ambassade de france à washington mission pour …...2011/08/01 · ambassade de france à...
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Ambassade de France à Washington Mission pour la Science et la Technologie
4101 Reservoir Road, NW, Washington DC 20007 Tél. : +1 202 944 6216 Fax : +1 202 944 6244
Mail : [email protected] URL : http://www.ambafrance-us.org
Domaine Document Titre Auteur(s) Date Contact SST Numéro
Energie, Santé, Nanotechnologies, Agronomie, Spatial, Politique Scientifique Rapport d’Ambassade Le potentiel de recherche et d’innovation du Texas
Vincent Reillon, Alberto Pimpinelli Aout 2011
Vincent Reillon, [email protected] Alberto Pimpinelli, [email protected]
Mots-clefs Résumé
Politique scientifique, Recherche et Développement Texas. A l’évocation de ce mot, une foule d’images vient à l’esprit. Les grandes étendues arides. Les cowboys coiffés de leurs stetsons. Les puits de pétrole. Tout le monde connaît le Texas. Du moins, tout le monde croit connaître. Car cette image de l’état, notamment immortalisé à partir de 1978 par la série « Dallas », est aujourd’hui largement dépassée. Le Texas a changé. Qui sait que c’est au Texas que fût produit le premier transistor à base de silicium ? Qui sait que le Texas – et non la Silicon Valley californienne – est le lieu de naissance du circuit intégré et donc du microprocesseur ? Qui sait que le Texas est, de loin, le premier producteur d’énergie éolienne aux Etats-Unis ? Qui sait que le plus grand centre médical du monde se situe au Texas ? Qui sait que les fullerènes de carbone, à l’origine des nanotechnologies, furent découverts au Texas ? Le pétrole a alimenté l’explosion économique de l’état au 20
ème siècle et les énergies fossiles y
gardent une place importante. Mais la manne financière provenant du boom pétrolier fut utilisée intelligemment pour développer de nombreuses infrastructures de recherche et attirer les investisseurs et les entrepreneurs. Ce rapport a pour but d’offrir au lecteur une image actualisée du Texas en soulignant son fort potentiel de recherche et d’innovation. Il ne s’agit pas d’être exhaustif mais de pointer ici et là les domaines, les universités et les équipes de recherche d’excellence du « Lone Star State ». Le Texas est un état qui continue à promouvoir un système d’enseignement supérieur performant. Un état qui est à l’origine des dernières révolutions technologiques. Un état clé dans le paysage de recherche et d’innovation américain. Et un état qui n’a pas fini de développer son potentiel, et que la France ne peut pas se permettre d'ignorer.
NB : Toutes nos publications sont disponibles auprès de l’Agence pour la Diffusion de l'Information Technologique (ADIT) - 2, rue Brûlée, 67000 Strasbourg (http://www.adit.fr)
2
Ambassade de France aux Etats-Unis
Mission pour la Science et la Technologie
Le potentiel de recherche et d’innovation du Texas
Septembre 2011
Vincent REILLON, Alberto PIMPINELLI
Consulat Général de France à Houston
777 Post Oak Blvd, Suite 600
Houston, Texas – 77056
Tel : 713 985 3262
3
Sommaire
Introduction ............................................................................................................................................4
1 – Le Texas ................................................................................................................................5
1.1 – Présentation générale de l’état ................................................................................5
1.2 – La place du Texas dans la R&D américaine ....................................................................6
2 – Le système universitaire texan ............................................................................................7
2.1 – Tour d’horizon ........................................................................................................8
2.2 – La gestion et le financement des institutions publiques d’enseignement supérieur ......11
2.2.1 – Le Texas Higher Education Coordinating Board …......................................11
2.2.2 – Le Permanent University Fund ..................................................................11
2.2.3 – La loi HB51 ......................................................................................................13
2.2.4 – La HB1000 et le budget 2011/2013 ..................................................................14
2.3 – TAMEST ..................................................................................................................15
2.3.1 – La creation de TAMEST …..........................................................................15
2.3.2 – Quatre objectifs ..........................................................................................16
2.3.3 – Les actions de TAMEST ..............................................................................16
2.3.4 – Bilan depuis la création ..............................................................................17
3 – Les domaines phares en recherche ..............................................................................................18
3.1 – L’énergie ..................................................................................................................18
3.1.1 – L’Université de Houston ..............................................................................18
3.1.2 – L’Université du Texas à Austin ..................................................................18
3.1.3 – Texas A&M University ..............................................................................19
3.1.4 – Texas Tech University ..............................................................................19
3.1.5 – Southern Methodist University …..............................................................19
3.2 – La santé ..................................................................................................................20
3.2.1 – Le Texas Medical Center de Houston ..................................................................20
3.2.2 – Autres centres texans ..........................................................................................21
3.3 – Les sciences et technologies de l'information et des communications ..................22
3.4 – Les sciences des matériaux et les nanotechnologies ......................................................22
3.4.1 – Rice University ..........................................................................................22
3.4.2 – L’Université du Texas ..............................................................................23
3.5 – Les sciences agricoles ......................................................................................................23
3.5.1 – Texas A&M University ..............................................................................23
3.5.2 – Texas Tech University ..............................................................................24
3.6 – Le spatial ………......................................................................................................24
Conclusion ..........................................................................................................................................25
Références et liens ..............................................................................................................................26
4
Introduction
Texas. A l’évocation de ce mot, une foule d’images vient à l’esprit. Les grandes étendues arides. Les
cowboys coiffés de leurs stetsons. Les puits de pétrole. Tout le monde connaît le Texas. Du moins, tout
le monde croit connaître. Car cette image de l’état, notamment immortalisé à partir de 1978 par la série
« Dallas », est aujourd’hui largement dépassée. Le Texas a changé.
Qui sait que c’est au Texas que fût produit le premier transistor à base de silicium ? Qui sait que le
Texas – et non la Silicon Valley californienne – est le lieu de naissance du circuit intégré, et donc du
microprocesseur ? Qui sait que le Texas est, de loin, le premier producteur d’énergie éolienne aux
Etats-Unis ? Qui sait que le plus grand centre médical du monde se situe au Texas ? Qui sait que les
fullerènes de carbone, à l’origine de la naissance des nanotechnologies, furent découverts au Texas ?
Le pétrole a alimenté l’explosion économique de l’état au 20ème
siècle et les énergies fossiles y gardent
une place importante. Mais la manne financière provenant du boom pétrolier fut utilisée intelligemment
pour développer de nombreuses infrastructures de recherche et attirer les investisseurs et les
entrepreneurs.
Ce rapport a pour but d’offrir au lecteur une image actualisée du Texas mettant en avant son fort
potentiel de recherche et d’innovation. Il ne s’agit pas d’être exhaustif mais de pointer ici et là les
domaines, les universités et les équipes de recherche d’excellence du « Lone Star State ». Le Texas est
un état qui continue à promouvoir un système d’enseignement supérieur performant. Un état qui est à
l’origine des dernières révolutions technologiques. Un état clé dans le paysage de recherche et
d’innovation américain. Et un état qui n’a pas fini de développer son potentiel.
5
1 – Le Texas
1.1 – Présentation générale de l’état
Le Texas possède une histoire qui en fait un état très singulier au sein des Etats-Unis. Sa terre fut
d’abord attribuée par les Conquistadors à l’Espagne avant de passer sous contrôle des français qui y
établirent une colonie qui ne résista que quatre ans. Le Texas revint ainsi à faire partie de la Nouvelle
Espagne. Suite à la guerre d’indépendance en 1821, cette dernière devint le Mexique dont le Texas était
un des états. Mais les tensions internes au nouveau pays entre fédéralistes et centralistes conduisirent
les Texans – en majorité des colons américains – à se battre pour leur indépendance. La République du
Texas fût proclamée en 1836. Onze ans plus tard, le Texas fût le 28ème
état à rejoindre les Etats-Unis
d’Amérique. L’état est ainsi le seul à avoir joui d’un statut indépendant avant de rejoindre l’Union.
Esclavagiste, l’état fait sécession en 1861 et rejoint la Confédération. Suite à la défaite des états
confédérés dans la guerre civile en 1865, le Texas fût réintégré à l’Union en 1870.
Basée sur l’agriculture, notamment sur le bétail, l’économie du Texas s’est vue profondément modifiée
à l’aube du 20ème
siècle. Le 10 janvier 1901, le premier puits de pétrole majeur fût foré dans l’état,
entrainant une ruée vers l’or noir sur dans l’ensemble du Texas. Le boom économique qui s’en suivit
est sans commune comparaison dans l’histoire des Etats-Unis. En trente ans, la population des
principales villes du Texas fut multipliée par cinq. Les revenus tirés de l’exploitation des ressources
pétrolières et gazières vinrent financer le développement des infrastructures et du système éducatif. En
plus de l’énergétique, les investissements se poursuivirent dans la deuxième moitié du 20ème
siècle dans
des domaines technologiques de pointe comme la microinformatique, la défense ou encore les
biotechnologies assurant la croissance de l’état depuis la seconde guerre mondiale.
Aujourd’hui deuxième état en superficie après l’Alaska, le Texas est aussi le deuxième état le plus
peuplé après la Californie. Son produit intérieur brut (PIB) le place également en seconde position au
sein des Etats-Unis (Tableau 1). Pris de manière indépendante, le Texas occuperait la 14ème
place
mondiale en termes de PIB. Depuis 2008, le Texas occupait la première place du classement CNBC des
« America’s Top States for Business ». En 2011, il se classe second. Le Texas y apparaît en quatrième
position pour ce qui concerne la technologie et l’innovation [1]. 51 des entreprises du classement
« Fortune 500 » 2011 y ont leur siège, juste derrière l’état de New York (57) et la Californie (53) [2].
Rang Etat Population PIB
1 Californie 37 254 000 1 936,4
2 Texas 25 146 000 1 153,1
3 New York 19 378 000 1 114,0
4 Floride 18 801 000 754,0
5 Illinois 12 831 000 654,2
Tableau 1 – Population et PIB (en milliards de dollars) des cinq premiers états des Etats-Unis1
1 Les données présentées dans les tableaux 1 – 6, 9 et 10 proviennent de la National Science Foundation
6
1.2 – La place du Texas dans la R&D américaine
Le Texas occupe la quatrième place dans le paysage américain en recherche et développement
(Tableau 2). La Californie domine clairement le jeu, les états suivants ayant des dépenses voisines dans
ce domaine. L’état se place en seconde position dans le dépôt de brevets aux Etats-Unis (Tableau 3).
Rang Etat Dépenses Part de R&D industrielle
1 Californie 71 335 81.9 %
2 Massachusetts 20 577 75.6 %
3 Michigan 18 189 90.6 %
4 Texas 17 059 78.2 %
5 New Jersey 16 259 89.8 %
Tableau 2 – Classement des états par leur performance totale en R&D (en millions de dollars)
Rang Etat Nombre
1 Californie 19 181
2 Texas 5 712
3 New York 4 885
4 Washington 3 517
5 Massachusetts 3 516
Tableau 3 – Nombre de brevets déposés par les
résidents de l’état (2008)
Rang Etat Montant
1 Californie 6 733
2 New York 3 965
3 Texas 3 415
4 Massachusetts 2 172
5 Pennsylvanie 2 438
Tableau 4 – Financement fédéraux en R&D
dépensés dans les institutions académiques de
l’état (en millions de dollars)
Le système de recherche académique texan réussit à attirer des financements de recherche fédéraux
importants portant l’état à la troisième place nationale, juste derrière l’état de New York (Tableau 3).
La progression du Texas dans ce classement est récente – il se plaçait en sixième position en 2003 – et
témoigne de la volonté actuelle des acteurs locaux de promouvoir leurs institutions d’enseignement
supérieur et de recherche (voir section suivante). En ce qui concerne l’enseignement supérieur, l’état se
classe aussi en troisième position pour le nombre d’étudiants de niveau « graduate » et le nombre de
doctorats délivrés (tableaux 5 et 6). L’état s’est actuellement fortement engagé pour assurer le
développement de son potentiel d’enseignement supérieur et de recherche afin de renforcer sa place sur
la scène nationale.
Rang Etat Nombre
1 Californie 52 480
2 New York 48 022
3 Texas 37 004
4 Massachusetts 27 109
5 Floride 26 317
Tableau 5 – Nombre d’étudiants de niveau
« graduate » dans les établissements habilités à
délivrer le doctorat
Rang Etat Nombre
1 Californie 4 283
2 New York 2 560
3 Texas 2 101
4 Massachusetts 1 903
5 Illinois 1 519
Tableau 6 – Nombres de doctorats délivrés dans
l’état (2006)
7
2 – Le système universitaire texan
Figure 1 – Les principales universités du Texas
LUBBOCK
Texas Tech University
ARLINGTON
University of Texas at Arlington
SAN ANTONIO
University of Texas at San Antonio University of Texas Health Science Center
HOUSTON
Rice University University of Houston
University of Texas Health Science Center University of Texas MDA Cancer Center
Baylor College of Medicine
DALLAS
University of Texas at Dallas Southern Methodist University
University of Texas Southern Medical Center
DENTON
University of North Texas
COLLEGE STATION
Texas A&M University Texas A&M Health Science Center
GALVESTON
University of Texas Medical Branch AUSTIN
University of Texas at Austin
EL PASO
University of Texas at El Paso
8
2.1 – Tour d’horizon
Les universités publiques texanes se sont progressivement réunies en six systèmes principaux (Tableau
7). Seules quatre universités publiques mineures n’ont pas été intégrées à l’un d’eux. L’état comprend
aussi une quarantaine d’universités privées parmi lesquelles la Rice University à Houston et la
Southern Methodist University à Dallas se distinguent par leur niveau et leurs capacités de recherche.
Le Baylor College of Medicine joue aussi un rôle de premier plan comme « medical school » privée.
Système Publics Nombre de Membres Universités importantes
University of Texas System 15
University of Texas at Austin (UT Austin) University of Texas at Dallas (UT Dallas) University of Texas at San Antonio University of Texas at El Paso University of Texas at Arlington University of Texas HSC San Antonio University of Texas HSC Houston University of Texas MDA Cancer Center University of Texas Medical Branch University of Texas Southern MC
Texas A&M University System 12 Texas A&M University (TAMU) Texas A&M University HSC
University of Houston System 4 University of Houston (UH)
Texas Tech University System 3 Texas Tech University (TTU)
University of North Texas System 3 University of North Texas (UNT)
Texas State University System 7 -
Universités Privées
Rice University
Southern Methodist University
Baylor College of Medicine
Tableau 7 – Les principales universités de recherche au Texas. L’université phare des systèmes publics
– flagship university – apparaît en gras. Au Texas, les « medical school » dédiées aux sciences de la vie
et de la santé (en italique) sont généralement des institutions indépendantes de l’université principale.
Les universités « Tier One » apparaissent en vert, les « emerging research universities » en orange.
Les tableaux suivants permettent de présenter quelques données clés sur les universités texanes. Le
tableau 8 renseigne sur le nombre d’étudiants et de personnel de recherche des Universités. UT Austin
et Texas A&M ont longtemps dominé le paysage universitaire texan. Des universités plus récentes
semblent aujourd’hui les concurrencer si l'on regarde le nombre d’étudiant inscrits. Cependant ces
dernières institutions – UH, TTU ou UNT – ne bénéficient pas encore d’un potentiel de recherche
équivalent, comme le suggère le tableau 9 présentant le nombre de doctorats délivrés en 2007. Cette
situation d'infériorité relative est confirmée lorsque l’on considère les budgets de recherche des
universités texanes (tableau 10). UT Austin et Texas A&M demeurent les deux grandes institutions de
recherche de l’Etat. Cependant, les universités « mineures » mais émergentes ont connu ces dernières
années un boom conséquent en recherche, doublant leurs dépenses dans ces activités. Ce boom est lié à
la forte volonté politique des responsables texans d’encourager fortement le développement du
potentiel de recherche de l’Etat en multipliant le nombre d’universités Tier One (voir section suivante).
9
Université Undergraduate Graduate Faculty
University of Texas at Austin 38 168 12 827 2 770
Texas A&M University 36 952 8 957 2 700
University of Houston 30 688 8 064 3 364
University of North Texas 28 548 7 658 1 388
Texas Tech University 25 462 5 505 2 482
University of Texas San Antonio 25 893 4 502 1 307
University of Texas at Arlington 21 370 6 175 1 350
University of Texas at El Paso 17 205 3 806 1 511
University of Texas at Dallas 10 648 6 480 963
Southern Methodist University 6 000 4 693 603
Rice University 3 485 2 275 650
Tableau 8 – Nombre d’étudiants et de personnels de recherche permanents dans les principales
universités texanes en 2010/ 2011.
Rang Université Nombre Sciences Nat./Ingénierie SHS
3 University of Texas at Austin 778 383 324
18 Texas A&M University 580 356 175
70 University of Houston 220 108 92
71 Texas Tech University 216 108 76
83 University of North Texas 184 40 136
106 Rice University 143 104 38
116 University of Texas at Dallas 125 73 31
118 University of Texas at Arlington 124 76 24
201 University of Texas San Antonio 46 24 14
205 Southern Methodist University 45 28 17
221 University of Texas at El Paso 39 25 14
Rang Université - Medical School Nombre Sciences de la Vie Santé
123 University of Texas HSC Houston 115 66 39
145 University of Texas SMC Dallas 85 70 0
174 Baylor College of Medicine 64 63 0
192 University of Texas Medical Branch 50 32 12
224 University of Texas HSC San Antonio 38 22 12
x University of Texas MD Anderson x x x
x Texas A&M University Health Center x x x
Tableau 9 – Nombre de doctorats délivrés en 2007. Pour les principales universités, le nombre de
doctorats en sciences naturelles et ingénierie et en sciences humaines et sociales (SHS) sont indiqués.
Pour les Medical Schools, le nombre de doctorats en science de la vie et en santé sont présentés. Le
rang indique le classement de l’établissement à l’échelle nationale.
10
Rang Université Montant total Fédéral Industrie Institution Etat et local Autre
22 Texas A&M University 543 888 42.0 6.7 27.0 22.3 2.0
32 University of Texas at Austin 446 765 64.8 8.0 17.1 5.0 5.2
146 University of Houston 73 542 54.5 4.2 24.7 10.2 6.4
150 Rice University 69 772 77.8 3.2 10.4 1.4 7.1
160 Texas Tech University 57 878 39.5 7.0 18.6 29.3 5.6
175 University of Texas at Dallas 46 477 38.3 8.9 4.9 33.0 14.9
180 University of Texas at El Paso 39 965 52.6 10.2 6.5 30.7 0.0
199 University of Texas at Arlington 32 734 60.4 14.1 19.6 5.9 0.0
201 University of Texas San Antonio 30 542 67.3 2.1 4.9 25.7 0.0
254 University of North Texas 14 207 50.6 4.6 35.6 0.3 8.8
260 Southern Methodist University 13 381 77.0 2.2 14.3 0.9 5.5
Rang Université – Medical School Montant total Fédéral Industrie Institution Etat et local Autre
26 University of Texas MD Anderson CC 496 539 38.4 6.9 15.9 26.6 12.3
34 Baylor College of Medicine 438 280 60.0 4.2 15.2 0.6 19.9
50 University of Texas SMC Dallas 341 090 56.2 5.6 3.4 11.0 23.7
88 University of Texas HSC Houston 191 724 68.8 4.1 10.2 6.9 10.0
95 University of Texas Medical Branch 183 492 64.4 3.6 16.8 4.0 11.1
98 University of Texas HSC San Antonio 160 282 59.7 5.4 39.4 3.6 8.8
141 Texas A&M University Health Center 77 957 44.9 5.8 30.7 1.8 16.8
Tableau 10 – Dépenses en R&D en 2007 par université et par provenance des fonds (en milliers de dollars pour le montant total, en
pourcentage du total pour la provenance des fonds). Le code couleur (orange, jaune, bleu) permet de comparer les institutions entre elles. La
couleur indique si la part du financeur dans le budget R&D de l’université est élevée (orange), moyenne (jaune) ou faible (bleue) par rapport
à ce qu’elle représente pour les autres institutions. Les budgets R&D de UT Austin et de Rice University reposent principalement sur les
financements des agences fédérales, là où ceux de TAMU, TTU ou UT Dallas s’appuient plus sur les revenus locaux. Les Medical School
ont un budget alimenté de manière relativement importante par le niveau fédéral et les donations privées à l’exception de MD Anderson
Cancer Center pour qui les fonds locaux représentent plus d’un quart du budget. Le rang mentionné est le rang national. Cette donnée n’est
pas très parlante, les différentes institutions regroupant un nombre varié de disciplines. La différence notable au Texas vient du fait que les
Medical School sont des entités autonomes des universités mères et sont comptées de manière indépendante, là où elles peuvent être
intégrées au sein de l’université dans d’autres endroits. Or, elles disposent de budgets de R&D très importants. Le budget R&D du MD
Anderson Cancer Center dépasse par exemple celui de UT Austin, l’université à laquelle il est rattaché. Ainsi, Texas A&M University se
classe en fait seconde au niveau national en dépenses de R&D parmi les universités n’intégrant pas de Medical School. Les budgets
recherche des universités ont fortement augmentés ces dernières années. UT Austin annonce 644 millions pour 2009, TAMU 652 millions
pour 2009, TTU 130 millions pour 2010 et UT Dallas 82 millions pour 2010. Ces augmentations, notamment pour les universités
émergentes, sont liées aux incitations de l’état pour développer le potentiel de recherche du Texas.
11
2.2 – La gestion et le financement des institutions publiques d’enseignement supérieur
2.2.1 – Le Texas Higher Education Coordinating Board
En 1965, l’état du Texas a mis en place une agence, le Texas Higher Education Coordinating Board
(THECB), ayant pour mission de coordonner les politiques de soutien de l’état au système public
d’enseignement supérieur [3]. Il est composé de sept membres nommés par le gouverneur. C’est sous
l’impulsion du THECB que les systèmes d’université se sont progressivement réorganisés. En 1998, le
THECB décide de lancer une réflexion globale sur l’enseignement supérieur au Texas. Celle-ci se
concrétise en 2000 par la publication du rapport « Closing the gaps » qui définit les priorités et les
actions à mettre en place afin de donner au Texas la place qu’il doit occuper dans l’enseignement
supérieur américain [4].
Il faut, d’ici 2015, améliorer la proportion de jeunes poursuivant des études supérieures – notamment
parmi les minorités hispaniques et afro-américaines, améliorer les taux de succès aux différents
diplômes, assurer le développement de formations d’excellences et augmenter le profil en recherche
des universités texanes. Le plan évoque par exemple un soutien financier plus important pour les jeunes
de milieux défavorisés. Chaque année, le THECB fait le point sur ce plan et regarde si les objectifs ont
été atteints [5]. Malheureusement, tout n’évolue pas comme prévu. Le 29 avril 2010, l’agence a publié
une mise à jour, « Accelerated Plan for Closing the Gaps by 2015 », dans laquelle le THECB tire la
conclusion qu’il va falloir mettre les bouchées doubles sur un grand nombre d’axes si l’on veut voir les
objectifs du plan réalisés pour 2015 [6].
Les premiers mois de 2011 ont été marqués par de fortes tensions entre le pouvoir politique et le
système universitaire. Ces discussions concernent la place de la recherche au sein des universités, le
rôle de celles-ci entre recherche et enseignement et le financement des institutions d’enseignement
supérieur public. Une loi modifiant le financement des universités par l’état, non en fonction du
nombre d’étudiants mais en fonction des taux de succès des étudiants et du nombre de diplômes
délivrés, a failli être votée [7]. Pour le moment le THECB est chargé de réfléchir à un nouveau système
de financement des universités et à faire des propositions pour la prochaine législature en 2013. La
polémique a aussi conduit les parlementaires à créer une nouvelle commission, le Joint Oversight
Committee on Higher Education Governance, Excellence and Transparency. Ce comité parlementaire
doit s’assurer que les « board of regents » - conseils d’administration des systèmes d’universités -
suivent les meilleures pratiques pour le développement des politiques publiques, que les différentes
politiques publiques soient débattues de manière transparente et que les board protègent l’excellence et
la qualité des institutions d’enseignement supérieur de l’état [8]. Malgré ces divergences, le Texas s’est
engagé depuis 2009 à développer son potentiel de recherche en créant de nouvelles dotations
financières aux universités qui en étaient dépourvues.
2.2.2 – Le Permanent University Fund
Le tableau 7 montre clairement que l’enseignement supérieur texan est dominé par deux systèmes :
l’University of Texas System et Texas A&M University System. La création des deux universités
phares de ces systèmes – UT Austin et TAMU – a été inscrite en 1876 dans l’article 7 de la
Constitution du Texas. En plus de leur création, cet article leur assure aussi un financement permanent
de l’état par la création d’un Permanent University Fund (PUF).
12
En 1876, 8 000 km² de terres publiques de l’ouest du Texas sont attribuées au PUF. Les revenus de ces
terres alimentent l’Available University Fund (AUF). Actuellement, 5% de la valeur du PUF est
reversée chaque année à l’AUF. Deux tiers de l’AUF sont ensuite attribués à l’University of Texas
System et un tiers au Texas A&M University System. En 1900, le PUF rapportait $40 000 par an, tirés
principalement de la production de fourrages. C’était avant de découvrir que le sous-sol de ces terres
regorge de pétrole. Le premier puits fut foré sur les terres du PUF le 28 mai 1923. Les revenus
engendrés pour les universités allaient alors exploser.
En 1925, le PUF rapporte déjà $2 000 par jour. A la fin des années 50, le PUF est évalué à plus de 280
millions de dollars et rapporte plus de 8 millions de dollars annuellement. En 1990, sa valeur est passée
à plus de 3 milliards de dollars avec des retombées annuelles de plus de 266 millions de dollars.
Aujourd’hui le PUF, qui comprend la production des terres et des placements financiers des revenus,
est évalué à plus de 9 milliards de dollars. Cette manne financière a permis un fort développement des
deux universités publiques phares du Texas à tel point que leur « endowment » les place dans le top 10
des universités du pays (Tableau 11). La croissance de ces deux universités en a fait des mastodontes
de l’enseignement supérieur aux Etats-Unis, les positionnant parmi les 10 plus grands campus en
nombre d’étudiants (Tableau 12).
Rang Université Montant 2010
1 Harvard University 27,557
2 Yale University 16,652
3 Princeton University 14,391
4 University of Texas System 14,052
5 Stanford University 13,851
6 Massachusetts Institute of Technology 8,317
7 University of Michigan 6,564
8 Columbia University 6,517
9 Northwestern University 5,945
10 Texas A&M University System 5,738
Tableau 11 – Classement des universités américaines en fonction de leur endowment en 2010 (en
milliards de dollars). UT Austin est la plus dotée des universités publiques du pays.
Rang Université Lieu Enrollment
1 Arizona State University Tempe, Arizona 58 371
2 University of Central Florida Orlando, Floride 56 235
3 Ohio State University Colombus, Ohio 56 064
4 University of Minnesota Saint Paul, Minnesota 51 721
5 University of Texas at Austin Austin, Texas 51 195
6 University of Florida Gainesville, Floride 49 827
7 Texas A&M University College Station, Texas 49 129
8 University of South Florida Tampa, Floride 47 576
9 Michigan State University East Lansing, Michigan 47 131
10 Liberty University Lynchburg, Virginie 46 312
Tableau 12 – Classement des campus des universités américaines en fonction
du nombre d’étudiants inscrits en 2010-2011
13
Lorsque d’autres universités publiques se sont développées au Texas au cours du 20ème
siècle, le mode
de distribution des revenus engendrés par le PUF n’a pas changé. Seuls les deux systèmes originaux
ont continué à en bénéficier, attisant les envies et les jalousies. Le PUF est ainsi devenu pour les
nouvelles institutions, orphelines en financements, le « Privileged University Fund ». Afin de remédier
à cette situation les parlementaires texans ont créé en 1996 le Permanent Higher Education Fund
(PHEF). Il avait comme objectif de fonctionner comme le PUF pour toutes les universités publiques
non desservies par ce dernier. Il ne pouvait pas être entamé avant d’avoir atteint 2 milliards de dollars.
La difficulté à faire augmenter le montant du PHEF et les nouvelles priorités votées en 2009 allaient
conduire à modifier son utilisation.
2.2.3 – La loi HB51
En 2009, les parlementaires texans ont voté la loi HB 51 dont le but est de soutenir les sept « emerging
research universities » de l’état (en orange dans le tableau 7) pour leur faire atteindre le statut de Tier
One. La loi imposait tout d’abord aux universités de mettre en place un plan stratégique avant le 1er
avril 2010 [9]. Ce plan décrit les ambitions des universités ainsi que la route qu’elles comptent
poursuivre pour atteindre le niveau Tier One. UT Austin et TAMU ont du, elles aussi, produire un plan
stratégique présentant comment elles comptent conforter leur position dans l’avenir. La loi crée aussi
deux sources de financement pour les universités.
Qu'est ce qu'une université ―Tier One‖ ?
Etre reconnu comme université Tier One (littéralement, de Rang 1) est très important. Le Texas n'a
que trois universités ainsi classées, le même nombre que la Virginie, qui proportionnellement
compte trois fois moins d’habitants. La Californie, de population légèrement supérieure, en compte
neuf. Cependant, personne ne sait vraiment ce qu'est une Université de Rang 1 !
Les Etats-Unis sont une fédération, et il n'existe pas de Ministère de l'Enseignement Supérieur dans
le gouvernement fédéral. Personne ne décide de manière centralisée qui est bon, et qui ne l'est pas.
Du coup, c'est le flou. Sur le site web de l'Université du Texas, par exemple, on lit que « le terme se
réfère à des Universités de recherche de hautes performances, compétitives au niveau national. (…)
La plupart des Universités de Rang 1 ont plus de 100 millions de dollars de dépenses de recherche
par an d'origine fédérale. »
Il existe trois organisations dont l'avis est essentiel pour être considéré de Rang 1: la Carnegie
Foundation for the Advancement of Teaching, le Center for measuring University Performance, et
la Association of American Universities. Il est aussi important que l'université en question soit
« bien classée » dans la liste du prestigieux U.S. News & World Report, mais encore une fois, ce que
« bien classée » signifie n’est pas bien clair.
Ainsi, en 2011, l'Université de Houston a été ajoutée à la liste des universités de recherche de plus
haut rang par la Carnegie Foundation, ce qui a fait annoncer par les dirigeants de l'Institution que
UoH est maintenant la quatrième Université de Tier 1 du Texas, bien que les deux autres
organisations ne se soient pas encore prononcées.
Comme le conclut un article du Texas Tribune : ―Une Université de Rang 1 est une Université de
recherche qui a ce qu'il faut pour être considérée parmi les meilleures – quoi que cela signifie.‖
14
Le Research University Development Fund (RUDF) a comme objectif de financer le recrutement de
personnels d’enseignement et de recherche de haut niveau et d’améliorer la productivité de la recherche
conduite dans les universités texanes [9]. Les fonds du RUDF sont accessibles à UT Austin et TAMU
et aux 7 universités émergentes. Le RUDF abonde les financements de recherche obtenus par les
universités à raison de 500 000 jusqu'à plus d’un million de dollars pour chaque tranche de 10 millions
de dollars dépensés par les universités. Il s’agit donc d’un bonus pour motiver les universités à
accroitre leurs financements en recherche.
Le Texas Research Incentive Program (TRIP) était destiné uniquement aux sept universités émergentes
[9]. Il s’agit aussi d’un bonus au travers duquel l’état abonde tous les financements privés reçus par
l’université pour conduire des activités de recherche. La distribution des 50 millions de dollars prévus
pour deux ans (2009 – 2011) devait se faire à parité, un dollar donné pour un dollar récolté, et sur la
base du premier arrivé, premier servi. La lutte entre les universités fut brève.
Le 1er
septembre 2009, jour de lancement du fond, les sept universités concernées ont levé au total près
de 58 millions de dollars de fonds privés [9]. La course était déjà terminée. La distribution des fonds du
TRIP s’est ainsi faite à 0.90 dollar par dollar privé récupéré. Texas Tech University est sortie grand
vainqueur avec plus de 21 millions de dollars, suivi par UT Dallas avec plus de 15 millions. Les cinq
autres se sont partagé les 14 millions restant. L’opération a créé une dynamique qui a permis de faire
fortement progresser les budgets recherche des universités avec des fonds publics et des fonds privés. Il
s’agit là d’un critère essentiel pour atteindre le niveau Tier One, pour lequel la barre des 100 millions
de dollars de dépenses annuelles de recherche est généralement évoquée (voir encadré).
La loi HB 51 proposait aussi de transformer le Permanent Higher Education Fund – dont le montant
n’atteignait alors que 500 millions de dollars, bien loin des 2 milliards requis pour son utilisation – en
National Research University Fund (NRUF). Le PHEF ayant été inscrit dans la constitution de l’état, sa
transformation nécessitait un référendum.
2.2.4 – La HB1000 et le budget 2011/2013
En novembre 2009, les texans ont eu à s’exprimer sur la proposition 4 qui concernait la conversion du
PHEF en NRUF. Ils ont approuvé le changement. Les parlementaires ont voté en mai 2011 une
nouvelle loi, la HB 1000, qui définit quelles sont les universités éligibles au NRUF et la manière par
laquelle le fond sera utilisé [10].
Encore une fois, l’opération a pour but d’inciter les universités à se surpasser, les financements
distribués devenant une récompense au mérite. Pour être éligibles, les universités doivent tout d’abord
faire état d’au moins 45 millions de dollars de dépenses de recherche par an sur deux ans en fonds
affectés – restricted research expenditures – dédiés à des projets définis [11]. Ensuite, l’établissement
doit valider au moins quatre des six critères suivants : avoir un endowment d’au moins 400 millions de
dollars, délivrer au moins 200 doctorats par an les deux années précédentes, être membre de
l’Association of Research Libraries ou avoir un « chapter » de Phi Beta Kappa (voir encadré), recruter
des étudiants de haute qualité, avoir un personnel de haute qualité ou proposer des programmes de
Licence de haut niveau. La définition précise des trois derniers critères est laissée au Texas Higher
Education Coordinating Board, qui distribue les fonds.
15
Ces critères ne sont pas innocents. Ils correspondent peu ou prou à ceux attendus pour classer les
universités comme Tier One. Une telle sélection a donc pour but de récompenser les universités qui
s’approchent du fameux sésame afin de leur donner un dernier coup de pouce. Lorsqu’une université
devient éligible, 4.5% d’intérêts sont prélevés sur le fond afin d’être utilisés sur deux ans. Si une
université seulement est éligible, la somme est divisée en deux. Une moitié retourne alimenter le fond
pendant que l’autre revient à l’université en question. Si deux universités sont éligibles, la somme est
partagée en trois, un tiers retourne au fond et chaque université récupère un tiers de la somme. Et ainsi
de suite. Plus il y a d’universités éligibles, plus les sommes obtenues par chacune sont faibles. Il vaut
donc mieux être dans les premières à en bénéficier.
Pour le moment, seules trois des sept universités en lice auraient accès au NRUF : l’University of
Houston, Texas Tech University et, éventuellement, l’University of Texas at Dallas. Avec un fond à
estimé à 613 millions de dollars, elles pourraient récolter chacune environ 6 à 7 millions de dollars
supplémentaires pour la période 2011/2013. Ces fonds permettraient à UH de conforter sa nouvelle
position de Tier One. Pour les autres, ces fonds supplémentaires viendrait contribuer au développement
du potentiel de recherche afin d’accéder à la reconnaissance comme Tier One.
2.3 – TAMEST
Autre symbole du dynamisme du Texas et de la volonté de développer fortement le potentiel de l’état,
The Academy of Medicine, Engineering and Science of Texas, ou TAMEST, a été créée en 2004. A la
différence des Académies classiques, TAMEST n'est ni un organe de prestige, ni un organe de conseil
créé par des organisations publiques. Il s'agit d'une institution conçue par les chercheurs dans le but de
promouvoir et renforcer le potentiel de recherche et d'innovation du Texas.
2.3.1 - La création de TAMEST
En 2003, la Sénatrice Républicaine Kay Bailey Hutchinson analyse la situation du Texas en matière de
recherche. Elle estime alors qu'étant donné son potentiel et son poids à l'échelle nationale, le Texas ne
reçoit pas une part correspondante des financements fédéraux en recherche. Elle estime aussi que les
chercheurs texans sont sous représentés au sein des Académies Nationales (National Academy of
Science, National Academy of Engineering et Institute of Medicine). Elle décide de convoquer à
Washington D.C. un groupe de chercheurs texans renommés, dont les Prix Nobels Richard Smalley et
Michael Brown, pour réfléchir à ce qui pourrait être fait pour remédier à cette situation.
Phi Beta Kappa
Ce triplet de lettres grecques, initiales de Φιλοσουία Βίοσ Κσβερνήτης (la philosophie—amour de
la connaissance—est guide de vie) constitue le nom de la plus ancienne société honorifique (honor
society) américaine. Il s'agit d'une organisation qui reconnaît l'excellence académique de certains
étudiants parmi leurs pairs. Environ 10% des universités américaines hébergent une section
(chapter) de la société. Dans ces universités, chaque année, seulement 10% environs des diplômés
des Arts et Sciences sont invités à rejoindre Phi Beta Kappa, c'est à dire environ 1% de ces diplômés
dans toute la nation.
Créé en 1776, Phi Beta Kappa compte 17 Présidents des Etats-Unis, et 131 Prix Nobel.
16
Le constat global comprend plusieurs axes. D'une part, les chercheurs des différents centres de
recherche et universités du Texas ne savent pas ce qui se passe dans les autres établissements. Ils ne
sont pas encouragés à mettre en place des collaborations et c'est plutôt un esprit de compétition qui
règne entre les différentes institutions. Or, s'il y a bien une chose pour laquelle les universités se
concurrencent, ce sont les financements fédéraux pour la recherche. Afin d'attirer massivement ces
financements, il est acté qu'une stratégie plus efficace à l'échelle de l'état consiste à promouvoir les
projets communs entre établissements, en tirant parti des compétences de chacun. Cette stratégie assure
une qualité supérieure des projets de recherche tout en annulant la compétition interne à l'état entre les
établissements.
Cependant, étant donné la situation de départ, il faut créer une structure qui va permettre de
promouvoir ces échanges et ces collaborations. Un rassemblement en 2004 des chercheurs texans va
conduire à la mise en place de TAMEST [12]. L'académie est fondée sur une vision simple : assurer le
futur du Texas comme leader national en médecine, ingénierie et science. Une fois mise en place,
quelques questions pratiques se posent. Par exemple, comment décider qui prend part à l'académie ? La
question sera vite tranchée. Laissons les Académies Nationales décider ! Les membres de TAMEST
seront ainsi les membres élus des trois académies nationales qui travaillent au Texas. Ce choix permet
de ne pas faire de la nomination à TAMEST une promotion honorifique interne au Texas. En quelques
coups de téléphone, la sénatrice joue de son influence pour engranger auprès d'industriels et de grandes
entreprises un capital de fonctionnement pour TAMEST qui atteint aujourd'hui 8.5 millions de dollars.
2.3.2 - Quatre objectifs
En 2009, quatre objectifs stratégiques ont été définis pour guider l'action de TAMEST dans les années
à venir. Le premier réaffirme l'action de TAMEST comme forum d'échange entre les chercheurs texans
mais aussi avec d'autres partenaires : le secteur privé, les agences gouvernementales, les responsables
politiques et les enseignants du primaire et du secondaire. Ces échanges ont pour but de promouvoir et
développer largement la vision portée par l'académie auprès de tous ces acteurs. TAMEST a pour
second objectif la promotion de la future génération de leaders scientifiques et d'enseignants de l'état.
Ses actions doivent contribuer à inspirer les jeunes générations et à promouvoir l'enseignement des
disciplines scientifiques.
Le troisième objectif fait de TAMEST un agent de communication interne et externe à l'état sur les
questions scientifiques. En interne, TAMEST se doit d'informer tous les acteurs sur l'importance de la
recherche et de l'innovation pour le futur du Texas, sur les capacités de recherche de l'état et les actions
entreprises par les différentes institutions. TAMEST doit aussi agir pour améliorer l'image du Texas à
l'échelle nationale sur ces questions. Enfin, en quatrième objectif, TAMEST doit agir comme une
ressource clé pour l'état dans sa capacité à informer et conseiller sur les choix qui doivent s'opérer dans
tous les domaines connectés à la science et à l'innovation. TAMEST est au service du Texas pour
renforcer les capacités de l'état et lui permettre de surmonter les difficultés. Ces objectifs sont
concrétisés par un certain nombre d'actions.
2.3.3 - Les actions de TAMEST
Depuis 2004, tous les ans début janvier, TAMEST organise sa conférence annuelle. Celle-ci réuni les
membres de l'académie – au nombre de 242 actuellement – ainsi que d'autres intervenants. Dans le
souci d'être un forum d'échange, TAMEST compte aussi des membres affiliés : les responsables de
grandes entreprises texanes (ExxonMobil, Texas Instruments, Dell Inc., etc.), des responsables locaux
17
ainsi que les présidents et les chanceliers des institutions académiques et de recherche de l'Etat. Pour
assurer une transition entre les générations, chaque membre de l'académie peut inviter un "protégé" à la
conférence annuelle. Les protégés, dans leur ensemble, constituent un vivier de futurs leaders de l'Etat
en matière de recherche.
Durant deux jours, les interventions de chercheurs, de responsables d'entreprises et d'agences fédérales
ou encore de leaders politiques, de stature internationale, permettent aux participants d'obtenir une
vision globale des défis à relever autour d'une thématique donnée. Les présentations touchant à
l'ensemble des domaines de recherche suscitent la réflexion sur des collaborations qu'il serait opportun
monter à la frontière entre les disciplines traditionnelles. Les participants ont tout le loisir d'échanger
avec leurs collègues d'autres universités de l'Etat, que ce soit dans leur domaine ou dans d'autres,
renforçant ainsi la connaissance réciproque entre eux.
Poursuivant son objectif de développement de la future génération de leaders scientifiques, une remise
de prix a lieu tous les ans lors de la conférence annuelle. Les Edith and Peter O'Donnell Awards
récompensent des chercheurs texans en milieu de carrière pour leur réussite dans 4 domaines :
médecine, science, ingénierie et innovation technologique. Ces prix ont pour but de mettre en avant des
chercheurs brillants afin notamment d'asseoir leur légitimité à l'échelle nationale, favorisant ainsi leur
possible entrée dans les académies nationales.
TAMEST organise aussi une autre conférence en milieu d'année qui est, cette fois, ouverte à toutes les
personnes intéressées. Le but de cette conférence est de promouvoir les échanges autour d'une
thématique bien ciblée et qui présente un intérêt stratégique pour l'Etat. En avril 2011 a eu lieu une
conférence sur l'énergie où a été posée la question de l'avenir énergétique du Texas et des solutions à
apporter pour relever les défis posés dans ce domaine [13].
2.3.4 - Bilan depuis la création
En seulement 8 ans, les résultats obtenus via l'action de TAMEST sont impressionnants. Le Texas qui
pointait en 2003 à la sixième place dans le captage des financements fédéraux de recherche occupe
aujourd'hui la troisième place (tableau 4). Il s'apprête même à dépasser l'Etat de New York pour
occuper la deuxième place, derrière la Californie. Par ailleurs, 54 chercheurs texans ont été élus dans
les académies nationales depuis la création de TAMEST, soit une augmentation de 30%. Des centres de
recherche d'excellence communs entre les différentes universités ont vu le jour dans différents
domaines : biomédical, nanoélectronique, science des matériaux, etc.
TAMEST présente ainsi une vision moderne de ce que peut constituer une académie et des
répercussions que son action peut avoir pour dynamiser un territoire. Le Texas possédait déjà un fort
potentiel de recherche et d'innovation. L'action de l'académie comme catalyseur est en train d'assurer
un très fort développement de ce potentiel. Il n'y a aucun doute possible sur le fait que le Texas va
prendre une place de plus en plus importante parmi les Etats américains leaders en recherche dans les
prochaines années.
18
3 – Les domaines phares en recherche
Cette section présente un tour d’horizon des principaux centres de recherche dans les institutions
texanes pour une série de domaines clés : énergie, santé, sciences et technologies de l’information et de
la communication, science des matériaux et nanotechnologies, agriculture et spatial.
3.1 – L’énergie
Les activités de recherche dans le domaine énergétique sont sans surprise un des points forts des
universités texanes. Les principales compagnies pétrolières et gazières ont un siège au Texas et
alimentent une forte activité en R&D dans ce domaine. Les universités locales ont orienté leurs
stratégies afin de couvrir tous les aspects de l'énergie et toutes les sources.
3.1.1 – L’Université de Houston
L'Université de Houston est la seule université publique à avoir son campus principal à Houston. C'est
une raison de plus pour que cette institution ait centré sur l'énergie bon nombre de ses activités de
formation et de recherche. On y trouve donc UH Energy, qui regroupe chercheurs de plusieurs
disciplines scientifiques, ainsi qu'en ingénierie, droit, économie, géosciences ; le Global Energy
Management Institute dont l'approche pluridisciplinaire adresse programmes de formation aux niveaux
masters et doctorat, ainsi que séminaires et symposiums pour les chercheurs ; l’Institute for
NanoEnergy, dont l’objectif est de développer des recherches dans les secteurs des nanosciences plus
proches de la production et du stockage de l'énergie, pour arriver à des percées technologiques pouvant
aboutir à une commercialisation.
3.1.2 – Université du Texas à Austin
L'Université du Texas à Austin n'est évidemment pas en reste, avec ses 15 Centres et Instituts
consacrés à la recherche dans le domaine de l'énergie, en relation avec 8 Ecoles et Colleges. Ces
centres sont regroupés sous la bannière de l’Energy Institute, qui coordonne leurs activités, et remplit
une fonction de conseil auprès du gouvernement de l'Etat.
School of Architecture
Center for Sustainable Design
McCombs School of Business
Energy Management and Innovation Center
Texas Enterprise
Cockrell School of Engineering
Center for Energy and Environmental
Resources
Webber Energy Group
College of Liberal Arts
Population Research Center
School of Law
Center for Global Energy, International
Arbitration, and Environmental Law
Jackson School of Geosciences
Bureau of Economic Geology
Center for Energy Economics
Climate Systems Science
Latin American Forum on Energy and the
Environment
College of Natural Sciences
Center for Electrochemistry
Environmental Studies Institutes
19
LBJ School of Public Affairs
Center for International Energy and
Environmental Policy
Texas Advanced Computing Center
Texas Advanced Computing Center
3.1.3 – Texas A&M University
TAMU est la principale université à avoir des relations avec le monde « Oil & Gas » si présent au
Texas. Ici aussi, un Energy Engineering Institute a été créé pour centraliser et coordonner les activités
de recherche et développement relatives à l'énergie. Il regroupe Centres et Instituts qu'on trouve listés
par domaine de recherche de la manière suivante :
Bioénergie
Energie Electrique
Efficacité Energétique
Géothermie
Nucléaire
Oil & Gas
Solaire
Eolien
On peut remarquer que TAMU est une des 29 universités américaines à avoir gardé – après le célèbre
accident de Three Miles Island en 1979 – un département d'ingénierie nucléaire qui délivre un doctorat.
L'école doctorale de TAMU a été classée quatrième par US News Education en 2010, parmi les Top
Engineering School, juste derrière MIT (à un dixième de point) et devant Berkeley (cinquième) et
Georgia Tech (huitième).
3.1.4 – Texas Tech University
Le Texas est non seulement l'Etat du pétrole mais aussi, parmi tous les Etats de l'Union, celui qui
dispose de la plus grande puissance électrique produite à partir du vent. En août 2011, il y avait plus de
10 000 MW de puissance éolienne installée au Texas. Dans sa position au milieu des South Plains dans
l'Ouest du Texas, Texas Tech University est au cœur du « pays du vent ». L'éolien est donc très
naturellement une des spécialités de cette université publique, la seule aux Etats-Unis à délivrer un
doctorat dans ce domaine. Les centres principaux de cette discipline spécialisée sont le Texas Wind
Energy Institute, qui a un but essentiellement formatif, et le Wind Science and Engineering Research
Center, qui ne se limite pas aux applications de ce phénomène naturel à la production d'énergie, mais
qui constitue un centre d'avant-garde pour les recherches plus avancées, par exemple dans le domaines
des tornades, vrai fléau dans la bande centrale des Etats-Unis. Reconnaissant de cette primauté dans la
science des vents, le Sandia National Laboratory, un des Laboratoires nationaux gérés par le
Département de l'Energie, a décidé l'installation à TTU de son Advance Wind Energy Test Facility, une
installation destinée à développer et tester des nouvelles technologies et matériaux pour les tours et
turbines éoliennes, et notamment les interactions entre turbines montées sur des tours proches [14].
3.1.5 – Southern Methodist University
Les compétences en géophysique acquises par l'exploration pétrolière ne pouvaient pas ne pas s'exercer
dans le domaine de la géothermie. Un centre d'excellence internationale se trouve dans l'Université
privée Southern Methodist à Dallas, le SMU Geothermal Laboratory. Son activité a été par exemple
reconnue par Google, qui a confié à ce laboratoire texan l'exécution de la Carte Géothermique des
Etats-Unis, qui a été intégrée a Google Earth.
20
3.2 – La santé
3.2.1 – Le Texas Medical Center de Houston
Projeté dans l'avenir, le Centre Médical de Houston, avec ses 49 hôpitaux et centres de recherche et ses
93 500 employés - dont 20 000 médecins et chercheurs - est le plus grand, et l'un des plus importants,
des Etats-Unis et du monde. Le Centre de Protonthérapie de l'Université du Texas est la plus grande
installation de ce genre à être utilisée pour la cure du cancer, et la seule à être intégrée à un centre de
recherche, le MD Anderson Cancer Center. Le centre de recherche du Methodist Hospital est à la
pointe dans l'application des nanotechnologies à la médecine, et notamment au traitement du cancer,
des maladies cardiovasculaires, et à la régénération des tissus osseux.
Les institutions académiques et de recherche qui se trouvent dans ce qu'on appelle aussi le Texas
Medical Center, sont:
- Baylor College of Medicine
- The University of Texas M. D. Anderson Cancer Center
- Brown Foundation Institute of Molecular Medicine for the Prevention of Human Diseases
- The Methodist Hospital
- Michael E. DeBakey High School for Health Professions
- Houston Academy of Medicine - Texas Medical Center Library
- Houston Community College System, Health Science Programs
- Prairie View A&M University, College of Nursing
- Rice University
- Texas A&M Health Science Center - Institute of Biosciences and Technology
- Texas Heart Institute
- Texas Southern University College of Pharmacy & Health Sciences
- Texas Woman's University Institute of Health Sciences-Houston
- University of Houston
- University of Houston College of Pharmacy
- The University of Texas Medical Branch at Galveston
- The University of Texas Health Science Center at Houston
Les activités de recherche dans le centre couvrent tout le spectre de la recherche actuelle en médecine,
biologie, pharmacologie et disciplines connexes. En particulier, l'étroite intégration entre centres de
recherche et cliniques hospitalières permet le développement de l'approche connue sous le nom de
« recherche translationnelle », qui consiste précisément à transférer les résultats des investigations
fondamentales directement en essais cliniques, ou, selon un slogan très couru, « de la paillasse au
chevet » du patient. Parmi les institutions mentionnées ci-dessus, il faut signaler tout particulièrement
le Methodist Hospital, Rice University, le Brown Foundation Institute of Molecular Medicine, et le
MD Anderson Cancer Center.
Methodist Hospital Research Institute
Cet Hôpital a fait le pari d'une implication lourde en recherche, investissant des ressources très
importantes (50 000 mètres carrés de bureaux et laboratoires, 900 chercheurs seniors) pour constituer
un centre de recherche de premier plan, tourné vers les disciplines plus à l'avant-garde : nanomédecine,
imagerie, médecine « systémique » et bio-ingénierie—avec un dénominateur commun : amener les
résultats des recherches directement dans la pratique clinique.
21
MD Anderson Cancer Center
Créé dans les années 1970 avec le National Cancer Act de 1971, est l'un des 40 Comprehensive Cancer
Centers des Etats-Unis. Classé à la première place par US News and World Reports 8 fois dans les 10
dernières années parmi les meilleurs hôpitaux américains consacrés au cancer, MD Anderson Cancer
Center est l'exemple typique du centre de soins (105 000 patients traités en 2010) qui conduit des
recherches de pointe dans son domaine de spécialisation, et qui en traduit les fruits en bénéfices
immédiats pour les malades. En 2010 seulement, plus de 10 000 patients ont participé à des
programmes de recherche clinique, le nombre le plus élevé aux USA. Cette même année, le Centre a
investi environ 550 millions de dollars en recherches qui comprennent la totalité des cancers connus, et
essentiellement toutes les disciplines liées à la recherche sur le cancer. MD Anderson a initié un réseau
de « sister institutions » dont fait partie l'Institut Gustave Roussy de Villejuif.
Brown Institute of Molecular Medicine
Ouvert en 2006, le centre est hébergé dans les 23,000 mètres carrés du Fayez S. Sarofim Research
Building. Les recherches, menées par une cinquantaine de chercheurs permanents et leurs groupes
concernent les thématiques suivantes :
- Génétique humaine et cardiovasculaire ;
- Cellules souches ;
- Maladies métaboliques et dégénératives ;
- Immunologie et maladies auto-immunes ;
- Protéomique et biologie systémique ;
- Imagerie moléculaire.
Rice University
L'Université Rice de Houston, dont on parlera encore plus loin, est une des universités de recherche
plus importantes au Texas. Son implication dans le domaine de la santé passe évidemment per des
collaborations avec tous les instituts du Texas Medical Center, qui est situé à proximité de son campus,
ainsi que par des activités de recherche propres. Rice est au centre – physiquement et
métaphoriquement – de la BioScience Research Collaborative, un espace de recherche où chercheurs
de l'université et d'autres institutions du TMC travaillent ensemble sur des thématiques liées à la santé.
Les recherches dans le domaine du cancer sont centralisées, et partiellement financées, par le Cancer
Prevention Research Institute of Texas. Etant à Houston, on ne peut négliger les recherches dans le
domaine de la santé et de l'espace : ainsi le Baylor College of Medecine, la plus importante Medical
School de Houston a créé en 2008 le Center for Space Medecine, consacré à des recherches
pluridisciplinaires. Le Centre est associé au consortium National Space Biomedical Research Institute
auquel appartiennent également Rice et Texas A&M.
3.2.2 – Autres centres texans
L’Université du Texas dispose aussi à Dallas de l’UT Southern Medical Center dont les activités
rejoignent celles du Texas Medical Center de Houston dans une dimension plus réduite. L’Université
Texas A&M investit aussi largement dans la santé. Elle a mis en place récemment le Texas A&M
Institute for Preclinical Studies dont les activités de recherche se concentrent sur la mise au point de
nouveaux traitements médicaux. Texas Tech University dispose elle de l’Institute for Environmental
22
and Human Health (TIEHH) dont le programme de formation en toxicologie environnementale
proposée par l'université est un des meilleurs du monde. Le TIEHH travaille sur la mise au point de
nouveaux systèmes de décontamination, sur le développement de capteurs biologiques ou encore sur
les questions de bioterrorisme. TTU vient aussi de créer le Texas Tech Neuroimaging Institute qui,
équipé d'un tout nouveau Siemens Skyra MRI à 3 Tesla, peut conduire des travaux en imagerie par
résonance magnétique fonctionnelle permettant d'étudier et de modéliser le fonctionnement du cerveau.
3.3 – Les sciences et technologies de l'information et des communications
Les Sciences et Technologies de l'Information et des Communications (STIC) jouent un rôle important
dans l’économie du Texas. Avec des acteurs industriels comme Texas Instruments, ces technologies
sont aussi bien implantées que dans la Silicon Valley. 17 des 21 entreprises membres de la
Semiconductor Industry Association (SIA) ont d’ailleurs leur siège au Texas. Aussi bien sur les
questions de matériaux (voir section suivante) que sur les questions d’utilisation et de logiciel, le Texas
reste en pointe dans les STIC. Au niveau académique, deux acteurs jouent un rôle important.
D'un côté, il y a l'Université du Texas à Austin qui a vu naitre dans les années 1970 l’entreprise
National Instruments, créateur de Labview. Son Institute for Computational Engineering and Sciences
a une activité de formation et de recherche de premier plan en STIC. De l'autre, il y a l'Université de
Houston, avec son Département de Computer Sciences. Ce dernier, en particulier, a établi en temps
récents des liens très forts avec la France dans le domaine de la chirurgie assistée par ordinateur, grâce
à l'action de Marc Garbey, professeur à Lyon et à Houston.
3.4 – Les sciences des matériaux et les nanotechnologies
Les matériaux restent un des sujets plus importants dans la recherche actuelle, en particulier pour le
lien étroit que les sciences des matériaux entretiennent avec les nanotechnologies. Toutes les
universités texanes sont engagées dans ces recherches par nature multidisciplinaires, et transversales.
Deux centres majeurs se détachent néanmoins : Rice University et l'Université du Texas à Austin.
3.4.1 – Rice University
Times Higher Education publiait en 2010 un classement, qui voyait Rice University pointer à la
première place dans le monde pour les recherches en science des matériaux, sur la base des citations
par article, sur 10 ans [15]. Rice University n'est pas donc seulement le lieu de naissance des
nanosciences – naissance marquée par la découverte des fullerènes, composés du carbone de taille
nanométrique, observés à Houston pour la première fois il y a 25 ans. Rice est aussi un lieu de
recherche de premier plan, en compétition avec Harvard – deuxième du même classement – et avec les
universités californiennes, le MIT et Princeton. Bien qu'il existe un département qui revendique les
sciences des matériaux dans son intitulé, ces dernières sont en fait dispersées dans tous les
départements scientifiques de l'université. De plus, les chercheurs de Rice ont organisé leurs recherches
en Instituts, tel le Richard E. Smalley Institute for Nanoscale Science and Technology, le Center for
Biological and Environmental Nanotechnology, le Laboratory for Nanophotonics, et le Rice Quantum
Institute. Ces Instituts permettent de centraliser l'accès au ressources, favorisent les contacts à travers
le campus, aident les chercheurs à suivre les appels d'offre des financements de recherche, et s'occupent
de la levée de fonds auprès des mécènes.
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3.4.2 – L’Université du Texas
La maison-mère de l'Université du Texas à Austin est également un acteur de premier plan dans le
domaine des matériaux et des nanotechnologies. A nouveau, ces sujets sont étudiés dans plusieurs
Colleges and départements. Cependant, l'Université a structuré ces recherches en Centres et Instituts,
réunis à leur tour sous la houlette du Texas Materials Institute (TMI). L'objectif de ce dernier est de
promouvoir des études pluridisciplinaires dans le domaine des matériaux, ainsi que d'aider à la
coordination de tous les aspects de la recherche et de l'enseignement sur les matériaux. En font partie le
Center for Nano- and Molecular Science and Technology (CNM), le Center for Computational
Materials, le Microelectronics Research Center (MRC), le NSF IGERT: Atomic and Molecular
Imaging of Interfaces and Defects et l’International Center for Nanotechnology & Advanced Materials
(ICNAM) de UT San Antonio,
3.5 – Les sciences agricoles
3.5.1 - Texas A&M University
Le Texas est évidemment associé dans l'imaginaire collectif aux troupeaux de bovins et aux cowboys.
Cette représentation cache le fait que l’Etat dispose de fortes ressources de pointe dans ce domaine. En
ce qui concerne la recherche en agronomie, en science vétérinaire, et dans toutes les disciplines
biologiques connexes, l'université la mieux placée dans les classements des Colleges américains par
USNews est pourtant Texas A&M (dont le « A » dans le nom signifie justement « Agriculture »).
Grâce à son College of Agriculture and Life Sciences, Texas A&M précède les Universités du Midwest
(Illinois-Urbana-Champaign, Purdue et Iowa State, respectivement deuxième, troisième et quatrième),
région considérée agricole par excellence. Le College appuie ses activités de recherche sur des
nombreux Centres et Instituts :
Institute for Countermeasures Against Agricultural Bioterrorism
Institute for Obesity Research and Program Evaluation
Institute for Plant Genomics and Biotechnology
Institute for Renewable Natural Resources
Norman Borlaug Institute for International Agriculture
Texas Water Resources Institute
Agricultural and Food Policy Center
Center for Agricultural Air Quality Engineering and Science
Center for Animal Biotechnology and Genomics
Center for Socioeconomic Research and Education
Center for Food Safety
Center for Grazinglands and Ranch Management
Center for Natural Resource Information Technology
Center for North American Studies
Irrigation Technology Center
Texas Agricultural (Agribusiness) Market Research Center
Vegetable & Fruit Improvement Center
Comme on peut le voir, tout le spectre des disciplines modernes est largement couvert. Et il ne faut pas
ignorer non plus que Texas A&M est l’une des institutions académiques leader dans le monde pour le
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clonage des animaux : dans le College of Veterinay Medicine & Biomedical Sciences, un taureau fut
cloné en 1999, et le 22 Décembre 2001 vit le jour le chat « CC » (Copy Cat ou Carbon Copy), premier
animal de compagnie cloné.
3.5.2 - Texas Tech University
Au nord ouest de l’Etat, la région de Lubbock, siège de Texas Tech University, comporte la plus
grande étendue de culture du coton du monde. Le climat implique pourtant une forte irrigation des
plans que les aquifères ne pourront pas soutenir sur le long terme. En attendant, cette ressource est à
l'origine du développement économique de la région. Etant donné l'importance de cette fibre, TTU
abrite l'International Cotton Research Center au sein du Fiber and Polymer Research Institute. Tous les
aspects du coton sont étudiés : structure, qualité, croissance, tissage. Les travaux ont conduit à
améliorer la qualité du coton texan ainsi que sa réputation afin d'en faire un produit de qualité. Cet
institut est intégré au sein du College of Agricultural Sciences and Natural Resources de l’université.
3.6 – Le spatial
« Houston » fût le premier mot prononcé par l’homme sur la Lune parce que le Texas fut choisit pour
accueillir le centre de contrôle des vols spatiaux habités de la NASA, le Johnson Space Center. Le
centre est le lieu d’entrainement des astronautes et de commande des vols spatiaux depuis le Projet
Gemini à la Station Spatiale Internationale en passant bien sûr par le programme Apollo et celui de la
Navette Spatiale. En 2011, la mise à la retraite des navettes après 30 ans de service laisse en suspens la
question des nouvelles orientations pour le centre spatial.
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Conclusion
Oubliée l’image dépassée du Texas. Oubliés les a priori sur le Lone Star State. En ayant capitalisé sur
la croissance venue des revenus des énergies fossiles, les texans se sont engagés pour se placer dans le
peloton de tête dans la course mondiale à l’innovation, et ce dans les domaines clés comme l’énergie et
de la santé. Méconnu, le potentiel texan en matière de recherche et développement est pourtant
largement présent et toujours en pleine croissance. Les efforts conduits dernièrement en témoignent. Ils
devraient porter leurs fruits dans les toutes prochaines années.
Alors que le Texas transforme son image à l’échelle nationale et devient incontournable dans le
domaine de la recherche et de l’innovation, les universités de l’état ont aussi conscience que la bataille
se joue aussi à l’échelle mondiale. Elles sont ainsi avides de développer leurs liens avec d’autres
grandes institutions de recherche à l’international. Même si elles ne disposent pas – encore – du
rayonnement d’autres grandes universités américaines, elles possèdent de manière assurée et reconnue
les mêmes compétences et qualités, avec l’avantage de rester pour le moment moins sollicitées et donc
beaucoup plus accessibles.
La reconnaissance de ce potentiel et de cette accessibilité laisse entrevoir de nombreuses possibilités de
coopération avec les établissements et institutions françaises qui pourraient se révéler extrêmement
fructueuses comme le prouve les collaborations franco-texanes déjà en place. Encore faut-il pour cela
aller au-delà des idées préconçues sur le Texas. Tel était l’objectif de ce rapport.
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Références et liens
[1] Le classement CNBC America’s Top States for Business - http://www.cnbc.com/id/41665883
[2] Le classement Fortune 500 de 2011 -
http://money.cnn.com/magazines/fortune/fortune500/2011/index.html
[3] Le site internet du Texas Higher Education Coordinating Board (THECB) -
http://www.thecb.state.tx.us/
[4] Le plan « Closing the gaps », THECB, 2000 :
http://www.thecb.state.tx.us/reports/PDF/0379.PDF?CFID=17158242&CFTOKEN=12330735
[5] Le suivi du plan « Closing the gaps » :
http://www.thecb.state.tx.us/index.cfm?objectid=858D2E7C-F5C8-97E9-0CDEB3037C1C2CA3
[6] Le « Accelerated Plan for Closing the Gaps », THECB, 29/04/2010 -
http://www.thecb.state.tx.us/reports/PDF/2005.PDF?CFID=17158242&CFTOKEN=12330735
[7] Switch to Outcomes-Based Higher Ed Funding Taking Time, The Texas Tribune, R. Hamilton,
06/06/2011 - http://www.texastribune.org/texas-education/higher-education/switch-outcomes-based-
higher-ed-funding-time/
[8] Appointments announced to the Joint Oversight Committee on Higher Education Governance,
Excellence, and Transparency, Statesman.com, 06/05/2011 -
http://www.statesman.com/blogs/content/shared-
gen/blogs/austin/politics/entries/2011/05/06/appointments_announced_to_the.html?cxntfid=blogs_post
cards
[9] Le site du Texas Higher Education Coordinating Board, Texas Research Universities -
http://www.thecb.state.tx.us/index.cfm?objectid=3AEE7B8C-C9A0-F730-737CF4D01A404487
[10] La loi HB 1000 :
http://www.capitol.state.tx.us/BillLookup/Text.aspx?LegSess=82R&Bill=HB1000
[11] Définition des Restricted research expenditures
http://www.thecb.state.tx.us/reports/PDF/1003.PDF?CFID=17158242&CFTOKEN=12330735
[12] Le site internet de TAMEST : http://www.tamest.org/
[13] L'avenir énergétique du Texas en discussion, BE Etats-Unis 246, V. Reillon, 06/05/2011 -
http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/066/66688.htm
[14] Advanced Wind Energy Test Facility Makes a Move, TTU News, 27/07/2011 -
http://today.ttu.edu/2011/07/advanced-wind-energy-test-facility-makes-a-move/
[15] Top institutions in materials science, THE, 11/03/2010 -
http://www.timeshighereducation.co.uk/story.asp?sectioncode=26&storycode=410831