180929 etude des filieres economiques et de formation
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ETUDE DES FILIERES ECONOMIQUES ET DE
FORMATION A FORT POTENTIEL D’EMPLOI
POUR LES JEUNES ET LES FEMMES
REPUBLIQUE du CAMEROUN, REGION de l’EXTREME-NORD
(ZAMAÏ, MOSKOTA, LIMANI, AMCHIDÉE, FOTOKOL, MAKARI, ZIMADO)
Août 2018
Atsuyuki KADO Isidore KEMAWOU FOTABONG
1
Sommaire Abréviation 2 Chapitre 1: CONTEXTE ET METHODOLOGIE 4
1-1) Arrière-plan 41-2) Qu’est-ce que l’approche 3x6 ? 61-3) Analyse des problèmes qui peuvent exister dans ce contexte 71-4) Détail de la méthodologie 9 Chapitre 2: RESULTATS DES ETUDES DE TERRAINS 112-1) Approche des autres organisations intervenant dans la région de
l’Extrême-Nord 11
2-2) Aperçu général dans les 7 localités cibles 17 Chapitre 3: RÉPERTOIRE DES AGR PERTINENTES POUR LES JEUNES EN QUÊTE DE CRÉNEAUX ÉCONOMIQUES PORTEURS
47
3-1) Explication de la structure du chapitre 47
3-2) Réflexion sur les formations précédemment organisées par le PNUD dans la région 47
3-3) Liste des métiers possibles dans la Région 49
3-4) Liste des AGR recommandées avec compte d’exploitation 523-5) Autres possibilités 68 Chapitre 4: ETUDE DES FILIERES 71
4-1) Etude de la filière riz 714-2) Etude de la filière poissons 814-3) Etude de la filière kits solaires photovoltaïque 89 Chapitre 5: CENTRES DE FORMATIONS ET FORMATEURS 97
5-1) Analyse des centres de formation et des formateurs 975-2) Formations proposées pour les centres de formations 98 Chapitre 6: AUTRES RECOMMENDATIONS ENVERS LE PROJET 105
ANNEXE
Annexe 1 : Liste de quelques centres de formations 111
Annexe 2 : Liste de quelques formateurs 112
2
Abréviation
ADES Association pour le Développement Economique et Social AER Agence d’Electrification Rurale AGR Activités Génératrices de Revenus AFD Agence Française de Développement Ah Ampère heure ALDEPA Association Locale pour un Développement Participatif et Autogéré ALVF Association de Lutte contre les Violences Faites aux Femmes APME Agence de Promotion des Petites et Moyennes Entreprises ARSEL Agence de Régulation du Secteur de l’Electricité AVZ Agent Vulgarisateur de Zone BIT Bureau International du Travail BTP Bâtiment et Travaux Publics CDD / Caritas Caritas Diocésaine et Développement / Caritas CGPRZ Comité de Gestion du Périmètre Rizicole de ZIMADO CPFF Centre de Promotion de la Femme et de la Famille CMPJ Centre Multifonctionnelle de Promotion des Jeunes ECAM Enquête Camerounaise Auprès des Ménages EFA Ecole Familiale Agricole FAA Food Assistance for Asset FAO Food and Agriculture Organization of the United Nation (Organisation des
Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture) FCFA Franc Colonies Françaises d’Afrique FFOM Forces, Faiblesses, Opportunités et Menaces FNE Fonds National de l’Emploi GIC Groupe d'Initiative Commune GIZ Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (Coopération Allemande
Internationale) ha hectare HIMO Haute Intensité des Mains-d’Œuvre IDP Internally Deplaced People (PDI : Personnes Déplacés Internes) INS Institut National de la Statistique JICA Japan International Cooperation Agency (Agence Japonaise de Coopération
Internationale) kg kilogramme kwh kilowatt heure m Mètre MINADER Ministère de l'Agriculture et du Développement Rural MINEPAT Ministère de l'Économie, de la Planification et de l'Aménagement du Territoire MINEPIA Ministère de l’Elevage, des Pêches et des Industries Animales MINPROFF Ministère de la Promotion de la Femme et de la Famille MINFOP Ministère de l'Emploi et de la Formation Professionnelle MINJEC Ministère de la Jeunesse et de l'Éducation Civique MINPMEESA Ministère des Petites et Moyennes Entreprises de l’Economie Sociale et de
l’Artisanat N/A Non Applicable OCHA UN Office for Coordination of Humanitarian Affairs OMS Organisation Mondiale de la Santé ONG Organisation Non Gouvernementale ONU Organisation des Nations-Unies PAIC Programme d'Appui à l'Initiative Communautaire PDRI Projet de Développement Rurale Intégré PAM Programme Alimentaire Mondial (WFP : World Food Programme) PME Petites et Moyennes Entreprises PARSE Projet d'Appui à la Résilience Socio-Economique des Jeunes PDI Personnes Déplacées Internes
3
PNDP Programme National de Développement Participatif PNUD Programme des Nations Unies pour le Développement PRODERIP Projet de Développement de la Riziculture Irriguée et Pluviale PT Prix Total PVU Prix de Vente Unitaire Rlx Rouleaux SAILD Service d'Appui aux Initiatives Locales de Développement SEMRY Société d’Expansion et de Modernisation de la Riziculture de Yagoua SAR SM Section Artisanale Rurale / Section Ménagère SWOT Strength, Weakness, Opportunities, Threats (FFOM : Forces, Faiblesses,
Opportunités, Menaces) TIC Technologies de l'Information et de la Communication TVA Taxe sur la Valeur Ajoutée THIMO Travaux à Hautes Intensités de Main d’Œuvre UE Union Européenne UNFPA United Nations Population Fund UNICEF United Nations Children's Fund UNHCR United Nations High Commissioner for Refugees US United States V Volt Wc Watt crête
4
Chapitre 1 : CONTEXTE ET METHODOLOGIE
1-1) Arrière-plan
La région de l’Extrême-Nord est la deuxième région la plus peuplée du CAMEROUN
après la région du Centre, ce qui implique qu’il peut y avoir un grand marché disponible
pour les affaires. Toutefois, la situation des jeunes et des femmes est très précaire dans
cette région en général et en particulier dans les zones de crise.
Avant l’arrivée de Boko Haram, l’Extrême-Nord était déjà la région la plus pauvre du
CAMEROUN, avec 74.3% de la population vivant sous le seuil de pauvreté (la moyenne
nationale du taux de pauvreté1 étant de 34.5%). La population de l’Extrême-Nord est
estimée à environ 4.3 millions d’habitants, avec environ 1.5 million de jeunes, soit
35.2 % de la population de la région2. La secte islamiste Boko Haram du NIGERIA a
causé 91 000 réfugiés Nigérian au CAMEROUN et 236 000 déplacées internes dans la
région de l’Extrême-Nord du CAMEROUN. Les exactions de Boko Haram ont aggravé
la situation et, plus que par le passé, l’Extrême-Nord est perçu comme une région à
assister et non comme une zone d’opportunités économiques.
La fermeture de la frontière avec le NIGERIA a ravagé l’économie locale. Le conflit a
affaibli le tissu commercial local, appauvrissant des milliers de commerçants qui
dépendaient des échanges avec le NIGERIA et empirant la situation économique déjà
précaire des habitants de cette région écologiquement fragile. Le taux de chômage des
personnes déplacées à l'intérieur du pays est très élevé dans la région et les jeunes,
inoccupés à longueur de journée sont exposés à l’extrémisme violent et à la
consommation des drogues. Ce qui aurait conduit 3 500 à 4 000 jeunes Camerounais à
rejoindre les rangs de Boko Haram.
La situation de la femme et de la jeune fille n’est pas plus reluisante, malgré les efforts
fournis par les femmes pour leurs communautés, elles sont traditionnellement victimes
d'actes de violences qui ont conduit à la dévalorisation de leur statut social et
économique. Elles n'ont pas accès au foncier du fait de l'insuffisance des terres
cultivables et du fait du système traditionnel de gestion des ressources naturelles qui
privilégie les hommes au détriment des femmes. La grande capacité d’adaptation et de
résilience des populations face à la crise, offre aujourd’hui aux gouvernements et aux
1 Institut National de la Statistique (INS), Décembre 2015, « Quatrième enquête camerounaise auprès des
ménages (ECAM4) : Tendances, profil et déterminants de la pauvreté au Cameroun entre 2001-2014 ». La Ligne de la Pauvreté a été fixé à 931 FCFA (1.42EUR) / jour.
2 Projections Population Cible Institut National de la Statistique (INS), 2016
5
partenaires nationaux et internationaux, la possibilité de mettre en place des politiques
de développement intégrant la diversité et la fluidité des traditions économiques de la
région de l’Extrême-Nord, carrefour des routes commerciales et des cultures.
Image 1-1 : 7 Localités objets de cette étude
6
Tableau 1-1 : Zone d’intervention
N Localité Arrondissement Département
1 ZAMAÏ MOKOLO MAYO TSANAGA
2 MOSKOTA MAYO MOSKOTA
3 LIMANI MORA MAYO SAVA
4 AMCHIDEE KOLOFATA
5 FOTOKOL FOTOKOL
LOGONE ET CHARI 6 MAKARI MAKARI
7 ZIMADO LOGONE BIRNI
Face à la précarité des jeunes et des femmes dans les zones de crise, le PNUD
CAMEROUN, en partenariat avec l’UNFPA a formulé un projet financé par les fonds
supplémentaires du Japon en 2018. Ce projet sera une réussite si au terme de 12 mois
de mise en œuvre, les jeunes et les femmes vulnérables des zones d’intervention
(ZAMAÏ, MOSKOTA, LIMANI, AMCHIDEE, FOTOKOL, MAKARI, ZIMADO) dans
l’Extrême-Nord du CAMEROUN sont économiquement renforcés et les capacités de
445 jeunes (50% sont des femmes) issue des 7 communautés à répondre à
l’extrémisme violent sont également consolidées à travers des mécanismes internes de
prévention spécifique à chaque communauté ou localité.
En vue de rendre effectif l’autonomisation des jeunes bénéficiaires des emplois
temporaires, il est prévu de leur proposer des formations techniques et professionnelles
pour leur insertion durable en emploi ou auto-emploi. Dans cette étude, une série de
formations sera proposée pour les jeunes et les femmes des localités cibles,
bénéficiaires de l’approche 3x6 du PNUD.
1-2) Qu’est-ce que l’approche 3x6 ?
L’approche 3x6 est une réponse organisationnelle mise en place par le PNUD pour
passer des interventions qui procurent un soutien immédiat aux populations affectées
par un conflit, à une approche intégrée qui crée les conditions permettant aux réfugiés,
personnes déplacées à l'intérieur et touchées par une crise, de contrôler eux-mêmes
leurs processus de développement. A travers l'approche 3x6, le PNUD cherche à
promouvoir des moyens de subsistance durables pour les groupes vulnérables. Ainsi, le
relèvement communautaire se fait grâce à la relance économique et la réintégration
socio-économique des communautés affectées par la crise.
L’approche 3x6 est constituée de trois (3) principes organisationnels et de six (6) étapes
comme l’indique le tableau ci-dessous.
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Tableau 1-2 : 3 principes et 6 étapes de l’approche 3x6
Principes
1-INCLUSION 2-APPROPRIATION 3-DURABILITE Création d’emplois temporaires Participation
volontaire Cohabitation et
cohésion sociale Conduit par la
communauté Création de
dividendes communs Stimulation de
l’économie locale
Soutien aux activités économiques développées en associations Promotion de l’épargne Responsabilisation Partage des risques Analyse des
opportunités (Etude sur le marché)
Acteurs du développement
Chaîne de valeur, pérennisation et voie de sortie Renforcement des
capacités productives
Développement des systèmes de marché
Création des emplois et des chaînes de valeurs économiques durables
Etapes
1. 2. 3. 4. 5. 6.
S’engager Générer
des revenus
Epargner Joint-venture,Co-entreprise
Investir
Accéder aux
marchés
Dans cette étude, il est suggéré une liste des Activités Génératrices de Revenus (AGR)
pertinentes pour les jeunes et les femmes à la recherche des opportunités d’affaires
rentables et pérennes ainsi qu’une présentation des besoins en formation des jeunes et
des femmes qui puissent contribuer à la réalisation des étapes 3.Epargne,
4.Joint-venture, 5.Investir, et 6.Accéder aux marchés. L’accent sera surtout mis sur la
création des emplois ou auto-emplois.
L’Objectif Général de cette étude est d’identifier les filières de formation prometteuses
et les domaines d’activités lucratives en vue de l’insertion économique rapide et durable
des jeunes bénéficiaires de l’approche 3x6 et suggérer quelques formations pour
renforcer les capacités des centres de formation et des formateurs locaux.
1-3) Analyse des problèmes qui peuvent exister dans ce contexte
a) Après avoir généré des revenus par la participation au «Cash for Work» ou «HIMO
(Haute Intensité de Mains-d’Œuvre)», les jeunes et les femmes cibles du Projet
devraient rentrer dans le principe d’appropriation (ownership) par l’Epargne
(saving) et s’engager dans les Joint-ventures. Mais, le taux de chômage étant déjà
très élevé, il est difficile de trouver pour toutes les populations cibles, des AGR,
appropriées et rentables.
b) Il se pourrait que certaines cibles ne puissent pas ou ne soient pas capables
d’épargner d’elles-mêmes suffisamment d’argent après avoir généré des revenus
par une activité HIMO, et pourraient avoir des difficultés à passer à l’étape 4
(Joint-venture) par manque de liquidité nécessaire au premier investissement.
8
c) À la vue de l’étendue géographique des zones de résidence des populations cibles
et des éventuelles problèmes sécuritaires dans les localités, il pourrait être difficile
dans la phase d’exécution du projet, de réunir fréquemment les bénéficiaires pour
un meilleur suivi post-formation ou intervention.
d) Les activités (maraîchage, couture, restauration, commerce…) pouvant être
sollicitées par les populations cibles très variées, il est difficile pour les exécutants
du projet de fournir efficacement des conseils professionnels dans tous les
domaines et dans les délais raisonnables.
e) Généralement, les personnes souhaitant démarrer une nouvelle AGR ont tendance
à choisir l’activité par effet de suivisme ou par imitation, ce qui conduit à un manque
d’originalités et/ou de créativités. Si tout le monde fait la même activité dans la
même localité, cela aura pour conséquence d’augmenter rapidement la
concurrence dans le segment d’activité et mener à la perte pour tous. Il faut de
nouvelles idées de services ou de produits avec une certaine valeur ajoutée, une
certaine originalité et qui soient réalisables localement.
f) La demande en formations adaptées aux personnes sous-scolarisées est très forte
dans les domaines tels que : le marketing, le management, la gestion comptable,
l’épargne, le montage des plans d’affaires, l’entrepreneuriat ou l’innovation.
L’avantage de ce genre de formations est qu’elles peuvent être dispensées en
même temps à une cible regroupant plusieurs secteurs d’activités. Par exemple, on
peut donner en même temps la formation aux participants qui pratiquent des
activités diverses et variées telles que : l’embouche ovine, la mécanique, le
maraîchage, le commerce...
g) Le manque de bons formateurs et d’institutions de formation crédibles dans les
localités cibles est un problème. Le système d’enseignement classique sous forme
de lecture/communication à sens unique n’est pas participatif et n’est pas
efficacement praticable sur le terrain. Il est important d’avoir une bonne stratégie de
sélection des futurs formateurs locaux devant être formés pour assurer la durabilité
du système économique.
h) Il y a des travaux/activités simples qui ne demandent pas beaucoup de technique
tels que balayeurs, vendeurs sur la rue, porteurs, pousseurs... dont les
rémunérations sont généralement très faibles. Il est important d’aider les jeunes
exerçant ce type d’activités à mettre en place leurs plans de carrières afin qu’ils
9
puissent avoir l’opportunité d’apprendre graduellement les notions telles que le
leadership, la gestion financières ou matériels… Il est important d’amener les
populations cibles à imaginer leur plan de carrière ou de progression.
1-4) Détail de la méthodologie
A-Phase Préparatoire a) Revue documentaire
Avant le démarrage de la mission, l’équipe a effectué une revue documentaire de
toutes les études similaires ou connexe qui ont été effectuées dans la région de
l’Extrême-Nord en particulier.
B-Phase d’Etude
b) Visite aux institutions gouvernementales, Bailleurs de fonds, ONG (intervenant
dans les zones ciblés), basées à Yaoundé
Tableau 1-3 : Organisations visité (ordre alphabétique)
Ministère MINEPAT, MINFOP, MINJEC, MINPMEESA
Institution étatique APME, FNE
Bailleur de fonds ou donateurs
Multi – latéral
BIT, OCHA, ONU FEMMES, PAM, PNUD,
UNFPA, UNHCR
Bailleur de fonds ou donateurs
Bi – latéral
AFD, GIZ, JICA
ONG Care International, CDD/Caritas, SAILD
Programme ou projet PNDP (Banque Mondial), PRODERIP (JICA),
Projet filets Sociaux (Banque Mondial)
Micro finance MUFFA CAMEROUN
c) Visite aux Chefs traditionnels (LAMIDO, LAWAL), Commerçants, Jeunes et
Femmes, Institutions Gouvernementales, Bailleurs de fonds, ONG intervenant
dans les 7 communautés cibles de cette étude dans l’Extrême-Nord.
L’équipe a utilisée comme méthodologie l’interview semi-structurée avec un canevas de
question et des « focus groupe » pour certaines cibles. L’équipe a dans certains cas
commencé ou complété l’interview par téléphone avant la descente ou après la
descente sur le terrain. Les résultats de ces interviews sont résumés sous forme de
SWOT (FFOM) croisé.
10
d) Etude approfondie d’une sélection de 3 filières d’activités avec toutes leurs
caractéristiques
À partir des activités de la longue liste d’AGR proposées, l’équipe a choisie 3 filières
(filière riz, filière poisson et filière kits solaires photovoltaïque) porteuses ayant un fort
potentiel d’emplois et de revenus pour les femmes et les jeunes. Les résultats sont
résumés sous forme de Business Model Canvas.
e) Etude approfondie sur les formateurs ou les lieux de formation
Une visite a été effectuée dans les institutions de formation ainsi qu’aux éventuels
formateurs locaux dans les 7 localités élargie aux chefs-lieux de départements
concernés que sont MORA, MOKOLO et KOUSSERI. Une liste des formateurs et des
centres ou lieux de formation est présentée comme résultat. Quelques formations sont
également proposées pour les centres de formation et les formateurs afin d’améliorer
leurs capacités.
f) Analyse et recommandations pour une meilleure mise en œuvre de l’approche
3x6.
Après analyse des informations recueillies sur le terrain, quelques recommandations
seront faites pour essayer de contribuer à une meilleure mise en œuvre du projet.
11
Chapitre 2 : RESULTATS DES ETUDES DE TERRAINS
2-1) Approche des autres organisations intervenant dans la région de
l’Extrême-Nord
2-1-1) Intervention des aides humanitaires ou au développement dans les 7
communautés
Le tableau ci-dessous indique les projets ou programmes d’aides humanitaires ou de
développement intervenant dans les 7 localités cibles de ce rapport.
En raison de la présence des camps de déplacés internes à ZAMAÏ et de la proximité
du camp des réfugiés de MINAWAO, la localité de ZAMAÏ connait une plus grande
concentration des interventions d’aides humanitaires et des partenaires au
développement par rapport aux 6 autres localités objets de cette étude. LIMANI et
AMCHIDEE qui ont été gravement endommagés par les attaques de Boko Haram
connaissent la plus faible présence d’aides humanitaires et des partenaires aux
développements en raison du niveau d’insécurité encore élevé du fait de la fréquence
des attaques de Boko Haram.
Lieu Organisations (ordre alphabétique) et les exemples des aides externes
ZAMAÏ Care International, Caritas, ONU Femmes, PAM, UNESCO, UNFPA, UNHCR, UNICEF (toutes ces 8 organisations mènent plusieurs activités dans les camps et en dehors),
ONU Femmes avec ALVF (Lutte contre les Violences faites aux femmes, ‘livelihood’ et Cohésions Sociale)
ONU Femmes avec ALVF financé par le Japon (le marché genre sensible)
ONU Femmes et MINPROFF intervient dans le camp de MINAWAO, PNDP (HIMO pour faire une mare) SAILD financé par ‘Brot für die Welt (Pain pour tout le monde)’ (la
sécurité alimentaire), UNHCR financé par The Lutheran World Federation (environnement), UNHCR avec ADES, financé par UE, Italie, Japon (assistance aux
IDP), UNICEF avec ALDEPA (prévention de lutte contre les violences faites
aux enfants), etc.
MOSKOTA Filet Sociaux (transfert monétaire d’urgences et THIMO) PAM (transfert monétaire),
LIMANI PAM (transfert monétaire), Plan International et International Medical Corps
AMCHIDEE PAM (transfert- monétaire), Médecin Sans-Frontière (santé)
12
ZIMADO CROIX-ROUGE avec l’UE, UK AID et la coopération Suisse (amélioration de l’accès aux soins de santé),
OMS avec MINSANTE et Agence Humanitaire Africaine (centre de santé),
PAM (transfert monétaire), PDRI (riziculture, pisciculture), PNUD avec MINADER et JICA (formation de riziculture irriguée)
FOTOKOL PAM (transfert monétaire), FAO avec SAILD (campagne de biopesticide), Filets Sociaux avec SAILD (HIMO), PNUD avec MINADER et JICA (formation de riziculture irriguée) UNICEF (forage du cartier) UNION EUROPEEN avec INTERSOS et la coopération Italienne
(espaces amis d’enfants)
MAKARI Filet Sociaux (transfert monétaire d’urgences et THIMO) ONU Femmes avec ALVF (lutte contre les violences faites aux
femmes, livelihood et cohésions sociale) PAM (transfert monétaire), PNUD avec MINADER et JICA (formation de riziculture irriguée), PNUD (couture, élevage, petit commerce, informatique), UNHCR
Beaucoup d’autres organisations interviennent dans les chefs-lieux de départements
tels que MORA (MAYO SAVA), MOKOLO (MAYO TSANAGA) et KOUSSERI
(LOGONE et CHARI).
Quelques exemples :
ONU Femmes travaille dans les CPFF (Centre de Promotion de la Femme et de
la Famille) de MAROUA, KOUSSERI, MORA et MOKOLO.
MINADER offre une formation sur la riziculture à MORA, MOKOLO avec l’appui
du PNUD et de la JICA.
UNFPA travaille à MOKOLO et dans d’autres grandes villes et donne les
formations dans les métiers professionnels.
2-1-2) Approche typique d’assistance pratiquée dans la zone par les
organisations d’assistance humanitaire et de développements
a) Délivrance des vivres ou transfert monétaire
Dans les étapes de soutien des déplacés internes et des réfugiés exposés aux risques
important de famine, maladies, mort… les vivres, couvertures, ou autres assistances
nécessaires sont immédiatement distribuées aux personnes vulnérables.
Pour faciliter la logistique de délivrance des vivres aux réfugiés et déplacés dans le
13
besoin, le PAM CAMEROUN accélère le transfert monétaire aux personnes les plus
vulnérables à travers les téléphones portables distribués gratuitement. Les bénéficiaires
achètent des denrées alimentaires et autres biens aux commerçants installés dans les
camps uniquement par le transfert d’argent par téléphone. Cette approche a déjà été
expérimentée dans la région de l’Est du CAMEROUN pour les réfugiés Centrafricains.
Le PAM CAMEROUN prévoit d’utiliser à partir de 2019, le transfert monétaire par
téléphone MTN pour les réfugiés Nigérians de l’Extrême-Nord.
Le projet filets-sociaux utilise aussi un système de transfert monétaire mais en espèce
avec deux approches comme suit :
Le service de transfert monétaire ordinaire qui dure deux années avec un
contrat moral recommandant aux bénéficiaires d’utiliser l’argent pour les
activités liées à l’éducation des enfants, aux soins de santé ou de nutrition, etc.
Le service monétaire d’urgence qui dure une année et est adressé aux plus
démunis de la communauté y compris les déplacés internes. Les réfugiés ne
sont pas pour le moment concernés en raison du fait qu’il s’agit d’un
financement de l’Etat du CAMEROUN. Toutes fois, il est prévu d’inclure très
prochainement les réfugiés dans le service monétaire d’urgence grâce au
financement de la Banque Mondiale.
Le service monétaire de deux ans offre aux bénéficiaires 20 000 FCFA tous les 2 mois
et ceci cinq fois, (soit 100 000 FCFA en dix mois), et 80 000 FCFA le 12ème mois pour un
montant total de 180 000 FCFA pour la première année. Ce cycle sera renouvelé
l’année suivante. Au terme des deux années, le bénéficiaire reçoit au total la somme
de 360,000 FCFA. Les montants de 80 000 FCFA à la fin de chaque année doivent
permettre aux bénéficiaires de commencer des AGR afin de pouvoir se prendre en
charge. Le projet filets sociaux a mis en œuvre ce système à Soulédé et Roua dans le
MAYO SAVA. Le service monétaire d’urgence d’une année offre 30 000 FCFA 6 fois
par année tous les deux mois pour un montant total de 180 000 FCFA.
b) Food for Work and Food Assistance for Asset (FAA)
Pour les personnes ayant réussi à sortir de l’étape de la crise aigüe, le PAM offre
souvent un service qui s’appelle « Food for Work or Food Assistance for Asset » qui
peut durer entre un et six mois. Food for Work est une méthode similaire au « Cash for
Work » mais au lieu de payer avec de l’argent liquide, les vivres sont donnés aux
participants en contre partie des travaux effectués tel que la construction d’une route
par exemple. Food Assistance for Asset est une autre activité similaire mais ici, les
14
vivres sont distribués aux bénéficiaires qui participent aux travaux dans les champs ou
d’autres activités de réhabilitation communautaire. Quand il n’y pas de vivres à leur
fournir à cause des difficultés logistique, le PAM utilise le système de transfert
monétaire et offre entre 8 800 FCFA et 10 700 FCFA par personne par mois (pour le
cas de la Région de Nord et Extrême-Nord), selon les niveaux de vie dans chaque
localité. Ce montant est calculé pour obtenir 70% des vivres pouvant fournir 2100
calories par jour. Quand un travailleur reçoit le paiement à la place des vivres, il est
multiplié par le nombre de personnes dans la famille plafonné à 5 personnes maximum,
ce qui permet de recevoir au plus 5 fois le montant allant de 8 800 FCFA à 10 700
FCFA, soit un montant total compris entre 44 000 FCFA et 53 500 FCFA par famille.
c) HIMO, THIMO, ou ‘‘Cash for Work’’ avec formations aux AGR
La distribution des denrées alimentaires, le transfert monétaire, ou le « Food for Work »,
«Food Assistance for Asset (FAA)» sont des traitements faits aux populations très
vulnérables. Après l’étape de vulnérabilité extrême, les déplacés et les populations
hôtes qui ont la capacité de faire des travaux physiques, bénéficient d’autres
opportunités.
Plusieurs organisations ou programmes tel que le PNDP, la GIZ, l’AFD, Care
International, SAILD et le PNUD offrent des activités HIMO (Haute Intensité de Main
d’Œuvre) ou THIMO (Travaux à Hautes Intensités de Main d’Œuvre) encore appelé
« Cash for Work » par les anglophones. Le but de ces activités est de permettre aux
personnes vulnérables de gagner rapidement de l’argent leur permettant de vivre au
quotidien et d’économiser l’argent utile pour commencer une AGR. Dans un contexte de
brassage de vie ou l’on retrouve dans la même localité les réfugiés, les déplacés
internes et les populations hôtes, les travaux HIMO permettent d’améliorer le climat et
la cohésion sociale en permettant à toutes ces populations, de travailler ensembles
avec les mêmes objectifs pour des travaux d’intérêt communautaire dans une ambiance
de confiance mutuelle.
Le projet filets sociaux utilise le terme THIMO (Travaux à Hautes Intensités de Main
d’Œuvre), paye 1 300 FCFA par jour et donne l’occasion de travailler 6 jours par
semaine, ce qui permet aux participants d’obtenir 7 800 FCFA par semaine pendant 10
semaines de travail soit en moyenne 60 jours pour un montant total de 78,000 FCFA.
Le coût journalier de 1 300 FCFA étant faible, seul les plus vulnérables de la
communauté sont intéressés, ce qui empêche les populations qui ne sont pas en crise
d’y participer. Le montant journalier étant relativement faible, les travaux sont
15
généralement assez simples. Il s’agit des travaux d’aménagement de caniveaux ou des
pistes, des travaux de nettoyage communautaire, de construction des digues, de
préparation des mares ou des points d’eau, etc.
Les travaux HIMO menés par le PNDP et financés par l’AFD, la Banque Mondial ou
l’UE avec la collaboration de Care International ou d’autres organisations, sont
organisés avec une autre philosophie et permettent d’exécuter les travaux un peu plus
lourds tel que la construction des infrastructures (route, pont…). Le PNDP paie
normalement 3 000 FCFA par jour et retient 1/3 du montant (1000 FCFA) qui sont
automatiquement gardé par le projet afin de permettre aux participants d’épargner les
frais devant leurs permettre à la fin de commencer une AGR. Le montant journalier
payé par le PNDP est aussi parfois fonction de la nature des travaux, il est possible de
payer plus de 3000 FCFA par jour aux jeunes. Les travaux HIMO ici peuvent durer entre
2 et 6 mois selon le contexte. Après les activités HIMO tous les jeunes reçoivent une
formation en comptabilité et en montage de business plan simplifié. Dans la même
période, ils reçoivent des formations aux métiers tels que le maraîchage, élevage, le
petit commerce, le secrétariat bureautique...etc. Les zones d’intervention sont
normalement au sud de la région de l’Extrême-Nord (MAYO KANI) mais
exceptionnellement ils ont conduit une activité HIMO avec 200 jeunes de la localité de
ZAMAÏ.
Les travaux HIMO menés par le projet PARSE de la GIZ offrent aussi 3 000 FCFA par
jour mais à la différence que 50% du montant sont retenu pour payer les frais de
formation pour un métier au choix du participant. Leurs zones cibles sont les régions de
l’Adamaoua, du Nord et de l’Extrême-Nord (MAYO DANAY). Selon le Coordonnateur
du projet, les jeunes de l’Extrême-Nord ont tendance à ne pas travailler en groupe par
rapport aux jeunes des autres régions et c’est pour lui la zone d’intervention la plus
difficile à cause de l’individualisme et de la méfiance. Les formations offertes par ce
projet sont très variées : couture, élevage, agriculture, plomberie, menuiserie métallique,
menuiserie bois, transformation légume, froid et climatisation, colleur de roue, etc. Ils
ont l’expérience de l’aviculture mais ce métier est parfois confronté aux épidémies.
Chaque participant reçoit un KIT de lancement de ses activités gracieusement offert par
le projet (les frais d’achat du KIT ne proviennent pas des revenues des travaux HIMO,
ils sont offerts par le projet). Le KIT peut être une machine à coudre pour les couturiers,
les semences ou les engrais pour les agriculteurs, les bêtes pour les éleveurs etc.
16
Le PNUD offre les travaux HIMO3 pendant environ 8 semaines et paie 3 000 FCFA par
jour pendant 5 jours de la semaine, soit en moyenne 120 000 FCFA en deux mois.
1 000 FCFA par jour sont épargnés pour l’achat d’un KIT de matériel nécessaire au
démarrage des AGR pour chaque jeune ou groupe de jeunes. Parfois les samedis sont
utilisés comme journées de sensibilisation (VIH SIDA,…). Avant la réception des KITS,
chaque jeune reçoit gratuitement une formation4 métier pendant une durée de 4 à 8
semaines selon les métiers (maçonnerie, transformation agroalimentaire, élevage,
secrétariat bureautique (TIC), restauration, menuisier bois, petit commerce
maraîchage, etc.).
Le BIT ne travaille pas dans la région de l’Extrême-Nord mais il a une grande
expérience des activités HIMO non seulement au Cameroun mais aussi partout en
Afrique car ils ont formalisé cette approche en ASIE dans les années 1970 à 1980. Pour
le BIT, le terme « Cash for Work » n’est pas la vraie traduction du terme HIMO. Ils
préfèrent utiliser le terme « Employment Intensive Investment (Approach) » en anglais.
Pour le BIT, les activités HIMO sont souvent mal comprises par les organisations
humanitaires ou d’aide au développement, ce qui entraine souvent d’autres problèmes
sociaux tel que le travail des enfants. L’activité HIMO idéale ne consiste pas
simplement à faire travailler les gens mais aussi à utiliser le travail en groupe comme
opportunité pour former aux métiers et transmettre des compétences comme par
exemple les techniques de supervision, la maçonnerie… Le BIT CAMEROUN peut
donner des formations sur la manière d’organiser les activités HIMO standard. Au
CAMEROUN, le BIT a déjà formé plusieurs agents du Ministère des Travaux Publique
et bien d’autres ministères et entreprises qui travaillent dans ce domaine.
La combinaison des activités HIMO avec les formations métiers est pratiquée par
plusieurs autres organisations humanitaires et de développement. Il existe un
consortium de plusieurs ONG financés par l’AFD, l’UE et d’autres organisations qui
utilisent d’autres méthodes plus ou moins ingénieuses. Ces organisations travaillent
aussi dans d’autres domaines comme la santé, l’éducation, l’environnement, les droits
humains tels que la lutte contre la violence... qui ne concernent pas directement cette
étude.
3 Le principe du PNUD c’est 3 mois (12 semaines). Mais compte tenus des restrictions budgétaire les activités HIMO sont exécutées en un à deux mois soit 4 à 8 semaines.
4 Elle est en principe prévue pour 3 mois. Mais compte tenus de la limite budgétaire elle est souvent également faite en 1 à 2 mois.
17
2-2) Aperçu général dans les 7 localités cibles 2-2-1) ZAMAÏ
Le LAMIDO s’inquiète de la pression démographique dans son Canton et du nombre de jeunes sans cesse croissant qui consomment le TRAMADOL comme drogue.
Le business de call box et de transfert d’argent marche très bien ici. Le PAM compte distribuer aux réfugiés les téléphones portables gratuitement en collaboration avec MTN à partir de 2019.
Visite chez un couturier. Il dit qu’il y a trop de concurrence dans ce secteur d’activité.
Le nombre de plaque des organisations internationales d’aide aux réfugiés et déplacés le long de la route est important.
Coopération de l’UNESCO-PNUD-FAO-JAPON au marché de ZAMAÏ. ZAMAÏ est proche de MAROUA et plusieurs commerçants viennent s’y approvisionner directement. Ces 2 Photos provenant de site-web : http://dania.mondoblog.org/2016/02/23/le-marche-de-zamai-en-marche/
18
I. Aperçu général
ZAMAÏ est un Canton de l’arrondissement de MOKOLO dans le département du MAYO TSANAGA. Le FULFULDÉ est la langue parlée par presque toute la population. Les sols du Canton de ZAMAÏ sont variés et à l’observation on peut distinguer5 :
Les sols sablo-argileux et sablonneux sur les flancs et les pieds des collines jonchés des pierres de différentes tailles ;
Les sols argileux riches en humus aux bords des mayos et très favorables aux cultures maraîchères et vivrières.
Les superficies moyennes sont d’environ 1/4 ha pour les femmes et 1/2 ha pour les hommes et elles s’acquièrent prioritairement par héritage, par achat ou session. Avec la forte pression démographique et le manque de terres cultivable, la location des terres est de plus en plus pratiquée. Le matériel agricole quant à lui est généralement rudimentaire (houe, daba, machette), néanmoins quelques paysans plus ou moins riches pratiquent la traction animale pour exécuter certains travaux champêtres. Les paysans ont en général de petits greniers individuels pour la conservation des produits agricoles. Toutefois il existe quelques greniers communautaires qui sont plus utilisés par les GIC et associations de paysans. En saison sèche, le problème d’approvisionnement en eau est critique dans le Canton et impacte négativement la production agricole et l’élevage. L’agriculture, l’élevage et les petits commerces constituent l’essentiel du tissu économique actuel de la localité de ZAMAÏ. Le Canton de ZAMAÏ abrite quatre sites de PDIs mis en place par les autorités en fonction de l’historique de chaque groupe de personne déplacées. Environ 1 580 personnes vivent dans ces sites6. Le Camp des réfugiés de MINAWAO est situé à environ 17km du centre de ZAMAÏ et regorge officiellement entre 25 000 et 30 000 personnes. Par rapport à l’organisation des producteurs locaux, le Canton de ZAMAÏ compte environ 42 GIC, 6 unions de GIC, 9 coopératives simplifiées et une société coopérative d’épargne et de crédit. D’après le Lamido de ZAMAÏ, la sous-activité des jeunes hommes et l’oisiveté est endémique dans son unité territoriale à cause de la pression démographique liée à la présence des PDIs et des réfugiés. Les jeunes hommes sont exposés à la consommation des drogues ou stupéfiants. Il estime à environ 30 à 40% la proportion des jeunes qui consomment du TRAMADOL dans son Canton. D’après l’autorité traditionnelle, il n’y a aucune entrave au développement économique des femmes autres que les difficultés financières. Les femmes sont très actives économiquement dans l’agriculture, la petite transformation et le petit commerce. 50 Jeunes de ZAMAÏ issus des populations d’accueil et des déplacés internes ont bénéficié en 2017 et au premier trimestre 2018 d’un accompagnement du PNUD et de Plan International à travers les activités HIMO et les formations aux petits métiers (coutures, maçonnerie, menuiserie, etc.).
5http://cvuc.cm/national/index.php/fr/carte-communale/region-du-sud/129-association/carte-administrative/extreme-nord/mayo-tsanaga/626-mokolo
6Rapport de missions préparatoires à la mise en œuvre du Projet Japon 4 avec le HCR : «Assistance aux PDIs, réfugiés, retournés et populations hôtes dans la Région de l’Extrême-Nord Cameroun», 2018
19
II. Activités Génératrices de Revenus pratiquées à ZAMAÏ L’activité économique dans le centre du Canton de ZAMAÏ est principalement constituée des activités telles que la culture du sorgho, le niébé, le maïs, l’arachides, le coton, les cultures maraîchères (comme l’oignon, la tomate, le carotte), l’élevage, le transport (moto, tricycle…), l’industrie d’habillement, le bâtiment et les travaux publics (BTP), les call box, le transfert d’argent, l’esthétique, la restauration, le petit commerce.
III. Centre de formation et formateurs disponibles à ZAMAÏ
Il n’existe aucun centre de formation formelle à ZAMAÏ. Toutes fois, pour certaines activités tel que la couture, la maintenance de motos, la localité dispose des formateurs individuels qui ont fait leurs preuves en formant avec succès plusieurs jeunes à la demande de Plan International dans les domaines de la maintenance des motos et de la couture. Les deux formateurs en question sont respectivement promoteurs d’un garage pour moto et d’un atelier de couture qui disposent du minimum d’équipements nécessaires et d’une clientèle bien établie.
IV. Proposition d’activités HIMO dans le Canton de ZAMAÏ
N° Activités Justification Observations
1
Construction d’un mini
barrage de rétention
d’eau
occuper un grand nombre de jeune pendant 2 mois pour leur permettre de constituer un capital de démarrage de leurs AGR ;
permettre aux déplacés et aux communautés locales de travailler sur un même projet de développement du Canton ;
capter une partie des eaux de pluie et de ruissellement pour favoriser les activités agricoles et d’élevages en saison sèche ;
créer une réserve d’eau qui par infiltration dans le sol pendant la saison de pluie, va progressivement permettre une meilleure alimentation en eau des forages du Canton et de ses environs ;
augmenter la production agricole, permettre la riziculture et élevage ovine ou bovine …
Cette photo est celle de la retenue d’eau de KOZA. Pour cette réalisation il est préférable d’effectuer une étude de faisabilité et d’impact environnementale.
Il existe dans le Canton de ZAMAÏ une vallée encadrée par trois montagnes qui offre les conditions idéals de création d’un lac artificielle de retenue d’eau à l’exemple de ce qui existe déjà dans la commune de KOZA.
2
Construction d’une
maison de la jeunesse et de la femme
créer un cadre favorable au rassemblement des jeunes et au développement de l’esprit d’entreprise et du partage d’expériences ;
initier les jeunes à la gestion communautaire ; permettre aux jeunes d’y commencer certaines
AGR telle que : la charge des téléphones, la vente des accessoires de téléphone, le secrétariat bureautique, la couture, coiffure…
La structure peut être équipée d’un mini générateur solaire et d’un téléviseur pour la diffusion régulière des documentaires et expériences entrepreneuriales
20
V. CROSS SWOT-FFOM Croisés de ZAMAÏ (au point de vue de la redynamisation des jeunes)
SWOT : STRENGTHS, WEAKNESSES, OPPORTUNITIES and THREATS
FFOM : FORCES, FAIBLESSES, OPPORTUNITES et MENACES
OPPORTUNITE a) Présence d’un grand camp des réfugiés ; b) Proximité avec deux grandes villes (MAROUA,
MOKOLO) et disponibilité du marché d’écoulement des produits locaux ;
c) Présence de plusieurs ONG et organisations internationales.
MENACES a) Très forte pression démographique lié à la
présence des réfugiés et des déplacés internes (qui s’installent durablement) ;
b) Rareté de l’eau en saison sèche ; c) Fort soutien apporté aux réfugiés et déplacés
par les ONG et les bailleurs de fonds (augmentation de l’inquiétude des hôtes).
FORCES a) Facilité d’écouler la production
locale b) Mise à disposition des terres
cultivables à certains déplacés internes ;
c) Organisation des populations en
associations, GIC et coopératives ; d) Existence de plusieurs types de
métiers.
Solution 1 - FORCES x OPPORTUNITES 1-1) Formation sur le marketing ou plan d’affaire avec l’appui des ONG et/ou des bailleurs de fonds pour agrandir leur marché. 1-2) Formations sur les techniques agro-pastorales qui peuvent améliorer la productivité afin de pouvoir nourrir l’ensemble des populations hôtes, des réfugiés et des déplacés. 1-3) Créer des business tel que l’agence de sécurité, l’auberge, les restaurants, la location de véhicules, l’exploitation des kiosques,…pour subvenir aux besoins des populations, agents des ONG et autres organisations internationales ou des journalistes.
Solution 3 - FORCES x MENACES 3-1) Création de mini-barrage grâce aux activités HIMO pour améliorer l’accès à l’eau ; 3-2) Organiser les formations communes avec les populations hôtes et les déplacés. 3-3) Créer des business utilisant les téléphones portables, pour les réfugiés ou déplacés internes (pièce de recharge etc.).
FAIBLESSES a) Faible niveau de management des
GIC ou associations, coopératives ; b) Taux élevé des jeunes qui
consomment le TRAMADOL ; c) Non maitrise des techniques de
conservation des produits agricoles comme l’oignon ;
Solution 2 - FAIBLESSES x OPPORTUNITES 2-1) Organiser des formations pour le renforcement des capacités des GIC et associations avec l’appui des ONG. 2-2) Demander aux autres ONG et organisations spécialisés, d’organiser des campagnes de sensibilisation contre le TRAMADOL. 2-3) Organiser des formations sur la conservation des produits agro-pastoraux comme les oignons avec l’appui des ONG et/ou bailleurs du fonds.
Solution 4 - FAIBLESSES x MENACES 4-1) Demander l’aide aux ONG et/ou bailleurs de fonds pour la mise en œuvre de certaines activités des programmes. 4-2) Faire participer les membres des GIC, associations ou coopératives avec les populations déplacées aux travaux HIMO.
21
2-2-2) MOSKOTA
Focus Group pour écouter les avis des femmes. Elles cultivent plus les céréales, les légumes, les arachides. Le manque de moyens financiers et les difficultés d’accès aux bonnes terres les limites dans la culture des oignons.
Ce mécanicien de moto de MOSKOTA est disposé à recevoir les jeunes apprentis. Il a déjà formé une dizaine de jeunes à ce jour.
Unique boutique en activité. Elle est très peu achalandée, ce qui montre la situation économique. En saison de pluie, les ventes sont très faibles car les populations s’investissent plus dans l’agriculture.
Chargeur de téléphone avec un groupe électrogène à 100 FCFA la batterie. Plus de 100 batteries sont chargées par jour le week-end. Le groupe peut être remplacé par les panneaux solaires (même besoin à l’AMCHIDÉE, LIMANI… qui n’ont pas de courant électrique).
Un seul endroit pour la vente des accessoires de téléphones mobiles. Un système solaire peut être installé sur le toit.
Machine pour écraser le sorgho qui fonctionne au carburant.
I. Aperçu général
MOSKOTA est un Canton de l’arrondissement du MAYO MOSKOTA dans le MAYO TSANAGA, avec une population constituée en grande partie des jeunes et des femmes. La population est composée de 3 grandes ethnies (les MAFA, les MANDARA et les GLAVDA) et le MAFA est la langue la plus parlée au sein de la population. Avant la crise de Boko Haram, les populations du Canton de MOSKOTA faisaient beaucoup d’affaires avec le Nigéria voisin
22
à cause des opportunités économiques nombreuses qui y existaient et du fait qu’il y avait moins de tracasseries policières qu’au CAMEROUN. Avec la crise, une dizaine de village du Canton situés le long de la frontière avec le NIGERIA ont durement subis les exactions de Boko Haram. Dans ces villages, Boko Haram aurait enlevé plusieurs filles pour les prendre en mariage. Une grande partie des populations de ces villages est repliée au centre du Canton. Depuis le début de l’année 2018, un camp des déplacés internes a été créé et installé sur les terres du LAMIDO.
L’agriculture et l’élevage constituent l’essentiel du tissu économique actuel de la localité de MOSKOTA. Le petit commerce est quasiment inexistant, le Canton s’approvisionnant en produits de première nécessité dans le Canton de MOZOGO situé à 4 km. Le manque ou l’insuffisance des terres cultivables est source de tensions entre les déplacés internes et les populations d’accueil. Même avant la crise créée par Boko Haram, le problème de terres cultivable se posait déjà avec acuité et les populations devaient acheter ou louer les terres fertiles dans le Canton voisin de MOZOGO.
Tableau 2-1 : Montant d’acquisition des terres 1/4 d’hectare de terres fertiles 1/4 d’hectare de terres peut fertiles Achat 1/4 d’hectare 800 000 FCFA 500 000 FCFA Location 1/4 d’hectare 50 000 à 60 000 FCFA / année 5000 à 20 000 FCFA / année Les producteurs du Canton de MOSKOTA sont organisés en GIC et l’on y compte d’après le LAMIDO environ 68 GIC.
L’accès à l’emploi et à l’auto-emploi est très limité et le taux de chômage des jeunes hommes est très élevé à cause de la pression démographique liée à la présence des déplacés internes mais aussi au manque de moyens financiers et de l’impossibilité de continuer les affaires avec le NIGERIA en raison de la fermeture de la frontière. Les jeunes hommes oisifs sont exposés à la consommation des drogues ou des stupéfiants. Le LAMIDO estime à environ 3 sur 10 la proportion des jeunes qui consomment le TRAMADOL et le « chanvre indien » dans son Canton. Les femmes du Canton de MOSKOTA sont réputées plus dynamique que les hommes et sont présentent dans tous les secteurs d’activité de la vie, mais avec une forte préférence pour la culture des céréales et oléagineux, les cultures maraîchères et la petite transformation essentiellement manuelles. Les sols de la localité sont très diversifiés, on y distingue7 :
Les sols nus, à texture argilo sableux qui se trouvent dans les montagnes. Ils n’ont pas connu une évolution particulière. Ils sont soumis à un lessivage régulier ;
Les sols à texture sablo argileux, dominés par les pierres grossières, qui se trouvent dans les hauts plateaux au pied des montagnes et résultent de l’évolution du granité ;
Les sols alluvionnaires à texture sablo limoneux, qui se trouvent dans les plaines et surtout sur les abords des mayos et qui constituent le support d’une intense activité agricole.
II. Activités Génératrices de Revenus pratiquées à MOSKOTA
L’activité économique dans le centre du Canton de MOSKOTA est principalement constituée des activités telles que la culture de l’oignon, du sorgho, le niébé, le maïs, l’arachide, le coton, les cultures maraîchères et l’élevage. Le transport par moto est plus orienté vers le transport des produits agricole et les déplacements vers les villages voisins.
7http://cvuc.cm/national/index.php/fr/carte-communale/region-du-sud/129-association/carte-administrative/extreme-nord/mayo-tsanaga/616-mozogo
23
Comme activités non agro-pastorale pratiquées, on a observé : un garage de maintenance des motos, un call box et opérateur de transfert d’argent et de vente d’accessoires téléphonique, un coiffeur pour homme, une boutique, un opérateur de recharge des batteries de téléphone… d’une manière générale, l’activité économique dans le Canton est quasi inexistante en dehors des jours de marchés. III. Centre de formation et formateurs disponibles à MOSKOTA
Il n’existe aucun centre de formation formel à MOSKOTA. Toutes fois, pour certaines activités telles que la transformation des arachides en huile, la maintenance des motos, …la localité dispose des formateurs individuels. En effet, 12 femmes du village regroupée au sein de l’Association des femmes artisanes de MOSKOTA produisent :
l’huile d’arachide, le piment de table, la poudre d’oseille.
Les produits de la transformation sont vendus à MOZOGO, KOSA et MOKOLO sur commande des clients. Le promoteur de l’unique garage de maintenance des motos du Canton est disposé à former gratuitement les jeunes du Canton intéressés par la maintenance des motos. Une dizaine de jeunes du Canton auraient déjà été formés dans ce garage et seraient aujourd’hui installés à MOZOGO, MORA et même DOUALA. IV. Proposition d’activités HIMO dans le Canton de MOSKOTA
N° Activités Justification Observations
1
Construction d’une maison de la jeunesse et de la femme
créer un cadre favorable au rassemblement des jeunes et au développement de l’esprit d’entreprise et du partage d’expériences ;
initier les jeunes à la gestion communautaire ;
permettre aux jeunes d’y commencer certaines AGR telle que : la charge des téléphones, la vente des accessoires de téléphone, le secrétariat bureautique, la couture, etc.
La structure peut être équipée d’un mini générateur solaire et d’un téléviseur pour la diffusion régulière des documentaires et expériences entrepreneuriales
2
Canalisation des eaux le
long des routes entre MOZOGO et MOSKOTA
améliorer le climat social entre les différentes communautés en leurs donnant l’opportunité de travailler ensemble au développement de la communauté ;
créer les conditions favorables à l’épargne nécessaire au démarrage d’une activité économique.
La route entre MOZOGO et MOSKOTA n’est pas très praticable en saison de pluie en raison de la stagnation des eaux de pluies sur certains tronçons
24
V. CROSS SWOT-FFOM Croisés de MOSKOTA (au point de vue de la redynamisation des jeunes) SWOT : STRENGTHS, WEAKNESSES, OPPORTUNITIES and THREATS FFOM : FORCES, FAIBLESSES, OPPORTUNITES et MENACES
OPPORTUNITE a) Présence d’un camp des déplacés internes, des
ONG et des organisations internationales ; b) Proximité du village avec MOZOGO et KOSA ; c) Baisse du niveau d’insécurité lié à Boko Haram.
MENACES a) Manquement de terres cultivable à cause
de la présence des déplacés ; b) Rareté de l’eau en saison sèche ; c) Mauvais état de la route d’accès par
MOKOLO ou MORA en saison de pluie. FORCES a) Facilité d’écouler la production locale ; b) Jeunesse du LAMIDO ; c) Organisation des populations en
associations, GIC et coopératives ; d) Disponibilité d’une importante main
d’œuvre pour les activités HIMO et AGR.
Solution 1 - FORCES x OPPORTUNITES 1-1) Formation sur le marketing ou plan d’affaire avec l’appui des ONG et/ou des bailleurs de fonds pour agrandir leur marché. 1-2) Formations sur les techniques agro-pastorales qui peuvent améliorer la productivité afin de pouvoir nourrir l’ensemble des populations hôtes et des déplacés. 1-3) Créer de nouveaux types de business pour les jeunes y compris les activités de loisirs (télévision, projection vidéo, match de football, musique…).
Solution 3 - FORCES x MENACES 3-1) Créer des activités de vente d’eau. 3-2) Aménagement de la route MOSKOTA, MOZOGO pour améliorer le déplacement. Création des caniveaux grâce aux activités HIMO. 3-3) Créer des business utilisant les téléphones portables, pour les hôtes et déplacés internes (transfert d’argent, pièce de rechange etc.).
FAIBLESSES a) Absence d’énergie électrique.
b) Activité économique non agropastorale
quasi inexistante. c) Non maîtrise des techniques de
conservation des produits agricoles comme l’oignon.
d) Fort taux de consommation du
TRAMADOL par les jeunes. e) Manque de solidarité dans la société.
Solution 2 - FAIBLESSES x OPPORTUNITES 2-1) Créer le business en utilisant le système solaire (rechargement batterie, coiffure, moulin à écraser, secrétariat bureautique…). 2-2) Organiser des formations sur la conservation des produits agro-pastoraux comme les oignons avec l’appui des ONG et/ou bailleurs du fonds. 2-3) Relancer l’élevage (ou embouche) pour combler le déficit créer par le vol du bétail par Boko Haram. 2-4) Demander aux autres ONG et organisations spécialisées d’organiser des campagnes de sensibilisation contre la consommation des drogues (TRAMADOL...).
Solution 4 - FAIBLESSES x MENACES 4-1) Revoir « MARAY », la fête du taureau, ou certaines fêtes traditionnelles pour redynamiser la communauté. 4-2) Demander l’appui pour certaines AGR comme transformation d’arachide ou soja aux ONG et/ou bailleurs de fonds. 4-3) Réviser le plan de développement communal en prenant en compte l’aspect genre.
25
2-2-3) LIMANI
Route de MORA-LIMANI difficile d’accès avec les pluies du mois d’Août. Aucun véhicule pendant le trajet.
International Medical Corps et Plan International en plein interview auprès de quelques villageois.
La coupent illicite du bois vendu à MORA est devenue la principale source de revenus des jeunes qui endommagent ainsi l’environnement.
Seule boutique encore ouverte à LIMANI. Elle représente le niveau de l’économie de la localité.
MAYO (rivière) entre AMCHIDEE (au fond) et LIMANI. On peut traverser avec des 4x4. L’eau disparaît en saison sèche.
Interview du représentant du LAMIDO. Le LAMIDO vie hors du Canton depuis la crise de Boko Haram. D’après le représentant, le Canton est calme sans autres activités que l’agriculture de subsistance.
26
I. Aperçu général
LIMANI est un Canton de l’arrondissement de MORA dans le MAYO SAVA. Les
populations du Canton avaient déserté complètement les villages pendant environ 45
jours à la suite des attaques de Boko Haram. Aujourd’hui, les populations ont
commencé à revenir vivre dans environ 15 villages du Canton et continuent de revenir.
La population actuelle de LIMANI Centre est essentiellement constituée des personnes
non déplacées, des personnes retournées et des déplacés internes issus des villages
voisins durement touchés par Boko Haram.
La population est en grande partie constituée des jeunes et des femmes issus de 2
grandes ethnies (les MAFA et les ARABES CHOA) et le KANOURI est la langue la plus
parlée au sein de la population. Avant la crise de Boko Haram, les populations du
Canton de LIMANI faisaient beaucoup d’affaires avec le NIGERIA voisin à cause des
opportunités économiques qui y existaient. Avec la crise de Boko Haram toutes ces
opportunités ont disparu, plusieurs filles ont été enlevées, d’autres sont parties
volontairement tout comme certains jeunes hommes qui ont été enrôlés par Boko
Haram. Le problème du retour et des conditions d’acceptation des personnes passées
plus ou moins volontairement du côté de Boko Haram se pose aujourd’hui avec acuité.
L’agriculture constitue l’essentiel de l’activité actuelle de la localité de LIMANI. Le petit
commerce est quasiment inexistant, le Canton s’approvisionne en produits de première
nécessité à MORA et AMCHIDEE pour les produits en provenance du NIGERIA. Pour
le moment, il ne se pose pas encore de problème d’insuffisance des terres cultivables
en raison du non-retour d’une grande partie des personnes déplacées et de l’utilisation
des zones de pâturage pour l’agriculture. Les producteurs du Canton de LIMANI sont
organisés en GIC et la production agricole à ce jour est essentiellement orientée vers la
consommation familiale.
Le taux de non activités des jeunes restes encore très élevé et bon nombre de jeunes
pratiquent la coupe et la vente illicite du bois de chauffage. Les plus nanti, propriétaire
ou conducteurs de motos font le transport des marchandises et des personnes entre
AMCHIDEE, LIMANI et MORA.
Le Canton de LIMANI est caractérisé par un climat de type soudano-sahélien avec une
longue saison sèche de 8 à 9 mois et une courte saison des pluies de 3 à 4 mois. Les
27
précipitations dépassent rarement 700 mm et affectent significativement l’occupation
des espèces culturales pratiquées par ces populations (c’est à peu près les mêmes
conditions pour ZAMAÏ, AMCHIDEE).
On y observe deux types des sols8 :
Les sols peu évolués : ils se trouvent au pied des montagnes, sont peu profonds,
caractérisés par une faible fertilité due à l’érosion hydrique et à sa structure
essentiellement pierreuse. Seules les cultures moins exigeantes comme le mil
rouge, le mil jaune et les légumes feuilles y réussissent facilement ;
Les sols sablo-limoneux occupent la grande partie du Canton. Ils sont très
fertiles, profonds et favorables à toutes les cultures de saison de pluies ainsi que
le coton.
Les cours d’eau sont de régime irrégulier. Ils sont appelés généralement Mayo. Ils se
remplissent après une grande pluie et se vident quelques temps après. En saison
sèche, il ne reste que de banc de sable, l’eau pouvant se trouver à une profondeur de 6
à 7 m dans le sol.
II. Activités Génératrices de Revenus pratiquées à LIMANI
L’activité économique dans le centre du Canton de LIMANI est quasi inexistante, les
produits de l’agriculture sont encore insuffisants pour la consommation interne.
Comme activité non agro-pastorale pratiquée, on a observé une boutique et quelques
enfants vendant des beignets. L’ensemble du tissu économique est à refaire aussi bien
pour les activités agropastorales que pour les autres activités.
III. Centre de formation et formateurs disponibles à LIMANI
Il existe une SAR SM (Section Artisanale Rurale / Section Ménagère) à LIMANI qui
malheureusement est du mauvais côté de la tranchée et par conséquent inaccessible et
inutilisable à ce jour. Le lycée de LIMANI a été provisoirement transféré à MORA.
Toutes fois, l’activité économique de LIMANI peut facilement redécoller en cas de retour
total de la sécurité des deux côtés de la frontière CAMEROUN NIGERIA.
8 http://cvuc.cm/national/index.php/fr/carte-communale/region-du-sud/128-association/carte-administrative/extreme-nord/mayo-sava/544-mora
28
IV. Proposition d’activités HIMO dans le Canton de LIMANI
N° Activités Justification Observations
1
Construction
d’une maison
de la jeunesse
et de la femme
créer un cadre favorable au
rassemblement des jeunes et au
développement de l’esprit d’entreprise et
du partage d’expériences ;
initier les jeunes à la gestion
communautaire ;
permettre aux jeunes d’y commencer
certaines AGR telle que : la charge des
téléphones, la vente des accessoires de
téléphone, le secrétariat bureautique, la
couture …
La structure peut être
équipée d’un mini
générateur solaire et
d’un téléviseur pour la
diffusion régulière
des documentaires et
expériences
entrepreneuriales
2
Canalisation
des eaux le
long des
routes entre
MORA et
LIMANI
améliorer le climat social entre les
différentes communautés en leurs
donnant l’opportunité de travailler
ensemble au développement de la
communauté ;
créer les conditions favorables à
l’épargne nécessaire au démarrage
d’une activité économique
La route entre MORA
et LIMANI n’est pas
très praticable en
saison des pluies en
raison de la
stagnation des eaux
de pluies sur certains
tronçons
3 Reboisement
du Canton Contre-mesure pour les coupes illicites
On peut organiser
une journée de
reboisement avec les
villageois sous forme
de campagne de
sensibilisation
29
V. CROSS SWOT-FFOM Croisés de LIMANI (au point de vue de la redynamisation des jeunes)
SWOT : STRENGTHS, WEAKNESSES, OPPORTUNITIES and THREATS FFOM : FORCES, FAIBLESSES, OPPORTUNITES et MENACES
OPPORTUNITE a) Retour des ONG et des organisations (PAIC, Plan
International, International Medical Corp...etc) ;
b) Proximité du village avec AMCHIDEE, MORA et BANKI au NIGERIA ;
c) Amélioration du climat sécuritaire et réduction du
nombre d’incursions de Boko Haram.
MENACES a) Inaccessibilité d’une partie des terres
cultivables du fait de la tranchée qui divise le village ;
b) Attaque sporadique de Boko Haram surtout contre les éleveurs pour le vol du bétail ;
c) Mauvais état de route LIMANI-MORA ; d) Non fonctionnement des services publics
(hôpital, écoles...) ou privé (micro finance, télécommunication...).
FORCES a) Facilité d’écouler la production locale à
MORA, AMCHIDEE et BANKI au NIGERIA ;
b) Organisation des populations en associations et GIC ;
c) Retour progressif des jeunes et des femmes en raison de l’amélioration de la situation sécuritaire.
Solution 1 - FORCES x OPPORTUNITES 1-1) Formations sur les techniques agro-pastorales qui peuvent améliorer la productivité afin de pouvoir nourrir l’ensemble des populations hôtes et des déplacés retournés. 1-2) Réfléchir sur les produits qu’on peut exporter vers le NIGERIA (comme du riz, jus de brasserie). 1-3) Construire des magasins de stockage des produits à vendre ainsi que les moyens de transports (pousse-pousse, moto, tricycle…).
Solution 3-FORCES x MENACES 3-1) Aménager les routes et les infrastructures communautaires et publics (hôpitaux, écoles…) grâce aux activités HIMO. 3-2) Créer des business utilisant les téléphones portables, pour les hôtes et déplacés internes (transfert d’argent, pièce de rechange etc.). 3-3) Bien communiquer avec les comités de vigilance pour mieux informer les populations sur le niveau de sécurité.
FAIBLESSES a) Absence d’énergie électrique ; b) Activité économique non agro-pastorale
quasi inexistante ; c) Mauvais état de la route à l’intérieur de la
localité en saison de pluie ; d) Très faible taux d’alphabétisation de la
langue française parmi les premiers retournés.
Solution 2-FAIBLESSES x OPPORTUNITES 2-1) Utilisation des systèmes solaires ou groupes électrogènes en combinaison avec certaines activités (recharge des téléphone, secrétariat bureautique, recharge batterie…). 2-2) Former les jeunes et les femmes sur les techniques comptables de base, le marketing, le plan d’affaire… pour accélérer la croissance de leurs activités (restauration, boulangerie, garage de motos...). 2-3) Plaidoyer auprès des ONG qui peuvent donner des cours d’alphabétisation (ou de français).
Solution 4-FAIBLESSES x MENACES 4-1) Aménagement de la route entre LIMANI et MORA par des activités HIMO. 4-2) Plaider auprès des autorités compétentes pour le rétablissement du réseau électrique de LIMANI. 4-3) Mettre en place un plan de restauration des services publics et de réintégration des terres et des édifices restés de l’autre côté de la tranchée.
30
2-2-4) AMCHIDEE
Marchandises venant du NIGERIA, vendu à AMCHIDÉE et transportées par les jeunes pour MORA, MAROUA...
Les produits exposés sont justes une « façade », les maisons en arrière-plan sont transformées en magasins de produits en provenance du Nigérians. Ces magasins sont inaccessibles aux étrangers.
Micro-finance fermée. Les agences de tourisme, les bureaux de change, les écoles, le centre de santé le commissariat et plusieurs autres services publics sont abandonnés et/ou hors d’usage.
Tranchée creusée pour réduire les incursions de Boko Haram. Une grande partie des maisons et des terres cultivables est resté de l’autre côté de la tranchée et sont inaccessible à cause de l’insécurité.
Les boutiques de coutures, les boulangeries et plusieurs autres activités sont détruites. Les plaques et les écritures visibles sur les bâtisses en ruine montrent bien l’existence d’une intense activité économique avant l’arrivée de Boko Haram.
I. Aperçu général
AMCHIDEE est une localité de l’arrondissement de KOLOFATA dans le MAYO SAVA et est située le long de la frontière avec le NIGERIA, pratiquement collé à la ville de BANKI situé du côté Nigérian.
Couturier Boulangerie
Camion en provenance du NIGERIA sur la rue la plus active de la localité.
31
Avant la crise de Boko Haram, AMCHIDEE était un véritable centre commercial entre le CAMEROUN et le NIGERIA. Les commerçants en provenance de MORA, MAROUA… et même DOUALA venaient s’y approvisionner ou vendre les marchandises à destination ou en provenance du Nigéria. Le tissu économique était dense dans quasiment tous les secteurs d’activités. Avec la crise liée à Boko Haram, la localité de AMCHIDEE ressemble aujourd’hui à une « ville fantôme » avec des maisons détruites et/ou criblées d’impacts de balles, les commerces abandonnées, des quartiers entiers inhabités, et une tranchée qui divise la localité en deux avec une grande partie des infrastructures et des terres cultivables inaccessible du mauvais côté de la tranchée. Au plus fort de la crise, près de 80% de la population avaient déserté complètement la localité à la suite des attaques particulièrement violente de Boko Haram. Aujourd’hui, les populations ont commencées à revenir s’installer. La population actuelle d’AMCHIDEE Centre est essentiellement constituée des personnes non - déplacés, des personnes retournées (majoritaire) et des déplacés internes issus des villages voisins non encore sécurisés. La population est en grande partie constituée des jeunes et des femmes issus de 2 grandes ethnies (les MAFA et les ARABES CHOA) et le KANOURI est la langue la plus parlée au sein de la population. Avant la crise de Boko Haram, les populations d’AMCHIDEE faisaient beaucoup d’affaires avec le NIGERIA. Ces activités qui étaient en arrêt total au moment culminant de la crise, ont timidement repris avec le retour progressif de la sécurité. Du fait de la grande proximité avec le NIGERIA, plusieurs jeunes hommes et femmes se sont fait enrôler volontairement ou de force par Boko Haram, les enlèvements des jeunes filles étaient notoires. Le problème du retour et des conditions d’acceptation des personnes passées plus ou moins volontairement du côté de Boko Haram se pose aujourd’hui avec acuité. L’agriculture et le commerce constituent l’essentiel de l’activité actuelle de la localité d’AMCHIDEE. Quelques camions de marchandises en provenance du NIGERIA approvisionnent le marché et les jeunes y travaillent pour certains comme manutentionnaires, pour d’autres comme intermédiaires de ventes entre commerçants Nigérians et acheteurs Camerounais. Les commerçants en provenance de MORA et MAROUA s’y approvisionnent grâce aux motos qui assurent l’essentiel du transport des marchandises. Pour le moment, il ne se pose pas encore de problème d’insuffisance des terres cultivables en raison du non-retour d’une grande partie des personnes déplacées et de l’utilisation des zones de pâturage pour l’agriculture, les grands éleveurs s’étant fait pour certains, dépouillés de leur bétail par Boko Haram. Les plus chanceux se sont éloignés à l’intérieur du pays pour préserver leurs troupeaux. La production agricole à ce jour est essentiellement orientée vers la consommation familiale et les jeunes manifestent un plus grand intérêt pour le commerce que pour les activités agro-pastorales. Le taux de non activités des jeunes est encore très élevé et bon nombre de jeunes pratiquent la coupe et la vente illicite du bois de chauffage. Les plus nanti, propriétaires ou conducteurs de motos font le transport des marchandises et des personnes entre AMCHIDEE, MORA et MAROUA. Le climat d’AMCHIDEE est de type soudano-sahélien avec une longue saison sèche d’Octobre / Novembre à Avril / Mai, une courte saison de pluies de 3 à 4 mois allant de Juin à Septembre. La végétation est essentiellement constituée de steppe dominée par des arbustes épineux au centre et le nord est plus menacé par la désertification. Le paysage est de couleur de paille en
32
saison sèche et verdoyant en saison de pluies9.
II. Activités Génératrices de Revenus pratiquées à AMCHIDEE L’on observe une légère reprise de l’activité économique et surtout commerciale, une dizaine de point de vente des marchandises en provenance du NIGERIA sont visibles dans une des rues principales et les stocks de marchandises disponible dans les maisons d’habitation transformées en magasins et inaccessible aux étrangers sembles de plus en plus importants. La présence de près d’une centaine de boutiques et de magasins abandonnés et/ou en ruine, laisse présager d’une importante activité de réhabilitation et de reconstruction dans un future proche avec l’amélioration progressive de la situation sécuritaire. Les activités agro-pastorales sont pour le moment très faibles et presque essentiellement orientées vers la consommation familiale.
III. Centre de formation et formateurs disponibles à AMCHIDEE
Aucun centre de formation formel ou informel n’a été identifié pendant le passage de l’équipe. Toutes fois, au regard du niveau des activités commerciales dans la localité, il serait possible d’y trouver dans un proche avenir des retournés disposant d’une solide expérience en matière de négociation commerciale et vente. VI. Proposition d’activités HIMO dans le Canton d’AMCHIDEE
N° Activités Justification Observations
1
Reconstruction et/ou réhabilitation des services publics (hôpital, écoles, commissariat…)
créer un cadre favorable au rassemblement des jeunes et au développement de l’esprit d’entreprise et du partage d’expériences ;
créer les conditions favorables au retour des agents de l’état ;
faciliter l’accès aux services publics
Aucun service public n’est fonctionnel dans la localité de AMCHIDEE
2
Canalisation des eaux le long des routes entre MORA et AMCHIDEE
améliorer le climat social entre les différentes communautés en leurs donnant l’opportunité de travailler ensemble au développement de la communauté ;
créer les conditions favorables à l’épargne nécessaire au démarrage d’une activité économique
La route entre MORA et AMCHIDEE n’est pas très praticable en saison de pluie en raison de la stagnation des eaux de pluies sur certains tronçons
3 Reboisement du Canton
Contre-mesure pour les coupes illicites
On peut organiser une journée de reboisement avec les villageois sous forme de campagne de sensibilisation
9http://cvuc.cm/national/index.php/fr/carte-communale/region-du-sud/128-association/carte-administrative/extreme-nord/mayo-sava/545-kolofata
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V. CROSS SWOT-FFOM Croisés de AMCHIDEE (au point de vue de la redynamisation des jeunes)
SWOT : STRENGTHS, WEAKNESSES, OPPORTUNITIES and THREATS
FFOM : FORCES, FAIBLESSES, OPPORTUNITES et MENACES
OPPORTUNITE a) Proximité de AMCHIDEE avec MORA et BANKI au
NIGERIA (import et export) ; b) Amélioration du climat sécuritaire et réduction du
nombre d’incursions de Boko Haram ; c) Retour des ONG et des organisations (Médecin Sans
Frontière...etc) ; d) Présence des camions de marchandises en
provenance du NIGERIA.
MENACES a) Inaccessibilité d’une partie des terres
cultivables du fait de la tranchée qui divisent la localité ;
b) Forte insécurité le long de la frontière du coté Nigérian. Attaque sporadique de Boko Haram contre les éleveurs pour le vol du bétail ;
c) Non fonctionnement des services publics (hôpital, écoles, commissariat...) et privés ;
d) Mauvais état de la route AMCHIDEE-MORA.
FORCES a) Facilité d’écouler la production locale par
MORA et par BANKI au NIGERIA ; b) Existence des infrastructures et d’une
grande tradition commerciale ; c) Grande réputation de la localité comme
plaque tournante du commerce avec le NIGERIA ;
d) Retour progressif des jeunes et des femmes en raison de l’amélioration de la situation.
Solution 1 - FORCES x OPPORTUNITES 1-1) Formations sur les techniques agro-pastorales qui peuvent améliorer la productivité afin de pouvoir nourrir l’ensemble des populations hôtes et des déplacés retournés. 1-2) Réfléchir sur les produits qu’on peut exporter vers le NIGERIA (comme du riz, les boissons…) 1-3) Construire des magasins de stockage des produits à vendre ainsi que les moyens de transports (pousse-pousse, moto, tricycle…).
Solution 3 - FORCES x MENACES3-1) Aménagement des routes et des infrastructures communautaires et publics (hôpitaux, écoles…) grâce aux activités HIMO. 3-2) Créer des business utilisant les téléphones portables, pour les hôtes et déplacés internes (transfert d’argent, pièce de rechange etc.). 3-3) Bien communiquer avec les comités de vigilance pour mieux informer les populations sur le niveau de sécurité.
FAIBLESSES a) Absence d’énergie électrique ; b) Activité économique agro-pastorale quasi
inexistante ; c) Bâtiment sévèrement endommagé par les
attaques de Boko Haram ; d) Mauvais état de la route à l’intérieur de
localité en saison de pluie ; e) Un nombre important des jeunes et des
femmes ne peut communiquer qu’en langue locale.
Solution 2 - FAIBLESSES x OPPORTUNITES2-1) Utilisation des systèmes solaires ou groupes électrogènes en combinaison avec certaines activités (recharge des téléphone, secrétariat bureautique, recharge batterie…) 2-2) Formation sur les techniques comptable de base, le marketing, le plan d’affaire… pour accélérer la croissance de leurs activités (restauration, boulangerie, garage de motos...etc) 2-3) Plaidoyer auprès des ONG qui peuvent donner aux jeunes des cours du français et d’anglais pour faciliter leurs activités.
Solution 4 - FAIBLESSES x MENACES 4-1) Aménagement de la route AMCHIDEE et MORA par des activités HIMO. 4-2) Former les jeunes aux techniques du BTP pour répondre à la forte demande future de reconstruction des bâtiments détruits. 4-3) Plaider auprès des autorités compétentes pour le rétablissement du réseau électrique de AMCHIDEE. 4-4) Mettre en place un plan de restauration des services public et de réintégration des terres et des édifices restés de l’autre côté de la tranchée.
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2-2-5) ZIMADO
Périmètre rizicole irigué aménagé par le PDRI financé par la Banque Islamique de Développement et autres.
Vendeuses de poissons fumés. Bonne présence des commerçants Tchadiens sur le marché de ZIMADO.
Vendeurs de produits phytosanitaires. le marché de ZIMADO est le plus grand de LOGONE BIRNI.
Présence de plus de 5 opérateurs de recharge des batteries de téléphones portables dans ce marché.
Les femmes produisant des nattes en paille. Ces techniques sont aussi pratiquées au NIGERIA.
Activité de téléchargement de son et vidéo combinée à la vente des écouteurs, cartes mémoire…
I. Aperçu général
ZIMADO est un Canton de l’arrondissement de LOGONE BIRNI dans le département du LOGONE et CHARI. Le Canton de ZIMADO compte 7 principaux groupes ethnique que sont les MUSGUM, les ARABES CHOA, les KOTOKO, les BORNOA, les MASSA, les CAPALAYE et les HAOUSSA. L’ARABE est la langue parlée par toutes les populations. Le sol du Canton est argileux avec une faible porosité qui concentre l’ensemble des eaux de pluies en surface. L’hydrographie comprend le fleuve LOGONE qui constitue une frontière
35
naturelle avec le TCHAD. Il constitue un potentiel important pour le Canton. Il s’y développe une activité halieutique dont les ressources alimentent quasiment toute la région de l’Extrême-Nord et le NIGÉRIA. L’on y trouve également plusieurs mares temporaires très riches en poissons. La végétation à ZIMADO se compose en grande partie des rôneraies dont la forte exploitation provoque la raréfaction de cette essence10. Les exploitants de charbons et de planches de rôniers viennent du TCHAD et de KOUSSERI. Leurs actions ajoutées à celles de la population locale sont préjudiciables à ce bois précieux. L’insuffisance des zones de pâturage en saison sèche à un impact négatif sur l’élevage et est l’une des causes majeures des conflits agro-pastoraux récurrents. Un poste agricole existe dans le Canton mais le chef de poste qui est par ailleurs AVZ vie à LOGONE BIRNI et ses visites sur le terrain sont rares d’après le chef du Canton. Le Canton de ZIMADO n’a pas été directement victime des exactions de Boko Haram. D’après le chef du Canton, environ 500 déplacés internes vivent dans le Canton en parfaite harmonie avec les populations hôtes. Les déplacés internes comme le reste de la population vivent de l’agriculture, de la pêche, de l’élevage, et des petits commerces. Les terres cultivables sont disponibles d’après le chef du Canton et des parcelles du périmètre agricole sont aussi exploitées par les déplacés internes. Un périmètre rizicole irrigué d’environ 410 hectares hérité de l’ex-SEMRI a été réhabilité en 2014 et 2015 par le PDRI qui a par ailleurs offerts aux populations pour le lancement de la riziculture des motos pompes pour les stations de pompages, des pulvérisateurs, des semences NERICA, des engrais, des produits phytosanitaires et un renforcement des capacités. Malgré cet important soutien, seule 150 hectares sont exploités en saison de pluie et environ 70 hectares en saison sèche avec un rendement à l’hectare faible du fait du non-respect de l’itinéraire technique de la culture du riz et de l’utilisation des engrais de qualité douteuse. Un comité de Gestion du Périmètre Rizicole existe dans le Canton et s’occupe de la gestion du magasin de stockage du riz, de l’attribution des parcelles et de la gestion des charges collectives d’exploitations (canalisation, motopompe, carburant…) du périmètre rizicole. L’accès aux terres du périmètre rizicole est quasi impossible à environ 40% des jeunes et femmes en raison de l’incapacité des populations et du comité de gestion du périmètre rizicole à s’organiser pour assurer le fonctionnement et la maintenance des motopompes nécessaires à l’irrigation et à l’exploitation de la totalité des 410 hectares aménagés par la PDRI. La surface moyenne de culture du riz est de 1/2 hectare par riziculteur. Par rapport à l’organisation des producteurs locaux, le Canton de ZIMADO compte environ 45 GIC et associations de cultivateurs, d’éleveurs et de pêcheurs. Toutes fois, les actions de ces organisations se limitent aux activités liées à la production et tout au plus au stockage. Les secteurs de la transformation et de la commercialisation restent très peu ou pas du tout structurés. ZIMADO est frontalier avec le TCHAD et son marché est le plus grand de l’arrondissement du LOGONE BIRNI. C’est le point de ravitaillement des commerçants des villages voisins y compris ceux du TCHAD et de KOUSSERI qui s’y approvisionnent en riz, poissons, oignons…Avant la crise de Boko Haram, les commerçants en provenance du NIGERIA par BANKI venaient s’y approvisionner entre autres, en poissons et en riz.
10http://cvuc.cm/national/index.php/fr/carte-communale/region-du-sud/125-association/carte-administrative/extreme-nord/logone-et-chari/535-logone-birni
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D’après le chef du Canton de ZIMADO, la sous-activité des jeunes hommes est la conséquence du manque de moyens financier (capital de départ) nécessaire pour entreprendre leurs propres activités. La consommation des stupéfiants par les jeunes est en nette croissance parmi les jeunes en situation de chômage. La quasi-totalité des cultivateurs du Canton est endetté et insolvable, ce qui limite toutes possibilités d’accompagnement de ces derniers par les microfinances locales. Le Canton de ZIMADO n’est pas alimenté en énergie électrique et l’utilisation de mini groupes électrogènes constitue la principale source d’alimentation en électricité.
II. Activités Génératrices de Revenus pratiquées à ZIMADO L’agriculture, l’élevage, la pêche et le commerce domine l’activité économique dans le Canton de ZIMADO. L’activité agricole est principalement dominée par la riziculture, la culture des oignons, du sorgho (mil rouge), du maïs, du gombo et des tomates. Outre la pêche et l’élevage bovine, ovine et porcine, l’on retrouve à ZIMADO les transporteurs par pirogue et par moto, les couturiers, les commerçants de toutes sortes, les chargeurs de téléphone, les call box, le transfert d’argent, les fabricants de briques en terre cuite, les meuniers, les garages, et bien d’autres activités (forgerons, tisserands…). Les activités de transformation sont essentiellement représentées par la petite restauration, les décortiqueuses de riz, et les fumeurs et sécheurs de poissons.
III. Centre de formation et formateurs disponibles à ZIMADO
Il n’existe aucun centre de formation formelle à ZIMADO. Toutefois, pour certaines activités tel que la maintenance des motos, la couture, le séchage des poissons la localité dispose des personnes prêtes à partager leurs expériences avec les jeunes et les femmes intéressés par leurs activités. Par ailleurs, l’EFA de Logone Birni est situé à moins de 7 km de ZIMADO et pourrait concevoir des formations à la carte adaptées aux besoins des jeunes et des femmes intéressés par l’agriculture et l’élevage.
IV. Proposition d’activités HIMO dans le Canton de ZIMADO
N° Activités Justification Observations
1
Ouverture de nouveaux canaux d’irrigation
augmenter les surfaces cultivables du périmètre rizicole ;
réduire les dépenses d’irrigation ; permettre aux jeunes et aux femmes de
pratiquer la riziculture sur les nouvelles parcelles aménagées et irriguées.
L’aménagement d’un nouveau canal d’irrigation pourrait permettre une meilleure répartition des espaces rizicoles aux jeunes et aux femmes.
2
Creusage des étangs piscicoles communautaires
permettre aux populations d’exploiter un
étang piscicole communautaire ; initier la population et surtout les jeunes à
la pisciculture ; créer l’esprit d’équipe et développer le
sentiment d’appartenance à la communauté.
Ces étangs piscicoles communautaires pourraient servir de champ d’expérimentation et d’apprentissage des techniques piscicoles.
3
Reboisement du Canton
sensibiliser la population aux conséquences du déboisement ;
permettre aux différentes composantes de la société de participer à un travail d’intérêt général.
L’exploitation de charbons et de planches de rôniers a considérablement endommagé la végétation.
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V. CROSS SWOT-FFOM Croisés de ZIMADO (du point de vue de la redynamisation des jeunes)
SWOT : STRENGTHS, WEAKNESSES, OPPORTUNITIES and THREATS
FFOM : FORCES, FAIBLESSES, OPPORTUNITES et MENACES
OPPORTUNITES a) Proximité avec KOUSSERI et disponibilité du
marché d’écoulement des produits locaux ; b) Présence du PDRI et d’autres ONG pour
l’accompagnement des agriculteurs et des pêcheurs ;
c) Facilité d’écouler la production locale vers ZINA, KOUSSERI, BANKI et les villages Tchadiens riverains du Canton.
MENACES a) Harcèlement des pêcheurs par les gardes
côtes Tchadiens ; b) Insectes, chenilles et autres agents
destructeurs des cultures ; c) Présence des hippopotames et des éléphants ; d) Incursions des chameaux en provenance du
TCHAD.
FORCES
a) Disponibilité d’un périmètre rizicole de 410 hectares de terres irriguées ;
b) Présence des GIC et d’un comité de gestion du périmètre rizicole ;
c) Présence du LOGONE qui approvisionne le Canton en eau toute l’année ;
d) Présence d’un important marché fréquenté par plusieurs communautés voisines ;
e) Présence d’un grand magasin.
Solution 1 - FORCES x OPPORTUNITES 1-1) Former et suivre les agriculteurs afin d’augmenter
la production locale de riz et satisfaire à la demande du marché ;
1-2) Développer les cultures maraîchères de contre saison ;
1-3) Encourager les jeunes et les femmes à la pratique de la pisciculture pour augmenter la production locale en poissons ;
1-4) Accélérer d’autre type de commerce en utilisant le marché ou le magasin.
Solution 3 - FORCES x MENACES 3-1) Créer des mares communautaires pour
augmenter la production locale en poissons. 3-2) Former les jeunes dans la lutte contre les
insectes et autres menaces contre les cultures (peut-être sous forme d’HIMO).
3-3) Prévoir pour l’avenir le tourisme grâce à la
présence des éléphants, hippopotames, chameaux ou oiseaux (5 ans après le retour total de la sécurité).
FAIBLESSES a) Faible niveau d’organisation et de
gestion des GIC ou associations, coopératives ;
b) Ignorance des techniques de conservation des oignons ;
c) Destruction des arbres pour le charbon et les constructions ;
d) Absence d’énergie électrique ;
e) Faible capacité des populations à respecter les itinéraires techniques et à travailler de manière autonome.
Solution 2 - FAIBLESSES x OPPORTUNITES 2-1) Organiser des formations pour le renforcement des
capacités des GIC et association avec l’appui des ONG ;
2-2) Former les populations locales aux techniques de conservations des oignons ;
2-3) Conditionner l’accès au périmètre rizicole à l’obligation de respect de l’itinéraire technique de la culture du riz ;
2-4) Créer le business en utilisant le système solaire (rechargement batterie, coiffure, moulin à écraser etc).
Solution 4 - FAIBLESSES x MENACES 4-1) Demander l’aides aux ONG et/ou bailleurs de
fonds pour sensibiliser les populations et les gardes côtes Tchadiens ;
4-2) Organiser une campagne de reboisement du
Canton (spécialement les variétés qui poussent rapidement pour le charbon).
4-3) Organiser des prix d’excellence pour les
agriculteurs ou les pêcheurs les plus méritants en invitant les autorités et les gardes côté Tchadien.
38
2-2-6) FOTOKOL
Discussion avec des jeunes qui pratiquent actuellement le commerce, le transport par moto, l’élevage, la couture, la riziculture, la culture du maïs, du gombo. La pêche est difficile actuellement à cause des attaques de Boko Haram.
Forgerons locaux qui fabriquent eux-mêmes les outils de travail utiles à la communauté. Ces métiers se transmettent de père à fils. La monnaie Nigériane est utilisée à FOTOKOL.
Le « Zoua-Zoua » en provenance de KOUSSERI coute 700 FCFA/litre contre 400 FCFA à KOUSSERI. Avant le « Zoua-Zoua » venait de GAMBAROU (NIGERIA) et c’est FOTOKOL qui approvisionnait KOUSSERI. Aujourd’hui c’est l’inverse.
Le pont entre FOTOKOL et GAMBAROU (NIGERIA). Il y a des commerçants qui sont autorisés à traverser mais certaines marchandises comme le riz ou le « Zoua- Zoua » sont interdites de passage à la frontière.
Les camions transportant la ferraille du CAMEROUN pour le NIGERIA.
Télé centre communautaire en cour de réhabilitation par le PNUD. Ce centre fonctionne grâce à l’énergie solaire.
39
I. Aperçu général
Située à environ 105 km de KOUSSERI, FOTOKOL est un arrondissement du département du LOGONE et CHARI, limité au Nord par le Lac TCHAD, à l’Est par l’Arrondissement de MAKARI, au Sud et à l’Ouest par le NIGERIA. Les sols de FOTOKOL, apparemment d’origine volcanique sont formés d’alluvions sableuse, le climat est de type sahélien (aride) caractérisé par l’alternance de trois saisons d’inégales longueurs11 :
Une saison des pluies de Juillet à Septembre ; Une saison sèche et froide de Novembre à Février ; Une saison sèche et chaude de Mars à Juin.
La commune de FOTOKOL est très faiblement ravitaillée en eau par le fleuve ELBEIT qui est totalement asséché pendant la saison sèche chaude, limitant ainsi le potentiel agricole de la localité. Plusieurs ethnies cohabitent dans la commune, les ARABES et les KOTOKO sont majoritaires, et l’on y trouve aussi les KANOURI, les PEUHLS et les allogènes. L’ARABE y est la langue la plus parlée. La population est composée aujourd’hui, des personnes non déplacées, des déplacés retournés, des déplacés internes (principalement venus des villages de SAGME, MAKAMBARA, BARGARAM, KOUGIBE…) et des réfugiés Nigérians. Les déplacés internes et les réfugiés vivent dans les familles d’accueil, les plus fortunés se sont installés à leur propre compte. L’islam est la principale religion, toutefois, avec l’afflux des réfugiés Nigérians partiellement composé des chrétiens, le nombre de chrétien est en net croissance et le nombre d’église est passé de 2 avant la crise à 4 aujourd’hui. Les musulmans et les chrétiens vivant en parfaite harmonie. Au plus fort de la crise, Boko Haram a enrôlé de force plusieurs jeunes hommes et femmes. Par ailleurs, certains jeunes ont volontairement rejoint Boko Haram contre des motos et parfois de l’argent. Certaines personnes enrôlées volontairement ou involontairement commencent à retourner dans la communauté et sont considérées comme des « repentis », des « enrôlés de force »…, ce qui pose de plus en plus aujourd’hui le problème de leur réintégration dans la société. Une frange de la population ne tolérant pas de vivre avec ceux qu’ils considèrent comme de présumés assassins. La ville de FOTOKOL est limitrophe avec la ville Nigériane de GAMBAROU, principal point d’entrée des marchandises en provenance du NIGERIA. Avant la crise de Boko Haram, l’activité commerciale avec GAMBAROU était la principale source de revenu des jeunes qui achetaient et distribuaient les produits en provenance du NIGERIA et parfois du BENIN (véhicules…) dans tout le département du LOGONE et CHARI principalement par motos. La fermeture de la frontière avec le NIGERIA au plus fort de la crise de Boko Haram et surtout l’interdiction de la circulation des motos entre FOTOKOL et GAMBAROU a entrainé un chômage massif des jeunes qui se sont pour la plupart déplacée vers les localités de KOUSSERI, MAKARI et MALTAM. Pour des raisons de sécurité liées au fait que Boko Haram utilisait les motos pour infiltrer la population, le sous-préfet de FOTOKOL a interdit la circulation des motos dans l’arrondissement. Toutefois, une autorisation spéciale de circuler est délivrée aux personnes ressources pour la circulation en motos entre 6H et 18H. Avec l’amélioration de la situation sécuritaire et surtout le desserrement de la frontière, l’on observe le retour progressif des populations et malgré l’interdiction, quelques jeunes continuent de pratiquer illégalement le
11http://cvuc.cm/national/index.php/fr/carte-communale/region-du-sud/125-association/carte-administrative/extreme-nord/logone-et-chari/529-fotokol
40
transport par moto avec la tolérance des autorités administratives. L’importation et la vente des motos en provenance du NIGERIA sont interdites de même que l’importation ou l’exportation des denrées alimentaires comme du riz susceptible d’être interceptés ou destiné à l’approvisionnement de Boko Haram qui concentre la plupart de ses attaques aujourd’hui sur les cultivateurs et les éleveurs pour des raisons alimentaires. La production agropastorale de l’arrondissement de FOTOKOL était principalement absorbée par le marché Nigérian à partir de GAMBAROU. Les camions de produits manufacturés en provenance du NIGERIA continuent de traverser la frontière même si le flux est considérablement ralenti en raison de l’insécurité mais aussi du très mauvais état des routes en cette période de l’année. Complètement inondée en saison de pluie, la saison sèche est rude à FOTOKOL. La ville de FOTOKOL n’est pas alimentée par le réseau électrique, les populations utilisent les groupes électrogènes, les lanternes solaires et les lampes à pétrole pour s’éclairer. Avant la crise, l’arrondissement était approvisionné en carburant depuis le Nigéria par des vendeurs de carburant frelaté (Zoua-Zoua). Avec l’interdiction totale de l’importation du carburant en provenance du NIGERIA, la ville est maintenant ravitaillée à partir de KOUSSERI, ce qui a fait passer le litre de carburant de 400 FCFA avant la crise à 700 FCFA aujourd’hui. La consommation du TRAMADOL en provenance du Nigéria par les jeunes est devenue d’après l’autorité administrative un véritable fléau social. En raison de la proximité avec la ville Nigériane de GAMBAROU, le commerce est la principale activité des populations et constitue avec l’agriculture et l’élevage l’essentiel de l’activité économique de la localité de FOTOKOL. La localité de FOTOKOL abrite deux importantes bases militaires dont une force multinationale qui occupe l’école publique aujourd’hui entouré par des tranchées de sécurité rendant inutilisable l’unique stade de foot praticable en saison de pluie. Dans le but de détendre l’atmosphère de la ville, le « champ de prière » a été provisoirement transformé en terrain de foot par les jeunes et un championnat de vacances s’y déroule grâce à la mobilisation conjointe des autorités administratives et des personnalités ressources de la commune. Dans le but de faciliter le retour à l’école des retournés, le gouvernement du CAMEROUN paye depuis les deux dernières rentrées scolaires les frais d’inscription au lycée de tous les élèves souhaitant reprendre le chemin de l’école.
II. Activités Génératrices de Revenus pratiquées à FOTOKOL Les activités génératrices de revenus pratiquées à FOTOKOL par les jeunes sont essentiellement commerciales, informelles et largement dominées par l’achat, et la vente des marchandises en provenance de GAMBAROU au NIGERIA, le petit commerce, le transport par moto et par tricycle, la maintenance des motos, la vente du carburant de contrebande (Zoua-Zoua), la couture, la cordonnerie, la pêche, la manutention à bord des camions de transit TCHAD - NIGERIA - CAMEROUN, l’élevage bovine, les call box, le transfert d’argent, l’esthétique, l’artisanat, la fonte. L’élevage des petits ruminants, les activités agricoles (culture du maïs, du niébé, du riz, du mile rouge…) et la petite restauration sont plus pratiqués par les femmes. Malgré un fort intérêt des jeunes et des femmes pour le commerce, et dans une moindre mesure pour les activités agro-pastorales, la localité de FOTOKOL dispose d’un important potentiel de développement des activités liées aux métiers du BTP (bâtiment et les travaux publics) telle que la menuiserie bois, métallique et aluminium, la maçonnerie, la peinture, etc.
41
L’économie de FOTOKOL est essentiellement orientée vers la satisfaction des besoins des marchés de KOUSSERI, MAKARI et GAMBAROU au NIGERIA, elle est par conséquent fortement dépendante d’une part, du niveau de porosité de la frontière entre le CAMEROUN et le NIGERIA et d’autre part de l’état de la route entre FOTOKOL, MAKARI et KOUSSERI quasiment impraticable en saison des pluies.
III. Centre de formation et formateurs disponibles à FOTOKOL
Il n’existe aucun centre de formation professionnel formel et véritablement opérationnel à FOTOKOL. Toutefois, le télécentre communautaire (en cours de réhabilitation par le PNUD) alimenté par un générateur solaire photovoltaïque dispose d’un minimum d’infrastructure nécessaire à la formation de quelques jeunes aux TIC. Le centre dispose d’une ressource humaine compétente et disponible pour assurer la formation des jeunes aux métiers des TIC. Par ailleurs, pour certaines activités tel que la couture, la maintenance des motos et voitures, la fonte… la localité dispose des ressources ayant l’expérience suffisante pour accompagner les jeunes et les femmes dans leurs processus d’apprentissage.
IV. Proposition d’activités HIMO dans le Canton de FOTOKOL
N° Activités Justification Observations
1
L’aménagement de la voirie publique (rigole, remblaie des pistes de circulation…)
faciliter l’accès des édifices publics en saison de pluie ;
faciliter la circulation dans la ville en saison des pluies ;
faciliter la circulation des eaux de pluies
Après une forte pluie, il est quasiment impossible d’accéder à certains édifices publics à cause de la stagnation des eaux.
2 Crée un terrain de football et de handball
créer un cadre d’épanouissement et de distraction des jeunes praticable en toutes saison ;
permettre aux différentes communautés de travailler ensemble et de contribuer au développement de la ville ;
libérer le champ de prière qui a été provisoirement transformé en stade.
Même si la transformation du champ de prière en stade ne cause pas de problème aujourd’hui, cela reste tout de même une source potentielle de conflit
3
Reboisement de la ville de FOTOKOL
sensibiliser la population aux conséquences du déboisement ;
permettre aux différentes composantes de la société de participer à un travail d’intérêt général ;
responsabiliser les producteurs de charbons.
42
V. CROSS SWOT-FFOM Croisés de FOTOKOL (du point de vue de la redynamisation des jeunes)
SWOT : STRENGTHS, WEAKNESSES,
OPPORTUNITIES and THREATS
FFOM : FORCES, FAIBLESSES,
OPPORTUNITES et MENACES
OPPORTUNITIES a) Proximité avec GAMBAROU au NIGERIA et
disponibilité du marché d’écoulement des produits locaux ;
b) Présence de plusieurs ONG et organisations internationales ;
c) Présence des bases militaires et amélioration du climat sécuritaire ;
d) Présence des camions de marchandises en provenance du NIGERIA.
MENACES a) Fermeture de la frontière CAMEROUN
NIGERIA ; b) Incursions et attaques de Boko Haram ; c) Retour ou présence des « repentis », des
« enrôlés de force » d) Respect des lois en matière d’importation
des marchandises ; e) Rareté de l’eau en saison sèche ; f) Inaccessibilité d’une partie des terres
agro-pastorales du fait de l’insécurité.
FORCES a) Facilité d’écouler la production locale
par GAMBAROU au NIGERIA ; b) Organisation des populations en
associations, GIC et coopératives ; c) Point d’entrée des marchandises en
provenance du NIGERIA (disponibilité d’un marché d’approvisionnement) ;
d) Présence et fonctionnement des services publics
Solution 1 - FORCES x OPPORTUNITES 1-1) Former les jeunes et les femmes aux
techniques agro-pastorales pouvant permettre l’augmentation des rendements et augmenter les volumes d’exportation ;
1-2) Créer des services pouvant permettre de répondre aux besoins des ONG, organisations de développement et forces de l’ordre.
1-3) Former les jeunes aux techniques commerciales.
Solution 3 - FORCES x MENACES 3-1) Mettre en place des activités de
transformation pour la consommation locale ;
3-2) Organiser les formations communes avec les populations hôtes et les déplacés.
3-3) Créer des business utilisant les téléphones portables, pour les réfugiés ou déplacés internes (pièce de recharge etc.).
FAIBLESSES a) Faible niveau de management des
GIC ou associations, coopératives ; b) Dépendance des populations aux
activités commerciales illégales avec le NIGERIA ;
c) Difficultés d’accès en saison de pluie par KOUSSERI ;
d) Absence d’énergie électrique ; e) Consommation des drogues par les
jeunes.
Solution 2 - FAIBLESSES x OPPORTUNITES 2-1) Organiser des formations pour le renforcement
des capacités des GIC et association avec l’appui des ONG ;
2-2) Sensibiliser les jeunes et les femmes au caractère illégal de certaines activités ;
2-3) Solliciter l’aide des organisations spécialisées pour sensibiliser les jeunes aux dangers des drogues.
Solution 4 - FAIBLESSES x MENACES 4-1) Demander l’aide aux ONG et/ou bailleurs
de fonds pour la mise en œuvre de certaines activités des programmes ;
4-2) Plaider auprès des autorités compétentes pour le raccordement de FOTOKOL au réseau électrique ;
4-3) Creuser des puits avec les activités HIMO ;
4-4) Créer des programmes d’insertion avec les ONG chrétiennes, les églises, les mosquées pour des « repentis » de Boko Haram.
43
2-2-7) MAKARI
Forte présence militaire sur les routes KOUSSERI-FOTOKOL-MAKARI.
Le mauvais état des routes combiné aux risques d’attaques de Boko Haram complique l’accès en saison de pluie. Même les 4x4 robustes évitent d’y aller.
Elle vend du riz importé à 600 FCFA le kg contre 550 FCFA le kg de riz local. Elle vend aussi du maïs, des oignons, des condiments, des spaghettis, des tomates, du savon, etc. On paie ici avec la monnaie Nigériane.
Pendant le focus groupe des femmes, elles ont déclaré que la plupart d’entre elles pratiquent les activités de maraîchage, d’élevage, et le commerce. Elles sont membres des GIC et espèrent des financements et des aides.
Dans cette zone, beaucoup de femmes se déplacent à dos d’ânes.
Pont sur le fleuve SERBWEL à la sortie de MAKARI. Les eaux du SERBWEL sont très poissonneuses mais les populations ignorent les techniques de fumage du poisson.
44
I. Aperçu général
MAKARI est un arrondissement du département du LOGONE et CHARI située à 105 km de KOUSSERI, limité au Nord par le Lac TCHAD, les communes de HILE ALIFA, BLANGOUA, à l’Ouest par la commune de FOTOKOL, au Sud par le NIGERIA et la commune du LOGONE BIRNI et à l’Est par les communes de GOULFEY et de KOUSSERI. Les sols de MAKARI sont variés et à l’observation on peut distinguer12 :
Les sols nommés localement « Hardé »; Les sols homogènes de texture argileuse composés en grande proportion d’argile;
gonflante ayant la particularité d’absorber ou de céder de l’eau suivant l’humidité du milieu environnant.
Principalement peuplé par les KOTOKO, les SARA, les ARABES CHOA et les KANOURI, l’ARABE est la langue parlée par toute la population. La commune de MAKARI n’est pas raccordée au réseau électrique et est alimentée en eau par le fleuve SERBWEL qui est une branche du LOGONE particulièrement riche en poissons. MAKARI accueille les déplacés interne ayant fuient leurs villages en raison des exactions de Boko Haram. Il n’existe pas de camps de déplacés interne au centre de MAKARI, les PDI vivent dans les familles d’accueil. La pêche, l’agriculture, l’élevage et les petits commerces constituent l’essentiel du tissu économique actuel de la localité de MAKARI. La culture du riz et des produits maraîchères se fait en toutes saison le long du fleuve SERBWEL tout comme la pêche qui se pratique dans le fleuve, et dans les marres. La production locale s’écoule principalement vers KOUSSERI, FOTOKOL et surtout MADA. Avant la crise de Boko Haram, une partie de la production du riz était vendu aux Nigérians qui venaient s’approvisionner localement. Aujourd’hui, l’essentiel de la production de riz est consommé localement et l’excédent est vendu sur le marché de MADA et alimente les îles du Lac TCHAD. Il n’existe pas de périmètre rizicole à MAKARI, la culture du riz se fait de manière individuelle et non coordonnée par chaque cultivateur qui doit lui-même trouver les moyens financiers nécessaires à la préparation et à l’irrigation des parcelles cultivables. L’on retrouve dans la localité deux variétés de riz, le NERICA et l’IR46 plus cultivé. D’une manière générale, les rendements à l’hectare sont faibles en raison du non-respect des itinéraires techniques et de l’utilisation des engrais et des herbicides de qualité douteuse. Le poisson pêché localement est revendu frais par les pêcheurs sur le marché de MADA et sur le marché local en raison du fait que ces derniers ne maitrisent pas les techniques de fumage du poisson. Les cultures maraîchères (oignons, gombo, tomates, légumes…) sont cultivées le long du fleuve SERBWEL en saison sèche au risque de subir les ravages des éléphants, des hippopotames et des animaux domestiques. Les conflits agro-pastoraux sont récurrents du fait de l’absence de délimitation des zones de pâturages en saison sèche. Par rapport à l’organisation des producteurs locaux, la localité de MAKARI compte une centaine de GIC et d’associations de cultivateurs, d’éleveurs et de pêcheurs. Toutes fois, le rôle de ses organisations se limitent quasi exclusivement à la production et dans une moindre mesure au stockage. D’après l’autorité traditionnelle, l’afflux des déplacés internes à MAKARI a augmenté la pression démographique et en conséquence l’augmentation du taux de chômage des jeunes. Les terres cultivables semblent disponibles pour tous et la sous-activité des jeunes se justifie ici par le manque de moyen financier pour le premier investissement.
12http://cvuc.cm/national/index.php/fr/carte-communale/region-de-lextreme-nord/125-association/carte-administrative/extreme-nord/logone-et-chari/533-makary
45
La ville de MAKARI ne dispose pas de point d’hébergement (hôtel, auberge) et les transactions financières se font essentiellement en monnaie Nigériane.
II. Activités Génératrices de Revenus pratiquées à MAKARI L’activité économique dans la localité de MAKARI est principalement dominée par la culture du riz, les cultures maraîchères (piment, oignon, tomate, légumes, gombo), la culture en contre saison du niébé, la pêche, l’élevage, le transport (moto, tricycle, voiture), l’industrie d’habillement, le BTP, les call box, le transfert d’argent, la recharge des téléphone portable, l’esthétique, la petite restauration, le petit commerce, la petite transformation,…Le projet PDRI a formé à MAKARI un pépiniériste spécialisé dans la production du riz de variétés NERICA.
III. Centre de formation et formateurs disponibles à MAKARI Il n’existe aucun centre de formation formelle à MAKARI. Toutefois, pour certaines activités tel que la maintenance des motos, la couture, l’agriculture, la localité dispose des personnes ressources pouvant former et surtout accompagner les jeunes et les femmes dans leurs domaines de compétences respectifs.
IV. Proposition d’activités HIMO dans le Canton de MAKARI N° Activités Justification Observations
1 Création des marres d’eaux artificielles
faire des réserves d’eaux pouvant permettre les cultures de contre saison ;
améliorer la production agricole ; permettre aux différentes composantes de
la communauté de travailler ensemble sur un projet communautaire
La commune est totalement inondée en saison de pluie et rien n’est fait pour retenir une partie de cette eau.
2
Remblayage de la route à l’entrée de la commune
faciliter l’accès à MAKARI en saison de
pluie ; faciliter l’écoulement des produits locaux ; permettre aux différentes composantes de
la communauté de travailler ensemble sur un projet communautaire.
Après une pluie, l’accès à MAKARI est quasi impossible même pour des véhicules 4X4.
3
Balisage des voies d’accès de la commune
faciliter l’accès à MAKARI en toutes
saison ; réduire les risques de se perdre sur la route
de MAKARI ; améliorer la sécurité des chauffeurs et des
usagers ; permettre aux différentes composantes de
la communauté de travailler ensemble sur un projet communautaire commun.
Pendant les voyages en provenance ou à destination de MAKARI, même les chauffeurs réguliers sur la cette route perdent parfois leurs repères.
4 Aménagement de la voirie MAKARI
faciliter la circulation dans la commune en saison de pluie ;
permettre aux différentes composantes de la communauté de travailler ensemble sur un projet communautaire ;
Après une pluie, certaines rues de la commune sont impraticables en raison de la stagnation des eaux de pluie.
46
V. CROSS SWOT-FFOM Croisés de MAKARI (au point de vue de la redynamisation des jeunes)
SWOT : STRENGTHS, WEAKNESSES, OPPORTUNITIES and THREATS
FFOM : FORCES, FAIBLESSES, OPPORTUNITES et MENACES
OPPORTUNITES a) Disponibilité des marchés de KOUSSERI, FOTOKOL
et MADA ; b) Présence de plusieurs ONG et organisations
internationales ; c) Prévision d’aménagement des périmètres rizicole
dans la commune par le plan d’urgence nationale à travers le PDRI.
MENACES a) Très forte pression démographique liée à la
présence des déplacés internes (qui s’installent durablement) ;
b) Présence des hippopotames et des éléphants dans le SERBWEL ;
c) Fermeture de la frontière avec le NIGERIA ; d) Dégradation des routes en saison des pluies.
FORCES a) Disponibilité des terres arabes
cultivables ; b) Organisation des populations en
associations, GIC et coopératives ; c) Présence de l’eau dans le
SERBWEL durant toute l’année ;
d) Présence et fonctionnement des services publics.
Solution 1 - FORCES x OPPORTUNITES 1-1) Former les jeunes et les femmes aux techniques
agro-pastorales pouvant permettre l’augmentation des rendements afin d’augmenter les volumes d’exportation ;
1-2) Former les jeunes et les femmes à la pisciculture et aux techniques de fumage du poisson ;
1-3) Former les jeunes et les femmes aux techniques de transformation des produits de l’agriculture.
Solution 3 - FORCES x MENACES 3-1) Création de marres artificielles grâce aux
activités HIMO pour améliorer l’accès à l’eau ; 3-2) Organiser les formations communes avec les
populations hôtes et les déplacés. 3-3) Créer des business utilisant les téléphones
portables, pour les réfugiés ou déplacés internes.
FAIBLESSES a) Faible niveau de management des
GIC, associations et coopératives ;
b) Absence d’énergie électrique dans la commune ;
c) Absence de point d’hébergement dans la localité ;
d) Absence de routes d’accès bien connues et praticables par des personnes étrangères.
Solution 2 - FAIBLESSES x OPPORTUNITES 2-1) Organiser des formations pour le renforcement des
capacités des GIC et association avec l’appui des ONG ;
2-2) Créer une auberge pour l’hébergement et la restauration des visiteurs, des ONG et autres personnes ;
2-3) Créer des activités utilisant les kits solaires (rechargement batterie, coiffure, moulin à écraser etc).
Solution 4 - FAIBLESSES x MENACES 4-1) Demander l’aides des ONG et/ou bailleurs de
fonds pour la mise en œuvre des certaines activités HIMO.
4-2) Utiliser les activités HIMO pour aménager les
routes d’accès à la commune (y compris les plaques d’orientation)
47
Chapitre 3 : RÉPERTOIRE DES AGR PERTINENTES POUR LES JEUNES ET LES FEMMES EN QUÊTE DE CRÉNEAUX ÉCONOMIQUES PORTEURS 3-1) Explication de la structure du chapitre L’on va au préalable, examiner au point 3-2), les formations précédemment dispensées à l’Extrême-Nord par le PNUD dans les derniers projets similaires. Ensuite, une longue liste d’environ 100 métiers possibles dans la région sera proposée au point 3-3). A la lumière des études de terrain, une liste de métiers avec plus de détail sera recommandée spécialement pour les localités de ZAMAÏ, MOSKOTA, LIMANI, AMCHIDEE, ZIMADO, FOTOKOL et MAKARI au point 3-4). A la suite de ce point, une étude de 3 filières sera proposée. Pour clôturer le chapitre, d’autres idées d’activités seront proposées au point 3-5). 3-2) Réflexion sur les formations précédemment organisées par le PNUD dans la région Il est important d’essayer de tirer les leçons des formations que le PNUD a organisées pendant les trois dernières années. A la lumière des informations collectées sur le terrain, le PNUD par l’intermédiaire de ses partenaires a précédemment dispensé les formations sur la couture, le commerce, la maçonnerie, la transformation agroalimentaire, l’élevage, le secrétariat bureautique, la restauration, la menuiserie bois et le maraîchage. Selon les observations sur le terrain, le degré de la demande par rapport à ces formations (et aux métiers concernés) peut se traduire comme suit dans les localités cibles objet de cette étude. Légende : 3 : Fortement demandé ;
2 : Assez demandé ; 1 : Légèrement demandé (ou il y a déjà une certaine concurrence) ; 0 : Pas de besoin (ou c’est un peu trop tôt pour cette année).
Tableau 3-1 : Niveau de la demande dans chacune des 7 localités
N° Métiers
ZA
MA
Ï
MO
SK
OT
A
LIM
AN
I
AM
CH
IDE
E
ZIM
AD
O
FO
TO
KO
L
MA
KA
RI
a) Couture 2 2 2 2 2 2 2 b) Commerce 2 0 2 3 2 3 2 c) Maçonnerie 1 1 2 3 2 2 2 d) Transformation
agroalimentaire 2 2 2 3 2 3 2
e) Elevage 3 2 2 1 2 1 2 f) Secrétariat
bureautique (TIC) 2 0 1 2 1 2 2
g) Restauration 2 0 2 3 2 3 2
h) Menuisier bois 2 0 2 3 1 2 2 i) Maraîchage 3 3 3 1 3 2 3
a) La couture est assez sollicitée dans toutes les localités, particulièrement à l’approche des
fêtes et/ou de la rentrée scolaire.
48
b) Le besoin de connaissance en techniques commerciales est particulièrement important dans la localité d’AMCHIDEE et de FOTOKOL en raison de la proximité avec le NIGERIA qui fait de ces localités de véritables plaques tournantes du commerce, parmi les plus importants points d’approvisionnement de l’Extrême-Nord en marchandises en provenance du NIGERIA.
c) En raison de l’importance des destructions enregistrées dans la localité d’AMCHIDEE et du fort délabrement des maisons abandonnées à cause des exactions de Boko Haram dans cette localité et dans celle voisine de LIMANI, les travaux de maçonnerie, menuiserie métallique et en général les métiers du BTP, y seront fortement demandés pour la reconstruction et/ou la réhabilitation.
d) La transformation agroalimentaire reste sans aucun doute l’un des axes prioritaires de développement de la production locale. Pour améliorer les revenus des populations locale dans chacune des localités cibles, il est important de donner aux jeunes et aux femmes les opportunités pouvant leurs permettre d’ajouter de la valeur aux produits locaux. La demande d’accompagnement des jeunes et des femmes dans les techniques de transformations agroalimentaires sera certainement forte dans chacune des 7 localités mais surtout à AMCHIDEE et FOTOKOL qui sont directement ouvert sur le marché Nigérian.
e) L’élevage est assez demandé dans l’ensemble des localités. Toutes fois, AMCHIDEE, LIMANI, FOTOKOL ont en commun le fait que les attaques régulières de Boko Haram contre les éleveurs et le vol de leur bétail ont considérablement réduit le cheptel local et poussé beaucoup d’éleveurs à s’éloigner des zones frontalières du NIGERIA.
f) Le métier de secrétariat bureautique peut être demandé à AMCHIDEE et FOTOKOL en cas de reprise des activités économique et du retour complet des services public et des administrations. Les localités de ZIMADO et MAKARI plus stable peuvent accueillir quelques secrétariats bureautiques avec système solaire. Comme métier, c’est un peu tôt pour la localité de MOSKOTA. Toutefois, il est important que les jeunes scolarisés sachent utiliser les ordinateurs.
g) La petite restauration peut être mise en œuvre dans toutes les localités avec un accent particulier à ZAMAÏ, AMCHIDEE et FOTOKOL en cas de réouverture de la frontière avec le NIGERIA et de reprise effective des activités économiques.
h) La menuiserie bois comme les autres métiers du BTP (menuiserie métallique, maçonnerie, carrelage, plomberie, électricité, peinture…) sera fortement demandée à AMCHIDEE et dans une moindre mesure a FOTOKOL et LIMANI pendant la phase de reconstruction et de réhabilitation des bâtiments et infrastructures publics et privés détruit par Boko Haram.
i) Le Maraîchage est demandé dans toutes les communautés mais le besoin sur le type de produits maraîchères varie en fonction de chaque communauté.
De tout façon, ces 9 métiers sont très connus et ils seront forcément sollicités par les jeunes, les femmes et par la société. Au moins 50% des jeunes et femmes objet de cette phase pourront recevoir ces mêmes formations. Bien que très classique, ces métiers peuvent être porteurs d’emploi et d’auto emploi si les formations et le choix des bénéficiaires sont judicieux, les formations bien organisées et un bon système d’insertion et de suivi personnalisé et collectif des jeunes existe et fonctionne bien. L’équipe va essayer dans la suite de ressortir d’autres métiers porteurs à fort potentiel d’emploi et surtout d’auto-emploi pour les jeunes et les femmes des localités ciblés.
49
3-3) Liste des métiers possible dans la Région 3-3-1) Longues liste des métiers non agropastoraux possibles dans la région Il s’agit ici des métiers dont la mise en œuvre peut être examinée sur le terrain en fonction des besoins explicites ou implicites des populations.
Tableau 3-2 : 12 Catégories de Métiers (environ 100 métiers non agropastoraux) Secteur
d’activités Métiers possibles
Secteur d’activités
Métiers possibles
1-Transport
- propriétaires motos et/ou auto - conducteurs motos et/ auto - mécanicien moto et/ou auto - tôlier - électricien moto et auto - vendeur de pièces de rechanges - promoteurs de laverie - promoteurs d’auto-école - moniteur d’auto-école - assureur
2-Coiffure et esthétique
- promoteur de salon de coiffure - coiffeurs/coiffeuse - spécialiste des soins
esthétiques (manucure, pédicure…)
- producteurs des huiles essentiels
- vendeur de produits de beauté - promoteur salon de massage - masseurs /masseuses
3-Hôtellerie et restauration
- promoteur d’hôtel/auberge - réceptionniste - agent de chambre - promoteur de restaurant - cuisinier - serveur - gardien/virgil - blanchisseurs - promoteur blanchisserie - brasseur de boissons locales - vendeur de boissons
4-Boulangerie /pâtisserie
- boulanger /pâtissier - aide boulanger /aide pâtissier - distributeur de pain - production et vente de beignets
5-Bâtiment et travaux public
- maçons - menuisier bois - menuisier métallique - menuisier aluminium - vitrier - peintre - staffeur - électricien - technicien de maintenance froid
et climatisation - carreleurs - plombiers - fabricants de briques en terre
stabilisée - charpentiers - fabricant de parpaing, pavés - décorateur - jardinier - vendeurs de bois - promoteur d’unité de rabotage,
sciage, perçage du bois - quincaillerie
6-Arts, spectacles et activités récréatives
-artiste peintre -promoteur maison de location du matériel de sonorisation -animateur -promoteur studio photo -photographe -cameraman -monteur vidéo -potier -forgeron -vannier -vendeur matériels de vannerie -fabricant des marmites -sérigraphe
7-Agro écologie
- producteur d’engrais organique
- producteur de pesticides bio - technicien d’irrigation - pépiniériste (vendeurs
d’arbustes pour reboisement)
50
8-TIC
- secrétariat bureautique - technicien de maintenance
informatique - vendeurs de matériel et
d’accessoires informatique - administrateur réseau - promoteur de cyber café - réparateur de téléphone - télé chargeur de song et vidéo - vendeurs de téléphone et
d’accessoires téléphoniques - promoteur de call box - opérateurs de call box - transfert d’argent
9-Energie solaire
- vendeur de matériels et équipements solaires
- technicien d’installation et de maintenance des équipements solaires
- formateurs - promoteur mini centrale - électrique à énergie solaire - exploitant de kiosque solaire
10-Gestion des déchets urbains
- fabricant des pavés à base de plastique
- producteur du compost - collecteurs des ordures
11-Couture
- couturier - brodeurs - tenancier de boutique de prêt à
porter - merciers - vendeurs de tissus et autres
accessoires de couture - techniciens de maintenance des
machines à coudre
12-Artisanat et matériaux locaux
- tricotage manuel - tailleur de pierres - fabricant des pavés en pierres - décorateur à base des pierres - producteur de brique de terre
cuite - tanneurs - vannier - potier
3-3-2) Métiers identifiés dans les 7 localités L’équipe a observée dans les 7 localités plusieurs activités génératrices de revenus pratiquées avec plus ou moins de succès par les populations locales. Les plus remarquables sont : l’agriculture, l’élevage, le commerce général, la petite quincaillerie, le transport par moto taxi, la boucherie, la petite restauration (vendeur de viande braisée, cafétéria, vente de beignets…), la couture, les call box, les opérateurs de transfert d’argents, la vente des accessoires pour téléphones portables, la recharge des téléphones portables, le téléchargement des musiques et vidéos, la vente des pièces de rechange pour moto, les garages pour moto, les colleurs de roues, le transport par tricycle, la pêche, le fumage ou le séchage des poissons, le décorticage du riz…etc. Il a été aussi identifié des activités qui n’existent pas encore dans certaines localités mais qui pourraient être pratiquées par les jeunes et les femmes desdites localités. Ces activités peuvent être résumées dans le tableau ci-dessous qui représente environ 50% des activités du tableau 3-2 :
Tableau 3-3 : Activités Génératrices de Revenus dans les 7 communautés cibles
N° Activités Génératrices de Revenus H, F
ZA
MA
Ï
MO
SK
OT
A
LIM
AN
I
AM
CH
IDE
E
ZIM
AD
O
FO
TO
KO
L
MA
KA
RI
1 Cultivateurs sorgho, maïs, arachide, soja, niébé
H, F X X X X X X X
2 Cultivateurs d’oignons H, F X X X X X
3 Technicien en conservation (oignon…) N/A 4 Embouche bovine H X X X X X X X5 Embouche ovine H, F X X X X X X X 6 Elevage des poulets traditionnels H, F X X X X X X X 7 Technicien de soins vétérinaires H X X X X X X X
51
8 Producteurs des légumes et autres produits maraîchères
H, F X X X X X X
9 Semenciers H, F X X10 Pépiniéristes H, F X X 11 Taxi moto H X X X X X X X
12 Couturiers H, F X X X X X X X
13 Maçonnerie H X X X X X X X14 Menuiserie bois H X X X X X X X15 Menuiserie métallique H X X X X X X X
16 Secrétariat bureautique H, F X X X X
17 Téléchargement des sons H, F X X X X X X X
18 Mécanicien moto H X X X X X X X 19 Mécanicien auto H X X X X X
20 Chargeur de téléphone par groupe électrogène
H X X
X X X
21 Production d’huile d’arachide, de soja, de ‘lime’…
H, F
X
22 Gestionnaire de centre multi- média ou multi fonctionnel
H, F X
23 Commerçant H, F X X X X X X X 24 Tenancier de forage et vendeur d’eau N/A 25 Transporteurs et distributeur d’eau N/A 26 Préparateur des peaux pour la tannerie N/A 27 Production des vêtements teintés N/A 28 Producteur d’aliments enrichis pour bétail N/A 29 Tenancier de restaurant H, F X X 30 Vente des accessoires téléphoniques H X X X X X X X 31 Maintenances des téléphones H X X X X X X X 32 Call box et transfert d’argent H, F X X X X X X 33 Production des briques de terre stabilisée N/A
34 Promoteur d’auberge N/A
35 Secrétariat bureautique N/A
36 Pêcheur H X X X 37 Pisciculteur H X X 38 Producteur d’alevins N/A 39 Producteur d’aliment pour poissons N/A
40 Fumeur de poisson H, F X 41 Sécheur de poisson H, F X X X 42 Opérateur de décorticage du riz H X X43 Vendeur de riz décortiqué F X X X
44 Vendeur de poisson fumé et séché H, F X X X X X X X
45 Riziculteur H, F X X X
46 Vendeur de matériels solaires N/A
47 Opérateur d’installation et de maintenance des systèmes solaires
N/A
48 Chargeur de lanternes par énergie solaire N/A 49 Chargeur de batteries de téléphones H X X X X X X X 50 Forgerons H X X X X X X X
52
3-4) Liste des AGR recommandées avec compte d’exploitation Voici 12 AGR recommandées avec 14 comptes d’exploitation.
3-4-1) Culture, conservation et vente de l’oignon
Tableau 3-4 : Compte d’exploitation prévisionnel pour la culture de l’oignon sur 1/4 hectare N° Désignation Unité Quantité Prix unitaire Prix total en FCFA
1 location terres fertiles 1/4 ha 1 50 000 50 000
2 défrichage Forfait 1 15 000 15 000
3 labourage et construction des carreaux (casiers) et arrosage Forfait
1 150 000 150 000
4 semence Verre 12 5 000 60 000
5 engrais Sacs de 50 kg 5 20 000 100 000
6 pesticides Forfait 1 20 000 20 000
7 sarclage Forfait 3 25 000 75 000
8 récolte et transport Forfait 1 100 000 100 000
9 dépenses divers imprévus Forfait 1 50 000 50 000
Total Dépenses 620 000
10 récolte moyenne prévisionnelle Sacs de 100 kg 60 40 000 2 400 000
11 prévision de pertes entre la récolte et la fin vente
Sacs de 100 kg
20 40 000 ‐800 000
Bénéfice brut prévisionnel 980 000
12 prévision de Main d'œuvre familiale
Jours 150 2 500 375 000
13 achat et/ou location matériel et équipements de travail
Forfait 1 120 000 120 000
Bénéfice Net 485 000
Au cas où l’agriculteur dispose de ses propres terres, le coût de location du terrain devrait être déduit des charges et aller en augmentation des bénéfices. Si au contraire l’agriculteur doit acheter la terre, le coût d’achat sera bien plus élevé. En tout état de fait, les coûts de location ou d’achat du terrain ne sont nécessaires que pour la première campagne de l’année. À l’analyse de ce compte d’exploitation et des données de terrain, les leçons suivantes peuvent être tirées : a) La main d’œuvre familiale n’est pas généralement prise en compte par les agriculteurs
pendant le calcul des charges, ce qui conduit à une surestimation des bénéfices bruts. Dans le présent compte d’exploitation la main d’œuvre familiale a été évaluée à un taux forfaitaire de 2 500 FCFA par jour pendant 150 jours.
b) Suivant le résultat des « focus groupes » avec les cultivateurs d’oignon, la récolte peut
être de l’ordre de 60 sacs de 100 kg sur 1/4 d’hectare de terres bien fertile si la plantation est bien suivie.
53
c) Entre la fin de la récolte et la vente des oignons par les cultivateurs, les pertes enregistrées du fait des difficultés de conservation sont de l’ordre de 20 sacs sur les 60 sacs récoltés, soit une perte de l’ordre de 33% de la production dans certaines localités.
L’on observe dans les différentes communautés visitées, une différence d’approche dans la conservation des oignons. Dans certaines localités telle que ZIMADO, LIMANI…les cultivateurs ignorent tous de la conservation des oignons, les oignons sont vendus immédiatement à la fin de la récolte au prix du marché. Si les prix sont élevés sur le marché au moment des récoltes, l’activité est rentable pour le cultivateur et si à l’opposé, la récolte intervient au moment où les prix sont au plus bas, c’est la catastrophe pour les cultivateurs qui parfois n’arrivent même pas à récupérer l’investissement de départ, ce qui interpelle sur la nécessité de former les cultivateurs d’oignons sur les techniques de conservation des oignons et de mettre en place les groupes d’échange d’expériences et d’échange de bonnes pratiques de conservation des oignons.
Petit magasin de stockage traditionnel en matériaux locaux pour stockage des oignons. Le magasin est bien aéré, mais il y a un seul niveau de stockage et les eaux peuvent s’y infiltrer en cas de violentes pluies.
Stockage de l’oignon dans un magasin en brique de terre mi-dure et recouvert de tôles ondulée en aluminium. Ce magasin ne dispose pas d’un système d’aération ou de ventilation. Les oignons sont directement disposés sur le sol.
Stockage d’oignons dans un magasin en brique de terre mi-dure et recouvert de tôles ondulées en aluminium. Ce magasin dispose d’un système d’aération et de ventilation traditionnel. Les oignons sont disposés sur les plusieurs niveaux d’étagères en pailles et à l’abri de toutes intempéries.
Le potentiel du marché de l’oignon est quasi illimité au regard de la très forte demande sur le marché avec des pics de prix allant parfois jusqu’à 60 000 FCFA le sac à certaines périodes de l’année. En cas de maîtrise de la culture et surtout des techniques de conservation, le revenu des cultivateurs sera augmenté d’environ 20 à 30% dans certaines localités, ce qui aura un impact significatif sur le niveau et la qualité de vie des populations hôtes et des déplacés internes.
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La culture, la conservation et la vente de l’oignon peut à elle seule occuper environ 20 jeunes et femmes dans chacune des 4 localités des départements du MAYO SAVA et du MAYO TSANAGA. Les jeunes de ZIMADO peuvent aussi être intéressés par cette culture. 3-4-2) Transport et vente de l’eau D’une manière générale, l’eau est une denrée rare dans la région de l’Extrême-Nord et plus particulièrement dans les départements du MAYO SAVA et du MAYO TSANAGA. En raison du manque d’eau dans les localités pendant la saison sèche qui dure environ 8 mois, plusieurs activités tournent au ralenti. Certains agriculteurs sont même obligés d’abandonner leurs champs en cours de campagne à cause du manque d’eau. Le besoin en eau est vraiment important pour :
l’agriculture et surtout les cultures maraîchères ; les cultures de contre saison ; l’élevage ; la consommation domestique ; les travaux de construction des infrastructures ; la prière (pour les musulmans).
Les points de ravitaillement en eau en saison sèche étant généralement éloignés dans les bas-fonds et parfois dans les villages voisins, le transport et la vente de l’eau peut être une activité bien rentable et pérenne. Ceux qui s’y mettent peuvent évoluer en construisant et en exploitant leur propre forage. Le transport de l’eau peut se faire par tricycle, moto, pousse, moto + pousse, charrue + âne, etc. Pour cette activité, nous pouvons distinguer au moins deux segments rentables :
a) le segment de la vente de l’eau aux agriculteurs et éleveurs : Pour ce segment du marché de la vente de l’eau, les principaux clients peuvent être les cultivateurs, les éleveurs, les entreprises ou techniciens du génie civil pour la construction des maisons et édifices publics. Ici l’eau vendu peut provenir des rivières ou des forages et n’a pas absolument besoin d’être une eau potable. Les quantités d’eau en jeux ici peuvent être très importantes et nécessiter l’acquisition de grands récipients et de moyens de transport appropriés.
Tableau 3-5a : Investissement pour le transport et la vente de l’eau aux agriculteurs, éleveurs… N° Désignation Unité quantité Prix unitaire en
FCFA prix total 1ier mois
en FCFA
1 Bidon de 50 litres Unité 5 7 000 35 000
2 Cubitainer (1000 litres) Unité 1 100 000 100 000
3 Ane (plus aliments) Unité 2 50 000 100 000
4 Moto pompe Unité 1 80 000 80 000
5 Tuyau Mètre 50 500 25 000
6 Charrue Unité 1 180 000 180 000
Total Dépenses 520 000
Si l’on considère que l’organisateur peut fournir un KIT de 100,000 FCFA par jeunes, un
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groupe (Joint-venture) de 5 à 6 jeunes peut permettre de dégager les moyens financiers pouvant couvrir l’investissement initial. Prévision des ventes Pour une communauté d’environ 15 agriculteurs et 15 éleveurs, on peut estimer la consommation journalière d’eau à 1000 litres par agriculteur et à 100 litres par éleveur.
Tableau 3-5b : Prévision des ventes de l’eau en un mois
Unité Quantité Nombre de
personnes
Nombre de
jours
Quan
tité
d'eau
totale
en litre
Prix du litre
Prix total
Eleveurs Litre 1000 15 30 450 000 1,5 675 000
Agriculteurs Litre 100 15 30 45 000 1,5 67 500
Prix de vente total de l’eau en un mois 742 500
Fonctionnement
Alimentation et soins vétérinaires des ânes 30 000
Maintenance motopompe et charrue 20 000
Consommation en carburant 30 000
Salaire mensuelle (5 à 6 personnes) 300 000
Imprévus divers 25 000
Montant total charges de fonctionnement 405 000
Bénéfice brut par mois 337 500
Pour répondre efficacement aux besoins du marché et créer de la demande supplémentaire, plusieurs jeunes (au moins 5 à 10 par communauté) doivent s’y mettre. S’ils assurent un bon approvisionnement en eau de la communauté, le nombre d’agriculteurs pratiquant l’agriculture de contre-saison va augmenter et entrainer automatiquement une augmentation de la demande en eau, d’où un accroissement du chiffre d’affaire potentiel de l’activité de transport et de vente d’eau. Au début, les organisateurs peuvent prévenir les bénéficiaires que l’ensemble du KIT sera prêté pour 2 ou 3 mois aux bénéficiaires ayant choisi cette activité. S’ils ne mettent pas en pratique l’activité ou s’ils ont des difficultés à travailler en groupe, le KIT peut être retiré et remis à un autre groupe.
b) Segment de la vente de l’eau de consommations aux ménages et petits commerces
Bien que déjà pratiquée dans certaines localités telles que FOTOKOL… la vente de l’eau aux ménages et aux petits commerces peut être rentable dans quasiment toutes les localités objet de cette étude. L’eau ici doit être potable et bonne à la consommation humaine. Elle peut provenir d’un forage ou d’une source communément utilisée dans la localité pour la boisson ou la cuisson. Dans les localités comme KOUSSERI et FOTOKOL, l’on observe sur ce segment de marché deux types d’opérateurs : les exploitants de forages : ils disposent d’un forage et vendent l’eau du forage aux
jeunes qui la distribue aux ménages et petits commerces par des porte-tout ;
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les vendeurs d’eaux : ils achètent de l’eau aux propriétaires de forages et la revende aux ménages et petits commerces. Les vendeurs d’eau payent aux propriétaires de forage un montant forfaitaire de 500 FCFA par jour et sont libres de puiser autant d’eau que possible. L’eau est revendue dans des bidons de 20 à 25 litres à 50 FCFA le bidon.
Les enquêtes auprès de certains vendeurs d’eau de la ville de KOUSSERI ont montré que ces derniers gagnent entre 3 000 FCFA et 7 000 FCFA par jour. Compte d’exploitation de la vente de l’eau aux ménages et petits commerces
Tableau 3-5c : investissement pour la vente de l’eau Désignation Unité Quantité Prix unitaire en FCFA Prix total en FCFA
Porte tout Unité 1 70 000 70 000
Entonnoir Unité 1 1 000 1 000
Bidon de 20 Litres Bidon 12 2 000 24 000
Total investissement 95 000
Pour un vendeur qui vend 10 portes-tout (de 12 bidons d’eau) par jour à 50 FCFA le bidon, il y aura : 10 x 12 x 50 FCFA= 6 000 FCFA de recette journalière et en reversant 500 FCFA au forage et 500 FCFA pour la maintenance journalière de son outil de transport, il lui restera un bénéfice net de 5000 FCFA par jour.
3-4-3) Embouche Ovine La demande en viande au CAMEROUN et dans les pays voisin (NIGERIA…) est très élevée à cause de la croissance démographique que l’on observe dans les centres urbains. Avec la réduction des espaces pastoraux, les méthodes traditionnelles d’élevage ne permettent plus une production satisfaisante de protéines animales, capable de satisfaire aux besoins des populations, surtout dans un contexte où les exactions de Boko Haram ont influencés négativement le cheptel dans les localités cibles objet de cette étude. Le climat d’insécurité créer par Boko Haram le long des localités frontalières avec le NIGERIA est aujourd’hui un facteur favorable au développement de l’embouche ovine dans les zones d’habitations. Par ailleurs, la durée d’embouche est courte (deux à trois mois) par rapport à l’élevage traditionnel en raison du fait que les bêtes sont souvent nourries par des aliments plus riche (tourteaux de coton…).
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Tableau 3-6 : Compte d’exploitation prévisionnel pour l’embouche ovine N° Désignation Unité Quantité Prix unitaire 2ème mois
1 Moutons Unité 2.0 30 000 60 000 60 000
2 Tourteaux de
coton Sac 0.2 12 500 2 500
15 600
3 Son de maïs Sac 0.2 7 000 1 400
4 Mil rouge Sac 0.1 20 000 2 000
5 Sel Sac 0.5 3 000 1 500
6 Eau Forfait 0.2 1 000 200
7 Soins vétérinaires Forfait 0.4 5 000 2 000
8 Paille Forfait 0.2 5 000 1 000
9 Divers imprévus Forfait 1.0 5 000 5 000
Total Dépenses 75 600
Coût de vente prévisionnelle des 2 bêtes (60000x2) 120 000
Marge Brut à la fin du 2ème mois 44 400
Main d'œuvre familiale si nécessaire (100 FCFA par jour) 6 000
Bénéfice Net à la fin du 2ème mois 38 400
Compte tenu de la forte demande dans toutes les localités cibles, l’embouche ovine peut occuper au moins 20 jeunes et femmes dans chacune des localités.
Cette activité peut être combinée aux soins vétérinaires, à l’agriculture ou à toute activité commerciale pouvant être pratiquée non loin de la zone de nutrition des animaux. Toutefois, il est important que les jeunes et les femmes soient bien formés aux techniques d’embouches et de gestion, afin d’être capable d’identifier à l’achat les animaux en bonne santé, de bien les suivre et de faire des affaires rentables.
Si au terme des activités HIMO, chaque jeune épargne 1 500 FCFA par jour pour un total de 60 000 FCFA en 40 jours, le premier investissement de 75 600 FCFA pour deux moutons peut être couvert avec un petit accompagnement du PNUD.
En fonction de la taille et du poids des moutons au départ, plusieurs options d’achat et de revente sont possibles :
Un mouton acheté à 30 000 FCFA peut être vendu 2 mois plus tard à 60 000 FCFA. Un mouton acheté à 50 000 FCFA peut être vendu 2 mois plus tard à 80 000 FCFA. Le bénéfice net sera aussi fonction du nombre de bêtes achetés. La rentabilité du business est mieux assurée avec environ 10 moutons.
Il est important d’échelonner les achats de manière à être en mesure d’avoir des animaux à vendre tous mois après les deuxièmes mois. La prise en compte des périodes de forte demande telles que les fêtes religieuses ou de fins d’années est importante dans la planification des périodes d’achats et de vente de moutons. 3-4-4) Kiosque solaire L’Extrême-Nord du CAMEROUN a un grand avantage par rapport à l’énergie solaire, en raison d’une plus forte irradiation que celle des autres régions du pays. Selon les données de l’Agence d’Electrification Rurale (AER) du CAMEROUN, le territoire national est éclairé avec 4 kwh/m²/jour au Sud et 5,8 kwh/m²/jour au Nord, ce qui permet une production de l’énergie solaire un peu moins cher au Nord que dans les autres régions du Sud.
A ce jour, les localités de MOSKOTA, LIMANI et AMCHIDEE n’ont pas accès à l’énergie électrique et environ 70% du Canton de ZAMAÏ n’est pas électrifié.
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Avec un point d’éclairage en zone rurale, il est possible de : garder plus longtemps ouvert sa boutique ou son commerce ; de travailler plus longtemps et donc d’augmenter la production locale ; d’augmenter de 50 à 90% le temps disponible aux élèves pour étudier leurs
leçons etc.
Pour tirer avantage de tous les bénéfices ci-dessus, la distribution des kiosques solaires pourrait permettre d’accroitre le niveau d’activités des jeunes et des femmes et servir de support aux activités telles que :
la recharge des batteries ; les call box ; le transfert d’argent ; le secrétariat bureautique ; les petits commerces
(boutique) ; la coiffure ; le rechargement des lanternes ; le moulin à écraser (à l’avenir) ; la couture etc.
Un kiosque équipé d’un kit solaire modulable pourra permettre entre autres l’a mise en œuvre d’une des options suivantes : Equipements
Sur ce kiosque, on peut installer
un kit de solaire modulable.
Option 1 deux points d’éclairage un chargeur de téléphone portable
d’une capacité de 20 batterie/jour un mini-ventilateur
Option 2 deux points d’éclairage un ordinateur portable une imprimante 3 en 1 (imprimante, scanner, photocopie) un mini ventilateur
Option 3 deux points d’éclairage une machine à coudre un mini-ventilateur
Un partenariat avec les opérateurs de téléphonie mobile et/ou de transfert d’argent tel que : Orange, MTN, NEXTEL et EXPRESS UNION pourrait permettre d’obtenir des kiosques sur lesquels des systèmes solaires seront installés.
Tableau 3-7 : Devis estimatif des équipements nécessaires à l’installation d’un kit solaire modulable sur un kiosque MS40 (24 Volt)
Désignation Unité Achat Unité Qté Prix de Vente Unitaire (PVU)
Prix total
PANNEAUX SOLAIRES 158 789
Panneaux solaires 300Wc/12V Unité 1 144 123 144 123
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Connecteur mâle (‐) 1P 4mm² Unité 4 1 620 6 480
Connecteur Femelle (+) 1P 4mm² Unité 4 1 620 6 480
Câble solaires 1x6mm² Noir Mètre 2 853 1706
REGULATEUR ‐ 65 512
Régulateur C60 C60 Unité 1 55 432 55 432
Câble de 1x16 mm² souple noir Rouleaux Mètre 5 1 008 5 040
Câble de 1x16 mm² souple rouge
Rouleaux Mètre 5 1 008 5 040
ONDULEUR ‐ 89 612
Onduleur lumineuse 12v 875VA F04187500219 Unité 1 55 432 55 432
Câble de 1x25 mm² souple noir Mètre Mètre 10 1 643 16 430
Câble de 1x25 mm² souple rouge
Mètre Mètre 10 1 643 16 430
Embout de 25mm² Paquet Unité 10 132 1 320
BATTERIES ‐ 137 850
Batterie 100Ah‐12V F1102J410100 Unité 1 106 600 106 600
Câble de 1x25 mm² souple noir Mètre Mètre 5 1 643 8 215
Câble de 1x25 mm² souple rouge
Mètre Mètre 5 1 643 8 215
Cosses de 25/6 Unité Unité 30 450 13 500
Embout de 25 mm² Paquet Unité 10 132 1 320
COFFRET DE PROTECTION ‐ 50 758
Répartiteur 2P Unité 2 13 899 27 798
Borne Terre de 6 Volt/J NSYTRV62PE Unité 1 1 837 1 837
Borne Terre de 16 Volt/J NSYTRV162PE Unité 1 2 755 2 755
Borne de 70 NSYTRV702 Unité 2 9 184 18 368
ACCESSOIRES D'INSTALLATION ‐ 50 000
TOTAL EN FCFA 552 521
Par rapport à l’installation et à la maintenance des kits solaires, il faut prévoir à peu près 2 semaines de formation pour les jeunes désirants s’installer sur le segment du dimensionnement, de l’achat de matériels solaires, de la vente, de l’installation et de la maintenance des kits solaires photovoltaïques. Les jeunes ainsi formés pourront installer et maintenir les kits solaires dans les autres villages environnants. On peut former 5 jeunes par communautés, soit un total de 35 jeunes pour les 7 localités cibles. 3-4-5) Production d’huile d’arachide Les plantes à huile (ou oléagineux) telles que les arachides ou le soja, peuvent être transformées en un grand nombre de produits consommables localement telle que les huiles, le beurre, le savon, les gâteaux, les pâtes, etc. Les déchets de production peuvent aussi être réutilisés comme combustible, aliments pour bétails, etc. En milieu urbain, les huiles industrielles dominent le marché. Dans les zones rurales, une part importante des oléagineux est transformée et consommée localement. Le plus souvent, cette transformation a lieu au moyen de méthodes traditionnelles qui donnent des produits ayant une odeur et un goût bien particuliers, fortement appréciés des consommateurs. Avec une amélioration des procédés de transformation, les huiles produites localement pourraient résister à la concurrence des huiles industrielles. Pour permettre aux jeunes et aux femmes
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de mener cette activité de manière semi-industrielle et d’augmenter le niveau de production, il est important de mécaniser un certain nombre d’activités.
Tableau 3-8a : Etapes de production de l’huile d’arachide
La mécanisation peut intervenir au niveau des étapes suivantes :
Décorticage Broyage Pressage
En facilitant l’acquisition de ces machines aux GIC de jeunes producteurs d’huile d’arachide, ils seront en mesure de produire des quantités acceptables pouvant leur permettre d’améliorer leurs revenus et de réduire la prédominance sur le marché locale des huiles industrielles de moins bonne qualité.
Tableau 3-8b : Compte d’exploitation pour la production et la vente de l’huile d’arachide et
de ses sous-produits Désignation Unité Quantité Prix unitaire Prix total en FCFA
1.1. Investissement
Pressoir à huile manuelle Unité 1 60 000 60 000
Fût de 200 litres en fer Unité 1 12 500 12 500
Marmites Unité 2 3 000 6 000
Cuvettes Unité 2 3 000 6 000
Bidon de 20 litres Unité 5 2 500 12 500
Total Investissement 97 000
1.2. Fonctionnement pour la transformation d’un sac d’arachide
Sac d'arachide de 100 kg Unité 1 50 000 50 000
Broyage des arachides Sac 1 4 000 4 000
Transport pour broyage Forfait 2 1 000 2 000
Bois pour cuisson Forfait 1 3 000 3 000
Main d'œuvre manœuvre Forfait 1 3 000 3 000
Petite fourniture Forfait 1 5 000 5 000
Total dépenses de fonctionnement (A) 67 000
2. Production
Huile d'arachide Litre 50 1 300 65 000
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Pâtes de tourteaux d'arachide pour sauce, wili wili, TOUNKOUSSA Boule 400 100 40 000
Total ventes (B) 105 000
Marge bénéficiaire Brute (B)‐(A) 38 000 Cette opération peut être reproduite au moins une fois par semaine, cette activité est rentable pour les jeunes et les femmes qui s’y investissent. Toutefois, pour assurer une activité permanente toute l’année, il serait bon d’y associer la transformation d’autres produits tel que le soja, le piment, etc. 3-4-6) Culture du riz La riziculture irriguée peut être pratiquée avec d’excellents résultats dans le département du LOGONE et CHARI notamment dans les localités de ZIMADO, FOTOKOL et MAKARI. Tableau 3-9 : Compte d’exploitation de la riziculture sur 1/2 hectare de terres irriguées telle
que pratiquée à ZIMADO
Prix unitaire Prix total en FCFA
Désignation Unité QuantitéSaison de pluie
Saison sèche
Saison de pluie
Saison sèche
Frais de viabilisation et de suivi du comité de gestion du périmètre rizicole
Forfait 1 40 000 80 000 40 000 80 000
Labour Forfait 1 20 000 20 000 20 000 20 000
Pépinière Forfait 1 12 000 12 000 12 000 12 000
Planage Forfait 1 12 000 12 000 12 000 12 000
Repiquage Forfait 1 14 000 14 000 14 000 14 000
Premier épandage engrais Sac 3 22 000 22 000 66 000 66 000
Premier désherbage Forfait 1 25 000 25 000 25 000 25 000
Deuxième épandage d’engrais
Forfait 1 22 000 22 000 22 000 22 000
Deuxième désherbage engrais
Sac 1 15 000 15 000 15 000 15 000
Lutte contre les oiseaux Forfait 1 10 000 10 000 10 000 10 000
Herbicide Litre 1 5 000 5 000 5 000 5 000
Moissonnage Forfait 1 14 000 14 000 14 000 14 000
Battage Forfait 1 14 000 14 000 14 000 14 000
Sac vide Unité 40 300 300 12 000 12 000
Transport pour magasin Sac 40 500 500 20 000 20 000
Total dépenses d'exploitation 301 000 341 000
Récolte Sac 40 11 000 11 000 440 000 440 000
Bénéfice brut 139 000 99 000 À ce jour les rendements de la riziculture dans ces localités sont relativement faibles de l’ordre de 40 sacs paddy (riz non décortiqué) pour 1/2 hectare à cause du non-respect des itinéraires techniques par les riziculteurs, de l’utilisation des engrais non appropriés et de l’insuffisance du niveau d’irrigation des rizières. En raison du fait que les rendements normaux sont de l’ordre du double (2,5 tonnes pour 1/2 hectare) des rendements actuels, cette activité pourrait bien être rentable pour les jeunes et les femmes bien formés.
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3-4-7) Décorticage et vente du riz Compte tenu de la demande de plus en plus croissante en riz locale par les ménages, l’activité de décorticage et de vente du riz est rentable pour les femmes qui s’y engagent. En effet, l’investissement de départ est faible, le produit final n’est pas périssable. Dans chacune des trois localités de ZIMADO, FOTOKOL et MAKARI, cette activité peut occuper au moins 5 femmes.
Tableau 3-10 : Compte d’exploitation du décorticage et de la vente du riz
Désignation Unité Quantité Prix unitaire Prix total en FCFA
1.1. Investissement
Cuvette Unité 1 4 000 4 000
Unité de mesure (coro en langue locale) Forfait 2 500 1 000
Total Investissement 5 000 1.2. Fonctionnement
Riz non décortiqué Sac paddy 6 11 000 66 000
Transport vers la décortiqueuse Sac paddy 6 500 3 000
Frais de décorticage Sac paddy 6 1 250 7 500
Transport riz décortiqué vers le point de vente
Forfait 2 1 000 2 000
Location emplacement de vente Mois 0,25 5 000 1 250
Transport vendeuse Jour 6 500 3 000
Total dépenses de fonctionnement hebdomadaire (A) 82 750
2. Production
Riz décortiqué kg 200 450 90 000
Son de riz + brisures de riz Sac paddy 3 5 000 15 000
Total ventes (B) 105 000
Marge bénéficiaire hebdomadaire (B)‐(A) 22 250
Cette opération peut se répéter au moins une fois chaque semaine, ce qui permet de garantir un revenu hebdomadaire d’au moins 20 000 FCFA à chaque femme ou jeune qui s’installe sur ce segment de marché.
3-4-8) Pêche à l’épervier Dans les localités du LOGONE et CHARI ou la pêche fait partie de la culture de certains peuples, cette activité peut s’avérer rentable pour un jeune qui s’y investit sérieusement. Cette activité peut être combinée au séchage, au fumage et à la vente des poissons séchés et fumés.
Tableau 3-11 : Compte d’exploitation de la pêche à l’épervier I. Charges Unité Quantité Prix unitaire Prix total en FCFA
1.1. Investissement
Pirogue Unité 1 70 000 70 000
Achat et préparation filets Unité 1 20 000 20 000
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Plomb Forfait 1 25 000 25 000
Préparation plomb Forfait 1 3 000 3 000
Petit matériel divers Forfait 1 10 000 10 000
Total investissement 128 000
1.2. Fonctionnement
Assistant pêcheur Jours 6 5 000 30 000
Petites dépenses divers Forfait 1 6 000 6 000
Total dépenses de fonctionnement hebdomadaire (A) 36 000
II. Production
Poissons frais Jours 6 15 000 90 000
Total ventes hebdomadaire (B) 90 000
Marge bénéficiaire hebdomadaire (B)‐(A) 54 000 L’activité de pêche n’est recommandable que pour les jeunes ayant déjà une expérience de la pêche. Pour un jeune n’ayant jamais pratiqué la pêche, il serait préférable qu’il commence par travailler comme assistant pêcheur pour apprendre et comprendre la technique du métier avant de se lancer à son propre compte. 3-4-9) Fumage et vente du poisson Le fumage du poisson est non seulement une activité rentable mais aussi et surtout une activité support pour les autres activités de la filière poisson dans les localités où il n’y a ni électricité, ni moyen de conservation et de transformation des produits de la pêche. Dans la localité de MAKARI ou la technique de fumage de poisson n’est pas maîtrisée, les pêcheurs ne tirent pas toujours le meilleur profit de leurs activités. L’installation des jeunes et des femmes bien formées en technique de fumage et de séchage de poisson pourrait améliorer de manière significative les conditions de vie des populations et surtout des acteurs de la filière poisson. Le poisson est disponible auprès des pêcheurs et les acheteurs sont nombreux aussi bien localement que dans les pays voisins tel que le NIGERIA et le TCHAD. Tableau 3-12 : Compte d’exploitation de l’activité de fumage du poisson (Silure) I. Charges Unité Quantité Prix unitaire Prix total en FCFA
1.1. Investissement
Four traditionnel Unité 1 30 000 30 000
Petits matériels (couteaux…) Forfait 1 5 000 5 000
Total Investissement 35 000
1.2. Fonctionnement
Achat poisson silure Sac de 100 kg 1 75 000 75 000
Transport Forfait 1 4 000 4 000
Main d'œuvre pliage poisson Sac 1 3 500 3 500
Bois de chauffage pour fumage
Forfait 1 4 000 4 000
Huile d’arachide Litre 1 1 250 1 250
Sucre Forfait 1 2 000 2 000
Main d'œuvre Surveillance du 12 H 1 3 000 3 000
64
séchage
Carton d'emballage Unité 5 1 000 5 000
Préparation des cartons Unité 5 300 1 500
Divers imprévus Forfait 1 10 000 10 000
Total Dépenses de fonctionnement (A) 109 250
II. Production
Poissons fumés Carton 5 45 000 225 000
Total ventes (B) 225 000
Marge bénéficiaire par sac de 100 kg de poissons frais (B)‐(A) 115 750 Cette opération de fumage et de vente d’un sac de silure peut se faire en un jour et il est possible de la répéter plusieurs fois par semaine en cas de disponibilité du poisson. Cette activité peut être combinée à la pêche et à la pisciculture et peut être pratiquée aussi bien par les femmes que par les hommes. 3-4-10) Production et vente des briques de terre stabilisée Les raisons de promouvoir cette activité auprès des jeunes sont multiples et variées : La matière première est abondante dans toutes les localités et moins chère ; Les constructions et ouvrages en brique de terre stabilisée sont solides et plus
résistantes aux intempéries, elles permettent aussi de réguler la température dans la maison en fonction des saisons ;
L’utilisation des matériaux locaux dans la construction des ouvrages publics est encouragé par l’Etat ;
Pour tirer le meilleur bénéfice de cette activité, il est souhaitable de la combiner avec la maçonnerie et/ou la taille des pierres et la décoration.
Tableau 3-13 : Compte d’exploitation de la fabrication des briques de terres stabilisées
Désignation Unité Quantité Prix unitaire
Prix total en FCFA
1.1. Investissement
Presse à brique manuelle Unité 1 250 000 250 000
Pelles ronde Unité 3 3 000 9 000
Pelles bèche Unité 3 3 000 9 000
Brouettes Unité 3 22 000 66 000
Pioches Unité 5 2 500 12 500
Bâche de protection en plastique Forfait 1 10 000 10 000
Tables Unité 2 15 000 30 000
Casques de sécurité Unité 5 2 500 12 500
Bottes Paire 5 5 000 25 000
Gang de manutention Paire 5 1 500 7 500
Petite fourniture Forfait 1 18 500 18 500
Total Investissement 450 000
1.2. Fonctionnement Pour la fabrication de 1000 briques de 25x13x13 Cm
65
Argile Brouettes 32 300 9 600
Sable Brouettes 6 250 1 500
Ciment CPJ 42,5 Sac 4 6 000 24 000
Eau Litre 20 2,5 50
Main d'œuvre manœuvre Jours 1 10 000 10 000
Petite fourniture Forfait 1 5 000 5 000
Total Dépenses de fonctionnement (A) 50 150
Coût de production d'une brique (/1000) 50,15
II. Production
Briques de terres stabilisées Unité 1 000 100 100 000
Total ventes de 1000 briques (B) 100 000
Marge bénéficiaire pour 1000 briques (B)‐(A) 49 850 En fonction de la demande, cette opération peut se répéter plusieurs fois par semaine. 3-4-11) Exploitation d’une Auberge Aucune des localités objet de cette étude ne dispose d’auberge alors que cette activité peut bien être rentable dans les localités telles que FOTOKOL, MAKARI, AMCHIDEE…, l’exploitation d’une auberge dans chacune de ses localités pourrait satisfaire aux besoins en logement de transit des commerçants, des aides humanitaires, des journalistes…, par ailleurs, ces localités ne disposent pas de restaurants susceptibles de satisfaire aux besoins alimentaires des visiteurs. Une Auberge de 5 à 10 chambres associée à un restaurant et à la vente des boissons peut être une affaire rentable dans les localités citées plus haut. Un groupe d’environ 3 jeunes peut se former autour du projet de création d’une auberge avec le soutien et l’appui d’un ou de plusieurs partenaires au développement. Le principe ici n’est pas de construire une auberge, mais de louer une maison d’habitation et de la transformer en auberge.
Tableau 3-14 : Compte d’exploitation d’une auberge de 5 Chambres
Désignation Unité Quantité Prix unitaire Prix total en FCFA
1.1. Investissement
Lit deux places + Matelas Unité 5 60 000 300 000
Oreiller Unité 10 2 500 25 000
Draps Unité 15 5 000 75 000
Table de chambre + Chaises Unité 5 20 000 100 000
Table salle d'attente ou réception Unité 2 15 000 30 000
Chaises salle d'attente ou réception Forfait 8 3 500 28 000
Groupe électrogène Unité 1 80 000 80 000
Serviettes Pièces 15 2 500 37 500
Téléviseur Unité 1 100 000 100 000
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Ampoules autonomes Unités 7 3500 24 500
Réhabilitations divers Forfait 1 150 000 150 000
Total Investissement 950 000
1.2. Fonctionnement mensuel
Loyer Mois 1 50 000 50 000
Savons de toilettes Unité 50 250 12 500
Blanchisseur Unité 50 1 000 50 000
Papier Hygiénique Unité 50 200 10 000
Carburant Litre 90 500 45 000
Maintenance GE Mois 1 10 000 10 000
Total Dépenses de fonctionnement (A) 177 500
II. Production
Nuitée (40% d’occupation) Nuitée 60 5 000 300 000
Savons de toilettes Unité 50 300 15 000
Papier Hygiénique Unité 50 300 15 000
Total ventes (B) 330 000
Bénéfice Brut Mensuelle (B)‐(A) 152 500
Le bénéfice brut mensuel de 152 500 FCFA a été calculé sur la
base d’un taux d’occupation mensuelle des chambres de 40%.
En prenant un taux d’occupation mensuel des chambres de
60%, le bénéfice brut mensuel passe à 305 000 FCFA.
Il est important d’éviter d’utiliser ou de transformer cette auberge
en chambre de passe pour des actes de prostitution.
3-4-12) Recharge batteries de téléphone Dans les localités objets de l’étude, le téléphone portable joue un rôle de plus en plus croissant dans la vie des populations en tant qu’outils de communication, de transfert d’argent et de paiement. Plus de 50% des populations même dans les zones les plus reculées disposent d’un téléphone portable. A l’exception de ZAMAÏ, les 6 autres localités objet de ces études ne sont pas raccordées au réseau électrique national et par conséquent ne sont pas ou plus électrifiés. Face à cette situation, l’utilisation de l’énergie solaire et/ou des groupes électrogènes devient une alternative sérieuse pouvant permettre aux populations de recharger leurs batteries de téléphone portable afin de rester connecté au monde. L’activité de recharge des batteries de téléphone portable peut se faire aussi bien par les jeunes que par les femmes et peut être facilement combinée à d’autres activités telles que le call box, le transfert d’argent et même la restauration ou l’embouche ovine. Pour cette activité, l’on peut utiliser deux sources d’énergie possibles : le kit solaire photovoltaïque : cette source d’énergie est coûteuse à l’achat et très
moins chère en fonctionnement et maintenance ;
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le groupe électrogène : peu coûteux à l’achat, l’utilisation du groupe électrogène est très couteuse pendant le fonctionnement et en maintenances.
Tableau 3-15a : Comparaison sommaire générateurs solaires et groupe électrogène Désignation Groupe électrogène Kit solaire
Nuisance o Beaucoup de bruit o Emet des gaz à effet de serreo Produit la fumé
o Pas de nuisance sonore o Aucune émission de gaz nuisibleso Pas de fumées
Coût d’achat pour une puissance de 1000 watt …(X)
80 000 FCFA (générateur d’origine douteuse)
1 000 000 FCFA (matériel de qualité)
Maintenance …(Y) 5 000 FCFA/mois Soit entre 60 000 FCFA sur l’année
Nettoyage des panneaux solaires à l’eau simple tous les 3 à 6 mois Forfait : 10 000 FCFA /année
Fonctionnement (8h par jour) sur une année …(Z)
Environ 4 litres de carburants par jour soit 4x365= 1460 Litres x 600 FCFA= 876 000 FCFA sur l’année
Pas de facture, aucune dépense de fonctionnement
Total dépenses au terme de la première année (X)+(Y)+(Z)
1 016 000 FCFA 1 010 000 FCFA
Total deuxième année et suite (Y)+(Z)
936 000 FCFA 10 000 FCFA
Tableau 3-15b : Compte d’exploitation de l’activité de recharge des batteries par groupe
électrogène
Désignation Unité Quantité Prix unitaire Prix total en FCFA
1.1. Investissement
Fabrication kiosque Unité 1 100 000 100 000
Meuble de rangement Unité 1 25 000 25 000
Prises électriques Unité 100 250 25 000
Mini groupe électrogène Unité 1 80 000 80 000
Chargeurs de téléphone Unité 100 750 75 000
Câble de raccordement Rouleau 1 7 500 7 500
Petits matériels divers Unité 1 7 500 7 500
Total Investissement 320 000
1.2. Fonctionnement
Carburant Litre 120 600 72 000
Maintenance groupe Forfait 1 5 000 5 000
Divers imprévus Forfait 1 5 000 5 000
Total dépenses de fonctionnement (A) 82 000
II. Production
Batteries chargées Jours 1 200 100 120 000
Total ventes (B) 120 000
Bénéfice Net Mensuelle (B)‐(A) 38 000
Tableau 3-16 : Compte d’exploitation recharge batterie de téléphone par énergie solaire
Désignation Unité Quantité Prix unitaire Prix total en FCFA
1.1. Investissement
Fabrication kiosque Unité 1 100 000 100 000
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Meuble de rangement Unité 1 25 000 25 000
Prises électriques Unité 100 250 25 000
Kit solaire Unité 1 1 000 000 1 000 000
Chargeurs de téléphone Unité 100 750 75 000
Petits matériels divers Unité 1 7 500 7 500
Total Investissement 1 232 500
1.2. Fonctionnement
Maintenance Kit solaire Forfait 1 1 000 1 000
Divers imprévus Forfait 1 5 000 5 000
Total Dépenses de fonctionnement (A) 6 000
II. Production
Batteries chargées Jours 1 200 100 120 000
Total ventes (B) 120 000
Bénéfice Net Mensuelle (B)‐(A) 114 000 3-5) Autres possibilités
a) Taille des pierres (décoration, pavé) Un maçon en pleine construction d’un mur en pierres taillées à MOKOLO. Cette technique est bien maitrisée par certains artisans du département du DIAMARE. Il est possible de former localement les jeunes qui souhaitent exercer cette activité à fort potentiel de main d’œuvre.
b) Pépiniériste Pépinière des arbres fruitiers (mangue, goyave…) et de reboisement à la sortie Sud de MAROUA. En principe, cette activité ne consomme pas beaucoup de main d’œuvre mais elle peut toutes fois être rentable pour quelques jeunes qui s’y engagent.
c) Exploitant de moulin Près de KOZA, les femmes en rang tout au long de la journée pour écraser leurs céréales avec un moulin fonctionnant au gasoil. En prenant en compte les dépenses de gasoil et de maintenance, il semble que cette activité nécessite de bonnes aptitudes de gestion et de planification et de bonnes compétences en maintenance.
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d) Agent de Sécurité / Virgil Compte tenu de la situation d’insécurité dans certaines communautés, les localités comme ZAMAÏ, AMCHIDEE et FOTOKOL pourraient avoir besoin de vigiles pour assurer la protection des hommes et des biens. En collaboration avec les entreprises de Gardiennage professionnels de MAROUA, le PNUD peut permettre de former plusieurs jeunes (hommes et femmes) pendant environ 1 à 3 semaines d’après certaines entreprises de gardiennages. Cette activité pourrait aussi satisfaire les besoins en agents de sécurité des ONG, bailleurs de fonds et autres parties prenantes (journalistes, touristes…).
e) Production d’engrais organique
Avec la pression démographique et l’appauvrissement des terres cultivables, il devient
important d’augmenter le rendement des terres dans toutes les localités. Les produits
chimiques ont un impact négatif sur l’environnement et sur la santé des consommateurs.
Les engrais chimiques représentent un poste de coût élevé pour les producteurs. Il existe
des ONG et des bailleurs de fonds disposés à soutenir les producteurs qui pratiquent
l’agriculture durable. Pour un début le but sera d’augmenter la productivité, mais avec le
changement des habitudes, le produit pourrait être commercialisable plus tard.
f) Maintenance des téléphones portables Près de 50% de la population locale est équipée de téléphones portables qui ont besoin d’un certain niveau de maintenance. La maintenance des téléphones portables peut être combinée à la vente des accessoires pour téléphone, au call box et même au transfert d’argent. Le marché est disponible et croissant. Il est possible de mettre en réseau par WhatsApp… les jeunes réparateurs de téléphone des localités cibles avec ceux de Douala ou Yaoundé pour faciliter l’intégration de nouvelles approches de maintenance.
g) Fabricant d’aliments enrichis pour poisson Les matières premières nécessaires à la fabrication des aliments sont en grande partie produites localement. La demande en aliment enrichie pour poissons va être de plus en plus forte en raison du développement de pisciculture.
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h) Pisciculture La demande en protéine animale est très forte aussi bien localement que dans toutes les grandes villes. Le marché est disponible localement, au sud du CAMEROUN et dans les pays voisins que sont le NIGERIA que le TCHAD. La matière première pour la fabrication des aliments pour poisson est en partie disponible localement. Le développement de cette filière est encouragée par l’Etat du CAMAROUN en raison de la demande sans cesse croissante en poisson.
i) Mini industries vestimentaires, surtout pour des femmes La main d’œuvre en couture est abondante et disponible dans la région. Les populations ont des habitudes vestimentaires spécifiques partiellement satisfaites par les couturiers locaux.La production en série est moins coûteuse que la production sur mesure et nécessite moins d’expertise. Cette activité peut être combinée à la vente des tissus et accessoires de coutures.
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Chapitre 4 : ETUDE DES FILIERES Dans le cadre de cette étude, les filières retenues sont celles qui répondent aux critères suivants : Fort potentiel local de développement et de mise en œuvre des activités de la filière ; Disponibilité et importance du marché local, national et sous régional ; Bon potentiel de croissance et de rentabilité des activités/métiers de la filière ; Possibilité d’innover et d’introduire de nouveaux business modèles.
À la suite des échanges de terrains avec les différentes parties prenantes, les filières ci-dessous répondent aux critères de sélection et feront dans la suite l’objet d’une étude : filière riz ; filière poisson ; filière kits solaires photovoltaïques.
4-1) Etude de la filière riz
Unité privée de décorticage de riz à KOUSSERI. Machine à décortiquer fonctionnant en général de nuit à cause de l’insuffisance de l’énergie électrique
Un sac paddy de riz est décortiqué entre 750 FCFA et 1 000 FCFA et il faut décortiquer en moyenne 3 sacs paddy pour obtenir 100kg de riz décortiqué.
Riz local vendu 1000 FCFA le ‘Coro’ (bol jaune qui est l’unité de mesure local et équivaut à peu près à 2 kg de riz) a KOUSSERI.
Sac paddy de riz non-décortiqué acheté 11 000 FCFA à ZIMADO par les commerçants en provenance de KOUSSERI. Un sac paddy coûte 17 000 FCFA à MAKARI.
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Riziculture irriguée à KOUSSERI. La semence IR46 est spécialement utilisée pour la riziculture non-pluviale.
Machine à décortiquer le riz à ZIMADO fonctionnant avec du carburant car il n’y a pas d’électricité dans la localité.
4-1-1) Présentation générale de la filière dans l’Extrême-Nord du CAMEROUN Face à la demande annuelle en riz au CAMEROUN qui se situe autour de 300 000 tonnes, la production locale est dérisoire et peu consommée du fait des prix très peu compétitifs. Le CAMEROUN importe pour environ 120 milliards de francs CFA de riz chaque année, majoritairement de la Thaïlande. Selon le directeur général de la SEMRY, entreprise publique localisée dans la région de l’Extrême-Nord, environ 4000 hectares supplémentaires de périmètre rizicole irrigué sont désormais disponibles pour la production du riz. Les superficies évoquées plus haut ont été entièrement réhabilitées dans le cadre du Plan d’Urgence de Lutte Contre les Inondations (PULCI), implémenté dans la région de l’Extrême-Nord par le gouvernement camerounais, avec le concours financier de la Banque Mondiale. Les réalisations du PULCI intègrent non seulement la construction des ouvrages tels que les digues de protection, mais aussi des équipements d’irrigation dans les périmètres rizicoles. La localité de ZIMADO a bénéficié de la réhabilitation de 410 hectares de périmètres rizicole irrigués effectués par le PDRI. Avec la disponibilité de plus en plus croissante des périmètres rizicole dans le LOGONE ET CHARI et surtout une augmentation progressive de la consommation du riz local, la riziculture va devenir un pilier de la production agricole de l’Extrême-Nord et du CAMEROUN en général. Type de riziculture dans l’Extrême-Nord On distingue trois types de riziculture dans l’extrême-nord :
la riziculture irriguée qui utilise principalement les semences IR 46, ARICA ou NERICA L ;
la riziculture pluviale simple qui utilise les semences NERICA 3 et 8 ; la riziculture pluviale des bas-fonds. Il est difficile de juger quelle semence est la plus
adaptée à la riziculture pluviale de bas-fonds mais le projet PRODERIP de la JICA conseille d’utiliser les mêmes semences que celles utilisées pour la riziculture pluviale.
Riziculture irriguée
La riziculture irriguée est principalement pratiquée dans la partie Est de la région de l’Extrême-Nord, dans les départements frontaliers avec le TCHAD telle que le LOGONE et CHARI, le MAYO DANAY… La SEMRY contrôle le système d’irrigation à YAGOUA et MAGA. Dans le LOGONE et CHARI, les périmètres rizicoles ont été aménagés par le PDRI à
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ZIMADO et pourrons être ultérieurement aménagés à MAKARI. En attendant l’aménagement des périmètres rizicoles irrigués, la riziculture est pratiquée à MAKARI et FOTOKOL de manière individuelle par les riziculteurs qui aménagent eux même leurs propres rizières qu’ils irriguent à partir de leur propre motopompe ou par un système d’irrigation par gravité. La semence IR46 est la plus utilisée à YAGOUA et MAGA pour la riziculture irriguée et elle est vendue autour de 500 FCFA le kg par la SEMRY. Toutefois, les semences d’ancienne génération sont plus moins chères. A ZIMADO les populations utilisent plutôt la semence NERICA de l’IRAD distribué par le PDRI. Les rendements de ses variétés en cas de respect des itinéraires techniques à YAGOUA et à MAGA sont de l’ordre de 5000 kg à l’hectare. Il est de l’ordre de 2000 kg à 3000 kg pour la riziculture de bas-fonds sans utilisation d’engrais pour les riziculteurs qui respectent rigoureusement les itinéraires techniques prescrits par la PRODERIP, la MINADER ou l’IRAD. Par ailleurs, ces rendements peuvent être moins élevés en saison sèche en raison de la rareté ou de l’insuffisance de l’eau. Avant l’arrivée de Boko Haram, l’exportation du riz vers le NIGERIA n’était pas officiellement autorisée, mais les commerçants Nigérians venaient avec leurs camions jusque dans les rizières et achetaient près de 90% de la production de riz non décortiqué, ce qui éliminait de fait les frais de transport et de décorticage pour les riziculteurs. Aujourd’hui l’exportation du riz à partir de l’Extrême-Nord vers le NIGERIA (province de Borno…) est presque proscrite pour limiter les risques de voir la production locale de riz alimenter Boko Haram. Malgré que les commerçants Nigérians ne soient plus visibles dans la région de l’Extrême-Nord, il existe toujours des exportations de riz de la région du Nord vers le NIGERIA. Pour absorber la production locale, la SEMRY achète du riz directement aux riziculteurs ces derniers temps. L’on a aussi observé une augmentation de la consommation du riz local par les populations ainsi qu’une augmentation des exportations du riz vers le TCHAD. En raison de la prédominance du riz importé et moins chère au sud du CAMEROUN, le riz produit à l’Extrême-Nord n’est quasiment pas vendu à DOUALA et YAOUNDE en raison des coûts élevés et d’un manque de promotion. Riziculture pluviale
Les rendements de la riziculture pluviale sont au maximum entre 1500 kg et 2000 kg par hectare. En raison du fait que cette riziculture dépend des pluies, il n’est pas possible de faire 2 campagnes de riziculture pluviale en une année. Toutefois, en cas de vente, les prix sont similaires à ceux du riz irrigué. D’une manière générale, l’humidité dans l’Extrême-Nord est faible, ce qui limite les risques des maladies comme la rouille du riz. Cependant, les attaques des criquets sont plus ou moins fréquentes. En raison du fait que le riz pluvial est plus orienté vers l’auto-consommation, on va continuer dans la suite avec l’analyse du riz irrigué plus cultivé à des fins commerciales.
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4-1-2) Produits et sous-produits Les principaux produits de la filière riz sont : le riz non décortiqué, généralement vendu localement et dans les pays voisins que
sont le NIGERIA et le TCHAD en sac appelé localement « sac paddy » ; le riz décortiqué vendu en sac de 50 kg et 100 kg, sur le marché local et surtout au
TCHAD. Les sous-produits du riz sont de deux ordres : les sous-produits issus du processus de décorticages, il s’agit :
o des brisures de riz consommés par les plus vulnérables ; o le « gros son » qui sert à la fabrication des briques de terres pour la
construction des cases traditionnelles ; o le « petit son » qui sert à l’alimentation du bétail.
les sous-produits issus de la transformation du riz telles que : o la bouillie de riz ; o les beignets de riz ; o …
4-1-3) Analyse organisationnelle (production, stockage, transport,
commercialisation…) Organisation de la production
D’une manière générale, les producteurs de riz ne sont pas véritablement organisés dans les localités cibles (FOTOKOL, ZIMADO, MAKARI…) malgré l’existence de quelques GIC et associations de cultivateurs qui n’ont qu’une moindre influence sur le processus de production, de transformation ou de commercialisation. La grande partie de la production est faite par des cultivateurs individuels. Toutes fois, la localité de ZIMADO fait exception du fait de l’existence d’un périmètre rizicole irrigué de 410 hectares qui est géré par un Comité de Gestion du Périmètre Rizicole de ZIMADO (CGPRZ). Ici le comité de gestion est en charge de la gestion et de la maintenance des infrastructures (motopompes, magasin…) d’exploitation du périmètre rizicole et s’occupe de l’attribution des parcelles aux riziculteurs individuels contre un paiement variable en fonction des saisons. Bien que l’on ait observé sur le terrain la présence de quelques magasins de stockage hérités de l’ex-SEMRY (le cas de ZIMADO) ou construit par les ONG ou les GIC, aucune organisation n’est véritablement mise en place pour le stockage des semences de qualité à haut rendement. Les magasins servent essentiellement au stockage des productions individuelles. Le transport des produits entre les zones de production et les principaux marchés locaux se fait essentiellement par motos, tricycle et voiture de transport public et rarement par camion (avant la présence de Boko Haram, il y avait plusieurs commerçants Nigérian qui venaient avec des camions). Dans les localités de MAKARI et de FOTOKOL très enclavées en saison de pluie, le transport se fait aussi par des ânes communément appelé ici « coro mali ». La vente du riz non décortiqué se fait généralement sur le marché local, au niveau des magasins de stockages le cas échéant et parfois directement au bord des rizières. Les commerçants achètent aux producteurs, regroupes la production en un point précis avant de la transporter vers les marchés de KOUSSERI, MADA… ou vers le TCHAD et le NIGERIA. Les acheteurs agissent généralement de manière individuelle et se livrent
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parfois à une concurrence féroce en fonction du rapport entre l’offre et la demande. Toutefois, il est fréquent que ces derniers s’entendent pour fixer de manière informelle les prix d’achat au détriment des paysans peut organisés et en proie à la misère et surtout à la pression des éventuels créanciers qui attendent le remboursement des sommes empruntées en début de campagne rizicole.
4-1-4) Analyse fonctionnelle Au niveau des producteurs, deux cas de figures se présentent : Le cas de ZIMADO : Le comité de gestion du périmètre rizicole se charge de
l’attribution des parcelles aux cultivateurs contre un paiement de 40 000 FCFA pour la riziculture de saison de pluie et de 80 000 FCFA pour la riziculture de saison de sèche. Ces sommes sont affectées à l’entretien du périmètre rizicole, à l’irrigation et aux frais de carburant et de maintenance de la motopompe. Au cas où cet argent s’avère insuffisant du fait d’une faible pluviométrie, des pannes de motopompes, les cultivateurs sont tenus de cotiser individuellement de nouveaux montants pour permettre de clôturer la campagne. Ceux qui ne disposent pas de moyens pour cette seconde contribution ne reçoivent plus d’eau dans leurs rizières et perdent généralement une partie de leurs récoltes.
Le cas des autres localités (MAKARI, FOTOKOL…) : chaque cultivateur dans ces localités se charge lui-même d’acheter ou de louer une parcelle de terre, de préparer les digues et d’irriguer à sa manière en fonction de ses moyens et de la position de sa rizière par rapport à la rivière. Généralement ils disposent de leurs propres motopompes et/ou de leurs propres forages.
Dans les deux cas, une campagne rizicole dure presque 4 mois et les cultivateurs sont responsables de tous les travaux de préparation, de semis, d’entretien et de récolte. Il n’existe pas dans les localités des transporteurs spécialisés dans le transport du riz. Le riz est transporté en fonction des quantités et des capacités d’achat des commerçants. Les petites quantités sont transportées par des motos, des tricycles, des ânes ou des voitures de transport en commun. Les commerçants achetant des grands stocks louent parfois des véhicules (pickup, camionnette, camion) en fonction des quantités et de l’état des routes. Dans certains cas, les producteurs transportent eux même leurs productions par les mêmes moyens vers les marchés des grandes villes telles que KOUSSERI. On distingue au moins 3 catégories d’acheteurs : Les petits commerçants (généralement les femmes) qui achètent de petites
quantités de riz qu’elles décortiquent et revendent sur le marché du village pour la consommation locale ;
Les acheteurs intermédiaires ou collecteurs qui achètent aux cultivateurs et dans des zones reculées et centralisent leurs achats au centre de la localité. Ceux-ci revendent leurs stocks localement aux acheteurs externes ou vont eux même vendre dans les grands marchés ;
Les acheteurs en provenance des grandes villes (KOUSSERI…) ou des pays voisins (NIGERIA, TCHAD) qui achètent aux collecteurs et ou directement aux cultivateurs.
Les commerçants en provenance du TCHAD achètent du riz non décortiqué dans les localités de production mais aussi du riz décortiqué à KOUSSERI pour ce qui est du LOGONE et CHARI. Les acheteurs Nigérians quant à eux achètent uniquement du riz
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non décortiqué. Ces derniers acheteurs (Nigérians) sont de plus en plus rares du fait de l’insécurité et des contraintes sécuritaires liées aux attaques de Boko Haram. Les déplacements des stocks d’aliments (riz, farine…) entre certaines frontières CAMEROUN NIGERIA ont été proscrits ou très réglementés en raison du risque de voir ces denrées alimenter les combattants de Boko Haram.
4-1-5) Analyse commerciale (transactions, organisation des marchés, fixation des
prix…) Transactions
Les transactions se font essentiellement en cash en Franc CFA et en monnaie Nigériane dans les localités de MAKARI et de FOTOKOL. Dans certains cas, les acheteurs potentiels préfinancent certains riziculteurs en espèces ou en intrants agricoles et, à la fin de la récolte, les riziculteurs remboursent en nature avec tout ou partie de la récolte. Dans d’autres cas, l’on a fait mention de grands acheteurs qui préfinancent les collecteurs qui se chargent d’acheter et de stocker d’importantes quantités de riz pour les grossistes. Parfois, ces collecteurs versent des avances aux producteurs pour s’assurer de la disponibilité des produits au moment de la récolte et d’autres producteurs vendent toute leur production avant la récolte. Les transactions observées se font des producteurs aux grossistes, des producteurs aux collecteurs, des producteurs aux détaillants, des collecteurs aux grossistes, des grossistes aux détaillants et des détaillants aux consommateurs. Les ventes aux détaillants, collecteurs et grossistes se font en sac appelé localement « sac paddy » (entre 11 000 FCFA et 17 000 FCFA) alors que la vente aux consommateurs se fait en « coro » qui est une assiette locale équivalente à environ 2 kg. Organisation des marchés
L’achat du riz non décortiqué par les détaillants se fait tous les jours en fonction de la demande locale de consommation du riz. Les collecteurs quant à eux achètent généralement dans les villages périphériques les jours de marchés mais peuvent aussi être sollicités par les riziculteurs les jours ordinaires en fonction des besoins. Généralement les collecteurs sont du village ou viennent résider dans le village pendant la campagne rizicole. Les grossistes achètent en général uniquement les jours des grands marchés de la localité. Toutes fois, il n’est pas rare de voir certains grossistes s’installer aussi pour un certain temps dans le village/Canton pour acheter de la même manière que les collecteurs locaux. Fixation des prix
Du fait du faible niveau d’organisation des producteurs et de l’absence de compétence en gestion des organisations (GIC…) les producteurs subissent généralement le dictat des acheteurs qui fixent eux même les prix en fonction de la saison, de la disponibilité des stocks, de l’état des routes, de la distance par rapport aux centres commerciaux et de la disponibilité des moyens de transport. Toutes fois, les riziculteurs disposant de possibilités et insatisfait des prix proposés sur le marché local, peuvent aller eux même vendre leurs productions dans les marchés intermédiaires offrant de meilleurs prix.
4-1-6) Les contraintes liées à la filière
Les contraintes de la filière riz sont de plusieurs ordres et se situent à tous les niveaux de la chaîne de valeur :
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Activités Contraintes
Fournisseur d’intrant
absence de fournisseurs des intrants de qualité ; absence de contrôle de la qualité des intrants ; absence d’un système d’homologation des intrants agricoles ;
Semencier :
absence de personnes spécialisées dans la production des semences de bonne qualité ;
incapacité des riziculteurs à identifier les semences adaptées au type de riziculture (rizicultures irriguée, pluviale, de bas-fonds)
qualité des intrants ;
Production :
accès aux terres irriguées ; aménagement des sites de productions ; difficultés d’accès à l’eau ; implantation des forages dans les sites de production ; coût des intrants et manque de financement ; méconnaissance et/ou non-respect de l’itinéraire technique ; absence de mécanismes de financements des riziculteurs ; renforcement des capacités en techniques agricoles des
producteurs ;
Stockage construction des magasins appropriés ; techniques de stockage ; formation et suivi des opérateurs du secteur du stockage ;
Transformation
montage des projets ; mécanisation de transformation ; insuffisance ou absence de l’offre énergétique ; financement des équipements de transformation ; formation des techniciens en maintenance des équipements ; disponibilité des pièces de rechanges des équipements de
transformation ;
Transport
harcèlement des contrôles routiers sur les transporteurs ; enclavement des zones rizicole ; organisation des opérateurs de transport ;
Commercialisation
faible niveau d’organisation des producteurs ; faible niveau intellectuel des riziculteurs ; construction de magasins de stockage du riz ; absence de compétences en techniques commerciales ;
4-1-7) Analyse genre avec un accent sur les contraintes ou les difficultés rencontrées
par les femmes Les femmes sont absentes ou quasi absentes sur les segments des semences, du stockage et du transport. Dans la filière riz, les femmes sont plus présentées sur le segment de la transformation et de la petite commercialisation. Elles se retrouvent principalement sur la transformation et la commercialisation orientés vers la consommation locale. Les quantités en jeux sont faibles prises individuellement par femmes mais sont au total non négligeable au regard du nombre de femmes impliquées sur ses segments d’activités. La présence des femmes sur le segment de la production est limitée en raison des difficultés financières et d’accès au foncier. L’on n’a trouvé aucune femme directement impliquée dans le segment du transport. Interrogé à ce sujet, plusieurs hommes ont estimé qu’il serait inadmissible de voir des femmes opératrices de transport par moto, tricycle, ou voiture.
78
Tableau 4-1 : synthèse de l’analyse filière, coûts et contraintes de la filière riz Données Localités Observations et commentaires
ZIMADO MAKARI-FOTOKOL Zone de Production Périmètre rizicole En fonction de la disponibilité des
terres et le long des rivières et des bas-fonds
Location d’1/2 ha de terre rizicole
40 000 FCFA en saison de pluie et 80 000 FCFA en saison sèche
25 000 FCFA par campagne Les prix sont fonction de la fertilité et de l’accès à l’eau.
Variétés cultivées IR 46 NERICA
IR 46 Les riziculteurs utilisent en général les semences disponibles
Provenance semences Récolte précédente Récolte précédente Système de culture Mono culture en 1 ou 2 campagnes Mono culture en 1 campagne Labour (main d’œuvre) 20 000 FCFA 15 000 FCFAPépinière 12 000 FCFA 15 000 FCFAPréparation des casiers (sillons)
N/A 10 000 FCFA A ZIMADO les casiers sont déjà apprêtés dans le périmètre rizicole
Planage (main d’œuvre) 12 000 FCFA 10 000 FCFARepiquage (main d’œuvre)
14 000 FCFA 10 000 FCFA
Engrais 80 000 FCFA 66 000 FCFA Non-respect des quantités à ZIMADO Type d’engrais Urée, NPK 20-10-10 NPK 20-10-10Herbicide 5 000 FCFA 5 000 FCFA Tout venant sans maîtrise de la qualité Arrosage N/A 100 000 FCFA A ZIMADO ce coût est inclus dans les
frais versés au CGPRZ Désherbage (main d’œuvre)
40 000 FCFA 50 000 FCFA
Moissonnage (main d’œuvre)
14 000 FCFA 30 000 FCFA
Battage (main d’œuvre) 14 000 FCFATransport vers le magasin
20 000 FCFA 30 000 FCFA
Frais divers 15 000 FCFA 10 000 FCFARendement au 1/2 hectare en sac « paddy »
40 Sac « paddy » Équivaut à 1300 kg non -décorticage
60 Sac « paddy » Équivaut à 2000 kg non -décorticage
Les meilleurs rendements à MAKARI seraient le fait d’une meilleure variété des semences et d’un meilleur respect de l’itinéraire technique
79
Prix de vente à la production/sac paddy
11 000 FCFA 17 000 FCFA Le riz de MAKARI aurait un prix plus élevé en raison de la forte demande du marché de MADA qui dessert le lac TCHAD
Prix de vente du kg riz non décortiqué
220 FCFA 340 FCFA
Prix de décorticage d’un sac paddy dans la localité
1000 FCFA 1 000 FCFA
Prix de vente d’un kg de riz décortiqué aux consommateurs locaux
400 à 500 FCFA 450 à 550 FCFA
Type de marché Marché locale Au magasin
Marché local Bordure du champ et de route
Principaux marchés d’écoulement
KOUSSERI MADA, FOTOKOL,
Transport vers le principal marché
1000 FCFA /Sac paddy
1000 FCFA /Sac paddy
Principaux Clients a) Commerçants de KOUSSERI b) Détaillants
a) Commerçants de MADA, FOTOKOL
b) Détaillants
Prix rendus aux consommateurs/kg
400 à 500 FCFA 450 à 550 FCFA
Organisations intervenant dans la filière
Comité de Gestion du Périmètre Rizicole GIC, PDRI MINADER
GIC MINADER
80
4-1-8 BUSINESS MODEL CANVAS (RIZ de baffons à ZAMAÏ, MOSKOTA, MAKARI pour des jeunes)
6. PARTENAIRES CLÉS
MINADER – AVZ
SEMRY, PRDI
Acheteurs
Propriétaire de
machine à décortiquer
GIC
5. ACTIVITÉS CLÉS
Trouver la semence
Terrasser (1/2 ha avec
HIMO)
Préparation des casiers
Pépinière
Planage
Repiquage
Désherbage
Moissonnage
Battage
Transport vers le
magasin ou décorticage
Communiquer avec des
commerçants, vérifier le
prix du marché
Transport vers le
marché
2. PROPOSITIONS de
VALEUR
Regrouper et vendre
en grande quantité
pour attirer les
acheteurs grossistes
Décortiquer ou
garder
non-décortiqué selon
les besoins des
clients.
3. RELATIONS CLIENTS
Téléphoner quand les
stocks sont suffisants
pour les clients
Rencontrer les clients
dans les marchés
1. SEGMENTS CLIENTS
Clients en provenance
du NIGERIA ou du
TCHAD par véhicule
Commerçants des
marchés de KOUSSERI,
MADA, MORA ou
MAROUA
Marchés locaux
SEMRY ou autres
bailleurs de fonds
4. CANAUX
Utiliser les véhicules ou
motos des acheteurs
pour baisser le frais de
transport
Transporter directement
au marché dès que les
moyens de transports
sont disponibles.
7.RESSOURCES CLÉS
Bonnes semences
Eau
Engrais et herbicides
Ressources humaines
Pesticides contre les
criquets
Motopompe
8. STRUCTURE de COUTS
Main d’œuvre pour demi-hectare
Engrais et herbicide 10 000 FCFA
Décorticage (3000 x 5) 15 000 FCFA
Transport ou Communication 5000 FCFA
9. FLUX de REVENUE
500 kg à demi-hectare 500 kg x 450 FCFA = 222 500 FCFA
81
4-2) Etude de la filière poissons
Poissons fumés Poissons séchés.
40000 à 45000 FCFA par carton de poissons fumés à destination de KOUSSERI.
Fumeur de poisson.
Point de vente des filets utilisés pour la pêche de poissons. la réfection des filets leurs rapporte aussi de l’argent.
Fleuve LOGONE et limite naturelle entre ZIMADO et les villages Tchadiens. Les gardes côte Tchadiens harcèlent les pêcheurs camerounais.
Présentation générale de la filière dans l’Extrême-Nord du CAMEROUN La demande en poisson dans l’Extrême-Nord est de plus en plus croissante alors que la production locale ne suit pas. D’une manière générale le marché local du poisson demeure sous-approvisionné. Selon les chiffres du MINEPIA, la demande annuelle locale en produits halieutiques est d’environ 400 000 tonnes, tandis que la production issue de la pêche et de l’aquaculture n’est que d’environ 180 000 tonnes sur l’étendue du territoire nationale. Pour couvrir ce déficit, l’Etat du CAMEROUN assisté par plusieurs bailleurs de fonds et organisations internationale encourage toutes les initiatives locales susceptibles d’améliorer la production locale du poisson.
82
L’étude ou l’analyse qui suit concerne principalement les localités de ZIMADO, MAKARI et FOTOKOL dans le département du LOGONE et CHARI. Bien que la pisciculture soit pratiquée de manière encore embryonnaire dans ces localités, l’étude s’attardera davantage sur les poissons issus de la pêche dans les rivières et les marres. 4-2-1) Produits et sous-produits Les principaux produits de la filière poisson de rivières et des marres sont : le poisson frais appelé localement :
o capitaine ; o machoiron ; o broché ; o carpe ; o silure ; o …
Les sous-produits issus de la transformation du poisson sont de deux ordres : les sous-produits propres à la consommation humaine ;
o le poisson séché ; o le poisson fumé ; o le poisson frit ; o le poisson braisé ; o …
les sous-produits servant à l’alimentation des élevages o la farine de poisson ; o …
Dans la suite l’on s’intéressera prioritairement aux poissons frais, aux poissons fumés et dans une moindre mesure aux poissons séchés. 4-2-2) Analyse organisationnelle (production, stockage, transport,
commercialisation…) Organisation de la production dans les communautés cibles (ZIMADO,
MAKARI et FOTOKOL) Malgré l’existence de quelques GIC et associations de pêcheurs dans les communautés cibles, ces derniers ne sont pas véritablement organisés de manière à pouvoir influencer positivement le niveau de la production locale de poisson qui est à plus de 95% issue de la pêche dans les rivières et les marres. Il n’y a quasiment aucune infrastructure de stockage des poissons dans les localités de ZIMADO, MAKARI et FOTOKOL13 à cause de l’absence d’électricité et du manque de moyens financiers. Les poissons, fruits de la pêche sont directement vendus après la récolte ou transformés localement. Dans certaines localités telles que MAKARI ou les populations ne maîtrisent pas les techniques de fumage du poisson, les pertes liées aux avaries de poissons frais non vendu sont importantes. Le transport du poisson frais vers les marchés se fait essentiellement par moto. En raison de l’absence des moyens de conservation, les épouses de pêcheurs se rendent immédiatement à la fin de la pêche sur les marchés locaux ou environnants pour vendre les récoltes du jour. Elles peuvent aussi utiliser les véhicules de transport public quand ceux-ci sont disponibles et l’état des routes acceptables pour permettre une circulation rapide.
13 Pour des raisons de l’insécurité, la pêche est peut pratiquée par les populations à FOTOKOL actuellement.
83
La vente du poisson frais se fait généralement sur le marché local ou dans les marchés environnant comme KOUSSERI. Les clients peuvent être les ménages, les commerçants locaux qui transforment et revendent le poisson ou encore les commerçants venus des localités et villes environnantes. Dans certains cas, les acheteurs préfinancent les pêcheurs qui ont obligation de leurs livrer la quasi-totalité du fruit de leurs pêche. Certains commerçants attendent les fruits de la pêche au bord de la rivière ou de la mare. Pendant la haute saison de pêche d’Octobre à Janvier, certains grands acheteurs parfois en provenance des pays voisins (NIGERIA, TCHAD…), s’installent dans les villages ou localités des pêcheurs, fabriquent des fours artisanaux, achètent et fument le poisson surplace avant de l’acheminer vers les grands marchés (KOUSSERI, NIGERIA, TCHAD, etc).
4-2-3) Analyse fonctionnelle Trois types de pêche sont généralement pratiqués dans ces localités :
o La pêche à l’épervier ; o la pêche aux filets ; o la pêche à la ligne ou pêche à l’hameçon.
La pêche à la ligne ou à l’hameçon est une pêche individuelle pendant laquelle le pêcheur n’a pas automatiquement besoin de se faire assister. Par contre, pour la pêche à l’épervier et la pêche au filet, le pêcheur à généralement besoin de l’assistance d’au moins une personne qui peut être payée en espèce (environ 5000 FCFA/Jour pour la pêche à l’épervier) ou en nature par une partie du fruit de la pêche14. Si la pêche à l’épervier est pratiquée uniquement dans les rivières (LOGONE, SERBWEL…), la pêche à la ligne et aux filets peut se pratiquer aussi bien dans les rivières que dans les mares. On distingue deux types de pêches dans les mares :
o la pêche dans les mares individuelles : le propriétaire de la mare organise lui-même la pêche. Il invite généralement des acheteurs qui viennent marchander le poisson directement au bord de la marre.
o la pêche dans les mares communautaires : la pêche est organisée par le chef de la communauté et tous les membres de la communauté sont présents ou représentés pendant la pêche. Au terme de la pêche, une partie est distribuée par famille aux membres de la communauté et l’autre vendu aux acheteurs présents pour la circonstance.
Il n’existe pas dans les localités des transporteurs disposant des équipements spécialisés pour le transport du poisson. Le poisson est transporté en fonction des quantités et des capacités d’achat des commerçants. Les petites quantités sont transportées par des motos sur des distances plus ou moins courtes, alors que les quantités plus importantes sont transportées par des voitures de transport en commun ou des véhicules spécialement affrétés pour la circonstance. Dans certains cas, les producteurs locaux de poissons fumés transportent eux même leurs productions vers les marchés des grandes villes telles que KOUSSERI. On distingue au moins 3 catégories d’acheteurs : Les petits commerçants (généralement les femmes) qui achètent de petites
quantités de poisson frais qu’elles revendent sur le marché du village après transformation pour la consommation locale ;
14 Si un jeune est très motivé, il peut d’abord travailler comme assistant pour apprendre le métier.
84
Les acheteurs intermédiaires ou collecteurs qui achètent aux pêcheurs, fument, stocks localement et revendent aux grossistes ou vont eux même vendre dans les grands marchés environnant ;
Les acheteurs grossistes en provenance des grandes villes ou des pays voisins (NIGERIA, TCHAD) qui achètent aux collecteurs et fumeurs de poisson ou aux pêcheurs le poisson frais ou séché.
Après la pêche, les pêcheurs vendent uniquement les poissons d’une certaine taille considérée comme les gros poissons. Les petits poissons quant à eux sont séchés par les pêcheurs ou leurs épouses avant d’être mis sur le marché en tas ou en sac. Les épouses de pêcheurs ont généralement le monopole de la vente de poisson séché. Un sac de poisson séché est généralement vendu entre 50 000 FCFA et 60 000 FCFA.
4-2-4) Analyse commerciale (transactions, organisation des marchés, fixation des
prix…) Transactions
Les transactions se font essentiellement en cash en Franc CFA et en monnaie Nigériane dans les localités de MAKARI et de FOTOKOL. Dans certains cas, les acheteurs potentiels préfinancent certains pêcheurs en espèces ou en équipement de pêche et ces derniers remboursent en nature avec tout ou partie du fruit de leurs pêches. Dans d’autres cas, il a été fait mention de grands acheteurs qui préfinancent les collecteurs qui se chargent d’acheter, de fumer et de stocker d’importantes quantités de poisson pour les grossistes. Les transactions observées se font :
o des pêcheurs aux fumeurs de poissons ou aux femmes détaillantes ; o des pêcheurs aux grossistes et détaillants de poissons séchés ; o des fumeurs de poissons aux grossistes et aux détaillants ; o des grossistes aux détaillants et o des détaillants aux consommateurs.
Les ventes de poissons frais, séchés ou fumés se font généralement par type de poissons en tas, en carton ou en sac dans les zones de production. Dans les zones de consommation, le poisson frais se vend par poisson (pour les gros poissons), en tas ou en kilogramme. Le poisson fumé quant à lui se vend plus en tas et en cartons alors que le poisson séché se vend généralement en tas ou en sac. Les prix sont variables en fonction du rapport entre l’offre et la demande et du type de poisson. Pour la même variété de poissons, les prix du poisson frais sont différents de ceux du poisson fumé.
Organisation des marchés Le poisson frais se vend en général au bord des rivières et des mares, sur les points de débarquassions des pêcheurs, le long des routes de pêche ou sur les marchés les jours de marchés. Les poissons fumés ou séchés se vendent généralement sur les marchés ou le long des rues et autres espaces publiques pour la consommation locale. Les variétés de poissons vendu frais sont : les capitaines, les machoirons, les brochés, les carpes, etc. Ces poissons sont plus rentables quand ils sont vendus frais et ne sont séchés ou fumés qu’au cas où ils n’ont pas été entièrement vendu. Par exemple, un capitaine d’un kilogramme frais coûte environ 2000 FCFA à KOUSSERI et 2500 FCFA à NDJAMENA. Une fois séché, le même poisson coutera à peine 1000 FCFA. Le poisson fumé est principalement vendu sur le marché en tas pour la consommation ménagère et en cartons pour les commerçants revendeurs. Les silures sont la principale variété de poisson vendu sous forme de poisson fumé. Les autres variétés de poissons (Capitaine, Machoiron…) ne sont fumées que pour éviter les avaries. Ces poissons sont
85
plus rentables quand ils sont vendus frais. Le poisson séché est aussi généralement vendu sur le marché en tas ou en sac pour les grossistes ou revendeurs. Ce type de poisson est généralement constitué de très petits poissons séché et est très apprécié par les ménages les moins riches. Fixation des prix
En raison du manque des équipements de conservation, du caractère très périssable du poisson frais et du faible niveau d’organisation des pêcheurs, ces derniers n’ont pas une véritable marge de manœuvre dans la fixation des prix du poisson frais. Généralement, c’est le pêcheur qui propose le prix du poisson mais finalement il est toujours obligé de céder et d’accepter les prix proposés par les acheteurs. Les prix sont très aléatoires et varient surtout en fonction du rapport entre l’offre et la demande et de la variété de poisson. En ce qui concerne le poisson fumé ou séché, les producteurs ont une plus grande marge de manœuvre face aux acheteurs dans la fixation des prix en raison du caractère moins périssable des marchandises. De plus, les producteurs de poissons fumés ou séchés peuvent facilement aller eux même vendre leurs marchandises sur d’autres marchés. Quelques exemples de prix relevés sur le terrain : Un tas de capitaine vendu correspondant à environ 17 kg est vendu à environ 25 000 FCFA à ZIMADO. Une fois arrivé à KOUSSERI ou NDJAMENA, ce poisson est plutôt vendu en kg à raison de :
o 2000 FCFA le kg (soit 34 000 FCFA pour 17 kg) à KOUSSERI o 2500 FCFA le kg (soit 42 500 FCFA pour 17 kg) à NDJAMENA.
Un sac d’environ 100 kg de silure frais est vendu à ZIMADO à environ 75 000 FCFA. Une fois fumé, l’on obtient environ 5 cartons de poissons fumés et chaque carton est vendu localement entre 40 000 FCFA et 45 000 FCFA (200 000 FCFA et 225 000 FCFA pour les 5 cartons). Certains fumeurs de poisson vont eux même au NIGERIA et y vendent un carton de poisson fumé à 55 000 FCFA (Soit 275 000 FCFA pour les 5 cartons de poisson issu du fumage d’un sac de 100 kg de silure). Un sac de poisson séché quant à lui est vendu par les pêcheurs sur le marché local (zone de production) entre 50 000 FCFA et 60 000 FCFA. D’une manière générale, le poisson frais est vendu dans les zones de pêches en tas, poisson unitaire ou en sac alors que sur les grands marchés, le poisson frais est plus vendu en kg. Le poisson fumé quant à lui est généralement vendu en tas ou en carton. 4-2-5) Les contraintes liées à la filière
Les contraintes de la filière sont de plusieurs ordres et se situent à tous les niveaux de la chaîne de valeur :
Activités Contraintes
MA
KA
RI
FO
TO
KO
L
ZIM
AD
O
Pêche
harcèlement des gardes côtes Tchadiens ; X manque des équipements de qualités ; X X X insécurité liée à la pêche ne nuit et à la qualité
des équipements (pirogue…) ; X X X
86
Stockage
absence de chambre froide ; X X X non maîtrise des techniques de conservation ; X X X
financement des équipements de stockages ; X X X
absence d’électricité ; X X X
Transformation
montage des projets ; X X X technique de transformation du poisson ; X X financement des équipements de
transformation (fours…) ; X X X
disponibilité du bois de chauffage ; X X X
Transport
harcèlement des contrôles routiers sur les transporteurs ;
X X X
enclavement de certaines localités par rapport aux marchés ;
X X
absence de véhicules frigorifiques ; X X X
Commercialisation
faible niveau d’organisation des producteurs et commerçants ;
X X X
construction de magasins de stockage du poisson ;
X X X
absence de compétences en techniques commerciales ;
X X X
4-2-6) Analyse genre avec un accent sur les contraintes ou les difficultés rencontrées
par les femmes Dans la filière poisson, les femmes sont plus présentes sur le segment de la transformation et de la petite commercialisation du poisson et de ses sous-produits. Elles se retrouvent principalement sur la transformation et la commercialisation orientée aussi bien vers la consommation locale que vers les marchés extérieurs pour le poisson fumé et séché. La formation des femmes de MAKARI en techniques de fumage du poisson est fortement recommandée. La présence des femmes sur le segment de la pêche semble impossible en raison des contraintes culturelles et de la pénibilité de cette activité qui se fait souvent de nuit et parfois pendant plusieurs nuits de suite. L’on n’a trouvé aucune femme directement impliquée dans le segment du transport. Interrogé à ce sujet, plusieurs hommes ont estimé qu’il serait inadmissible de voir des femmes opératrices de transport par moto, tricycle, ou voiture.
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4-2-7) Logigramme de la filière poissons
88
4-2-8) BUSINESS MODEL CANVAS (POISSONS FUMEES ou SECHES à MAKARI pour les femmes cibles)
6. PARTENAIRES CLÉS
Pêcheurs
Commerçants
MINEPIA
FAO
Vendeur de sel et sucre
Vendeur de bois
Formateurs en
techniques de
séchage/fumage
5. ACTIVITÉS CLES
Poissons Fumés
a. Recevoir la formation
b. Installer les foyers
améliorés ;
c. Collecter les cartons,
sucres et autres
d. Fumer et vendre
Poissons Séchés
a. Recevoir la formation
b. Trouver les bassines,
nappes, sac, sel
c. Réaliser et vendre
Créer un réseau de
bons clients.
Essayer de réduire la
consommation de bois
2. PROPOSITIONS de
VALEUR
Regrouper et vendre
en grande quantité
pour attirer les
grossistes.
Transformer tout de
suite en gardant la
qualité pour une
bonne conservation.
Vendre quand le
NAIRA est faible par
rapport au FCFA.
3. RELATIONS CLIENTS
Téléphoner aux clients
quand les quantités sont
suffisantes.
Rencontre dans les
marchés de KOUSSERI,
MADA, FOTOKOL et
autres.
1. SEGMENTS CLIENTS
Clients en provenance
du NIGERIA ou du
TCHAD par voiture
Commerçants des
marchés de KOUSSERI,
MADA et FOTOKOL
Marché local
D’autres commerçants
4. CANAUX
Utiliser les véhicules ou
moto des acheteurs pour
baisser le frais de
transport.
Transporter directement
au marché si les moyens
de transports sont
disponibles.
7. RESSOURCES CLÉS
Poissons en toutes
saisons ;
Créer un réseau de
bons clients (qui paient
régulièrement aux prix
du marché)
Cartons pour poissons
séchés/fumés
8. STRUCTURE de COUTS
Foyer amélioré à 100 000 FCFA
Acheter les quantités de poissons (sac de 100 kg à 75000 x 4 en
pleine saison, 2 en hors saison) par saisons
Autres frais comme bois, sucre, sel, téléphone main d’œuvre etc.
9. FLUX de REVENUE
Dans la période forte (oct. à jan).
<45000 FCFA par carton x 40 = 1 800 000 FCFA> par saison
Hors saison <45000 FCFA par la boîte x 10 = 450 000 FCFA>
2 250 000 FCFA par année
89
4-3) Etude de la filière kits solaires photovoltaïque
Le télé centre communautaire de FOTOKOL est alimenté par un kit solaire photovoltaïque
Batteries, régulateur, onduleurs et coffret de protection du télé centre communautaire de FOTOKOL
Présentation générale de la filière dans l’Extrême-Nord du CAMEROUN Le CAMEROUN dispose d’énormes potentialités en termes d’énergie solaire. Son ensoleillement constitue un grand gisement d’énergie électrique. Le pays dispose en effet d’un potentiel abondant et disponible surtout dans sa partie septentrionale. L’insolation moyenne dans cette partie du pays est de 5,8 kwh/m2/jour contre 4 kwh/m2/jour dans sa partie sud, selon une évaluation de l’Agence de Régulation du Secteur de l’Electricité (ARSEL). Par ailleurs, le taux d’électrification en milieu rural reste faible au CAMEROUN en général et en particulier dans la région de l’Extrême-Nord. Selon les statistiques de l’Agence d’Electrification Rurale (AER), moins de 22% des villages ont accès à l’énergie électrique. Cette situation est encore plus grave dans la région de l’Extrême-Nord dans laquelle des arrondissements entiers (FOTOKOL, MAKARI…) n’ont jamais été raccordés au réseau électrique national.
Localités Etat de la situation électrique
ZAMAÏ Le centre de la localité est électrifié, les villages du Canton situés en dehors du centre n’ont jamais été électrifiés.
LIMANI Ces localités étaient électrifiées avant la crise de Boko Haram, mais le réseau électrique n’est plus fonctionnel. Les villages environnant quant à eux n’ont jamais été électrifiés.AMCHIDEE
MOSKOTA Les Cantons de MOSKOTA et ZIMADO ainsi que les arrondissements de FOTOKOL et MAKARI n’ont jamais été électrifiés.
FOTOKOL MAKARI ZIMADO
Pour les activités (recharge des batteries de téléphone, décorticage du riz, éclairage…) nécessitant de l’énergie électrique, les populations utilisent des groupes électrogènes malgré leurs coûts d’exploitation très élevé et leurs multiples inconvénients (nuisance sonore, émission des gaz, etc). Pour changer la donne, l’alternative de l’énergie solaire est à encourager dans la région et pourrait être à la fois un support à la mise en œuvre d’activités économiques, mais aussi et surtout une opportunité économique porteuse d’emplois et de revenus durable. L’étude de la filière kits solaires photovoltaïques dans la suite permettra de se faire une meilleure idée des opportunités économiques porteuses d’emplois pour les jeunes et les femmes des localités objets de cette étude. 4-3-1) Produits et sous-produits Les principaux produits de la filière kits solaires sont :
90
lanternes solaires ; lampadaires solaires ; mini générateur solaire.
4-3-2) Analyse organisationnelle (production, stockage, transport, commercialisation…)
Il n’existe à ce jour aucune unité de production ou d’assemblage des lanternes solaires dans la région de l’Extrême-Nord en particulier et au CAMEROUN en général. Les lanternes solaires disponibles sur les marchés locaux sont importées principalement d’Asie (CHINE…) par le NIGERIA. Sur ce segment de marché, les stocks sont disponibles auprès des commerçants de la plupart des villes de l’Extrême-Nord et la commercialisation se fait aussi bien dans les boutiques que par des commerçants ambulants. Concernant les lampadaires et les générateurs solaires, il existe une production locale faite par quelques entreprises spécialisées dans l’énergie solaire. Cette production est en grande partie constituée de l’assemblage des composants importés d’Asie, d’Europe ou d’Amérique, et de l’utilisation des matériaux locaux tel que les poteaux en bois ou métalliques, le béton et les structures supports. Les entreprises intervenant sur ce segment n’ont aucune production systématique, elles produisent/assemblent sur commande généralement pour un marché public ou pour des particuliers. Aucune entreprise n’est encore installée sur le segment de la production ou de l’assemblage systématique des lampadaires ou des mini-générateurs solaires. Les matériaux et accessoires locaux sont disponibles dans quasiment toutes les grandes villes de la région de l’Extrême-Nord (MAROUA, KOUSSERI). En ce qui concerne les composants importés pour les lampadaires et les mini-générateurs solaires, le matériel de moins bonne qualité en provenance de CHINE est disponible sur le marché local, cependant les composants de bonnes qualités sont importés sur commande à partir de l’Asie, de l’Europe ou de l’Amérique. Il n’existe à ce jour aucune organisation spécifique de la production, du stockage, du transport et de la commercialisation des kits solaires au CAMEROUN. Chaque intervenant de la chaine de valeur travaille individuellement avec les moyens disponibles et pour des demandes spécifiques et ponctuelles.
4-3-3) Analyse fonctionnelle Le kit solaire peut permettre de satisfaire plusieurs besoins :
o éclairage domestique ; o éclairage public ; o éclairage des points ou activités commerciales ; o fourniture de l’énergie électrique nécessaire au fonctionnement des équipements
(ordinateurs, tondeuses, machines, chargeurs de batterie, etc) D’une manière générale, les besoins pouvant être satisfait par les kits solaires sont multiples. Un mini-générateur solaire peut par exemple servir de chargeur de batteries ou de lanternes, de source d’énergie pour l’éclairage domestique ou à but commerciale, pour l’éclairage publique, etc. Les éléments ci-dessous entrent dans la fabrication d’un mini-générateur et/ou d’un lampadaire solaire :
o panneaux solaires ; o batterie ; o régulateurs ; o onduleurs ;
91
o coffret de protection ; o accessoires d’installations.
Figure : Schéma général d’un kit solaire15
Pour satisfaire aux besoins des clients (ménages, communes…) les entreprises procèdent de deux manières en fonction de leur niveau d’expertise de leurs ressources humaines et des clients :
elles commandent des kits complets déjà dimensionné et les installent simplement chez leurs clients. Dans ce cas, la valeur ajoutée se situe uniquement au niveau de l’installation, c’est le cas de la quasi-totalité des entreprises de la région ;
quelques rares entreprises ont la capacité de dimensionner elles même le kit en fonction des besoins et des moyens des clients. Elles achètent les composants, les assembles en kit pouvant satisfaire aux besoins des clients. Ce modèle est le mieux indiqué pour créer une plus grande valeur ajoutée.
Les différents acteurs que l’on retrouve sur cette filière sont : Vendeurs de matériels /composants
Dans les villes de la région de l’Extrême-Nord, les vendeurs ne sont pas des spécialistes du matériel solaire mais des commerçants et ne peuvent pas efficacement conseiller les clients. Les acheteurs doivent eux même avoir une bonne connaissance de ce qu’ils souhaitent acheter.
Personnes ou entreprises d’installation
Sur ce segment, on retrouve plus dans la plupart des cas les entreprises du BTP et les techniciens et/ou ingénieurs de génie électrique. Ces entreprises ou personnes achètent pour le compte des clients (généralement les communes dans le cas des lampadaires solaires) des kits pré dimensionnés par les fournisseurs et les installent. Les entreprises qui opèrent sur ce segment de marché, sollicitent très souvent les services des techniciens spécialisés dans les installations solaires pour la réalisation et la supervision de leurs travaux.
15 Mémoire de fin d’étude pour l’obtention du diplôme d’ingénieur de conception option génie industriel à l’Ecole Nationale Supérieure Polytechnique de Yaoundé par FOUTSAP KONLACK Aristide, 2011
92
Entreprises de dimensionnements et d’installation
Ce type d’acteurs est quasiment absent de la région de l’Extrême-Nord (Le PNUD peut véritablement intervenir ici pour créer de nouveaux métiers pour les jeunes). On en trouve à Douala… il s’agit des entreprises ou des personnes qui ont des capacités techniques leurs permettant d’effectuer un bilan de puissance des installations du client et de dimensionner un kit pouvant répondre aux besoins des clients. Elles peuvent ensuite procéder aux installations ou sous-traiter l’installation aux personnes ou entreprises d’installation.
Travaux supports Il s’agit des travaux de génie civil et/ou de soudure métallique qui entrent dans l’installation d’un champ solaire ou d’un lampadaire solaire. Ces travaux peuvent être effectués par des entreprises de BTP, par les techniciens de génie civil ou par l’entreprise d’installation si cette dernière dispose de la ressource humaine appropriée.
Opérateurs de maintenance
Les lampadaires et les mini-générateurs solaires installés ont besoins de maintenance après une certaine durée. Ces opérateurs de maintenance sont généralement des entreprises ou des particuliers embauchés pour la circonstance par les entreprises, les particuliers ou les communes. La maintenance et l’extension des produits chinois en provenance du NIGERIA est quasi-impossible, du fait de leurs configurations, ce qui a contribué à ternir l’image des équipements solaires. Les jeunes formés sur ce segment peuvent changer l’ordre des choses et faire de bonnes affaires.
Les principaux clients des lampadaires et des générateurs solaires dans l’Extrême-Nord sont les communes et les hommes riches. Les communes achètent principalement les lampadaires solaires pour l’éclairage public alors que les particuliers les achètent pour l’éclairage extérieur des résidences privés. Les mini-générateurs solaires sont plus utilisés par certains édifices publics tel que le télé centre communautaire de FOTOKOL, les installations de télécommunication… et quelques domiciles. Les lanternes solaires sont les plus accessibles aux populations qui les utilisent pour des usages divers comme lampe torche, point d’éclairage, recharge de batterie de téléphones portables. Le PNUD avec le financement du JAPON a distribué des lanternes solaires PANASONIC aux centres de santé et aux écoles dans les zones de ZIMADO et KOUSSERI. 4-3-4) Analyse commerciale (transactions, organisation des marchés, fixation des prix…)
Transactions Les transactions se font essentiellement en cash en Franc CFA ou en monnaie Nigériane (MAKARI et FOTOKOL) pour ce qui est des lanternes solaires en raison des coûts généralement très abordable. En ce qui concerne les lampadaires et les mini-générateurs solaires, l’on distingue plusieurs cas de figure :
o les transactions relatives aux installations de lampadaires ou mini-générateurs solaires pour particuliers se font généralement en espèces et très rarement en chèque ou par virement. Le choix du fournisseur se fait généralement de gré à gré entre le client et les fournisseurs d’équipements solaires.
o les transactions relatives aux installations de lampadaires ou mini-générateurs solaires pour collectivités territoriales décentralisées et autres institutions publiques qui se font généralement par virement de compte à comptes. Le processus de sélection des fournisseurs se fait très souvent par appel d’offre. Les candidats sélectionnés reçoivent des bons de commande et doivent généralement préfinancer
93
les travaux avant d’être payés plus tard. Les délais de paiement sont longs et peuvent parfois aller jusqu’à 12 mois voire plus. Les entreprises impliquées dans ce processus doivent absolument être fiscalement en règle.
o les transactions entre entreprises ou prestataires de services d’énergie solaire et les
fournisseurs locaux de matériels ou des kits solaires se fait en espèce, chèques ou virement alors qu’avec des fournisseurs étrangers ou internationaux, les transactions sont quasi exclusivement sous forme de virements bancaires et autres moyens de paiement internationaux.
Organisation des marchés
Aucune organisation des marchés spécifiques aux équipements solaires n’a été observée. Les lanternes solaires sont vendues dans les boutiques, les quincailleries, à bord des portes tout, etc. En ce qui concerne les lampadaires et les composants d’assemblage d’un mini-générateur solaire, le matériel en provenance de CHINE est disponible dans quelques boutiques des grandes villes (MAROUA, KOUSSERI…) mais en faible quantité plus ou moins suffisante pour satisfaire aux besoins des particuliers, mais insuffisantes pour répondre aux besoins plus importants et plus spécifiques des communes et des institutions publiques. En ce qui concerne les équipements de qualités supérieures, quelques fournisseurs (Schneider…) sont disponibles à DOUALA. Toutefois le marché international offre plus de variétés. L’offre et la demande se rencontre à travers les boutiques de vente de matériel, les offres faites aux clients par les fournisseurs ou à travers des processus d’appels d’offres ou d’appels à manifestations d’intérêts. Fixation des prix
Aucun système de fixation des prix n’a été observé, les prix sont fixés et régulés par le marché en fonction du rapport entre l’offre et de la demande mais aussi de la qualité des équipements. En ce qui concerne les lanternes, les lampadaires et les composants des mini-générateurs solaires vendus aux particuliers dans certaines boutiques et surfaces des grandes villes (MAROUA, KOUSSERI…), les prix sont fixés unilatéralement par les vendeurs en fonction de leurs coûts d’achat, des quantités disponibles et de la qualité des équipements. Toutes fois l’acheteur a la possibilité de négocier. Par rapport aux achats ou vente de lampadaires et mini-générateurs solaires aux communes et autres structures publiques, les prix sont proposés par les entreprises/fournisseurs mais la décision finale revient aux clients qui se réfèrent aux mercuriales en vigueurs au CAMEROUN. Généralement, les fournisseurs retenus sont ceux ayant les meilleures offres techniques et les moins disant financièrement. Quel que soit le mode d’achat, le client ou les fournisseurs, les prix sont fortement liés à la qualité et aux garanties attachées à chaque équipement. Par exemple, un lampadaire solaire de 45 watts de bonne qualité fabriqué aux ETATS-UNIS ou en FRANCE peut coûter environ 1 500 000 FCFA y compris les frais d’installation alors qu’un lampadaire équivalent en provenance de CHINE et de moins bonne qualité peut coûter 500 000 FCA.
94
D’une manière générale, les prix ont considérablement diminués sur le marché depuis plus de trois années en raison de l’élimination de la TVA sur les importations de matériels solaires et d’un plafonnement des droits de douane à 10% des valeurs d’achat. Pour tout équipement solaire importé, les coûts de vente sont calculés comme suit : Soit A le prix d’achat à l’étranger, B le prix de revient au CAMEROUN (DOUALA) B=30%A +A = 1,3 x A Soit C, le prix de revient rendu dans la région de l’Extrême-Nord, C= B + Transport Douala-ville de destination = 1,3xA + Transport Douala-ville de destination Soit D le prix de vente dans l’extrême-Nord, D=C + Marge bénéficiaire de l’entreprise (Généralement entre 20 et 40% du coût de revient)
Les frais d’installation dépendent de chaque entreprise. Par exemple, pour un petit kit solaire pour « kiosque solaire » en provenance d’Europe, on aura : A=432 843 FCFA, B=1,3 x 432 843 = 562 696 FCFA Marges bénéficiaires = B x 25%=562 696 x 0,25= 140 674 FCFA Les frais de transport vers l’Extrême-Nord peuvent être évalués à 50 000 FCFA et l’installation à 100 000 FCFA. DOUALA MAROUA ou KOUSSERI Kit solaire (B=A x 1.3) 562 696 FCFA 612 696 FCFA (B + transport 50000F) Marge bénéficiaire (Bx25%) 140 674 FCFA 153 174 FCFA Installation 100 000 FCFA 100 000 FCFA Total 803 370 FCFA 865 870 FCFA
4-3-5) Les contraintes liées à la filière Les contraintes de la filière sont de plusieurs ordres et se situent à tous les niveaux de la chaîne de valeur :
Activités Contraintes Importation, fournitures et transport
harcèlement et non-respect de la réglementation par les douaniers ;
taxe douanière à l’importation ; mauvais état des routes ;
Dimensionnement
manque de formation ; indiscipline des utilisateurs ;
Installation
fragilité de certains équipements ; manque de formation ;
Service Après-Vente
manque de formation ; non-respect des charges ou puissances par les utilisateurs ; non-respect des garanties par certains fournisseurs étrangers et
notamment les Chinois ; configuration de certains kits ; hostilité de l’environnement (taux de particules fine très élevé
dans l’air) ;
Financement
absence de politique nationale de financement des énergies renouvelables ;
coût du premier investissement relativement élevé ;
Commercialisation
présence des produits contrefaits ; porosité des frontières douanières ; concurrence déloyale du secteur informelle ;
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4-3-6) Analyse genre avec un accent sur les contraintes ou les difficultés rencontrées par les femmes Il n’existe aucune limitation institutionnelle, culturelle ou traditionnelle à la présence des femmes dans la filière kit solaire photovoltaïque. Les obstacles à l’insertion des femmes ici peuvent relever :
o des difficultés financières ; o du manque d’information ; o du manque de formation.
Les femmes peuvent exercer dans tous les maillons de la chaine des valeurs de la production, de la vente, de l’installation et de la maintenance des kits solaires photovoltaïques. 4-3-7) Logigramme de la filière
Segments sur lesquels les jeunes et les femmes peuvent s’installer
96
4-3-8) BUSINESS MODEL CANVAS (SYSTEME SOLAIRE AMCHIDEE, FOTOKOL ou autres communautés cibles)
6.PARTENAIRES CLÉS
Vendeur de kit
INSTRUMEC
Communes
LAMIDO
PNUD, ONG
GIC
5. ACTIVITÉS CLÉS
Sélectionner les
jeunes ayants au
moins passé 4 ans au
secondaire,
Former ces jeunes
Essayer la 1ère
installation
Essayer la 1ère
maintenance
Trouver d’autres
clients (Faire le
marketing)
Installer dans d’autres
communautés
Faire la maintenance
régulièrement
2. PROPOSITIONS de
VALEUR
Assembler à temps les
kits solaires de qualité
Assurer la
maintenance dans les
délais
Donner les conseils
adéquats aux
utilisateurs
Faire le marketing
Recevoir les conseils
d’INSTRUMEC
3.RELATIONS CLIENTS
Rencontrer chaque
mois les clients pendant
les contrôles de routine
des systèmes installés
Utiliser le succès des
systèmes installés cher
d’autres clients pour
faire la promotion
1.SEGMENTS CLIENTS
Bailleurs de fonds, ONG
Communes
Entreprises et
particuliers
Commerçants et
vendeurs des kits
solaires à KOUSSERI ou
MAROUA
Clients dans la région ou
hors de la région
7.RESSOURCES CLÉS
Ressources humaines
(eux-mêmes)
Endroit adéquat pour
installation
Outils d’installation et
de maintenances
Vendeurs des kits ou
équipement adéquat
(en ville)
4. CANAUX
Utiliser les véhicules,
motos ou transports
commun pendant
l’installation ou la
maintenance
8. STRUCTURE de COUTS
Achats de kit 10 fois / an = XXX FCFA
Achat des outils pour maintenance = XXX FCFA
Main d’œuvre XXX FCFA
Note : Le prix varie selon la puissance du kit.
9. FLUX de REVENUE
Frais d’installation 10 fois / an = 1 000 000 FCFA
Frais de maintenance 20 fois / an = 500 000 FCFA
97
Chapitre 5:CENTRES DE FORMATIONS ET FORMATEURS
5-1) Analyse des centres de formations et des formateurs
5-1-1) Analyse et liste des centres de formations (voir annexe 1)
Il n’existe aucun centre de formation dans les 7 localités cibles objet de cette étude. Toutes
fois, quelques centres de formations existent dans certaines localités environnantes et
surtout dans les chefs-lieux de département que sont MORA, MOKOLO et KOUSSERI.
D’une manière générale, ces centres de formations sont caractérisés par :
des durées de formations allant d’une à plus de deux années pour certaines
formations ;
le manque ou l’insuffisance des formateurs ;
le manque ou l’insuffisance des infrastructures et des équipements de formations
adaptées ;
le manque d’un système de suivi et d’insertion professionnelle des jeunes ;
l’inadéquation entre les offres de formations et les besoins en formations des
jeunes et des femmes ciblés par cette étude ;
les conditions d’accès pas toujours à la portée des plus défavorisés ;
les techniques d’enseignements pas adaptées à l’enseignement des adultes ;
la mauvaises gestions/utilisations des ressources matérielles disponibles ;
l’insuffisance des ressources financières affectées aux fonctionnements et à la
maintenance des équipements et des infrastructures.
Pour permettre à ces centres de formations de dispenser des formations de qualité
adaptées aux besoins des jeunes objets de cette étude, il est important de :
les assister dans la mise en place des programmes de « formation à la carte » de
courte durée (un mois environ), très pratiques et adaptées aux jeunes et femmes
cibles ;
les assister dans l’élaboration et l’implémentation des plans d’insertion et de suivi
des jeunes dans l’emploi et/ou l’auto emploi ;
former le personnel de ces centres aux techniques de gestion des ressources
matériels afin de leurs permettre d’utiliser de manière optimale les ressources
disponibles ;
former les formateurs aux techniques de formations participatives et interactives
plus adaptées à la formation des adultes ;
fournir aux centres sélectionnés le minimum d’équipements nécessaire pour la
bonne formation des jeunes.
Les promoteurs et/ou directeurs des centres de formations devraient être eux même
formés aux nouvelles approches entrepreneuriales afin de les aider à gérer leurs
établissements comme des entrepreneurs et de mieux comprendre les réalités
entrepreneuriales pour servir d’exemples et de modèles aux apprenants.
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5-1-2) Liste des formateurs (voir annexe 2)
Pendant l’étude sur le terrain, il a été constaté que pour certains métiers tel que la couture
et la réparation des motos, il existe dans chacune des localités cibles au moins un
couturier ou réparateur de motos disposant de suffisamment d’expériences pour assurer la
formation pratiques et contribuer au suivi des jeunes dans la mise en place de leurs
propres AGR.
Pour les métiers pour lesquels il n’y a pas de formateurs locaux, il existe des formateurs
dans la région de l’Extrême-Nord et en dehors, disposant des expertises suffisantes pour
former les jeunes.
5-2) Formations proposées pour les centres de formation Pour garantir un niveau de formation pouvant permettre aux jeunes et aux femmes de mener à bien leurs activités génératrices de revenus, il est important d’améliorer les capacités des centres de formations dans les domaines ci-dessous :
a) 5S pratique sur le terrain (peut aussi être réalisé sous forme d’activités HIMO) ; b) Lean start up ; c) Business Model Canvas ; d) Techniques de facilitation ou coaching ; e) Études de cas : Atelier 5S/KAIZEN, marketing et entreprenariat (Business Model
Canvas). a) 5S pratique sur le terrain Le sigle 5S désigne à la fois une démarche, une méthode et les cinq actions fondamentales à mener (Supprimer l’inutile, Situer les choses, Faire Scintiller, Standardiser, Suivre les règles). Le principe des 5S est très simple et sa mise en œuvre ne nécessite pas d’importants moyens. C’est une méthode pragmatique et très concrète d’amélioration de l’existant à partir des idées et de la participation des acteurs de terrain. Leurs résultats sont immédiats et visibles par tous. Cette approche peut être appliquée sous forme d’activités HIMO. Voici quelques exemples.
Il faut 2 ou 3 heures de temps pour trouver un document (cas ‘une salle d’archivage)
On peut trouver les documents en 30 secondes ce qui peut éliminer plusieurs types de gaspillages
99
Mauvaise exemple d’arrangement des outils Bonne pratique au Centre de pêche de Kribi
Le 5S est aussi valable dans l’ordinateur Supprimer l’inutile et situer les documents avec titres
adéquats
Dans une école de couture de Yaoundé Après mise en œuvre des 5S, l’efficacité augmente.
Situation des centres de formations de MORA, MOKOLO et du télécentre de FOTOKOL
Dons d’ordinateurs offerts par le PUND et le gouvernement du Japon couvert de poussière. Même situation dans plusieurs autres centres de formation qui ont besoins des techniques 5S.
Aucune protection des machines à coudre. Il est urgent de fabriquer des housses pour protéger les machines de la poussière.
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Le 5S est une méthode d’organisation : 1) Supprimer l’inutile, 2) Situer les choses, 3) Faire Scintiller, 4) Standardiser et 5) Suivre des règles.
CMPJ de MORA. Le 5S peut y être implémenté pendant les activités HIMO, en une seule journée dans chaque centre avec environ 20 jeunes par centre.
CPFF de MORA. Bureau désordonné qui nécessité la formation et l’application des 5S. Dans un tel environnement de travail, la productivité est très faible.
Au Télé Centre Communautaire de FOTOKOL, on peut aussi implanter le 5S. La durée de vie des équipements est très réduite dans de tels environnements.
Les objectifs du 5S sont :
Améliorer l’environnement de travail ; Créer un esprit d’équipe et mobiliser les employés autour des projets de leurs
entreprises ; Responsabiliser les employés ; Lutter contre les différentes formes de gaspillages (surproduction, attente, transport,
inventaire, mouvement…) ; Réduire les charges de l’entreprise ; Optimiser la chaîne de production pour une meilleure qualité et une plus grande
productivité.
b) Lean Start Up
Le Lean Start Up est une approche idéale pour démarrer une nouvelle AGR, créer un
nouveau programme ou une nouvelle initiative au sein d'une organisation existante.
L'approche Lean s'appuie sur les trois principes ci-dessous :
Favoriser l'expérimentation à la planification élaborée ;
101
Donner la priorité aux avis et commentaires des clients par rapport à l'intuition des
promoteurs ;
Privilégier la conception itérative par rapport à la conception traditionnelle des
« grands concepts » pour raccourcir les cycles de développement des produits,
mesurer les progrès et obtenir de précieux retours d'expériences indispensable
pour assurer la pérennité du business.
Dans un environnement où la majorité des Startup échouent, les principes Lean, très
adaptés à la résolution des problèmes sociaux, visent à donner de meilleures chances de
succès en aidant les jeunes entrepreneurs à apprendre plus rapidement ce qui fonctionne
et à rejeter ce qui ne fonctionne pas afin d’éviter toutes sortes de gaspillages.
Le Lean Startup a été développé dans la Silicon Valley aux Etats-Unis et influencé par le
KAIZEN Japonais. L’ONG Américain +ACUMEN a adaptée cette approche aux entreprises
sociales pour les pays en voie de développement16.
c)Business Model Canvas
Le Business Model ou Modèle d’entreprise décrit la justification de la manière dont une
organisation crée, fournit et capture de la valeur. C’est la façon dont une entreprise peut
répondre aux besoins de sa clientèle pour être rentable et durable tout en créant un impact
social dans sa communauté d’implantation.
Créer un Business Model Canvas permet de réfléchir de manière participative au
fonctionnement futur d’une entreprise afin de déterminer :
la façon dont elle va interagir avec ses clients (notion de marketing) ;
la façon dont elle va concevoir ou fabriquer ses produits ou services ;
la façon dont elle va livrer ses produits ou service.
Image 5-1 : Exemple de Business Model Canvas
16 https://www.plusacumen.org/courses/business-models-social-impact
102
Pour assurer la rentabilité et la pérennité de l’entreprise, le Business Model Canvas permet
d’étudier en profondeur et de manière itérative les composantes clés qui constituent
l’entreprise afin de déterminer le model d’affaire le plus adapté à l’accomplissement de ses
missions.
Le Business Model Canvas est très adapté pour la création et le développement des AGR
pour les jeunes et les femmes dans les environnements peu structurés et sans
infrastructures de base. Cette approche beaucoup plus simple que l’élaboration d’un plan
d’affaire peut être présentée sur une seule page, et peut aussi faciliter l’accès aux
institutions de micro-finance.
Dans ce rapport, l’équipe a créé 3 exemples de Business Model Canvas au chapitre 4
avec le cas de la riziculture de bas-fond, de la transformation du poisson, et de la
production et de l’installation des kits solaires.
d)Technique de facilitation
En vue de donner une formation professionnelle de qualité aux jeunes, l’équipe propose
de donner un appui aux centres de formation existant dans les localités ciblées et dans la
région. En effet, beaucoup de formateurs ne maîtrisent pas les notions et techniques de
facilitation ou coaching, et dispensent leurs cours de manière condescendante, magistrale
et à sens unique. Les formateurs seront encadrés sur la manière de modifier les cours ou
modules existants pour les rendre plus participatifs, interactifs et opérationnels.
e) Etude de cas : Résumé de l’atelier de formation de 30 jeunes en entreprenariat
par l’approche 5S/KAIZEN, marketing et entreprenariat avec Business Model
Canvas pour le compte du PNUD
Dispensé par deux consultants 5S/KAIZEN, cet atelier de formation était orienté vers les
jeunes déplacés interne des localités de KOUSSERI, MORA et MALTAM du fait de
l’'insurrection de Boko Haram qui a augmenté de manière exponentielle le chômage des
jeunes et la précarité des femmes. Le but de l’atelier était de renforcer les capacités des
bénéficiaires dans la gestion et l’entreprenariat.
Les modules dispensés de manière participative étaient très visuels, avec beaucoup
d’images illustratives. Les exemples étaient systématiquement en rapport avec les
activités des participants. Ces derniers avaient la possibilité de recadrer et d’orienter les
échanges sur leurs propres activités individuelles. Les principales activités choisies par
les participants étaient l’élevage, la restauration, la couture, la fabrication de la glace, la
coiffure...Malgré le faible niveau académique des participants, ces derniers étaient très
103
motivés et désireux d’apprendre de nouvelles techniques et approches pouvant leurs
permettre d’entreprendre efficacement afin d’améliorer leur quotidien, celui de leurs
familles et de leurs communautés.
Création de Business Model Canvas avec la notion de méthode participative.
Après avoir reçu cette formation, une bénéficiaire a ouvert une boutique qu’elle a nommée « BOUTIQUE KAIZEN ». Elle a illustré avec le logo du PNUD et de Plan International.
Ce genre de formation sera utile pour les centres de formations dans l’Extrême-Nord.
104
Tableau 5-1 : Le chronogramme des activités (5S/KAIZEN, Marketing, Comptabilité)
pour les 30 jeunes organisées à KOUSSERI (Février – Mars 2018)
Horaire Lundi 26 Février
Mardi 27 Février
Mercredi 28 Février
Jeudi 01 Mars
Vendredi 02 Mars
08H30-09H00
Voyage des consultants de Douala et Yaoundé vers KOUSSERI
Mot d’ouverture Révision Révision
09H00-10H30
Présentation des objectifs et orientation générale (y compris la positive attitude)
Notions élémentaires de comptabilité
Comment élaborer un plan d'affaire (Business Model Canvas)
Voyage retour des formateurs de KOUSSERI vers Douala et Yaoundé
10H30-10H45 Pause-café
10H45-12H15
Les Cycles de Création et de Gestion d'Entreprise
Notions élémentaires de marketing 1ère partie
Comment élaborer un plan d'affaire (Business Model Canvas)
12H15-13H15 Pause-déjeuner
13H15-14H45
5S et Elimination des gaspillages 1ère partie
Notions élémentaires de marketing 2ème partie
Exercice de simulation de montage d’un plan d’affaire (Business Model Canvas)
14H45-15H00 Pause
15H00-16H30
Prise de contact avec les responsables du PNUD et mise au point des activités préparatoires
5S et Elimination des gaspillages 2ème partie
Sources d’appuis financiers et non financiers aux PME
Les caractéristiques d’un entrepreneur
16H30-17H00 Orientation de fin de journée
Orientation de fin de journée
Orientation de fin de la formation
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Chapitre 6 : AUTRES RECOMMENDATIONS ENVERS LE PROJET
Pour permettre une intégration durable et bénéfique des jeunes et des femmes dans le
tissu économique des localités objet de cette étude, il est important de prendre en
considération un certain nombre de paramètres par rapport aux activités ci-dessous
énumérées :
a. Sélection des bénéficiaires ;
b. Epargne pendant les activités HIMO ;
c. Prérequis par rapport aux choix des formations par les bénéficiaires ;
d. Formations aux métiers et formations transversales ;
e. Nombre de formations par communauté par rapport aux capacités des ONG ;
f. Découpage des formations;
g. Fourniture des KITS ;
h. Installation des bénéficiaires ;
i. Regroupement des bénéficiaires;
j. Frais de suivi et acteurs de suivi ;
k. Suivi des bénéficiaires et mise en place d’un système de récompense.
a. Sélection des bénéficiaires :
Avec de bons critères de sélection, il y a plus de chance de dénicher les meilleurs
candidats pouvant servir de modèle d’intégration économique des jeunes et des femmes
et de réduire ou d’éliminer les influences contre-productives des autorités administratives
et traditionnelles dans le choix des bénéficiaires. Il faut donner les mêmes chances à tous.
En général, les jeunes ou les femmes exerçants au quotidien une activité (ou ayant
déjà une expérience dans un domaine) sont de bons candidats bénéficiaires.
Les meilleurs candidats sont prêts à s’investir, à faire quelque chose par eux-mêmes,
ils n’attendent pas tout du projet pour commencer leurs activités. Le taux d’échec est
généralement plus élevé parmi les personnes qui attendent toujours tout du projet.
Ceux qui ont déjà par exemple un emplacement (familiale…) pour commencer leurs
AGR (boutique, restauration, élevage…), devraient être privilégiés tout en respectant
l’équilibre entre les communautés hôtes et les déplacés.
b. Epargne pendant les activités HIMO
Pour améliorer la cagnotte affectée à l’installation des bénéficiaires, il serait préférable de
faire passer le montant de l’épargne journalière pendant les activités HIMO de 1000 FCFA
à au moins 1500 FCFA.
Il faut éviter de faire aux bénéficiaires des promesses dont il n’est pas certain que le projet
(PNUD ou ONG) puisse tenir. Il faut par exemple éviter de dire aux jeunes que le PNUD va
106
fournir à chaque bénéficiaire un KIT équivalant à trois ou quatre fois l’épargne effectuée
pour chaque jeune pendant les activités HIMO alors que le Projet ne dispose pas d’assez
de moyens financiers pour le faire. Il vaut mieux dès le début opter pour le minimum,
c’est-à-dire informer les bénéficiaires qu’ils recevront chacun un KIT équivalant au montant
d’argent épargné par chaque jeunes (40 000 FCFA ou 60 000 FCFA par exemple). Si au
moment de la livraison, le PNUD peut fournir quelque chose qui a plus de valeur, tant
mieux. Il faudrait toutefois prendre les mesures pour informer en toute transparence les
bénéficiaires, de tout changement afin d’éviter toutes formes de dérives au moment de la
distribution des KITS.
c. Prérequis par rapport aux choix des formations par les bénéficiaires :
Les bénéficiaires doivent pouvoir choisir eux-mêmes leurs formations. Toutefois, il est
important de vérifier qu’ils disposent d’un minimum de prérequis pour exercer
convenablement le métier qui en découle (comme par exemple savoir lire et écrire pour
une personne qui veut faire le secrétariat bureautique).
S’ils désirent faire le maraîchage ou la riziculture par exemple, il vaut mieux accorder la
priorité à ceux qui ont déjà une certaine expérience. La durée de la formation nécessaire
pour la mise à niveau du jeune doit être un élément important à prendre en compte. Moins
le bénéficiaire à de l’expérience (même familiale) dans le métier choisi, plus sa formation
pourrait être longue.
d. Formations aux métiers et formations transversales :
En plus des formations métiers enseignées à chaque bénéficiaire, il est important de leurs
dispenser aussi des formations transversales telles que la gestion, les notions de
comptabilité, de marketing, le 5S/KAIZEN, l’entreprenariat, le Business Modèle Canvas
pour espérer atteindre efficacement les différents niveaux (3-DURABILITE, 5ème-Investir ou
6ème-Accéder aux marchés) de l’approche 3x6 du PNUD.
Par exemple, le PNUP pourrait offrir sans exception des formations sur l’entreprenariat, le
5S/KAIZEN, la comptabilité...etc., à tous les jeunes peu de temps (au moins un mois)
après le début de la mise en œuvre de leurs AGR.
En effet, les formations transversales seront plus utiles aux bénéficiaires après le
démarrage de leurs activités dans la mesure où elles seront une opportunité pour ces
jeunes entrepreneurs d’essayer de trouver des solutions aux difficultés et obstacles
rencontrés au quotidien dans l’implémentation de leurs activités.
107
e. Nombre de formations par communauté par rapport aux capacité des ONG.
Les besoins en formations des bénéficiaires peuvent être très divers, il est par conséquent
important de vérifier le rapport coût-bénéfice de chaque formation et la capacité des ONG
de mise en œuvre à fournir ces formations, à distribuer les KITS à temps et surtout à
effectuer le suivi effectif des bénéficiaires chaque mois pendant au moins les 6 à 12
premiers mois après le démarrage effectif des AGR.
Avec une population cible d’environ 445 jeunes et femmes (65 en moyenne par localités)
pour cette phase, il vaut mieux limiter entre 5 et 8 le nombre maximal de formations aux
métiers par localité. Ce qui correspond à environ 8 à 13 jeunes et femmes en moyennes
pour chaque type de formation aux métiers (les formations transversales n’étant pas
comptées parmi les 5 à 8 formations métiers).
Par exemple, s’il y a un ou deux candidats seulement qui sollicitent un métier, il faudrait
s’interroger sur l’opportunité d’organiser une formation uniquement pour une ou deux
personnes et envisager la possibilité de réorienter ces jeunes vers d’autres métiers.
f. Découpage des formations
Pour les formations dispensées dans les villes autres que les localités de résidence des
bénéficiaires et pour lesquelles ces derniers reçoivent des frais de participation, il serait
préférable de faire la formation en deux tranches pendant deux périodes différentes. Par
exemple, si une formation en maraîchage dure 4 semaines, elle peut être divisée en deux
tranches (formation basique et formation avancée par exemple).
Pendant la période intermédiaire entre les deux tranches de formations, distribuez les
KITS et envoyer un évaluateur indépendant sur le terrain environ deux semaines après
pour s’assurer que les bénéficiaires ont bien commencés leurs activités. Les bénéficiaires
ayant effectivement commencé leurs activités pourront effectuer la seconde session de
formation. Ceux qui n’auront pas commencé ne seront pas autorisé à effectuer la seconde
partie de la formation et les frais économisés pourront servir à donner un meilleur
accompagnement à ceux qui continuent leurs AGR.
Si les formateurs sont compétents et les formations pertinentes, les bénéficiaires seront
motivés et feront tout pour participer aux 2ème tranches de formations.
Les formateurs ou centres de formations verront aussi leurs recettes diminuer si plusieurs
jeunes ne peuvent pas commencer leurs activités dans les délais afin de bénéficier de la
seconde partie de la formation. Les centres de formations et les formateurs devront être
évalués sur le taux de bénéficiaires qui commencent effectivement leurs AGR.
108
g. Fourniture des KITS
Dans 80% des cas, il est recommandé de fournir prioritairement des KITS individuels. Au
cas où certains bénéficiaires souhaitent s’installer en groupe, ces derniers doivent être
accompagnés dans l’organisation et l’installation de leurs groupes. Un enseignement
supplémentaire sur le travail en équipe et les bonnes pratiques de fonctionnement d’un
groupe doit leur être dispensé. Les groupes pourront se former prioritairement pour les
activités telles que la restauration… qui nécessitent une, importante main d’œuvre
(cuisinière, serveuse, caissière …) et qui se font parfois en service de jour et de nuit.
Pour que les groupes se constituent sur de bonnes bases et résistent aux difficultés, il est
vraiment important que les jeunes soient sensibilisés sur les rôles et les responsabilités de
chaque membre ainsi que sur les forces/avantages et les faiblesses/inconvénients d’un
groupe.
h. Installation des bénéficiaires
L’installation devrait se faire immédiatement après la formation. Outre les consommables
(riz, farine, …), il est nécessaire de prendre plus en compte l’équipement et les
infrastructures. Pour ceux qui veulent commencer un commerce (boutique), des solutions
telles que table plus parasol, construction et/ou installation des kiosques doivent être
privilégiés si possible avec l’assistance des communes.
Des solutions alternatives comme mettre à disposition un fond de roulement pour le loyer
ne sont pas tellement recommandées car pas durables dans la mesure où il est probable
que certains bénéficiaires ne soient pas capables de continuer à payer le loyer. Après les
activités HIMO, il est préférable de continuer avec les personnes qui manifestent une forte
envie et un réel désir d’entreprendre. Les personnes ayant déjà un emplacement ou qui
sont disposés à obtenir un emplacement par leurs propres moyens devraient être
privilégiés.
i. Regroupement des bénéficiaires :
Pour certaines activités de commerce tel que la boutique, il n’est pas judicieux de
regrouper plusieurs bénéficiaires en raison de la complexité liée au nombre important de
marchandises. Par contre, il est plus facile de travailler en groupe pour les activités telles
que la restauration, la couture… L’individualisme étant quasiment la règle dans ces
localités de l’Extrême-Nord, un travail préliminaire sur l’esprit d’équipe et le travail en
groupe est nécessaire.
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Même pour la restauration et la couture, si un candidat ne souhaite pas travailler en groupe,
il peut créer par exemple un restaurant « tournedos » ou un atelier de couture individuel
avec une table une chaise, un parasol et le kit de couture ou de restauration.
Les groupes doivent être créés à l’initiative des bénéficiaires et non imposés ou forcés.
j. Frais de suivi et acteurs de suivi:
Les frais de suivi et d’accompagnement devraient être budgétisés et prévus dès le début
du projet et inclus dans les contrats des ONG de mise en œuvre.
Le suivi concernant le métier (maraîchage, riz, couture...) devrait être fait par les
formateurs aux métiers, les ONG de mise en œuvre et les responsables du PNUD.
Le suivi (évaluation à mi-parcours) sur la mise en œuvre des activités des bénéficiaires et
le développement de ces activités devrait être effectué par les agents du PNUD ou par des
évaluateurs indépendants pour garantir une certaine objectivité dans la collecte des
données statistiques relatives à chaque type d’AGR.
Les paiements des activités effectuées par les ONG de mise en œuvre devraient être
adossés entre autres sur les résultats de l’évaluation effectuée par le PNUD et/ou les
évaluateurs indépendants.
k. Suivi des bénéficiaires et mise en place d’un système de récompense :
Le succès économique des bénéficiaires dépend au moins autant du système de suivi mis
en place, que de la rentabilité et de la durabilité de l’AGR. Le suivi peut porter sur plusieurs
aspects :
L’assiduité des bénéficiaires caractérisés par les présences régulières aux
postes de travail ;
La bonne tenue des registres comptables de l’AGR ;
La progression du chiffre d’affaire ;
La progression du capital ;
Le niveau de l’épargne déjà réalisé, etc.
Une forme de contrat de performance peut être signée avec chaque bénéficiaire au début
de l’AGR sur la base de ses propres engagements. En cas d’atteinte des objectifs, le
bénéficiaire peut recevoir un second accompagnement.
Pour maintenir un bon niveau d’émulation des jeunes et des femmes bénéficiaires de
l’approche 3X6 du PNUD, il faut envisager la possibilité d’échelonner l’accompagnement.
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Par exemple, X% des bénéficiaires du projet N+1 peuvent être les meilleurs bénéficiaires
du projet N. Si un jeune a réussi au maraîchage la 1ère année, il pourra par exemple
effectuer en plus l’activité d’élevage ou de transformation de ses récoltes à la 2ème année.
L’espoir crée par la possibilité de bénéficier d’un accompagnement additionnel sera donc
une source de motivation supplémentaire pour les jeunes.
Le second accompagnement doit permettre aux bénéficiaires d’accéder à d’autres niveaux
d’activités supérieures aux précédents. Ceux qui ont réussi peuvent devenir des
conseillers ou des mentors pour les autres.
Les éléments ci-dessus pourraient par exemple figurer dans le contrat de performance
signé avec chaque jeune au début de l’accompagnement.
FIN
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