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A A U U X X O O R R I I G G I I N N E E S S D D E E L L A A F F R R A A N N C C - - M M A A Ç Ç O O N N N N E E R R I I E E J J E E F F F F L L E E M M A A T T ROYAL ARCH MC ROHAN G L D F

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Page 1: AAUUXX OORRIIGGIINNEESS DDEE LLAA FFRRAANNCC

AAUUXX OORRIIGGIINNEESS DDEE LLAA

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LE RITUEL

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L’INITIATION

“ L’INITIATION AU GRADE D’APPRENTI EST LA PIERRE FONDAMENTALE

DE LA TRADITION MAÇONNIQUE. ELLE EPROUVE L’IMPETRANT DANS

SA VOLONTE D’APPARTENIR A CETTE FRATERNITE UNIVERSELLE POUR

ETRE ACCUEILLI PAR SES FRERES DANS LA CHAINE D’UNION.

ÊTRE FRANC-MAÇON, C’EST TRAVAILLER AU PROGRES DE

L’HUMANITE EN PRESERVANT CETTE LUMIERE QUI PERDURE DU FOND

DES AGES DE L’HOMME. C’EST L’IDEE DE LA CHAINE DE

TRANSMISSION D’UNE SAGESSE QUI SUBSISTE DANS LE CŒUR DE

CHAQUE INDIVIDU. ”

« Chaque individu ayant reçu son initiation, doit livrer ses impressions avant d’entrer dans le

silence de l’apprenti, qui doit observer, entendre, comprendre et admettre son ignorance :

Savoir est une chose, connaître en est un autre… »

Si je dois aujourd’hui décrire les émotions et sentiments que j’ai éprouvés au cours de

ma soirée d’initiation, je m’attacherais à les exprimer de façon concise, sans peur d’être jugé

pour mes doutes et mes espoirs.

Ma première impression était qu’ayant parcouru sous le bandeau le chemin jusqu’au

temple, je suivais les traces de mes frères, qui allaient m’accueillir ce soir-là. Cela m’a aidé à

dissiper la peur de l’inconnu pour laisser place à l’excitation de la découverte. Dans les

ténèbres, mes sens se trouvant ainsi dynamisés, je pouvais mieux discerner ce que je

ressentais. J’ai pu éprouver tout au long de ce parcours que c’est un vrai voyage intérieur que

j’ai effectué. Il m’a permis de prendre les marques de ce que j’avais alors accompli dans la

connaissance de soi.

La première étape fut celle du cabinet de réflexion. La symbolique que j’y retrouvais

m’a rappelé que le sens que je peux donner à ma vie n’a de sens que la mort n’y apporte sa

mesure et sa finalité. Elle est pour moi présente au quotidien, par ce qu’elle est absolue,

inéluctable et impondérable. Elle est un ferment qui m’oblige à considérer la valeur du temps

dans son œuvre et aussi dans l’affermissement de ma conscience. C’est dans cette précarité

que je trouve les forces de combattre l’illusion de mon importance et l’arrogance de mes

certitudes.

Le passage, dans les différents Eléments Fondamentaux de notre univers terrestre, a

provoqué un profond sentiment de plaisir. Sous une autre forme, celle des arts martiaux car

j’ai dû les parcourir un à un pour les rassembler dans une pratique où la loi fondamentale est

celle de l’équilibre et la maîtrise de soi. Mais je dois y ajouter comme à l'instar d’un des 5

éléments chinois, que le métal d’une épée pointée sur le cœur m’a signifié que la vigilance est

l’élément central sur lequel je dois m’appuyer pour maintenir l’équité.

Au stade de ce parcours, j’ai gravement examiné ma conscience devant les mots

invoqués, Silence, Serment et Parjure. J’ai dû alors médité sur le sens de mon engagement.

J’ai pensé à Jean Moulin qui étant incarcéré tenta de se trancher la gorge et je me suis dit

qu’en ce jour, vivant dans une société protégée mais dans une époque trouble et remplie

d’incertitude, la valeur du serment que je prononce aujourd’hui ne doit pas être pris avec

légèreté. Aussi, en d’autres circonstances, rien ne peut faire douter l’homme qui croit en la

liberté, celle de conscience, d’esprit et de foi dans les valeurs universelles. C’est à mes yeux,

les seuls remparts que je possède contre la faiblesse de ma nature humaine.

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Aussi face aux sentiments qui m’ont assailli précédemment, je fus soulagé de me

trouver dans la chaîne d’union. J’ai senti à ce moment que je ne serais plus seul dans mes

aspirations. Bien que n’ayant discerné aucun ennemi à cet instant, j’ai souri en me voyant dans

le miroir car cet ennemi-là, je ne le connaissais que fort bien.

C’est avec beaucoup d’émotion que j’ai prêté serment sur les Trois Grandes Lumières.

Elles revêtent au travers de leurs symbolismes, une grande importance à mes yeux. La bible,

au-delà de son contenu, a toujours été une source d’étude et de profonde réflexion qui m’a

poussé en d’autres temps, à accomplir le voyage à Jérusalem. L’Equerre et le Compas furent

mes premiers outils dans l’apprentissage de mon métier mais aussi par leurs pratiques, la

compréhension symbolique appliquée à la mesure et l’équilibre personnel.

J’ai pu alors librement observer dans la lumière ce qui m’entourait, le Temple et son

symbolisme et l’assemblée des frères. J’étais impressionné et je me suis dit qu’une autre partie

de ma vie commençait. J’étais néophyte et la seule chose que je devais faire, c’était de me

laisser guider et de m’ouvrir à cette nouvelle situation. J’ai donc pu suivre mes premières

leçons, l’esprit libre de tout jugement. J’ai néanmoins ressenti que j’allais acquérir de

nouveaux outils qui me permettraient après réflexion de travailler sur la matière sensible de

ma personne.

Que dire de ce qui s’en est suivi ? Les Signes, le Mot et les Parures: Peu de chose si ce

n'est que cela revêtait une importance certaine dont les détails signifiaient la nécessité de se

conformer à un nouvel ordre. Au prime abord, j’aurais pu éprouver une réticence face à

l’exercice d’une pensée libre dans la pratique d’un rite symbolique empreint de mystères, mais

je considère qu’il est important que la compréhension ressentie d’un rituel, au-delà de son

aspect exotérique, permette à l’esprit de forger une rigueur et une discipline indispensable.

Cette soumission ne peut qu’orienter ma réflexion vers plus d’objectivité dans la distinction

de l’essence et des formes. Conscient de l’ouvrage qui m’attend, j’accepte la voie que m’a

ouverte cette initiation.

Aussi je rends grâce au Grand Architecte de l’Univers d’avoir guidé mes pas jusqu’à

vous et vous remercie de m’avoir accueilli au sein de cette assemblée ou je souhaite pouvoir

me montrer digne de votre confiance.

J’ai dit.

GGRRAANNDDEE LLOOGGEE DDEE FFRRAANNCCEE RR..EE..AA..AA..

LLIIBBEERRTTAASS PPRROO FFRRAATTEERRNNIITTAATTEE

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Page 7: AAUUXX OORRIIGGIINNEESS DDEE LLAA FFRRAANNCC

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LE RITE ÉCOSSAIS ANCIEN ET ACCEPTE

Le Rite Écossais Ancien et Accepté dit R.E.A.A. est très ancien. Au XVIe

siècle, l’Occident est déchiré par des guerres de religion, l’Europe

chrétienne est brisée par la réforme. On ne construit plus guère d’églises et

de cathédrales et les Loges, dites opératives disparaissent peu à peu...

En Ecosse cependant, l’autorité royale s’efforça de porter remède à la crise

du bâtiment. Attachés à leurs traditions, les maçons du pays s’étaient, faute

de chantiers, repliés sur les villes et bourgs et s’étaient mis à tenir Loge dans

les locaux urbains construits ou loués à cet effet. Les Loges devenaient

permanentes et établissaient entre elles des rapports suivis.

Le roi d’Ecosse nomma alors le Maître des travaux royaux, William Schaw,

Surveillant Général de Maçons. C’est à peu près à ce moment que les Loges

commencent à admettre en leur sein des notables « acceptés » étrangers au

métier lui-même.

À la création de la Maçonnerie spéculative, ces Loges tinrent à garder pour

des raisons d’ordre traditionnel et politique, leurs identités et leurs

particularités. À cette époque, il y avait donc des Loges de "Scotch Masons"

(Maçons Écossais). On rencontre les premiers Maîtres Écossais à la Grande

Loge en 1743 en France. Le rite a évolué par l’intervention du Chevalier de

Ramsay et du comte de Grasse-Tilly. Son élaboration actuelle est

certainement l’oeuvre des Frères Morin et Francken et il a pris la forme que

nous lui connaissons le 24 juin 1801 à Charleston aux États-Unis. Ce rite

contient 33 degrés symboliques.

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L’ÉCOSSISME

Le passage de la Maçonnerie Opérative à la Franc-Maçonnerie spéculative c’est effectué sur la

base d’une mutation socioprofessionnelle par l’intégration de profanes extérieurs au métier

des bâtisseurs. La conversion du caractère sacré et traditionnel de l’art royal dans l’édification

des lieux de cultes vers une maçonnerie opérativement fonctionnel, à déterminer les francs-

maçons du XVIe siècle à conserver synthétiquement l’esprit de la fraternité dans la Loge ainsi

que l’appartenance à un groupe élitiste, dépositaire d’une tradition ancestrale. L’apport des

philosophes, scientifiques et ésotéristes de la fin du XVIe, comme Élias Ashmole, rosicrucien

et fondateur de la Royal Society, peut être considéré comme le début de la mutation de la

Franc-maçonnerie. Cette transformation sera ensuite largement dynamisée par le siècle des

lumières qui verra émergé un système de pensée plaçant l’individu au centre d’une réflexion

humaniste, embryonnairement égalitaire et socialement progressiste. Cette émulsion

philosophique entraînera l’adhésion de ses penseurs à ce que l’on pourrait qualifier de

première association non religieuse ou corporative, la Franc-Maçonnerie en tant que « société

de pensée ». Spéculativement, cette « nouvelle société » intègre dans son principe social

novateur, la fraternité des trois états : Nobles côtoyant la bourgeoisie roturière, prêtres et

réformés unis dans le principe divin de l’absolu universel. La loge jette les bases d’un

bouleversement profond qui ébranlera progressivement le pouvoir de droit divin.

Le plus remarquable, c’est que ce bouleversement social de la vieille Europe se fera sur fond

de déchirement politico-economico-religieux, car de Louis le XIVème à l’Empire, la Franc-

maçonnerie jouera un rôle dont elle ne pouvait soupçonner l’importance dans l’établissement

de nouvelles règles politiques. Par le jeu ambigu des alliances françaises à la maison des

Stuart, écossais catholiques aux conciliations Anglicanes Orangistes avec la maison

d’Angleterre, le royaume de France deviendra un formidable laboratoire pour la constitution

des rituels maçonniques. En effet, dès son origine spéculative, la Franc-Maçonnerie s’unissant

autour de son premier landmark, la croyance en Dieu comme Grand Architecte de l’Univers,

ses acteurs perçoivent qu’au travers de son héritage opératif, le rituel est le seul garant d’un

fonctionnement démocratique. S’ensuit alors, une recherche syncrétique visant à donner au

cérémonial un caractère mystique, ésotérique dans son principe de la révélation des mystères

antiques. Des gnostiques, en passant par la légende templière jusqu’à la révélation chrétienne

rosicrucienne, les fondateurs établissent une nouvelle forme de sacralisation, une nouvelle

relation avec l’esprit de l’Univers.

En ce qui nous concerne, la pensée du Chevalier de Ramsay et son discours illustre bien ce

nouveau phénomène. D’autres acteurs y feront échos, en élaborant un rite de perfection fondé

sur une structure pyramidale de 25 degrés. La clé de voûte du développement ritualiste repose

sur un principe inhérent à toutes les sociétés maçonniques ayant perduré dans le temps, le

principe des 3 grades formateurs de l’homme-maçon : apprenti, compagnon et maître.

L’élément le plus important étant l’initiation d’entrée dans la Franc-Maçonnerie, qui ne

diffère dans la pluralité des rites que par quelques variantes n’altérant pas l’esprit de ce qui va

constituer le franc-maçon.

C’est donc tout naturellement, que l’idée d’un rite permettant à l’homme de franchir les étapes

de la connaissance, a trouvé son expression dans ce qu’est devenu le Rite Ecossais Ancien et

Accepté et ce en dépit de supposées influences politiquo-maçonniques en terre américaine. Sa

structure symbolique en 33 degrés englobant un syncrétisme mystico-religieux a dès lors

permis au chercheur de lumière de franchir les étapes constituant les différents fondements de

la sagesse universelle.

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Certes, cette forme sacralisée de la recherche de la connaissance a pu apparaître

progressivement par trop dogmatique, mais elle révèle que la Franc-maçonnerie porte en elle

une quête de l’homme, qu’elle soit universelle ou non. Il n’est que de constater les différentes

formes de perfection à multiple degré pour comprendre que le caractère de la recherche

personnelle ne peut difficilement échapper au cadre de référence et à l’outil que constitue le

rite.

Le cadre du Rite Ecossais Ancien et Accepté est rempli de symboles statiques ou actifs dans

leurs figurations ou dans leurs expressions. Ces symboles dans les degrés confondus, sont là

pour permettre à l’homme qui cherche une vérité, de les utiliser par la forme pour en percevoir

le fond, l’essence qui relie tous les hommes au-delà de la matérialité. Cette perception

individuellement personnelle dépasse l’apparence d’une forme dogmatique car elle laisse à

l’homme la liberté de choisir ce qui est spirituellement nécessaire et bon pour lui-même.

La tolérance qui est une des vertus suggérées par la Franc-Maçonnerie, doit inciter les

hommes dans leurs quêtes à comprendre la multiplicité des symboles et des rites. Qu’il y ait

une référence au Grand Architecte de l’Univers, un volume de la Loi Sacré ouvert à l’épître de

St Jean, des colonnes porteuses de Sagesse, Force et Beauté, ces éléments ne sont que le

contenant de ce qui va constituer progressivement le contenu des valeurs que le franc-maçon

va développer avec lui-même et ses semblables, avec le monde sacré ou profane.

C’est pourquoi, je crois qu’un homme libre, pénétrant l’esprit de la Maçonnerie Universelle,

trouvera toujours sa juste place au milieu des différences de Rites et des valeurs que l’on

donne aux Symboles. C’est cette croyance, mes frères, que je souhaite librement partager avec

vous.

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DE L’OPERATIF AU SPECULATIF: « Les membres associés et acceptés ».

S’il s’avère que la séparation de la Maçonnerie opérative de la Maçonnerie spéculative s’est

faite en Angleterre, et que c’est de cette séparation bien localisée qu’est venue l’élaboration et

l’évolution autonome de la Franc-Maçonnerie spéculative encore subsistante, il semble

difficile d’en préciser les raisons exactes. Néanmoins, c’est là un fait de hasard ou de

circonstance, comme l’histoire en offre tant d’autres, qui trouve son essence dans le contexte

social et corporatif de l’époque. C’est ce que l’on nommerait aujourd'hui, une mutation

inhérente au contexte socioprofessionnel.

Le caractère vaguement spéculatif ( devoirs et incitations morales faites aux compagnons )

aurait pu rester ce qu’il était et ce qu’il est encore aujourd’hui au travers de diverses Sociétés

de Compagnonnage, s’il ne s’était passé un ensemble d’événements déterminant qui a infléchi

les Guildes et Loges Anglaises à une transmutation vers des formes spéculatives. Pour celles-

ci, ce fut l’adhésion et l’admission de membres « acceptés », c’est-à-dire de membres

étrangers au métier. En fait les Loges, mais surtout les organismes latéraux et sociaux qui

dépendaient d’elles ou qui y étaient liés ( caisses de solidarité, organismes de festivités, etc. ),

avaient des activités extérieures au métier ( proprement dit ), qui exigeaient des rapports

particuliers et fréquents avec des notables, non ouvriers, tant clercs que civils. Le maintien des

privilèges acquis exigeait la protection de hauts personnages. Ce lien protecteur indispensable

qui se maintiendra encore dans les corporations jusqu’au XVIIIe siècle, est une clé essentielle

de cette transition.

On commença vraisemblablement (du moins on en constate des exemples) par agréger à la

Loge des architectes patentés, Rois, princes et évêques. Puis ce furent de grands notables,

susceptibles d’intervenir favorablement dans l’obtention des grands chantiers de construction.

On voit donc ici, le lien dynamique s'établir avec les maçons bâtisseurs. Ce serait oublier que

d’autres corporations comme les joailliers et orfèvres participèrent à l’élaboration de cette

nouvelle structure sociale. Bien que celles-ci n’utilisassent pas dans leur caractère spéculatif,

la symbolique architecturale, ces Guildes entretenaient l’esprit de solidarité et de probité

envers leurs membres et sous instruction, la transmission de secrets pour la qualité du travail.

On qualifiait donc ces personnages de Maçons acceptés. Sans doute ceux-ci (tant par amitié

que par curiosité) avaient-ils acquis des rudiments du vocabulaire professionnel et se pliaient-

ils aux rites des Loges !

La première entrée certaine d’un membre accepté dans une Loge encore opérative, est celle de

Sir John Boswell d’Auchinleek à la Loge d’Edimbourg, en Écosse en date du 8 juin 1600.

Suivent, à une certaine distance, l’agrégation de Sir Robert Muray, à Newcastle, en 1641 et

celle d’Elias Ashmole en 1646. Ashmole est un personnage influant dans cette période car il

fut fondateur de la Royal society et éminent Rosicrucien. Michel de Ramsay, initiateur de

l’écossisme, sera membre de cette institution scientifique.

À partir de cette date, les agrégations de non-opératifs se succèdent très vite et en grand

nombre : médecins, officiers et notables. La transmutation, qui ne s’est pas opérée

brutalement, se fait progressivement, de 1600, où elle paraît commencer, à 1670, où elle paraît

accomplie. On constate alors qu’il ne reste plus grand-chose des préoccupations opératives

originelles dans les Loges d’Ecosse et d’Angleterre. Il est indubitable que c’est l’acceptation

de membres étrangers au métier de Maçon bâtisseur qui a été déterminante dans la mutation

faisant passer la Maçonnerie de l’opératif au spéculatif. Sans doute des notables professant

des métiers complémentaires et latéraux à la Maçonnerie furent-ils les premiers « acceptés » :

des clercs s’occupant de fondations religieuses nécessitant des bâtiments, en premier des

hôpitaux ; des seigneurs, qui furent en ce temps-là de grands bâtisseurs ; des médecins, dont

beaucoup étaient alors intéressés par des recherches philosophiques et chimiques.

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Pour quelles raisons le vocabulaire spécifiquement opératif fut-il maintenu ? La seule est qu’il

se prêtait parfaitement à une transposition symbolique, et qu’il était encore à ce moment,

perméable, facile et direct. IL était notoirement employé par les architectes et les physiciens-

mécaniciens, qu’on peut tenir pour premiers adhérents « acceptés » dans les loges encore

opératives. D’autre part, ce siècle connu une véritable effervescence scientifique. Bon nombre

d’intellectuels et savants cherchaient dans de multiples directions croisant nécessairement la

science alchimique. Sa diffusion laissa alors quantité d’ouvrages riches d’un langage

symbolique dont les « mutus libers » furent la clé d’introduction à ce langage.

En 1688, le Maître des Maçons de Londres était un architecte de grand renom, Sir Christopher

Wren, qui fut pendant 35 ans occupé par l’édification de l’église Saint-Paul de Londres. Il

pouvait être considéré à juste titre comme un maçon opératif tout en faisant figure de

spéculatif, puisque étant géomètre et astronome. Il entretint une correspondance sur la

cycloïde avec Pascal, il fut professeur à Oxford et lui aussi, membre de la Royal Society. Il

resta en fonction jusqu’en 1695. Il fut alors remplacé par Charles Lennox, duc de Richmond.

Christopher Wren reprendra sa charge de Maître de Loge en 1702. En 1703, sa loge dite Loge

de Saint-Paul affirma sa transformation en loge désormais spéculative par une décision, où il

était dit :« Les privilèges de la Maçonnerie ne seront plus désormais réservés aux ouvriers

constructeurs, mais, ainsi que cela se passait déjà, ils seront étendus aux personnes de tous

états qui voudront y prendre part ».Les loges étaient devenues nombreuses. Les réunions y

prenaient un tour amical ( d’autant plus facile que l’accession s’y faisait par parrainage ) et se

terminaient souvent par des banquets. C'est pourquoi les loges avaient leurs tenues dans des

auberges et tavernes (qui étaient aussi le lieu de réunion d’autres confréries) et portaient en

général le nom de ces lieux.

La Maçonnerie spéculative n’a jamais renié ses origines. Mais elle a, par l’élaboration de

légendes appropriées, tenté d’éloigner jusque dans la nuit des temps, l’instauration primitive

de la Maçonnerie opérative. La Maçonnerie spéculative a cessé de construire des palais et des

églises. Elle entend édifier la Cité humaine, un Monde symboliquement perfectible dont

l’Homme vertueux sera à la fois l’ouvrier, l’usager et l’organisateur.

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LA CREATION DE LA FRANC-MAÇONNERIE FRANÇAISE :

Je ne saurais aborder l’introduction de la franc-maçonnerie en France sans rappeler le contexte

politique de l’époque.

Le 1er septembre 1715, Louis XIV meurt. La couronne revient à son arrière petit-fils, âgé de

cinq ans, Louis XV. Après un véritable coup d'état, le duc d’Orléans en ayant fait casser par le

Parlement le testament du feu roi, s’adjuge la régence qu’il gardera jusqu’en 1723. En 1715, la

situation de la France n’est guère brillante car les dernières années de règne du Roi Soleil ont

été politiquement et économiquement catastrophique. La France ne fait plus trembler

l’Europe, elle est menacée de tous côtés. Dès 1713, Louis XIV a vainement tenté un

renversement de sa politique, en démontrant aux divers royaumes d’Europe occidentale que

leur hostilité envers la France les mettait en fait, à la merci des Anglais. Il a présenté le

Royaume des Lys comme un médiateur et non comme un conquérant. Cette politique n’était

qu’à peine amorcée à l’heure de sa mort. Le régent se heurte, dès sa prise de pouvoir, à de très

graves difficultés intérieures : crise financière et ébranlement du pouvoir absolu.

Étant exsangue, la France doit s’allier à une autre grande puissance pour redresser sa situation

internationale. Gagné à la cour de Saint-James, le cardinal Dubois, ministre des affaires

étrangères, impose l’alliance Anglaise. Dans le même temps, l’Angleterre est le pôle

d’attraction des idées de liberté, d’abondance et de lutte contre un catholicisme désuet. Cette

alliance fait le jeu du roi d’Angleterre, George II et de son ministre, Walpole, car elle affermit

les droits contestés de la dynastie Hanovrienne. George II obtient de Dubois que les Stuarts

soient chassés de France, alors que Louis XIV les avait installés à Saint-Germain-en-Laye et

traités en souverains.

Dès que Louis XV assume le pouvoir, il remplace Dubois qui vient de mourir par Fleury qui

restera aux affaires étrangères jusqu’en 1743. Des problèmes coloniaux nous brouillent

bientôt avec nos pseudo-alliés. L’inévitable rupture à lieu et Fleury se tourne alors vers les

Stuarts, afin de faire pièce aux Orangistes : il joue alors une subtile politique de bascule entre

les deux dynasties britanniques, en tirant partie de leurs divisions.

Cette ici que la franc-maçonnerie va jouer un rôle important. Son implantation et son

développement en France seront tolérées par le pouvoir Royal. Elle permettra à la France de

conserver un lien avec les deux branches d’Angleterre afin de préserver ses intérêts politiques

dans le redressement de sa position internationale.

Revenons en Angleterre. Dès la création de la Grande Loge de Londres, la franc-maçonnerie

se met à essaimer dans toute l'Angleterre. C’est semble-t-il, par le canal de l’Irlande et de

l’Écosse que la Maçonnerie anglaise atteignit la France. Les noblesses irlandaises et

Écossaises avaient un point d’attache déjà ancien avec la fleur de Lys : Depuis Louis XI elles

servaient régulièrement le roi de France dans ses « régiments Irlandais ou Écossais ». C’est à

de tels officiers qu’est due en 1726 la création de la première loge française : la Loge du Louis

d’Argent, logée chez un grand traiteur sous cette enseigne, rue des Boucheries, à Saint-

Germain-des-Prés. Elle est inscrite sur le tableau de toutes Loges relevant de la Grande Loge

d’Angleterre en 1732. La même année, des navigateurs anglais fondent une Loge anglaise à

Bordeaux et en 1733 une Loge Franco-Anglaise se crée à Valenciennes. D’autres surgiront à

Paris aux cours des années 1734 et 1735 dont celle de la rue de Bussy qui prendra une

importance toute particulière.

En résumé, les premières Loges Écossaises d’origines se formèrent dès 1688 autour des

Stuarts réfugiés à Saint-Germain-en-Laye et dans les régiments du Roi de France. Il y aura

donc en France une dualité : Les Loges Écossaises dites Jacobites d’un côté et de l’autre, les

Loges Françaises qui ont pour mère la Loge du Louis d’Argent reconnu par la Grande Loge

d’Angleterre.

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Cette filiation paraîtra pour certain un peu scabreuse mais essayons de dénouer cet écheveau.

Si nous n’avons pas de certitudes patentes concernant la création de Loge en France dès 1688

dans l’entourage immédiat des Stuarts en exil, il s’avère que malgré le contexte de la réforme,

le cloisonnement entre Orangistes et Stuartistes n’était pas aussi hermétique. En effet au

regard du siècle des lumières, un ferment idéologique progressiste unissait bon nombre de

personnes appartenant à la Gentlemen’s Society. Leurs différents résidaient dans la forme

mais non sur le fond. En effet, la réforme impliqua une remise en question sur l’interprétation

du divin faite par l’église de Rome. Remettre en cause l’ordre divin c’était à moyen terme

s’attaquer au pouvoir qui y était rattaché. On apostropha d’abord L’église, la monarchie de

droit divin suivrait. L’humanisme, l’universalité et la tolérance représentaient alors des

valeurs alternatives propres à fédérer des hommes que le creuset maçonnique pouvait unir.

En 1735, la loge de l’hôtel de Bussy se compose en grande partie de Maçons français. Elle

décide de se détacher de la tutelle parisienne du Louis d’Argent pour constituer La Grande

Loge de France. Celle-ci accepte les Constitutions d’Anderson pour toute Loge créée ou à

créer sous ses auspices.

Observons maintenant la composition des instances dirigeantes de cette Loge de l’hôtel de

Bussy au regard d’un article parut dans un journal Anglais :

« On écrit de Paris que Sa Grâce le duc de Richmond et le Dr. Désaguliers, ex-grand maître de

l’ancienne et honorable société des maçons libres et acceptés, munis à cet effet d’autorisation

signée du Grand-Maître et scellée de son sceau ainsi que celui de l’Ordre, ont convoqué une

loge à l’hôtel de Bussy.

Etaient présents : Son Excellence le comte de Waldegrave, ambassadeur de Sa Majesté auprès

du roi de France, le Très Honorable président Montesquieu, le comte Derwenwater, le marquis

de Lomuren, Lord Dursley, l’Honorable Mr.William Fritz-James, Messieurs Knigt, père et

fils, ainsi que le docteur Wickmann et plusieurs personnages Français et Anglais. »

Nous voici donc en présence de personnages ayant supposément joué un rôle primordial dans

l’avènement de la franc-maçonnerie Française.

Commençons par le duc de Richmond. Petit fils de Charles Lennox autre duc de Richmond,

deuxième Grand-Maître de la Grande Loge de Londres. Ce deuxième du nom est le protecteur

et l’initiateur de Michel de Ramsay, fondateur de l’Ecossisme.

Montesquieu, Charles de Secondat, baron de La Brède et de Montesquieu, est né en 1689. Il a

donc 45 ans en 1734. Issu d’une grande famille de robe, il est président au parlement de

Bordeaux. Il est connu et admiré de toute l’Europe intellectuelle et ses Lettres persanes ont

été un best-seller dès 1721. Sa grande richesse lui permet de voyager par toute l’Europe. Il

s’attarde en Angleterre où il noue de solides amitiés. Il y compare l’absolutisme de la

monarchie française au libéralisme constitutionnel des Anglais. Il est en relation avec les

esprits éclairés de l’époque et ses Considérations sur les causes de la grandeur des Romains

et leur décadence (1734) deviennent, en quelque sorte, le manifeste de tous ceux qui en

France, sentent que la monarchie de droit divin craque de toutes parts. Il lance quelques-unes

des idées essentielles d’une nouvelle société : La séparation des pouvoirs, la nécessité d’une

constitution refrénant l’arbitraire d’un seul homme, la tolérance religieuse et le respect de la

dignité humaine. Montesquieu a été le précurseur des Encyclopédistes, des grands ancêtres de

la révolution...et de la chartre des Nations Unies. Il est le premier en date des franc-maçons

français.

Charles Ratcliffe, comte de Derwenvater, Écossais meneur d’un soulèvement Jacobite, réfugié

en France auprès de son cousin Jacques Stuart, il sera élu Grand-Maître de la naissante Grande

Loge de France. Il sera exécuté lors de son retour en écosse en 1746.

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Je ferais l’impasse sur les autres personnages en faisant remarquer que sur la « matricule » de

cette Loge figurait 4 nobles Stuartistes. Ce qui rend peut-être insolite la présence du comte de

Waldegrave, ambassadeur de sa Majesté auprès du roi de France, qui tout en étant d’une

lignée Jacobite servait fidèlement le Roi George II. Ce point est peut-être essentiel pour

comprendre la réconciliation qui s’amorçait entre les deux factions pour instaurer une

légitimité nécessaire à la grandeur de la Grande-Bretagne. Le choix de la France et de la franc-

maçonnerie devait alors s’imposer comme un terrain politiquement neutre.

La conclusion est que les Maçons Français ne furent pas dupes de ses manoeuvres

diplomatiques et politiques. Progressivement ils tinrent à prendre une distance avec la franc-

maçonnerie Anglaise pour asseoir leur souveraineté et leur indépendance. Ce qui aboutira en

1758 à la proclamation officielle de l’indépendance de la Grande Loge de France à l’égard de

la Grande Loge Mère de Londres.

Tirons maintenant quelques conclusions sur cette page d’histoire.

La Franc-Maçonnerie fut la première association, non religieuse ou corporative, la première

« société de pensée » autorisée en France ( en effet, les devoirs compagnonniques avaient été

dissous par arrêté du parlement et le Club de l’Entresol interdit en 1726).

Pourquoi cette autorisation ? Pour construire un pont discret entre Français et Anglais, pour

établir une liaison diplomatique officieuse entre français et Stuartistes.

Quand la rupture fut décidée entre Saint-James et Versailles, la franc-maçonnerie fut interdite.

Quand se rénovèrent les liens, la franc-maçonnerie fut tolérée.

Elle a donc, dès son introduction en France, joue un rôle diplomatique subtil, mais fort

important.

Elle a rempli aussi un rôle politique, en recevant sur ses colonnes un penseur « audacieux »,

Montesquieu, précurseur des Encyclopédistes.

Elle a contribué à répandre les principes de la liberté de conscience, en servant de « table

ronde », entre protestants et catholiques.

Elle a aidé à la fusion des classes sociales, en intéressant d’un côté des nobles à un

symbolisme artisanal, ce qui était extraordinaire à une époque où l’on livrait au mépris tout ce

qui touchait au travail manuel, aux « professions mécaniques ». D’un autre côté, la Franc-

Maçonnerie a ouvert ses portes à une bourgeoisie roturière aspirant à la noblesse : il faut se

souvenir que si le port de l’épée en loge obéissait au Rite, dans le monde profane seul les

nobles portaient cet attribut.

Malgré de si hauts parrainages, la franc-maçonnerie aurait peut-être végété en France si n’était

intervenu un très curieux personnage, promoteur de l'Ecossisme, André-Michel de Ramsay.

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L’ECOSSISME ET SES FONDATEURS : LE CHEVALIER DE RAMSAY - ESTIENNE MORIN ET LE

COMTE DE GRASSE-TILLY.

L’Ecossisme, qui maintenant imprègne (avec quelques variantes, quelques réserves pudiques,

et les réductions de certains excès) les principaux Ordres maçonniques, résulte d’une aventure

singulière. 11 est issu des cogitations personnelles d’un homme assez extraordinaire qui avait

un curieux esprit syncrétique. Le syncrétisme se rencontre fréquemment dans l’histoire des

religions. Aucune n’en fut exempte. 11 consiste à tenter la fusion, en une doctrine unique, de

plusieurs doctrines différentes. Mais si de telles synthèses sont constatées, elles se font le plus

souvent lentement, par contacts, imprégnations latérales, par l’effort successif et continu de

certains théologiens. Ici nous rencontrons cette anomalie : en moins de soixante ans, l’effort

de deux personnages successifs aboutit au résultat. Ces deux personnages sont le premier, le

Chevalier de Ramsay, l’inventeur, et le second, le Comte de Grasse-Tilly, l’instigateur.

LE CHEVALIER DE RAMSAY reste un personnage encore mystérieux pour bien des moments de

sa vie, pour les relations qu'il entretint avec des gens très divers, pour l'importance réelle ou

supposé qu'il eut. Car de sa naissance en 1686, à Ayr (Ecosse), à sa mort en 1743, à Saint-

Germain-en-Laye, il ne cessa de voyager, de « voir » des personnages importants, de susciter

des institutions.

Il naît en Écosse dans une famille jacobite (stuartiste). Son père est calviniste et sa mère

anglicane. À la fin de XVIIe siècle, en Écosse, les querelles religieuses avaient plus de férocité

que jamais. Les diverses confessions chrétiennes s’entre-déchiraient en l’honneur du Dieu de

bonté. On peut imaginer les crises de conscience de cet enfant studieux, renfermé, écartelé par

des parents qui chacun, voulait le conduire à ce qu’ils estimaient être la Vérité et l’arracher

ainsi à l’erreur, donc à la damnation, sublime punition de l’impie qui traumatisa plus d’un

esprit de l’époque. Cette pathologie collective à certainement influencer Michel de Ramsay

autant que les esprits de l’époque dans la recherche d’un équilibre, d’un syncrétisme ou d’une

évasion intellectuelle.

Après de brillantes études à Glasgow puis à Édimbourg, notre chevalier voyage en Europe et

s’arrête aux Pays-Bas. À cette époque, la république Batave était un havre de liberté religieuse

et spirituelle. Il devient disciple de Pierre Poiret et d’Arndt qui appartiennent tous deux à la

mouvance « Rosi-Crucienne » et qui enseignent un christianisme transcendant proche de la

Théologia Germanica, s’inspirant des grands mystiques chrétiens.

Il passe en France en 1707, où il est naturalisé français, devient le familier de grands

seigneurs, particulièrement de Fénelon, archevêque de Cambrai, qui le convertit au

catholicisme, et dont, après sa mort, il écrira une apologie et publiera des textes commentés.

Mme Guyon l’amène au quiétisme. À la mort de celle-ci, il devient précepteur et se consacre à

une Vie de Fénelon. Vers 1724, il devient agent diplomatique des Stuarts chassés de Grande-

Bretagne. Quelques mois plus tard, Ramsay participe à Paris avec son ami le marquis

d’Argenson à l’animation du Club de l’Entresol, société de pensée dans laquelle, à l’instar des

clubs anglais, des gens de qualité se réunissent pour examiner les grands problèmes de

l’heure. Le Régent en prend ombrage et le Club de l’Entresol est interdit. En 1727, il publie

une imitation de Télémaque de Fénelon, le Voyage de Cyrus, qui devient un « best-sellers ».

En 1728, Michel de Ramsay est en Angleterre, ce qui n’est pas la moindre énigme de son

existence mouvementée : comment, lui, Stuartiste et catholique, a-t-il pu y résider sans

rencontrer les pires difficultés ? .Il est même admis dans deux compagnies scientifiques de la

plus haute renommée : la Gentlemen’s Society et la Royal Society, cette dernière ayant été

fondée, au précédent siècle comme nous l’avons déjà vu par Elias Ashmole et d’autres rose-

croix. Pendant ce séjour Londonien, Ramsay fut aussi l’ami d’Anderson, fondateur de la

Mother Lodge de 1717.

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16

En 1728 vient de paraître à Londres, sous la direction d’Ephraïm Chambers, the Cyclopédia

or Universal Dictionary of Arts and Sciences, qui en tant qu’ouvrage majeur inspira peut-être

Ramsay sur la dimension universelle de l’homme. Aussi, dès 1735 commence à circuler, sous

le manteau, le Discours de Ramsay, qui deviendra en quelque sorte, la charte de la maçonnerie

écossaise. En 1737, il fait la proposition d’une Maçonnerie hiérarchisée, outrepassant de

beaucoup les projets antérieurs, qui s’en tenaient à trois ou cinq degrés au-dessus de la

Maîtrise. Tout cela fut concrétisé par son Discours, qui était destiné à une assemblée générale

et qui ne semble pas avoir jamais été prononcé, mais qui fut abondamment répandu dans les

Loges.

S'il ne fut pas absolument le fondateur des Hauts Grades Maçonniques, Ramsay formula le

premier les principes d'une hiérarchie, exaltant particulièrement « la foi des Croisés » mettant

l'accent sur la continuité (supposée) de la Maçonnerie avec l'Ordre du Temple, aboli en 1307

en Occident par le pape Clément V et Philippe le Bel, et dont les Secrets, les Traditions

auraient été conserves dans les Loges d'Ecosse. Les propositions de Ramsay ont une grande

importance historique. C'est la première fois qu'on voit se manifester dans un esprit

philosophique et, en même temps, dans une direction résolument politique, des propositions

d’humanisme réellement universel.

Il est donc intéressant de donner quelques extraits du discours :

« Les grands législateurs politiques n'ont pu rendre leur établissement durable. Quelques sages

que furent leurs lois, elles n'ont pu s’étendre dans tous les pays et dans tous les siècles.

Comme elles n'avaient en vu que les victoires et les conquêtes, la violence militaire et

l'adulation d'un peuple au-dessus d'un autre, elles n'ont pu devenir universelles. La

Philanthropie n'était pas leur base...

« Le monde entier n'est qu'une Grande République, dont chaque Nation est une famille,

chaque particulier un Enfant.

Nous voulons réunir (dans la Maçonnerie) tous les hommes d'un esprit éclairé, non seulement

par l'amour des Beaux-Arts ; mais plus encore par les grands principes de Vertu, de Science et

de Religion, où l’intérêt de la confraternité devient celui du Genre Humain tout entier. Nos

ancêtres, les Croisés venus de toutes les parties de la chrétienté dans la Terre Sainte, voulurent

réunir ainsi, dans une seule Confraternité, les Hommes de toutes les Nations... »

Il affirme ensuite que « les fameuses fêtes de Cérès à Eleusis, d'Isis en Egypte, de Minerve à

Athènes, d'Uranie et de Diane, avaient bien des rapports avec les nôtres (celles des Maçons);

on y célébrait des mystères où se trouvaient des vestiges de l'ancienne religion de Noé et des

Patriarches ».

I1 fait donc la première proposition de l’adjonction de trois grades chevaleresques au-delà du

grade de Maître :

1). Maître écossais. 2) Novice. 3) Chevalier du Temple.

I1 y ajouta ultérieurement un quatrième grade :

4). Royal-Arch (en 1736).

La Grande Loge de Londres refuse l'instauration de ces grades. Ramsay fera plus tard une

autre proposition de sept grades supplémentaires. La Maçonnerie française fait la sourde

oreille. Néanmoins, c'est de cette période que date l'introduction dans les Loges françaises de

toutes les incitations templières et rosi-cruciennes. Ramsay trouve malgré tout beaucoup

d'adeptes qui, dans les Loges particulières, créèrent, après sa mort, sept autres grades

supérieurs, dont le dernier : Grand Elu ou Chevalier Kadosh constitua ultérieurement ce qu'est

aujourd'hui le 30è degré.

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17

Ramsay meurt à Saint-Germain-en-Laye en 1743, ayant semé une plante qui va, plus tard,

pousser très haut ses étranges rameaux. La Loge de Saint-Germain-en-Laye continue son

action et pratique les sept hauts grades. Mais c'est un Maçon français qui va déterminer

l’épanouissement ultérieur de l'Ecossisme.

LE COMTE ALEXANDRE DE GRASSE-TILLY, neveu de l'amiral, revint d’Amérique vers 1802.Il

affirma (sans qu'une preuve ait jamais été apportée) qu'une patente lui avait été délivré par le

Suprême Conseil d’Amérique qui l’autorisait à créer en France un Suprême Conseil, dit

Suprême Conseil des Inspecteurs Généraux du Rite Écossais ancien et accepté (c'est-à-dire

composé des Initiés au degré le plus haut, le 33e, dont nous donnerons plus loin la place

chronologique). La patente n'a jamais été produite, et l'existence du Grand Commandeur

américain qui l'aurait accordée reste encore problématique.

Néanmoins, l’histoire met en exergue un protagoniste important dans la création de

l’écossisme, ESTIENNE MORIN.

ESTIENNE MORIN, maçon français actif en France comme aux Antilles depuis les années

1740, fonda durant l’été 1745 une loge écossaise à Bordeaux puis, au cours des seize années

suivantes, différentes loges en France et à Saint-Domingue. Morin possède une grande

collection de rituels et reçoit à Paris en août 1761, une patente de Grand Inspecteur par les

hauts maçons du Conseil des Empereurs d’Orient et d’Occident de la Grande et Souveraine

loge de Saint-Jean de Jérusalem. C’est ce conseil qui élabora dès 1758, le Rite de perfection

en vingt-cinq hauts grades et qui autorisa Morin à établir les Hauts Grades de par le monde.

Cette patente est historiquement sujette à controverse car l’original reste à ce jour introuvable.

Morin quitta pour la dernière fois son pays natal au printemps 1762 avec l’intention de

retourner aux îles. Le bateau sur lequel il avait quitté Bordeaux ayant été pris par les Anglais,

Morin devait accomplir un long détour involontaire qui l’amena à séjourner à Londres et en

Écosse, avant de parvenir au terme de son voyage, le 20 janvier 1763, à Saint-Domingue, puis

se fixe à Kingston en Jamaïque. C’est là avec l’aide de son ami Henry Francken, qu’il

développe à partir du rite de perfection, le Rite Ecossais de 33 degrés. Mais nous sommes en

terre Anglaise, le Rite se développe alors dans les colonies anglaises d’Amérique qui

deviendront plus tard les Etats-Unis. Franken, bien que hollandais, traduit aussi bien qu’il le

peut les divers rites Français de Morin.

En 1767, Franken effectue un voyage en Amérique, à Albany, près de New York où il fonde

une Loge de perfection sous le nom d’Ineffable. Il en délivre la patente par autorité de Morin

qui en garantie la régularité. De cette fondation et avant son retour en Jamaïque, Franken

nomme en 1768 à New York, Moses Michael Hayes comme député inspecteur. A la mort de

Morin en 1771, Franken dirige seul le Rite, nomme des Députés-Inspecteurs et les dote d’un

cahier comportant à la fois rituels, statuts et règlements, tous rédigés en anglais. En 1783, il

investit David Small et lui remet un document, connu maintenant sous le nom de Manuscrit

Franken de 1783. C’est certainement dans cette dynamique que fut créé le Suprême Conseil

des Etats-Unis d’Amérique de Charleston en 1801 et la naissance du Rite Ecossais Ancien et

Accepté dont le Comte de Grasse fut le promoteur en France.

Vers 1802, le comte de Grasse installe la Loge mère de l'Ecossisme qui s'intitule « Mère Loge

Ecossaise de France », à l'Orient de Paris.

En 1804, il instaure une Grande Loge Générale Ecossaise du Rite Ancien et Accepte. Le rite

possède déjà d'autres Loges à Paris et en province (dont deux à Lyon). Le nombre des hauts

dignitaires lui paraissant suffisant, il réunit tous les adeptes « au 33è degré » dans un Suprême

Conseil.

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L'Ordre français ancien, reconstitué par Roettier de Montaleau vers 1796, et qui s’était réuni à

ce qui subsistait de la Grande Loge sous le nom de Grand Orient de France, transige avec le

Suprême Conseil : le Grand Orient accepte la nouvelle hiérarchie ; Il aura autorité sur tous les

ateliers du ler au 18e degré. Le Suprême Conseil exercera sa juridiction sur ceux du l9e au 33e

degré.

Mais le Grand Orient ne se satisfait pas de cette division des pouvoirs. En 1805, il crée un

Grand Directoire des Rites, auquel il confère le 33e degré. Le Suprême Conseil Ecossais

proteste contre cette usurpation, dénonce le concordat qui le liait au Grand Orient, et, en 1805,

rétablit la Grande Loge Générale Écossaise, qui accordera seule tous les degrés, du 1e au 33e,

dans son obédience propre.

Si les deux obédiences ont eu ultérieurement divers rapprochements (et même accepté la

double appartenance), en fait elles ne se sont jamais réunies. La dernière tentative (en 1946)

ne fut qu'un échange de courtoisies fraternelles. Mais le Grand Orient, héritier des tendances

qui proscrivaient les hauts grades, les décerne maintenant, pour sa part, a sa convenance. Il

manifeste dans ses Loges la coexistence des deux Rites : l'un dit Rite français, est issu de

l'ancienne Grande Loge de France, l’autre dit Rite écossais, est surtout développé dans les

Loges aux plus hauts grades.

Voici donc la liste des Grades du Rite Ecossais:

LOGES BLEUES

1.Apprenti Maçon

2.Compagnon Maçon

3.Maître Maçon

LOGES DE PERFECTIONS

(ATELIERS PHILOSOPHIQUES)

4.Maître Secret

5.Maître Parfait

6.Secrétaire Intime

7.Prévôt et Juge

8.Intendant des Bâtiments

9.Maître Élu des Neuf

10.Illustre Élu des Quinze

11.Sublime Chevalier Élu

12.Grand Maître Architecte

13.Chevalier de Royal Arch

14.Grand Élu de la Voûte Sacrée

CHAPITRES

15.Chevalier d'Orient ou de l'Épée

16.Prince de Jérusalem

17.Chevalier d'Orient et d'Occident

18.Souverain Prince Rose+Croix

AREOPAGES

19.Grand Pontife

20.Maître Ad Vitam

21.Patriarche Noachite

22.Prince du Liban

23.Chef du Tabernacle

24.Prince du Tabernacle

25.Chevalier du Serpent d'Airain

26.Prince de Mercy

27.Grand Commandeur du Temple

28.Chevalier du Soleil

29.Grand Écossais de Saint-André d'Écosse

30.Chevalier Kadosh

TRIBUNAUX

31.Grand Inspecteur Inquisiteur

CONSISTOIRES

32.Sublime Prince du Royal Secret

CONSEILS SUPREMES

33.Souverain Grand Inspecteur Général

LE SUPREME CONSEIL est une assemblée présidée par un Grand Commandeur. Il compte

entre 9 et 33 membres choisis parmi ceux qui possèdent le 33° degré.

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LA LEGENDE TEMPLIERE

C'est le chevalier de Ramsay qui a, le premier, formulé cette légende avec précision. II

apparaît toutefois qu'elle avait été esquisse antérieurement, et qu'elle circulait dans les Loges

anglaises vers 1720.

On s'efforce aujourd'hui de lui donner une valeur historique. Disons pourtant qu'on n'a jamais

apporté un texte probant, reconnu valable par les experts chartistes et antiquaires.

Selon les tenants de cette légende, les Templiers d'Europe occidentaux, traqués, emprisonnés

et spoliés par le roi de France Philippe le bel, condamnés pour hérésie par le pape Clément V

(1306), n'auraient pas tous péris. Une partie des chevaliers aurait pu s'échapper et reconstituer

l'Ordre en divers pays dont les souverains n'auraient pas accepté la condamnation par le pape

d'Avignon, manifestement prononcée sous la pression du roi de France.

Une partie d'entre eux aurait ete intégrée, en Espagne, à la Chevalerie de Calatrava. Une autre

partie, en Allemagne, aurait ete reçue par les Chevaliers Teutoniques. D'autres auraient rejoint

l'Écosse, ou les rois Robert et Édouard Bruce les auraient recueillis.

Ici se place une autre légende : celle selon laquelle les Templiers auraient ete auparavant

maçons et architectes effectifs de leurs Commanderies et de maints grands châteaux de la

féodalité, du XIIe au XIIIe siècle. Cela n'a jamais ete prouvé, mais prétendu tel par des

sollicitations de textes tout à fait abusives.

La légende se poursuit : les Templiers réfugiés en Écosse auraient été reçus dans les

organisations corporatives de la maçonnerie (opérative) aux titres d’ouvriers et de maîtres

d’œuvre, et auraient prolongé leur existence au sein de la Franc-maçonnerie. Ce serait même

une des raisons pour lesquelles la Maçonnerie écossaise devint naturellement spéculative ; son

Secret ne serait autre chose que le « Secret des Templiers », rigoureusement conservé.

Il y a encore, tant à l’intérieur de la Maçonnerie qu’à l’extérieur, beaucoup d’ésotéristes qui

tiennent cette légende pour de l’histoire vraie, et qui, par elle, expliquent toutes sortes de

choses, dont, en particulier, l’existence de certains grades maçonniques, dit « grades de

vengeance », dans lesquels les rois et les papes sont symboliquement voués à l’exécration.

Mais, d’autre part, cette pure légende a provoqué (et provoque encore) une abondante

littérature « historique », qui incite à rechercher tous les « Secrets du Temple », et d'abord à

fouiller tous les lieux dans lesquels les proscrits ont caché leurs trésors.

LE MYTHE ROSI-CRUCIEN.

Selon les exégètes (du XIXe siècle), une société secrète de savants, érudits, médecins,

physiciens, chimistes, etc., se serait constituée en Europe au milieu du XVI siècle, auraient

fleuri au XVIIe, et aurait disparu au XVIIIe, se fondant d'une manière naturelle (mais

indiscernable en ses formes propres) à l'intérieur de la Maçonnerie. La seule certitude qu'on ait

à cet égard, c'est que certains philosophes, écrivains ésotéristes et alchimistes, se sont affirmés

« Rose-Croix », ou tout au moins « Rosi Cruciens ».

La seule chose positive, c'est l'existence, dans certains textes, dans les correspondances

(écrites en latin) qu'ont échangé beaucoup de savants à travers l'Europe au XVIIe siècle, de

certaines formules cursives (techniques, mathématiques, alchimiques), qui, encore mal

déchiffrées, peuvent laisser supposer que ces personnes s'adonnaient aux recherches de

physique, de physiologie et d'alchimie ; et que beaucoup d'érudits anglais, qui étaient francs-

maçons, ont utilisé ces formes cursives et les ont intégrées au rituel maçonnique.

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La Rose-Croix, reconstituée sur ces conjonctures, était une Fraternité ; les membres se

donnaient le nom de Frères, et se communiquaient « leurs secrets » soigneusement gardés pour

tous autres.

Si les participants s’avouaient à l’extérieur Rosi-Cruciens, c'est-à-dire participant

personnellement à certaines recherches, ou ayant reçu certaines connaissances qui émanaient

du groupe, ils ne se prétendaient jamais Rose-croix. Le mot était réservé à désigner des

savants lointains, de la plus haute science, doués de pouvoirs exceptionnels, et qu’on ne

nommait pas, tant par ignorance de leur nom propre que par celle de leur résidence.

De grands Maçons anglais, Élias Ashmole, Valentin Andrae, auraient été les introducteurs du

Rosi-Crucianisme dans les Loges, et y auraient développé des recherches d'hermétisme,

d'astrologie, de physiologie, de magnétisme, etc., qui contenaient des idées d'un ésotérisme

particulier et impliquaient une symbolique para-scientifique.

Une grande partie de cette symbolique fut reprise et commentée (dans un sens plus ou moins

rigoureux, vis a vis des principes doctrinaux d'Anderson) par les propagateurs de l'Ecossisme.

Ils subsistent dans les grades inhérents à ce Rite, assez diffus dans l'ensemble, parfois

curieusement précisés et commentés. Il est difficile d'en donner une explication cohérente : on

y sent trop facilement une accumulation de cogitations collectives et d'incitations individuelles

(dont certaines retenues, et dès lors « acceptées » : d'autres seulement proposées)...

Insistons sur ce point : ce qu'il y a de positif, c'est seulement ce que le chevalier de Ramsay,

ses disciples et ses successeurs ont réussi à faire inscrire dans le rituel des Hauts Grades. Les

Vénérables et Maîtres des hautes Loges y font rarement allusion, sinon pour inciter les Maîtres

à poursuivre leurs travaux personnels, afin d'accéder à une meilleure connaissance symbolique

de la Maçonnerie.

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LES SYMBOLES MAÇONNIQUES.

Les symboles maçonniques se réfèrent tous à des faits spirituels. Ils sont les supports

d’événements, d’idées, de concepts abstraits, qui doivent évoquer immédiatement leurs

significations aux adeptes, au point que le langage symbolique utilise leurs noms sans préciser

autrement leur sens profond, dans la verbalisation en Loge. Ces symboles sont nombreux et

variés. Si l’insolite de leur rencontre, de leur juxtaposition étonne de bon droit le profane, il

n’en est pas de même pour les adeptes, rompus a cette phraséologie si particulière.

Essayons de débrouiller cette complexité apparente par un essai de classification de ces

symboles, en même temps que la notation de leurs significations respectives. On prendra ainsi

conscience de ce que la transformation, par degrés successifs, de la technique opérationnelle

originelle, en spiritualité agissante, par les moyens du symbolisme, est une opération qui obéit

à des lois morales, et implique une méthodologie rigoureuse, dans un Etat d’esprit donné. J’ai

donc volontairement simplifié les références, les correspondances et les analogies.

Il est difficile de préciser en quoi consiste le Travail symbolique qui fait passer de l'objet réel a

la représentation, de la figure, a l'esprit. Ce passage doit devenir automatique et spontané.

Quelques exemples indiqueront la méthodologie de la transposition.

LES SYMBOLES ORDINAIRES :

SYMBOLES ANTIQUES :

Les nuées, le Soleil, la Lune.

SYMBOLES HERMETIQUES ET ALCHIMISTES :

Les quatre éléments : la Terre, l'Air, l'Eau et le Feu. Le Soufre, le Sel, le Mercure, l’Or, le

Plomb, les Fleurs ouvertes.

Le Foyer, le Vase, les inscriptions sur la pierre taillée. Les symboles alchimiques, le Pélican

dans son aire.

LES SYMBOLES D'ORIGINE OUVRIERE : (la plupart transmis par la maçonnerie

opérative).

Le Niveau : Mise en œuvre correcte des connaissances, rigueur, justice.

La Règle : Origine de tout travail, précision dans l’exécution, présence effective de l'ouvrier

au travail.

L Équerre : Vérification de toute action, rapport rigoureux des forces, incitation à achever le

travail.

Le Ciseau : L'acte efficace (détermine à la fois par la force et la raison), la pénétration au sein

des éléments, et, par extension, l'esprit en action.

Le Compas : La recherche, la mesure, la vérification, l'acte réfléchi et contrôlé.

Le Maillet : La force, la puissance, la volonté d'action et sa mise en œuvre, l'ouverture et la

clôture des temps affectées à telle ou telle activité. La présence.

Le Cordeau : Le travail en commun, l’unité d'action, la fraternité exemplaire, la solidarité.

L'Échelle : La difficulté à vaincre, la montée vers la connaissance.

La Truelle : L'égale répartition, l'origine active de toute acquisition, l’humilité, la participation

nécessaire.

Le Marteau de Taille : L'effort, la volonté de pénétrer l'inconnu.

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Le Fil à Plomb (tenu en main) : La maîtrise de soi, le bon usage des facultés, la sérénité, la

rectitude.

Le Tablier : La permanence du travail, sa nécessité, et l'honneur qui lui est dû.

La Perpendiculaire (ou chorobate, qui est un fil à plomb tendu entre deux L adossés) : La

vérification, profondeur dans l'observation.

La Pierre brute : Le travail à faire, l'obligation première en tout travail, l'ignorance à vaincre.

La Pierre taillée : Le travail effectué, la plénitude, l'usage des facultés humaines. Toute chose

acquise, vérifiée, exemplaire.

Mesure dans la recherche.

Rectitude dans l’action .

Volonté dans l’application.

Discernement dans l’investigation.

Profondeur dans l’observation.

Mise en œuvre correcte des connaissances.

Précision dans l’exécution.

Pouvoir de la volonté.

Certains de ces symboles offrent l’évidence d'emprunts des traditions antérieures ou latérales.

Parfois, l’adaptation modifie un peu le sens originel de ces traditions. Le plus souvent, elles

ont été transposées sans modification :

SYMBOLES JUDAÏQUES (OU BIBLIQUES) : La figure du Temple, les Degrés (escaliers), les Portes,

Fenêtres, etc. Les Flammes, les Colonnes (B et J). Les Tombeaux, l'Arche, les Rameaux, le

Chandelier à sept branches, et les autres Lumières, le Trépied...

SYMBOLES CHRETIENS : Le Triangle, les Trois points, toutes les formes trinitaires, les Autels,

les Pavés mosaïques, les Grenades ouvertes, la Croix, le Pélican, le Soleil rayonnant.

SYMBOLES RELIGIEUX DIVERS : L'Etoile flamboyante, les ombres, le décagone étoilé.

SYMBOLES CHEVALERESQUES : Les Epées, les Cordons, les Bijoux et sautoirs, les Mains

entrelacées, les Croix pattées, les Bagues, l'Aigle, les formes héraldisées, les Couronnes.

SYMBOLES ASTRONOMIQUES OU SCIENTIFIQUES : La Sphère armillaire, les Etoiles, les Signes

Gamma, Sigma, etc.; les Triangles, les Outils de mesure et de vérification.

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LE RITE : UNE POSSIBLE CONCLUSION.

Le rite apparaît d'abord comme un langage, mais un langage, qui se prolonge et se déploie

dans une action. Il a pour fonction de nous faire pénétrer au-delà du monde empirique, au-delà

du monde profane, de nous mettre en contact avec ce que l’on nomme le « numineux ». Cette

expression vient du latin « numen » qui signifie « volonté » et plus précisément « volonté

divine », « puissance agissante de la divinité ». Par le Rite, grâce au Rite, l'homme établit une

relation avec ce qui le dépasse, avec le Cosmos, avec le Divin, avec le Sacré. « Il conduit un

homme à se saisir dans un Ordre autant qu'à la Source d'une puissance capable d'autres liens et

d'un autre Ordre ».

Le Rite maçonnique, semblable en cela à tout autre Rite, veut instaurer un autre Ordre, un

autre espace, un autre temps, un espace et un temps sacrés. Dans sa spécificité Ecossaise

Ancienne et Accepté, il le fait d'abord par l'invocation au « Grand Architecte de l'Univers »,

puis par l'invocation à la Sagesse qui doit présider à la construction de l'édifice, à la Force qui

doit le réaliser, à la Beauté qui doit l'orner. Ainsi se marque et se manifeste le passage obligé

du profane au Sacré, comme à la fin des Travaux, se marque, se manifeste le passage du sacré

au profane. Il s'agit bien de créer, de réaliser, un espace et un temps radicalement différents de

l'espace et du temps de notre vie quotidienne pour permettre à l'homme que nous sommes

d'accéder à la communication symbolique avec le divin, avec le sacré, et grâce à cette

communication, de permettre à son tour la communication et pourquoi pas, la communion

elle-même des hommes entre eux.

Le rite maçonnique permet de créer la loge, de la consacrer, de la faire exister, non seulement

comme lieu matériel, situé dans un espace et un temps donnés, mais comme lieu spirituel,

comme lieu de communion et de fraternité, comme lieu de communion fraternelle. C’est

certainement dans l’acte de la chaîne d’union que prend forme « l’Egrégore », cette entité

collective issue de notre relation inconsciente avec le sacré. Il y a par le Rite, une volonté

commune de transcender la forme du cérémonial pour libérer l’esprit dans « l’Unicité ».

Il permet ainsi à tout franc-maçon de mieux comprendre sa condition et de l'assumer. En ce

sens le Rite maçonnique complète ce que le processus initiatique et le symbolisme

maçonnique veulent exprimer et traduire. « Les Rites posent la transcendance du Sacré pour

préparer la sacralisation de la condition humaine » écrit Cazeneuve, j’ajouterais pour essayer

de la sauver, de la sauvegarder. En effet, peut-on sauver l'homme notre contemporain, sans

faire appel à ce qui le dépasse, sans faire appel au Sacré ? N'assistons-nous pas aujourd'hui à

une désacralisation de l'homme, à une sorte de profanation systématique ou insidieuse... et

l'homme lui-même n'en est-il pas la victime ?

Je citerais à ce propos un ancien Grand-Maître de la Grande Loge de France: Si l’homme du

XXe siècle veut se sauver du chaos matériel et spirituel qui le menace, il doit savoir retrouver

le caractère sacré de son être, pour reconquérir son existence. Le Rite maçonnique est une

invitation à cette reconnaissance et à cette reconquête de l’homme par lui-même et les Rituels

en usage dans toutes les Loges sont la traduction de cette invitation, de cette incitation, à la

Gloire du Grand Architecte de l’Univers.

Je conclurais en disant que le Rite sous quelque forme qu’il puisse se présenter, qu’il soit

sacralisé ou non, ne peut-être qu’un outil pour l’homme qui veut entreprendre le long et

difficile chemin de la perfection et qui cherche la Connaissance. En substance, cette queste

exotérique ou ésotérique qui pousse l’homme depuis l’origine de la pensée vers une

conscience plus universelle, n’a qu’un seul point de départ efficace : « Connais-toi toi-

même ».

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VADEMECUM DES

RITES MAÇONNIQUES

1. Les Grades Maçonniques.

2. Le Rite Écossais Ancien et Accepté.

3. Le Rite d'York (américain).

4. Le Rite Français.

5. Le Rite Émulation (anglais).

6. Le Rite Écossais Rectifié.

7. La "régularité" maçonnique.

1. Les Grades Maçonniques

La Franc-Maçonnerie, en tant qu'Ordre Initiatique, transmet son initiation en plusieurs fois. Elle

considère que la Vérité s'acquiert par un enseignement graduel. Ainsi, l'initiation maçonnique est

complètement achevée lorsque le Franc-Maçon atteint le troisième degré, celui de Maître Maçon. Qui

dit enseignement graduel, dit "grades". Ce vocable militaire est sans doute issu des Loges militaires,

fort nombreuses sous l'Ancien Régime et sous l'Empire. Le terme de "degré" me semble plus adapté.

Ainsi, il y a 3 degrés dans la Franc-Maçonnerie universelle et traditionnelle. Ils sont:

1.Apprenti Franc-Maçon

2.Compagnon Franc-Maçon

3.Maître Franc-Maçon

Dans tous les rites, dans tous les pays, ces trois grades existent avec les mêmes mots et signes de

reconnaissance. C'est ce qui fait son universalité. Ces trois degrés sont la base de la Franc-

Maçonnerie. Ils doivent être pratiqués au sein d'une même loge. Néanmoins, ceux ne sont pas les seuls

degrés, dans la Maçonnerie. Chaque système de rite en a rajouté d'autres. Par exemple, le Rite

Écossais Ancien et Accepté compte 33 degrés. Mais attention, les degrés qui vont du 4° au 33° sont

appelés "hauts grades"; les obédiences traditionnelles ne s'en occupent pas. Cela n'est pas de leurs

compétences. D'autre organismes (Suprêmes Conseils, etc...) les administrent.

Pour être membre de ces "hauts grades", il faut obligatoirement être membre d'une Loge dite "bleue".

La Loge bleue est la Loge telle qu'on l'entend, c'est à dire celle qui pratique les 3 premiers degrés et

qui appartient à une Grande Loge. Les "hauts grades" sont isolés des 3 premiers degrés. Ainsi, il

existe des Loges spéciales qui pratiquent des degrés du 4° au 14°, d'autres du 15° au 18°, etc, selon

une hiérarchie bien précise.

On peut considérer les "hauts grades" comme un approfondissement de la Maîtrise. Le degré ultime

reste le 3° degré. Les Anglais appellent le système des "hauts grades" la Side-Masonry : la

Maçonnerie d'à côté. Mais vous ne verrez jamais une Loge maçonnique pratiquer un rite du 1° au 18°

par exemple. Cette Loge ne pourrait être maçonnique car elle "briserait" l'initiation qui repose sur les

3 premiers degrés et la légende hiramique. L'initiation maçonnique n'est pas rapide en France. Un

Maçon va rester entre 1 et 3 ans Apprenti puis il sera proposé pour passer Compagnon. Alors, il

restera aussi entre 1 et 3 ans avant de passer Maître.

Dans d'autres pays comme les USA, un profane (un non-Maçon) peut devenir Maître en 3 mois. C'est

une pratique courante. Il n'existe théoriquement pas de "rythme" pour passer d'un degré à un autre,

néanmoins, une bonne connaissance du rituel, des rites, du symbolisme du rite pratiqué et de la Franc-

Maçonnerie me semble être un élément fondamental pour qui souhaite devenir Maître.

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2. Le Rite Écossais Ancien et Accepté

Le Rite Écossais Ancien et Accepté (dit REAA pour les intimes...) est très ancien; il aurait été créé

entre 1733 et 1735 en Angleterre. À cette époque, il y avait des Loges de "Scotch Masons" (Maçons

Écossais). On rencontre les premiers Maîtres Écossais à la Grande Loge en 1743 en France. Le rite à

évolué. Il a pris la forme que nous lui connaissons le 24 Juin 1801 à Charleston aux États-Unis. Il

compte 33 degrés dont voici la liste:

Loges Bleues Aréopages

1.Apprenti Maçon 19.Grand Pontife

2.Compagnon Maçon 20.Maître Ad Vitam

3.Maître Maçon 21.Chevalier Prussien

Loges de Perfections 22.Prince du Liban

4.Maître Secret 23.Chef du Tabernacle

5.Maître Parfait 24.Prince du Tabernacle

6.Secrétaire Intime 25.Chevalier du Serpent d'Airain

7.Prévôt et Juge 26.Prince de Mercy

8.Intendant des Bâtiments 27.Grand Commandeur du Temple

9.Maître Élu des Neuf 28.Chevalier du Soleil

10.Illustre Élu des Quinze 29.Grand Écossais de Saint-André d'Écosse

11.Sublime Chevalier Élu 30.Chevalier Kadosh

12.Grand Maître Architecte Tribunaux

13.Chevalier de Royal Arch 31.Grand Inspecteur Inquisiteur

14.Grand Élu de la Voûte Sacrée Consistoires

Chapitres 32.Sublime Prince du Royal Secret

15.Chevalier d'Orient ou de l'Épée Conseils Suprêmes

16.Prince de Jérusalem 33.Souverain Grand Inspecteur Général

17.Chevalier d'Orient et d'Occident

18.Souverain Prince Rose+Croix

Le Suprême Conseil est une assemblée présidée par un Grand Commandeur. Il compte entre 9 et 33

membres choisis parmi ceux qui possèdent le 33° degré.

3. Le Rite d'York

Le Rite d'York est aussi appelé Rite Américain. Il désigne le rite pratiqué aux États Unis au delà du

3°degré. Il comporte 14 degrés qui sont:

Loges Bleues Commanderies

1.Apprenti 11.Chevalier de la Croix Rouge

2.Compagnon Camps

3.Maître Maçon 12.Chevalier de Malte

Chapitres Grandes Commanderies

4.Maître de la Marque 13.Chevalier du Temple

5.Passé Maître Grands Camps

6.Trés Excellent Maître 14.Chevalier de la Croix Rouge de Constantin

7.Maçon de l'Arche Royale

Conseils

8.Maître Royal

9.Maître Select

10.Super Excellent Maître

Il est fréquent que les membres du Rite d'York appartiennent également au hauts grades du Rite

Écossais Ancien et Accepté. Ainsi aux USA, un Maçon aura de droit d'être Chevalier du Temple au

Rite d'York et Sublime Prince du Royal Secret (32°) au REAA.

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4. Le Rite Français Traditionnel

Le Rite Français Traditionnel possède 7 degrés. Il a été créé en 1786 par le Grand Chapitre Général. Il

s'articule autour de la symbolique de la Rose+Croix. Il est pratiqué actuellement au Grand Orient de

France. Attention cependant à ne pas le confondre avec le Rite Français moderne, dit aussi "Rite

Français de Groussier", qui est une variante très modifiée des 3 premiers degrés de ce rite.

Loges Bleues Second Ordre de Rose+Croix

1.Apprenti 5.Maître Écossais

2.Compagnon Troisième Ordre de Rose+Croix

3.Maître 6.Chevalier Rose+Croix

Premier Ordre de Rose+Croix Rose+Croix

4.Maître Élu 7.Souverain Prince Rose+Croix

5. Le Rite Émulation

Ce rite est celui qui est officiellement pratiqué par la Grande Loge Unie d'Angleterre. Il n'y a pas de

"hauts grades" souchés sur ce rite. Néanmoins, nombreux sont les Francs-Maçons de ce rite qui

appartiennent à un chapitre de Royal Arche. Les deux "rites" se complètent harmonieusement et

nombreux sont ceux qui croient que les degrés de l'Arche Royale sont les "hauts grades" du Rite

Émulation.

La différence fondamentale par rapport aux autres rites se situe essentiellement dans la référence à

Dieu en tenues. Devoir aux Maçons Réguliers de croire au Grand Architecte de l’Univers et en sa

volonté révélée. Ceci implique non seulement la présence du Volume de la Loi Sacrée, mais son

évocation et sa référence en tant que guide moral pour le Maçon Régulier. L’ouverture et la fermeture

des travaux et des agapes sont toujours accompagnées de prières ou bénédicités. Pendant les tenues,

les acclamations sont remplacées par des quantiques maçonniques. A la fin des tenues, il est rappelé

que tout Maçon doit profondément méditer sur le sens des Saintes Ecritures.

Point essentiel concernant les travaux, les planches symboliques ou maçonniques ne se font

pratiquement jamais en tenue régulière. Elles sont travaillées pendant les agapes. Toutefois, les

planches sont très souvent absentes des travaux, ceux-ci n’étant que de caractère ritualiste.

Néanmoins, le Rite Emulation est assez proche du Rite Ecossais. Les initiations ont les mêmes

caractères si ce n’est la présence du prie-dieu et d’un serment plus déiste. L’initié subit de plus

l’épreuve de la Charité et les exhortations rituelles quant à sa conduite morale où le seul guide

véritable et infaillible est l’observance du Volume de la Loi Sacrée.

Le rituel se base sur différents types de travaux :

Tenue régulière : Tous les pouvoirs se concentrent dans le Vénérable Maître où il est assisté

des officiers. Leurs nombres et offices sont légèrement différents. Le Passé Maître Immédiat

seconde le VM. L’Orateur n’a pas la fonction de gardien de la Loi Maçonnique, celle-ci

incombant au VM, il est substitué par l’Elémosinaire qui annonce les prières et recueille les

oboles. Deux experts assistent le Directeur des cérémonies qui est aussi le Député. Le 2éme

Expert ne travail qu’au 1er Degré tandis que le 1er Expert assume les autres, ils sont situés sur

la colonne du septentrion face au 2ème Surveillant. Ils ont en général une canne surmontée

d’une colombe tenant un rameau d’olivier. L’ouverture et la fermeture des travaux se font sans

batterie mais l’utilisation du maillet est toujours en succession du VMau Second

Surveillant. Il n’existe pas en principe de rituel écrit car tout ce fait en parfaite coordination de

manière orale. Ceci implique une parfaite instruction, constituant en principe des tenues à part

entière, le but étant l’Harmonie. Les colonnes J et B sont absentes à l’entrée du temple, elles se

retrouvent sur les plateaux des 1er et 2e Surveillant, surmontées de globes. Elles ne sont jamais

dressées simultanément. Au travail, celle du 1er est levée, au repos, c’est celle du Second qu’on

relève. Cela vient du fait, qu’à l’origine il n’y avait que deux grades, apprentis et compagnons.

Il faut noter que la position des surveillants est la même qu’au Rite Ecossais. Néanmoins, la

présence de la pierre cubique levée supportée par un trépied la « louve », marque ici une nette

différence au niveau symbolique. Il en existe d’autres, comme la présence de l’échelle de jacob

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sur le tableau de loge et la disposition des trois piliers surmontés de cierges. Ceux-ci se situant

à droite des plateaux des trois lumières de la loge. Autre différence symbolique, la présence de

marches aux plateaux des 3 lumières, trois au VM, deux au 1er et une au Second. Enfin, il

n’est pas pratiqué de chaîne d’union, ni d’accolade, le baisé fraternel est préservé plus en

France que dans les pays anglo-saxons où il n’entre qu’en cérémonies rituelles. Parfois

l’acclamation « faith, hope and charity » foi, espérance et charité est pratiquée mais dans des

circonstances bien précises. Elle est néanmoins remplacée par les Hymnes glorifiant Dieu.

Enfin le tutoiement n’est pas toléré pendant les travaux.

Agapes après la tenue : très importantes car elles complètent les travaux. Elles sont ritualisées

avec des santés et des prières. Parfois, on y travaille et on y débat, de plus elles sont

formellement obligatoires.

Tenue d’instruction: précède généralement la tenue régulière, visant à une coordination parfaite

du rituel ainsi qu’à la connaissance symbolique.

Autre point important, dont je ne peux entièrement révéler la teneur, est l’évolution symbolique des

initiations jusqu’à la Maîtrise. Celle-ci, se situe au niveau symbolique du 9ème degré symbolique de

l’Ecossisme.

Ainsi, le Rite Émulation ne concerne que les 3

premiers grades:

Le Rite de l'Arche Royale concerne:

Les Loges Bleues Les Chapitres de l'Arche Royale

1.Apprenti 4.Maçon de la Marque

2.Compagnon 5.Passé Maître

3.Maître 6.Trés Excellent Maître

7.Sainte Arche Royale

6. Le Rite Écossais Rectifié

Le Rite Écossais Rectifié est une rite très inspiré de la chevalerie templière. Il est né en 1778 à Lyon

en France. On trouve à son origine le rite Allemand dit de la "Stricte Observance Templière". Ce rite

est surtout pratiqué en France par la Grande Loge Traditionnelle et Symbolique Opéra. Il est

également le rite "originel" de la Grande Loge Nationale Française, rite alors refusé par le Grand

Orient de France.

Voici ses degrés:

Loges Bleues Ordre Intérieur

1.Apprenti 5.Écuyer Novice

2.Compagnon 6.Chevalier Bienfaisant de la Cité Sainte

3.Maître Maçon

Degrés non pratiqués:

Quatrième degré symbolique: 7.Profès

4.Maître Écossais de Saint André 8.Grand Profès

Le Rite Écossais Rectifié est très chevaleresque. Il extrait de la Franc-Maçonnerie son essence

Templière.

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La Régularité Maçonnique

Qu'est-ce que la "régularité" maçonnique ? En voici un aperçu d'après le Masonic Information Series,

Maçonnerie Régulière et Clandestine :

Frères, vous êtes avisés de ne pas visiter de Loges clandestines ni d'accueillir en Loge des Maçons

clandestins; si vous avez un doute, parlez-en à votre Vénérable Maître. Comme nouveau Maître

Maçon, nous n'oublierons jamais cette injonction de notre Vénérable Maître. Comme Maître Maçon,

nous pourrions définir les différences entre les Maçons réguliers et clandestins.

Voici pour commencer les sanctions maçonniques qui sont définies dans l'article XVI des

constitutions maçonniques de la Grande Loge AF&AM:

Section 20. Aucun Maître Maçon ne doit entretenir de relations maçonniques avec une Loge

clandestine ou illégale ni communiquer maçonniquement avec un Maçon clandestin.

Section 21. Tous les Maçons de la juridiction peuvent être réprimandés, suspendus ou exclus pour

toute violation des Anciens Landmarks, des Constitutions, Règlements, Édits, Ordonnances et des

Règlements Généraux de la Grande Loge et des autres Lois Maçonniques.

Qu'est-ce qu'un Maçon clandestin ?

Un membre d'une soi-disant organisation maçonnique qui n'entretient pas de relations avec la Franc-

Maçonnerie. Un exemple est un membre d'une des nombreuses Triades chinoises, des Carbonari etc...

Une autre description simple pourrait être un membre d'une organisation maçonnique qui ne possède

pas nos trois degrés, ni en particulier l'exaltation de la personnalité d'Hiram. Les Maçons réguliers ne

devraient jamais considérer ces membres comme Frères.(Haffner, Regularity of Origin, p. 119). Dans

la terminologie maçonnique, "clandestin" est un vieux terme qui a été retiré de notre rituel de tradition

orale. Ce rituel a été standardisé lors de l'union des deux Grandes Loges Anglaises des "Ancients" et

des "Moderns" en 1813.(Henderson, Masonic World Guide, p. 35) D'après RW Christopher Haffner,

Passé Député Grand Maître pour Hong Kong et l'Extrême Orient, Grande Loge Unie d'Angleterre,

Passé Maître de la première Loge de recherches, Quatuor Coronati Lodge No. 2076, Londres et auteur

de Regularity of Origin, nous trouvons le passage suivant: La Grande Loge Unie d'Angleterre ne

semble pas tenir compte des différences; elle reconnaît une Grande Loge dans sa totalité ou pas du

tout....(Haffner, Regularity, p. 8)

Qu'est-ce que la Reconnaissance ?

Lorsqu'une Grande Loge en reconnaît une autre, elle reconnaît sa régularité maçonnique, son autorité

et son intégrité territoriale. Une telle reconnaissance, dans la mesure oú elle est effectuée, doit être

mutuelle. Quand une telle reconnaissance est finalement accordée par une Grande Loge plus ancienne

(c'est généralement une jeune Grande Loge qui demande à être reconnue), les deux Grandes Loges se

disent être "en amitié" ou en "relations fraternelles". Le processus durant lequel une Grande Loge en

reconnaît une autre est quelquefois précédé d'une reconnaissance de ses différences (dans les rituels,

l'organisation...) si le besoin s'en fait sentir. La méthode la plus usitée pour conférer la régularité à une

Grande Loge non reconnue consiste à soumettre sa candidature au suffrage d'autres Grandes Loges

déjà reconnues.(Henderson, op cit. p. 15)

Comment une Grande Loge devient-elle régulière ?

Chaque Grande Loge se considère légitimement comme régulière. C'est une condition nécessaire à sa

survie, même si cette croyance que chaque Grande Loge possède n'est pas toujours étendue aux

autres. Chaque Grande Loge a défini ses propres critères de reconnaissance. Ces critères sont les

mêmes pour toutes les Grandes Loges régulières qui se reconnaissent entre elles. La Grande Loge

Unie d'Angleterre a adopté les critères suivants de reconnaissance d'une Grande Loge le 4 Septembre

1929 (Haffner, op cit., p. 3).

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Critères de base pour la reconnaissance d'une Grande Loge. :

I. Régularité des origines; i.e. Chaque Grande Loge doit avoir été dûment et régulièrement

constituée par une Grande Loge reconnue ou par au moins trois Loges régulières.

II. La croyance au G.A.D.L.U. et en sa révélation doivent être une caractéristique essentielle

pour ses membres.

III. Tous les Initiés doivent prendre leurs obligations sur le Volume de la Loi Sacrée ouvert et

bien en vue, qui signifie que la révélation contraint la conscience de l'individu qui est initié.

IV. Tous les membres de la Grande Loge et de ses Loges doivent être composées exclusivement

d'hommes et aucune Grande Loge ne doit entretenir des relation maçonniques avec des Loges

mixtes ou des organisations acceptant les femmes.

V. La Grande Loge doit être souveraine sur toutes les Loges de sa juridiction. i.e. Elle doit être

responsable, indépendante et autonome dans son gouvernement. Elle doit avoir une autorité

incontestée sur les travaux des degrés symboliques (Apprenti, Compagnon et Maître Franc-Maçon)

de sa juridiction. Elle ne doit en aucun cas être divisée ou partager son autorité avec un Suprême

Conseil ou toute autre puissance demandant quelque contrôle ou supervision de ces degrés.

VI. Les Trois Grandes Lumières de la Franc-Maçonnerie nommément le Volume de la Loi

Sacrée, l'Équerre et le Compas doivent toujours être exhibées lorsque la Grande Loge ou ses Loges

travaillent, le principal étant le Volume de la Loi Sacrée.

VII. Toute discussion touchant la Politique ou la Religion sont strictement interdites en Loge.

VIII. Les Principes des Anciens Landmarks, coutumes et usages du Travail en Loge doivent être

strictement observés.

C'est sur ces principes de base qu'une Grande Loge détermine la régularité d'une autre Grande Loge.

Les Grandes Loges qui suivent ces principes peuvent être certaines d'être reconnues comme

régulières, les autres ne seront pas reconnues comme telles. En fait, l'histoire maçonnique nous a

donné un exemple:

Comment et pourquoi la Grande Loge Unie d'Angleterre a cessé de reconnaître le Grand Orient de

France comme Grande Loge régulière ?

Chaque Loge régulière doit posséder la Bible, l'Équerre et le Compas.

Durant le mois de Mars 1874, la Grande Loge Unie d'Angleterre a adoptée trois résolutions

condamnant le Grand Orient de France:

1ère Résolution : Que cette Grande Loge constate avec un profond regret que le chemin emprunté par

le Grand Orient de France en supprimant de ses constitutions la croyance au G.A.D.L.U. est opposé

aux traditions, pratiques et habitudes de tous les Francs-Maçons.

2ème Résolution : Que cette Grande Loge est toujours soucieuse de recevoir dans un esprit fraternel

les Frères des Grandes Loges voisines qui sont en accord avec les Anciens Landmarks de l'Ordre, dont

la croyance au G.A.D.L.U. est le premier et le plus important des Landmarks, et qui ne peuvent

reconnaître comme réguliers les Frères qui ont été initiés dans des Loges qui ignorent ou rejettent

cette croyance.

3ème Résolution : Que compte tenu des résolutions précédentes, les Vénérables Maîtres de toutes les

Loges de la Grande Loge Unie d'Angleterre ne doivent pas admettre de Frères Étrangers comme

visiteurs sans que :

1) il ait montré un certificat prouvant qu'il a été initié conformément aux anciens Rites et aux

Cérémonies dans une Loge professant la Croyance au G.A.D.L.U. et,

2) il déclare lui-même reconnaître cette croyance comme un Landmark essentiel de l'Ordre.

RW Christopher Haffner, Passé Député Grand Maître, Grande Loge Unie d'Angleterre a remarqué

dans un ouvrage maçonnique intitulé Freemasonry In Shanghai and Northern China par les Frères

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Grafton et Ivy qu'une interprétation des résolutions précédentes pouvait être évidente qu'aucun Frère

montrant un certificat du Grand Orient datant d'après 1878 ne peut être admis dans une Loge

travaillant sous la Constitution Anglaise sans qu'il n'ait déclaré sa fidélité aux anciens Rites et

anciennes Cérémonies tels qu'ils sont pratiqués selon cette Constitution.(Ibid. p. 9).

À cause de cette décision critique et décisive adoptée par les membres du Grand Orient de France en

1877, leur prétention à être des membres réguliers de la Fraternité Maçonnique Universelle était

irrémédiablement perdue. Peu après sa rupture d'avec la Grande Loge Unie d'Angleterre, la plupart

des Grandes Loges régulières suivirent l'exemple anglais. Prés de 84 ans plus tard, en 1972, la Grande

Loge Unie d'Angleterre a reconnu le Grand Orient d'Italie comme s'être conformé aux principes de

reconnaissance de toutes les Grandes Loges régulières du monde.

Il convient de constater l'influence de la Grande Loge Unie d'Angleterre dans l'attribution de la

reconnaissance d'une Grande Loge. Néanmoins, il existe des Grandes Loges parfaitement régulières

de par le monde et qui ne sont pas reconnues pour autant...

JFLM 5998.

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33

LE POSSIBLE ROLE DE LA FM

DANS LA PERFECTION DE L’HUMANITE.

Au travers de cette présentation du rite maçonnique, nous devons comprendre que la

loge représente le point central de notre observation. La Loge maçonnique est souvent décrite

au niveau symbolique comme un œuf. C’est certainement, parce qu’elle induit la gestation

d’idées devant prendre corps dans la réflexion. Cette réflexion est elle-même prolongée dans

l’action par l’ensemble des maçons à l’extérieur.

On peut alors s’interroger sur ce processus de fécondation d’idées et d’actions en

revenant au concept de l’œuf et de la poule. Il ne s’agit pas de déterminer où cela commence

et où cela fini mais ce qui pousse la nature humaine à créer cette dynamique pour concevoir

une évolution significative de son humanité.

Considérons d’abord l’homme comme principal composant de cette humanité :

Mammifère, homo érectus, homo sapiens, il représente le maillon le plus évolué de la création

terrestre. Cet élément central de l’humanité se distingue par une fonction singulière, celle de

concevoir le temps, l’espace et la matière.

Le temps : Intrinsèquement notre « sapiens » peut mesurer le temps sur l’échelle de sa

vie et celle de ses actes.

L’espace : Il investit l’espace pour affirmer sa suprématie sur mère nature. Il bâtit des

structures sociales, il organise des systèmes, il les détruit pour exorciser sa peur de

l’inconnu.

La matière : De sa rencontre avec la tutelle nourricière de sa génitrice, il conçoit la

matière comme l’élément primordial de sa sécurité individuelle. Il la thésaurise pour en

faire une arme de pouvoir et de reconnaissance sociale.

Ces trois composantes de l’humanité constituent les particularités de l’archétype humain

et trouvent leurs analogies dans les trois dimensions individuelles : « Être, faire et avoir ».

A ce stade, nous pouvons considérer que le développement de l’humanité se fait par

l’une ou l’autre de ces composantes mais rarement dans l’ordre et l’unité de ces trois valeurs.

Hors, il s’avère que depuis l’aube de l’humanité, certains individus ont considéré que la

véritable évolution de l’homme résidait dans cette unité. Cette découverte initiatique a

constitué dès lors le secret de l’accomplissement humain.

Il se trouve que l’émergence de ce concept d’unité, c’est établi au sein de notre boîte

crânienne par l’entremise de nos trois cerveaux : Rachidien, thalamique et cortexien. Ces trois

éléments concomitants de la pensée humaine ont contribué à l’émergence d’une faculté

étonnante de l’esprit humain : la conscience.

Cette « conscience » au stade subjectif que l’on nomme la « morale », représente le pire

tourment de l’espèce humaine tout en s’avérant être le reflet de notre pensée dualiste. Elle agit

de façon séquentielle cherchant obstinément à combler le vide intérieur de nos réflexions.

Hors, c’est justement par l’entremise de ce vide que se constitue l’unité de l’homme universel

: la conscience objective du « tout » où nous ne sommes alors que l’objet d’une dimension

supérieure qui nous englobe.

Qu’adviendra-t-il de notre humanité le jour où elle accédera à l’unité et la concorde

universelle par la conscience du tout ? Entre nous, sans concevoir qu’elle le peut, pouvons-

nous poser la véritable question : Le veut-elle ?

JFLM 5994.

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34

LA TRADITION FACE A LA MODERNITE.

Face à ce vaste sujet, je me limiterais à définir les sources hébraïques de notre tradition

occidentale. Dans le contexte primitif des civilisations anciennes, la modernité fut

l’introduction en étapes successives d’une ouverture vers la conscience individuelle et le libre

arbitre. Nous verrons tour à tour comment cette nouvelle vision de l’homme se structura et

comment elle influence aujourd’hui notre pensée.

Le mot « tradition » ( en latin traditio, « acte de transmettre ») vient du verbe tradere,

« faire passer à un autre, livrer, remettre ».

Il signifie avant tout, l’ensemble des sources religieuses transmisent sous formes de

récits, paraboles, commentaires. La tradition hébraïque est constituée d’ouvrages connus sous

le nom de Pentateuque, Mishna, Ghemara, Bible, le plus important étant le « Sepher Thora »

où Loi de Moïse ( sepher voulant dire livre en hébreu ). Cette forme de transmission ne

concerne pas seulement la judéo-chrétientée mais dans l’ensemble tout courant mystique ou

religieux, je ne prendrais pour exemple que les « Upanishades » dans l’Hindouisme.

Il y a donc dans ce concept, une idée de transmission fondée sur un héritage religieux

ou culturel impliquant deux parties, le dépositaire de la Tradition et le récipiendaire recevant

sous instruction ou initiation, l’ensemble ou l’essence de cet héritage.

Au commencement de toute civilisation, les peuples primitifs ont constitué une genèse

de leur tradition. Celle-ci s’est principalement fondée sur une création du monde représentée

par une cosmogonie issue des éléments primordiaux de l’environnement directe comme l’eau,

le feu, le vent, la voûte céleste, etc. Ceci eut pour effet de positionner l’homme entre le ciel et

la terre en tentant dans un premier temps de codifier l’inaccessible et l’inexplicable. L’être

humain prenant alors conscience de la place centrale qu’il occupe, il en codifia les limites

nécessaires à l’établissement d’un sentiment de sécurité et de pouvoir. Le reste étant mystifié,

il put alors refouler son sentiment de peur en le transcendant dans un « perpetueum mobile »,

sa recherche d’absolu, dynamique de son évolution.

Notre civilisation n’échappe pas non plus à cette règle. Le premier de nos livres est le

Sepher Yetzira où livre de la Genèse. Le créateur nous offre alors tous les éléments de notre

monde terrestre. L’intérêt de ce livre est qu’il nous renseigne en utilisant l’alphabet hébraïque

sous une forme ésotérique sur la constitution des énergies de notre environnement. Il en

instaure une hiérarchie précise par la répartition de 3 groupes de lettres qui serviront à définir

les trois forces constituant notre univers. Cette représentation primitive du ternaire, le positif,

le négatif et la force reliante constitua le fondement de notre tradition.

Néanmoins, les peuples antiques n’intégrèrent pas cette dimension globale. Leur

cosmogonie était essentiellement binaire basée sur une idée du bien et du mal. Leur monde

ainsi séparé, chaque partie étaient régentée par une représentation déiste. Durant une longue

période, un paganisme débridé mêlant idoles protectrices et divinités malicieuses régna sur la

gent humaine. L’homme se trouvait au centre de ces luttes intestines dont il était l’enjeu

principal. Cet état d’esprit manichéiste était savamment orchestré par des prêtres, prêtresses,

gurus, chamans et autres mages pourvoyeurs de médecines, amulettes, pentacles et grigris en

tout genre. Ceux-ci formaient une caste prospère, détenteurs de secrets et rituels complexes

dont la plupart était initiés des leurs plus jeunes âges dans des écoles détentrices de la

Tradition propre à leurs cultures. Dans ce contexte et sur un fond de commerce florissant, nos

chers peuples s’échangeaient ou intégraient volontiers toutes idoles, sans distinctions de races

ni de couleurs, pour peu que celles-ci fussent efficaces dans la prospérité des cités.

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Au centre de cette dualité, l’idée d’un père créateur jouant un rôle médiateur apparut

furtivement dans l’esprit de l’homme. L’émergence d’une force suprême introduisait le

principe du ternaire. Symboliquement, cette théorie était nouvelle bien que déjà énoncée par

des visionnaires comme Zorohastre, Abraham, Ankhénaton et autres. En quelques millénaires,

cette codification évolua par le truchement de multiples échanges, vers un concept unique et

fort novateur en son temps: « Dieu est Un ».

La modernité procéda alors de la révélation Monothéiste par le lien indéfectible

qu’établit « le Dieu Unique et Indivisible » avec son peuple en édifiant une Loi codifiant

l’attitude de l’homme envers son créateur. Cette loi écrite, le Décalogue reçu par Moïse sur le

Mont Sinaï, comporte 613 commandements auxquels l’homme est soumis. La tradition

chrétienne n’en gardera que dix.

C’est à ce point de l’histoire que nous entrons dans l’ère moderne, celle de l’élévation

de l’homme vers un concept supérieure. La conscience de l’homme ainsi éveillée pouvait

alors se diriger sur l’axe vertical, séparant l’esprit de sa matrice originelle dans une

transmutation chère aux alchimistes: « Solve, Coagula ». Le scénario se répétera alors sur

cette base mais avec des acteurs différents; qui de la vision, l’illumination, la révélation et la

transfiguration établiront de nouvelles dimensions entre l’homme et l’absolu. Chaque

prophète repoussant alors les limites de la conscience et faisant école, établira les bases d’un

nouveau « Corpus » s’intégrant et prolongeant la Tradition.

Comme nous pouvons déjà le constater, la Tradition engendre cycliquement la

Modernité car il y a dans l’homme la nécessité impérative de percer le « Mystère originel »,

celui-ci représente un vide conséquent dans la filiation avec son géniteur. L’être humain ne

souffrant pas l’idée d’un « Père pourquoi m’avez-vous abandonné? », il ne supporte dans sa

nature profonde, ni le vide ni le Chaos !...

A ce stade, la tradition se composait d’une forme écrite la Thora et d’une forme

transmise oralement. Il s’avérât après plus de mille huit cents ans depuis l’avènement des

commandements que la forme orale de la loi subissait les transmutations inhérentes à

l’histoire du peuple élu. L’araméen s’étant substitué progressivement à l’hébreu, les docteurs

de la Loi entreprirent de buriner la Loi orale. Le but était double, lui assurer une pérennité en

lui permettant d’évoluer au grès des circonstances et des transformations de la société

hébraïque. Le coeur de cette Loi pris le nom de Mishna. Autour se greffa un certain nombre de

commentaires défini sous le nom de Ghémara. C’est peut-être ici que se situe la clé de

l’évolution de la tradition hébraïque face au contexte historique. En permettant à des

générations d’éminents rabbins d’apposer leurs réflexions et commentaires à l’essence même

de la loi, le peuple juif à pu évoluer et préserver son identité et sa mission: être le gardien de la

tradition.

L’ensemble des bases modernes de notre Tradition ayant été défini au niveau

Exotérique, il apparut vite aux gardiens de la Tradition qu’expliquer « que ce qui est en bas est

comme ce qui est en haut », c’était considérer qu’un mystère en cache un autre. C’est au

travers des écoles rabbiniques qu’apparurent les premières codifications ésotériques de la

tradition. Ces écoles ou « Yashivotes » servirent à former tout une intelligentsia au concept

supérieur de relation étroite entre la nature divine et la nature humaine de l’homme. La

fameuse école de Cordoue, dans les lumières de la période Andalouse de la conquête arabe,

nous gratifia d’ouvrages précieux tel que le Zohar. La Kabbale Mystique naissait et s’élaborait

préservant par sa densité et sa profondeur, l’essence même du créateur.

L’intérêt de la Kabbale est sa représentation cosmogonique symbolisée par un arbre

supportant des sphères, les « sephirotes » qui représentent les multiples formes de nos

structures humaines. Cet arbre comporte un tronc central prenant ses racines sur la sphère

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terrestre et culminant jusqu’à la sphère « Kéter, la couronne » symbolisant la source créatrice

de toutes choses. De chaque côté de cet axe induisant l’équilibre par une énergie neutre, sont

disposées les deux colonnes J et B, les branches latérales exprimant les forces actives et

passives.

Le but de l’étude de la kabbale est de permettre au chercheur formé à la tradition et

justifiant de la maturité nécessaire de saisir l’éclair flamboyant émanant de la cime de cet

arbre pour gravir sans se perdre les chemins qui lui permettront une transmutation du

sentiment humain de la nature divine pour accéder à la connaissance et perdre l’illusion de son

importance en contemplant la source de la conscience objective.

L’homme, s’étant soumis à la Tradition peut à ce stade espérer se soustraire à

l’attraction de sa nature purement humaine, il peut relier le temps à l’intemporelle en sachant

que chaque jour ne suffira pas à terminer son ouvrage mais à consolider son édifice. De cette

initiation graduelle que représente la vie, nous pouvons considérer à chaque étape qu’en

possédant de nouveaux outils ou une vision plus claire du travail restant à accomplir dans un

monde en perpétuel changement, que la Modernité ne signifie pas évolution. En effet depuis

l’avènement de l’ère industrielle et technologique, nous avons assimilé progrès et modernité à

l’évolution de la nature humaine. Or, que pouvons-nous constater depuis plus d’un siècle et

demi, notre connaissance des lois régissant notre monde s’est étendu au fond des galaxies

jusqu’à la physique quantique. Notre culture à pris des formes encyclopédiques, notre savoir a

investi notre personne aux confins de notre subconscient dans la psychanalyse des

profondeurs. Sous cette formidable pression, nos structures collectives, familiales et sociales

ont explosé et l’homme au milieu de cette mutation a implosé au point de rupture avec la

tradition. Il a perdu les marques et les repères qui lui permettaient de donner un sens profond à

sa vie. Tel les peuples primitifs nous nous retrouvons sur l’axe binaire horizontal. Pour les uns

c’est la fuite en avant par la sécurisation des valeurs matérielles et du pouvoir, pour les autres

c’est le repli sur les valeurs traditionalistes traduisant la peur de l’intégration à ce nouveau

mode de vie. L’émergence des intégrismes de tous poils, nationalismes et extrémismes

traduisent l’incapacité de l’homme à se transmuter dans une conscience collective et

universelle, ce qui fut le dessein initial de notre tradition.

Aussi, face aux profonds bouleversements de notre civilisation, ne sommes nous pas

les gardiens de la Tradition Ésotérique. Nos sources sont multiples mais elles procèdent toutes

d’une seule, Universelle reconnue par tout être doué de conscience et de raison. Nous sommes

tous, soucieux du devenir de l’homme, de son élévation. Mais je voudrais vous dire mes

frères, qu’il serait arrogant de penser que dans ce combat, la détention de mystères nous mette

du côté des vainqueurs. Car dans le formidable processus de progrès que constitue le XXème

siècle avec toute la modernité qu’il inclut, nous ne construisons que peu de choses mais nous

maintenons notre édifice en tentant de le protéger de la corrosion du dehors. La tâche est

ingrate mais en sachant que nous serons souvent du côté des perdants, peut-être touchera-t-elle

au sublime.

J’ai dit.

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LES FRANCS-MAÇONS SONT-ILS DES FOUS ?

Vénérable Maître et vous tous mes frères en vos grades et qualités, je ne traiterais pas

ici l’aspect pathologique de la folie qui peut toucher le tout à chacun mais plutôt sa

signification symbolique ou philosophique. Je ne m’en tiendrais qu’aux sources de la

Tradition occidentale et à la vision qu’elle me procure. Je vous avoue dès maintenant qu’il

m’est impossible de répondre à cette question avec certitude aussi vous livrerais-je le fruit de

mon approche sous forme d’interrogations que nous pourrons débattre ensemble.

Comportement, raison, sagesse, normalité, marginalité, bonheur et transcendance,

apparence et objectivité, idéal et vérité, absolu et relativité sont autant de mots clés qui m’ont

servi à approcher en étapes successives le concept de folie dans le contexte que peut

représenter la franc-maçonnerie.

Premièrement, qu’est-ce que le fou ou que représente-t-il? Un être humain normal

considère un autre être humain comme fou quand celui-ci n’est pas doué de raisonnement

normal ou bien que ses actes engendrent un comportement anormal. Ceci induit la notion

d’être dans la norme ou hors de cette norme. Au niveau comportemental, c’est le groupe ou le

plus grand nombre qui impose l’idée de normalité. A cela s’opposent des individus ne

répondant pas aux critères de normalité à des degrés divers. Le groupe établit les fondements

de sa normalité sur un certain nombre de règles et de croyances. La loi, la religion et la morale

font parties de ces règles collectives qui, quand elles sont transgressées peuvent amener un

individu ou une partie du groupe à être considéré comme hors norme. Et bien qu’étant hors

norme cet individu ou ce groupe peuvent établir les règles de leur normalité.

Les fondements de la franc-maçonnerie s’inspirent d’un enseignement philosophique

qui est hors norme car elle s’oppose à une tradition religieuse Exotérique. Exotérique veut dire

que la révélation de cette tradition peut être comprise et accessible par tous. Or

l’enseignement franc-maçonnique repose sur l’Ésotérisme, c’est à dire une connaissance qui

ne se transmet seulement qu’à des adeptes qualifiés et initiés aux mystères de cette doctrine.

Une partie de ces mystères repose sur la Gnose, c’est à dire une philosophie selon laquelle il

est permis de connaître l’origine universelle divine des choses. ( Dixi le Dico). C’est le

« Gnôthi seauton », « Connais-toi toi-même » inscrit au fronton du temple de Delphes et que

Socrate avait choisie pour devise.

Pourquoi donc depuis plusieurs millénaires, un enseignement ayant la même

orientation, s’ouvrir à la connaissance divine, a-t-il été scindé en deux voies distinctes: Une

révélée et une autre occultée?

La première, exotérique, nous demande d’accepter les choses comme elles sont

exprimées, de les vivre et les admettre comme une réalité sans chercher à les expliquer. La

seconde, Ésotérique exige une recherche de la vérité, sa compréhension et une préparation

graduelle à l’intégration de cette connaissance qui doit passer par nous-même. C’est

l’initiation. A ce stade, je me réfère à la Kabbale où l’on dit qu’un homme ne peut entrer avant

quarante ans dans les voies de l’arbre des Séphirotes sous peine de se perdre et de devenir fou.

En effet comment ne pas se perdre sur ce chemin de la connaissance quand nous devons nous

interroger sur notre place au sein même de l’univers. Nous voici donc face à deux écoles qui

se sont toujours plus ou moins affrontées dans la détention d’une vérité. C’est la nature même

de cette vérité qui nous intéresse ici.

Si l’on considère le point de vue de la normalité, l’adepte s’exprimant au nom de la

tradition ésotérique serait-il considéré comme fou? Je ne le pense pas mais je crois plutôt qu’il

ne sera pas ou mal compris. Les bases de son raisonnement se situent hors de la normalité

collective.

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Tout principe appelant son contraire, comment ne pourrions-nous pas écarter l’idée de

folie quand nous devrions parler de sagesse ou de raison. La sagesse est le principe

fondamental des écoles ésotériques et en cela elle prévaut sur toute idée de vérité absolue, car

elle place l’homme au centre des éléments. Il y a dans ce principe la nécessaire conciliation de

la folie et de la raison.

Pour illustrer ce travail, je suis revenu aux sources de notre tradition maçonnique en

poussant de nouveau la porte du temple. J’ai puisé quelques paroles de son commanditaire, en

la personne du roi Salomon, le Kohélet qui écrivit “ Vanité des vanités, tout est vanité ”. Que

nous dit-il ?

“ Je me pris alors à étudier quelle différence il peut y avoir entre

la sagesse d’une part, la folie et la sottise de l’autre.

Je crûs d’abord que la supériorité de la sagesse sur la sottise

est comme la supériorité de la lumière sur les ténèbres ”.

Salomon oppose ici deux principes, sagesse et folie, raison et sottise. Il les combine en

deux forces indissociables, ce qu’un autre penseur, Erasme traduira quelques siècles plus tard

dans son éloge de la folie. A l’inverse de Salomon qui nous livre ici sa vision exotérique,

j’oppose la sagesse à la sottise et la folie à la raison car la raison ne peut exister que parce que

la folie est son contraire. Cela induit nécessairement chez l’individu l’idée d’un tout.

Notre représentation maçonnique du tout est symbolisée par le Temple où nous

trouvons le soleil et la lune. Le Soleil, astre central, principe actif de notre volonté, est

dispensateur de la lumière de notre raison. La Lune symbolise la part émotionnelle et sensible

de notre appréhension de la réalité. La lune agit comme un miroir concave ou convexe dans le

reflet de notre vision. C’est elle qui nous conduit hors des normes de la raison sur les sentiers

de l’inspiration et de l’imaginaire. Ces principes Soli-Lunaires s’opposent, se combinent et se

complètent en tout individu pour créer un équilibre. Ils sont les fondements de la Sagesse.

Voici, une autre sentence de Salomon : “ Le sage a des yeux dans la tête, et le fou

marche dans la nuit ”.

Or que nous dit-on lors du processus de notre première initiation, que nous sommes

dans les ténèbres et que nous devons frapper à la porte du Temple pour espérer recouvrir la

lumière. Néanmoins, ne serait-ce pas cette infime étincelle de folie qui nous conduit à la porte

du temple ? Cette porte symbolise aussi le passage d’un monde à un autre. Qu’est-ce qui à

amener l’individu à quitter la norme d’un groupe pour entreprendre une aventure où tout lui

est caché? A-t-il tourné ses yeux dans sa tête pour examiner que le monde profane ne lui

offrait nulles possibilités de réponses? De cette insatisfaction, l’homme accepte de transcender

cette folie pour accomplir son chemin initiatique. Ses yeux devront s’accoutumer

progressivement à la lumière de la sagesse, car cette lumière éclaire l’apparence des choses.

Une révélation trop brutale placerait l’initié dans un intermonde où se juxtaposerait deux

réalités.

“ Si la destinée qui m’attend est la même que celle du fou, que me

sert alors d’avoir travaillé sans relâche à augmenter ma sagesse ? ”

Cette interrogation je la partage avec Salomon. A quoi cela me servirait d’accomplir

ma tâche si au bout de ce chemin je ne trouvais que la mort et l’évanouissement de toutes

choses. Ce que je cherche secrètement, c’est le prolongement de la vie au-delà de l’apparence

de la mort. C’est ma quête vers la plénitude. Communément, cette tâche représente

symboliquement chez tout individu un travail à accomplir en vu d’atteindre le « bonheur ».

Dans la normalité, cette conception du bonheur répond à une aspiration au confort, à la

sécurité et à la réussite sociale et matérielle.

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Arrêtons-nous un instant pour étudier ce principe.

Cette recherche du « bonheur » se situe à l’intersection de deux plans. Le premier plan

représente l’axe matériel ou l’individu se définit dans la norme sociale. Son évolution sur cet

axe horizontal peut-être reconnue par tous car elle est matériellement visible. L’autre plan

induit un axe vertical symbolisant notre aspiration spirituelle à nous élever au-dessus du

monde visible et à en dépasser les apparences et les normes. Il y a recherche d’une vérité car

c’est bien à cela que l’initié aspire. A ce stade, nous rencontrons souvent le doute car l’homme

cherche de nouveaux repères et à besoin de réponses à sa quête.

Voici quelques interrogations symboliques traduisant ce parcours que nous effectuons

dans la carrière du jour :

Où dois-je porter mon regard à l’intérieur de l’édifice pour continuer mon chemin? Sur

les trois colonnes centrales? Mais comment pourrais-je édifier une structure sur ses trois

points sans que celle-ci s’effondre ? Existe-t-il une quatrième colonne? Au stade de mes

connaissances, mon regard ne me permet pas encore d’en distinguer l’éventuelle nature. A

moins que cela ne soit cette porte par laquelle je suis entrée entre les deux colonnes

symbolisant les limites entre lesquelles se meut l’esprit humain. Cela ne me semble pas

raisonnable non plus, car je devrais en la franchissant de nouveau me retrouver dans les

ténèbres. A ce point de mon observation, je dois m’arrêter pour observer cette étoile

flamboyante qui luit quand l’astre solaire disparaît dans les feux du couchant en attendant

l’apparition de la lune. Devrais-je considérer ce court laps de temps comme un espoir de relier

ces deux symboles composant la nature humaine ?

Hormis le lyrisme de mes interrogations, l’initié n’a fait que parcourir la surface de

l’édifice en recueillant ses outils. En se plaçant au centre des éléments, le compagnon ne peut

que diriger son regard vers la voûte étoilée en direction de l’étoile polaire et s’élever sur cet

axe vertical que représente la rectitude. Géométriquement, elle représente la mesure que nous

affectons à la hauteur d’une surface pour former un volume ou une forme.

Marquons une pause en revenant ici au « Connais-toi toi-même » où il est dit : nul

n’entre ici s’il ne comprend la Géométrie, nul n’entre ici s’il n’est que Géomètre. La

géométrie se fonde sur un système de mesure, or ce système est inhérent à un autre : la

Géodésie.

Pour positionner un plan dans l’espace terrestre, il faut une unité de référence. Celle-ci

est calculée par rapport au pôle céleste déterminé par l’étoile polaire, ce qui induit un équateur

céleste appelé écliptique. C’est sur cet écliptique qu’est calculée la position des planètes et des

étoiles. Dès lors, si nous voulons connaître la position exacte d’un volume sur la terre, on

projettera à partir de celui-ci une perpendiculaire appelée Ascension droite sur le méridien

céleste passant au-dessus de cet édifice. C’est la triangulation effectuée par l’instrument de

mesure: le Théodolite utilisant règle, compas , équerre et niveau.

On peut comprendre ici l’importance du passage de la perpendiculaire au niveau. La

rectitude se fondant sur une unité de mesure fondamentale, il est important pour l’initié

d’appliquer un système de proportion constant. La difficulté réside alors dans la définition de

cette unité mesure et la constance de son application. Cette dynamique représente notre tâche

et notre quête par l’arrêt de l’oscillation pendulaire du fil à plomb de notre niveau en

équilibrant les axes spirituels et matériels. C’est dans cette recherche d’équilibre que j’ai

l’intime conviction que je nous devons mener notre quête de plénitude.

Alors est-ce cette vision que confère la sagesse, la transcendance des apparences? Je

crois que l’avènement de la sagesse ne peut passer que par la connaissance et le façonnement

de notre nature humaine. Toute tentative d’explication du mystère de l’homme d’un point de

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vue divin est folie, orgueil et arrogance. Nous ne sommes pas le divin même si nous en

possédons une infime parcelle. La raison ne peut s’observer du côté de la folie, ni la folie du

côté de la raison. Il faut un point central, neutre. Je n’en connais d’autre siège que la

conscience de soi et du tout en un seul et même instant.

Oswald Wirth, dans son tarot des Imagiers du moyen âge, symbolise cette attitude par

l’arcane majeur du Fou, le Mat. J’en donne ici ma propre définition. Le Fou peut se perdre

dans l’illusion du mouvement perpétuel du tout commence et tout fini. En étant l’ultime

maillon de cette chaîne sans fin, il devient le zéro, l’Ouroboros qui relie le passé au futur.

L’achèvement de sa quête ne saurait être que relatif, car le travail se poursuit indéfiniment.

S’il cessait, tout s’évanouirait dans le néant. A ce stade, l’Initié ne se fait aucune illusion sur

la relativité de son savoir. Il ne peut qu’espérer le passage à la connaissance objective qui unit

les consciences depuis l’avènement du genre humain.

Je marque une pause pour conclure cette vision toute personnelle de ma quête du

« bonheur ». Elle devient communicable car j’ai utilisé des symboles compris par tous les

frères et incompréhensible par le profane ne se situant pas dans notre norme.

Je peux dès lors entrevoir quelques éléments de réponse à cette question sur la folie

des Francs-maçons. Le chemin qui mène la plupart d’entre nous au temple, est une quête dont

les modalités son propre à chacun. En parcourant les diverses étapes de notre recherche, nous

nous confrontons symboliquement ou réellement aux limitations de notre existence. Nos

prises de conscience peuvent tantôt nous perturber, nous égarer sur de fausses pistes que nous

affranchir de l’idée subjective de notre personne. Dans ce jeu, nous n’avons aucune certitude

que nous soyons dans la vérité absolue. Nous ne faisons qu’apprécier l’existence du point de

vue humain et bien que nous tentions d’aiguiser notre conscience, nos émotions et nos

passions mettent à mal notre raison. C’est dans cette dynamique que nous transcendons cette

part de folie qui est en chacun de nous. Notre tolérance repose sur ce principe.

Concrètement, quand il s’agit d’œuvrer de concert, nous confrontons notre idée de

vérité à celle de nos frères. Ce n’est pas par défiance que je le dis, mais je trouve que nous ne

construisons apparemment pas grand-chose. Je reviens ici au symbolisme en disant que nous

contribuons plus au maintien de notre édifice commun. Nous possédons une tradition, des

outils, un rituel, une organisation, des moyens spirituels et matériels, et nous sommes

pratiquement incapables d’arrêter la folie qui gronde au-dehors quand ce n’est pas celle qui

règne à l’intérieur. Et dans cette entreprise, nous avons besoin lors de nos tenues d’un rituel et

des signes d’ordre pour contenir notre propre nature, sans lesquels l’anarchie régnerait. On

s’aperçoit alors que notre seule volonté de groupe ne suffit pas.

Qui sommes-nous donc pour avoir érigé autant de garde-fous ? Des fous ? Non, je

crois que nous ne sommes que des hommes plus ou moins animés par la volonté de s’entraider

dans cette difficile quête de soi et de la nature humaine.

La folie serait de croire que nous pourrons un jour achever l’édification de notre

temple, atteindre la perfection. Cette perfection n’existe pas car nous ne sommes que

perfectibles. C’est en acceptant cette tâche ingrate que nous nous affranchissons de la folie de

nos illusions.

J’ai dit.

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