aa machine, instrument de production
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~IĂŻ~ĂŻ ~OoEâoe~ B~~NK OF CANADA
SI~GE SOCIAL, MONTRE~L~ NOVEMBRE 1951
AA MACHINE, INSTRUMENT DE PRODUCTION
L ES quatre facteurs matĂ©riels les plus importantsdans le bien-ĂȘtre Ă©conomique dâun pays sontlâinvention, la population, les ressources natu-
relles et lâorganisation Ă©conomique. Cet article traitedes machines que nous inventons pour transformerles ressources naturelles en produits utilisables etdistribuer ceux-ci aux consommateurs.
La population du monde sâaccroĂźt si rapidement que,d*âaprĂšs les Ă©conomistes, nos ressources suffisent Ă peine Ă nourrir tout le monde, et la nĂ©cessitĂ© sâimposede plus en plus dâaugmenter la production. Nous nepouvons y arriver que par lâemploi des machines.
Pour mieux comparer le rendement du travailmanuel et celui des machines, prenez la Grande Pyra-mide et le rĂ©servoir de Boulder Dam aux Etats-Unis.La pyramide contient 2,300,000 blocs de pierre, pesantchacun 2 tonnes et demie. Un ingĂ©nieur conseil deMilwaukee estime quâil a fallu 30 ans Ă 100,000hommes pour la construire. Boulder Dam contient3,500,000 yards cubes de bĂ©ton pour lesquels il afallu 10,000,000 yards cubes de matĂ©riaux. Un cĂąblede 220 milles de long a apportĂ© lâĂ©nergie avec laquelle5,000 hommes ont fait marcher des machines. Lapyramide a Ă©tĂ© construite en 30 ans par des esclavesqui marchaient a coups de fouet; le reservoir nâa .prisque 5 ans Ă des machines sous la direction dâouvriersexpĂ©rimentĂ©s.
Quâest-ce qui a transformĂ© cette Ăšre dâesclavage enune Ă©poque dans laquelle chaque ouvrier commandeĂ un pouvoir Ă©gal Ă celui de centaines dâhommes?Câest lâimagination: la facultĂ© dâenvisager ce quâon peutfaire avec ceci et cela; lâhabiletĂ© croissante dâappliquerles forces de six principes fondamentaux des machines:le levier, la roue, la poulie, le coin, la vis et le planinclinĂ©. LâĂ©cope de bois est devenue dâabord la pellepneumatique, et, finalement, lâĂ©norme machine Ă dentsdâacier qui arrache un tombereau de terre en une seulebouchĂ©e.
La révolution industrielle
La rĂ©volution industrielle, qui a simplement con-sistĂ© Ă substituer des pouvoirs naturels formidablesaux faibles forces humaines, nous a fait sortir de lâĂągeprimitif de la pelle, du rouet et du transport Ă dos
,dâhomme. Elle a transformĂ© notre vie Ă©conomique etsociale, et supprimĂ© le dur labeur en nous rendantmaitres de nos ressources.
Son effet Ă©conomique a Ă©tĂ© de supprimer la petiteproduction de famille et de concentrer lâindustrie dansles usines. La prospĂ©ritĂ© rĂ©gnait dans les grands centresindustriels de lâAngleterre tandis que les cuhivateursĂ©parpillĂ©s Ă travers le Canada se servaient encoredâinstruments inventĂ©s par les Egyptiens et continu-aient Ă charrier pĂ©niblement leur blĂ© au moulin.
Opposition aux machines
Les machines ont rencontrĂ© une forte opposition,mais le progrĂšs a toujours eu des ennemis. Lâart defaire a~lopter des idĂ©es nouvelles est souvent aussidangereux quâil est difficile.
Les inventions mécaniques ont eu souvent à triom-
LPher dâanciennes croyances et de frivoles objections.es fermiers anglais maltraitĂšrent celui qui suggĂ©raitdâemployer des semeuses pour planter le blĂ©. La policede Vienne interdit lâemploi dâune voiture ~ moteurde benzol parce quâelle faisait trop de bruit. Les trains,disait-on, empĂȘcheraient les vaches de paĂźtre et lespoules de pondre. Et mĂȘme aux Etats-Unis, vers1840, on considĂ©rait la baignoire comme une innova-tion destinĂ©e Ă corrompre la simplicitĂ© dĂ©mocratiquede la RĂ©publique.
MalgrĂ© tout cela et lâeffet du roman de SamuelButler dĂ©crivant une utopie dans laquelle aucunemachine nâĂ©tait permise, pas mĂȘme les pendules, noussommes Ă lâĂąge des machines. Nous plantons et nousrĂ©coltons au moyen de machines; nous nous sommeshabituĂ©s au bruit des voitures sans chevaux, et nos ruesen sont pleines; dans certains comtĂ©s de notre conti-nent, il y a aujourdâhui plus de vaches que dans toutelâAngleterre avant les chemins de fer; et les machinesfont des baignoires par milliers, heureusement pourla propretĂ© des gens et lâentretien de la santĂ©.
Le progrĂšs dans les usines
Le systĂšme industriel donna dâabord Ă bon droitsujet Ă des plaintes. Les industries miniĂšres, mĂ©tallur-giques et textiles de lâAngleterre furent mĂ©canisĂ©es
trop soudainement. Des usines furent improvisées à la hùte, et les gens désertÚrent les campagnes pourconstruire des villes noires et mornes.
On peut dire comme excuse que personne ne savaitou ne pouvait deviner ce qui allait arriver; nous ensommes rĂ©ellement au mĂȘme point aujourdâhui dansnotre ignorance de ce qui rĂ©sultera de lâĂ©nergieatomique, des rivalitĂ©s internationales et de lâemploiauquel sont destinĂ©es toutes les inventions breietĂ©esou non par tous les pays.
Lâopinion publique a fait adopter de nombreusesamĂ©liorations, telles que la loi qui dĂ©fend dâemployerles enfants avant un certain Ăąge, et la rigoureuse ins-pection des usines. La direction est Ă©galement devenueplus Ă©clairĂ©e et reconnaĂźt pleinement ses responsa-bilitĂ©s envers les ouvriers.
Les machines procurent du travail
Ce que les ouvriers ont toujours le plus redoutĂ© estdâĂȘtre laissĂ©s sans travail par lâinstallation dâune nou-veUe machine. En rĂ©alitĂ©, le rĂ©sultat Ă la longue aĂ©tĂ© non pas de faire employer moins dâouvriers, maisde diminuer les heures de travail.
Les plus grands effets de la mĂ©canisation intensiveont etc ressentis dans les industries manufacturiĂšres etmĂ©caniques. Et pourtant, lâembauchage dans ces in-dustries a augmentĂ© de 414 pour cent aux Etats-Unisentre 1870 et 1930, tandis que la population ne sâestaccrue que de 218 pour cent.
Des millions dâouvriers sont aujourdâhui employĂ©sdans des industries qui nâauraient jamais vu le joursans la science et la mĂ©canisation. Elles produisentune quantitĂ© de marchandises et de services quâiletait impossible de s imaginer au temps des mĂ©tiersmanuels, et elles les mettent a la portĂ©e raisonnablede tous ceux qui veulent se donner la peine de travaillerpour les obtenir.
Lâembauchage augmente tout le temps: lâindice desplus importantes industries au Canada est passĂ© de99.4 en 1939 Ă 183.4 en juillet 1951, par comparaisonavec le nombre de personnes au travail en 1939. CĂštteannĂ©e-ci en juin, il y avait 5,247,000 personnes avecun emploi au Canada, dont 920,000 dans des indus-tries manufacturiĂšres et mĂ©caniques.
Nouvelles industries
Lâaspect le plus intĂ©ressant de lâĂšre nouvelle est le~ombre de nouveaux emplois dans de nouvelles in-dustries. Quoique certaines anciennes occupationsaient disparu, ri existe aujourdâhui un plus grandnombre dâemplois offerts aux ouvriers.
Nous nâavons quâĂ jeter les yeux autour de nous pourvoir lâ~norme quantitĂ© dâemplois apportĂ©s par lesmachines. En 1881, il nây avait que 1,391,000 per-sonnes qui gagnaient leur vie par le travail au Canada;au milieu de 1951, il y en avait plus de cinq millions.
Notre recensement compte beaucoup dâindustriesqui nâexistaient pas au dĂ©but du siĂšcle, et quelques-unesavaient le nombre suivant dâemployĂ©s en juillet de
cette annĂ©e-ci: machines, appareils et accessoiresĂ©lectriques 66,714; voitures automobiles 33,020;avlat,on 19,070; soie artificielle 18,193. Nous nâavonspas de chiffres pour les annĂ©es prĂ©cĂ©dentes, maisdepuis 1933 la fabrication mensuelle de rĂ©frigĂ©rateursĂ©lectriques au Canada est passĂ©e de 1,260 Ă 32,948 enmai 1951, et celle des machines Ă laver de 8,350 en1929 Ă 27,236 en mai 1951. En 1937, nous fabri-quions 24,000 radios par mois; en 1949, Ă raisonde 66,700 par mois.
Effet social des machines
Dans son livre Lâhomme, cet inconnu, Alexis Carrelmet le doigt sur un point qui intrigue tous ceux quiont Ă coeur le bien de lâhumanitĂ©. "En apprenant lesecret de la constitution et des propriĂ©tĂ©s de la ma-tiĂšre," dit-il, "nous nous sommes rendus maĂźtres detout ce qui existe sur la surface de la terre, sauf nous-mĂȘmes."
A quel degrĂ© notre dĂ©sappointement causĂ© par lâin-fluence de la machine sur le bien-ĂȘtre de lâindividudĂ©pend-il du fait que nous sommes plus instruits, quenos horizons sont plus larges et que la vie nous offreplus de plaisirs? Lâhomme partira demain Ă la recher-che du contentement, du mĂȘme endroit oĂč il sâestarrĂȘtĂ© aujourdâhui, et le niveau dâaujourdâhui est beau-coup plus Ă©levĂ© que celui dâhier; par consĂ©quent ilespĂšre davantage.
La jeune fille dâaujourdâhui dans une grande filaturemanque probablement moins de confort que sonancĂȘtre de lâĂ©poque coloniale Ă son rouet dans lacuisine. Elle est certainement moins bousculĂ©e, parcequâĂ cette Ă©poque le grand souci Ă©tait de joindre lesdeux bouts. Mais la lecture, le cinĂ©ma et la voix insis-tante des drames de la radio conspirent Ă la mĂ©contenterde son sort et Ă lui faire rĂȘver dâune existence plusheureuse.
Conditions dâexistence
Les inventions et les produits des machines sontdevenus partie intĂ©grante de notre vie. Sans les machi-nes, nous nâaurions pas cette abondance de produitsdont dĂ©pend lâaisance dans laquelle nous vivons.MĂȘme si tout le monde peinait dur, nous aurionschacun tout juste de quoi vivre sans les machines.Câest le temps Ă©conomisĂ© par les machines qui rendpossible les extras, les nouvelles nĂ©cessitĂ©s de la vie,qui rendent celle-ci plus facile.
W. F. Ogburn a Ă©crit un livre intitulĂ© You andMachines dans lequel il montre ainsi les avantages desmachines: "Beaucoup dâouvriers vivent de nos joursdans des maisons chauffĂ©es Ă la vapeur et avec sallede bain, eau chaude et eau froide, et cabinet de toilette.Beaucoup ont une automobile. Dans les appartementsde Marie-Antoinette Ă Versailles, le poĂȘle qui chauffaitles grandes salles Ă©tait loin de valoir nos fournaisesmodernes... Sa cuvette et sa cruche nâĂ©taient pas aussicommodes que le lavabo moderne avec son tuyaudâĂ©coulement et lâeau courante. Il est trĂšs probablequâune commise de Woolworth a plus de bas de soieque cette reine. Elle nâavait ni radio ni tĂ©lĂ©phone. Elle
nâallait jamais au cinĂ©ma. On faisait cuire ses repassur des charbons dans le sous-sol du palais au lieudâun fourneau Ă©lectrique ou Ă gaz."
Ce nâest pas seulement sous le rapport du bien-ĂȘtrephysique que les ouvriers modernes sont mieuxpartagĂ©s que les rois et les reines dâil nây a pas si long-temps, mais aussi sous celui de la culture. Les livreset les magazines Ă©largissent leurs horizons, et leschefs-dâoeuvre de lâart sont exposĂ©s Ă la vue du publicau lieu dâĂȘtre renfermĂ©s dans des chĂąteaux. Nousvivons plus longtemps. Nous avons plus de loisirs,quoique nous nâayons pas encore appris Ă en userprofitablement.
Nous avons au Canada de grandes facilitĂ©s dâĂ©duca-tion, des universitĂ©s, des Ă©coles, des bibliothĂšques, desĂ©coles du soir, des cours commerciaux, des groupesdâĂ©tude et des forums agricoles. Il nây a rĂ©ellementaucune excuse de sâennuyer. La sociĂ©tĂ© a besoin de gensinstruits dĂ©sireux de contribuer au progrĂšs intellectuelde la communautĂ©, et dans ce genre dâenterprisechacun peut trouver autant de satisfaction quâunhomme dâEtat en trouve au service de son pays.
Chances de progrĂšs
Maintenant que le travailleur manuel de lâancientemps ne travaille plus pour ainsi dire de ses mains,comment peut-il ĂȘtre heureux Ă sa tĂąche? LâĂ©nergiephysique quâil contribuait Ă son ouvrage est fourniepar lâĂ©nergie mĂ©canique; son habiletĂ© professionnellea Ă©tĂ© supplantĂ©e par la prĂ©cision du mĂ©canisme; et saconnaissance du mĂ©tier a fait place Ă la technique desrĂ©actions entre les facteurs avec lesquels il travaille.
Nous voyons des ouvriers qui sont visiblement fiersdâĂȘtre seuls en charge dâune puissante machine. Cenâest pas lĂ une tĂąche dĂ©primante et monotone, maisune au contraire qui donne de lâassurance.
Le cultivateur, ainsi que lâouvrier des usines, doit ensavoir beaucoup plus que ses ancĂȘtres. Son travail avecles tracteurs, les moissonneuses, les trayeuses et lesautres machines qui facilitent les tĂąches de la fermemoderne, nâest ni assommant ni abrutissant. Il luiouvre de nouveaux horizons et, loin de faire de lui unautomate, en fait un roi. Quelques ouvriers, naturelle-ment, ne sortent jamais de lâorniĂšre. Comme disentles psychologues, ils se "fixent" Ă un certain niveau.Ils sâhabituent Ă pousser un bouton, serrer une vis,ou tourner une manette. Ils survivent dans lâĂąge desmachines avec beaucoup moins de connaissancestechniques quâun sauvage dans sa jungle.
Ce sont des automates, parce quâils sont satisfaits deleur sort. On ne trouve pas parmi eux des GeorgeStephensons qui, de simples mineurs deviennent desinventeurs; ni des Issac Newtons, fabricants de lunettes,qui forgent une nouvelle thĂ©orie de lâunivers; ni desGeorge Westinghouses qui, malgrĂ© tous les obstacles,donnent au monde le frein Ă air comprimĂ©. Mais leurmanque dâinitiative nâest pas la faute des machines.Il y a toujours eu des gens comme cela.
Le rĂŽle des capitaux
A la longue, notre prospérité nationale dépendra dumontant de capitaux dont nous disposerons pour
crĂ©er les machines capables de fabriquer des produitsnouveaux et diffĂ©rents en quantitĂ©s croissantes. Lemaintien et le progrĂšs du bien-ĂȘtre matĂ©riel exige quelâĂ©pargne fournisse des fonds pour financer les re-cherches, perfectionner les inventions et appliquer lesprocĂ©dĂ©s qui transforment les nouvelles idĂ©es enemploi pratique.
Le seul moyen de faire marcher lâindustrie est demettre Ă sa disposition le fruit de nos Ă©pargnes pouracheter lâoutillage dont les ouvriers se serviront pourproduire les marchand[ses dont la vente continueraĂ payer leur salaire. "MĂȘme lâhumble travail de creuserla terre," dit Voorhees dans The Uncommon Ma»,"exige que le patron dĂ©pense de lâargent pour acheterune pelle. Dans la fabrication de lâacier--de la mineau consommateur--il faut aujourdâhui au moins$20,000 pour crĂ©er un seul nouvel emploi."
Les capitaux sont un ingrĂ©dient essentiel de la pro-duction. Si nous voulons exprimer la valeur globaledâune machine, il faut calculer combien il faudrait, autaux courant dâintĂ©rĂȘt, pour produire un revenu ~gaiĂ la valeur du produit de la machine.
Cela nous fait penser que si la machine ne rend pastout ce quâon attend dâelle, celui qui lâa achetee perd delâargent. Câest le risque quâon court eu faisant desplacements de capitaux.
Les gens sâimaginent souvent que les capitauxinvestis durent Ă©ternellement. Bien loin de lĂ , carlâoutillage dans lequel les capitaux sont placĂ©s, com-mence Ă se dĂ©prĂ©cier le moment quâil est fabriquĂ©.
Une enquĂȘte sur la dĂ©suĂ©tude de lâoutillage pour letravail des mĂ©taux a rĂ©vĂ©lĂ© quâil est en gĂ©nĂ©ral horsdâusage sâil remonte Ă plus de 10 ans. Cela fait res-sortir lâurgent besoin de nouveaux capitaux. La nĂ©-gligence a un effet secondaire, mais trĂšs important;quand lâusine est en mauvais Ă©tat et exige de grossesrĂ©parations, cela tend a irriter les ouvriers, et Ă rĂ©duireleur rendement, mĂȘme Ă un plus grand point que lemauvais fonctionnement des machines.
La principale sauvegarde, et meilleure assurancede succĂšs et de progrĂšs, consiste /t rĂ©investir les re-venus dans les affaires, comme le font gĂ©nĂ©ralementles industries canadiennes. En conservant une partiedu revenu net pour les besoins futurs, toutes les grossesentreprises ont consolidĂ© leur situation financiĂšre.Câest une des meilleures habitudes du systĂšme cana-dien, car on assure ainsi lâavenir de lâentreprise, et onobtient en mĂȘme temps des fonds pour lâexpansion etlâimprĂ©vu.
La Jabrication des machines
Quand on a les capitaux, reste Ă se procurer lesmachines.
Les publications du Bureau de la Statistique duDominion indiquent lâintĂ©ressant progrĂšs de lâin-dustrie mĂ©canique au Canada. Les chiffres se bornentaux opĂ©rations des firmes engagĂ©es principalementdans la fabrication de machines pour lâindustrie, lemĂ©nage, le bureau et le commerce, non compris lesinstruments agricoles et les machines Ă©lectriques.
Entre 1925 et 1949, le nombre dâusines a augmentĂ©de 151 Ă 366, le nombre dâemployĂ©s de 8,313 Ă 30,070, et les salaires de $10,750,000 Ă 74 millions,tandis que la valeur brute des p.roduits passait de$30,500 Ă 241 millions. En outre, 11 y avait 546 ateliersde construction mĂ©cani~lue en 1949, avec 6,027 ou-vriers, recevant $12,840,000 de salaires et dont le tra-vail avait une valeur brute de 28 millions de dollars.
Pouvoir
Si bonne que soit une machine, elle ne vaut rientoute seule. Elle a besoin de pouvoir pour la fairemarcher. Le triomphe de la rĂ©volution industrielle aĂ©tĂ© de substituer dâautres pouvoirs que TĂ©nergiephysique de lâhomme comme source de production.
Lâhomme dâaujourdâhui possĂšde la mĂȘme constitu-tion biologique que les anciens. Nous avons peu deforce physique. On a calculĂ© que nous ne pouvons pastrĂšs longtemps exercer un effort plus grand qu undixiĂšme de cheval-vapeur. C est dire que si nous necomptions que sur cela, nous produirions trĂšs peuet trĂšs lentement.
Pour accroĂźtre la production et soulager nosĂ©paules, nous avons trouvĂ© le moyen dâemployer lâeauet le vent pour faire tourner les roues de nos moulins,et nous ne nous en sommes pas arrĂȘtĂ©s lĂ . GrĂące Ă lâingĂ©niositĂ© dâun grand nombre dâinventeurs, nousavons aujourdâhui cinq sortes de moteurs qui fournis-sent 95 pour cent de toute lâĂ©nergie dont nous dis-posons: le moteur/t mouvement alternatif, la turbine Ă vapeur, la turbine hydraulique, le moteur Ă essence etle moteur Diesel.
Le principal de ces moteurs est celui actionnĂ© parlâelectricite engendrĂ©e par la force hydraulique. LapremiĂšre usine hydro-Ă©lectrique au Canada a Ă©tĂ©mstallĂ©e vers 1880. Le rendement des usines hydro-Ă©lectriques du Canada est aujourdâhui de 12 millionset demi de chevaux-vapeur. Si nous admettons quâuncheval-vapeur fasse le travail de dix hommes, celanous donne lâĂ©quivalent de lâĂ©nergie de plus de125,000,000 dâouvriers, et pourtant toute la main-dâoeuvre du Canada nâen compte que 5,200,000.
Production
Le Canada sâest engagĂ© Ă amĂ©liorer continuellementles conditions dâexistence de tous ses habatants, commeil lâa fait jusquâici. Nous avons entrepris un programmede services sociaux, dont quelques-uns si coĂ»teuxquâil faudra accroitre notre revenu national. Nousavons besoin de plus de marchandises et de servicespour une population dont les salaires ont augmentĂ©de plus de 289 pour cent depuis lâavant-guerre. Nousavons de plus des obligations sous forme de travauxde dĂ©fense et de contributions au rĂ©tablissementmondial.
Tout cela exige une production beaucoup plus con-sidĂ©rable quâen 1939.
Lâhistoire et les Ă©tudes Ă©conomiques montrent
~uâune grande production est le meilleur moyenâamĂ©liorer les conditions dâexistence. Quand la
production est faible, les marchandises deviennent deplus en plus rares, coûtent de plus en plus cher et
sont Ă la portĂ©e de moins en moins de gens. Nousavons la Lampe dâAladin, mais câest Ă nous de la frotterde toutes nos forces.
Fixons-nous pour but de faire rendre Ă chaquemachine tout le travail possible.
Plus nous Ă©tudions les dessous de la situation mon-diale, plus nous nous rendons compte quâil fautproduire davantage pour Ă©tablir un degrĂ© raisonnablede stabilitĂ© Ă©conomique, au Canada comme Ă lâĂ©tranger.
Les machines nous permettent, si nous en tirons lemaximum, de nous procurer la mĂȘme quantitĂ© de pro-duits avec la moitiĂ© du travail, ou double la quantitĂ©pour le mĂȘme travail. Nous ne pouvons pas vivreaussi bien si nous passons les mĂȘmes heures par jouraux machines et si nous produisons seulement lamoitiĂ© de ce que nous pourrions faire.
Lâhomme a cessĂ© dâĂȘtre une bĂȘte de somme. Ce sontmaintenant les machines ou lâĂ©nergie Ă©lectrique quifont le gros travail. Mais lâhomme demeure le seulagent du rendement, car câest lui qui fait couler lâĂ©ner-gie et marcher la machine.
Le bon rendement dĂ©pend des ouvriers, de la direc-tion et des machines. Câest Ă la direction quâil appar-tient dâaugmenter le rendement des machines grĂąceaux recherches et Ă lâadoption de nouveaux procĂ©dĂ©stechniques. La fonction des ouvriers est de faire rendrele maximum aux machines. Cela ne veut pas dire de setuer Ă la tĂąche ou de presser le pas outre mesure, maisde faire consciencieusement le travail pour lequel onest payĂ©.
Toute notre Ă©conomie sâen portera mieux.
Lâavenir
Nos universitĂ©s et nos Ă©coles ont toutes des pro-fesseurs dâhistoire, mais aucune ne possĂšde une chairepour lâĂ©tude de lâavenir. Il serait bon, remarque W. F.Ogburn, dans son livre Les Machines et le monde dedemain, dâavoir des penseurs qui consacreraient toutleur temps Ă Ă©tudier la marche des Ă©vĂ©nements. Ils ne
"se laisseraient pas bercer par de fausses perspectiveset trop dâoptimisme. Dans leur vue dâensemble, ilsapercevraient lâimminence de nombreux changements,mais sans remarquer aucune innovatio n susceptible desoulager lâhomme de son obligation de faire un bontravail, ou dâexcuser le dĂ©faut de produire moins quâilnâest raisonnablement capable.
Sâil est difficile de prĂ©parer lâaccĂšs Ă un brillantavenir, ce nâest pas par manque de ressources naturelles,dâesprit dâinvention, dâhabiletĂ©, et le reste. Nous avonstout cela Ă portĂ©e de la main. Ce qui nous manque, câestle moyen dâen effectuer la rĂ©union et la cohĂ©sion.
Quand les auteurs dramatiques de lâancienne GrĂšcene savaient plus comment se tirer dâune situationdifficile, ils faisaient descendre sur la scĂšne, au moyendâune machine, un acteur en costume dâun dieu, quitrouvait facilement une solution Ă sa maniĂšre. Nous nepouvons plus, de nos jours, compter sur un "Deus exmachina" pour nous tirer de nos pĂ©trins. Il vaut mieuxnous en remettre Ă notre bon sens et nous efforcersincĂšrement de ne pas Ă©prouver le besoin de son aide.
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