qui s’inscrit dans la même lignée que Marguerite de Lalaing, fondatrice du couvent des Dames de Berlaymont. Toutefois, l’enrôlement des religieuses tant à se démocratiser notamment lors de la réforme hiérarchique du couvent qui a lieu en 1678.

Nous ne sommes pas en mesure de formuler des hypothèses sur cet affaiblissement du nombre de chanoinesses, mais il faut noter une contemporanéité avec l’apparition au même moment de la Confrérie des Saints-Rois Mages où chacune des religieuses du Couvent est membre. En effet, cette réforme structurelle est nécessaire pour assurer le fonctionnement du Cloitre à la suite du constat que la noblesse ne peut plus faire vivre l’institution religieuse. Etudier le recrutement de la noblesse au-delà du XVIIe siècle devrait permettre de voir si nous avons une continuité dans la baisse de religieuses nobles qui possèdent quatre quartiers de noblesse du père et de la mère.

Le couvent a entretenu des rapports cordiaux avec la noblesse de la Cour des Pays-Bas méridionaux. Elle était présente à chacune des manifestations religieuses organisées par le Cloître de Berlaymont. De plus, l’institution religieuse accueille des pensionnaires issues des plus grandes familles du royaume, l’une des preuves que Couvent et la noblesse entretiennent des rapports cordiaux. Toutefois, la richesse du couvent a poussé l’avidité d’un des descendants de Marguerite de Lalaing a réclamé un héritage. Le litige entraine une césure dans les relations amicales avec une partie de la

136 Bruxelles, [AVB], Couvent des Dames de Berlaymont, 1A1-9-2, Inventaire des pièces exhibées par la Dame prevoste du cloitre de Berlaymont, d’un procès qu’elle soutient contre le Seigneur comte d’Egmont par devant le grand Conseil de Malines ÿ renvoÿée par ordre au Conseil Privé, 1669, fol.1-3. 137 Bruxelles, [AVB], Couvent des Dames de Berlaymont, 1A1-10-1, Confirmation par le Pape des constitutions et des privilèges des fondateurs, 1674, fol.1. 138 Bruxelles, [AVB], Couvent des Dames de Berlaymont, 1A1-10-2, Copie de l’accord fait avec le Comte d’Egmont et les Religieuses de Berlaimont en 1674, 1674, fol.1-14.

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noblesse qui a tenté de s’accaparer les richesses du cloître. Le Couvent des Dames de Berlaymont a réussi à passer un accord qui lui permet d’accéder à une totale liberté en se faisant déposséder d’une grande partie de ses biens par l’hériter. La liberté n’a pas de prix !

6. Liste des abréviations

AAM : Archives de l’Archevêché de Malines

AEAnd : Archives de l’État d’Anderlecht

AGR : Archives Générales du Royaume

AVB : Archives de la ville de Bruxelles

BBCSM : Bibliothèque des Bollandiste au Collègue Saint-Michel

KBR : Bibliothèque Royale de Belgique

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Bibliographie

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Archives de l’Etat d’Anderlecht

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Archives Générales du Royaume

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Bruxelles, Archives Générales du Royaume [AGR], Conseil Privé espagnol, 1120 – farde 180 (Boetendal-Bruxelles), Estat, compte et renseigne que produit la procurante du Cloitre de Berlaymont pour les deux filles du feu Marquis de Frelon, pensionnaire

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audit Cloitre, depuis le 13 novembre 1656, iusques le 13 febvurier 1661, 13 février 1661, 2 fol.

Archives de la ville de Bruxelles Bruxelles, Archives de la Ville de Bruxelles [AVB], Couvent des Dames de Berlaymont, 1A1-9-2, Inventaire des pièces exhibées par la Dame prevoste du cloitre de Berlaymont, d’un procès qu’elle soutient contre le Seigneur comte d’Egmont par devant le grand Conseil de Malines ÿ renvoÿée par ordre au Conseil Privé, 1669, 3 fol.

Bruxelles, Archives de la Ville de Bruxelles [AVB], Couvent des Dames de Berlaymont, 1A1-10-1, Confirmation par le Pape des constitutions et des privilèges des fondateurs, 1674, 1 fol.

Bruxelles, Archives de la Ville de Bruxelles [AVB], Couvent des Dames de Berlaymont, 1A1-10-2, Copie de l’accord fait avec le Comte d’Egmont et les Religieuses de Berlaimont en 1674, 1674, 14 fol.

Bruxelles, Archives de la Ville de Bruxelles [AVB], Couvent des Dames de Berlaymont, 1A1-9, Procès avec le comte d’Egmont touchant la donation de Mme de Berlaymont au couvent et la validité des Constitutions (1670-1672), XVIIe siècle, 7 fol.

Bruxelles, Archives de la Ville de Bruxelles [AVB], Couvent des Dames de Berlaymont, 1A1-11, Réunion des deux premiers rangs de religieuses en un seul (1677-1678), XVIIe siècle, 14 fol.

Bruxelles, Archives de la Ville de Bruxelles [AVB], Couvent des Dames de Berlaymont, 1A1-11, Information prinse au Cloistre de Berlaimont en Bruxelles selon l’ordre de sa Sainteté despechée dans la sacrée congrégation en date du 27 août 1677par Monsieur Alphonse de Berghes, Archevêque de Malines en personne, sÿ estant présent son soubsigné Vicaire général de l’armée sur la requête présentée à sa Sainteté par Monsieur le Comte d’Egmont pour faire réduire les deux premiers rangs des religieuses du dit cloistre en un, le 10 et le 12 septembre 1677, 6 fol.

Bruxelles, Archives de la Ville de Bruxelles [AVB], Couvent des Dames de Berlaymont, 1A11-5, DE BERGHES A., Lettres d’Alphonse de Berghes Archevêque de Malines données à Bruxelles le 20 octobre 1678 addressées aux Dames de Berlaimont, 20 octobre 1678, 5 fol.

Bruxelles, Archives de la Ville de Bruxelles [AVB], Couvent des Dames de Berlaymont, 2A1-3, Oraison funèbre de Mme de Berlaymont, (8 février 1651) par le Père Jean-Hugues Quarré de l’Oratoire, 8 février 1651, 8 fol.

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Bruxelles, Archives de la Ville de Bruxelles [AVB], Couvent des Dames de Berlaymont, B2N3-2, Abrégé de la dignité, graces et indulgence de la Confrérie des trois Saincts Roÿs. Érigée en la Chapelle des Chanoinesses Régulières de l’Ordre de Sainct Augustin sous le titre de Filles de la Reyne de tous les Sainct, Fondation de Lalaing et de Berlaymont, dans la ville de Bruxelles. Octroyée du très Sainct Père Alexandre VII et confirmée de Monseigneur Archevêque de Malines Alphonse de Berghes, 1665, 4 fol.

Bruxelles, Archives de la Ville de Bruxelles [AVB], Couvent des Dames de Berlaymont, B3 Q2-3-1, Lettre de constitution d’une rente d’un capital de 4000 florins par Jean Augustin de Schellart, baron de Dorweert pour la fondation d’une messe quotidienne, 3 juillet 1653, 2 fol.

Bruxelles, Archives de la Ville de Bruxelles [AVB], Couvent des Dames de Berlaymont, B3Q2-3-2, Lettre de constitution d’une rente d’un capital de 4000 florins par Jean Augustin de Schellart, baron de Dorweert pour la fondation d’une messe quotidienne, 19 mars 1654, 1 fol.

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