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Voici le 2ème numéro de « Au Bout du Fil ». En découvrant ces quelques pages, vous serez frappés par l’atmosphè- re qui s’en dégage. Bien sûr, il reste quelque chose de très léger. Il est ici rappelé que « Rire c’est vivre » et c’est nécessaire. Vous saurez aussi que les médecins sont parfois capables d’ordonnances aux vertus thérapeutiques certaines mais fort peu conventionnelles. Vous décou- vrirez que le métier de neuropsy- chologue, infiniment complexe dans son essence, permet à ceux qui en bénéficient de trouver des « astuces » qui ouvrent bien des portes. Pour le reste, vous vous laisserez entrainer dans les réminiscences du passé. Réminiscences vécues com- me support de la construction d’un présent bien vivant qui n’élude pas les difficultés mais qui laisse devi- ner tant de richesses, de rencontres opportunes, d’instants partagés, de victoires remportées. Prenez vraiment le temps de cette lecture. MP - FD Le Vieil Annecy, c’est l’automne au pied du château. Les fleurs et le mou- vement de l’eau ont attiré mon regard. Et vous, qu’en pensez-vous ? Editorial DANS CE NUMÉRO : Editorial Vieille ville, au bord du Thiou Le coin des artistes Zoom sur une profes- sion du SAMSAH : neuropsychologue Rire c’est vivre Itinéraire Regards croisés De l’autre côté de la mer, souvenirs d’en- fance, souvenirs amers Ordonnance pour un Tiramisù Sur le métier Vieille ville, au bord du Thiou Au bout du Fil... JUIN 2015 N°2 Journal du SAMSAH Le Fil d'Ariane SAMSAH Le Fil d’Ariane SAMSAH Le Fil d’Ariane SAMSAH Le Fil d’Ariane SAMSAH Le Fil d’Ariane 18 rue du Val Vert 74600 SEYNOD Stéphane Eischen

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Page 1: 2.Au bout du fil - lesioncerebrale74.fr · j'avais projeté de suivre un cours à la MJC. Cela s'est avéré impossible, mais ... Les tests vont aider à mettre en évidence les fonctions

Voici le 2ème numéro de

« Au Bout du Fil ».

En découvrant ces quelques pages,

vous serez frappés par l’atmosphè-

re qui s’en dégage. Bien sûr, il reste

quelque chose de très léger. Il est

ici rappelé que « Rire c’est vivre »

et c’est nécessaire. Vous saurez

aussi que les médecins sont parfois

capables d’ordonnances aux vertus

thérapeutiques certaines mais fort

peu conventionnelles. Vous décou-

vrirez que le métier de neuropsy-

chologue, infiniment complexe

dans son essence, permet à ceux

qui en bénéficient de trouver des

« astuces » qui ouvrent bien des

portes.

Pour le reste, vous vous laisserez

entrainer dans les réminiscences du

passé. Réminiscences vécues com-

me support de la construction d’un

présent bien vivant qui n’élude pas

les difficultés mais qui laisse devi-

ner tant de richesses, de rencontres

opportunes, d’instants partagés, de

victoires remportées.

Prenez vraiment le temps de cette

lecture.

MP - FD

Le Vieil Annecy, c’est l’automne au

pied du château. Les fleurs et le mou-

vement de l’eau ont attiré mon regard.

Et vous, qu’en pensez-vous ?

Editorial

DANS CE

NUMÉRO :

Editorial

Vieille ville, au bord

du Thiou

Le coin des artistes

Zoom sur une profes-

sion du SAMSAH :

neuropsychologue

Rire c’est vivre

Itinéraire

Regards croisés

De l’autre côté de la

mer, souvenirs d’en-

fance, souvenirs

amers

Ordonnance pour

un Tiramisù

Sur le métier

Vieille ville, au bord du Thiou

Au bout du Fil...

J U I N 2 0 1 5 N ° 2

Journal du SAMSAH Le Fil d'Ariane

S A M S A H L e F i l d ’ A r i a n eS A M S A H L e F i l d ’ A r i a n eS A M S A H L e F i l d ’ A r i a n eS A M S A H L e F i l d ’ A r i a n e

1 8 r u e d u V a l V e r t

7 4 6 0 0 S E Y N O D

Stéphane Eischen

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P A G E 2

A U B O U T D U F I L . . .

Le coin des artistes A l'école j'aimais beaucoup le dessin et j'avais des prédispositions. Ensuite, mon métier de serveur, très prenant, et mes nombreuses autres activités ne m'ont pas laissé de temps pour la peinture. C'est plus tard, grâce à un concours de circonstances que j'ai commencé à peindre. Depuis un accident à l'armée en 1979, j'ai une aphasie et une hémiplégie droite. Droitier à l'origine, j'ai dû sui-vre une rééducation notamment de l'écriture, afin d'utiliser ma main gau-che. En 1995, lors d'une cure en Bretagne, alors que je me promenais, j'ai remar-qué un peintre avec tout son matériel. Je l'ai abordé. Nous avons parlé... Il m'a proposé de faire un essai. Je me suis installé à côté de lui, il m'a fourni une toile, m'a prêté ses pastels ainsi qu'un modèle que j'ai reproduit. C'était plutôt réussi, je venais de réali-ser ma première œuvre.

Parmi mes autres centres d'intérêt il y a aussi la danse. Après cette cure, j'avais projeté de suivre un cours à la MJC. Cela s'est avéré impossible, mais une place était disponible à l'atelier peinture. J'ai donc décidé de m'y ins-crire et j'ai ainsi pu bénéficier des conseils d'un professeur. J'ai connu la Renaissance en 2010, par le biais du Samsah. Avec deux béné-voles nous avons créé l'atelier peintu-re. Seul au début, nous sommes ac-tuellement huit participants, avec deux dessinateurs. Je peins aussi à la maison avec mon propre matériel. Depuis mon accident j'ai des diffi-cultés à utiliser ma main droite. Au-jourd'hui je peins de la main gauche. Avec des pastels ou à la peinture acry-lique, je réalise des portraits, des paysages, des caricatures et même des autoportraits. Je puise mon inspiration sur des ta-bleaux, des photos, des cartes posta-les, que je reproduis en y ajoutant une touche personnelle.

« J’ai remarqué

un peintre avec

tout son

matériel...il m’a

proposé de faire

un essai...C’était

plutôt réussi, je

venais de

réaliser ma

première

œuvre »

Les Glaneurs

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P A G E 3

Une amie, rencontrée lors d'une cure, m'a redonné le goût de vivre. J'ai intégré son visage sur la re-production d'un paysage. Je peins à n'importe quelle heure, même la nuit si j'ai décidé de termi-ner un tableau. Une toile peut prendre du temps, je la retouche jusqu'à être totalement satisfait du résultat. Je la montre ensuite à mes professeurs afin qu'ils me donnent leur avis. J'y apporte des modifications si nécessaire, en suivant leurs conseils. Pour le moment je cesse de peindre à la maison car j'ai tellement de toiles que je ne sais plus où les mettre. Pendant les ateliers peinture, le professeur nous guide dans le choix des couleurs, des tons. A la Renaissance nous achetons les toiles et la peinture nous est fournie. J'achète également des magazines spécialisés dans

lesquels je trouve des explications techniques, des modèles à reproduire et le matériel nécessaire à leur réalisation. Je partage ces revues avec mes collègues de la Re-naissance. Nous avons un projet d'exposition d'une semaine à Evian avec d'autres peintres. J'aimerais pouvoir y vendre quelques tableaux afin de m'acheter du matériel de qualité. J'apprécie le lien avec les autres mais j'aime aussi

beaucoup peindre quand je suis seul. Je suis plus

tranquille et je peux mieux me concentrer. Toute

mon attention est alors dirigée sur la toile et ainsi

j'oublie mes problèmes, mes soucis, ma douleur.

Je m'évade...

Tu m’as donné la vie

Patrick a invité un ami de travail à venir manger

pour la première fois chez lui.

Celui-ci lui demande :

« - Comment faire pour trouver ton appartement?

C’est très simple, une fois arrivé devant la porte

d’entrée, tu donnes un grand coup de pied pour

l’ouvrir. Ensuite , tu appuies avec le coude sur le

bouton de l’ascenseur.

Rire c’est vivre Une fois dans la cabine, tu appuies sur le bouton

du 3ème étage, toujours avec le coude. Après

être arrivé au 3ème étage, tu te diriges vers la 3è-

me porte, et toujours avec le coude, tu sonnes à la

porte et je viens t’ouvrir.

- Très bien, mais pourquoi tout ce cirque, le coup

de pied avec la jambe, le coude???

- Tu ne penses pas venir les mains vides quand

même!!!! MP

Stéphane Eischen

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A U B O U T D U F I L . . .

Cela me permet d’accompagner la per-sonne de manière plus adaptée en fonc-tion de ses besoins et de ses demandes. L’accompagnement est donc singulier et différent pour chaque personne. Il peut s’agir d’entretiens permettant une meilleure compréhension et une meilleure prise de conscience des forces et faiblesses, de conseils donnés, d’in-formations auprès de la personne ainsi qu’auprès des proches. L’accompagne-ment peut également être rééducatif avec comme objectif d’améliorer une fonction précise, par exemple améliorer les capacités attentionnelles. Bien sou-vent mon travail consiste en l’apprentis-sage de stratégies permettant de pallier aux difficultés, ou alors en l’apprentissa-ge de procédures… Mon objectif principal est toujours de permettre à la personne de pouvoir être plus autonome, ainsi que de mieux comprendre ses capacités et ses diffi-cultés et de mieux les accepter. L’idée est également de s’appuyer sur les capa-cités pour venir pallier aux difficultés. Je travaille en étroite collaboration avec l’ensemble de l’équipe du SAMSAH. Je travaille également en lien avec les auxiliaires de vie, les orthophonistes en libéral ou d’autres professionnels ou services partenaires, s’il y en a. Auprès des collègues et des partenaires, mon rôle est d’apporter si besoin, et en accord avec la personne accompagnée, un éclairage leur permettant de mieux comprendre les capacités et difficultés cognitives qui sont parfois méconnues et invisibles.

Cécile Choquard

Mathilde Régnier, vous êtes neurop-sychologue, c’est quoi ce métier peu connu ? Un neuropsychologue est un psycholo-gue spécialisé en neuropsychologie. Le neuropsychologue va s’intéresser aux relations entre ce qu’on appelle les « fonctions cognitives » et le cerveau. Ce sont toutes les fonctions qui nous permettent d’acquérir des connaissances et de réagir de manière adaptée à notre environnement (langage, attention, mé-moire, raisonnement, organisation, prise de décision, reconnaissance des objets, etc.). On trouve des neuropsychologues dans des structures telles que : les services de neurologie, psychiatrie, gériatrie et pé-diatrie, les centres de rééducation ainsi que le milieu carcéral et dans certaines associations privées. Un neuropsychologue peut exercer en libéral, mais les consultations ne sont pas remboursées par la sécurité sociale. Cela consiste en quoi ? Au SAMSAH, j’accompagne plus parti-culièrement des adultes cérébro-lésés. Mon métier consiste à repérer les capa-cités et les difficultés qu’une personne peut présenter suite à un problème cé-rébral (traumatisme crânien, accident vasculaire cérébral, tumeur…) aussi bien au niveau cognitif, qu’émotionnel et comportemental. Cela peut se faire à travers des entretiens et à l’aide d’un bilan neuropsychologique (passation de tests). Les tests vont aider à mettre en évidence les fonctions préservées et identifier d’éventuelles altérations co-gnitives.

Zoom sur une profession du SAMSAH : neuropsychologue

Témoignage de

Dominique : « La

neuropsychologie

est pour moi une

aide à la

rééducation du

fonctionnement du

cerveau, comme la

kinésithérapie l’est

pour les muscles du

corps .»

Témoignage de

Cécile « Grâce aux

astuces de Mathilde,

j’ai pu lire un peu et

mieux utiliser mon

agenda… Avec des

gommettes placées

judicieusement,

j’arrive mieux à me

centrer et me tenir

droite pour mes

déplacements en

fauteuil... »

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Itinéraire Faire des études, entrer dans la vie professionnelle, vivre au quotidien avec ses pro-ches, voir son enfant grandir et partir… quoi de plus naturel ? Il est tout aussi naturel de croire que dans le monde secret de demain, seules les bon-nes choses nous attendaient et d’espérer qu’il en serait toujours ainsi. Mais l’expérience venant, il arrive que notre parcours emprunte un cheminement loin de nos repères quotidiens (connus). On commence par perdre son travail… Les liens avec nos relations de tous les jours et ceux d’avec nos intimes diminuent, dispa-raissent. On ne réalise pas tout à fait. L’habitude de faire face, de se débrouiller seul, nos vertus de confiance, d’énergie, cèdent place à l’incertitude. On n’arrive pas à cela par volonté… Il y a peut être en nous des fragilités. Heureusement, dans ces moments d’errance, il nous arrive de rencontrer les bonnes personnes nous aidant à faire face, pour franchir ce passage. Depuis, j’essaie de retrouver le chemin pour continuer ma route.

Ferhat Rebouh

Ingrédients - 6 œufs

- 500 mg de Mascarpone

- 100 g de sucre

- Des biscuits Boudoirs

- Du café noir

- Du cacao amer en poudre

Réaliser la séance selon les étapes suivantes : Mélanger le sucre et les jaunes d’œufs avec un batteur électrique jusqu’à obtention d’une crème blanche Ajouter le mélange au Mascarpone Battre les blancs en neige et les incorporer à la préparation Mettre une couche de biscuits qu’on aura mouillé rapidement avec le café

A préparer un jour avant de le consommer et conserver au réfrigérateur. Consommer avec modération ! Manger rapidement...pour plusieurs et différentes raisons, se conserve très peu de temps!!

Ordonnance pour un Tiramisù

Identification du prescripteur

Dr Elena MARSON - Médecin MPR

SAMSAH Le Fil d'Ariane 18 rue du Val Vert - Seynod

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P A G E 6

Regards croisés (entre professionnel et bénéficiaire du SAMSAH)

A U B O U T D U F I L . . .

Questions à François Despierres, Directeur du

SAMSAH Le Fil d’Ariane

Bonjour M.Despierres, vous êtes le Directeur du SAMSAH. Ce qui m’intéresserait de savoir,

c’est comment les gens qui travaillent dans un service comme le SAMSAH en sont arrivés là. En

dehors du fait de gagner sa vie, est-ce qu’on peut y trouver son compte et comment ? Y-a-t’il une

part de conviction personnelle ou est-ce le hasard qui mène à faire ce métier ?

Pour vous, pouvez-vous me dire comment les choses se sont passées ? Quel est votre point de vue ?

Quel métier avez-vous appris au début ?

Quand j’étais élève à l’école, avec un groupe d’amis, j’étais très investi auprès d’en-

fants IMC dans l’organisation de loisirs et de vacances. J’ai ainsi plusieurs années de

suite passé des moments très heureux avec ces enfants. A l’époque, il y avait moins

de règles de sécurité qu’aujourd’hui. On pouvait faire un peu comme on voulait et

on faisait les 400 coups ! Je crois que ces enfants en ont gardé un très bon souvenir

et moi aussi ! Tout cela m’a donné envie de faire des études de travailleur social.

Aujourd’hui, après diverses étapes de ma vie professionnelle dans le social, je suis

depuis 10 ans Directeur du Centre Ressources et du SAMSAH Le Fil d'Ariane. Mê-

me si c’est parfois beaucoup de soucis, je trouve une vraie satisfaction à exercer ce

métier. Il me permet de vivre matériellement mais aussi me met en contact avec

beaucoup de gens que j’apprécie vraiment. Même dans un cadre professionnel, les

relations qui se tissent sont très subtiles et complexes. Elles nous amènent à cons-

truire ensemble et à vivre une véritable aventure humaine. La relation que j’ai avec

vous et avec chaque bénéficiaire de nos services est essentielle. Bien connaître cha-

cun m’est indispensable pour faire correctement mon métier de Directeur même

dans les tâches administratives… Comment pourrais-je parler de nos activités,

construire un budget, si je n’ai pas une représentation fidèle de la manière dont cha-

cun vit sa situation de handicap dans sa diversité ? Maintenant, pour faire un métier

comme le mien, je ne sais si c’est une question de conviction et/ou de hasard. Je

crois que chacun s’accroche comme il peut à ses repères notamment profession-

nels. Le contact avec les personnes en situation de handicap ne m’effraie pas. Il n’y

a évidemment aucune différence en tant que personnes humaines entre vous béné-

ficiaires et nous professionnels. Dans le cadre de la relation qui nous lie, nous n’a-

vons pas le même statut mais nous avons tous une expérience intime de la difficulté

de vivre et je pense que c’est sur cette base que les personnes peuvent être reliées

les unes aux autres.

Nous aussi professionnels, nous sommes impactés par des mouvements affectifs

vis-à-vis des personnes que nous accompagnons. C’est difficile, mais il est essentiel

que nous arrivions à créer des liens authentiques et sincères, centrés sur nos compé-

tences, sans pour autant créer de dépendance à long terme.

« Bien connaître

chacun m’est

indispensable pour

faire correctement

mon métier de

Directeur... »

FD

« Les gens qui

s’occupent de ma

situation, je les aime

bien, comme

professionnels bien

sûr, mais aussi en

tant que

personne... »

RB

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Questions à Rémi Bussat, bénéficiaire du SAMSAH Le Fil d’Ariane

Bonjour M.Bussat. Il y a quelques jours, je vous ai entendu dire, à propos de votre situation de handicap « de l’inviva-

ble c’est passé à presque vivable ». Cette phrase m’a beaucoup impressionné. Vous faisiez clairement allusion à tout un

processus et une maturation à l’œuvre depuis votre accident il y a 7 ans.

Qu’est-ce qui a permis cette évolution ? Comment l’accompagnement par notre service a-t’il pu vous aider ? Que pour-

riez-vous me dire à ce propos ?

Pour vous faire comprendre ce que le SAMSAH m’a apporté, je voudrais vous donner une image :

quand on est en difficulté physique et qu’on a du mal à se déplacer, à se tenir debout, à faire sa toilette,

à faire ses transferts, on a besoin de se tenir à des choses. Il faut que ces choses soient solides, qu’on

puisse compter sur elles de manière très concrète : une barre d’appui par exemple…

Et bien un SAMSAH, c’est un peu la même chose. Sur le plan humain, psychologique, la présence de

l’assistante sociale, de la psychologue, de l’ergo, du médecin, ça permet de se reposer. Je peux m’ap-

puyer sur eux, pas forcément tous les jours mais quand j’en ai besoin. A certains moments de l’existen-

ce, par rapport aux problèmes que posent un handicap, si on ne les a pas, on se casse la figure.

Voyez-vous, quand on a un AVC ou un traumatisme crânien, on se retrouve pour longtemps à l’hôpi-

tal puis en rééducation. Au début, on sait qu’on ne va pas bien mais on ne sait pas qu’on va être invali-

de. On n’anticipe pas. Au bout d’un moment, on se dit « Comment je vais faire ? ». Et à partir de ce

moment, c‘est un long chemin pour passer de l’état de valide à celui d’invalide. Je voudrais que des

personnes qui sont dans cette situation et qui se posent cette question « Comment je vais faire ? » puis-

sent lire cet article et se dire « Il y a des services qui existent, sur lesquels je pourrais compter. ». Je

pense que ça leur ferait du bien.

Pour moi, dans ma relation avec les autres, c’est très important que je me sente à l’aise. Avec les pro-

fessionnels du SAMSAH, c’est le cas. Les gens qui s’occupent de ma situation, je les aime bien, com-

me professionnels bien sûr, mais aussi en tant que personne… L’affinité, l’attachement, c’est quelque

chose d’important.

Vous me dites que parfois le regard que, vous professionnels, vous portez sur nous peut-être un peu

du voyeurisme. Peut-être ? Mais c’est important d’être regardé. Parfois, il y a des gens qui passent dans

la rue et qui me voient par la baie vitrée. Ils sont un peu insistants. Ça me fait sourire mais ça ne me

gêne plus.

Venez, je voudrais vous montrer quelque chose… Vous voyez, ma salle de bain. Elle est toute neuve,

posée au millimètre, parfaitement adaptée. Ça a mis du temps mais maintenant, je peux faire beaucoup

tout seul. Au début, l’ergothérapeute prenait plein de mesures. Je ne voyais pas bien où elle voulait en

venir, ça m’énervait un peu. Aujourd’hui, je vois que c’est nécessaire et j’ai un superbe outil. Voilà une

chose qui est devenue vivable ! Merci à elle pour sa patience et sa compétence… et de ne pas m’en

vouloir si j’ai parfois été un peu rude.

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A U B O U T D U F I L . . .

Là-bas, j'aimais bien traîner sur le port, j'aimais bien voir les bateaux. Le port, les bateaux, et ce dernier souvenir qui me revient de ce qui restera pour tou-jours mon pays. Le jour du départ, quand nous avons dû quitter définiti-vement l'Algérie, plus j'approchais du port, plus j'étais angoissé. Toute cette angoisse parce que je quittais mon pays pour toujours, et l'Algérie – le savez-vous ?- c'est tellement beau, et puis après j'arriverais en France dans ma patrie où je ne savais pas du tout ce qui m'attendait. C'était une vision amè-re. Mais pourtant, je garde une telle-ment belle image de ce pays d'au-delà la mer que j'ai un peu des regrets de ne pas avoir pu vivre là-bas.

Je me souviens, en sortant de l'école j'allais jouer à la Placetta qui était juste à côté. Quel endroit formidable pour les gamins que nous étions ! On s'ins-tallait avec les copains, ma grand-mère s’asseyait sur un des nombreux bancs qui nous entouraient. On courait, on faisait de la bicyclette. On allait dans tous les sens. J'étais sous le contrôle de ma grand-mère. Une très gentille fem-me que j'aimais beaucoup.

Enfant, j'aimais Noël, les vacances, les jouets, la famille, c'était magique ! Je me souviens de tous les cadeaux que je trouvais au bas du sapin, un garage, un train, un petit avion, une petite voiture à pédale, et même une carabine à plomb ! Une fois j'ai eu des patins à roulettes. Pauvre de moi, je ne savais pas encore ce qui allait se passer. Un jour alors que j'avais chaussé mes patins à roulettes et que je tournoyais sur le balcon de notre appartement, voilà que j'ai glissé et qu'un patin s'est désolidari-sé de mon pied. J'ai à peine eu le temps de le voir tomber dans la rue en contre-bas, pile sur une voiture bien garée le long du trottoir. Je ne vous explique pas le bruit du fracas du patin sur la voiture et l'impact qu'il a laissé sur la belle carrosserie brillant au soleil ! Je ne savais plus où me mettre. Quant à mon père, outre sa désapprobation, il a dû aller au commissariat de police pour s'expliquer ! Quelle histoire !

De l'autre côté de la mer, souvenirs d'enfance, souvenirs amers (1ère partie)

« J’aimais bien

trainer sur le port,

j’aimais bien voir

les bateaux. Le

port, les bateaux,

et ce dernier sou-

venir qui me re-

vient de ce qui res-

tera pour toujours

mon pays... »

« Là où nous lo-

gions pendant les

vacances, il y avait

une terrasse qui

donnait juste en

face de la plage,

nous habitions un

joli petit caba-

non. »

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P A G E 9 N ° 2

A suivre…

AD

Il y a longtemps, le temps de l'enfance, je me souviens, la lumière, la mer, l'Algérie...

Pourtant, je l'aimais bien ce balcon, j'y passais des heures et des fois même, je m'endormais dessus. C'était le samedi quand je n'allais pas à l'école, l'après-midi je me posais au soleil et j'étais alors pris d'une irrésistible envie de dor-mir. En fait, mon balcon donnait en face de l'école, et certains après-midi où j'étais chez moi, je regardais les autres dans la cour de récréation et là aussi, à force de les regarder, ça m'hypnoti-sait et je finissais par m'endormir.

Souvent remonte en moi le souvenir de cette belle fête des rameaux que j'aimais tant. Là-bas, pour les enfants, aux rameaux, c'était un festival de confiseries. On nous donnait un branchage, et dessus pendaient de belles oranges au bon goût du soleil, et des chocolats, et des bonbons. Je me régalais. Ça fait vraiment partie de mes bons souvenirs. Oh, j'ai aussi quelques mauvais

souvenirs ! Le plus dur c'était l'école. Il faut dire que je n'étais pas très bon élève, plutôt distrait et un peu dans la lune. Là où je pêchais le plus, c'était en mathé-matique. Quelle frousse quand le maître m'appelait au tableau pour faire une opération, je ne savais vraiment pas comment il fallait faire, tous ces chiffres au ta-bleau, moi je n'y comprenais rien ! Et puis, vous sa-vez, les maîtres à l'époque ils n'y allaient pas par qua-tre chemins, et à cause de mon incapacité à répondre je me ramassais des claques monumentales ! Je me mettais à pleurer, au tableau, devant toute la classe et le maître qui n'était pas tendre disait alors à tous mes camarades : « tiens regardez la pleurnicheuse, ça y est il pleure !» Quelle honte !

Heureusement il y avait les fins de semaine, les congés et les loisirs ! Quel bonheur de retrouver la mer. Je pouvais passer du temps à la plage, même si je ne sa-vais pas nager. Mes parents m'avaient d'ailleurs offert une bouée. Je me souviens, pour rejoindre la plage, je prenais ma bouée et je la faisais rouler sur le chemin, c'était rigolo et j'avais la flemme de la porter. Là où nous logions pendant les vacances, il y avait une ter-rasse qui donnait juste en face de la plage, nous habi-tions un joli petit cabanon. La mer était à cent mètres. C'était à Pointe-Pescade. Je passais des heures à regar-der les bateaux passer et la mer bouger sous l'effet des courants et des jeux du vent. Et quand venait le soir, que la nuit tombait sur notre cabanon, ce que j'aimais particulièrement c'était rester muet à l'écoute de ce bruit si particulier des vagues de la mer qui tapent sur les rochers. C'est sous le signe de ce bercement que doucement je m'endormais...

MP

Rire c’est vivre...suite Pour la reprise de l’école, le directeur du

lycée et le responsable de l’internat font les

recommandations d’usage. Ils s’adressent

aux filles et aux garçons : « Il est interdit

aux filles d’aller dans le dortoir des garçons

et inversement.

Quiconque sera surpris à enfreindre cette

règle devra payer, pour la première fois,

une amende de 50 €.

A la deuxième infraction, l’amende sera de

100 €, la troisième fois 200 €.

Quelqu’un a des questions ? »

A ce moment-là, au fond, un jeune homme

s’avance très timidement et demande :

« C’est combien pour un laissez-passer à

l’année ? »

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Au Bout du Fil… Journal du SAMSAH Le Fil d'Ariane 18 rue du Val Vert—74600 SEYNOD Tel : 04.5033.08.69 - Mail : [email protected]

Sur le métier

Christian Pegard, Agnès Manon

Bonjour Christian Pegard ! Vous avez travaillé en tant que numérisateur. Pouvez-vous me dire en quoi consiste ce drôle de métier ? Je ne sais pas s'il est drôle ! Mais c'est vrai que ce n'est pas un métier très connu, et c'est pour cela que je voulais en parler dans le journal. Numériser un document, cela veut dire scanner un document pour le conserver infor-matiquement. D'où venaient ces documents ? Je travaillais pour une « boite » qui sous traitait la partie numérisation de documents de comptabilité et fiches de paye de plusieurs grosses entreprises. Ces documents arrivaient par palette entière... Attendez, attendez !! par palette entière ? Oui ! Il faut savoir que la comptabilité d'1 an d'une entreprise peut représenter autour de 57 000 documents ! Ce qui est énorme en quantité de papiers ! Papiers rangés dans une quinzaine de carton transportés par camion, et tenant sur une palette ! Ma mission était de scanner tous ces documents pour les rendre accessibles sur infor-matique, ce qui est un moyen pratique pour les entreprises de « stocker le papier ». Il y avait aussi pas mal de manutention, car il fallait sortir les documents du carton, les traiter donc, puis les ranger à l'identique afin qu'ils repartent dans l'entreprise qui nous les avait confiés. Quelles sont les qualités d'un numérisateur ? Il faut être organisé et méthodique, être patient aussi. C'est un travail de longue haleine. Il faut également avoir le sens de la confidentialité, on ne peut pas parler des documents qui nous passent entre les mains. Qu'est-ce qui vous a plu dans ce métier ? J'y suis arrivé tardivement, après une reconversion professionnelle. J' étais peintre en bâtiment , un métier dur, qui m'a cassé. J'ai donc repris une formation, et l'informatique m'a bien plu. Puis il y a eu cette place de numérisateur pour laquelle j'ai postulé et j'ai eu le job. J'aimais bien scanner, vérifier que les images passent bien, que ce soit lisible. C'était agréable de remettre en ordre des dossiers. C'est un métier utile, que je pratiquais dans un environnement agréable. Mais j'ai dû mettre fin à cette activité professionnelle, pour cause de problèmes de santé. Je regrette cette période de ma vie. Si un jour je peux reprendre cette activité, je le ferai.

Comité de rédaction : R.Bussat, C. Choquard, A. De Bono, S.Eischen, , M.Patonnier, C.Pegard, F.Rebouh, G.Bissonnier, F.Despierres, A.Manon, E.Marson, G.Masset, C.Montauriol, C.Soudant.