a 2 vitesses, rencontres théâtrales, presse

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Gruyère La Gruyère / Samedi 16 mai 2009 / www.lagruyere.ch 7 Soirées sourire pour finir L’envie les titillait depuis quel- ques années. Pour cette 13 e édition, Sortie de secours a franchi le pas: la troupe de Sâles participe pour la pre- mière fois aux Rencontres théâtrales de Bulle. Le ven- dredi 22 mai, elle présentera un spectacle entièrement de son cru, A 2 vitesses. Depuis sa fondation en 1996, Sortie de secours a créé quatre spectacles, dans un genre plus proche de la revue et du cabaret que du théâtre pur. «Et nous n’avons pas changé notre style ni notre manière de faire», explique Marie-Jo Jordan. Soit «un truc un peu déjanté», inspiré du quotidien. Avec, en fil rouge, des histoires de médecins et de santé. Les quatre membres de Sor- tie de secours (Marie-Jo Jor- dan, Marie Grandjean, Thierry Brodard et Yves Savary) se sont mis à écrire en janvier 2008. A brasser des idées, ras- sembler suffisamment de ma- tière pour trier ensuite. La troupe sâloise Sortie de secours n’a pas changé son style: une observation du quotidien sur le mode déjanté. JESSICA GENOUD RENCONTRES THÉÂTRALES. La fin des Rencon- tres théâtrales sera placée, vendredi et samedi, sous le signe de l’humour. Qu’il soit déjanté, poétique ou classique. Deuxième volet de notre présentation de cette 13 e édition, qui se tient à l’Hôtel de Ville de Bulle, du 20 au 23 mai. Une comédie douce- amère de Goldoni SPECTACLE PRO. Les Rencontres théâtrales ont choisi les Déménageurs associés pour le spectacle de gala du sa- medi. La compagnie professionnelle française était déjà ve- nue à Bulle avec Les fourberies de Scapin, en 1999, et L’avare, lors de la saison culturelle 2002-2003. Le 23 mai, elle prendra un malin plaisir à revisiter un classique italien, Les Rustres, de Carlo Goldoni. Dans la Venise du XVIII e siècle, Lunardo, marchand de son état, fait vivre dans la terreur sa seconde épouse et sa fille. Ayant décidé de marier cette dernière au fils d’un autre mar- chand, il veut garder le secret avant la cérémonie et s’op- pose à ce que les jeunes gens se rencontrent. Alors que le carnaval touche à sa fin, les deux pères établissent le contrat de mariage et prévoient une fête intime à laquelle sont invi- tés deux rustres de leur espèce avec leurs épouses. Egalité des sexes A partir de cette situation classique d’un père voulant ma- rier sa fille contre son gré, Goldoni pose la question de l’égalité des sexes et de la liberté des femmes à disposer d’elles- mêmes. Fin observateur de la société vénitienne, il signe une comédie de mœurs à l’humour mordant et aux répliques aci- des. Une suite d’imbroglios rocambolesques où les femmes font finalement rendre les armes à leurs vieux tyrans de maris. Des personnages burlesques croqués sur le vif, des costu- mes baroques, des jongleurs, une gondole, une mandoline, des guitares, des flûtes, des carillons, un accordéon… Menée tambour battant par dix acteurs musiciens mis en scène par Jean-Louis Crinon, la comédie s’emballe jusqu’au fracas de la libération finale. Avec sa cage aux fauves en filet et ses coulis- ses à la vue du public, l’espace scénique rappelle un peu la commedia dell’arte. Telle est la manière dont les Déména- geurs associés ont choisi de dépoussiérer cette pièce. CLP Bulle, Hôtel de Ville, samedi 23 mai, 20 h 15 Les morts se dévoilent en poésie IMAGO. Il y a l’amant flingué par le mari, le bon docteur em- porté par une pneumonie ou la jeune fille sauvagement agres- sée, parmi tant d’autres. Leurs points communs? Tous sont morts, reposent sur la colline qui domine la petite ville amé- ricaine de Spoon River… et ont quelque chose à nous dire. «Des 240 épitaphes qu’a pu- bliées Edgar Lee Masters, en 1915, j’en ai choisi une tren- taine, parmi les plus significati- ves», précise le metteur en scène, Pierre Gremaud. Qui, avec le concours des onze ac- teurs de la compagnie Imago, s’est attelé à «donner chair et voix à des personnages de pa- pier». Des acteurs d’ailleurs tous présents sur scène, partie pre- nante de l’action sonore. «Mu- nis d’accessoires complète- ment décalés, ils animent, complètent, soulignent cer- tains passages. J’appelle ça un orchestre de bruit!» Une cré- celle pour un métier à tisser, un trombone pour un bateau, le bruit du ruisseau, le miroir qui se brise, le coup de feu fatal, les vaches qui meuglent… Et le banjo, «instrument roi du Mid- dle West, qui souligne ces vies d’outre-tombe». Humour et poésie Intitulée Des voix sous les pierres, l’adaptation de Pierre Gremaud n’a rien de morbide pour autant. «L’humour, la poésie, voilà ce qui caractérise principalement le discours des revenants.» Avec, en toile de fond, un message d’opti- misme. «Loin de se plaindre, ils nous disent, de leur au-delà, que la vie est merveille. Profi- tons-en! La mort viendra bien assez vite…» FOB Bulle, Hôtel de Ville, vendredi 22 mai, 20 h 15 Onze acteurs de la troupe Imago donnent chair et voix à des personnages de papier. MÉLANIE ROUILLER Avec l’expérience, cette phase de travail a évolué: «Au- jourd’hui, quand on écrit, on sait qu’il y a des délires qui ne font rire que nous», expliquent- ils. «Et qu’il ne faut pas insister avec un sketch qui ne nous convainc pas dès le départ», ajoute Marie Grandjean. Une fois les textes écrits, place à la mise en scène, avec l’aide de Benoît Sottaz, qui s’occupe des éclairages et fonctionne comme œil exté- rieur. Sortie de secours s’ef- force aussi de mettre en valeur les talents de chacun, comme ceux de pianiste de Marie Grandjean ou de guitariste de Thierry Brodard. Toujours plus de monde Au final: «Un spectacle riche, avec de nombreux personna- ges. A chaque fois, on se dit qu’on va en mettre moins et il y en a toujours plus», rigole Yves Savary. Malgré son expérience, jouer aux Rencontres reste un défi pour Sortie de secours. D’une part, parce que la troupe évolue dans un registre inhabituel pour le festival. D’autre part, parce qu’elle doit s’adapter à un plateau plus grand que celui de Sâles, où elle a joué ses précédents spectacles. Mais une troupe ne monte pas son propre spec- tacle, de A à Z, si elle n’aime pas les défis. EB Bulle, Hôtel de Ville, vendredi 22 mai, 20 h 15 Malgré son expé- rience, jouer aux Rencontres théâtrales reste un défi pour Sortie de secours. Les Rescapés. Manipulation, tel est le maître mot de la pièce policière d’Anthony Shaffer, Le limier, adaptée par la com- pagnie Les Rescapés, avec Jeane Rey et Paul Pignat à la mise en scène. «Les personna- ges tour à tour trompent le public et se trompent entre eux», commente ce dernier. L’histoire? Un riche auteur de romans policiers anglais pro- pose à l’amant de sa femme de simuler un cambriolage pour toucher l’argent de l’assurance. «La relation entre les deux personnages principaux com- mence comme un jeu, puis glisse vers la tragédie, ajoute Paul Pignat.Avec, pour décor, un manoir anglais omniprésent et nécessaire à la stratégie des protagonistes.» A voir dans les fossés du château jeudi 21 mai, 14 h, et samedi 23 mai, 17 h 30. Les Apostrophes. La troupe d’étudiants de l’Université de Fribourg propose une incursion dans l’univers absurde d’Harold Pinter. Célébration dans le registre comique grinçant, et La chambre, un huis clos tra- gique qui exploite les thèmes de la vieillesse et de l’étran- geté. Les deux pièces du dra- maturge anglais sont mises en scène par Tancrède Scherf. A découvrir dans les fossés du château samedi 23 mai, à 11 h 30 (pour Célébration) et à 16 h (pour La chambre). Les Improvisibles. Six comé- diens, un maître de cérémonie et un musicien se tiennent à disposition du public pour improviser sur le thème qu’il proposera. Éphémères, surpre- nantes, les histoires qui naîtront devront répondre aux exigences d’un personnage mystérieux, passionné de ci- néma, qui impose des contrain- tes de genre et de technique. Sur la scène d’Ebullition, jeudi 21 et vendredi 22 mai, à 17 h 30. FOB/CLP AU MENU DU FESTIVAL OFF

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Page 1: A 2 vitesses, Rencontres Théâtrales, presse

Gruyère La Gruyère / Samedi 16 mai 2009 / www.lagruyere.ch

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Soirées sourire pour finir

L’envie les titillait depuis quel-ques années. Pour cette 13e édition, Sortie de secours afranchi le pas: la troupe de Sâles participe pour la pre-mière fois aux Rencontresthéâtrales de Bulle. Le ven-dredi 22 mai, elle présenteraun spectacle entièrement deson cru, A 2 vitesses.

Depuis sa fondation en1996, Sortie de secours a crééquatre spectacles, dans ungenre plus proche de la revueet du cabaret que du théâtrepur. «Et nous n’avons paschangé notre style ni notremanière de faire», explique Marie-Jo Jordan. Soit «un trucun peu déjanté», inspiré duquotidien. Avec, en fil rouge,des histoires de médecins etde santé.

Les quatre membres de Sor-tie de secours (Marie-Jo Jor-dan, Marie Grandjean, ThierryBrodard et Yves Savary) sesont mis à écrire en janvier2008. A brasser des idées, ras-sembler suffisamment de ma-tière pour trier ensuite.

La troupe sâloise Sortie de secours n’a pas changé son style: une observation du quotidien sur le mode déjanté. JESSICA GENOUD

RENCONTRES THÉÂTRALES. La fin des Rencon-tres théâtrales sera placée, vendredi et samedi, sousle signe de l’humour. Qu’il soit déjanté, poétique ou classique. Deuxième volet de notre présentationde cette 13e édition, qui se tient à l’Hôtel de Ville de Bulle, du 20 au 23 mai.

Une comédie douce-amère de GoldoniSPECTACLE PRO. Les Rencontres théâtrales ont choisiles Déménageurs associés pour le spectacle de gala du sa-medi. La compagnie professionnelle française était déjà ve-nue à Bulle avec Les fourberies de Scapin, en 1999, et L’avare,lors de la saison culturelle 2002-2003. Le 23 mai, elle prendraun malin plaisir à revisiter un classique italien, Les Rustres,de Carlo Goldoni.

Dans la Venise du XVIIIe siècle, Lunardo, marchand de sonétat, fait vivre dans la terreur sa seconde épouse et sa fille.Ayant décidé de marier cette dernière au fils d’un autre mar-chand, il veut garder le secret avant la cérémonie et s’op-pose à ce que les jeunes gens se rencontrent. Alors que lecarnaval touche à sa fin, les deux pères établissent le contratde mariage et prévoient une fête intime à laquelle sont invi-tés deux rustres de leur espèce avec leurs épouses.

Egalité des sexesA partir de cette situation classique d’un père voulant ma-

rier sa fille contre son gré, Goldoni pose la question de l’égalitédes sexes et de la liberté des femmes à disposer d’elles-mêmes. Fin observateur de la société vénitienne, il signe unecomédie de mœurs à l’humour mordant et aux répliques aci-des. Une suite d’imbroglios rocambolesques où les femmesfont finalement rendre les armes à leurs vieux tyrans de maris.

Des personnages burlesques croqués sur le vif, des costu-mes baroques, des jongleurs, une gondole, une mandoline,des guitares, des flûtes, des carillons, un accordéon… Menéetambour battant par dix acteurs musiciens mis en scène parJean-Louis Crinon, la comédie s’emballe jusqu’au fracas de lalibération finale. Avec sa cage aux fauves en filet et ses coulis-ses à la vue du public, l’espace scénique rappelle un peu lacommedia dell’arte. Telle est la manière dont les Déména-geurs associés ont choisi de dépoussiérer cette pièce. CLP

Bulle, Hôtel de Ville, samedi 23 mai, 20 h 15

Les morts se dévoilent en poésieIMAGO. Il y a l’amant flinguépar le mari, le bon docteur em-porté par une pneumonie ou lajeune fille sauvagement agres-sée, parmi tant d’autres. Leurspoints communs? Tous sontmorts, reposent sur la collinequi domine la petite ville amé-ricaine de Spoon River… et ontquelque chose à nous dire.

«Des 240 épitaphes qu’a pu-bliées Edgar Lee Masters, en1915, j’en ai choisi une tren-taine, parmi les plus significati-ves», précise le metteur enscène, Pierre Gremaud. Qui,avec le concours des onze ac-teurs de la compagnie Imago,s’est attelé à «donner chair etvoix à des personnages de pa-pier».

Des acteurs d’ailleurs tousprésents sur scène, partie pre-nante de l’action sonore. «Mu-nis d’accessoires complète-ment décalés, ils animent,complètent, soulignent cer-tains passages. J’appelle ça unorchestre de bruit!» Une cré-celle pour un métier à tisser, untrombone pour un bateau, lebruit du ruisseau, le miroir quise brise, le coup de feu fatal, lesvaches qui meuglent… Et lebanjo, «instrument roi du Mid-dle West, qui souligne ces viesd’outre-tombe».

Humour et poésieIntitulée Des voix sous les

pierres, l’adaptation de PierreGremaud n’a rien de morbidepour autant. «L’humour, lapoésie, voilà ce qui caractérise

principalement le discoursdes revenants.» Avec, en toilede fond, un message d’opti-misme. «Loin de se plaindre,ils nous disent, de leur au-delà,que la vie est merveille. Profi-

tons-en! La mort viendra bienassez vite…» FOB

Bulle, Hôtel de Ville,vendredi 22 mai, 20 h 15

Onze acteurs de la troupe Imago donnent chair et voix à des personnages de papier. MÉLANIE ROUILLER

Avec l’expérience, cettephase de travail a évolué: «Au-jourd’hui, quand on écrit, onsait qu’il y a des délires qui nefont rire que nous», expliquent-ils. «Et qu’il ne faut pas insisteravec un sketch qui ne nousconvainc pas dès le départ»,ajoute Marie Grandjean.

Une fois les textes écrits,place à la mise en scène, avecl’aide de Benoît Sottaz, quis’occupe des éclairages etfonctionne comme œil exté-rieur. Sortie de secours s’ef-force aussi de mettre en valeurles talents de chacun, commeceux de pianiste de MarieGrandjean ou de guitariste deThierry Brodard.

Toujours plus de mondeAu final: «Un spectacle riche,

avec de nombreux personna-ges. A chaque fois, on se ditqu’on va en mettre moins et ily en a toujours plus», rigoleYves Savary.

Malgré son expérience,jouer aux Rencontres reste undéfi pour Sortie de secours.D’une part, parce que latroupe évolue dans un registreinhabituel pour le festival.D’autre part, parce qu’elle doits’adapter à un plateau plusgrand que celui de Sâles, oùelle a joué ses précédentsspectacles. Mais une troupene monte pas son propre spec-tacle, de A à Z, si elle n’aimepas les défis. EB

Bulle, Hôtel de Ville,vendredi 22 mai, 20 h 15

Malgré son expé-rience, jouer aux Rencontresthéâtrales resteun défi pour Sortie de secours.

Les Rescapés. Manipulation,tel est le maître mot de la piècepolicière d’Anthony Shaffer,Le limier, adaptée par la com-pagnie Les Rescapés, avecJeane Rey et Paul Pignat à lamise en scène. «Les personna-ges tour à tour trompent le public et se trompent entreeux», commente ce dernier.L’histoire? Un riche auteur deromans policiers anglais pro-pose à l’amant de sa femme desimuler un cambriolage pourtoucher l’argent de l’assurance.«La relation entre les deux personnages principaux com-mence comme un jeu, puisglisse vers la tragédie, ajoutePaul Pignat. Avec, pour décor,un manoir anglais omniprésentet nécessaire à la stratégie des protagonistes.» A voir dansles fossés du château jeudi 21 mai, 14 h, et samedi 23 mai,17 h 30.

Les Apostrophes. La trouped’étudiants de l’Université deFribourg propose une incursiondans l’univers absurde d’HaroldPinter. Célébration dans le registre comique grinçant,et La chambre, un huis clos tra-gique qui exploite les thèmesde la vieillesse et de l’étran-geté. Les deux pièces du dra-maturge anglais sont mises enscène par Tancrède Scherf.A découvrir dans les fossés duchâteau samedi 23 mai, à 11 h 30 (pour Célébration) et à16 h (pour La chambre).

Les Improvisibles. Six comé-diens, un maître de cérémonieet un musicien se tiennent à disposition du public pour improviser sur le thème qu’ilproposera. Éphémères, surpre-nantes, les histoires qui naîtront devront répondre auxexigences d’un personnagemystérieux, passionné de ci-néma, qui impose des contrain-tes de genre et de technique.Sur la scène d’Ebullition,jeudi 21 et vendredi 22 mai,à 17 h 30. FOB/CLP

AU MENU DUFESTIVAL OFF

Page 2: A 2 vitesses, Rencontres Théâtrales, presse

33JARDINAGE

Ces pivoines qui font rougirMMaaddoonnee ddeess jjaarrddiinnss,, llaa bbeellllee ddee CChhiinneeaaiimmee ssee ffaaiirree aatttteennddrree aavvaanntt ddeeddééppllooyyeerr sseess ppééttaalleess ssooyyeeuuxx.. SSii vvoouussvvoouulleezz eenn ppllaanntteerr uunnee ddaannss vvoottrree jjaarrddiinn,, aalllleezz--yy:: cc’’eesstt llee mmoommeenntt!! > 43

LA LIBERTÉ MERCREDI 20 MAI 2009

Bulle se la joue sur les planchesRENCONTRES THÉÂTRALES • De ce soir à samedi, onze troupes animeront la 13e éditiondu festival bullois. Des spectacles décapants entre humour, poésie et improvisations.OLIVIER WYSER

Avec les Rencontres théâtrales,c’est toute la ville de Bulle quis’apprête à brûler les planches.Dès ce soir et jusqu’à samedi,onze troupes s’empareront dela scène de l’Hôtel-de-Ville etdu chapiteau des fossés du châ-teau. Soit onze spectacles in-édits, dont trois créations. Une13e édition qui renoue avec latradition tout en ouvrant denouvelles portes. «Nous avonsagrandi la tente située dans lacour du château», relève Jérô-me Maradan, président desRencontres théâtrales (RT). Lenouveau chapiteau pourra ac-cueillir près de 200 personneset promet une ambiance tou-jours aussi chaude et convivialepour le «festival off».

Nouveauté également: unespace «cabaret» sera aménagéau rez-de-chaussée de l’Hôtel-de-Ville. «Pour que la fête sepoursuive encore un peu aprèsle tomber de rideau», préciseJérôme Maradan. Ambiancefeutrée, tables rondes et po-dium permettront aux amou-reux de théâtre de poursuivrel’illusion autour d’un verre,dans un décor feutré qui invite àla discussion.

De nouveaux territoiresCette année marque le re-

tour d’une soirée placée sous lesigne du patois gruérien. Latroupe de la Société des patoi-sants de la Gruyère ouvrira lebal, mercredi soir, avec «Katrotsavô farmo arnâ» (Quatre che-vaux très fatigués). Une comé-die française bien enlevée, tra-duite et mise en scène parJoseph Comba. La deuxièmepartie de la soirée verra le grou-pe choral Intyamon se produireen concert avec quelques titresde son répertoire en patois,mais aussi en français.

La troupe des Tréteaux deChalamala présentera, jeudisoir, «Deux gros lots» d’Yves Pé-neau. Une histoire de billets deloterie gagnants qui tourne ra-pidement au vinaigre, mise enscène par Nicolas Gremaud. Endeuxième partie, «La constella-

tion des Fous», une création dela Compagnie Illuminée em-mènera pour la première foisles Rencontres théâtrales surles chemins de la danse. Mis enscène par le clown AlexandrePoljoux, le spectacle fera la partbelle au mime, à l’expressioncorporelle et à la musique, grâ-ce à des chorégraphies signéesRebecca Spinetti.

Pour la première fois pré-sente aux Rencontres, la troupe

Sortie de secours, de Sâles, dé-voilera vendredi «A deux vi-tesses». Une création déjantéetout en humour et en sketchesficelés spécialement pour l’oc-casion. Une bonne dose d’au-todérision au programme. Lemême soir, la compagnie Ima-go, mise en scène par PierreGremaud, décryptera les ins-criptions des pierres tombalesavec «Des voix sous les pierres»,adapté de l’œuvre du poète Ed-

gar Lee Masters «Les épitaphesde Spoon River». Les comé-diens de la compagnie redon-nent corps et voix aux disparus.

La soirée de gala du samediverra la compagnie profession-nelle des Déménageurs asso-ciés – des habitués du Festivald’Avignon – adapter un clas-sique: «Les Rustres» du drama-turge italien du XVIIIe siècleCarlo Goldoni, remis au goûtdu jour et mis en scène par

Jean-Louis Crinon. Un spec-tacle rythmé et coloré qui plon-gera les spectateurs en pleincœur d’une cage aux fauves,peuplée de personnages bur-lesques croqués sur le vif. I

> Me à sa BulleHôtel-de-Ville.Réservations au 026 919 51 40 (entre13 h 30 et 18 h 30) ou sur le site internetwww.rencontres-theatrales.ch.La caisse est ouverte chaque soir dès19 h 30. Festival off, collecte.

SORTIRVOTRE SEMAINE

LA SPIRALE

Un trio en lévitation pour clore la saisonERIC STEINER

«Disque du mois», «disque d’émoi», «événe-ment»: les superlatifs sont au rendez-vous dans lapresse musicale pour rendre compte de «Sky &Country», le second album du trio Fly et le pre-mier pour le label ECM. «Fly» («voler» en anglais),un nom qui colle parfaitement à la musique enlévitation que pratiquent le saxophoniste MarkTurner, le contrebassiste Larry Grenadier et lebatteur Jeff Ballard, fringants quadras du jazzaméricain dont la réputation n’est plus à faire. Lepremier est l’un des ténors les plus originaux etdoués de sa génération alors que les deux autresforment une paire rythmique largement éprou-vée, notamment auprès de Brad Mehldau qu’ilsaccompagnent depuis plusieurs années.

Ensemble, ces trois instrumentistes excep-tionnels réinventent l’art du dialogue tripartiteavec une sensibilité et un sens de l’interaction ab-solument stupéfiants. Résultat: un jazz résolu-ment moderne mais parfaitement accessible,

qu’un critique parisien qualifiait de «janséniste»pour son refus de l’expressionnisme et de la vir-tuosité démonstrative propres à ce genre de for-mation. Faussement simple, avec ses petites mé-lodies à peine esquissées, toute de nuances etd’élégance, la musique de Fly dégage une poésied’une rare intensité, à condition qu’on lui prêtel’attention qu’elle mérite. Les trois hommes don-neront à La Spirale de Fribourg leur uniqueconcert suisse, et c’est peu dire que leur venueconstitue un événement immanquable!

Et après les grands maîtres, les jeunes es-poirs: avant de fermer ses portes pour l’été, LaSpirale accueillera encore mercredi la fête de lasection jazz du Conservatoire. A l’affiche, un ré-pertoire de standards choisis par Anne-FlorenceSchneider et interprétés par des ensemblesd’élèves «triés sur le volet», avec la participationde plusieurs professeurs. Vive le jazz! I> Ma 21 h (Fly) et me 20 h 30 (classes de jazz) FribourgLa Spirale. Loc. www.starticket.ch Mark Turner, Larry Grenadier et Jeff Ballard (g. à dr.) ECM

La troupe de Sâles Sortie de secours présentera une création conçue pour l’occasion. VINCENT MURITH

FRI-SON

Une fascinationmorbideLes chanceux ayant entra-perçu la performance de Soap& Skin lors du dernier Kilbi Fes-tival gardent en mémoire la sil-houette frêle et captivanted’Anja Plaschg (PHOTO DR). Carles performances de la jeuneViennoise ne sont pas de cellesdont on se remet facilement.Cette étudiante des Beaux-Arts, née en 1990 seulement,possède déjà une personnalitémusicale dont l’apparente fra-gilité lui confère une forcemonumentale et obscure.Sommairement habillées detouches de pianos éparses etde cordes évanescentes, seschansons fascinent par leurbeauté froide autant qu’ellesglacent d’effroi. Avec des titresaussi peu engageants que«Kinderzimmertod» ou «Tha-natos», cette fascinante morbi-dité n’est troublée que çà et làpar des expérimentations élec-tro en trompe-l’œil. Après unpremier EP hâtivement bricolé,la jeune Viennoise peut désor-mais justifier d’un premieralbum, qui ne fera que raffer-mir les nombreux espoirsplacés en elle. MC> Ve 21 h FribourgFri-Son.

FRIBOURG

Quarante chœursen concoursPrès de 40 chœurs amateursissus de huit cantons se sontinscrits pour participer auConcours choral de Fribourg,organisé pour la première foisdurant le week-end de l’Ascen-sion depuis la disparition duConcours choral de Charmey.Les organisateurs veulent fairede cet événement une véri-table fête du chant: samedi, ilsont prévu des animations aucentre-ville à partir de 11 h.Dimanche matin, des chœursanimeront des messes chan-tées dans différentes paroissesfribourgeoises. L’après-midi,un concert de gala à l’aula del’Université précédera la céré-monie de remise des prix.

Le concours proprement ditaura lieu à l’église du CollègeSt-Michel de jeudi à samedi.Les chœurs auront chacun unevingtaine de minutes pourconvaincre le jury. Le publicpourra accéder librement auxauditions. Il y en aura pourtous les goûts, chant populaire,grégorien ou harmonies pluscontemporaines: des pièces detoutes les époques et de stylestrès variés figurent au pro-gramme des 39 chœurs d’en-fants, de jeunes, de femmes,mixtes et d’hommes. EH> Je à di FribourgLes détails dans notre mémento.

LES IMPROS À ÉBULLITION«Nous voulons quetout le centre-villede Bulle participe àla fête.» JérômeMaradan, prési-dent des Ren-contres théâtrales,se réjouit de l’arri-vée d’un nouveaulieu dans la familledes amateurs dethéâtre gruériens.Le centre culturelEbullition rejointl’équipe et proposedemain et vendredideux soirées d’im-provisations. LesImprovisiblesraconteront leurshistoires sur labase des proposi-tions du public, surle thème ducinéma.

Côté off, les Res-capés jouent «LeLimier», un jeu demanipulations àl’anglaise (je et sa).Les Tréteaux deChalamala partentpour un «Voyageorganisé» haut encouleur (je et ve) etles Apostrophesprésentent deuxpièces de HaroldPinter: «Célébra-tion» et «LaChambre» (sa). OW

À L’AFFICHE

Page 3: A 2 vitesses, Rencontres Théâtrales, presse

LA LIBERTÉLUNDI 25 MAI 2009

13SUD - GRAND FRIBOURG

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CRITIQUE

GrandCONCOURS

1er PrixUn cours à l'Ecole du Vind'une valeur de Fr. 520.-

2ème au 10ème PrixLithographie de l'artiste

Gérard Puvis

(oeuvre originale élaborée avec descapsules deCheval Blanc, Pétrus,Mouton-Rothschild, Margaux…)

REGARDSUR

LE VINLa sortie du court-métrageMasAmiel porte un regardneuf et moderne sur le vin.

Et VOUS quel est le vôtre?

voir le film et participer :www.lacouleurduvin.ch

EN BREF

SEMSALES

Motard grièvement blesséUn motocycliste de 19 ans a été grièvement blessé dansune collision survenue samedi à 13 h 45 à Semsales. Il aété héliporté au CHUV. Il a été percuté par un automobi-liste qui, en bifurquant à la hauteur de La Verrerie, ne l’apas remarqué, explique la police.

ROMONT

Motocycliste blesséVendredi à 18 h 20, dans la descente de la route de Belle-Croix à Romont, un motocycliste s’est blessé en chutantà la suite d’un freinage d’urgence. Il n’a pas remarqué levéhicule qui le précédait, indique la police. Blessé, il a étéacheminé à l’HFR Riaz.

GLÂNE

80 000 heures de garde L’Association d’Accueil familial de jour du district de laGlâne a tenu son assemblée mardi soir à Romont. Constatdressé par la présidente Pascale Mottet: le succès de lastructure ne cesse de croître et les chiffres avancés aubudget ont été dépassés. En 2008, l’association a ainsicomptabilisé plus de 80 000 heures de garde (+ 4100),plus de 250 placements (+ 24) et plus de 3500 forfaits demidi. Les comptes bouclent avec un petit bénéfice de prèsde 400 fr. pour 672 000 fr. de charges. Le budget 2009,établi sur la base de 90 000 heures de garde, est globale-ment équilibré, avec plus de 636 000 fr. de charges. CS

La mule Maguy était la star du marché, samedisur la place de l’Hôtel-de-Ville à Fribourg. Avantde sillonner les routes du canton pour promouvoirle développement durable, elle a prêté ses jolissabots au maréchal-ferrant Jean-EmmanuelGobet. Le jeune professionnel a limé la corne,chauffé et formé le fer dans sa forge portative etl’a cloué délicatement dans la partie insensible dusabot de la mule. Tout cela sous l’œil attentif denombreux badauds. Maguy jouera la «mulesandwich», en allant à la rencontre de la popula-

tion et des classes pendant deux semaines(jusqu’au 5 juin). Elle se fera caresser pendantque ses accompagnants, en particulier leprésident de l’Echo’Roulotte Jérôme Gosteli,feront le boulot de sensibilisation. Premier objec-tif, récolter des fonds pour rénover la roulotte quiservira ultérieurement de centre d’informationet de rencontre. La petite troupe sera lundi auJardin botanique de Fribourg, puis à la Ferme laCigale, à Granges-Paccot. CDB/ALDO ELLENA

Programme sur www.echo-roulotte.ch

FRIBOURG

L’Echo’Roulotte en route derrière Maguy

GLÂNE

Passeport-vacances, 23e! La 23e édition du Passeport-vacances de la Glâne battrason plein du 17 au 22 aoûtprochains. Au programme:plus de 280 activités, dont unbon tiers de nouvelles. Parmielles: découverte de l’aviron,pêche sur le lac de la Gruyère,créations végétales, la destinéede nos poubelles ou encoreréalisation d’un pendentif dunéolithique.

Les 600 passeports, réservésaux enfants âgés de 6 à 16 ans,seront mis en vente au prix de40 francs l’unité dès demainmardi de 17 h à 19 h à la grandesalle de la Maison Saint-Charles,à Romont. Une solderie est éga-lement prévue le samedi 27 juinau même endroit, de 13 h 30 à14 h. A cette occasion, les activi-tés restantes seront vendues auprix de 2 francs 50.

Nouveauté cette année: grâceau soutien du Kiwanis Club,chaque enfant muni d’unpasseport et d’un bon pourraaccéder gratuitement à lapiscine de Payerne, Bulle ouMoudon, entre le 10 juillet et le23 août. CS> www.pass-vac-glane.ch

EN BREF

FERMETURE DE LA PISCINEDU CYCLE D’ORIENTATIONBULLE La direction du Cycled’orientation de la Gruyère, àBulle, informe que la piscine de l’établissement sera ferméeau public du samedi 30 mai,à 18 h, au mercredi 16septembre.

MÉMENTO SUD

> PUÉRICULTURE Croix-Rouge.Home de l’Intyamon, Villars-sous-Mont, sur rendez-vous au026 919 00 13.> CAFÉ PARENTS-ENFANTSRéfectoire de la Crèche Casse-Noisette, Grand-rue 46, Romont,demain, 9 h-11 h. Education fami-liale 026 321 48 70.> RENCONTRE parents-enfantsen collaboration avec le servicede puériculture de la Veveyse,Châtel-Saint-Denis, demain,9 h-11 h. Education familiale 026321 48 70.

Des voix sorties d’outre-tombeBULLE • La compagnie Imago a proposé à l’enseigne des Rencontres théâtralesun texte ambitieux. En quatre jours, le festival a drainé quelque 2000 spectateurs.ELISABETH HAAS

Certaines compagnies amateures renon-cent au vaudeville et à l’humour pour pro-poser des pièces plus exigeantes et plusambitieuses. C’est le cas de la compagniebulloise Imago, dont la dizaine de comé-diens ont interprété vendredi soir des ex-traits tirés des «Epitaphes de Spoon River»du poète américain Edgar Lee Masters.Une découverte bienvenue et intéressantefaite aux Rencontres théâtrales de Bulle,qui prouve que le paysage théâtral ama-teur du canton de Fribourg est diversifié.

La pièce se déroule au Middle West, surfond de collines vertes constellées de der-ricks et de puits de pétrole. Les comédienssont alignés, assis en tailleur à l’avant-scè-ne, devant une stèle funéraire. Ils formentun chœur qui déclame sa litanie. Ils ont levisage maquillé de blanc, comme des fan-tômes errants dans un purgatoire de su-perstition. Veulent-ils se racheter? Les per-sonnages à qui ils prêtent leur voix ont étéivrogne, caissier, avocat, médecin, curé,femme au foyer, pute de luxe ou paysan.Ils sont morts violemment, ont été «briséspar la vie», se racontent par bribes, partouches quasi impressionnistes. Certainsont des choses à se reprocher, d’autres seposent la question du sens de la vie, leursmasques tombent. Ils ne sont plus là maisparlent à la première personne à qui-conque voudra bien entendre leur cri. Auspectateur de juger de leur comporte-ment, qu’ils révèlent sans fausse pudeur,qu’ils aient été trompés, meurtriers oulâches.

La mise en scène de Pierre Gremaud saittirer parti de ces courtes épitaphes commeautant d’exercices de style. Les comédiensse lèvent tour à tour du chœur pour incar-ner un nouveau personnage. Mais ilspourraient pousser plus loin la caractéri-sation des identités, d’autant qu’un groseffort a été fait au plan des costumes, desaccessoires, des bruitages et de la musique(Bernard Schwenter joue de la country etdu banjo). D’ailleurs le texte pourrait êtreentendu de manière beaucoup moinsconvenue et plus subversive. Il contientmine de rien des passages très brutauxvoire caustiques et dresse le portrait cri-tique d’une certaine Amérique de la fin duXIXe siècle, profonde, fière, mais étroited’esprit et affectivement misérable.Souhaitons seulement que ces poèmesthéâtralisés aient perdu de leur pertinenceprès de cent ans après leur parution! I

La compagnie Imago a prêté sa voix aux morts du Middle West américain, dans des extraitsdes «Epitaphes de Spoon River», du poète Edgar Lee Masters. VINCENT MURITH

Un présidenttrès satisfaitPATRICK PUGIN

Le rideau est tombé sur les13es Rencontres théâtrales deBulle. A l’heure de tirer unpremier bilan de cette cuvée2009, le président JérômeMaradan ne cache pas sa satis-faction. Au niveau de lafréquentation, tout d’abord:comme pour les éditions pré-cédentes, quelque 2000 specta-teurs ont profité des quatresoirées proposées à l’Hôtel-de-Ville, dans les fossés duchâteau, et à Ebullition. «C’estle chiffre que nous attendions»,glisse-t-il, soulignant que lefestival «in» a fait le plein tousles soirs.

Satisfaction du présidentencore pour la qualité des spec-tacles programmés. «Elle étaitau rendez-vous tous les soirs»,salue-t-il. Deux productions,remarque Jérôme Maradan, ontparticulièrement emballé lepublic: celle, humoristique, deSortie de secours, vendredi, etcelle, onirique, de la Compagnieilluminée, jeudi. Une opposi-tion de styles qui n’est pas pourdéplaire au président. Même sicela peut susciter quelquesremous lorsque deux spectaclesantinomiques sont proposés lemême soir… Loin d’être un pro-blème pour Jérôme Maradan:«C’est aussi le rôle du théâtre decréer le débat», justifie-t-il. «Etc’est une chance des Rencontresque de pouvoir faire découvriraux gens d’autres genres dethéâtre.»

Si l’«entrain» et l’«envie» neleur font pas défaut, lestroupes amateures remonte-ront sur les planches de l’Hôtelde Ville, dans deux ans, pré-senter le fruit de leur travail.Le président des Rencontresthéâtrales, pour sa part, nesemble pas en douter. I

L’ESPRIT DE LA FARCE A FRAPPÉLa soirée de gala de samedi, auxRencontres théâtrales de Bulle, était placéesous le signe de la farce, dans l’espritludique et irrévérencieux de la commediadell’arte. La compagnie professionnellefrançaise invitée, Les déménageurs asso-ciés, a interprété avec brio «Les Rustres»de Carlo Goldoni. Dans cette comédietrès bavarde, les maris sont des machosinvétérés, ils cultivent avec une indélica-tesse crasse l’irrespect des femmes et chezeux la radinerie est congénitale. C’est diresi ce sont des cas désespérés! Mais c’estsans compter la révolte des épouses et fille,représentées au début de manière trèscondescendante comme capricieuses,uniquement intéressées par la mode etintrigantes. Après la résolution d’une

intrigue alambiquée, pleine d’humour etd’ironie, les clichés finissent par tomber.Le filet de la cage aux fauves cède. Ouf, oncraignait le pire!

Si on replace cette pièce dans le contextedu XVIIIe siècle: quelle modernité! Quoiquesituer l’histoire en période de carnaval, àVenise, autorisait plus facilement le renver-sement des rôles. La forme par contre estpeu rythmée et semble avoir davantagevieilli que les comédies d’un Molière. MaisLes déménageurs associés témoignentd’un plaisir évident à profiter des élémentscaricaturaux pour soutirer un rire qui estune pure jubilation. Ils animent les scènesen créant eux-mêmes la musique endirect. EH

Infomanie tél. 026 426 44 44www.laliberte.ch

thierry
Hervorheben
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Gruyère La Gruyère / Mardi 26 mai 2009 / www.lagruyere.ch

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«De véritables rencontres!»BULLE. Les Rencontresthéâtrales se sont termi-nées samedi. Une 13e

édition satisfaisante, cequi n’empêchera pas lesorganisateurs de remet-tre en cause une for-mule «vieillissante».

SOPHIE ROULIN

Au terme des quatre jours demanifestation, les organisa-teurs étaient très satisfaits decette 13e édition. «Nous som-mes vraiment contents, à tousles niveaux, relève Jérôme Maradan, président du comitéd’organisation. Au point devue artistique, on a pu assisterà de très bonnes choses, tantdans le festival in que dans leoff.»

Le président souligne lecôté éclectique de certainessoirées qu’il a apprécié. «Cesont vraiment des rencontres,entre le public et les troupes,entre les comédiens et aussientre les styles théâtraux.»

Au moment de la program-mation, les organisateurs neconnaissent pas encore les piè-ces qui vont être présentées.«Cela demande parfois auxspectateurs de grands écarts,comme c’était le cas vendredientre Sortie de secours etImago. Mais cela fait partie ducharme de cette manifesta-tion.»

Au final, ces 13es Rencontresthéâtrales ont attiré plus de2000 personnes, avec une soi-rée plus que complète ven-dredi. «Comme à chaque édi-tion, nous constatons que lespectacle professionnel du sa-medi est celui qui attire lemoins de monde», regrette unpeu le président. Qui se réjouitmalgré tout d’y avoir croisébeaucoup d’acteurs et de met-

Rire ou pleurer des tracas quotidiens? Sortie de secours a résolument choisi d’en rire. CLAUDE HAYMOZ

Ces morts qui croient encore à la vieIMAGO. Ambiance diamétralement opposéepour la deuxième partie de soirée, vendredi. Lacompagnie Imago proposait une immersiondans l’au-delà, avec Des voix sous les pierres, quirevisite une trentaine des 240 épitaphes pu-bliées par Edgar Lee Masters, en 1915.

En arrière-plan, un paysage avec ses collinesvert tendre. Au centre, une stèle de pierre. De-vant, alignés en rang d’oignons, plongés dans lapénombre, le visage livide, les onze comédiensd’Imago et bien plus de personnages prêts à in-tervenir.

La première se lève et se présente: MinervaJones, poétesse, violée et tuée. Suivront TomMerritt, troué par balle en plein cœur, le docteurMeyers, emporté par une pneumonie, l’amantflingué par le mari, l’ivrogne, le notaire, la femmeadultère…

Ce qu’ils ont en commun? «Tous, tous dor-ment, dorment sur la colline», scandent en cœurles comédiens. Qui réveillent tour à tour lesmorts, donnant un bref éclairage sur leur vie.Avant que la faucheuse ne frappe.

Succession de monologues, l’exercice defaire revivre ces revenants au lourd passé étaitun défi de détail pour une troupe amateure. Et

l’un ou l’autre des intervenants a manqué par-fois de conviction et de profondeur pour que lespersonnages prennent réellement corps.

La poésie des textes d’Edgar Lee Masters ena quelque peu souffert. Mais les choix de la miseen scène, assurée par Pierre Gremaud, ont enrevanche contribué à plonger le spectateurdans une ambiance particulière, tout appro-priée.

Une pénombre, un entre-deux où les bruitsde la vie se laissent entendre: l’eau du ruisseauqui s’écoule, les engueulades sur la place du village, les vaches qui meuglent dans un incen-die, les crécelles qui agressent l’oreille, maisaussi les notes joyeuses du banjo de BernardSchwenter.

Car cette adaptation théâtralisée des Epita-phes de Spoon river ne se veut pas morbide,loin de là. Il y a d’abord l’opticien qui fait es-sayer une multitude de paires de lunettes à sonclient. Et ce dernier qui perçoit la vie différem-ment et plus belle à chaque essai. Puis, le mes-sage d’amour à la vie transmis par les deuxchœurs formés par les personnages fémininsd’un côté et masculins de l’autre en guise deconclusion. SR

La dérision plutôt que la fuiteSORTIE DE SECOURS. Début de soiréesingulière pour les Rencontres théâtrales. Ven-dredi, ce sont les joyeux lurons de Sortie de se-cours qui ont ouvert les feux, avec une succes-sion de sketches façon revue. Un registreinhabituel dans le cadre du festival, mais qui aséduit et amusé le public venu nombreux.

Il faut dire que la troupe de Sâles a vu juste encommençant son spectacle par l’une des saynè-tes les plus abouties. On y retrouve Poireau, To-mate et Courge dans le congélateur, à attendreau frais qu’on s’occupe d’eux. Les jeux de motsfusent. La mise en scène, simple mais efficace,convainc, tout comme les décors et les costu-mes.

Les légumes terminent évidemment dansune soupe en ébullition. Et d’évoquer alors les Bains de Charmey, d’où «les pois se sont faitjeter! On n’y accepte pas les cosses…» Lesketch se termine en chanson, où l’on peut admirer la polyvalence des quatre acteurs –Marie Grandjean, Marie-Jo Jordan, Yves Savaryet Thierry Brodard. Puisqu’ils sont égalementauteurs des textes, mais aussi tour à tour chan-teurs, danseurs, ou encore pianiste ou guita-riste.

Au fil du spectacle, les quatre compères pren-nent en dérision les interminables attentes lorsd’un coup de fil à un service étatique, la com-plexité des objets de votation, la difficulté d’avoirla bonne attitude sur la photo de son passeportquand on désire se rendre aux Etats-Unis et d’au-tres événements du quotidien dont on se de-mande souvent s’il faut en rire ou en pleurer. Et Sortie de secours a résolument choisi le rire.

Entre chaque saynète, on revient à l’hôpital.Pour une caricature de notre système de santé,qui fonctionne de plus en plus A 2 vitesses, d’oùle titre de ce spectacle.

Si les sketches n’ont pas tous été aussiconvaincants – avec des chutes un peu tiréespar les cheveux pour certains dans la série au-tour du verbe «dzogéter» – Sortie de secours asu garder le meilleur pour la fin, en faisant lepoint de la situation sur les travaux en ville deBulle.

Une belle manière de dédramatiser la situa-tion chaotique face à laquelle se sont retrouvéstous les Gruériens quand ils en arrivaient à seperdre dans leur chef-lieu. SR

Ce spectacle sera rejoué à Sâles, dès le 31 octobre

teurs en scène. «Cette soiréeest un peu leur cadeau. Unemanière de leur dire merci,

mais aussi de leur montrerd’autres démarches artisti-ques.»

Des questions à se poserLe festival off a, lui aussi, fait

le plein de spectateurs. Avecun bémol pour le samedi après-midi, où la météo a plutôt incitéle public à se prélasser sur lesterrasses.

Rendez-vous est d’ores etdéjà pris pour dans deux ans.«J’ai déjà entendu des troupesdiscuter dans les coulisses deprojets pour la prochaine édi-tion», se réjouit Jérôme Mara-dan. Qui ajoute que certainschangements pourraient inter-venir.

La programmation difficileà mettre sur pied cette année

amènera l’assemblée à se pen-cher sur deux questions:«Doit-on continuer à deman-der des premières? Faut-ilpoursuivre selon l’organisa-tion actuelle dans laquelle lestroupes doivent s’investirdans l’organisation? indique leprésident. Les Rencontresthéâtrales fonctionnent selonle même mode depuis vingt-

cinq ans. Il est légitime de leremettre en cause. Mais c’estl’assemblée qui est souve-raine.»

Le budget est couvertQuant au budget de cette

13e édition, il sera largementcouvert et devrait permettreaux troupes de toucher un ca-chet. n

Point d’orgue de la manifes-tation, le spectacle de gala desamedi soir proposait Les Rus-tres, de Carlo Goldoni. Dansune version revisitée par LesDéménageurs associés. Unetroupe professionnelle fran-çaise au nom bien choisi, puis-que sa marque de fabrique estde travailler sur le jeu et lemouvement, façon commediadell’arte.

Le décor se réduit à sa por-tion congrue: quatre tabouretsde bar à l’intérieur d’une cageaux fauves dotée de deux en-trées. En guise de lions, oud’ours plutôt, les maris. Desrustres, dont le machisme et lesexisme font peur à entendre.Les femmes, d’abord résignéeset soumises, endossent ensuitele rôle de monteurs d’ours.Et finissent par faire tomber legrillage… et la résistance deleurs maris et père.

Pas de répits pour le specta-teur: les coulisses restent visi-bles. Entre deux scènes, les comédiens se font musiciens.Les costumes chatoyants – l’intrigue se déroule durant leCarnaval de Venise – virevol-tent en tous sens.

En un mot comme en cent:une adaptation réussie et dé-bordante d’énergie d’un texteclassique. SR

Comme une cage aux fauves

“Ce sont vraiment des rencontres,entre le public et les troupes, entre lescomédiens et aussi entre les stylesthéâtraux.” JÉRÔME MARADAN