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N° d’ordre :
MEMOIRE
Présenté par AGALI AGOUZOUM Bahari
Ir. Eaux & Forêts
Pour obtenir
LE DIPLOME D’ETUDES APPROFONDIES (D.E.A) Spécialité : Biologie et Ecologie Végétales
Option : Botanique et Phytoécologie
sur le thème :
DIVERSITE, STRUCTURE ET PERCEPTIONS LOCALES DES ESPECES LIGNEUSES FOURRAGERES DANS LE TERROIR DE TORODI, OUEST NIGER
Soutenu le 24 septembre 2009 devant le jury composé : Président : Sita GUINKO, Professeur Titulaire, Université de Ouagadougou
Examinateurs : Chantal Y. KABORE-ZOUNGRANA, Professeur Titulaire, Université
Polytechnique de Bobo-Dioulasso
Adjima THIOMBIANO, Maître de Conférences, Université de Ouagadougou
Amadé OUEDRAOGO, Maître Assistant, Université de Ouagadougou
UNIVERSITE DE OUAGADOUGOU ------------- UNITE DE FORMATION ET DE RECHERCHE EN SCIENCES DE LA VIE ET DE LA TERRE (UFR – SVT) ------------- LABORATOIRE DE BIOLOGIE ET ECOLOGIE VEGETALES -------------
DEDICACE
A mes parents qui ont suivi avec attention et un grand
intérêt mon parcours et ont mis à ma disposition tous les
moyens requis pour mon éducation et mon instruction.
A mes frères et sœurs pour leur solidarité,
A chers oncles Moussa et Warzagan Bouzou pour leur soutien.
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REMERCIEMENTS
En ces quelques lignes, je tiens à remercier chaleureusement toutes les personnes qui m’ont apporté leur soutien et leur aide tout au long de ce travail : - Professeur Adjima THIOMBIANO, à qui j’adresse ici ma profonde reconnaissance pour avoir accepté mon inscription, m’avoir proposé ce sujet de recherche et dirigé mon travail malgré ses multiples occupations. Sa confiance et son soutien actif n’ont jamais manqué. J’ai profité de son expérience et de sa rigueur scientifique. Merci encore! - Docteur Amadé OUEDRAOGO pour avoir contribué à l’encadrement de ce travail. Il m’a suivi depuis l’élaboration du protocole jusqu’à la finalisation du mémoire dans un climat de travail détendu. Sa simplicité et sa disponibilité ont été un stimulus pour moi - Professeur Jeanne Frémiot de Chantal MILLOGO/RASOLODIMBY pour avoir accepté de m’accueillir dans son Laboratoire, pour ses conseils et critiques et sa disponibilité ; - Professeur Sita GUINKO pour son accueil chaleureux et ses conseils ; - Professeur Chantal I. KABORE-ZOUNGRANA de l’Université Polytechnique de Bobo-Dioulasso pour avoir accepté de juger ce travail ; - Mr Amadou OUMAROU SABO, Coordonnateur du projet GESFORCOM, pour son soutien matériel précieux à ce travail et ses conseils ; - Professeur Philippe SANKARA pour m’avoir encouragé dans mes études doctorales, aidé et facilité mon séjour au Burkina Faso ; - Docteur Larwanou MAHAMANE, pour sa gentillesse, sa disponibilité et le suivi exceptionnels qu’il m’a accordés depuis mon ingéniorat jusqu’à mon DEA. Il m’a mis en contact avec le projet GESFORCOM ; - Professeur Joseph I. BOUSSIM, pour m’avoir ouvert les portes de sa bibliothèque, pour ses conseils et encouragements continus ici ou en déplacement au Niger; - Elhadj Baba OUBARAKOU pour son soutien matériel sur le terrain - Professeur Ali MAHAMANE pour les conseils et les encouragements ; - Amani IBRAHIM doctorant en Algérie pour les conseils et le soutien sur le terrain ; - Aux aînés en thèse au laboratoire de Biologie et Ecologie Végétales. Mes pensées vont particulièrement à Dr Oumarou OUEDRAOGO, Mlle Blandine NACOULMA, Fidèle BOGNOUNOU pour ses utiles observations de ce travail, Lassina TRAORE, Sambaré OUMAROU, pour avoir accepté de partager leurs expériences par la documentation et les conseils dans une ambiance fraternelle ; -Marcel KOADIMA à qui je fais une mention spéciale pour sa constante disponibilité, son appui dans l’analyse des données et les corrections apportées au manuscrit. A tous, je réitère toute ma profonde gratitude. - A toute la 19è promotion du DEA des Sciences Biologiques Appliquées et particulièrement à Mlle Elice KABORE et Benjamin LANKOANDE pour leur amitié ; - Les agents forestiers de Torodi pour la collaboration notamment dans la localisation des peuplements ; - Les populations de Bodol et Kikki pour leur hospitalité, leur disponibilité et leur accueil. Que soient aussi très sincèrement remerciés tous ceux qui m’on aidé dont je n’ai pas cité les noms. Je les remercie de l’intérêt qu’ils ont porté à ce travail et du temps qu’ils ont pu y consacrer. Merci à tous…
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SOMMAIRE
LISTE DES TABLEAUX, FIGURES, PHOTOS ET ANNEXES ....................................... V SIGLES ET ABREVIATIONS .............................................................................................. VI ABSTRACT .......................................................................................................................... VII INTRODUCTION .................................................................................................................... 1 CHAPITRE I : GENERALITES SUR LA ZONE D’ETUDE ............................................. 3
I. MILIEU PHYSIQUE ................................................................................................................ 3 1. Situation géographique et administrative de la zone d’étude ............................................ 3 2. Sols .................................................................................................................................... 4 3. Climat ................................................................................................................................ 4 4. Hydrogéologie ................................................................................................................... 5 II. MILIEU BIOLOGIQUE ........................................................................................................... 6 1. Végétation et flore ............................................................................................................. 6 2. Milieu humain.................................................................................................................... 6 2.1. Population ....................................................................................................................... 6 2.2. Activités socio-économiques .......................................................................................... 7 2.2.1. Agriculture ................................................................................................................... 7 2.2.2. Elevage ........................................................................................................................ 7 2.2.3. Pêche et chasse. .......................................................................................................... 8 2.2.4. Cueillette ...................................................................................................................... 8 2.2.5. Apiculture .................................................................................................................... 8 2.2.6. Exploitation du bois ..................................................................................................... 9
CHAPITRE II : MATERIEL ET METHODES .................................................................. 10 I. MATERIEL .......................................................................................................................... 10 II. METHODOLOGIE ............................................................................................................... 10 1. Enquêtes ethnobotaniques ............................................................................................... 10 1.1. Echantillonnage ............................................................................................................ 10 1.2. Collecte des informations ............................................................................................. 11 1.3. Traitement et Analyse des données ............................................................................... 12 2. Evaluation de l’état des peuplements .............................................................................. 12 2.1. Echantillonnage ............................................................................................................ 12 2.2. Collecte des données .................................................................................................... 13 2.3. Traitement et Analyse des données ............................................................................... 13
CHAPITRE III : RESULTATS ET DISCUSSION ............................................................. 16 I. Enquêtes ethnobotaniques ................................................................................................ 16 1.1. Perceptions locales des espèces ligneuses fourragères ................................................. 16 1.1.1. Importance de la flore ligneuse dans les terroirs ....................................................... 16 1.1.2. Liste des espèces ligneuses fourragères ..................................................................... 17 1.1.3. Espèces très appétées dans les terroirs ...................................................................... 22 1.1.4. Critères de sélection et d’évaluation des espèces ligneuses fourragères ................... 24 1.1.5. Espèces disparues ou menacées, facteurs de menace et sites de prédilection..... ...... 25 1.1.6. Stratégies d’exploitation et conservation du fourrage ligneux .................................. 28 1.1.7. Techniques de gestion durable des espèces ligneuses fourragères ............................ 31 II. Etat des peuplements ....................................................................................................... 32 2.1. Structure démographique et dynamique des espèces très appétées .............................. 32
iii
2.2. Structure verticale des populations adultes et régénération des espèces ligneuses fourragères ........................................................................................................................... 40 2.3. Structure du peuplement juvénile et potentialités de régénération des ligneux fourragers ............................................................................................................................. 42
CONCLUSION ET PERSPECTIVES ................................................................................. 46 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ............................................................................. 48 ANNEXES .................................................................................................................................. I
iv
LISTE DES TABLEAUX Tableau I. Effectif du cheptel .............................................................................................. .......8 Tableau II. Caractéristiques des terroirs cibles.........................................................................10 Tableau III. Liste des espèces ligneuses considérées fourragères.............................................19 Tableau IV. Liste des espèces très appétées par les animaux....................................................23 Tableau V. Liste des espèces rares ou menacées de disparition ............................................... 26 Tableau VI. Liste des espèces émondées dans les terroirs ....................................................... 29 Tableau VII. Nombre total de relevés par espèce ..................................................................... 32 Tableau IIX. Densité moyenne des individus ........................................................................... 32 Tableau IX. Valeurs de (a) et de (R²) par espèce. ..................................................................... 34 LISTE DES FIGURES Figure 1. Localisation de la zone d’étude .................................................................................. 3 Figure 2. Evolution pluviométrique des trente dernières années de la zone de Torodi .............. 5 Figure 3. Usages des plantes ligneuses .................................................................................... 17 Figure 4. Structures horizontales de Balanites aegyptiaca (a), Acacia senegal (b) et Ziziphus mauritiana (c) ........................................................................................................................... 33 Figure 5. Régression d’Acacia senegal, Balanites aegyptiaca et Ziziphus mauritiana ........... 35 Figure 6. Structure horizontale de Anogeissus leiocarpus ....................................................... 39 Figure 7. Régression d’Anogeissus leiocarpus ........................................................................ 40 Figure 8. Structure verticale de Balanites aegyptiaca .............................................................. 41 Figure 9. Structure verticale d’Acacia senegal ........................................................................ 42 Figure 10. Structure verticale Ziziphus mauritiana .................................................................. 41 Figure 11. Structure verticale d’Anogeissus leiocarpus ........................................................... 42 Figure 12. Structure de la population juvénile. ........................................................................ 44 LISTE DES PHOTOS Photo 1. a : Ovins et caprins pâturant dans un peuplement de Ziziphus mauritiana et b : camelins broutant des pieds de Balanites aegyptiaca...............................................................I Photo 2. Pied de Boscia senegalensis sur une termitière..........................................................26 Photo 3. Abattage d’individus entiers par les éleveurs pour permettre au bétail de brouter les feuilles......................................................................................................................................I Photo 4. Pieds fortement émondés de Khaya senegalensis en cours de reconstitution (a) et Adansonia digitata quasi nu (b)...............................................................................................31 Photo 5. Eleveur émondant des pieds de Balanites aegyptiaca pour son bétail (ovins)......................................................................................................................................31
LISTE DES ANNEXES Annexe 1: Planches photographiques........................................................................................I Annexe 2 : Fiche d’enquête ethnobotanique.............................................................................II Annexe 3 : Fiche de relevé dendrométrique.............................................................................IV
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SIGLES ET ABREVIATIONS CIPEA : Centre International pour l’Elevage en Afrique
DBH : Diameter at Breast Height
DHP : Diamètre à hauteur de poitrine
FAO : Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture
GESFORCOM : Gestion Forestière Communale et Communautaire
ILCA : International Livestock Centre for Africa
PDC : Plan de développement communal
RGP : Recensement général de la population
UNEP : United Nations Environnent Programme
CNEDD : Conseil National de l’Environnement pour un Développement Durable
vi
ABSTRACT
Diversity, structure and local perceptions on ligneous species fodder in Torodi territory, Western Niger
The shortage of fodder in dry season is very worrying for agro pastoralists in the
Sahel. Since the tree fodder solicited represent a significant source of supplementary food used in animal feed. It follows that the pressure on the trees is very strong. That combined with the arid climate is the cause of the decline of many tree fodders leading to degradation of rangelands. This study aims to assess the importance of ligneous fodder species in the rangelands of Torodi territory in western Niger. Investigations have focused in part on the collection of indigenous knowledge on these species and also on evaluating the current status of populations of species highly palatable to livestock.
Through semi-structured interviews, 59 ligneous fodder species in 39 genera and 22 families were identified of which 38 are regarded highly valuable forage by the populations. Among the flora, 23 species are listed as extinct or endangered in the area. Several selection criteria and evaluation of fodder tree species are used by people. The selection criteria used showed a good knowledge of the flora.
The stand structure parameters including height, diameter at 1.30 m and 0, 30 m above ground were measured and ranged into classes. A log-linear regression and coefficient of determination R² were calculated for each species. The demographic status of four species highly palatable and recognized as rare by the populations was analyzed. The results showed the following situations based on horizontal and vertical structures: - Acacia senegal, Balanites aegyptiaca and Ziziphus mauritiana populations are stable but highly exploited; - Anogeissus leiocarpus has degraded and ageing populations in regression.
The main causes of degradation of ligneous are zoo-anthropogenic and climatic factors. Conservation measures and appropriate management are necessary for rational use of this resource to ensure sustainable management of these populations of ligneous fodder. Keywords: ligneous fodders, population structure, management, breeding, rangelands, Niger.
vii
RESUME
La pénurie de fourrage en saison sèche est très préoccupante pour les agro éleveurs du Sahel. Dès lors les ligneux fourragers fortement sollicités représentent une source appréciable d’aliments d’appoint utilisés dans l’alimentation des animaux. Il en résulte que la pression sur les ligneux soit très forte. Cette situation combinée à l’aridité climatique est à l’origine de la régression de nombreux ligneux fourragers conduisant à une dégradation des terres de parcours.
La présente étude a pour but d’évaluer l’importance des espèces ligneuses fourragères dans les terres de parcours du terroir de Torodi, à l’Ouest du Niger. Les investigations se sont focalisées d’une part sur la collecte des connaissances endogènes relatives à ces espèces et d’autre part sur l’évaluation de l’état actuel des populations d’espèces très appétées par le bétail.
A travers des interviews semi-structurées, 59 espèces ligneuses fourragères réparties en 39 genres et 22 familles ont été identifiées dont 38 sont considérées très fourragères par les populations. Parmi cette flore, 23 espèces sont citées comme disparues ou menacées de disparition dans la zone. Plusieurs critères de sélection et d’évaluation des espèces ligneuses fourragères sont utilisés par les populations. Les critères de sélection utilisés révèlent une bonne connaissance de la flore.
Les paramètres dendrométriques dont la hauteur, le diamètre à 1,30 m et à 0, 30 m du sol ont été mesurés et distribués en classes. Une régression linéaire logarithmique et le coefficient de détermination R² ont été calculés pour chaque espèce. L’état démographique de quatre espèces très appétées et reconnues comme rares par les populations a été analysé. Les résultats ont montré les situations suivantes en fonction des structures horizontale et verticale : Acacia senegal, Balanites aegyptiaca et Ziziphus mauritiana présentent des
populations stables mais très exploitées; Anogeissus leiocarpus a des peuplements dégradés, vieillissants et en régression.
Les principales causes de la dégradation des ligneux sont les facteurs zoo-anthropiques et climatiques. Des mesures de conservation et de gestion adéquates s’imposent pour une utilisation rationnelle de cette ressource afin d’assurer une gestion durable des populations de ces ligneux fourragers.
Mots clés : ligneux fourragers, structure de populations, gestion, régénération, terres de parcours, Niger.
viii
INTRODUCTION
L’élevage représente l’une des principales activités des populations du Sahel
(GUINKO, 1991 ; WOTTO, 2003 ; LE HOUEROU 2005 ; DICKO et al., 2006). Au Niger, il
constitue après l’agriculture la seconde source de revenus des populations. Il occupe au plan
national environ 12 % du PIB et 31,6 % du PIB du secteur rural (PINI et TARCHIANI, 2007).
L’Ouest du Niger est caractérisé par une croissante démographie avec un taux
d’accroissement de la population de 3,2 % par an (GESFORCOM, 2008). La densité de la
population dans cette partie du pays est de 20 habitants au Km². C’est une zone à vocation
pastorale avec un élevage de type extensif (MAMAN, 1996). La combinaison du caractère
extensif de l’élevage et des sécheresses successives de ces 30 dernières années ont engendré
une diminution considérable des ressources fourragères dans les terres de parcours (CNEDD,
2000 ; WOTTO 2003; TOUTAIN et al., 2006 ; HIERNAUX & LE HOUEROU, 2006).
Les formations forestières sahéliennes fournissent l’essentiel du fourrage en milieu
rural et urbain pour l’alimentation des ruminants domestiques (CISSE, 1980, DEVINEAU &
FOURNIER, 1998). Cependant, d’après CORRERA (2006), les ressources forestières sont
sous une forte pression d’exploitation pour les besoins sans cesse croissants de la population
en bois d’énergie. Dans les formations naturelles du Sahel et du Niger en particulier, l’arbre
et l’arbuste jouent plusieurs fonctions socio-économiques (CARRIERE, 1996 ;
OUEGRAOGO, 2004 ; LARWANOU & SAADOU, 2005). Ils remplissent particulièrement
les fonctions de pâturage aérien permettant ainsi de pallier au caractère aléatoire, instable et
saisonnier du tapis herbacé (AKPO et al., 1995 ; DAGUET et GODRON, 1995). Au cours
de l’année, le tapis herbacé ne subsiste que pendant quelques mois; il devient rare dans la
pleine saison sèche, qui dure de mars à juin (MICHIELS et al., 2000 ; ONANA &
DEVINEAU, 2002). A cette période de l’année, la végétation ligneuse est la principale
source de fourrage vert, donc un complément alimentaire intéressant pour le bétail.
Les arbres et arbustes apportent les protéines, les sels minéraux et les vitamines
indispensables à l’équilibre alimentaire du cheptel (DICKO et al., 2006).
La surexploitation de ce fourrage ligneux, combinée à la rudesse du climat et aux feux
de brousse très fréquents dans les zones semi-arides, affectent les possibilités de régénération
de certaines espèces (WOTTO 2003 ; THIOMBIANO, 2005 ; OUEDRAOGO, 2006). Ce qui
entraine la disparition d’espèces de grande valeur fourragère appétée au profit d’espèces
moins appétées de faible intérêt pastoral, adaptées aux conditions du milieu.
1
Plusieurs auteurs en effet, notent que ces espèces subissent actuellement une
régression généralisée (MANZO, 1996 ; CARRIERE, 1997 ; ONANA et DEVINEAU, 2002).
La pénurie de fourrage en saison sèche est très préoccupante pour les éleveurs du Sahel et du
Niger particulièrement.
En dépit de leur extrême importance et des menaces qui pèsent sur elles, les études sur
les essences fourragères sont peu nombreuses par rapport aux espèces exploitées pour le bois
faisant l’objet d’une forte demande commerciale (CIPEA, 1983 ; ILCA, 1993 ; FAO, 1996).
Les investigations relatives à l'évolution des populations naturelles de ces essences et à
l'impact des prélèvements sur leur dynamique sont rares ou quasi inexistantes (HAHN-
HADJALI et al., 2006). Les connaissances sur la diversité floristique, l’état des populations et
les savoirs endogènes des communautés locales sur les espèces ligneuses fourragères restent
aussi insuffisantes. Une meilleure connaissance de la flore et de la dynamique de ces espèces
ligneuses fourragères permettrait de mieux orienter des prises de décision conséquentes pour
leur gestion durable. Et ceci, en collaboration avec les communautés locales en vue d’une
meilleure exploitation des parcours forestiers. En plus, il est important de développer une
stratégie de suivi des populations des essences concernées en raison des prélèvements dont
elles font l’objet.
C’est dans cette perspective que se situe notre contribution dont l’étude porte sur le thème :
« Diversité, structure et perceptions locales des espèces ligneuses fourragères dans le terroir
de Torodi, Ouest Niger ».
L’objectif global de notre étude est d’évaluer l’importance des espèces ligneuses fourragères
dans les terres de parcours de l’Ouest du Niger.
Il s’agira plus spécifiquement de :
recueillir auprès des populations les savoirs et savoir-faire sur les utilisations et les
stratégies de gestion des espèces ligneuses fourragères ;
identifier les espèces ligneuses fourragères menacées et/ou en voie de disparition ;
dégager avec les populations locales les techniques de gestion adéquates des espèces
ligneuses fourragères rares ou menacées ;
déterminer l’état de peuplements de quatre espèces hautement appétées et menacées
sur la base des informations recueillies auprès de la population locale.
Le mémoire est composé de trois chapitres : le premier chapitre porte sur la présentation de la
zone d’étude ; le deuxième est consacré à la méthodologie adoptée pour mener l’étude et enfin
le troisième chapitre traite des résultats-discussions aboutissant à une conclusion et aux
perspectives.
2
CHAPITRE I : GENERALITES SUR LA ZONE D’ETUDE
I. Milieu Physique
1. Situation géographique et administrative de la zone d’étude
Le terroir de Torodi est situé au sud-ouest de la Région de Tillabéry, à 60 Km à l’ouest
de Niamey. Il est limité au Nord par la commune rurale de Dargol, au nord-est par les
communes rurales de Bitinkodji, et de Namaro, à l’Est par la commune de Gueladjo et au Sud
par le Burkina Faso (figure 1). Il couvre une superficie de 6978 Km² (PDC, 2008). Le chef
lieu de la commune rurale de Torodi est situé entre 13°06’35.3 Latitude Nord et 1°47’56.7
Longitude Est. La commune est administrée par le Département de Say situé dans la Région
de Tillabéry (GESFORCOM, 2008).
Figure 1. Localisation de la zone d’étude (GESFORCOM, 2008).
3
2. Sols
Sur le plan pédologique on distingue les sols suivants :
- les sols peu évolués, qui sont non climatiques, d’érosion lithique et de faciès ferrugineux.
On y rencontre les placages sablo-argileux sur dalles ferrugineuses. L’infiltration est faible et
le ruissellement localement important.
- les sols dunaires ferrugineux tropicaux, à dominance sableuse sont encore moins stables
que les précédents car leur complexe argilo-humique est encore plus réduit. C’est ce qui
explique leur faible capacité d’échange ainsi que leur faculté réduite à retenir l’eau d’où leur
mauvaise fertilité. Cependant, ces sols sont filtrants. Les formations localisées en contrebas
près des bas fonds sont plus riches en éléments fins (sols limono-sableux-argileux). Ils sont
donc peu équilibrés et possèdent de bonnes propriétés physico-chimiques à l’origine d’une
meilleure fertilité.
- les sols à pseudogley, sols alluvionnaires profonds à texture argileuse ou argilo-limoneuse
ont des propriétés physico-chimiques totalement différentes. Avec une forte capacité
d’échange favorisant l’adsorption d’un taux important de cations sur le complexe, ces sols
présentent une bonne aptitude à la nutrition minérale et hydrique des végétaux. Cependant, ils
sont lourds, peu perméables et hydromorphes. Ils ont l’inconvénient d’être asphyxiants et
relativement difficiles à travailler. A cause de l’érosion éolienne, les sables issus des versants
de vallées ont tendance à se déposer au niveau des bas fonds provoquant un ensablement
partiel de ceux-ci. (MAMAN, 1996).
3. Climat
Le terroir de Torodi situé dans une zone de transition climatique se caractérise ainsi par
deux types de climat :
un climat soudanien à l’extrême Sud avec un régime pluviométrique qui est de 750
mm par an ;
un climat sahélo-soudanien au Nord avec un régime pluviométrique compris entre 450
et 600 mm par an (GESFORCOM, 2008).
On distingue trois saisons bien distinctes dans l’année :
une saison sèche et froide d’Octobre à Février ;
une saison sèche et chaude de Mars à Mai ;
une saison pluvieuse de juin à Septembre.
4
La moyenne pluviométrique des trente dernières années est de 588 mm. La pluie est un
facteur climatique très important. Elle conditionne la disponibilité en eau pour la population,
les animaux et les végétaux.
La figure 2 ci-dessous présente les variations interannuelles de la pluviométrie dans la zone.
Elle est irrégulière et varie de 300 à 900 mm/an ces trente dernières années.
Figure 2. Evolution pluviométrique des trente dernières années de la zone de Torodi La variation de la température est assez forte dans une même saison et entre les saisons. Les
températures moyennes maximales au cours des 30 dernières années (1977 à 2006) varient
entre 32,4°C en janvier et 40,6° en mai ; les minima variant entre 16,8° en janvier et 28,4° en
mai.
4. Hydrogéologie
Le terroir de Torodi fait partie du vaste ensemble géologique appelé « Liptako Gourma ».
Il est partagé entre:
a) le bassin hydrologique de la Sirba situé dans la bande nord-ouest de la commune ;
b) et le bassin du Gouroubi (75% de la commune).
Ce dernier bassin comprend :
- Tyénetiéguel, l’affluent méridional du Gouroubi, prend sa source dans la zone de Kantchari
au Burkina Faso ;
- le Kobajé, prend sa source en territoire nigérien dans la zone de Bossey Bangou ;
- le Goroubi, prend sa source dans la région de Fada N’gourma à plus de 130 km en territoire
5
Burkinabe.
D’un point de vue géologique, le terroir s’étend sur l’ensemble pénéplaine et rigide
appelé craton ouest africain. Le craton ouest africain est formé de roches cristallines et
cristallophylliennes rattachées au système birrimien.
Le terroir dispose d’importantes réserves d’or. Sept (7) sites aurifères y sont dénombrés.
II. Milieu biologique
1. Végétation et flore
La végétation du terroir de Torodi est constituée de brousse tigrée sur les plateaux, de
galerie forestière dans les chenaux d’écoulement et de savane arbustive dans les glacis. La
flore est dominée par quatre espèces ligneuses de la famille des Combretaceae à plus de 90% :
Combretum micranthum G. Don, Combretum nigricans Lepr. ex Guill & Perr., Combretum
glutinosum Perr. ex DC. et Guiera senegalensis J.F. Gmel.
L’occupation des terres est fonction de la toposéquence. Les plateaux-talus et les glacis
sont généralement à vocation sylvopastorale, et les vallées sont de plus en plus occupées par
des cultures itinérantes. Il n’existe quasiment pas de zone occupée par des cultures
permanentes.
Les faciès de végétation, sont constitués par différentes associations des quatre espèces
de la famille des Combretaceae. Les formations herbeuses forment essentiellement des tapis
discontinus de Zornia glochidiata et de graminées comme Loutedia togoensis, Panicum
laetum et Tripogon minimus, Eragrostis tremula, Cenchrus biflorus, etc (AMBOUTA, 1997 ;
ICHAOU, 2000).
.
2. Milieu humain
2.1. Population
Le terroir de Torodi totalise 111 villages administratifs et 134 hameaux pour une
population estimée en 2008 à 140.085 habitants (51% d’hommes et 49% de femmes). Le
nombre de ménages est de 14.592 soit une moyenne de 10 personnes par ménage. La densité
de la population est estimée à 20 habitants au km².
Les villages les plus peuplés sont respectivement Torodi (6.563 habitants), Makalondi
(2.514 habitants), Dioga (2.050) et Bosseybongou (1.954 habitants). Le taux d’accroissement
6
moyen annuel de la population est de 3% (PDC, 2005).
2.2. Activités socio-économiques
2.2.1. Agriculture
L’agriculture est l’activité principale des populations. Elle se pratique dans les quatre
(4) zones agro-écologiques de la commune que sont Digbari, Gouroubi, Gourma et Sirba
(PDC, 2005).
On distingue une diversité de cultures pures ou en association :
- le mil, principale culture est associée au sésame ou à l’oseille sur 80 à 90% des superficies
emblavées dans la commune, le Digbari et la Sirba. Dans le Gourma, il est cultivé en
association avec le sésame ou le niébé sur 15% des terres dunaires ;
- le sorgho (céréale de base du Gourma) est cultivé en culture pure sur 70% des superficies
emblavées dans les bas fonds ;
- l’arachide, le calebassier, le gombo, le voandzou, le fonio et l’oseille sont aussi cultivés. Les
cultures de gombo, sésame, fonio et voandzou sont exclusivement réservées aux femmes.
- l’arboriculture et le maraîchage sont développés le long du Goroubi et du Digbari. On y
cultive également l’oignon, la tomate, le piment, la pastèque et le melon ;
- le maïs, les courges, les calebasses, les épices et les légumes sont produits en décrue dans la
vallée et les zones d’épandage de la Sirba ;
- la culture de la canne à sucre est développée dans le Gourma où elle procure des revenus
substantiels aux populations.
2.2.2. Elevage
L’élevage, seconde activité des populations du terroir de Torodi se caractérise par une
dominance des bovins, des caprins et des ovins dans toutes les zones agro-écologiques. Dans
la zone Gourma, on rencontre l’élevage des porcins. L’élevage, pratiqué aussi bien par les
hommes (Bovins) que les femmes (Ovins et Caprins) est de type extensif. Cependant,
certaines populations pratiquent l’embouche bovine et ovine.
La transhumance se fait en direction du Bénin, du Burkina Faso, du Togo aussitôt
après les récoltes. Elle dure 4 à 6 mois et concerne l’élevage des bovins. Pendant la saison des
pluies, les animaux exploitent les pâturages des plateaux. Le tableau I présente l’effectif du
cheptel de la zone en 2008 comme suit :
7
Tableau I. Effectif du cheptel
Animaux Effectif
Bovins 128.136
Ovins 37.464
Caprins 84.480
Equins 187
Asins 1.600
Camelins 189 Source : Service d’élevage de Torodi (2009).
2.2.3. Pêche et chasse.
La pêche est une activité économique importante, pratiquée le long du Goroubi et de la
Sirba par les Sonrhaï et les Haoussa. Elle est de courte période du fait du caractère temporaire
des cours d’eau. Une importante partie des produits de la pêche est vendue sur les marchés
locaux.
La chasse quant à elle est pratiquée sous forme traditionnelle et concerne surtout
l’avifaune et les petits mammifères. La chasse des gros gibiers est rare et est pratiquée sous
forme frauduleuse.
2.2.4. Cueillette
Les produits de cueillette sont abondants surtout dans les zones Sirba et Gourma. Ces
produits sont entre autres les fruits du palmier doum (Hyphaene thebaica (L.) Mart.), la
gomme arabique (Acacia senegal (L.) Willd., A. seyal Del., Combretum nigricans Lepr. ex
Guill & Perr.), les fruits de Karité (Vitellaria paradoxa C.F. Gaertn.), les fruits du Tamarinier
(Tamarindus indica L.), les fruits de Néré (Parkia biglobosa (Jacq.) R. Br. ex G. Don f.), les
fruits de Jujubier (Ziziphus mauritiana Lam.), les feuilles et fruits d’Adansonia digitata L. et
les fruits du Diospyros mespiliformis Hochst. ex A. Rich.
2.2.5. Apiculture
C’est une activité qui est pratiquée dans la zone Gourma, principalement par les
Gourmantché qui font la culture en ruches traditionnelles installées sur des arbres, mais aussi
8
sous forme moderne avec l’appui de certains partenaires au développement.
Le terroir de Torodi possède en effet d’énormes potentialités apicoles, en témoigne la
présence d’espèces mellifères observées sur le terrain telles que Adansonia digitata, Afzelia
africana Smith ex Pers., Annona senegalensis Pers., Combretum glutinosum, Daniellia oliveri
(Rolfe) Hutch. & Dalz., Diospyros mespiliformis, Guiera senegalensis, Lannea acida A. Rich,
Lannea microcarpa Engl. & Krause, Parkia biglobosa, Stereospermum kunthianum Cham.,
Tamarindus indica, Terminalia avicennioides Guill. et Perr. etc.
2.2.6. Exploitation du bois
Torodi dispose d’importantes ressources ligneuses comparativement aux autres
communes rurales de Tillabéry. Les populations, avec l’aide des partenaires au développement
(GESFORCOM, 2008) sont organisées en associations ou coopératives pour exploiter les
ressources ligneuses de leurs terroirs. C’est ainsi que 66 marchés ruraux de bois ont été créés
et sont gérés par les communautés avec l’encadrement du service de l’environnement et du
projet GESFORCOM. Ces marchés de bois contribuent pour près de la moitié à
l’approvisionnement en bois de feu de la ville de Niamey.
Cette pratique permet aux populations de valoriser cette ressource par la vente du bois de feu
et de service qui procure des revenus importants aux populations.
L’exploitation du bois est exécutée sous deux formes :
contrôlée (9 marchés) où les populations sont organisées en marchés ruraux de bois
avec application d’un plan d’aménagement de la forêt et des quotas de prélèvements;
orientée (57 marchés) où les populations sont organisées en marchés ruraux de vente
de bois mort avec application des quotas de prélèvements mais sans application d’un
plan d’aménagement de la forêt.
De Janvier 2004 à juin 2005, les recettes totales de ces marchés se sont élevées à
43.143.700 F CFA soit une moyenne de 2.396.872 F CFA par mois. Ces prélèvements moyens
annuels représentent 30 à 40 % du potentiel annuel de production des formations forestières
de la Commune (GESFORCOM, 2008).
Outre ces activités, le commerce et l’artisanat sont pratiqués dans la zone de Torodi.
9
CHAPITRE II : MATERIEL ET METHODES
I. Matériel Le matériel nécessaire à la réalisation de ce travail est composé :
• d’un GPS de type GARMIN pour relever les coordonnées géographiques des peuplements;
• des piquets et des rubans de 20 m et de 50 m pour la délimitation des placeaux d’inventaire ;
• des rubans souples pour les mesures de circonférence ;
• d’un sécateur, des presses, pour la récolte des échantillons d’espèces ligneuses et la
confection d’herbier ;
• des fiches pour les enquêtes ethnobotaniques ;
• des flores : BERHAUT (1967) ; PEYRE DE FABREGUES et LEBRUN (1976) et des
manuels de reconnaissance (MAYDELL, 1987 ; ARBONNIER, 2002) pour identifier et
déterminer les échantillons d’espèces.
II. Méthodologie
1. Enquêtes ethnobotaniques
Pour la collecte des savoirs traditionnels, nous avons adopté une méthodologie basée
sur des entretiens semi-structurés et sur l’observation participative (HÖFT et al., 1999 ;
LYKKE, 2000 ; GOUWAKINNOU, 2007).
1.1. Echantillonnage
Le choix des terroirs villageois est fondé sur les critères suivants : la situation
climatique, les pratiques d’élevage et l’appartenance à un groupe ethnique. Sur cette base les
villages suivants ont été choisis : Kikki et Bodol dont les principales caractéristiques sont
présentées dans le tableau II ci-dessous.
Tableau II. Caractéristiques des terroirs cibles (RGP, 2001)
Villages Coordonnées géographiques
Nbre d’habitants Groupes ethniques
Bodol 12°58’15.5’’N 001°39’10.5’’E
888 Peulhs, Zarma, Touaregs
Kikki 12°58’29.8’’N 001°33’15.5’’E
426 Gourmantché, Zarma, Peulhs, Haoussa
10
Un échantillon de 70 personnes (40 personnes à Bodol et 30 personnes à Kikki) a été
investigué avec parfois des groupes de 2 à 3 personnes le jour des marchés.
Les informations ont été recueillies à travers :
• des interviews semi-structurées auprès des agro-éleveurs ;
• l’observation participative qui a consisté à participer aux activités des populations.
Des entretiens isolés avec ou sans questionnaire ont été réalisés auprès des différents
acteurs qui interviennent dans les terroirs. Il s’agit de tous ceux qui exploitent d’une manière
ou d’une autre les ressources naturelles de ces terroirs : éleveurs peulhs, agriculteurs,
exploitants forestiers, chasseurs, pêcheurs, les agents forestiers et d’élevage et les bouviers
qui conduisent le troupeau sur les lieux de pâture. Ces entretiens avec les personnes
ressources ont pour but d’obtenir des informations complémentaires et pouvoir tester la
fiabilité des informations obtenues.
1.2. Collecte des informations
Les interviews semi-structurées ont été administrées à l’aide d’un questionnaire
(Annexe 2). Cette méthode fait recours à des questions et sujets préparées à l’avance. Elle a
l’avantage de laisser place à la discussion d’autres sujets d’intérêt tels que l’avis des
populations sur la dégradation des ressources naturelles en général de la zone (HÖFT et al.,
1999 ; LYKKE, 2000 ; WOTTO, 2003 ; NGOM et al., 2003 ; GOUWAKINNOU, 2007 ;
BOGNOUNOU et al., 2008). Le guide d’entretien est orienté autour des points principaux
suivants:
- les espèces ligneuses utilisées dans l’affourragement ;
- la recherche des espèces ligneuses hautement appétées dans les terres de parcours, en
précisant l’état d’abondance des peuplements ;
- la recherche des espèces ayant totalement disparu ou en voie de disparition;
- le recensement des causes entraînant la disparition ou la menace de disparition de ces
espèces;
- le recensement des différentes stratégies de conservation et de gestion de ces espèces
ligneuses fourragères.
Les noms des différentes espèces ligneuses fourragères sont transcrits en langue locale
(Gourmantchéma et Djerma).
11
1.3. Traitement et Analyse des données
Les données brutes sont dépouillées manuellement et ensuite traitées à l’aide du
Logiciel EXCEL 2007. Le dépouillement a consisté à déterminer le nom scientifique des
espèces sur la base des documents d’identification (BERHAUT, 1967 ; ARBONNIER, 2002)
et à dénombrer les réponses.
Ensuite, il a été procédé au comptage du nombre de répétition d’une information
donnée dans l’échantillon enquêté. Ainsi une fréquence d’information est considérée
significative, lorsqu’elle est égale ou supérieure à 20% de l’effectif global (GESFORCOM,
2008 ; HOUEHANOU, 2008, KOADIMA, 2008). Les résultats sont exprimés en pourcentage
(%). Le logiciel EXCEL 2007 a servi enfin à générer des graphiques d’illustration et des
tableaux des données traitées.
2. Evaluation de l’état des peuplements
L’évaluation des populations ligneuses peut se réaliser à travers les paramètres
suivants :
- la répartition des individus en classes de hauteur ou de diamètre comme indicateur indirect
de la dynamique des peuplements ;
- l’état démographique des individus juvéniles, gage du renouvellement des peuplements
(ONANA et DEVINEAU, 2002 ; THIOMBIANO, 2005 ; OUEDRAOGO, 2006).
2.1. Echantillonnage
Quatre espèces ligneuses fourragères très appétées et surexploitées ont été retenues
pour l’étude des populations.
Ce choix est guidé par le souci de faire une analyse de l’état de ces espèces ligneuses
fourragères très appétées et identifier celles qui sont menacées au niveau local. Ce sont Acacia
senegal, Anogeissus leiocarpus (DC.) Guill. & Perr., Balanites aegpytiaca (L.) Del. et
Ziziphus mauritiana Lam.
Le mode d’échantillonnage adopté est le sondage systématique de tous les
peuplements rencontrés (OUEDRAOGO, 2006). Le repérage des peuplements est effectué en
privilégiant les sites ou lieux de prédilection recensés pendant la phase d’enquête
(KOADIMA, 2008). Grâce à l’observation participative, les populations sont associées pour
repérer certains sites. Cette démarche a l’avantage de permettre à la population locale de
12
percevoir la rareté ou la menace de disparition qui pèse sur des espèces très appétées
(GOUWAKINNOU, 2007 ; KOADIMA, 2008).
La mesure des peuplements est réalisée sur des unités de surface d’échantillonnage de
50 m x 20 m (1000 m²), deux fois si possible par peuplement. Ce choix de la forme
rectangulaire des placettes répond principalement au souci de tenir compte de la répartition
spatiale de la plupart des espèces dont les individus sont très dispersés dans les formations de
savane (OUEDRAOGO, 2006). Deux sous-parcelles de 5 m x 5 m (25 m²) sont installées à
l’intérieur du placeau principal pour la population juvénile dans le cas où elle existe.
2.2. Collecte des données
Dans chaque unité d’inventaire, les données ci-dessous ont été collectées :
- les coordonnées géographiques du site, la texture du sol, les traces de pression anthropique ;
- les variables sur les individus concernent : les mensurations de circonférence à 1,30 m ou
0,30 m (Z. mauritiana) du sol et l’estimation visuelle de la hauteur. Pendant l’analyse
statistique, la circonférence a été convertie en diamètre (diamètre = circonférence / π).
Une amplitude de 2 m a été considérée pour la distribution en classes de hauteurs de tous les
ligneux. Un intervalle de 5 cm a été retenu pour la distribution des classes de diamètre (A.
senegal, A. leiocarpus, B. aegyptiaca) et 2 cm pour Z. mauritiana.
Tous les individus qui ont un diamètre inférieur à 5 cm (Acacia senegal, Balanites
aegyptiaca et Anogeissus leiocarpus) à 1,30 m du sol sont considérés comme individus jeunes
et faisant partie de la régénération naturelle (OUEDRAOGO, 2006 ; OUEDRAOGO et al.,
2006 ; GOUWAKINNOU 2007 ; KOADIMA, 2008). Du fait de la forte ramification chez
Ziziphus mauritiana et conformément aux travaux de GANABA & GUINKO (1995) sur les
ligneux sahéliens, la circonférence a été mesurée à la base du tronc (0,30 m du sol).
Pour caractériser la régénération naturelle chez cette espèce, nous avons considéré juvénile,
tout individu ayant un diamètre inférieur à 3 cm à 0,30 m du sol.
Dans la population juvénile, les individus sont comptés et la hauteur mesurée. Les sujets sont
rangés dans des classes de hauteur d’intervalle 0,5 m (Annexe 3).
2.3. Traitement et Analyse des données
Nous avons procédé à la répartition des individus en classes de diamètre et de hauteur
pour apprécier les structures horizontale et verticale des populations. Cette approche permet
d’améliorer la visibilité des différentes classes qui sont sous forte pression anthropique
13
(THIOMBIANO, 2005). Les données dendrométriques sont traitées avec le logiciel EXCEL
2007. Ce dernier a permis la synthèse des données dans des tableaux, les calculs des
moyennes, des écarts types et enfin la réalisation des graphes d’illustration.
La méthode présentée pour l’estimation des changements de composition dans les systèmes
de savanes perturbées et pour l’identification des espèces susceptibles d’extinction au niveau
local a été adoptée (LYKKE, 1998). Il s’agit de l’analyse de la distribution des effectifs
d’individus dans les classes de diamètre. Elle est ensuite comparée aux informations
recueillies auprès de la population locale sur l’état des espèces hautement appréciées
(CONDIT et al., 1998 ; LYKKE, 1998).
Cette méthode est effectuée en deux étapes principales :
Etape 1 : elle a consisté à l’appréciation de l’état de la structure des populations à partir de
l’allure des histogrammes de distributions des effectifs dans les classes de diamètre et de
hauteur (ONANA et DEVINEAU, 2002 ; THIOMBIANO, 2005 ; OUEDRAOGO, 2006 ;
OUEDRAOGO et al., 2006).
Etape 2 : elle a pour but d’analyser la tendance démographique des populations des espèces à
travers la méthode proposée par (CONDIT et al., 1998 ; LYKKE, 1998).
Cela a consisté en des analyses de régression de la distribution des classes de diamètre des
espèces étudiées. Ces analyses de régression donnent des indications précises sur les
structures des populations (LYKKE, 1998).
Le nombre d’individus de chaque classe de diamètre est divisé par la largeur de la classe. Ce
nombre moyen d’individus Ni est utilisé comme une estimation de la médiane de la classe. La
médiane de classe de diamètre est considérée ainsi comme la variable indépendante et le
nombre d’individus (Ni) de cette classe comme variable dépendante. Cette variable est
transformée en logarithme népérien (ln) et le nombre moyen d’individus (Ni) en ln (Ni+1)
avec l’addition du 1 pour tenir compte des classes sans individu. A partir de ces deux
variables (médiane de classe en ln et ln (Ni+1), une régression linéaire logarithmique (y = ax
+ b) et le coefficient de détermination R² ont été calculés pour chaque espèce.
Les populations sont ainsi regroupées en fonction des valeurs des pentes (positives ou
négatives) jugées par rapport à la dispersion des points autour de la droite de régression
(appréciation de la valeur de R²). Les valeurs des pentes des équations de régression linéaire
et du coefficient de régression R² sont considérées comme un indicateur de la structure de la
population (LYKKE, 1998). Les facteurs possibles qui affectent cette dynamique sont discutés
par la suite.
Le signe de la pente renseigne sur le sens d’évolution des populations :
14
- si la pente est négative, les effectifs de petites dimensions sont plus nombreux.
- une valeur positive de la pente indique que les individus de grandes dimensions sont plus
importants.
Les valeurs de R² permettent de percevoir s’il existe une relation entre l’effectif des
populations et les classes de diamètres.
15
CHAPITRE III : RESULTATS ET DISCUSSION
I. Enquêtes ethnobotaniques
1.1. Perceptions locales des espèces ligneuses fourragères
Les enquêtes réalisées auprès des agro-éleveurs Peulhs, Djerma et Gourmantché de
Bodol et Kikki dans le terroir de Torodi révèlent une bonne connaissance de la flore ligneuse
fourragère. En effet, ces agro-éleveurs et pasteurs nomades ont, par des expériences appris à
connaître et à sélectionner les espèces végétales fourragères. Pour reconnaître les végétaux
utiles ou toxiques, il leur a été nécessaire d’identifier ces derniers par des noms locaux et de
retenir les caractères et les propriétés qui sont spécifiques à chacun d’eux. Cela leur a permis
de répertorier les espèces végétales de leur contrée et d’acquérir des connaissances sur leur
mode d’utilisation, résultats d’une longue expérience et de patientes observations depuis des
millénaires.
1.1.1. Importance de la flore ligneuse dans les terroirs
Les utilisations de la flore ligneuse faites par les populations sont variées (figure 2).
Les différents usages cités avec le taux de réponse en (%) sont : bois-énergie (30,25%) ;
fourrage (27,71%) ; alimentation (13,57%) ; pharmacopée (11,85%) ; outillage (10,74%) ;
habitation (5,88%).
Selon les personnes interrogées, les familles les plus abondamment utilisées sont
respectivement : les Combretaceae (58%), les Mimosaceae (26%), et les Caesalpiniaceae
(14%).
16
Figure 3. Usages des plantes ligneuses
Ces résultats montrent que les familles de Combretaceae, de Mimosaceae et de
Caesalpiniaceae constituent les groupes taxonomiques les plus fréquemment et abondamment
sollicités par la population. Ceci s’explique par la dominance de ces taxa dans la végétation
ligneuse (AMBOUTA, 1997 ; ICHAOU, 2000 ; ACHARD, 2001 ; NGOM et al., 2003) et les
nombreux services qu’ils procurent (LARWANOU et SAADOU, 2005 ; HASSANE, 2008 ;
BOGNOUNOU et al., 2008). La phénologie de ces plantes permet de disposer d’au moins un
de leurs organes utilitaires en toute saison. Ainsi, les populations dépendent de la flore
ligneuse qu’ils connaissent bien et vivent en intime relation avec elle (NACOULMA, 2005).
1.1.2. Liste des espèces ligneuses fourragères
Au total 59 espèces ligneuses ont été citées par les populations comme étant
fourragères. Ces espèces sont réparties en 39 genres et 22 familles (Tableau III).
17
Tableau III. Liste des espèces ligneuses considérées fourragères
N°
Espèces
Nom local
Familles
FREQUENCE de
citation (%) Djerma Gourmantchéma
1.
Acacia
ataxancantha DC.
Morare Kirkonberi MIMOSACEAE
1,42
2.
Acacia laeta R.
Br. ex Benth.
Patouki MIMOSACEAE 1,42
3.
Acacia
macrostachya Reichenb.
ex DC.
Goumbi Balkongu MIMOSACEAE 2,85
4.
Acacia
macrothyrsa Harm.
Paturlahi MIMOSACEAE 1,42
5.
Acacia nilotica
(L.) Willd. ex Del.
Bâ-ni kàdà MIMOSACEAE 2,85
6.
Acacia raddiana
Savi.
Bissau MIMOSACEAE 2,85
7.
Acacia senegal
(L.) Willd.
Danngna I Konsindi MIMOSACEAE 78,57
8.
Acacia seyal
Del.
Saykire Komoanli MIMOSACEAE 4,28
9.
Acacia
sieberiana DC.
Mane MIMOSACEAE 1,42
10.
Adansonia
digitata L.
Kôgna Bu Tuobu BOMBACACEAE 50,00
11.
Afzelia africana
Smith ex Pers.
Bu Nakpanbu CAESALPINIACEAE 7,14
12.
Annona
senegalensis Pers.
Mufa Bu
Boaglansambu
ANNONACEAE 4,28
13.
Anogeissus
leiocarpus (DC.) Guill. et
Perr.
Gonga/
Kodjoli
Bu Siebu COMBRETACEAE 71,42
14.
Balanites
aegyptiaca (L.) Del.
Garbey Bu panpagbu BALANITACEAE 85,71
15.
Bauhinia
rufescens Lam.
Namaari Baabutigaâ CAESALPINACEAE 2,85
16.
Bombax
costatum Pellegr. & Vuill.
Koulohi/
Forgo
Bu Fuobu BOMBACACEAE 2,85
18
17.
Boscia
angustifolia A. Rich.
Hasu CAPPARIDACEAE 1,42
18.
Boscia
salicifolia Oliv.
Shiukilifa CAPPARIDACEAE 1,42
19.
Boscia
senegalensis (Pers.) Lam.
ex. Poir.
Anza Kankarigu CAPPARIDACEAE 78,57
20.
Cadaba farinosa
Forssk.
Bagay I pielli CAPPARIDACEAE 1,42
21.
Cassia
sieberiana DC.
Sinsan I Sandiani CAESALPINACEAE 1,42
22.
Celtis
integrifolia Lam.
Bu Sansambu ULMACEAE 1,42
23.
Combretum
aculeatum Vent.
Bubure
Kaatijeguribu COMBRETACEAE 64,28
24.
Combretum
glutinosum Perr. ex DC.
Kokorbey COMBRETACEAE 5,71
25.
Combretum
micranthum G. DON
Koubou Baabanligu COMBRETACEAE 2,85
26.
Combretum
nigricans Lepr. ex Guill
& Perr.
Deligna COMBRETACEAE 57,14
27.
Commiphora
africana (A.Rich.) Engl.
Korombey BURSERACEAE 2,85
28.
Crataeva
adansonii DC.
Lele CAPPARIDACEAE 1,42
29.
Dichrostachys
cinerea (L). Wight & Arn.
Li Jaguoli MIMOSACEAE 4,85
30.
Entada africana
Guill. & Perr.
Faroanduki Bu Lokuabu MIMOSACEAE 1,42
31.
Faidherbia
albida (Del.) Chev.
Gao Bu lantoabu MIMOSACEAE 64,28
32.
Feretia
apodanthera Del.
Walabilenga RUBIACEAE 1,42
33.
Ficus ingens
(Miq.) Miq.
Li
Kankanmuanli
MORACEAE 2,85
34.
Ficus
gnaphalocarpa (Miq.)
Steud. ex A. Rich.
Gegey
Bu Kankabub MORACEAE 4,28
Liste des espèces ligneuses considérées fourragères
19
35.
Ficus thonningii
Blume
Kankannigu MORACEAE 1
36.
Grewia bicolor
Juss.
Kelli TILIACEAE 1
37.
Guiera
senegalensis J.F. Gmel.
Sabara COMBRETACEAE 1
38.
Kigelia africana
(Lam.) Benth.
Bu
Tchientchambu
BIGNONIACEAE 2
39.
Khaya
senegalensis (Desr.) A.
Juss.
Farey Bu Kokebu MELIACEAE 75,71
40.
Lannea acida A.
Rich
Tamarza ANACARDIACEAE 1
41.
Lannea
microcarpa Engl. et
Krause
Farouhi Bu Tyabu ANACARDIACEAE 17,14
42.
Maerua
angolensis DC.
Kuubu fatto CAPPARIDACEAE 2,85
43.
Maerua
crassifolia Forssk.
Tirehi CAPPARIDACEAE 21,42
44.
Mitragyna
inermis (Willd.) Kuntze
Kaabey Yelimbu RUBIACEAE 1
45.
Parkia biglobosa
(Jacq.) R. Br. ex G. Don
Bu Dubu MIMOSASEAE 2
46.
Piliostigma
reticulatum (DC.)
Hochst.
Kossey Bu Nabaânigu
CEASALPINACEAE 42,85
47.
Prosopis
africana (Guill. et Perr.)
Taub.
Zam-turi I Kaâduga MIMOSACEAE 28,57
48.
Pterocarpus
erinaceus Poir.
Tolley Bu Natombu FABACEAE 57,14
49.
Pterocarpus
lucens Guill. & Perr.
Taâni Bu Tonbu FABACEAE 11,42
50.
Sclerocarya
birrea (A. Rich.) Hochst.
Diney Bu Namagbu
ANACARDIACEAE
7,14
51. Securidaca
longepedunculata Fres.
Hasu
Kwarey
Bu Polpienbu
POLYGALACEAE
5,71
Liste des espèces ligneuses considérées fourragères
20
52.
Stereospermum
kanthianum Cham.
Golombi BIGNONIACEAE 2,85
53.
Tamarindus
indica L.
Bôssey Bu Pugbu CAESALPINACEAE 14,28
54.
Teminalia
avicennioides Guill. et
Perr.
Farka
Hanga
COMBRETACEAE
2
55.
Vitex donania
Sweet
Bô-yé VERBENACEAE 1
56.
Vitellaria
paradoxa Gaertn. f.
Boulanga Bu Sambu SAPOTACEAE 12,85
57.
Ximenia
americana L.
Morayé Bu Mirbu OLACAEAE 7,14
58.
Ziziphus
mauritiana Lam.
Darey Patenluongu RHAMNACEAE 78,57
59.
Ziziphus
mucronata Willd.
Ko Darey Namun kongu RHAMNACEAE 4,28
Il ressort de ce tableau que les familles les mieux représentées sont les Mimosaceae (15
espèces) ; les Combretaceae (7 espèces) ; les Capparidaceae (7 espèces) ; les Caesalpinaceae
(4 espèces) ; les Moraceae (4 espèces). Le reste des familles a une contribution spécifique
variant de 1 à 2 espèces.
Le nombre d’espèces recensées (59) montre une flore ligneuse fourragère diversifiée
dan le terroir de Torodi. Selon les agro-éleveurs, certaines de ces espèces n’étaient pas
appétées avant par les animaux et explique cette situation par la rareté des espèces très
appétées dans les parcours. Ainsi, les animaux orientent leur choix vers d’autres espèces qui
n’étaient pas appétées avant et remplacent celles qui sont préférées mais non disponibles par
de nouvelles moins appétées (MANZO, 1996).
Les Combretaceae, les Mimosaceae, les Caesalpiniaceae et les Capparidaceae
constituent les familles fourragères les mieux représentées. Par leur caractère pérenne, elles
offrent en permanence un fourrage vert dans un milieu caractérisé par une aridité et un tapis
herbacé instable. Certaines études antérieures ont souligné leur rôle fourrager en zone
soudano-sahélienne (CISSE, 1980 ; HIERNAUX et LE HOUEROU, 2006).
Liste des espèces ligneuses considérées fourragères
21
1.1.3. Espèces très appétées dans les terroirs Parmi les 59 espèces ligneuses citées, 38 sont considérées très fourragères et
appréciées par les populations (Tableau IV). Ce tableau donne la liste de ces espèces, le type
d’animaux qui les consomment, les organes appétés et la période préférée.
Tableau IV. Liste des espèces très appétées par les animaux
Espèces Types d’animaux
consommateurs Organes appétés Période
saison/mois
Acacia laeta Bovins, ovins,
caprins, camelins
Feuilles, fruits et
jeunes pousses
Septembre-
avril
Acacia
macrostachya
Caprins, ovins Feuilles, fruits,
jeunes pousses
Mai-
Novembre
Acacia nilotica Camelins, bovins,
ovins, caprins
Feuilles, fleurs,
fruits
Juin-
octobre
Acacia raddiana Bovins, ovins,
caprins
Fruits, feuilles,
bourgeons, épines et écorces
Avril-
octobre
Acacia senegal Ovins, caprins Feuilles, jeunes
pousses
Mai et
Novembre
Acacia seyal Bovins, ovins,
caprins
Feuilles, fleurs et
fruits
Juin-
Novembre
Acacia
sieberiana
Bovins, ovins Feuilles, fruits Avril-
Octobre
Adansonia
digitata
Bovins, ovins,
caprins
Feuilles Mars et juin
Annona
senegalensis
Ovins, caprins Feuilles, jeunes
pousses
Avril-
septembre
Anogeissus
leiocarpus
Bovins, ovins,
caprins
Feuilles, rameaux,
fruits
Octobre-
janvier
Balanites
aegyptiaca
Camelins, bovins,
ovins, caprins
Feuilles, fruits,
bourgeons, jeunes pousses
Toutes les
saisons
Bauhinia
rufescens
Ovins, caprins Feuilles, fruits Décembre-
mars
Bombax costatum Caprins Feuilles, fleurs Avril et juin
Boscia
angustifolia
Bovins, ovins,
caprins
Feuilles, jeunes
pousses
Novembre-
mars
Boscia
senegalensis
Caprins, ovins Feuille, fruits Toutes les
saisons
Cadaba
farinosa
Bovins, caprins Feuilles, jeunes
pousses
Octobre-
janvier
22
Combretum
aculeatum
Bovins, caprins,
ovins
Feuilles, fruits,
jeunes pousses
Novembre-
avril
Commiphora
africana
Caprins, camelins Feuilles Février-avril
Dichrostachys
cinerea
Ovins, caprins Feuilles, fruits,
graines
Juillet-
octobre
Entada africana Bovins Feuilles, fruits Mars-juin
Faidherbia
albida
Camelins, ovins,
caprins
Feuilles, fruits,
jeunes pousses
Toutes les
saisons
Ficus
gnaphalocarpa
Bovins, caprins,
ovins
Feuilles, fruits Mars-juin
Grewia bicolor Ovins, caprins,
bovins
Feuilles Saison sèche
froide
Khaya
senegalensis
Bovins-ovins-
caprins
Feuilles, jeunes
pousses
Décembre-
mai
Maerua
crassifolia
Bovins, caprins,
ovins
Feuilles, fruits,
bourgeons
Toutes les
saisons
Parkia
biglobosa
Caprins Feuilles, jeunes
pousses
Mai-août
Piliostigma
reticulatum
Bovins, ovins,
caprins
Feuilles, jeunes
pousses, fruits
Décembre -
janvier
Prosopis
africana
Caprins, ovins Feuilles, fruits,
jeunes pousses
Mars-août
Pterocarpus
erinaceus
Bovins, caprins,
ovins
Feuilles, jeunes
pousses
Saison sèche
froide
Pterocarpus
lucens
Bovins, caprins,
ovins
Feuilles, fruits Février-
juillet
Sclerocarya
birrea
Caprins, ovins Feuilles, fruits Mars-juillet
Securidaca
longepedunculata
Caprins Feuilles Oct-mai
Stereospermum
kanthianum
Bovins, ovins,
caprins
Feuilles Décembre-
janvier
Tamarindus
indica
Ovins, caprins Feuilles, jeunes
pousses, fruits
Mars-juin
Vitellaria
paradoxa
Ovins, caprins Feuilles, fruits Nov-août
Ximenia
americana
Ovins, caprins Feuilles, jeunes
pousses, fruits
Mars-juillet
23
Ziziphus
mauritiana
Bovins, caprins,
ovins
Feuilles, jeunes
pousses, fruits
Oct-août
Ziziphus
mucronata
Caprins Feuilles, fruits Saison froide
Il y ressort que tous les ruminants consomment de façon significative le fourrage ligneux,
essentiellement les feuilles et les jeunes pousses. Les prélèvements interviennent
principalement en saison sèche (entre novembre et avril) lorsque le fourrage herbacé fait
défaut. Une forte pression est exercée sur les organes des ligneux fourragers au cours de cette
période critique. La photo 1 (Annexe 3) illustre des caprins et camelins broutant des ligneux
en saison sèche.
MAMAN (1996) ; PETIT et DIALLO (2001) ; ICKOWICZ et MBAYE (2001) ont fait
des observations similaires sur la forte utilisation des ligneux fourragers en saison sèche. La
disponibilité constante de ce fourrage en saison sèche serait liée à la diversité des espèces et à
leurs phénologies différenciées dans le temps et l'espace contrairement aux espèces herbacées.
WOTTO (2003) précise que c’est au cours de cette période sèche (novembre, décembre,
mars) que les ligneux fourragers sont très exploités. Selon cet auteur, le mois de novembre
coïncide avec la floraison de certains ligneux tels Pterocarpus erinaceus dont les fleurs sont
très appréciées par les animaux.
1.1.4. Critères de sélection et d’évaluation des espèces ligneuses fourragères
Un choix et une préférence sont accordés aux espèces entrant dans l’affourragement
suivant les villages. Pour sélectionner une bonne espèce ligneuse fourragère, les agro-éleveurs
de la zone utilisent les principaux critères suivants avec les taux de réponse :
l’appétibilité de l’espèce ligneuse (100 % des enquêtés) ;
la production de viande et de lait (58 %) ;
les vertus médicinales de l’espèce (33 %) ;
la pérennité des feuilles (26 %) ;
la non toxicité des parties consommées (17 %) ;
la consommation importante d’eau après ingestion du fourrage de l’espèce (13 %).
L’appétibilité est très utilisée dans le choix. De l’avis des personnes âgées, ce critère
dépend de l’espèce, du substrat, de la saison et de la santé de l’animal. En effet d’après ces
personnes, certaines espèces ne sont appétées qu’en période sèche, de soudure et de manque
total de pâturage et d’autres en toute saison.
24
Ces résultats révèlent la parfaite connaissance des éleveurs sur les plantes et leur
relation avec la végétation. PETIT et DIALLO (2001) rapportent que les pasteurs connaissent
les plantes, qui appartiennent à des systèmes de classification locaux et aux représentations
culturelles du groupe.
Tous les enquêtés ont cité l’espèce Balanites aegyptiaca en première position comme
espèce entrant dans l’engraissement, la production de viande et de lait. Après sont citées
respectivement les espèces suivantes : Faidherbia albida, Boscia senegalensis, Acacia
senegal, Combretum aculeatum, Ziziphus mauritiana, Pterocarpus erinaceus, Dichrostachys
cinerea etc.
Cette classification d’espèces entrant dans l’engraissement par les agro-éleveurs serait
liée à la valeur nutritive de ces ligneux. Des espèces comme Balanites aegyptiaca, Faidherbia
albida apportent assez de protéines, sels minéraux et vitamines sous forme de complément
alimentaire pour le bétail.
1.1.5. Espèces disparues ou menacées, facteurs de menace et sites de prédilection
Au cours des entretiens nous nous sommes confrontés quelquefois sur la perception
d’espèce rare ou disparue chez les agro-éleveurs. En effet, dans un même village un
interlocuteur peut considérer une espèce ligneuse fourragère disparue et un autre la juger
comme rare. Parfois l’espèce est considérée rare quand elle se trouve un peu loin du village.
C’est au cours de la récolte des échantillons pour la confection de l’herbier que nous
remarquons, certaines espèces citées disparues par les éleveurs sont en réalité des espèces
fréquentes avec quelques individus. La perception d’espèces rares ou disparues est à
relativiser car elle dépend des villages et des enquêtés. Cette notion confirme la relation de
l’agro éleveur avec son espace.
Au total, l’enquête a révélé 9 disparues et 14 menacées d’extinction (tableau III). Cette
situation est plus prononcée à Bodol qu’à Kikki. Certaines de ces espèces sont confinées dans
des stations particulières bien connues des populations. Ceci explique l’association des noms
d’espèces à certains milieux topographiques (bas-fonds, ravins, termitière ...). C’est le cas de
Boscia senegalensis (photo 2) appelé en Zarma « Koma-gnâ » qui veut dire « qui est sur la
termitière ou mère de la termitière » ou de Anogeissus leiocarpus qui colonise les Koris et les
berges de cours d’eau.
25
Photo 2. Pied de Boscia senegalensis sur une termitière. Le tableau III présente la liste des espèces disparues, rares et menacées de disparition d’après
les populations, les causes et leurs stations de prédilection.
Tableau V. Liste des espèces rares ou menacées de disparition
ESPECES STATUT CAUSES STATION DE PREDILECTION
Pharm Alim
Fo Séch
Aut
Acacia macrostachya
▬ + + o Cuirasse, ferrugineuse, glacis
Acacia nilotica
▼ gr + + b Glacis/bas fond, sols argileux
Adansonia digitata
▼ fe, fr + Sols argileux humides
Afzelia africana
▬ + + Bas-fond, sols ferrugineux,
Annona senegalensis
▼ gr fr + b Glacis
Annogeissus leiocarpus
▼ eco, ra + + o, b Zones drainées, rigole, mares, rivière
Bauhinia rufescens
▼ fe, fr + + o, b Glacis, sols latéritiques
Boscia angustifolia
▬ eco fr, gr + + Colline, termitière, lit sec des rivières
Boscia senegalensis
▼ gr + + Termitière, plaine sablo-argileuse
Celtis integrifolia
▼ eco, ra Bas-fond, rivière
Combretum aculeatum
▼ + b Sols sablo-argileux, zone drainée
26
Commiphora africana
▬ fe, eco + o, b Sols argileux, plaine sableuse
Faidherbia albida
▼ eco, gr + b Glacis, plaines alluviales
Ficus gnaphalocarpa
▬ fe, fr + o, b Bas-fond, sols sableux, zones drainées
Grewia flavescens
▬ fr, eco + Plateau, cuirasse latéritique
Grewia tenax
▬ fe, fr + + Bas-fond, berges
Khaya senegalensis
▼ eco + Bas-fond, sols humides
Maerua crassifolia
▬ fe, fr + Sols sablo-argileux, zones sèches
Maerua angolensis
▬ fe + b Glacis, zones sèches
Parkia biglobosa
▼ fe, gr, eco
+ o, b Plaine
Prosopis africana
▼ + o, b Glacis, sols sablo-argileux
Pterocarpus erinaceus
▼ fe, ra + o, b Glacis/plateau
Securida longepedonculata
▼ fe, gr, eco
b Colline, sols rocheux
Il y ressort que les principales causes citées sont la pharmacopée à travers les prélèvements
(feuilles, graines, écorces et racines), l’alimentation et le fourrage par le prélèvement des
feuilles et fruits, enfin les autres services offerts par la coupe du bois (énergie et outillage) et
la sécheresse. Les photos 3 (Annexe 3), 4, et 5 illustrent quelques pratiques qui menacent les
ligneux fourragers.
La flore menacée est constituée de 9 espèces disparues et 14 menacées de disparition.
Cette menace est beaucoup plus prononcée à Bodol qu’à Kikki avec respectivement 15 et 8
espèces. La perception d’espèce rare ou disparue est très variable suivant les interviewés et
terroirs. Au cours des entretiens, ce sont les espèces très utiles qui sont fréquemment citées.
La perception « d’espèce rare » ou « menacée » par les populations pourrait être liée à
l’intérêt porté sur l’espèce. Des observations similaires ont été faites par HAHN-HADJALI et
THIOMBIANO (2000). De l’avis de ces deux auteurs, plus une espèce est utile, plus sa
moindre variation attire l’attention des populations.
Les enquêtes ont révélé une pratique de l’émondage et de la coupe du bois assez
▬ : Disparue ; ▼: Rare et menacée
Pharm : Pharmacopée, Alim : Alimentation, Fo : Fourrage, Séch : Sécheresse, Aut : Autres
ra : racine, eco : écorce, fe : feuilles, fr : fruits, o : outillage, b : bois de chauffe, gr : graine.
27
répandue dans la zone, une situation révélée par ACHARD (2001). Selon les agroéleveurs,
cette forme d’exploitation combinée à la sécheresse serait la cause de la dégradation du
potentiel ligneux fourrager. En effet différents auteurs rapportent que les formes
d’exploitation plus ou moins sévères contribuent à amplifier les effets de la sécheresse sur la
dégradation des ressources forestières (CARRIERE, 1997 ; GANABA et al., 2005).
Ces résultats montrent que les feuilles constituent les principaux organes prélevés. Ce
type de prélèvement aurait une conséquence sur la dynamique des espèces (LE HOUEROU,
2005, FANDOHAN, 2007). Les feuilles jouent trois rôles essentiels pour les végétaux qui
sont la photosynthèse, la transpiration et la respiration. Chez certaines espèces (Khaya
senegalensis, Pterocarpus erinaceus, Anogeissus leiocarpus, Piliostigma reticulatum …) c’est
la partie aérienne qui est complètement élaguée. Ce qui pourrait compromettre la survie des
espèces.
De l’avis général des populations, l’érosion des ligneux est causée par la sécheresse,
l’appauvrissement des sols, l’exploitation du bois et la pharmacopée. Plusieurs auteurs
(HAHN-HADJALI et THIOMBIANO, 2000 ; CNEDD, 2000 ; FANDOHAN, 2007 ;
KOADIMA, 2008) ont fait le même constat en citant la sécheresse et la pharmacopée comme
les causes les plus importantes parmi les facteurs de pression cités par les populations. La
plupart des ligneux fourragers ont des vertus médicinales. Cela explique les diverses pressions
qu’ils subissent. En effet ce constat se trouve renforcé par les résultats de NACOULMA
(2005) et HASSANE (2008) sur les espèces ligneuses utilisées en médecine traditionnelle
vétérinaire et en pharmacopée traditionnelle. La majorité des espèces citées par ces deux
auteurs se trouvent sur la liste des espèces fourragères établie dans cette étude.
La majorité des personnes interrogées (99%) affirment que l’accès à ces espèces est
libre, c'est-à-dire sans aucune réglementation ou autorisation délivrée par les services
compétents. Le mode d’accès aux ressources ligneuses accentue davantage la pression sur
elles (HASSANE, 2008) et pourrait expliquer l’absence d’une véritable gestion de ces ligneux
(CNEDD, 2000). LE HOUEROU (2005) souligne que dans les systèmes communautaires, les
ressources pastorales étant publiques, cela constitue un facteur défavorable à une gestion
rationnelle puisque l’accès des animaux à ces ressources ne peut en pratique être contrôlé,
donc géré.
1.1.6. Stratégies d’exploitation et conservation du fourrage ligneux
L’accès au fourrage ligneux se fait soit par broutage direct des feuilles, rameaux et
28
fruits par le bétail en pâture, soit après la coupe des branches (émondage) par les bergers, soit
par l’abattage de l’individu entier (photo 3, Annexe 3). L’émondage dont les impacts sont
visibles sur les sites est très répandu et concerne les espèces dont la hauteur dépasse
généralement 4 m (photos 4 et 5). Les principales espèces émondées citées par les populations
sont au nombre de 16 avec un degré d’émondage variant de modéré à sévère (tableau IV).
Tableau VI. Liste des espèces émondées dans les terroirs
Espèces Degré d’émondage Acacia nilotica 1 Acacia senegal 1 Adansonia digitata 2 Anogeissus leiocarpus 2 Balanites aegyptiaca 2 Boscia angustifolia 1 Combretum micranthum 2 Combretum nigricans 1 Ficus gnaphalocarpa 2 Guiera senegalensis 1 Khaya senegalensis 2 Mitragyna inermis 1 Parkia biglobosa 1 Piliostigma reticulatum 2 Pterocarpus erinaceus 2 Securidaca longepedunculata
1
1= modéré, 2= sévère. Il ressort ainsi de ce tableau que Adansonia digitata, Anogeissus leiocarpus, Balanites
aegyptiaca, Combretum micranthum, Ficus gnaphalocarpa, Khaya senegalensis, Piliostigma
reticulatum, Pterocarpus erinaceus sont fortement émondés dans la zone. Les individus sont
dépouillés de leur partie aérienne (branches, feuilles, fleurs) qui est appréciée par les animaux.
Ces résultats sont similaires à ceux de WOTTO (2003) qui rapporte l’émondage sévère
de Pterocarpus erinaceus, Khaya senegalensis et Afzelia africana dans les savanes du Bénin
par les bergers. Cette pratique constituerait une menace pour la biodiversité ligneuse. En effet
ce sont généralement les semenciers (ACHARD, 2001), devant assurer le renouvellement des
peuplements à travers la production des graines qui sont ébranchés par les bergers.
Les agro-éleveurs affirment que ces mêmes espèces sont abattues par les exploitants
forestiers. Ceci serait la cause de la réduction du potentiel de ces ligneux. En effet l’émondage
associé à la coupe de bois compromet dangereusement la régénération et la survie de ces
espèces.
29
(a) (b) Photo 4. Pieds fortement émondés de Khaya senegalensis en cours de reconstitution (a) et Adansonia digitata quasi nu (b)
Photo 5. Eleveur émondant un individu de Balanites aegyptiaca pour son bétail (ovins).
Les pratiques de conservation des ligneux fourragers sont rares dans les terroirs. Les
éleveurs (16%) ont fait cas de la conservation des feuilles d’Adansonia digitata et des fruits
de Faidherbia albida. Cette conservation des organes appétés n’est pas bien développée. En
effet 84 % des personnes enquêtées affirment ne pas conserver du fourrage ligneux.
Les stratégies de conservation du fourrage ligneux sont peu nombreuses. La raison
30
pourrait être due au fait que les animaux n’ont aucune préférence pour ce fourrage à l’état sec.
En effet, selon les agro-éleveurs, ce fourrage après séchage perd toute sa valeur fourragère et
n’est plus appété par les animaux. WOTTO (2003) souligne qu’aucune forme de conservation
de fourrages n’est faite dans une zone pastorale du Benin (terroir de Doguè). Toutefois les
feuilles d’Adansonia digitata sont conservées. Ceci est confirmé par CISSE (1980) qui
souligne la commercialisation des feuilles conservées de certaines espèces ligneuses
fourragères. C’est surtout la conservation des gousses de Faidherbia albida qui est connue et
citée par tous les interlocuteurs. Ces résultats concordent avec les observations de CISSE
(1980) qui rapporte que traditionnellement les ligneux fourragers ne bénéficient d’aucune
méthode de conservation à l’exception des gousses telles celles de Faidherbia albida.
Toutefois de façon collective, une attention particulière est accordée aux espèces
utiles, rares et menacées, très appétées par les animaux qui sont épargnées sur les parcours
(CNEDD, 2000). C’est le cas de Faidherbia albida et Boscia senegalensis qui bénéficient
localement d’une protection par les coutumes.
1.1.7. Techniques de gestion durable des espèces ligneuses fourragères
Les stratégies de conservation et de gestion adéquates évoquées par les populations au
cours des entretiens sont :
éviter l’ébranchage ou l’émondage total du houppier et ne pas répéter l’action sur le
même individu plusieurs années de suite ;
appliquer les mesures conservatoires de mises en défens cycliques (entre deux
passages d’animaux) pour permettre le rétablissement de la régénération et la
reconstitution des houppiers exploités ;
laisser un temps de repos suffisant aux arbres après une période pluvieuse
indispensable pour qu’ils puissent refaire leurs réserves ;
interdire l’émondage des espèces dont l’état des peuplements est en régression ;
ne pas exploiter les espèces fourragères pour le bois d’énergie, d’œuvre ou de service.
Pour ce qui est des stratégies pour améliorer le potentiel en ressources ligneuses
fourragères dans les terres des parcours, les agro éleveurs proposent les actions suivantes :
la plantation ;
la protection de la régénération naturelle ;
la réduction et le contrôle du prélèvement.
Ces actions proposées par les agro-éleveurs révèlent une prise de conscience générale
31
de la dégradation des parcours et de la régression de la phytodiversité. A travers les entretiens,
les éleveurs ont mis en cause certaines pratiques inadaptées à l'exploitation de la végétation et
qui se font de manière déraisonnée. Ces formes d’exploitation plus ou moins sévères font
parties des causes de la dégradation des écosystèmes pastoraux de l’Ouest Niger.
II. Etat des peuplements
Un total de 31 relevés a été réalisé dont 19 pour la population adulte et 12 pour la
population juvénile. Le nombre réduit de relevés par espèce s’explique par la rareté des
peuplements de chacune de ces espèces dans les terroirs étudiés. Le tableau V présente les
relevés en fonction des espèces et par type de population.
Tableau VII. Nombre total de relevés par espèce Espèces Population adulte Population juvénile Acacia senegal 6 4 Anogeissus leiocarpus 4 * Balanites aegyptiaca 5 4 Ziziphus mauritiana 4 4 Nombre total de relevés par population
19 12
* : Il n’ ya pas de population juvénile chez A. leiocarpus.
2.1. Structure démographique et dynamique des espèces très appétées
L’état des populations a été évalué à partir de la distribution des sujets dans les classes
de diamètre et la tendance démographique à travers des analyses de régression.
Les densités au sein de la population (adulte et juvénile) sont présentées dans le tableau VI.
Tableau IIX. Densité moyenne des individus
Il y ressort que les densités sont élevées chez Balanites aegyptiaca (30 individus/1000 m²)
soit 300 individus/ha et faibles chez Anogeissus leiocarpus 12 individus/1000 m² soit 120
pieds/ha. Acacia senegal et Balanites aegpytiaca présentent des densités moyennes au niveau
des individus juvéniles avec respectivement 15 et 13 individus/25m² par rapport à Ziziphus
Espèces
Densité moyenne Nbre de pieds
moyen adultes / 1000m²
Ecarts types Nbre de pieds moyen juvéniles / 25 m²
Ecarts types
Acacia senegal 20 9,98 15 1,58 Anogeissus leiocarpus 12 3,39 - - Balanites aegyptiaca 30 16,66 13 3,08 Ziziphus mauritiana 17,5 4,71 9 2,91
32
mauritiana qui possède 9 juvéniles. Il y a une absence d’individus juvéniles chez Anogeissus
leiocarpus. Les écarts types sont faibles pour l’ensemble des peuplements sauf chez B.
aegyptiaca avec un écart type de 16,66.
La distribution des individus en classes de diamètre chez les quatre espèces est
illustrée par des histogrammes en forme de « cloche », de « J » ou de « L ».
Les allures en « L » des histogrammes traduisent des populations stables. Elles caractérisent
les peuplements de Balanites aegyptiaca, Acacia senegal et Ziziphus mauritiana (figure 4).
Figure 4. Structures horizontales de Balanites aegyptiaca (a), Acacia senegal (b) et Ziziphus
mauritiana (c)
33
Ces populations sont marquées par une forte proportion d’individus plus jeunes. L’analyse des
histogrammes de distribution en diamètre révèle que l’essentiel des individus est représenté
dans les classes de diamètre comprises entre [5-10[ et [10-15[ cm pour les deux premières
espèces et [0-2[ et [2-4[ cm pour Z. mauritiana. Dans les autres classes de diamètres, les
effectifs des individus sont faibles. C’est ce qui donne une allure en « L » à ces histogrammes
comme le montre la figure 4. Les écarts types faibles indiquent une relative homogénéité de la
grosseur des individus dans les sites d’inventaire.
Le tableau VII résume les valeurs des pentes et des coefficients de détermination R²
calculés par espèce.
Tableau IX. Valeurs de (a) et de (R²) par espèce. Espèces Pente (a) R² Acacia senegal -3,314 0,9463 Anogeissus leiocarpus 0,486 0,468 Balanites aegyptiaca -2,7008 0,9227 Ziziphus mauritiana -2,0812 0,8956
Les pentes négatives avec des valeurs de R² très fortes révèlent que les effectifs de
petites dimensions sont plus nombreux dans les peuplements. Ce type s’observe chez Acacia
senegal, Balanites aegyptiaca, Ziziphus mauritiana. Cela est illustré par un ajustement affine
des points autour de la droite de régression qui traduit une distribution normale (figure 5). Les
valeurs élevées de R² renseignent sur une relation normale entre l’effectif des individus et les
classes de diamètres. Les facteurs de perturbations externes qu’ils subissent n’ont pas
d’impact sur le renouvellement et la stabilité des peuplements.
Nos observations sur le terrain révèlent de nombreuses traces de coupes, d’étêtage,
d’écorçage et des feux de brousse fréquents dans la zone surtout dans les peuplements
d’Acacia senegal et Balanites aegyptiaca.
Les analyses de régression de la distribution en classes de diamètre d’Acacia senegal,
Balanites aegyptiaca et Ziziphus mauritiana ont donné les résultats suivants :
34
Figure 5. Régression d’Acacia senegal, Balanites aegyptiaca et Ziziphus mauritiana
35
Les pentes négatives avec des valeurs de R² très fortes de ces trois espèces révèlent
que les effectifs de petites dimensions sont plus nombreux dans les peuplements. Ce type de
régression s’observe chez Acacia senegal, Balanites aegyptiaca, Ziziphus mauritiana. Cela
est illustré par un ajustement affine des points autour de la droite de régression qui traduit une
distribution normale (figure 10). Les valeurs élevées de R² renseignent sur une relation
normale entre l’effectif des individus et les classes de diamètres.
Balanites aegyptiaca, Acacia senegal et Ziziphus mauritiana présentent des
populations relativement stables. Les allures en « L » des histogrammes montrent une bonne
succession des effectifs d’individus dans les classes de diamètre. Le renouvellement des
populations est assuré pour ce type d’espèces rapporte FANDOHAN (2007) car les tiges
d'avenir sont en nombre suffisamment élevé. Des telles espèces sont dites structurantes car
assurant leur pérennité dans les peuplements (SOKPON & BIAOU, 2002). La stabilité des
structures démographiques des trois espèces est confirmée par les pentes négatives combinées
aux fortes valeurs du coefficient de détermination R² obtenues. Toutefois sur le terrain, de
nombreuses traces de perturbation sont visibles sur les individus. C’est la conséquence de la
forte pression anthropique exercée sur ces espèces. En effet on observe des coupes répétées
pour le bois de chauffe ou de service sur Balanites aegyptiaca, l’émondage ou la saignée des
pieds d’Acacia senegal et la coupe des branches de Ziziphus mauritiana pour les clôtures des
maisons ou la délimitation des champs ou jardins. GUINKO (1991) rapporte que l’émondage
sévère des bergers sur les pieds de nombreuses espèces d’Acacia est fréquent en zone
sahélienne. Ces pratiques néfastes sont susceptibles de compromettre à long terme les
capacités intrinsèques de ces trois espèces à assurer la bonne dynamique de leurs
peuplements.
Balanites aegyptiaca présente des densités de 30 pieds/1000 m². Ceci pourrait
s’expliquer par le fait que B. aegyptiaca se régénère bien par drageonnage (CARRIERE,
1997 ; BELLEFONTAINE et al., 2000 ; HIERNAUX, 2006). CHEVALLIER et al., (2003)
notent que c’est sa faculté de drageonnage qui lui a permis de résister aux conditions du
Sahel. Ainsi, l’espèce peut développer des stratégies d’adaptation et d’occupation du milieu
pour résister aux attaques extérieures. Les mêmes auteurs ajoutent que l’espèce présente une
grande plasticité écologique. B. aegyptiaca est très peu exigeant quant au sol, elle est
commune sur les sols sableux pierreux, argileux et alluviaux rapporte MAYDELL (1983).
C’est pourquoi malgré, les coupes répétées, le prélèvement des graines, Balanites aegpytiaca
est abondante et s’adapte bien dans les terroirs. Cependant, à long terme les ressources
ligneuses pourraient s’épuiser suite aux effets conjugués de la sécheresse et des coupes
36
rapporte KOADIMA (2008). Mais ces résultats ne concordent pas avec ceux de PETIT et
MALLET (2001) qui notent le rôle actif et le caractère non destructeur de l’émondage en zone
soudanienne. Ces auteurs ajoutent que les gestes du berger doivent être précis et ordonnés
pour qu’une telle pratique devienne une technique rationnelle. Cette condition est difficile à
appliquer compte tenu du mode d’accès libre aux parcours qui ne permet aucun contrôle.
Ziziphus mauritiana présente sur certains sites des signes de déséquilibre par de faibles
densités (17,5 individus/1000 m²) et d’individus effeuillés dont la hauteur moyenne dépasse
rarement 2 m. De l’avis de CISSE (1980) justement, la hauteur moyenne de 2 m chez l’espèce
permet un accès direct aux petits ruminants. Ce type d’animaux recherche les jeunes pousses
et les bourgeons de Z. mauritiana. Or DAGUET & GODRON (1995) rapportent que la vitesse
de repousse dépend aussi de la quantité de tissus épargnés, notamment de bourgeons. C’est
pourquoi sur le terrain, l’espèce présente des ports buissonnants. Cette allure est considérée
par CISSE (1980), CARRIERE et TOUTAIN (1996) comme un signe de surpâturage et
d’instabilité dans les peuplements. GESFORCOM (2008) rapporte la multiplication dans cette
zone de petits ruminants. L’augmentation de l’effectif de ces petits troupeaux qui restent à
longueur d’année sur les mêmes espaces pâturés fait qu’ils broutent les jeunes plantes au fur
et à mesure de leur repousse. La structure démographique d’une telle espèce malgré une allure
en « L » est fortement sujette à l’action des animaux et des prélèvements des fruits par les
enfants. Aussi pour qu’une reconstitution soit possible, on pourrait penser, compte tenu du
rôle important des réserves, de laisser entre deux passages des animaux, un temps de repos
suffisant pour que la végétation puisse refaire ses réserves. En effet si les réserves ne peuvent
se reconstituer, elles s’épuisent continuellement et disparaissent. On peut noter à juste titre,
qu’après un émondage sévère ou le passage des animaux, la plante ligneuse fourragère n’a
souvent plus qu’un appareil foliaire très réduit qui ne lui permet plus d’assurer son
alimentation carbonée comme cela est confirmé par DAGUET et GODRON (1995). Ces
auteurs précisent en effet que c’est à partir des réserves glucidiques des racines ou du collet
que pourra se faire le développement des bourgeons et des premières feuilles, jusqu’à ce
qu’une surface foliaire suffisante assure de nouveau la photosynthèse et que se reconstituent
les stocks qui permettront de supporter une nouvelle défoliation.
CISSE (1980), DAGUET et GODRON (1995), HIERNAUX (2006) soulignent à cause du
surpâturage des animaux, que ce sont les espèces les plus appréciées qui disparaissent les
premières. Ce qui à long terme, entraînerait une régression de la phytodiversité. En définitive,
les principales menaces qui pèsent sur la dynamique des peuplements ont pour causes les
facteurs zoo-anthropiques permanents. En effet ACHARD (2001) et GESFORCOM, (2008)
37
précisent que la pratique de l’étêtage en période de soudure, dans la zone entraînerait des
mortalités importantes dans les peuplements.
Les allures en « cloche » et en « J » des histogrammes traduisent des populations
dégradées ou en déclin. Elles caractérisent les peuplements de Anogeissus leiocarpus. Ces
peuplements sont marqués par une faible proportion d’individus dans les classes de petits
diamètres, un grand nombre d’individus dans les classes intermédiaires et une distribution
irrégulière des individus dans les classes.
L’analyse des histogrammes associée à la courbe de tendance exponentielle reflète cet état
démographique instable et vieillissant chez cette espèce qui présente aussi une légère
tendance exponentielle en « J » (figure 6). Les effectifs moyens dans les classes de diamètres
présentent des écarts types faibles qui traduisent une faible hétérogénéité de la grosseur des
individus entre les sites d’inventaire.
Figure 6. Structure horizontale de Anogeissus leiocarpus
Les pentes positives et celles de R² faibles indiquent que les individus de grandes
dimensions sont plus importants dans les peuplements. Cette dynamique caractérise les
populations qui sont vieillissantes avec des gros sujets importants. Cela se traduit par une
dispersion anormale des points autour de la droite de régression et une pente très prononcée.
Ce type s’observe chez Anogeissus leiocarpus pour l’ensemble des relevés (figure 7). La
valeur faible de R² indique que la relation entre l’effectif et le diamètre n’est pas normale.
38
Figure 7. Régression d’Anogeissus leiocarpus
Anogeissus leiocarpus semble montrer un état de régression naturelle. La pente
positive associée à une valeur faible du coefficient de détermination (R²) indique bien sa
menace de disparition. En effet selon SOKPON & BIAOU (2002), les espèces fidèles à la
distribution en « J » se rapprochant de celle en « cloche » sont dites déstructurantes car
menacées de disparition dans les peuplements. Anogeissus leiocarpus peut donc être qualifiée
d'espèce "en danger" car appelée à disparaître à moyen terme. Ces résultats corroborent bien
les travaux de KAMBOU (1997) qui relève une telle menace sur A. leiocarpus au Sahel. Cette
régression est amorcée depuis longtemps. Sur le terrain, l’espèce présente des peuplements
vieillissants et dégradés avec des pieds dispersés longeant les Koris, observation confirmée
par ICHAOU, (2000) et ACHARD, (2001) dans la zone. Dans le domaine sahélien, l’espèce
ne régénère pas bien (KAMBOU, 1997) et son état démographique traduit des peuplements en
régression (THIOMBIANO, 2005).
Les facteurs de dégradation des peuplements et de l’absence de régénération sont
nombreux précise KAMBOU (1997). L’homme par ses pratiques agricoles inadaptées,
l’exploitation incontrôlée du bois et du fourrage aérien, les feux de brousse et le surpâturage
compromet dangereusement la régénération des peuplements de Anogeissus leiocarpus qui
sont pour la plupart menacés de disparition dans le domaine Sahélien. L’émondage répété des
sujets adultes pour le fourrage réduit considérablement la hauteur et la productivité des
individus et constitue ainsi un risque dommageable pour l’espèce. En effet cette forme
d’exploitation incontrôlée a un impact néfaste sur la dynamique des peuplements soulignent
CISSE, 1980 ; DEVINEAU et FOURNIER, 1998 ; ACHARD, 2001 et OUEDRAOGO, 2006.
La hauteur moyenne des individus de A. leiocarpus est de 7 m, valeur inférieure à celle
39
mentionnée par MAYDELL (1983) qui est de 30 m pour l’espèce en condition favorable. La
plupart des individus possèdent une ramification à la base et parfois bicaules
(OUEDRAOGO, 2006). Ceci confirme le rôle négatif que pourrait induire les coupes et
l’élagage sur l’allure et la forme des arbres (CISSE, 1980). Ceci pourrait aussi s’expliquer
par les multiples usages de l’arbre en artisanat et en construction : manches d’outils, poutres
de charpente.
A ces facteurs biotiques s’ajoutent les facteurs climatiques (pluviométrie) qui
conditionnent eux-mêmes les facteurs pédologiques dont la péjoration rend toute régénération
difficile surtout dans le domaine sahélien. Les peuplements sont ripicoles et colonisent les
Koris (cours d’eau). Les sols argileux de ces milieux sont écologiquement secs. Cette
condition pédologique n’est pas favorable à la régénération de l’espèce rapporte KAMBOU
(1997). Ces peuplements sont aussi victimes de l’érosion hydrique rapporte ICHAOU (2000).
2.2. Structure verticale des populations adultes et régénération des espèces ligneuses fourragères
La distribution des effectifs d’individus en classes de hauteur est illustrée par des histogrammes montrant la proportion des sujets de gros diamètre à ceux de petit diamètre (figures 8, 9, 10).
Figure 8. Structure verticale de Balanites aegyptiaca
40
Figure 9. Structure verticale d’Acacia senegal
Ziziphus mauritiana
Figure 10. Structure verticale Ziziphus mauritiana
Les histogrammes des structures verticales de Balanites aegyptiaca, Acacia senegal et
Ziziphus mauritiana montrent une proportion plus élevée d’individus dans la plus petite classe
de hauteur (< 2 m). Ces peuplements sont dominés par la population juvénile mais aussi de
individus adultes ne dépassant pas 2m de hauteur (semenciers) chez A. senegal et Z.
mauritiana. Les plus grands individus dépassent rarement 6 m de hauteur (figure 10). La
réduction du nombre d’individus est régulière entre les classes. Les écarts types faibles
obtenus montrent une faible homogénéité dans de la hauteur. Ce sont des peuplements
41
marqués par une bonne régénération qui assure la pérennité dans les peuplements.
Selon FANDOHAN (2007), pour ce type d'espèces, les tiges d'avenir sont en nombre
suffisamment élevé et le renouvellement de la population est assuré.
L’analyse des histogrammes de distribution de la hauteur chez Anogeissus leiocarpus
révèle une quasi absence d’individus dans les plus petites classes [0-2 m] (figure 11).
Figure 11. Structure verticale d’Anogeissus leiocarpus Il ressort de cette figure que l’essentiel des effectifs est représenté dans les classes de hauteur
comprises entre 2 et 7 m. Ce sont des populations vieillissantes avec une absence de
régénération. Cela confirme la structure horizontale des peuplements de l’espèce.
Ces résultats sont similaires à ceux de KAMBOU (1997) qui rapporte que la
régénération d’Anogeissus leiocarpus est mauvaise à nulle dans le domaine Sahélien.
THIOMBIANO (2005) remarque qu’une telle structure démographique caractérise des
espèces à mauvaise régénération et qui connaissent une régression de leurs populations.
2.3. Structure du peuplement juvénile et potentialités de régénération des ligneux
fourragers
La distribution en hauteur de la population juvénile indique une dominance des
individus dans les classes faibles. Toutefois la classe [0 0,5[ m est caractérisée par des
effectifs faibles chez A. senegal et B. aegyptiaca et par une absence d’individus chez Z.
42
mauritiana (figure 12). Cette classe est la phase d’établissement de la régénération et
détermine ainsi la dynamique et la reconstitution des peuplements.
Acacia senegal
Balanites aegyptiaca
43
Ziziphus mauritiana
Figure 12. Structure de la population juvénile.
La distribution en hauteur de la population juvénile chez A. senegal, B. aegyptiaca et Z.
mauritiana se traduit par des histogrammes en forme de « L ». Cela révèle une prédominance
des individus plus jeunes et traduit des populations juvéniles globalement stables. En
moyenne les densités d’individus juvéniles obtenues sont de l’ordre de 15 individus/25 m²
pour A. senegal, 13 individus/25 m² pour B. aegyptiaca et 9 individus/25 m² pour Z.
mauritiana. Les écarts types moyens montrent une faible hétérogénéité de la hauteur des
individus entre les relevés.
Nos résultats ont révélé des populations juvéniles globalement stables chez Acacia
senegal, Balanites aegpytiaca et Ziziphus mauritiana. Cette stabilité structurale de la
population juvénile malgré la forte pression anthropique et des conditions climatiques
défavorables ne favorisant pas une bonne régénération pourrait être liée à la stratégie
d'occupation de l'espace propre à ces espèces et leur plasticité écologique. C’est le cas de B.
aegyptiaca qui drageonne puissamment mentionnent (CARRIERE, 1996 ;
BELLEFONTAINE, 1997 ; BELLEFONTAINE et al., 2000) et A. senegal et Z. mauritiana
résistant bien en condition semi-aride (HIERNAUX, 2006).
La faible proportion d’individus juvéniles chez B. aegyptiaca et A. senegal et les
difficultés de recruter chez Z. mauritiana dans la strate [0-0,5 m [ traduisent l’action des
animaux par le piétinement et les prélèvements intenses surtout des caprins. En effet
MAYDELL (1983) rapporte qu’on observe peu de recrûs naturels dans les vieux
peuplements d’A. senegal, les jeunes plants étant endommagés par les rats et les insectes.
THIOMBIANO (2005) identifie cette action des animaux comme l’un des facteurs
44
responsable du vieillissement des populations des espèces en agissant soit sur l’élimination de
la composante juvénile, soit en empêchant toute germination des semences. De l’avis de
CISSE (1980), cela s’explique aussi par le broutage sélectif des pousses par les caprins chez
Z. mauritiana. Par cette action, ceux-ci éliminent les sujets juvéniles avant l’âge adulte
(NACOULMA, 2005).
L’absence de plantules chez A. leiocarpus est une raison pour dire que l’espèce ne
régénère pas bien et régresse au Sahel. Selon KAMBOU (1997), l’irrégularité des pluies et les
feux de brousse expliquent cette situation en milieu sahélien. Aussi, le fait de coloniser les
terres fertiles expose l’espèce aux risques de défrichement. OUEDRAOGO (2006) souligne
justement que l’aire de distribution d’une espèce sera d’autant plus menacée qu’elle préfère
des stations à intérêts agropastoraux.
45
CONCLUSION ET PERSPECTIVES
La présente étude a permis d’évaluer l’importance des ligneux fourragers et les usages
traditionnels dont ils font l’objet dans l’Ouest du Niger.
Sur le plan diversité floristique, 59 espèces réparties en 39 genres et 22 familles ont été
recensées. Le terroir de Torodi présente une flore diversifiée avec une prédominance des
Mimosaceae, Combretaceae, Capparidaceae et des Caesalpinaceae.
Les populations ont une bonne connaissance de cette flore très exploitée. Elles
distinguent les espèces hautement appétées et perçoivent bien les risques qui pèsent sur
certaines d’entre elles. Ainsi, 23 espèces ont été jugées disparues ou menacées de disparition.
Les critères d’évaluation et de choix de ces espèces fourragères répertoriés indiquent cette
parfaite connaissance des ressources ligneuses par les populations.
L’analyse de l’état des peuplements a permis de révéler que les quatre espèces
« menacées » pourraient tendre vers une régression générale à long terme. Cette régression
serait due aux facteurs zoo-anthropiques et climatiques :
- les actions humaines qui constituent les principaux facteurs de dégradation pour
l’ensemble des peuplements ;
- le surpâturage par les animaux qui perturbent les peuplements et affaiblissent la
régénération ;
- la sécheresse qui empêche l’établissement des jeunes plantules.
Acacia senegal, Balanites aegyptiaca et Ziziphus mauritiana ayant des populations juvéniles
stables révèlent un potentiel à assurer la pérennité des peuplements. En revanche Anogeissus
leiocarpus pourrait être considérer en voie de disparition dans la zone.
A l’issue de cette étude, il ressort que les savoirs traditionnels méritent donc d’être
pris en considération par les scientifiques car ils pourraient complémenter leurs données et par
conséquent, constituer "une valeur ajoutée" pour la recherche. En effet la prise en compte et
la valorisation de ces savoirs et des pratiques "traditionnelles" aura un impact net sur les types
d'action entrepris (gestion, conservation ...)
Ces résultats constituent un préalable fondamental à l’élaboration de stratégies de
conservation et d’utilisation durable de ces espèces. Surtout que, la zone étant soumise à des
contraintes anthropiques fortes, on pourrait assister à la disparition de nombreuses espèces
surexploitées si des mesures de conservation et gestion adéquates ne sont pas prises et
vulgarisées au niveau des utilisateurs.
46
Afin de conforter ces résultats, il serait souhaitable d’explorer les axes de recherche ci-
après:
• approfondir l’étude de l’état des peuplements des espèces hautement appétées de
l’Ouest Niger ;
• poursuivre l’étude ethnobotanique des espèces ligneuses fourragères ;
• élucider les raisons écologiques qui sous-tendent l’affinité des espèces pour certains
milieux et leurs réactions d’adaptation face aux pressions zoo-anthropiques ;
• étudier la bromatologie du fourrage ligneux sec afin d’améliorer sa conservation, dans
le but de le mettre à la disposition des populations pendant les pénuries et les périodes
critiques ;
• étudier les degrés d’émondage sur la productivité des espèces ;
• analyser les stratégies de conservation des espèces par la plantation.
47
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53
ANNEXES
ANNEXE 1 : Planches photographiques
(a) (b) Photo 1. a : Ovins et caprins pâturant dans un peuplement de Ziziphus mauritiana et b : camelins broutant des pieds de Balanites aegyptiaca
Acacia senegal Balanites aegyptiaca Photo 3. Abattage d’individus entiers par les éleveurs pour permettre au bétail de brouter les feuilles.
I
ANNEXE 2 : FICHE D’ENQUETE ETHNOBOTANIQUE
Terroir :…………… Date : /…/ /…/ 08 Nom de l’enquêté :...........… Sexe : /…/ 1. Classez vos activités par ordre d’importance. Agriculture Elevage Commerce Autres (Précisez) :…………..……… 2. Quel est le rôle des espèces ligneuses dans les terres de parcours
/…………………. / /……………………/ /………………………./ /………………………./
3. Quelle est la période de l’année où ces espèces sont plus utilisées ? /……………………/ /………………………/ /………………………./
4. Quels sont les problèmes rencontrés dans l’obtention du fourrage aérien ?....……………… …………………………………………………………………………………………………………… 5. Où trouvez-vous le pâturage pour vos animaux ?.................................................................. 6. Existe-t-il d’aires de pâturage suffisantes dans la zone ? ……………………………......... 7. Faites-vous des contrats de pâture dans la zone? Oui /…/ Non /…/ - Si oui comment procédez-vous ?………………………………………………..........… 8. Quelles sont les espèces les plus appétées par les animaux ? 1. Abondance 6. Abondance 11. Abondance 2. 7. 12. 3. 8. 13. 4. 9. 14. 5. 10. 15. X : Rare XX : Peu abondant XXX : Abondant
- Quels sont vos critères de sélection et d’évaluation des espèces ligneuses fourragères ?............
- Sur quelle base faites-vous cette sélection ?........................................................
9. Quelle est la situation (végétation ligneuse) du parcours ?.................................................
………………………………………………………………………………………………………….. 10. Pratiquez-vous l’émondage des arbres pour le fourrage Oui /…/ Non /…/ Si oui quelles sont les espèces émondées ? 1. 6. 11. 2. 7. 12. 3. 8. 13. 4. 9. 14. 5. 10. 15.
11. Quelles sont les précautions que vous prenez pour la réussite de la régénération des arbres émondés ?………………………………………………………………..……………………. …………………………………………………………………………………………………………… 12. Quelles sont les espèces disparues ou rares des pâturages ?
1. Raison 6. Raison 11. Raison 2. 7. 12.
II
3. 8. 13. 4. 9. 14. 5. 10. 15.
13. Quelles sont les facteurs de dégradation de la phytodiversité du parcours ?......................
…………………………………………………………………………………………………………..
……………………………………………………………………………………………………………
14. Quelles sont les conséquences de l’exploitation de ligneux fourragers ?............................
………………………………………………………………………………………………………….
15. Comment peut-on améliorer la situation des ressources ligneuses fourragères du terroir ?
Plantation /…/ Régénération naturelle /…/ Réduire et contrôler le prélèvement /…/
Pâturage saisonnier /…/ Autres ………………………………………………………….
16. A qui appartiennent ces ressources ? Communauté /…/ A personne /…/ Autorité /…/
III
ANNEXE 3 : FICHE DE RELEVE DENDROMETRIQUE
Population adulte Date………………………………………………………………………… Relevé n°……………. Coordonnées……………………..Altitude……………… Localité……………………………………………………………… Perturbations…………. Faible 1………….Modérée 2..…………Intense 3………… Sol……………………………………………………………… Type de formation…………………………………………………………
Espèces
Nb de tiges Ht (m) DHP (cm)
Nb = nombre ; Ht = hauteur ; DHP = diamètre à hauteur de poitrine (à 1,30 m du sol) et 0,30 m du sol.
Population juvénile Sous relevé n°……………………Superficie……………Coordonnées……………………… Taux recouvrement des ligneux…………………… Taux recouvrement des herbacées……………………
Espèces 0 - 0,5 m 0,5 - 1 m
1 - 1,5 m 1,5 - 2 m 2 - 5 m
IV
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