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Monsieur Alto Bashmet starifi e son instrument PAGE 8 Culture Poutine entrouvre Yamal aux étrangers L'appel du gaz sibérien PAGE 3 Economie Renault au secours d'AvtoVAZ Sauveur de l'automobile russe ? PAGE 2 Entreprises Vous aimez Dodine, nous aimons Ozon ! Mikhaïl Chvydkoï : PAGE 7 Billet de l’amitié Retour vers l'élégance .... Le dernier président de l'URSS lance un appel aux Européens dans l'espoir qu'ils feront à l'avenir plus grand cas du point de vue de la Russie. Notre revue de presse s'intéresse au débat récemment ravivé autour de la figure du Petit père des peuples. Il faut bien l'admettre, nous avons af- faire à une “saison sans fin” ... N’impor- te quel critique de premier ordre vous le dira, chaque jour de l’année, à part peut-être Noël, un rendez-vous de la mode a lieu quelque part entre Riga et Reykjavik ou entre Rio et Erevan. Une journaliste que j’avais envoyée couvrir le défilé de Medellin vous savez, la capitale mondiale de la cocaïne m'a raconté à son retour que les manne- quins déambulaient presque au sprint sur le podium! Bref, le mois dernier, c’était au tour de Moscou. La Russian Fashion Week (RFW) a présenté 58 défilés en sept jours, soit le plus gros show à l'Est de Berlin. Depuis ses débuts en 2005, la RFW est devenue une manifestation fort respectable, soutenue par la répu- tation mondiale de Moscou. C'est un réseau culturel à part, une scène noc- turne très hype, une culture du shop- ping en pleine effervescence, l'accès facile à un marché immense de clients avides de mode et des sponsors aux poches profondes. Vous noterez d'ailleurs les embouteillages de limou- sines (Jaguar et Bentley, of course!) à tous les défilés. Comme le tennis ou le golf de haut ni- veau, les saisons se répartissent en grands tournois. Dans la mode, le Grand Chelem c’est Londres, Milan, New York et Paris. Mais la lutte pour une place dans le “top 10” demeure ouverte. Aujourd’hui, Moscou défie des métropoles aussi prestigieuses que Ber- lin, Pékin, Tokyo, Sydney, Rome, São Paolo ou Rio de Janeiro. La RFW joue l’ouverture et prend exemple sur Paris, dont la politique, pour rester en tête des saisons inter- nationales, consiste à accueillir les principaux talents étrangers. LA SUITE EN PAGE 4 PAGE 7 PAGE 7 À LIRE EN RUBRIQUE SOCIÉTÉ, PAGE 6 Ce supplément de huit pages est édité et publié par Rossiyskaya Gazeta (Russie), qui prend l’entière responsabilité de son contenu Publié en coordination avec The Daily Telegraph, The Washington Post et d’autres grands quotidiens internationaux Distribué avec Mercredi, 18 novembre 2009 Depuis dix ans, s’il est une industrie en pleine expansion qui a explosé aux quatre coins du globe, c’est bien celle des Fashion Weeks. Moscou ne fait pas exception! Tout comme une démocratie indépendante a besoin d’édifier un imposant Parlement, tout pays qui se respecte se doit désormais d'avoir sa Fashion Week pour affirmer son droit à l'élégance. GODFREY DEENY SPÉCIALEMENT POUR LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI OPINIONS Mikhaïl Gorbatchev : En finir avec la “Guerre froide” Staline hante les esprits Cette création d’une jeu- ne couturière locale a été présentée cet automne à Moscou. Derrière le clin d'œil aux Babouchki, la modernité du style est ancrée dans une concep- tion très russe de l'élé- gance. PHOTOXPRESS RIA NOVOSTI ITAR -TASS DMITRY KOSTYUKOV _AFP DESSIN DE DMITRI DIVINE La France-sur- Moskova Ce n'est pas de la dernière neige que sont nés les Français de Moscou. De- puis le milieu du XVIIIème siècle, la colonie qu'ils forment donne à la cité russe ses commerçants, percepteurs, tailleurs, parfumeurs, la langue et le ton, la gastronomie et l'élégance. Ça, c'est de l'histoire. Pour ce qui est de l'actualité, la capitale russe reste une destination singulièrement attirante pour les natifs de France. Le contingent augmente, tout en se re- nouvelant depuis la fin de l'URSS. Hom- mes d'affaires, journalistes, étudiants, jeunes actifs, amoureux et autres aven- turiers du monde moderne, nombreux sont les Français qui ont choisi de par- tir s'installer à Moscou pour quelques mois, quelques années, et plus si affi- nité. En trouvant mille façons de vivre et bien vivre dans une ville gigantes- que, parfois familière et pourtant si étrangère. -

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Billet de l’amitié Publié en coordination avec The Daily Telegraph, The Washington Post et d’autres grands quotidiens internationaux étrangère. - Ce supplément de huit pages est édité et publié par Rossiyskaya Gazeta (Russie), qui prend l’entière responsabilité de son contenu Mercredi, 18 novembre 2009 PAGE 2 PAGE 3 PAGE 7 gure du Petit père des peuples . Distribué avec PAGE 8 le déélé de Medellin – vous savez, la capitale mondiale de la cocaïne – m'a GODFREY DEENY

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Page 1: 2009_11_LF_L_all

Monsieur AltoBashmet starifi e son instrument PAGE 8

Culture

Poutine entrouvre Yamal aux étrangers

L'appel du gaz sibérien

PAGE 3

Economie

Renault au secours d'AvtoVAZ

Sauveur de l'automobile russe ?

PAGE 2

Entreprises

Vous aimez Dodine, nous aimons Ozon !

Mikhaïl Chvydkoï :

PAGE 7

Billet de l’amitié

Retour vers l'élégance....

Le dernier président de l'URSS lance un appel aux Européens dans l'espoir qu'ils feront à l'avenir plus grand cas du point de vue de la Russie.

Notre revue de presse s'intéresse au débat récemment ravivé autour de la � gure du Petit père des peuples.

Il faut bien l'admettre, nous avons af-faire à une “saison sans � n”... N’impor-te quel critique de premier ordre vous le dira, chaque jour de l’année, à part peut-être Noël, un rendez-vous de la mode a lieu quelque part entre Riga et Reykjavik ou entre Rio et Erevan. Une journaliste que j’avais envoyée couvrir le dé� lé de Medellin – vous savez, la capitale mondiale de la cocaïne – m'a raconté à son retour que les manne-quins déambulaient presque au sprint sur le podium! Bref, le mois dernier, c’était au tour de

Moscou. La Russian Fashion Week (RFW) a présenté 58 défilés en sept jours, soit le plus gros show à l'Est de Berlin. Depuis ses débuts en 2005, la RFW est devenue une manifestation fort respectable, soutenue par la répu-tation mondiale de Moscou. C'est un réseau culturel à part, une scène noc-turne très hype, une culture du shop-ping en pleine effervescence, l'accès facile à un marché immense de clients avides de mode et des sponsors aux poches profondes. Vous noterez d'ailleurs les embouteillages de limou-

sines (Jaguar et Bentley, of course!) à tous les dé� lés. Comme le tennis ou le golf de haut ni-veau, les saisons se répartissent en grands tournois. Dans la mode, le Grand Chelem c’est Londres, Milan, New York et Paris. Mais la lutte pour une place dans le “top 10” demeure ouverte. Aujourd’hui, Moscou dé� e des métropoles aussi prestigieuses que Ber-lin, Pékin, Tokyo, Sydney, Rome, São Paolo ou Rio de Janeiro. La RFW joue l’ouverture et prend exemple sur Paris, dont la politique, pour rester en tête des saisons inter-nationales, consiste à accueillir les principaux talents étrangers.

LA SUITE EN PAGE 4

PAGE 7

PAGE 7

À LIRE EN RUBRIQUE SOCIÉTÉ, PAGE 6

Ce supplément de huit pages est édité et publié par Rossiyskaya Gazeta (Russie), qui prend l’entière responsabilité de son contenu

Publié en coordination avec The Daily Telegraph, The Washington Post et d’autres grands quotidiens internationaux Distribué avec

Mercredi, 18 novembre 2009

Depuis dix ans, s’il est une industrie en pleine expansion qui a explosé aux quatre coins du globe, c’est bien celle des Fashion Weeks. Moscou ne fait pas exception! Tout comme une démocratie indépendante a besoin d’édifier un imposant Parlement, tout pays qui se respecte se doit désormais d'avoir sa Fashion Week pour affirmer son droit à l'élégance.

GODFREY DEENY SPÉCIALEMENT POUR LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI

OPINIONSMikhaïl Gorbatchev : En finir avec la “Guerre froide”

Staline hante les esprits

Cette création d’une jeu-ne couturière locale a été présentée cet automne à Moscou. Derrière le clin d'œil aux Babouchki, la modernité du style est ancrée dans une concep-tion très russe de l'élé-gance.

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La France-sur- Moskova Ce n'est pas de la dernière neige que sont nés les Français de Moscou. De-puis le milieu du XVIIIème siècle, la colonie qu'ils forment donne à la cité russe ses commerçants, percepteurs, tailleurs, parfumeurs, la langue et le ton, la gastronomie et l'élégance. Ça, c'est de l'histoire. Pour ce qui est de l'actualité, la capitale russe reste une destination singulièrement attirante pour les natifs de France. Le contingent augmente, tout en se re-nouvelant depuis la � n de l'URSS. Hom-mes d'affaires, journalistes, étudiants, jeunes actifs, amoureux et autres aven-turiers du monde moderne, nombreux sont les Français qui ont choisi de par-tir s'installer à Moscou pour quelques mois, quelques années, et plus si affi-nité. En trouvant mille façons de vivre et bien vivre dans une ville gigantes-que, parfois familière et pourtant si étrangère. -

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02LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI www.rbth.rucommuniqué DE roSSiYSKAYA GAZEtADiStribué AVEc LE FiGAro Entreprises

industrie automobile Un partenaire russe en sérieuse perte de vitesse et au bord du gouffre

renault, roue de secours d'AvtoVAZ ?En grande difficulté à cause d'une chute de 60% de ses ventes cette année, le premier constructeur automobile russe quémande désespérément l'aide de l'Etat et de ses actionnaires. Mais Renault, qui détient 25% du capital d'AvtoVAZ, hésite beaucoup à engager des capitaux supplémentaires en dépit des injonctions du Kremlin.

ALExEï KnELZLa RUssie d’aUjoURd’hUi

AvtoVAZ a besoin d'1,5 milliard d'euros pour survivre et l'Etat russe ne veut plus supporter le fardeau seul. Début octobre, le premier ministre Poutine a mis Renault au pied du mur en lui de-mandant d'injecter 406 millions d'euros, faute de quoi sa part des actions d'Av-toVAZ serait ramenée à 6%. Un mois plus tard, la tactique changeait radi-calement. Le vice-premier ministre Chouvalov invitait le constructeur fran-çais à monter au capital...Pressé de toutes parts, Renault campe sur ses positions: contribution à la res-tructuration d'AvtoVAZ par des ap-ports de technologie, d'équipements, de savoir-faire et de plateformes, mais pas de nouvel apport de capitaux.La marque au losange avait acquis une minorité de blocage d’AvtoVAZ en fé-vrier 2008 pour 1 milliard de dollars. AvtoVAZ reste la plus grande entre-prise russe, qui vend chaque année plus de 300.000 voitures et représente 1% du P.I.B. russe.

Des dettes pour attirer les investisseursLa dette d’AvtoVAZ représente près de 37 milliards de roubles (850 millions d’euros). Le 19 octobre, la direction

d’AvtoVAZ a annoncé qu’elle n’excluait pas une mise en faillite sans arrêt de la production. Mais 100.000 person-nes travaillent chez AvtoVAZ, soit un sixième des habitants de la ville de Togliatti où l'automobile fait aussi vivre, indirectement, le reste de la po-pulation. La fermeture de l'usine en-traînerait une catastrophe sociale dont le spectre fait trembler le Kremlin. Pas question, donc, d'abandonner le “De-troit russe” (Le Kremlin envisageait au départ de faire appel aux plus gran-des banques d’Etat). AvtoVAZ a besoin d’argent non seu-lement pour rembourser ses dettes, mais aussi pour réaliser un programme d’in-

vestissement de 965 millions d’euros. Ce programme prévoit en 2012 la mise en production de cinq nouveaux mo-dèles assemblés sur une plateforme Re-nault, qui investit à cet effet 240 mil-lions d’euros. Deux de ces nouveaux modèles seront commercialisés sous la marque Lada, deux autres sous Re-nault, et le dernier sous Nissan.

renault : dernière chance pour AvtoVAZ ?La question se pose d’elle-même: Av-toVAZ survivra-t-elle? La firme russe traverse une crise beaucoup plus pro-fonde que les autres constructeurs mon-diaux. Et si les autorités n’avaient pas

imposé de taxes à l’importation de vé-hicules d’occasion en provenance des marchés européens et asiatiques, les Lada auraient depuis longtemps dis-paru.

Avtoframos

Co-entreprise entre Renault et la mai-rie de Moscou (93% contre 7%) fon-dée en 1998. La production des Re-nault Logan a démarré depuis avril 2005 dans l'usine de Moscou. Renault y a déjà investi 250 millions de dollars et a créé 2.300 emplois.

"Lada. Poursuis sur ta lancée!" Publicité d'AvtoVAZ. Le russe espère atteindre en 2010 son seuil de rentabilité.

une longue série de défis pour le constructeur français L’entreprise Renault produit en Rus-sie sa Logan (vendue en France sous la marque Dacia) depuis 2005 dans son usine moscovite Avtoframos. En inon-dant le marché de petites cylindrées, Renault a commencé à être associé, dans l’esprit du consommateur russe, à une automobile bon marché. Ce qui rend plus difficile le positionnement sur le marché local de modèles plus haut de gamme de la marque françai-se. En Russie, le segment des voitures d’entrée de gamme est à l’heure ac-tuelle déjà bien fourni: les Logan et les Lada (principale marque de voi-tures d’AvtoVAZ) le partagent avec les Daewoo, Chevrolet et autres Hyun-dai, ainsi qu’avec les produits d’une industrie automobile chinoise en plein essor.

un marché russe malgré tout prometteurLa clé des problèmes d’AvtoVAZ pour-rait reposer sur trois axes d'action: la localisation de la production et la création d’une base de fournisseurs, l’introduction de nouvelles technolo-gies dans la production, et leur ges-tion en utilisant les compétences fran-çaises. Jacques Sapir soutient ce point de vue, en supposant que Renault compte, en Russie, non seulement pro-duire des véhicules, “mais encore, très probablement, fournir des pièces de rechange et des moteurs, en particu-lier, pour les automobiles d’AvtoVAZ. Cette opération permettra à Renault d’augmenter ses volumes de produc-tion et de diminuer ses coûts”, assure l’expert. -

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03LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI www.rbth.rucommuniqué DE roSSiYSKAYA GAZEtADiStribué AVEc LE FiGAro Economie

En bref rusAl à la bourse de Paris ?Le numéro un mondial de l’aluminium a discrètement déposé fin octobre un dossier auprès de l’Autorité des mar-chés financiers (AMF). Un événement significatif pour la place parisienne, où il n’y a pas eu d’opération supé-rieure à 1 milliard d’euros depuis oc-tobre 2007. Si elle se réalise, l’entrée du géant russe RusAl fera grand bruit. Ce serait la première fois que Paris co-terait une entreprise russe d’une telle envergure. Selon une source bancaire, RusAl veut une double cotation à Paris et à Hong Kong, espérant lever entre 1,5 et 2,5 milliards de dollars (soit entre 10 et 20% du capital). Le double placement a aussi pour intérêt de donner une meilleure visibi-lité au groupe et d’avoir une cotation 24 heures sur 24. Paris, via Euronext, permettrait à RusAl d’avoir une co-tation en euros et d’entrer dans le champ d’étude de nombreux analystes du secteur. Le groupe russe compte dans un premier temps réserver ses actions aux investisseurs institu-tionnels qualifiés. RusAl,qui affiche 15,7 milliards de dollars de chiffre d’affaires, est plombé par une dette estimée à 16,8 milliards de dollars.

Le géant français de l’industrie pharma-ceutique a versé 28 millions d’euros au groupe polonais Bioton pour une part de 38% dans une usine de la région d’Oriol (sud-ouest de Moscou).Sanofi-Aventis devrait recevoir dans le futur une part supplémentaire de 12% plus une action, et obtenir ainsi la majorité dans le capital de l’usine, a indiqué un porte-parole du groupe français. Selon le magazine russe Expert, Sanofi aurait déjà discrètement racheté en outre une part de 36% à l’homme d’affaires russe Sergueï Dokoutchaïev.

Sanofi-Aventis s’offre un fabricant russe d’insuline

EDF poursuit des négociations avec le géant gazier pour une participation mi-noritaire dans le gazoduc South Stream qui transportera du gaz russe à travers la Mer Noire puis les Balkans, principa-lement à destination du marché italien. L’objectif du gazoduc est de contourner l’Ukraine (pays par lequel transitent aujourd’hui 80% du gaz russe destiné à l’Europe) mais aussi de concurrencer le projet paneuropéen Nabucco. EDF affirme qu’un accord final sera signé dans un “proche futur” avec Gazprom. En attendant, les deux groupes se sont déjà mis d’accord pour échanger des volumes afin de faciliter la pénétration du groupe russe sur le marché des Etats-Unis. EDF a accepté de fournir 0,5 milliards de m² de gaz par an à Gaz-prom sur ses opérations nord américai-nes et cela pour 5 ans, en échange des mêmes volumes fournis par Gazprom à EDF à destination du Royaume-Uni.

EDF se rapproche de Gazprom

16ème Forum bancaire international de russie30 novembre - 3 décembre, Grange city hôtel, LondresCette grande manifestation annuelle est desti-née aux principaux acteurs du secteur bancaire russe. Au menu: échanges d'idées sur des stra-

tégies face à la crise et sur le développement du secteur dans le cadre des nouvelles conditions économiques. C'est aussi un rendez-vous à ne pas manquer pour les relations d’affaires.http://www.adamsmithconferences.com investir en russie: rendez-vous annuel au Sénat 10 et 11 décembre, Paris, Sénat - Palais du LuxembourgCe séminaire sur 2 jours débutera par un atelier d'information et une réflexion collective sur les principaux sujets d’interrogation du moment, en présence de personnalités et de professionnels russes de tout premier plan. Le 11, un forum d'affaires rassemblera plusieurs dizaines de

prestataires privés et d’institutionnels installés en Russie et qui partageront leur expérience du terrain. Des rendez-vous individuels pour des contacts directs et opérationnels seront organi-sés par l’Agence UBIFRANCE et la Mission écono-mique à Moscou, en partenariat avec la Chambre de Commerce et d’Industrie Française en Russie, la Section Russie des Conseillers du Commerce Extérieur de la France et de nombreux opérateurs privés implantés en Russiehttp://www.ubifrance.fr 15ème sommet “Les métaux de la cEi”17-19 février 2010, moscouLes participants tireront les leçons de la crise économique internationale et évoqueront les

évolutions potentielles de l’industrie. L’impact des restrictions des importations sur les marchés mondiaux des métaux fera l’objet d’une analyse des menaces protectionnistes. Une présentation de projets visant à améliorer l'efficacité de l'industrie ponctuera la manifestation.http://www.adamsmithconferences.com

Projet Poutine invite de nouveau les majors étrangères dans ses gisements gaziers

Vous reprendrez bien du Yamal ?Les géants internationaux du gaz rêvent depuis longtemps de pouvoir exploiter les immenses réserves enfouies dans le nord de la Sibérie. Moscou donne des signes de vouloir partager... pour mieux avoir accès au marché de la distribution en échange.

iVAn rubAnoVMAGAzINE ExPERt

Le gouvernement s’est précipité à larescousse des grosses banques mais aabandonné les établissements desecond et de troisième plans à leursort. Le ministre des Finances AlexeiKoudrine a déclaré récemment queprès de 200 banques commercialespourraient cesser leur activité.

DEniS KuchKintRéSORIER EN CHEF, UGLEMEtBANK

Selon Alexeï Miller, le PDG de Gaz-prom, la production de gaz à Yamal de-vrait passer de zéro a 360 milliards de mètres cubes d’ici 20 ans. Ces chiffres placent Yamal en com pagnie du golfe Persique, parmi les principaux gisements de gaz mondiaux avec 177 trillions de mètres cubes de réserves prouvées. Pourtant, la nouvelle manne se situe dans un environnement diffi-cile pour son développement: un climat hostile et une région éloignée de ses marchés, qui ne sont accessibles qu'au prix de longs trajets encombrés de glace. Mais tout cela n’empêche pas les com-pagnies étrangères de se bousculer aux portes de ce “bout du monde”.L’importance du Gaz de Pétrole Liqué-fié (GPL) est l’autre grand atout pour la région. Selon Alexeï Miller, le marché du GPL devrait doubler d’ici à 2020, et sa part dans ce business florissant pas-ser à 25%, alors qu’il n’occupe qu’une place marginale dans le gazoduc vers l’Europe actuellement.

comme des abeilles sur le mielAujourd’hui, une seule usine de GPL, sur les côtes de l’Alaska, opère dans un climat sub-arctique. C’est pourquoi, comme l’a expliqué le ministre russe de l’Energie, les projets de GPL requièrent de nouvelles solutions technologiques, d'où la nécessité d'entamer sans atten-

dre des discussions avec les partenaires étrangers.

Gaz contre technologiesPresque tous les présidents des grandes compagnies pétrolières mondiales ont participé au Sommet de Yamal en 2008. Les Européens étaient en force. Dmitri Lutyagin, un analyste chez Veles Capi-tal, note que ”la production en Europe diminue de 5% à 7% par an et la part de la production européenne dans la fourniture du gaz va passer de 41% aujourd’hui à 20% en 2025; dans ce contexte, les compagnies européennes ne peuvent pas passer à côté de la chan-ce d’accéder à ces réserves géantes”.

Pourquoi le Kremlin a-t-il besoin de faire entrer des étrangers dans le jeu? La crise financière offre une première réponse évidente: la chute récente des prix du pétrole et la baisse des entrées de pétrodollars ont forcé le gouverne-ment russe à demander de l’aide aux compagnies étrangères. Mais d'autres facteurs sont intervenus dans une si-tuation plus complexe qu'il n'y pa-raît. L’une des principales raisons justifiant l'entrée des majors du pétrole est le dé-ficit technologique des compagnies lo-cales habituées à un gaz jadis aisé-ment accessible mais aujourd'hui déclinant. Même l’absence de techno-

logies lourdes de production d’équi-pement pour l’extraction du GPL est un handicap pour les compagnies rus-ses engagées dans la fabrication et l'installation de gazoducs offshore ou l'exploitation des gisements pro-fonds. Autre facteur essentiel qui se cache der-rière l’invitation généreuse de Gazprom: son besoin de partager les risques et les coûts. Le développement de Yamal né-cessite un investissement sans précé-dent à l'aune des normes post-soviéti-ques. Dmitri Lutyagin estime à 200 milliards de dollars le coût total de Yamal, ce qui est bien au-dessus des moyens de Gazprom. -

La technologie du GPL (LNG en anglais) sera très sollicitée dans le développement de Yamal.

La crise place les petites banques russes entre le marteau et l'enclume

«La seconde vague de la crise [bancai-re] est là, mais nous ne l’avons pas re-marquée». Dixit Pavel Teploukhine, di-recteur de Troika Dialog, la principale banque d’investissement russe. Les particuliers n’ont rien perdu, grâce aux assurances, et le secteur réel n’en

est pas bouleversé: l’emprunt reste aussi inabordable qu’avant, et les taux d’in-térêt s’élèvent au-dessus de 20%. Selon Sergei Sobyanin, premier ministre ad-joint et secrétaire général du gouver-nement, quelque 11,55 milliards d’euros ont été prélevés sur le budget fédéral et les réserves de la Banque centrale pour affronter cette nouvelle vague.La première vague de la crise bancai-re en automne 2008 a coûté au budget 69,3 millions d’euros. Elle a surtout concerné les grandes banques, dont cer-taines ont été nationalisées. A l’instar de ses homologues américains et européens, le gouvernement russe s’est précipité à la rescousse du systè-me fi nancier, en injectant de l’argent dans les banques (surtout celles dans

lesquelles il détient des parts). Ces ef-forts ont permis d’enrayer un marasme encore pire. Néanmoins, le fl ot de ca-pitaux n’a pas résolu le problème des emprunts à taux élevé, drame de l’éco-nomie russe pendant la crise.Il allait de soi que les banques de se-cond et de troisième plans seraient af-fectées elles aussi.La diminution du nombre total de ban-ques sur le marché aura un impact né-gatif sur la qualité et le prix des servi-ces. Selon les différentes agences de nota-tion, les emprunts non remboursés des entreprises atteindront 74 milliards d’euros vers la fi n de l’année, soit 20% du total des prêts, et l’augmentation prévisible des défauts de rembourse-

ment pourrait toucher 35 à 50% des portefeuilles. Une solution possible serait la création d’une banque spéciale pour les emprunts irrécouvrables. Les efforts anticrise pourraient renforcer la position des ban-ques publiques dans le secteur, ce qui, selon de nombreux experts, serait le pire scénario possible.En effet, les banques publiques et lesbanques détenues partiellement par l’État disposent de ressources adminis-tratives et fi nancières leur permettant de concurrencer leurs rivales plus mo-destes pour attirer dépôts fiables et clients prêteurs.On peut imaginer un scénario moins redoutable selon lequel les petites ban-ques seraient absorbées par les plusgrandes. En attendant, c’est le bon mo-ment pour les acteurs étrangers d’in-vestir le marché bancaire russe sansavoir à monter des établissements detoutes pièces, évitant ainsi une procé-dure longue et compliquée. -

Affaires à suivre

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Tous les détails et bien davantage sur notre sitewww.rbth.ru

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Sa carrière démarre dans le bruit et la fureur en 1963, quand il pré-

sente sa première collection, déchaînant aussitôt une tempête d’émotions parmi les dignitaires soviétiques et la presse occidentale, témoin fortuit. Ses mo-dèles défilent sur le po-dium en douillettes et jupes légères cousues de châles à fleurs, chaus-

sées de valenki (bottes de feutre). La commission qui devait valider cette collec-tion s’est trouvée en état de choc. Résultat, Zaitsev reçut un blâme et n’eut pas la possibilité de pré-senter ses collections sui-vantes. Pendant ce temps, Paris-Match pu-bliait six pages consa-crées à l’expérimenta-

tion courageuse d’un jeune créateur russe. Le mystère reste entier sur la manière dont son journaliste s’était in-troduit au défilé. Zaitsev obtient son titre de “Dior Rouge”, ainsi que le Grand Prix, pour une robe

pourpre, sobrement appelée “Russie”, qu’il présente en 1967

au concours des créateurs du Fes-tival Mondial de jeunesse à Mos-

LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI www.rbth.rucommuniqué DE roSSiYSKAYA GAZEtADiStribué AvEc LE FiGAromode

À commencer par les stars comme Yohji Yamamoto et Issey Miyake, il y a tren-te ans, et par la suite, une déferlante venue d’Angleterre, d'Italie, et plus ré-cemment de Chine, d'Inde et de Rus-

sie – la Chambre syndicale trou-ve toujours dans son calendrier de la place pour les jeunes gé-nies.

On peut dire la même chose de Moscou, où le fondateur et PDG de la RFW, Alexan-dre Choumsky a invité des stylistes talentueux en grand nombre. En octobre, la RFW a exhibé onze sty-

listes étrangers, dont le Malaisien Sonny San, l’Es-pagnole Agatha Ruiz de la Prada et, lors d’une jour-née italienne, Ennio Ca-pasa. Choumsky colla-bore même avec la Camera della Moda (Chambre Syndicale) de Milan, qui a en-voyé à Moscou un nouveau groupe de stylistes émergents,

les “Incubatore della Moda”, réunis en un défilé commun.Mais laissons un peu les chiffres par-ler d'eux-mêmes: la RFW a présenté 58 défilés, contre 30 pour Berlin, 40 pour Rio de Janeiro, 43 pour Sydney, et 54 pour Londres. Cette performan-ce peut-elle s'interpréter comme une nouvelle manifestation du maximalis-me russe? “Notre but a toujours été de faire de la RFW un événement rivali-sant avec les semaines de la mode de New York et d’Europe occidentale. Je pense que les visiteurs de notre saison ont pu constater que nous y sommes parvenus”, se rengorge Choumsky, qui a lançé la RFW il y a dix ans. C’est la RFW qui a révélé de nombreux stylistes russes, devenus par la suite cé-lèbres en Occident, comme Igor Cha-purin, Alena Akhmadullina, Tatiana Parfionova, Svetlana Tegin, et la saison a contribué à développer le marché pour les stylistes russes en Russie, alors qu’il y a dix ans, les consommateurs de mode russes n’achetaient que des marques oc-cidentales. Il y a cinq ans, les sondages montraient que seulement 2% des ama-teurs moscovites de haute couture pos-sédaient des marques russes. Cette année, ils sont passés à 20%.

L'optimisme est de retour à Moscou, alors que les prix du pétrole remontent et que l’économie est en voie de réta-blissement. Cette bonne tendance était particulièrement perceptible lors du dé-filé de Julia Sarkisova, épouse d’oligar-que. Le premier rang était garni de filles tout aussi bien financées... Sa collec-tion devait beaucoup aux marques oc-cidentales Roberto Cavalli et Balmain, mais Sarkisova a injecté suffisamment de mordant moscovite pour qu'on lui accorde le droit de revendiquer l’origi-nalité. En Europe, on couvre les jeans de cristal depuis un bout de temps déjà. Sarkisova, elle, utilise de véritables dia-mants. Ses jeans et manteaux sont si chers – jusqu’à 70.000 euros – que tout un groupe d'agents de sécurité financé par son époux arménien, Nikolaï Sar-kisov, veillait en coulisse. Chez le très impétueux duo féminin Shumila & Elagina, le thème du défi-lé était “Mariage de stars de rock russe”, avec une nette influence du style punk chic. Les deux créatrices ont envoyé sur le podium des filles en robes de cocktail sexy de soies et cotons cireux, finies aux bretelles sport ou pattes d’éléphant immenses, idéales pour un choriste de James Brown. Mais le clou

du défilé fut un quartette de demoi-selles de choc, idéalement imaginées pour le prochain mariage de Johnny Halliday. D’autres créateurs ont préféré l’ironie, comme chez Dom Stili Bouton, où un nouveau tissu imprimé a été inventé, avec le portrait de Poutine sur les dol-lars et celui d’Obama sur les roubles. Le maillot de bain dans cette matière qui ouvrait le défilé a créé un “buzz” sans précédent et déclenché les applau-dissements des 800 invités. Toute cette bonne humeur avait quel-que chose de prémonitoire. Et de fait, le lendemain du défilé, les chiffres officiels annonçaient que l’économie a progres-sé de 0,6% au troisième trimestre de 2009, après une chute record de 10,9% au deuxième trimestre. Le rouble s'est raffermi régulièrement contre le dollar ces dernières semaines, et le baril de pé-trole a dépassé les 80 dollars. “Nous sortons d'une année très difficile, pour les créa-teurs comme pour les reven-deurs. Mais les cho-ses s’arrangent, et rapidement”, s'est féli-cité Choumsky, qui fait désormais figure de tsar de la mode. -

il conjugue le bariolé et l'épuré

ALExAnDrE choumSKYPDG De la Russian Fashion Week

“a l’heure actuelle, la mode russe est trop jeune pour pouvoir espérer des succès commerciaux significatifs. nous avons un grand nombre de maisons vraiment vieux jeu et incapables de produire autre chose que des robes de mariées. Quelques-unes continuent à sortir des collections, mais sans identité. Finalement, ce n’est pas qu'une question de mode”.

“la première Russian Fashion Week avait présenté seulement 20 défilés. l'industrie ne produisait pas plus. Désormais, la RFW, c'est 50-60 nouveaux défilés à chaque saison et entre 15 et 20 de recalés!”

“Pour l’année prochaine, nous travaillons sur le projet de la Journée française à Moscou. J.-C. de Castelbajac, qui a présenté un fantastique défilé cette saison dernière, m’a promis qu'il amènerait avec lui à Moscou les jeunes créateurs français les plus talentueux”.

cou. Il est le premier couturier sovié-tique à avoir eu l ’honneur de présenter sa collection à la Semaine de la mode à Paris (ville dont, soit dit en passant, il est aussi citoyen d’hon-neur). C’est justement à l’issue de cet évé-nement qu’il est élu Homme de l’an-née du monde de la mode. Comme il l’avoue lui-même, il a toujours eu peur du consensuel: “J’étais l'homme des situations extrêmes et j’aimais être en contradiction avec l’époque”. L’un des tournants décisifs a eu lieu en 1979, quand Zaitsev a fondé son mo-deste atelier, qui deviendra par la suite sa légendaire Maison de la mode. Aujourd’hui, il prépare deux collec-tions par an. En collaboration avec L’Oréal en France, il produit son par-fum “Maroussia”. Il dessine du mobi-lier pour une entreprise belge.Le mois dernier, comme d’habitude, il a inauguré à Moscou la Russian Fashion Week. Cette fois, le célèbre coloriste a présenté une collection somptueusement légère, de drapés cin-trés, baptisée “En dépit de!”“Nous ne nous rendons pas, en dépit de la crise dans le monde et dans notre pays!”, confie Slava Zaitsev à La Russie d’Aujourd’hui. “En dépit de tout, je crée. Pour être honnête, j’ai dû faire plus sim-ple et plus léger. J’ai décidé d’abandon-ner le luxe pour l’instant. Mes silhouet-tes sont plus épurées cette saison”.Zaitsev est depuis longtemps syno-nyme de la haute couture et du luxe russes. Pour sa visite à la Reine d’An-gleterre, Ludmila Poutine, épouse du premier ministre, a arboré un chapeau signé Zaitsev qui aurait épaté n’im-porte quel sang bleu. Mais avec sa dernière collection, Zait-sev s’est départi de son exubérance habituelle. Inspiré par ses récents voyages en Asie, c'est un nouveau mes-sage à ses disciples qu'il a offert pour le printemps et l’été 2010. -

A 71 ans et plus de 50 ans de carrière, Slava Zaitsev, célébré par Paris Match dès 1965 comme le "Dior Rouge", conserve son statut de précurseur de la mode russe. Belle revanche pour ce fils d’ennemi du peuple qui fut, dans sa jeunesse, interdit d’études dans les meilleurs instituts du pays.

citationsPortrait saison après saison, slava Zaitsev tisse la tendance

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La Fashion week à la mode russe

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05ModeLA RUSSIE D’AUJOURD’HUI www.rbth.rucoMMuniqué DE roSSiYSKAYA GAZEtADiStribué AVEc LE FiGAro

On en parlait depuis dix ans. Mais les divers projets de création d’un musée de la mode à Moscou tour-naient en rond: certains des

concepteurs avaient le bon endroit mais pas les collections, pour d'autres, c'était le contraire. Le Musée national des arts décoratifs et populaires a mis tout le

84 % des vêtements présents sur le marché russe ne sont pas fabriqués sur le territoire de la Russie. En valeur monétaire, plus de 80 % des importa-tions vestimentaires viennent de Chine et des pays du Sud-Ouest asiatique, ce qui explique la domination de la mar-chandise d’origine chinoise sur le mar-ché russe.Une des particularités les plus frap-

pantes du marché russe, c'est la ré-partition très inégale des parts de marché dans les différentes régions et villes de Russie. Jusqu’en 2004, la part des deux villes de Mos-cou et Saint-Pétersbourg pesait pour plus de 65% du total. Cette disproportion depuis les cinq dernières années a tendance à

se réduire pet i t à pet i t . Aujourd’hui, Moscou et Saint-Pé-

tersbourg représentent environ 30

rêves réaliséscaine se pâme: “C’est donc vous! Vous n’avez pas l’air d’un meurtrier. Je suis bien heureuse que vous ayez pu fuir ces sales Bolcheviques”. Mais le krach bour-sier de 1929 ruine les clients d’Irfé. L’ate-lier ferme en 1931. Près de huit décennies plus tard, Olga Sorokina, jeune mannequin biélorusse, découvre, sous la plume du décorateur de théâtre Alexandre Vassiliev, le des-tin de cette première émigration blan-che. Sitôt achevée la lecture de Beauty in Exile, elle décide de ressusciter Irfé. Elle a à peine 23 ans.Son audace séduit la comtesse Xenia Sfiris-Sheremeteva, petite-fille des fon-dateurs d’Irfé et unique descendante de Nicolas II. En quelques mois, Olga Sorokina dessine des robes inspirées des modèles des années 1920 pour une première collection en forme d’hom-mage dévoilée en juillet 2008 au Palais de Tokyo. Hors de question pour autant de s’en-fermer dans un style suranné. Dès la collection suivante, la créatrice arrime Irfé au XXIème siècle. “Je reprends les motifs et les obsessions de l’Empire

comme l’aigle à deux têtes, la couron-ne, la croix de l’ordre de Malte, ou en-core le violet, couleur préférée d’Irina, mais je les détourne, par petites tou-ches. Le résultat est très moderne”, af-firme la jeune femme.Seule concession à la tradition d’Irfé: l’exigence de la qualité. “Nous choisis-sons les meilleurs fournisseurs et les meilleurs ateliers, en France et en Ita-lie. Il faut faire le maximum ou ne rien faire du tout”. Résultat: de Tokyo à Saint-Tropez, du Bon Marché au Koweït, Irfé affiche pour la saison printemps-été 2010 un carnet de commandes à faire pâlir d’envie les créateurs russes: “Il y a en Russie des couturiers de talent mais pas de systè-me, pas d’acheteurs. Ça n’a pas de sens de créer de beaux vêtements si l'on ne peut pas assurer les commandes. C’est pour ça que j’ai voulu une véritable mai-son, une équipe et c’est pour ça que notre showroom est installé rue du Fau-bourg Saint-Honoré”.Carla Bruni-Sarkozy n’a d’ailleurs eu que quelques centaines de mètres à par-courir pour venir choisir un sac à main

Olga Sorokina est un phénomène encore méconnu de la mode. Cette toute jeune roturière biélorusse est parvenue presque seule à ressusciter une prestigieuse maison de couture fondée par d'illustres aristocrates russes réfugiés à Paris.

Irfé – “elle nous a écrit une lettre de remerciements”, glisse, non sans fierté, la créatrice. Regard bleu invincible, à peine ma-quillée, elle prend un malin plaisir à conjuguer la délicatesse d’Irina et la fougue de Félix. Négligeant les obsta-cles, elle échafaude mille projets: ouvrir une boutique à Paris – “mais on ne trou-ve rien au Faubourg et je veux y res-ter” –, percer le marché new-yorkais, ou encore relancer les parfums Irfé en

retrouvant les formules Youssoupoff.Combien de destins brisés pour un succès comme le sien, combien de jeu-nes beautés devenues hôtesses plutôt que mannequins? Elle n’y pense pas: “La force des mannequins de l’Est, c’est qu’elles gardent leur rêve che-villé au corps, qu’elles encaissent les coups sans faillir. Elles se considèrent comme des stars, et ça marche. Moi je n’ose plus rêver, car tout ce dont je rêve se réalise”. -

haute couture Ressusciter l'élégance de la Russie blanche

Les dessous du vêtement russe

Musée Comme Paris, Moscou s'offre son musée de la mode

L'immortel destin de l'éphémère 2010 verra l'ouverture du premier musée russe entièrement consacré à la mode – une institution richement dotée grâce au fonds du Musée des arts décoratifs et populaires, et qui accueillera plus de 30 000 pièces de collection.

VLADiMir SEMEnoVSPéCialeMent PouR la RuSSie d’aujouRd’hui

monde d'accord. Les Arts déco possè-dent une vaste collection, remontant à 1885, de croquis, de lithographies, de costumes, de robes et d'accessoires: de quoi faire un vrai musée, sur le modèle – à Moscou, on le cache pas – du Musée de la mode et du textile du Louvre.Pour l'inauguration dont la date n'est pas encore fixée, une exposition spé-ciale, “Le noir et le blanc”, va retracer l’histoire du costume urbain de la fin du XIXème siècle au début du XXème. Au programme: des croquis d’acces-soires exécutés par les peintres russes des années 1920 pour les maisons de mode françaises, dont Hermès, des li-thographies de costumes de scène du XIXème siècle et des photos de défilés des années 1950. Le musée mise sur la

collaboration de la nouvelle généra-tion de créateurs russes pour ajouter à son fonds les plus belles pièces de leurs collections. “Pour la fin de l’an-née, nous prévoyons d’ouvrir quelques salles d’exposition”, explique Marga-rita Barjanova, directrice du Musée des arts décoratifs et populaires. “Salles qui seront ensuite mises à la disposi-tion du Musée de la mode pour ses ex-positions permanentes”, après son inau-guration en 2010.Le premier projet d’envergure du nou-veau musée sera l’exposition “La Rus-sie des indiennes”, consacrée à l’histoi-re de ce tissu peint ou imprimé en vogue entre le XVIIème siècle et le XIXème siècle. Objectif recherché: une présen-tation du tissu comme matériau artis-

Irina Romanova et son mari incarnent le nec plus ultra des années 20.

80 ans plus tard, la fougueuse Olga Sorokina replace Irfé sur les podiums.

Préparé parFashion Consulting Group pour

Artefact Communications Agency

Vladimir Semenov est écrivain et com-missaire du Musée russe de la mode.

Cette nuit d'hiver 1924, le Tout-Paris n'a d'yeux que pour la princesse Irina Romanova, nièce du dernier tsar Nico-las II, qui ouvre dans les salons du Ritz le premier défilé de sa maison de cou-ture, Irfé. A ses côtés, son époux, Félix Youssoupoff, enflamme les esprits qui devinent sous les exquises manières du prince la sauvagerie de l'assassin de

Raspoutine. Irfé, mariage de leurs deux

noms, connaît un succès fulgurant . Les

clientes insistent pour rencontrer le prince. Une riche Améri-

MADELEinE LEroYEr SPéCialeMent PouR la RuSSie d’aujouRd’hui

tendanceMoscou rêve d'être

à 40% du marché vestimentaire russe. En outre, le volume du marché mos-covite est deux fois supérieur à celui de Saint-Pétersbourg. La ville d’Eka-terinbourg arrive en troisième posi-tion. Cette disparité s’explique par l’inégalité de la répartition de la po-pulation et des revenus entre les dif-férentes régions. Autre particularité: l'établissement des prix. Le même produit se vend plus cher en Russie qu’en Europe. Au prix de la marchandise, il faut ajou-ter les coûts de transport, les frais de douanes – plus élevés que dans les autres pays – et la majoration du dis-tributeur russe. En moyenne, le prix de vente au détail en magasin dépas-se de 15 à 30% celui pratiqué en Ita-lie ou en France. Le volume des ventes au détail du mar-ché du prêt-à-porter en 2008 a atteint

tique à part entière, de son évolution jusqu’en 1917, et des innovations qu'il a connues dans les années 1920-1930. L’exposition mettra en vitrine des piè-ces uniques de la fin du XIXème-dé-but du XXème siècle; des tissus im-primés de coton et de lin des XVIIème-XVIIIème siècles; du lin im-primé paysan de la fin du XIXème-dé-but du XXème siècle, où domine le bleu indigo qui rappelle le denim d'aujourd'hui, avec des motifs laconi-ques, parfois naïfs, mais extrêmement expressifs; ainsi que des costumes ci-tadins et paysans en tissus imprimés; enfin, partie moderne de l’exposition: la mode de propagande, composée de tissus et de foulards des années 1920-1930. Bref, les styles passent comme les époques, mais à Paris comme à Mos-cou, la mode s'offre un podium pour l'éternité. -

34,2 milliards d’euros. Un marché constitué pour plus de moitié par la vente de vêtements féminins. Sa part en 2008 en représentait 58%, soit 19,5 milliards d’euros. Le masculin ne constitue que 24% des ventes. Il re-présente 8,2 milliards d’euros. Les vê-tements pour enfants pèsent 18%, soit 6,2 milliards d’euros. La vente de linge représente 10% du marché (3,5 mil-liards d’euros). La part des vêtements de soirée et de mariage est de 6% (2,2 milliards d’euros), et celle des ventes d'accessoires, sans compter les chaus-sures ni les sacs, de 5% (1,7 milliards d’euros). Les experts sont optimistes quant à l'évolution du secteur: la croissance devrait suivre – voire précéder – fidè-lement l’amélioration des indicateurs économiques du pays. -

En chiffres

Défilé parisien de la collection Alena Akhmadullina printemps/été 2009.

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06LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI www.rbth.rucommuniqué DE roSSiYSKAYA GAZEtADiStribué AvEc LE FiGAroSociété

Expatriés Comment se laisser glisser dans le bain russe

moscou, ville ouverteOn peut avoir choisi la Russie, ou pas. Il y a des Français qui s'expatrient pour suivre un(e) Russe de leur cœur, ou simplement à force d'avoir lu Dostoïevski ou mangé des pilméni chez leur copain d'enfance Micha. Il y a ceux qui ont appris la langue au lycée ou à la fac, et pour qui la Russie est devenue une deuxième patrie professionnelle ou affective.

vEroniKA DormAnLa Russie d’aujouRd’hui

Et puis il y a des gens qui s'y retrou-vent par hasard, sans préméditation. Comme ces jeunes, frais émoulus d’éco-les et d’universités, à la recherche de travail et d'émotions fortes. De Mos-cou, ils ne savent rien. On leur aurait dit Mexico, ils y seraient allés de la même façon. La Russie, pour eux, c’est avant tout l’ailleurs, une destination lointaine, qui permet de fuir l’inertie et la saturation du marché de l’emploi français. “C’est l’inconnu. En plus c’est loin, c'est grand, ça fait un peu peur, parfait pour une expérience à l’étran-ger”, raconte Guillaume, rédacteur web d’un journal local. Au premier abord, Moscou apparaît comme une cité infi-nie, chaotique, peuplée de gens bour-rus et violents, semée d’embûches ad-ministratives. A l’abord suivant, “c’est une ville qui vit à 200 à l’heure, qui ne dort jamais, où il se passe toujours quel-que chose, et les Russes ont un sens dé-mesuré de la fête”, dit Clément, venu travailler dans la filiale russe de Mi-chelin. Sûr, c'est une cité infernale. Im-mense, assourdissante, aux artères bou-chées par le trafic et la pollution, avare en bistros, restos et rues piétonnes. Mais, pour Guillaume, “ Moscou n'est ni hos-pitalière, ni inhospitalière. Elle ne te souhaite pas la bienvenue, mais pas la malvenue non plus. Il faut juste entrer dans la cadence”. Et dénicher un café cossu et un supermarché avec une mo-deste mais respectable sélection de bor-deaux. Malgré la barrière de la langue,

les rencontres sont faciles et les ami-tiés se nouent. Il est d'ailleurs de plus en plus fréquent de rencontrer des Mos-covites parlant anglais, ou même fran-çais, ouverts et curieux de l'étranger. “Les Russes sont entiers, francs et très directs. On peut être heurté au début, avec notre sens des convenances à nous, mais les relations sont saines, au bou-lot comme dans la vie privée. Personne

ne fera de compliments

gratuits et les repro-ches sont clairement formu-

lés”, s’accordent les Français. En fait, il suffit de peu: beau-

coup d'humour et autant de pa-tience. Sans oublier quelques petits trucs simples comme “privet”, qu'on apprend très vite, pour affronter les distances in-finies, les commerçants maussades, voire les frimas. Les “taxis sauvages” vous mè-nent d'un bout à l'autre de la mégalo-pole pour trois roubles six kopeks, un sourire désarmant transforme les Cha-rybde et Scylla du rayon Fromages en bonnes fées, et, bien sûr, rien ne réchauf-fe tant qu'un bon petit verre de vodka, en chaleureuse compagnie. -

“En immersion” depuis plus de quinze ans, trois Français racontent

“La Russie, c’est un endroit où les pro-jets les plus fous se réalisent, alors que les choses les plus simples, nor-malement, non. Il faut savoir être un peu héroïque tous les jours”. Muriel Rousseau, diplômée des Arts déco de Paris, est entrée en Russie d’abord par la littérature, puis en suivant son ma-ri. C'est en 1988 qu'elle déménage à Moscou. L’agence de communication “Lieu commun”, qu’elle a fondée au milieu des années 1990, travaille sur-tout avec les entreprises françaises im-plantées en Russie – Total, Givenchy, Président, parmi tant d’autres. “C’est parce que c’était le Far East pendant mes premières années de vie ici que j’ai pu accomplir tout cela. On n’était pas à l’étroit, on n’était pas obligé de correspondre à des cases, tout était à construire”. Elle est aussi à l’origine du célèbre restaurant français de Moscou, le “Jean-Jacques”, conçu comme un bistro parisien, avec une carte des vins exhaustive et un bar en zinc. “Mon ob-jectif est de traduire cette culture qui m’est si chère dans un langage com-préhensible pour les Russes, de leur transmettre nos goûts et coutumes”.

muriEL rouSSEAudiReCtRiCe de CRéation à L'agenCe de CommuniCation “Lieu Commun”

“Je ne suis pas venu à Moscou par choix mais un peu par hasard”, recon-naît Jacques der Megreditchian. C'était en 1993. Il ne l'a jamais regretté et énumère sans peine les avantages de la vie en Russie. “Ce n'est qu'à trois heures et demie de vol de Paris et pour ce qui est de la mentalité, c'est assez proche. Et il y a aussi le fait que des im-pôts à 13%, ce n'est pas pour me dé-ranger! Ce qui me plaît, c'est que la Russie est en mutation. J'aime bien le caractère national, je trouve les Russes sympathiques et amusants. Le sens de la mesure n'est pas leur première qualité, ce sont des gens entiers, pas des calculateurs”. Il y a les “moins”, bien sûr : “Le temps évidemment: pla-fond nuageux et six mois de grisaille. Les bouchons sont terribles, bien pires qu'à Paris ou à Londres”. Quant aux loi-sirs, ils sont limités, à cause du bou-lot. “Je travaille plus de 70 heures par semaine. Je finis rarement avant 22h, donc pour moi, les théâtres, c'est raté! Mes loisirs, ce sont les dîners avec les copains. Mais en réalité, pour bien dé-compresser, je pense qu'il faut partir assez souvent à l'étranger!”.

JAcquES DEr mEGrEDitchiAnpaRtenaiRe à La banque tRoika diaLog et pRésident du ConseiL de La bouRse Rts

Venu en Russie à la veille de la chute de l’URSS, Pierre Brochet s’est d’abord occupé des beaux livres de Flamma-rion à l’international, avant de s’as-socier à la publication des guides Le Petit Futé en russe. Surtout, marié à l’artiste Annouchka, il a commencé, dès son installation en Russie, à ac-cumuler les œuvres des artistes qui n’avaient jamais quitté le pays, fon-dant ainsi une collection qui englobe pratiquement tous les principaux ac-teurs de l’art contemporain russe des vingt dernières années. Cette collec-tion unique a fait de Pierre Brochet un pilier du milieu. Son objectif, désor-mais, consiste paradoxalement à faire connaître cet art russe... aux Russes! Pendant deux ans, une exposition à tourné dans les grandes villes de pro-vince. “Ce serait inimaginable en Fran-ce, qu’un Russe débarque pour mon-trer l’art français aux Français, alors que j’ai été accueilli partout à bras ouverts”, s’exclame-t-il. “La vie en Rus-sie est chaotique, compliquée, mais tellement plus intéressante. Il faut jus-te savoir rester zen. Et n’avoir peur de rien... pour ne pas avoir peur de tout!”.

PiErrE-chriStiAn brochEtentRepReneuR et CoLLeCtionneuR d’aRt ContempoRain Russe

déjà indigène au bout de 10 jours

ces sacrés Français...

Natalia GevorkiaNspéCiaLement pouR La Russie d’aujouRd’hui

un ami londonien m’amène à la gare pour le dernier train paris-Londres.- dis, c’est quoi ton histoire avec paris?- C'est-à-dire?- qu’est ce qu’il y a là-bas pour que tu aies si hâte d’y retourner? tu pourrais rester encore deux jours de plus. t’as une nouvelle histoire d’amour, ou quoi?C’est ça. une histoire d’amour. Ressem-blant presque à un mariage. mon his-toire avec paris a commencé il y a près de dix ans. de nombreux compatriotes ne comprennent pas ma fidélité. Londres, c’est mieux que paris, disent les Russes. et je sais même pourquoi. il y a trois raisons à cela: la langue, que mes compatriotes connaissent plus souvent que le français. Le système fiscal britan-nique, qui (au moins jusqu’à récemment) leur convenait mieux que le système français. et le fait que l’angleterre soit devenue un refuge, au sens littéral du terme. Londres aurait été plus logique pour moi car je parle anglais depuis l’en-fance. mais c’est paris qui est arrivée, et j’ai cessé de m’en étonner le dixième jour de ma vie dans cette ville. première-ment, ce jour-là, des Français pure sou-che m’ont demandé en français authen-tique où se trouvait le musée picasso. et ce même jour, le patron du café en face de chez moi, en levant la tête vers mes fenêtres, m'a dit, en passant: “tu devrais t’occuper de tes géraniums, ils font peine à voir”. bizarrement, il m'a soudain reclassée de la catégorie “étran-ger” à la catégorie “indigène”.parfois je me surprends à réagir aux événements en France en tant que ci-toyenne, et non en journaliste étrangère censée évaluer l’actualité avec un regard impartial d’observateur. par exemple, en apprenant la vague in-habituelle de suicides à France telecom, j’ai failli commencer mon papier ainsi: “France telecom peut pousser n’importe qui au suicide, y compris ses clients!” tant il est vrai que quelque chose n’y tourne pas rond. depuis quatre mois, mon téléphone ne marche plus bien que je paie toujours mes factures. on me répond que la raison en est inconnue, et que personne ne peut se déplacer pour régler le problème. - tu pourrais te fixer une fois pour tou-tes: tu vis en France ou tu y travailles? interroge une amie moscovite quand je lui raconte tout cela. elle pense que si je prends conscience du caractère temporaire de mon séjour dans un autre pays, ma vie sera plus simple. mais là est toute l’ironie du sort d’un correspon-dant étranger. tu partages le destin du pays dans lequel tu travailles. ton cœur saigne quand des événements tragiques s’y produisent. tu as ton favori dans la course présidentielle mais tu dois le ca-cher à des lecteurs qui exigent l'impar-tialité. tu as ton propre avis sur l’affaire jean sarkozy. mais ta mission est de raconter ce qu’en pensent les Français. tu peux te dire: je suis un hôte dans le pays dans lequel je vis, mais si tel est ton sentiment après y avoir vécu dix ans, c’est que tu n’as absolument rien cherché à comprendre au pays, ni à toi-même. et ce n’est qu’exceptionnelle-ment, ayant enfreint le code de circula-tion routière, que tu joues à l'étrangère. Les policiers français réagissent avec indulgence, et me laissent repartir avec un seul avertissement. pour ma propre sécurité!

Natalia Gevorkian est correspondante a Paris du journal Kommersant

mon paris à moi

Souvenirs, souvenirs...

Nikolai DolGopolovLa Russie d’aujouRd’hui

Paris, pour moi, c’était comme un mauvais conte. Cette ville tant vantée, mille fois célébrée, qui s’enorgueillit de sa culture, de son patrimoine et de ses – beuark! – cuisses de grenouilles... je voyais en paris un vieux héros guindé, crânant avec sa tour eiffel et son edith piaf farfelue que je ne supportais plus depuis l’enfance. et puis ce mythe sur les relations si particulières entre la France et mon pays que je devais, moi, en tant que journaliste soviétique envoyé sur place par un grand journal, faire mousser...pendant les premiers mois, alors que je devais m’accréditer au quai d’orsay et faire les démarches interminables pour la carte de séjour, paris n’était pour moi qu’un ramassis terrifiant de fonctionnai-res sans âme, que seules les boîtes de caviar faisaient réagir. et quand un collè-gue aîné, qui a détesté cette ville toute sa vie, déclara: “il faudrait vider paris de tous ces Français, quelle ville ce serait alors!”, j’ai failli applaudir. phrase idiote, absurde, blasphématoire, parce que même avec mon mauvais français de débutant je comprenais progressivement que paris était vérita-blement magnifique. au musée d’orsay (non, pas au quai), j’étais toujours at-tendu par mes amis impressionnistes. même la tour eiffel, à sept minutes de marche de chez moi, était, je ne sais comment, devenue mienne. plongé dans mes pensées, je sortais sur mon minuscule balcon, avenue de suffren, et, scrutant ses contours limpides comme le jour, j’y puisais des forces mystérieu-ses. Le métro parisien, avec son odeur aigrelette, m’est devenu aussi familier que celui de moscou, mais en plus pra-tique et plus courtois. j’ai vite saisi les concepts, d'abord incompréhensibles, de “quartier” et de “gens du quartier”. C’est le pharmacien, qui s’enquiert de la santé de mon fils et me conseille les meilleurs remèdes. C’est aussi la vendeuse de journaux, qui me met de côté mes titres favoris: Le Figaro, L’équipe et l’inévitable “huma” pour le journaliste soviétique. oui, la bureaucratie est terrible. oui, parfois, on sent une inimitié envers les étrangers. mais c'est un autre esprit qui domine ici. C'est de gaulle qui, du haut des ses deux mètres, a pu tenir tête aux américains. C'est le sage mitterrand qui jamais n’a repoussé son voisin éloigné. C'est Chirac, qui a traduit “eugène oné-guine” de pouchkine. et c'est le nouveau gars de l'ump, toujours dressé sur ses talons et qui, avec son étrange nom de sarkozy, a prouvé aux tenants de la pureté du sang qu’un immigré de la deuxième génération pouvait devenir le chef des Français. ah, diable! paris m’a converti à sa foi, simplement et sans demander mon avis. Franchement, quelle est la ville la plus attrayante au monde (moscou ne compte pas)? qelles sont les voitures les plus confortables? Les françaises, c’est clair. Vous me demanderez peut-être quelle cuisine et quels vins sont les meilleurs? ne soyez pas naïfs. Les vêtements? tout, mais pas ça. je m’habille depuis 22 ans (ça fait peur) dans un immense magasin, un dépôt où plusieurs générations de ven-deurs se sont succédées mais le bon goût est demeuré. C'est d’ailleurs l’enseigne-ment du grand Cardin qui nous a mis sur le chemin de la vérité en 1987: “Choisis-sez-vous un style et un bon magasin pour toute la vie, et ne pensez plus à la mode. elle restera d’elle même avec vous”.

Nikolaï Dolgopolov est le rédacteur-en-chef adjoint de Rossiyskaïa Gazeta. Il fut correspondant à Paris de la Komsomols-kaïa Pravda entre 1987 et 1993.

[email protected]

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07LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI WWW.RBTH.RUCOMMUNIQUÉ DE ROSSIYSKAYA GAZETADISTRIBUÉ AVEC LE FIGARO Opinions

Lu dans la presse

Le “problème Staline” Vadim Nesterov

La victoire dans la Seconde Guerre mondiale est le seul élément de notre histoire qui nous unisse tous, et le Jour de la Victoire est la seule fête na-tionale célébrée à l’unanimité. Face à toutes sor-tes d’accusations, la société russe a démontré avec véhémence que la sacralisation de la Guerre pour nous n’est pas une prescription, mais un instinct. La moindre tentative d’en réviser les représenta-tions canoniques rencontre une résistance farou-che, non pas dans l’État, mais au sein de la socié-té. Cette sacralisation a fini par entrer en contradiction avec l’image du début des années 90 qui fait de Staline une sorte de vampire. Tout simplement parce que Staline a réellement pris part à la victoire, et de manière conséquente. On peut contester l’importance de sa contribution, mais on ne peut nier le fait que c’est lui qui diri-gea le pays et l’armée pendant la guerre. Le véri-table problème aujourd’hui, c’est que Staline est

Nikolaï Drozdov, présentateur de télévision: "Dans les manuels. Staline est une � gure historique et il faut en donner une représentation objective, au lieu de semer la discorde dans la société". Vladimir Jirinovski, vice-président de la Douma: "Sur le banc des accusés d’un tribunal militaire. Et de là, sur l’échafaud, pour les répressions". Alexandre Prokhanov, rédacteur en chef du jour-nal Zavtra: “Au Kremlin. Quand les leaders forts et intelligents manquent, les Russes se tournent instinctivement vers le passé glorieux du pays et ses chefs, véritables pères du peuple”.Ludmila Alekseeva, présidente du groupe Hel-sinki à Moscou: "Moi, je le chasserais de partout. Sa réapparition, c’est une insulte à toutes ses vic-times et leur descendance". -

La mémoire des tragédies nationales est aussi sa-crée que celle des victoires. Le 30 octobre, c’est le jour de la mémoire des millions de vies brisées, de gens fusillés sans procès, envoyés en exil et dans les camps, victimes de ne pas avoir la bonne origine sociale ou la bonne profession. Mais on entend dire encore aujourd’hui que des raisons d’État supérieures justi� aient la répression. Je suis convaincu qu’aucune ambition nationale ne peut se réaliser au prix du malheur humain. Rien ne peut être placé au-dessus de la valeur de la vie humaine. Rien ne saurait justi� er les répressions quelles qu'elles soient. En rétablissant la justice historique, il est essentiel de ne pas disculper ceux qui ont massacré leur peuple. Il est vrai aussi que les crimes de Staline ne doivent pas minimiser l'exploit du peuple russe, qui a gagné la Seconde Guerre mondiale.

Pas d’excuse pour les bourreaux Dmitri Medvedev

Billet de l'amitié

En 2009, la Russie et la France fêtent le cente-naire des saisons Diaghilev à Paris. Il y a cent ans, Serguei Diaghilev, un génial producteur, comme on aurait dit de nos jours, précipita sur le public français l’avalanche de la variété et de la richesse de la culture russe de la � n du XIXè-me-début du XXème siècle. On le sait, les novateurs de la scène française ont étudié très attentivement l’art de Stanislavski et de Nemirovitch-Dantchenko, qui ont pour la pre-mière fois étonné Paris en 1904, avec les specta-cles du Théâtre d’art de Moscou. Leurs méthodes de formation de l’acteur passionneront des ma-giciens du théâtre français comme Copeau, Vil-lard, Mnouchkine ou Brook, ce metteur en scène britannique qui s’est installé à Paris au milieu des années 70 du siècle dernier.Cela dit, le théâtre français possède sa propre tra-dition, inébranlable et conservée par la langue fran-çaise, laquelle porte la mémoire à la fois histori-que et esthétique. Bien qu’elle soit très largement ouverte aux in� uences extérieures, la culture fran-çaise, comme d'ailleurs la russe, prend seulement ce que lui est nécessaire, ni plus ni moins. C'est pourquoi, quelles que soient nos attirances et nos répulsions mutuelles, sur une durée plus que mil-lénaire, nous conservons nos identités respectives. La relation négative à la version stalinienne, et so-viétique en générale, du socialisme, qui s’est soli-dement ancrée en France depuis les années 1920, n’a pu être ébranlée même par notre lutte com-mune contre le nazisme. Et ce rapport est en gran-de partie projeté aussi sur la nouvelle Russie, que la France ne connaît pas assez bien, à mon avis, peut-être avant tout parce que des stéréotypes du temps de la Guerre froide on survécu dans la so-ciété française (comme dans la russe, au demeu-rant). C’est pour cela que la plupart des Français ne s’intéressent qu’aux œuvres qui ont toujours symbolisé la production artistique russe: les théâ-tres Bolshoï et Mariinsky, le Cirque de Moscou, l’avant-garde russe du début du XXème, l’icono-graphie et, bien entendu, Tolstoï, Dostoïevski, Tchekhov. Alors que la France et la Russie entretiennent des liens séculaires, alors que nos chefs d’État actuels s’entendent, aussi bien politiquement que personnellement, les Russes et les Français ont une représentation plutôt approximative les uns des autres, qui se plie aux clichés forgés dans les siècles passés, mais qui de toute évi-dence sont dépassés au XXIème siècle. On ne peut pas dire que nous soyons indifférents les uns aux autres. Il suffit de nommer le travail collectif des ballets du Bolchoï et de l’Opéra Garnier; l’immense succès de la tournée à Paris (jusqu’au 7 décembre) du Théâtre d’Europe de Saint-Pétersbourg, sous la direction de Lev Do-dine; ou bien l’incontestable excitation que pro-voque dans le public russe la sortie d’un roman de Houellebecq ou d’un � lm d’Ozon, tout comme l’investissement de l’entreprise française Re-nault dans l’industrie automobile russe. Mais il est clair que cet intérêt mutuel mérite bien mieux.

Staline ne cesse de semer la discorde parmi les Russes. Pour les uns, il a fait la gloire de l’URSS, et pour les autres – son malheur. L’opinion s’est récemment enflammée au sujet de la restaura-tion de sa statue dans le métro moscovite.

Préparé par Veronika Dorman

MIKHAÏL GORBATCHEVSPÉCIALEMENT POUR ROSSIYSKAYA GAZETA

ANDREÏ KOLESNIKOVVEDOMOSTI

Pendant l’été 1989, lors de ma visite en RFA, les journalistes nous interrogeaient, le chancelier Kohl et moi-même sur la possibilité d’une réuni� cation de l’Allemagne. Je répondais que ce problème avait une origine historique et qu’il serait réglé au cours de l’histoire à venir. Quand? Certainement au XXIè-me siècle, disions-nous tous deux.On peut nous accuser d’avoir été de piètres pro-phètes. En effet, la réuni� cation eut lieu beaucoup plus tôt, selon la volonté du peuple allemand. Et pas parce que Gorbatchev ou Kohl l’ont décidé. Aux États-Unis, on cite souvent l’appel du prési-dent Reagan: “Monsieur Gorbatchev, abattez ce mur!” Mais ce n’était pas l’affaire d’un seul homme. D’autant plus qu’une autre position existait: “Sau-vez ce mur!”Après la réuni� cation, tout ne s’est pas pour autant passé comme nous l’aurions voulu. Y compris en Allemagne. Une division longue de quarante ans entre deux États allemands a débouché sur des ruptures, dans les domaines spirituel et humain, plus difficiles à surmonter que dans l’économie. Les Allemands de l’ex-RDA ont vite compris que tout n’était pas idéal en République fédérale, sur-tout dans le système de la sécurité sociale. Mais en dépit de tous les problèmes de “soudure”, les Allemands sont parvenus à faire de l’Allemagne unie un membre digne, puissant et paci� que de la communauté internationale.Cependant ceux qui, dans ces années-là, façon-naient la politique mondiale – et européenne en particulier –, ont beaucoup moins bien géré les possibilités qui s’offraient à eux. Au lendemain de la � n de la “Guerre froide”, nous avons évoqué la création de nouveaux mécanis-mes de sécurité sur notre continent. Il s’agissait d’un Conseil de sécurité pour l’Europe ou d’un

La cote de popularité du tandem Medvedev-Pou-tine a un peu baissé mais il est trop tôt pour par-ler d’une tendance. Il faut bien comprendre que la cote ne traduit pas le degré d'un soutien réel, mais plutôt l’indifférence de la société à l’égard de ce qui ce passe "en haut". Lorsqu'elle baisse, cela signi� e que les citoyens deviennent moins indifférents aux événements.Des prix élevés paralysent l’économie et ses ac-teurs, ralentissent les réformes, atrophient le pou-voir et le peuple. Une cote de popularité élevée des dirigeants décourage l’activité politique, rend super� ue la démocratie, et favorise l’apathie des citoyens. Les cotes actuelles transforment nos dirigeants en créatures célestes. En politique, il existe un "seuil de réalité": si l'indice descend vers la barre des 50%, nos dirigeants commencent à se sentir ramenés au rang de simples politiciens. Pour échap-

genre de “directoire”, investi de pouvoirs réels et étendus.Malheureusement, les événements se sont dérou-lés selon un tout autre scénario. Ceci eut des consé-quences pour toutes les institutions européennes, et ralentit l’édi� cation d’une Europe unie. De nou-velles lignes de démarcation ont remplacé les an-ciennes. Des guerres ont éclaté en Europe, du sang a coulé. La mé� ance et les stéréotypes caduques ont sur-vécu. La Russie est soupçonnée d’intentions né-fastes, voire même agressives et impérialistes. J’ai été sidéré par la lettre que les hommes politiques d’Europe centrale et orientale ont adressée au pré-

sident Obama. C’était pratiquement un appel à refuser toute interaction avec la Russie. Il est hon-teux que ces politiciens n’aient pas pensé aux conséquences catastrophiques que pourrait avoir une nouvelle confrontation. En même temps, en Europe, s’impose un discours sur la responsabilité du déchaînement de la Se-conde Guerre mondiale. Et l’on veut comparer l’Allemagne nazie à l’Union soviétique. De telles tentatives sont vicieuses. Elles contredisent la vé-rité historiquement et éthiquement. Ceux qui veulent élever en Europe un nouveau mur de mé� ance et d’animosité mutuelles ne ren-dent pas service ni à leur propre pays, ni à l’Eu-rope dans son ensemble. Cette dernière ne pourra devenir un facteur puissant du développement

mondial qu’à la condition de devenir une vérita-ble maison commune pour tous les Européens, à l’Est comme à l’Ouest. Comment poursuivre un tel objectif?Au début des années 1990, l’orientation choisie était un élargissement de l’Union européenne. Je ne remets pas en question les acquis de ce pro-cessus. Ils existent réellement. Mais tout n’a pas été soigneusement pensé. L’idée selon laquelle tous les problèmes du continent seraient réglés par la construction de l’Europe par l’Ouest s’est avérée excessive.Mais il semble que tout le monde en Europe ne soit pas prêt à l’admettre. Nous pouvons légiti-mement nous poser la question suivante: cette in-décision n’est-elle pas liée au refus de participer à la renaissance de la Russie? De quelle Russie avez-vous besoin? Forte, vraiment autonome, ou simplement d’un fournisseur de ressources qui “sait rester à sa place”?En Europe, malheureusement, de nombreux po-liticiens voudraient appeler ce modèle inégalitai-re de relations avec la Russie “enseignant-élève”, “procureur-accusé”. La Russie ne peut pas accep-ter un tel modèle. Elle voudrait être comprise. Nous sommes pour une collaboration d’égal à égal, mutuellement avantageuse. Pour surmonter les nouvelles épreuves historiques – la sécurité, la crise économique, l’écologie, les migrations –, il est indispensable de transformer la politique et l’économie mondiales, et européen-nes avant tout. J’appelle par conséquent tous les Européens à étudier de manière impartiale et constructive la proposition du président de la Rus-sie sur un nouveau traité de sécurité européenne. Si elle résout ce problème, l’Europe pourra par-ler à pleine voix. -Mikhaïl Gorbatchev est le dernier président de l’URSS.

Andreï Kolesnikov est un journaliste indépen-dant. Il a collaboré notamment avec les Izvestia.

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EN FINIR AVEC LA “GUERRE FROIDE”

LE CARBURANT DE LA DÉMAGOGIEper à ce sentiment de vulnérabilité désagréable, deux solutions: visser les boulons ou entrer dans le jeu de la concurrence politique. C'est-à-dire faire ses preuves devant des auditoires très lar-ges, concevoir des tactiques cohérentes, adopter une stratégie, non plus seulement déclarative, mais réelle, a� n de maintenir son rang dans l'arène po-litique. La faiblesse des prix du pétrole et celle de la popularité du pouvoir sont propices à la création d’un environnement concurrentiel et à la diversi� cation économique et politique. La première est l'indice d’une économie de mar-ché saine, la seconde, le signe de l’existence d’une concurrence démocratique. Au fond, les deux conditions sont à l’avantage du gouvernement, des entrepreneurs, des hom-mes politiques et du peuple russe. La concur-rence politique n'exclut la possibilité d'une forte popularité de tels ou tels hommes politiques. Mais elle les oblige à ne pas se contenter de pratiquer l’autopromotion et le populisme, à agir concrètement et efficacement.

C’est la même chose dans le cas du pétrole: si les prix sont bas, le vendeur doit se démener et améliorer son efficacité pour dégager des bé-né� ces dans un marché où règne la loi de la de-mande.C’est ce qui caractérise le contrat social de la période des prix faibles du pétrole, qui est aux antipodes d’une conjoncture où le cours du baril s'envole. Dans ce dernier cas, le contrat est le suivant: laissez-nous gouverner à notre guise et en échange, vous obtiendrez une pe-tite part de notre rente gigantesque. Lorsque le baril est au plus bas, la rente est faible, elle doit par conséquent être distribuée de maniè-re plus équitable. L'Etat veille alors au bien public, sans démagogie ni intervention exces-sive dans nos vies. Vous nous laissez travailler normalement et nous vous payons des impôts en contrepartie. -

Michail Chvydkoï est Commissaire du Comité d’organisation pour la Russie de l’Année France-Russie et ancien ministre de la Culture.

UN PASSÉ QUI NE PASSE PAS

“Et vous, Staline, vous l’auriez mis où?”

Vous aimez Dodine, nous aimons Ozon !

une � gure déstabilisante. On n’empêchera jamais la guerre d’être sancti� ée, il faut donc absolument régler “le problème Staline”. Sauf qu’à la place d’un personnage historique réel, nous avons le choix entre deux caricatures: le maniaque para-noïaque ou le chef infaillible.

Le modèle des relations avec les autres pays, fondé sur une “absorption” rapide au sein de l'UE, tout en laissant les relations avec la Russie dépérir, a fait long feu.

MIKHAIL CHVYDKOÏ SPÉCIALEMENT POUR LA RUSSIE D'AUJOUD'HUI

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08LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI WWW.RBTH.RUCOMMUNIQUÉ DE ROSSIYSKAYA GAZETADISTRIBUÉ AVEC LE FIGAROCulture

Fusion imposée !Cuisine

JENNIFER EREMEEVALA RUSSIE D’AUJOURD’HUI

Pour les Américains, la très regret-tée Julia Child est synonyme de "French cuisine", et le plus célèbre cordon-bleu de la télévision américaine, son livre Mastering the Art of French Cooking ("Maîtriser l’art de la cuisine française") à l’appui. L’ouvrage est redevenu un best-seller: une nouvelle génération lutte pour désosser des canards, trouver trois jours pour la préparation d’un authen-tique cassoulet et perfectionner l’art impossible de transformer des œufs, du beurre et du fromage en un majestueux soufflé. Julia était aussi le meilleur exem-ple de ce qu’une expatriée devait être: aventurière, grégaire, prête à prendre le meilleur de son pays d’adoption pour le fusionner avec sa propre culture. Un exemplaire fatigué et graisseux de son livre a traversé l’Atlantique avec moi il y a 17 ans, quand je me suis lancée dans ma vie d’expat, ainsi que dans la fondation d’un ménage débutant avec mon HMR ("horrible mari russe"). Je ne connaissais pas la Russie mais n’avais aucun doute quant à la possibilité de trouver facilement crème fraîche, bou-quet garni ou mangetouts dans mon épicerie de quartier. Mais la Russie des années 1990 était tout sauf un centre gastronomique. Le dollar avait inondé le marché, les importations de nourriture se limitaient à des cuisses de poulet et de l’Amaretto d’Italie, et croyez-moi sur parole, ils ne vont pas bien ensemble. Les magasins d’alimen-tation du coin offraient des réserves insuffisantes et un service revêche. La première année, en m’échauffant pour un dîner, je feuilletais le livre de Julia en quête d’inspiration, seulement pour le refermer violemment, avec frustration, quand elle m’enjoignait joyeusement de "demander à mon boucher de fen-dre le gigot d’agneau en deux et enlever l’os". Quel boucher? La seule viande que je pouvais trouver était congelée et vendue par des femmes effrayantes dans des magasins toujours sur le point de fermer.Toutefois, la bonne nourriture est uni-verselle. Lentement, mais sûrement, j’ai trouvé mes marques en Russie. Je dé-pensais tout mon argent en cornichons français et vinaigre balsamique de Mo-dène dans des magasins outrageuse-ment chers pour diplomates et homme d’affaires. Et puis j’ai découvert les merveilleux marchés moscovites, em-plis d’estragon, basilic, thym et romarin aromatiques, vendus par des femmes azéries souriantes, avec des dents en or et des yeux noirs pétillants. Je suis devenue amie avec Pacha, un vendeur de porc et d’agneau de Vologda, qui non seulement pouvait désosser un gigot, mais m’a même appris à le faire. Et je me suis arrangée avec Tania, une époustouflante fermière de volaille ukrainienne pour qu’elle me laisse de côté des filets de poulet tendre tous les samedis. En Russie, je suis devenue une cuisi-nière très confiante et inventive. J’ai appris à expérimenter, substituer et adapter. Le "salo" ukrainien (du lard) fait parfaitement l’affaire pour le Bœuf en daube, les groseilles russes donnent une excellente sauce aux airelles et rien ne bat la crème fraîche fermière russe pour épaissir et enrichir n’importe quelle sauce française. "Les bons Américains, quand ils meu-rent, vont à Paris", dit l’adage. Je suis sûre que Julia y est, mais je crois aussi qu’elle a relevé avec délectation le défi de m’accompagner en Russie. Je suis heureuse qu’elle l’ait fait. Bon appétit!

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A l'afficheLe 17ème Festival du cinéma russe à Honfleur25-29 novembre, Calvados, Basse-NormandieToutes les meilleures nouveautés russes à deux heures de Paris. Il y en a pour tous les goûts: longs et courts métrages, documentaires et films d’anima-tion, répartis en différentes sections (Compétition, Panorama, Rétrospective, Documentaires, Jeune pu-blic). "Palata N°6" de Karen Chakhnazarov et "Tsar" de Pavel Lounguine, les deux grands films russes

de l'année, seront présentés pour la première fois au public français. Autre moment fort du festival: du ciné-concert avec la projection du film de Boris Bar-net "La Jeune fille au carton à chapeau" (1927), sur une musique originale composée par Vadim Sheret et interprétée par Vadim Sher (piano) et Marie Gré-millard (violon).http://www.festival-honfleur.fr Les Ballets Russes de Diaghilev ont 100 ans12 - 28 décembre, Palais Garnier/Opéra de Paris, ParisQuatre oeuvres qui ont marqué le 20ème siècle en réunissant l’élite artistique de leur temps – choréo-graphes, peintres et musiciens –, sont présentées

dans leur chorégraphie d’origine. Au programme: "Le Tricorne", "Le Spectre de la rose", "L’Après-midi d’un faune" et "Petrouchka". Les ballets sont présentés par Les Étoiles, les Premiers Danseurs et le Corps de Ballet, Orchestre de l’Opéra national de Paris sous la direction musicale de Vello Pähn.http://www.operadeparis.fr

Les Russes ont leur équivalent de la francophonie: la russophonie. La ville du Kremlin-Bicêtre a été choisie comme terre d’accueil pour un festival offrant les 29, 30 et 31 janvier 2010 au public parisien un festival de théâtre et de peinture, de musique et de danses, d’échanges sur les sciences et les techniques.

MARIA AFONINALA RUSSIE D’AUJOURD’HUI

"RussoFolies" au Kremlin... Bicêtre! Qui se pique de connaître les lettres ne peut pas ne pas vouer un culte aux auteurs russes. La littérature sera donc en toute logique l’un des axes de ces rencontres placées dans le cadre de l’Année croisée France-Russie, avec la présence de plusieurs plumes célèbres de la littérature russophone actuelle, notamment Lioudmila Oulitskaïa et Andreï Kourkov ou le poète diploma-te Aljas Souleïmenov, un salon du livre russe avec de nombreuses présenta-

tions nouvelles, des lectures d’Agnès Desarthe, des tables rondes et la re-mise du 4ème prix Russophonie le 30 janvier, pour la meilleure traduction du russe en français."Le fait qu’elles se déroulent au Kremlin-Bicêtre ne doit rien au ha-sard ni du point de vue médiatique ni du point de vue historique, puisque le nom de cette ville vient d’un cabaret tenu part un ancien grognard, à proxi-mité de l’hospice des anciens combat-

tants où se sont repliés les rescapés de l’armée napoléonienne, après la re-traite de Russie", explique Dimitri de Kochko, inventeur du "festival" et pré-sident de l’Association France-Oural."Le Révizor" de Nicolas Gogol sera monté au théâtre municipal dans une mise en scène inédite de Nikolaï Ko-lyada, originaire d’Ekaterinbourg (Oural). Moins connue, la pièce "Les Métamorphoses" du Théâtre "Tien’" ("Ombre" en russe) sera présentée dans une mise en scène de Maïa Krasno-polskaïa et Ilia Epelbaum. -

Le 1er décembre, la Salle Pleyel de Paris accueillera la musique d’un homme que l’on surnomme désormais "le nouveau Paganini". Yuri Bashmet est le premier joueur d'alto à donner des concerts en solo dans les capitales culturelles du monde entier. Quelque cinquante pièces ont été composées pour lui, ou lui ont été dédiées.

ELENA FISHERLA RUSSIE D’AUJOURD’HUI

Chef d’orchestre ou soliste, il joue avec les meilleures formations symphoni-ques de la planète. L’alto occupait une place modeste parmi les instruments de musique, jusqu’à ce que Bashmet, à la tête du département d’alto expé-rimental au Conservatoire de Moscou, fasse œuvre de pionnier en lui don-nant ses "notes" de noblesse. L’alto est désormais prisé, et le mérite de cette métamorphose revient à Bashmet. L'homme n'est pas avare de déclara-tions choc, telles que cette remarque sur ses camarades d'étude au dépar-tement alto du Conservatoire de Mos-cou où "les garçons étaient des crétins et les � lles... des grosses!" Yuri Bashmet est devenu un label, une � gure culte, de l’or pour le box-office: il se produit dans les salles les plus pres-tigieuses; il préside à l’un des plus élé-gants festivals de musique de Moscou, les Soirées de décembre, jadis le � ef du

célèbre pianiste Sviatoslav Richter; il dirige avec poigne l’orchestre de cham-bre Les Solistes de Moscou et le Nou-vel Orchestre symphonique russe. Le public le suit quelle que soit l’œu-vre interprétée, sa participation garan-tit un spectacle à guichets fermés et ses émissions de télévision connaissent une audience grandissante.C'est ainsi qu'a eu lieu, � n octobre à Moscou, le concert des Solistes de Mos-cou, sous la direction de Yuri Bachmet, qui a rassemblé douze violons, altos, et violoncelles fabriqués par les grands maîtres italiens Stradivari, Guarneri, Ruggieri. Cet événement exceptionnel, sans précédent dans l'histoire orches-trale, concluait la tournée en Russie d'une collection d'instruments rares, appartenant au gouvernement. "Je pense qu'il faudrait enregistrer un dis-

que avec ces instruments de la collec-tion nationale pour que le reste du monde puisse les entendre", dit Bach-met; "et puis, ce serait bien de partir en tournée dans les capitales européen-nes". Bashmet est ouvert à tous les genres, du répertoire académique aux expé-rimentations d'avant-garde. Aujourd'hui encore, il n'hésite pas à se produire en duo avec des chanteurs. Ou, recouvert d'une cape, à accompagner à la bat-terie un chant cosaque fougueux. Il a récemment fait ses débuts au cinéma dans le � lm Assa-2 de Serguei Solo-viev.Mais il revient toujours à la musique classique traditionnelle, dans laquelle, selon ses propres paroles, on peut lire "des messages d'éternité". Pour lui, jouer n'est pas une façon de fuir la réalité mais d'élargir son univers, et la musique classique n'est pas un musée mais une force vivante.Il a une vision simple de son art: "si tu étudies la musique, ton seul dieu est le compositeur". Et dans la vie, Bash-met a besoin de revenir à son "chez soi", refusant de poser sa valise dans un quelconque paradis terrestre. "Je veux être libre, garder le droit de choi-sir", dit-il. "Si je partais, j’aspirerais à rentrer. Moscou est le centre créatif. Paris et Munich sont des villes dans lesquelles il est agréable d’arriver, et dont il est bon de repartir". -

Monsieur Alto

Musique Par la magie de son archet, Yuri Bashmet a transformé à jamais le violon alto en le plaçant au premier rang de l'orchestre

Le concert à ParisGidon Kremer a réuni pour la soirée du 1er décembre trois “fidèles”: l’altis-te Yuri Bashmet, la jeune violoncellis-te allemande Marie-Elisabeth Hecker, Premier Grand Prix du Concours Ros-tropovitch en 2005, et le pianiste Oleg Maisenberg, concertiste international et pédagogue réputé (il enseigne de-puis 1998 à l’Université de Vienne).

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