a31 n°24 (11.86)
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8/11/2019 A31 N24 (11.86)
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Po ur l a s eco nd e f oi s d epu is l e d bu t d es an nes 80, la Belgique hr it e d e l a p rs id en ce
de la World Anti Communist League, la WACL, en la personne de Jos Desmarets
s n at eu r d u Par ti So ci al Ch rt ien 1). Un e o cc as io n p our nou s de rappeler ce qu est la
WA CL , et s on i mp or tan ce en B el gi qu e.
e officiellement en 1967, la
WACL succde la Ligue Anri-
Communiste des Peuples dAsie
APACL), fonde en 1954 par Tchiang
Ka Chek p our lu tt er c on tre l a Ch in e co m-
muniste de Mao Tse Toung.
Au dbut des annes 60, les services
secrets amricains transfrent en Asie du
Sud-Est les activits de certains de leurs
agents migrs de l Est, pour beaucoup
largement compromis avec les nazis. Leur
o rgan isat ion est lA nti -Bo lch ev ik Blo k of
Nations ABN). Des contacts se nouent
avec lAPACL et aboutissent
la cration
de la WACL.
u lqu s r pr s
A l origine, elle tient un discours anti-
communiste classique, dans le style des
annes maccarthystes. On connait moins
ses sponsors: la CIA, les services spciaux
de l OTAN, les gouvernements de Ta-
peh, de Soul et de Ryad; ni son parrain,
Ryochi Sasakawa. Ce milliardaire nippon
d evi en dra le prs iden t d e sa branche japo-
naise. Un personnage, ce Sasakawa. Pieux
organisateur des crmonies clbres en
l honneur des criminels de guerre japo-
nais, i l p erso nni fi era l a W A CL qu an d so n-
nera lheure des dfait es am ricaines dans
le Sud-Est asiatique.
Moins de cinq ans aprs sa cration,
l hgmonie de la. direction historique de
la WACL est conteste par une prolifra-
tion de groupes europens, latino-
amricains et arabes ultras. Leur prsence
et leu r p oid s s ont tel lemen t ap pa rent s q ue
p lus ie urs as soci at io ns ang lais es et n ord-
amricaines sobligent quitter cette
sainte alliance, laissant les organisations
modres encore plus isoles quaupa-
ravant. U n ex emp le s ign ificat if de ce g li s-
sement : l admission du MSI italien.
Durant les annes 70, les sections
latino-amricaines chappent au contrle
d e la di rection et ne sont souvent que lex-
pression des dictatures locales. En Europe,
des tensions opposent les anticommunis-
tes conservateurs aux no- fascistes intro-
d uit s d an s la W A CL av ec la co mp lici t d es
gens de l ABN. Ce sont les amricains qui
LA WACL EN BELGIQUE
vont reprendre en main lorganisation,
l purer jusquen 1983 et en faire un ins-
trument direct des groupes de pression
ultraconservateurs. Lartisan de cette
reprise en main est lex-gnral Singlaub
2).
Cette puration va de pair avec une
volution importante du rle de la
W A CL : elle devient un instrument actif
de soutien aux gurillas anti-communistes
dan, ., monde, et principalement au
Nicaragua, en
privatisant et en con-
tournant ainsi les blocages auxquels lad-
ministration Reagan doit faire face aux
Etats-unis mme.
Si lorganisat io n reg ro up e au jou rd hui
des reprsentants de la quasi totalit des
pays non communistes, les sections natio-
nales ne sont pas toutes aussi actives et
structures que son chapitre belge, la
Ligue Internationale de la Libert. ~
La L lL a
Cest en 1967 que Paul Vankerkhoven
t
fondera la bote aux lettres de la W A CL
en Belgique, avec l aide dEmile Lecerf ~
3). Catholique de tendance mauras- ...,
d
el
sienne, Paul Vankerkhoven poss e une
carte de visite impressionnante. Parmi les ~
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dizaines de cercles et mouvements o on
le retrouve, citons le Cercle des Nations,
le CEDI-belge, lAcadmie Europenne
des Sciences Politiques ... En raison de ses
fonctions la LIL et la W ACL, il entre-
tenait des rapports troits avec lABN.
Sil peut-tre qualifi de vritable che-
ville ouvrire de la LIL, c est le dfunt che-
valier De Roover qui en fut la vritable
me voir encadr). Dans cette phase de
construction de la LIL, cest plutt la
droite catholique qui constituait lossature
du mouvement. Ainsi, on retrouvait
notamment dans le comit de patronnage
Richard Beauthier dput PSC de Bruxel-
les e t b ou rgmestre de Ganshoren), Fran-
ois de Mrode, le professeur Florent Pee-
ters Universit de Gand), mais aussi Mar-
cei Barzin ancien recteur de lUniversit
Libre de Bruxelles).
Les catholiques noirs
Autre signe de cette hgmonie de la
droite catholique cette poque: la quasi-
similitude entre la direction de la LIL et
celle du Cercle des Nations CON).
Par lintermdiaire de la W ACL et de
sa section belge, le CON entretenait de
bonnes relations avec les groupes
dextrme-droite et mme
no-
nazis en
Belgique et ltranger. Dans ce milieu
de diplomates, dhommes daffaires et de
politiciens de droite qui frquentaient le
Cercle, linfluence amricaine tait trs
forte.
On y retrouvait au moins quatre per-
sonnalits de la haute socit qui entre-
tenaient depuis des annes des relations
avec les cercles dextrme-droite lorsquen
1974, ils semparrent de positions-cls
la tte du CEPIC de Bruxelles: le baron
Benot de Bonvoisin, Paul Vankerkhoven,
Edmond Nerincx et le chevalier Jean Brey-
deI. Paul Vankerkhoven fut donc, comme
nous pouvons le constater, un lment-clef
de tout ce qui touche aux milieux
dextrme-droite en Belgique. Cest
notamment
u
sa direction que le Cer-
cie des Nations rendit un vibrant hom-
mage en avril 1970 au rgime des colonels
grecs. En janvier 1976, il prit l initiative
d org an iser d an s les salons du CON un
cocktail l occasion du 10 anniversaire de
la dictature de Papa Doc Duvalier
Hati. Peu de temps auparavant, plus pr-
cisment le 11 juillet 1975, Vankerkho-
ven tait revenu d un voyage au Chili et
publia une interview du dictate ur Pi nochet
dans un mensuel proche du Cercle des
Nations, lEventazl
Damocls
Mais revenons la LIL, et plus prcis-
ment son priodique Damocls Il a suc-
cessivement chan t les lo uanges du rgime
des colonels grecs, du gouvern em ent a nti-
communiste du Sud-Vietnam, des rgimes
de minorit blanche de Ian Smith en Rho-
dsie et de Piet Botha en Afrique du Sud.
Les rfrences de ce priodique? Roger
Trinquier, par exemple, lidologue de la
lutte contre les maquis FNL en Algrie,
auquel
Damocls
emprunte la terminolo-
gie de ses th o rie s c ontr insurrectionnel-
les:
contre-information, dsinforma-
tion, anti-subversion
.
Ainsi nest-il pas
rare dy trouver des propos du style:
La
cinquime colonne idologique sovitique
manipule merveille les mdias occiden-
taux attaques contre les pays rsistants au
communisme: Salvador, Turquie, Maroc,
Tunisie, Argentine, Brsil, Afrique du
Sud, ... ) ou bien La diffrence entre
les gnraux polonais et les gnraux turcs
UN PRESIDENT
DE L W L
HEZ PINO HET
omme signal dans larticle, la
presse chilienne a rendu
compte de la visite de Robert
Close au gnral Pinochet. Ainsi, cette
photo illustrait un article reprenant
quelques propos attribus au snateur
belge, et publis dans le Mercurio
du 3 novembre 1983.
Sous le titre
Louverture
f vons r
l image du bilile journal men-
tionne que le prsident de la W ACL
indique que ce quil a pu voir de
notre pays diffre assez de limage
qu on en donne en Europe. Le sna-
teur belge R ob er t C lose e xp rimait hier
que louverture politique et le retour
la dmocratie favorisera l image du
Chili l ex tr ieur. C ette seule annonce
est dj trs favorable pour la position
internationale du Chili, surtout en
Europe . Et p lus loin, Respectueux
des Droits de lHomme, Close dit que
mme de vieilles dmocraties, quand
elles se trouvent menaces, ont adopt
certaines mesures, et que, so n a vi s,
des mesures prcises se justifient aux
moments durgence
.
est la mme que celle qui distingue les
tratres des patrio tes. L es g nraux de Var-
sovie sont rsolus extirper l e sprit de la
dmocratie et ceux dAnkara crer les
conditions qui permettront cet esprit de
spanouir
.
Notons encore que la LIL a
cre un Centre dinformation et de docu-
mentation qui diffuse des livres et des
priodiques sur l opposition en URSS et
sur limprialisme russe Il finance en
outre un Centre de Dfense Nationale
dont le prsident fut le commandant
Geo rge s R ombouts,
Le Front Ant icommuniste
Autre volet du dveloppement de la
W ACL en Belgique : la cration du Front
Anticommuniste AKF). Le 17 dcembre
1976, se tient Malines une assemble de
district du VMO. Il sagit dune rencon-
tre annuelle de tous les militants, organi-
se cette fois sur le thme
Infiltration et
constitution de fronts . Lorateur invit
est Maerten Van Nierop, membre avant-
guerre de la section hollandaise du Ver-
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dinaso. Van Nierop s installa en Belgique
au dbut des annes 50 pour y prendre
soin, jusqu sa m on en 1979, de la cor-
rection linguistique du journal e
Standaard .
Dans son discours aux militants du
VMO Malines, il parle de son dsir
dunification de l extrm e- dr oit e p ass an t
par dessus les diffrences idologiques
entre le VMO et les hritiers du VNV, et
par dessus la frontire linguistique en
direction du Front de la Jeunesse.
En vue de la constitution de cette avant-
garde, les dirigeants du VMO, du Front
de laJeunesse et du Solidaristische Bewe-
ging avaient eu auparavant des discussions
pour dvelopper le front des militants :
pour le mom ent avec un minimum de
publicit, en pratiquant en commun des
exercices de combat, l entranement et la
formation des militants Cela allait
aboutir la cration de lA nti Commu-
ni st is ch F ron t F ron t A nt i C om mu ni ste -
f\ KF ) q ui, crit P atrice Chair of f d ans son
Dossier no-nazi , est une cration de
la WA CL.
Cest au sein de la W ACL que le VMO
tait le plus solidement ancr sur le plan
international. Roger Spinnewijn, le dl-
gu du VMO au sein de la W A CL, crit
ce propos dans Alarm , de dcembre
1977 : Je ne considre pas cette organi-
sa tio n c om me l e s ain t de s sa in ts , m ai s e lle
e st a ctu ell em en t l a se ule in stitution repr-
sentative au niveau mondial. Je peux affir-
mer avec une certaine fiert que le VMO
s y sent plus laise que dans son propre
environnement flamand, o il doit tout
moment sattendre
un coup de couteau
dans le dos .
L A KF or ga ni sa it e nt re a ut re s d es s an -
c es d e nt ra n em ent c om mu n da ns l es te ch -
niques de combat sous l gide de 1Ecole
d e f or ma tio n c or por el le e t S pir it ue lle ,
fonde par Van Nierop qui y assurait lui-
mme la formation spirituelle
Le PRL
Deux vnements allaient cependant
branler ce lieu de contacts privilgis
e ntr e l a dr oite et le xt r me -d roi te q uest
la LIL.
D une pan, l a d ci si on p ri se a u n iv ea u
mondial dcarter les no-fascistes et les
no-nazis de la W ACL se traduira en Bel-
gique par la disparition de la LIL des
membres du VMO, du Front de la Jeu-
ne ss e e t de F or ce s N ouv el le s.
D autre pan, lclatement du CEPIC
Marie-France Garaud
affaiblira fortement les positions du noyau
dirigeant historique de la LIL, proche
de ce mme CEPIe. Un rapprochement
se fera alors avec le lobby m ili ta ri st e d u
Parti Rformateur Libral, dont l lment
l e p lu s connu est le gnral la retraite
Robert Close. Depuis plusieurs annes, un
a mi du g n ra l, le c om ma nda nt G eo rge s
Rombouts 4) prside aux destines du
chapitre belge de la W A CL, et en septem-
bre 1983, au 16
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J
.
>
o
z
Comit contre le neutralisme et pour la
paix organisation franaise dans laquelle
on retrouve Pascal Gauchon du Parti des
Forces Nouvelles et Suzanne Labin, de la
WACL franaise.
Pinochet
Sitt lu prsident de la W ACL, R.
Close se rend au Chili, o il rencontre le
prsident Augusto Pinochet , avec lequel
DE RO OVER
CHEVA LIER DE
L A NTICOMMUNISME
L
e rle du chevalier Marcel De
Roover dans les contacts entre les
militaires, lextrme-droite, les
partis traditionnels, les services secrets
et les milieux de la finance sur la base
de lanticommunisme est trs bien
dcrit dans le livre
Les plus belles
annes dune gnration de Walter
De Bock. Reprenons-en les lments
prmC1paux.
Ancien officier de carrire et ing-
nieur, il est, aprs 1917, li aux armes
bilorusses. Il ne cessera plus d entre-
prendre des actions anticommunistes,
soutenu en cela par la haute finance.
Mais cest aprs le dclenchement des
hostilits en 1940 quil donne sa pleine
mesure en organisant des groupes serni-
clandestins avec le vicomte Charles Ter-
l inden. Ces groupes poussaient le Roi
Lopold et son entourage instaurer
une dictature militaire en Belgique
avec laccord du Fhrer, et empcher
le retour de la dmocratie aprs le
dpart des allemands.
En
1941,
le baron de Launoit le
nomme directeur de la Brufma, et plus
tard il deviendra mme administrateur
de plusieurs filiales de ce holding.
A la fin de la guerre, il organise un
service priv de renseignements pour
le compte du baron, et met sur pied
un mouvement violemment anticom-
muniste
Paix et Libert , financ par
de Launoit, la Banque de Bruxelles et
Brufina. Cette organisation peut-tre
considre comme le mouvement pr-
curseur de la UL. Au 5
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G. Dumzil suite et fin
G. Dumzil naura pas eu le temps de
rpondre
la q uest io n qu i lui tait pose,
dans le n 23 dArticle 31, par un article
dont la vivacit avait t conue, il y a
quelques mois, ladresse dun vivant :
il est mort le Il octobre 1986. Les hom-
mages qui ont paru depuis se sont parfois
accompagns de prcisions peu connues,
et passes inaperues de nombreux jour-
nalistes. M. Olender indiquait ainsi dans
Libration 13/10/86) que G. Dumzil
a dmission du comit de Nouvelle
Ecole quand il a lu la prsentation aux
allures militantes que la revue faisait de
son uvre , et que dans lentretien quil
lui avait accord pour le Nouvel Obser-
vateur n 949), il expliquait la fois son
silence par un refus de s occuper des fan- C tait il a dix ans. Lu ne d es p lu s gr os ses es cr oq uer ies
tasrnes des autres , et son horreur de ~
politicofinancires de cette poque pourtant trouble batta
ce quil entrevoyait du monde indo- ~
son plein. Les avions reniflaient du vent tandis que les
europen. Cela na pas empch Le
Z finances de l Etat et de sa principale compagnie ptrolire
Matin
et le
Magazine Littraire
de persis-
c
taient pompes par de biens curieux shadoks.
ter jusqu en 1986 interroger Dumzil
propos de la Nouvelle Droite, comme le
faisait aussi larticle du numro prcdent.
Pour clre le dbat sur les positions per-
sonnelles de ce savant, nul ntait plus
minemment autoris que M.P. Vidal-
Naquet; il a bien voulu apporter le
tmoignage que nous publions ci-aprs.
En souscrivant au jugement de P. Vidal-
Naquet, il faut regretter que Dumzil ait
cru que les usages de la science, o le
silence nest pas un argument, rglaient
aussi Ia politique, o le silence est par-
lant , et que sa voix, si frquemment sol-
licite depuis quon le savait souffrant,
nait pas port davantage pour faire jus-
tice de l usage scandaleux notre
n 23, p. 17) qui est fait de son uvre par
la N ouv elle Droite. Sopposer lamal-
game cr et entretenu par la Nouvelle
Droite autour de Dumzil et des tudes
inde-europennes,
dnoncer lintolrance
qui se pare des plumes de la tolrance,
sans succomber ces travers contagieux,
reste lun des objectifs importants
dArticle 31.
aient le positiviste et ladmirable diteur
de documents, elle fait galement le meil-
leur de son uvre. Dans le travail de p uri-
fication quil a engag depuis 1948 et qui
procde de cette lucidit, on comprendrait
mal que G. Dumzil ne revienne pas lui-
mme sur sa caution donne au GRECE,
pour la critiquer.
Gilles Bounoure.
Tmoignage de Pierre
Vidal Naquet
Je crois que Dumzil est un conser-
vateur et un homme de droite. Il est
incontestable quil a eu des penchants
dAction Franaise et je lui ai crit moi-
mme ce que je pensais de Pierre Gaxotte.
Il est vrai aussi qu il mis longtemps
se dbarrasser de l e~combrant fardeau de
la
Nouvelle Ecole.
Mais il la fait et de
faon beaucoup plus nette que vous ne le
dire s. Je n e con nais, pour ma part, pas une
ligne de lui qui puisse tre qualifie de
raciste ou dantismite. Au contraire, il
rappelait mme rcemment, lors de
lmission dApostrophes, que la plupart
de ses matres taient des Juifs: Michel
Bral, Jules Bloch, Sylvain Lvi, Marcel
Mauss. En dpit de ce quil peut y avoir
dquivoque dans le volume de 1939 sUI
les Mythes et dieux des Germains, je ne
vois rien l qui puisse tre qualifi dapo-
logie du nazisme. Je crois tout de mme
que Marc Blo ch ne s y serait pas tromp ..
Si je suis dcid combattre la droit
ancienne et nouvelle, je nentrerai
s
dans une opration d amalgame ou d in-
tolrance. Dumzil a certainement e
b eau cou p de faiblesse pour Gaxotte, et ce
quil crit son sujet nest pas exact, m .
jentends le juger sur ce quil crit lui-
mme, et il s agit tout de mme d une
uvre qui fo rce ladmiration. En tout cas
il a 2 mienne depuis plusieurs dcennies
Je nai eu personnellement qu me lou
de sa gnrosit et je nentends pas chan-
ger d attitude. ~
Q U A N D L E S A VIO N S ~
R EN IF L A IE NT L E S M I L L IO N S S E NV OL A IE NT
U
ne banale affaire, somme toute,
qui a dgag des fins encore
mystrieuses 200 millions de francs
suisses de lpoque, somme rcupre par-
tiellement, il est vrai, par le grand ptro-
lier franais. Une banale affaire qui a
impliqu la haute finance suisse, des
milieux religieux lis au franquisme finis-
sant et la droite de la dmocratie-
chrtienne italienne, un cheveau confus,
enfin, de groupes, cercles et individus lis
des titres divers la droite europenne
la plus conservatrice et la barbouzerie
prive 1 anti-communiste.
Mais, pour dbrouiller cette affaire dite
des avions renifleurs , autant que faire
se peut, il faut partir du commencement.
Le 28 mai 1976, la socit Elf-Erap signe
un accord qui lui donne lexclusivit pour
lutilisation dun soi-disant procd rvo-
lutionnaire de recherche ptrolire. Ses
partenaires sont, dune part, les inven-
teurs, savoir le comte belge Alain de Vil-
legas et litalien Aldo Bonassoli, d autre
part un groupe financier constitu autour
du premier et dirig par Philippe de
Weck, prsident de lUnion ds Banques
Suisses. Laccord prvoit quElfErap ver:
sera au groupe financier la Fisalma)
somme de 200 millions de francs suisses
400 millions de FF). Une imp osan te sri
de so cits crans est mise en place po
camoufler un peu cette transaction et assu-
rer le fonctionnement de laffaire.
De puissants parrains
L a s uite est connue. De forages rats
fausses dcouvertes, de pannes en fonc-
tionnement dfectueux, Elf met prs d
trois ans dcouvrir la supercherie et
arrter les frais, non sans avoir dbou
plus dun milliard de francs tenter d
faire fonctionner cette abracadabran
quipe d avions et de derricks, de pilo-
tes et de gologues, de chteaux et de vil-
las, dinventeurs et de barbouzes.
Mai s comment, et par qui, des person-
nalits auss i s enses et pleines d exprien-
ces que Valry Giscard d Estaing, le minis
tre de lIndustrie Andr Girau
aujourdhui ministre de la Dfense natio-
nale) et les patrons successifs dElf, Pie
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Guillaumat et Albin Chalandon qui
poursuit sa brillante carri re comme minis-
tre de la Justice) ont-ils pu se laisser con-
vaincre d autant investir dans une affaire
aussi videmment farfelue
Un homme est en contact avec tous les
milieux concerns. Cest Matre Jean Vio-
let, un avocat franais dont l activit poli-
tique commence avant guerre dans lom-
bre de lorganisation secrte d extrme-
droite la Cagoule. Ds les annes 50, la
carrire de Violet se diversifie. Il est alors
un avocat daffaires international, hono-
rable correspondant du SDECE, en rap-
port notamment avec les services spciaux
allemands d u g n ral G ehl en. On le dit
galement trs proche de lOpus Dei.
Tout ceci lui procure un carnet dadres-
ses impressionnant dans les milieux catho-
liques ractionnaires. Il collabore entre
autres avec Franz-Josef Strauss, Alfredo
Sanchez Bella, ex-ambassadeur, ex-
ministre et ex-chef des serv ices s ecrets
espagnols, Antoine Pinay et dautres per-
sonnalits de mme calibre.
A partir de 1969-70, Violet cherche les
structures qui permettront ses amis de
raliser leur projet politique, savoir une
Europe forte, unie, sur des positions anti-
sovitiques forcenes. Pour ce faire, il sert
de lien entre plusieurs organismes assez
ferms. Il s agit tout dabord dun groupe
informel que lon appelle le cercle
Pinay et qui reg ro up e de s h ommes poli-
tiques, des banquiers, des journalistes con-
servateurs. Violet en est, dans lombre, le
rel animateur. Le cercle est en cons-
tante relation avec des botes penser
comme l Hritage Foundation ou l Insti-
tute for the Study of Conflicts ISC) de
Londres. Une autre de ses particularits est
la prsence ses runions de chefs ou
d anciens chefs de services de renseigne-
ments anglais, amricains, belges, alle-
mands et franais.
Paralllement au cercle, et sur lins-
tance de Brian Crozier, directeur de l ISC,
est constitue une organisation-transna-
tionale de scurit fonctionnant comme
un lobby pour llection conservateurs
comme Thatcher ou Strauss et recourant
toutes les techniques de la propagande
et de la dsinformation. Crozier travaille
en particulier avec Arnaud de Borchgrave
et Robert Moss. Les principaux dirigeants
des services franais et anglais voient d un
crs bon il les activits de ce groupe, au
point, dailleurs, quon est en droit de se
emander sil nest pas directement con-
trl par une branche du MI6 britannique.
Violet, donc, a toutes les entres et tous
les contacts ncessaires pour recommander
et soutenir les inventeurs des avions
renifleurs pendant toute la d ure de l af-
faire. Fort de ses relations politiques, il
impressionne les dirigeants franais. Fort
de ses liens avec la hirarchie catholique,
il peut f air e i nter ve nir les banquiers suis-
ses. Fort de ses co nt ac ts d an s l es s erv ices
secrets, il peut faire taire les soupons des
services de scutit dElf et organiser dura-
blement le secret sur toute l affaire.
La nbuleuse belge
Mais pourquoi Violet met-il tant
d nergie promouvoir ces deux obscurs
inventeurs que sont Alain Villegas et Aldo
Bonassoli C est que Villegas appartient
la composante belge du rseau Violet.
En Belgique comme ailleurs, ce rseau
repose sr une srie de groupes articuls
entre eux. La plus grande partie de son
activit est le fait de lAcadmie Euro-
penne de Sciences Politiques, fonde par
larchiduc Orto de Habsbourg. En 1969,
Violet en prend le contrle par l entremise
de son secrtaire gnral, Florimond Dam-
man. On trouve, parmi les financiers de
lAcadmie, le nom de Carlo Pesenti,
industriel italien trs proche de la droite
de la Dmocratie-Chrtienne. A partir de
1972, lAcadmie sefforce de mettre en
place un Mouvement dAction pour
lUnion Europenne qui servira d e li en
entre toutes les composantes du rseau
Violet. LAcadmie lance ensuite plusieurs
campagnes pour la libre circulation des
hommes et des ides entre l Est et lOuest,
pour le soutien lAfrique du Sud et pour
appuyer les forces ractionnaires au Por-
tugal notamment.
Les notes laisses par Damman sa mort
montrent que lAcadmie recevait et
dpensait beaucoup dargent. Ce sont les
italiens qui en assurent la plus grande par-
tie du fonctionnement jusquen 1976.
Survient une brouille, l effondrement de
la lire, la remise en cause de certaines
publications, il faut reconstituer des
ensembles de groupes financiers note
Jean Violet. Puis cest laccord Elf-Fisalma
de 1976 et les affaires semblent reprendre.
Aujourdhui encore, personne ne peut
dire avec certitude do venait l argent de
lAcadmie, du cercle Pinay et des autres
groupes, de 1976 1979. Personne ne
peut prouver quoi que ce soit sur lem-
ploi des fonds dgags par les reni-
fleurs . Il faut se contenter de supposi-
tions ou de p rs omptions. Le journaliste
Pierre Pan, d an s s on livre V dont nous
avons tir une grande partie de nos infor-
mations, savoue lui-mme, au terme
dune enqute de plusieurs annes, inca-
pable de conclure. Il remarque simple-
ment une impressionnante srie de con-
cidences . Par ailleurs, les notes posthu-
mes de Damman dmontrent l afflux
dargent vers par Violet et Villegas au
profit de lAcadmie, notamment en 1977
et 1978.
Dune part, une escroquerie poustou-
flante, monte et soutenue par le rseau
Violet, a cot une fortune la France,
dautre part, ce rseau a parfaitement
fonctionn pendant les trois annes durant
lesquelles cette affaire sest droule, Len-
qute en est l, obscurcie encore par la
complexit des liens des membres du
rseau Violet, par les rivalits qui les
dchirent en Belgique, par les hypoth-
ses que certains nhsitent pas faire sur
une possible liaison avec la loge P2 ita-
lienne. Quoi quil en soit, Article 31
reviendra sur la situation actuelle de cer-
tains protagonistes de cette affaire et ten-
tera de montrer ses lecteurs que si le cr-
dit de certains dentre eux s en est trouv ~
ruin, dautres continuent brasser ~
argent, ides et contacts. ~
Claude Dimenstein ~
ARi rIC LE 3
JIT POSTAL ~
42. 375152.7
pArviJ CEDE X 11 ~
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