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RÉFLEXION SUR LES PRATIQUES
ATHLÉTIQUES...
L es éléments de la représentation spontanée qui accompagnent les explications de la réussite d'une performance
athlétique sont presque toujours liées au « physique » (1). Constat banal, qui s'explique par les caractéristiques d'une activité mesurée et, aussi, par le statut socio-historique de l'athlétisme : c'est une discipline qui a servi à tester, sélectionner, dégager des élites. Un tel constat n'est pas sans conséquence sur l'athlétisme scolaire qui éprouve une difficulté à se démarquer d'une approche techni-ciste (2) : la plupart du temps, les contenus d'enseignement sont directement puisés dans les analyses de la haute performance. Les prestations des athlètes de haut niveau sont appréhendées principalement à partir de référentiels biomécaniques et donnent lieu à des théorisations. des formalisations qui peuvent être le support de modèles d'apprentissages. Ces modèles réduisent souvent l'activité du débutant à quelques dimensions peu pertinentes. Ces contenus seraient peu opérationnels si l'enseignant qui organise, intervient, aménage. « ne prenait le relais » lors-qu'apparaissent des incohérences. Grâce au « métier », il s'intéresse à l'activité du pratiquant lui-même, à ses conduites, ses motivations, son organisation motrice... Il s'adapte... Cenains appellent cette activité d'adaptation « la pédagogie » en lui conférant parfois une dimension artistique.
L'effort d'innovation auquel sont conduits actuellement des enseignants inquiets de constater que cette adaptation n'est plus suffisante pour « motiver des élèves » lors de leur pratique de l'athlétisme, implique une centration nouvelle sur des contenus à enseigner qui se démarqueraient d'un réfèrent unique « biomécaniste ». Il s'agirait alors de se centrer sur l'activité que déploient des élèves confrontés à des tâches d'athlétisme. Cette activité est le support d'un processus d'acquisition qui l'amène à s'approprier savoir-faire et savoir-ètre qui caractérisent la discipline. Les sujets doivent alors s'adapter à des exigences fonctionnelles dépendantes de règles essentielles de la spécialité, règles construites à partir d'une réflexion sur les permanences historiques et actuelles de la structure même de l'athlétisme. Celles-ci, ont toujours imposé une adaptation supérieure du système locomoteur à la pesanteur. Elles indiquent également que cette adaptation se réalise par confrontations successives, dans le cadre d'un choix d'obstacles que l'individu s'impose à lui-même.
Comment se manifestent actuellement les difficultés relatives à la pratique de l'athlétisme en milieu scolaire ? Quelle signification donner à ces difficultés ? Comme peuvent en témoigner les collègues, et l'analyse de l'évolution des programmations d'établissements ces dernières années, on peut penser que les pratiques athlétiques scolaires sont « en crise » (3). On attribue ces difficultés au changement de « mentalité » des élèves (ils auraient perdu « le goût de l'effort ») ou à la « discipline athlétique » qui serait pas essence rébarbative, ou encore à la méconnaissance de celle-ci par des enseignants. De toute façon, il nous semble que la question de pérennité... de cette pratique, en milieu scolaire, et des formes qu'elle pourrait prendre, soit posée, au-delà même des exigences institutionnelles (cf. les I.O. de 67).
Il est vrai que les connotations accompagnant la représentation qu'ont les élèves et les enseignants de cette activité, constituent des freins non négligeables au développement d'innovation sur « le terrain du stade ». Perçue au travers d'images actuellement dévalorisées au plan social (4) (rigueur, effort, performance, record, champion, stéréotype) conçue à partir de priorités accordées aux dimensions techniques, et énergétiques, la pratique de l'athlétisme paie l'absence d'une réflexion sur les « ressorts affectifs » et les dimensions relatives à la prise d'informations, qu'elle implique. C'est là un handicap. Cependant, la variété des spécialités, la richesse des actions qu'elle suppose, un nouveau « rapport au corps » perceptible dans l'évolution des pratiques sociales actuelles [1]
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... COMME CONTENU
D'ENSEIGNEMENT PAR R. DHELLEMMES 1re PARTIE
constituent à notre sens des avantages non négligeables. Il nous semble que l'actualisation de ces avantages dans des pratiques « motivantes » parce que renouvelées, implique des conditions qui peuvent constituer autant de difficultés. Par exemple, il nous paraît nécessaire d'éviter la « facilité » de la succession de cycles ou seule, la variété et le changement constituent le seul principe organisateur censé « motiver les élèves ». Il paraît souhaitable d'éviter également une approche volontariste, au cours de cycles longs imposant une pratique prolongée de quelques aspects dits « fondamentaux de la discipline », devant servir de base aux apprentissages futurs. Cette démarche ne prend en compte qu'une dimension de la pratique. Elle risque de ne pas pouvoir faire naître l'intérêt des élèves. La solution réside alors dans la compétence de « l'enseignant-anima-teur à faire passer le contenu ». Ces pratiques ont cours actuellement comme en témoigne l'enquête réalisée par J. Marsenach [2] portant non pas sur l'athlétisme particulièrement mais sur la conception des cycles en EPS. Une troisième voie se fait jour comme le laisse entrevoir certains comptes rendus de pratiques professionnelles. Nous retiendrons parmi ceux-ci quelques-uns des plus récents. L'un d'entre eux s'appuie sur l'utilisation de la pédagogie par objectifs pour permettre à l'élève de s'approprier un « projet de course » qui lui serait propre [3]. L'autre utilise simultanément les différents « ressorts » de la motivation de la course à pied [4] ; le troisième montre la confrontation des élèves à des tâches ouvertes visant à différencier des modalités d'action de projection en fonction de buts divers [51. Ces tentatives ont en commun le souci de conserver toute l'originalité de la spécialité en mettant l'accent sur le rôle motivationnel. et sur les acquis susceptibles d'être « transférables ».
Nous aurons à définir les critères à partir des quels nous pensons que ces tentatives traduisent un progrès dans le renouvellement d'une problématique portant sur les contenus de formation en athlétisme. Auparavant, il nous paraît utile de revenir sur un certain nombre de propositions pouvant constituer des éléments de réponse aux difficultés que nous venons d'évoquer. Nous nous pencherons particulièrement sur des productions dont l'ambition est d'appréhender l'athlétisme comme un ensemble d'activités ayant une cohérence propre et de proposer une organisation des contenus en rapport avec cette cohérence.
Analyse sommaire de quelques tentatives pour « didactiser » (5) l'athlétisme Sans que ce soit un problème particulier aux activités athlétiques, nous pensons actuellement pouvoir mettre en évidence la façon dont se manifestent les réponses aux besoins pédagogiques en athlétisme, des enseignants d'EPS. Les productions depuis quelques années, que ce soit dans la Revue EPS 01 par d'autres voies de diffusion, traduisent une préoccupation commune : celle de tenttr de « regrouper » les objectifs et les contenus d'enseignement relatifs à l'athlétisme, toutes spécialités confondues, sous des aspects communs. Que ceux-ci soient définis comme
des « points clés », des « fondamentaux », des éléments essentiels [6] dénommés « qualités de base » [7], attitudes principales [8], principes de base [9], la réflexion est orientée vers une approche globale de ce qu'il faudrait apprendre en athlétisme, au-delà des apprentissages spécifiques disciplinaires (les haies, la perche).
Autrement dit, il semblerait qu'on ne devrait pas aborder d'apprentissage systématique d'une « technique » en athlétisme, avec un statut de « débutant athlète ». De ce point de vue, ne plus être débutant en athlétisme signifierait qu'on s'est approprié tout ou partie de ces aspects communs ; cette appropriation pouvant se réaliser au travers d'une pratique particulière, plus ou moins éloignée des caractéristiques fondamentales des spécialistes. Mais si les préoccupations sont communes, les démarches, les résultats et les implications ne sont pas les mêmes.
Le premier problème est d'identifier le principe qui, du point de vue des auteurs, peut permettre de dégager les « aspects essentiels » qui sous-tendent l'accès à des comportements athlétiques.
Cette démarche peut s'appuyer sur la mise en évidence d'analogies gestuelles (en terme d'attitudes ou d'actions segmentaires - exemples : les rotations en disque et en saut en hauteur ventral) ; d'analogies biomécaniques (les chaînes musculaires en sauts et/ou en course [9], de développement de qualités physiques essentielles [7] ; de structures de comportement caractérisant une maîtrise de certains aspects de la fonction motrice (indépendance et fixation des ceintures ; ou encore de problèmes d'apprentissage regroupés en rubriques ayant des aspects communs (démarche empirique s'éloignant de l'idée de système a priori) : sens du rythme, situation du corps par rapport aux engins [8].
D'emblée, nous voyons qu'en dehors du dernier cas, assez ponctuel, peu de démarches sont centrées sur l'activité de celui qui tente de s'approprier des « conduites » athlétiques. Cette diversité, relative certes, est à mettre au compte de points de départ différents. Pour certains, c'est l'analyse des pouvoirs ou des gestes des décathloniens qui sert de point d'ancrage à la démarche ; pour d'autres, c'est l'identité des acquisitions à réaliser dans des disciplines différentes ; pour d'autres enfin, il s'agira de dégager de l'ensemble des spécialités des identités « posturales » à des moments définis d'une observation (exemple : le griffé).
A partir de là. bien entendu, les conséquences sur la « structuration du contenu », c'est-à-dire sur la façon d'ordonnancer les activités dans la séance ou dans un cycle vont également être diverses. On peut dégager rapidement les modèles suivants : (1) Les activités ne seront pas spécifiques (non respect des règles des spécialités, des familles), mais générales. Elles sont alors explicitement préparatoires ; l'enfant réalisera des parcours, des enchaînements d'action, etc..
2 Les spécialités sont établies selon une hiérarchie pédagogique. Certaines spécialités seront abordées en priorité, avant d'autres, car elles permettent la résolution de problèmes généraux. Ainsi, la course est une voie d'entrée dans les sauts, le triple-saut précédera la longueur ; la succession est le principe organisateur. 3 Les spécialités sont regroupées parce qu 'elles possèdent des points communs. On compte
au-delà des apprentissages spécifiques disciplinaires
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s'appuyer sur un principe de renforcement d'une discipline athlétique à l'autre (identité de structure gestuelle) (exemple : avancée des appuis dans tous les lancers). 4 Les spécialités sont traitées et organisées autour d'acquisitions communes à des groupes d'activité. Ainsi, le triple-saut, les haies, la longueur permettent d'aborder (en valorisant certains aspects) les problèmes relatifs à la coordination « courir bondir ». La spécificité de chacune d'entre elles est plus ou moins préservée. Ces diverses observations peuvent devenir des référents pour « programmer » des activités en milieu scolaire. Mais il s'agit là, plus précisément, de modèles d'organisation de contenu de l'enseignement conduisant à un éloignement plus ou moins accentué de la motivation propre à une spécialité. Ces propositions peuvent ou non déclencher l'intérêt spontané des élèves. Pour notre part, nous verrons que cet intérêt doit s'ancrer dans la signification profonde de la spécialité. Mais ici, comme l'indique De Corte[10] le contenu est organisé, sélectionné à partir d'objectifs étant eux-mêmes construits à partir d'une analyse des productions d'athlètes de haut niveau. A ce titre, et même si les propositions didactiques analysées ici constituent des tentatives intéressantes pour avancer sur le terrain des contenus d'enseignement en éducation physique, ces différentes approches sont réductrices : - réductrice dans l'analyse de la pratique elle-même, puisque parfois seule la dimension énergétique (qu'elle prenne l'aspect physiologique ou biomécanique) sert de réfèrent pour l'analyse des comportements ; - réductrice enfin parce qu'elle n'envisage pas l'activité (7) que déploient les élèves quand ils sont confrontés aux tâches des spécialités athlétiques dans ce qu'elles ont de général et/ou de particulier. Nous avons vu comment ces contenus ont été construits. Il nous paraît souhaitable de tenter d'appréhender la signification de cette construction.
Signification des « organisations du contenu » Deux démarches sont envisageables pour structurer la matière à enseigner (ici l'athlétisme) : 1 La centration porte sur les productions de la haute performance comme produits. Un découpage de ces produits en phases se
réalise pour parvenir à des techniques gestuelles qui deviennent des normes que l'enfant va s'approprier par réduction de la marge d'erreur qui le sépare du modèle. Si le modèle est inadapté au débutant, des règles, et du matériel nouveau, pour réduire la difficulté, peuvent être inventés : ainsi on réduira la masse du disque (en réduisant
également son diamètre, ce qui pose des problèmes quasiment insolubles de préhension aux jeunes élèves) ; on aménagera les données spatiales en course de haies, on réduira les distances (600 m pour les filles de 17 ans... qui apparaît aux yeux de tous les spécialistes comme une distance « batarde », et peu significative en milieu scolaire).
@ Un effort pour considérer le processus qui sous-tend la production motrice centre le « di-dacticien » sur l'activité déployée par le pratiquant du haut niveau. L'analyse de son organisation psychomotrice (aspects perceptifs, posturaux...) permet de dégager des capacités (dissociation des ceintures, mise en tension musculaire, appuis actifs, griffé) qui vont devenir autant d'objectifs de développement pour tous. Il nous semble qu'une telle démarche est illustrée par des auteurs comme Pia-centa ou Tronquai [6]. Le modèle peut être construit d'une façon peut être plus rigoureuse à partir de données multiples qui se recoupent. Ces données sont d'ordre empirique (observation directe de l'entraîneur, d'ordre instrumental (recueil des pressions et des vitesses par enregistrement), d'ordre théorique (utilisation de modèles biomécaniques). Un tel modèle, dégagé par A. Piron, donne un cadre interprétatif aux comportements de haut niveau mais, à notre connaissance, il ne donne pas d'éléments sur l'activité adaptative qui permettrait, par structuration successive, un mode de fonctionnement par « tension-renvoi », comme l'appelle l'auteur. Les éléments didactiques qui accompagnent cette approche, privilégient, semble-t-il, une « locomotion-rebond » (utilisation de plinthes, cordelettes, cerceaux...) et l'aspect énergétique du mouvement. Mais, ils laissent de côté un pan de cette activité adaptative que constitue la résolution de problèmes posés par le déploiement d'une énergie et son utilisation (je décolle pour éviter la barre en hauteur et non pour élever mon centre de gravité le plus haut possible). Il s'agirait alors d'approcher la construction des rapports réciproques entre course impulsion (opérations - actions subordonnées) et franchissement (actions - but) (8). Quelles sont alors les caractéristiques fonctionnelles accompagnant chaque niveau d'adaptation ? La mise en évidence des étapes conduisant à ces niveaux reste à réaliser bien qu'elle puisse s'appuyer sur les nombreuses observations et propositions pédagogiques formulées empiriquement par les enseignants d'EPS et les entraîneurs d'athlétisme depuis de nombreuses années. Par exemple, nous pensons que l'utilisation systématique de « parcours », même si elle s'appuie sur la connaissance d'un « ressort émotionnel » de l'athlétisme (voir dans un prochain n° d'EPS l'analyse de la course à pied qui suivra ces propos), laisse de côté une dimension essentielle de l'activité athlétique que nous caractériserons comme étant une « auto-évaluation » dans l'action (la mise en rapport des opérations subordonnées au but principal qui permet d'évaluer la conformité ou non de l'action par rapport au but poursuivi. ) L'objectif est de construire des repères « espace-temps » caractérisant un niveau qui prenne en compte : la valeur physique de
réaliser des parcours, des enchaînements
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l'élève, ses représentations, ses fonctions posturales informationnelles. Ces repères caractériseraient son adaptation momentanée. Construire une « didactique » impose, selon nous, ce détour, mais aussi la prise en compte d'autres données d'ordre scientifique : les travaux de B. Jeu et de A. Rauch éclairent ainsi les significations qui accompagnent l'activité des pratiquants, et nous mettent en garde contre les « excès de rationnalité pédagogique » qui ôtent tout intérêt à des pratiques pourtant « attrayantes quand elles restent spontanées » [11]. Les propositions qui suivent, représentent une tentative pour nous installer sur ce registre. 11 s'agit de considérer les activités athlétiques dans leur complexité et de montrer, au travers de situations concrètes, comment prendre en compte l'activité des élèves en poursuivant des objectifs de développement.
Référents proposés pour contribuer à un renouvellement d'une didactique de l'athlétisme L'athlétisme, par son originalité, sa spécificité, provoque chez le pratiquant des conduites caractéristiques propres à cette spécialité. Confronter un débutant à l'athlétisme, c'est, d'emblée, provoquer chez lui des conduites de type athlétique, tant au plan émotionnel qu'au plan de l'élaboration d'un projet d'action et de son évaluation. Par conséquent, nous ne pouvons faire l'économie d'une analyse de la spécialité, élargie à tous les domaines fonctionnels, et non réduite à la gestualité spécifique qu'elle induit par ses règles constitutives. D'autre part, nous ne pouvons nous contenter uniquement d'une description des comportements directement observables (même classés et catégorisés), car ils ne sont
que le produit, l'indicateur probable de processus plus complexes mobilisant des structures internes au plan de la réprésentation, de l'équilibration, de la prise d'information... il nous faudra donc cerner de façon plus précise la signification profonde de l'athlétisme et des processus mis en jeu par l'individu quand il est confronté à ces significations.
SPÉCIFICITÉ ET SIGNIFICATION PROFONDE DE L'ATHLÉTISME
Spécificité en rapport avec les règles constitutives de l'athlétisme S'il nous fallait donner une définition de l'athlétisme, nous dirions, d'une manière générale qu'elle consiste à confronter le système locomoteur à la pesanteur. Cette confrontation exige de moduler des efforts à des intensités d'effectuation les plus élevées possible pour explorer ses pouvoirs et dépasser ses limites. Prendre le risque de perdre ou de conserver le contrôle de ce que l'on fait, de ce que font les autres, constitue le problème central auquel est confronté un individu lorsqu'il se livre à une pratique athlétique. Sa
des repères « espace-temps »
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résolution donne lieu à des stratégies très diverses : que signifie « assurer un essai ? » sinon diminuer le niveau d'intensité pour s'accorder le maximum de chances de réussite dans l'effectuation et réaliser ainsi une performance plancher assurant la voie d'une qualification éventuelle ? Cette démarche représente également un des fondements sur lesquel doit s'appuyer l'apprentissage.
Aspects émotionnels de la pratique athlétique Si l'on pratique l'athlétisme, c'est que l'on aime ça ! Le goût de l'athlétisme peut prendre appui sur des motivations extérieures à l'activité ; mais il peut aussi s'enraciner, de ma-
nière profonde, à la fois dans la spécialité et le pratiquant. En fait, il s'agit d'une adéquation entre les besoins motivationnels de l'individu et les émotions que véhicule, de manière implicite mais très vivace, l'activité. Par conséquent, il serait dommage, au plan éducatif, de ne pas s'appuyer un tant soit peu sur la mise en place d'un milieu qui déclenche des conduites émotionnelles point de départ du processus pédagogique. Nous pouvons, à la lumière de ce qui vient d'être dit, tenter de dégager dans les différents domaines fonctionnels, ainsi que dans leur articulation respective, les aspects originaux de l'athlétisme : • Le domaine affectif : « s'éclater, être à bloc, claquer un saut... » sont autant d'expressions utilisées dans le milieu de l'athlé-
tisme qui traduisent le niveau d'investissement émotionnel des pratiquants. Tout cela renvoie, d'une certaine façon, à l'idéal du moi [12]
Le domaine cognitif : comprendre la notion de performance comme objectivation du résultat, comme concrétisation de l'intensité motrice et affective investies, explorer ses limites, ses pouvoirs, toucher l'inaccessible. • Le domaine moteur : résoudre des contradictions dans la coordination des actions propulsives comme créer de la vitesse dans
on pratique parce qu'on aime ça
ANALYSE DES TENTATIVES D'ORGANISATION « DU CONTENU » ATHLETISME « Construire des contenus nécessite une connaissance approfondie de la matière enseignée et de sa structure, des conditions d'acquisition et de construction du savoir »...
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un déplacement et l'utiliser dans un franchissement. Bien souvent, l'athlète est amené à valoriser une des composantes au détriment de l'autre, l'accroissement de vitesse ne permettant plus de contrôler les actions dans l'espace de franchissement. L'articulation de ces différents domaines fonctionnels détermine un certain nombre de conduites athlétiques : - les conduites de modulation de l'effort que nous avons déjà abordées ; - les conduites de confrontation avec soi-même, les autres. Elles permettent à l'athlète de dépasser ses limites ; - les conduites d'auto-élévaluation, avant, pendant, après l'action. Elles développent les capacités de concentration, amènent l'athlète à s'interroger sur les raisons de l'échec ou de la réussite de sa prestation.
Notion de capacités réinvestissables en athlétisme Nous avons envisagé, plus haut, les diverses tentatives pour trouver des « fondamentaux ». Nous pensons nécessaire de déplacer la problématique des acquisitions fondamentales sur l'activité déployée par l'élève. Ce déplacement ne peut se réaliser que par la mise en évidence du réinvestissement possi-
ble des acquis d'une spécialité ou d'une famille à une autre. Ces acquis dépasseraient le cadre strict de la fonction locomotrice pour aborder les aspects relatifs à d'autres fonctions (représentation, équilibration, information...). L'acquisition de ces structures de comportement n'est pas seulement liée à la mise en situation de l'élève, mais à l'activité globale finalisée qu'il va y déployer sous la médiation de l'enseignant. L'école a pour fonction, nous semble-t-il, de favoriser l'acquisition, par le plus grand nombre, de compétences athlétiques éventuellement réinvestissables.
(A suivre) Raymond Dhellemmes
Professeur d'EPS UER-EPS - Lille
Membre du C.P.S. F.S.G.T.
Bibliographie [1] Revue Esprit. Février 1982. Le corps entre illusions et savoirs. [2] Marsenach (J.). Journées Debeyre - 1982 - Noux-les-Mines. [3] Versepuech (G.). Du trois-quarts au demi-fond : le 3 000 m en classe de 6e mixte - Revue EPS - № 174, avril 1982, pp. 39 à 42. [4] Mauffrey (D.). « Dire sa pratique » - Revue EPS № 178 - Décembre 1982. vitesse, relais, demi-fond sont conçus comme un tout au cours du cycle. [5] Bruneau (M.). Des lancers légers : Revue EPS № 174. L'enfant est amené à construire une trajectoire d'engin lancé à partir des rapports réciproques prévision/distance. [6] Tronquai (A.). Athlétisme en EPS. l'apport de la pratique spécialisée. Revue EPS № 172, décembre 1981, pp. 25. [7] Pradet (M.). Les épreuves combinées. Revue EPS № 173, pp. 11 et suiv. [8] Coriot (G.). Les fondamentaux de l'athlétisme, Paris, Vigot, 1950. [8] Goriot (G.). Les fondamentaux de l'athlétisme. Vigot, Paris. 1980. [9] Guézille (G.). Athlétisme : une conception du geste athlétique. Revue EPS № 159. octobre 1979. pp. 22 à 27. [10] Corte (de). Les fondements de l'action didactique, Bruxelles, De Boecks, 1981. [11] Arnault (P.). Le corps en mouvement. Ed. Privat, Toulouse. 1981. p. 141). [12] Guillion (F.) et (A.). - Sport et créativité. - Ed. Universitaire.
Notes (1) Physique, notion qui recouvre un ensemble de domaines qu'ils soient d'ordre mécanique, énergétique, morphologique, etc. (2) Le technicien se caractérise par la réduction du mouvement à son déroulement dans l'espace (positions et gestes), à l'apprentissage de normes d'exécution, tirées des modèles de haut niveau. (3) Les propositions de l'UNSS au travers de l'opération « athlétisme 80 » ont cependant permis, dans certaines régions de poser différemment le problème. Il est possible quand même que la grande masse des élèves ne soit pas touchée par ces opérations. (4) Encore qu'il faille nuancer selon les normes socioculturelles de référence (cf. C. Pociello). (5) Nous donnons à ce terme le sens précisé par Descorte (les fondements de l'action didactique : partie des biens culturels existants... qu'on présente aux élèves dans le but de réaliser les objectifs didactiques). (6) Nous donnons à ce terme le sens qu'indique Parle-bas : organisation signifiante du comportement moteur défini comme individu agissant (lexique commenté en science de l'action motrice). (7) Francine Best indique qu'il faut comprendre sous ce terme quatre dimensions : celle du projet, celle du vécu, celle des opérations mentales et de celle de l'affectivité (activité fonctionnelle). (8) Pour développer ce point, voir Famose (J.-P.) pédagogie de situation. Revue EPSI. décembre/janvier 1983. p. 2 et suivantes. (9) En l'occurrence celui de la poursuite.
actions compatibles avec les trajectoires
Comment les domaines de l'activité déployée par les pratiquants interagissent en vue de la conquête de pouvoirs nouveaux
Photos de l'auteur. Dessins : Raymond Dhelemmes.
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