compte rendu réunion publique un monde d'avance "comment rassembler la gauche ?"
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Compte-Rendu
Réunion publique Un Monde d’Avance Comment rassembler la Gauche ?
Compte-‐Rendu Réunion Publique Un Monde d’Avance « Comment rassembler la Gauche ? »
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Samedi 14 juin, Un Monde d’Avance organisait une réunion publique dans la Salle des Fêtes de la Mairie du XIe arr. de Paris autour de cette question aussi essentielle que d’actualité : « Comment rassembler la Gauche ? ». La thématique choisie n’était évidemment pas anodine. Au regard du contexte politique, il nous apparaissait important d’aborder sans ambages la question du rassemblement de la gauche en invitant des intervenants issus de divers partis de la gauche et de sensibilités et courants socialistes. Autour de Guillaume Balas et Henri Emmanuelli, Pierre Laurent (PDF), David Cormand (EELV), Marie-Noëlle Lienemann (Maintenant La Gauche), Laurent Baumel (Gauche Populaire et initiateur de l’Appel des 100), Jean-Marc Germain et Fanélie Carrey-Conte (initiateur de l’Appel des 100) ainsi que Rémi Demersseman-Pradel (Motion 4) ont ainsi répondu présents à notre invitation. Devant une salle bondée, les différents intervenants ont porté un message convergent : le rassemblement de la gauche est une nécessité qui implique une réorientation de la politique engagée. Retour sur notre initiative et sur les interventions de nos différents invités.
-‐-‐-‐ Sommaire p.3 Introduction par Guillaume Balas (Un Monde d’Avance) p.6 Intervention de Pierre Laurent (PCF) p.9 Intervention de David Cormand (EELV) p.12 Intervention de Laurent Baumel (Gauche Populaire, Appel
des 100) P.16 Henri Emmanuelli (Un Monde d’Avance) p.18 Intervention de Marie-Noëlle Lienemann (Maintenant La
Gauche) p.21 Intervention de Rémi Demersseman-Pradel (Motion 4) p.25 Intervention de Fanélie Carrey-Conte (Un Monde
d’Avance, Appel des 100) p.28 Intervention de Jean-Marc Germain (Appel des 100) p.31 Revue de presse p.34 Nous contacter
Compte-‐Rendu Réunion Publique Un Monde d’Avance « Comment rassembler la Gauche ? »
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INTERVENTIONS
INTRODUCTION PAR GUILLAUME BALAS, Député européen Secrétaire général d’Un Monde d’Avance
« Le rassemblement de la gauche, n’est pas un dogme ou une utopie facile pour des discussions internes mais c’est une nécessité politique ».
« Pour nous, pour Un Monde d’Avance, nous ne voulons être qu’une chose : nous ne souhaitons même pas survivre à nous-mêmes. Nous voulons être au sein du PS, les inlassables artisans et défenseurs de l’unité de tous ceux, dans toute leur diversité et tout leur parcours, qui croient qu’il faut réorienter la politique du gouvernement, qui croient, que l’unité de la gauche est une condition nécessaire, stratégique pour ce que nous voulons. Nous voulons être un pont entre la sphère socialiste et les autres mouvements de gauche : les camarades communistes, nos camarades d’EELV, des autres mouvements qui existent dans le champ politique et sociétal. »
Pour visionner la vidéo de
l’intervention : https://www.youtube.com/watch?v=bGbTS3fF-‐mE
Discours
Je vais essayer d’abord de définir pourquoi cette initiative.
Nous sommes un courant du PS, Un Monde d’Avance, depuis 2008 et nous constatons
aujourd’hui pour les raisons que je vais énoncer qu’il faut faire tomber les barrières au sein du PS. Entre le PS et les autres mouvements de gauche mais également entre la Gauche et la société, et les électeurs.
Dans ce moment, nous avons un devoir, comme d’autres -‐ car d’autres initiatives sont prises
ailleurs par des militants et des responsables socialistes, communistes, verts, associatifs.
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Partout commence à se réveiller l’idée que les choses ne peuvent pas rester en l’état. Et nous
participons simplement à ce mouvement général. Nous pensons que nous sommes à notre place aujourd’hui en le faisant.
Alors, évidemment, quelques mots sur le contexte et pourquoi cette question que nous avons posé à nos divers intervenants ? Pourquoi et comment rassembler la gauche ?
Quand le Premier Ministre, quand le Premier Secrétaire du PS disent qu’il y a un risque de décès
de la gauche dans les mois et les années qui viennent et qu’ils le disent en étant à leur niveau de responsabilité, on peut considérer que l’affaire est sérieuse.
La première réaction est d’identifier pourquoi. Il est certain que les deux scrutins que nous venons de vivre sont absolument majeurs pour l’histoire de la gauche parce qu’ils donnent la
photographie politique de ce qu’est le pays.
Le PS s’est effondré lors des élections municipales alors qu’il est le parti au pouvoir. Et l’affaire des européennes a amplifié de manière considérable cette impression en faisant un score désastreux, signe du rejet profond de la politique menée, une abstention massive, un score du
FN historique… mais nous constatons que ce n’est pas pour autant qu’il y a un recours à gauche qui s’exprime par le biais des électeurs. EELV fait un score honorable mais sans sursaut véritable et le FDG se trouve en difficulté tout comme les socialistes.
A partir de ce moment-‐là, il y a bien une urgence à se parler. Nous sommes convaincus que si
les gens de gauche, qu’ils soient dans des partis ou des mouvements syndicaux, associatifs ou autres, que si ceux-‐là n’échangent pas, alors oui, ça peut arriver : la gauche politique ou sociale, sans que nous parlions de mort imminente, peut être relativisée. En vue des élections
présidentielles, rien n’indique que la Gauche finisse première force, pire, rien n’indique qu’elle puisse arriver jusqu’au second tour.
Je vous invite à observer qu’aujourd’hui, au regard de l’état de la droite également, rien n’indique non plus qu’une droite républicaine continue à exister. Il peut tout à fait y avoir des
alliances qui créent une droite nouvelle qui pourrait prendre le pouvoir avec une radicalité politique dont on a peine encore aujourd’hui à imaginer.
Les responsabilités sont multiples. Parce je suis un élu du PS, un membre du PS, je le dis :
d’abord à cause de la politique gouvernementale que nous menons aujourd’hui, nous ne pouvons pas nous abstraire de ce qui se passe.
C’est parce que cette politique n’arrive pas à convaincre que les électeurs aujourd’hui se détournent de nous. Pourquoi ? Parce que cette politique ne répond pas aux attentes qui
avaient été suscitées par la campagne en 2012, et notamment, le fait que si redressement il devait y avoir, la justice devait prévaloir. De ce point de vue, les Français n’ont pas le sentiment que ces objectifs ont été remplis. Et aussi parce qu’il y a une force
d’incompréhension sur les objectifs, les motifs, le fonctionnement. Il y a un brouillard aujourd’hui qui font que les institutions publiques sont affaiblies. La parole du politique est elle-‐même affaiblie.
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Alors, on aurait pu prendre l’idée de faire un colloque intellectuel pour aller chercher les raisons
profondes à tout cela. Mais on a considéré qu’il fallait prendre la démocratie au sérieux. En démocratie, il y a des partis politiques qui se présentent aux élections, qui ont une histoire, qui représentent quelque chose. Nous avons choisi de les, de nous interroger.
Le rassemblement de la gauche, n’est pas un dogme ou une utopie facile pour des discussions
internes mais c’est une nécessité politique.
S’il y a un désaccord alors que le PS dirige le pays sur la politique gouvernementale alors il faut que cette politique soit modifiée pour commencer à avoir des convergences utiles.
Il y a eu aujourd’hui un CN du PS aujourd’hui et nous avons dit au Premier Secrétaire : il ne peut pas y avoir de rassemblement de la gauche d’un côté théorique sans prendre en compte ce que
la gauche dit. Ce qu’elle dit à l’extérieur mais également au sein du PS, au sein du Parlement, au Sénat sur la politique gouvernementale. Il faut donc qu’il y ait réorientation profonde de cette politique gouvernementale si nous voulons que la séquence d’après puisse être au mieux
utile, au pire, pas catastrophique et que la Gauche puisse retrouver tout son rôle dans le devenir du pays.
Devant la crise du pays, devant les inquiétudes des citoyens, la question que nous posons peut paraître décalée mais nous nous sommes dit que justement, si nous souhaitions avoir un
gramme d’espoir, il fallait la poser tout de suite.
Nous savons que les réponses ne sont pas définitives.
Mais pour nous, pour Un Monde d’Avance, nous ne voulons être qu’une chose. Nous ne souhaitons même pas survivre à nous-‐mêmes. Nous voulons être au sein du PS, les inlassables artisans et défenseurs de l’unité de tous ceux, dans toute leur diversité et tout leur parcours,
qui croient qu’il faut réorienter la politique du gouvernement, qui croient, que l’unité de la gauche est une condition nécessaire, stratégique pour ce que nous voulons. Nous voulons être un pont entre la sphère socialiste et les autres mouvements de gauche : les camarades
communistes, nos camarades d’EELV, des autres mouvements qui existent dans le champ politique et sociétal.
Nous ne voulons faire que cela et nous ferons tout cela. Nous commencerons pas poser cette
question aux militants socialistes pour leur demander leur avis sur cette question et exprimer cette nécessité de réorienter la politique du gouvernement pour les Français mais aussi pour permettre le rassemblement de la gauche.
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INTERVENTION DE PIERRE LAURENT, Secrétaire National du PCF, Président du PGE
« Notre désir le plus profond est d’ouvrir une perspective de sortie de crise positive. Pour cela, nous voulons ouvrir un débat sur le diagnostic de la crise, sur les remèdes à porter et les solutions à mettre en œuvre.».
« C’est pour ça que je suis ici ce soir mais également partout où ceux qui veulent réfléchir à des politiques alternatives voudront mener ce débat.»
« Il faudra des inflexions à la politique menée et j’espère que nous trouverons des convergences pour les obtenir.»
Pour visionner les vidéos de
l’intervention : https://www.youtube.com/watch?v=L5NFaIVqmGo (1/2)
https://www.youtube.com/wa
tch?v=1ZriL6_d2x4 (2/2)
Discours
Je suis très heureux d’être parmi vous. Nous sommes nous aussi en Conseil National ce week-‐end.
Nous procédons nous-‐mêmes à une évaluation de la situation et c’est avec beaucoup de satisfaction que je vais tenter de répondre à la question qui est posée.
Probablement je n’apporterai pas toutes les solutions mais je souhaiterais au moins essayer.
La première chose qui paraît être une évidence mais qui provoque cette réunion comme
probablement beaucoup d’autres : c’est un sentiment de gravité devant la situation dans laquelle nous sommes.
Chacun peut comprendre que ce qui s’est passé pendant les élections municipales et européennes n’est pas un accident, ça n’est pas un résultat conjoncturel.
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Les conditions sont réunies pour que le scénario catastrophe continue de s’amplifier si nous ne
faisons rien.
Dans les résultats, il y a un désaveu évident de la politique gouvernementale. Comme vous le savez, nous avons été très critiques sur la politique gouvernementale très tôt. Nous avions le sentiment qu’elle ne permettrait pas de répondre aux défis sociaux et politiques mais ceci étant
dit, je voudrais aussi dire que notre politique au PCF n’a jamais été de parier sur l’échec. Je n’ai jamais cru à la thèse de l’automatisme que de l’échec et du chaos naîtrait l’espoir et la sortie radieuse de la crise. La critique a toujours été accompagnée de propositions alternatives.
Au-‐delà de cela, nous avons continué à travailler pour faire progresser les politiques de la
gauche là où elle est en responsabilité.
Malheureusement le cours de la politique gouvernementale n’a pas changé mais il s’est de notre point de vue amplifié dans le mauvais sens.
Nous allons entamer dans quelques jours le débat sur le pacte de responsabilité, plus précisément le plan d’économies et vous connaissez notre point de vue. Les résultats des
élections marquent une accélération de la crise politique qui n’est pas nouvelle et qui a démarré depuis 10 ans quand Jean-‐Marie Le Pen a été qualifié au second tour de l’élection présidentielle.
Le FN est installé dans le paysage politique depuis trop longtemps.
Il y a effectivement des phénomènes de crise politique qui sont extrêmement préoccupants. Un rejet des responsables politiques au fil des déceptions qui ont à chaque fois suivi les espoirs
montants portés par la société. Ces phénomènes ont pris un tour dramatique avec l’installation maintenant à un niveau extrêmement élevé des scores du FN.
Donc la situation est extrêmement sérieuse. Notre désir le plus profond est d’ouvrir une perspective de sortie de crise, de cette crise sociale, politique et économique, une sortie de
crise positive. Au cœur de cette crise, il y a les choix de la politique gouvernementale.
Ces choix sont assis sur des thèses que nous connaissons : les deux grands problèmes de notre pays seraient le coût du travail et le problème de compétitivité. Au PCF, nous considérons qu’il y
a un très grand problème lié au type de croissance capitaliste dans l’inflation absolument dramatique des prélèvements sur les richesses créées et du coût du capital. Il y a une confiscation et un détournement permanent d’une part croissante des richesses créées au profit
de logiques de croissance financière qui handicape tous les ressorts d’un développement économique harmonieux.
Il y a dans les entreprises des masses financières considérables utilisées à des politiques de croissance financière et des politiques de rentabilité qui handicape le pays gravement. Il semble
que nous ne serions pas capables une entreprise comme Alstom d’une vente à la découpe menée par des grands groupes internationaux.
Il y a en ce moment une grève des cheminots qui posent un problème d’investissement dans le ferroviaire pour mettre à niveau ce secteur. Et il semblerait que nous ne soyns pas capables de
mettre les moyens de ces investissements. Et on va demander à la productivité des cheminots
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d’éponger la dette contractée par l’Etat. Nous sommes dans des logiques qui, si on nous les
maintenons, mèneront le pays dans le mur.
Nous voulons ouvrir un débat sur le diagnostic de la crise, sur les remèdes à porter et les solutions à mettre en œuvre. Il faut ouvrir ce débat si on veut sortir de la logique d’échec social, économique et politique. Il faudrait aussi ouvrir le débat européen.
Le problème c’est qu’à chaque fois que la France a eu l’occasion d’ouvrir ce débat européen, nos
dirigeants n’ont pas saisi ces occasions. On voit bien dans quelle impasse cela nous enfonce.
La progression des populismes n’est pas que national mais bien européen.
Il faut donc ouvrir le débat sur les politiques alternatives aux politiques d’austérité.
Nous voulons que le débat sur le nécessaire rassemblement de la gauche se mette à partir de ce débat du projet. C’est la seule solution pour construire ce chemin.
Personne ne peut avoir l’illusion dans cette situation que nous réglerons ce problème en agitant la menace du Front National et en disant que finalement il faudra que tout le monde se
rassemble derrière François Hollande ou un candidat qui porterait un programme de même nature que la politique menée actuellement. Ce scénario ne peut pas marcher.
Le réflexe républicain est désarmé par l’ampleur de la politique actuelle et le désaveu de la politique gouvernementale. Si on ne s’attaque pas au débat en profondeur sur le sens de la
politique gouvernementale, nous ne parviendrons pas à avancer dans ce sens.
C’est pour ça que je suis ici ce soir mais également partout où ceux qui veulent réfléchir à des politiques alternatives voudront mener ce débat. Je suis engagée avec d’autres forces dans le Front de Gauche. Je pense qu’il a un rôle à jouer, qu’il doit changer, modifier les choses et ces
modifications, nous allons les porter. Mais je veux effectivement ouvrir un débat sans préalable avec tous ceux qui le voudront.
Nous devons tous saisir les occasions de dialogue. Notre CN décidera demain matin de lancer un appel à l’ouverture d’un dialogue national sur ces enjeux et donc ma présence ici n’est pas
fortuite. Elle n’est pas un coup pour un jour. Nous allons entrer sérieusement dans la volonté d’ouvrir le débat avec l’ambition de le déverrouiller.
Effectivement, dans la situation, chaque occasion perdue va se payer très cher.
Il faut écouter ce qui se passe à la SNCF et chez les cheminots. La Gauche ne peut pas se dire
qu’elle n’est pas interpelée. Ne nous laissons pas attraper par les propagandes qui les présentent comme des preneurs d’otage. Intermittents, débats budgétaires, dossier Alstom, réforme territoriale il faudra des inflexions et j’espère que nous trouverons des convergences
pour les obtenir.
Tout ce que nous obtiendrons seront autant de points marqués pour essayer d’ouvrir enfin, une vraie perspective de gauche.
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INTERVENTION DE DAVID CORMAND, Président du Groupe EELV au CR de Haute-‐Normandie, Secrétaire national adjoint d’EELV
« Les lois de l’économie dominantes qui ne sont votées par personne sont supérieures aux lois de la République voulues par les représentants de celles et ceux qui ont voté en 2012.»
« Les Françaises et les Français ne nous suivront pas uniquement sur le rejet d’une politique. Il faut que l’on se donne les moyens de construire un projet.»
« On ne peut pas attendre 2017 pour proposer l’alternative.»
Pour visionner les vidéos de l’intervention :
https://www.youtube.com/watch?v=ZHNXjHQ04pc
Discours
Bonjour à tous,
Je vous prie tout d’abord d’excuser l’absence d’Emmanuelle Cosse car nous sommes nous aussi en conseil fédéral de notre Parti.
La question qui se pose c’est comment rassembler la Gauche. Quand on pose cette question-‐là,
une autre nous vient tout de suite à l’esprit : pourquoi est-‐elle divisée ?
Il y a une sorte de malentendu entre la majorité qui se construit en 2012 pour mettre dehors N. Sarkozy et ce qui a été réalisé par la suite.
Il y avait l’attente d’un espoir, d’un changement. Mais assez vite, il y a le TSCG, le CICE et l’ANI.
Sur le TSCG, il y a eu un problème car on n’a pas fait ce qu’on avait dit qu’on ferait. On intériorise, en adoptant le TSCG, le principe de dire que les politiques d’austérité sont
compatibles avec la politique qui nous a porté au pouvoir.
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Concernant le CICE, on dit que pour que l’économie aille mieux, il faut rendre de l’argent aux
entreprises.
Enfin, sur l’ANI, on focalise sur le coût du travail. Mais de la même façon que pour les exemples précédents, ce sont des choses que l’on combat depuis des années et que tout d’un coup, on intériorise.
Les lois de l’économie dominantes qui ne sont votées par personne sont supérieures aux lois de
la République voulues par les représentants de celles et ceux qui ont voté en 2012. Et ça, c’est inacceptable aux yeux des gens.
Ce n’est pas un problème conjoncturel. Il y a un croisement de crise jamais connu. C’est vrai pour la France, c’est vrai pour l’Europe.
(…) Il y a une sorte de déni par rapport au vote FN. On le banalise. C’est quelque chose qui est
d’une nouveauté incroyable. Pour Le Pen père, le FN est un outil de jouissance personnelle. Pour Le Pen Fille, elle est en train de construire quelque chose à-‐même de pouvoir conquérir le pouvoir. Marine Le Pen a compris que pour gagner le deuxième tour d’une élection, il fallait des
réseaux, une implantation locale, gagner une majorité d’idée et c’est exactement ce qui est fait par le FN.
Par rapport à cette coalition, refaire le coup de la coalition de rejet, ça ne marchera pas. Les Françaises et les Français ne nous suivront pas uniquement sur le rejet d’une politique. Il faut
que l’on se donne les moyens de construire une coalition de projet. Mais sur quelle histoire peut-‐on la faire ?
Je pense que la Gauche, on a un problème d’imaginaire politique. Comment on se projette et comment on projette nos concitoyens dans un imaginaire politique émancipateur ?
Pendant des décennies on s’est construit autour de l’augmentation du pouvoir d’achat. On est
dans un système où bien sûr il faut améliorer le pouvoir d’achat de ceux qui ont moins mais ce n’est pas uniquement cette société de l’avoir qui va nous permettre de reconstruire une majorité dans ce pays.
Ce qu’il faut arriver à construire, c’est un autre imaginaire politique où la possession ne passe pas seulement par l’imaginaire de l’avoir mais également par l’être. Et cette bataille idéologique là, on est en train de la perdre.
J’ai parlé aussi de l’impératif de se mettre d’accord vers une sorte de révolution démocratique
pour changer la Vème république et modifier les relations que l’on a aux citoyennes et citoyens.
Cette crise politique profonde se résout donc par ces différents points.
Enfin, on se dirige vers 2017. Que va-‐t-‐il se passer si on ne s’organise pas mieux ?
Il y a quelque chose qui a changé par rapport à d’habitude quand la gauche se remet en question et construit l’alternative, c’est qu’en général elle est dans l’opposition. Or aujourd’hui,
la gauche est au pouvoir. Et on ne peut pas attendre 2017 pour proposer l’alternative. Dès
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maintenant il faut construire un rapport de force pour qu’en 2017, on ait une chance de ne pas
se faire bananer.
Si on veut une VIème république un jour où la place des parlementaires est respectée, je pense que vous avez, avec les citoyens, un laboratoire formidable pour montrer que vous avez été élu avec un mandat et que vous restez comptable jusqu’en 2017.
Pour reconstruire avec les citoyens, il y a une sorte d’exemplarité à donner. C’est dans cet état
d’esprit que sont les écologistes.
Enfin, il y a un autre laboratoire, ce sera les Régionales. Là aussi, peut être que des choses pourront être expérimentées.
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INTERVENTION DE LAURENT BAUMEL, Député d'Indre-‐et-‐Loire, Animateur de la Gauche Populaire, Initiateur de l'appel des 100
« J’ai envie d’abord de vous dire que je ne suis pas sûr que l’on soit dans la minorité socialiste, ça pourra se vérifier un jour. Et puis, plus sérieusement, je veux vous dire que personne, pas même la direction de notre parti, n’a le monopole du travail de rassemblement de la gauche. Ce travail, il appartient à tous et d’abord à ceux qui sont en situation de le mener.»
« Il ne peut y avoir rassemblement autour d’une orientation politique suffisamment partagée.»
« La convergence c’est demain dans ce combat parlementaire, que nous allons en faire la première expérience. Les amendements que nous amenons dans l’hémicycle, nous les amenons devant l’ensemble représentation nationale. Et par conséquent, nous créons les conditions devoir avec les uns et les autres s’il est possible de faire ce bout de chemin. (…) si nous y parvenons, je pense que nous aurons franchi une étape qui fera date.»
Pour visionner la vidéo de l’intervention : https://www.youtube.com/
watch?v=QGN9rcG_pYU
Discours
Merci pour cette initiative légitime. Je le dis car tout à l’heure Jean Christophe Cambadélis, notre Premier secrétaire est intervenu au sujet rendez-‐vous de ce soir, pour inviter – il visait
notamment Pierre Laurent – les directions des partis frères à ne pas jouer avec les minorités socialistes. Mais je pense que ça s’adressait plutôt à la minorité socialiste.
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J’ai envie d’abord de vous dire que je ne suis pas sûr que l’on soit dans la minorité socialiste,
ça pourra se vérifier un jour. Et puis, plus sérieusement, je veux vous dire que personne, pas même la direction de notre parti, n’a le monopole du travail de rassemblement de la gauche. Ce travail, il appartient à tous et d’abord à ceux qui sont en situation de le mener.
Alors, la question que vous posez « est-‐ce que le rassemblement de la gauche est
nécessaire ? », bien sûr elle est nécessaire pour toutes les raisons structurelles évoquées – je ne sais pas si nous aurons un jour la proportionnelle, mais dans ce type de scrutin, le rassemblement est souhaitable – mais aussi pour ceux que les uns et les autres ont dit avant
moi. Un Front national qui menace, qui pourrait arriver au pouvoir, sinon seul, dans une coalition avec une droite dite parlementaire qui aurait fait sauter les digues. Henri Emmanuelli a rappelé que cela était possible. On sait, instruits par l’expérience, que parmi les conditions qui
peuvent amener l’extrême droite et le populisme au pouvoir, la division de la gauche en fait partie.
Pour autant, ce qu’ont dit les uns et les autres avant moi est juste. Cela ne peut pas constituer une condition suffisante du rassemblement. Il ne peut y avoir rassemblement autour d’une
orientation politique suffisamment partagée. Cela suppose que chacun fasse un mouvement, que chacun se rende un minimum compatible avec ses partenaires. C’est la responsabilité principale. Les exemples historiques ont été pris : L’union de la gauche, la grande révolution
stratégique de François Mitterrand, qui avait compris la nécessité d’effectuer ce rapprochement, essentiellement à l’époque avec le Parti communiste. Des efforts programmatiques avaient été faits en ce sens. La gauche plurielle ensuite, qui consistait en une feuille de route,
reconnaissons-‐le pas très élaborée, entre les socialistes, les écologistes et les communistes. Mais il y avait chez le chef de cette coalition, Lionel Jospin, au moins une volonté politique d’organiser une dialectique, un dialogue. A tel point que, je le rappelle ici, Lionel Jospin tenait
tellement à la gauche plurielle que c’est ce qui l’a empêché de bouger, après les élections de 2001, sur les questions d’insécurité. Il l’avait dit, il tenait particulièrement à cette construction
politique et il n’a pas voulu ouvrir, en fin de mandat, un débat compliqué à l’intérieur de la gauche plurielle. Bon je ne suis pas sûr à posteriori que la posture était la bonne, mais en tout cas, il tenait au rassemblement de la gauche comme une dimension essentielle et il faisait des
efforts, me semble-‐t-‐il, dans ce sens.
Aujourd’hui, et je le répète car cela a été dit avant moi, la ligne politique qui a été au centre, c’est-‐à-‐dire du gouvernement, de la gauche au pouvoir, ne permet pas à l’évidence le rassemblement des forces de gauche.
Quelle est la ligne qui permettrait le rassemblement ? J’ai la faiblesse de penser que ce que nous
essayons de construire, même si nous n’épuisons pas tout le panel des sujets, mais ce que nous essayons de construire avec ce que nous avons appelé « l’appel des 100 », constitue au moins sur les sujets abordés, cette position, cette ouverture, cet équilibre, qui peut permettre
d’avancer dans le processus d’un rassemblement beaucoup plus large.
Que disons-‐nous ? Je vais être très court. Un : oui on peut mener un effort de réduction des déficits qui sont aujourd’hui excessifs et menacent la souveraineté financière de la France, mais on ne peut pas mener cet effort à marche forcée, sauf à prendre le risque de casser la croissance
et donc crée une situation qui ne permet pas d’atteindre la situation que nous nous fixions
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d’atteindre. Et nous disons, nous ne pouvons pas faire payer ce redressement par les classes
populaires et les classes moyennes de ce pays. C’est ça la grande erreur. Et Manuel Valls, d’ailleurs à sa manière, le reconnaît aujourd’hui. Mais c’est un peu tard.
Nous disons, on peut aider, dans une alliance des productifs, les secteurs productifs les plus exposés à la concurrence, les petites entreprises… Ceux qui incarnent l’entreprise au sens noble
du terme, ceux qui créent de la richesse. Et que déverser 41 milliards sans garantie que cet argent n’ira pas à la distribution de dividendes accrus pour les actionnaires, sans garantie que ces montants iront à la recherche, à l’emploi, à l’investissement. Il faut une politique plus
équilibrée qui garderait une partie de ces sommes pour aider les secteurs productifs qui en ont besoin ou qui s’engagent sur des financements. Mais il faut réinjecter la moitié de ces aides vers une politique de soutien à la demande : à l’investissement publique au pouvoir d’achat. Ce qui
serait conforme à un objectif d’efficacité économique et conforme à ce que l’on attend de la gauche lorsqu’elle gouverne. La gauche lorsqu’elle gouverne est là d’abord, non pas pour détériorer les conditions matérielles des classes populaires, mais en principe pour les améliorer.
Et puis il y a le débat idéologique et stratégique. Je l’ai dit ce matin devant le conseil national.
On peut comprendre, dans une période de chômage élevé, qu’un gouvernement socialiste ressente la nécessité d’engager un dialogue avec le patronat, pour voir s’il est possible de mouiller celui-‐ci dans l’objectif de redressement. Mais la social-‐démocratie et le socialisme
démocratique ce n’est pas la subordination du travail au capital, ce n’est pas la subordination de la demande à l’offre, ce n’est pas la subordination de la justice sociale à l’efficacité économique. Ça, c’est le programme social-‐libéral, le programme blairiste. La social-‐
démocratie, c’est accepter qu’il puisse y avoir des contradictions, des tensions. Et donc, c’est chercher des compromis, des équilibres, entre ce que l’on fait pour le capital et pour le travail, entre ce que l’on fait pour l’efficacité économique et ce que l’on fait pour la justice sociale.
Enfin à travers notre démarche, nous portons en effet une critique de ce régime de la Ve
République. Nous proposons d’une certaine manière d’essayer de sortir de ce régime par la pratique. Les débats sur la VIe République, sur le changement de Constitution, ils ont eu lieu
dans le Parti socialiste. On en connaît la difficulté. La difficulté principale c’est que vous aurez du mal à trouver un candidat à la présidence de la République qui fasse campagne pour abaisser son pouvoir. En revanche, nous avons la possibilité, à travers cette expérience, de changer
l’esprit du régime de l’intérieur. Ce que nous sommes en train de faire est dans le fond assez simple. Mais dans sa simplicité même, assez audacieux. Nous sommes des parlementaires qui disons : « après tout, nous sommes les législateurs et nous avons le droit constitutionnel d’aller
demain dans l’hémicycle défendre une orientation contrairement à la pratique établie jusqu’ici ». Nous allons voter nos propres amendements. Nous n’allons pas simplement faire de la gesticulation. Nous n’allons pas seulement faire, ce que l’on appelle dans le jargon
parlementaire, des amendements d’appel. C’est-‐à-‐dire que nous acceptons de le retirer à la demande du gouvernement. Nous allons défendre nos propositions et montrer, ce faisant au pays, à l’électorat de gauche, à tous ceux qui attendent quelque chose, tous ceux qui
désespèrent de voir qu’il se passe, nous allons leur montrer qu’il existe des femmes et des hommes d’abord à l’assemblée, j’espère au Sénat aussi, et demain plus largement lorsque les militants seront appelés à se prononcer dans le parti, qu’il existe des hommes et des femmes qui
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dans la période veulent relever au sein du Parti socialiste et avec, si c’est possible, nos
partenaires, l’honneur et la dignité de la gauche française.
Je terminerai par là. La convergence c’est demain dans ce combat parlementaire, que nous allons en faire la première expérience. Les amendements que nous amenons dans l’hémicycle, nous les amenons devant l’ensemble représentation nationale. Et par conséquent, nous
créons les conditions devoir avec les uns et les autres s’il est possible de faire ce bout de chemin. Et si nous y parvenons, ce n’est pas acquis d’avance, les complications politiques existent –vous verrez le feuilleton médiatique de la semaine autour de la discipline au sein du
groupe socialiste – mais si nous y parvenons, je pense que nous aurons franchi une étape qui fera date.
Compte-‐Rendu Réunion Publique Un Monde d’Avance « Comment rassembler la Gauche ? »
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INTERVENTION D’HENRI EMMANUELLI, Député des Landes, Président du CG des Landes, Animateur d’Un Monde d’Avance
« C’est l’année de l’anniversaire de Jean Jaurès et entendre dire que la gauche peut mourir m’a beaucoup choqué. Je ne sais pas si la gauche peut mourir ; mais ce que je sais c’est qu’on doit tout faire pour qu’elle vive.»
« Pour que la gauche vive il faut qu’elle soit rassemblée. Elle arrive à survivre séparée, mais si on veut qu’elle vive réellement il faut qu’elle soit rassemblée. »
« Les militants sont aujourd’hui considérés comme des moutons alors qu’on devrait les considérer comme des citoyens capables d’autonomie. Il faut les remettre au centre du jeu. Je propose que nous lancions une pétition dans le Parti socialiste. »
Pour visionner la vidéo de
l’intervention : https://www.youtube.com/w
atch?v=IXp1cI7ZVy8
Discours
Je voudrais d’abord remercier la présence de Pierre Laurent. C’est l’année de l’anniversaire de Jean Jaurès et entendre dire que la gauche peut mourir m’a beaucoup choqué. Je ne sais pas si la gauche peut mourir ; mais ce que je sais c’est qu’on doit tout faire pour qu’elle vive. Nous sommes dans une situation difficile sur le plan international et en Europe. Cette « stagflation » devient inquiétante. En France nous avons vécu les municipales et les européennes. Les sympathisants sont passés de l’étonnement à la sidération. Pour que la gauche vive il faut qu’elle soit rassemblée. Elle arrive à survivre séparée, mais si on veut qu’elle vive réellement il faut qu’elle soit rassemblée. Je suis d’accord avec Pierre Laurent, nous ne pouvons être rassemblés que sur des projets, pas seulement sur des effets de salle ou pour constituer des listes pour les élections. C’est à partir des sujets de fond, et il y en a, que l’on peut construire quelque chose ensemble.
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J’ai bien entendu Jean Christophe Cambadélis qui va lancer les Etats Généraux de la Gauche. Il y a juste un problème : rassembler la gauche implique que l’on change de politique. Avec la ligne actuelle, je ne vois pas comment la gauche peut se rassembler. Je suis aussi sidéré par le rôle qui est donné au Parlement. Si nous sommes les frondeurs, qui est Louis 14 ? Je voudrais remercier les camarades qui ont travaillé pour essayer d’infléchir cette politique. Ca n’est pas quelque chose de très transgressif, cela n’est même surement pas assez pour nos partenaires de gauche. Le premier ministre aurait mieux à faire que le conseiller principal d’éducation. Je le dis comme je pense. Alors qu’est-‐ce qu’on peut faire ? Les militants sont aujourd’hui considérés comme des moutons alors qu’on devrait les considérer comme des citoyens capables d’autonomie. Il faut les remettre au centre du jeu. Je propose que nous lancions une pétition dans le Parti socialiste. Il y en a une qui doit considérer les institutions. Tout est bloqué. Aujourd’hui ce n’est plus possible : ce système est bloqué, indépendamment des personnes qui occupent les postes suprêmes. Les institutions, qu’on a commencé à modifier en 2001, ne peuvent plus fonctionner normalement. Il faut aller jusqu’au bout de la réflexion. Il faut demander à notre parti une convention sur nos institutions. Il faut que le sujet soit abordé et débattu. On verra bien si les militants jugent que les parlementaires ont trop de pouvoirs ou pas. Il y a une deuxième pétition à faire également sur la réorientation de l’Europe. Il faut que l’on ait un débat dans le Parti socialiste. Il faut demander aux militants s’ils souhaitent, ou pas, qu’il y ait des conventions thématiques sur des sujets comme celui-‐là. Il faut qu’on bouge, à l’intérieur du parti, comme à l’extérieur, sinon on risque l’accident. Il ne suffira de brandir les problèmes du FN ou de chercher le miracle dans le front républicain. Nous avons perdu les catégories populaires. Elles ne vont pas revenir de façon évidente. Je crains qu’une partie des militants UMP soient ralliés à l’alliance avec le FN. La bataille qui va se jouer à l’UMP va être celle-‐là Ce sujet peut dessiner une situation ultra dangereuse. Je ne crois pas au rassemblement contraint de la gauche. Cela doit être voulu, souhaité et attendu. Les élites préparent les esprits à la banalisation de l’extrême droite. Comme si avoir le FN au second tour de l’élection était finalement quelque chose de banal. J’espère que la discussion avec nos partenaires sera fructueuse et qu’elle pourra se poursuivre.
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INTERVENTION DE MARIE-NOËLLE LIENEMANN, Sénatrice de Paris Animatrice de Maintenant La Gauche
« L’abstention et le vote FN sont deux miroirs d’une même réalité. Dans l’Histoire, on a vu que nous n’étions pas capable d’affronter de telle crise si la gauche n’est pas rassemblée.»
« Nous ne reconstruirons pas la gauche si nous n’avons pas des convergences tangibles à proposer qui éclaire le long terme mais qui répondent aussi à l’urgence sociale et économique.»
« L’unité n’est pas uniquement nécessaire pour 2017. Elle est nécessaire ici et maintenant autour d’un pacte de convergence. Si nous sommes unis, nous sommes en condition de changer le rapport de force au sein de la gauche et du pays.»
Pour visionner la vidéo de
l’intervention : https://www.youtube.com/watch?v=5cIqSJDny4w
Discours
Merci à Un Monde d’Avance d’avoir initié cette rencontre. Il y en a beaucoup en ce moment,
mais elles sont toutes nécessaires. Nous sommes dans un contexte dangereux, dans une crise qui vient de loin et qui s’est considérablement accélérée depuis deux ans.
Le fait que le FN soit en tête en France ne doit en aucun cas être banalisé. L’abstention et le vote FN sont deux miroirs d’une même réalité. Dans l’Histoire, on a vu que nous n’étions pas
capable d’affronter de telle crise si la gauche n’est pas rassemblée. On prend souvent l’exemple du Front populaire. Ce n’était pas qu’un front anti fasciste mais également un front de progrès social. Si on demande à nos citoyens de s’unir seulement pour éviter qu’au deuxième tour on ait
le Fn face à la droite, ça ne marchera pas. En revanche la crise impose le rassemblement de la gauche très rapidement.
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La question est de savoir comment on peut réussir et dans quelles perspectives ?
Il y a deux ans une majorité de français ont voté à gauche. Bien sûr à chaque fois que l’on gagne
on nous explique que c’est parce que la droite est divisée. Pourtant je ne vois pas par quelle réalité politique la gauche ne serait jamais majoritaire dans ce pays. La réalité est plus complexe. Dans ce pays républicain il y a toujours un équilibre gauche-‐droite instable : le camp qui gagne
est celui qui est le plus rassemblé et qui préempte le projet républicain. Celui qui incarne une période historique et la manière dont la France définit son horizon politique. Si Hollande a gagné c’est que plusieurs forces se sont rassemblées autour des engagements qu’il avait pris avec les
Français qui constituaient des raisons d’espérer, un réformisme pour voir autrement notre avenir.
Les élections de 2012 portaient en germes les difficultés que nous avons aujourd’hui. Nous ne sommes pas arrivés au pouvoir avec une plateforme qui rassemble l’ensemble des forces de
gauche. Le club Gauche avenir avait essayé de regarder tous les programmes pour voir si le champ des convergences si il y avait possibilités d’avoir une plateforme législative commune. C’est la première fois de l’histoire que la gauche ne se rassemble pas dans un Gouvernement
pour gouverner.
Nous ne reconstruirons pas la gauche si nous n’avons pas des convergences tangibles à proposer qui éclaire le long terme mais qui répondent aussi à l’urgence sociale et économique.
La gauche ça n’est pas que les partis politiques. C’est aussi les syndicats. Le monde du travail
c’est la gauche. Les associations c’est la gauche, toutes celles et tout ceux qui militent pour tant de causes que le projet de la gauche fédère. C’est aussi la gauche citoyenne, l’initiative individuelle à celui qui prend sa part dans la solidarité. Si nous oublions ces composantes de la
gauche, nous risquons de passer à côté des enjeux. Il faut rénover les pratiques. Comment on coalise des femmes et des hommes qui s’engagent autour d’objectifs communs.
Est-‐ce normal que les syndicats, qui ont largement participé à la victoire d’Hollande, ont le
sentiment de ne pas être entendu ? Systématiquement leur donner tort cela commence à poser problème.
Il faut trouver des occasions, des évènements, des contenus qui nous rassemblent. Nous avons besoin d’une discussion stratégique sur le contenu de notre rassemblement. Il faut que
cette discussion ait lieu rapidement. Nous devons sortir de la logique « there is no alternative ». Nous ne sommes pas seulement ceux qui râlent.
Quelles sont les thèmes sur lesquels nous pouvons converger ?
Nous sommes majoritaires à gauche pour refuser les politiques d’austérité. Il y a beaucoup de convergences sur le fond de ce qui faut faire.
Aussi sur les institutions. Il y a urgence. Notre premier ministre que l’Assemblée Nationale, si on
lui donnait trop de pouvoirs, c’était dangereux. Moi je pense exactement l’inverse. Nous avions pris l’engagement de la proportionnelle. La gauche ne s’unira que si sa diversité est prise en compte et représentée. Le combat de la proportionnelle n’est pas un combat des minorités,
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mais un combat que doit porter toute la gauche. Nous pourrions travailler ensemble à un
schéma institutionnel contemporain qui introduise les aspirations nouvelles à la démocratie.
Nous avons des convergences sur l’industrie. Je pense à la triste actualité sur Alstom. 78% des français souhaitent une intervention publique dans le choix des grandes filières industrielles. Il faut reprendre en main notre capacité à intervenir sur le champ industriel et sur sa mutation.
La transition écologique est la plus compliqué à se décider entre nous. Pour ma part, je fais
partie des gens très réservés sur le nucléaire. Sur ce sujet il y a des compromis dynamiques à trouver. Ils sont possibles.
Et enfin, sur la question européenne, la crise n’est pas derrière nous. Il y aura d’autres cracs bancaires. Une nouvelle étape de la loi bancaire doit voir le jour pour aller vers la séparation et
la maitrise de la finance.
L’unité n’est pas uniquement nécessaire pour 2017. Elle est nécessaire ici et maintenant autour d’un pacte de convergence. Si nous sommes unis, nous sommes en condition de changer le rapport de force au sein de la gauche et du pays.
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INTERVENTION DE REMI DEMERSSEMAN-PRADEL, Animateur de la Motion 4 au Parti Socialiste Porte-‐parole de NVS – Nouvelle Voie Socialiste
« Si nous voulons rassembler les citoyens de gauche, il faudra d’abord trouver les solutions à l’écoute, la communication et la solidarité, faisant cruellement défaut là où on souffre le plus.»
« Nous pouvons maintenir la gauche dans une dynamique de réelle transformation sociale. Nous pouvons le faire et c'est NOTRE responsabilité pour la gauche, pour les français. »
Pour visionner la vidéo de l’intervention : https://www.youtube.c
om/watch?v=CD4B61ffL5g
Discours
Membre du Bureau National du PS, j‘y représente les militants de la Motion 4, « Oser. Plus loin, plus vite. », qui ont choisi de s'indigner derrière Stéphane Hessel avec lequel
nous avons dit, dès 2012, que les choix économiques du gouvernement n'allaient ni assez loin ni assez vite pour transformer notre société. Je suis également un simple militant puisque je ne suis pas élu. C'est une de nos spécificités : nous sommes des citoyens, des
ouvriers, des enseignants, des dirigeants d'entreprise, mais pas des professionnels de la politique, ni des élus. C'est la voix des simples citoyens que nous voulons représenter.
Comment rassembler la gauche ? J'aurais envie d’abord d’évoquer le malaise qui traverse la gauche. Celui du militant, de l'élu, du fonctionnaire. Le malaise du créateur, de l'associatif, de l’autoentrepreneur. Le malaise des étudiants, des lycéens, du retraité, de
l'immigré, du syndicaliste. Ce malaise c'est celui de l'absence de perspective: aujourd'hui nos concitoyens ont l'impression que le socialisme au pouvoir se réduit à la diminution des dettes, sans perspectives de transformation de notre société.
Mais la fuite des militants et des électeurs n'est pas seulement celle de notre idéal. C'est
aussi celle de la réussite. La voie choisie plonge tout le monde dans l'incertitude, la peur d'un échec pour notre vivre ensemble. La réduction des budgets est une réduction des
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l'immigré, du syndicaliste. Ce malaise c'est celui de l'absence de perspective: aujourd'hui
nos concitoyens ont l'impression que le socialisme au pouvoir se réduit à la diminution des dettes, sans perspectives de transformation de notre société.
Mais la fuite des militants et des électeurs n'est pas seulement celle de notre idéal. C'est aussi celle de la réussite. La voie choisie plonge tout le monde dans l'incertitude, la peur
d'un échec pour notre vivre ensemble. La réduction des budgets est une réduction des politiques publiques qui sont la base de ce vivre ensemble. La captation des richesses par quelques-‐uns, l'absence d'une transformation économique impulsée par une politique
active contre le système financier, en est l'illustration. Je rappelle que l'année dernière 500 français se sont enrichis de 80 milliards € tandis que 900.000 des nôtres sont tombés sous le seuil de pauvreté, que la France a connu plusieurs dizaines de milliers de
chômeurs supplémentaires et que la croissance n'est pas revenue. Face à de tels résultats, tout conseiller économique dirait à l'Elysée de changer de
politique. Sauf si c'est un ancien de la bank of America.
Cette mobilisation, nous l'avons constatée lors des 2 votes qui viennent d'avoir lieu. Quelle Tristesse. Quel terrible résultat ! Avec ces 2 sanctions, français n'ont pas dit qu'ils ne comprenaient pas la politique menée, mais qu’ils la refusent. La non-‐distribution des
richesses depuis 2 ans, la séparation incomplète des banques, la non-‐inversion de la courbe du chômage, l’augmentation de la TVA, l’allongement de la durée de cotisation des retraites, le report perpétuel du retour à la croissance, etc ... D'ailleurs il est triste de
continuer à se méprendre ainsi concernant la croissance. Cela fait 40 ans que, malgré tous les plans, il est impossible de retrouver une croissance suffisante pour relancer à elle seule durablement l’emploi. Nous pouvons donc enfin admettre qu’elle ne reviendra
probablement pas, apprendre à vivre sans croissance économique. Il est temps d'arrêter de croire que la croissance reviendra, comme il ne faut pas croire que les électeurs
recommenceront tout seul à voter à gauche lors d'un prochain cycle électoral. Nous vivons moment historique aux conséquences pas anodines. Les partis
traditionnels, et notamment le socialisme du PS, n'incarnent plus l'espoir. La gauche n'incarne plus l'espoir... Lors des européennes, seuls 6% des électeurs ont voté socialiste. 6%... Nos partis traditionnels sont trop fermés aux débats et trop souvent occupés à
choisir des candidats ou négocier ces candidats entre eux. Il ne faut pas oublier que « le socialisme c’est chercher la vérité et la dire ». C'est ce que les français attendent de nous ! Les français sont en colère, ils n'en peuvent plus de nous ! Ils se sentent perdus et ils
votent tout sauf nous ! Ils n'en peuvent plus d'une politique qu'ils ne reconnaissent pas, une politique pour laquelle ils n'ont pas voté et qui ne marche pas. À gauche, en plus de ces problèmes de fond, nous avons également perdu la bataille de
la communication et de la solidarité. Les résultats des élections municipales et européennes ont montré que les idées développés par l'extrême droite, relayées par une certaine droite et peu combattues par une certaine gauche, ont conquis les citoyens à
travers tous les moyens de communication. Le FN, avec 2.500 militants entraînés à cet exercice, dans leurs tracts, sur les marchés, dans les médias, sur les blogs, sur les réseaux
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sociaux, ont diffusé leurs idées, surtout en direction des jeunes, juste comme des
évidences, sans développer le moindre début de solution. Et ça a marché. Et nous, qu’avons-‐nous fait pour communiquer en masse auprès de tous ces citoyens en
déshérence ? Auprès de tous ces jeunes (et moins jeunes d’ailleurs) rompus aux technologies nouvelles de communication, auprès de tous les médias et moyens de communication ? Il y a là matière à réflexion et plan d’actions, si nous voulons rassembler
la gauche.
Il y a aussi des appels à solidarité qui ont été nombreux. Des grèves devant les entreprises en danger de pertes massives d’emplois, des mobilisations syndicales, des manifestations perlées mais importantes d’associations, …, tous appelant à l’aide, au
soutien et à des mesures les touchant directement. Aujourd’hui il y a une grève dans les transports (SNCF, mais pas que), une mobilisation importante des intermittents du spectacle, …
Et qu’avons-‐nous fait, que faisons-‐nous pour nous porter à leur écoute, pour leur porter
notre soutien, notre solidarité et nos solutions ? Nous débattons beaucoup entre nous, sans nous adresser vraiment à eux, loin de leurs préoccupations premières et de leur demande d’écoute et de considération. Il y a là aussi matière à réflexion et plan d’actions.
Si nous ne nous attaquons pas à ces deux questions, alors il ne faudra pas s’étonner du désintérêt pour le politique, de l’augmentation de l’absentéisme aux élections, du succès
des extrêmes, mais surtout du succès de tous ceux qui tiennent les pouvoirs et ne veulent pas ni les remettre en cause, ni les partager. Alors, si nous voulons changer la société pour un autre développement, harmonieux et plus distributif (le « bien vivre »), si
nous voulons rassembler les citoyens de gauche, il faudra d’abord trouver les solutions à l’écoute, la communication et la solidarité, faisant cruellement défaut là où on souffre le
plus.
Sur un plan économique nous avons fait des propositions : accepter l'absence d'une croissance qui viendrait de l'extérieur pour sauver la France, engager une démarche volontariste de redistribution des richesses spoliées par quelques-‐uns au détriment de
l'ensemble de notre population, taxer le patrimoine en remplacement des revenus, séparer réellement les banques, permettre à la BCE de financer les Etats, redonner un rôle à la monnaie, instaurer un revenu de base universel, répartir le travail, ...
Ce sont des propositions sur lesquelles nous appelons à travailler toutes celles et ceux qui veulent redonner à la gauche une position de transformation de la société, « faire
société ». Nous sommes déterminés à permettre tous les apports possibles à cette réflexion, au sein de toute la gauche, et nous apporterons notre énergie dans ce travail fondamental pour l'avenir.
Car tout cela constitue un programme de gauche. Un programme qui peut être mené par
une alliance de toute la gauche. Nous sommes, par notre lien à Stéphane Hessel, très
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attachés au Conseil National de la Résistance. Le CNR a été la démonstration qu’un
rassemblement était possible, à la suite d’une catastrophe. À nous de le faire cette fois AVANT la catastrophe démocratique. Nous pouvons réenchanter la gauche !
Il existe une autre proposition qui est autant une demande de la population qu'une bonne logique dans le contexte actuel : nous devons changer rapidement nos pratiques. Organisons un vrai travail démocratique ouvert au-‐delà de nos partis. Un vrai travail
collaboratif. C'est l'attente des français. Les français sont connectés, en réseau, simplement. J’ai été marqué par le résultat d'un nouveau parti qui, en 6 mois, avec des pratiques nouvelles, a réuni 8.000 adhérents et 570.000 voix. 570.000 voix… C’est bien le
signe que les citoyens sont intéressés par la politique. D’ailleurs, les mouvements citoyens progressent, comme « bleu-‐blanc-‐zèbre » et autres. Cela confirme que les citoyens s'intéressent à la politique. D'une nouvelle manière que nous devons apprendre
pour que la gauche reste dans la course.
Et puis, ne laissons plus les think-‐tank d'experts et les fondations dire ce que doit être notre politique. De la même manière qu’il faut défendre les services publics en ne les confiant pas à des prestataires extérieurs, nos mouvements et partis politiques ne
doivent pas laisser à d'autres leur travail de réflexion. Ce travail doit être réalisé en notre propre sein, avec notre population militante et au-‐delà. Les partis ne sont pas des réserves de bras pour distribuer des tracts, ce sont des lieux de réflexion et de vie des
idées. Avec cette ouverture de la réflexion a l'ensemble de la population, avec une approche
terrain de la solidarité, avec également des mesures redistributives des richesses, en prenant acte du changement de monde qui est le nôtre, un monde sans croissance économique, nous pouvons maintenir la gauche dans une dynamique de réelle
transformation sociale. Nous pouvons le faire et c'est NOTRE responsabilité pour la gauche, pour les français.
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INTERVENTION DE FANELIE CARREY-CONTE, Députée de Paris, Initiatrice de l’Appel des 100
« Pour mettre en œuvre le rassemblement de la gauche, alors il faut changer de politique. Mais au-delà, il faut une réorientation si nous voulons que la gauche survive. La conviction que nous avons, c’est que la politique menée aujourd’hui par le gouvernement n’est pas en mesure d’améliorer la vie des gens. Les solutions apportées sont économiquement inefficaces et socialement injustes. Et si nous voulons, y compris, mener la bataille contre l’extrême droite, il faut que la situation économique s’améliore.»
« Il faut que nous arrivions à construire cette dynamique politique sur le fond, sans nous laisser toujours rattraper par la logique institutionnelle de la Ve République. La question de la présidentielle qui a chaque fois nous a divisé, il faudra trouver un moyen d’en sortir par le haut. »
Pour visionner la vidéo de
l’intervention : https://www.youtube.com/watch?v=MEEt_VcKDTA
Discours
Je voudrais essayer d’apporter trois éléments supplémentaires.
D’abord, je voudrais faire une remarque sur ce que constitue à mon sens l’urgence du
rassemblement de la gauche. Nous n’avons pas assez pris la mesure du degré d’affaiblissement de la gauche dans notre société. J’ai récemment eu un échange avec un militant associatif des quartiers du 93. Cette personne-‐là se disait intéressée par la
politique, par la chose publique, par l’engagement, par contre le clivage gauche-‐droite ne lui parlait plus, c’était dépassée. Cette personne-‐là était de gauche mais ne se reconnaissait pas de ce camp-‐là. On a tendance en tant qu’élue, militante, à considérer
que ce sont des choses évidentes et acquises dans la population. Malheureusement, à cause du déplacement du curseur politique toujours plus vers la droite, et du discours qui consiste à dire qu’une seule politique est possible, ce clivage s’est beaucoup affaibli. Si
nous voulons relancer une dynamique de rassemblement, il faut une reconquête de ce que nous incarnons idéologiquement et qu’on s’attèle ensemble à ce rassemblement de la gauche. Car je crois qu’aussi, si nous n’avançons pas ensemble, nous n’arriverons pas à
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que ce sont des choses évidentes et acquises dans la population. Malheureusement, à
cause du déplacement du curseur politique toujours plus vers la droite, et du discours qui consiste à dire qu’une seule politique est possible, ce clivage s’est beaucoup affaibli. Si nous voulons relancer une dynamique de rassemblement, il faut une reconquête de ce
que nous incarnons idéologiquement et qu’on s’attèle ensemble à ce rassemblement de la gauche. Car je crois qu’aussi, si nous n’avançons pas ensemble, nous n’arriverons pas à agir de manière efficace.
Deuxième remarque. Quand on a dit ça, comment on fait ? Laurent (Baumel) vient
d’évoquer les étapes à très court terme, avec notamment le débat budgétaire, autour de la démarche des 100. C’est pour moi un élément important, parce que pour mettre en œuvre le rassemblement de la gauche, alors il faut changer de politique. Donc, il faut
saisir ces débats pour agir sur la réorientation. Mais au-‐delà, il faut une réorientation si nous voulons que la gauche survive. La conviction que nous avons, c’est que la politique menée aujourd’hui par le gouvernement n’est pas en mesure d’améliorer la
vie des gens. Les solutions apportées sont économiquement inefficaces et socialement injustes. Et si nous voulons, y compris, mener la bataille contre l’extrême droite, il faut que la situation économique s’améliore. C’est pourquoi ce combat à très court terme,
dans un cadre politique défini, est essentiel. Il faut créer les convergences dans l’hémicycle pour dire ce que nous voulons. Ça c’est sur le court terme.
Mais il y a un enjeu de long terme à construire un projet émancipateur. Parce que nous avons aussi conscience de quelque chose dans l’appel des 100, nous avons dit que nous
menions cette démarche dans le cadre des orientations économiques générales fixées par le Président de la République et le Premier ministre autour des 50 milliards d’euros d’économies. Nous avons respecté ça pour répondre à l’urgence, mais aussi pour montrer
que même dans le cadre de ces orientations, on pouvait faire mieux. Je crois que si nous voulons reconstruire un projet politique sur le long terme, y compris pour sortir de la
crise dans laquelle nous sommes plongés depuis des années, il faut qu’on invente quelque chose, que l’on sorte des cadres et des dogmes. Il y a un certain nombre de questions sur lesquelles il faudra qu’on travaille sur le fond, et quand je dis qu’il s’agit de
moyen et long terme, cela ne signifie pas qu’il ne faut pas s’y mettre tout de suite. On connaît ces questions-‐ là, plusieurs ont été évoquées : la transition écologique, la question du rapport à la croissance et aux richesses, la place du travail dans notre société,
le financement et le fonctionnement de notre protection sociale. Toutes ces questions sont sur la table. Et je voudrais dire aussi que je ne crois pas du tout aux théories du vide intellectuel et idéologique. Je crois au contraire que sur ces sujets-‐là, beaucoup de choses
ont été pensées dans le monde politique, intellectuel associatif et syndical. Si on arrivait à mettre en place des cadres pour penser ce projet de nouveau modèle de développement, ça ne nous prendrait pas si longtemps que ça.
Dernier élément. Nous allons être confrontés à un énorme défi : la confrontation
institutionnelle. Laurent a rappelé tout à l’heure à quel point les institutions de la Ve République paralysent et obèrent de manière extrêmement forte notre capacité à mettre en place des contre-‐pouvoirs et à changer les choses. Ces logiques nous font affronter un
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paradoxe : on construit une dynamique politique basée sur le fond et puis on nous
renvoie à l’éternelle question « qui sera votre candidat-‐e à l’élection présidentielle ? ». Je n’ai pas de réponse à la manière dont on se sort de ça. Je ne sais pas ce que l’on fera, mais ce qui m’apparaît évident, c’est qu’il faut que nous arrivions à construire cette
dynamique politique sur le fond, sans nous laisser toujours rattraper par la logique institutionnelle de la Ve République. Cette question de la présidentielle qui a chaque fois nous a divisé, il faudra trouver un moyen d’en sortir par le haut.
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INTERVENTION DE JEAN-MARC GERMAIN, Député des Hauts-‐de-‐Seine, Initiateur de l’Appel des 100 « Si au pouvoir on n’applique pas les idées que l’on a porté en étant dans l’opposition, c’est les hauts fonctionnaires qui prennent le pouvoir. Si on n’a pas la force de se référer à ce qu’on a porté, on en arrive à des renoncements.»
« Pour moi il y a une vraie rupture le 14 janvier 2014. C’est ce qui m’a conduit à dire ce n’est plus possible, à dire stop.»
« Il y a une dérive dans la Vème République. Dans notre démarche, nous demandons juste à ce que nos droits de parlementaires, inscrits dans la constitution, soient respectés. Aujourd’hui le président décide, et on nous cantonne à mettre en œuvre la feuille de route. Mais on n’est pas d’accord. Je ne sais pas combien on sera à la fin. On en tout cas on aura dit quelque chose. On est dans un problème de conscience. Pour le pays, la gauche et les socialistes on considère qu’on a le droit d’aller jusqu’au bout et de faire entendre notre parole.»
Pour visionner la vidéo de l’intervention : https://www.youtube.com/watc
h?v=x79_QbWJW-‐I
Discours
Je suis heureux d’être parmi vous. L’initiative que vous avez lancée est importante.
Comment faire l’unité de la gauche ?
Je crois qu’au fond ce que nous avons à faire, c’est de faire ce que nous avions dit quand nous étions dans l’opposition. Moi je ne partage pas l’idée qu’on n’aurait pas travaillé pendant et après le congrès de Reims. Nous avons d’ailleurs beaucoup convergé. Relisez les textes que nous
avons signés ensemble. Nous proposions des choses qui nous rassemblaient, aussi avec le PCF et les Verts.
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Si on fait l’effort de relire nos textes, on pourra y retrouver le retour d’un Etat stratège, la
nécessité de porter un modèle de société, la transition écologique, le mariage pour tous, que l’abandon sur la PMA a annulé.
Quand le premier ministre dit que la gauche ne s’était pas préparé à l’accession au pouvoir, il se trompe profondément. Si on avait fait ce qu’on avait dit que l’on ferait, les choses iraient
beaucoup mieux.
Qu’est ce qui s’est passé depuis 2012 ?
Quand on est dans l’opposition, il faut penser le monde. Cela vaut quand on arrive au pouvoir. Cela vaut quand on est candidat aux municipales, aux régionales et même aux présidentielles. On doit savoir ce qu’on va faire, du premier au dernier jour de notre mandat.
Depuis juin 2012, on a voté des textes qui étaient dans les 60 engagements de François
Hollande. En 2012, on avait commencé à aligner la fiscalité du capital sur celle du travail. On avait commencé à dérouler notre feuille de route. Et puis au fil du temps, on a commencé à renoncer. On a subit une conception de la république ou l’exécutif considère que c’est lui qui
décide. Mais si au pouvoir on n’applique pas les idées que l’on a porté en étant dans l’opposition, c’est les hauts fonctionnaires qui prennent le pouvoir. Si on n’a pas la force de se référer à ce qu’on a porté, on en arrive à des renoncements.
Mais pour moi il y a une vraie rupture le 14 janvier 2014. C’est ce qui m’a conduit à dire ce
n’est plus possible, à dire stop. On avait déjà eu une alerte avec le CICE, mais on admettait qu’il fallait aider les entreprises. Mais le 14 janvier, on a dit qu’on allaire rajouter 20 milliards d’euros pour les entreprises. Mais comme on avait pas les moyens pour les financer, on va les financer
en gelant les prestations, en augmentant les impots des classes moyennes et des plus modestes. Là on est plus du tout dans une application molle des 60 engagements, on est dans un contradiction fondamentale.
Cette politique va aggraver la situation sur le front de l’emploi. Tous les instituts le disent. Je
n’ose imaginer dans quelle situation nous serons dans 24 mois. On a pour l’instant un scénario macroéconomique qui nous conduit dans une grande difficulté.
Tous les économistes nous disent que ce sont les carnets de commande qui sont vides parce
qu’il n’y a pas de pouvoir d’achat.
Il y a une dérive dans la Vème République. Dans notre démarche, nous demandons juste à ce que nos droits de parlementaires, inscrits dans la constitution, soient respectés. Aujourd’hui le président décide, et on nous cantonne à mettre en œuvre la feuille de route. Mais on n’est pas
d’accord. Je ne sais pas combien on sera à la fin. On en tout cas on aura dit quelque chose. On est dans un problème de conscience. Pour le pays, la gauche et les socialistes on considère qu’on a le droit d’aller jusqu’au bout et de faire entendre notre parole.
On est arrivé dans une situation où la raison, les valeurs n’existent plus.
Ce que nous faisons au Parlement est important même si le chemin est difficile. Je me fais
parfois le reproche de n’avoir pas assez exercé mon devoir de parlementaire. Depuis que je
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me suis abstenu, les gens dans ma circonscription, ils viennent me voir pour me dire merci,
merci de me battre pour eux. Ils disent que c’est bien qu’un parlementaire exerce son pouvoir.
Une bonne loi ne peut se faire qu’au parlement, parce que nous connaissons le terrain, parce que nous passons des heures en auditions et en séance.
Les Français en ont marre qu’on leur dise que rien n’est possible à cause de Bruxelles ou des marchés financiers.
Moi je suis pour le Gouvernement, mais je veux qu’il réussisse. Je considère qu’on est face à
un tournant. Il faut faire des inflexions. Là on met 8 fois d’argent dans le pacte de responsabilité qu’on en a mis pour faire les 35h. Et on les donne sans contre parties. Depuis quand on fait des chèques sans demander des factures. Nulle part ça n’existe cette situation-‐là.
Nous, chaque fois qu’on donne 1€, on veut que ça retombe sur de l’investissement, de
l’innovation ou de la formation. Et là ça sera utile.
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REVUE DE PRESSE Pour des questions légales, nous ne pouvons vous fournir l’intégralité des articles dans lesquels nous apparaissons. Aussi, vous trouverez les références des journaux où se trouvent les différentes sorties presse. Journal du Dimanche, Dimanche 15 juin 2014
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Libération, Mardi 17 juin 2014
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L’Humanité, Lundi 16 juin 2014
Et aussi :
Dépêche AFP : Plusieurs responsables de gauche réfléchissent à un rassemblement http://www.20minutes.fr/politique/1401498-‐
plusieurs-‐responsables-‐de-‐gauche-‐reflechissent-‐a-‐un-‐rassemblement
Nouvel Observateur : A gauche, les "frondeurs" comptent leurs amis
http://tempsreel.nouvelobs.com/politique/20140616.OBS0667/a-‐gauche-‐les-‐frondeurs-‐
comptent-‐leurs-‐amis.html
Le Figaro : Fronde anti-‐Hollande : radiographie des forces en présence http://www.lefigaro.fr/politique/2014/06/16/
01002-‐20140616ARTFIG00146-‐fronde-‐anti-‐hollande-‐radiographie-‐des-‐forces-‐en-‐presence.php
L’Humanité : A gauche, le débat gagne du
terrain http://www.humanite.fr/gauche-‐le-‐debat-‐gagne-‐du-‐terrain-‐544517
Mediapart : Valls et Cambadélis veulent imposer au PS son aggiornamento http://www.mediapart.fr/journal/france/150614/valls-‐et-‐cambadelis-‐veulent-‐imposer-‐au-‐ps-‐
son-‐aggiornamento
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