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ALPHONSE BERTI LL ON ALPHONSE BERTILLON, à qui le service an- thropométr ique doit d'exister, ne fut pas amené d'un seul coup à concevoir son système de mensuration criminelle. Ce n'est qu'à la suite de travaux d'ethnographie et d'anthropologie de la plus haute valeur qu'il fut conduit à é tablir sur un e base indiscu- " 11 , table sa méthode toute scientifique d'i- ' _;_ .. dentifica tion des récidivistes. L' idée de ·. llrl[ f '- l'application aux recherches judiciaires · d'un système a nthr opométrique permet- . d d ' . 1 .i•'fep . tant, par s,on exactltu e, e pre.voir e \ retour ou d ame ner la capture de criminels dang ereux ou seul e ment nui sibl es, a été trop bien exposée par M. BERTI LL ON lui- même au cours de ses savants travaux et notamme nt dans /'Anthropométrie judi- ciaire à Paris et la Photographie judiciaire pour qu' il soit besoin d'en refaire ici l'exposé. Fils du distingué docteur Louis-Adolphe Bertill on, le fondateur de la statistique municip ale (le savant éminent dont les survivants du siège de Paris n 'o nt pas oublié les courageux services) M. ALPHONSE BERTILLON se tr ouva amené, de tr ès bonne h eure, à a border l'étude des sciences e thno graphiques. Se destinant d'abord au professorat, le jeune savant, avide d'apprendre encore, gu idé surtout par l'applicat ion des mét hode s comparatives sans l esquelles il n'est pas pos- sible de poser de critérium, ni d'établir de base sérieuse à lâ science, voyagea, et, pendant quelques a nnées, exerça en Allemagne et en Angleterre la profes- sion enseignante. Nommé, à sa libérati on du service milit aire, chef de cabinet du préfet du

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Page 1: ALPHONSE BERTILLON - Criminocorpus · 2015. 2. 2. · Cantal, M. ALPHONSE BERTILLON ne quitta ce poste que pour entrer à la Préfec ture de police en qualité d'attaché au cabinet

ALPHONSE BERTILLON

ALPHONSE BERTILLON, à qui le service an­thropométrique doit d'exister, ne fut pas amené d'un seul coup à concevoir son système de mensuration criminelle. Ce n'est qu'à la suite de travaux d'ethnographie et d'anthropologie de la plus haute valeur qu'il fut conduit à établir sur une base indiscu-

" •11 , table sa méthode toute scientifique d'i-' .I/~ _;_ .. dentification des récidivistes. L'idée de

·. llrl[ f '- l'application aux recherches judiciaires · d'un système anthropométrique permet-~ . d d ' . 1 .i•'fep . tant, par s,on exactltu e, e pre.voir e

\ retour ou d amener la capture de criminels dangereux ou seulement nuisibles, a été trop bien exposée par M. BERTILL ON lui­même au cours de ses savants travaux et notamment dans /'Anthropométrie judi­ciaire à Paris et la Photographie judiciaire pour qu'il soit besoin d'en refaire ici l'exposé. Fils du distingué docteur Louis-Adolphe Bertillon, le fondateur de la statistique municipale (le savant éminent dont les survivants du siège de Paris n'ont pas oublié les courageux services) M. ALPHONSE BERTILLON se trouva amené, de très bonne heure, à aborder l'étude des sciences ethnographiques. Se destinant d'abord au professorat, le jeune savant, avide d'apprendre encore, guidé surtout par l'application des méthodes comparatives sans lesquelles il n'est pas pos­sible de poser de critérium, ni d'établir de base sérieuse à lâ science, voyagea, et, pendant quelques années, exerça en Allemagne et en Angleterre la profes­sion enseignante.

Nommé, à sa libération du service militaire, chef de cabinet du préfet du

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Cantal, M. ALPHONSE BERTILLON ne quitta ce poste que pour entrer à la Préfec­ture de police en qualité d'attaché au cabinet du Préfet. Ce n'est qu'une fois initié aux rouages de cette grande administration que l'auteur de la Photog1-a­phie judiciaire fut amené à observer les difficultés sans nombre que soulevait la reconnaissance de l'identité des récidivistes. M. ALPHONSE BERTILLON, par une juste application des études ethnographiques qu'il avait faites jusque-l à, pensa que le choix d'un système scientifique d'identification s'imposait à l'examen de l'administration judiciaire. Ainsi fut imaginé le service anthropométrique dont le procédé, d'une exactitude absolument mathématique, ne pouvait qu'être utile­ment substitué à tous les moyens insuffisants d'empirisme employés jusque-là par les fonctionnaires et le s agents de la police judiciaire. " Malgré la résistance qu'il rencontra un peu partout, écrit l'un de ses biographes , et notamment chez certaines sommités administratives dont son innovation troublait les habitudes routinières, M. BERTILLON parvint, non sans peine, après bien des délais et des atermoiements , à obtenir l'expérjmentation de sa méthode . C'était en I 880, et ce ne fut que trois ans plus tard que celle-ci commença à fonctionner officielle­ment. Depuis lors, les résultats obtenus (près de douze mille reconnaissances de malfaiteurs dont aucune n'a pu être contestée) ont convaincu les plus incré­dules du progrès incontestable réalisé par M. BERTILLON dans cette branche importante de l'instruction judiciaire. ,, Un système aussi absolu, d'une exacti­tude si précise ne tarda pas à rendre les plus signalés services. Beaucoup d'affaire s criminelles, demeurées sans issue faute de moyens de recherches, reçurent, de ce fait, leur solution. La Préfecture de police, ravie d 'avoir accueill i une méthode qui devenait pour elle un admirable moyen de recherche, développa le service de M. BERTILLON. Celui-ci, encouragé dans ses efforts par l'unanime accueil qu'il trouvait désormais partout, acheva d.e perfectionner son sys tème en ajoutant à l'anthropométrie elle-même, ce fameux procédé du « portrait-parlé ,, grâce auquel il est, désormais, très peu de criminels capables de se dérober à l'application de la justice. Ce procédé, enseigné aujourd'hui aux divers fonction­naires et agents de la préfecture de police fait l'objet d'un cours régulier avec obtention de diplôme dont est chargé M. BERTILLON lui-même.

Le système anthropométrique de M. ALPHONSE BERTILLON aussi bien que le procédé photographique qui en est le complément s'est vu adopté par la plupart des gouvernements étrangers qui en ont tenté l'essai. Parachevant son œuvre, M. ALPHONSE BERTILLON a réglementé définitivement la façon de photographier les détenus de profil et de face; il a, de plus, fixé tout récemment des règles précises pour la reproduction photographique des lieux où des crimes ont été commis. Ces différents procédés ont été adoptés par tous les pays étrangers et même par l'Angleterre.

Ce reste l'honneur de la carrière si bien remplie de M. ALPHONSE BER­TILLON d'avoir su appliquer aux investigations judiciaires le résultat des études modernes, d'av'oir posé les bases de cette science indiscutable et neuve qu'est l'anthropométrie.

BERTILLON (ALPHONSE), directeur du service anthropométrique à la Préfecture de police, né à Paris le 22 avril 1853. Se destina-d'abord au professorat, puis voyagea en Allemagne et en Angle­terre. Après avoir accompli cinq années de service militaire fut nommé chef de cabinet du préfet du Cantal, alors M. Vimont. Attaché au cabinet du Préfet de police. En 1888, imagina le système anthropométrique qui porte son nom. Ce système a été mis en vigueur à partir de 1883 et se vit bientôt adopté presque partout à !'étranger.

M. ALPHONSE BERTILLON a publié : Ethnographies modernes: les races sauvages (Afrique, Amé­rique, Océanie, Régions boréales) (1883); !'Anthropométrie judiciaire à Paris, en 1889 (1890) ; la Photographie judiciaire (1890); Instructions signalétiques (1893) ; la Comparaison des écritures et l'identité graphique (1898).

M. ALPHONSE BERTILLON est chevalier de la Légion d 'honneur.