moi, mg, j’ai testé les consultations en musique

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RFO 157 No. of Pages 1

Revue francophone d'orthoptie 2014;xx:1 Actualités

http://dx.doi.org/10.1016/j.rfo.2014.03.008

Moi, MG, j'ai testé les consultationsen musique§

La généraliste Alice Redsparrowa annoncé, la semaine dernièresur Twitter, son intention demettre de la musique lors deses consultations. Une initiativenovatrice qui a fait débat sur leréseau social

« Cela faisait plusieurs années quecela me travaillait. Je viens enfin desauter le pas » confie le docteur AliceRedsparrow. Depuis environ une sem-aine la praticienne de 33 ans exerce enmusique. Une manière de détendre lespatients mais aussi la généraliste elle-même. "Il y a un effet de neuro-miroir. Lefait que je sois détendue agit sur lespatients'' analyse-t-elle. Elle a donc optépour "une playlist de musique classique,celtique ou de relaxation, à un niveautrès bas''.Un bon choix, selon la spécialiste Anna-Maria Nédéva, membre de la sociétéfrançaise de psychanalyse intégrative,compositeur, psychanalyste et musico-thérapeute. "La musique, lors d'uneconsultation est un accompagnement.Elle peut relaxer le patient mais aussil'irriter. Il ne faut pas faire cela au hasardet bien choisir la musique'' explique-t-elle. La spécialiste recommande doncunemusique d'ambiance relaxante maispas non plus trop lente, ce qui pourraitagacer. En revanche, elle déconseille

les musiques stimulantes comme lerock, la techno ou le rap qui "peuventaccélérer le rythme cardiaque desmalades''.

« Je ne fais pas cela pour mespatients »Le rock, c'est pourtant ce qu'écoute ledocteur Garrigues, dermatologue, pen-dant ses consultations. "Je ne fais pascela pour mes patients. Radiohead,Massive Attack. . . J'écoute de la musi-que tout le temps y compris pendantmes consultations. C'est très égoïstede ma part'' dévoile le praticien qui con-cède que certains patients sont "sur-pris'', voire "irrités''. "Une fois unpatient un peu sourd m'a demandé s'ily avait des travaux au-dessus'' s'amuse-t-il.Si la musique peut aussi être utilisée enguise de thérapie, la volonté du docteurRedsparrow est simplement "d'aider lespatients à se sentir en confiance et dedénouer les résistances''. Une idée qui afait débat entre médecins et patients surle réseau social Twitter. "Une fois je suisallée chez un kiné qui m'a fait écouter duclassique, ben en fait ça détend pas dutout'' a commenté le Docteur Tiben."Surtout pas des bruits de nature, jetrouve ça un peu stressant et un peutrop écolo bobo bio'' s'est amusée AnneLaure. Au contraire.Le docteur Shadok a été intriguée "Çam'intéresse, tu mets quoi commemusique? J'hésite si musique pasadaptée...'' a-t-elle confié. De son côté,le Docteur Kalee a avoué ne "jamais yavoir pensé''.Après une semaine de consultations enmusique, la généraliste s'est dite "éton-née'' de ne pas avoir eu de commen-taires de la part des patients. "Un seulm'a demandé ce que j'écoutais'' a cons-taté la praticienne qui a cependantremarqué que certains semblent écou-ter lorsque qu'elle rédige l'ordonnance.

"Beaucoup entendent mais n'écoutentpas. Ils sont concentrés sur l'objet deleur venue'' analyse Alice Redsparrow.

« Atténuer la distance »Un avis partagé par Anna-MariaNédéva : "La musique est l'expressiond'une émotion. Beaucoup de personnesn'entendent pas, ils sont focalisés surleurs problèmes'' estime la musicothér-apeute, bien que persuadée que "lamusique peut être un outil super dansle cadre d'une consultation''. D'autantque les praticiens n'ont rien à verser àla Société des Auteurs- Compositeurs etEditeurs de musique (Sacem), une sallede soin étant considérée comme un lieuprivé, à la différence de la salle d'attente.Au-delà de la musique, le docteur AliceRedsparrow est très intéressée partoutes les formes de communicationentre médecin et patient. "Je medemande toujours comment travaillercette relation'' confie-t-elle. Ses motsou ses postures lors des consultationsne sont jamais anodines. "Par exemple,je répète ce que disent les patients pourleur montrer que j'ai saisi ce qu'ils medisent'', cite la praticienne passionnée."L'idée est d'atténuer la distance, semettre au même niveau'' souligne-t-elle.D'ailleurs, Alice Redsparrow regretteque des cours de communication nesoient pas intégrés au cursus de méde-cine. "J'ai découvert cela avec les entre-tiens motivationnels''. Ainsi, elle aimeraità terme "accueillir de futurs médecins enstage pour leur montrer qu'un travail surla communication peut complètementmodifier une consultation''.

§Article initialement paru le 28-02-2014 sur www.egora.fr.

Sandy Berrebi-Bonin

RFO 157 No. of Pages 1

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