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Annales. Économies, Sociétés, Civilisations Charles Parain, Marc-Aurèle (Portraits de l'Histoire, Collection dirigée par Jean Massin). André Chastagnol Citer ce document / Cite this document : Chastagnol André. Charles Parain, Marc-Aurèle (Portraits de l'Histoire, Collection dirigée par Jean Massin).. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 18année, N. 1, 1963. pp. 181-182. http://www.persee.fr/doc/ahess_0395-2649_1963_num_18_1_420967_t1_0181_0000_2 Document généré le 29/09/2015

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Marco Aurélio

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Annales. Économies, Sociétés,Civilisations

Charles Parain, Marc-Aurèle (Portraits de l'Histoire, Collectiondirigée par Jean Massin).André Chastagnol

Citer ce document / Cite this document :

Chastagnol André. Charles Parain, Marc-Aurèle (Portraits de l'Histoire, Collection dirigée par Jean Massin).. In: Annales.

Économies, Sociétés, Civilisations. 18ᵉ année, N. 1, 1963. pp. 181-182.

http://www.persee.fr/doc/ahess_0395-2649_1963_num_18_1_420967_t1_0181_0000_2

Document généré le 29/09/2015

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MONDE ROMAIN

n'est pas gouverneur, et il ne faut pas confondre consul et proconsul d'Asie. Les combats de gladiateurs et les venationes ont lieu à l'amphithéâtre, et non pas au théâtre (p. 60) ou au cirque (p. 71, 86, 140, 142, 199 et 256), et de même la persécution de Lyon en 177 a eu pour cadre l'amphithéâtre de la Croix-Rousse, et non pas le cirque (p. 225), tandis que les libertés du peuple d'Antioche se manifestaient au théâtre et non dans l'amphithéâtre (p. 193). Le palais impérial au Palatin est chaque fois évoqué sous le nom de « Palais de Tibère » (p. 32, 140 et 226), comme si la Domus Flaviorum n'avait pas été construite, sans parler des aménagements d'Hadrien. Enfin, la hiérarchie des chevaliers, classés en egregii, perfectissimi et eminentissimi, n'a pas été fixée « pour la première fois » par Marc-Aurèle (p. 78), mais par Hadrien.

La bibliographie sommaire qui achève l'ouvrage laisse apparaître des lacunes surprenantes, qui se révélaient déjà nettement dans le corps même du livre. Citons par exemple, parmi les travaux en langue française : la thèse de J. Beaujeu sur La religion romaine à Vapogée de VEmpire (Paris, 1955) ; l'étude de J. Carcopino sur la politique dynastique des Antonins (dans le livre Passion et politique chez les Césars, Paris, 1958, chapitre intitulé : « Le bâtard d'Hadrien »), les recherches de H. Grégoire et H.I. Marrou sur le martyre de saint Polycarpe, évêque de Smyrně (Analecta Bollandiana, 1951 et 1953) ; l'article de P. Lambrechts sur Lucius Verus, collègue de Marc (IS Antiquité Classique, III, 1934) ; le mémoire de J. Baradez sur Tipasa et les opérations menées en Afrique sous Antonin (Libyca, II, 1954) ; l'article du Dr R. Dailly et de H. Van Effenterre sur la maladie de Marc-Aurèle (Revue des Etudes Anciennes, LVI, 1954). Ajoutons, mais cette fois sans en faire grief à l'auteur, qu'un article tout récent de H. G. Pflaum (dans Journal des Savants, 1961, pp. 28-41) vient d'apporter des lumières nouvelles sur les gendres de Marc-Aurèle. — André Chastagnoi,.

... et un meilleur

Bien supérieur est l'ouvrage de Charles Parain, qui demeure pour l'instant la meilleure biographie de Marc-Aurèle dont nous disposions en langue française. Ainsi que le note l'auteur de cet agréable petit livre 1, il existe en italien, anglais et allemand des biographies relativement récentes de Marc-Aurèle, la dernière en date étant celle de M.F. Carrata Thomes (Turin, 1953) 2. En français, on en restait jusqu'à ce jour à l'ouvrage de Renan, Marc-Aurèle et la fin du monde antique (Histoire des origines du christianisme, t. VII), qui date de 1881. A ce point de vue, l'entreprise de M. Charles Parain vient à son heure.

Cependant, cette biographie s'adresse, non aux spécialistes, mais bien

1. Charles Parain, Marc-Aurèle (Portraits de l'Histoire, Collection dirigée par Jean Massin), Paris, Le Club Français du Livre, 1957, 225 p., 15 illustrations et 1 carte.

2. Cf. Le compte rendu de P. Quoniam, dans Annales, janvier-mars 1956, p. 129-

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ANNALE S

plutôt au grand public, et c'est sans doute ce qui justifie l'absence de références et de notes. L'auteur n'en est pas moins bien informé et a utilisé les travaux les plus récents, comme en témoigne la bibliographie placée en fin de volume. Il écrit d'autre part en un style alerte et coloré et son portrait d'un empereur si attachant est bien enlevé.

On ne saurait dire toutefois qu'il apporte beaucoup de nouveau ; il présente avant tout une mise au point des connaissances actuelles. On a plaisir à lire, traduits dans le texte, des passages des Pensées et des extraits de la correspondance de Marc-Aurèle et de Fronton, dont il est fait un excellent usage, ainsi que l'inscription de Saepinum (C.I.L., IX, 2438) sur les conflits des magistrats municipaux et des fermiers des troupeaux de moutons impériaux en Samnium (p. 120-121). Discutable est par contre la confiance que l'auteur accorde à un discours de Marc composé par l'historien Dion Cassius (p. 174-175) et, plus encore, à une lettre qu'aurait écrite Avidius Cassius à son gendre selon l'Histoire Auguste (p. 173-174).

L'idée principale de l'ouvrage est que l'échec ou le demi-échec du règne est dû essentiellement à la gravité de la crise économique et sociale et aux fléaux imprévus qui sont venus s'y ajouter (peste et invasions) ; l'auteur récuse donc la thèse de Renan, qui plaçait au premier rang l'attitude « sage » du stoïcien, sa « retraite hors du monde réel, qu'on ne saurait proposer en exemple à un bon citoyen, encore moins à un chef d'État » ; il n'en convient pas moins que la pensée et la morale de l'empereur philosophe n'étaient pas adaptées à la situation délicate qu'il a rencontrée.

Notons pour terminer deux points sur lesquels M. Parain reste muet et qu'il aurait eu intérêt à discuter, même s'il n'adoptait pas, peut-être à bon droit, les nouvelles hypothèses proposées. C'est d'abord la question de savoir si Aelius César est réellement un fils bâtard d'Hadrien, ainsi que l'a suggéré M. Jérôme Carcopino x : la portée de ce débat est importante, puisqu'Aelius César est le père de Lucius Vérus, frère adoptif de Marc et son collègue à l'Empire. C'est ensuite le problème de la date du martyre de Polycarpe à Smyrně : alors qu'on le fixe habituellement sous Antonin en 155-156, M. Henri Grégoire préfère le placer sous Marc-Aurèle en 177, en même temps que la persécution de Lyon 2 ; s'il en était ainsi, il faudrait en tenir compte pour apprécier la politique religieuse de l'empereur philosophe. — André Chastagnol.

1. En dernier lieu dans son livre Passion et Politique chez les Césars, Paris, 1958, pp. 143-222.

2. « La véritable date du martyre de saint Polycarpe (23 février 177) et le Corpus Polycarpianum », dans Analecta Bollandiana, LXIX, 1951, pp. 1-38 ; H. Grégoire a repris cette thèse dans son livre Les persécutions dans V Empire romain (Mémoires de l'Acad. Roy. de Belg., Cl. des Lettres, XL VI, 1951, fasc. 1), pp. 28-29 et 106-107. Notons que H. I. Marrou, « La date du martyre de saint Polycarpe », dans Analecta Bollandiana, LXXI, 1953, pp. 5-20, récuse la date de 177, mais n'en admet pas moins que l'épisode date du règne de Marc-Aurèle, précisément entre 161 et 168-169.

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